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Réforme des dispositifs de santé en Fédération Wallonie-Bruxelles

Le 30 Déc 20

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Voici la réponse que la Ministre de la Santé Fadila Laanan a apporté le 31 janvier 2012 à deux interpellations des députés André du Bus (cdH) et Caroline Cassart (MR). Le premier insista sur le fait que « si nous voulons tous avancer vers une politique de prévention ambitieuse et coordonnée , celle – ci doit nécessairement être menée avec le secteur qui a acquis une expertise , des connaissances et une efficience qu’il convient d’intégrer à la réflexion sur cette réforme .» La seconde rappela « l’expérience malheureuse de l’Agence prévention sida : organisme para – communautaire fermé car trop centralisé , trop coûteux , trop éloigné du terrain », et interrogea aussi la ministre sur l’articulation entre l’organisme opérationnel à créer en Fédération Wallonie-Bruxelles et l’Institut du futur annoncé au niveau fédéral. Pour être complet, notons aussi que la ministre a répondu à une question du député Jacques Morel (Ecolo) sur la faible collaboration entre le consortium chargé d’évaluer le dispositif actuel et les experts internationaux qui étaient censés l’appuyer dans cette tâche. Les titres sont de la rédaction.
La Déclaration de politique générale du Gouvernement fédéral du 1er décembre dernier prévoit la création d’un Institut pour garantir des réponses concertées aux grands défis en soins de santé. Cet Institut devra constituer un lieu permanent et interfédéral de concertation entre les ministres compétents en matière de santé. Il définira une vision prospective commune et une politique de soins durables.
Cet Institut ne pourra clairement pas répondre aux besoins de coordination opérationnelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par contre, si la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’un organisme solide et transversal en lien étroit avec les structures de terrain, elle pourra apporter une vision claire des besoins de santé de ses citoyens et s’inscrire dans une vision prospective commune à l’ensemble des entités.
C’est dans cette perspective que se développera l’organisme opérationnel de promotion de la santé en Fédération Wallonie-Bruxelles.
L’évaluation réalisée dans le cadre du marché public lancé par le Gouvernement constituait la première étape d’une réforme. Elle a permis de dessiner un cadre dans lequel les actions et programmes de santé vont pouvoir s’inscrire.
À l’heure actuelle, le décret sur la promotion de la santé conduit à ce que des missions de service public relatives à la coordination, à l’accompagnement, à la sensibilisation soient confiées à des Services communautaires de promotion de la santé qui sont des associations hébergées dans les universités et à des organismes agréés.
Cette organisation pose différentes difficultés:
l’absence de coordination d’une politique globale et cohérente de promotion de la santé;
l’absence d’orientation par le Gouvernement pour la réalisation des missions de service public;
l’absence de contrôle des missions et de la gestion des structures concernées;
l’absence d’évaluation de l’utilité des actions menées.

À propos de l’organisme opérationnel

L’objectif de la création d’un organisme de pilotage vise donc à rassembler en un seul endroit une expertise transversale, qui dispose d’une vision globale de la promotion de la santé y compris de la médecine préventive.
La transversalité sera favorisée par l’organisme. Complémentairement, il pourra s’appuyer sur plusieurs dispositifs: des Conférences interministérielles, des accords de coopération ainsi qu’une plate-forme de concertation entre les entités en charge de compétences connexes à la santé. Cette transversalité devra prioritairement se développer dans une approche globale des priorités de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le statut de cet organisme est actuellement à l’étude. Je n’ai à ce propos, Monsieur du Bus, jamais informé qu’il s’agirait d’un organisme d’intérêt public. Au contraire, j’ai toujours mentionné qu’il existe une palette de possibilités et que celles-ci doivent être analysées au regard des besoins de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Son champ d’action porterait sur:
une observation permanente des déterminants de la santé;
une coordination des opérateurs du secteur de la promotion de la santé;
l’organisation de campagnes de sensibilisation et d’information;
une évaluation des actions menées par la Fédération Wallonie-Bruxelles et des besoins des populations wallonne et bruxelloise.
Les autres opérateurs

Évidemment, l’organisme de pilotage n’agira pas seul.
D’une part, je maintiendrai et renforcerai les structures présentes au niveau local. Je pense notamment aux Centres locaux de promotion de la santé et aux Services de promotion de la santé à l’école.
D’autre part, je renforcerai les organes consultatifs, composés de professionnels de la santé. En outre, l’organe de pilotage pourra créer toute instance d’avis qu’il jugera opportune, soit de manière pérenne soit de manière temporaire et en fonction de l’actualité.
Concernant l’observation permanente, il s’agit d’une mission essentielle non seulement pour suivre l’évolution de la santé des citoyens et des pratiques professionnelles mais aussi pour synthétiser les informations disponibles, lesquelles doivent aider à la décision à l’échelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Dans cette perspective, les rapports des Observatoires régionaux et provinciaux permettront de préciser les spécificités régionales et provinciales. Ils seront évidemment très précieux pour éclairer la prise de décision.
Les structures locales auront pour mission de rendre compte des réalités régionales ou locales, de manière à ce que les actions décidées par l’organisme de pilotage soient en adéquation avec les besoins des citoyens.
Bien évidemment, ce pilotage ne remplacera pas les actions de terrain, à charge des opérateurs. L’organisme s’appuiera sur l’expertise et l’action des associations de terrain. L’objectif ne sera atteint que s’il y a un échange permanent entre le terrain et les instances de l’organisme. Il devra se nourrir en permanence de la richesse des actions de terrain.
Comme c’est le cas à l’heure actuelle, des subventions ponctuelles, récurrentes ou via des appels à projets seront disponibles pour les associations.
Comme j’ai déjà pu l’expliquer, il n’est pas question que quiconque perde son emploi dans le cadre de la création de cet organisme. Il s’agit d’un des éléments tout à fait essentiel qui est considéré dans l’étude du statut de l’organisme. Celui-ci devrait pouvoir permettre aux personnes qui remplissent actuellement des missions déléguées de rejoindre l’organisme si elles le souhaitent.
Enfin, je voudrais revenir un instant à notre Déclaration de politique 2009-2014. Le chapitre consacré à la santé est intitulé «Une politique de prévention de la santé ambitieuse».
En application de la Déclaration, nous devons faire en sorte que:
la politique de promotion de la santé soit réellement pilotée;
l’argent de la Fédération Wallonie-Bruxelles soit utilisé au mieux, avec parcimonie et efficacité;
les actions menées bénéficient concrètement aux citoyens wallons et bruxellois pour améliorer leur santé.
Consultations et concertation

Je n’ai pas l’intention d’effectuer une réforme sans concertation. Que du contraire.
À ce jour, plusieurs opérateurs et secteurs ont déjà été consultés afin de garantir une large concertation et un dialogue constructif avec mon Cabinet.
J’ai également proposé en novembre 2011 au Conseil supérieur de promotion de la santé qu’il désigne des représentants pour constituer un groupe de réflexion et de liaison avec mon Cabinet, dont les travaux s’échelonneront tout au long de la rédaction de l’avant-projet de code.
Le Conseil supérieur de promotion de la santé a désigné Vladimir Martens , Chantal Vandoorne , Bernadette Taeymans et Christian De Bock pour le représenter. Ce comité s’est réuni pour la première fois le 19 janvier dernier et a permis un réel échange constructif entre les représentants du Conseil et mon Cabinet.
Par ailleurs, un comité d’accompagnement composé du Centre d’expertise juridique du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Direction générale de la Santé se réunit régulièrement pour accompagner la rédaction de l’avant-projet de code de la santé.
Ensuite, j’ai l’intention de soumettre une première version du texte au Conseil supérieur de promotion de la santé d’ici la fin de ce premier semestre avant de déposer un avant-projet devant le Gouvernement.
Fadila Laanan , Ministre de la Santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Vers un Conseil fédéral de la publicité

Le 30 Déc 20

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Le CRIOC, en collaboration avec le Conseil de la Jeunesse, Univers santé, Éducation santé, Question Santé, Nadine Fraselle, gestionnaire de recherche UCL et 60 associations francophones et néerlandophones de la société civile souhaitent la mise en place d’un Conseil fédéral de la publicité en Belgique afin de mieux encadrer les pratiques commerciales et promotionnelles.

Pourquoi un Conseil fédéral de la publicité ?

Dans le débat sur la publicité, il est une question essentielle, celle de son contrôle.
Le contrôle de la publicité relève d’un enjeu transversal de notre société. Éducation, santé, égalité des chances, citoyenneté, surendettement, développement durable, assuétudes, sont autant de thématiques pour lesquelles organismes d’éducation ou autorités publiques sont actives via de nombreuses politiques et campagnes de prévention et de sensibilisation.
Dans un contexte où ces campagnes et politiques sont mises à mal par des messages publicitaires contradictoires et où les stratégies et techniques publicitaires sont de plus en plus insidieuses et agressives, n’est-il pas temps de s’interroger sur les limites à poser à la publicité?
Si la loi sur les pratiques du marché protège les consommateurs d’une publicité trompeuse et déloyale par une importante réglementation économique, il n’existe toujours pas en 2012 de contrôle public de l’éthique publicitaire. Or, il s’agit d’un enjeu fondamental compte tenu du poids considérable de la publicité dans notre société, des importants revenus qu’elle génère, de son omniprésence et enfin, de son influence sur nos représentations sociales et nos comportements de consommation, plus particulièrement chez les jeunes et les consommateurs vulnérables.
C’est pourquoi associations et représentants de la société civile réclament depuis de nombreuses années maintenant la mise en place d’un organe fédéral public afin d’encadrer les messages publicitaires.
Contrôle de la publicité

Tous les systèmes économiques montrent qu’en l’absence d’une régulation publique, les intérêts individuels entrent en conflit. Une régulation publique permet d’échapper à l’influence de tout opérateur actif dans le secteur soumis à régulation, tenté de défendre ses intérêts propres plutôt que l’intérêt général. La défense de l’intérêt général doit donc reposer sur une indépendance du contrôle effectué.
Défense de l’intérêt général, indépendance, sécurité juridique, égalité de traitement, caractère contraignant, telles sont les garanties offertes par une régulation publique.
L’autorégulation quant à elle a démontré à suffisance qu’elle était inappropriée. Il suffit de prendre pour exemple le secteur de la finance. Cette tendance ne peut absolument pas être privilégiée. L’autorégulation ne peut devenir une alternative à la protection légale. C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire d’instaurer un contrôle public de la publicité.
Actuellement, c’est le Jury d’Éthique Publicitaire (JEP), qui a pour mission de contrôler la conformité des messages publicitaires en se fondant sur la législation et les codes d’autodiscipline.
Le JEP est un organe issu du secteur lui-même, à savoir le Conseil de la publicité, lequel a pour but «la promotion, la valorisation et la défense de la communication publicitaire et de sa liberté, facteur d’expansion économique». (1)
Ce «contrôle» effectué par cet organe privé n’est ni satisfaisant, ni efficace, en raison de nombreuses lacunes et imperfections.
•Un large pan de la publicité ne connait aucun contrôle. Il s’agit ici de ce que l’on appelle l’«undercover marketing» ou encore la masse publicitaire «below the line». Or, cette dernière constitue(rait) (2) la majorité des investissements publicitaires. Un des arguments principaux en faveur de l’autorégulation est pourtant de pouvoir s’adapter rapidement aux changements sociaux et technologiques. Force est de constater que tel n’est pas le cas.
•L’action de vigilance éthique actuelle repose entièrement sur la collaboration volontaire des médias et/ou des annonceurs, ceux-là même qui la financent. L’indépendance du contrôle est donc mise à mal.
•Le contrôle ne s’effectue pas de manière systématique. Ce dernier est laissé à l’unique vigilance des consommateurs.
•Il n’existe pratiquement aucunes données publiques relatives à la publicité – en dehors des plaintes enregistrées par le JEP- ce qui implique l’absence totale d’analyses et d’études sérieuses de la publicité sur base de données fiables.
•Les campagnes de prévention et les messages d’intérêt général émanant d’organismes d’éducation ou d’autorités publiques sont trop souvent annihilés par des messages publicitaires en totale inadéquation avec ceux-ci.
Il n’est plus acceptable aujourd’hui de ne pas répondre à ces nombreux manquements. Et le meilleur moyen d’y répondre efficacement et de manière satisfaisante est d’assurer un contrôle public de la publicité.
Le Conseil fédéral de la publicité

Cet organe serait non seulement un instrument efficace de recherche et d’analyse du secteur de la publicité, mais aussi un outil efficace d’encadrement de l’ensemble des pratiques publicitaires.
Ce lieu de discussion et d’action aurait donc, outre une vocation scientifique, une réelle mission de service public. Cette mission doit être reflétée par sa composition qui doit, au sein de cet organe public, rassembler de manière équilibrée toutes les parties prenantes de la problématique.
Des organes similaires et/ou complémentaires pourraient par ailleurs alimenter la réflexion, à l’instar du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
Ses missions:
Ce Conseil fédéral de la publicité remplirait 3 grandes missions distinctes.
Observation
L’observation de l’ensemble des pratiques publicitaires permettrait de mieux comprendre les enjeux et ainsi d’agir plus efficacement sur la régulation de la publicité.
Cette mission d’observation se traduirait notamment par:
-réaliser des analyses et études scientifiques sur la thématique publicitaire;
-collecter dans un but de transparence toutes les données disponibles relatives au secteur de la publicité au sens large, quel qu’en soit le type de support;
-émettre des avis et adresser des recommandations aux pouvoirs publics et aux annonceurs, d’initiative et à la demande de ces derniers;
-réaliser un outil d’évaluation de l’impact sociétal et environnemental de la publicité.
Contrôle
Le contrôle effectué par cet organe comprendrait l’ensemble des pratiques publicitaires et ne serait pas uniquement conditionné à une procédure de plainte. Un large pouvoir d’auto-saisine devrait lui être reconnu.
Le contrôle souhaité permettait également d’aboutir à des sanctions dissuasives et contraignantes.
Cette mission de contrôle se traduirait notamment par:
-créer au sein du Conseil fédéral de la publicité une commission de contrôle et de traitement des plaintes compétente pour prendre des décisions contraignantes et dissuasives telles que l’interdiction de diffusion, des sanctions financières, etc.;
-rediriger, le cas échéant, les plaintes des consommateurs vers les organes compétents;
-élaborer les outils indispensables à un contrôle effectif et efficace en complément de la législation.
Prévention
Cette mission serait dirigée vers le consommateur pour son information et sa protection, mais aussi vers l’ensemble des opérateurs du secteur de la publicité (annonceurs, diffuseurs, etc.).
Cette mission de prévention se traduirait notamment par:
-aider dans les limites de sa mission toute personne ou entreprise sollicitant une consultation et/ou information;
-développer des politiques incitatives convaincantes avant diffusion afin d’éviter, à l’instar de ce qui se passe aujourd’hui, des sanctions a posteriori inefficaces et invisibles pour le consommateur;
-communiquer les observations réalisées par le Conseil, notamment pour alimenter le travail des acteurs de l’éducation mais aussi des responsables politiques;
-soutenir les démarches éducatives.
Enfin, cet organe transmettrait un rapport d’activité annuel à la Chambre des représentants et au Sénat. Ce rapport garantirait à la fois la transparence et l’indépendance de son fonctionnement.
Le financement du Conseil fédéral de la publicité

Créer un pareil organe ne peut s’envisager sans une recherche de financement adéquat.
Le Conseil devrait bénéficier d’un financement satisfaisant pour la réalisation de ses missions publiques, négocié avec le gouvernement fédéral.
Ce financement public devrait couvrir à la fois les frais de fonctionnement et les frais de personnel du Conseil. Pour ce faire, celui-ci devra être inscrit au budget du gouvernement fédéral. En outre, la fiscalisation de la publicité est une piste qu’il ne faut pas négliger.
L’industrie publicitaire pèse environ 3% du PIB belge. Ce secteur génère entre 5 et 8 milliards d’euros par an. Or, la pub est «défiscalisée», privant ainsi l’État de recettes qui solutionneraient aisément cette question du financement. Une participation financière à hauteur de seulement 0,1% des montants engagés dans les campagnes publicitaires représenterait un budget annuel de l’ordre de 2,4 millions d’euros (3). On peut estimer raisonnablement qu’un tel budget est suffisant pour remplir toutes les missions incombant au Conseil.
La fiscalisation de la publicité apparaît d’autant plus comme une mesure légitime eu égard à ses impacts sociaux, sanitaires et environnementaux. Cette mesure s’inscrit en outre dans le cadre de la fiscalité verte que l’OCDE somme la Belgique de mettre en place.
Enfin, ce financement pourrait également prendre la forme d’un ‘fonds’ pour le respect des bonnes pratiques publicitaires, alimenté par les entreprises tenues au paiement d’une cotisation annuelle prélevée en proportion de leur volume d’activité et tenues à une contribution proportionnelle aux sanctions reçues, selon le principe communément connu sous le nom de ‘pollueur payeur’.
Rappelons que l’Alliance européenne pour l’éthique en publicité dont est membre le JEP recommande elle-même que l’autorité de régulation soit financée par un système de perception basé sur une taxe sur l’ensemble des dépenses publicitaires à l’instar des organismes suédois, anglais ou encore néerlandais.
En tout état de cause et quel que soit le système de financement retenu, une totale indépendance de fonctionnement du Conseil doit être garantie.
Conclusions

Le vide actuel accentue le besoin d’un débat et d’une réflexion sur le rôle du marketing et des pratiques publicitaires dans notre société et, par conséquent, sur l’opportunité de développer des structures et/ou des mécanismes qui correspondent plus aux besoins et aux attentes des consommateurs et de leurs représentants.
Un Conseil fédéral de la publicité doté des missions précitées répondrait adéquatement à ces attentes. Santé publique, assuétudes, environnement, éducation, égalité des chances, sont autant de thématiques essentielles en lien avec la publicité. Seul un contrôle public de cette dernière permet de garantir au citoyen un niveau de protection élevé et effectif, synonyme d’une publicité éthique et responsable. Le secteur privé ne pourra jamais se substituer au secteur public dans la défense de l’intérêt général. Penser le contraire relève de l’illusion ou de la mauvaise foi.
Enfin, une régulation publique de la publicité n’est pas antinomique avec une prospérité économique et une liberté de création propres à l’activité publicitaire. Au contraire, elle participe au développement de la responsabilité sociale des entreprises par des pratiques plus respectueuses des consommateurs.
Desperate Housewifes

Vous avez peut-être eu l’occasion d’apprécier le dernier spot de la marque de whisky William Lawson’s (groupe Bacardi-Martini), mettant en scène un robuste bûcheron higlander à moitié nu, accueilli chez lui par trois créatures de rêve après une dure journée de labeur .
Une consommatrice sans doute peu sensible à son charme viril a porté plainte auprès du Jury d’éthique publicitaire contre cette réclame qui a ses yeux est sexiste et contrevient à la règle d’autodiscipline selon laquelle les producteurs de spiritueux s’engagent à ne pas utiliser le levier du sexe (!) pour vendre leurs boissons.
Le JEP a renvoyé la plaignante à ses chères études, comme en témoignent les lignes ci-dessous.
‘Comme annoncé, le Jury a examiné la publicité en question en tenant compte des arguments de l’annonceur et du plaignant.
Le Jury a examiné le spot TV, notamment au regard des dispositions de la Convention en matière de conduite et de publicité des boissons contenant de l’alcool et des Règles en matière de représentation de la personne.
Tout d’abord, le Jury a constaté que le spot en question reprend le personnage habituel du ‘Highlander’ des campagnes pour William Lawson’s. Il a noté que ni ce personnage ni les femmes présentes dans ce spot ne consomment des boissons contenant de l’alcool. L’alcool n’est d’ailleurs pas présent dans le scénario.
Compte tenu de ce qui précède, le Jury a estimé que la publicité en question n’est pas en infraction avec la Convention, notamment avec l’article 3.3. qui dispose que «la publicité ne peut pas suggérer que la consommation d’alcool mène à la réussite sociale ou sexuelle – bien qu’elle puisse évoquer une ambiance agréable ou conviviale associée à la consommation de l’alcool».
Par ailleurs, le Jury a constaté que le spot montre trois femmes entourant l’homme (‘Highlander’) d’égards après qu’il ait coupé du bois. La voix off dit «Un ancien philosophe chinois disait ‘Ne pas savoir choisir est une faiblesse’. Un Highlander disait autrefois ‘N’écoutez jamais les philosophes chinois’.» Le Jury a constaté que la mise en scène du spot illustre ce thème.
Le Jury a estimé que ces scènes (avec l’homme et les femmes) complétées par la voix off, témoignent de l’esprit décalé de la publicité. En outre, il a relevé que les femmes s’affairent autour de l’homme dans une ambiance consensuelle et qui ne semble pas contraignante pour les femmes.
Le Jury est donc d’avis que cette publicité n’est pas en infraction avec les Règles en matière de représentation de la personne.
A défaut d’infraction aux dispositions légales et autodisciplinaires, le Jury a estimé n’avoir pas de remarques à formuler.’
En résumé, ‘no rules, great spot !’
Christian De Bock

Les signataires

Algemeen Belgisch Vakverbond – A.B.V.V.; Algemeen Christelijk Werknemersverbond – A.C.W.; Algemene Centrale van Liberale Vakbonden van België – A.C.L.V.B.; Alliance Nationale des Mutualités Chrétiennes –A.N.M.C.; Association 21; Astrac; Belgische Federatie van de Sociale en Coöperative Economie – Febecoop; Beweging van Mensen met Laag Inkomen en Kinderen; Centrale Générale des Syndicats Libéraux de Belgique – C.G.S.L.B.; Centre coopératif de l’Éducation Permanente; Centre d’Appui aux services de médiation de dettes de la Région de Bruxelles-Capitale; Centre de Référence en province de Liège – GILS; Centre de Référence de médiation de dettes pour la province de Namur – Medenam; Centre féminin d’Éducation Permanente; Centre pour l’Égalité des Chances et de la Lutte contre le Racisme; Centrum Kauwenberg; Landsbond der Christelijke Mutualiteit – L.C.M.; Conseil de la Jeunesse; CRIOC – Centre de Recherche et d’Information des Organisations des consommateurs; Délégation Générale aux Droits de l’Enfant; Ecolife; Éducation Santé; Équipes Populaires – E.P.; Fédération belge de l’économie sociale et coopérative – Febecoop ; Fédération Générale du Travail de Belgique – F.G.T.B.; Fedito bruxelloise; Fedito wallonne; Femmes Prévoyantes Socialistes – F.P.S; Forum Universitaire de Coopération Internationale et de Développement – F.U.C.I.D.; Gezinsbond; Greenpeace; Infor-drogues; Institut pour un développement durable; Inter-Environnement Bruxelles; Inter-Environnement Wallonie; Komimo; Kristelijke Arbeidersvrouwenbeweging – K.A.V.; Kristelijke Werknemersbeweging – K.W.B.; Latitude Jeunes; Ligue des familles; Mobiel 21; Mouvement Ouvrier Chrétien – MOC; Nadine Fraselle, gestionnaire de recherche UCL; Nationaal Verbond van Socialistische Mutualiteiten – N.V.S.M.; Netwerk Bewust Verbruiken; Office des Pharmacies Coopératives de Belgique – OPHACO; OIVO – Onderzoeks en Informatiecentrum van verbruikersorganisaties; POSECO – Centre d’information pour une économie positive; Question Santé; Réseau de consommateurs responsables; Réseau financement alternatif; Service Droits des jeunes ; Solidarité des Alternatives Wallonnes et Bruxelloises – SAW-B; Tourisme Autrement; Union Nationale des Mutualités Socialistes; Univers santé; Verbraucherschutzzentrale Oostbelgie –VSZ; Verbruikersateljee; Vereniging der Coöperatieve Apotheken van België; Vereniging voor Alcohol en andere Drugproblemen – VAD; Vie Féminine; VIVA – Socialistische Vrouwen Verening; Vlaams Centrum Schuldbemiddeling; Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie; Vlaams Netwerk van Verenigingen Waar Armen het Woord Nemen.
Personnes de contact
Morgane Caminiti: morgane.caminiti@crioc.be – 02 547 06 33 – 0473 30 30 47
Martin de Duve: martin.deduve@uclouvain.be – 010 47 33 74 – 0478 20 63 77
(1) https://www.conseildelapublicite.be
(2) Les chiffres officiels sur l‘ensemble des investissements publicitaires n’existent pas, ce qui pose problème et est caractéristique du manque de transparence du secteur. Cependant, de nombreuses estimations indiquent qu’environ 70% des investissements publicitaires et commerciaux se situeraient dans le «below the line».
(3) En prenant pour référence les chiffres de l’année 2005 pour la publicité «above the line».

Le budget santé 2010 de la Communauté française

Le 30 Déc 20

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Voici comme chaque année un récapitulatif des engagements financiers de la Communauté française en matière de santé l’an dernier.

Les dépenses en 2010

Programme

Nature Contenu 2010 En % du budget Evolution
par rapport à 2009
Programme 0 Subsistance Fonctionnement conseil et commissions, réunions, enquêtes… 89.500 0,2 + 27.800
Programme 1 Interventions diverses Accords de coopération et dotation à l’Académie royale de médecine 159.407 0,4 – 18.822
Programme 2
Contrôle médico-sportif 478.598 1,2 – 22.792
Mise en œuvre du Plan communautaire opérationnel
Vaccination 5.574.000 13,85 – 400.433
Assuétudes 1.375.673 3,4 – 23.907
Sida 2.215.995 5,5 + 202.911
Cancer 1.796.791 4,4 – 341.209
Cardio-vasculaire 693.552 1,7 + 367.402
Tuberculose 1.361.086 3,4 – 46.914
Traumatismes et sécurité 220.000 0,5 + 220.000
Études, recherches et pilotage du PCO 153.272 0,4 + 6.962
Subventions diverses pour mise en œuvre du PCO 823.755 2 – 199.624
Subventions aux pouvoirs locaux pour mise en œuvre de projets de promotion de la santé 374.638 0,9 + 374.638
Promotion et protection de la santé
Dépenses de toute nature 397.396 0,9 + 252.429
Organismes agréés (CLPS et SCPS) 3.028.666 7,5 -23.743
Divers projets 730.912 1,8 + 3.832
Programmes locaux 286.639 0,7 – 30.501
Dépistage maladies métaboliques 850.000 2,1 + 10.000
Dépistage surdité néonatale 378.000 0,9 + 13.000
Subventions aux programmes de transition professionnelle 0 0 – 13.000
Subvention à l’Institut scientifique de santé publique 834.000 2,0 – 52.609
Total programme 2 21.573.513 53,63 + 57.053
Programme 3 Promotion de la santé à l’école 18.402.180 45,74 – 748.820
Total général 40.224.600 100% – 442.860

Grandes tendances

Entre 2009 et 2010, l’enveloppe globale a diminué de 440.000 euros, la perte au niveau PSE (- 750.000) n’étant pas compensée par la nouvelle enveloppe ‘pouvoirs locaux’ (375.000).
Malgré une diminution significative par rapport à 2009 (- 400.000 euros), le poste le plus important, et de loin, est la vaccination, pour plus d’un quart du total (hors PSE). Cela concerne la gestion de la politique vaccinale de la Communauté française, et aussi (surtout) la participation de la Communauté au coût de l’achat des vaccins.
La prévention du sida obtient 10% en plus, celle du cancer diminue de près de 20%, celle des maladies cardio-vasculaires double (mais le montant reste très faible en regard du caractère prioritaire de la problématique), la prévention des traumatismes, qui était en panne en 2009, reprend un peu de couleurs.
Les subventions aux pouvoirs locaux sont une nouveauté pour 2010 (nous vous en avons parlé dans le n°263 de janvier dernier).
Forte augmentation des ‘dépenses de toute nature’, due essentiellement à la réalisation de l’évaluation des dispositifs de santé de la Communauté française (voir le numéro 269).

Dotations à plus de 100.000 euros

Impossible de citer ici toutes les initiatives, permanentes ou ponctuelles, soutenues par la Communauté française dans le cadre de son budget ‘santé’. Par convention, nous avons sélectionné celles dotées de 100.000 euros ou plus. Cela donne une idée des démarches sur lesquelles la Communauté porte un effort particulier. Il s’agit pour la plupart de programmes pluriannuels (2, 3 ou 5 ans).
Financement du ‘dispositif permanent’
10 centres locaux de promotion de la santé, et 4 services communautaires.
Assuétudes
Observation toxicomanies (Eurotox), Aider les jeunes dans leurs consommations (Citadelle/Canal J), Prévention des conduites à risque (Centre de santé mentale du CPAS de Charleroi) , Programme pluriannuel d’Infor-Drogues, Programme pluriannuel de Prospective Jeunesse.
Prévention sida
Une nouveauté: prévention à destination des hommes prostitués (Alias).
Autres initiatives: Espace P, Ex Aequo, Modus Vivendi, Observatoire du sida et des sexualités, Plate-forme prévention sida, SIREAS (migrants).
Cancer
Dépistages du cancer du sein et du cancer colorectal, dotation au Registre du cancer.
Cardiovasculaire
L’unique projet de plus de 100.000 euros en 2009, celui de l’asbl Promosanté et médecine générale, est rejoint par d’autres: Coordination Education Santé (glissement d’un poste budgétaire à un autre), Réseau Santé diabète, FARES (prévention tabac à destination des jeunes).
Tuberculose
Frais de fonctionnement du FARES et de ses unités de secteur.
Traumatismes
Nouveau programme de l’asbl Educa-Santé.
Études, recherches, et subventions en relation avec le PCO
Lutte contre les inégalités de santé (Fédération des maisons médicales).
Revue Éducation Santé (ANMC). Notre publication représente 0,7% du budget ‘santé’ hors PSE.
Promotion de la santé et inégalités: échange de savoirs (Cultures et Santé).
Médiathèque.
Formations en promotion de la santé (Repères).
Outilthèque santé (UNMS).
Autres
Dans les ‘dépenses de toute nature’, on retiendra surtout le budget d’évaluation des dispositifs de santé de la Communauté (Perspectives Consulting), d’un montant de 205.000 euros.
Vie affective et sexuelle des personnes handicapées (FUNDP).
Collecte de données (Centre épidémiologie périnatale).
Promotion de la santé sexuelle en milieu scolaire (Fédération laïque des centres de planning).

Bref commentaire

Le budget a maintenu le cap des 40.000.000 d’euros malgré une légère érosion. Cela semble dérisoire comparé au budget fédéral (de plus de 20 milliards), mais cela témoigne aussi de la capacité réelle de la Communauté française à assurer le financement de nouvelles initiatives, tel le programme de dépistage du cancer colorectal lancé en 2009.
Christian De Bock , avec l’appui de Didier Lebailly , Direction de la promotion de la santé Communauté française.

Evaluation des dispositifs de santé en Communauté française: constats et recommandations

Le 30 Déc 20

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Suite aux constats et recommandations émanant de l’évaluation des dispositifs de santé en Communauté française, un nouveau code de la santé devrait bientôt voir le jour. Ce code entend articuler toutes les politiques liées à la santé autour du concept de promotion de la santé. Pour pallier la fragmentation des dispositions et des compétences relevant du secteur de la santé au sein de la Communauté française, le rapport d’évaluation préconise la création d’un organe de pilotage destiné à rendre les politiques de santé plus cohérentes, à améliorer la lisibilité des dispositifs de santé ainsi que la coordination entre les différents acteurs et niveaux de pouvoir, et à assurer davantage de transversalité dans l’exercice des compétences.
Trente ans après la communautarisation des matières de santé, une évaluation des dispositifs de santé en Communauté française s’avérait nécessaire eu égard à l’évolution des objectifs politiques, aux progrès scientifiques et à l’apparition de nouveaux acteurs. Cette évaluation avait, par ailleurs, déjà été prévue dans le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé et, dernièrement, dans la Déclaration de politique communautaire 2009-2014.
Le consortium constitué des sociétés «Perspective Consulting» et «Effisciences», auquel l’évaluation a été attribuée en juillet 2010, vient de rendre publics ses constats et recommandations.

Éléments et thèmes évalués

Le consortium s’est attelé à évaluer les différents éléments constitutifs de la politique de santé en Communauté française:
-les programmes et plans communautaires quinquennaux et opérationnels;
-les services agréés et les organismes subventionnés;
-les dispositions décrétales et réglementaires.
Conformément au souhait du Gouvernement, les six thématiques suivantes ont été analysées:
-la cohérence des compétences en matière de santé;
-la transparence et la lisibilité des dispositifs;
-la transversalité dans l’exercice des compétences;
-l’organisation et les structures;
-la pertinence des moyens opérationnels;
-les procédures d’accompagnement et d’évaluation.

La promotion de la santé: toujours d’actualité

Les évaluateurs ont, dans un premier temps, jugé utile d’examiner le concept de «promotion de la santé», issu de la charte d’Ottawa de 1986 et traduit par la Communauté française dans le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé. « À cette époque , la Communauté française était vraiment à la pointe de la traduction , dans son dispositif légal , de ce nouveau concept au niveau mondial », analyse l’évaluateur François Burhin . « Il faut toujours un certain temps avant que ces concepts novateurs sur le plan mondial infusent dans les structures et arrivent jusqu’au terrain . La promotion de la santé’ porte essentiellement en soi l’idée qu’il faut agir prioritairement sur les déterminants de la santé et que , dans le fond , les citoyens doivent devenir responsables de leur santé ( empowerment ).»
14 ans plus tard, la promotion de la santé reste d’actualité. « Elle est toujours préconisée par les instances internationales . La charte d’Ottawa a été revisitée à de multiples reprises . Dans sa dernière mouture , on y a ajouté la charte de Bangkok de 2005 qui contient des éléments ayant trait à la santé mentale . On a donc toujours un bon concept à la base du dispositif de santé en Communauté française

Dispersion des compétences, manque de cohérence et de lisibilité

Si la plupart des acteurs se reconnaissent bien dans le concept de promotion de la santé, les évaluateurs mettent en avant une difficulté d’opérationnaliser le décret de 1997.
Diverses raisons expliquent cette difficulté.
D’une part, le concept de promotion de la santé est peu précis sur le plan juridique.
D’autre part, en matière d’action publique, les compétences liées aux déterminants de la santé sont dispersées sur base de la répartition des compétences entre les niveaux de pouvoir et sur base de la répartition des compétences au sein des Gouvernements. Cette fragmentation des compétences en matière de santé entraîne une difficulté de compréhension des actions de la Communauté française.
Autre difficulté, l’horizon temporel de la promotion de la santé, qui s’inscrit dans le long terme, ne correspond pas à celui d’une législature (4 ou 5 années).
Par ailleurs, si la promotion de la santé implique une intervention sur les déterminants de la santé, cette approche n’est pas spécifique aux compétences de la Communauté française et l’empêche de se distinguer des autres niveaux de pouvoir.
Cependant, les évaluateurs considèrent que si la Communauté française a peu de compétences en matière de santé (1), elle peut, malgré cela, clairement agir en son sein sur les déterminants de la santé suivants: habitudes de santé et capacité d’adaptation personnelle, éducation et alphabétisme, développement de la petite enfance, questions de genre et culture.
Outre la promotion de la santé, la Communauté française exerce, au moins partiellement, d’autres fonctions de santé publique. Il s’agit de la prévention, de la surveillance et de la maîtrise des maladies transmissibles et non transmissibles, de la surveillance de l’état de santé, de la législation et de la réglementation en santé publique, de la planification et de la gestion en santé publique, des services spécifiques de santé publique, de la santé pour les populations vulnérables et à risque. Or, les évaluateurs soulignent la faible visibilité auprès des autres niveaux de pouvoir et l’absence de pilotage de cette politique. À ce jour, le rapport indique qu’il n’existe ni cohérence globale ni dispositif juridique qui préciserait la contribution de la Communauté française à la santé publique.

Renforcer la transversalité et la coopération

La transversalité est une évidence puisque l’intersectorialité et le partenariat constituent des éléments clés du concept de promotion de la santé. Selon les évaluateurs, des progrès doivent être réalisés en la matière au sein de la Communauté française, mais aussi dans le domaine de la coopération entre les différents acteurs, cela d’autant plus que les compétences santé sont fragmentées.
Le rapport indique qu’il n’existe aucun mécanisme permettant d’assurer une lecture des politiques sous l’angle de la santé publique. Les compétences en matière de santé sont conçues comme une politique verticale qui coexiste à côté des autres compétences de la Communauté française. La coordination entre les différentes compétences de la Communauté française liées de près ou de loin à la santé est, à l’heure actuelle, insuffisante.

Améliorer l’organisation de la politique de santé

Le rapport constate une absence de planification de la politique et de sa mise en œuvre, de prises de décisions de réorientation, d’évaluation des effets de la politique ou du programme et de réajustement le cas échéant. Aucun acteur n’est désigné en tant que coordinateur de la mise en œuvre des programmes et des plans.
Cette absence de pilotage conduit à un risque de redondance dans l’action, d’une mauvaise utilisation des moyens, ainsi qu’à un manque de lisibilité pour les acteurs. Le rapport observe une perte d’énergie dans la division des tâches des Services communautaires de promotion de la santé, un recouvrement des compétences entre les Centres locaux de la promotion de la santé et les Services communautaires de promotion de la santé en matière d’aide méthodologique et un manque de clarté dans les missions des Centres locaux de promotion de la santé ainsi que dans la distinction entre les projets et les services.

Rendre les moyens plus opérationnels

L’évaluation révèle que le Programme quinquennal et le Plan communautaire opérationnel fournissent un cadre de référence mais qu’ils ne constituent pas un outil de travail encadrant leur opérationnalisation. Ainsi, les objectifs sont peu spécifiques, le planning de la mise en œuvre n’est pas précisé, les moyens alloués ne sont pas mentionnés, un suivi systématique des objectifs et de l’état d’avancement n’est pas mis en place, la responsabilisation des acteurs dans la mise en œuvre du programme et du plan est inexistante.
Selon le rapport, la construction historique du dispositif a mené à une externalisation de certaines fonctions sous la forme de services agréés. Ce fonctionnement suppose un encadrement avec des contrats d’objectifs, un suivi, une évaluation.
Enfin, le rapport relève la nécessité d’assurer les «fondamentaux», plutôt que de lancer de nouvelles initiatives nécessitant de l’énergie et des moyens à long terme.

Utiliser les évaluations

Des compétences se sont développées en matière d’évaluation. Mais les rapports d’évaluation ne sont malheureusement pas exploités. Une des raisons est peut-être liée à la difficulté de compiler les rapports et les résultats. Aussi, les évaluateurs attirent-ils l’attention sur le risque de décourager les acteurs à faire des évaluations et insistent sur la nécessité de créer un système d’évaluation dans le futur dispositif.

Nouveau décret

Parmi les recommandations, le consortium suggère d’articuler toutes les fonctions de la Communauté française autour des concepts de santé pour tous et de promotion de la santé .
À cette fin, les évaluateurs préconisent la mise en place d’un nouveau décret qui devra s’appuyer sur celui du 14 juillet 1997. Ce nouveau décret devra réaffirmer le concept de promotion de la santé et l’importance de l’action sur les déterminants de la santé, et agir prioritairement sur les politiques de la Communauté française.
Les évaluateurs proposent que ce nouveau décret s’articule autour de quatre grandes fonctions suivantes:
-la médecine préventive (vaccination, dépistage, santé scolaire);
-la protection;
-l’observation, la surveillance et la recherche;
-l’information, l’éducation, le renforcement des capacités (empowerment).

Organe de pilotage

Les évaluateurs suggèrent de définir des structures qui assureront une meilleure coordination des politiques contribuant à la santé pour tous et à la promotion de la santé en Communauté française.
Dans le même sens, le rapport recommande que la Direction générale de la Santé du Ministère de la Communauté française assure une plus grande transversalité des différentes politiques de la Communauté.
D’où l’idée émise de créer un organe destiné à assurer le pilotage des fonctions principales de la santé pour tous et de la promotion de la santé.
« L’idée n’est pas de créer une administration à côté de l’administration existante , mais de mettre en place une structure simple et souple », explique l’évaluateur Jean Louis Dethier . « Une structure simple car pour piloter , il n’est pas nécessaire d’avoir une grosse structure à partir du moment où on peut s’en tenir à l’essentiel , ce qui est le cas puisque la Communauté française a défini un certain nombre de priorités à travers son système de plans et de programmes . Il faut aussi une structure souple car ce qui est important , c’est l’autonomie des acteurs . Étant donné qu’il est nécessaire d’avoir des orientations claires dans l’intérêt des acteurs , cet organe de pilotage est destiné à jouer un rôle de coordination et d’incitation , mais il ne doit pas s’immiscer dans le travail des acteurs . Leur autonomie , leur professionnalisme ainsi que les différences locales doivent être respectés . Les déterminants de la santé sont tellement nombreux que si l’on ne donne pas de l’autonomie et des responsabilités aux acteurs de terrain , on n’obtiendra pas un système fonctionnel et efficace

Vers un nouveau code de la santé

La Ministre de la Santé Fadila Lanaan se prépare donc à revoir en profondeur les dispositifs légaux et réglementaires dans le domaine de la santé. « Les recommandations vont permettre à la Communauté française de clarifier l’exercice de ses compétences en matière de santé , de renforcer la cohérence , la lisibilité et la transparence des dispositifs , d’améliorer le fonctionnement des opérateurs et enfin de définir un mode de pilotage et de suivi permanent », précise la Ministre. « Sur le plan de la transparence et de la lisibilité des dispositifs , j’ai l’intention de rassembler les textes en un seul décret , le code de la santé de la Fédération Wallonie Bruxelles . Ce code rassemblera non seulement dans un ordre logique les divers textes législatifs traitant de la politique de santé mais surtout , il dégagera des principes communs aux textes existants et indiquera les lignes de force de la santé de la Fédération Wallonie Bruxelles .
Je veillerai également à ce qu’il puisse évoluer en fonction de l’émergence de problématiques nouvelles et à pouvoir y intégrer de nouvelles compétences , le cas échéant , sur base d’un nouvel accord institutionnel .
Par la suite , il sera nécessaire d’y greffer des arrêtés d’application afin de mettre en œuvre les différents programmes de la santé de la Fédération Wallonie Bruxelles .
Sur le plan de l’organisation des structures et de la coordination des politiques contribuant à la santé pour tous , j’analyse actuellement la possibilité de confier à un organisme spécifique , qui serait à créer le cas échant , un rôle de documentation , de sensibilisation , de coordination , de pilotage et d’évaluation des politiques de santé .
Mais avant toute modification de ces dispositifs , j’ai l’intention de présenter ce rapport à mon Administration et au secteur de la santé afin de récolter leurs avis sur les aménagements qui sont recommandés par les évaluateurs de ce rapport . Ces présentations débuteront dès le mois de juin . Cette consultation est pour moi un stade essentiel de la réflexion entamée
La Ministre espère pouvoir déposer son avant-projet de décret en janvier 2012 afin que le nouveau texte soit opérationnel à partir de 2013.
Colette Barbier

(1) Selon les évaluateurs en tout cas. Ce n’est pas le point de vue du côté flamand, où on estime que tout ce qui est fédéral (soins de santé) est résiduaire par rapport aux compétences des Communautés, même si l’immense majorité des dépenses reste ‘fédérale’ pour le moment (ndlr).

Avis du Conseil supérieur de promotion de la santé concernant la réduction des inégalités sociales de santé

Le 30 Déc 20

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«Adapter les stratégies pour faire face aux inégalités devant la santé » est le premier des principes d’action prioritaires fixés par le Programme quinquennal de promotion de la santé 2004-2008 (1).
Pour renforcer cette affirmation, la réduction des inégalités devant la santé est la clé du Plan communautaire opérationnel 2008-2009 (2). En référence au rapport de la Fondation Roi Baudouin (3), il y est précisé que « les personnes défavorisées ( difficultés économiques , psychosociales …) sont davantage confrontées à la maladie que d’autres . Mis à part quelques très rares exceptions , les gradients sociaux de santé se retrouvent pour chaque problématique de santé , et sont visibles tant en termes de mortalité ( dont par exemple l’espérance de vie ) que de morbidité ( santé physique mais aussi santé mentale et bien être ).»
Le Conseil supérieur de promotion de la santé réaffirme avec force que la réduction des inégalités sociales de santé constitue un défi prioritaire pour le secteur de la promotion de la santé. Pour relever ce défi, il tient à appuyer certaines recommandations auprès des décideurs, en complément de la note réalisée par le groupe de travail présentée en annexe.

Préalables et déterminants

Une bonne santé’ exige un certain nombre de conditions préalables . L’individu doit pouvoir s’appuyer sur des ressources de base, notamment: se loger, accéder à l’éducation, se nourrir convenablement, disposer d’un certain revenu, bénéficier d’un écosystème stable, avoir droit à la justice sociale et à un traitement équitable. Tels sont les préalables indispensables à toute amélioration de la santé, énoncés déjà en 1986 dans la Charte d’Ottawa, et toujours d’une actualité brûlante aujourd’hui en 2011.
Tenant compte du fait que la plupart des déterminants des inégalités sociales de santé se situent en dehors du champ d’action de cette dernière, le Conseil plaide en faveur de l’implication active des autres secteurs (notamment l’éducation, le logement, l’emploi…) dans le développement d’interventions utiles à la réduction des inégalités sociales de santé. Il importe donc d’interpeller les autres compétences communautaires et les autres niveaux de pouvoir afin d’inscrire la réduction des inégalités sociales de santé dans les politiques.
À cet effet, la Conférence interministérielle ou d’autres lieux réunissant différentes compétences et niveaux de pouvoir méritent d’être mobilisés. Cette implication pourrait prendre la forme d’une Charte dont le secteur de la promotion de la santé serait porteur, à élaborer en concertation avec des intervenants d’autres secteurs.

Offre universelle

Le Conseil attire l’attention sur la nécessité de maintenir voire de développer une offre universelle orientée vers la prévention , l’éducation pour la santé et la promotion de la santé . Cette offre doit donc être proposée à l’ensemble de la population et non pas viser uniquement les plus précarisés. C’est en maintenant une offre universelle qu’on pourra agir réellement sur le gradient social. Certains services comme par exemple les consultations de l’ONE et les services de promotion de la santé à l’école contribuent à garantir une offre universelle. Ces choix politiques doivent être maintenus, voire renforcés.

Stratégies spécifiques

Assurer l’universalité de l’offre ne peut cependant suffire à réduire durablement les inégalités sociales de santé.
Il importe de développer simultanément des stratégies spécifiques permettant à toutes les populations d’agir sur leur santé et de bénéficier sans discrimination des offres de santé. C’est tout le sens des caractéristiques de l’intervention spécifique des professionnels de promotion de la santé, dont les maîtres mots sont empowerment, plaidoyer, participation des communautés locales, réorientation des services, action sur les milieux de vie.
Le Conseil estime indispensable d’octroyer des ressources suffisantes et stables au secteur de la promotion de la santé, pour lui permettre de déployer avec un maximum d’efficacité les stratégies de promotion de la santé. Des projets limités dans le temps et dans les ressources ne peuvent suffire. Il est important d’élargir l’offre de promotion de la santé pour la rendre plus universelle et d’en assurer la continuité, ce qui implique un renforcement des moyens alloués.

Renforcer les compétences

Le Conseil insiste enfin sur la nécessité de renforcer les compétences des professionnels en matière de réduction des inégalités sociales de santé .
Cela concerne non seulement les professionnels de la santé, mais aussi ceux d’autres secteurs comme le logement, le secteur socioculturel, l’enseignement et l’emploi.
Il est essentiel de développer des formations sur le long terme en veillant à ce que ces formations soient adaptées à chaque niveau d’intervention. Ceci peut se faire notamment par le biais de la formation continuée. À cet effet, le Conseil préconise de mettre en place un référentiel commun sur les inégalités sociales de santé en Communauté française, de définir les besoins de formation selon les catégories de professionnels, d’accompagner les travailleurs avec ces nouveaux savoirs (par exemple par le biais d’intervisions ou de supervisions) et de leur garantir les ressources nécessaires (dont la continuité des financements…) pour exploiter au mieux ces nouveaux savoirs.
Chantal Leva , Présidente du Conseil supérieur de promotion de la santé
Avis rendu le 15 avril 2011 ( accessible en ligne à l’adresse https://www.sante.cfwb.be/index.php?id=3482 )
Pour compléter son information, le lecteur prendra connaissance avec profit du texte ‘La réduction des inégalités sociales de santé – Un défi pour la promotion de la santé’ produit par le Conseil supérieur de promotion de la santé en avril 2011 avec l’appui de son groupe de travail ‘Réduction des inégalités sociales de santé’ animé par Bernadette Taeymans .
Éducation Santé vous en proposera prochainement la version intégrale.
(1) Le Programme quinquennal 2004-2008 est prolongé jusqu’au 31 décembre 2011 (décret du 8/7/2010, publié au Moniteur belge le 16/8/2010).
(2) Le Plan communautaire opérationnel 2008-2009 a quant à lui été prolongé jusqu’au 30 juin 2012 (arrêté du 1/12/2010, publié au Moniteur belge le 8/2/2011).
(3) Réduire les inégalités en matière de santé, recommandations d’un groupe de travail de la Fondation Roi Baudouin, 2007.

Emoi dans le secteur

Le 30 Déc 20

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La présentation en primeur à la presse d’une synthèse du rapport d’évaluation (1) a suscité un réel émoi dans le secteur francophone de la promotion de la santé. Un certain nombre de ses travailleurs ont réagi en adressant le 24 juin dernier le courrier suivant aux parlementaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le 27 mai, Madame Fadila Laanan , Ministre de la Santé de la Communauté française a présenté et commenté à la presse les résultats de l’évaluation des dispositifs de santé en Communauté française de Belgique, qu’elle a commanditée.
Des interpellations concernant l’évaluation du dispositif ont été introduites le 8 juin dernier au Parlement de la Communauté française (CRI n°17 2010-2011) par M. J. Morel (ÉCOLO) et Mmes Pécriaux (PS) et Bertouille (MR). Ces interpellations ont, en partie, anticipé le contenu de cette lettre.
Les professionnels des dispositifs de santé de la Communauté française, signataires du présent courrier, souhaitent vous faire part de leurs premières réactions et interrogations. Celles-ci concernent d’une part, la communication autour des résultats de cette évaluation et d’autre part les modalités de construction du futur décret qu’elle annonce.
En tant qu’acteurs de ce secteur, et à ce titre concernés au premier chef, nous regrettons le calendrier de communication relatif à cette évaluation. Pour la plupart d’entre nous, c’est par la presse que nous avons été informés des résultats de ce travail et des pistes de réorientation qui en sont issues. Dans un souci de transparence et d’utilisation démocratique des résultats de l’évaluation, nous souhaiterions que les débats aient lieu à partir du texte complet du rapport d’évaluation et non à partir de sa présentation synthétique. Nous souhaiterions aussi que ces débats associent largement les professionnels concernés.
Nous estimons que le discours, porté dans le cadre de la conférence de presse du 27 mai 2011, sur les résultats du rapport d’évaluation, produit une image réductrice du secteur de la promotion de la santé. «Manque de lisibilité, faible visibilité et absence de pilotage» sont les seuls mots-clés utilisés pour caractériser notre travail. L’argumentation semble s’articuler sur une rhétorique du désordre et de l’ordre, de l’opaque et du transparent, du redondant et de l’efficacité. Ce qui existe à l’heure actuelle relèverait du désordre et ce qui émergerait du nouveau décret serait ordonné, transparent et efficace. La réalité est plus nuancée que cela. Et pourtant, nous constatons que la réponse de Mme la Ministre aux interpellations, lors de la séance du 8 juin au Parlement de la Communauté française, réaffirme cette image réductrice, qui stigmatise le secteur de la promotion de la santé et ses professionnels.
Cette première approche, parcellaire, des résultats, nous laisse craindre une mise en retrait des principes d’actions reconnus internationalement qui fondent la qualité de notre travail, au service de la santé du plus grand nombre. Ces principes sont: adapter les stratégies pour faire face aux inégalités devant la santé, intégrer les stratégies de médecine préventive dans une approche de promotion de la santé, promouvoir la participation citoyenne, développer le travail en réseau et le partenariat intersectoriel, développer des procédures d’assurance de qualité, augmenter les compétences et les capacités d’action par l’éducation permanente et la formation, articuler le champ de la promotion de la santé et les autres champs d’action politique.
De manière à nous permettre, au plus tôt, de compléter et nuancer cette première lecture, il nous semblerait utile de recevoir le rapport complet de l’évaluation qui a été menée. En effet, sa lecture devrait nous permettre de nous saisir des analyses et pistes proposées pour assumer au mieux notre rôle dans la phase de concertation et de construction du prochain décret.
Nous nous réjouissons du souhait de Madame la Ministre de nous associer à la phase de finalisation de ce chantier. Nous demandons de prendre connaissance rapidement de l’agenda et de la méthodologie proposée. Nous espérons que les consultations annoncées seront un lieu de négociation et de reconnaissance de l’expertise développée par les professionnels du secteur depuis plus d’un quart de siècle.
Nous souhaitons, par le présent courrier, impulser un dialogue avec vous et le Cabinet de la Ministre pour que ce nouveau décret mène effectivement à une meilleure santé pour tous et un meilleur service à nos concitoyens.
Les signataires de ce courrier: Gaëtan ABSIL, chercheur en santé publique.
Pascale ANCEAUX, pour l’Equipe d’Infor-Drogues.
Ghislain CARLIER – Univers santé asbl.
Carolo Prévention Santé – asbl.
Le CLPS du Hainaut occidental.
L’équipe du CLPS Luxembourg.
Chantal COLARIS.
Cultures&Sant;é.
Benoît DADOUMONT, pour le CLPS en province de Namur.
Martine DAL, Prospective jeunesse ASBL.
Christian DE BOCK, rédacteur en chef Education Santé.
Alain DECCACHE, professeur UCL RESO, Education santé patient.
Isabelle DECHAMPS, présidente de la Fédération des Maisons médicales de Centres de Santé Francophones et vice-présidente du Centre Local de Promotion de la Santé du Hainaut Occidental.
Docteur Brigitte DEMANET, Médecin Coordinateur du service PSE de Jolimont La Louvière.
Michaël DEMELENNE.
Guilhem de CROMBRUGGHE – Prospective Jeunesse.
Martin DE DUVE, Univers santé asbl.
Frédérique DEJOU, Vérane VANEXEM, Alexia ZEEGERS-JOURDAIN, de l’Asbl Les Pissenlits.
Michel DEMARTEAU.
Emmanuelle DOYE, pour le projet Périscope – Partenariat entre l’AMO Canal J et le réseau Citadelle.
L’Equipe du CLPS de Bruxelles.
Damien FAVRESSE.
Carole FEULIEN, Journaliste pour la revue Education Santé.
Micky FIERENS, LUSS asbl.
FIMS – fédération des institutions médico-sociales asbl.
France GERARD, Infor Santé, Alliance nationale des Mutualités chrétiennes.
Isabelle GODIN, responsable du SCPS Sipes.
Marc-Eric GUISSET, GIMPP.
Danielle HALLET, Univers santé.
Docteur HANLET Joelle, médecin scolaire PSE.
Isabelle HEYMANS, Coralie LADAVID, Yves GOSSELAIN, Fédération des maisons médicales.
Damien KAUFFMAN, coordinateur – Prospective Jeunesse asbl.
Jean LAPERCHE, PromoSanté et Médecine Générale.
Michèle LEJEUNE – Carolo Prévention Santé.
Lorraine-Naissance asbl-province de Luxembourg.
Catherine MARKSTEIN, ASBL Femmes et Santé.
Dr Lise MASKENS, Association Professionnelle des Médecins Scolaires.
Marie-Christine MIERMANS, ProVac.
Cécile MOONS – Univers santé asbl.
Julien NEVE pour l’asbl Prospective Jeunesse.
Anne-Françoise NICOLAY.
Danielle PIETTE, ULB-PROMES.
Plate Forme Prévention Sida.
Lydia POLOME – CLPS Luxembourg.
Anne-Sophie PONCELET – Univers santé asbl.
L’équipe du PSE ATHUS.
Repères asbl.
RSD-B (Réseau Santé Diabète Bruxelles).
Frédéric SCHOENAERS, Professeur à l’Institut des Sciences Humaines et Sociales, Université de Liège.
Isabelle TOUSSAINT, chargée de projets en promotion de la santé.
Pour le SCPS – Question Santé, Patrick TREFOIS.
Emilie VANDERSTICHELEN, Pour l’Union Nationale des Mutualités Libres.
Chantal VANDOORNE, SCPS APES-ULg.
Catherine VANESSE, Fédération Laïque de Centres de Planning Familial.
Aurélie VAN HOYE.
Prof. Marc VANMEERBEEK – Département de Médecine générale – Université de Liège. (1) Au moment où nous bouclons ce numéro (20 juin), le rapport proprement dit n’a pas encore été communiqué au secteur, ni même d’ailleurs au Conseil supérieur de promotion de la santé (ndlr).

Prévention des assuétudes dans une perspective de promotion de la santé : le choix de la Communauté française

Le 30 Déc 20

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«Telle qu’elle nous est imposée, notre vie est trop lourde, elle nous inflige trop de peines, de déceptions, de tâches insolubles. Pour la supporter, nous ne pouvons nous passer de sédatifs (…). Ils sont peut-être de trois espèces: d’abord de fortes diversions, qui nous permettent de considérer notre misère comme peu de choses, puis des satisfactions substitutives qui l’amoindrissent, enfin des stupéfiants qui nous y rendent insensibles. L’un ou l’autre de ces moyens nous est indispensable.» Sigmund Freud

Prévenir

Que signifie prévenir aujourd’hui et particulièrement en matière d’assuétudes? Le plus souvent, on pense qu’il s’agit de venir avant, d’empêcher l’apparition, le recours aux drogues.
Nous savons que, pour ce qui concerne les psychotropes, c’est-à-dire toutes les drogues, légales et illégales — comme pour tout ce qui est susceptible de provoquer des rapports de dépendance — vouloir prévenir leurs usages est illusoire si l’on entend par là empêcher le recours à, «vacciner contre»: le recours aux drogues appartient à l’histoire de l’homme.
Faut-il se résigner? Non bien sûr. Ce qui peut être travaillé, «prévenu», ce sont les usages dépendants d’un côté, et de l’autre, en amont, tout ce qui peut contribuer à ce que l’homme s’inscrive le moins possible dans des rapports de consommation (peu importe «l’objet» consommé), et que ces rapports soient les moins pathologiques possibles.
Les questions que soulève la réflexion sur les dépendances, leurs origines et les façons d’accompagner ceux qui en souffrent, nous renvoient sans cesse à ce qui caractérise notre société d’aujourd’hui: la rapidité, la croyance en un possible risque zéro, la pression à la réussite, la précarité de l’emploi et des liens sociaux, la disqualification de ce qui dure, et aux difficultés de nous y confronter.
Travailler les questions d’usages de drogues nous oblige sans cesse à rappeler ce que nous savons, nous professionnels de terrain, et qui est tellement difficile à faire entendre par la population générale et par les décideurs:
•l’information est nécessaire mais pas suffisante (il ne suffit pas de dire qu’un produit est dangereux pour empêcher son usage, les cigarettiers le savent bien);
•les envies de transgresser, de prendre des risques, d’expérimenter sont importantes, surtout à l’adolescence. Stigmatiser ces pratiques, exclure, ne résout rien, au contraire;
•apprendre à maîtriser ses pulsions est difficile et ce d’autant plus que l’on se sent vulnérable (arrêter de fumer si l’on n’a que cela comme satisfaction dans la vie est voué à l’échec).

Promouvoir la santé

En Communauté française, nous nous sommes dotés d’un modèle de référence, celui de la promotion de la santé.
C’est un beau modèle, prôné par l’OMS et par l’Europe, mais difficile à faire passer dans la population… et chez les mandataires politiques. On pourrait questionner les raisons de ces difficultés… Est-ce parce que la promotion de la santé n’a de sens que dans la transversalité qui s’accommode mal des découpages de compétences? Promouvoir la santé ne signifie pas empêcher la maladie mais bien mobiliser l’action de tous et de chacun pour améliorer le bien-être.
Il s’agit de rendre à l’individu sa place d’auteur, auteur de son devenir individuel et social, en inscrivant notre travail dans une démarche communautaire. Travailler à cela signifie donner ou rendre à la personne une parole. Cette parole, la sienne, doit pouvoir faire sens pour elle et pour les autres. Il s’agit également que cette parole lui soit reconnue comme telle et lui permette de revendiquer sa place, son identité et ses choix.
Dans le cadre de nos interventions, il s’agit donc d’entendre les difficultés qui nous sont présentées : en prenant en compte et, éventuellement, en agissant sur le contexte de vie de ceux qui s’adressent à nous et de ceux pour qui l’on s’adresse à nous, avec eux; en rencontrant les publics vulnérabilisés ou ceux qui les accompagnent, la promotion de la santé visant la réduction des inégalités devant la santé; en nous inscrivant dans un processus de travail et de réflexion à long terme, créateur de repères et non de solutions clé sur porte ou de réussites à tout prix.
L’autonomie et l’épanouissement personnel ne sont pas donnés et ils sont toujours liés à une histoire communautaire, familiale et individuelle. Ils sont le produit de capacités qui se développent dans les interactions entre l’individu et le monde qui l’entoure. Ces capacités trouvent leur origine dans des expériences relationnelles, des sensations corporelles et des pensées qui donnent des significations aux émotions et aux affects. C’est à cette prise de sens du vécu que peut venir travailler la promotion de la santé. Dans ce cadre, il s’agit d’aider à porter attention à ce qui est ressenti, aux effets des expériences sur soi et sur les autres afin d’expliquer, de déterminer en quoi une ou des satisfactions sont rencontrées.
Mais comment travailler la question des assuétudes dans cette optique de promotion de la santé? Plusieurs axes sont possibles.

La participation communautaire

Il s’agit de donner ou de rendre aux individus le statut d’acteurs dans la conception et la réalisation de projets qui les concernent. Cela signifie entendre les consommateurs et ce qu’ils disent de leurs consommations, entendre et interroger ce dont témoignent les personnes qui les accompagnent. Cela signifie aussi se poser en tiers afin de permettre l’élaboration d’un dialogue et la construction de pistes par rapport à ce qui fait problème à la communauté.

L’action sur le milieu de vie

En accompagnant les intervenants de première ligne dans leurs questions et leurs difficultés relatives aux usages de drogues, en participant à un travail mené avec les institutions quant à leur champ d’action et à la manière dont elles interviennent sur ce terrain.
Il s’agit de faire entendre autrement ce qui s’y passe et de dégager des pistes d’intervention.

Le développement des aptitudes personnelles et sociales

Promouvoir la santé en matière d’assuétudes signifie s’appuyer sur l’expérience professionnelle et personnelle de celles et ceux avec qui nous travaillons. La drogue et les représentations qui y sont liées mettent à mal la confiance du public en général et plus particulièrement celle des intervenants en leurs compétences professionnelles et personnelles. Il s’agit de restaurer la confiance en leurs compétences tout en leur donnant des clés et des outils.

La réorientation des services

Les usagers de drogues et leur entourage continuent à subir les effets de la stigmatisation dont ils sont l’objet. Dès lors, il est essentiel de développer, avec les professionnels, des réflexions et des actions susceptibles de favoriser un accueil meilleur de ce public dans les différentes structures qu’il fréquente, qu’il s’agisse d’établissements scolaires, de lieux de loisirs ou de sports, de lieux de travail ou de structures en lien avec la justice, le social ou la santé.

La concertation et l’action intersectorielles

Il s’agit de remettre en cause les évidences et de questionner les certitudes grâce aux échanges et aux collaborations. Cela signifie travailler avec des organismes qui inscrivent leur travail dans la prévention des assuétudes et l’accompagnement des usagers. Mais cela ne s’arrête pas là: il s’agit de dialoguer et de construire avec les acteurs en promotion de la santé, les intervenants en santé mentale et, plus largement, nous inscrire dans des concertations avec, notamment, des représentants de l’aide à la jeunesse et de l’enseignement. Cela implique, aussi, un travail de dialogue avec les mandataires politiques aux différents niveaux de pouvoir et une vigilance par rapport aux médias.

L’information et la formation continue

Les représentations fortement négatives par rapport aux dépendances, tout comme le déni des effets de certaines substances font obstacle à la mise en œuvre d’actions cohérentes et utiles en matière de promotion de la santé et de prévention des assuétudes.
Seules l’information diffusée de façon régulière et la formation continue dans le cadre d’une prévention s’inscrivant dans la politique de promotion de la santé peuvent permettre une modification des représentations et une meilleure compréhension des enjeux propres à chaque situation. L’information et la formation concernent bien entendu le recours aux produits mais surtout les repères éducatifs et le rapport de chacun au monde qui l’entoure, aux différentes places qui sont les siennes et aux rôles qu’il est amené à tenir au sein de son groupe, de sa famille et de sa société.
On le voit, la promotion de la santé et la prévention des assuétudes, c’est un travail à long terme, sans résultat immédiat visible car il s’agit de travailler au développement personnel et citoyen c’est-à-dire au développement de la capacité à se situer et à faire des choix, pour soi et par rapport aux autres.

Infor-Drogues en bref

•Une équipe de professionnels qui assure une permanence téléphonique 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, un service de consultations et un service d’e-permanence c’est-à-dire de l’écoute, de l’information, du soutien, des consultations pour les usagers de drogues ainsi que pour leur entourage.
•Une équipe de prévention et de formation qui se met au service de professionnels, enseignants, éducateurs, travailleurs sociaux ou mandataires communaux, mais aussi parents et bénévoles pour les informer et les accompagner lorsqu’ils se trouvent confrontés à des questions relatives aux usages de drogues.
•Un site internet, un centre de documentation et d’information.
•Un service de communication qui travaille avec les différents media et crée affiches, brochures et outils pédagogiques.

Les points forts

Notre décret est un bon décret, dans l’ensemble. Promouvoir la santé et non la dicter permet d’éviter les stigmatisations de tous ordres. Cette approche favorise une prise en compte de la complexité des questions d’usages de drogues et évite qu’on se satisfasse de recettes, de focalisation sur les produits ou sur ces boucs émissaires contemporains, c’est-à-dire, au choix, les drogués, les jeunes, les parents, les enseignants…
La promotion de la santé permet de réfléchir à des dispositifs qui envisagent la dépendance comme le rapport dynamique entre trois éléments en constante interaction: le ou les produit(s), la ou les personne(s), le contexte.
Par ailleurs, on l’a vu, elle est un véritable outil d’émancipation et de citoyenneté. Les intervenants troquent leurs habits de sauveurs pour ceux de facilitateurs/médiateurs. Faire de la promotion de la santé, c’est en effet rendre aux gens la faculté de choisir ce qu’ils entendent par santé. C’est les rendre acteurs de la recherche de solutions, c’est leur rendre confiance en leurs compétences tout en les soutenant et en les outillant. Au lieu de «faire pour» on «construit avec», et c’est toute la différence.
Elle permet le décloisonnement et une action qui s’inscrit en amont et en aval des problèmes par le rassemblement d’acteurs de différents terrains d’intervention.
Pour cela encore faut-il que l’ensemble du système éducatif, social et communautaire s’oriente vers ce même objectif…

Les points faibles

Le décret et les moyens qui lui sont attribués souffrent de la place grandissante octroyée à la médecine préventive en Communauté française. Non pas qu’il faille minimiser l’importance du dépistage et de la vaccination mais l’inflation des budgets assignés à cet effet empiètent sur les moyens octroyés à la promotion de la santé et entrave la mise en place d’une réelle politique de promotion de la santé. Est-il vraiment logique que le dépistage soit pris en charge par les communautés?
Autre difficulté: l’éparpillement et le fractionnement des compétences entre les différents niveaux de pouvoir et d’entités: État fédéral, Communautés, régions, provinces, communes, programmes à visées sanitaires, à visées sociales, à visées sécuritaires…
Cela complique le travail et est source de perte de temps, de moyens et de sens. Chaque lieu de décision peut avoir des priorités différentes, des attentes propres, des exigences particulières… mais les mêmes restrictions budgétaires. Que dire des montages que nous avons à organiser? Que dire des difficultés que ces cloisonnements occasionnent en matière de transversalité? Comment faciliter le travail entre services de prévention en matière d’assuétudes soutenus par la Communauté française et les services de santé mentales de compétence régionale? Comment faire sens pour la population? Et surtout, comment justifier le manque de cohérence?

L’exemple de l’école

Malgré certaines directives, tout le monde veut occuper le terrain scolaire, et y réussit souvent: la police continue à intervenir dans les classes via des descentes musclées ou des programmes de développement personnel (est-ce son rôle?), les dispositifs de prévention viennent parler des produits, les services de promotion de la santé mais aussi parfois les sectes ou les représentants de secteurs économiques, les alcooliers par exemple. Tout se vaut-il? Par ailleurs, les questions de santé trouvent peu de place dans l’école et si l’on considère le programme des formations offertes par l’Institut de formation en cours de carrière (organisme de la Communauté française), on s’aperçoit que, hormis le cas de l’entretien motivationnel (1), aucune formation n’a trait à la promotion de la santé ou aux assuétudes… Les professionnels des centres PMS ont accès à ces formations obligatoires mais les services PSE (promotion de la santé à l’école) pas!
Autre exemple de cette incohérence, les services d’Aide à la jeunesse et le peu de cas qu’il est fait de leur accompagnement par rapport aux problèmes posés à leurs publics et aux professionnels qui les encadrent en matière d’usages de drogues.
Bien entendu, nous tentons de travailler ensemble, au cas par cas. Mais nous manquons, eux comme nous, de temps et de moyens.

Trois réflexions et une suggestion en guise de conclusion

Nous voudrions pouvoir être entendus dans la nécessité de sortir la question des assuétudes du champ de la répression. La politique de prévention confiée aux secteurs répressifs, c’est le sparadrap sur la gangrène ! L’assuétude est une question de santé, santé physique, santé psychique, santé sociale. Y travailler donnera des résultats sur le plan de la sécurité.
La question des assuétudes renvoie à l’identité, à la place qu’on occupe dans le groupe, dans la société. Il y est question de reconnaissance, d’accès. S’occuper des assuétudes aujourd’hui signifie s’occuper non pas de la seule pauvreté mais de la précarité et travailler au renforcement des liens sociaux, de la mobilité sociale, lutter contre la peur de l’autre, du non-semblable.
La prévention on l’a vu, passe par le développement du travail de proximité, dans les quartiers, les collectifs, les institutions. Pour que ça fonctionne, il faut s’y installer et y rester si nécessaire. Cela demande du temps et des moyens. Or, tout va vite, tout se ramasse dans des échéances de plus en plus courtes.
Il est important d’expliquer qu’il est difficile de faire de la promotion de la santé dans un monde où les injonctions économiques, politiques et sociales se résument à «tout, tout de suite et vite», «sécurité 100%» et «risque zéro». Parce que cela n’existe pas.
Philippe Bastin , Directeur d’Infor-Drogues
Adresse de l’auteur : rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles. Internet : https://www.infordrogues.be
Cet article a été déjà publié par la revue trimestrielle de Prospective Jeunesse Drogues Santé Prévention, n° 56 (2010). Nous le reproduisons avec son aimable autorisation.
(1) Dont on peut d’ailleurs se demander s’il relève bien de la promotion de la santé…

Un joli coup de pouce pour une promotion de la santé au plus près du terrain

Le 30 Déc 20

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Fadila Laanan subsidie 42 projets locaux visant à réduire les inégalités sociales de santé à Bruxelles et en Wallonie

Au début du mois de septembre, Fadila Laanan avait annoncé aux bourgmestres et aux présidents de CPAS des 262 communes wallonnes et des 19 communes bruxelloises le lancement d’un appel aux projets locaux dans le domaine de la réduction des inégalités sociales en matière de santé.
Une initiative pour laquelle la ministre avait dégagé un budget global de 375.000 euros , destiné à encourager les politiques locales de santé susceptibles d’améliorer les déterminants de la santé par des stratégies participatives et de mise en réseau.
L’initiative a suscité un réel intérêt, puisque 80 projets ont été déposés dans un laps de temps très court.
Parmi les 42 programmes sélectionnés, 16 émanent de CPAS et 26 de communes. Quant à leurs thèmes, 22 visent les «attitudes saines», 13 concernent la «qualité de vie» et 2 abordent la «promotion de la santé en matière d’environnement», soit les trois axes thématiques proposés lors de l’appel à projets, tandis que 5 projets portent à la fois sur les axes «attitudes saines» et «qualité de vie».
Mi-octobre, à la clôture de l’appel qu’elle avait lancé, Fadila Laanan avait reçu 15 projets issus de communes et CPAS bruxellois et 65 issus de communes et CPAS wallons. Soit un réel succès pour un premier appel de ce genre , ce qui confirme la pertinence de son initiative qui répond à un réel besoin sur le terrain, tandis que la rapidité des réponses reçues en quelques semaines atteste du dynamisme de très nombreuses localités. Cela conforte la volonté de la Ministre de pérenniser cet appel à projets en proposant d’ores et déjà une enveloppe de 350.000 euros dans le cadre du projet de budget «santé» 2011 de la Communauté française.
Un jury d’experts spécialisés en promotion de la santé, en éducation permanente et en réduction des inégalités sociales de santé a examiné les 80 dossiers et les a classés. Sur base de ce classement, la ministre a réparti le budget global de 375.000 euros entre les 42 projets retenus, aucun n’atteignant le montant maximal de 20.000 euros prévu lors de l’appel.

Trois thèmes, une concrétisation rapide, des perspectives à long terme

Trois axes thématiques prioritaires avaient été soumis par la ministre Fadila Laanan aux autorités locales:

  • les attitudes saines (promotion de l’alimentation saine et de l’activité physique; prévention du tabagisme et de la consommation d’alcool);
  • la qualité de vie des citoyens;
  • la promotion de la santé en matière d’environnement .

Les projets subventionnés ont pu débuter très rapidement, encore avant la fin de l’année dernière, et leurs initiateurs seront invités par la ministre à partager leurs expériences au cours d’une journée qui se tiendra au mois de mai 2011.
Afin d’asseoir les projets dans une perspective à long terme, les pouvoirs locaux retenus doivent par ailleurs apporter une partie des ressources nécessaires à leur mise en œuvre. Celles-ci peuvent être humaines, matérielles ou financières.
En outre, un apport de ressources supplémentaires, en provenance d’un partenariat, peut compléter utilement les moyens disponibles.
Complémentairement à cet appel à projets, Fadila Laanan a chargé l’asbl «Santé, Communauté et Participation» d’ activer un réseau des projets communaux , afin de mettre en place une réelle dynamique au niveau local. Ce réseau aura pour but de favoriser l’échange des expériences et des bonnes pratiques.

Un enjeu politique important et partagé

Dans le courrier qu’elle avait adressé aux présidents de CPAS et aux bourgmestres de Bruxelles et de Wallonie en septembre, la ministre Fadila Laanan indiquait que «la réduction des inégalités sociales dans le domaine de la santé demande une mobilisation politique à tous les niveaux de pouvoir» . Elle précisait que la Déclaration de politique communautaire 2009-2014 du Gouvernement de la Communauté française prévoit que celui-ci y contribuera «en développant une réelle politique intersectorielle destinée à embrasser l’ensemble des déterminants de la santé» et en la déclinant « jusqu’au niveau local, en collaboration avec tous les acteurs concernés» , ceci «afin que la promotion de la santé soit assurée auprès de tous, et en particulier auprès des populations les plus vulnérables» .
Fadila Laanan indiquait donc aux mandataires locaux qu’elle est «convaincue que les communes constituent des opérateurs privilégiés pour initier et développer des projets dans le domaine de la santé, en vue de réduire concrètement les inégalités sociales».
Le succès de ce premier appel confirme que la vision de la ministre est partagée par de très nombreux pouvoirs locaux.

Les projets retenus, présentés par province

Brabant wallon – 6 projets retenus sur 8 (total: 52.720)

Province/Commune Descriptif: le CPAS a décidé d’offrir, via le potager, une initiative nouvelle à ses usagers, qui devrait leur permettre non seulement d’avoir une activité physique et de mieux s’alimenter mais aussi de recréer des liens sociaux. Descriptif: le CPAS souhaite, via des potagers communautaires et des ateliers de cuisine, aider un public en cours de marginalisation à sortir de son isolement, à se redonner une motivation, à recréer des liens sociaux. Descriptif: une série de personnes n’arrivent pas à rallier des projets de réinsertion professionnelle sans qu’on leur propose une étape intermédiaire de réinsertion sociale visant la réhabilitation d’une certaine estime de soi. Descriptif: organisation d’animations ‘santé’ pour le public du CPAS via le RestO, lieu convivial déjà fréquenté par ce public précaire. Descriptif: le CPAS souhaite mettre en place diverses actions susceptibles de lutter contre l’obésité, la sédentarité et la consommation de somnifères: des ateliers ‘cuisine’, des balades collectives, activités récréatives ayant pour but d’inciter les personnes à sortir de chez elles et découvrir des alternatives à la télévision et aux jeux vidéo. Descriptif: un éducateur de rue travaillant pour la commune a pris conscience de la consommation excessive d’alcool chez des jeunes en décrochage scolaire. Il a le projet d’élaborer une action de sensibilisation pour ces jeunes mais aussi avec ces jeunes.

Entité Programme sélectionné Subside
Ottignies – Louvain-la-Neuve Commune Projet: jardin collectif
15.000
Court-Saint-Étienne CPAS Projet: côté cour – côté jardin (ateliers cuisine, jardins solidaires)
11.257
Orp-Jauche CPAS Projet: créer du lien social pour une meilleure santé physique et mentale
10.000
Braine-l’Alleud CPAS Projet: informations et animations santé
7.538
Incourt CPAS Projet: alimentation saine et sport
7.500
Waterloo Commune Projet: alcool et jeunes en décrochage scolaire
1.425

Bruxelles-Capitale – 8 projets retenus sur 15 (total: 71.079)

Province/Commune Descriptif: le promoteur du projet souhaite améliorer la qualité de vie de ses habitants notamment par leur manière de s’alimenter, ainsi que les aider à accéder à des logements mieux adaptés à leurs besoins. Descriptif: lors des maraudes, le promoteur souhaite aider les sans-abri à adopter les gestes indispensables à la préservation de leur santé et à leur survie. Descriptif: le projet consiste à développer un parcours santé-piétonnier valorisant les chemins vicinaux existants. Ce parcours santé comprendra des panneaux d’information et de sensibilisation sur la santé et l’environnement qui seront placés à un endroit en lien avec la thématique développée. Descriptif: en favorisant la rencontre des habitants de tous milieux et de tous âges, tenter progressivement de mieux cerner leurs besoins et leurs attentes en matière de santé globale et de qualité de vie. Descriptif: afin de lutter contre l’obésité de son public, le CPAS a choisi d’engager une éducatrice socio-sportive pour aider les femmes et les enfants à adopter des attitudes saines visant la prévention et la lutte contre l’obésité. Descriptif: le CPAS souhaite aider une population fragilisée à mieux s’approprier l’information à propos des bienfaits d’une alimentation saine en organisant des animations scolaires et des ateliers cuisine pour adultes. Descriptif: la commune a décidé de mettre en place un espace de concertation des acteurs de prévention locaux afin de mieux identifier leurs besoins et d’ensuite les inviter à élaborer un plan d’action pour la promotion de la santé pour la population locale. Descriptif: le promoteur du projet a choisi d’offrir des cours d’aquagym à la population du troisième âge de sa commune afin de les inciter à pratiquer une activité physique en groupe.

Entité Programme sélectionné Subside
Forest Commune Projet: alimentation saine et logement
15.000
Bruxelles CPAS Projet: sensibilisation des sans-abri à l’hygiène du corps et du lieu de vie qu’ils occupent dans la cité
13.333
Bruxelles Commune Projet: parcours santé
12.933
Jette Commune Projet: mieux vivre ensemble – animations pour améliorer la qualité de vie des habitants
11.333
Molenbeek Commune Projet: promotion de la santé par le sport et une alimentation saine
10.000
Saint-Josse-ten-Noode CPAS Projet: prévenir le diabète et l’obésité par une alimentation saine
3.417
Etterbeek Commune Projet: tables rondes santé
3.393
Ganshoren Commune Projet: cours d’aquagym
1.670

Hainaut – 11 projets retenus sur 22 (total: 107.329)

Province/Commune Descriptif: au travers de son projet, le promoteur souhaite améliorer l’alimentation de la population tout en l’aidant à être autonome économiquement mais aussi en recréant des liens sociaux et solidaires. Descriptif: la commune, consciente que sa population la plus précaire n’a pas accès à des activités de bien-être, souhaite offrir à celle-ci des ‘box’ contenant des bons gratuits pour une visite médicale, un massage… Descriptif: la commune a pour objectif de mieux cerner les attentes et besoins des enfants défavorisés de son entité tout en agissant déjà sur la psychomotricité de ces enfants et sur la qualité de leur alimentation. Descriptif: la commune souhaite développer avec les écoles un programme pour inciter les élèves à bouger davantage en utilisant leur environnement quotidien, notamment durant leurs temps de récréation par la création de marelles modernes. Descriptif: le CPAS souhaite inciter son public à adopter une alimentation plus saine dans une perspective de lutte contre l’obésité et de ré-acquisition d’une meilleure image de soi. Descriptif: la commune organise pour ses habitants une journée annuelle sur le thème de la santé. Descriptif: afin d’aider une population très défavorisée à mieux accéder aux services de santé existants, des actions de sensibilisation seront mises en place. À cette occasion, les Maisons de quartier se transformeront ponctuellement en Maisons de la santé. Descriptif: la Ville a pour projet d’offrir aux personnes très précarisées une carte reprenant tous les services de santé et de prévention auxquels elles peuvent accéder gratuitement. Descriptif: durant la Quinzaine des assuétudes, diverses actions de sensibilisation aux risques liés aux assuétudes seront mises en place à destination des jeunes. Descriptif: conscients que les personnes gravement précarisées aggravent leur état de santé notamment par la perte de l’estime de soi, les promoteurs ont décidé de sensibiliser les acteurs locaux au problème et de créer un réseau d’acteurs sensibilisés aux problématiques de vie des personnes précarisées ainsi qu’à leurs attentes. Descriptif: la commune organisera une journée ‘santé’ dans son parc, à l’attention des familles défavorisées de la ville. Un petit déjeuner ‘Oxfam’ sera offert, suivi d’activités ludiques à propos de diverses thématiques: bienfaits des fruits, prévention des poux, premiers secours avec la Croix-Rouge…

Entité Programme sélectionné Subside
Péruwelz CPAS Projet: ateliers cuisine et potager
14.998
Boussu Commune Projet: bien-être au quotidien
13.333
Chapelle-lez-Herlaimont Commune Projet: psychomotricité
13.333
Mouscron Commune Projet: La Marelle
13.333
Charleroi CPAS Projet: projet de prévention à l’échelle du quartier
10.000
Manage Commune Projet: journée santé
10.000
Mons Commune Projet: accès aux soins des personnes fragilisées
10.000
Charleroi – Couillet Commune Projet: carte géographique en format de poche avec les points d’assistance médicale et sociale à bas seuil de la ville
8.200
Thuin Commune – AMO Projet: prévention des assuétudes
7.925
La Louvière Commune Projet: formation de professionnels (éducation pour la santé)
4.107
Enghien Commune Projet: alimentation, hygiène et premiers soins
2.100

Liège – 11 projets retenus sur 21 (total: 96.496)

Province/Commune Descriptif: amener les locataires des habitations sociales d’un quartier bien spécifique à s’approprier de manière collective leur espace de vie, à adopter de meilleures habitudes alimentaires et à améliorer la convivialité et la qualité de vie au sein de leur quartier. Descriptif: via une campagne, le promoteur souhaite encourager la population à mieux s’alimenter, à bouger davantage et à créer des liens sociaux au travers d’activités collectives de type « échanges de recettes ». Descriptif: au travers d’ateliers cuisine, le promoteur souhaite améliorer l’alimentation de la population et renforcer la création de liens solidaires Descriptif: le CPAS a confié à une asbl locale l’organisation mensuelle de conférences-débats sur divers thèmes de santé dont l’alimentation, l’alcool, le tabac ou l’hygiène. Descriptif: la commune souhaite initier un projet de diagnostic communautaire afin de cerner les attentes et besoins de sa population la plus défavorisée en matière de qualité de vie et de santé. Descriptif: consciente de la consommation souvent abusive d’alcool de la population ‘jeunes’ de Herve, la commune sensibilisera ce public aux méfaits de l’alcool via la création d’un film. Descriptif: la commune souhaite détecter les cas de maladie en relation avec les logements insalubres où s’accumulent diverses sources de pollutions intérieures néfastes pour la santé de ses habitants. Suite à cette analyse, les propriétaires des logements et la population seront sensibilisés à la promotion de la santé en matière d’habitat. Descriptif: conscients que les jeunes d’une école de la ville consomment des produits peu équilibrés, la direction ainsi que le PSE et le PMS ont décidé d’offrir des fruits aux élèves, mais également de les sensibiliser aux bienfaits d’une alimentation équilibrée via notamment la pyramide alimentaire, la rencontre avec un diabétologue… Descriptif: Seraing organisera une fête de la santé. Ce projet permettra de mettre en place des ateliers centrés sur les demandes des personnes avec l’appui de la maison médicale. Descriptif: la commune souhaite améliorer la qualité de l’alimentation de sa population au travers de divers actions: animations scolaires, conférences-débat, ateliers cuisine… Descriptif: le CPAS souhaite aider son public à adopter une alimentation plus saine. Pour ce faire et afin d’inscrire son projet dans la continuité, il a choisi de former les aides familiales qui pourront ainsi personnaliser leur aide.

Entité Programme sélectionné Subside
Chaudfontaine CPAS Projet: jardin solidaire santé
15.000
Sprimont CPAS Projet: sensibilisation à une meilleure alimentation et à la pratique d’un sport
14.990
Waremme Commune Projet: ateliers santé
12.000
Visé Commune – AMO Projet: recherche – diagnostic de quartier – campagnes de prévention et réalisation d’un film
11.250
Wasseiges Commune Projet: actions pour la qualité de vie du citoyen et contre l’isolement
11.227
Herve Commune Projet: alcool et jeunes
10.133
Saint-Nicolas Commune Projet: promotion de la santé relative au logement
7.457
Verviers Commune Projet: alimentation saine et activités physiques
5.125
Seraing CPAS Projet: fête de la santé et rencontres santé dans les quartiers
4.747
Pepinster Commune Projet: alimentation et lutte contre le stress
3.167
Liège CPAS Projet: formation d’aides familiales sur l’alimentation
1.400

Luxembourg – 2 projets retenus sur 6 (total: 22.422)

Province/Commune Descriptif: au travers de diverses initiatives telles que la distribution de fruits dans les écoles et la mise en place d’ateliers cuisine, la commune vise à promouvoir une alimentation plus saine et davantage d’activités physiques. Descriptif: le CPAS souhaite mettre un terrain pour potager à la disposition des seniors qui, souvent, ont mangé les légumes de leur potager durant toute leur vie, ainsi qu’aux usagers du CPAS qui n’ont pas accès à une activité physique et à une alimentation saine.

Entité Programme sélectionné Subside
Aubange CPAS Projet: santé alimentaire dans les familles fragilisées
13.333
Wellin CPAS Projet: jardin communautaire
9.089

Namur – 4 projets retenus sur 8 (total: 24.592)

Province/Commune Descriptif: le CPAS souhaite sensibiliser les personnes défavorisées de la commune aux méfaits des pollutions intérieures et leur offrir des pistes pour les réduire ou les éliminer. Descriptif: le promoteur souhaite mener un projet auprès d’un public ultra défavorisé qui vit en caravanes résidentielles afin d’améliorer son confort de vie mais également les liens de solidarité et la prévention des accidents domestiques. Descriptif: la commune se propose d’organiser des animations via des structures existantes touchant des publics très défavorisés afin de les sensibiliser à différentes problématiques de santé, dont l’alimentation et la dépendance à l’alcool et au tabac. Descriptif: la commune souhaite initier des habitudes alimentaires plus saines chez les enfants des écoles primaires via les PSE, PMS et grâce à l’appui de l’asbl CORDES.

Entité Programme sélectionné Subside
Ciney CPAS Projet: pollutions intérieures
9.675
Hastière Commune Projet: trucs et astuces pour l’habitat
7.913
Rochefort CPAS Projet: modules d’information santé
3.970
Sambreville Commune Projet: alimentation saine à l’école primaire
3.034

Total

374.638

D’après un Communiqué du Cabinet Laanan (24 novembre 2010)

Evaluation des dispositifs de santé en Communauté française

Le 30 Déc 20

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Près de trente ans après la communautarisation de certaines matières de santé, et conformément au décret de 1997, la déclaration de politique communautaire prévoyait une évaluation portant sur l’exercice des compétences qui relèvent de la Communauté française. Cette évaluation, plus large que ce que prescrit le décret, vise les dispositifs de santé et concerne les politiques, les programmes et les projets des services et organismes qui les appliquent.
La Ministre a souhaité confier cette évaluation à un organisme indépendant du dispositif. Suite à un appel d’offres, le consortium constitué de ‘Perspective Consulting’ et ‘Effisciences’ a été retenu pour cette mission. Leur travail a débuté en septembre, et devra être terminé d’ici le printemps prochain.
L’évaluation portera sur:
-les programmes et plans communautaires quinquennaux et opérationnels;
-les services agréés et les organismes subventionnés;
-les dispositions décrétales et réglementaires.
Plus précisément, les équipes d’évaluation aborderont les six points suivants :
-cohérence des compétences en matière de santé;
-transparence et lisibilité des dispositifs;
-transversalité dans l’exercice des compétences;
-organisation et structures;
-pertinence des moyens opérationnels;
-procédures d’accompagnement et d’évaluation.
Les recommandations qui résulteront de cet exercice devraient permettre à la Communauté française de clarifier ses compétences en matière de santé, d’en améliorer le fonctionnement, la cohérence, la lisibilité et la transparence, et de définir un mode de pilotage et de suivi permanent.
La méthode de travail des évaluateurs prévoit trois temps forts:
-la réalisation d’un socle informationnel comprenant une synthèse historique de la politique de santé en Communauté française, une représentation stratégique de cette politique, une représentation structurelle et institutionnelle des dispositifs existants, ainsi que l’identification des acteurs, de leurs missions, de leurs moyens et des interrelations entre eux;
-le recueil et le traitement de données comprenant une large consultation des acteurs (par enquêtes, groupes focalisés, séminaires d’experts, dossiers, études de cas). Il est prévu de consulter le gouvernement, l’administration, les organismes consultatifs, les institutions subsidiées, en ce compris les acteurs dépendant d’autres niveaux de pouvoir ou à financement mixte, les centres de référence, les centres locaux de promotion de la santé, les services communautaires de promotion de la santé, les services de promotion de la santé à l’école, les acteurs de terrain (asbl et pouvoirs locaux), et les acteurs relais auprès des publics cibles (par exemple les enseignants);
-et bien entendu l’évaluation proprement dite et les recommandations en réponse aux six questions.
Informations fournies par le cabinet de la Ministre Fadila Laanan

Le budget santé de la Communauté française en 2009

Le 30 Déc 20

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L’an dernier, nous avions fait l’impasse sur la présentation traditionnelle des dépenses de la Communauté française en matière de santé, pour publier une synthèse fouillée des évolutions au cours de la législature qui s’était achevée à la mi-2009 (1).
Nous revenons aujourd’hui à un relevé plus classique des dépenses.

Les dépenses en 2009

Programme

Nature Contenu 2009 En % du budget (hors PSE)
Programme 0 Subsistance Fonctionnement des conseil et commissions, réunions, enquêtes… 61.700 0,29
Programme 1 Interventions diverses Accords de coopération et dotation à l’Académie Royale de Médecine 178.229 0,83
Programme 2
Contrôle médico-sportif 501.390 2,33
Mise en œuvre du PCO
Vaccination 5.974.433 27,77
Assuétudes 1.399.580 6,5
Sida 2.013.084 9,36
Cancer 2.138.000 9,94
Cardio-vasculaire 326.150 1,52
Tuberculose 1.408.000 6,54
Traumatismes et sécurité 0 0
Études, recherches et pilotage du PCO 146.310 0,68
Subventions diverses pour mise en œuvre du PCO 1.023.379 4,76
Promotion et protection de la santé
Dépenses de toute nature 144.967 0,67
Organismes agréés (CLPS et SCPS) 3.052.409 14,19
Divers projets 727.080 3,38
Programmes locaux 317.140 1,47
Dépistage maladies métaboliques 840.000 3,9
Dépistage surdité néonatale 365.000 1,7
Subventions aux programmes de transition professionnelle 13.000 0,06
Subvention à l’Institut scientifique de santé publique 886.609 4,12
Total programme 2 21.516.460 100
Programme 3 Promotion de la santé à l’école 19.151.000
Total général 40.667.460

Remarques générales

Le poste le plus important, et de loin, est la vaccination, pour plus d’un quart du total (hors PSE). Cela concerne la gestion de la politique vaccinale de la Communauté française, et aussi (surtout) la participation de la Communauté au coût de l’achat des vaccins.
La grande modestie des montants consacrés à la prévention cardio-vasculaire laisse quelque peu songeur…
On notera aussi le faible financement de programmes de proximité, la dimension locale de la politique de promotion de la santé étant concentrée sur le financement des CLPS.

Dotations à plus de 100.000 euros

Impossible de citer ici toutes les initiatives, permanentes ou ponctuelles, soutenues par la Communauté française dans le cadre de son budget ‘santé’. Par convention, nous avons sélectionné celles dotées de 100.000 euros ou plus. Cela donne une idée des démarches sur lesquelles la Communauté porte un effort particulier.
Financement du dispositif permanent’
10 centres locaux de promotion de la santé, et 4 services communautaires.
Assuétudes
Aider les jeunes dans leurs consommations (Alfa)
Prévention des conduites à risque (Centre de santé mentale du CPAS de Charleroi)
Observation toxicomanies (Eurotox)
Programme pluriannuel d’Infor-Drogues
Réduction des risques en milieu festif (Modus Vivendi)
Prévention sida
Pas de grands bouleversements ici, ce sont les bénéficiaires habituels qui ont pu continuer leurs actions : espace ‘P’, Ex Aequo, Observatoire du sida et des sexualités, Modus Vivendi, Plate-forme prévention sida, SIREAS (migrants).
Cancer
Dépistage du cancer du sein et, nouveauté, dépistage du cancer colo-rectal. Dotation au Registre du cancer.
Cardiovasculaire
Un seul projet de plus de 100.000 euros, celui de l’asbl Promosanté et médecine générale.
Tuberculose
Frais de fonctionnement du FARES et de ses unités de secteur.
Études , recherches , et subventions en relation avec le PCO
Stratégies plurielles de promotion santé en maison médicale: approches communautaires et de santé publique (Fédération des maisons médicales)
Revue Éducation Santé (ANMC). Notre publication représente 0,7% du budget hors PSE.
Programme pluriannuel (CORDES)
Société, culture et promotion de la santé (Cultures et Santé)
Médiathèque
Formations en promotion de la santé (Repères)
Outilthèque santé (UNMS)
Autres
Vie affective et sexuelle des personnes handicapées (FUNDP)
Promotion de la santé autour de la naissance (Centre éducation patient)
Promotion de la santé sexuelle en milieu scolaire (Fédération laïque des centres de planning)
Collecte de données (Centre épidémiologie périnatale)
Dotation annuelle à l’Institut scientifique de santé publique.

Bref commentaire

Malgré une situation financière difficile, le budget a donc franchi le cap des 40.000.000 d’euros. Cela semble dérisoire comparé au budget fédéral (de plus de 20 milliards), mais cela témoigne aussi de la capacité réelle de la Communauté française à assurer le financement de nouvelles initiatives, tel le programme de dépistage du cancer colo-rectal. D’aucuns regretteront toutefois que les efforts portent sur des matières qui pourraient (devraient) émarger en tout ou en partie au budget fédéral.
Autre point positif, la ‘santé’ devrait échapper aux sacrifices demandés à d’autres secteurs relevant des compétences de la Communauté.
Christian De Bock , avec l’appui de Didier Lebailly , direction de la promotion de la santé Communauté française

(1) Voir PEREIRA T., L’évolution et la répartition du budget santé de la Communauté française entre 2004 et 2008, Éducation Santé n° 251, décembre 2009 ( https://www.educationsante.be/es/article.php?id=1186 )

Quelques constats du Conseil supérieur de promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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Le Conseil supérieur de promotion de la santé remet au Gouvernement de la Communauté française des avis destinés à assister ce dernier dans sa politique de promotion de la santé et de médecine préventive. Il s’agit souvent de recommandations techniques, imposées par la législation, ou d’avis ponctuels sur des programmes d’action et de recherche, sur des campagnes médiatiques, des registres de pathologies, etc.
Le Conseil est aussi amené à répondre à des questions de portée plus générale, et peut aussi prendre l’initiative d’attirer l’attention de la ministre sur une question qu’il juge intéressante ou préoccupante.
Le lecteur consultera utilement le site https://www.sante.cfwb.be , qui contient beaucoup d’informations sur le Conseil, dont une partie de ses avis.
L’avis reproduit ci-dessous a été donné le 20 novembre 2009. Dans son rapport 2004-2009, le Conseil supérieur de promotion de la santé a émis des constats portant sur le champ de la promotion de la santé et la médecine préventive, le financement du dispositif et du secteur, la multiplicité des niveaux de compétences, la difficulté d’évaluer le dispositif et la multiplication des centres de référence.
Dans le présent document, l’actuel Conseil souhaite présenter des recommandations en lien avec les lignes de tension relevées dans ce rapport. Elles portent sur le statut et les orientations budgétaires de la promotion de la santé en Communauté française ainsi que sur les priorités stratégiques à définir pour réduire les inégalités de santé.
Pour rappel, le décret du 14 juillet 1997 mettait en avant la promotion de la santé comme une mise en application des recommandations de l’OMS pour améliorer durablement la santé des populations et lutter contre les inégalités sociales de santé. Il s’agit de renforcer le pouvoir d’agir des populations et de travailler sur des environnements favorables à la santé (notamment en développant de l’intersectorialité). En agissant sur les déterminants sociaux de la santé, ces stratégies visent à instaurer l’équité en santé (1). Cette organisation passe par une décentralisation des politiques et un soutien aux acteurs en contact avec les populations.

Premier constat: étroitesse des moyens et choix budgétaires en promotion de la santé

Dans son rapport global 2004-2009, le Conseil a relevé un point de tension concernant le financement du dispositif et celui du secteur de la promotion de la santé ainsi que l’affectation des ressources:
«Financement du secteur: depuis plusieurs années, en dépit de l’affirmation du Gouvernement pour une attention particulière à la prise en compte des inégalités sociales face à la santé, aux publics jeunes et au secteur associatif, le secteur de la promotion de la santé ne peut que constater un manque de moyens financiers.
Les moyens attribués au secteur de la promotion de la santé, y compris la médecine préventive, au niveau communautaire restent dérisoires comparés à ceux affectés au secteur curatif. Cette situation pose à nouveau la question de la répartition des compétences entre les niveaux de pouvoir et celle du refinancement de la Communauté française» (extrait du rapport CSPS 2004-09).
«Financement du dispositif: le décret du 14 juillet 1997 a mis en place un dispositif comprenant les services agréés: SCPS et CLPS. Sur base du décret modificatif de juillet 2003 (2), un centre de référence a été agréé. De nouvelles missions et de nouvelles priorités ont été attribuées aux Centres locaux de promotion de la santé et aux Services communautaires.
Au vu des rapports de ces services, les demandes qui leur sont faites sont de plus en plus nombreuses et complexes. Les charges salariales et les coûts de fonctionnement ont augmenté; parallèlement, les financements n’ont pas bougé mis à part l’indexation. Cette situation mène à un goulot d’étranglement qui risque d’aboutir à une situation de blocage du secteur. Ceci est d’autant plus évident pour les CLPS, dont les pôles de compétences se sont développés et diversifiés et dont le rôle de décentralisation devrait être renforcé afin de répondre aux besoins et aux demandes du terrain.»

Depuis 2003, les choix budgétaires faits par le Gouvernement sont en inadéquation avec les priorités du Programme quinquennal et les stratégies globales. Ils privilégient le développement de programmes organisés de médecine préventive, qui prennent une ampleur telle que plus aucune marge budgétaire n’est disponible pour réaliser les objectifs initiaux du décret de 1997 cités plus haut. Cette orientation « met en péril des programmes de promotion de la santé existants » ( extrait du rapport CSPS 2004 09 ). Elle entraîne également des coûts importants notamment par la création et multiplication de centres de références; citons par exemple, le dépistage néonatal qui s’est développé dans deux programmes distincts (avec pourtant des acteurs identiques) et qui dès lors fait exister des structures supplémentaires et parallèles aux structures existantes (l’ONE par exemple).
De plus, le découpage budgétaire actuel réservant des montants à des problématiques de manière séparée appuie ces approches verticales et marginalise les projets globaux qui s’intéressent à la santé de la population sans cibler une thématique en particulier, mais au travers de stratégies horizontales.
Ces phénomènes ne contribuent pas à une approche globale et intégrée de la santé et accentuent la carence budgétaire. Si les choix politiques futurs n’infléchissent pas cette évolution budgétaire, cela risque d’entraîner des écarts de santé de plus en plus grands au sein des populations.

Recommandation 1

Le Conseil invite le Gouvernement à examiner le financement du dispositif et du secteur afin de poursuivre les objectifs du décret 1997 et les priorités du Programme quinquennal et des plans communautaires opérationnels. D’une part, les budgets consacrés à la promotion de la santé devraient être augmentés et d’autre part, la priorité devrait être accordée à des actions de proximité auprès de la population soutenue par des acteurs de promotion de la santé.
Le Conseil considère qu’il faut infléchir l’évolution dans l’allocation des ressources, à savoir: arrêter d’utiliser les moyens disponibles pour développer de plus en plus de programmes verticaux (qui ne prennent en compte que des pathologies séparées) afin de conserver des moyens pour des programmes qui développent des stratégies horizontales.
Le Conseil est d’avis qu’au niveau de la construction du budget, une allocation de base globale serait plus pertinente que le découpage actuel et n’empêcherait en rien d’établir des problématiques prioritaires, lesquelles seraient judicieusement traitées au travers des stratégies de promotion de la santé.
Sans attendre les résultats de l’évaluation du dispositif de promotion de la santé et du programme quinquennal qui pourrait amener à préciser des priorités d’action, le Conseil souligne l’urgence de revaloriser les programmes d’action qui s’appuient sur les stratégies de promotion de la santé et tentent d’instaurer l’équité en santé en agissant sur les déterminants sociaux de la santé.

Deuxième constat: verticalisation et carence des programmes de médecine préventive

Dans son rapport global 2004-2009, le Conseil a relevé un point de tension entre la promotion de la santé et la médecine préventive. « Lors de la discussion du décret de 2003 modifiant celui de 1997 , le Conseil avait précisé que le champ de la promotion de la santé intégrait la médecine préventive . C’est ainsi que l’appellation « la promotion de la santé , y compris la médecine préventive …» a été choisie afin de mettre en évidence la nécessité pour les programmes de médecine préventive de s’inscrire dans une approche de promotion de la santé et de développer les stratégies de celle ci Le Conseil a relevé à plusieurs reprises la multiplication de centres de référence créés par problématique ( cancer , anomalies congénitales , surdité ). Cela entraîne une verticalisation de plus en plus forte du dispositif et constitue un frein important à une approche globale de la santé envisagée en fonction des publics et / ou des milieux
Actuellement et de manière générale, les programmes de médecine préventive sont pensés au travers d’une approche verticale plutôt que globale. La volonté du législateur d’inclure la médecine préventive dans le décret de promotion de la santé ne porte pas ses fruits car l’organisation de programmes de médecine préventive montre à ce jour trop peu de mise en œuvre de stratégies de promotion de la santé; ils restent centrés sur une pathologie en particulier.
Les moyens financiers de ces programmes sont consacrés davantage aux actes de dépistage qu’à leur accessibilité sociale et culturelle. Le découpage budgétaire actuel ne fait qu’accentuer cette tendance générale au détriment d’une approche de promotion santé. De manière générale, l’importance relative à accorder à la médecine préventive et à la promotion de la santé fait l’objet de débats au sein du Conseil et de façon plus large au sein du secteur de la santé.

Recommandation 2

« Le Conseil insiste sur le caractère incontournable de stratégies de promotion de la santé pour que les programmes de médecine préventive aboutissent à leurs objectifs en termes de couverture et aient un impact sur la réduction des inégalités face à la santé . Ce sont les stratégies de promotion de la santé qui permettent une participation éclairée des populations à ces programmes . Les stratégies et méthodes de la promotion de la santé favorisent , auprès des populations , l’ancrage et le travail en profondeur , dans le long terme , des actions de médecine préventive en agissant sur les déterminants de la santé , sur les processus de changement individuel et collectif » (extrait rapport CSPS 2004-2009).
Dans le cas spécifique de programmes de médecine préventive organisés, tout programme devrait être pensé pour les avantages qu’il apporte à toute la population qui en bénéficie, en tenant compte au préalable de l’ensemble des priorités de santé définies dans les politiques générales.
Le Conseil recommande que, tout comme les programmes d’action, les programmes de médecine préventive organisés se construisent sur les principes et stratégies de la promotion de la santé en considérant l’ensemble des déterminants de la santé des populations et en privilégiant une approche globale et transversale, collective, mettant la personne, le groupe de population, au centre du dispositif plutôt que telle ou telle pathologie.

Troisième constat: manque de concertation entre les différents secteurs et niveaux de compétences
Le Conseil a relevé une tension due à la multiplicité des niveaux de compétences:
«Le secteur de la promotion de la santé, y compris la médecine préventive, est confronté à une difficulté institutionnelle qui concerne d’ailleurs l’ensemble de la santé en Belgique. La multiplicité des niveaux de décision, (le niveau fédéral, le niveau régional et le niveau communautaire) rend plus difficile le travail des acteurs: de plus en plus souvent, des plans apparaissent au niveau national sous l’égide du fédéral qui demande ensuite aux Communautés une déclinaison locale de ces plans. Le manque de concertation et d’élaboration avec l’ensemble des acteurs et publics concernés, ainsi que l’absence de prise en compte des initiatives déjà développées par les entités fédérées posent la question de la pertinence et de la cohérence des programmes implantés au niveau local.
Apparaissent également des choix d’orientation différents entre ces niveaux de pouvoir. Ceci est d’autant plus marqué au niveau du secteur de la promotion de la santé qui estime essentiel de mobiliser l’ensemble des acteurs de tous les secteurs concernés: éducatif, socioculturel, environnemental et social.
Le Conseil a d’ailleurs observé au cours de ce mandat un élargissement des demandes hors du champ des compétences santé prises au sens strict; cet élargissement des demandes et recommandations confirme le caractère transversal des compétences santé de la Communauté française.»
(extrait du rapport CSPS 2004-2009).

Recommandation 3

Pour mener une politique publique visant à réduire les inégalités de santé, une grande partie des efforts à fournir doit intervenir dans le domaine extra-sanitaire (3), c’est pourquoi d’autres secteurs doivent être impliqués dans la mise en œuvre et la réalisation de politiques favorables à la santé.
Le Conseil considère qu’une concertation doit être établie avec les autres niveaux de pouvoir pour une véritable «politique publique saine» (logement, enseignement, finances, emploi, environnement…) visant à réduire les inégalités de santé.

La Présidente du Conseil, Chantal Leva

(1) Combler le fossé en une génération, instaurer l’équité en santé en agissant sur les déterminants sociaux de la santé, OMS 2008.
(2) Décret du 17 juillet 2003 modifiant le décret du 14 juillet 1997 organisant la promotion de la santé
(3) Combler le fossé en une génération, instaurer l’équité en santé en agissant sur les déterminants sociaux de la santé, OMS 2008.

Fadila Laanan, une vision transversale de la prévention

Le 30 Déc 20

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À l’entame d’une législature, il nous a semblé particulièrement intéressant d’interroger la nouvelle ministre francophone de la Santé sur ses priorités, et sur les accents spécifiques qu’elle entend imprimer à la politique de promotion de la santé et de médecine préventive en Communauté française.
Petit tour d’horizon en compagnie de Fadila Laanan
.
Éducation Santé: Quel bilan faites-vous des réalisations de la Communauté française sous la législature précédente? Vous faisiez partie du Gouvernement aux côtés de Catherine Fonck , cela vous donne un point de vue privilégié sur cette question.
Fadila Laanan : Au risque de vous étonner, je ne vais pas me prononcer sur ce point dans les termes où vous le soulevez. Les politiques qui ont été menées sous la précédente législature ont été le fruit d’échanges de vues et – parfois après des désaccords – de compromis que l’ensemble du Gouvernement a assumés collectivement. La ministre précédente, Catherine Fonck, a fait des choix dans une enveloppe limitée. Je n’aurais peut-être pas fait les mêmes, ou peut-être les aurais-je fait également: à quoi bon revenir là-dessus?
La continuité du service public impose un minimum de cohérence dans la poursuite de l’action publique et, de mon point de vue, un minimum de correction. Ainsi, par exemple, j’ai maintenu les deuxièmes vagues des campagnes de promotion de la santé qui avaient été initiées sous la précédente législature. Et j’ai même lancé la toute nouvelle campagne de promotion du mammotest, qui avait été initiée à l’époque de Catherine Fonck, en précisant d’ailleurs bien que tel était le cas. Ceci alors qu’elle soulevait pourtant des questions dans mon entourage, parce que j’ai estimé qu’il aurait été sot, en période d’austérité budgétaire, de jeter à la poubelle le travail qui avait été fait.
Par contre, même si je ne veux pas m’attarder sur le passé, je n’ai pas de tabou pour le futur. Chacun jugera si c’est un avantage pour le secteur d’avoir une ministre qui n’est pas médecin mais, même si j’ai bien sûr des convictions politiques, je n’ai pas d’idées préconçues sur une série de choses. C’est important, car nous sommes en pleine période d’évaluation de l’ensemble de nos politiques, comme prévu dans le décret du 14 juillet 1997, modifié en 2009, et dans la Déclaration de politique communautaire. Je peux vous dire que j’aborde cette évaluation sans me dire que je dois à tout prix marquer le secteur de mon empreinte, mais avec la volonté farouche d’œuvrer au mieux, comme je l’ai fait en culture et en audiovisuel depuis 2004, au bénéfice de tous nos concitoyens.
E.S.: Quels enjeux fondamentaux guideront votre action? Sur quels aspects de la politique de prévention allez-vous mettre un accent particulier?
F.L. : Je vais vous en citer six.
Avant tout, je veux lutter contre les inégalités sociales de santé . Je mettrai un accent particulier sur les stratégies dites de «santé communautaire», en réseau avec les acteurs de la commune et la participation des citoyens.
J’ai l’intention d’associer les pouvoirs locaux, afin qu’ils deviennent des éléments moteurs dans la dynamique et les pivots des synergies locales à tisser nécessairement avec les CPAS, les centres de santé, les centres sportifs, les écoles, les centres culturels, les mouvements associatifs… Ce partenariat est indispensable pour agir sur tous les déterminants de la santé: biologiques, sociaux, culturels, environnementaux (l’obésité, la sédentarité, la précarité, la violence, l’hypertension artérielle, l’isolement social, l’accès aux services de santé, l’accès à la pratique sportive…).
Si nous pouvons influer, ensemble, de manière concertée et complémentaire, sur ces déterminants, nous pourrons au final améliorer la qualité de vie et la santé globale de nos concitoyens. Je serai attentive à ce que les projets mis en place dans le cadre de la lutte contre les inégalités sociales de santé agissent aussi sur les préjugés, les disqualifications, les discriminations (sociales, culturelles, ethniques, de genre ou d’identité sexuelle), les ghettoïsations, les exclusions sociales, qui sont particulièrement dommageables pour la santé.
Je compte, par ailleurs, proposer un plan et une politique concertée, cohérente et transversale en matière d’assuétudes . Mon action reposera sur la prévention et la réduction des risques, et sera menée en collaboration avec la Région wallonne et la Région bruxelloise. De nombreux professionnels interviennent dans la prévention primaire, secondaire, tertiaire des consommations et dans l’aide et l’accompagnement des personnes dépendantes. Ils sont issus des secteurs associatif, médical et paramédical. Le succès dans la réduction des assuétudes passe par l’articulation des compétences en matière de prévention, de réduction des risques et de traitement, lesquelles dépendent, certes, de la Communauté française, mais aussi des Régions. C’est pourquoi, je veux travailler avec l’ensemble des parties concernées.
Je souhaite, aussi, améliorer la prévention du suicide . Les résultats de l’Enquête de santé par interview de 2008 sont préoccupants: plus d’une personne (de 15 ans et plus) sur 10 a déjà pensé au suicide et une personne sur 20 a déjà fait une tentative de suicide au cours de son existence.
Il s’agit, là aussi, d’un axe prioritaire de la Déclaration de politique communautaire 2009-2014: elle prévoit, en collaboration avec la Région wallonne, de rompre le silence et de nous donner les moyens d’une prévention efficace. Il s’agit d’une de mes priorités de législature, pour laquelle j’entends écouter les professionnels du terrain, puis proposer des actions concrètes, dans le respect des compétences de chaque entité.
Je vais, en outre, promouvoir la mise en place de «cellules bien-être» dans les écoles . L’école est un milieu de vie privilégié pour créer une réflexion et un environnement propices au développement de comportements favorables à la santé. Plusieurs acteurs-clés sont déjà présents dans les écoles: les enseignants, les services de promotion de santé à l’école (S-PSE), les centres psycho-médico-sociaux de la Communauté française (C-PMS), les élèves et, indirectement, les parents.
Ces «cellules bien-être» dans les écoles auront pour objet de renforcer les déterminants positifs de la santé en milieu scolaire (aptitudes individuelles et collectives liées à la gestion des conflits et de la violence; prise en considération des besoins des élèves et des professeurs; instauration d’espaces de dialogue…). Ceci par le développement du «vivre mieux ensemble à l’école» et par la mise en place d’environnements physique et social favorables à la santé. Ces cellules bénéficieront de l’expertise des S-PSE et C-PMS qui seront amenés à renforcer leur collaboration. Ce dossier fait partie des nombreux dossiers communs partagés avec ma collègue en charge de l’Enseignement, la ministre Marie-Dominique Simonet .
Il entre d’autre part dans mes priorités de développer l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle au sein des écoles. L’EVRAS doit selon moi s’inscrire dans une démarche d’éducation à la citoyenneté: il s’agit de permettre aux enfants et aux jeunes de bénéficier au cours de leur scolarité de modules organisés en vue de leur faire prendre conscience de leurs droits et devoirs en matière de santé sexuelle. Nous disposons déjà de nombreuses études réalisées au cours des législatures précédentes, qui confirment la pertinence de ce type de projet. Je compte conclure avec la Région wallonne et, en Région bruxelloise, avec la Commission communautaire française, un accord de coopération en vue d’une généralisation progressive de tels modules au profit de l’ensemble des jeunes de la Communauté française.
Sixième priorité: je poursuivrai la politique de promotion des attitudes saines . Actuellement, presque un adulte sur deux et un enfant sur cinq présentent un surpoids. Au-delà du problème de poids, un certain nombre de maladies pourraient être évitées par un meilleur équilibre alimentaire, un mode de vie moins sédentaire, une consommation responsable d’alcool, la diminution du tabagisme. Le Gouvernement de la Communauté française s’est engagé à poursuivre sa politique de promotion des attitudes saines. Il s’agit donc clairement d’une de mes priorités, qui se concrétisera dans un deuxième Plan attitudes saines, en collaboration avec notamment, ici aussi, ma collègue Marie-Dominique Simonet.
E.S.: Vous avez choisi le programme de dépistage organisé de cancer du sein comme sujet de votre première conférence de presse. Pour quel motif? Pensez-vous pouvoir faire mieux que vos prédécesseurs, qui n’ont pas réussi en Communauté française à donner au programme l’ampleur qu’il a prise dans le nord du pays?
F.L .: Le fait qu’il s’agisse du thème de ma première conférence de presse est un peu un hasard, lié au fait que la campagne débutait. Depuis que j’exerce une fonction en matière de Santé, j’ai répondu à des dizaines de questions parlementaires sur les sujets les plus divers; j’ai, dans plusieurs dossiers, assuré la continuité dont je vous parlais en réponse à votre première question; j’ai participé à diverses réunions avec des professionnels de la santé; j’ai participé aux décisions collégiales et intergouvernementales en matière de grippe, etc. Mais comme je ne suis pas non plus une habituée des effets d’annonce et comme, je vous le disais aussi, nous sommes en période d’évaluation d’une série de dispositifs, il n’y avait pas de raison que je suscite un battage médiatique.
Cela dit, le dépistage du cancer du sein est un réel enjeu. Comme l’alimentation saine et la prévention en matière de sida, qui ont fait l’objet des conférences de presse suivantes. Donc, vous le voyez, le champ des compétences de la Communauté française en matière de santé, qui n’est pas infini, retient toute mon attention et m’amène à inviter les médias, quand je pense avoir des choses concrètes à faire connaître. J’ai procédé de la sorte en culture et en audiovisuel entre 2004 et 2009 et j’estime ne pas à avoir à rougir de mon bilan.
Concernant plus particulièrement le dépistage du cancer du sein par mammographie, je ne reviendrai pas sur les détails pratiques, car vous y avez consacré tout un dossier et les informations sont en ligne sur le site Internet [L]www.lemammotest.be[/L]. L’enjeu essentiel à mes yeux, et vous partagez ce jugement si je me réfère à votre question, est d’améliorer le taux de participation des femmes; et, surtout, de toucher les femmes qui actuellement ne font l’objet d’aucun dépistage, lesquelles représentent 45% de la population cible. Je suis convaincue que l’évolution en cours des technologies en matière de radiologie, avec la numérisation, va nous y aider. Mais je m’efforce aussi de renforcer, d’une part, la sensibilisation du public cible et, d’autre part, l’information et l’adhésion des professionnels de la santé.
Quant à votre remarque par rapport aux différences de résultats entre le nord et le sud du pays, l’explication est assez simple. Il n’existait pas, en Flandre, comme c’était le cas en Communauté française, de pratiques de dépistage opportuniste très développées au moment du lancement du programme. Ce programme n’a donc pas eu en Flandre à lutter contre des habitudes ancrées chez les femmes et chez les professionnels pour imposer sa légitimité.
E.S.: Parmi vos compétences, voyez-vous des opportunités de renforcements transversaux qui pourraient profiter à votre politique de promotion de la santé? Je pense à l’audiovisuel, à la culture, mais aussi à l’éducation permanente…
F.L .: Bien sûr. Ceux qui ont suivi mon action depuis 2004 savent à quel point deux principes politiques me sont chers. Un: renforcer la transversalité des politiques publiques comme des initiatives subventionnées. Deux: permettre au plus grand nombre de nos concitoyens de bénéficier des effets positifs de ces politiques et de ces initiatives. Dans cet esprit, j’ai demandé aux différentes cellules de mon cabinet de travailler ensemble. Avec comme premier résultat une campagne de prévention du sida d’un nouveau genre, lancée le 26 mars dernier, via le site [L]www.sida-stop.be[/L], et qui est en cours jusqu’aux vacances d’été. Il s’agit d’un concours faisant appel à la créativité, des jeunes surtout, et à un média qu’ils apprécient, Internet, pour susciter leur implication et pour générer des messages de prévention susceptibles de parler davantage aux jeunes (voir une présentation plus complète de cette initiative dans ce numéro).
Par ailleurs, mon cabinet travaille également sur des pistes relatives aux actions de promotion de la santé en milieu festif, à savoir les festivals musicaux notamment. Mais je n’en dis pas plus: j’y reviendrai quand le dossier sera ficelé.
E.S.: La collaboration entre le cabinet de la Ministre de la Santé et son Administration n’a pas toujours été simple dans le passé. Comment voyez-vous les choses?
F.L .: Je ne veux pas revenir sur le passé, je vous l’ai dit d’emblée. Ma méthode à moi, depuis toujours, et comme ministre depuis 2004, c’est la concertation et le dialogue avec tous: administrations, institutions, professionnels des secteurs, monde associatif… Selon les échos que je recueille après seulement quelques mois, ce message est bien passé et il me semble qu’il est bien perçu.
Cette concertation et ce dialogue permettront, là où c’est utile et quand c’est nécessaire, de procéder aux changements qui s’imposent. Mon objectif est clair: nous devons offrir un service impeccable, transparent, objectif et efficace au profit des citoyens.
E.S.: Et question subsidiaire: votre cellule ‘santé’ est très réduite. Il y a là un souci de bonne gouvernance certainement louable, mais cela ne compliquera-t-il pas trop la donne vu les multiples tâches qui attendent votre équipe?
F.L .: Je ne vais pas vous faire de la langue de bois: il est clair que la réduction des effectifs des cabinets nous complique la vie. Je dois gérer deux compétences en plus, avec pas mal de collaborateurs en moins. C’est une réalité et je dois m’en accommoder. Tout mon cabinet est logé à la même enseigne. J’ai moins de collaborateurs dédicacés à la santé que la ministre précédente, mais j’ai aussi moins de collaborateurs dédicacés à la culture et à l’audiovisuel que la ministre précédente, même si celle-ci, c’était moi! Je me suis efforcée de choisir des personnes compétentes, de privilégier les transversalités entre elles. Et je vous garantis qu’elles ne ménagent pas leur peine.
E.S.: Vous préparez un vaste chantier, à savoir une large évaluation du dispositif de promotion de la santé et de médecine préventive, ou si l’on veut un bilan des avancées et des points d’attention générés par le décret de 1997 qui a structuré de façon durable le secteur. Cette évaluation prendra du temps et nécessitera des moyens humains et financiers. Est-ce bien prioritaire? Après tout, le budget très limité dont dispose la Communauté française n’autorise guère de gaspillages, ce qui n’est pas toujours le cas au niveau fédéral…
F.L .: Outre les dispositions décrétales et ce qui est prévu dans la Déclaration de politique communautaire en matière d’évaluation, je vous dirais que je suis au contraire convaincue qu’une évaluation des dispositifs est particulièrement utile et nécessaire en toutes circonstances et, a fortiori, dans un contexte budgétaire difficile. Identifier les points faibles et les points forts, assurer une meilleure efficacité de nos actions, tirer les enseignements des expériences passées, etc. me semble relever de la bonne gouvernance bien plus que continuer à faire les choses par habitude sans se remettre en question. Car cela me permettra de m’assurer que chaque euro est dépensé au mieux.
E.S.: Par ailleurs, de quelle manière allez-vous assurer la continuité du travail de promotion de la santé durant cette période transitoire d’évaluation?
F.L .: Je vous rassure, pendant l’évaluation, le travail continue. Tout est mis en place pour permettre la continuité sur le terrain: les demandes de subventions pour des projets de promotion de la santé continuent à être examinées normalement; les agréments sont délivrés conformément aux règles en vigueur; une modification décrétale en cours va prolonger de deux ans les agréments des Services communautaires de promotion de la santé et des Centres locaux de promotion de la santé qui prennent fin dans le courant de cette année 2010.
E.S.: Allez-vous lancer de nouvelles initiatives dans les prochains mois, comme Catherine Fonck l’a fait en matière de dépistage du cancer colo-rectal?
F.L .: Lancer de nouvelles initiatives d’une telle ampleur me paraîtrait contradictoire avec ce que je viens de vous dire. Si nous évaluons ce qui se fait pour définir au mieux les politiques futures, lancer de nouvelles politiques sans cette évaluation serait inopportun.
Cela dit, je n’attends pas les résultats de l’évaluation pour mettre en place une concertation avec les entités et les professionnels concernés, afin de me mettre à l’écoute des difficultés vécues et des solutions envisagées. Ainsi, j’ai d’ores et déjà prévu une table ronde consacrée aux assuétudes qui se tiendra le 21 mai prochain au Parlement de la Communauté française, laquelle rassemblera les professionnels du secteur, les parlementaires, les pouvoirs locaux et les administrations.
J’ai aussi prévu une table ronde qui abordera la problématique du suicide tant chez les jeunes que chez les seniors, à laquelle je convierai notamment la Région wallonne, la Cocof, des responsables de l’enseignement obligatoire, de l’enseignement supérieur et de l’aide à la jeunesse.
E.S.: Le groupe de communication dont fait partie RTL-TVI dépend maintenant de la législation grand-ducale, échappant ainsi aux règles en application en Belgique. Étant donnée l’audience importante de la chaîne privée, cela ne met-il pas en danger les campagnes radiodiffusées gratuites de promotion de la santé, qui sont une ‘originalité’ de notre Communauté que pas mal d’autres pays nous jalousent?
F . L .: Sans entrer dans tous les détails, fort techniques, du dossier, vous devez savoir que le protocole de coopération entre le Gouvernement de la Communauté française et le Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, que j’ai signé le 4 juin 2009, prévoit notamment que la CLT-UFA S.A., maison-mère de RTL-TVi, met à disposition de la Communauté française du temps d’antenne pour de telles campagnes, qui pourront dès lors être diffusées sur les chaînes RTL-TVI, CLUB-RTL et PLUG-TV.
E.S.: Le premier Plan national nutrition santé belge, piloté par le ‘fédéral’, arrive en fin de course. Contrairement à la Communauté flamande, qui a estimé dès le début que ce projet ambitieux mordait sur ses compétences, et a joué systématiquement la politique de la chaise vide, la Communauté française lui a apporté sa collaboration, en particulier vis-à-vis du public scolaire. Comment envisagez-vous ce partenariat dans le cadre d’un probable futur PNNS 2?
F . L .: Dans une problématique aussi vaste que l’alimentation, les défis sont nombreux et il me semble plus judicieux de me concerter avec mes collègues, dans le respect de nos compétences, plutôt que de travailler en solo. Outre la participation de mon cabinet au Comité directeur du Plan national nutrition santé, le Gouvernement de la Communauté française s’est engagé à poursuivre une politique de promotion des attitudes saines. Elle comprendra des mesures sur les conditions et le contenu de l’alimentation. Un cahier des charges sera proposé, notamment aux établissements scolaires. Le Plan attitudes saines constituera donc toujours de façon très concrète la participation du Gouvernement de la Communauté française au Plan national nutrition santé.
E.S.: La Communauté flamande vient de décider d’intégrer la vaccination gratuite des adolescentes contre le cancer du col de l’utérus? Envisagez-vous de revoir la position de la Communauté française en la matière?
F . L .: Étant donné le contexte budgétaire actuel et la récente mise en place de notre programme de dépistage du cancer du colon, notre priorité actuelle est de développer les deux programmes existants – mammotest et dépistage du cancer du colon -, avec pour objectif une augmentation du taux de participation.
La répartition du financement du programme de vaccination que vous évoquez entre le Fédéral et la Communauté française impliquerait, pour cette dernière, un coût annuel de 3,15 millions d’euros. Ce qui est intenable dans le contexte budgétaire actuel, puisque l’ensemble de mon budget s’élève à environ 20 millions pour le secteur de la promotion de la santé et la médecine préventive. Néanmoins, je n’exclus pas la possibilité d’intégrer dans le futur, cette vaccination dans le calendrier vaccinal de la Communauté française.
Propos recueillis par Christian De Bock

Le Conseil supérieur de promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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Le Conseil supérieur de promotion de la santé a été renouvelé en mai 2009. Occasion pour nous de présenter le principal organe d’avis de la Communauté française en matière de santé, dont les recommandations – qui n’ont aucun caractère contraignant – sont suivies avec des fortunes diverses par les décideurs politiques. Le présent article évoquera aussi quelques enjeux actuels et futurs de ses travaux.

Missions et composition

Le Conseil supérieur de promotion de la santé a été créé par le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé en Communauté française (1).
Dans le cadre du Programme quinquennal de promotion de la santé et du Plan communautaire opérationnel, le Conseil a trois missions:
-proposer des axes prioritaires et des stratégies en matière de promotion de la santé et de médecine préventive (envisagée dans ses aspects collectifs);
-donner avis sur les projets de Programme quinquennal et de Plan communautaire opérationnel. Cette mission est la suite logique de la précédente;
-enfin, faire rapport sur l’exécution du Programme et du Plan.
Le Conseil remet également au Gouvernement, d’initiative ou à la demande de ce dernier, des avis sur toute question relative à la promotion de la santé, y compris la médecine préventive, en veillant particulièrement à instruire les questions d’éthique.
À côté de ces missions premières, il remet aussi avis sur des dossiers concrets par l’intermédiaire de ses 3 commissions permanentes (voir plus loin).
Le Conseil est composé de membres nommés par le Gouvernement pour une période de 5 ans. Ces mandats sont renouvelables. Les qualités de ses membres visent à une certaine représentativité des acteurs concernés par la prévention (écoles de santé publique, médecine générale, provinces, promotion de la santé à l’école, usagers des services de santé, mutualités, société civile…).
La liste nominative des membres actuels du Conseil a été publiée dans le numéro 247 de juillet-août d’Éducation Santé.

Quelques chiffres du Conseil sortant

Le Conseil a tenu 54 assemblées plénières entre 2004 et 2009. Le quorum a été atteint 47 fois et le taux moyen de participation a été de près de 62%. Au cours de ces 54 assemblées, le Conseil a remis 20 avis sur des agréments, 7 avis sur des subventionnements, 26 avis à la demande du Gouvernement, et 20 avis d’initiative.
La commission Campagne radiodiffusée s’est réunie 43 fois.
La commission Programmes s’est réunie 42 fois.
La commission Épidémiologie s’est réunie 25 fois
Le Conseil a constitué cinq groupes de travail, sur les sujets suivants: bonnes pratiques en matière de dépistage (2), fondations privées et tabac, Plan national nutrition et santé, mise en forme de l’avis du Conseil sur le Programme quinquennal, partenariats public-privé.

Les commissions

Une commission est un groupe de travail à caractère permanent composé d’une partie des membres effectifs et suppléants du Conseil et éventuellement d’experts extérieurs. Elle est chargée par le Conseil d’une mission déléguée; dans les limites de ce mandat, elle émet de façon autonome des avis qu’elle ne fait pas approuver en assemblée du Conseil. Toutefois, son président et son secrétaire rendent compte régulièrement en assemblée plénière de ses activités.
Trois commissions ont été mises en place: la commission Campagnes radiodiffusées, la commission Programmes d’actions et de recherches en promotion de la santé et la commission Épidémiologie.
La commission Campagnes radiodiffusées a pour mission de remettre avis dans le cadre des demandes de diffusion gratuite de campagnes de promotion de la santé par les organismes publics et privés de radiodiffusion.
Elle examine en particulier la cohérence, la rigueur scientifique, l’éthique et l’intelligibilité des messages formulés dans les projets qui lui sont soumis.
Elle examine une seconde fois les messages approuvés par le Ministre de la Santé, en portant sa seconde analyse notamment sur la qualité de la ‘traduction’ du dossier en images et/ou en sons.
Le demandeur utilise un formulaire de demande d’espaces gratuits, conformément à l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 18 janvier 1995.
La commission Programmes d’action et de recherches en promotion de la santé a pour mission de remettre avis sur les demandes de financement pour des programmes d’actions et de recherche en promotion de la santé à portée communautaire, qui ont au préalable été considérées éligibles par l’Administration.
Tout programme doit être présenté suivant un canevas de rédaction légal. La Commission utilise une grille d’appréciation de la qualité des projets. Cette grille cherche à favoriser une lecture transversale du projet pour permettre un débat et une appréciation globale par la commission d’avis. Ainsi elle se fonde sur les rubriques/questions énumérées dans le canevas de rédaction en les structurant suivant cinq dimensions (pertinence, cohérence, plus-value, crédibilité, priorité). Chacune des cinq dimensions comprend un ensemble plus large de critères.
La commission Épidémiologie a pour mission de remettre avis sur les demandes de financement pour des programmes à caractère épidémiologique. Dans l’attente d’un fonctionnement effectif de cette commission, certains dossiers ont été examinés par l’assemblée du Conseil. D’autres programmes de promotion de la santé dont une des composantes relevait des recueils et traitements de données ont été analysés par la Commission Programmes.
Cette commission a rencontré depuis le début de ses travaux des difficultés quant à l’exécution de ses missions légales, notamment par manque de précision quant à la nature exacte de son mandat.

Les groupes de travail

Un groupe de travail se distingue d’une commission par le caractère temporaire de ses activités. Il est composé d’une partie des membres effectifs et suppléants du Conseil, sur une base volontaire, et éventuellement d’experts extérieurs.
Les groupes de travail sont mis en place par l’assemblée qui fixe leur mandat et la durée de leurs travaux. Ils font rapport au Conseil de l’état d’avancement de leurs travaux; et leurs conclusions sont soumises à la discussion et à l’aval du Conseil.

Les représentations

Le Conseil en tant que tel est aussi impliqué dans les travaux de plusieurs instances: Commission promotion de la santé à l’école, Commission de promotion de la santé dans la pratique du sport, Comité de pilotage du PCO cardiovasculaire, Comités de pilotage de l’Institut scientifique de santé publique.

Un investissement important dans les tâches décrétales

Le Conseil a investi un temps important dans les discussions et avis relatifs au Programme quinquennal et au Plan communautaire opérationnel, ce qui est normal puisqu’il s’agit d’une de ses missions fondamentales.
Il a aussi consacré beaucoup d’énergie à remettre ses avis sur les programmes de médecine préventive instaurés en Communauté française: dépistage du cancer du sein, dépistage des anomalies congénitales, dépistage du cancer colorectal, dépistage néonatal de la surdité.

Points d’attention

Promotion de la santé et médecine préventive

Lors de la discussion du décret de 2003 modifiant celui de 1997, le Conseil avait précisé que le champ de la promotion de la santé intégrait la médecine préventive. C’est ainsi que l’appellation «la promotion de la santé, y compris la médecine préventive…» a été choisie dans la nouvelle formulation du texte ‘fondateur’, afin de mettre en évidence la nécessité pour les programmes de médecine préventive de s’inscrire dans une approche de promotion de la santé et de développer les stratégies de celle-ci.
Le Conseil a insisté à plusieurs reprises sur « le caractère incontournable de stratégies de promotion de la santé pour que les programmes de médecine préventive aboutissent à leurs objectifs en termes de couverture et aient un impact sur la réduction des inégalités face à la santé . Ce sont les stratégies de promotion de la santé qui permettent une participation éclairée des populations à ces programmes . Les stratégies et méthodes de la promotion de la santé favorisent , auprès des populations , l’ancrage et le travail en profondeur , dans le long terme , des actions de médecine préventive en agissant sur les déterminants de la santé , sur les processus de changement individuel et collectif ».

Financement du dispositif et du secteur

Le décret du 14 juillet 1997 a mis en place un dispositif comprenant deux types de services agréés: 4 services communautaires et 10 centres locaux de promotion de la santé. Sur base du décret modificatif de juillet 2003 (3) , un centre de référence, service d’un ‘troisième type’, a été agréé. De nouvelles missions et de nouvelles priorités ont également été attribuées aux centres locaux et aux services communautaires.
Au vu des rapports de ces services, les demandes qui leur sont faites sont de plus en plus nombreuses et complexes. Les charges salariales et les coûts de fonctionnement ont augmenté; parallèlement, les financements n’ont pas bougé mis à part l’indexation (4).
Cette situation mène à un goulot d’étranglement qui risque d’aboutir à une situation de blocage du secteur. Ceci est d’autant plus évident pour les CLPS, dont les pôles de compétences se sont développés et diversifiés et dont le rôle de décentralisation devrait être renforcé afin de répondre aux besoins et aux demandes du terrain.
En outre, la priorisation vers de nouveaux programmes de médecine préventive et l’affectation de budgets significatifs vers ceux-ci mettent en péril les programmes de promotion de la santé existants. C’est d’autant plus vrai que les moyens attribués au secteur de la promotion de la santé, y compris la médecine préventive, restent dérisoires comparés à ceux affectés au secteur curatif, qui est lui du ressort du niveau fédéral. Cette situation pose à nouveau la question de la répartition des compétences entre les niveaux de pouvoir et celle du refinancement de la Communauté française.

Multiplicité des niveaux de compétences

Le secteur de la promotion de la santé, y compris la médecine préventive, est confronté à une difficulté institutionnelle qui concerne d’ailleurs l’ensemble de la santé en Belgique. La multiplicité des niveaux de décision rend plus difficile le travail des acteurs: de plus en plus souvent, des ‘plans’ apparaissent au niveau national sous l’égide du fédéral qui demande ensuite aux Communautés de les décliner localement.
Le manque de concertation et d’élaboration avec l’ensemble des acteurs et publics concernés, ainsi que l’absence de prise en compte des initiatives déjà développées par les entités fédérées posent la question de la pertinence et de la cohérence des programmes implantés au niveau local. La conséquence peut être qu’une Communauté décline l’invitation à investir dans un plan (cas du Plan national nutrition et santé, boycotté depuis le début par la Communauté flamande, alors que les Communautés française et germanophone y collaborent).
Apparaissent également des choix d’orientation différents entre ces niveaux de pouvoir. Ceci est d’autant plus marqué au niveau du secteur de la promotion de la santé qui estime essentiel de mobiliser l’ensemble des acteurs de tous les secteurs concernés: éducatif, socioculturel, environnemental et social.
Le Conseil a d’ailleurs observé au cours de son dernier mandat un élargissement des demandes hors du champ des compétences santé prises au sens strict (cela confirme le caractère transversal des compétences santé de la Communauté française).

Difficulté d’évaluer le dispositif

Un bilan du premier Programme quinquennal 1998-2003 avait été entrepris à l’initiative du précédent Conseil (1998-2004). Il avait mis en évidence, de façon modeste et parcellaire, l’impossibilité d’aboutir à une véritable évaluation du Programme, notamment à cause des ressources limitées et de l’absence d’indicateurs de suivi.
Depuis 2004, le Conseil a redit l’importance qu’il accordait à une évaluation du dispositif mis en place par le décret de 1997. Il entendait par là l’évaluation des structures agréées (CLPS, SCPS et centres de références, le Conseil lui-même et ses commissions) ainsi que l’évaluation du Programme quinquennal et du Plan communautaire opérationnel.
À différentes reprises (travaux en rapport avec le programme quinquennal, le PCO, avis relatifs aux agréments des CLPS), le Conseil a rappelé au Gouvernement l’importance de cette évaluation, sans succès. Cela va sans doute changer prochainement, car une modification récente du décret du 14 juillet 1997 prévoit ce travail, qui devrait d’ailleurs être mis en route sous l’égide du Conseil.

Multiplication des centres de référence

Le Conseil a relevé à plusieurs reprises certaines difficultés induites par la multiplication de centres de référence créés par problématique (cancer, anomalies congénitales, surdité). Cela entraîne une verticalisation de plus en plus forte du dispositif, qui constitue selon lui un frein important à une approche globale de la santé envisagée en fonction des publics et/ou des milieux.

Et demain…

Le Conseil a entamé une réflexion éthique , qui mérite incontestablement d’être approfondie. En effet, on observe de plus en plus un investissement massif du secteur privé dans la santé, qui lui permet d’y affirmer sa ‘responsabilité sociale’ comme il le fait dans le domaine du ‘marketing vert’. Cette tendance lourde ne peut être encouragée que si des balises fortes empêchent d’inévitables dérapages. Le Conseil pourrait se mobiliser sur cette passionnante question.
Il pourrait aussi avancer dans la réflexion sur la mise en place d’un système d’informations sanitaires efficace et opérationnel, que nombre d’acteurs en santé publique appellent de leurs vœux depuis des années. L’unique décision fut la mise en place au niveau de la Direction générale d’une mini-cellule d’informations socio-sanitaires.
Le Conseil a souvent déploré que l’opinion dominante a une vision étriquée et caricaturale de la promotion de la santé, qu’il s’agisse du grand public, des médias, voire même des politiques (à quelques remarquables exceptions près heureusement). Il y a là un enjeu ‘pédagogique’ essentiel sur lequel il pourrait utilement travailler dans les prochains mois…
Roger Lonfils , Directeur de la promotion de la santé au Ministère de la Communauté française, et Christian De Bock
Source: Rapport global du Conseil supérieur de promotion de la santé, mars 2004 à mars 2009. Ce document de 26 pages comprend aussi un tableau de synthèse des travaux du Conseil, la liste de tous ses avis, une synthèse des travaux des commissions Campagnes et Programmes, et la liste de toutes les réunions d’information tenues par le Conseil au cours de la période considérée. Il est téléchargeable sur le site https://www.sante.cfwb.be .

(1) Tous les textes législatifs cités sont accessibles sur le site de la Direction générale de la santé (DGS) https://www.sante.cfwb.be
(2) Éducation Santé a publié la synthèse de ce travail de longue haleine en annexe de sa livraison de mars 2009.
(3) Décret du 17 juillet 2003 modifiant le décret du 14 juillet 1997 organisant la promotion de la santé.
(4) Certains programmes dont les activités ont un caractère permanent sont encore plus mal lotis, puisqu’ils ne bénéficient même pas d’une indexation annuelle.

Les chaînes de télévision dédiées aux bébés

Le 30 Déc 20

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Le Conseil supérieur de promotion de la santé remet au Gouvernement de la Communauté française des avis destinés à assister ce dernier dans sa politique de promotion de la santé et de médecine préventive. Il s’agit souvent de recommandations techniques, imposées par la législation, ou d’avis ponctuels sur des programmes d’action et de recherche, sur des campagnes médiatiques, des registres de pathologies, etc.
Le Conseil est aussi amené à répondre à des questions de portée plus générale, et peut aussi prendre l’initiative d’attirer l’attention de la ministre sur une question qu’il juge intéressante ou préoccupante.
Le lecteur consultera utilement le site https://www.sante.cfwb.be , qui contient beaucoup d’informations sur le Conseil, dont une partie de ses avis.
L’avis reproduit ci-dessous a été donné le 19 décembre 2008 en réponse à une demande de Madame Catherine Fonck , à l’époque Ministre de l’Enfance, de l’Aide à la Jeunesse et de la Santé.

Introduction

Après avoir consulté:
-la Cellule Maltraitance de la Communauté française qui a réfléchi à la question et conçu divers outils susceptibles d’interpeller tant les professionnels que les parents;
-l’O.N.E. qui s’est également penché sur le sujet et met à la disposition des parents des brochures à propos de l’usage de la télévision;
-divers documents tels que les recommandations et délibérations du CSA (français) relatives à la protection des mineurs; l’avis émis par la Direction générale de la Santé française sur l’impact des chaînes télévisées sur le tout petit enfant (0 à 3 ans); la brochure «Les dangers de la télé pour bébé» rédigée par Serge Tisseron dans le cadre du programme Yapaka de la Cellule de coordination de l’aide aux enfants victimes de maltraitance; le document produit par le CIEM (Collectif inter-associatif enfance et média); les argumentaires publicitaires de divers programmes télévisés conçus pour les bébés (Baby TV, Baby First, Baby Einstein); l’échange au Parlement entre Mesdames Corbisier et Laanan relatif aux programmes télévisuels pour enfants de moins de 3 ans;
le CSPS remet l’avis suivant.

Préalable général

Ce texte s’inspire d’un document canadien intitulé les enfants et la télévision issu du site la télé et moi .
La population est souvent exposée à des données soulignant le côté négatif de la télévision. Bien que cette information puisse porter à réfléchir, il est important de se rappeler aussi des bénéfices de la télévision tant pour les enfants (hormis les bébés), que pour les parents et les éducateurs.
Pour les enfants
La télévision peut offrir une façon de soulager le stress et la frustration – deux conditions qui peuvent affliger les enfants d’aujourd’hui face aux attentes et aux demandes de plus en plus exigeantes provenant de toute part.
La télévision offre une richesse d’informations. La télévision permet de «découvrir» le monde, les merveilles du règne animal ou les étapes d’un problème scientifique…
La télévision peut divertir, informer, inspirer et même constituer un moyen de communication.
Le défi demeure de donner à nos enfants les outils nécessaires pour devenir des spectateurs et des citoyens avisés de façon à leur permettre d’accéder adéquatement à un univers de possibilités infinies mais qui peuvent être positives.
Pour les parents
La télévision est pour les adultes une source de divertissement et d’information.
La télévision fournit quelquefois aux gens l’opportunité de discuter de problèmes, de poser des questions, demander des explications, exprimer des opinions…
Une étude de l’Institut canadien du développement de l’enfant (1998-2001) identifie la télévision comme étant le médium le plus efficace pour sensibiliser les gens à un grand nombre de problèmes humains allant de la pollution aux sans-abri. La façon dont les adultes regardent la télévision servira de modèle aux enfants et influencera leurs propres habitudes d’usage de la télévision.

Vie quotidienne contemporaine et usage de la télévision pour les bébés

La télévision , à petite dose , pour soulager des parents qui ont besoin d’un moment de répit .
Certains parents, notamment des mères ou pères seuls avec des enfants en bas âge ont quelquefois légitimement besoin de «souffler», de prendre tranquillement une douche, de préparer paisiblement un repas sans avoir à s’occuper et surveiller en même temps leur tout petit. Dans ces moments-là, la télévision peut se révéler un atout précieux car, à petite dose, elle captive l’attention de l’enfant et offre un répit parfois bien nécessaire aux parents.
Lorsqu’un enfant rentre le soir de la crèche, il est bien souvent épuisé par sa journée bien remplie et retrouve des parents parfois eux aussi très tendus par leur propre journée de travail. Une demi-heure de DVD bien choisi peut aider toute une famille à s’apaiser et à se préparer à vivre le moment du bain, du repas, du jeu, du coucher accompagnés de ses rituels, dans un meilleur climat.
Il convient donc de ne pas condamner la télévision en bloc lorsqu’elle est utilisée, à petite dose, comme «sas de décompression». Le DVD semble néanmoins plus adapté aux besoins des enfants que les programmes continus de télévision.
La télévision comme supposé outil de performance éducative .
Certains parents peuvent être influencés par les arguments publicitaires des chaînes de télévision pour enfants qui vantent les performances que pourraient acquérir les enfants en regardant ces programmes. Certains, sans avoir pris le temps de porter un regard plus averti sur ces arguments, vont avoir tendance à recourir beaucoup à la télévision sans bien prendre la mesure du dommage que ces programmes pourraient causer sur le développement de leurs enfants.
Dans d’autres familles, la télévision est aujourd’hui considérée comme une occupation comme une autre. Pour des raisons parfois diverses, les parents sont heureux de ne pas avoir à gérer des disputes ou demander silence par crainte de gêner des voisins peu conciliants.
C’est à ces parents que des messages de mise en garde devraient être adressés afin que la télévision ne soit pas utilisée comme un outil éducatif auprès de bébés. En effet diverses études montrent que l’effet de ces programmes peut être inverse à celui escompté. Ces messages doivent également inciter ces familles à privilégier d’autres activités plus interactives avec leurs enfants en bas-âge.
Il est recommandé de faire passer ce message via la presse pour jeunes parents mais aussi via les acteurs qui s’occupent déjà des bébés et des jeunes enfants (ONE, crèches, halte garderies, espaces parents-enfants…).

Consultations d’études et constats

Après consultation de différents documents, le Conseil estime que l’avis de la Direction générale de la santé française comporte de nombreux éléments de réflexion et de recommandations utiles. Ceux-ci sont repris ci-dessous (le texte en italique est repris de l’avis de la Direction générale de la santé française):
Aucune étude ne démontre actuellement que les programmes de télévision spécifiquement conçus pour les très jeunes enfants puissent avoir un effet bénéfique sur le développement psychomoteur et affectif de l’enfant . En revanche , les fondements scientifiques sur le développement cognitif et psychique de l’enfant tendent à montrer que c’est inexact . Le concept de programme adapté à l’enfant de moins de 3 ans n’a donc pas de sens .
Les connaissances actuelles basées sur les études disponibles , les modèles théoriques et l’expérience clinique des professionnels de la petite enfance soulignent le risque lié à la consommation d’images télévisuelles sur la naissance et le développement des processus de pensée et de l’imagination , sur l’intégration des émotions et sur le développement psychomoteur . Pour développer ses capacités physiques , psychomotrices , cognitives et affectives , et ses processus de pensée , l’enfant doit utiliser activement ses cinq sens en s’appuyant sur la relation avec un adulte disponible . Les stimulations désincarnées que la télévision suscite ne peuvent en aucun cas remplacer l’interaction émotionnelle et affective avec l’entourage , en particulier les parents . La télévision , même spécifique au bébé , et même en présence du parent , ne favorise pas ce type d’interaction .
Dans une conférence dont la Cellule de coordination de l’aide aux enfants victimes de maltraitance (Yapaka) a tiré un cahier intitulé «Les dangers de la télé pour les bébés», le psychanalyste Serge Tisseron explicite les dangers encourus par les enfants de moins de 3 ans qui regardent des programmes de télévision, y compris ceux conçus pour eux. Ils sont synthétisés ci-dessous.
Si les enfants sont confrontés trop tôt aux programmes de télévision, le monde virtuel risque de prendre le pas sur le réel; «… en détournant le bébé d’activités qui engagent ses cinq sens , la télévision le détourne d’une conscience de son propre corps . Or , lorsque le corps , le toucher et la possibilité de contact s’effacent , l’attitude mentale change et le mécanisme psychique qui s’impose est le déni …».
La télévision pour bébé se révèle être un très puissant excitant mais qui n’est pas mobilisé pour rendre les apprentissages plus performants puisque les enfants qui se trouvent confrontés à ces programmes présentent notamment d’importants retards de langage et ultérieurement des troubles de l’apprentissage; «… le bébé précocement captivé par le rythme rapide des couleurs et des sons y compris dans les soi disant « programmes adaptés » – court le risque d’intérioriser ce rythme dans sa personnalité en formation . Ainsi peut s’installer un cercle vicieux tragique dans lequel les parents placent le bébé devant la télé parce qu’elle semble le calmer , alors qu’il devient infernal dès qu’elle s’éteint …».
La confrontation à l’autre, dans sa différence, devient superflue voire insupportable; «… le bébé installé régulièrement devant un écran risque de constituer celui ci en miroir privilégié par la suite , l’écran de l’ordinateur prend le relais et renforce cet effet ».
La confrontation des bébés aux programmes télévisuels entraîne notamment un appauvrissement considérable de la capacité d’interaction et un important enkystement des identifications; «… la télévision est en train de bouleverser les processus précoces d’identification , avec des conséquences qui sont déjà mesurables à l’école maternelle comme à l’adolescence …».

Conclusions et recommandations

Le Conseil supérieur de la promotion de la santé a décidé de faire siennes les conclusions et recommandations de la Direction générale de la santé française et (les textes en italique sont des citations reprises de l’avis de la Direction générale de la santé française):
émet un avis défavorable à l’encontre des chaînes spécifiques pour les enfants de moins de trois ans ;
déconseille la consommation de la télévision jusqu’à l’âge d’au moins 3 ans , indépendamment du type de programme ;
considère qu’au delà de 3 ans , chez le jeune enfant , l’usage de la télévision doit être particulièrement prudent : les parents doivent être vigilants tant sur le contenu que la durée , les horaires afin de prévenir les troubles du comportement , de l’attention , du sommeil , de l’alimentation et des apprentissages ainsi que les troubles tels que l’anxiété , l’agressivité , la difficulté d’identification à la souffrance de l’autre
Le Conseil supérieur de la promotion de la santé de la Communauté française recommande:
la diffusion d’une large information dans les media sur les risques de la télévision pour les enfants de moins de 3 ans , en direction du grand public et des professionnels de la petite enfance ( émissions thématiques , signalétique sur les écrans , documents distribués à la naissance , mention dans le carnet de santé …);
que les sociétés commercialisant des émissions destinées aux jeunes enfants ne puissent alléguer de bénéfices pour la santé ou le développement de l’enfant non prouvés scientifiquement ;
de poursuivre la recherche des connaissances scientifiques dans ce domaine .
Le Conseil supérieur de la promotion de la santé souligne par ailleurs la qualité du travail déjà réalisé par la Cellule de coordination de l’aide aux enfants victimes de maltraitance dans le cadre de son programme Yapaka. Enfin, le Conseil souligne de manière générale les risques d’addiction aux écrans (télévision, ordinateur, jeux vidéo…).
La Présidente du Conseil, Martine Bantuelle

L’évolution et la répartition du budget santé de la Communauté française entre 2004 et 2008

Le 30 Déc 20

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Chaque année, Éducation Santé vous propose un article présentant la façon dont le budget ‘santé’ de la Communauté française a été ventilé et dépensé au cours de l’année précédente (1).
Cette fois-ci, nous pouvons aller plus loin grâce à une analyse réalisée par la Direction de la promotion de la santé, un des services de la Direction générale de la santé du Ministère de la Communauté française.
Cette analyse porte sur une législature presque complète, puisqu’elle s’est penchée sur les chiffres de 2004 à 2008.

Explication

La progression globale du budget santé au cours des cinq dernières années apparaît comme une évidence à qui fait une rapide lecture des données. Cela doit être considéré comme un signe encourageant, étant donné l’énorme retard d’investissement dans la ‘santé préventive’ par rapport à la ‘médecine curative’ (pour faire court!), dans notre pays comme dans beaucoup d’autres.
La Direction de la promotion de la santé a voulu décoder ce qui se cache derrière cette tendance positive.
Il lui semblait qu’il y avait moins de projets de promotion de la santé soutenus par la Communauté française qu’auparavant. On pouvait se demander alors à quelles interventions profitait cette modeste augmentation de moyens de la santé ‘communautaire’.
L’auteure, Tatiana Pereira , a creusé quelque peu les comparaisons pour voir de quelle manière la progression globale du budget avait concrètement été distribuée, et notamment la place prise par deux nouveaux programmes de médecine préventive lancés au cours de ces 5 dernières années (2). L’analyse sur 5 ans offre la possibilité de mettre en évidence des orientations éventuelles, de faire des projections pour le futur et d’exprimer des craintes et des satisfactions. Notons qu’il faut la lire en la situant dans le cadre du partage des compétences en santé propre à notre pays; la Communauté française n’a pas à sa charge tous les aspects de santé publique, loin de là.
Voici le résultat de cette recherche, illustré de quelques tableaux significatifs. Nous espérons que le lecteur y trouvera matière à réflexion!

Les programmes ‘santé’ de la division organique 16

(3)

Tableau 1 – Programmes – Budgets engagés, exprimés en milliers d’euros (après ajustements et redistributions) 2004, 2005, 2006, 2007, 2008 – Crédits de base 2009

Programme

2004 2005 2006 2007 2008 2009
Programme 0: subsistance 74 72 72 68 70 74
Programme 1: accords de coopération et Académie royale de médecine 164 164 168 170 174 190
Programme 2: prévention et promotion de la santé 15.802 15.893 17.021 18.870 20.757 21.628
Programme 3: promotion de la santé à l’école 14.923 16.705 16.911 18.525 17.642 18.929
Total 30.963 32.834 34.172 37.633 38.643 40.821

Source – Ministère de la Communauté française, base de données de gestion des dépenses de la Communauté française.

Programme 0 «subsistance» : biens et services. Il s’agit d’un budget destiné aux dépenses pour le fonctionnement et la gestion de la Direction générale de la santé. On y retrouve les honoraires de médecins et d’avocats, les frais de justice, les jetons de présence des organes d’avis, les frais de route et de séjour pour des personnes étrangères aux administrations de la Communauté française, des prestations de tiers, des frais de réunion, d’enquêtes, de publications, d’imprimés…
Programme 1 «interventions diverses» : la dotation à l’Académie royale de médecine de Belgique et les dépenses relatives aux accords de coopération. Ces derniers concernent la part de la Communauté française dans le financement de la «Cellule politique de santé en matière de drogues», du Comité consultatif de bioéthique de Belgique et du NEHAP (environnement).
Le programme 2 «prévention et promotion de la santé» regroupe l’ensemble des budgets destinés aux services agréés de promotion de la santé, aux projets de promotion de la santé, aux programmes de médecine préventive ainsi que diverses subventions pour la recherche, des campagnes médiatiques, des brochures… (voir détails plus loin).
Le programme 3 «promotion de la santé à l’école» : paiement des équipes, des frais de fonctionnement, d’équipement, de formation et de transport.
Les budgets présentés dans les tableaux correspondent aux montants engagés (4) entre 2004 et 2008. Pour l’année 2009, il s’agit des montants prévus en début d’année; ils sont modifiables en cours d’année (transferts d’un programme à un autre et, une à deux fois par an, l’ensemble des budgets est ajusté, ce qui signifie que des montants sont transférés entre divisions organiques).
Dans le cadre de cette analyse nous nous attacherons essentiellement aux programmes 2 et 3.
Les différents programmes sont divisés en «allocations de base» (AB) qui correspondent à un type d’activités; elles sont numérotées ici de 1 à 25 (pour la facilité de lecture, cela ne correspond pas aux numéros réels…). Le programme 3 étant directement dépendant de critères de subventionnement précisés dans la législation de base, c’est le programme 2 qui sera le plus développé puisqu’il est le plus représentatif des politiques décidées.

Tableau 2 – Division organique 16 – détail des programmes 2 et 3

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Montants engagés 2004 Montants engagés 2005 Montants engagés 2006 Montants engagés 2007 Montants engagés 2008 Crédits de base 2009
Programme 2 – prévention et promotion de la santé
1. actions et recherches en promotion de la santé (AB 33.04) 3.956 3.220
2. prévention des assuétudes (AB 33.01.24) 1.031 1.230 1.422 1.322
3. prévention du sida (AB 33.02.24) 531 1.579 2.067 1.942 1.790 2.123
4. prévention des maladies cardiovasculaires (AB 33.04.24) 104 178 423 416 435 698
5. prévention des traumatismes et promotion de la sécurité (AB 33.06.24) 175 175 175 180
6. études et recherches en relation avec le pilotage du Plan communautaire opérationnel (AB 33.07.24) 373 444 476 363 164 343
7. subventions diverses pour la mise en œuvre du Plan communautaire opérationnel (AB 33.08.24) 989 1.151 905 611
8. problématiques émergentes et projets pilotes (AB 33.03.25) 462 525 §§9. programmes locaux de promotion de la santé (AB 33.04.24) 477 574 616 484 331 445
10. initiatives du gouvernement et problématiques émergentes (AB 33.02.25) 717 503
11. initiatives du gouvernement (AB 33.02.25) 428 569 473 195
Total ‘promotion de la santé’ 5.869 6.564 6.712 6.481 5.939 6.225
12. vaccination (AB 12.01.24) 3.000 2.876 2.730 5.187 6.151 6.002
13. prévention des cancers (AB 33.03.24) 826 820 1.404 811 1.935 2.046
14. prévention de la tuberculose (AB 33.05.24) 1.296 1.296 1.296 1.397 1.459 1.443
15. dépistage des anomalies congénitales (AB 33.05.25) 690 675 680 820 820 840
16. dépistage de la surdité néonatale (AB 33.06.25) 185 185 321 383
Total ‘médecine préventive’ 5.812 5.667 6.295 8.400 10.686 10.714
17. organismes agréés (AB 33.01.25) 2.422 2.202 2.577 2.630 2.741 3.075
18. dépenses de toute nature en promotion de la santé (AB 12.01.25) 331 191 225 152 132 193
19. Institut scientifique de santé publique (AB 45.40.25) 906 821 834 887 887 887
20. Programme de transition professionnelle (6) (AB 33.07.25) 13 4 4 0 0 13
21. subvention d’équipement aux organismes d’éducation pour la santé (AB 52.10.25)(7) 39 8 20 0 29 0
22. contrôle médicosportif (dopage) (AB 12.36.22 et 33.01.22) 410 436 354 320 343 521
Total programme 2 15.802 15.893 17.021 18.870 20.757 21.628
Programme 3 – promotion de la santé à l’école
23. services de promotion de la santé (programme 31) 14.457 16.337 16.668 18.328 17.499 18.617
24. formation continue PSE (programme 32) 394 165 90 40 0 154
25. équipement (programme 33) 72 203 153 157 143 158
Total programme 3 14.923 16.705 16.911 18.525 17.642 18.929
Total général 30.963 32.834 34.172 37.633 38.643 40.821

Source – Ministère de la Communauté française, base de données de gestion des dépenses de la Communauté française.

Le programme 2 de ce tableau mérite quelques explications.
Pour en faciliter la lisibilité, les différentes allocations de base du programme 2 ont été rassemblées pour distinguer d’une part ce qui est consacré plus spécifiquement aux projets de promotion de la santé, et d’autre part ce qui est consacré aux programmes de médecine préventive. Elles sont numérotées pour faciliter le référencement.
Quelques précisions supplémentaires ne sont pas superflues.
Les organismes agréés (17) sont les Services communautaires de promotion de la santé (au nombre de 4) et les Centres locaux de promotion de la santé (10 en 2004, 9 entre 2005 et 2008, 10 à nouveau à partir de 2009).
Les montants qu’ils reçoivent sont automatiquement indexés chaque année. Cette prise en compte des sauts d’index ne permet toutefois pas de couvrir les augmentations barémiques liées notamment à l’ancienneté.
Les dépenses de toute nature (18) correspondent à des commandes de documents et des frais de manifestations (colloque, journée d’étude…) organisées par le Ministre.
En 2006, de nouvelles allocations de base ont été créées (les allocations numérotées 2, 5, 7 et 8) pour couvrir de manière explicite les priorités du plan communautaire opérationnel (PCO)(8). Auparavant, la plupart des projets de promotion de la santé étaient pris sur une même allocation de base sans distinction de problématique, «Actions et recherches en promotion de la santé» (1); celle-ci a disparu logiquement la même année 2006.
L’allocation relative aux programmes locaux (9) couvrait en 2004 et 2005, outre certains projets locaux (pour environ 120.000 euros), les projets pilotes de promotion de la santé à l’école et les projets «communaux» (pour des budgets variant entre 170 et 240.000 euros chacun). Ces derniers ont disparu en 2006.
À partir de 2006, les projets de promotion de la santé se sont répartis entres les différentes allocations de base suivant la problématique abordée; les allocations «projets locaux», «sida» et «cardiovasculaire» ont été plus investies que précédemment.
La réorganisation en «thèmes» du budget alloué aux projets de promotion de la santé, si elle fait référence à la nécessité de rendre visible les priorités du PCO, suscite des réflexions par rapport à l’approche de promotion de la santé. En effet, dans l’allocation de base unique on pouvait voir le reflet de l’approche globale de promotion de la santé, détachée des problématiques spécifiques de santé dans la mesure où elle s’attache avant tout au bien-être des personnes et à leur pouvoir d’agir sur leur propre santé.
En identifiant les projets de promotion de la santé suivant une problématique de santé spécifique, on est confronté à la difficulté de les faire tous entrer dans des «cases», ce qui n’est pas toujours aisé. Les projets de santé communautaire, les projets développant un travail de formation avec les relais ou les projets abordant une «problématique» non couverte par le PCO mais néanmoins jugés prioritaires ont été repris dans des allocations de base créées à cette fin: subventions diverses (7), et problématiques émergentes et projets pilotes (8).
Il existe depuis toujours une allocation de base réservée aux initiatives du gouvernement (11 et puis 10). Il s’agit d’un budget dont le Ministre dispose pour soutenir ce qu’il juge opportun. Cette allocation de base a la particularité de n’être soumise à aucune procédure d’avis. En 2008, cette allocation de base a été fusionnée avec celle réservée aux problématiques émergentes. Source: Ministère de la Communauté française, base de données de gestion des dépenses de la Communauté française

Procédure d’avis

Depuis 1997, c’est sous forme de « projets » (et de «programmes de médecine préventive» depuis 2003) que la Communauté française applique ses compétences en matière de promotion de la santé.
La promotion de la santé s’appuie sur une approche globale de la santé plutôt que de se centrer sur une problématique de santé en particulier (la médecine préventive est toutefois axée sur un thème de santé précis tout en tentant de développer une approche globale). Les «projets» ne s’inscrivent donc pas nécessairement dans une thématique identifiable. C’est dans cette logique que l’ensemble des «projets de promotion de la santé» étaient regroupés dans une même AB jusqu’en 2006.
Réglementairement, les projets de promotion de la santé sont soumis à une procédure d’avis. Il s’agit des avis rendus par trois Commissions (9) (Commission d’avis des projets locaux, Commission d’avis sur les programmes, Commission «épidémiologie») et par l’Administration (10). Cette procédure a pour but de garantir la qualité des projets en regard des stratégies défendues (notamment) par le décret de promotion de la santé et une certaine équité dans le traitement des demandes de subvention.
Les programmes de médecine préventive sont soumis quant à eux à l’avis du Conseil supérieur de promotion de la santé.
Une série d’activités étaient jusqu’en 2006 soutenues sans procédures d’avis établies (les ‘collectes de données’ par exemple prises sur l’AB « études et recherches en promotion de la santé » n’étaient pas systématiquement soumises à l’avis d’une commission) ou nécessaires (c’est le cas des « initiatives » du gouvernement).
Ainsi donc, jusqu’en 2006 les procédures d’avis sur les projets étaient explicitement liées à une allocation de base. Avec la division en plusieurs allocations de base (découpées en thématiques) il n’y en a plus une réservée aux projets de promotion de la santé (essentiellement d’approche globale), mais bien des projets qu’il faut «caser» dans des allocations de base. Malgré la négociation des procédures d’avis entre le Cabinet et l’Administration dès 2006, l’éclatement en plusieurs allocations de base a rendu difficile leur application et il est arrivé d’ailleurs que des subventions soient octroyées sans y être soumises (par exemple des registres, des activités d’initiatives ministérielles -campagnes médiatiques, animations…). Par ailleurs, le flou autour de l’application des procédures d’avis a généré aussi de la confusion auprès des demandeurs de subvention qui ne savaient plus très bien où s’adresser ou comment le suivi de leur demande allait être assuré.
Depuis 2008, progressivement, l’Administration tente de ramener toutes les subventions dans le même cadre et de soumettre la plupart des activités aux procédures d’avis (notamment les «registres» qui jusque-là en avaient été dispensés). Néanmoins il subsiste toujours la possibilité pour le Ministre de soutenir une activité sur «les initiatives», ce qui ne nécessite pas de procédure d’avis.

Que trouve-t-on à l’intérieur des allocations de base ?

Afin de cerner les activités de «prévention» nous nous attachons ici aux programmes et projets en promotion de la santé y compris la médecine préventive (soit le programme 2, AB de 1 à 16). Une distinction est faite dans le texte qui suit entre les «projets de promotion de la santé» qui sont ceux ayant suivi les procédures d’avis et les «activités de promotion de la santé soutenues par le Ministre» qui n’ont pas fait l’objet des procédures d’avis.
Par ailleurs, les programmes et activités de médecine préventive considérés sont identifiés à part, sans pour autant remettre en question le fait qu’ils sont bel et bien intégrés dans la «promotion de la santé» au sens du décret de 1997.
Pour donner une idée du contenu des allocations de base et donc de leur utilisation, voici un aperçu de ce qui a été pris en charge pour deux années, 2004 et 2008. Nous commençons par la promotion de la santé .

Tableau 3 – Evolution du nombre de projets en promotion de la santé

2004 1 projet de soutien aux politiques communales Soutien à 19 associations pour participation à un colloque (11)

Nombre de projets de promotion de la santé (avec procédure d’avis) Nombre d’activités soutenues par le Ministre Autres
1. actions et recherches en promotion de la santé 49
3. prévention du sida et des IST 2
4. prévention des maladies cardiovasculaires
6. études et recherche en relation avec le pilotage du PCO 4
9. programmes locaux 3 11 projets dans le cadre de l’appel à projets communaux
10. initiatives du gouvernement 6 cofinancements Interreg 37 1 appel à projets EVRAS (40 plannings).

2008

Nombre de projets de promotion de la santé (avec procédure d’avis) Nombre d’activités soutenues par le Ministre Autres
2. prévention des assuétudes 11 (+ 1 cofinancement Interreg) 9 points d’appui «assuétudes» (CLPS)
3. prévention du sida et des IST 11
4. prévention des maladies cardiovasculaires 4 (+ 3 cofinancements Interreg) 2 1 appel à projets en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin
5. prévention des traumatismes et promotion de la sécurité 1
6. études et recherche en relation avec le pilotage du PCO 2 1 suivi de la population de Mellery
7. subventions diverses pour la mise en œuvre du PCO 10
9. programmes locaux 7
10. initiatives du gouvernement+ problématiques émergentes 3 (1 avec deux avis défavorables et 2 projets EVRAS) 24 2 activités de récolte de données (type registre)

Nous observons que le nombre de projets de promotion de la santé est passé de 64 à 53 et les activités de 37 à 27. La diminution du nombre de projets s’accompagne d’un statu quo des subventions. Certains projets ont donc bénéficié d’une augmentation budgétaire, mais au prix de la perte de diversité de projets. Cette diversité représente un élément essentiel en promotion de la santé dans la mesure où elle permet d’envisager un ensemble de besoins et d’attentes de la population par des stratégies adaptées au public. Stratégies qui se déclinent notamment au travers de « nombreux » projets locaux plutôt qu’au travers d’un « gros projet » communautaire.

En médecine préventive

En prévention des cancers , on retrouve en 2008 (12): les subventions à Brumammo et au Centre de référence pour le dépistage du cancer du sein et du cancer du colon; les Centres provinciaux (cancer du sein); le registre du cancer; les campagnes médiatiques; des logiciels… Le budget 2004 porte sur les mêmes objets, à l’exception du dépistage du cancer colorectal qui n’était pas encore lancé (préparation en 2008, démarrage effectif en 2009).
Les dépistages (tuberculose, anomalies congénitales et surdité) sont payés à l’acte. Les montants sont indexés chaque année. Le dépistage de la surdité néonatale a débuté au cours de l’année 2006.
En ce qui concerne le programme de vaccination , il s’agit de l’achat et la livraison de vaccins, ainsi que de la convention avec PROVAC (environ 300.000 euros par an).
Les vaccins pris en charge en 2008 sont:
Imovax®, vaccin inactivé monovalent contre la poliomyélite;
Infanrix Hexa ®, vaccin hexavalent contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’Haemophilus influenzae de type b, l’Hépatite B et la poliomyélite;
Tetravac ®, vaccin tétravalent contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, et la poliomyélite;
Tedivax Pro Adulto®, contre la diphtérie et le tétanos (dosage adulte);
Priorix®, contre la rougeole, la rubéole et les oreillons;
Hbvapro®, contre l’hépatite B;
Menjugate ®, contre le méningocoque C;
Prevenar ®, vaccin conjugué heptavalent contre 7 types de pneumocoque.
Tous ces vaccins existaient déjà en 2004 (certains sous un autre nom) à l’exception du Prevenar, pris en charge à partir de 2007. Il est le responsable de la forte augmentation budgétaire de cette allocation de base (doublement entre 2004 et 2008).

Quelques commentaires à propos des programmes de médecine préventive.
Il faut noter qu’une collaboration financière avec l’INAMI réduit considérablement les coûts pour la Communauté française. C’est le cas des vaccinations (payées à raison de 2/3 par l’INAMI), mais aussi du dépistage du cancer du sein dont les actes sont entièrement financés par l’INAMI laissant à charge de la Communauté française l’organisation du programme. En ce qui concerne le dépistage du cancer colorectal (commencé officiellement en 2009), des négociations ont prévu une prise en charge similaire qui n’est cependant pas encore effective.
En revanche, les programmes de dépistage néonatal sont entièrement pris en charge par la Communauté française. Une priorité devrait être une concertation avec l’INAMI pour une prise en charge des actes de dépistage, d’autant que de nouveaux dépistages génétiques seront probablement envisagés dans le futur.
Par ailleurs, le programme de la tuberculose, non réglementé à l’heure actuelle par le décret de 1997, comporte une série d’actes dont la prise en charge par la Communauté française relève d’un certain flou. En effet, le partage de compétences avec le niveau fédéral reste encore à comprendre clairement dans ce domaine.
Ces programmes reflètent une même idée : la Communauté française centralise l’organisation qu’elle délègue pour chaque programme à un centre de référence ou une structure de coordination assumant la coordination des acteurs, l’information, les invitations, le suivi, la formation, le recueil des données…
D’une manière générale, l’organisation des programmes de médecine préventive gagne à intégrer des stratégies de promotion de la santé telles que l’action intersectorielle (travail avec divers relais locaux) et le développement des compétences des personnes pour permettre au public de se sentir concerné par le programme et d’avoir envie d’en bénéficier. Toutefois, à ce stade, il faut noter que les divers engagements financiers de ces structures, ainsi que les plans et rapports d’activité ne reflètent pas un intérêt marqué pour les stratégies de promotion de la santé. Ainsi, les services préventifs existent et peuvent être sous-utilisés (c’est le cas du dépistage du cancer du sein) ou vécus comme des obligations dont le sens échappe aux usagers (le dépistage des anomalies congénitales par exemple), en contradiction avec l’objectif du décret de permettre à chacun d’être acteur de sa santé.

Regard sur les montants

Comme on peut le constater, globalement, le budget de la «santé» a augmenté de près de 25% en 5 ans, passant de 31 millions d’euros en 2004 à près de 39 millions en 2008. À titre de comparaison, sur la même période l’index santé est passé de 100 à 111,24 (13), soit une augmentation d’un peu plus de 11%.
La PSE a été revalorisée au cours des années (il s’agit de payer des salaires), notamment pour tenir compte des accords du non-marchand (+18,22% entre 2004 et 2008). La PSE représente 45,65% du budget total de la santé en 2008 (48,20% en 2004).
Les allocations de base réservées aux projets de promotion de la santé (AB de 1 à 11 dans le tableau 2) n’ont guère pris de valeur (+1,19% entre 2004 et 2008). Il faut souligner que la dynamique de projets qui a remplacé le subventionnement de services en 1997 s’accompagne de la définition de budgets dits «facultatifs». Cela veut dire qu’ils ne sont pas fixés et peuvent à tout moment être rabotés, notamment pour financer des activités très précises de services ou quand un besoin d’argent se fait sentir ailleurs. En 2008, les subventions aux projets représentent 15,37 % du budget santé total, contre 18,95 % en 2004. Globalement l’orientation qui se dégage est une diminution du nombre de projets avec une concentration des moyens disponibles vers les services agréés et les «gros» projets récurrents. Les projets locaux et les nouveaux projets se font de plus en plus rares. Notons à ce propos que les services agréés, les centres de référence et les actes de dépistage sont protégés par les règles législatives qui fixent des budgets et octroient automatiquement les indexations (même si ces dernières sont insuffisantes pour compenser l’évolution des coûts salariaux). Ce n’est pas le cas des projets de promotion de la santé dont certains ont pu bénéficier d’augmentations mais au détriment de projets plus petits qui ont disparu. Si la concentration des moyens peut donner le sentiment d’une plus grande efficacité, cela n’est qu’une apparence. En effet, la promotion de la santé tend à développer des approches collectives «communautaires», c’est-à-dire proches des «communautés de vie» pour pouvoir travailler avec celles-ci de manière adaptée. Cela nécessite donc des approches locales (projets locaux) complémentaires aux approches qui visent l’ensemble du territoire de la Communauté française.

Les programmes de médecine préventive bénéficient quant à eux d’une large augmentation (+83,86% entre 2004 et 2008), dont la plus grosse part est réservée à la vaccination. C’est une obligation incontournable, qui malgré le cofinancement important de l’INAMI pèse lourdement sur le budget santé de la Communauté française. En 2008, la vaccination représente 15,92 % du budget total de la santé (pour 9,69% en 2004). Dans le futur, en l’absence d’une prise en charge plus conséquente par l’INAMI, les coûts en augmentation de la vaccination vont probablement grever encore plus le budget santé.
Les autres programmes de médecine préventive ont également pris de l’élan depuis 2004, notamment via le lancement du dépistage du cancer colorectal et du dépistage néonatal de la surdité.
Globalement la médecine préventive représente 27,72 % du budget total en 2008 (18,77% en 2004).
Les choix politiques sur la période 2004-2008 ont porté, comme on peut le constater, sur les programmes de médecine préventive, au détriment des budgets consacrés aux projets de promotion de la santé (budgets dont l’augmentation est même loin d’atteindre l’augmentation de l’index santé).
La question de la répartition budgétaire entre les deux groupes de programmes n’est évidemment qu’une composante visible du constat que nous faisons aujourd’hui. Il invite à réfléchir d’une part sur la pertinence à maintenir une diversité utile et cohérente dans les stratégies proposées pour améliorer la santé de la population et, d’autre part, à poser la question de savoir quelles sont les stratégies les plus adéquates pour réduire les inégalités de santé.
En pratique ces deux groupes de programmes répondent à des stratégies d’action très différentes mais complémentaires. Les programmes de médecine préventive proposent un acte standard (de dépistage, de vaccination) organisé et recommandé pour l’ensemble de la population ciblée (le plus grand nombre). La promotion de la santé vise quant à elle le renforcement du pouvoir d’agir des populations et un environnement favorable à la santé.
Elle a pour but d’améliorer les déterminants sociaux de la santé avec un objectif d’équité (14). Les stratégies concertées qui en découlent nécessitent de travailler sur des populations de petite taille et à long terme. Ces stratégies sont particulièrement adéquates et efficaces pour bien comprendre les déterminants de la santé et mettre en place des actions utiles pour des populations spécifiques (femmes, jeunes, personnes isolées, primo-arrivants, sans emploi, peu scolarisés…).
Un des enjeux majeurs en matière de santé publique d’aujourd’hui, c’est de réduire les inégalités de santé. C’est bien connu, une personne qui a obtenu un diplôme d’enseignement supérieur a beaucoup plus de chance d’être en bonne santé qu’une personne qui a fait peu ou pas d’études (15). Ces inégalités sont aujourd’hui largement documentées (16). L’inadmissible écart entre les riches et les pauvres est plus que jamais d’actualité mais il est difficile à résorber. Il faut travailler sur des dimensions sociales, culturelles, environnementales, comportementales… et en partenariat avec l’enseignement, la culture, le sport, etc. Ce travail de promotion de la santé devrait être renforcé et, à tout le moins, suivre l’évolution budgétaire des programmes de médecine préventive universels ; programmes qui seraient plus et/ou mieux utilisés par les publics si par ailleurs un travail était fait avec ces publics sur les déterminants de la santé.
En conclusion, c’est la diversité des programmes et des actions qui permet de répondre à la diversité des mécanismes individuels. Elle permet d’améliorer l’efficacité des actions de la Communauté française et la santé des populations.
L’analyse budgétaire présentée dans ce document doit dès lors être lue comme un élément de réflexion sur lequel les choix futurs pourraient s’appuyer. Elle doit être complétée par une évaluation du dispositif complet.
Tatiana Pereira , Direction de la promotion de la santé, Ministère de la Communauté française. Avec la collaboration de Roger Lonfils et de la cellule socio-sanitaire de la Direction générale de la santé.
Adresse de l’auteure: DG Santé Communauté française, Bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles. Courriel: tatiana.pereira@cfwb.be 1 Voir par exemple, pour 2007, le texte ‘Le budget de la Communauté française en 2007’, de C. De Bock et D. Lebailly dans le numéro 241 ( https://www.educationsante.be/es/article.php?id=1078 ). Le site de la revue propose cette information pour les années 2000 à 2007.
2 Notons au passage que ces deux programmes sont gérés au sein de la même Direction du Ministère que les programmes de promotion de la santé.
3 Dans le jargon administratif, chaque division organique représente une matière gérée par la Communauté française: enseignement obligatoire, sport, santé, enfance, culture…
4 Ils ont pratiquement été entièrement utilisés. Dans certaines situations, de l’argent «engagé» peut ne pas être utilisé, il retourne alors au «trésor», c’est-à-dire dans la manne globale de la Communauté française.
5 S’il n’apparaît pas de montant dans une case, c’est que l’allocation budgétaire n’existe pas (ou plus) cette année-là.
6 Programme de transition professionnelle: contribution pour l’engagement de chômeurs dans le secteur non-marchand. Cette contribution est payée au Forem.
7 Les subventions d’équipement aux organismes d’éducation pour la santé couvrent des frais d’équipement pour les projets (ou les services agréés). En théorie, la législation exclut l’achat d’équipement dans le cadre des subventions à des projets. Dans certaines circonstances exceptionnelles, des équipements sont pris en charge sur cette allocation de base spécifique. Il s’agit de montants très modestes.
8 Les problématiques prioritaires reprises dans le plan communautaire opérationnel (PCO):
-prévention du sida et des IST – éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle;
-prévention des assuétudes;
-prévention des cancers;
-lutte contre la tuberculose;
-prévention des traumatismes et promotion de la sécurité;
-programme de vaccination;
-promotion de la santé cardiovasculaire;
-dépistage néonatal de la surdité et dépistage des anomalies congénitales. 9 Il y a aussi une Commission d’avis sur les campagnes radiodiffusées de promotion de la santé, qui ne se prononce pas sur des allocations budgétaires, mais sur des temps d’antenne concédés gracieusement aux promoteurs de campagnes médiatiques.
10 Les projets «INTERREG», en cofinancement avec l’Europe notamment, ne sont pas soumis à l’avis d’une de ces commissions, mais à une autre procédure extrêmement exigeante qui comporte aussi un avis de l’Administration.
11 «Programmes locaux et régionaux de santé» au Québec
12 L’achat de matériel pour le centre unique de 2ème lecture a provoqué une augmentation temporaire des coûts qui devraient à terme s’avérer moins conséquents que ceux liés à la présence de 5 centres de seconde lecture.
13 https://statbel.fgov.be/indicators/cpi/cpi_fr.asp
14 Combler le fossé en une génération, instaurer l’équité en santé en agissant sur les déterminants sociaux de la santé, OMS, 2008
15 Enquête nationale de santé
16 Rapport sur les inégalités, Fondation Roi Baudouin. Rapport sur la pauvreté, ATD Quart Monde. Rapport sur la consommation de soins, Fédération des maisons médicales, parmi d’autres.

Catherine Fonck fait son bilan…

Le 30 Déc 20

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Au terme de la législature, Éducation Santé a rencontré pour vous Catherine Fonck, anciennement Ministre de la Santé de la Communauté française, pour un échange rétrospectif sur son action de 2004 à 2009.
Éducation Santé: Quel bilan pouvez-vous dresser de votre action 5 ans après avoir pris la responsabilité des compétences de la Communauté française en matière de santé? Cinq ans de stabilité à la tête d’un département, ce n’est pas si fréquent dans notre pays. Quels sont vos principaux motifs de satisfaction? Quels dossiers qui vous tenaient à cœur lors de votre prise de fonction avez-vous pu faire aboutir?
Catherine Fonck : Au vu de tous les projets développés et menés à terme, je suis vraiment satisfaite du bilan de ces cinq années. Il faut oser dire qu’en 5 ans, nous avons remis la Communauté française à la pointe du combat en matière de santé dans de nombreux domaines. En termes de dépistage , par exemple, je citerai notamment deux programmes bien lancés et rencontrant parfaitement des objectifs de prévention et promotion de la santé: le dépistage du cancer colorectal et le dépistage néo-natal de la surdité. En outre, tant pour le dépistage du cancer du sein que pour celui de la surdité, nous avons rattrapé notre retard par rapport à la Flandre (1).
En novembre 2006, j’ai lancé le programme de dépistage néo-natal de la surdité dans les maternités. Sur base volontaire, ce sont 43 maternités sur 47 qui adhèrent aujourd’hui au programme en Communauté française. Cela nous permet de dépister 90% des bébés (quelque 33 000 enfants ont été testés). On a ainsi pu recenser 44 déficiences auditives dont 32 chez des enfants sans facteurs de risque. Établir le plus tôt possible le diagnostic de surdité permet de mettre en place un mode de communication adapté à l’enfant le plus rapidement possible (langue des signes notamment), et de donner ainsi à l’enfant le maximum de chances pour une scolarité et une intégration réussies par la suite.
Et nous sommes aussi à la pointe pour le dépistage du cancer colorectal. C’est en 2006, suite à l’interpellation de gastroentérologues de tout le pays, que je m’étais engagée à étudier la possibilité de proposer un programme de dépistage du cancer colorectal en Communauté française. Très rapidement, l’idée a mûri et c’est avec l’aide d’un groupe d’experts que le programme a été conçu. Ce dépistage s’adresse à toutes les personnes de 50 à 74 ans.
Dès le début, j’ai insisté pour que le médecin généraliste en soit la pierre angulaire. Le programme est lancé depuis début mars 2009. Les premiers résultats sont encourageants avec une large adhésion non seulement de la population cible mais aussi des acteurs de la santé.
En termes de prévention des maladies cardio-vasculaires , j’ai développé, en collaboration avec mes collègues de l’Enseignement et du Sport, un important Plan de promotion des attitudes saines chez les enfants et les jeunes. Ce Plan s’inscrit dans le cadre du Plan national de nutrition santé (PNNS) au niveau fédéral. La majorité des mesures prévues ont été mises en place ou adaptées au vu de la réalité du terrain. Je constate avec intérêt que les enseignants, animateurs, mais aussi les parents sont en demande d’information pour valoriser des habitudes et des attitudes saines et parfois même développer des initiatives locales.
En termes de vaccination pour les nourrissons , grâce au recours aux vaccins combinés, 11 maladies infectieuses peuvent aujourd’hui être évitées. Dès le début de l’année 2007, j’ai intégré le vaccin contre le pneumocoque au calendrier vaccinal. De plus, les infections à rotavirus dont la vaccination n’est pas prévue dans le calendrier vaccinal font l’objet d’un remboursement INAMI. Selon les enquêtes réalisées en Communauté française en 2006 par Provac, la couverture vaccinale pour les nourrissons âgés de 18-24 mois tourne autour des 85%. Cela représente une augmentation de 34% par rapport aux résultats de l’enquête de 2003. Il sort des enquêtes de 2006 que les modifications du schéma vaccinal et l’introduction des nouveaux vaccins ont bien été suivies.
En termes de prévention des assuétudes , un ‘Programme d’actions de prévention des assuétudes en milieu scolaire’ a été mis en place. Depuis septembre 2007, l’interdiction de fumer à l’école est d’application et des points d’appui aux écoles en matière de prévention des assuétudes ont été créés. Ces points d’appui jouent le rôle d’interface entre les acteurs du milieu scolaire et les acteurs abordant la prévention des assuétudes.
Ces dernières années, la problématique de l’impact de l’environnement sur la santé a été de plus en plus présente, on peut réellement parler de thématique émergente. Pour assurer une gestion cohérente de ce type de dossier, j’ai mis en place, avec mes collègues Ministres régionaux de la Santé et de l’Environnement, une structure réunissant nos 3 cabinets et administrations respectives, la Task force Environnement-Santé. Elle permet de déterminer les éventuels risques liés à toute situation environnementale particulière (pollution de l’air, décharge, autres sites pollués…), et, si nécessaire, de prendre les mesures sanitaires qui s’imposent (communication vers les riverains ou suivi sanitaire par exemple), sans oublier les mesures spécifiques environnementales.
ES: Corollairement, quelles sont les questions qui vous laissent frustrée, voire sur un sentiment d’échec?
CF : Malgré toutes les énergies développées à propos du programme de dépistage du cancer du sein, je dois bien constater que ce dépistage n’a pas atteint son but. Seule une femme sur 2 bénéficie d’un dépistage régulier du cancer du sein. C’est insuffisant!
Outre des actions de sensibilisation vers les femmes (y compris vers les femmes plus défavorisées, moins réceptives à la pertinence du dépistage), de nombreuses rencontres avec les professionnels, la mise en place d’un logiciel performant pour les invitations et le suivi des personnes concernées, j’ai finalisé la centralisation de la deuxième lecture et depuis peu la reconnaissance de la mammographie numérisée. L’objectif est de permettre que les résultats arrivent plus vite vers le médecin traitant et donc vers les femmes, et de lever une série de freins à la participation au dépistage.
ES: On sait que le niveau fédéral des soins de santé est doté d’un budget non négligeable, de l’ordre de 23 milliards d’euros par an. La Communauté pour sa part doit se débrouiller avec environ 500 fois moins , pour gérer des matières pourtant aussi essentielles que la promotion de la santé, la vaccination, les dépistages, la promotion de la santé à l’école. N’y a-t-il pas là un déséquilibre aberrant, d’autant plus aberrant qu’il est établi que les soins de santé, quelle que soit leur qualité, ne contribuent que modestement à l’amélioration de la santé publique?
CF : Comme vous, je dois bien reconnaître que la prévention est le parent pauvre du budget de la santé dans notre pays. J’ai hérité de cette situation, mais je me suis battue pour obtenir des moyens supplémentaires importants, convaincue des bénéfices à moyen et long terme.
Ainsi, entre 2004 et 2009, soit durant cette législature, le budget initial est passé de 30,2 millions d’euros à 53,5 millions d’euros par an. On peut réellement parler d’un refinancement important au regard de l’évolution du reste du budget de la Communauté française.
N’oublions cependant pas que l’espérance de vie est certes liée à la santé en tant que telle, mais elle est aussi liée, et de façon prépondérante, aux autres facteurs que sont l’éducation, l’emploi, le logement, l’environnement. La prévention ne se joue donc pas uniquement dans les compétences de la santé, mais à travers de très nombreuses politiques.
ES: Ce déséquilibre budgétaire cruel entre prévention et ‘réparation’ incite régulièrement les politiques à plaider pour des paquets de compétence plus homogènes que ce n’est le cas aujourd’hui. On vous a entendue dire à plusieurs reprises qu’il vaudrait mieux faire marche arrière en ce qui concerne la santé, et renvoyer la médecine préventive et la promotion de la santé au niveau fédéral. Est-ce réaliste? L’évolution institutionnelle du pays ne nous indique-t-elle pas que l’homogénéité des compétences s’inscrit nécessairement dans une dynamique centrifuge? Je pousse même le raisonnement plus loin: les ‘cultures’ de la santé, de la prévention, de l’enseignement universitaire, des pratiques des professionnels ne sont-elle pas de plus en plus éloignées au Nord et au Sud du pays?
CF : Je pense en effet que renvoyer la prévention au niveau fédéral permettrait d’en augmenter les moyens, de bien mieux coordonner les politiques menées, et probablement de faire de substantielles économies d’échelle. Toutefois, comme vous le faites remarquer, il faudrait tenir compte des disparités entre le Nord et le Sud du pays. Cela ne pourrait se faire au détriment de ce qui existe aujourd’hui. Pour ce qui est de régionaliser la sécurité sociale, je ne peux absolument pas m’inscrire dans cette logique (qui coûterait d’ailleurs très cher aux contribuables flamands et francophones), sauf à dire que la Belgique n’existe plus…
ES: Toujours dans le domaine compliqué des savants équilibres ‘à la belge’, certaines choses n’ont pas trop mal fonctionné ces dernières années, comme la répartition des responsabilités du niveau fédéral et des entités fédérées dans le programme organisé de dépistage du cancer du sein ou le financement collectif et l’organisation de la vaccination. Pourquoi avez-vous choisi de jouer cavalier seul avec le nouveau programme de dépistage du cancer colorectal?
CF : Entendons-nous bien, je n’ai pas choisi délibérément de faire cavalier seul. Dès le début des réflexions du groupe de travail ad hoc, un représentant de la Communauté flamande y a été associé, et à plusieurs reprises j’en ai débattu en conférence interministérielle (réunissant les différents niveaux de pouvoir) pour tenter de mettre en place un projet commun sur tout le pays. Mais très rapidement, il est apparu que leurs projets étaient différents des nôtres.
De notre côté, avec les différents experts, nous avons estimé qu’il fallait mettre ce programme en place dans des délais rapides. Nous avons également opté pour une généralisation d’emblée à toute la Communauté française (la Communauté flamande s’est lancée dans un projet pilote sur quelques villes). En effet, de nombreux pays pratiquent déjà ce programme de dépistage depuis plusieurs années, il n’y a donc plus lieu d’en démontrer la pertinence et l’efficacité (gain clair sur la réduction de mortalité et sur l’incidence de ce cancer).
ES: Jusqu’il y a peu, les statistiques de naissances et de décès pour la Belgique étaient bloquées en… 1997. La situation s’est améliorée récemment, la Communauté française a mis les bouchées doubles pour rattraper son retard concernant les chiffres wallons (Bruxelles est dans ce domaine comme dans tant d’autres un cas à part). Un motif de satisfaction pour vous?
CF : Bien entendu. Au début de la législature, l’enregistrement des naissances et décès en Communauté française avait pris un retard de 7 ans! Celui-ci était notamment dû à l’encodage et au codage entièrement manuel. J’ai donc demandé que l’Administration y accorde un haut degré de priorité et puisse y apporter une solution efficace et rapide. La Communauté française a opté pour une solution de lecture optique et un traitement informatisé des documents. Ce système de reconnaissance permet de traiter des volumes importants de documents en un minimum de temps.
Ces mesures ont porté leurs fruits puisque le retard au niveau de l’encodage des certificats de naissances et de décès de moins de 1 an est actuellement entièrement résorbé et qu’une première publication concernant les données de l’année 2004 a été envoyée à l’ensemble des médecins de la Communauté française. De même, la situation est en bonne voie pour les certificats de décès de plus de 1 an.
ES: La médecine scolaire a eu certaines difficultés à gérer le décret qui marquait l’évolution de ses fonctions d’une approche traditionnelle de bilans de santé réguliers au cours de la scolarité des enfants vers la promotion de la santé à l’école qui vise une approche plus globale de l’élève et cherche à mobiliser l’ensemble de la communauté éducative. Pouvez-vous affirmer aujourd’hui que la ‘sauce a pris’?
CF : De gros investissements ont été faits dans le secteur de la promotion de la santé à l’école.
Un des grands chantiers a été l’instauration du projet de service. Depuis la rentrée 2007, les services PSE sont amenés à définir un projet de service à la place d’un projet de santé. Cette modification de décret leur permet de définir une offre qui corresponde à la fois aux besoins prioritaires de la population scolaire avec laquelle ils travaillent et à leurs compétences spécifiques, tout en tenant beaucoup mieux compte de la réalité de terrain.
En termes d’accords du non-marchand, des avancées significatives ont été menées et ont permis d’améliorer de façon substantielle les conditions du personnel salarié des services.
Des efforts ont également été réalisés pour améliorer la situation des médecins scolaires. La médecine scolaire reste peu attractive pour les médecins pour de multiples raisons: faible rémunération, pas de remboursement des frais de déplacement pour les visites médicales, absence de statut ou diversité des statuts, numerus clausus… La conciliation de ces deux activités n’est guère aisée d’autant plus que chaque médecin scolaire avait l’obligation de prester au minimum 40 heures par mois en cette qualité, leur faisant perdre dès lors, plusieurs matinées de pleine rémunération.
Pour vous donner un exemple, ce quota minimal d’heures de prestation a été diminué, le limitant à un seul médecin par service, en veillant toutefois à ce que chaque service puisse bénéficier d’une structure médicale stable. Les efforts doivent absolument être poursuivis, sous peine de mettre à mal la poursuite de la médecine scolaire.
J’ai également simplifié les procédures d’agrément et de calcul des subventions, ainsi qu’allégé la récolte des données sanitaires en milieu scolaire, pour faciliter et soulager au mieux les acteurs des centres de santé.
ES: On a pu constater au cours de la législature qui s’achève que vous n’avez pas votre langue en poche. Pouvez-vous nous citer l’une ou l’autre situation qui vous ont particulièrement énervée?
CF : Le bon sens et le pragmatisme sont parfois bien mis à mal par certaines idéologies ou par des débats qui ne me semblent personnellement pas prioritaires (comme par exemple les débats communautaires). De même, les cadres juridique, budgétaire et politique créent une certaine inertie par rapport à ce que l’on veut mettre en place… C’est toute la différence entre le «il n’y a qu’à» et la concrétisation des projets qui doit, elle, respecter les différentes règles en vigueur!
ES: J’ai eu l’occasion de vous rencontrer à plusieurs reprises au cours de ces 5 années, et il m’a semblé que le sérieux de la fonction ministérielle ne vous empêchait pas de vous amuser dans ce que vous faites. Je me trompe?
CF : Si s’amuser, c’est prendre du plaisir dans ce l’on fait, alors le sérieux de ma fonction ne m’a pas empêchée de m’amuser, que du contraire! Je me suis investie à 300% dans ma fonction, et j’ai vécu ces 5 années avec passion!
Propos recueillis par Christian De Bock 1 Catherine Fonck est bien consciente du fait que le programme ‘mammotest’ fonctionne mieux dans le nord que dans le sud du pays; elle estime que l’objectif prioritaire doit être de convaincre plus de femmes de faire régulièrement le dépistage, que ce soit dans le cadre du programme organisé ou non (ndlr).

Intentions politiques

Le 30 Déc 20

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Comme bon nombre d’autres organisations, les Mutualités chrétiennes ont adressé avant les élections du 7 juin dernier un mémorandum aux partis politiques francophones démocratiques. Il est intéressant de prendre connaissance de leurs réponses concernant la promotion de la santé. Il sera encore plus passionnant d’observer dans quelques mois si les intentions et valeurs affichées par les trois partenaires des coalitions régionales et communautaire se retrouvent dans les priorités et actions du Gouvernement…

La question de la Mutualité chrétienne

L’accès à la santé est un des fondements de l’action de notre mouvement mutualiste. Sur un indice 100 qui définirait l’accès à la santé, 20 sont des facteurs de l’accès et de la qualité de soins de santé, et 80 ont trait à la qualité de vie, à l’enseignement et à la formation, au logement, à l’emploi, et à l’insertion dans un tissu social.
La MC souhaite donc mettre l’accent sur le choix majeur d’investir beaucoup plus dans la promotion de la santé et dans la prévention, d’abord pour vivre mieux et ensuite parce que les soins curatifs coûtent de plus en plus cher et que cela sera encore vrai dans les prochaines années. Éviter les problèmes de santé et en retarder ou en limiter les effets sur le bien-être des personnes devrait aussi représenter un objectif pour les services et institutions de santé. Et une telle démarche doit être mise en œuvre dans un souci d’égalité en prenant en compte les inégalités sociales de santé, qu’il y a lieu de réduire.
Il manque une véritable programmation mettant en œuvre une approche transversale de prévention et de promotion de la santé dans toutes les politiques , qui détermine les objectifs, les priorités et l’affectation des ressources à y consacrer, en insistant particulièrement sur la réduction des inégalités sociales de santé: information sur les attitudes de prévention, les services disponibles, les vaccinations, les modes d’accès financier aux soins, etc.
Quels moyens pensez-vous consacrer à cette approche transversale de la santé dans la prochaine législature?

Les réponses des partis (par ordre alphabétique)

Le cdH

La société évolue et, dans ce contexte, les individus sont de plus en plus inégalitaires face à la santé.
L’augmentation de la longévité suscite des dépenses en termes de soins de santé de plus en plus importantes, les personnes qui ont des moyens financiers investissent de plus en plus dans la prévention et l’adoption de conduites saines (activités sportives, alimentation saine, gestion du stress…) tandis que les personnes défavorisées font plus volontiers l’impasse sur les dépenses susceptibles de préserver leur santé.
Face à cette situation, les acteurs de santé de première ligne doivent assumer de plus en plus de missions en dehors de leur champ de compétence. Il importe donc de mettre en place une stratégie globale et transversale en matière de santé .
Nous proposons non seulement de mettre en place une stratégie globale et transversale, mais aussi pluriannuelle , et d’établir dès le début de la législature un plan décennal de promotion et de prévention en matière de santé pour tous les francophones.
Ce plan devrait prévoir de:
-mieux articuler les différents niveaux de pouvoir autour d’une stratégie commune de santé afin de maximaliser la coordination des actions de santé menées par la Communauté française, la Région wallonne, les provinces, les communes, et permettre d’accorder les moyens financiers pour y parvenir;
-réguler les partenariats privé-public, baliser l’intervention du privé de façon à financer éthiquement certains projets de promotion de la santé;
-augmenter l’enveloppe budgétaire consacrée à la promotion de la santé et à la prévention, dans le cadre des moyens nouveaux dégagés par le refinancement de la Communauté française;
-compte tenu de la transversalité de la santé, mettre en place une cellule d’étude d’incidence des différentes politiques fédérales et fédérées sur le niveau général de santé de la population afin de tenter de quantifier cette incidence et de proposer des actions concrètes.

Écolo

Nous partageons totalement l’analyse de la Mutualité chrétienne quant à la nécessité de mettre en place une approche transversale. Outre l’intérêt de soutenir les actions de promotion de la santé telles que définies par le décret communautaire (et ce jusqu’au niveau local), il est urgent de développer cette approche car les facteurs qui la déterminent relèvent de pratiquement toutes les politiques sectorielles.
C’est pourquoi notre programme ‘santé’, avant même de développer ses propositions, avance un préalable: faire de la santé la préoccupation de l’ensemble des gouvernements.
Actuellement, tout projet de loi, de décret ou d’ordonnance, doit disposer de l’accord du Ministre du Budget avant d’être soumis au Gouvernement. Ceci permet de s’assurer que les dépenses qui découleront de la mise en œuvre de la nouvelle législation resteront dans les limites de la gestion rigoureuse du budget. Dans le même ordre d’idée, Écolo estime nécessaire de mettre en place, comme au Québec (Loi sur la Santé publique québécoise), un processus qui confère au Ministre de la Santé et des Affaires sociales de chaque niveau de pouvoir un rôle de conseiller au Gouvernement et un pouvoir d’interpellation des autres ministres pour toute question liée à la santé publique. Ceci permettrait donc que chaque projet de décision soit évalué en ce qui concerne son impact sur les déterminants de la santé et sur les inégalités sociales, dans un objectif de promotion socio-sanitaire.

Le MR

Le MR considère le thème de la santé comme une préoccupation majeure: en matière d’accès à des soins de qualité mais également en matière d’accès à l’information permettant à chacun de participer au dépistage de maladies et d’adopter des attitudes saines .
En Communauté française, la santé se décline en termes de prévention et de promotion.
Le MR a toujours été et restera particulièrement attentif à ces deux points car, d’une part, prévention et promotion de la santé concourent à l’amélioration de la qualité de vie de la population et, d’autre part, elles contribuent à une meilleure maîtrise des dépenses publiques en matière de sécurité sociale, système basé sur les principes de solidarité, de qualité, d’accessibilité et de liberté de choix que le MR veut préserver.
Il est clair que la fragmentation de la politique de la santé telle que nous la connaissons ne sert pas la population : 7 ministres de la santé en Belgique, c’est trop! Cela alourdit et freine les processus décisionnels.
Le MR recommande dès lors:
-d’anticiper les blocages institutionnels en signant des accords de coopération favorisant une politique de la santé intégrée, concertée et globale;
-d’impliquer les pouvoirs locaux (communes et CPAS) en matière de prévention et de promotion de la santé en identifiant, par exemple, un échevinat de la santé, en créant des synergies avec l’échevinat des crèches, de l’enseignement, du sport et des seniors;
-de veiller à la mise en place d’indicateurs statistiques standardisés pour que les données wallonnes puissent être mises en relation avec celles de Bruxelles.
De manière plus spécifique et en matière de lutte contre les cancers, le MR recommande de:
-mettre en place des campagnes ciblées, pratiques et concrètes, permettant au public visé d’accéder aux structures permettant le dépistage;
-favoriser une culture de la santé en améliorant l’information et la motivation des femmes et des soignants sur le dépistage du cancer du sein;
-d’évaluer le processus actuel amenant les femmes au dépistage du cancer du sein;
-d’mpliquer et sensibiliser les médecins traitants, leur rôle étant prépondérant pour les personnes avec un faible niveau d’instruction.

Le PS

Pour le PS, chaque personne doit être traitée de manière égale , quels que soient son origine ou son identité, son sexe, son état de santé, ses croyances philosophiques ou religieuses, son orientation sexuelle… L’État doit favoriser l’épanouissement de chaque citoyen, sans discrimination.
Le PS veut renforcer la lutte contre les inégalités sociales en matière de santé en concertation étroite avec la Communauté française et avec le fédéral.
Le PS fait une priorité d’assurer la cohérence des politiques en matière de lutte contre les assuétudes (tabagisme, consommation excessive d’alcool chez les jeunes, et prévention en matière de consommation d’autres drogues), de l’amélioration de la prévention du sida et des autres maladies sexuellement transmissibles, de prévention du suicide (et une priorité pour la santé mentale) et d’entourer et protéger la personne âgée et sa santé.
De plus, pour le PS, il est essentiel de soutenir l’augmentation de l’offre en matière de structures multidisciplinaires qui renforcent l’accès aux soins de première ligne (médecins généralistes, infirmiers, kinés…).
Afin de favoriser le développement des maisons médicales (associations de santé intégrée), le PS propose:
-de majorer les subventions aux équipes multidisciplinaires de première ligne, reconnues comme maisons médicales;
-d’établir une programmation sociogéographique des maisons médicales;
-de prévoir des aides à l’installation de ces structures.
Le PS entend également renforcer la spécificité des centres de planning familiaux en Région wallonne:
-en prévoyant la gratuité de la pilule et des préservatifs disponibles en centres de planning;
-en renforçant l’accessibilité des centres de planning par l’élargissement des heures d’ouverture, la création d’antennes ou de consultations dans les locaux des partenaires de réseau (ONE, CPAS, écoles, entreprises…);
-en procédant à l’évaluation des mesures prises en rapport avec le secteur des centres de planning (pilule du lendemain, interruption volontaire de grossesse…), afin de cerner au mieux et d’améliorer l’impact de ces politiques;
-en favorisant le travail en réseau par l’intégration des centres de planning familiaux dans les plateformes de santé mentale et la systématisation des partenariats avec les maisons médicales et les institutions de soin.
Réactions compilées par Gilles C . Jourdan

Arrêté du Gouvernement de la Communauté française nommant les membres du Conseil supérieur de promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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Le Gouvernement de la Communauté française,
Vu le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé en Communauté française, notamment l’article 5, tel que modifié par les décrets du 17 juillet 1998, 17 juillet 2003 et du 26 mars 2009;
Vu les propositions formulées par les organes de gestion ou de concertation des institutions visées à l’article 5 du décret susvisé;
Considérant qu’il convient de nommer les membres effectifs et suppléants du Conseil supérieur de promotion de la santé,
Arrête:
Article 1er . – Sont nommés respectivement membre effectif et membre suppléant du Conseil supérieur de promotion de la santé:
§1er. En qualité de représentants des Écoles de santé publique :
M. Deccache Alain , effectif, et M. D’Hoore William , suppléant;
Mme Godin Isabelle , effective, et M. Levêque Alain , suppléant;
M. Mairiaux Philippe , effectif, et Mme Guillaume Michèle , suppléante.
§2. En qualité de représentant de l’Institut de médecine préventive de la Société scientifique de médecine générale :
Mme Jonckheer Pascale , effective, et M. Dufour André , suppléant.
§3. En qualité de représentant de l’Office de la naissance et de l’enfance:
Mme Sommer Myriam , effective, et Mme Mauroy Marie-Christine , suppléante.
§4. En qualité de membres choisis en raison de leur compétence particulière dans le domaine de la prévention du sida et des autres maladies sexuellement transmissibles :
M. Clumeck Nathan , effectif, et M. Martens Vladimir , suppléant;
M. Legrand Jean-Claude , effectif, et Mme Vassart Monique , suppléante.
§5. En qualité de représentants des associations mutuellistes :
M. De Bock Christian , effectif, et Mme Gerard France , suppléante;
Mme Spièce Catherine , effective, et Mme Viroux Anne , suppléante.
§6. En qualité de représentants de l’Association des provinces wallonnes:
M. Berghmans Luc , effectif, et M. Demarteau Michel , suppléant;
M. Maassen Philippe , effectif, et Mme Lannoye Godelieve , suppléante;
Mme Hicguet Dominique , effective, et M. Demelenne Michel , suppléant.
§7. En qualité de représentants des médecins généralistes , représentant respectivement les associations de médecins et la Fédération des maisons médicales et collectifs de santé francophones:
M. Cuvelier Lawrence , effectif, et M. Vercruysse Bernard ., suppléant;
M. Laperche Jean , effectif, et Mme Hanot Bénédicte , suppléante.
§8. En qualité de représentants des Centres locaux de promotion de la santé :
Mme Végairginsky Catherine , effective, et M. Dadoumont Benoît , suppléant;
M. Mouyart Philippe , effectif, et M. Bracci Raffaele , suppléant;
Mme Polomé Lydia , effective, et Mme Demortier Viviane , suppléante;
Mme Leva Chantal , effective, et Mme Paternotte Valérie , suppléante.
§9. En qualité de membre choisi en raison de sa compétence particulière dans le domaine de la lutte contre la tuberculose et les autres affections respiratoires :
Mme Wanlin Maryse , effective, et Mme Spitaels Martine , suppléante.
§10. En qualité de membre choisi en raison de sa compétence particulière dans le domaine de la prévention des assuétudes :
M. Bastin Philippe , effectif, et M. de Duve Martin , suppléant.
§11. En qualité de représentant des pharmaciens d’officine :
M. Guillaume Georges , effectif, et Mme Lecroart Anne , suppléante.
§12. En qualité de représentant des services communautaires de promotion de la santé :
Mme Taeymans Bernadette , effective, et Mme Vandoorne Chantal , suppléante.
§13. En qualité de représentant des centres de référence :
Mme Vandenbroucke Anne , effective, et Mme de Foy Thérèse , suppléante.
§14. En qualité de représentants des associations reconnues d’usagers du système de santé :
Mme Serano Carine , effective, et Mme Fogel Marie Françoise , suppléante;
Mme Vanderstichelen Émilie , effective, et Mme Wathelet Dominique , suppléante.
§15. En qualité de représentant de la Commission de promotion de la santé à l’école :
M. Daumerie Philippe , effectif, et Mme Henry Fabienne , suppléante;
Mme Vermeeren Axelle , effectif, et Mme Lecrenier Myriam , suppléante.
§16. En qualité de représentant de la Commission francophone de promotion de la santé dans la pratique du sport :
Mme Jeunehomme Martine , effective, et Mme Antoine Marie-Hélène , suppléante.
§17. En qualité de membres choisis en raison de leur compétence ou de leur action particulière en promotion de la santé ainsi qu’en qualité de membres de la société civile choisis en fonction de leur compétence dans d’autres secteurs et de l’intérêt manifesté pour la promotion de la santé.
Les secteurs de l’éducation permanente, de la santé environnementale, de l’aide aux personnes fragilisées, sont représentés:
M. Mercier Michel , effectif, et Mme Étienne-Largo Carol , suppléante;
M. van der Straten Georges , effectif, et Mme Caspers Emmanuelle , suppléante;
M. Collignon Jean Luc , effectif, et M. Biot Pierre , suppléant;
M. Pettiaux Michel , effectif, et Mme De Spiegelaere Myriam , suppléante;
Mme Bantuelle Martine , effective, et Mme Deliens Cristine , suppléante;
Mme Swennen Béatrice , effective, et Mme Wérion Huguette , suppléante.
Article 2. – Est désignée en qualité de représentante, avec voix consultative, du Gouvernement de la Communauté française : Mme Boucquiau Anne .
Article 3. – Sont désignés en qualité de représentants de la Région wallonne :
Mme Nick Laurence , effective, et M. Reynier Hugues , suppléant.
Article 4. – Est désigné en qualité de représentant du Ministre chargé de la Santé pour la COCOF : M. Lahaye Thierry , effectif.
Article 5. – Le présent arrêté entre en vigueur le jour de sa signature.
Bruxelles, le 11 mai 2009
Pour le Gouvernement de la Communauté française:
La Ministre de l’Enfance, de l’Aide à la Jeunesse, et de la Santé, Mme Catherine Fonck
Madame Chantal Leva a été élue Présidente et Monsieur Michel Pettiaux Vice-président le 19 juin 2009.