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Les dépenses de santé de la Communauté française en 2002

Le 30 Déc 20

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Les grands postes du budget

Sur un budget global d’environ 140 millions d’euros, près de 90% vont à la politique de l’enfance (en ce compris la dotation à l’ONE) et environ 15 millions à la santé proprement dite. Ces chiffres sont d’une grande stabilité d’une année à l’autre; le refinancement de la Communauté française Wallonie-Bruxelles ne fera sentir ses effets que les années suivantes.
On pouvait dire voici deux ou trois ans que pour 1 € que la Communauté consacre à la santé, le fédéral en dépense 1000. C’est toujours vrai aujourd’hui, le budget fédéral dépassant les 15 milliards. L’écart, déjà colossal, continue donc à se creuser.
Ce budget se décompose en deux grands secteurs, celui de la promotion de la santé et celui de la surveillance de la santé. Les dépenses en promotion de la santé sont détaillées dans la suite de l’article.

Promotion de la santé

7.847.356,43
Structures permanentes (CLPS et SCPS) 2.268.417,76
Programmes en promotion de la santé 4.229.333,51
Politiques communales de santé
1) projets locaux 247.413,35
2) suivi global et préparation des conférences locales de promotion de la santé 292.364,09
Initiatives diverses et marchés 809.827,72
Surveillance de la santé 6.207.948,28
Programme de vaccination 2.227.000
Contrôle médico-sportif 289.443,86
Tuberculose (FARES et dépistages) 1.296.000
Maladies métaboliques 625.000
Institut scientifique de santé publique 923.006
Dépistage du cancer 847.498,42
Recherches/études en surveillance et promotion de la santé 544.660,19
Ces financements sont communs aux deux grands postes ci-dessus.

Promotion santé – Services communautaires et centres locaux

Type

Montant en €
Services communautaires 859.959,45
Centres locaux de promotion de la santé/Subvention de base 974.800,61
Centres locaux de promotion de la santé/Contributions complémentaires 433.657,71

Promotion de la santé – programmes subventionnés. Programmes locaux

Organisme (centre local concerné)

Projet Montant en €
Aide Info Sida (Bruxelles) Programme 2002-2003 38.000
AIGS (Huy-Waremme) Projet de promotion de la santé destiné aux élèves de 5e et 6e années primaires des écoles du canton de Waremme. 22.925,83
ALFA (Liège) Soutien aux parents toxicomanes et éducation à la parentalité 56.519,72
AVAT (Verviers) Projet de mise en place de relais de prévention dans 16 écoles (primaires et secondaires) de la périphérie verviétoise. 50.198,44
Cadran (Le) Diagnostic communautaire 6.875
Centre de santé UCL (CAPL) Projet sur Schaerbeek 53.773,06
Citadelle (La) Canal J (Hainaut occidental) Prévention drogue milieux de vie des jeunes 86.611,95
Coordination liégeoise de la lutte contre le sida (Liège) Programme annuel 61.974
Coordination sida-assuétudes (Namur) Programme annuel 70.000
CPAS de Charleroi (Charleroi-Thuin) Programme d’actions préventives des toxicomanies et autres conduites à risque 67.504,71
Espace Santé (Liège) Susciter l’envie de santé 50.000
ICAR (Liège) Médecine préventive et promotion de la santé 61.973
IMS Strépy-Bracquegnies (Mons-Soignies) Réseau scolaire La Louvière 5.000
Intercommunale de santé Harmegnies Rolland (Mons-Soignies) Lutte contre le dopage dans le sport 70.000
Maison médicale de Forest (Bruxelles) Forest Quartiers Santé 77.822,95
Le Méridien (Bruxelles) Promotion de la santé mentale communautaire et qualité de vie des populations 30.986,69
Nadja (Liège) Prévention toxicomanies 57.400
Optim@ (Liège) Projet communautaire sur la commune de Seraing 63.212,85
Pissenlits (Les) (Bruxelles) Promoteurs-informateurs en santé à Cureghem 69.145,78
Province du Brabant wallon Alimentation équilibrée dans les écoles communales de Tubize 2.500
Service Education pour la Santé de Huy (Huy-Waremme) Prévention sida hépatite MST 37.153,44
Service Education pour la Santé de Huy (Huy-Waremme) Actions en milieu carcéral 24.789
Sida-MST Charleroi Programme 2001-2002 55.000
Ville de Liège Instruction publique IMS (Liège) Projet Liège écoles en santé 69.410,19

Promotion de la santé – programmes subventionés. Programmes à l’échelle de la Communauté

Organisme

Projet Montant en €
ANMC Revue mensuelle Education santé 123.946,76
Centre d’éducation du patient Promotion de la santé du (futur) nourrisson 111.090
Centres de référence sida (3 universités) Programme annuel 258.250
Centre de référence Arthur Rimbaud (sida) Programme 2002 10.000
Coordination éducation santé Midis à l’école 182.573,58
Croix-Rouge – Service éducation pour la santé Programme quinquennal 99.157,41
Cultures & Santé Programme d’actions en promotion de la santé auprès de publics fragilisés 123.946,76
Educa Santé Programme de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité 173.525,47
Espace P Promotion de la santé en milieu de prostitution 166.088,66
Eurotox Observation consommation drogues 90.357,19
Ex Aequo Programme d’activités 2000-2001 178.500
Facultés St-Louis Observatoire socio-épidémiologique sida et sexualités 148.737
FARES Réduction risques tabagisme 86.762,73
Fédération laïque planning familial Promotion globale et intégrée de la santé sexuelle en milieu scolaire 99.157,41
Fédération des Maisons Médicales Implantation de l’assurance de qualité 92.712,18
Handicap et Santé Vulnérabilités et santé 89.241,67
Infor-Drogues Programme pluriannuel 108.273,07
Ligue des familles Formation autour de la santé 17.352,55
Médiathèque Activités de base 132.230,90
Modus Vivendi Programme annuel 248.000
Modus Vivendi Production et diffusion outils réduction des risques 5.360
Modus Vivendi Création d’une équipe mobile de réduction des risques 57.062
Plate-forme prévention sida Programme 2002 111.552,09
Promotion de la santé et développement durable Mise en place d’une dynamique de promotion de la santé dans la gestion du tabagisme 53.720
Prospective Jeunesse Programme annuel 111.552,09
Repères Programme d’action et de recherche 90.655
SIPS Réalisation brochure ‘Contraception’ 30.000
SIREAS (ex Latitudes – Service social des étrangers) Programme d’activités prévention Sida/MST 185.920,14
Société scientifique de médecine générale Recherche-action ‘Alcool’ 59.742,34
UNMS Outilthèque-santé 99.157,41

Promotion de la santé – Politiques communales de santé

Commune

Projet Montant en €
Braine-le-Comte Contribution à l’adoption d’habitudes alimentaires saines 13.651,88
Chimay Chimay Prévention 20.000
Flémalle Formation et confrontation clinique 9.000
Fontaine-l’Evêque Prévention incendie 14.674,12
Forest Observatoire de la santé, du logement et de la pauvreté 22.000
Grâce-Hollogne Vers des politiques communales de santé 25.000
Ixelles Mon quartier en noir et blanc 12.500
La Louvière Création d’un réseau d’information et d’échanges sur les besoins de santé par et pour les citoyens 7.098
Marchin Formalisation et mise en œuvre d’une politique communale de santé et qualité de vie 24.789,35
Ottignies LLN Maison de l’enfance, de la famille et de la santé 18.600
Saint-Ghislain Lutte contre les pollutions intérieures et les pathologies associées 15.100
Saint-Nicolas Réseau intra-communal de santé 12.500
Sambreville Approche intersectorielle et participative des inégalités de santé 25.000
Verviers Pré-Lude 20.000
Virton Centre de jour, garde malade, sénologie 7.500

Promotion de la santé – Conférences locales

Santé Communauté Participation

Plate forme en santé communautaire 120.848,09
Santé Communauté Participation Evaluation des conférences locales 49.579
CLPS Charleroi-Thuin Dotation spéciale 30.000
CLPS Hainaut occidental Dotation spéciale 22.500
CLPS Huy-Waremme Dotation spéciale 22.500
CLPS Liège Dotation spéciale 30.000
CLPS Luxembourg Dotation spéciale 16.937

Que font-ils de cet argent?

Si on compare les chiffres de 2002 avec ceux de 2001, on est frappé d’abord par le développement de la dimension locale de la promotion de la santé, qui se caractérise par la mise en place de quelques programmes à l’échelon communal, et de l’encadrement des conférences locales, avec attribution aux CLPS d’un subside supplémentaire leur permettant de faire face à une charge de travail renforcée.
On voit donc apparaître cette année, à côté des programmes locaux et des programmes à visée ‘géographique’ plus large une quinzaine de programmes communaux, qui témoignent concrètement de la volonté ministérielle d’accentuer les interventions de proximité.
Comme pour bon nombre de projets locaux ou communautaires, nous n’avons guère d’informations sur le contenu de ces programmes (à l’exception de celui de la commune de Saint-Ghislain, que nous avons présenté dans le n° 174).
Autres points marquants, la diminution du budget vaccination (normal si on sait que les achats de vaccins contre la méningite à méningocoque C ont été imputés au budget 2001 alors que les vaccinations ont eu lieu en 2002); l’augmentation des moyens dévolus au contrôle médico-sportif suite au décret ‘dopage’; l’augmentation du budget consacré au dépistage du cancer (avec la mise en route courant 2002 du programme ‘mammotest’).
Christian De Bock , avec l’aide de Roger Lonfils, Jacques Henkinbrant et Didier Lebailly , de l’Administration de la Santé de la Communauté française

Nouvelles procédures d’examen des dossiers

Depuis la publication de l’article concernant les dépenses de la Communauté française Wallonie-Bruxelles en 2001 (n° 170 du mois de juin 2002), les procédures ont changé.
Les projets communautaires sont examinés par l’Administration et par une commission du Conseil supérieur de promotion de la santé. Cette commission, présidée par Martine Bantuelle , vice-présidente du Conseil, travaille en trois sessions par an. Chaque programme est l’objet d’une évaluation préliminaire par deux membres de la commission, et d’un débat.
Le secrétariat de la Commission ‘programmes’ est assuré par Jacques Henkinbrant (02-413 35 48).
La Ministre prend sa décision en s’appuyant sur les deux avis de son Administration et du Conseil. Ces derniers disposent d’un délai de 45 jours pour remettre leurs avis.
Les projets locaux sont examinés par l’Administration et par la Commission d’avis des projets locaux (CAPL), composée de représentants des CLPS. Cette commission est présidée par Cécile Plas , par ailleurs membre suppléante du Conseil supérieur de promotion de la santé. Cette commission travaille également en sessions. Chaque programme est l’objet d’une évaluation préliminaire par deux membres de la commission, et d’un débat.
Le secrétariat de la CAPL est assuré par Didier Lebailly (02-413 26 62).
La Ministre prend sa décision en s’appuyant sur les deux avis de son Administration et de la CAPL. Ces dernières disposent d’un délai de 45 jours pour remettre leurs avis.

Agrément du CLPS pour Namur-Dinant-Philippeville

Le 30 Déc 20

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Appel à candidatures

Le secteur de la promotion de la santé de la Communauté française s’organise notamment autour de 10 Centres locaux de promotion de la santé (CLPS) agréés par le Gouvernement de la Communauté française. Ceux-ci sont chargés de la coordination, sur le plan local, de la mise en œuvre du programme quinquennal et des plans communautaires de promotion de la santé.
Vu la vacance de CLPS agréé pour le groupe d’arrondissements de Namur-Dinant-Philippeville, une procédure d’agrément est lancée par le Gouvernement de la Communauté française.
Les conditions à remplir sont décrites dans le Décret de la Communauté française du 14 juillet 1997 (M.B. 29 août 1997) portant organisation de la promotion de la santé et dans l’Arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 20 février 1998 (M.B. 14 mars 1998) fixant les procédures d’agrément des Services communautaires et des Centres locaux de promotion de la santé, et les missions du Centre de recherche opérationnelle en santé publique.
Devront être explicités dans le dossier de candidature d’agrément: la réponse aux exigences en matière de personnel et de fonctionnement, les capacités et les compétences du demandeur pour réaliser les missions du CLPS prévues à l’article 11 du décret précité et le programme d’actions coordonnées pluriannuel prévu dans ce même décret.
Tout dossier de candidature devra parvenir pour le 31 décembre 2003 à l’adresse suivante :
Madame Nicole Maréchal, Ministre de la Santé de la Communauté française, rue Belliard 9-13, 1040 Bruxelles.
Une copie sera transmise au Docteur Willy Brunson, Directeur général de la Santé, boulevard Léopold II 44, 1080 Bruxelles.
Les candidats intéressés peuvent consulter la réglementation relative aux conditions d’agrément sur le site de la Communauté française : https://www.cfwb.be/sante/index.html .
Pour tout renseignement complémentaire: Dr Roger Lonfils, Direction générale de la Santé roger.lonfils@cfwb.be ou tél.: 02-413 26 10.

Décret organisant la promotion de la santé en Communauté française

Le 30 Déc 20

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L’exposé des motifs du nouveau décret

Les compétences de la Communauté française en matière de santé sont définies par les lois spéciales des 8 août 1980 et 8 août 1988, et par le décret du 19 juillet 1993 attribuant l’exercice de certaines compétences de la Communauté française à la Région wallonne et à la Commission communautaire française.
Le décret de 1993 maintient comme compétence essentielle à la Communauté française en matière de santé: l’éducation sanitaire et les activités et services de médecine préventive.
Depuis les lois de réformes institutionnelles, les concepts dont il est question ont sensiblement évolué. Si la prévention s’appuie sur le cours naturel de la maladie, la promotion de la santé se donne comme ambition de travailler sur les facteurs déterminants de la santé – biologiques mais aussi sociaux, culturels et environnementaux – en développant des stratégies, tant d’intervention sur les comportements individuels comme l’éducation pour la santé, que sur l’environnement socio-politique en favorisant les actions législatives en faveur de la santé, l’action communautaire ou encore l’action sur les milieux de vie.
C’est ainsi que la prévention se déclinera en prévention primaire si l’intervention a lieu avant l’émergence de la symptomatologie, secondaire s’il s’agit de rechercher des signes avant-coureurs de la maladie (c’est le cadre du dépistage), tertiaire si l’objectif est de prévenir les complications et quaternaire si elle vise à empêcher les rechutes.
Actuellement, à côté d’un décret récent organisant la promotion de la santé (décret du 14 juillet 1997), un certain nombre de matières de médecine préventive font l’objet de subventions soit sur base réglementaire (c’est le cas pour la tuberculose et du dépistage des maladies métaboliques), soit sur base facultative (le dépistage des cancers, la vaccination).
La pratique quotidienne montre que le cadre législatif est actuellement insuffisant pour prendre en compte, de façon harmonieuse et pertinente, et la médecine préventive et la promotion de la santé. En effet, si les matières peuvent être semblables, les approches s’appuient sur des logiques différentes, bien que complémentaires.

La médecine préventive

Si depuis 1997, la promotion de la santé bénéficie d’un cadre décrétal qui définit le concept, organise ses modalités de programmation (programme quinquennal), agrée des structures pour son développement (centres locaux de promotion de la santé), agrée des services d’appui méthodologique (services communautaires) et finance des programmes d’action et de recherche, la prévention médicale reste le fait de dispositifs épars, segmentés, non finalisés par une politique coordonnée.
La récente expérience de mise en place d’un programme concerté de dépistage du cancer du sein montre bien la nécessité de disposer d’un cadre législatif pour soutenir ce mode d’organisation. II s’agit en outre d’articuler les différents programmes de médecine préventive entre eux, mais aussi de les articuler avec les démarches d’éducation et de promotion de la santé.
En effet, un consensus se dégage progressivement dans la communauté scientifique pour s’accorder sur la pertinence de certaines démarches de médecine préventive et en confirmer le bénéfice pour la santé et la qualité de vie de la population.
Actuellement, il s’agit des dépistages précoces et organisés des cancers du sein et du col de l’utérus, de la prévention du diabète sucré et des facteurs de risque cardio-vasculaire comme l’hypertension, le tabac, le cholestérol, la sédentarité et le surpoids. La tuberculose mérite également un dépistage spécifique, non généralisé, mais visant des groupes de populations particulièrement vulnérables.
La Communauté se doit de disposer d’un cadre décrétal permettant de prendre en compte ces programmes.
L’économie des modifications vise à organiser les conditions d’une politique coordonnée de médecine préventive en Communauté française, d’en déterminer les priorités et les programmes, d’en agréer les structures et les acteurs de développement et d’en organiser les modalités d’évaluation.
Des modalités particulières d’application seront fixées pour chacun des programmes, en veillant à appliquer les principes de « médecine basée sur les preuves » et de « promotion de la santé basée sur les preuves » et le principe de subsidiarité, afin de déployer les pratiques de prévention les plus proches de la population. Ceci se fera en particulier à travers l’action des médecins généralistes et des autres professionnels de la santé et de l’aide sociale (services de l’Office de la naissance et de l’enfance et de la Promotion de la santé à l’école), mais aussi des autres intervenants du secteur ambulatoire, en optimalisant les structures logistiques au bénéfice de plusieurs programmes.
La décision du Gouvernement de la Communauté française d’inscrire dans les budgets de refinancement (Plan d’action pour la charte d’avenir) des montants significatifs pour permettre le développement de ces programmes de médecine préventive et de prévention (cancer du col, maladies cardio-vasculaires, sida et vie sexuelle et affective) apportera les moyens nouveaux nécessaires pour appliquer les nouvelles dispositions de ce décret.
Enfin, le décret mis à jour cherche à étendre le cadre conceptuel du décret du 14 juillet 97, qui paraît un référentiel plus que jamais pertinent, et à renforcer la cohérence des diverses matières de santé. Un même souci a présidé à la réforme de l’Inspection médicale scolaire vers la Promotion de la santé à l’école, et du contrôle médico-sportif vers la promotion de la santé dans le sport.
Aujourd’hui, y articuler le champ de la médecine préventive permettra de décliner un certain nombre de programmes en agréant et subventionnant leurs intervenants, comme c’est le cas pour le programme de dépistage du cancer du sein.
Une première proposition est faite de développer ces services suivant une offre horizontale et de proximité: le secteur ambulatoire (généralistes, paramédicaux, structures publiques de prévention comme l’ONE et la PSE) est capable de gérer cette offre dès lors que des moyens financiers, mais aussi d’accompagnement, sont dégagés. Des centres de référence spécifiques apporteront l’expertise nécessaire.
La seconde proposition vise à réduire l’espace entre les pôles de conseil et d’avis (le Conseil supérieur de promotion de la santé et ses commissions), le pôle d’expertise (Services communautaires de promotion de la santé) et les organes décentralisés de la politique de la Communauté française (Centres locaux de promotion de la santé).
Cette dynamique de concertation renforcée devrait, en outre, veiller à l’articulation entre les programmes de médecine préventive et de promotion de la santé. En effet, nombre des activités d’éducation pour la santé est commun à ces deux champs.
Enfin, à travers la concertation, c’est la participation des différents acteurs du dispositif au pilotage du programme et à sa déclinaison en objectifs stratégiques et opérationnels qui est recherchée.

Le commentaire des articles du nouveau décret

Nous avons repris ici les explications relatives aux principales modifications apportées au décret de 1997.
Article 1er
Cet article complète la définition du concept de promotion de la santé, qui inclut les concepts de prévention et de médecine préventive. Qu’elle soit primaire, secondaire ou tertiaire, il est bien entendu que la prévention visée par le présent décret concerne la prévention collective et organisée, la seule qui soit de compétence communautaire. La prévention individuelle reste une compétence fédérale. Par ailleurs, une définition du «système d’informations sanitaires» est également utile.
Article 2
L’ancien plan communautaire annuel sera remplacé par un plan communautaire opérationnel, qui comprend les objectifs opérationnels dont les éléments de mise en oeuvre pourront être déclinés sur une ou plusieurs années. En effet, la planification peut se faire sur des périodes différentes, en fonction des problèmes et des objectifs poursuivis. La durée maximale du plan communautaire opérationnel est la même que celle du programme quinquennal.
Pour l’élaboration concrète du plan, les professionnels des différents secteurs de la promotion de la santé (vie sexuelle et affective, assuétudes, médecine préventive, santé à l’école, vaccinations…) sont associés à la concertation. Les programmes de médecine préventive sont intégrés dans ce plan qui ne concernait auparavant que les programmes de promotion de la santé.
Un nouvel outil d’information pour les intervenants et d’évaluation pour le programme et le plan apparaît: le système d’informations sanitaires (SIS).
Les opérateurs visés sont tous les acteurs susceptibles de mettre en œuvre des programmes de promotion de la santé ou de médecine préventive.
Article 4
Cet article précise les différentes missions qui devront être remplies par les services du Gouvernement, afin de coordonner au mieux les activités des différentes structures mises en place par le décret, coordination qui permettra le développement d’une cohérence dans l’élaboration du programme quinquennal et dans la mise en oeuvre du plan communautaire opérationnel. A cette fin, les services du Gouvernement seront chargés d’organiser la concertation entre et avec les différentes structures.
Article 5
La suppression du Conseil scientifique et éthique du sida entraîne la nécessité d’intégrer une nouvelle dimension aux avis du Conseil supérieur de promotion de la santé, qui devra être particulièrement attentif aux questions éthiques lors de ses remises d’avis.
Il a d’ailleurs été constaté que cette dimension éthique a été de plus en plus prise en compte dans les travaux du Conseil supérieur depuis 1997.
Article 6
La composition du Conseil supérieur est légèrement modifiée, en fonction de ses nouvelles attributions et de la volonté de mettre en lien la promotion de la santé en général avec les deux décrets spécifiques pris en la matière: le décret relatif à la promotion de la santé à l’école et celui relatif à la promotion de la santé dans la pratique du sport, à l’interdiction du dopage et à sa prévention en Communauté française.
En outre, le Conseil supérieur s’ouvre à des membres émanant d’autres secteurs représentatifs de la société civile. Parmi ces membres ou parmi les membres compétents en promotion de la santé, certains doivent être issus des secteurs de l’éducation permanente, de la santé environnementale ou de l’aide aux publics fragilisés. Par public fragilisé, on entend des populations qui connaissent une situation sociale, sanitaire ou économique défavorable, et des différences de culture.
Article 7
Cet article prévoit la suppression du chapitre II bis. Ce chapitre concernait le Conseil scientifique et éthique et le Conseil consultatif de prévention du sida. Cette suppression permet de transférer au Conseil supérieur l’entièreté de la compétence d’avis en matière de promotion de la santé et de médecine préventive, et d’intégrer ces thématiques dans une vision globale de promotion de la santé. Une représentation plus importante du secteur du sida est prévue au sein du Conseil.
Articles 8 et 9
Ces articles adaptent le rôle des Services communautaires aux nouvelles structures du décret.
Article 10
Il prévoit une mise en œuvre annuelle des objectifs du programme d’actions des CLPS, et élargit les missions des CLPS, sur base de l’évolution de leur travail sur le terrain et du développement de leur expertise locale. Par ailleurs, la mission de recueil de données épidémiologiques est supprimée, cette mission étant remplie par d’autres structures plus spécifiques (Observatoires, médecine scolaire, centres de référence). Les missions nouvellement définies doivent permettre une mise en œuvre des objectifs et stratégies prioritaires en promotion de la santé.
Article 14
Cet article insère un nouveau chapitre dans le décret, intitulé « Des programmes de médecine préventive ».
Article 15
Il permet au Gouvernement de fixer des programmes de médecine préventive. Ces programmes pourront être construits, selon leurs particularités, sur un modèle de même type que le programme mis en place pour la prévention du cancer du sein, en principe sous le pilotage d’un centre de référence. A titre exceptionnel, selon la nature du programme, cette mission pourrait être confiée à l’administration.
Selon les objectifs proposés dans le plan communautaire opérationnel, différents types de programmes de médecine préventive pourraient être mis en place: dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus, dépistage du risque cardio-vasculaire global, dépistage du sida et des MST, dépistage de la tuberculose, dépistage des maladies métaboliques, vaccination.
Article 16
Le paragraphe 1er permet au Gouvernement d’agréer et subventionner des centres de référence pour encadrer les programmes visés à l’article précédent. Ces centres pourront piloter un ou plusieurs programmes.
Par ailleurs, le Gouvernement peut également agréer et subventionner des personnes de droit public ou privé pour réaliser pratiquement ces programmes. Selon les cas, le Gouvernement pourra également prévoir de subventionner ces personnes de droit public ou privé agréées; en effet, certaines de celles-ci seront simplement agréées, mais non subventionnées lorsqu’elles seront financées par d’autres sources, comme l’INAMI.

Le texte du nouveau décret

Le décret relatif à la promotion de la santé a subi quatre modifications depuis 1997, dont la dernière en date contient des changements significatifs expliqués par ailleurs. Voici une version coordonnée officieuse du texte, qui vous permet de prendre connaissance de l’état actuel de la législation de façon plus confortable. Elle est basée sur les décrets du 14/07/1997 (MB 29/08/1997), 22/12/1997 (MB 31/12/1997), 17/07/1998 (MB 05/11/1998), 11/07/2002 (MB 04/09/2002) et 17/07/2003 (MB 21/08/2003). La dernière réforme intervient donc 6 ans après le vote du premier texte, quasi jour pour jour.
Pour la facilité de lecture, les modifications récentes sont présentées en caractères colorés. Nous n’avons pas repris les éléments supprimés pour éviter d’alourdir le texte. Notons toutefois qu’un chapitre entier, concernant le Conseil scientifique et éthique et le Conseil consultatif de prévention du sida, a été supprimé, dans un souci de meilleure intégration de la prévention du sida dans le dispositif général de promotion de la santé.
Les modifications apportées au décret en 2003 entrent en vigueur le 1er janvier 2004. De nombreuses mesures devront ensuite faire l’objet d’arrêtés d’application.

Le Conseil de la Communauté française a adopté et Nous, Gouvernement, sanctionnons ce qui suit:
CHAPITRE Ier. – Dispositions générales
Article 1er . – Par promotion de la santé au sens du présent décret, il faut entendre le processus qui vise à permettre à l’individu et à la collectivité d’agir sur les facteurs déterminants de la santé et, ce faisant, d’améliorer celle-ci, en privilégiant l’engagement de la population dans une prise en charge collective et solidaire de la vie quotidienne, alliant choix personnel et responsabilité sociale. La promotion de la santé vise à améliorer le bien-être de la population en mobilisant de façon concertée l’ensemble des politiques publiques.
Par prévention, il faut entendre les processus qui permettent d’intervenir avant l’apparition de la maladie pour la prévention primaire, d’en détecter les premiers signes pour la prévention secondaire ou d’en prévenir les complications ou les rechutes pour la prévention tertiaire. La prévention fait partie intégrante de la promotion de la santé.
Par médecine préventive, il faut entendre les méthodes de prévention conformes aux dispositions légales régissant l’exercice des soins de santé et les modalités d’organisation des services de santé, pour contribuer à éviter les affections morbides ou pour découvrir le plus rapidement possible, dans la population, ceux de ses membres qui sont réceptifs ou atteints d’une de ces affections, dont l’existence constitue un risque de détérioration grave pour l’état de santé du malade lui-même, parfois aussi un risque de propagation de la maladie à l’entourage du malade, et enfin souvent un risque de dégradation de la situation matérielle et sociale du malade et de sa famille.
Par système d’informations sanitaires (SIS), il faut entendre l’ensemble de composantes et de procédures organisées dans le but de fournir des données utiles, d’une part à la prise de décision en santé et à l’évaluation des politiques, stratégies et programmes mis en oeuvre, d’autre part à la participation et à l’éclairage des acteurs de santé et de la population aux politiques et actions de santé.
Article 2 . – § 1er. Le Gouvernement arrête un programme quinquennal de promotion de la santé, qui définit les lignes de force de la politique de promotion de la santé en Communauté française, ainsi que de la politique de médecine préventive envisagée dans ses aspects collectifs.
§ 2. Dans un délai de 12 à 18 mois après fixation du programme quinquennal visé au § 1er, le Gouvernement arrête un plan communautaire opérationnel de promotion de la santé, ci-après dénommé «plan communautaire opérationnel», s’inscrivant dans le cadre de ce programme quinquennal et définissant:
1° les objectifs opérationnels prioritaires retenus pour la durée du plan en matière de promotion de la santé, y compris de médecine préventive;
2° les stratégies et méthodes à développer pour assurer la mise en oeuvre et l’évaluation de ces objectifs prioritaires et opérationnels, les programmes de promotion de la santé, y compris de médecine préventive, les structures d’appui permanentes utiles, les programmes de formations, les outils d’informations et les campagnes de communication à mettre en oeuvre, les axes de développement et de soutien aux politiques locales et aux actions communautaires de santé;
3° les publics-cibles à intégrer dans les programmes et actions prioritaires.
Le plan communautaire opérationnel est défini en concertation avec les intervenants concernés.
§ 3. Un système d’informations sanitaires, comportant l’identification et la coordination des sources de données, le choix et le suivi d’indicateurs de santé, l’analyse d’information et la mise à disposition de l’information auprès des décideurs, des professionnels de santé et de la population, est mis en place en relais avec les opérateurs concernés.
Article 3. – Le Gouvernement fixe les délais et les conditions dans lesquels les avis et propositions prévus par le présent décret doivent lui être transmis, ainsi que, après avis du Conseil supérieur de promotion de la santé, les procédures d’agrément et de retrait d’agrément.
Art. 3bis. Les services du Gouvernement ayant la santé dans leurs attributions, ci-après dénommés l’administration, ont pour missions d’organiser la concertation avec les structures et équipes actives en promotion de la santé, y compris en médecine préventive, en s’appuyant sur l’expertise du Conseil supérieur de promotion de la santé, des centres locaux de promotion de la santé, des services communautaires, des centres de référence et sur les données du système d’informations sanitaires, pour:
1° développer une dynamique efficiente et participative entre les acteurs;
2° développer une cohérence des activités en promotion de la santé, y compris en médecine préventive;
3° mettre en place le plan communautaire opérationnel.
CHAPITRE II. – Le Conseil supérieur de promotion de la santé
Article 4 . – § 1er. Il est créé un Conseil supérieur de promotion de la santé, qui a pour missions, sans préjudice de celles qui sont visées par d’autres dispositions:
1. de proposer au Gouvernement des axes prioritaires et des stratégies en matière de promotion de la santé et de médecine préventive envisagée dans ses aspects collectifs, en tenant compte de l’ensemble des besoins répertoriés en vue de permettre la préparation du programme quinquennal et du plan communautaire opérationnel; ces propositions viseront notamment à la promotion de la santé à l’école;
2. de donner un avis au Gouvernement sur les projets de programme quinquennal et de plan communautaire de promotion de la santé, préalablement à leur approbation;
3. de faire rapport au Gouvernement sur l’exécution des programmes et plans susvisés; ces rapports sont communiqués par le Gouvernement au Parlement dans le mois de leur réception;
4. de donner au Gouvernement, soit d’initiative, soit à sa demande, des avis sur toute question relative à la promotion de la santé, y compris la médecine préventive; de veiller particulièrement à instruire les questions d’éthique relatives à la promotion de la santé, y compris la médecine préventive.
§ 2. Le Conseil supérieur de promotion de la santé constitue toutes les commissions qu’il estime utiles dans le cadre de ses missions.
Article 5 . – Le Conseil supérieur de promotion de la santé est composé de membres nommés par le Gouvernement pour une période de 5 ans, renouvelable:
– trois membres représentant respectivement l’Ecole de santé publique attachée à l’Université Catholique de Louvain, à l’Université Libre de Bruxelles, et à l’Université de Liège;
– un membre représentant l’Institut de médecine préventive de la société scientifique de médecine générale;
– un membre représentant l’Office de la naissance et de l’enfance;
– deux membres choisis par le Gouvernement en raison de leur compétence particulière dans le domaine de la prévention du sida et des autres maladies sexuellement transmissibles;
– deux membres représentant les associations mutuellistes;
– trois membres représentant le Comité interprovincial de médecine préventive;
– deux membres, médecins généralistes, représentant respectivement les associations de médecins et la Fédération des maisons médicales et collectifs de santé francophones;
– quatre membres représentant les Centres locaux de promotion de la santé dont deux au moins choisis parmi les représentants des provinces dans lesdits centres, ou du pouvoir public qui assume leurs compétences dans la Région de Bruxelles-Capitale;
– un membre choisi par le Gouvernement en raison de sa compétence particulière dans le domaine de la lutte contre la tuberculose et les autres affections respiratoires;
– un membre choisi par le Gouvernement en raison de sa compétence particulière dans le domaine de la prévention des assuétudes;
– un membre représentant les pharmaciens d’officine.
– un membre représentant les Services communautaires de promotion de la santé;
– un membre représentant les centres de référence visés à l’article 17ter;
– deux membres représentant les associations reconnues d’usagers du système de santé;
– deux membres représentant la Commission de promotion de la santé à l’école;
– un membre représentant la commission francophone de promotion de la santé dans la pratique du sport.
Le Gouvernement peut aussi nommer trois membres qu’il choisit en raison de leur compétence ou de leur action particulière en promotion de la santé, ainsi que trois membres de la société civile qu’il choisit en fonction de leur compétence dans d’autres secteurs et de l’intérêt manifesté pour la promotion de la santé. Les secteurs de l’éducation permanente, de la santé environnementale, de l’aide aux publics fragilisés, sont au moins représentés par l’un de ces six membres.
Deux membres représentant le Gouvernement dont un membre représentant le ministre ayant la promotion de la santé dans ses attributions, assistent aux séances avec voix consultative.
Le fonctionnaire général dirigeant de l’Administration, ou l’agent qu’il désigne, assiste aux séances avec voix consultative. Il peut se faire assister d’un ou plusieurs fonctionnaires.
Deux représentants des ministres chargés de la santé pour la Région wallonne et la COCOF peuvent assister aux séances à titre d’observateur.
Les membres représentant une institution sont proposés à la nomination par l’organe de gestion ou de concertation qui est compétent en ce qui les concerne.
Le Gouvernement nomme également, pour chaque membre effectif, un membre suppléant. Le membre suppléant ne siège qu’en l’absence du membre effectif.
Article 6 . – Le Gouvernement désigne, sur proposition du Conseil supérieur de promotion de la santé, son président et son vice-président. Ces mandats sont incompatibles avec la qualité de fonctionnaire de la Communauté française ou d’un de ses organismes d’intérêt public. Le secrétariat du même Conseil est assuré par le fonctionnaire général dirigeant l’administration de la Communauté française, ayant la santé dans ses attributions. Il peut se faire assister dans cette tâche par un agent de l’administration qu’il désigne.
Article 7 . – En cas de démission ou de décès d’un membre, son remplaçant est nommé par le Gouvernement conformément à l’article 5 pour achever le mandat de son prédécesseur.
Tout membre qui perd la qualité en raison de laquelle il a été nommé est réputé démissionnaire.
Article 8 . – § 1er Dans les six mois de son installation, le Conseil supérieur de promotion de la santé arrête son règlement d’ordre intérieur, et le soumet à l’approbation du Gouvernement.
§ 2. Le Gouvernement fixe les jetons de présence et les indemnités de déplacement des membres du Conseil supérieur de promotion de la santé.
CHAPITRE III. – Les Services communautaires de promotion de la santé
Article 9. – Les Services communautaires de promotion de la santé (SCPS) sont des organismes ou services qui ont pour mission d’apporter une assistance logistique et méthodologique permanente en matière de formation, de documentation, de communication, de recherche ou d’évaluation, au Conseil supérieur de promotion de la santé, à l’administration, aux Centres locaux de promotion de la santé, au système d’informations sanitaires et aux organismes ou personnes qui développent des actions de terrain dans le domaine de la promotion de la santé, y compris la médecine préventive.
Article 10 . – Les Services communautaires de promotion de la santé sont agréés pour cinq ans, par le Gouvernement, sur avis du Conseil supérieur de promotion de la santé. Le Gouvernement définit les missions spécifiques qui leur sont confiées dans le cadre de l’exécution du programme quinquennal et du plan communautaire opérationnel, leur contribution permanente spécifique, les conditions d’utilisation des subventions qui leur sont accordées dans les limites des crédits budgétaires, pendant la période d’agrément, les justifications exigées et les délais dans lesquels ces justifications doivent être produites.
Le non-respect des missions et des conditions d’utilisation des subventions peut entraîner, après mise en demeure notifiée par le Gouvernement et non suivie d’effet dans les 60 jours, la suspension ou la cessation de la liquidation des subventions ainsi que le retrait de l’agrément avant terme. Le Gouvernement prend les décisions relatives à l’application du présent alinéa sur rapport de ses services compétents. En ce qui concerne les retraits d’agréments avant terme, l’avis du Conseil supérieur de promotion de la santé est requis avant que le Gouvernement prenne ses décisions.
Le Gouvernement peut prévoir que le premier agrément est accordé provisoirement pour une période de deux ans.
Dans les trois mois à dater de leur agrément ou du renouvellement de celui-ci, les Services communautaires de promotion de la santé constituent entre eux un comité de concertation chargé notamment de coordonner et d’évaluer leurs actions. Chaque Service communautaire y désigne un représentant.
Le président du Conseil supérieur de promotion de la santé est invité avec voix consultative aux séances du comité de concertation.
Les services communautaires travaillent en collaboration avec l’administration, les centres locaux de promotion de la santé et les centres de référence.
CHAPITRE IV. – Les Centres locaux de promotion de la santé
Article 11 . – Les Centres locaux de promotion de la santé sont des organismes agréés pour coordonner, sur le plan local, la mise en oeuvre du programme quinquennal et des plans opérationnels. A cet effet, ils ont pour missions:
1. d’élaborer un programme d’actions coordonnées pluriannuel, décliné en objectifs annuels; ce programme est soumis à l’avis du Conseil supérieur de promotion de la santé et à l’approbation du Gouvernement, dans les délais que celui-ci détermine;
2. de coordonner l’exécution de ce programme d’actions au niveau des organismes ou personnes qui assurent les relais avec la population ou les publics-cibles, sans distinction de tendances philosophique, politique ou religieuse, et en tenant compte des spécificités du Plan communautaire de promotion de la santé;
3. d’apporter une aide méthodologique aux organismes ou personnes qui développent des actions de terrain dans le domaine de la promotion de la santé, y compris la médecine préventive, et de mettre à leur disposition les ressources disponibles en matière de promotion de la santé et de prévention, notamment en documentation, formation, outils d’information et expertise;
4. d’initier au niveau de leur ressort territorial des dynamiques qui encouragent le développement de partenariats, l’intersectorialité et la participation communautaire, et qui permettent de définir des priorités d’actions spécifiques pour les politiques locales de santé, en particulier par la réalisation des Conférences locales de promotion de la santé.
Les centres locaux de promotion de la santé travaillent en collaboration avec l’administration, les services communautaires de promotion de la santé et les centres de référence.
Article 12 . – Un centre local de promotion de la santé est agréé par le Gouvernement sur le territoire de la Région de Bruxelles- Capitale, et dans chacun des arrondissements ou groupes d’arrondissement suivants: Nivelles, Ath – Tournai – Mouscron – Comines, Charleroi – Thuin, Mons – Soignies, Huy – Waremme, Liège, Verviers, Namur – Dinant – Philippeville, Arlon – Bastogne – Marche-en-Famenne – Neufchâteau – Virton.
Dans les trois mois à dater de leur agrément ou du renouvellement de celui-ci, les Centres locaux de promotion de la santé constituent entre eux un comité de concertation, chargé notamment de coordonner et d’évaluer leurs actions et de proposer la désignation de leurs représentants au Conseil supérieur de promotion de la santé. Lors des renouvellements de mandats, le comité de concertation veillera à ce que chacun des Centres locaux puisse y être représenté à tour de rôle.
Le comité de concertation se réunit d’initiative au moins trois fois par an.
Chaque Centre local de promotion de la santé y est représenté par au moins un délégué. Le président du Conseil supérieur de promotion de la santé est invité avec voix consultative aux séances du comité de concertation.
En outre, les Centres locaux de promotion de la santé constituent entre eux une commission d’avis des projets locaux, chargée de donner avis sur les programmes d’action et sur les recherches en promotion de la santé visés à l’article 16, alinéa 1er. Cette commission est composée d’un représentant par centre local. Elle se réunit au moins quatre fois par an. Le Président du Conseil supérieur de promotion de la santé est invité avec voix consultative aux séances de la commission. Le secrétariat de la commission est assuré par l’administration. Le Gouvernement fixe les modalités de fonctionnement de la commission.
Article 13 . – Peuvent seuls être agréés et subventionnés les Centres locaux de promotion de la santé associant pouvoirs publics et personnes privées, pour autant que les conditions suivantes soient respectées:
1. l’organisme doit revêtir la forme d’une association sans but lucratif au sens de la loi du 27 juin 1921;
2. l’association doit avoir notamment pour objet l’organisation d’un partenariat pluraliste pour la mise en oeuvre sur le plan local de la promotion de la santé, conformément au programme quinquennal et aux plans communautaires opérationnels arrêtés par le Gouvernement et exercer ses activités dans un des ressorts territoriaux définis à l’article 12;
3. les statuts doivent prévoir qu’un représentant de la Communauté et de chacun des autres pouvoirs publics contribuant au financement de l’association reçoivent les documents et procès-verbaux de l’assemblée générale et du conseil d’administration, et assistent aux séances avec voix consultatives, à moins qu’il ne siège en qualité de membre;
4. la Province ou le pouvoir public qui assume ses compétences dans la Région de Bruxelles-Capitale, dans lequel le Centre local exerce son activité, doit être membre de l’association, sauf dérogation accordée par le Gouvernement;
5. deux représentants des services ou centres compétents en matière de promotion de la santé à l’école et un représentant de l’Office de la naissance et de l’enfance doivent être membres de l’association.
Article 14 . – § 1er La Communauté française contribue au fonctionnement de chaque Centre local de promotion de la santé par une subvention de base.
§ 2. L’octroi d’une contribution complémentaire de la Communauté française et des organismes d’intérêt public qui en dépendent à un Centre local de promotion de la santé est subordonné à une contribution des personnes de droit public et privé qui en sont membres.
Ces contributions peuvent être soit financières, soit réalisées par la mise à disposition de personnel, de locaux ou encore par la fourniture de services.
La contribution complémentaire de la Communauté française et des organismes d’intérêt public qui en dépendent ne peut globalement être supérieure à la moitié du total des autres contributions.
Article 15 . – Les Centres locaux de promotion de la santé sont agréés pour cinq ans par le Gouvernement, sur avis du Conseil supérieur de promotion de la santé. Le Gouvernement définit les missions spécifiques qui leur sont confiées dans le cadre du programme quinquennal et des plans communautaires de promotion de la santé, les conditions d’utilisation des subventions et autres contributions qui leur sont accordées pendant la période d’agrément, dans les limites des crédits budgétaires, les justifications exigées et les délais dans lesquels ces justifications doivent être produites.
Le non-respect des missions et conditions visées au 1er alinéa peut entraîner, après mise en demeure notifiée par le Gouvernement et non suivie d’effet dans les 60 jours, la suspension ou la cessation de la liquidation des subventions, le retrait des autres contributions ainsi que le retrait de l’agrément avant terme. Le Gouvernement prend les décisions relatives à l’application du présent alinéa sur rapport de ses services compétents. En ce qui concerne les retraits d’agréments avant terme, l’avis du Conseil supérieur de promotion de la santé est requis avant que le Gouvernement prenne ses décisions.
Le Gouvernement peut prévoir que le premier agrément et le premier subventionnement sont accordés provisoirement pour une période de deux ans.
CHAPITRE V. – Des actions et recherches en promotion de la santé
Article 16 . – Le Gouvernement peut subventionner des programmes d’action ou des recherches spécifiques à vocation locale ou communautaire, sur avis du Conseil supérieur de promotion de la santé, en ce qui concerne les programmes et recherches à vocation communautaire, à l’exclusion des programmes de médecine préventive visés au chapitre Vbis ou sur avis de la commission d’avis des projets locaux visée à l’article 12, alinéa 4, en ce qui concerne les programmes et recherches à vocation locale.
Le non-respect des missions et conditions visées au 1er alinéa peut entraîner, après mise en demeure notifiée par le Gouvernement et non suivie d’effet dans les 60 jours, la suspension ou la cessation de la liquidation des subventions. Le Gouvernement prend les décisions relatives à l’application du présent alinéa sur rapport de ses services compétents.
Article 17 . – Les programmes d’action ou de recherche visés à l’article 16 ne peuvent être financés que s’ils correspondent aux objectifs du programme quinquennal ou du plan communautaire opérationnel.
Il sera en particulier tenu compte des populations qui connaissent une situation sociale, sanitaire ou économique défavorable et des différences de cultures.
CHAPITRE Vbis. – Des programmes de médecine préventive
Art. 17bis. § 1er. Le Gouvernement fixe, sur base du programme quinquennal et après avis du Conseil supérieur de promotion de la santé, des programmes de médecine préventive à vocation communautaire.
Ces programmes correspondent aux objectifs du plan communautaire opérationnel.
Ils sont présentés sous forme d’un protocole.
Ils sont pilotés par un centre de référence, désigné par le Gouvernement, après avis du Conseil supérieur de promotion de la santé. A titre exceptionnel, le Gouvernement peut décider que certains programmes sont pilotés par l’administration.
Par pilotage, on entend le fait de veiller à la réalisation des différentes étapes d’un protocole de médecine préventive, à savoir la programmation des actions de médecine préventive, l’enregistrement des données, le suivi des actions et l’évaluation du protocole.
En application des principes de « la médecine basée sur les preuves » et de « la promotion de la santé basée sur les preuves » et du principe de subsidiarité, ces programmes se fondent sur les preuves de pertinence et d’efficacité, l’expérience des professionnels de la santé et les valeurs et les attentes de la population.
§ 2. Ces programmes sont, dans la mesure du possible, réalisés par les intervenants les plus proches de la population et dans la relation la plus continue avec elle, à savoir les médecins généralistes, en collaboration avec l’Office de la Naissance et de l’Enfance, les services et centres de promotion de la santé à l’école, les pédiatres, et plus généralement le secteur ambulatoire et les services de proximité d’aide aux personnes.
Dans l’élaboration de ces programmes, il est en particulier tenu compte des populations qui connaissent une situation sociale, sanitaire ou économique défavorable et des différences de cultures.
§ 3. Les CLPS peuvent être associés à la mise en place de ces programmes.
§ 4. Le Gouvernement fixe les modalités d’exécution de cet article.
Art. 17ter. § 1er. Le Gouvernement peut agréer et subventionner des centres de référence pour assurer la mission visée à l’article 17bis, § 1er, alinéa 3.
Dans le cadre de cette mission, ces centres de référence contribuent au système d’informations sanitaires et développent une expertise scientifique, la concertation avec les acteurs et la coordination avec les établissements et les personnes de droit public et privé visées à l’alinéa 2.
Le Gouvernement peut également agréer et subventionner des établissements ou des personnes de droit public ou privé, pour assurer la mission visée à l’article 17bis, § 2.
Dans le cadre de cette mission, ces établissements ou personnes de droit public ou privé réalisent les actes de dépistage et les autres interventions de médecine préventive prévues dans le protocole visé à l’article 17bis, § 1er, alinéa 2.
§ 2. Le Gouvernement fixe la procédure et les conditions d’agrément des structures visées au § 1er, ainsi que les modalités de recours.
Les conditions d’agrément portent notamment sur l’appareillage et les conditions techniques, les qualifications du personnel, les critères de qualité pour la réalisation des programmes.
§ 3. Le Gouvernement fixe les conditions d’octroi des subventions aux structures visées au § 1er.
§ 4. Le Gouvernement détermine les conditions de retrait d’agrément ou de suspension de la liquidation des subventions, ainsi que les modalités de recours. Coordination officieuse des textes réalisée par Jacques Henkinbrant

Un bilan du programme quinquennal 1998-2002

Le 30 Déc 20

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L’origine de ce bilan

Le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé en Communauté française prévoit que ‘ le Gouvernement arrête un programme quinquennal de promotion de la santé , qui définit les lignes de force de la politique de promotion de la santé en Communauté française ainsi que de la politique de médecine préventive envisagée dans ses aspects collectifs ‘(art. 2 § 1er). L’article 4 § 1er du même décret prévoit que ‘ le CSPS ( Conseil supérieur de promotion de la santé )
propose au Gouvernement des axes prioritaires et des stratégies (…) en vue de permettre la préparation du programme quinquennal (….)
donne un avis au gouvernement sur les projets de programme quinquennal (…),
fait rapport au gouvernement sur l’exécution des programmes et plans sus visés (…)’
C’est dans ce cadre qu’en avril 2002, le président du CSPS a demandé aux Services communautaires de promotion de la santé (SCPS) d’effectuer un travail préparatoire à la réflexion du Conseil supérieur quant au prochain programme quinquennal.
Un groupe technique a alors été mis en place, afin de réaliser un bilan du premier programme quinquennal 1998-2002. Ce groupe technique est constitué des quatre SCPS, de la Direction générale de santé et du président du Conseil supérieur.
Le travail de ce groupe technique s’est concrétisé dans la réalisation d’un rapport comprenant quatre parties:
-l’analyse de la répartition des budgets de la santé en Communauté française (1998-2002);
-la répartition des espaces audiovisuels attribués par la Communauté française (1998-2002);
-des tableaux récapitulatifs par priorité, comprenant les dispositifs mis en place, les programmes d’action et de recherche, ainsi que les résultats;
-l’analyse qualitative de la réalisation des priorités.
Ce rapport a été présenté au Conseil supérieur le 28 mars 2003 et approuvé après amendement le 23 mai 2003 avant son envoi à Madame la Ministre Nicole Maréchal . Le CSPS n’a pas souhaité présenter la partie qualitative dans le bilan vu son manque de représentativité (en contraste avec les données budgétaires). Toutefois, les réponses à cette enquête ont enrichi sa réflexion pour préparer les conclusions du bilan et les orientations du futur programme quinquennal.
La confiance que nous ont témoignée plusieurs dizaines d’acteurs en promotion de la santé en participant à l’enquête envoyée par courrier et proposée dans le numéro 175 d’Education Santé (décembre 2002) justifie que l’on présente aussi dans ce numéro les résultats de l’enquête qualitative, en sus d’une synthèse des autres chapitres repris dans le bilan transmis officiellement par le CSPS au Gouvernement.

La démarche: son intérêt, ses limites

La question centrale de ce bilan est d’apprécier dans quelle mesure les priorités fixées au programme quinquennal ont été rencontrées. Cette évaluation devrait idéalement prendre en compte les multiples facettes du dispositif et de la structure de promotion de la santé (services, programmes annuels et pluriannuels, locaux ou communautaires, données budgétaires, initiatives politiques). Elle devrait aussi investiguer les applications du programme quinquennal qui sont mises en place en dehors de cette structure, par les communes, les provinces, d’autres ministères communautaire, régionaux ou fédéraux.
Face à cette finalité, les SCPS ont analysé, avec la Direction générale de la santé, diverses alternatives de travail. Ils ont tenu notamment compte:
-de l’absence de relevé permanent d’indicateurs pour l’ensemble des priorités énoncées dans le Programme quinquennal;
-des données utiles et utilisables pouvant être récoltées;
-de la faisabilité de cette collecte de données dans les limites de temps imparties;
-de l’existence d’engagements pour la période 2003–2008, soit par acceptation de programmes pluriannuels, soit par mise en place de nouveaux textes légaux, soit par accord politique et annonce publique;
-de la nécessité d’une continuité et d’une stabilité d’objectifs généraux pour la mise en place progressive d’une politique de promotion de la santé;
-de la finalité qui est la rédaction d’un texte de programmation qui propose des objectifs opérationnels et mesurables;
-du texte préparatoire de la modification du décret du 14/07/97, soumis pour avis au CSPS.
Ainsi pour aboutir à un premier bilan quinquennal réalisé dans le cadre du décret du 14 juillet 1997, des choix ont dû être réalisés. Ce sont les suivants:
Se centrer sur les priorités thématiques et par population , car elles correspondent à la manière dont les programmes sont décrits dans les documents administratifs et budgétaires. C’est ainsi que 15 ‘priorités’ ont été définies, dont certaines se situent à la rencontre d’un thème et d’un public (population scolaire et promotion de la santé à l’école / populations fragilisées et inégalités sociales de santé).

15 priorités pour le bilan du programme quinquennal 1998-2002

1. Assuétudes

2. Populations fragilisées/Inégalités sociales et santé
3. Population scolaire/Promotion de la santé à l’école
4. Prévention du sida
5. Santé globale ou transversalité par rapport aux thématiques
6. Cancers
7. Politiques locales en santé
8. Problèmes de santé mentale
9. Lutte contre la tuberculose
10. Naissance et enfance
11. Vaccination
12. Promotion de la santé dans le sport et lutte contre le dopage
13. Maladies cardiovasculaires (en ce compris les facteurs de risques tels que l’activité physique, l’alimentation, l’obésité, le tabac)
14. Accidents
15. Maladies métaboliques et congénitales

Cette approche, pour être pragmatique et relativement illustrative, reste insatisfaisante puisque le programme quinquennal identifie aussi des priorités stratégiques (participation, santé communautaire, approche par milieu de vie…) et insiste sur la nécessité de travailler sur la base du concept de santé globale et des déterminants de santé sous-jacents à plusieurs problématiques (inégalités, confiance en soi, etc.).
Pratiquement, on s’est heurté à la difficulté de classer certains programmes qui visaient des facteurs de risques communs à plusieurs thématiques (par exemple ‘tabac’ intervient dans ‘assuétudes’ et ‘cardio-vasculaire’ et parfois aussi dans ‘promotion de la santé à l’école’) ou des interventions centrées sur des approches non thématiques (politiques locales de santé, promotion de la santé à l’école, production et diffusion d’outils…).

Baser les appréciations sur une solide analyse budgétaire .

Les données budgétaires représentaient la seule information disponible de manière exhaustive. Un effort important a été réalisé à cette occasion pour rechercher et analyser l’information en essayant de mettre en regard, et si possible en cohérence, les différentes lignes budgétaires, afin de cerner plus précisément quel a été l’apport du budget santé de la Communauté française pour chacune de ces priorités. Il reste que l’on n’a pas pu évaluer l’apport des SCPS et des programmes pluriannuels des Centres locaux de promotion de la santé (CLPS) dans chacune de ces priorités, car cela aurait nécessité un travail d’analyse des rapports d’activité de ces services disponibles sur les cinq ans. Compléter cette analyse budgétaire par le recueil d’informations qui reflètent le contenu des actions subventionnées et leur donnent un sens , qui reflètent l’évolution des problématiques pour les acteurs concernés ( population ou professionnels ). La solution utilisée d’une rapide enquête d’opinions quant à la rencontre des priorités et aux enjeux pour les prochaines années est fort imparfaite. Elle a surtout été adoptée pour faire exister au sein de ce bilan la parole et l’appréciation des acteurs les plus directement concernés, pour refléter les priorités autrement qu’au travers du filtre assez étroit des dispositifs budgétaires et officiels. Idéalement, l’analyse des rapports d’activité des divers services et programmes devraient fournir des éléments d’appréciation utiles dans ce sens. Les informations qui remonteront des Conférences locales de santé devraient aussi contribuer à cette discussion.

Répartition des budgets de la santé en Communauté française (1998-2002)

Sur les cinq dernières années, le budget annuel moyen de la santé géré par la Communauté française est de 12.940.650,22 euros.

Pour mémoire, en 1998, le budget global est réparti en divers intitulés (postes budgétaires), correspondant à l’ancienne législation, et qui seront reformulés à partir de 1999. Les informations concernant les programmes spécifiques ne sont donc disponibles qu’à partir de 1999. Il se décompose de la manière suivante: 38,7% pour les actions et recherches en promotion de la santé; 35% pour les programmes spécifiques; 17,3% pour les CLPS et SCPS, 9% pour les études et recherches. Depuis 2001, le budget total annuel connaît une hausse liée aux programmes spécifiques de vaccination, au contrôle médico-sportif du dopage et au dépistage du cancer du sein. Le budget ‘études et recherches’ est en diminution constante au cours des cinq dernières années. Parmi les programmes spécifiques, la vaccination vient en tête. Parmi les programmes de promotion de la santé, la prévention du sida et des assuétudes occupe près de la moitié du budget. Le poste suivant est occupé par les ‘approches non centrées sur les facteurs de risques’: ce poste augmente par deux fois sur les 5 ans, la dernière augmentation provenant surtout du développement des politiques locales de santé (Conférences locales, Réseau des mandataires communaux). Le budget des programmes d’actions subventionne pour trois quart des programmes communautaires et pour un quart des programmes locaux. Les programmes pluriannuels sont en progression constante au fil des ans, pour atteindre 58,2% du budget en 2002.

La répartition des espaces audiovisuels attribués par la Communauté française (1998-2002)

Pour rappel, la Communauté française met à disposition des espaces audiovisuels gratuits dans le cadre de l’Arrêté du Gouvernement du 18 janvier 1995 relatif à la diffusion de campagnes d’éducation pour la santé par les organismes de radiodiffusion (modifié par l’arrêté du 17 juillet 1997).
Un équivalent budgétaire de 12.766.045 euros sur 5 ans a été consacré à l’attribution des espaces audiovisuels par la Communauté française. Rappelons que l’attribution des espaces est soumise à l’avis d’une Commission d’avis du CSPS. Cet avis porte sur quatre critères: l’éthique du projet, sa rigueur scientifique, sa cohérence avec les campagnes de promotion de la santé de la Communauté française Wallonie-Bruxelles et l’intelligibilité du message. Les campagnes ayant accès aux espaces gratuits répondent donc à une procédure d’assurance de qualité.
Année par année, les temps de diffusion des campagnes et leurs équivalents budgétaires (c’est-à-dire le coût commercial des espaces utilisés) ont été relevés et regroupés en treize thèmes pour lesquels les équivalents budgétaires sur la période 1998 à 2002 ont été cumulés.
Le tableau qui suit reprend le pourcentage des équivalents budgétaires répartis par thèmes traités. Sida, vaccination et cancer constituent le trio de tête, totalisant plus de 37% des équivalents budgétaires attribués de 1998 à 2002. Le thème “ Petite enfance ” atteint 12,5% si on cumule la prévention de la mort subite du nourrisson et la promotion du Carnet de la mère .

Thèmes

% des équivalents budgétaires
Sida 14,0 %
Vaccination 13,3 %
Cancer du Sein 10,7 %
Mort subite nourrisson 9,5 %
Sécurité 9,3 %
Tabac 6,9 %
Santé mentale 6,5 %
Cardiovasculaire 6,3 %
Don d’organes 6,2 %
Maltraitance 5,7 %
Médicaments 5,7 %
Handicap 3,0 %
Petite enfance 3,0 %

Dans ce tableau, on peut constater que 17,6% des équivalents budgétaires ont été consacrés à des campagnes moins directement centrées sur les priorités énoncées dans le programme quinquennal (don d’organes, maltraitance et médicament).

Les tableaux récapitulatifs par priorité

Ces tableaux avaient pour but d’intégrer l’ensemble des informations disponibles par priorité, afin d’avoir une vision transversale de la manière dont chaque priorité avait été rencontrée et d’en tirer éventuellement des orientations pour le futur programme quinquennal. C’est ainsi qu’on a relevé pour chaque priorité les dispositifs mis en place (décrets, services permanents, observatoires, centres de références, etc.), les tendances générales des programmes d’action ou de recherche subventionnés dans le cadre des budgets ‘Promotion de la santé’ (programmes locaux ou communautaires; pluriannuels ou non; sur appels d’offre ou non; programmes d’action, d’observation ou de recherche, etc.). Pour compléter ces tableaux, on a aussi recherché quels engagements budgétaires avaient déjà été pris pour les années 2003 à 2008.
Cette vision analytique n’est pas développée in extenso dans cet article. Seul le tableau relatif à la priorité ‘Maladies cardiovasculaires’ est présenté à titre d’exemple. Cependant les principaux constats issus de cette analyse intégrée ont été repris dans les conclusions.

L’analyse qualitative de la réalisation des priorités

.
En complément des analyses budgétaires diverses, le groupe de travail a souhaité organiser une enquête auprès des professionnels. L’objectif était d’apporter un éclairage qualitatif sur les différentes priorités, de fournir un élément supplémentaire qui enrichirait la réflexion des lecteurs de ce bilan.
Plusieurs stratégies d’enquête ont été envisagées. Le groupe de travail a recherché une formule ouverte: éviter que cette enquête puisse être confondue avec un quelconque contrôle sur les résultats des différents programmes, mais fournir l’opportunité aux personnes de donner leur avis, éclairé par l’expérience développée au sein de projets et programmes, sur l’évolution des problèmes de santé et des stratégies qui ont fait l’objet des priorités du programme quinquennal.
Un questionnaire a été adressé par courrier aux membres du CSPS et à tous les promoteurs de programme qui ont bénéficié d’une subvention dans le cadre des lignes budgétaires ‘promotion de la santé’ pendant trois années consécutives entre 1998 et 2002. Le groupe de travail a voulu élargir cette concertation en offrant l’occasion à tous les intervenants actifs en promotion de la santé de participer à ce bilan. Ce questionnaire a donc également été diffusé dans le numéro 175 (décembre 2002) de la revue Education Santé .
Quarante personnes ont répondu à cette enquête, parmi lesquelles douze membres du CSPS. Toutes ces personnes avaient reçu le questionnaire par envoi postal.
Les répondants ont une moyenne de 15,1 ans d’expérience en éducation et promotion de la santé avec un maximum de 30 ans et un minimum de 3 ans. Les réponses ont fait l’objet d’une analyse de contenu par priorité.
La synthèse de cette analyse proposée ci-dessous doit être examinée avec prudence. En effet, certaines priorités ont été abordées par très peu de répondants et ne reflètent donc qu’un avis partiel de la question. D’autres priorités ont été traitées sous un angle particulier. Ainsi la vaccination ou le cancer, sont principalement commentés en référence à des programmes d’action spécifiques (vaccination contre la méningite, dépistage du cancer du sein). Deux priorités (accidents et maladies métaboliques et congénitales) n’ont fait l’objet d’aucun commentaire

1. Assuétudes, dont le tabac (10 répondants)

Les éléments de satisfaction sont centrés sur l’ouverture enregistrée dans les pratiques de prévention des assuétudes, ouverture à laquelle a contribué l’intégration de cette thématique dans le cadre plus vaste de la promotion de la santé. On relèvera la prise en considération des produits licites (tabac, alcool), l’intégration de la prévention des assuétudes dans une vision positive et globale de la santé, l’approche par réduction des risques, les stratégies intersectorielles et participatives, le développement et la richesse de la concertation et du travail en réseau, les positionnements officiels contre les pratiques sécuritaires et en faveur d’une limitation de l’accès au tabac.
Les éléments d’insatisfaction concernent l’absence d’une politique globale concertée et cohérente, notamment entre les différents niveaux de pouvoir, l’insuffisance des moyens financiers et le mode d’attribution de ceux-ci qui précarisent les intervenants. En ce domaine le mode de programmation fixé par le décret de promotion de la santé semble peu adapté.
Ce sont ces mêmes éléments d’insatisfaction qui rendent la situation actuelle préoccupante: on craint de ne pas avoir assez de poids pour assurer l’approche ‘promotion santé’ ressentie comme positive et progressiste mais minoritaire par rapport notamment à l’approche sécuritaire. Cette crainte se fonde entre autres sur le peu de moyens disponibles concernant une problématique qui est au centre d’intérêts socio-économiques, idéologiques et sociaux divergents.
En conséquence, trois enjeux principaux sont envisagés pour l’avenir:
-consolider l’approche ‘promotion santé’ des assuétudes tant au niveau de la population cible et des acteurs de terrain, qu’au niveau des politiques de santé publique et des différents pouvoirs publics;
-favoriser et élargir la concertation à tous les niveaux (entre les acteurs de terrain, entre acteurs de terrain et pouvoirs publics, entre les différents pouvoirs politiques, etc.) pour favoriser l’adoption d’une approche commune des assuétudes;
-inscrire les programmes assuétudes dans la stabilité (programmes pluriannuels, agrément pour 5 ans, reconnaissance des équipes, adaptation des subventions à l’indexation, etc.).

2. Populations fragilisées / Inégalités sociales et santé (]9 répondants)

De l’avis général, il semble que la sensibilisation des acteurs et professionnels quant au travail avec les publics défavorisés ait augmenté. Parallèlement, on accorde plus d’importance à l’approche communautaire. De manière générale, cette nécessité est mieux reconnue, ‘on en parle’.
Cependant cette priorité ressortit plus d’un discours que d’un réel programme, alors que, de l’avis général, les inégalités de santé augmentent, de même que la précarisation. Ainsi on regrette surtout le manque de politique concertée (notamment avec le secteur des soins), l’absence de spécialistes de santé publique dans le milieu associatif. On relève l’incompatibilité d’une programmation annuelle des projets avec les stratégies privilégiées par le programme quinquennal: le public n’est pas consulté, les professionnels sont peu formés à l’approche complexe de ces populations, et à la communication avec elles, l’approche intersectorielle reste difficile, on consacre peu de moyens à la recherche et à la diffusion d’outils et de méthodes pour le travail de proximité. Par exemple, les initiatives de terrain sont peu connues…
En conséquence les enjeux suivants sont identifiés:
-faire une priorité réelle de la prise en compte des déterminants sociaux des problèmes de santé dans tous les programmes, notamment en favorisant le travail interministériel et en accentuant la coordination des politiques;
-définir le public cible en plusieurs sous-publics et reconnaître la population fragilisée comme acteur prioritaire;
-augmenter la formation des relais du personnel de santé et la production d’outils, créer plus de partenariat;
-faciliter l’accès aux subsides pour les petites associations.

3. Population scolaire / Promotion de la santé à l’école (9 répondants)

L’école reste un milieu privilégié, où se développent de plus en plus fréquemment des programmes sur le long terme et en partenariat. La mise en place de tels programmes bénéficie aussi des moyens mis à disposition par le Ministre de l’Enseignement. Les enseignants sont de plus en plus sensibles aux concepts de santé globale, de santé mentale et de bien-être. Le cadre institué par le programme quinquennal de promotion de la santé et même par le décret PSE sont perçus comme facilitant ces évolutions.
Toutefois on relève un certain manque de pragmatisme de ces directives par rapport aux réalités de terrain qui s’expriment notamment
-par un manque de temps ou de ressources pour faire face aux demandes et aux besoins d’autant plus que l’on assiste à une dégradation de l’environnement scolaire et à une paupérisation de certains milieux;
-par une surcharge administrative;
-par la difficulté de travailler dans la cohérence et de dépasser les cloisonnements entre différents types d’acteurs.
La situation actuelle est perçue comme une étape transitoire dans un processus en plein devenir mais face aux freins relevés ci-dessus, beaucoup s’interrogent sur la possibilité de continuer à s’inscrire dans cette évolution.
Les enjeux relevés sont multiples tant sur le plan des objectifs que des stratégies. Relevons-en les principaux:
-mettre en place les conditions institutionnelles, stratégiques (intersectorielles) et pédagogiques (formation) qui favorisent une appropriation des approches par des acteurs diversifiés, en ce compris les pouvoirs politiques;
-renforcer les liens entre la promotion de la santé à l’école et la promotion de la santé hors école, notamment en favorisant la participation et la collaboration de l’ensemble des acteurs scolaires, mais aussi des autres acteurs qui gravitent autour de l’école;
-inscrire ces approches dans une perspective de santé publique.

4. Prévention du sida (6 répondants)

La réussite de l’intégration de la prévention du sida dans une approche plus globale de promotion de la santé est perçue différemment selon les répondants: certains constatent une avancée en ce sens, d’autres pas. D’un côté, on insiste sur la nécessité de continuer à œuvrer pour intégrer la prévention sida dans l’éducation sexuelle et affective, sur le manque de concertation et de coordination intersectorielle au niveau local. De l’autre, on se réjouit du maintien ou de la création de structures spécifiques à la prévention du sida.
L’insatisfaction est nettement marquée quant à la mise en œuvre du dépistage et les difficultés d’accès à celui-ci. Les préoccupations s’organisent autour de quatre axes: inégalité des subsides octroyés aux organismes de terrain, manque d’outils, diminution de la visibilité, désinvestissement du champ de la prévention…
En conséquence, les enjeux suivants sont soulevés pour les prochaines années:
-favoriser l’émergence de programmes de prévention, avec définition d’objectifs concrets en terme de connaissance et de prévention, dans la population générale et dans les populations à risque;
-améliorer les stratégies d’actions proposées dans le programme quinquennal: renforcer la concertation et l’action intersectorielle, augmenter l’implication des pouvoirs publics locaux, organiser la formation continue des intervenants…
-augmenter les moyens financiers pour des programmes de 5 ans et renforcer les structures existantes.

5. Santé globale ou transversalité par rapport aux thématiques (5 répondants)

Ces réponses se situent plutôt sur le versant négatif. Sont dénoncés: l’excès de médiatisation de certains thèmes entraînant la diminution de la qualité des informations diffusées, le recul du sentiment de bien-être, le manque d’intérêt aussi bien dans le chef des politiques que du public (les parents par exemple) pour la notion de bien-être, la définition de publics cibles trop étriqués, l’absence de définition du concept de santé globale, l’absence de projet collectif des professionnels pour sortir de leur spécialité.
Les enjeux suivants sont donc identifiés:
-définir le concept de santé globale et le rendre opérationnel, notamment en insistant pour que soient formulés à l’intérieur de chaque programme les liens concrets avec d’autres thématiques;
-former les intervenants aux démarches d’assurance de qualité et aux techniques d’approche globale de la santé;
-renforcer les approches qui responsabilisent le citoyen et l’amènent à une réelle prise en charge de sa santé.

6. Cancers

,

dont le cancer du sein (5 répondants)

La mise en place du programme de dépistage du cancer du sein est accueillie comme un réel progrès pour les possibilités qu’il ouvre en matière de concertation et de partenariat aussi bien entre les acteurs qu’entre les divers niveaux du pouvoir politique.
Cependant, on dénonce les difficultés d’opérationalisation et l’ancrage dans une approche qui reste plus curative que préventive. Les objectifs formulés en terme de taux de participation occultent l’importance d’ancrer le programme dans le temps et de l’articuler à une stratégie de prévention globale portant sur les facteurs de risque.
Les enjeux identifiés sont les suivants (qui ne concernent pas que le seul cancer du sein):
-favoriser la participation récurrente de la population concernée aux différents dépistages des cancers féminins;
-accentuer les interventions de promotion de la santé centrées sur les modes de vie sains (notamment alimentation équilibrée et prévention du tabagisme);
-rendre plus cohérents les partenariats entre les différents niveaux de pouvoir;
-continuer à légiférer en matière de prévention du tabagisme.

7. Politiques locales de santé (4 répondants)

La satisfaction porte sur l’émergence d’une implication des communes, une meilleure reconnaissance des acteurs locaux, le passage d’initiatives informelles à des pratiques plus structurées, repérables et évaluables. Cependant le dispositif reste peu visible pour le public.
En conséquence, on insiste sur les enjeux suivants:
-promouvoir des projets santé dans 50% des communes en impliquant des acteurs des champs sociaux et sanitaires;
-organiser la concertation et la formalisation des réseaux;
-définir des objectifs spécifiques pour chaque instance: Etat fédéral, Communauté française, Région wallonne, Provinces, Communes… (notion de ‘contrats d’objectifs’).

8. Problèmes de santé mentale (3 répondants)

L’ouverture du champ de la santé mentale et sa démystification-dédramatisation sont des points de satisfaction. La mise en place de nouvelles thérapeutiques est également enregistrée comme un progrès.
Le coût et les modalités de remboursement des traitements tout comme le mauvais suivi de ceux-ci marquent un bémol par rapport à cette évolution.
La situation actuelle se caractérise par une augmentation des suicides et de la détresse psychologique, ce qui montre le besoin de recréer du lien social. Le besoin pour les patients de mieux connaître leur maladie est aussi identifié.
Les enjeux suivants sont ainsi formulés:
-augmenter l’offre d’écoute et les lieux de paroles;
-développer des projets articulant repères identitaires individuels et collectifs;
-augmenter les ressources pour les professionnels sous forme de financement, de temps, de formation;
-mettre en place des dispositifs de « postvention » en relation avec le suicide, principalement dans les écoles.

9. Lutte contre la tuberculose (3 répondants)

Sont perçus comme positifs l’existence de recommandations, l’application des traitements directement supervisés, le maintien d’une structure et le suivi du dépistage , en particulier auprès des demandeurs d’asile. Le désengagement, la baisse de vigilance et le manque d’information des acteurs sont des éléments d’insatisfaction.
La situation actuelle est préoccupante parce que la lutte contre la tuberculose ne semble pas être traitée comme une priorité alors que l’évolution épidémiologique ne correspond pas aux attentes.
En conséquence les enjeux suivants sont relevés:
-optimaliser la surveillance et l’évaluation du programme (être attentif à limiter la dissémination des bacilles de Koch ainsi que le développement de la résistance aux médicaments anti-tuberculeux);
-renforcer le suivi des populations cibles (déclaration, accès au soin et suivi des traitements, etc. ) et renforcer leur information;
-renforcer le partenariat et définir les compétences de tous les niveaux de pouvoirs par rapport à la problématique.

10. Naissance et enfance (2 répondants)

La satisfaction porte surtout sur la réforme de l’ONE et le décret relatif à l’accueil extra-scolaire. Les insatisfactions mentionnent le caractère non systématique du dépistage suscité à la naissance, l’absence de vision de santé publique et les diverses politisations.
Parmi les enjeux cités, pointons:
-favoriser une meilleure coordination entre le secteur de la petite enfance et la promotion de la santé, notamment développer la promotion de la santé avant la naissance;
-organiser le dépistage systématique suscité en maternité et favoriser les plans d’accueil;
-augmenter les moyens en faveur de la petite enfance (prévoir un statut pour les gardiennes encadrées, proposer un remboursement par l’organisme assureur, etc.);
-professionnaliser les prestataires en augmentant leur compétence en santé publique.

11. Vaccination (2 répondants)

La satisfaction s’exprime quant à la mise à disposition de vaccins gratuits, l’adaptation du calendrier vaccinal aux recommandations internationales, la mise en place d’un partenariat entre le fédéral et la Communauté française, l’organisation de la campagne méningocoque C.
Toutefois, les difficultés de l’opérationalisation des campagnes de vaccination sont mises en avant.
La situation actuelle est estimée en progrès, mais l’enjeu reste l’augmentation de la couverture vaccinale tant des enfants que des adultes. D’autres enjeux sont pointés qui concernent l’intervention des médecins généralistes dans le suivi et l’administration de la vaccination auprès de leur patientèle.

12. Promotion de la santé dans le sport et lutte contre le dopage (2 répondants)

Le phénomène du dopage commence à être mieux connu et il est bon d’avoir légiféré sur le sujet. Cependant on regrette un éclatement des compétences, des politiques et des approches notamment par rapport au champ des assuétudes. On déplore aussi la faible attention portée au grand public en matière de promotion de l’activité physique.
En conséquences, les enjeux suivants sont formulés:
-faire une priorité de la lutte contre la sédentarité et en ce sens développer les pratiques de loisirs plutôt que de clubs;
-organiser une continuité et une cohérence avec le champ de la prévention des assuétudes;
-privilégier la promotion de la santé dans la pratique du sport amateur qui concerne un public plus large que le dopage professionnel.

13. Maladies cardio-vasculaires, en ce compris les facteurs de risque tels que l’activité physique, l’alimentation, l’obésité, le tabagisme (1 répondant)

Si une diminution de la mortalité est mise en évidence, une augmentation des risques est soulignée (sédentarité, alimentation, tabac). La prévention des maladies cardio-vasculaires reste une source d’inégalité et doit donc rester une priorité.
Les enjeux identifiés sont:
-développer le partenariat avec les services de santé et avec les médecins généralistes;
-mieux connaître la distribution des risques dans la population adulte;
-développer l’approche environnementale;
-définir des plans concrets supportés par l’ensemble des autorités publiques.

Synthèse et analyse transversale des résultats

.
Sur les cinq dernières années, le budget annuel moyen de la santé géré par la Communauté française est de 12.940.650 €. Il se décompose de la manière suivante: 38,7% pour les actions et recherches en promotion de la santé, 35% pour les programmes spécifiques, 17,3% pour les CLPS et SCPS, 9% pour les études et recherches. Ce budget total annuel connaît une hausse depuis 2001 liée aux programmes de vaccination, au contrôle médico-sportif du dopage et à la mise en place du programme de dépistage du cancer du sein. Le budget ‘études et recherches’ est en diminution constante au cours des cinq dernières années.
Parmi les programmes spécifiques, la vaccination vient en tête avec environ 40% du budget (sauf en 2001, caractérisée par une forte augmentation des dépenses due à la couverture d’un tiers du coût des vaccins ‘méningo’).
Parmi les programmes de promotion de la santé, les thèmes du sida et des toxicomanies reçoivent près de la moitié du budget. Le poste suivant est occupé par les ‘approches non centrées sur les facteurs de risques’: ce poste augmente par deux fois sur les 5 ans, la première fois en 1998 et 1999 (il passe de 12,3% à 20,3%) et la deuxième entre 2001 et 2002. Cette dernière augmentation de 30% (de 22,5% à 29,4%) provient surtout du développement des politiques locales de santé (Conférences locales, Réseau des communes en santé)
Le budget des programmes d’actions subventionne pour trois quart des programmes communautaires et pour un quart des programmes locaux. Les programmes pluriannuels sont en progression constante au fil des ans, pour atteindre 58,2% du budget en 2002.
Un équivalent budgétaire de 12.766.045 €. sur 5 ans a été consacré à l’attribution des espaces audiovisuels par la Communauté française. L’analyse fait ressortir le sida et la vaccination parmi les thèmes les plus couverts; le cancer du sein, la sécurité et la mort subite du nourrisson viennent ensuite.

L’enquête qualitative et l’examen des tableaux présentant une synthèse des informations disponibles par priorité, apportent quelques éclairages complémentaires:
sida et assuétudes bénéficient chacun d’une structure ayant pour mission l’observation. Par ailleurs une Plate-forme assure la coordination des campagnes d’information sur le sida, des coordinations interministérielles existent dans le domaine des toxicomanies;
-les répondants à l’enquête (au nombre de 7) soulignent l’intégration de la problématique du sida dans une approche plus globale de santé mais énoncent leurs préoccupations par rapport à l’organisation du dépistage, l’intégration parmi les acteurs et institutions locales, le manque de matériel didactique… Ils suggèrent d’augmenter le nombre de programmes pluriannuels, d’accentuer la formation des intervenants, de renforcer la concertation et l’action intersectorielle;
-parmi les programmes de prévention en toxicomanie , le tabac et l’alcool totalisent 16% du budget seulement, la prévention du tabagisme bénéficiant en outre de 6,9% des espaces audiovisuels gratuits. Les 20% de répondants à l’enquête qui choisissent la priorité ‘toxicomanie’ insistent sur la progression positive de la ‘philosophie’ des interventions dans le cadre du programme quinquennal (réduction des risques, prise en compte des drogues licites, développement du travail en réseau, approche participative…). Leur inquiétude se focalise sur les discordances des orientations entre les différents niveaux de pouvoirs et la crainte de voir triompher l’approche sécuritaire. Leurs souhaits concernent l’élargissement de la concertation ainsi que la stabilisation des programmes et équipes de prévention;
-les programmes de promotion de la santé à l’école se retrouvent dans d’autres thèmes pour un équivalent d’environ un cinquième du budget des programmes d’actions et de recherche en promotion de la santé. Les thèmes concernés sont l’alimentation, les assuétudes, l’éducation sexuelle et affective et le sida mais aussi ‘plusieurs facteurs de risque et de protection’ et ‘approche non centrée sur les facteurs de risque’. La promotion de la santé à l’école constitue la deuxième priorité la plus choisie dans l’enquête qualitative (20% des répondants). Les répondants notent que l’intérêt des enseignants s’accroît pour les concepts de santé globale de bien-être. La promotion de la santé à l’école est en pleine évolution mais doit continuer à être soutenue pour favoriser le développement de dynamiques sur le long terme. Et ceci d’autant plus que certains établissements voient s’accentuer la dégradation de leur environnement et la paupérisation des élèves;
-moins de un pour cent des programmes d’action subventionnés sont classés dans la priorité ‘ vulnérabilité sociale , population fragilisée ‘. Par contraste, presque un quart des répondants à l’enquête qualitative ont abordé cette priorité en soulignant à la fois une meilleure reconnaissance générale de cette problématique, mais aussi une insuffisance de méthodes et de moyens adaptés, notamment pour soutenir les professionnels qui pourraient réaliser un travail de proximité et pour développer la participation de la population concernée;
-les programmes de prévention cardio vasculaire auxquels sont ajoutés les programmes ‘alimentation’, ‘tabac’ et ‘activité physique’, qui en sont les principaux facteurs de risque, totalisent environ 6% des programmes de promotion de la santé.

Conclusion

Une large part de ces conclusions ont été reprises par le CSPS. Celui-ci a apprécié les efforts déployés par la Direction générale de la santé et les Services communautaires, notamment pour recueillir, classer et traiter les données de type budgétaires dispersées dans plusieurs registres et bases de données.
Le Conseil a toutefois constaté qu’il a été impossible d’aboutir à une véritable évaluation du programme quinquennal 1998-2002, notamment à cause des ressources limitées prévues à cet effet, de la carence de définition d’objectifs opérationnels dans le programme, de l’absence d’un relevé systématisé d’indicateurs.
Il a recommandé au Gouvernement de la Communauté française de proposer un nouveau programme quinquennal basé sur la même approche de promotion de la santé que le précédent, mettant en exergue la qualité des programmes et les stratégies prioritaires de promotion de la santé, mais déclinant des objectifs opérationnels précis permettant la mise en place d’une évaluation véritable.

Groupe de travail DGS-SCPS-CSPS pour le bilan du Programme quinquennal 1998-2002
Composition: Lonfils R., Lebailly D. (DGS), De Bock C. (CSPS), Favresse D., Lonfils C., Piette D. (Unité de Promotion Education Santé ULB-PROMES), Cherbonnier A., Trefois P. (Question Santé), Decacche A., Meremans Ph. (Unité d’éducation pour la santé UCL-RESO), De Coster B., Vandoorne C. (APES-ULG) Les renseignements complémentaires à propos de ce rapport peuvent être obtenus auprès de l’APES-ULG, Sart Tilman B23, 4000 Liège ou auprès de la Direction générale de la santé, Ministère de la Communauté française, Bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles.

Le ‘nouveau’ Conseil supérieur de promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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Le décret relatif à la promotion de la santé prévoit la création d’un Conseil supérieur de promotion de la santé, qui a pour missions:
1. de proposer au Gouvernement des axes prioritaires et des stratégies en matière de promotion de la santé et de médecine préventive envisagée dans ses aspects collectifs, en tenant compte de l’ensemble des besoins répertoriés en vue de permettre la préparation du programme quinquennal et du plan communautaire opérationnel de promotion de la santé;
2. de donner un avis au Gouvernement sur les projets de programme quinquennal et de plan communautaire de promotion de la santé, préalablement à leur approbation;
3. de faire rapport au Gouvernement sur l’exécution des programmes et plans susvisés;
4. de donner au Gouvernement, soit d’initiative, soit à sa demande, des avis sur toute question relative à la promotion de la santé, y compris la médecine préventive; de veiller particulièrement à instruire les questions d’éthique relatives à la promotion de la santé, y compris la médecine préventive.
Le Conseil supérieur de promotion de la santé conseille également le Ministre de la Santé dans sa politique de financement de programmes d’action et de recherche (à l’échelle de la Communauté, les programmes à vocation locale n’étant pas de son ressort); il remet aussi avis sur l’opportunité de campagnes gratuites de promotion de la santé en radio et en télévision; il travaille également sur les compétences de la Communauté française Wallonie-Bruxelles en matière d’épidémiologie et de protection vaccinale.
Le décret du 17 juillet 2003 (MB du 21/8/2003) a modifié de façon significative la composition du Conseil, qui passe de 26 à 34 membres avec droit de vote. Il y a également 3 membres avec voix consultative (Gouvernement et DG Santé), et deux observateurs (régions wallonne et bruxelloise).
En voici les noms et qualités.

Nombre

Qualité Membre effectif Membre suppléant
3 Ecoles de santé publique Mme Vandoorne Mme Piette
M. Deccache Mme Gosset
M. Levêque M. Tonglet
1 Société scientifique de médecine générale (SSMG) Mme Jonckheer M. Dufour
1 Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) Mme Sommer Mme Mauroy
2 Sida et MST Mme Thiry M. Clumeck
Mme Louhenapessy M. Martens
2 Mutualités M. De Bock M. Delobel
Mme Spièce Mme Frérotte
3 Comité interprovincial de médecine préventive (CIMP) M. Berghmans M. Demarteau
M. Daumerie Mme Danhaive
M. Maassen Mme Lannoye
2 Médecine générale M. De Plaen M. Leclercq
M. Laperche Mme Hanot
4 Centres locaux de promotion de la santé M. Demoulin M. Pettiaux
Mme Malevé Mme Vegairginsky
Mme Guillaume M. Hoornaert
Mme Anceaux M. Lahaye
1 Affections respiratoires Mme Plas Mme Van Rokegem
1 Assuétudes M. Bastin Mme Hariga
1 Pharmacie Mme Celis M. Cousin
1 Services communautaires de promotion de la santé (SCPS) M. Trefois M. Favresse
1 Centres de référence en médecine préventive Mme Vandenbroucke M. Legat
2 Usagers du système de santé Mme Fierens Mme Wathelet
Mme Halin M. Bolaers
2 Commission promotion de la santé à l’école Mme Levie Mme Binamé
Mme Henry Mme Lecrenier
1 Commission promotion de la santé dans la pratique du sport Mme Maréchal M. Sturbois
3 Experts en promotion de la santé Mme Bantuelle M. Roucloux
M. Mercier Mme Prévost §§ Mme Deliens Mme Delvaux
3 Représentants de la société civile en dehors du champ de la promotion de la santé Mme Dieu Mme Visée
M. Biot M. Pauluis
Mme Giot Mme Jamoulle
2 Gouvernement de la Communauté française Mme Leva M. Voisey
M. Morel Mme Dossogne
1 Région wallonne Mme Quinet
1 COCOF Bruxelles-Capitale M. Nagant
1 Fonctionnaire général de la DG Santé M. Brunson

Si vous êtes sensible à l’ ‘égalité des chances’, vous constaterez que sur les 34 membres effectifs, il y a 22 femmes et 12 hommes, et sur les 34 suppléants 16 femmes et 18 hommes. Un Conseil majoritairement féminin qui s’intéresse à la santé et au bien-être, ce n’est pas plus mal!
Arrêté du 10 février 2004 entré en vigueur le 27 février, et publié au Moniteur belge le 17 mars 2004.
C.D.B.

La lutte contre le dopage harmonisée sur l’ensemble du territoire belge

Le 30 Déc 20

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Les ministres représentant la Communauté française, la Communauté flamande, la Communauté germanophone et la Commission Communautaire Commune (COCOM) de la région de Bruxelles-Capitale ont signé le 19 juin un accord de coopération en matière de ‘pratique du sport dans le respect des impératifs de santé’.
L’accord de coopération a pour objectif d’harmoniser et de coordonner au niveau de l’ensemble du pays les politiques liées à la pratique du sport dans leurs composantes ayant trait à la santé. C’est-à-dire les mesures, dispositions et recommandations destinées à protéger la santé des sportifs, ou à contribuer à leur bien-être physique et psychique. Ces dispositions impliquent la mise en cohérence des politiques menées, concernant les prises d’échantillons à contrôler, la liste des produits considérés comme dopants, les sanctions aux sportifs, les règlements sportifs (par exemple l’âge d’accès des jeunes aux compétitions cyclistes), ou encore les actions de promotion de la santé et de prévention du dopage.
Il faut savoir que la base d’un accord de coopération existait entre les trois Communautés depuis 1991 mais il n’avait jamais reçu l’assentiment d’aucune assemblée. Un groupe de travail fonctionnait néanmoins dont la présidence est actuellement exercée par la Communauté française.
Sous l’impulsion de la Communauté française, l’accord a été revitalisé et la Région bruxelloise y a de surcroît été associée. En effet, la COCOM est compétente pour régler la matière à l’égard des sportifs bruxellois et pour couvrir l’ensemble du territoire.

Une coopération en sept points

Elle vise à:
– assurer un échange régulier d’informations, de documentation, de spécialistes et de services;
– définir une procédure identique en ce qui concerne la prise d’échantillons pour le contrôle de l’emploi par les sportifs de produits, substances et moyens qualifiés de pratiques de dopage;
– remplacer, pour les sportifs convaincus de dopage, les sanctions pénales par des sanctions disciplinaires;
– établir, pour certaines disciplines sportives, en ce qui concerne les âges minima de participation, une concertation sur les critères médicaux d’admission;
– établir une liste identique de produits interdits ainsi que de substances et de moyens qualifiés de pratiques de dopage, sur base de la liste reconnue internationalement;
– mener des actions communes en matière de promotion de la santé dans le sport et de prévention de la pratique du dopage;
– permettre de conclure des protocoles d’accords bilatéraux en vue de faire effectuer des contrôles antidopage par les médecins agréés d’une partie contractante.
Pour assurer la mise en œuvre de l’accord un Conseil de coordination est créé, présidé à tour de rôle par chaque partie contractante pendant deux ans.
L’accord s’inscrit par ailleurs dans l’esprit du décret ‘Sport en santé et lutte contre le dopage’ voté en mars dernier par le Parlement de la Communauté française , suivi de l’approbation par le Gouvernement de la Communauté française de l’arrêté créant la Commission francophone de promotion de la santé dans le sport dont la mission est, entre autres, relative à l’opérationnalisation du décret.
L’accord de coopération, comme le décret de la Communauté française, vise aussi une action de fond à beaucoup plus long terme, sur la promotion de la santé dans le sport et la prévention de la pratique du dopage.
Si le contrôle et la sanction sont indispensables à court terme, il revient aux pouvoirs publics, de façon plus globale, de réinjecter de l’éthique dans le sport et d’en faire une question de santé publique. Il est important que les campagnes d’information à l’attention des sportifs de tous âges et de tous niveaux, mais aussi à l’attention des personnels d’encadrement (profs, entraîneurs, fédérations…), soient organisées, rappelant les dangers d’un sport mal pratiqué, l’intérêt de ne pas prendre de risque et prodiguant des conseils de prévention.
Concernant cette problématique, on visera à l’éducation et à la responsabilisation des consommateurs de produits dopants ainsi qu’à la réduction des risques via des campagnes grand public ou ciblées sur les sportifs. L’objectif est que chacun adopte de façon responsable des comportements qui préservent la santé.
d’après un communiqué de presse de la Ministre de la Santé

Donner à la promotion de la santé ses lettres de noblesse

Le 30 Déc 20

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Au terme de son mandat, Nicole Maréchal, ministre de l’aide à la jeunesse et de la santé en Communauté française, trace un bilan globalement positif et optimiste du travail en promotion de la santé réalisé durant ces cinq dernières années. Cinq ans au service d’une approche plus globale de la promotion de la santé, avec pour espoir d’avoir pu donner à ce secteur, ses lettres de noblesse.
C’est en 1999 que Nicole Maréchal hérite des compétences «santé» en Communauté française, à peine deux ans après l’apparition du décret du 14 juillet 1997 organisant la promotion de la santé en Communauté française. « Un texte de fond auquel j’adhérais complètement », explique la ministre. « Donc une démarche, une méthodologie et des objectifs qui étaient très confortables pour moi. En l’adaptant, j’ai voulu, par souci de cohérence, faire en sorte que le décret de promotion de la santé devienne un peu le décret cadre de toutes les actions de la Communauté française

La bourse ou la santé…

Seule et traditionnelle pierre d’achoppement à ses projets: le budget. « Que ce soit pour la promotion de la santé à l’école ou pour tout le reste, on doit vraiment gérer avec beaucoup d’imagination, à la fois sur le terrain et à la fois du côté politique.» Le budget santé de la Communauté française s’élève cette année à 30 millions d’euros, soit un peu moins de 0,5% du budget total de la Communauté française (6,4 milliards d’euros), répartis en deux pôles: 15 millions d’euros pour tout ce qui est promotion de la santé à l’école, et 15 millions pour le reste. «Pour tout le reste» , précise la ministre, «les programmes de promotion de la santé, les centres locaux de promotion de la santé (CLPS) et les services communautaires de promotion de la santé (SCPS), le sida, la vie sexuelle et affective, la tuberculose, la vaccination, le cancer, le diabète… Avec 600 millions d’anciens francs belges, ça tient du miracle!»
Et pour éviter de se retrouver sans le sou face à un projet intéressant en fin d’année, la ministre tient à rappeler qu’elle a procédé à un étalement de ce budget. Les projets peuvent désormais être déposés à différentes périodes, avec la possibilité financière d’être rencontrés.

Conseil, centres et comités, la promotion de la santé s’organise

Le Conseil supérieur de promotion de la santé (CSPS) vient d’être renouvelé, annonce Nicole Maréchal. Depuis le 27 février dernier, la nouvelle liste de ses membres a été établie (1). «On a veillé à l’ouvrir à des personnes qui viennent de secteurs qui n’étaient pas encore présents, peut-être un peu moins médicaux, et aux usagers aussi. Parce que la promotion de la santé implique la participation et il nous semblait donc normal que les usagers soient présents.» Un sociologue ou un journaliste par exemple permet d’amener un regard extérieur sur la construction sociale, estime la ministre. Quant aux usagers, ils se limitent encore à la Ligue des usagers des soins de santé et aux groupes de patients. Mais l’idée est lancée.
Du côté des centres locaux de promotion de la santé, la ‘nouveauté’ date d’il y a un an et demi, avec la création de comités inter CLPS. Alors qu’avant, ils étaient parfois juges (commission d’avis) et parties (soutien à la méthodologie) face aux projets de proximité qui leur étaient remis, c’est à plusieurs qu’ils travaillent aujourd’hui sur les projets à dimension locale. «Ca a été un peu difficile au départ et puis finalement je pense que ça consolide l’identité des CLPS. C’est un moyen pour eux de se voir davantage, de travailler ensemble, de partager leurs expériences et leur mode de fonctionnement. Donc je pense que finalement ça renforce leur place dans le dispositif de promotion de la santé.»
Rien de neuf au niveau des Services communautaires de promotion de la santé (SCPS), qui restent «des partenaires importants» , notamment dans l’élaboration des grandes lignes du programme quinquennal de promotion de la santé, souligne la ministre.

Quid du quinquennal?

Pour rappel, le programme quinquennal, initié lors du décret de 1997, donne à chacun une indication sur ce que les pouvoirs publics vont essentiellement soutenir, sur les types de démarches qu’ils favorisent, les publics et les problèmes de santé qui leur paraissent prioritaires. Les objectifs du programme 1998-2003 ont été rencontrés, estime Nicole Maréchal. Qu’en est-il du prochain programme?
«Pas de révolution fondamentale» , poursuit la ministre. «Je pense que le premier plan était déjà une bonne base de travail. On met encore davantage en avant cette fois-ci toute la question des inégalités sociales, de la vulnérabilité. Il y a sans doute un intérêt neuf pour les liens entre santé et environnement. Pour le reste, les jeunes restent évidemment un public cible prioritaire, et le sida garde une place importante, avec une meilleure inclusion dans les dispositifs de promotion de la santé et dans tout ce qui tourne autour de la vie affective et sexuelle.»
Le programme quinquennal 2004-2008 a jusqu’ici fait l’objet d’un avis du CSPS, lequel pointait une déficience en matière de travail néo-natal, avec une série de propositions pour y remédier. «Je n’ai pas voulu passer au gouvernement sans inclure les remarques du CSPS ainsi que la problématique santé – environnement» , explique Nicole Maréchal qui fait référence au NEHAP (2), ce nouveau programme qui rassemble toutes les compétences environnement et santé du pays et qui devrait démarrer ses activités cette année encore. «Dès que le CSPS va recevoir le NEHAP, il va rendre avis et dès que c’est fait, je passe au gouvernement et on peut officialiser le nouveau plan. C’est l’affaire de quelques semaines.» Le nouveau programme quinquennal devrait donc être passé au gouvernement au moment où cet article paraîtra. A suivre…

Petit écran hors cadre

Les populations fragilisées, la petite enfance et la population scolaire étaient les populations jugées prioritaires par le programme quinquennal 1998-2003. Et parmi les problèmes de santé qui devaient être ciblés en priorité se trouvaient le sida, la vaccination, la lutte contre la tuberculose, les maladies cardio-vasculaires, les cancers, les assuétudes, les problèmes de santé mentale et les accidents. Or, en matière de campagnes audiovisuelles, et donc d’espace réservé gratuitement à la promotion de la santé, ce que le petit écran nous a montré portait sur l’utilisation des antibiotiques, l’alimentation des jeunes de 8 à 10 ans, le sida et la bientraitance.
Au reproche de ne pas avoir suffisamment tenu compte des lignes directrices du programme en matière de campagnes audiovisuelles, Nicole Maréchal répond: «Je pense qu’il faut relativiser l’impact d’une campagne. On a vu que juste après la campagne sur les antibiotiques, ça donnait plutôt bien et puis quelques mois après, la consommation repart à la hausse. Donc ça doit être sans cesse répété et je pense qu’avec des publics plus vulnérables ou plus fragiles, il faut travailler dans une plus grande proximité que le seul message qui passe à la télé ou à la radio, qui risque d’être un peu noyé dans tous les autres. La télévision reste un média qui aborde plutôt le général mais pour travailler dans le détail de souffrances ou de grandes vulnérabilités, je ne vois rien de mieux que le partenaire de terrain le plus proche possible.»

Au plus près, au mieux

La proximité est manifestement l’un des chevaux de bataille de la ministre Maréchal en matière de promotion de la santé. «J’ai vraiment voulu faire en sorte que la promotion de la santé se diffuse, et essentiellement au niveau local» .
C’est ainsi qu’en 2000, elle instaurait le Réseau des communes en santé. Un réseau de conseillers communaux (des mandataires locaux) qui, selon ses dires, fonctionne plutôt bien depuis quatre ans au travers de rencontres annuelles, d’échanges d’expériences et d’une feuille de liaison. «Pour les soutenir, on a dégagé des budgets» , déclare la ministre. Après un premier appel à projets lancé en 2002, et 15 projets communaux retenus, un deuxième appel vient d’être lancé, avec de nombreuses réponses à la clé. Reste maintenant à choisir les 15 projets qui seront développés jusqu’en 2005. «On aura alors une trentaine de communes lancées dans de la mise en œuvre très concrète» , poursuit-elle tout en précisant qu’il s’agit là de dépenses dites ‘facultatives’, qui ne sont donc pas inscrites dans un texte légal. «Je ne peux pas assurer que cette politique sera suivie par mon successeur. Mais je croise les doigts pour que ça continue.»
Les Conférences locales de promotion de la santé par contre sont bel et bien inscrites dans le décret «Programmes et recherches à vocation locale» de 2002, et font donc partie des missions imparties aux CLPS. Pourquoi cette initiative?
«Les CLPS sont nés en 98, je suis arrivée en 99. Ils cherchaient leur place, leur mode de fonctionnement et ils n’étaient pas encore très connus. Je trouvais important de leur donner la possibilité, en organisant cette conférence locale, de se faire connaître, et de montrer en quoi ils étaient utiles à d’autres acteurs publics ou privés. Ca a assez bien pris. C’est le premier objectif. Le second est de pouvoir, avec toute une série d’acteurs de terrain, préciser quels sont les besoins d’une population, au plus près des gens, de manière à faire remonter l’information vers la Communauté française.»
La suite logique de ces conférences locales coule de source, estime la ministre: l’organisation d’une conférence communautaire qui rassemblera toutes ces données et réorientera si nécessaire les priorités et les stratégies de la communauté française. «Ce qui est intéressant c’est la mise en commun de tous ces regards et voir ce que ça peut apporter au niveau communautaire. Ca me paraît un stade indispensable. Mais il a fallu du temps pour que les conférences locales se mettent en œuvre et à mon grand regret, je n’aurai donc pas le temps d’y parvenir.»

Ecoles en convalescence

En 2001, un décret modifiait l’organisation de la promotion de la santé à l’école. Les anciennes Inspections Médicales Scolaires (IMS) étaient remplacées par des services agréés de promotion de la santé à l’école (PSE) au sein des établissements subventionnés par la Communauté française. Par ailleurs, une Commission de promotion de la santé à l’école était créée afin d’émettre avis et rapports sur le travail réalisé en la matière. Une réforme réalisée dans un souci d’adapter qualitativement le service offert aux jeunes dans une perspective plus globale d’école en santé. «C’est le seul décret pour lequel on aura pris les arrêtés avant la fin de la législature, les principaux en tout cas» , explique Nicole Maréchal. «C’est une réforme importante. Tous les objectifs de la loi 65 sont toujours là, mais complètement réactualisés dans le cadre de la promotion de la santé».
Importante, mais difficile, comme l’indique la ministre. Si certaines écoles étaient déjà dans la logique d’écoles en santé depuis une dizaine d’années, dans les écoles où le travail d’inspection médicale scolaire était très classique, il subsiste encore un peu de résistance au changement. «Quand on leur dit, vous allez vous mettre autour de la table avec des professeurs, des parents, des élèves et vous allez construire avec eux un projet santé, je me mets à leur place, c’est terriblement angoissant, c’est déstabilisant.» Peur de ne pas avoir les moyens, de ne pas avoir le temps, de ne pas y arriver… «On a commandé à une université, une analyse de ces critiques et de ces remarques pour essayer d’objectiver un peu et voir vraiment où le bât blesse et s’il faut faire l’une ou l’autre réorientation. Je pense que ça procède beaucoup de la résistance au changement mais peut-être qu’il y a quand même des faiblesses dans le dispositif.»
Nicole Maréchal précise par ailleurs qu’une prolongation du temps de formation prévu vient d’être décidée, soit 2003, 2004 et maintenant 2005. Ce n’est donc qu’à la rentrée 2005 que devront être rendus à l’administration les projets santé de chaque établissement scolaire. Pour les y aider, un ouvrage vient de paraître à l’initiative de la ministre: «Promotion de la santé à l’école» (3).
«C’est vraiment un projet à construire avec les partenaires, avec les élèves. On s’appuie sur les expériences qui existent déjà et qui fonctionnent pour leur montrer que c’est réalisable, c’est du concret et non une utopie.»
A noter que les points de contact santé, prévus dans les écoles supérieures afin d’entendre, conseiller, et orienter les étudiants vers les services ad hoc, devront être lancés en même temps que les projets écoles en santé, en septembre 2005.

Le sport, c’est d’abord la santé

Pour Nicole Maréchal, la promotion de la santé inclut, aussi, le sport. Et dans ce domaine, elle se dit «plutôt fière de son boulot» . Un boulot avec pour base légale un nouveau décret, en 2001, ayant pour objectifs la promotion de la santé dans le sport, le suivi médical des sportifs et la lutte contre le dopage. «Ce qui est important, c’est que là aussi, on a travaillé dans la logique de la promotion de la santé. La Flandre avait déjà un décret depuis 91. Quand je suis arrivée, il y avait eu une tentative avortée qui relevait vraiment du contrôle du dopage. Et on s’est dit que ne faire que du contrôle c’est dommage, c’est la dernière intervention à développer. Logiquement, une fois de plus, il faut faire de la prévention.»
Il s’agissait d’abord, raconte la ministre, de travailler dans les écoles, avec les profs de gym, les élèves, les parents, afin de faire réfléchir davantage à une pratique du sport qui ne met pas en danger et maintient en bonne santé.
Ensuite, il était nécessaire de travailler avec les sportifs, faire en sorte qu’ils soient informés de la limite entre sport-santé et sport-danger. Nicole Maréchal a voulu que les médecins sportifs et généralistes deviennent des partenaires par le biais d’un ‘carnet du sportif’ et d’une ‘liste des recommandations et des contre-indications’ établie en fonction du type de pratique sportive et de l’âge du sportif. Ces outils sont en cours de finalisation.
C’est en dernier recours qu’elle place la lutte contre le dopage, dans une logique de réduction des risques. «Je pense que la plupart des sportifs – et pour le moment les incidents mortels se succèdent – ne savent pas quels risques ils font courir à leur santé et jusqu’où ils se mettent en danger en pratiquant le dopage.» Le décret prévoit des contrôles auprès des professionnels et des amateurs ainsi que dans les milieux sportifs non encadrés (salles de fitness par exemple). L’an dernier 730 contrôles ont été réalisés. On en prévoit 1500 cette année.
Résultats? «On s’est rendu compte que dans les milieux amateurs, comme le cyclotourisme par exemple, le dopage s’est banalisé, les produits circulent beaucoup mais sont assez faciles à détecter. Ce sont souvent les mêmes. Par contre, quand on est face au top niveau sportif, il y a tellement de moyens en jeu, qu’on a somme toute toujours une guerre de retard sur les produits et sur les moyens d’empêcher la détection de ces produits…»

Mammotest: laisser le temps au temps

Près de deux ans après le lancement – tardif – des mammotests en Communauté française, les premiers résultats font état d’une participation de… 10,8% des femmes entre 50 et 69 ans.
Seulement.
«C’est très variable en fait » , explique Nicole Maréchal. «On s’aperçoit que là où un travail local avait déjà été développé en matière de prévention du cancer du sein, on est à 30% (Neufchâteau par exemple). Ce qui confirme les données européennes selon lesquelles il faut au moins 3 ans pour arriver à 20% de participation, 5 ans pour arriver à 30% et 8 ans pour aller au-delà. Ce qui est notre objectif.»
Reste donc à sensibiliser. «Je n’ai pas voulu lancer de campagne grand public avant. Je ne trouvais pas pertinent de solliciter les femmes alors que peut-être sur le terrain il allait encore y avoir des problèmes. Je pense qu’il valait mieux avancer doucement, s’assurer que tout fonctionnait bien. Il y a bien eu des dépliants chez les médecins généralistes, les gynécologues, dans les pharmacies, et on vient d’ailleurs de refaire une deuxième campagne de ce type-là. Mais maintenant que tout fonctionne, on va lancer une campagne grand public qui devrait démarrer en avril. J’aimerais pouvoir le faire avant de partir» , nous confie la ministre.
Les retards dans le lancement du programme étaient principalement dus à des problèmes d’ordre technique – mise au point d’un logiciel de récolte des données, et technologique – deux centres seulement répondaient aux critères de qualité européens. «Un bénéfice indirect mais sûr de cette campagne, c’est qu’on a maintenant chez nous un parc mammographique de haute qualité selon les références européennes» , indique la ministre.

Dénormaliser la cigarette

En matière de tabagisme adulte, les dix dernières années de campagne commencent à porter leurs fruits mais chez les jeunes, dans le chef des filles surtout, un grand travail reste à faire. «La dernière enquête santé de l’ULB sur les jeunes montre qu’il y a une légère décroissance depuis 98 mais ce résultat est à nuancer car parmi ceux qui fument, il y a plus de grands fumeurs» , explique Nicole Maréchal. Il s’agissait donc de changer son fusil d’épaule.
«On travaille sur une nouvelle stratégie recommandée par l’OMS et qui m’a fort séduite: la dénormalisation. Ca fait 60 ans qu’on vit dans un environnement où la cigarette fait partie du quotidien sans que ça ne gêne personne. Et si on a pu la banaliser ainsi c’est grâce aux efforts des cigarettiers qui ont inondé le cinéma, la télévision…» L’idée, explique la ministre, est donc de faire réagir les jeunes en leur faisant comprendre que la banalisation de la cigarette est le résultat d’un lobbying industriel de très longue haleine. Autrement dit, les cigarettiers les prennent, tout simplement, pour des imbéciles…
Avec l’aide d’associations de terrain subventionnées par la Communauté française, les écoles travaillent à un règlement d’ordre intérieur, à l’élaboration duquel tout le monde est invité à participer. «Les jeunes ont évolué, on ne peut pas les contraindre s’il n’y a pas pour eux une légitimité liée à la règle. Donc il faut vraiment discuter avec eux de cette légitimité et quand on y arrive, on peut avoir un règlement qui, soit interdit la cigarette dans certains lieux, soit l’interdit totalement. C’est vraiment le résultat d’un dialogue et d’un débat.»
Une vaste campagne de prévention du tabagisme à destination des jeunes devrait par ailleurs être lancée dans le courant de cette année.

La drogue: un risque à éviter ou à réduire

Pour Nicole Maréchal, la prévention en matière de drogues, c’est avant tout faire en sorte que les jeunes n’essaient même pas d’utiliser des produits, qu’ils soient licites ou illicites. «C’est tout un travail qui se fait de plus en plus autour de la question du comportement des jeunes à un moment charnière de la vie» , indique-t-elle. «On pourrait même aller jusqu’à, en même temps que ces questions-là, évoquer les questions de suicide, de vie affective et sexuelle… la question du bien-être en gros. Je pense que tout tourne autour de ça et avec un petit groupe d’adolescents, c’est un débat qui peut bien prendre. A partir de là, je crois qu’il y a moyen de construire des projets intéressants.» Un travail discret, de proximité, qui se déroule dans les écoles et dans les lieux où se rassemblent les jeunes.
La deuxième mission préventive, plus controversée, est celle de réduction des risques. En la matière, la position de la ministre est claire: «C’est lucidement reconnaître que de tout temps, l’être humain a cherché à modifier son état de perception ou son état de conscience et qu’il n’y a pas de raison que ça s’arrête. Ca fait sans doute partie de l’être humain aussi. Il ne suffit pas d’espérer qu’on ne les consommera pas. Certains les consomment. Et par rapport à ces personnes-là, la responsabilité d’un ministre de la santé, ce n’est pas de les considérer comme des justiciables, mais bien comme des citoyens dont la santé est menacée. Or il y a toute une série de comportements qui diminuent les risques. Je crois très fort à cette approche-là parce qu’elle est pragmatique, franche, honnête. Elle n’est pas hypocrite et lâche.»
Au cœur de cette controverse, les opérations de ‘testing’ des pilules d’ecstasy, lors de concerts, rave party ou dans les mégadancings du Tournaisis, considérées par certains comme apportant un label de qualité à un produit potentiellement dangereux. Aujourd’hui, ce projet a fait ses preuves et est considéré à la cellule ‘drogues’ comme un projet pilote, affirme Nicole Maréchal. Par ailleurs, un travail de grande proximité est également effectué auprès d’un public très ciblé. Des brochures sur différents produits (héroïne, cocaïne…) ont été créées afin de servir de base de discussion entre les utilisateurs et les travailleurs de terrain.

Police à l’école, à chacun ses ‘maux’

Face aux problèmes de drogue, il n’est plus rare de croiser au détour d’un couloir d’école, un policier venu ‘prévenir’ de certains dangers. «Tout le monde fait de la prévention aujourd’hui. C’est la tarte à la crème totale» , s’exclame Nicole Maréchal. «Je trouve que la police a un rôle légitime à jouer dans un état de droit, elle est utile et nécessaire, mais il faudrait qu’on n’utilise pas tous les mêmes mots parce qu’ils ne veulent pas dire la même chose. Je trouverais plus utile que la police dise qu’elle fait de la dissuasion. La dissuasion, c’est du court terme, c’est empêcher une action qui troublerait l’ordre public et donc là on est en plein dans la mission de la police. C’est vraiment pertinent. La prévention, elle, est à plus long terme, elle est plus lente, elle a des visées plus émancipatrices, elle fait confiance, elle n’est pas là pour réprimer ou pour empêcher, c’est une autre approche. Je trouve que sémantiquement, en utilisant des termes différents, on s’y retrouverait mieux.»
Une brochure, éditée en 2001, rappelle aux écoles que différents services de prévention des assuétudes mettent leur longue expérience à leur disposition (4).

Médecine préventive

En juillet 2003, la médecine préventive prend sa place au sein de la promotion de la santé, avec notamment la création de programmes de médecine préventive à vocation communautaire destinés à être réalisés par les médecins généralistes en collaboration avec les acteurs de terrain (ONE, PSE, pédiatres, secteur ambulatoire et services de proximité d’aide aux personnes), et sous le pilotage d’un centre de référence. «Je crois que c’était important puisqu’on avait déjà toute une série d’activités de médecine préventive, mais totalement éparses et très autonomes, chacune fonctionnant selon sa logique. Ce nouveau principe peut être utile dans le cadre de campagnes où plusieurs compétences doivent intervenir.»
Egalement prévu dans la révision du décret en 2003, le ‘plan communautaire opérationnel’ sommeille encore. Il devrait être construit dans les mois qui viennent, assure la ministre.
Le Système d’informations sanitaires, le SIS, se fait attendre lui aussi. «L’objectif de ce projet est de permettre à la Communauté française de disposer d’une bonne base de données, utilisable et enfin utilisée. Les données proviendraient de nos différents partenaires, on en a déjà énormément. Je pense à la tuberculose, à la promotion de la santé à l’école, on a maintenant le dépistage du cancer du sein… A chaque programme viendraient s’ajouter des données, mises à la disposition de tous via l’administration. Mais je n’ai malheureusement pas pu aboutir sous cette législature» , regrette Nicole Maréchal.
Les banques de données, ce n’est manifestement pas le fort de la Communauté française. Les retards en matière de statistiques de décès ne datent pas d’hier. Ils seraient dus, selon la ministre, à des problèmes techniques et de personnel. Pour combler ce vide, et repartir sur de bonnes bases, il vient d’être convenu de traiter en priorité et complètement (codage et encodage avec causes de mortalité) les années 2002 et 2003. Pour les années précédentes, on verra, en fonction du personnel… Les données actuelles sont, elles, ô miracle, traitées au fur et à mesure.

Vaccination: qualité, confort, éthique?

Avec l’apparition cette année du vaccin hexavalent (combinant 6 vaccins et permettant de protéger les enfants contre 10 maladies), mis gratuitement à la disposition des parents, c’est un travail sur la qualité de la vaccination qui vient d’aboutir, rappelle la ministre de la santé. Mais sa réflexion va plus loin: «D’ici dix ans, chaque nourrisson recevra 15 doses de vaccins sur un an. Je pense qu’à un moment, on doit quand même se poser la question de l’effet à long terme de ces combinaisons vaccinales.» Elle voit par ailleurs dans cette évolution de la vaccination une «course au risque zéro» .
«On imagine qu’on pourrait répondre à tout par un vaccin. Etre malade ça fait aussi malheureusement partie de la vie. Je ne suis pas anti vaccin du tout, la preuve. J’ai vraiment fait de gros efforts dans cette matière-là. Mais je pense qu’il faut aussi avoir une réflexion éthique et stratégique face aux lobbies pharmaceutiques. Les pouvoirs publics ne doivent pas être dupes. Et c’est au ministre de la santé d’initier cette réflexion.»

Sida englobé mais pas oublié

Le sida est un secteur qui a été choyé durant quelques années, rappelle la ministre. Avec la disparition de l’Agence de prévention du sida, il a fallu le restructurer et l’intégrer dans le cadre plus global de la promotion de la santé. Le sida est un risque parmi d’autres maladies sexuellement transmissibles; une approche de la vie sexuelle et affective ne doit pas se limiter aux risques encourus. «Chacun a à gagner d’une approche plus globalisante» , estime Nicole Maréchal.
La preuve vient d’en être donnée au travers de la conférence de lutte contre le sida qui vient tout juste de se dérouler et qui rassemblait tous les niveaux de pouvoir et tous les publics concernés. Nous vous en reparlerons dans les prochaines éditions.
La preuve devrait encore en être donnée au travers d’un projet pilote de sensibilisation à la vie affective et sexuelle à l’école, prévu à la prochaine rentrée scolaire. «Le sida sera un des points abordés évidemment, l’homosexualité aussi mais pas seulement. L’idée est que chaque enfant, dès l’école primaire et avec des approches adaptées à chaque âge, ait accès à des moments où on évoque la vie affective et sexuelle. Je crois qu’on peut très tôt parler de ce qu’est un corps, ce qui distingue un homme d’une femme, ce qui fait que parfois on voit deux hommes marcher main dans la main dans la rue, on peut expliquer comment faire respecter son corps, comment le protéger, comment respecter les autres… Et on peut ainsi évoluer jusqu’à aborder des problèmes plus techniques, les MST, le sida.»
Une approche qui existe déjà dans une école primaire sur deux et dans près de 80% des écoles du secondaire mais qui reste quasiment absente dans l’enseignement professionnel, explique la ministre qui se base sur une étude effectuée à sa demande par l’ULB. Or c’est au sein de cette population qu’on retrouve le plus de conduites sexuelles à risque ou de relations sexuelles précoces.
S’inspirant d’une expérience réalisée à Genève, Nicole Maréchal a donc mis autour de la table les acteurs de terrain concernés (professionnels PSE, plannings familiaux, PMS) et décidé de lancer ce projet dans lequel il est prévu que chaque établissement qui le souhaite passe une convention avec une équipe professionnelle agréée qui se rend alors dans les classes, deux fois en primaire, deux fois en secondaire (2 x 4h). «A Genève – où les enfants ne sont pas devenus pour autant des pervers sexuels ou des homosexuels! – ça se passe très bien. Ils constatent une baisse de l’incidence du sida et une baisse du nombre de grossesses non désirées et d’interruptions volontaires de grossesse chez les jeunes femmes. Ce qui me paraît déjà être de bons indices.» Dans un premier temps, une cinquantaine de classes seront choisies. «Là, on lance un projet pilote. Ce que j’espère, c’est que dans deux ans on travaillera un projet de décret pour rendre cette expérience accessible à tout élève.»

Un bilan positif

«Je suis vraiment très contente d’avoir travaillé de manière cohérente à une approche promotion de la santé généralisée» , conclut Nicole Maréchal. «Je me dis en tout cas qu’on laisse derrière nous un secteur qui est remis en ordre de marche, qui a des lignes de conduite, des balises pour bien avancer, une administration renforcée mais pas assez de moyens. Nous sommes dans une logique qui est en train de montrer ses limites. Elle a été intéressante pendant plus d’un siècle, elle a permis d’avoir un état de santé publique générale plutôt bon et c’est bien. Mais la santé ne se limite pas aux soins de santé. Une des approches pour arrêter l’emballement des coûts des soins de santé, c’est la prévention.»
Des regrets? «Ne pas avoir pu aller jusqu’au bout de certains projets, comme la conférence communautaire. Tout ce qui n’a pas pu aboutir évidemment c’est toujours une insatisfaction.» Reste à espérer que les nombreuses balles lancées depuis cinq ans seront attrapées au bond.
Myriam Marchand
(1) Voir ‘Le ‘nouveau’ Conseil supérieur de promotion de la santé’ , par Christian De Bock, dans Education Santé n°189, avril 2004, pp. 15-16.
(2) Le Plan national d’action environnement-santé (National Environment and Health Action Plan – NEHAP) a comme objectif de remplir les engagements de la Belgique vis-à-vis de la communauté internationale, en particulier l’Organisation mondiale de la santé, mais aussi et surtout de présenter l’état de la question au sein de l’Etat fédéral belge et de rassembler un maximum d’informations pour tous les acteurs concernés. Vous trouverez le plan sur le site https://www.fanc.fgov.be/fr/news_nehap_2003.htm .
(3) PIRARD A-M, Promotion de la santé à l’école, Ed. Labor, 2003, 96 pages.
(4) Drogues, assuétudes : quelle prévention ?, Question Santé, 2001.

Souvenirs de New-York

Le 30 Déc 20

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Impressions personnelles à l’occasion de la session spéciale de l’Assemblée générale de l’ONU consacrée au sida

Samedi 23 juin

Embarquement à Zaventem. Dans quelle galère? J’ai hésité à proposer mes services pour représenter l’administration de la Communauté française à cette grand-messe. La messe était dite avant de commencer: le projet de déclaration finale était déjà disponible sur Internet deux mois plus tôt. De plus, je ne suis pas un fan de voyages, encore moins un fan des Etats-Unis.
Les quelques réunions préparatoires entre les Cabinets ministériels concernés n’ont pas réveillé mon enthousiasme. On semblait se préoccuper davantage de qui allait prendre la parole que de ce qu’on avait à dire au sujet du sida. Finalement, on sait que le Ministre Boutmans (coopération au développement – gouvernement fédéral) parlera en séance plénière, tandis que Madame Maréchal (santé – gouvernement de la Communauté française) prendra part à une table ronde sur le thème du financement et de la coopération. Mais, à l’heure du départ, les textes ne sont pas prêts.
Ma voisine dans l’avion va aussi à l’ONU. Infirmière en Tanzanie, elle représentante une ONG locale. Elle a déjà passé la nuit précédente en vol. Elle a perdu l’adresse de l’endroit où elle pensait pouvoir loger à New York. Cela me ramène un peu les pieds sur terre.
Nicole Maréchal (qui n’arrivera que dimanche soir) a choisi elle-même l’hôtel où se retrouve la délégation de la Communauté française et les journalistes invités. Marien se révèle un guide précieux qui nous entraîne dans une première promenade découverte dans le damier des rues et avenues de Big Apple. On a déjà presque tout vu au cinéma ou à la TV, mais c’est quand même autre chose. Je ne dirai pas que c’est beau, mais je dois avouer que c’est impressionnant.

Dimanche 24 juin

Une conférence de presse à la Mission belge (l’ambassade de la Belgique auprès de l’ONU) nous permet de faire connaissance avec le reste de la délégation: la Princesse Astrid, l’Ambassadeur, le Ministre Boutmans, les représentants de la Communauté flamande. Avec les experts, cela fait une vingtaine de personnes.
Notre négociateur nous informe de ce que la déclaration finale fait encore l’objet d’âpres discussions. Un point hautement symbolique sera débattu jusqu’à la dernière minute: un groupe de pays – principalement islamiques durs – refusent une énumération descriptive des populations les plus vulnérables parmi lesquelles on mentionne notamment les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, ceux qui ont des partenaires sexuels multiples, les travailleurs du sexe et leurs clients.
A première vue, ce refus semble hypocrite. Relativisons cependant: il y a dix ans, nous hésitions à désigner explicitement ces groupes, sous prétexte d’éviter leur stigmatisation. A la même époque, je n’aurais sans doute même pas imaginé écrire dans la présente publication les termes de pénétration anale, cunilingus ou fellation. D’autre part, un homosexuel américain n’est évidemment pas plus vulnérable qu’une femme d’Afrique centrale! Si cette concession a permis une plus grande fermeté sur le chapitre des droits de l’homme – en l’occurrence surtout les droits de la femme – je ne m’en plaindrai pas.
Le hasard du calendrier veut que, ce dimanche après-midi, la Gay Pride défile à travers Manhattan. Ce n’est pas le moment d’aller s’enfermer dans les musées. C’est dans la rue (plus précisément la 5ème avenue) que ça se passe et qu’il y a des choses à voir. J’y vais en curieux, m’attendant à n’assister qu’à un carnaval de folles exhibitionnistes.
Il n’en manque pas, en effet. Mais il y a aussi: les associations et centres locaux de soutien et d’entraide pour les séropositifs et les malades du sida, les centres de santé communautaires («pride = health»), les parents et amis de lesbiennes et de gays («We love our children»), de nombreuses églises chrétiennes et autres groupes religieux («This is the Lord’s doing and it is marvelous in our eyes», psaume 118:23), des candidats aux prochaines élections municipales (gays ans lesbians independant democrats), le bus des homosexuels âgés («Senior action in a gay environment – One family, all ages»), les enseignants gays et lesbiennes, les policiers new-yorkais gays et lesbiennes (plus d’une centaine) et même les juges gays et lesbiennes, et bien d’autres… Ils sont sept mille participants dans une centaine de groupes! Tous semblent vouloir se montrer heureux et fiers d’être comme ils sont. Dans une ambiance de carnaval bon enfant. C’est à la fois amusant et émouvant. Impression dominante: dignité.

Lundi 25 juin

Il faut se lever tôt: un «point presse» pour la Communauté française est convoqué à 8 heures.
A 9 heures, ouverture de la session spéciale. Même si la grande salle est un peu vieillotte, si un écouteur sur deux est fichu, c’est réellement très impressionnant. Plusieurs Etats sont représentés à un très haut niveau: nous sommes assis à cinq mètres de Colin Powell (on a échappé à G.W. Bush) !
Plus sérieusement, on ose enfin croire que les «grands» on compris que de nombreux pays sont décimés (au sens premier du terme) par le sida et qu’il est grand temps de réagir.
Pendant trois jours les représentants de tous les pays et de diverses ONG vont se succéder à la tribune, devant une salle souvent clairsemée. Comme toujours, évidemment, ce n’est pas à la tribune que «cela se passe…»
A 11 heures, retour à la délégation belge: réunion de coordination sur l’intervention de la Belgique. Le climat est beaucoup plus positif que lors des réunions préparatoires. Heureusement, sur le fond, il n’y a aucune divergence de vue. Les ministres se montrent très ouverts aux petites améliorations qu’apportent les «experts» de la délégation au projet qui a été préparé par les Cabinets.
Retour à l’A.G. Un sérieux incident retarde la succession des discours. Il faut savoir que, parallèlement à l’Assemblée générale, se succèdent quatre tables rondes thématiques. Au cours des réunions préparatoires, à l’initiative des pays islamiques (encore eux!), la participation d’une association de défense des droits de l’homme des gays et lesbiennes à la table ronde «sida et droits de l’homme» a été rejetée. Une motion d’ordre adoptée à la majorité autorise cette participation. S’ensuit un long débat de procédurier…
Les discours prennent du retard. Le Ministre Boutmans ne passera finalement qu’après neuf heures du soir, devant une salle où ne se trouvent que les délégations des cinq ou six derniers intervenants…

Mardi 26 juin

Je craignais de devoir passer trois jours à écouter la litanie des discours qui, il faut bien le dire, se suivent et se ressemblent.
En fait, en plus des quelques réunions «obligatoires» à la Mission belge (sans oublier le lunch offert par l’ambassadeur), les possibilités sont assez variées. L’Assemblée générale peut être suivie dans la salle ou en vidéo (écran géant). Les tables rondes sont réservées aux représentants inscrits, mais peuvent aussi être suivies en vidéo. De nombreux «groupes de discussion» sur des thèmes divers se tiennent également.
Il y a évidemment le bar où Maureen et François retrouvent des représentants d’ONG qu’ils connaissent dans le cadre de programmes européens et de projets de coopération. Ainsi, par exemple, Maureen nous présente Maman Aline, présidente de l’association des femmes séropositives de Kinshasa, qui nous demande des nouvelles d’Isabelle, qu’elle a rencontré lors du tournage du film «Sida d’ici et de là-bas». Nous ne pouvons malheureusement que lui apprendre le récent décès d’Isabelle.
Il y a aussi les rencontres bilatérales entre délégations où notre Ministre se fait accompagner par l’un ou l’autre de ses experts. Une réunion avec les congolais pourrait trouver un prolongement en termes de coopération dans le domaine de la formation.

Mercredi 27 juin

Les navettes entre l’hôtel et le siège de l’ONU (à pied le matin, en taxi le soir), les breakfasts et les repas du soir sont des occasions de détente ainsi que d’échanges amicaux tant que professionnels au sein de notre délégation. Pour ceux qui en auraient douté, la volonté de Nicole Maréchal de participer à cette session spéciale témoigne de son intérêt pour la problématique du sida et nous trouvons l’occasion de la sensibiliser à quelques petits problèmes de notre secteur sida en Communauté française. Très petits problèmes évidemment, comparés à l’enjeu de cette session…

A mes yeux, cet enjeu est la mobilisation mondiale qui doit se concrétiser en espèces sonnantes et trébuchantes par la constitution du Fonds international sida et santé qui devrait réunir quelque 10 milliards de dollars par an. L’écho de l’annonce des premières contributions permet un certain optimisme.
La table ronde «financement et coopération» à laquelle participe la Belgique soulève bien quelques questions pertinentes au sujet de ce fonds (par qui sera-t-il géré? où siégera-t-il?), mais les réponses ne sont pas à l’ordre du jour.
Les négociations ont finalement débouché sur un texte de compromis qui sera adopté par consensus. Jusqu’à la dernière minute, on a redouté qu’un pays demande un vote et s’abstienne, ce qui aurait constitué une vilaine fausse note. Aux applaudissements succède la minute de silence finale. Excusez la répétition: c’est impressionnant.
Vu l’heure tardive, il faut renoncer au restaurant où voulait nous inviter Nicole Maréchal. Heureux et fatigués, on improvise une autre solution et nous passons une excellente soirée conviviale.

Jeudi 28 juin

Marre du bruit et de la foule. J’annule le petit programme touristique élaboré à l’aide de mon «Guide du Routard» et je m’embarque sur le ferry pour Staten Island. Je passe une bonne partie de la journée dans le calme du jardin botanique et notamment dans son merveilleux jardin chinois.

Vendredi 29 juin

En m’endormant dans l’avion qui me ramène à Bruxelles, je fais mon petit bilan. Que retiendrai-je de tout cela? La dignité de la Gay Pride? L’ambiance surprenante du Machin ONU où je n’avais jamais imaginé mettre les pieds et où j’ai assisté à l’accouchement de ce fonds qui pourrait être le commencement de la fin pour le sida? L’excellent climat au sein de la délégation, où j’ai apprécié la complicité amicale tout autant que la compétence professionnelle? Une seule chose est sûre: New York, ce n’est pas encore les Etats-Unis… Peut-être y reviendrai-je en pur touriste… «Mesdames et Messieurs, dans un quart d’heure, nous atterrissons à Bruxelles… La température au sol est de…»
Jacques Henkinbrant

(1) Marien Faure est le spécialiste ONU du CGRI
(2) «Fierté = santé»
(3) «Nous aimons nos enfants»
(4) «C’est l’œuvre du Seigneur, et elle est admirable à nos yeux», psaume 118:23
(5) Maureen Louhenapessy et François Delor représentent le Conseil consultatif de la prévention du sida au sein de la délégation.
(6) Ancienne présidente d’Act Up Bruxelles.
(7) Staten Island est une des îles que font partie de la ville de New York. Elle contraste avec Manhattan par de nombreux aspects. C’est presque la campagne…

De l’Assemblée générale de l’ONU sur le sida

Le 30 Déc 20

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Impossible de ne pas parler dans Education Santé de cet événement exceptionnel que constitue cette session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU sur le sida. Mais comment un novice dans la problématique des relations internationales pourrait-il vous aider à décrypter un tel événement? Car, à l’ONU, tout est codé. Ce qu’on peut voir et entendre n’est que la pointe de l’iceberg.
A la tribune, pas de débat, mais une succession de monologues suivant un ordre réglé comme du papier à musique (à part quelques incidents, comme nous le verrons). Après trois jours, comme par miracle, on distribue une «draft resolution», un projet de résolution, adopté sans vote, par consensus.
En fait, pendant que les orateurs défilent à la tribune, des discussions serrées, commencées lors de réunions préliminaires se poursuivent dans les coulisses jusqu’à la dernière minute.
Impossible de publier ici ce document (il fait 15 pages!). Tout aussi impossible de le résumer ou de citer les passages importants, car ce qui est anodin pour certains pays est capital pour d’autres. Les amateurs pourront en faire l’exégèse et mesurer le chemin parcouru en remontant à une des premières versions (11 mai 2001) qui se trouve également sur le site.
L’essentiel à mes yeux est que ce document constitue une déclaration de guerre mondiale contre le sida qui se concrétise par la création d’un fonds mondial. Si je dois choisir un paragraphe (sur 103!) je retiendrai donc celui-ci:
80. D’ici à 2005, par paliers progressifs, atteindre un objectif global de dépenses annuelles contre l’épidémie situé entre 7 et 10 milliards de dollars, dans les pays à bas et moyens revenus et les pays qui connaissent ou risquent de connaître une rapide expansion de la maladie, pour la prévention, les soins, le traitement, le soutien et la diminution de l’impact du VIH/sida, et prendre les mesures pour assurer que les ressources nécessaires soient disponibles, particulièrement de la part de pays donateurs mais aussi dans le cadre des budgets nationaux, en gardant à l’esprit que les ressources des pays les plus touchés sont sérieusement limitées.
Chaque mot a été pesé et discuté. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer le même paragraphe dans la version initiale: Accroître les dépenses annuelles en faveur des activités de lutte contre le VIH/sida pour atteindre un objectif global de 10 milliards de dollars par an d’ici 2010.
A défaut de pouvoir vous aider à décoder efficacement ce document, j’ai préféré vous livrer un point de vue plus naïf et purement subjectif sous forme de journal.
J.H.
Le texte de la déclaration finale se trouve sur le site d’Onusida https://www.unaids.org/whatsnew/others/u_special/index.html .

Mi-ange, mi-démon. Histoire d’une naissance

Le 30 Déc 20

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Dans le n°156 d’Education Santé, nous vous présentions le matériel éducatif ‘Mi-ange, mi-démon’ produit par le service Espace-Santé de la FMSS-FPS. Nous y revenons aujourd’hui pour mettre en avant le processus participatif qui a permis cette réalisation. Pour présenter cette démarche, nous avons rencontré l’équipe de pilotage du projet, Jeanne-Marie Delvaux, Hughes Ghenne et Ingrid Bawin.
Education Santé : Vous vous êtes lancés dans ce projet sur la consommation des médicaments et les jeunes, mais d’où vient cette idée?
Espace-Santé : Notre préoccupation concernant la problématique du médicament n’est pas nouvelle. Il y a déjà plusieurs années que nous l’abordons. Nous avons commencé par travailler avec des adultes avec le programme « Médicament, ami ou ennemi ». Les adultes avaient au départ peu de repères par rapport à leur consommation; le médicament était banalisé dans leur quotidien. Nous avons travaillé avec des groupes locaux dans notre région liégeoise post-industrielle. Pour ses consommations courantes, ce public était conditionné par les émissions TV, l’avis du voisin,… Nous avons commencé par travailler sous l’angle du coût des médicaments.
Des demandes de professeurs, d’éducateurs, d’infirmiers scolaires,… pour travailler cette question avec leur public jeune nous revenaient sans cesse au cours de ce programme. Il y avait donc un champ d’action à travailler. En faisant le tour de ce qui existait, on s’est rendu compte… qu’il n’existait pas grand chose et que le sentiment général des éducateurs était qu’ils se sentaient incompétents pour aborder cette question, qu’ils avaient besoin de l’aide d’un expert (ce qui pour eux voulait dire ‘un médecin’).
Education Santé : Comment avez-vous entamé ce travail?
Espace-Santé : Au point de départ, nous nous sommes référés à l’enquête « Comportements de santé des jeunes » de Promes-ULB. Nous avons rencontré des témoins privilégiés comme les promoteurs de la pièce de théâtre québécoise « Je vous ai apporté des bonbons » sur le thème de la consommation de médicaments pour un public âgé.
Ce tour de la question nous a permis d’opérationnaliser nos objectifs. Avec un public jeune, il nous fallait poser des actes clairs, simples, accessibles. Notre objectif a été de créer avec eux, dans leur milieu scolaire, une campagne d’information « support papier » sur le médicament. Cette campagne devait être diffusée d’abord en région liégeoise et ensuite à l’ensemble de la Communauté française.
Dans un deuxième temps, nous avons sélectionné des écoles. Nous avons pris les premiers contacts de mars à mai 1999. Des enseignants étaient demandeurs pour participer, ce qui a été un gage de réussite. Nous nous sommes donc engagés avec ces relais dans une démarche participative, dans une logique de projet pour travailler ensemble. En septembre, nous avons pu démarrer avec cinq groupes d’élèves dans trois écoles. Au préalable, nous avions rencontré les enseignants pour mieux appréhender les réalités et pratiques de chaque groupe.
Au départ, il y avait parfois une certaine réticence: beaucoup d’intervenants extérieurs viennent dans les écoles et commencent quelque chose mais les élèves ne voient pas ce qui aboutit. Ils sont dans l’immédiateté et ont besoin de voir des résultats concrets. Pour éviter de reproduire cela, nous nous sommes engagés à réaliser avec eux l’ensemble du processus sur une période relativement courte: de novembre à juin, pour rester en cohérence avec l’année scolaire et le rythme des élèves.

Quelques phrases, quelques représentations sur le médicament

Un médicament, c’est…
‘ça peut être des cachets… des pilules…’
‘non, une pommade, ça se met sur la peau alors c’est pas un médicament.’
Le médicament agit sur…
‘Le cachet va à la douleur, où ça fait mal.’
‘Ça dépend où on a mal… le médicament y va.’
‘Pourquoi posez-vous cette question, car sur la notice c’est marqué pour la tête… Pourquoi voulez-vous que cela agisse autre part?’
Un médicament, c’est banal…
‘Moi, j’aime bien les médicaments… je prends les aspirines comme cela… j’aime bien… c’est bon.’
‘Moi aussi… je prends une aspirine comme cela je suis relaxée.’
Les médicaments et la santé…
‘Quand on a quelque chose… c’est bon… car ça agit sur quelque chose…’
‘Ça peut être bon quand on a mal quelque part…ça peut être mauvais quand on en n’a pas besoin…’
‘Lorsqu’on n’a rien ça peut être mauvais.’
J’en prends, j’en prends pas…
‘Moi quand j’ai mal la tête… quand je suis indisposée… j’ai la quoi… j’attends que ça passe… sinon je prends un médicament…’
‘Au moindre problème… elles prennent…Aïe… j’ai mal la tête et hop… un médicament.’
‘Moi je connais une qui dès qu’elle se lève prend un Dafalgan car elle a mal la tête.’
Et les parents?
‘Oui ma mère dès qu’elle a mal au ventre elle en prend direct… elle…’
‘Papa… il prend des médicaments pour l’estomac.’
‘Ils en prennent mais pas beaucoup… ma mère pour dormir…’
extrait de l’analyse de contenu des entretiens de groupe ‘Médicament, je décide!’

Un processus participatif

Education Santé : Quelle a été votre méthode de travail?
Espace-Santé : Nous avons opté au niveau méthodologique pour une investigation participative à volonté productive. Concrètement, cela s’est traduit par les étapes suivantes:
– avant la première animation, nous avions demandé aux jeunes de compléter un questionnaire écrit pour pouvoir déjà récolter des informations sur leurs représentations, leurs pratiques autour du médicament;
– la première animation a permis aux jeunes de parler du médicament, de leur vécu, de prendre conscience de leurs pratiques de médication, des différences entre eux,…
– la deuxième séance a permis de travailler ensemble les informations qui avaient été échangées lors de la première séance, de renforcer leurs compétences en la matière. Deux éléments principaux ressortaient de la première séance: le médicament était banalisé et l’imprégnation de l’ensemble de l’organisme par la substance médicamenteuse était complètement ignorée, sous-évaluée;
– lors de la troisième animation, nous avons présenté l’idée-clé qui se dégageait des séances précédentes pour partager une même base de travail: « Tout produit qui entre dans le corps peut faire du bien et du tort ». Nous avons proposé un questionnaire « vrai-faux » pour voir si l’idée-clé était bien comprise. A partir de cette idée-clé et des messages principaux, nous avons proposé aux jeunes une phase de créativité pour choisir les supports de la campagne;
– chaque sous-groupe a choisi un message et un support. Les jeunes ont alors avec l’aide du responsable ‘slogan’, traduit le message dans leurs mots à eux pour aboutir au slogan final. Le dessinateur a également travaillé avec eux pour le choix de l’illustration, de la mise en page, de la couleur,… tout a été travaillé avec les jeunes;
– les projets ainsi produits ont été testés auprès de quelque 200 jeunes dans d’autres écoles;
– le tout s’est clôturé en juin par une rencontre réunissant tous les jeunes et professionnels ayant participé au processus. Ils ont ainsi pu prendre connaissance du travail effectué par chaque groupe et participer au lancement de « leur » campagne.

Quelle place pour les professionnels?

Education Santé : Comment définiriez-vous votre rôle, votre apport professionnel dans ce processus?
Espace-Santé : Sur le terrain, nous étions deux: Hugues Ghenne, animateur en promotion de la santé aux FPS et Ingrid Bawin, stagiaire assistante sociale. Notre cadre de travail, notre objectif étaient clairement définis mais notre champ d’intervention était modulable. Nous avons suscité le plus possible une intégration du travail dans les pratiques des enseignants. Nous avons apporté un dossier, avec des hypothèses à travailler avec les jeunes. Nous avons animé, proposé des méthodes. Au total, chacun a apporté ses zones de compétences, jeunes, enseignants (de français, dessin, morale et étude du milieu), animateurs, graphiste.
Aux étapes de conception du matériel, les intervenants spécialisés pour la conception du slogan ou l’illustration et la mise en page ont également rencontré les jeunes pour leur soumettre leurs avant-projets et rencontrer les attentes des jeunes. C’est un des groupes de jeunes qui a trouvé le slogan « mi-ange, mi-démon » et qui a réalisé la base du dessin. Cela a eu un impact très important sur le produit final pour qu’il reste en phase avec les jeunes qui étaient au départ du projet. Sans cette rencontre, cette confrontation, le résultat aurait été lamentable: les jeunes ne se seraient pas retrouvés dans le résultat final et se seraient sentis dépossédés.
Pour nous animateurs, cela a mis en mouvement toute une émotion, un engagement affectif dans le travail avec les jeunes.

Et pour les jeunes?

Education Santé : Quelles ont été les réactions des jeunes au cours du projet?
Espace-Santé : Nous avons travaillé avec plusieurs groupes dans des écoles professionnelles; les jeunes que nous avons rencontrés, étaient souvent en difficulté avec le milieu scolaire. Au début, ils ne tenaient pas assis. Ils avaient une consommation réflexe et inadéquate du médicament: problème de grossesse non désirée, mise sous tranquillisants,…
Dans ce projet, nous avons voulu coller à leur réalité, là où ils sont. Partir de l’expression de leur vécu. A chaque fois, nous avons commencé par dégager leurs zones de compétence. Ils ont pu ainsi évoluer et faire évoluer le projet. La rencontre en juin leur a donné l’occasion de mettre en valeur leur apport, leur participation. C’était et c’est toujours leur campagne.

La suite…

Education Santé : Et maintenant, quel est l’avenir du projet?
Espace-Santé : Pour la diffusion tout d’abord, nous travaillons avec les centres locaux de promotion de la santé et les mutualités socialistes régionales. Nous proposons une séance de formation à l’utilisation du matériel. Nous avons édité 1.500 dossiers pédagogiques, 20.000 dépliants pour les jeunes, 5.000 exemplaires du gadget ainsi que des schémas du cheminement du médicament dans le corps.
Nous poursuivons également l’évaluation du projet: nous avions réalisé une évaluation préalable (des besoins, de la problématique). En ce qui concerne le processus, nous suivons toujours l’évolution pour l’évaluer également. Pour ce faire, nous avions mis en place dès le départ, un carnet de bord: c’est la mémoire du groupe qui permet de fixer les étapes, de voir le cheminement, prendre du recul, et travailler ce matériel en supervision. Le contenu des documents nous prouvent que les jeunes ont compris le message. Ils l’ont exprimé vers d’autres dans une émission radio.
Nous avons encore à évaluer les effets de cette campagne. Mais nous savons par d’autres évaluations, que l’idée la plus difficile à déloger est que le médicament n’est pas un produit magique.
Propos recueillis par Bernadette Taeymans

Mi-ange, mi-démon

Cette campagne de communication subventionnée par la Communauté française, vise à ‘débanaliser’ la consommation et le ‘réflexe’ médicament. Elle s’adresse aux jeunes. Les messages de l’outil sont simples, précis et attractifs pour faciliter leur appropriation et leur diffusion. Elle comprend:
– un mini-dossier qui fournit aux éducateurs des pistes d’animation pour sensibiliser les jeunes à la problématique;
– des supports visuels pour renforcer les messages: une affiche, une série de trois cartes postales, un autocollant, un dépliant d’information, des schémas et un gadget.
La pochette et les différents outils de la campagne sont disponibles gratuitement dans toute la Communauté française.
Espace Santé, rue Douffet 36, 4020 Liège, tél.: 04-341 63 31, mél: espace.sante@euronet.be.
Pour faciliter l’accès à l’information, un site est en cours d’élaboration. Il permet déjà au relais de terrain de découvrir aisément la matière, de commander gratuitement les outils ou de puiser certaines informations. Adresse: https://www.espacesante.be

Cannabis: fin de l’hypocrisie?

Le 30 Déc 20

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Le 23 janvier dernier, le gouvernement fédéral publiait une importante note politique relative à la problématique de la drogue. Le moins qu’on puisse dire est que cette initiative a fait grand bruit, en Belgique et même à l’étranger. Beaucoup en ont retenu un peu rapidement qu’il s’agissait de dépénaliser purement et simplement l’usage du cannabis, alors que le gouvernement entend développer une approche globale et intégrée du problème, sans se limiter aux drogues illégales.
Une chose est certaine: si le but était de mettre ce sujet une fois de plus à l’agenda, c’est très réussi, et un débat animé en est aujourd’hui la conséquence, qui confronte de nombreux points de vue souvent estimables même s’ils sont contradictoires.
Le message principal à retenir aujourd’hui, c’est qu’une nouvelle politique en la matière nécessite des modifications de notre législation en matière de toxicomanie, et que cela prendra encore de nombreux mois.
Cela dit, comme vous le constaterez, on actera avec intérêt le souci de collaboration avec les communautés, compétentes en matière de prévention, par la création d’une Cellule Drogues regroupant les niveaux de pouvoir concernés, et l’annonce du dégagement d’un budget fédéral de 500 millions de francs (12,4 millions d’euros) pour la prévention et la dispensation des soins plutôt que pour la répression des trafics.
Les informations ci-dessous sont extraites d’un document (à paraître au moment où nous rédigeons ces lignes) du Ministère de la Santé publique, qui tient compte des nombreuses réactions suscitées par l’initiative gouvernementale et collectées notamment par Infor-Drogues.

Quelles sont les bases de la nouvelle politique du gouvernement fédéral en matière de drogue?

Le gouvernement fédéral estime que la toxicomanie, problématique multidimensionnelle et complexe, est avant tout un problème de santé publique.
Les principaux objectifs de cette politique découlent de cette position de principe:
-réduire le nombre de consommateurs de drogue;
-diminuer les dommages physiques et psychosociaux dus à l’abus de drogue;
-réduire les conséquences négatives pour la société du phénomène de la drogue.
Pour atteindre ces objectifs, le Gouvernement mènera une politique articulée autour de trois axes .
Mieux vaut prévenir que guérir . Un premier objectif consiste donc à dissuader de consommer des drogues, qu’elles soient légales ou illégales. Le but essentiel de la nouvelle politique en matière de drogue est de prévenir et de limiter les risques pour les usagers, pour leur environnement proche et pour la société en général. Une attention particulière sera accordée aux jeunes pour éviter qu’ils ne fassent l’expérience des drogues légales et illégales à un âge de plus en plus précoce et afin de leur apprendre à adopter une attitude réfléchie à l’égard des substances visées.
Une assistance adéquate en cas d’usage problématique . L’assistance, c’est-à-dire l’aide fournie au consommateur, aura la priorité sur des sanctions éventuelles. La dépendance vis-à-vis d’une drogue n’excuse pas un comportement criminel mais les toxicomanes seront, autant que possible, orientés vers l’assistance. Dans tous les cas, on évitera que des usagers de drogue n’ayant commis aucun délit ne se retrouvent en prison.
La réduction des nuisances pour l’environnement proche et pour la société dans son ensemble . La lutte contre le trafic de drogue et les organisations criminelles impliquées dans ce trafic doit être organisée de manière plus performante.

Mieux mesurer le phénomène et l’impact de la politique suivie

La Belgique ne dispose pas de suffisamment de données précises sur la consommation de drogues légales et illégales. C’est la raison pour laquelle un Observatoire belge des drogues et des toxicomanies verra le jour. Celui-ci aura pour mission de collecter et d’analyser l’ensemble des données sur les drogues et la toxicomanie, et de mesurer les effets des différentes décisions politiques. L’idée est de renforcer le travail réalisé actuellement par le Point focal belge, auquel les communautés apportent une contribution non négligeable.
L’usage de drogues et d’autres produits psycho-actifs sera également analysé dans le cadre de l’Enquête de santé par interview en 2001 afin de disposer d’une image plus précise de la consommation de drogues au sein de notre population.

Ne pas se limiter aux drogues illégales

Traditionnellement, lorsqu’on parle de drogues, on constate que l’on se préoccupe avant tout des drogues illégales. Pourtant, la consommation de drogues légales comme le tabac et l’alcool occasionne encore et toujours bien plus de problèmes de santé et de bien-être que l’usage de drogues illégales.
Même si nous ne possédons pas de données précises sur la consommation de drogue en Belgique, toutes les enquêtes vont dans le sens d’un usage croissant de drogues légales et illégales par les jeunes.
Selon des données récentes, un tiers des jeunes ont fumé au cours de l’année dernière, les trois quarts ont consommé de l’alcool, les deux tiers ont pris des médicaments et un sixième ont eu recours aux drogues illégales.

La loi change (peut-être) demain

On n’insistera jamais assez sur le fait que la nouvelle politique en matière de drogue nécessite des modifications à la législation belge qui prendront au mieux de nombreux mois. Le gouvernement l’a dit, mais les media n’ont peut-être pas assez insisté sur cet aspect importantissime du dossier.
La volonté affichée par les autorités fédérales se traduira-t-elle réellement dans les faits? Les vieux démons sécuritaires ne referont-ils pas surface après la présidence belge?
Suite dans un prochain numéro!

Pour l’alcool et le tabac, les taux de consommation augmentent le plus fortement entre 13 et 14 ans; pour les drogues illégales, cette augmentation se produit entre 15 et 16 ans. La consommation de médicaments croît régulièrement avec l’âge.
Ces données reflètent la banalisation de la consommation d’alcool dans notre société. Les jeunes commencent très tôt à boire de l’alcool. A l’âge de 12 ans, un jeune sur dix consomme des boissons fortes ou des alcopops (boissons mixtes composées d’un mélange de boisson forte et de limonades, comme par exemple le Bacardi Breezer). De nombreux jeunes de 17 ans sont des consommateurs de bière plutôt réguliers qu’occasionnels. Après la bière, les alcopops sont les boissons le plus fréquemment consommées à tout âge.
L’usage de médicaments est, lui aussi, très répandu. Les analgésiques sont très populaires. Les jeunes commencent très tôt à prendre ces produits et l’usage augmente avec l’âge. Les calmants et excitants sont utilisés plus souvent que les somnifères ou les produits amaigrissants. Il faut remarquer que la consommation de ces produits débute dès 12 à 13 ans.
Parmi les drogues illégales, le cannabis est la substance la plus populaire. Non seulement les jeunes sont nettement plus nombreux à consommer du cannabis que d’autres drogues illégales (le pourcentage de jeunes augmente ici plus fortement avec l’âge), mais de plus, la consommation est plus fréquente et débute plus tôt que pour les autres drogues illégales. 2% des jeunes de 13 ans consomment du cannabis contre 35% à 18 ans. Pour l’ecstasy, la consommation touche 1 à 2% des jeunes de 14 ans et atteint 8% des jeunes de 18 ans; pour la cocaïne, les chiffres sont de 1% à 15 ans et 4% à 18 ans.
La consommation de drogues illégales augmente surtout entre le premier et le second degré du secondaire. Mais, dans l’ensemble du secondaire, il apparaît que les jeunes pratiquent le plus souvent un usage occasionnel: le rapport est d’environ un tiers de consommateurs réguliers contre deux tiers d’usagers occasionnels.

Que propose le gouvernement sur le plan de la prévention?

Les communautés sont compétentes en matière de prévention liée à la santé. Via le Secrétariat permanent à la politique de prévention (SPPP), le Ministère de l’Intérieur accorde à 51 communes des subventions représentant un montant annuel total de 320 millions afin d’assurer la prévention de la délinquance et des nuisances publiques liées à l’usage de drogue.
Grâce à cette politique, différents types de structures ont été mises en place: des projets de coordination locale, de travail de rue; des centres de sensibilisation, d’information et d’accompagnement; des centres d’accueil et d’hébergement d’urgence; des centres permettant l’accueil, le suivi psychosocial ainsi que l’orientation des usagers de drogue; des centres de crise; les Maisons d’Accueil Socio-Sanitaire (MASS), etc.
Ces contrats évolueront sans doute plus vite que la législation, en fonction d’arbritrages au sein du gouvernement fédéral.
La Note politique du gouvernement fédéral formule une série de priorités pour ce qui est de la prévention:
-le gouvernement fédéral demande aux Communautés d’intégrer structurellement l’apprentissage de la prévention dans la formation des enseignants. Les initiatives préventives existantes dans l’enseignement doivent être développées. L’attention requise doit être accordée, non seulement aux drogues illégales, mais aussi à l’abus d’alcool et de médicaments;
-en collaboration avec les communautés et les régions, le gouvernement fédéral encouragera les communes à mettre au point une politique locale; elles pourront collaborer, à cet effet, avec les secteurs de l’enseignement, des soins de santé, de l’aide sociale et de la justice, ainsi qu’avec les organisations récréatives, les employeurs et les syndicats;
-des campagnes d’information et de sensibilisation seront consacrées aux effets des drogues (légales et illégales) sur la conduite de véhicules;
– le gouvernement fédéral prendra des mesures afin d’influencer la prescription de certains médicaments comme les somnifères et les calmants;
-le gouvernement fédéral veillera à ce que les mesures concernant le tabagisme (interdiction de fumer dans les transports en commun, dans le secteur horeca) soient effectivement appliquées. En collaboration avec les gouvernements des communautés et des régions, le gouvernement libérera aussi des moyens complémentaires pour accentuer la lutte contre le tabagisme;
-un contrôle renforcé sera organisé pour ce qui est du respect de l’âge minimal (16 ans) pour la vente de boissons alcoolisées.
Afin de mieux organiser et coordonner la prévention et l’assistance, une Cellule Drogue sera créée conformément à la proposition du groupe de travail parlementaire, en collaboration avec des représentants de tous les services compétents du gouvernement fédéral ainsi que des communautés et des régions.

Et l’assistance aux toxicomanes?

Le but du gouvernement est de mieux organiser et coordonner l’assistance et de rendre la collaboration entre l’assistance et la justice plus performante. L’assistance doit avoir pour but d’atteindre un nombre maximum de consommateurs problématiques de drogue et de leur offrir un soutien sur mesure.
De plus, tout doit être mis en œuvre pour limiter autant que possible les dommages pour l’individu et la société.
Cela signifie notamment qu’il faut éviter que des toxicomanes n’aboutissent dans le circuit de la criminalité et que des problèmes sanitaires ne s’amplifient suite à la toxicodépendance.
Une série d’initiatives seront prises en la matière:
-l’assistance aux toxicomanes sera développée par le biais des circuits de soins locaux qui offriront un éventail complet de soins. Les infrastructures locales seront regroupées dans un ‘Groupe local de Coordination Drogue’ (GLD);
-les toxicomanes ayant déjà suivi plusieurs traitements, qui ont récidivé et qui s’intègrent difficilement pourront bénéficier d’un suivi individuel;
-des projets pilotes seront lancés dans les établissements psychiatriques dans le domaine du traitement intensif de patients psychiatriques présentant, en outre, des problèmes liés à la drogue;
-il faudra disposer, d’urgence, d’une capacité accrue dans le domaine de l’accueil de crise des toxicomanes. Le but est de démarrer dans le courant de 2001 avec 20 lits et d’y ajouter 40 lits dans le courant de 2002
-un cadre légal sera mis en place pour les traitements de substitution des héroïnomanes. Mais le gouvernement ne lancera et ne financera pas d’expériences en matière de délivrance contrôlée d’héroïne;
-pour améliorer la collaboration entre la justice, la police et le secteur de l’assistance, des case managers de la justice chargés de la problématique de la drogue seront désignés dans toutes les maisons de justice. Ils devront informer les magistrats des parquets et les services de police au sujet des formules d’assistance et donner des avis sur l’opportunité de certaines mesures.

La drogue et le droit pénal

Même si le cannabis n’est pas légalisé, la police ne dressera, en principe, plus de procès-verbal nominatif lorsque des majeurs seront pris en possession d’une quantité de cannabis à usage personnel; ces derniers ne seront donc plus poursuivis. Un enregistrement anonyme par la police sera prévu, lié à un rapport mensuel au Procureur du Roi.
Il y a cependant deux exceptions, lorsqu’il y a indication d’usage problématique (un usage que l’on ne maîtrise plus) et lorsqu’il est question de nuisance publique et de consommation en présence de mineurs.
Le Gouvernement adaptera la loi sur les stupéfiants de 1921 afin que la politique de recherche et des poursuites puisse faire la distinction entre le cannabis et les autres drogues illégales afin de mieux pouvoir individualiser les mesures. Cette distinction sera concrétisée par un arrêté royal, mais il faudra attendre encore quelques mois avant que la nouvelle loi ne soit approuvée au Parlement et, entre-temps, la directive de 1998 reste en vigueur (elle accorde à la possession de petites quantités de cannabis pour l’usage personnel la priorité la plus faible dans le cadre des poursuites).

Un bon début, mais le débat est loin d’être clos

Il est intéressant de connaître l’attitude que la Communauté française peut prendre sur ce dossier dont les aspects relevant de sa compétence sont évidemment primordiaux.
Nicole Maréchal , Ministre de la Santé en Communauté française, a marqué sa satisfaction de voir qu’on commence à sortir de l’hypocrisie et de l’utopie qui viserait à l’éradication de la consommation des produits.
La reconnaissance par le pouvoir fédéral du fait que l’abus de drogues est un problème de santé publique, dans l’optique d’une politique de normalisation orientée sur la gestion des risques est une avancée décisive, qui s’inscrit dans la ligne des choix stratégiques de la Communauté française.
La dépénalisation de la consommation du cannabis est aussi un pas dans la bonne direction. La réponse, sur le plan thérapeutique plutôt que pénal, qui devrait désormais être donnée aux usagers de drogues dite dures est aussi une avancée mais beaucoup plus timide.
La Ministre regrette aussi que l’initiative fédérale se limite au champ du comportement individuel, négligeant la dimension collective de la problématique des toxicomanies.
En ce qui concerne l’accès au cannabis, dont la vente reste interdite, Nicole Maréchal se demande si les pouvoirs publics n’auraient pas intérêt à prendre en charge l’organisation et le contrôle du commerce, comme pour l’alcool et le tabac. Deux raisons plaident pour cette solution: au niveau de la santé publique, il n’y a pour l’instant pas de possibilité de contrôler la qualité des produits, ce qui ouvre la porte à des réels dangers face à des produits frelatés. Ensuite au niveau de l’ordre public, la nécessité pour les consommateurs de se fournir auprès des circuits clandestins et illégaux est souvent une occasion d’accès à d’autres produits plus dangereux.

La détention d’une quantité de cannabis qui n’est pas destinée à l’usage personnel, la détention de drogues dures et la vente de toutes les drogues illégales (y compris le cannabis) restent interdites.
La nouvelle politique belge ne diffèrera pratiquement pas de celle menée dans la plupart des autres pays européens, même si elle est formulée de manière plus explicite.
La majorité des autres pays européens accordent la priorité la plus faible en matière de poursuites à la détention de petites quantités de cannabis pour l’usage personnel ou ne poursuivent plus pour cette raison (Pays-Bas, Danemark, Allemagne, Suisse, Autriche); d’autres imposent une amende administrative (Espagne, Portugal, Italie) ou orientent les consommateurs de drogue vers l’assistance (France, Suède). La nouvelle législation belge s’inscrit dans le prolongement de cette évolution.
La réglementation ne s’applique qu’aux personnes majeures (âgées de plus de 18 ans). ‘La consommation en présence de mineurs ‘ est d’ailleurs explicitement considérée comme une ‘nuisance sociale’ et donnera lieu à un procès-verbal.
Il sera donc toujours dressé un procès-verbal lorsque des mineurs seront pris en possession de cannabis. Les parents seront toujours avisés et entendus.
‘La consommation problématique est un comportement d’usage que l’on ne maîtrise plus’. En d’autres termes, un usage régulier de drogue n’est pas nécessairement problématique. La situation socio-économique de l’utilisateur n’est plus un critère pour déterminer si une consommation est problématique ou non. La notion de ‘consommation ou usage problématique’ sera précisée davantage dans un arrêté royal et dans une directive pour la police et les parquets.
Etant donné la connotation médicale de la notion de ‘consommation problématique’, ce sont les intervenants professionnels qui détermineront quand il y a consommation problématique. Si les services de police ont des indications en ce sens, ils dresseront un procès-verbal. Ce procès-verbal sera ensuite envoyé au Procureur du Roi qui pourra demander un avis thérapeutique à l’assistance spécialisée. Le Procureur du Roi déterminera, sur la base de cet avis et en concertation avec le case manager de justice, quelle suite il conviendra de donner au procès-verbal.
Une intervention pénale à l’encontre des utilisateurs doit rester la sanction ultime.

Justice ou santé

Parmi les nombreuses réactions suscitées par la Note politique dans le milieu de la prévention, soulignons celle d’Infor-Drogues, qui s’est livrée à une lecture approfondie et critique du dossier, concernant la ‘consommation problématique’ de cannabis . Nous citons:
La notion d’usage problématique est contradictoire avec l’approche santé publique prônée par le gouvernement . En effet , s’il s’agit d’un usage qu’on ne maîtrise plus ou d’une dépendance , pourquoi faire intervenir la justice ?
C’est d’emblée punir les gens parce qu’ils ont des problèmes ou des difficultés . Autant l’ivresse est répréhensible sur la voie publique , autant le traitement de la maladie alcoolique ne relève pas de la justice .
En outre , les policiers sont moins bien placés que les thérapeutes pour diagnostiquer l’état de dépendance d’un citoyen !
Il vaut donc mieux conseiller à un ‘usager problématique’ de demander de l’aide. Il est indispensable de proposer du lien social plutôt que de l’exclusion.
Infor-Drogues rappelle avec conviction son credo: la possession de petites quantités et la consommation doivent sortir du registre pénal.

Les consommateurs problématiques de drogue qui entrent en contact avec la police et la justice doivent prioritairement être orientés vers le secteur de l’assistance. Des poursuites ne seront engagées que lorsque l’usage de drogue s’accompagne d’une situation à risque spécifique (p.ex. conduire un véhicule sous l’influence de drogue) ou d’autres délits, ainsi que lorsqu’il est question de trafic de drogue ou de production de drogue à d’autres fins que la consommation personnelle. Dans tous les autres cas, on tentera de trouver une forme adéquate d’assistance et la sanction pénale ne sera que le derniers recours.
Comme pour l’alcool, la conduite de véhicules sous l’influence de drogues illégales est également punissable. Le Ministre de la Justice a établi en décembre 2000 une circulaire et des directives à ce propos à l’intention des services de police et du ministère public. Les usagers de la route seront dorénavant contrôlés non seulement pour ce qui est de la consommation d’alcool, mais aussi de l’usage de drogues illégales.
Etant donné qu’il n’existe aucun ‘narcotest’, comparable à l’alcootest, les services de police vérifieront tout d’abord s’il y a des signes extérieurs d’usage de drogue. Si tel est le cas, ils procéderont à un prélèvement d’urine qui sera suivi, le cas échéant, par une prise de sang.
Même une petite quantité de cannabis peut avoir un effet sur la qualité des réactions dans la circulation. Une campagne d’information organisée par l’Institut belge de la sécurité routière (IBSR) informera les usagers de la route au sujet des nouvelles dispositions relatives à la conduite sous l’influence de substances diverses.

Lutte contre le trafic

Le Ministre de la Justice établira une directive fixant une série de priorités:
-la lutte contre la fabrication et le trafic des substances nécessaires à la fabrication de drogues synthétiques (comme l’ecstasy) et le trafic de ces drogues sera intensifiée;
-la lutte contre l’importation et le trafic de cocaïne et d’héroïne est poursuivie;
-les possibilités de saisie et de confiscation de drogues sont étendues.
Les informations relatives aux actions policières liées à la drogue sont centralisées par la police fédérale. A terme, le but est d’arriver à davantage de spécialisation et à une formation de base et des recyclages plus poussés de la police et de la magistrature.
La Belgique participera aussi activement à toutes les initiatives internationales organisées pour lutter contre le trafic international de drogues.
Texte établi par Christian De Bock , avec la collaboration de Paul Geerts et Philippe Bastin
La Note politique du gouvernement fédéral en matière de drogue peut être consultée sur le site Internet du Ministère de la Santé publique: https://minsoc.fgov.be , à la rubrique ‘Actualité’. Vous la trouverez également sur le site https://www.infor-drogues.be .
(1) Outre la Note politique, vous trouverez sur le site internet d’Infor-Drogues de nombreux éléments à même d’alimenter intelligemment le débat, dont notamment la circulaire du Ministre de l’Enseignement Pierre Hazette, qui rappelle quelques balises indispensables sur cette matière parfois passionnelle et ses aspects ‘scolaires’.

Pour en savoir plus

Le 18e Cahier de Prospective Jeunesse propose un dossier ‘Cannabis et dépénalisation’ qui tombe à pic.
Quelles conséquences pour les usagers? Pour les travailleurs de terrain? Pour la prévention? Quels sont les points forts et les faiblesses de la nouvelle politique fédérale en la matière? Autant de questions auxquelles une brochette de spécialistes apportent des réponses éclairées. Le tout est agrémenté de petits dessins de Jacques Van Russelt offrant un contrepoint parfois très amusant aux propos austères du document.
Au sommaire:
Aux sources de la prohibition, par Marc Valette (Projet Lama)
Interdire le bonheur? Une réflexion sur la légalisation des stupéfiants, par Didier Robin (Centre d’accueil et de traitement du Solbosch)
La politique du gouvernement: la clarté s’impose? par Christine Guillain (Juriste ULB et FUSL)
L’impact de la nouvelle politique sur la criminalité organisée liée au trafic des stupéfiants, par Stéphanie Dessambre (criminologue)
Les réactions du public: les enthousiastes et les inquiets, par Antoine Boucher (Infor-Drogues)
Dépénalisation du cannabis de part et d’autre de l’Atlantique, par Isabelle Van Pevenage (Prospective Jeunesse)
A propos du cannabis: que faire au Québec? par Line Beauchesne (Département de Criminologie de l’Université d’Ottawa).
Ce numéro coûte 250 F et peut être commandé à Prospective Jeunesse, rue Mercelis 27, 1050 Bruxelles. Tél.: 02-512 17 66. Fax: 02-513 24 02. Mél: cahiers@prospective -[L]jeunesse.be[/L].

Quelques autres documents récents

Ces ouvrages et matériels didactiques sont disponibles au centre de documentation d’Infor Santé (prendre rendez-vous au 02-246 48 51).

Un autre regard sur les drogues, Infor-Drogues, s.d.
Les services actifs en matière de toxicomanie à Bruxelles, par T. Belhouari et F. Kinna, COCOF, 1999
Belgian national report on drugs 1998, BIRN, 1999
Estimation du nombre d’usagers d’opiacés dans la Communauté française, par Y. Ledoux, C. Preumont et L. Bils, CCAD, 1999
Le cannabis expliqué aux parents, par A. Lallemand, 1999
Pour en finir avec les toxicomanies, par JP Jacques, De Boeck, 1999
Dictionnaire des drogues, par D. Richard et JL Senon, Larousse/Bordas, 1999
Boule de neige. Manuel méthodologique, par A. Goosdeel, F. Hariga, D. Theys, Modus Vivendi, 1999
Amphétamine et speed, Centre Alfa et al., 1999
Cannabis, herbe et haschisch, Centre Alfa et al., 1999
Drogues psychédéliques LSD et champignons psilocybes, Centre Alafa et al., 1999
Le shooter propre, 1er épisode, Modus Vivendi, 1999
Et vogue la galère, par C. Van Huyck, C. Vegaïrginsky, R. Bontemps, Modus Vivendi/Question Santé, 1999
Evaluation de brochures de réduction des risques, par F. Hariga et C. Hubert, Modus Vivendi, 2000
Drogues: au nom des lois, FBFIT/COCOF, 2000
Prévenir les toxicomanies, par A. Morel, Dunod, 2000
Drogues de rue, récits et styles de vie, par P. Jamoulle, De Boeck Université, 2000
Recherche-action sur les risques liés à l’usage de drogues en milieu précarisé: les campings, par F. Hariga et C. Van Huyck, Modus Vivendi, 2000
Rapport annuel sur l’état du phénomène de la drogue dans l’Union européenne 2000, OEDT, 2000
Rapport national belge sur les drogues, par P. Leurquin, L. Bils, F. Hariga, BIRN, 2000
Héroïne, cocaïne, Centre Alfa et al., 2000
Drogues et dépendances, par D. Richard, Dominos/Flammarion, 2001

Décret relatif à la promotion de la santé dans la pratique du sport, à l’interdiction du dopage et à sa prévention en Communauté française

Le 30 Déc 20

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Chapitre premier
Définitions

Article 1er

Pour l’application du présent décret, il faut entendre par:
1° Gouvernement: le Gouvernement de la Communauté française;
2° manifestation sportive: toute initiative qui permet à des personnes de pratiquer du sport;
3° entraînement sportif: toute initiative qui permet à des personnes de se préparer en vue de participer à des manifestations sportives;
4° sportif: personne qui se prépare soit individuellement, soit dans un cadre collectif en vue d’une activité sportive libre ou organisée sous forme de compétition ou de délassement, ou qui y participe;
5° cercle sportif: association de sportifs affiliés à une fédération sportive telle que définie au 6°;
6° fédération sportive: toute association de cercles sportifs qui a pour but de:
a) promouvoir une ou des activités physiques constituant une pratique sportive;
b) contribuer à l’épanouissement et au bien-être physique, psychique et social de la personne par des programmes permanents et progressifs;
c) favoriser la participation de ses membres à des activités libres ou organisées, tant sous forme de compétition que de délassement;
7° dopage: usage de substances ou application de méthodes susceptibles d’améliorer artificiellement les performances des sportifs, quelles soient ou non potentiellement dangereuses pour leur santé, ou usage de substances ou application de méthodes figurant sur la liste arrêtée par le Gouvernement en vertu de l’article 10;
8° Commission: la Commission francophone de promotion de la santé dans la pratique du sport, instituée par l’article 16 du présent décret.

Chapitre II
Prévention, suivi médical et promotion de la santé
dans la pratique du sport.

Article 2

Le Gouvernement organise des campagnes d’éducation, d’information et de prévention relatives à la promotion de la santé dans la pratique du sport, en veillant notamment à sensibiliser la population et plus particulièrement les sportifs et leur entourage, sur le respect des impératifs de santé dans ces pratiques.

Article 3

Le Gouvernement fixe les modalités de prévention et de suivi médical des sportifs, dans une optique de prévention des risques liés au sport et aux conditions d’entraînement, et de promotion d’une pratique sportive adaptée et susceptible d’améliorer la santé, en visant à la responsabilisation du sportif et l’information du médecin.

Article 4

Le Gouvernement fixe, sur avis de la Commission, un relevé des recommandations générales et contre-indications médicales liées à la pratique de chaque discipline sportive qui le requière. Ce relevé fera l’objet d’une mise à jour régulière. Ce relevé permettra au médecin d’attester de l’absence de contre-indications liées à la discipline sportive pratiquée.

Article 5

§ 1er. Le Gouvernement approuve, sur avis de la Commission, le règlement médical établi par chaque fédération sportive ainsi que ses modifications.
Le règlement médical doit au minimum inclure:
1° le relevé des recommandations générales et contre-indications spécifiques à la discipline sportive, telle que fixée à l’article 4, et la périodicité de l’examen médical auquel est soumis le sportif; l’examen médical devra attester de l’absence de contre-indications à la pratique du sport qui le concerne;
2° des dispositions visant à organiser la pratique du sport dans le respect des impératifs de santé, en fixant notamment:
a) des catégories d’âges et des conditions de pratique s’y rapportant;
b) l’information minimale à fournir aux sportifs en matière de respect des impératifs de santé spécifiques à leur discipline, ainsi que leurs propres obligations et les obligations imposées aux cercles sportifs notamment en matière d’encadrement sanitaire des jeunes sportifs;
c) les missions et responsabilités de la Commission médicale de la fédération sportive, si la fédération a créé cet organe;
d) les impératifs de santé que doivent respecter les personnes qui assistent ou encadrent, sur un plan médical, paramédical, d’une manière permanente ou non, un ou plusieurs sportifs lors d’un entraînement sportif ou d’une manifestation sportive, et les sanctions administratives ou disciplinaires prises à l’encontre de ces personnes en cas de non respect de ces obligations.
§ 2. Le Gouvernement fixe, sur avis de la Commission, un règlement médical pour chaque discipline sportive pour laquelle un règlement médical répondant aux conditions fixées par le § 1er n’a pas été établi par la fédération sportive concernée dans les douze mois de l’entrée en vigueur du présent décret ou de la création de la fédération, le cas échéant.

Article 6

Eu égard à la spécificité de certaines disciplines sportives, le Gouvernement peut, sur avis de la Commission, fixer pour celles-ci des dispenses de l’examen médical qui doit attester de l’absence de contre-indications.

Article 7

Le Gouvernement peut conclure avec les fédérations sportives et les organisations sportives internationales qui en font la demande, et avec d’autres pouvoirs publics, sur avis de la Commission, des accords de partenariat concernant la coordination de la prévention et la promotion de la santé dans la pratique du sport, ainsi que de la lutte contre le dopage.

Article 8

Le Gouvernement organise, au minimum tous les trois ans, une concertation en vue de permettre aux fédérations sportives de formuler des avis ou recommandations au Gouvernement sur tout problème relatif à son application.

Chapitre III
Interdiction et contrôle de la pratique du dopage

Article 9

La pratique du dopage est interdite à tout sportif. Il est également interdit à tout sportif de se refuser ou de s’opposer aux inspections ou à la prise d’échantillons visés à l’article 12, alinéa 1er.
Il est interdit à quiconque d’inciter des tiers à la pratique du dopage, de la faciliter, de l’organiser ou de participer à son organisation, notamment en détenant sur les lieux d’une manifestation sportive ou sur les lieux d’un entraînement sportif, en les transportant vers ceux-ci, en préparant, entreposant, cédant à titre onéreux ou à titre gratuit, offrant, administrant ou appliquant à un sportif les substances ou méthodes visées à l’article 1er, 7°.

Article 10

Le Gouvernement établit, sur avis de la Commission, la liste des substances ou méthodes défendues, visées à l’article 1er, 7°, avec indication, le cas échéant, de la dose interdite, et les modalités suivant lesquelles des sportifs atteints d’une affection chronique ou aiguë peuvent être autorisés à ingérer ou à se faire appliquer à des fins thérapeutiques une substance ou méthode prohibée.
Le Gouvernement assure la mise à jour régulière de cette liste.

Article 11

Le Gouvernement fixe, sur avis de la Commission, le mode et les conditions de la prise d’échantillons, les procédures de conservation, de transport et d’analyse des échantillons, les conditions d’agrément et de rétribution des médecins ou du personnel paramédical ou toute autre personne qui peuvent assister les officiers de police judiciaire et des laboratoires habilités à effectuer les analyses.
Le Gouvernement fixe la procédure de recours en cas de contestation des résultats de l’analyse des échantillons susvisés.

Chapitre IV
Surveillance et sanctions

Article 12

Sans préjudice des contrôles effectués par les fédérations sportives et d’autres organismes, les officiers de police judiciaire veillent à l’application des dispositions du présent décret et des arrêtés pris en exécution de celui-ci. Dans ce cadre, ils peuvent notamment, si nécessaire avec l’assistance des personnes agréées à cet effet, prélever ou faire prélever avant, pendant et après une manifestation sportive ou un entraînement sportif, en vue d’analyse dans un laboratoire agréé, des échantillons du ravitaillement du sportif, des cheveux, du sang, des urines ou de la salive du sportif; ils peuvent également contrôler les véhicules, les vêtements, l’équipement et les bagages du sportif et des personnes qui l’assistent ou l’encadrent d’une manière permanente ou non, sur un plan médical, paramédical ou sur un autre plan. Ils peuvent pénétrer dans les vestiaires locaux sportifs et terrains de sport.
Ils dressent un procès verbal du contrôle anti-dopage.
Une copie en est transmise aux sportifs concernés, au plus tard dans les quinze jours du constat. Une copie en est également transmise dans le même délai à la fédération sportive concernée.
Sans préjudice de la compétence reconnue à d’autres fonctionnaires par ou en vertu d’autres dispositions légales ou décrétales, la qualité d’officier de police judiciaire est accordée aux agents et aux membres du personnel des services du Gouvernement, désignés par lui pour exercer les missions visées aux alinéas 1er et 2.

Article 13

Sans préjudice de l’application de sanctions disciplinaires ou administratives prononcées par les fédérations sportives ou les cercles sportifs et d’autres peines comminées par le Code pénal ou des législations particulières, est puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de deux cents à deux mille francs ou d’une de ces peines seulement celui qui viole les dispositions de l’article 9, alinéa 2.
En cas de récidive dans les deux années qui suivent un jugement de condamnation du chef de l’infraction susvisée, coulé en force de chose jugée, les peines peuvent être portées au double.

Article 14

Les substances interdites et les objets utilisés pour appliquer des méthodes interdites seront saisis, confisqués et mis hors d’usage selon les modalités fixées par le Gouvernement.

Article 15

Les dispositions du livre 1er du Code pénal, le chapitre VII et l’article 85 non exceptés, sont applicables aux infractions visées à l’article 13.

Chapitre V
Commission francophone de promotion de la
santé dans la pratique du sport.

Article 16

§ 1er. Une Commission francophone de promotion de la santé dans la pratique du sport est instituée.
Outre la remise des avis prévus aux chapitres II et III, la Commission a pour missions:
1° de donner un avis au Gouvernement sur tout projet de décret ou d’arrêté organique ou réglementaire relatif à la promotion de la santé dans la pratique du sport, à l’interdiction du dopage et à sa prévention;
2° de donner au Gouvernement, soit d’initiative, soit à sa demande, des avis sur tout problème concernant la pratique du sport dans le respect des impératifs de santé et de prévention de la santé par l’exercice physique et le sport; à cette occasion elle peut entendre toute personne ou service concerné par l’application du présent décret et susceptible de formuler des recommandations utiles;
3° de donner un avis sur l’évaluation de l’application des règlements médicaux visés au chapitre II et sur la mise en place des conditions de suivi médical et préventif des sportifs, quel que soit leur niveau;
4° chaque année, avant le 31 mars, de remettre au Gouvernement et au Parlement, un rapport sur son action au cours de l’année écoulée.
§ 2. Les avis de la Commission demandés par le Gouvernement doivent être transmis dans un délai ne dépassant pas soixante jours. Ce délai prend cours à la réception de la demande d’avis par le secrétariat de la Commission. Passé ce délai, les avis ne sont plus requis pour qu’une décision puisse être prise valablement par le Gouvernement.

Article 17

§ 1er. La Commission est composée de vingt membres au maximum, nommés par le Gouvernement pour une période de 5 ans renouvelable.
Le Gouvernement fixe la composition de la Commission, qui doit comprendre en son sein des représentants du monde scientifique, médical et sportif, compétents en matière de sport, de médecine du sport, de promotion de la santé dans le sport, de prévention du dopage, de pharmacologie ou de toxicologie.
Devront également être représentés le Comité olympique et interfédéral belge, le Conseil supérieur de promotion de la santé et le Conseil supérieur des sports et de la vie en plein air.
§ 2. Deux membres, représentant respectivement le Ministre ayant la promotion de la santé dans ses attributions et le Ministre ayant le sport dans ses attributions, et deux membres, représentant la Direction générale de la Santé et la Direction générale du Sport du Ministère de la Communauté française assistent aux séances avec voix consultative.
§ 3. Le Gouvernement nomme également, pour chaque membre effectif, un membre suppléant, aux mêmes conditions que les membres effectifs. Le membre suppléant ne siège qu’en l’absence du membre effectif.

Article 18

Le Gouvernement désigne le président et le vice-président de la Commission parmi les membres effectifs. Ces mandats sont incompatibles avec la qualité de fonctionnaire de la Communauté française ou d’un de ses organismes d’intérêt public.
Le Gouvernement désigne le secrétaire de la Commission et son suppléant parmi les membres des services du Gouvernement.

Article 19

En cas de démission ou de décès d’un membre, son remplaçant est nommé par le Gouvernement, conformément à l’article 17, pour achever le mandat de son prédécesseur.
Tout membre qui perd la qualité en raison de laquelle il a été nommé est réputé démissionnaire.

Article 20

La Commission délibère valablement si la moitié au moins de ses membres est présente. Ses décisions sont prises à la majorité absolue de ses membres présents.

Article 21

Dans les deux mois de son installation, la Commission arrête son règlement d’ordre intérieur, et le soumet à l’approbation du Gouvernement.
Le Gouvernement fixe les jetons de présence et les indemnités de déplacement des membres de la Commission.

Chapitre VI
Dispositions abrogatoires, transitoires et finales.

Article 22

Sont abrogés:
1° la loi du 31 mai 1958 réglementant les combats et exhibitions de boxe;
2° la loi du 2 avril 1965 interdisant la pratique du dopage à l’occasion des compétitions sportives;
3° le décret du 5 juin 1985 relatif à la participation des jeunes de moins de 21 ans à l’entraînement et aux compétitions cyclistes sur et en dehors de la voie publique, modifié par le décret du 31 mars 1994;
4° l’arrêté royal du 15 janvier 1973 fixant les taux d’intervention de l’Etat dans les frais de fonctionnements des centres médicaux sportifs agréés;
5° l’arrêté royal du 24 novembre 1978 relatif à l’agréation des laboratoires pour l’analyse des échantillons prélevés lors des compétitions sportives;
6° l’arrêté royal du 24 novembre 1978 concernant le prélèvement et l’analyse d’urines et de ravitaillement, lors des compétitions sportives, modifié par l’arrêté royal du 7 avril 1981;
7° l’arrêté de l’Exécutif de la Communauté française du 26 août 1985 fixant les missions et le fonctionnement de la Commission francophone de lutte antidopage, modifié par l’arrêté de l’Exécutif de la Communauté française du 27 mai 1987;
8° l’arrêté de l’Exécutif de la Communauté française du 8 novembre 1991 établissant les tarifs pour l’analyse d’échantillons sur des substances considérées comme dopantes, modifié par l’arrêté de l’Exécutif du 1 juin 1992.

Article 23

Tant que la Commission n’a pas été constituée, la Commission francophone de lutte antidopage, instituée en application de l’arrêté de l’Exécutif de la Communauté française du 26 août 1985 fixant les missions et le fonctionnement de la Commission francophone de lutte antidopage, assume les missions de la Commission.

Article 24

Le présent décret entre en vigueur à la date fixée par le Gouvernement.

Sport et dopage en Communauté française

Le 30 Déc 20

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Le Parlement de la Communauté française a adopté le 20 février dernier un important décret proposé par les ministres Maréchal (Aide à la jeunesse et santé) et Demotte (Budget, culture et sport), dont nous reproduisons ici le texte, comme promis dans notre numéro d’avril.
Pour éclairer les enjeux de cette disposition légale, il nous a semblé intéressant de vous présenter l’exposé des motifs. La philosophie sous-tendant le décret y est exprimée avec une grande clarté (les sous-titres sont de la rédaction).

Exposé des motifs (extraits)

Vive le sport?

Le sport et la santé nourrissent depuis toujours des relations ambiguës; s’il est généralement admis que la pratique du sport et d’une façon générale de l’exercice physique a une fonction préventive vis-à-vis de certaines affections (obésité, maladies cardio-vasculaires et rhumatologiques…) et que la sédentarité représente au contraire un facteur de risque, la pratique du sport est aussi la cause d’un nombre d’incidents et d’accidents qui ont un impact important non seulement sur plan physique mais aussi sur la vie sociale et professionnelle des individus.
Le sport peut être promoteur de santé, dès lors qu’il est associé à une hygiène et une qualité de la vie, y compris dans ses dimensions sociales et mentales; les notions de solidarité, de sociabilité, d’esprit d’équipe, le renforcement de l’image de soi ou le fait de se sentir bien dans sa peau soutiennent et complètent alors l’action bénéfique de l’exercice physique. L’activité sportive devient alors un facteur d’intégration sociale et une source d’apprentissage de l’autonomie.

Une culture de la performance

Mais la définition même de la pratique sportive et de son environnement intègre la dimension de la performance, du dépassement, de la compétition; une quête indéfinie et sans limite du progrès, qui confronte davantage avec le risque et pousse à un entraînement susceptible d’exploiter la santé et parfois la miner.
Le dopage est au cœur de ce débat. Dans la logique de ce qui précède, on comprend la séduction pour tous les moyens qui permettent d’augmenter artificiellement les performances et les capacités des individus, quel que soit le niveau de compétition, voire de non-compétition . La culture de l’adjuvant, du supplément qui permet de dépasser ses propres capacités est entrée dans les mœurs, largement entretenue par l’environnement marchand du secteur du sport.
Ceci n’est pas propre au sport et tient tout à la fois à une culture ancestrale du recours aux moyens artificiels de dépassement de ses capacités et à une culture de la performance, de la rivalité, de la compétition, qui traverse tous les secteurs de la vie sociale.

Un message éthique

Les raisons qui amènent le pouvoir politique à se préoccuper de la question du dopage dans le sport sont sans doute davantage de l’ordre de la morale collective que de la morale personnelle.
Il s’agit de protéger la santé des effets secondaires à court mais aussi à long terme de la consommation de produits dopants; le coût indirect, en terme de santé publique, est important, même si cet impact est relativement faible sur le coût général des soins de santé; le coût de réinsertion aussi.
Il s’agit d’adresser un message éthique et culturel en terme de comportement social vis-à-vis du développement et du progrès dans nos sociétés.
Il s’agit de briser le développement des circuits mafieux qui s’organisent autour de ces pratiques et qui représentent la perversion d’un mouvement déjà en place de commercialisation de la santé et du sport. Cette préoccupation requiert l’intervention de nombreux secteurs de la vie sociale et une synergie nationale et internationale.
Particulièrement par rapport au développement du dopage, il y a lieu d’harmoniser le dispositif législatif et les modalités d’intervention de la Communauté française avec les autres Communautés et l’Etat fédéral ainsi qu’avec les dispositions européennes en la matière.

Cohérence nationale et internationale

Une cohérence particulière a été recherchée avec la législation et les pratiques de contrôle en vigueur en Communauté flamande.
Parallèlement, des collaborations doivent être établies avec les fédérations nationales, internationales et le mouvement olympique.
Cette inscription de la politique de la Communauté française dans une cohérence nationale et internationale est traduite dans le décret par une large prise en compte des dispositions prises par les Etats membres de l’Union européenne, et les recommandations du Conseil de l’Europe et des instances olympiques. Les stratégies tout à la fois éducatives et de contrôle proposées par la déclaration de Lausanne du 4 février 1999 ont servi de référence.

Ne pas oublier la prévention…

La Communauté française est interpellée par ses compétences en matière de santé et en matière de sport; elle se doit de répondre à cette question, non seulement en terme de contrôle et de répression vis-à-vis du dopage, mais aussi en termes éthiques et culturels, en terme de prévention des risques et en terme d’éducation citoyenne à propos d’une question de société.
Dans le cadre de ses compétences en médecine préventive et en promotion de la santé, la Communauté française doit être en mesure de développer une approche globale et des stratégies diversifiées de promotion de la santé dont l’objectif est la qualité de la vie de la population.
L’économie du présent décret élargit le champ et complète la nature des interventions par rapport aux projets précédents: il l’élargit vers des milieux pratiquant l’exercice physique et le sport de façon non encadrée; il insiste sur la démarche d’éducation et de prévention auprès des sportifs mais aussi auprès des accompagnateurs, auprès des jeunes, auprès des écoles et des parents, auprès des personnes plus âgées.
Il met en avant la nécessité d’un suivi médical qui soit à la fois une certification de l’aptitude à la pratique du sport et donc une prévention des risques, mais aussi l’opportunité de recommandations adaptées de comportements et modes de vie qui favorisent la pratique du sport dans le respect des impératifs de santé.
Les médecins généralistes et les médecins du sport seront les relais sollicités de cette démarche qui vise à protéger l’athlète des exigences parfois abusives de performances, en l’associant complètement à la prise en compte de son état de santé.
Les fédérations sportives sont responsabilisées; il leur revient d’élaborer et de mettre en oeuvre un règlement médical qui précise le contenu et la périodicité de l’examen médical, mais aussi des dispositions qui visent à organiser la pratique de leur discipline dans des impératifs de santé. Des mesures sont prises pour une action équivalente auprès des sportifs non encadrés.
L’ensemble de ces dispositions doit contribuer à la responsabilisation des acteurs. Un carnet de bord viendra supporter ce suivi médical et personnalisera les recommandations de prévention.

…tout en combattant le dopage

Enfin, des dispositions de contrôle sont développées qui concernent la prévention et la lutte contre le dopage dans le sport.
La définition du dopage retenue est volontairement large pour permettre d’anticiper sur l’avènement de nouvelles substances ou de nouveaux procédés susceptibles d’améliorer les performances et de prendre en compte un maximum de situations délictueuses. Par souci d’uniformité, elle est aussi inspirée de la définition retenue pour la Déclaration de Lausanne du 4 février 1999 sur le dopage dans le sport.
La Communauté française organisera le contrôle par prélèvements et analyses; l’agrément des laboratoires sera conforme aux exigences du Comité international olympique et un personnel spécialisé sera affecté à cette tache. Les contrôles pourront s’exercer lors des manifestations sportives mais aussi dans leur suite ou à l’occasion des entraînements.
Une Commission francophone de la promotion de la santé dans la pratique du sport est créée pour apporter au Gouvernement l’aide d’un organe de conseil compétent; elle est chargée de donner avis sur toutes mesures d’exécution et de suivi de ce décret; elle a aussi un rôle d’évaluation des mesures qui résulteront de son application. Sa composition obéit au souci de rassembler une expertise d’acteurs et une expertise de scientifiques dans le domaine de la promotion de la santé, de la médecine sportive et du dopage .
Le présent projet est articulé avec le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé et avec le décret du 26 avril 1999 organisant le sport en Communauté française.
Au moment où nous préparons ce numéro d’Education Santé, le décret n’est pas encore paru au Moniteur belge. Il est possible qu’il subsiste l’une ou l’autre différence entre le texte officiel et celui que nous publions aujourd’hui.
Merci à Olivier Kinnen pour son aide.

Les dépenses de santé de la Communauté française en 2000

Le 30 Déc 20

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Les grands postes du budget

Sur un budget global d’un peu plus de 5.200.000.000 F, près de 4.700.000.000 F vont à la politique de l’enfance, et 500.000.000 F à la santé proprement dite. Ces chiffres sont malheureusement d’une grande stabilité d’une année à l’autre.
Si on pouvait dire voici deux ans que pour 1 F que la Communauté consacre à la santé, le fédéral en dépense 1000, aujourd’hui, le budget fédéral dépasse très largement les 500 milliards (les dépenses 2000 devraient dépasser les 512 milliards), alors que celui de la Communauté n’a pas bougé.
A côté du financement de l’infrastructure permanente et des programmes en promotion de la santé, pour environ la moitié du montant disponible, on notera en particulier les efforts faits en matière de vaccination (50.000.000 F), de lutte contre la tuberculose (50.000.000 F) et le co-financement de l’Institut scientifique de santé publique (33.000.000 F).

Promotion santé

Services communautaires et centres locaux

Type

Montant en FB
Services communautaires 32.181.794
Centres locaux de promotion de la santé – Subvention de base 34.859.437
CLPS (contributions complémentaires) 18.358.981

Les programmes subventionnés – Programmes locaux

Organisme centre local concerné

Projet Montant en FB
Aide Info Sida (Bruxelles) Programme annuel 2.000.000
ALFA (Liège) Soutien aux parents toxicomanes et éducation à la parentalité 2.200.000
Association interrégionale de guidance et de santé – Vottem (Huy-Waremme) Projet de promotion de la santé destiné aux élèves de 5e et 6e années primaires des écoles du canton de Waremme. 1.367.216
AVAT (Verviers) Projet de mise en place de relais de prévention dans 16 écoles (primaires et secondaires) de la périphérie verviétoise. 2.025.000
Canal J et Citadelle (Tournai) Prévention des usages de drogues dans les milieux de vie des jeunes 3.573.426
Centre culturel de Welkenraedt (Verviers) ‘Les drogues on en parle’ 134.000
Centre planning familial FPS Centre et Soignies L’IVG 10 ans après la légalisation 100.000
Centre régional libre examen Bruxelles Expo et colloque ‘Plaisir d’amour’ 200.000
Centre de santé UCL (Brabant wallon) Promotion santé à l’école 1.900.000
Centre de santé Saint-Hubert (Luxembourg) Action en promotion de la santé 282.290
Commune de Forest (IMS) (Bruxelles) Action en promotion de la santé 145.000
Coordination liégeoise de la lutte contre le sida (Liège) programme annuel 2.900.000
Coordination sida-assuétudes (Namur) programme annuel 2.000.000
CPAS de Charleroi (Charleroi-Thuin) Programme d’actions préventives des toxicomanies et autres conduites à risques 1.931.000
CPCF La Louvière (Mons-Soignies) Formation adultes sida 40.000
FPS Luxembourg (Luxembourg) Prévention tabac 5e et 6e primaire 295.000
ICAR (Liège) Médecine préventive et promotion de la santé 2.500.000
Maison médicale de Forest (Bruxelles) Forest quartiers Santé 2.643.000
Maison médicale Ougrée (Liège) Santé communautaire Seraing 2.250.000
Le Méridien (Bruxelles) Promotion de la santé mentale communautaire et qualité de vie des populations 1.250.000
MST Charleroi (Charleroi-Thuin) Programme annuel 2.000.000
Nadja (Liège) Prévention toxicomanies 1.800.000
Petits pas (Les) (Brabant wallon) Création d’un réseau de communication stratégique 800.000
Les Pissenlits (Bruxelles) Promoteurs-informateurs en santé à Cureghem 2.600.000
Province du Brabant wallon (Brabant wallon) Sensibilisation dépistage cancer du sein 500.000
Service Education pour la Santé de Huy (Huy-Waremme) Prévention sida 1.498.766
Vie libre (Luxembourg) Prévention en milieu scolaire 1.600.000
Ville de Liège Instruction publique IMS (Liège) Projet Alimentation – Assuétudes – Cancer 2.800.000
Ville de Thuin (Charleroi-Thuin) Prévention en milieu scolaire 190.500

Les programmes subventionnés – Programmes communautaires

Organisme

Projet Montant en FB
ANMC Revue mensuelle Education santé 5.000.000
Centre d’éducation du patient Prévention mort subite du nourrisson 6.276.000
Centre de référence pour le dépistage du cancer du sein Mise en place assurance de qualité 2.000.000
Centre de référence sida – Université catholique de Louvain Programme annuel 3.300.000
Centre de référence sida – Université libre de Bruxelles Programme annuel 3.300.000
Centre de référence sida – Université de Liège Programme annuel 3.300.000
Coordination éducation santé Midis à l’école 7.365.000
Croix-Rouge – Service éducation pour la santé Programme quinquennal 4.000.000
Cultures & Santé Programme d’actions en promotion de la santé 5.000.000
CUMG UCL Formation ‘annonce diagnostic sida’ 22.000
DIC Collège Forum santé 89.300
Educa Santé Programme de prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité 7.000.000
Espace P Promotion de la santé en milieu de prostitution 6.700.000
Eurotox Recherche XTC et nouvelle drogues 2.350.000
Ex æquo Programme d’activités 2000-2001 7.200.000
Facultés St-Louis Recherche en sciences sociales et sida (2eme phase) 896.250
Fédération contre le cancer Colloque ‘promotion activité physique’ 150.000
Fédération laïque planning familial Promotion globale et intégrée de la santé sexuelle en milieu scolaire 4.000.000
Fédération des Maisons Médicales Implantation de l’assurance de qualité 3.740.000
FIMS Programme annuel 4.000.000
FPS Forum santé 50.000
Handicap et Santé Vulnérabilités et santé 3.600.000
Handicap et Santé Colloque ‘vie affective personnes déficientes mentales’ 150.000
Infor-Drogues Programme pluriannuel 4.117.000
Inter Environnement Wallonie Projet Sandrine 1.200.000
Projet Lama Festival ‘Drogues Pur Kultur’ 1.000.000
Latitudes – Service social des étrangers Programme d’activités prévention Sida/MST 7.200.000
Liaison anti-prohibitionniste Information et prévention 500.000
Médiathèque Activités de base 5.588.000
Modus Vivendi Programme annuel 8.500.000
MSF-Elisa 1.369.500
Observatoire socio-épidémiologique sida et sexualité Facultés universitaires Saint-Louis Programme annuel 5.500.000
Plate-forme prévention sida Programme annuel 2.520.000
Prospective Jeunesse Programme annuel 4.200.000
Province Luxembourg La grande aventure du sommeil 800.000
Repères Programme 1999-2002 3.500.000
Société Scientifique de Médecine Générale Recherche-action ‘Alcool’ 2.557.000
UNMS Outilthèque-santé 4.000.000
Un sur dix asbl Campagne de sensibilisation sur l’homosexualité à l’intention des jeunes 800.000

Que font-ils de cet argent?

Les données partielles des tableaux ci-dessus ne permettent pas de se faire une idée précise des projets dans lesquels la Communauté française investit des montants parfois importants.
On nous dit souvent que tel programme développé ici ou là est particulièrement pertinent, ou novateur, ou efficient. On ne demande qu’à le croire, mais on aimerait en savoir un peu plus…
Nous réitérons donc notre invitation de l’an dernier aux promoteurs des projets cités dans cet article à partager leur expérience avec nos lecteurs. Nos colonnes leur sont ouvertes!
Christian De Bock , avec l’aide de l’Administration de la santé de la Communauté française

Procédures d’examen

Les projets communautaires sont examinés par l’Administration et par une commission du Conseil supérieur de promotion de la santé, qui dispose d’un délai de 60 jours pour remettre son avis. Cette commission, présidée par Martine Bantuelle , Vice-présidente du Conseil, se réunit deux fois par mois, et traite une soixantaine de dossiers par an. Chaque programme est l’objet d’une évaluation préliminaire par deux membres de la commission, et d’un débat. L’avis est en général rendu à l’unanimité, et transmis uniquement à la Ministre. Le secrétariat de la Commission ‘programmes’ est assuré par Jacques Henkinbrant (02-413 35 48).
La Ministre prend sa décision en s’appuyant sur les deux avis de son Administration et du Conseil.
Il est possible que cette procédure soit modifiée cette année. Nous vous tiendrons au courant.
Les projets locaux sont examinés par l’Administration et par des commissions mises en place au sein des centres locaux de promotion de la santé concernés. La Ministre prend sa décision en s’appuyant sur les deux avis de son Administration et du centre local. Il est aussi possible que cette procédure soit revue cette année.

Avis de tempête. La pédiculose en milieu scolaire

Le 30 Déc 20

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Les dispositions législatives précisent l’éviction de l’élève atteint jusqu’à disparition des poux et des lentes, l’obligation du dépistage des cas et l’éviction des élèves dépistés à cette occasion, l’information des parents, du personnel scolaire et des élèves par le médecin et l’infirmière scolaires. Ces dispositions visent les agents IMS de l’enseignement subventionné et ceux des centres PMS de la Communauté française, chargés de l’exécution des missions IMS dans le réseau d’enseignement organisé par la Communauté française.Ces mêmes mesures se retrouvent dans les recommandations en vigueur dans les pays qui disposent d’une structure de santé scolaire.
En Communauté française, des recommandations régulières sont adressées à l’attention des directions d’établissements et des services de santé scolaires: la dernière en date (année scolaire 93/94) souligne les rôles respectifs des directions des établissements scolaires et des équipes de santé, l’importance de l’information et des actions éducatives non blessantes ou discriminatoires envers les élèves et les familles. Elle comporte, en outre, des recommandations générales pour un traitement correct.
La presse grand public publie des articles à chaque rentrée scolaire, en se faisant souvent l’écho de traitements miracles vantés jusque sur les écrans publicitaires des programmes TV.
La recherche est cependant peu développée, et les articles scientifiques faisant le point sur les connaissances épidémiologiques, entomologiques, thérapeutiques, sociales et historiques au sujet de cet incontournable et ô combien fidèle compagnon de l’homme sont plutôt rares.
Il faut cependant constater la ténacité des attitudes, des croyances et des réactions inadéquates (oscillant entre banalisation ironique et mobilisation dramatisée, voire hystérique) et prendre la mesure d’une situation qui adopte progressivement depuis quelques décennies, des allures de véritable problème de santé publique en âge scolaire.
Il n’existe malheureusement, aucun chiffre fiable sur la prévalence de la pédiculose en milieu scolaire en Communauté française. Les subsides alloués aux actes de dépistage ne permettent pas une estimation fiable puisqu’ils sont réalisés le plus souvent à la demande des enseignants et reflètent plus fréquemment leurs inquiétudes ou leur exaspération que l’ampleur de l’épidémie annoncée… Certains centres estiment que 5 à 10 % des élèves dépistés présentent une contamination plus ou moins importante et plus ou moins durable par le Pediculus humanus capitis.
Ce pourcentage est sans commune mesure avec la hausse progressive observée de la vente de produits de traitement et la consommation de produits prétendument préventifs: le budget anti-poux d’une famille peut grimper de manière impressionnante à plusieurs milliers de francs en une année scolaire.
L’exaspération est à l’image de l’efficacité relative des produits thérapeutiques actuels (le malathion et les pyréthrines): le poux est un insecte remarquablement et rapidement résistant aux mauvais traitements que lui infligent son hôte. Il protège aussi efficacement sa progéniture, les lentes, contre les menaces d’ordre toxicologique.
L’exaspération est aussi à l’image de la méticulosité requise pour un traitement adéquat, de la déconvenue quant aux promesses de recettes-minute miraculeuses et… du peu de crédit que certains accordent à des équipes de santé scolaire soumises à des conditions de travail paralysant toute possibilité d’action réfléchie et concertée quant à la promotion de la santé en la matière. Ainsi, il n’est pas rare que des enfants échappent, parfois de manière très abusive et très stigmatisante, à l’obligation scolaire pour cause de pédiculose récidivante.
La lutte contre la pédiculose en milieu scolaire est affaire d’informations précises, non fallacieuses et non discriminatoires, de qualité de communication, de coopération respectueuse des personnes et des rôles de chacun des membres d’une communauté éducative, d’un minimum de bonne volonté et de compréhension et de créativité en matière de promotion de la santé au sein d’une communauté.

Des suggestions concernant l’information

Les brochures et matériel d’information pour le grand public sont souvent d’origine commerciale et l’information y est rarement complète et adéquate. Il serait utile de pouvoir disposer d’un matériel attrayant, peu coûteux et de bonne qualité, dépourvu de préoccupations publicitaires.
Une information du grand public par le biais audiovisuel serait d’une grande aide pour réduire la signification très péjorative trop souvent attachée à la constatation d’une contamination par cet insecte en particulier. A-t-on la même attitude, les mêmes représentations envers l’atteinte par d’autres insectes (les moustiques, par ex.) plus mobiles et tout aussi désagréables?
Tout a été décrit sur la physiologie du poux, depuis sa symbiose obligée avec les mammifères et l’homme, sa longévité, ses besoins alimentaires (il est hématophage exclusif), sa taille, sa couleur, ses moyens de locomotion (il ne saute pas, ni ne s’envole), la dimension de ses crochets, la distance (au mm près) et les caractéristiques de l’implantation de sa ponte, jusqu’à ses mirobolantes capacités de reproduction. Il conviendrait pourtant de récolter et de diffuser des informations fiables sur l’importance réelle de la prévalence , sur l’importance respective des multiples facteurs de risque de récidive, sur les facteurs déterminant son choix, souvent réitéré et indifférent à leur hygiène personnelle correcte, des mêmes victimes…

Des suggestions concernant la marche à suivre

Une bonne information générale des enseignants , fixant les limites de leur collaboration, est capitale à réaliser par l’équipe de santé de l’école: s’il est indispensable qu’un enseignant puisse reconnaître correctement la gravité d’une contamination, il ne peut lui être demandé d’assumer la responsabilité d’un diagnostic, d’une éviction, voire comme c’est parfois le cas, d’un traitement médical immédiat. Cependant, même correctement informée des dispositions à prendre, une équipe médicale scolaire ne peut être efficace si ses conditions de travail la rendent, de facto, non disponible.
Un rappel des consignes fixant les rôles respectifs des directions scolaires et des équipes IMS pourrait éviter les crispations et faire comprendre que le simple bon sens devrait prévaloir sur les exigences irraisonnées, le laxisme, le découragement, l’ironie ou l’indifférence des uns et des autres.
Exiger un dépistage général et répété de tout un établissement après un constat ponctuel au sein d’une classe, éviter de faire des constats gênants durant certaines périodes scolaires, évincer un enfant manifestement en traitement, n’envisager qu’un contact écrit ou imposer un certificat de guérison par le médecin traitant (généralement moins consulté que le pharmacien) pour une famille précarisée ou en difficultés, ignorer que des enfants placés en institution soient porteurs chroniques faute de soins adéquats, accepter qu’une éviction scolaire se prolonge abusivement, ne pas mettre en pratique les recommandations de l’équipe médicale pour éviter d’alerter les parents et de nuire à l’image de marque de l’école, rester sourd aux commentaires cruels de certains enfants, sont autant d’attitudes très fréquentes et… très régulièrement inopérantes!
Une information précise ne serait pas inutile à transmettre aux médecins traitants et pharmaciens quant aux dispositions souhaitées en milieu scolaire.
Certaines équipes de santé étudient un « contrat de collaboration ou de coopération » entre enseignants, équipe de santé et parents. Ce type de démarche devrait être encouragé.
L’école doit veiller à éviter la propagation possible par l’environnement matériel : les vestiaires et portemanteaux devraient être individualisés et suffisamment espacés pour qu’une contamination passive par les vêtements soit réduite. L’entretien du matériel scolaire de sieste, de psychomotricité, de détente doit être facilité et régulier. L’usage du peigne électrique peut aisément éliminer les risques immédiats de contamination… et aider à la programmation d’actions éducatives et sociales ultérieures.

Des suggestions concernant l’information à offrir aux parents

La présence de l’équipe médicale aux réunions de parents de la rentrée scolaire (en début de scolarité maternelle et primaire, ces réunions sont relativement bien fréquentées) ne devrait plus être liée au seul bénévolat des équipes qui en ont compris l’efficacité à moyen terme.
Elle permet de donner de manière adaptée, les informations indispensables sur la biologie de l’insecte, le détail d’un traitement efficace et les dispositions prises en commun par l’équipe éducative et l’équipe de santé scolaire. Elle permet de souligner la nécessité de collaboration et de coopération de chacun en cas de contaminations accidentelles ou répétées, de prendre connaissance du contexte social et culturel particulier des élèves.
Les documents à délivrer aux parents devraient être d’une qualité de communication irréprochable. Idéalement ils doivent dans un premier temps inviter les parents à être attentifs, à avertir de toute contamination afin d’éviter sa propagation et à traiter leur enfant. Il est judicieux de leur proposer des conseils et une aide qui soient adaptés aux contextes culturels et sociaux (lors de contacts personnels plus discrets et respectueux des personnes, au centre IMS par ex.). Il est utile de laisser le temps aux parents de réagir avant d’effectuer un contrôle (de préférence après un week end de traitement) menant à une éventuelle éviction, laquelle doit toujours être annoncée comme une mesure exceptionnelle mais aussi réellement et raisonnablement appliquée.
Il est relativement facile de remettre à chaque enfant un document préétabli, rapidement personnalisable sur place, comportant le résultat du contrôle et d’agrafer la conclusion repliée pour éviter les indiscrétions. Les mesures d’éviction, quand elles sont inévitables, devraient chaque fois être limitées dans le temps, donner lieu à un travail social en réseau avec les services locaux et à un travail éducatif en classe. En effet, la réinfestation chronique est souvent due à une non-compliance au traitement qui se révèle difficile, et qui requiert une attention et des soins réguliers et méticuleux.
Cette non-compliance aux recommandations est comparable à celle que l’on observe très régulièrement pour d’autres problèmes de santé qui sont repérés chez les enfants privés, pour diverses raisons (socioéconomiques, culturelles, psychoaffectives,…), de l’attention régulière de la part des adultes de leur milieu éducatif proche. La prise en charge nécessite alors outre l’approche collective, une approche médico-sociale individuelle des familles et des milieux concernés. La possibilité d’une levée d’éviction par l’équipe de santé scolaire, après examen au centre ou à domicile, dans un délai et selon un horaire raisonnables, doit être offerte aux parents.
Il est irréaliste et illusoire de proposer des avis et communications standardisés, mais il serait utile de réserver aux équipes des conditions de travail leur permettant le luxe (combien non superflu) d’une action réfléchie et programmée, évitant de leur imposer en urgence le poids d’un travail supplémentaire improvisé, peu valorisé et décourageant les meilleures bonnes volontés. Des conseils pourraient cependant être fournis quant au contenu souhaitable des divers avis et communications à réaliser. Il est maladroit de faire état de difficultés organisationnelles internes aux parents qui n’en peuvent mais.

Des suggestions concernant la promotion de la santé et les actions éducatives

Les enfants apprécient qu’on leur parle des poux … de manière ludique , instructive puis éducative et enfin de manière à éveiller leur solidarité de groupe. Ils sont d’ailleurs souvent à l’origine du peu de discrétion qui entoure généralement la découverte d’un épisode d’infestation… et la plupart du temps, leurs attitudes amusées et curieuses n’évoluent péjorativement qu’au contact des croyances et des réactions d’adultes peu avertis. Le sentiment d’exclusion que peuvent vivre certains élèves doit faire l’objet des préoccupations de tous et être combattu explicitement au sein du groupe d’enfants.
Il existe nombre de jeux , d’ouvrages de littérature enfantine, de comptines , d’histoires amusantes ou de spectacles qui sont autant d’appels et d’aides pour une éducation pour la santé dépourvue de relents moralisateurs ou stigmatisants. Il suffit (mais je sais que c’est parfois difficile) de trouver le temps d’en prendre connaissance, de se les approprier, de réfléchir à leur exploitation possible en classe et d’avoir la volonté de croire qu’il n’est pas inutile de s’y attarder avec la complicité des enseignants et de leur direction, en pleine conscience des enjeux qu’on peut faire découvrir aux élèves et… à leurs parents.

Des suggestions concernant les produits et traitements utilisés

Une mise au point régulière sur l’efficacité relative des produits proposés à la vente et leur nocivité doit être faite et diffusée: sans préjuger des enjeux commerciaux, il faut se souvenir que l’apparition de la résistance du poux aux produits actuels est un réel problème, qu’aucun produit ne peut prétendre induire une immunité pas plus qu’aucun groupe humain, ni qu’aucun mode de vie ne peut arguer de son invulnérabilité face à la pédiculose.
Les notices d’utilisation devraient faire l’objet d’amélioration qualitative dans leur présentation. L’usage abusif d’insecticides à titre préventif doit être dénoncé, comme doit être signalé la contre-indication des sprays en cas d’asthme.

Une suggestion concernant le fonctionnement des équipes de santé scolaire

A l’évidence, le problème de la pédiculose est symptomatique des difficultés occasionnées par l’organisation, le fonctionnement et le financement actuels de l’inspection médicale scolaire en Communauté française. Il souligne le bien-fondé et l’urgence de repenser un système de santé publique au service de l’enfance scolarisée. La nécessité est ainsi mise en évidence de donner d’autres moyens aux équipes de santé scolaire pour que, outre leurs missions de dépistage et de récolte de données de santé, et conformément au souci de respect des droits de chaque enfant, elles puissent remplir de manière adéquate des missions visant à réduire l’impact des récidives et des séquelles des affections de l’enfance qu’elles repèrent.
Dr Michèle Meersseman, Service Prévention Orientation Santé de la Ville de Bruxelles
Adresse de l’auteur: av. de l’Héliport 19, 1000 Bruxelles