Septembre 2013 Par Christian DE BOCK Initiatives

L’étude NutriNet-Santé (http://www.etude-nutrinet-sante.be) est la plus grande étude nutritionnelle jamais lancée sur Internet dans le monde. Cette étude scientifique vise à mieux comprendre les relations entre la nutrition et la santé de la population. De nombreuses données suggèrent l’importance de la nutrition comme facteur de protection ou de risque des maladies non transmissibles les plus répandues dans le monde (certains cancers, maladies cardiovasculaires, obésité, diabète de type 2, dyslipidémies, hypertension artérielle…).

Des facteurs génétiques, biologiques et environnementaux interviennent dans l’apparition de ces maladies. Pour mettre en évidence le rôle spécifique des facteurs nutritionnels, il est indispensable de développer des ‘études de cohorte prospective’, portant sur de très grandes populations suivies pendant plusieurs années, et chez qui il est possible de mesurer de façon précise les apports alimentaires tout en prenant en compte d’autres déterminants tels que l’activité physique, la corpulence, l’usage du tabac, les antécédents familiaux, etc.

Aujourd’hui, l’usage d’Internet offre un accès simple à un très large échantillon de sujets volontaires et la possibilité de recueillir régulièrement de très nombreuses données collectables, stockables et traitables de façon automatisée.
L’étude NutriNet-Santé vise à terme à recruter 500.000 internautes européens francophones âgés de plus de 18 ans, les Nutrinautes, dont on espère que 60% participeront au projet pendant au moins 5 ans.

Cet ambitieux programme de recherche a été lancé en France en mai 2009, par l’Unité de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (U557 Inserm/Inra/Cnam/Paris 13), et est dirigé par le Professeur Serge Hercberg (Programme national nutrition santé France). Après quatre ans de fonctionnement, près de 250.000 volontaires se sont inscrits au programme.

La Belgique francophone rejoint l’étude cette année avec l’ambition de recruter 50.000 internautes, ce qui représente un fameux défi. Ce recrutement, permanent, durera trois ans. L’opération se fait sous le patronage de la Ministre de la Santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan et est parrainée par Philippe Geluck. Elle a obtenu un (modeste) subside de la Loterie nationale et n’a pas de caractère commercial.

Le volet belge de l’étude est coordonné par le Professeur Jean Nève (ULB) et le Professeur Véronique Maindiaux (Institut Paul Lambin). Il a été lancé le 7 juin dernier en présence de Serge Hercberg, qui a réussi haut la main l’épreuve de reconnaissance d’un des fleurons de la confiserie nationale, le cuberdon!

Les tâches des nutrinautes

Pour participer à cette enquête, les volontaires, après s’être enregistrés, doivent remplir des questionnaires de base simples et confidentiels : données sociodémographiques et mode de vie, activité physique, anthropométrie (poids, taille…), état de santé. Et bien entendu, ils doivent aussi compléter une enquête alimentaire (3 enregistrements de leurs consommations sur 24 heures, 2 en semaine et 1 le week-end). En d’autres termes, l’inclusion dans la cohorte exige 2 heures de travail réparties sur 21 jours.

Les questionnaires alimentaires identifient le moment et le lieu de la prise alimentaire, les aliments concernés et les quantités ingérées. Ils demandent même au participant de confirmer qu’il n’a pas consommé un aliment lié en général à ceux qu’il a indiqués, aliment qu’il aurait omis de citer… Détail qui a son importance: la base de données des aliments et plats a été complétée en fonction des habitudes de consommation des Belges. On y trouvera donc l’américain préparé, les boulets sauce lapin, le ‘stoemp’, les pistolets du dimanche et le craquelin, et même les babelutes et le ‘vieux bruges’ ! Du beau boulot, dont les Nutrinautes français, de plus en friands de spécialités belges, pourront d’ailleurs aussi profiter…

Ensuite, les participants reçoivent chaque mois un courriel les informant de l’évolution de l’étude et doivent répondre 1 fois par an aux questionnaires de base. Une fois par mois maximum d’autres questionnaires sur des sujets liés à l’étude peuvent être proposés (problèmes de santé, approvisionnement alimentaire, qualité de vie, connaissances nutritionnelles, goûts et aversions, etc.).

NutriNet-Santé après 4 ans en France

246 696 volontaires à la date du 7 juin 2013.

Profil des Nutrinautes: 52,5% ont plus de 45 ans et 6,1 % moins de 25 ans; 77% de femmes; 61,2% ont un emploi, 17,1% sont en (pré)retraite et 6,4% sont chômeurs ou allocataires d’aides sociales; répartition géographique très proche de celle de la population générale française.

Les responsables de l’étude communiquent régulièrement à propos des infos engrangées. Ainsi, la consommation de sel est passée de 10g par jour en 2000 à 8,5g en 2012. Encourageant, surtout dans un pays où le lobby du sel de cuisine est intransigeant…

Cet outil permet aussi de recueillir facilement l’opinion du public sur des sujets d’actualité, comme par exemple la taxe soda instaurée en 2012 en France.

Site : http://www.etude-nutrinet-sante.be

En somme, les Nutrinautes seront de véritables acteurs de la recherche, leur participation fidèle à l’étude contribuera à améliorer des connaissances qui, espérons-le, aboutiront à une meilleure prévention de maladies chroniques telles le cancer, l’hypertension, le diabète et beaucoup d’autres.