Les Hollandais boivent en moyenne un verre de lait par jour; les Français consomment en moyenne une tranche de fromage quotidiennement; les Italiens mangent près de 20 kg de pâtes par personne et par an. Mais qu’en est-il des Belges ?
Pour répondre à cette question, l’Institut scientifique de santé publique lance une grande enquête sur les habitudes alimentaires et le mode de vie de la population belge. Il s’agit sans doute d’une des rares initiatives prévues par le Plan national nutrition belge ayant survécu à la dernière (en date !) réforme institutionnelle dans notre pays…
Objectifs
L’alimentation et la qualité de celle-ci est très importante pour la santé. Il est admis aujourd’hui que les inadéquations alimentaires sont à l’origine de nombreuse maladies non-transmissibles telle que les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou encore certains cancers.
Dans le rapport sur la Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé, l’OMS annonce que l’obésité a atteint des proportions épidémiques au niveau mondial, avec environ 1.4 milliards d’adultes (2008) et 40 millions d’enfants (2011) âgés de moins de 5 ans en surpoids. De plus, 2.7 millions de décès peuvent être attribués à une consommation insuffisante de fruits et de légumes.
Dans ce contexte, il est primordial de connaître la prévalence et la distribution des indicateurs de santé alimentaire (carences, excès en macro- et micronutriments, obésité) et d’identifier les inégalités sociales en matière de qualité nutritionnelle, afin de dresser une image détaillée des besoins de la population belge.
D’autre part, les différentes crises dans le domaine de la sécurité alimentaire (dioxine, vache folle…) ont fait prendre conscience de la nécessité de disposer d’informations à ce sujet.
En Belgique, la dernière enquête alimentaire remonte à 2004. Il était donc nécessaire d’actualiser les données dont nous disposons, tant il nous paraît évident que les habitudes alimentaires et les normes en matière de sécurité ont évolué en 10 ans.
Par ailleurs, les enfants de 3 à 9 ans seront également interrogés afin que des mesures de prévention plus adaptées à ce groupe plus vulnérable soient mises en place.
Sélection des participants
3200 personnes ont été sélectionnées au hasard et réparties en 64 groupes à travers toute la Belgique. Chaque groupe comprend 50 personnes: enfants, adolescents et adultes.
Le nombre de groupes dans chaque province est choisi en fonction de la taille de la population de ces provinces. Par exemple, au 1er décembre 2012 Bruxelles comptait 1.161.657 habitants alors que le Brabant wallon n’en comptait que 389.333.
En conséquence, sept groupes de 50 personnes ont été sélectionnés à Bruxelles pour seulement deux dans le Brabant wallon.
Au total, 1000 enfants, 1000 adolescents, 600 jeunes adultes et 600 adultes seront interrogés.
Quels questionnaires faut-il remplir ?
Au total, 5 questionnaires sont à compléter par les participants. Si cela peut paraître long, tout a néanmoins été mis en oeuvre pour faciliter le travail des enquêteurs et des participants. En effet, trois de ces questionnaires sont en version électronique et à remplir en tête-à-tête avec l’enquêteur lors de visites à domicile. Les enquêteurs sont tous des experts en nutrition (diététiciens diplômés).
Un bref aperçu du contenu…
1. Questionnaire général interactif dressant le profil de la personne sélectionnée: âge, sexe, diplôme…
2. Questionnaire interactif de rappel de consommation alimentaire des dernières 24 heures. Le participant décrit tous les aliments et les boissons qu’il a consommés la veille de l’interview. Ce questionnaire est à remplir à chacune des deux visites à domicile.
3. Questionnaire de fréquence alimentaire. Il permet d’évaluer les différents aliments consommés durant l’année écoulée.
4. Questionnaire de sécurité alimentaire . Il aborde les connaissances, les attitudes et les comportements du ménage au niveau de la contamination de certains aliments. Ce questionnaire est aussi informatisé.
5. Questionnaire santé . Le dernier questionnaire permet d’évaluer l’état de santé général des participants. Ce questionnaire est à remplir seul et est administré dans une enveloppe scellée pour préserver le secret de la vie privée. Ainsi, l’enquêteur n’aura pas accès aux données de santé, qui ne seront accessibles qu’aux chercheurs de l’Institut scientifique de santé publique et analysées avec la plus grande précaution.
Les questionnaires 3, 4 et 5 sont à remplir seul(e) pendant l’intervalle de temps entre les deux interviews à domicile.
Enfin, il est également demandé aux enfants et aux adolescents de porter pendant quelques jours un accéléromètre, petit appareil d’évaluation de l’activité physique.
Sources de financement et collaboration extérieure
Cette étude est réalisée à la demande de Laurette Onkelinx, Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique et est co-financée par le Service Public Fédéral Santé Publique Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et par l’Institut scientifique de santé publique. Elle a été approuvée par la Commission de la protection de la vie privée.
Le logiciel EPIC-soft (interview standardisée assistée par ordinateur) a été développé et adapté au contexte belge par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), Lyon, France.
L’Université de Gand (Vakgroep maatschappelijke gezondheidkunde) apporte également son soutien scientifique au projet.