Lors des États généraux de la médecine scolaire, qui ont été organisés par l’Association professionnelle des médecins scolaires (APMS, voir encadré page suivante) en novembre 2009, ont eu lieu un certain nombre d’ateliers au cours desquels les médecins scolaires travaillant dans les services PSE et centre PMS de la Communauté française ont réfléchi à la place du médecin scolaire dans la Promotion de Santé à l’École. Cette initiative faisait suite à une enquête qui avait permis d’objectiver que le vécu professionnel de ces médecins était extrêmement divers. Il convenait d’analyser les causes et les conséquences de cette disparité et de tenter de proposer un certain nombre de recommandations. Cet important travail a pu être réalisé grâce au soutien de l’APES–ULg, Service communautaire de promotion de la santé attaché à l’École de santé publique de l’Université de Liège.
Mise en question des pratiques
Les propos échangés lors des ateliers laissent penser que, bien que les médecins scolaires revendiquent des spécificités professionnelles, ils n’arrivent pas tous à enrichir les pratiques liées aux compétences acquises au cours de leurs études de médecine pour devenir pleinement acteurs de santé publique. Il est vrai que les démarches classiques en médecine de santé publique et /ou communautaire sont passablement différentes de celles poursuivies en médecine curative.
Pour devenir un véritable acteur de santé publique, le médecin scolaire devrait opérer plusieurs transitions :
-placer la prévention médicalisée et organisée au centre de ses pratiques;
-se préoccuper de la santé globale des élèves et de l’éducation pour la santé ;
-tenter d’agir sur les déterminants non sanitaires de l’état de santé ;
-prendre en charge la santé d’une communauté ou d’une population ;
-définir ses priorités d’intervention non seulement en fonction des observations cliniques mais surtout en fonction de données collectées et analysées au niveau local ou au niveau régional.
Manque de reconnaissance et d’attractivité
Nombre de médecins scolaires éprouvent des difficultés à rentrer dans la dynamique de projets collectifs ou de promotion de la santé ; certains n’ont pas encore « apprivoisé » la santé communautaire. Par ailleurs, le manque de reconnaissance juridique et morale des missions de santé publique ne contribue pas à une reconnaissance des spécificités de la fonction. D’autre part, la fonction elle-même semble relativement peu attractive à des médecins formés à l’art de guérir et à la pratique de gestes thérapeutiques; le caractère modeste des rétributions par rapport à celles d’autres spécialités médicales ne fait que renforcer ce manque d’attractivité de la fonction.
Toutefois, les médecins participant aux ateliers ont invoqué à maintes reprises une volonté d’implanter davantage de qualité dans la réalisation des missions de service, insistant sur le bien-fondé de la Promotion de la Santé à l’École comme vecteur de santé publique contribuant à la protection de l’enfance. Cet outil, gratuit, accessible à tous et permettant de lutter contre des inégalités sociales doit être maintenu et probablement amélioré.
Une question d’identité
C’est précisément dans cette perspective que les participants ont travaillé ensemble, avec un enthousiasme certain, à mieux définir leur identité professionnelle. Les médecins scolaires sont en recherche et ils doivent trouver leur juste place parmi la variété des partenaires susceptibles de contribuer à la santé des enfants et des jeunes.
Dans le cadre de ce processus identitaire en construction, les médecins ont estimé pertinent d’analyser les facteurs structurels et organisationnels qui influencent leurs discours et pratiques et qui cristallisent leurs revendications et recommandations.
En termes structurels, ils se sont penchés sur les différences de statuts qui influencent la répartition des tâches au sein des équipes, sur le manque de temps qui entrave les processus de concertation et de communication, sur le manque de disponibilité qui influence la reconnaissance du médecin comme acteur de santé publique, sur les difficultés d’accéder aux formations complémentaires.
En termes de facteurs organisationnels, ils se sont penchés sur les paramètres qui influencent la qualité du travail; ils ont aussi évoqué les conditions à mettre en place pour établir des partenariats stables. Les situations varient selon les pouvoirs organisateurs; songeons à titre d’exemples, à la mise à disposition de moyens et de collaborateurs ou encore à la reconnaissance des missions accomplies.
D’une manière plus large, ces analyses et réflexions éclairent particulièrement la place que la société donne à la santé; la scission entre les aspects curatif et préventif de la médecine est profonde, institutionnalisée, majorée par un déséquilibre des moyens affectés (tant en termes humains qu’en termes matériels) et par un manque, longtemps dénoncé, de formation des médecins dans les domaines de la prévention et de la santé publique. La diminution de la dotation dont ont souffert les services il y a plusieurs années, notamment par la suppression de l’expérience de rénovation, a vu croître le nombre de dysfonctionnements.
Une réelle plus-value
L’APMS tient à souligner la spécificité et la plus-value apportées par un médecin scolaire bien formé pour la Promotion de la Santé à l’École. Le médecin scolaire est alors le garant du respect des pratiques scientifiquement reconnues et de la rigueur des informations, mais aussi du bien-fondé des analyses de situations et des collectes de données, de la détermination des priorités des actions et de la transmission des informations. Il se situe en tant qu’interlocuteur légitime, légal et déontologique à l’égard de ses confrères assumant la responsabilité des actes médicaux prestés. De plus, le médecin scolaire est à même d’utiliser des leviers professionnels en lien tant avec sa formation qu’avec sa qualité de médecin.
Se basant sur ces constats, l’APMS fait des recommandations en termes de visibilité des missions de services, en termes d’explicitations de diverses fonctions qui ne doivent pas s’exclure mais se concevoir en cascade (médecin examinateur, médecin référent d’établissement, médecin coordinateur, médecin directeur), en termes de formations de base ou continuées.
L’APMS revendique le maintien et l’amélioration de la Promotion de la Santé à l’École car toutes ses missions se réalisent dans l’intérêt exclusif de ses bénéficiaires à savoir les élèves et étudiants ainsi que les établissements scolaires. Chaque enfant et étudiant scolarisé dans l’ensemble de la Communauté française doit pouvoir avoir accès et bénéficier, quel que soit le réseau d’enseignement qu’il fréquente, aux mêmes offres de services. Cela nécessite impérativement une revalorisation du secteur afin de rencontrer les revendications suivantes qui, toutes, doivent s’inscrire clairement dans des textes légaux:
-établir des normes d’encadrement afin de supprimer toute inéquité dans la prise en charge des élèves (1 heure ‘médecin’ par tranche de six élèves sous tutelle) et afin de permettre l’instauration d’un partenariat stable, gage d’efficacité;
-établir des normes de fonctionnement afin de faire de la médecine scolaire un outil de santé professionnelle en lui ménageant des conditions matérielles propices à la qualité des prestations;
-établir des normes de rémunération attractives pour ces praticiens selon les statuts établis et pour toutes les fonctions prestées;
-rendre obligatoire la fonction de médecin coordinateur afin de donner à la médecine scolaire la dynamique nécessaire pour œuvrer utilement dans les domaines de la santé publique et communautaire.
D’après les Actes publiés en juin 2010 suite aux États généraux de la médecine scolaire
Ses missions se centrent sur la promotion de la santé en milieu scolaire et la défense du rôle et du statut des médecins scolaires.
L’APMS assure la représentation des médecins scolaires dans différentes instances: Conseil supérieur de promotion de la santé, Commission PSE, Centres locaux de promotion de la santé, Comité de concertation intersectoriel vaccination, etc.
Association Professionnelle des Médecins Scolaires, rue d’Orbais 11, 1360 Perwez. Site: http://www.apms.be . Courriel: apms2005@hotmail.com