Mai 2009 Par H. LISOIR Dossier

Pour la période 2009-2011, la Fondation Roi Baudouin a décidé de lancer deux chantiers pour contribuer concrètement à la réduction des inégalités sociales en santé.
L’ambition est de répondre au constat que trop d’interventions visant à améliorer la santé tiennent peu ou pas du tout compte d’éventuelles différences systématiques entre groupes socio-économiques, groupes ethniques et entre hommes et femmes. Le risque existe dès lors que l’on néglige les inégalités sociales en santé, ou pire encore, qu’on les provoque.

Un outil pour se focaliser sur l’équité en santé au niveau local

C’est au niveau local que l’on peut plus facilement travailler sur plusieurs déterminants sociaux (de la santé) autour d’une politique et d’interventions concrètes réunissant les acteurs des différents secteurs concernés.
La Fondation veut donc contribuer au développement d’exemples concrets de stratégies locales, par un soutien financier évidemment mais aussi via un appui. À cet effet, elle a demandé à une équipe de l’Université de Gand, sous la direction du Dr Sara Willems , de développer un nouvel outil. Celui-ci doit aider les décideurs et les opérateurs locaux à radiographier leur initiative en se focalisant sur des questions-clés en lien avec l’équité et dont les réponses leur serviront de balises et d’indicateurs. L’outil est une sorte de ‘lentille’ qui permet à la fois d’être plus attentif aux détails (zoom avant) tout en ne perdant pas de vue l’ensemble de l’image (zoom arrière).
Un souci constant pour la Fondation et ses partenaires (l’Observatoire wallon de la Santé, l’Observatoire du Social et de la Santé de Bruxelles-Capitale, la Vlaamse Vereniging voor Steden en Gemeenten et le Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie): proposer un outil réellement utile. Comment?
Un cahier des charges exigeant pour l’équipe universitaire.
1° Simplicité et accessibilité
L’outil prendra la forme d’une série limitée de 9 questions. Une sorte de ‘check-list’ pratique accompagnée d’un manuel d’utilisation qui explicite les questions et accompagne l’utilisateur dans son travail d’analyse. Des fiches récapitulatives visent à exploiter plus facilement les réponses apportées pour chaque fois formuler des conclusions sous forme de points positifs et de points à améliorer.
2° Pour différents objectifs et acteurs
L’outil doit convenir à des initiatives qui ne proviennent pas exclusivement du secteur de la santé ou de la promotion de la santé, dans un souci de pouvoir travailler sur les différents déterminants sociaux en santé. De plus, il pourra être utilisé par tout promoteur de projet qui soit n’aurait pas encore intégré d’objectif d’équité soit souhaite le renforcer.
3° Pour la planification, l’exécution ou l’évaluation
Idéalement, on s’en servira dès la planification d’un projet mais une deuxième version du questionnaire existe également pour (ré)orienter le projet pendant la phase d’exécution et une troisième pour l’évaluation du processus et des résultats/effets.
4° Autonomie et complémentarité
L’outil peut être utilisé seul mais a été conçu pour pouvoir être intégré dans des processus/instruments plus larges de gestion de la qualité.
Un groupe de pilotage avec des experts et des acteurs de terrain a été mis en place pour tenir compte au plus près des besoins et capacités (variées) du terrain.
Plusieurs phases de test sont prévues. Une première pour valider les questions retenues et le guide pratique a déjà eu lieu. Le tout sera encore expérimenté en 2009 sur plusieurs initiatives dont la diversité (publics cibles, acteurs, objectifs, lieux…) permettra de peaufiner l’outil avant une plus large diffusion en 2010.
Des moments d’ appropriation de l’outil par des utilisateurs potentiels seront organisés sous la forme de formations pratiques. Ce sera bien entendu le cas pour les promoteurs qui souhaiteront introduire un dossier dans le cadre de nos futurs appels à projets.

Une attention particulière pour les groupes vulnérables, aussi dans les programmes de prévention de masse

Plusieurs campagnes de sensibilisation existent et des mesures dites universelles sont développées afin d’offrir une réponse large et accessible à des questions de santé jugées prioritaires. Malgré la gratuité des services ou la diffusion large et répétée des messages, des études montrent que ces dispositifs ne parviennent pas suffisamment à atteindre des publics défavorisés.
Pour les actions déjà en place et dont on a évalué le taux de réussite/d’échec et pour celles à venir dont on prévoit les difficultés à toucher certains groupes, il faudra mettre en place des approches ciblées. Cibler, sans stigmatiser, avec l’aide des professionnels qui travaillent déjà avec les personnes précarisées pour renforcer leurs compétences et construire des solutions avec eux.
La Fondation soutiendra des démarches de ce type et veillera à en évaluer la pertinence et l’efficience.
Hervé Lisoir , Responsable de projets à la Fondation Roi Baudouin
Fondation Roi Baudouin, rue Bréderode 21, 1000 Bruxelles. Tél.: +32 2 511 18 40. Fax: +32 2 511 52 21. Courriel: info@kbs-frb.be. Internet: http://www.kbs-frb.be .