Le cancer du col de l’utérus est causé par un virus, le papillomavirus humain (HPV). Deux vaccins contre ce virus sont disponibles actuellement. Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a examiné l’efficacité et le rapport coût-efficacité de ces vaccins, ainsi que leur impact sur le budget de l’assurance maladie. Le KCE considère que ces vaccins protègent efficacement contre certains types du virus HPV et que, selon les estimations, jusqu’à 50% des cancers du col de l’utérus pourraient être évités (1). Le dépistage du cancer du col de l’utérus par frottis vaginal reste toutefois indispensable, même après vaccination. Une réduction de la couverture du dépistage pourrait en effet anéantir les effets positifs de la vaccination. L’introduction combinée d’un registre de la vaccination et du dépistage est donc recommandée.
Grâce au dépistage, le nombre de cas de cancers du col de l’utérus en Belgique a fortement diminué, même si dans notre pays ce dépistage n’est pas organisé de manière optimale. Chez nous, le diagnostic d’un cancer de ce type est posé chez près de 600 femmes chaque année, et plus d’un tiers de ces femmes en décéderont.
Le cancer du col de l’utérus est causé par un virus assez commun, le papillomavirus humain (HPV). La plupart du temps, l’infection par le HPV guérit spontanément. Dans de rares cas l’infection devient chronique et peut alors engendrer, des années plus tard, un cancer du col de l’utérus. L’infection et le cancer qui en résulte pourraient dès lors en théorie être évités grâce à un vaccin. Deux vaccins contre le HPV sont actuellement disponibles en Belgique. L’un d’entre eux (Gardasil) sera bientôt quasi intégralement remboursé par l’assurance maladie sous certaines conditions (2), l’autre (Cervarix) n’est disponible sur le marché belge que depuis le 1er octobre 2007.
L’étude du KCE fait ressortir que tant l’efficacité du vaccin HPV que son rapport coût-efficacité sont fortement liés à certaines conditions. Le vaccin ne protège pas contre toutes les souches de HPV qui provoquent le cancer du col de l’utérus. La proportion totale de cancers du col de l’utérus qui pourrait être évitée par la vaccination est inconnue. Cependant, on sait qu’après la vaccination de femmes n’ayant jamais été infectées par le virus, une diminution de seulement 46% des lésions précancéreuses a été constatée.
La première condition est donc de maintenir le dépistage: une diminution de la couverture du dépistage suffirait à annihiler tous les bénéfices de la vaccination.
La deuxième condition est que le vaccin soit administré avant la transmission du virus par voie sexuelle. La vaccination contre le HPV chez les femmes infectées n’a de fait aucune efficacité. Ceci implique donc de vacciner avant les premiers rapports sexuels.
La troisième condition est que le vaccin offre une protection suffisamment longue. Cette protection a été démontrée jusqu’à 5 ans après la vaccination mais des observations sur des périodes plus longues ne sont pas disponibles. Dans l’hypothèse d’une immunité à vie, il est prouvé que 50% des cancers du col de l’utérus pourraient être évités à terme et le coût par année de vie gagnée (ajusté pour la qualité de vie) a été estimé à 14.000 euros. Par contre, si la durée de protection du vaccin est plus courte, le KCE ne prévoit qu’une diminution de 20% du nombre de cancers du col de l’utérus (même en cas de vaccination de rappel après 10 ans). Dans ce cas, le coût par année de vie gagnée (ajusté pour la qualité de vie) a été estimé à 33.000 euros.
Le budget d’un programme de vaccination de routine de l’ensemble des jeunes filles de 12 ans a été estimé par le KCE à 24 millions par an. Une partie de cet investissement pourrait être récupérée si le dépistage actuel du cancer du col de l’utérus (estimé à 50 millions par an) était mieux ciblé. Le KCE recommande l’introduction combinée d’un registre de la vaccination et du dépistage, couplé aux données du registre du cancer.
Le texte intégral de ces recommandations est disponible sur le site internet du KCE: http://www.kce.fgov.be (rubrique «publications») sous la référence KCE Reports vol 64B.
(1) Si on considère l’ensemble des femmes, indépendamment du fait qu’elles aient ou non été infectées préalablement par le virus HPV et si on tient compte de tous les types de virus à haut risque pour le cancer du col, la protection conférée par les vaccins peut en effet être estimée à 50% de tous les cancers du col. Mais les deux vaccins, couvrant les HPV 16 et 18, offrent bien une protection de près de 100% contre ces deux types d’HPV chez les femmes qui n’ont jamais été préalablement infectées par ceux-ci.
Sachant que les types 16 et 18 sont responsables d’environ 70% des cancers du col, on peut en déduire un taux de protection théorique de 60 à 70% lors d’une vaccination des femmes indemnes de toute infection, comme c’est le cas des jeunes filles avant leurs premières relations sexuelles (note de la rédaction).
(2) Depuis le 1er novembre, l’assurance maladie prend en charge la plus grande partie du coût du vaccin Gardasil administré à des jeunes filles ayant atteint l’âge de douze ans et n’ayant pas encore fêté leur seizième anniversaire. Pour ces jeunes filles, le vaccin coûte 10,6 euros par dose (7,10 si elles bénéficient de l’intervention majorée). Pour les autres, il revient à 130,22 euros par dose. Une vaccination complète coûte donc 390,66 euros au lieu de 31,80 euros dès le jour des 16 ans de la jeune fille. Certaines mutualités ont décidé de faire jouer leur assurance complémentaire pour alléger l’addition. Les Mutualités chrétiennes flamandes, par exemple, ont décidé fin octobre de rembourser 50 euros par dose à leurs affiliées nées en 1989, 1990 et 1991 (75 euros en cas d’intervention majorée).