Entre 2000 et 2009, le nombre de tests PSA réalisés en vue de dépister le cancer de la prostate est passé de 850.000 à 1,5 million, avec un coût de 4 millions d’euros à charge de la sécurité sociale, sans compter les coûts de biopsies parfois inutiles ainsi que les traitements et leurs complications éventuelles. Pour la Mutualité chrétienne (MC), le dépistage à grande échelle du cancer de la prostate ne se justifie pas, car des taux élevés de PSA ne prouvent pas l’existence d’un cancer et, inversement, des taux bas de PSA n’offrent pas la garantie qu’il n’y ait pas de cancer. Un dépistage ‘organisé’ risquerait d’entraîner des traitements inutiles ou trop lourds. Par ailleurs, la MC demande aux médecins généralistes de mieux informer les patients qui font la demande d’un test PSA dans le cadre d’un diagnostic précoce, de ses avantages et inconvénients.
En moins de dix ans, le nombre de tests PSA (Prostate Specific Antigen) a augmenté de 76%. Parmi les patients ayant subi un tel examen, un quart ont plus de 50 ans et un tiers ont plus de 70 ans. Plus de la moitié des patients de plus de 50 ans ont subi le test au moins tous les deux ans. Cette pratique vaut pour l’ensemble de la Belgique (un peu moins à Bruxelles qu’en Flandre et en Wallonie).
Ce test a été prescrit dans 80% des cas par un généraliste et semble désormais faire partie des examens de routine. Malgré la forte augmentation du nombre de tests PSA, la Fondation Registre du Cancer enregistre pourtant, chaque année, environ 9000 nouveaux cas de cancer de la prostate et ce de manière stable, depuis 2004.
Lenteur du cancer de la prostate et recours au test PSA comme outil de suivi
Le cancer de la prostate survient surtout chez les hommes de plus de 60 ans et évolue en général très lentement. Cette lenteur est telle que la plupart des hommes atteints d’un cancer de la prostate ne subiront aucun inconvénient de leur maladie et ne décéderont pas de cette cause. Les problèmes urinaires parfois rencontrés chez des patients sont généralement causés par une hypertrophie de la prostate et ne sont que rarement la conséquence d’un cancer. Dans ce contexte, on comprendra aisément l’inutilité d’un test de diagnostic précoce pour un patient de plus de 75 ans.
Le taux de PSA est mesuré par un test sanguin. Une valeur élevée peut être le signe d’une affection de la prostate: une hypertrophie bénigne de la prostate, une inflammation et, parfois, un cancer. Des taux élevés de PSA ne prouvent donc pas l’existence d’un cancer. Inversement, des taux bas de PSA n’offrent pas la garantie qu’il n’y ait pas de cancer de la prostate.
En cas de PSA élevé, le médecin propose généralement à son patient une biopsie. Il faut cependant savoir que cette biopsie peut entraîner des complications (hémorragies ou infections). La biopsie permet de déceler la présence de cellules cancéreuses et indique si l’on se trouve face à un cancer à faible ou à haut risque en termes d’évolution. Seuls les cancers à haut risque doivent être traités. Ces traitements (opération ou radiothérapie) peuvent engendrer des effets secondaires importants tels qu’impuissance ou incontinence. En cas de cancers de la prostate à faible risque, un simple suivi suffira. Le test PSA est alors l’outil de suivi indiqué. Ce test peut également être envisagé dans le cadre d’un diagnostic précoce mais à la demande du patient et après que ce dernier ait été correctement informé de ses avantages et inconvénients.
Alors qu’il est de plus en plus prescrit, le test PSA n’est pas repris dans la liste des examens préventifs recommandés par les deux principales organisations de médecins généralistes, la Société scientifique de médecine générale (SSMG) et Domus Medica. Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, la Mutualité chrétienne estime que le test PSA à des fins de diagnostic précoce, chez des hommes ne présentant pas de plaintes et sans une information préalable, n’est pas indiqué.
La MC demande aux organisations de médecins et aux pouvoirs publics de rédiger des directives claires à destination des médecins ainsi que des brochures d’information neutres pour les patients. Par ailleurs, elle invite le Centre fédéral d’expertise des soins de santé à procéder à une mise à jour de son étude de 2006 sur le test PSA.
D’après un communiqué de presse de la Mutualité chrétienne