Février 2018 Par Manon GOBEAUX Education Santé Initiatives

Un mois sans alcool ? Chiche !

La Tournée Minérale, c’est un projet lancé par la Fondation contre le Cancer en 2017. Sa thématique ? L’alcool. Son public cible ? Les belges actifs entre 25 et 65 ans. Certainement déjà bien connus, il est tout de même toujours bon de rappeler les effets néfastes de l’alcool sur la santé. La consommation de ce dernier majore le risque de cancer de nombreux organes : bouche, gorge, foie, côlon, sein… mais aussi à plus de 200 problèmes de santé de manière générale. Entre bilan de la première édition en 2017 et démarrage de ce nouveau mois de février tout en sobriété, on vous raconte l’histoire de ce grand projet !

Bilan de la première édition

La Tournée Minérale, c’est une aventure d’un mois où on choisit de ne pas consommer d’alcool. Qu’elle se fasse seule ou en équipe, les objectifs initiaux de la Tournée Minérale sont :

  1. Faire prendre conscience à la population de sa consommation d’alcool
  2. Sensibiliser aux dangers de l’alcool
  3. Faire baisser la consommation
  4. Récolter des fonds pour la recherche contre le cancer

L’édition 2017 en quelques chiffres, c’est :

  • 122 460 participants dont 60% étaient des femmes

  • Une participation majoritaire des néerlandophone (75%)

  • L’âge moyen des participants était de 40,6 jours pour les femmes et 43,4 jours pour les hommes

  • Les principales motivations à participer étaient (par ordre décroissant) : faire une pause d’alcool, se sentir mieux, faire un don, perdre du poidsNote bas de page, mieux dormir

  • 51 750 followers sur Facebook

  • Plus de 420 mentions du projet dans la presse

  • Plus de 800 000 visiteurs uniques sur le site web de Tournée Minérale

On ne veut pas dire aux consommateurs « vous ne pourrez plus jamais boire ».

C’est une prise de conscience, parce que maintenant beaucoup de gens boivent par habitude. Une étude en trois phases, avec plus de 15 000 participants, a été menée avec l’Université de Gand : au début de la tournée, juste après et 6 mois après (soit septembre 2017). Effet positif sur le poids, regain d’énergie, meilleure qualité de sommeil… 9 participants sur 10 disent ressentir au moins un de ces effets positifs sur la santé. Il ressort également que les participants réalisent à quel point l’alcool peut occuper une place importante dans le quotidien, de façon souvent inconsciente. D’autres chiffres parlants ont été énoncés :

  • 80% des participants n’ont pas bu d’alcool pendant le mois de février

  • 40% ont découvert de nouvelles alternatives à l’alcool

  • 44% ont cité les occasions sociales comme principal obstacle

  • 40% se sont sentis soutenus par leur famille et leurs amis

  • 86% sont prêts à recommencer en 2018

La donnée la plus importante est que 6 mois après la Tournée Minérale, les participants déclarent avoir changé leur consommation d’alcool.Passant ainsi de 10 verres par semaine à 8 !

Education Santé a rencontré la Fondation contre le Cancer…

Et c’est Martine Ceuppens, communication manager, qui travaille sur la Tournée Minérale qui nous parle de ce projet d’ampleur.ES : La Tournée Minérale c’est dire « non » à l’alcool pendant 28 jours. D’où est né ce projet ? Et pourquoi avoir choisir le mois de février pour faire la campagne ?Le concept initial vient de « Cancer Research UK » où le projet existe sous le nom « Dryathlon », au mois de janvier et qui fonctionne très bien. Je les ai rencontré il y a trois ans, nous pensions aussi faire ce projet en janvier en Belgique. Mais nous sommes une ONG avec des moyens limités. Cela voulait dire de lancer une telle campagne en novembre-décembre pour démarrer le 1er janvier. J’ai donc contacté beaucoup de médias pour obtenir de l’espace gratuit. En décembre, je n’en aurais jamais eu car le projet se serait noyé entre les périodes de Noël et de nouvel an. Même en payant de l’espace publicitaire, je n’aurais pas eu le même impact car on se serait retrouvé entre la pub pour le foie gras, le champagne et les cadeaux de Noël. Je me serais perdue dans la masse de la communication. Nous nous sommes donc dit que janvier était un mois plus calme au niveau médiatique et que les gens en auraient marre des produits de fête, ils seraient donc plus enclins à écouter notre discours. C’est l’argument le plus important. D’autant plus qu’en janvier, il y a encore beaucoup de drinks dans les entreprises ou des gens qui se retrouvent parce qu’ils n’ont pas pu le faire pendant les fêtes.Nous avons donc fait une petite enquête il y a deux ans pour déterminer quel mois serait le plus propice à la réussite du projet. 95% des gens étaient d’accord avec le mois de février, les autres mois étaient mars, octobre et novembre.Nous avons choisi le thème de l’alcool car nous connaissons ses effets sur la santé, d’autant plus graves quand on le lie au tabagisme. Cela nous permettait aussi de toucher un public différent, plus jeune, que notre publique habituel. Pour toucher ces jeunes nous sommes passés par le digital ! De plus, l’alcool est un sujet qui touche beaucoup de gens et de tous les milieux sociaux.Nous nous sommes aussi aperçus que la consommation autour de nous augmente : le binge drinking chez les adolescents de 13-14 ans, le petit apéritif quotidien… L’alcool est devenu plus accessible, moins cher. Nous estimons que la consommation moyenne est de 10 verres d’alcool (tous confondus) par semaine. Il est assez simple d’arriver à ce chiffre. Prenons l’exemple d’un repas au restaurant : un apéritif, deux verres de vin. Ce n’est pas une consommation exagérée pour une repas comme celui-là et pourtant nous sommes déjà à trois verres en un seul repas et le reste peut s’accumuler rapidement.ES : Y-a-t-il des collaborations autour de Tournée Minérale ?Nous collaborons avec le CLPS et la FEDITO à Bruxelles et en Wallonie. En Flandre, c’est avec la VAD (centre d’expertise flamand sur l’alcool et autres drogues) ainsi que De Druglijn pour la deuxième année consécutive.L’an dernier, des personnalités publiques et des social media influencers avaient participés,. Cette année ce sera également le cas mais nous ne pouvons pas encore révéler les noms.Des marques et grandes enseignes s’associent aussi au projet comme Spa®, Basic-Fit®, JIMS® ou encore kinépolis® en offrant des lots ou des espaces de pub.ES : Avez- vous identifié des freins pendant la construction ou la mise en place du projet ?Ça a été un boulot monstre à réaliser ! Vraiment, un boulot monstre ! C’est toute la mécanique du projet. On peut le constater quand on s’inscrit. Une fois que c’est fait, il y a beaucoup de choses qui se mettent en place (une cascade d’e-mails, des conseils, des recettes, des encouragements…) et ça, ça implique énormément de construction technique, digitale. Il y a aussi par exemple une campagne Facebook qui s’organise autour de certains profils de consommateurs, d’utilisateurs, il y a un ciblage. Tout ceci rend la campagne complexe. Nous avons dû démarrer à zéro puisque le Dryathlon est un projet équivalent mais construit et lié à un système différent, au serveur de Cancer Research UK.Image Le temps aussi a été un frein. En 2017, nous étions une équipe de 4-5 personnes mais pas à temps plein sur le projet, ainsi que deux personnes de la VAD. Cette année nous sommes un petit peu moins, 2-3 personnes mais nous avons travaillé sur les bases de l’an dernier.ES : A l’inverse, y-a-t-il eu des éléments facilitateurs ?Le fait que tout au long de la campagne on suive le même fil rouge : « le fun ». La campagne est fun, attrayante, on a un le sourire quand on parcourt les différentes étapes du site ! Nous ne voulions souligner que les éléments positifs, enthousiasmer les gens à participer. A titre personnel, j’ai toujours dit que je voulais que cette campagne ait la notoriété d’une campagne BOB. Le bureau d’étude Profact a fait une enquête de façon tout à fait spontanée : sur un échantillon de 1 150 belges, 95% ont entendus parler de Tournée Minérale… Après une seule vague de communication, avoir ce taux de notoriété, je ne l’ai jamais vu !

On va s’amuser mais avec une tête lucideIl faut garder en tête que nous pouvons avoir un discours et une attitude fun parce que notre public cible n’est pas constitué des personnes avec un problème d’alcoolisme avéré. Nous devons aussi penser à ne pas choquer quand nous communiquons autour de ce thème.Cette année, en plus de pouvoir relever le challenge qu’est la Tournée Minérale comme l’an dernier, vous pouvez défier vos amis, votre famille ou encore vos collègues ! L’idée est de dire : « si tu réussis la Tournée Minérale, je verse 10 euros à la Fondation », et ainsi de suite. En plus d’être une idée stimulante, c’est une opportunité de récolter des dons.ES : A-t-on observé ou craint un effet rebond de ce projet (une consommation excessive d’alcool après le mois d’abstinence) ?Non. Pour nous, la question importante était d’avoir un changement de comportement à long terme. Ici, on constate que la moyenne de 10 verres d’alcool par semaine est descendue à 8 verres, c’est un succès. On n’exclut pas que des personnes aient pu avoir une consommation excessive après Tournée Minérale mais ça n’a jamais été rapporté à la Fondation, sur les réseaux sociaux ou dans la presse.On sait aussi, par contre, que beaucoup de gens ont prolongé la campagne. Soit en commençant plus tôt en janvier dès l’inscription, soit en finissant après le mois de mars, voire parfois les deux.ES : 2018, c’est l’année de la seconde édition, peut-on espérer voir ce projet se réorganiser dans l’avenir ? Peut-on attendre d’autres projets similaires sur d’autres thématiques ? Oui, on veut vraiment continuer Tournée Minérale mais à l’heure actuelle nous ne prévoyons pas d’autres projets similaires. Ce qui est aussi encourageant, c’est que nous savons qu’il y a plus de participants que ceux recensés via les inscriptions. Une partie de la population a encore peur de donner son adresse mail en s’inscrivant et d’être bombardée de mails ou de publicité. Ce n’est pas du tout le cas, inscrivez-vous !

Vous voulez participer à l’édition 2018 ? Vous pouvez encore vous inscrire jusqu’au 15 février sur le site : https://www.tourneeminerale.be/fr. Vous y trouverez aussi des flyers, logos ou encore des affiches à télécharger.


NDLR : ce critère ne sera plus pris en compte dans l’édition 2018.