Septembre 2012 Par Colette BARBIER Réflexions

L’enquête «Assu-Études» menée par le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles (CLPS) auprès des acteurs de l’enseignement secondaire de la région de Bruxelles-Capitale en 2009 et 2010 permet d’identifier les attentes et les besoins des acteurs scolaires concernant la prévention des conduites à risque et les assuétudes des élèves. Elle révèle aussi la nécessité de clarifier l’offre parmi la multitude de services proposés aux écoles, ce qui passe par une meilleure connaissance mutuelle de tous les acteurs du monde scolaire et par une amélioration de l’articulation entre eux. En 2007, chaque CLPS de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est vu confier une mission de Point d’appui assuétudes (PAA) auprès des écoles de l’enseignement secondaire.

« À la base, la mission de Point d’appui en matière de prévention des assuétudes est née d’une initiative conjointe des Cabinets de l’Enseignement et de la Santé», précise Melissa Chebieb, chargée de projet au CLPS de Bruxelles. «Cette mission a été créée dans le cadre d’un projet pilote – d’une durée de trois ans au départ, renouvelée ensuite jusqu’en août 2013 – visant à développer les collaborations entre les acteurs du monde scolaire et ceux du secteur de la prévention des assuétudes.»

Les PAA ont pour mission de :
– réaliser un inventaire des ressources et des besoins en la matière;
– diffuser l’information sur les ressources, les services et les moyens disponibles;
– favoriser la création ou le renforcement de réseaux et de partenariats.

L’intérêt principal des PAA se situe dans la création et le renforcement de réseaux rassemblant différents acteurs afin de :
– mener une concertation et une réflexion commune pour arriver à un discours cohérent sur les interventions, leur philosophie et leur éthique de travail, tout en respectant les spécificités des interventions de chacun;
– trouver des solutions en commun pour améliorer les conditions d’intervention en milieu scolaire;
– échanger les bonnes pratiques entre acteurs scolaires, d’une part, et entre acteurs scolaires et acteurs spécialisés, d’autre part.

Le projet PAA bruxellois et son Comité de concertation intersectoriel

Le PAA bruxellois relève d’un accord entre la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) et la Commission Communautaire française (COCOF).
À Bruxelles, le projet PAA se veut avant tout une concertation intersectorielle impliquant les acteurs concernés dès le début du projet. C’est ainsi qu’en janvier 2009, le CLPS de Bruxelles mettait en place un Comité de concertation intersectoriel PAA bruxellois (1). Les secteurs et associations ayant participé aux réunions du Comité sont, d’une part, des représentants de la communauté scolaire de l’enseignement secondaire bruxellois et, d’autre part, des structures spécialisées comme les centres de planning familial, les structures d’aide en milieu ouvert (AMO), les services actifs en toxicomanie, les structures dépendant des pouvoirs communaux et régionaux.

Vu son attachement à la démarche globale de promotion de la santé, le CLPS de Bruxelles a opté pour un travail sur le long terme. Dans sa première phase, le projet PAA bruxellois souhaitait établir un diagnostic, jusque-là inexistant, portant sur les besoins et les demandes de la communauté scolaire secondaire bruxelloise, sur sa réalité de terrain face aux conduites et comportements à risque des jeunes.

Après un travail d’échanges et de réflexion, les membres du Comité de concertation ont participé à l’élaboration d’un questionnaire d’enquête. Par souci d’objectivité, la récolte d’informations auprès des écoles secondaires ne fut pas réalisée par les membres du Comité de concertation, mais par un sous-groupe de travail constitué à cet effet.

À partir de mai 2010, le CLPS de Bruxelles transmettait les résultats bruts de l’enquête menée au sein des établissements scolaires secondaires aux membres du Comité de concertation intersectoriel PAA. Au fil des réunions, les membres du comité ont pu valider ou non les constats en fonction de leurs expériences de terrain et cibler les questions qu’ils souhaitaient approfondir dans le futur.

La méthodologie

Pour mener à bien sa mission, le CLPS de Bruxelles, en collaboration avec le SIPES ULB, a élaboré une méthodologie respectueuse des valeurs de promotion de la santé, mais aussi rigoureuse en termes de représentativité des écoles (diversité des réseaux, écoles favorisées ou non), des acteurs impliqués dans la vie scolaire et de la réalité bruxelloise.

Le recueil des données a eu lieu au moyen d’entretiens semi-directifs individuels et collectifs. Cette technique d’enquête a, entre autres, pour objectif d’explorer les pratiques et les représentations sociales.

[encadré]

Et si nous prenions le risque d’être sur le fil ?

Adolescence, école et prévention, une performance d’équilibriste

Le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles vous invite à une journée de réflexion organisée dans le cadre du projet Point d’Appui aux écoles secondaires en matière de prévention des assuétudes suite à l’enquête «Assu-Études». Ce moment de rencontre permettra de partager certaines questions et de construire des prolongements.
Comment être à l’écoute des paradoxes des adolescents, des adultes, de l’école, de la prévention… ? Qu’est ce qui anime les adolescents ? Qu’est ce qui nous anime dans notre travail avec eux ? Comment créer des espaces où peuvent s’inscrire la rencontre et la relation entre les adolescents et les adultes, entre l’école et la prévention ?

Programme de la journée
8h30 – Accueil
9h00 – Plénière
Prévention des assuétudes et promotion de la santé, la concertation à l’épreuve du réel, Centre local de promotion de la santé de Bruxelles et Prospective Jeunesse
Interventions de Fadila Laanan, en sa qualité de Ministre de la Santé de la Fédération Wallonie – Bruxelles, de Marie – Dominique Simonet, en sa qualité de Ministre de l’Enseignement obligatoire de la Fédération Wallonie – Bruxelles et de Benoît Cerexhe, en sa qualité de Ministre de la Santé de la région de Bruxelles-Capitale
L’étude des conduites à risques. Une manière d’interroger nos présupposés, nos pratiques, Damien Favresse , sociologue, chercheur au Service d’information promotion éducation santé (SIPES-ULB) de l’École de santé publique de l’Université libre de Bruxelles
Intervention du Dr Ann d’Alcantara , psychiatre au CTHA (Centre thérapeutique pour adolescents)
Débat animé par Pascale Anceaux (Infor Drogues) et Catherine Végairginsky (CLPS de Bruxelles)
13h00 – Lunch

L’après-midi sera consacrée aux échanges sur les pratiques de terrain et à la construction de pistes d’action futures.
Atelier n ° 1 – La prévention, c’est au programme?
Pour les adultes ou pour les jeunes? Est-ce à l’école de prendre en charge ce travail? Pourquoi? Comment?
Atelier n ° 2 – Les parents, si proches et si lointains
Les parents, «démissionnaires» ou «surinvestis»? Quels liens tisser entre les parents et l’école?
Atelier n ° 3 – L’école, bonne à tout faire!
Comment faire avec les demandes des jeunes qui bousculent les identités professionnelles?
Atelier n ° 4 – Quand la crise vient interpeller le rôle de chacun
Quelle articulation entre l’urgence et un travail à long terme soutenu par la promotion de la santé? Atelier n ° 5 – Et les jeunes dans tout ça?
Entre la norme et le risque, le plaisir et la dépendance, où nous situons-nous dans notre dialogue avec les jeunes?
Tout au long de la journée: ‘Sur le fil’, installation participative par Valérie Vanhoutvinck et la Compagnie Les Rougisseurs (http:/lesrougisseurs.canalblog.com)

Détails pratiques
Cette journée de réflexions aura lieu le 8 novembre 2012 de 8h30 à 16h30 à la Maison des Associations Internationales, rue Washington 40, 1050 Ixelles.
La participation aux frais est de 20 € lunch compris à verser au compte 068-2289644-83, avec la mention «Sur le fil». L’inscription est obligatoire et se fait par courriel, téléphone ou fax avant le 22 octobre 2012. Courriel: info@clps-bxl.org. Tél.: 02 639 66 88. Fax: 02 639 66 86. L’inscription sera validée après réception du paiement.
[fin encadré]

L’échantillon observé

Le choix de l’échantillon et le recrutement des participants s’est fait au sein des écoles bruxelloises d’enseignement secondaire (directeurs, enseignants, éducateurs), des services de promotion de la santé à l’école (SPSE), des centres psycho-médico-sociaux (CPMS) et de la médiation scolaire.
Le questionnaire d’enquête, comportant six questions, a été soumis à 52 acteurs scolaires, répartis comme suit: 7 professeurs, 9 directeurs, 7 éducateurs, 9 personnes de 6 centres PMS, 8 médiateurs travaillant dans 6 écoles secondaires bruxelloises, 12 personnes de 8 centres PSE.

Les résultats de l’enquête

L’enquête menée par le CLPS de Bruxelles permet de réaliser un relevé des attentes et des besoins de la communauté scolaire de l’enseignement bruxellois en matière de prévention des conduites et des consommations à risque chez les jeunes de l’enseignement secondaire bruxellois.

«Dans un premier temps, le CLPS s’est assigné comme mission de recueillir les représentations qui existent autour de la notion de ‘comportements à risque’ des ados », explique Melissa Chebieb. «On constate que la signification des comportements à risque varie en fonction de la place de l’intervenant dans le milieu scolaire. Un directeur n’a, par exemple, pas le même regard qu’un éducateur.»

Ainsi, l’enquête révèle que les directeurs sont davantage interpellés par le décrochage scolaire, cause ou conséquence à plus long terme de conduites et comportements à risque. Ils se sentent responsables moralement et juridiquement. De leur côté, les éducateurs, les agents PMS, les acteurs PSE et les médiateurs sont préoccupés par les aspects psycho-médico-sociaux et certains considèrent les conduites à risque comme des comportements liés à la période de l’adolescence. Ils dénoncent la gestion au coup par coup et tentent de prendre distance avec les demandes exprimées dans l’urgence. Les enseignants, quant à eux, parlent de consommation de produits, et en premier lieu, de l’alcool (surtout lors des voyages scolaires), ensuite de la consommation de cannabis et de ses effets secondaires directement perçus en classe (agressivité, fatigue, absence, incapacité de suivre les cours), enfin du manque de sommeil et du repli sur soi liés à l’usage d’Internet.

Inégalités

D’une part, l’enquête permet de dégager des inégalités entre les écoles. D’autre part, elle met en lumière deux types de regard quant à la fonction principale de l’école en termes de prévention.
Dans les écoles accueillant un public favorisé, l’objectif premier est d’enseigner et si des questions de prévention se posent, le pouvoir organisateur et l’association des parents sont des ressources disponibles pour intervenir ou soutenir des démarches de prévention au sein de l’école. «Dans les écoles plus favorisées, on se focalise sur le fait qu’il n’y ait pas de décrochage de l’ado», observe Patricia Thiébaut, responsable de projets au CLPS. «En cas de problème, la réaction est donc très rapide, les ados sont très vite pris en charge. La prévention joue davantage sur la préparation de l’avenir en prévision duquel un gros bagage scolaire est nécessaire. Tout est mis en place pour atteindre cet objectif.»

Les écoles plus favorisées bénéficient aussi d’un réseau qui est très présent à l’extérieur de l’école. «Ce n’est pas qu’il y ait plus ou moins de prévention au sein de ces écoles, mais grâce à l’existence d’un réseau extérieur, notamment les associations de parents, les parents sont très vite convoqués, ils ont eux-mêmes plus de relais et de contacts», explique Melissa Chebieb. «Les élèves savent aussi qu’ils peuvent interpeller un oncle, une tante en cas de difficulté. La famille est intégrée au sein des écoles.»

Par contre, les écoles qui accueillent un public défavorisé ne se considèrent pas seulement comme des lieux de transmission de savoirs, elles sont aussi des espaces où les difficultés des jeunes s’expriment plus fréquemment, ce qui en fait des endroits propices à des démarches de prévention. Ces écoles sont plus en demande de soutien car il y a moins d’appui et de ressources internes à l’école. «La multiplicité des problématiques sociales est telle que ces écoles ne savent pas par quel bout prendre la prévention», note Patricia Thiébaut. «Les élèves sont pris en charge d’une manière beaucoup plus hachée par les centres PMS, par les services de santé mentale. La prise en charge est un peu chaotique. On est donc face à de vraies inégalités en ce qui concerne la gestion des ados dans les écoles de l’enseignement secondaire.»

Impuissance et désarroi

L’enquête met à jour un profond sentiment d’impuissance. «Qu’il s’agisse des directeurs, des enseignants, des éducateurs, des Centres PMS, PSE, des médiateurs… la question qui revient de manière récurrente, c’est ‘ Comment gérer ? ’ », relève encore Patricia Thiébaut. « Les acteurs travaillent beaucoup au cas par cas, sans culture commune. Il n’existe pas d’espace où se retrouver pour partager ses pratiques et son vécu. Tout est donc très disparate. Cette disparité au sein des écoles, on la retrouve en fait aussi au niveau de l’offre des services. Certains enseignants se disent dépassés de devoir être à la fois pédagogues, assistants sociaux, psy… Et de leur côté, les centres PMS sont irrités car ils sont, disent – ils, toujours saisis par les écoles dans l’urgence alors que celles – ci mettent peu de choses en place en matière de prévention. Mais les écoles disent qu’elles n’ont pas le temps… Cela montre à quel point le sentiment d’impuissance des acteurs est grand.»

Des réalités différentes

On le voit, l’intérêt de l’enquête réside aussi dans le fait qu’elle confronte les professions, les pratiques, les places et les rôles des intervenants scolaires. Comme les secteurs du social, de la santé mentale, des soins, de la culture, etc., le secteur de l’enseignement n’échappe pas au jugement critique des uns sur le travail des autres, au sein même de la profession. Ces jugements sont souvent liés à une méconnaissance du travail de l’autre et impliquent pour les acteurs scolaires, en fonction de la place qu’ils occupent dans l’institution, des perceptions différentes des comportements à risque. À cet égard, Melissa Chebieb pointe en toute logique des incompréhensions dues au fait que chaque acteur est face à des réalités différentes. « Une des demandes formulées, c’est que les secteurs de la prévention puissent s’adapter à la réalité scolaire où on agit beaucoup dans l’urgence, où on gère comme on peut, où on met des petits pansements là où on peut… Autant de manières d’agir qui ne correspondent pas aux logiques des institutions de prévention, lesquelles évoluent dans un temps beaucoup plus lent, prennent le temps de la réflexion, agissent sur le long terme. Il est donc aussi important d’essayer de faire comprendre les réalités des uns par rapport à celles des autres.»

Selon Patricia Thiébaut, l’enquête a vraiment permis aux acteurs, aux professionnels de se re-questionner par rapport à leur pratique. « Que faisons – nous de ce qui a été dit ? Décidons – nous de rester dans nos logiques de travail, certes bien intéressantes, mais peu adaptées aux demandes et au terrain ? Ou essayons – nous de revoir nos pratiques en fonction des besoins et en sachant qu’il y a de gros manques dans les écoles ?»

Et les représentations ?

Alors, qu’en est-il des représentations autour de la notion de «comportements à risque» des ados ? « Je pense que la lecture des conduites à risque varie en fonction de la société et de l’histoire dans laquelle on est », analyse Melissa Chebieb. « Il y a 20 – 30 ans, on ne parlait pas de conduites à risque. Actuellement, nous vivons dans une société du risque, et celui – ci doit être géré, prévu, contrôlé. Notre optique est, entre autres, de dire que le risque et la conduite à risque sont également quelque chose de constitutif propre à l’adolescence, qu’il n’y a pas de dramatisation à faire par rapport à ça. Il s’agit peut – être avant tout de comprendre cette réalité, de l’accepter et de l’intégrer dans une réflexion beaucoup plus globale. Et ensuite , activer les relais quand cela s’avère nécessaire.»

Clarifier les offres de services

Un autre constat qui ressort de l’enquête est l’amoncellement d’offres de services en tous genres, de demandes en provenance d’organismes extérieurs, tant des secteurs associatifs que du privé ou des politiques, vers les écoles, avec comme résultat paradoxal – et néanmoins compréhensible – pour celles-ci de ne pas savoir vers qui se tourner en cas de problème.

Selon les acteurs scolaires, l’école est bel et bien un lieu de prévention. Reste la difficulté de faire la part des choses. Ils répètent qu’ils agissent au cas par cas, dans l’urgence et donc en individuel. Prêts à soutenir certaines démarches dans le cadre de leur cours et en collectif, soucieux de recevoir de l’information et d’être entendus dans leurs demandes, y compris dans leurs ‘non-demandes’, ils souhaitent que l’offre adressée soit adaptée à leur terrain d’activité, leur temporalité, leur rythme de travail… ceux de la réalité scolaire.
« Un des objectifs de cette mission Point d’appui assuétudes est donc clairement de clarifier l’offre des services proposés aux écoles », précise Patricia Thiébaut.

Propositions

Suite aux résultats de l’enquête, des pistes de travail et des propositions ont été émises par secteur d’activité.

Au niveau politique :
– formaliser des accords de coopération avec les secteurs concernés par l’enseignement;
– être dans la concertation avec les autres niveaux de pouvoir et avec les autres secteurs concernés;
– renforcer les équipes d’éducateurs en augmentant leur nombre dans les écoles;
– dégager du temps de travail et des moyens pour créer des moments de rencontres entre enseignants, des espaces de parole, des lieux où déposer des questions, afin d’échanger et de partager les réalités de travail;
– augmenter et officialiser les moments de concertation entre intervenants scolaires sur le temps de travail.

Pour le secteur de la promotion de la santé et des assuétudes :
– formaliser avec le directeur tout projet ou toute action entreprise dans l’école;
– réaliser un inventaire des ressources disponibles à l’attention des écoles;
– proposer des formations et/ou des accompagnements sur le sujet des comportements à risque (assuétudes, relations sexuelles et affectives, tentatives de suicide…) aux acteurs PSE, PMS, médiateurs et éducateurs;
– proposer des formations, de type sensibilisation, sur les différents produits et leurs effets aux enseignants;
– proposer un soutien et/ou un accompagnement dans la mise en place de journées pédagogiques autour du thème de la prise de risque chez les jeunes;
– réfléchir à la création et la mise en place d’équipes mobiles multidisciplinaires afin d’intervenir dans les écoles en cas d’urgence;
– proposer un travail d’accompagnement des directeurs afin de développer un cadre de travail global autour des questions de prévention à l’école;
– adapter les modes d’intervention dans l’établissement scolaire aux demandes des écoles et aux situations d’urgence et de crise;
– se concerter davantage avec les autres secteurs.

Pour le secteur de l’enseignement :
– créer des espaces de rencontres et de parole entre enseignants au sujet de leurs pratiques et de leurs vécus (intervision, supervision…);
– renforcer ou mettre en place des lieux de concertation entre les différents acteurs scolaires afin de travailler les représentations des uns vis-à-vis des autres, le secret professionnel, la gestion d’une situation de crise…;
– installer des lieux pluridisciplinaires pour réfléchir et travailler la question de l’école en santé. En quoi l’école, en tant – qu’institution peut-elle améliorer la qualité de la vie?
– investiguer vers d’autres secteurs (promotion de la santé, aide à la jeunesse, éducation permanente, santé mentale…) pour la mise en place d’un groupe de personnes ressources (prévention, sensibilisation, prise en charge…);
– organiser des moments de rencontres avec les parents sur les questions de prévention.

Pour les autres secteurs ( aide à la jeunesse , santé mentale , centres de planning familial ):
– réfléchir à la création et à la mise en place d’une équipe mobile multidisciplinaire afin d’intervenir dans les écoles en cas d’urgence;
– se concerter davantage avec le secteur de la promotion de la santé.

Et de manière transversale :
– privilégier les propositions et offres de services aux écoles défavorisées;
– susciter la participation de tous les acteurs concernés (élèves, parents, intervenants scolaires…);
– travailler la question des assuétudes dans une démarche de promotion de la santé en ne perdant pas de vue que le public final visé sont les jeunes et qu’il s’agit de leur «parler vrai»!

Les perspectives

Vers une offre concertée de services

Une proposition a été faite au Comité de concertation intersectoriel, fortement représenté par le secteur de prévention des assuétudes, de travailler à la clarification des offres de services envers les écoles. « Un processus de concertation, mené par un groupe de travail intersectoriel, a été créé dans le but d’apprendre à se connaître les uns par rapport aux autres, d’identifier les spécificités de chaque association et de voir comment travailler ensemble», explique Melissa Chebieb. À cette fin, le groupe de travail intersectoriel a décidé de partir d’exemples de demandes d’interventions que leur adressent les écoles. L’idée est de réaliser une production commune via un support Internet où différentes situations problématiques vécues par les écoles seront décrites ainsi que les modes d’interventions des associations. « On aura ainsi une offre de services adaptée en fonction des situations problématiques pour la sphère scolaire », conclut Melissa Chebieb. « Nous espérons mettre cette offre en ligne sur le web à la rentrée scolaire 2012 – 2013 .»

Par ailleurs, une journée d’étude qui aura lieu le 8/11/2012 (voir l’encadré pour le programme complet) convie toute une série d’intervenants concernés par la question, dont les Cabinets de l’Enseignement et de la Santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Cabinet de la Santé de la Région bruxelloise. « En 2007, la demande de travailler sur la mission Point d’appui assuétudes est venue des Cabinets de l’Enseignement et de la Santé », rappelle Patricia Thiébaut. « Maintenant, nous leur demandons d’être présents lors de la journée d’étude et de s’exprimer face aux constats réalisés dans les écoles. L’idéal serait qu’ils poursuivent la concertation entre eux.»

Vers une enquête auprès des jeunes

La deuxième phase du projet prévoit de réaliser une enquête auprès des jeunes. En voici les objectifs :
– recueillir les représentations des jeunes au sujet des comportements à risque;
– recueillir leurs pratiques face aux conduites à risque (quels relais activent-ils? Quelles compétences utilisent-ils?);
– recueillir leurs attentes en matière de prévention (en ont-ils?);
– vérifier l’adéquation des offres de services existantes avec leurs attentes;
– mettre en perspective les attentes des adultes et celles des jeunes en matière de prévention;
– évaluer les attentes, les besoins et demandes des jeunes face aux initiatives de prévention au sein de l’école;
– identifier, avec les jeunes, les relais et structures qu’ils connaissent et qui leur paraissent adéquats en matière de prévention.

Concrètement, la méthodologie de recueil de données choisie comprend des entretiens individuels et des entretiens de groupes. Quatre focus sont réalisés, à titre exploratoire, dans des milieux socio-économiques différents, au sein et hors de la sphère scolaire, le but étant de recueillir la parole des jeunes libérée des freins éventuels liés au cadre scolaire. La méthodologie est construite grâce au soutien de l’École de santé publique de l’ULB (SIPES). Le début de la récolte d’informations est prévue pour novembre 2012.

(1) Le Comité de concertation intersectoriel PAA bruxellois était composé des membres suivants: le Centre PMS de Woluwé-Saint-Lambert, l’asbl Prospective Jeunesse, l’École de santé publique ULB-SIPES, le Centre PSE de Bruxelles-Ville, le FARES, le CEFA de Saint-Gilles, l’asbl Le Pélican, l’asbl Infor-Drogues, l’asbl Modus Vivendi, la Plate-forme prévention sida, le CLPS de Bruxelles, le Centre de prévention du suicide, l’asbl Infor-Jeunes Laeken, Promo-jeunes asbl, le CEFA Saint-Gilles, la FAPEO (Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel), la Ligue bruxelloise francophone de santé mentale, la coordination des médiateurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles.