Juin 2003 Initiatives

Prévalence stable, différences marquées dans la consommation

Au cours de la période de 1982 à 1993, le pourcentage des fumeurs quotidiens a baissé de 40% à 25%. Depuis 1991, ce pourcentage oscille autour de 25-30% et aucune baisse significative n’a plus été constatée. Une nouvelle analyse du CRIOC (1), réalisée au mois de novembre 2002 basée sur une enquête que l’INRA a menée auprès de 2.029 personnes de 15 ans et plus, a démontré qu’il y a actuellement en Belgique 29% de fumeurs quotidiens. Répartis selon les régions, les pourcentages de fumeurs quotidiens en 2002 étaient de 26% en Flandre, 27% à Bruxelles et 35% en Wallonie.

Tableau 1: pourcentage de fumeurs réguliers en Belgique (18 ans et plus)

Hommes Femmes Total
1982 53 28 40
1985 45 27 35
1990 38 26 32
1995 33 24 28
1996 34 27 30
1997 31 22 26
1998 30 23 27
1999 31 26 29
2000 36 26 31
2001 34 22 28
2002 33 25 29

Source: CRIOC

Tableau 2: pourcentage de fumeurs réguliers en Flandre et en Wallonie (18 ans et plus)

(2) + (3)

Flandre Wallonie Ecart
1982 39 42 +3%
1985 35 36 +1%
1990 28 32 +4%
1995 27 29 +2%
1996 30 31 +1%
1997 25 27 +2%
1998 27 26 -1%
1999 26 32 +6%
2000 28 33 +5%
2001 28 29 +1%
2002 26 35 +9%

Source: CRIOC

On constate des différences marquées dans le tabagisme en Belgique. Les éléments déterminants sont l’âge, le sexe, la classe sociale, l’état civil et la région linguistique. Il y a moins de tabagisme parmi les personnes de plus de 65 ans, les femmes, les personnes mariées, les plus hautes classes sociales et les néerlandophones. Pour illustration: de toutes les femmes néerlandophones qui ont plus de 65 ans et qui n’habitent pas dans une des 5 grandes villes, seules 4 % fument tous les jours ou occasionnellement; parmi les francophones dans le groupe d’âge de 15 à 44 ans, qui ne sont pas mariées mais qui sont néanmoins chefs de famille, et qui appartiennent aux classes sociales inférieures, ce taux est de 73 %!

Taux le plus élevé de mortalité due au cancer des poumons

En Belgique, le cancer des poumons a tué 6.522 personnes (5.538 hommes et 984 femmes) en 1996. Le taux de mortalité due au cancer des poumons chez les hommes est en Belgique le plus haut de toute l’Union européenne. Chaque année, 20.000 Belges meurent prématurément à cause de leur tabagisme.

Tableau 3: mortalité due au cancer du poumon par million d’hommes entre 45 et 74 ans en 1996 (Union européenne)

Belgique

2121
Ecosse 1940
Pays-Bas 1796
Italie 1716
Luxembourg 1684
Grèce 1654
Danemark 1582
Espagne 1564
France 1566
Allemagne 1508
Irlande du Nord 1482
Angleterre et Pays de Galle 1377
Autriche 1365
Finlande 1234
Portugal 1036
Suède 702

Source: Leuven Mortality Monitoring System

Hausse des ventes de cigarettes et de tabac à rouler et des recettes fiscales sur le tabac

En 2002, le secteur du tabac a vendu 14.314 millions de cigarettes et 8.417 tonnes de tabac à rouler en Belgique, ce qui correspond à une hausse respective de 10% et de 20% en comparaison avec 2001. Cette hausse du chiffre d’affaires peut probablement pour la plus grande partie s’expliquer par le développement des achats de cigarettes par les Britanniques. Chaque année, ceux-ci achètent près de 5 milliards de cigarettes de manière tout à fait légale à l’étranger, le plus souvent en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg.
Les recettes fiscales sur le tabac en Belgique étaient de 1.979 millions d’euros en 2002, ce qui représente une hausse de 267 millions d’euros (+16%) en comparaison avec 2001. À ce total des recettes s’ajoutent encore 37 millions d’euros de recettes fiscales qui résultent d’achats que des Belges font au Grand-Duché de Luxembourg et du traité commercial conclu entre les deux pays. Le total des recettes fiscales sur le tabac en 2002 revient donc à 2.016 millions d’euros. Jusqu’à présent, et contrairement à certaines annonces des autorités, aucun transfert de recettes fiscales provenant du tabac n’a été constaté vers la prévention du tabagisme. Il est attendu que les recettes fiscales augmenteront encore en 2003, notamment suite aux hausses de prix (+ 190 millions euros) et à l’assouplissement des conditions imposées pour les achats transfrontaliers par les Britanniques. Depuis le 1er décembre 2002, il leur est légalement permis d’acheter 3.200 cigarettes (au lieu de 800) et trois kilos de tabac à rouler (au lieu d’un kilo) dans d’autres pays de l’Union.

Le prix du paquet

Quand nous voyons l’ampleur des achats ‘étrangers’ dans notre pays, nous sommes en droit de nous interroger sur la qualité de l’intégration européenne par rapport au prix de produits comme la cigarette.
Savez-vous par exemple que la marque la plus vendue au monde coûte 3,50 € en Belgique, 3,90 € en France, 3,20 € aux Pays-Bas, 2,80 € au Luxembourg, 3,37 € en Allemagne et 4,51 £ en Grande-Bretagne (soit 6,80 €)? Dans ces conditions, le ‘tourisme’ du tabac a encore de beaux jours devant lui…
Prix aimablement communiqués par Caroline Rasson , de la FARES et Graham Bashford

Horeca: non-fumeurs mécontents

La même enquête du CRIOC s’est intéressée à l’opinion des non-fumeurs quant à l’obligation légale faite aux cafés et restaurants de leur offrir des places sans fumée. Six personnes sur dix sont insatisfaites (3 sur 4 à Bruxelles).
Manifestement, beaucoup d’exploitants ne respectent pas la loi déjà peu exigeante selon le CRIOC puisqu’elle prévoit que les cafés et restaurants dont la taille dépasse 50 m² doivent réserver la moitié de l’espace aux non-fumeurs alors qu’ils représentent 70% des consommateurs.
Les contrôles de l’Inspection des denrées alimentaires permettent de relever un pourcentage important (40% en 2002) de lieux non conformes, qu’il s’agisse d’absence de zones non-fumeurs ou de systèmes de ventilation inexistants ou inefficaces.
Dans la mesure où le tabagisme passif fait courir un risque accru de mortalité, l’amélioration de la situation est une priorité absolue pour le CRIOC.

Un objectif de santé trop ambitieux

L’objectif envisagé par le Gouvernement flamand, qui était de réduire dans la période de 1998 à 2002 le nombre de fumeurs (hommes et femmes, et en particulier les jeunes) en Flandre de 10%, n’a pas été atteint. A noter que la Communauté française Wallonie-Bruxelles ne s’est pas assigné d’objectif quantitatif pour sa politique de prévention du tabagisme.
Est-ce à dire que les équipes actives en prévention sont totalement inactives et inefficaces, alors que la publicité est maintenant quasi totalement bannie? Bien malin qui pourrait dire où nous en serions aujourd’hui sans toutes les mesures préventives prises depuis une vingtaine d’année!
Enfin, en Belgique, les dépenses pour les soins de santé dans le cadre de l’assurance maladie sont estimées en 2003 à 14,6 milliards d’euros. Sur base d’enquêtes à l’étranger, nous évaluons les coûts du tabagisme à 10% des dépenses pour soins de santé, soit 1,46 milliards d’euros.
Pour plus d’informations: contactez le CRIOC au 02-547 06 11.

(1) Enquête menée par l’INRA pour le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC). La marge d’erreur pour un échantillon de 2.000 personnes est de 2,2 %. Il n’y a pas de différence significative entre les pourcentages de fumeurs quotidiens de 2002 et de 2001.
(2) Les pourcentages pour Bruxelles peuvent varier considérablement d’une année à l’autre, puisque l’échantillon bruxellois n’est que de 180 à 240 personnes. Il n’a pas été repris dans ce tableau.
(3) À partir de 1990, les pourcentages de fumeurs portent sur le groupe d’âge de 15 ans et plus.