«Manger mieux, en mangeant simple et en bougeant plus»
À l’initiative de Thérèse Snoy et Muriel Gerkens , députées Écolo et de Mieke Vogels , sénatrice Groen!, un séminaire intitulé «Plan National Nutrition Santé 2010-2015: nouvelles dimensions, nouveaux moyens d’action» a réuni le 8 octobre 2010 plus de 80 personnes au parlement fédéral.
L’objectif était de contribuer à renforcer la politique liant alimentation et santé en ouvrant de nouvelles pistes d’action tant au niveau fédéral qu’au niveau des entités fédérées.
Toutes les études démontrent que la population européenne, et en particulier belge, consomme trop de graisses (et de mauvaises graisses), de sucre et de sel et a une activité physique insuffisante. Cette dérive du régime alimentaire entraîne son lot de conséquences négatives sur la santé: surpoids (47 % des adultes en Belgique), obésité (14 % des adultes), diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, cancer, etc. avec un coût considérable pour la santé publique mais surtout une perte de qualité de vie pour de larges couches de la population. Ce sont les groupes sociaux les moins favorisés qui sont les plus touchés par cette problématique et, comme le démontrent de nombreuses études belges et internationales, c’est dès l’enfance que les déséquilibres alimentaires s’installent.
Face à ce problème de société, les organisatrices du séminaire plaident pour la recherche de solutions structurelles de loin préférables à des approches comportementalistes et pour une meilleure implication du politique dans le futur Plan 2011-2015.
Selon les gestionnaires du PNNS 2005-2010, 70 % des activités prévues se sont effectivement mises en place avec des avancées notables dans les secteurs de l’allaitement maternel et de la dénutrition, la signature de deux conventions avec l’industrie et la réalisation d’une enquête de consommation alimentaire.
Une évaluation externe se termine très prochainement, mais des propositions pour l’architecture du Plan 2011-2015 semblent déjà bien structurées dans le chef des promoteurs.
«Manger mieux, en mangeant simple et en bougeant plus» serait le nouveau slogan pour les 5 ans à venir.
Pour une efficacité renforcée du PNNS 2
Avec des tonalités diverses, les participants de ce séminaire ont cependant affirmé la nécessité de renforcer l’efficacité du Plan.
Le panel d’intervenants comprenait des représentants des différents niveaux de pouvoirs (fédéral, régional, provincial et communal) ainsi qu’un représentant de la FEVIA et de professionnels de la santé.
Il ressort des exposés un ensemble de recommandations convergentes:
-travailler sur les déterminants sociaux, économiques et culturels de la nutrition;
-renforcer la coopération entre tous les niveaux de pouvoir, y compris au niveau local. À cet égard, une bonne nouvelle: le représentant de la Communauté flamande a déclaré sa volonté de rejoindre la démarche du Plan (1);
-intégrer la dimension santé dans différentes compétences politiques: agriculture, protection des consommateurs, éducation, sports, transports… et en assurer la cohérence;
-cibler les jeunes enfants, dont les comportements doivent être orientés dès le départ vers une alimentation saine et équilibrée et à qui il faut offrir plus d’espace et de temps pour «manger et bouger»;
-rendre accessibles des denrées fraîches, locales et de qualité aux publics défavorisés;
-accompagner les personnes en surpoids et les obèses par un suivi multidisciplinaire et durable, qui soit accessible à tous.
Des actions très concrètes ont été proposées, sans être débattues en profondeur, comme:
-assurer l’accès à l’eau potable du robinet dans tous les lieux publics et en particulier dans les écoles;
-offrir un petit déjeuner bien composé à l’école, assurer le maintien des repas chauds à midi et les rendre gratuits;
-réguler la publicité et les différentes formes de marketing alimentaire et surtout celles qui ciblent les enfants;
-proposer des «jours sans viande» (comme cela se passe déjà à Gent) dans les communes et les collectivités pour diminuer la surconsommation de viande;
-améliorer l’information du consommateur et en particulier imposer l’étiquetage des denrées non emballées.
La volonté de coopération exprimée par les divers niveaux de pouvoir doit se traduire par un mode de gestion du Plan adapté. Il s’agit de formaliser les partenariats institutionnels pour exploiter au mieux les possibilités de chacun d’agir dans sa zone de compétence au bénéfice d’objectifs communs.
Les modalités de prises de décision dans la préparation, l’exécution et l’évaluation du Plan doivent mieux tenir compte du caractère pluri-institutionnel du Plan. Cela renforcera, on l’espère, l’implication réelle des structures et de tous les services qui en dépendent.
Pour Thérèse Snoy, la conclusion à tirer de cette journée est que tous les niveaux de pouvoir doivent s’associer pour assurer un ensemble d’actions coordonnées, réglementaires, éducatives, informatives qui rendent au consommateur la possibilité de choisir une alimentation bonne pour sa santé, pour l’environnement et pour le bien-être général.
Luc Berghmans , sur base du compte rendu du séminaire.
(1) L’indifférence de la Communauté flamande à l’égard du PNNS 1 contrastait avec la volonté de la Communauté française d’inscrire son Plan attitudes saines dans ce contexte plus large (ndlr).
Quelques chiffres frappants évoqués au séminaire
-un million d’euros pour le PNNS et 3 milliards pour la publicité;
-3.300.000 adultes en surpoids en Belgique;
-26 % des gens ne sont pas conscients du lien entre alimentation et santé;
-les portions de certains produits alimentaires ont été multipliées par deux (dont le cola le plus populaire);
-l’industrie alimentaire française perdrait 6 milliards d’euros si elle supprimait le sel ajouté dans les aliments transformés (INSERM).