Communiqué par la Revue Prescrire N° 364, février 2014
Les firmes ont imposé leurs intérêts et leurs valeurs au détriment des politiques pharmaceutiques et des pratiques médicales.
Le Centre d’éthique de l’université Harvard (États-Unis d’Amérique) a publié ‘Corruption institutionnelle et politique pharmaceutique’.
Seize auteurs y décrivent différents aspects de la corruption institutionnelle des politiques pharmaceutiques et des pratiques médicales dans le monde, au sens où celles-ci sont détournées de leurs objectifs et de leurs valeurs d’intérêt général par l’intérêt particulier des firmes pharmaceutiques.
«En conséquence, les soignants peuvent penser qu’ils utilisent une information fiable pour appuyer des pratiques solides, alors qu’en fait ils s’appuient sur une information biaisée pour prescrire des médicaments qui ne sont pas nécessaires ou qui sont dangereux, ou plus chers que des médicaments équivalents».
Une autre analyse universitaire étatsunienne a montré qu’au fil des années s’est développée une culture commune entre les personnes travaillant pour les firmes et celles travaillant pour l’agence du médicament, la FDA. Ces dernières sont devenues ‘pro-industrie’, partageant les conceptions des firmes (ce qui est dénommé ‘capture de régulation’), notamment en admettant qu’ «il faut faire un compromis entre innovation et sécurité». Au total, «les organisations politiques de l’industrie pharmaceutique mondiale sont arrivées à fixer les termes de la discussion sur la façon dont les firmes doivent être régulées».
‘Corruption institutionnelle’, ‘capture de régulation’, les mots sont forts, à la hauteur des dégâts causés par la situation qu’ils décrivent. Plus que jamais, penser et agir dans l’intérêt premier des patients est l’antidote indispensable au détournement des politiques d’intérêt public dans le domaine de la santé.