Juin 2007 Initiatives

Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE), en collaboration avec Domus Medica, vient de faire le point sur l’état des connaissances scientifiques en matière de prévention primaire des maladies cardio-vasculaires en Belgique.
Le risque de maladie cardio-vasculaire dépend de la combinaison d’une série de facteurs. C’est pourquoi il doit être examiné globalement et pas facteur par facteur. Arrêter de fumer est la mesure la plus rentable; elle entraîne même des économies. Pour les non-fumeurs présentant un risque élevé, l’aspirine à faible dose a un meilleur rapport coût-efficacité que les statines qui sont censées réduire le cholestérol. Les régimes pauvres en graisses sont aussi à recommander. L’utilité des suppléments alimentaires n’est par contre pas prouvée.

Les maladies cardio-vasculaires constituent la première cause de mortalité en Belgique. Chaque année, près de 40.000 Belges décèdent à cause d’elles. Elles représentent également un fardeau considérable en terme de morbidité.
Leur prévention primaire revêt donc une grande importance, en particulier pour ceux qui courent les plus grands risques. Cette prévention doit aussi être menée dans de bonnes conditions de sécurité: pas question de rendre malade des gens qui sont en bonne santé.
Le risque de maladie cardio-vasculaire dépend de différents facteurs simultanément. Les plus importants sont l’âge, le sexe, le tabac, la tension sanguine, le taux de cholestérol et l’obésité.
Le risque doit être apprécié globalement et non pas facteur par facteur. Ainsi par exemple, quelqu’un qui a un taux de cholestérol élevé ne court de grands risques que s’il a aussi une tension élevée. Il faut essayer d’agir sur les facteurs de risque. Bien sûr, on ne peut rien changer à l’âge et au sexe mais arrêter de fumer constitue clairement une priorité.
Parmi les nombreux types de régime, seuls ceux pauvres en graisses saturées réduisent le risque, à condition d’être suivis scrupuleusement. Il n’y a pas de preuves que les autres régimes ou les divers suppléments alimentaires activement promotionnés ces derniers temps, aient un effet quelconque sur la diminution du risque. Cette précision ne constitue évidemment pas un plaidoyer en faveur d’un mode de vie sédentaire sans souci d’alimentation équilibrée! Il y a d’autres bonnes raisons de continuer à conseiller un mode de vie sain.
Quant à la prévention médicamenteuse, c’est l’aspirine à faible dose qui présente le meilleur rapport coût-efficacité. Les statines, si souvent prescrites, ne sont pas d’un rapport coût-efficacité favorable dans la plupart des cas. Elles ne le deviennent que pour les hommes de plus de 60 ans, à haut risque cardio-vasculaire et pour autant que leur coût annuel soit inférieur à 90€.

Quand une prévention primaire au moyen de médicaments est-elle indiquée?

Faire de la prévention primaire consiste à gérer le risque de personnes en bonne santé. Plus ce risque est élevé plus les gains de santé peuvent être importants. La question est dès lors de savoir qui doit être concerné par cette prévention et à partir de quel niveau de risque.
Dans les recommandations de bonne pratique belges et étrangères, on justifie généralement la prescription de médicaments pour les patients dont le risque de décès par maladie cardio-vasculaire dans les 10 prochaines années est compris entre 5 et 10%. Un tel type de choix est arbitraire mais il est indispensable si on veut rester dans la logique de garder une juste mesure entre tout gain de santé et son coût économique tant au niveau individuel qu’au niveau de la société. Le remboursement des statines est ainsi conditionné par l’INAMI à un risque minimum de 5%.
La détermination de ce seuil de risque est une question d’ordre politique. C’est la raison pour laquelle le KCE ne se positionne pas à ce sujet. Il recommande d’ouvrir un large débat de société sur la question.
Le texte complet de l’étude est disponible sur le site web du KCE: www.centredexpertise.fgov.be, rubrique publications, sous la référence KCE reports vol 52 B.
Communiqué de presse du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE)

A propos du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE)

Le KCE est un organisme d’intérêt public autonome, créé en 2003, et actif depuis 2004. Son rôle est de produire des analyses et des études scientifiques pour documenter les pouvoirs publics lorsque des décisions doivent être prises dans le domaine des soins de santé et de l’assurance maladie.
Le KCE n’intervient pas dans les décisions elles-mêmes, ni dans leur mise en œuvre, mais il entre dans sa mission de suggérer les solutions les plus performantes. Son rôle principal est donc d’oeuvrer à la plus grande accessibilité de soins de haute qualité malgré la croissance des besoins et la limitation des budgets disponibles.
L’équipe du KCE compte environ 45 collaborateurs, dont une trentaine d’experts neutres, spécialistes de diverses disciplines: médecine, économie de la santé, sociologie de la santé, droit, statistique, analyse de données, gestion de données et gestion des connaissances.
L’équipe a déjà produit une cinquantaine d’études, parfois en collaboration avec des experts externes.
Chaque étude terminée est communiquée au Conseil d’administration du KCE. Après approbation, les rapports sont publiés sur le site et font l’objet d’une communication vers la presse et vers plus de 1000 personnes intéressées (académiques, décideurs, hôpitaux…).
Toute personne intéressée par les soins de santé et leur organisation peut proposer des sujets d’études en complétant le formulaire sur le site du KCE ( http://www.kce.fgov.be ).
Adresse: KCE, Rue de la loi 62, 1040 Bruxelles