Février 2004 Par F. KINNA Vu pour vous

Le 10 octobre dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, un nouveau site internet a été mis en ligne: www.psymages.be. Son objet: promouvoir la réflexion sur l’audiovisuel en santé mentale et offrir à tout un chacun l’accès à l’information et à la documentation audiovisuelles dans le secteur de la santé mentale.
Mais qui est derrière Psymages? Nous avons rencontré Martine Lombaers, coordinatrice de l’association et initiatrice du projet.
L’association a été créée en 1998 mais l’origine du projet remonte à 1995. En fait, le point de départ est lié à ma pratique professionnelle. Depuis plus de treize ans maintenant, j’anime un atelier vidéo au CODE, le centre de réadaptation fonctionnelle de l’asbl L’Equipe, et je réalise des films avec des patients du secteur psychiatrique. C’est ainsi que j’ai été amenée à présenter des films dans certains festivals en France. Et notamment au festival de Lorquin qui, depuis plus de vingt ans, présente chaque année, pendant trois jours, 200 à 300 films sur la santé mentale.
En 1995, à l’occasion du centenaire du cinéma, les programmateurs d’un festival parisien souhaitaient organiser une manifestation autour de «100 ans de cinéma et de psychiatrie». Chez eux, ils disposaient de toutes les structures indispensables à la recherche historique des films et à la coordination du projet. Ils m’ont demandé d’organiser le même travail en Belgique. C’est à cette occasion que j’ai constaté les manques dans notre pays. Aucune structure ne s’était réellement occupée de recherche autour des liens entre l’audiovisuel et la santé mentale.
Dès ce moment, j’ai contacté les partenaires qui me semblaient pouvoir être intéressés par la création d’une base de données des productions audiovisuelles francophones dans ce domaine. A savoir: la Médiathèque de la Communauté française (collection thématique Education pour la santé), les Ligues bruxelloise et wallonne pour la santé mentale, la Fondation Julie Renson, l’asbl L’Equipe. Toutes ont manifesté un vif intérêt. L’asbl Psymages les rassemble.
Une fois l’association créée, encore fallait-il que l’intérêt de ses membres trouve une prolongation auprès de l’ensemble du secteur éducatif et psychosocial. La Fondation Julie Renson a fait faire une grosse enquête auprès des utilisateurs potentiels (plusieurs centaines de questionnaires ont été envoyés) et, après le dépouillement, il s’est avéré qu’une demande existait effectivement, tant au niveau des enseignants que des acteurs psychosociaux.
Forts de ce constat, nous nous sommes lancés dans le parcours traditionnel de la recherche de financement. Parcours difficile puisque, lorsqu’on introduit une demande de subvention, il faut entrer dans un cadre très précis. Or nous avons toujours parlé d’un projet de service alors que la Communauté française proposait une subvention pour un programme d’action . On a un peu pataugé…
Nous avions également espéré pouvoir abriter Psymages au sein d’une des associations fondatrices, mais personne n’en avait vraiment les moyens. Dans un premier temps, nous avons donc été «hébergés» par la Médiathèque, dans la mesure où c’est grâce à son service Education pour la santé que la Communauté française a accordé les premiers financements pour réaliser une étude de faisabilité (évaluation des besoins, budgétisation…).
Par la suite, chacun des partenaires, à tour de rôle, a dégagé des locaux qui m’ont permis de travailler quelques heures par semaine pendant plusieurs mois. Et puis, cerise sur le gâteau, une étudiante de l’ULB a réalisé son mémoire en informatique et documentation sur la conception de la base de données. C’était vraiment un bel outil théorique, nous avions un modèle sur lequel travailler.
L’année 1998 a été fructueuse sur plus d’un point: c’est aussi cette année-là que, dans le cadre des manifestations organisées par la Ligue wallonne (aujourd’hui Institut wallon) pour la santé mentale, Psymages a proposé «Images des uns, regard des autres», une journée de projection de films sur l’image de la personne et la psychiatrie, suivie de débats. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Karin Rondia , qui s’est rapidement investie dans le projet, et dont le professionnalisme et la rigueur furent bien précieux à certains moments de découragement!

La base de données

La Médiathèque de la Communauté française venait de créer une petite base interne de données pour ses collections. En nous permettant d’utiliser cette base et en nous offrant le concours de ses stagiaires, elle nous a permis de réaliser nos premiers encodages. Il y avait toutefois un problème: la localisation du serveur à la Médiathèque et l’impossibilité d’y accéder autrement que par internet. Heureusement, c’est à ce moment-là que nous avons obtenu des subventions de la COCOF et de la Région wallonne, qui nous ont permis de repenser l’outil de manière un peu plus professionnelle et performante. Nous avons hébergé la base dans les locaux du «Fil d’Ariane», le centre de documentation de L’Equipe. Et, depuis le 10 octobre dernier, le site de Psymages est fonctionnel.

[L=http://www.psymages.be]www.psymages.be[/L]

-une base de données des productions audiovisuelles dans le domaine de la santé mentale;

-la recherche par thèmes, mots clés, auteurs ou intervenants;
-un intermédiaire pour se procurer les documents souhaités;
-une documentation complémentaire aux documents filmiques.

En fait, nous souhaitons mettre en ligne un ensemble, le plus complet possible, de films en langue française relatifs à la santé mentale, et ne pas nous cantonner aux films belges. Notre partenaire français, le CNASM (Centre national de documentation audiovisuelle en santé mentale), qui organise le Festival de Lorquin, offre déjà un catalogue de 300 à 400 films, comprenant aussi les films de leurs partenaires canadiens. Et il y a également (en projet) toutes les productions francophones de l’Afrique noire, du Maghreb… et d’ailleurs.
Bref, il nous paraît essentiel d’identifier et de traiter cette mine de références d’images liées à un secteur en plein essor, dont les problématiques, théories et pratiques évoluent sans cesse au sein d’une société de plus en plus médiatisée. Par ailleurs, grâce à notre partenaire L’Equipe et à son centre de documentation, nous sommes en mesure d’offrir une sélection d’écrits relatifs à l’usage de l’audiovisuel dans le cadre d’ateliers thérapeutiques, à la psychanalyse de l’image, aux liens qui unissent psychiatrie et cinéma.

Pratiquement

,

comment obtenir un média

?
A chaque film correspond une fiche sur laquelle figure l’inscription «pour obtenir ce document». Si le film fait partie du catalogue de la Médiathèque, par exemple, on est renvoyé vers son site. La cote du film apparaît. On clique, et on commande. Si le film se trouve ailleurs, on est dirigé soit vers un site (c’est le cas pour le CNASM, le CVB, Cinergie, Libération Films…), soit vers une adresse électronique.
Psymages ne possède aucun film. Ce n’est d’ailleurs pas notre objectif, qui est vraiment de créer un lien et de donner des informations sur les médias, leur localisation, les conditions d’accès, etc.
Nous avons également le projet de coproduire, avec les ligues pour la santé mentale, une série d’entretiens filmés de personnalités marquantes dans l’évolution de la psychiatrie et de la santé mentale en Belgique. Les Français ont ainsi réalisé 80 à 90 témoignages de grandes figures de la psychiatrie française. Ce sont de petits films très simples de 15 ou 20 minutes, mais il est très important de conserver cette mémoire sur image, d’autant plus que certaines de ces personnalités, aujourd’hui assez âgées, ont vraiment bouleversé les pratiques, notamment hospitalières.

Propos recueillis par Françoise Kinna Article paru précédemment dans Bruxelles Santé n° 32, décembre 2003.