À l’occasion de l’inauguration de l’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance des personnes âgées, une matinée d’échanges et de réflexion a rassemblé près de 300 personnes au Palais des Congrès de Namur le 12 mai dernier.
Dans un premier exposé, la sociologue Marie-Thérèse Casman (ULg) a dressé les contours de cette problématique: son émergence en tant que question de société à partir des années 70, la difficulté pour définir le phénomène, le peu d’études et de données ‘objectives’ disponibles vu la chape de plomb qui règne toujours aujourd’hui autour de la maltraitance à l’encontre des aînés.
Jean-Michel Longneaux , philosophe, chargé de cours aux Facultés Notre-Dame de la Paix, a rempli à merveille le rôle qu’on attendait de lui en déplorant le caractère selon lui étriqué du décret wallon qui réduit la maltraitance à un dysfonctionnement dans une relation interpersonnelle. Il accumula avec vivacité les exemples d’un mode de vie en société qui génère en permanence de la maltraitance, de façon plus ou moins involontaire: idéologie de la jeunesse triomphante, dévalorisation des métiers d’aide, problèmes de mobilité qui coincent les personnes âgées à domicile, fermeture de commerces de proximité qui sont aussi des lieux de maintien du lien social, organisation du travail qui oblige quasiment les familles à ‘placer’ les aînés, etc.
Il insista aussi sur la complexité des relations d’aide: les aidants ne sont pas toujours des bourreaux, les personnes âgées ne sont pas toujours des saintes, des victimes; les aidants peuvent exercer sur elles des violences par défaut de compréhension de leur trajectoire de vie; sans oublier l’exigence pour les familles et les professionnels d’être partout et toujours ‘bientraitants’, dans une société qui ne nous reconnaît plus le droit d’avoir des faiblesses.
Bref, un exposé rafraîchissant, suivi par la projection de quelques films au contenu fort, qui ne manquèrent pas de susciter de nombreuses réactions de la salle. Et au terme d’un suspens pas vraiment insoutenable, le nom de l’Agence nous fut dévoilé en présence d’une collaboratrice du Ministre wallon de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances (1).
Il nous reste encore une question: la création d’une agence au service des aînés, leur famille, leur entourage et des professionnels est-elle une réponse adéquate à un problème bien réel?
Christian De Bock
Respect Seniors, rue d’Enhaive 302, 5100 Jambes. Tél.: 081 30 57 43. Fax: 081 30 57 76. Ligne verte: 0800 30 330. Courriel: namur@respectseniors.be. Site: http://www.respectseniors.be . (1) Qui excusa l’absence de Didier Donfut . Ce dernier avait une ‘bonne’ raison, vu qu’il était en train de démissionner!