Septembre 2007 Initiatives

Une étude de la Mutualité chrétienne confirme qu’il existe une grande variabilité dans la consommation de médicaments dans les maisons de repos et les maisons de repos et de soins de notre pays.
Fin 2006, le Centre fédéral d’expertise (KCE) démontrait, sur base de chiffres datant de 2004, qu’il existe une grande variabilité en matière de consommation de médicaments entre les maisons de repos (MR) et maisons de repos et de soins (MRS) et ce, tant au niveau du choix que de la quantité des médicaments prescrits. Une étude de la Mutualité chrétienne, basée sur des données 2005, confirme ces résultats. Cette étude porte sur plus de 53.000 personnes (il fallait au moins 20 membres de la Mutualité chrétienne ayant séjourné au moins 30 jours dans la MR ou MRS pour que celle-ci soit intégrée dans l’étude).

Résultats

Sur l’année, un résident d’une MR ou d’une MRS recevait en moyenne dix médicaments différents. Et il consommait en moyenne quatre médicaments différents tous les jours .
La quantité de psychotropes consommée pose question: en moyenne, pas moins de 44% des résidents ont reçu des antidépresseurs durant minimum 30 jours. En outre, quasi un résident sur quatre (23,3%) a reçu des antipsychotiques, des médicaments utilisés dans le traitement de graves pathologies psychiatriques, comme la schizophrénie.
En moyenne, 31% des patients ont reçu au minimum un médicament de la liste de Beers (1).
Ce qui frappe surtout, c’est la grande variabilité entre les différents établissements. On trouve ainsi des institutions où quasi 75% des patients consomment des antidépresseurs, alors que ce taux n’est que de 14% dans d’autres institutions. Pour les antibiotiques, les différences sont encore plus frappantes: les pourcentages de patients recevant au minimum une dose par jour varient de 11% à 96%…
Un élément positif concerne l’administration du vaccin contre la grippe puisque les établissements atteignent, en moyenne, un taux de couverture de plus de 90%.
L’étude de la Mutualité chrétienne s’est également concentrée sur les médicaments moins chers. En 2005, 25% des médicaments prescrits étaient soit des produits génériques, soit des médicaments moins chers. 15% étaient des spécialités (chères) avec surcoût pour le patient et 60% étaient des spécialités encore sous brevet, donc sans alternative générique. La variabilité est, ici encore, importante puisque certains établissements ne consommaient que 5% de médicaments moins chers, tandis que dans d’autres, les médicaments moins chers représentaient 59% du volume total de médicaments consommés.

Recommandations

L’étude de la Mutualité chrétienne a produit une cartographie de la quantité, de la qualité et du coût des médicaments dans les maisons de repos. C’est une première étape.
La Mutualité chrétienne souhaite fournir aux maisons de repos un feed-back individuel relatif à leur consommation de médicaments, au moyen d’un module interactif sur internet (accès limité aux directions et aux médecins conseillers). Chaque institution pourra se situer vis-à-vis des autres établissements. Il n’est donc pas question ici de désigner les ‘bonnes’ et ‘mauvaises’ MR et MRS selon la consommation de leurs résidents, mais de les aider à optimaliser la prise en charge de ceux-ci.
La Mutualité chrétienne désire aussi entamer avec les maison de repos un dialogue constructif sur la consommation de leurs résidents, en mettant l’accent sur les recommandations suivantes:
-utilisation du formulaire pharmaceutique;
-renforcement du rôle du médecin coordinateur Plan national nutrition santé
et conseiller (MCC), en particulier dans le domaine des médicaments;
-davantage de soins (care) et moins de médicaments (cure): aborder la question de la surconsommation en antidépresseurs et en antipsychotiques;
-plus d’attention aux médicaments moins chers;
-renforcement du rôle central du pharmacien dans le cadre de l’exécution de la prescription en DCI (par nom de molécule) et de l’accompagnement dans le traitement médicamenteux (information sur la prise concrète des médicaments, utilisation, coût…).
D’après un communiqué de presse des Mutualités chrétiennes. Les résultats de l’étude sont disponibles sur http://www.mc.be . Vous trouverez aussi sur ce site un module de calcul des économies réalisables en ayant recours aux médicaments génériques.
(1) Cette liste comporte des produits considérés comme étant moins recommandés pour une population âgée car ils peuvent potentiellement faire plus de mal que de bien, principalement en raison des effets secondaires liés à l’âge. Il existe aussi une liste ‘positive’, le Formulaire pharmaceutique pour les MRS, une réalisation remarquable mais sous-utilisée sur le terrain, qui fut présenté par le Dr Michel Jehaes de l’Association francophone des médecins coordinateurs et conseillers en MRS lors de la conférence de presse. Voir le site http://www.formularium.be .