Objectifs de l’enquête
Le but principal de l’enquête de santé est d’obtenir une bonne représentation de l’état de santé physique, mentale et sociale de l’ensemble de la population, d’en suivre l’évolution au cours du temps et d’analyser les relations entre certains déterminants de la santé, l’état de santé et le recours aux soins. L’accessibilité à une gamme de services de santé, notamment dans les groupes défavorisés sur le plan socio-économique et chez les personnes âgées, est également étudiée. L’ensemble de ces informations est récolté auprès de la population elle-même, ce qui permet d’obtenir le point de vue du citoyen sur tous ces aspects.
L’enquête est organisée à la demande spécifique des autorités belges. Elle est financée par les pouvoirs publics sur base d’un accord de coopération interministériel aux niveaux fédéral, régional et communautaire. L’Institut scientifique de santé publique est mandaté pour la conception, la réalisation, l’analyse et la diffusion des résultats de l’enquête. La Direction générale statistique et information économique (ex-INS) apporte, quant à elle, une assistance en ce qui concerne la collecte et le traitement des données. Ce projet bénéficie aussi de la collaboration du Centre universitaire du Limbourg (UHasselt) – Département de Biostatistique.
L’enquête de santé offre la possibilité unique de rassembler au même instant une foule d’informations sur la santé, les comportements qui influencent la santé, la consommation de médicaments et l’utilisation du système de soins de santé, mais aussi sur les caractéristiques socio-économiques des participants. Il est donc possible d’analyser les relations entre ces différents paramètres. En outre, grâce à la répétition de l’enquête, tous les quatre ans environ, l’analyse de l’évolution de ces paramètres au cours du temps permet de vérifier l’impact des politiques de santé et de surveiller l’apparition de nouvelles problématiques dans ce domaine. L’enquête sert donc d’instrument d’appui dans le cadre de l’élaboration des politiques de santé publique. Elle peut aider à définir les priorités en matière de santé.
L’enquête de santé répond également à une demande provenant d’instances internationales comme la Commission Européenne (via EUROSTAT). Elle vise donc également à établir des comparaisons entre les pays ou les régions au sujet de l’état de santé des populations, l’exposition aux facteurs de risques, les mesures de prévention ou les systèmes de soins de santé.
Les données de l’enquête sont aussi mises à la disposition des universités belges pour une approche scientifique plus approfondie. De nombreux exemples illustrent l’utilité des enquêtes de santé:
-les résultats des enquêtes précédentes ont alimenté un grand nombre de recherches scientifiques (présentées sous forme de mémoire, rapport ou article scientifique) sur divers thèmes tels que par exemple: le lien entre pauvreté et dépression; le tabac, alcool et nutrition en cours de grossesse; l’importance de bien dormir; la précarité sociale et la promotion de la santé chez les adolescents et les jeunes adultes; l’épidémiologie de la dépression déclarée en Belgique; l’étude des besoins en soins et en aide des aînés vivant à Bruxelles; l’influence du statut socio-économique de la personne rapportant un trouble dépressif sur le recours aux soins et la prise en charge par antidépresseurs, etc.
-la consommation élevée de tranquillisants et somnifères mesurée par l’enquête de santé fut, pour le Ministre de la santé, un argument supplémentaire en faveur du lancement d’une campagne de sensibilisation nationale à ce sujet.
-les résultats des enquêtes précédentes ont montré des inégalités socio-économiques dans le dépistage du cancer du sein, suggérant aux autorités de concentrer l’effort de sensibilisation vers les groupes de femmes les plus défavorisées.
-les enquêtes précédentes ont confirmé le besoin de revaloriser la médecine générale, surtout à Bruxelles où une proportion plus faible de la population a un généraliste attitré.
-les enquêtes de 2001et 2004 ont attiré l’attention des politiques sur la nécessité d’une valorisation de la santé mentale en Belgique, ainsi que la promotion d’une meilleure prise en charge des personnes souffrant de troubles psychologiques, notamment de dépression ou d’anxiété généralisée. Le problème du suicide est également apparu dans toute son ampleur au travers des questions de l’enquête 2004.
Echantillonnage
On ne peut, bien entendu, pas interroger les 10 millions d’habitants du pays! Pour obtenir une bonne représentation de la population, il faut donc utiliser une procédure efficace d’échantillonnage. La méthode utilisée au sein de l’Enquête de Santé est complexe, et permet la généralisation des résultats obtenus à l’ensemble des habitants de la Belgique et de ses régions.
Tout est mis en oeuvre pour essayer de respecter le profil de la population. Le nombre de personnes à interroger est fixé par région et ensuite par province, proportionnellement à la densité de population.
On procède ensuite à une sélection aléatoire de communes, de telle façon qu’à côté des grandes villes, des petites bourgades aient aussi une chance de faire partie de l’échantillon.
Au sein de chaque commune choisie, selon leur taille, de 50 à 400 personnes seront interviewées. Pour ce faire, un nombre restreint de ménages est tiré au sort dans le Registre national de la population. Plusieurs membres d’un même ménage peuvent être interviewés, et ce, jusqu’à concurrence de 4 personnes au maximum. Parmi les personnes interrogées, on retrouve obligatoirement la personne de référence du ménage et, le cas échéant, son ou sa partenaire.
Afin de pouvoir procéder à une estimation correcte des résultats, tant au niveau du pays que des régions, un facteur de pondération est calculé et appliqué à chaque participant de l’enquête. Ce dernier prend en compte la probabilité de sélection de l’individu au sein du ménage, de la commune, de la province et de la région. Il prend également en compte l’âge et le sexe des personnes ainsi que le trimestre au cours duquel l’interview a été réalisée, pour minimiser les effets saisonniers liés à l’état de santé.
Malgré toutes ces précautions, l’échantillon n’est pas parfaitement représentatif de notre population. En effet, les personnes qui ne sont pas reprises au Registre national ne sont, par la force des choses, pas représentées au sein de l’échantillon. De plus, les personnes résidant en prison ou dans des institutions hospitalières ne sont pas incluses dans les critères de sélection. En revanche, les personnes âgées résidant dans une maison de repos font bien partie de l’échantillon.
Enfin, la participation à l’enquête se fait sur une base volontaire. Dès lors, un certain nombre de ménages refusent d’y participer pour diverses raisons. Des biais systématiques peuvent ainsi apparaître dans l’échantillon: par exemple, les personnes très affaiblies ou très occupées refusent plus souvent de participer, menant à une sous-représentation de ces catégories d’individus. Le taux d’acceptation pour les enquêtes précédentes tournait autour de 62%, ce qui est légèrement en dessous de la recommandation européenne en la matière (70%).
Il est dès lors très important pour la fiabilité des données recueillies que toutes les personnes contactées acceptent effectivement de participer à l’enquête, même s’il n’y a pas d’obligation légale.
Champ de l’enquête
Au total, environ 6.000 ménages ordinaires résidant en Belgique vont être interrogés dans le courant de l’année 2008 au sujet de la santé de leurs membres ou d’une partie d’entre eux. Par ménage ordinaire, il est entendu l’ensemble des occupants d’un logement privé, qu’il s’agisse d’une personne seule ou d’un groupe de personnes non nécessairement liées par des liens de parenté. Pour les grands ménages, 4 personnes au maximum prendront part à l’étude: la personne de référence, son/sa partenaire éventuel(le) et une sélection aléatoire parmi les personnes restantes du ménage. Au total, plus de 11.000 personnes feront partie de l’échantillon de 2008.
Les ménages collectifs ne font en principe pas partie du champ de l’enquête. Il s’agit des maisons d’arrêt, des institutions psychiatriques, des communautés (religieuses et autres) de plus de 8 personnes… Une seule exception à cette règle: les maisons de repos, qui font partie intégrante du champ d’investigation, vu l’intérêt croissant porté aux besoins des personnes âgées.
En effet, vu le vieillissement de la population, les commanditaires de l’enquête estiment que la santé des personnes âgées mérite davantage d’attention, et notamment, pour tout ce qui concerne l’aspect d’accessibilité aux soins (en institution et à domicile). Cela se concrétise au niveau de l’échantillonnage par une technique spécifique de stratification permettant la sur-représentation des personnes âgées dans l’échantillon.
Questionnaires et informations recueillies
Trois questionnaires différents sont utilisés pour cette enquête. Pour faciliter le travail, la préférence a été donnée à des questions ‘fermées’, pour lesquelles les réponses sont à cocher (soit oui/non, soit choix multiple) dans une liste de propositions.
Un premier questionnaire s’intéresse au ménage en tant que tel: la taille du ménage, sa composition, les revenus globaux, les dépenses en matière de santé et les éventuelles nuisances environnementales. Il est rempli par l’enquêteur au cours d’une interview avec la personne de référence du ménage, au domicile de celle-ci.
Un deuxième questionnaire est réalisé par interview auprès de chaque personne sélectionnée dans le ménage, et comprend avant tout des questions relatives à l’état de santé, à la consultation auprès des prestataires de soins et à la consommation de médicaments. Si certaines personnes ne peuvent répondre elles-mêmes aux questions, par exemple des enfants ou des personnes trop affaiblies, une autre personne du ménage répond à leur place, par procuration.
Un troisième questionnaire, auto-administré, est rempli directement par les participants âgés de quinze ans et plus. Ce questionnaire n’est pas validé pour les individus plus jeunes. Il comprend des thématiques plus sensibles ou privées, comme par exemple les problèmes de santé mentale, la consommation d’alcool, de tabac ou de drogues, les connaissances en matière de protection contre le virus du sida, etc.
Les différentes thématiques abordées dans l’Enquête de Santé sont choisies en fonction des objectifs généraux de santé publique et des recommandations européennes et mondiales en matière de santé.
En général, les sujets abordés dans le cadre de telles enquêtes concernent:
-les modes de vie et les comportements des individus susceptibles d’influencer l’état de santé: les comportements tabagiques, les préférences alimentaires, l’activité physique, les mesures préventives (vaccination, dépistage), l’intégration sociale et le support de l’entourage, etc.
-les problèmes de santé rencontrés: les plaintes subjectives, les maladies chroniques, les limitations fonctionnelles et leur impact sur la vie quotidienne, les troubles de la santé mentale (anxiété, dépression, sommeil, détresse psychologique, tentatives de suicide, etc.).
-la consommation de soins de santé: les contacts avec le médecin généraliste ou spécialiste, le dentiste, les services paramédicaux, les hôpitaux, le recours aux médicaments.
-les facteurs de risque socio-économiques et environnementaux: composition du ménage, âge, sexe, nationalité, études, profession, revenus, habitat, pollution, nuisances, etc.
Grâce à un long travail de standardisation international, auquel la Belgique a participé activement, les méthodes et questions utilisées dans le cadre de ce type d’enquête ont été harmonisées au niveau européen. Cela devrait permettre de comparer les résultats de l’enquête de santé belge de 2008 avec ceux obtenus dans d’autres pays membres de l’Union Européenne.
Protection de la vie privée
L’enquête a reçu un avis favorable de la Commission de la protection de la vie privée, ainsi que du Conseil supérieur de statistique. Elle est conforme à la législation sur le respect de la vie privée. La confidentialité des données personnelles recueillies au cours de cette enquête est garantie grâce à un système de codification et de traitement anonyme des données. En outre, les enquêteurs sont tenus par contrat de respecter la confidentialité des informations recueillies et ne sont pas autorisés à les communiquer à des tiers.
Par ailleurs, lors de la récolte des données, les paramètres d’identification des participants (nom, adresse, n° du Registre national) sont gérés au niveau de la Direction générale de statistique. Ils ne sont en aucun cas repris sur les questionnaires. Seuls des numéros de codes sont utilisés à ce niveau. Les réponses recueillies au cours de l’enquête elle-même sont introduites dans une base de données sans paramètres d’identification. Les personnes qui s’occupent de l’encodage des données dans les fichiers d’exploitation ne voient donc aucun nom apparaître sur les documents. Cette base de données est ensuite envoyée à l’Institut scientifique de santé publique, où les analyses statistiques sont effectuées, toujours de manière anonyme et sans moyen d’identification des participants.
La Direction générale de statistique garde toutefois la clé de conversion de l’identifiant (lien coordonnées – numéro d’identification) dans le but de recontacter certains ménages pour le contrôle de qualité du travail des enquêteurs, mais aussi pour envoyer à chaque ménage participant une synthèse des résultats de l’enquête, une fois celle-ci terminée.
Déroulement de l’enquête
Les enquêtes sont réparties sur les quatre trimestres de l’année afin de pallier les effets saisonniers sur la santé. Les ménages sélectionnés par trimestre reçoivent une lettre d’invitation officielle et un dépliant d’information sur le contenu et le déroulement de l’enquête. Les ménages sont informés qu’un enquêteur prendra contact avec eux dans les 15 jours suivant la réception du courrier.
Environ 250 enquêteurs prêtent leur concours à la réalisation du travail de terrain. Ils ont bien souvent une bonne expérience des enquêtes et reçoivent tous une formation pour les aider dans leur travail et pour assurer une certaine harmonisation des procédures d’enquête. Les enquêteurs possèdent une carte d’accréditation de la Direction générale statistique et sont tenus, via une convention signée, au secret professionnel vis-à-vis des informations recueillies.
En même temps que les ménages reçoivent le courrier d’invitation, les enquêteurs reçoivent les coordonnées des ménages à interroger et un identifiant (numéro) pour chacun de ces ménages. Ils tentent alors de joindre ces ménages, soit par téléphone, soit en passant au domicile, afin de convenir d’un rendez-vous ultérieur. Une fois qu’un rendez-vous est pris avec un ménage, la totalité des interviews se déroule au domicile du ménage (ou dans un lieu convenu de commun accord), si possible au cours d’une seule visite.
Lorsque l’enquête sur le terrain est terminée, les informations recueillies par le biais des questionnaires sont saisies sur ordinateur et transmises à l’Institut scientifique de santé publique sous forme de fichiers anonymes. Les données sont alors analysées et les principaux résultats sont publiés dans un rapport qui est remis aux différentes autorités sanitaires du pays. Les principales conclusions sont ensuite communiquées au public.
Limites de la démarche
Attention, comme toute enquête de population, les données recueillies sont déclaratives, c’est-à-dire basées sur le questionnement direct des personnes. Elles sont à ce titre empreintes d’une certaine incertitude (oubli, erreur, interprétation, exagération, désirabilité sociale, etc.). Il existe d’ailleurs des projets pour compléter ces données collectées via des interviews par des examens objectifs comme la mesure de la tension artérielle, du poids et de la taille, une prise de sang pour vérifier le taux de cholestérol…
De plus, comme indiqué plus haut, l’échantillon final n’est pas une réplique exacte de la population générale dans son entièreté. Les personnes institutionnalisées ou vivant en grandes communautés ne sont pas représentées, de même que les SDF, les clandestins, les réfugiés et autres personnes qui ne figurent pas dans le Registre national.
Par ailleurs, parmi les individus invités à participer à l’enquête, les plus malades, les plus âgés, les plus occupés ou les plus démunis ont souvent tendance à refuser. Il faut donc rester prudent dans l’interprétation des résultats.
D’après un dossier de presse de l’Institut scientifique de santé publique
Informations complémentaires
De nombreux documents relatifs aux Enquêtes de 1997, 2001 et 2004 peuvent être consultés sur le site Internet réservé à l’Enquête de Santé à l’adresse suivante: http://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index4.htm