En Belgique
Une étude menée par le Réseau des médecins vigies vise à estimer le nombre d’accidents domestiques pour lesquels les patients ont consulté le médecin généraliste. Elle permet également de formuler, en fonction des circonstances de l’accident, des conclusions en matière de prévention pour les différents groupes d’âge.
En 1995, les accidents dont étaient victimes les personnes âgées ont été enregistrés en détail. En 1996, c’est un enregistrement succinct dans tous les groupes d’âge qui a été réalisé.
Accidents domestiques et personnes âgées
1442 accidents impliquant des personnes de plus de 60 ans ont été enregistrés en 1995. L’âge moyen des patients était de 79 ans. Dans 78% des cas, la victime était une femme. Dans 58% des cas, l’accident a eu lieu au domicile du patient, dans 16% des cas dans un lieu public. Les accidents ayant eu lieu au domicile du patient sont survenus dans 49% des cas dans la chambre ou la pièce de séjour. Dans 89% des cas, les patients ont glissé, trébuché ou sont tombés. Une lésion de la peau et du système locomoteur a été enregistrée dans respectivement 59% (au domicile) et 45% (dans un lieu public) des cas. Des facteurs de prédisposition ont été enregistrés chez 63% des patients; des objets, des produits, des animaux ou des personnes étaient impliqués dans 16% des cas, des facteurs de l’environnement dans 27% des cas. Dans 28% des cas, le patient a été hospitalisé.
Accidents domestiques et population générale
En 1996, on a enregistré, pour tous les groupes d’âge, 3039 cas, parmi lesquels 42% d’hommes et 58% de femmes. L’âge médian pour les hommes (34 ans) était nettement inférieur à celui des femmes (62 ans). Chez les femmes, 75% des accidents étaient dus à une chute ou à un faux pas. Chez les hommes, il s’agissait plutôt de coups, de frappement ou de pénétration d’objets étrangers. Généralement, il s’agissait d’une lésion cutanée ouverte ou non. Dans un cas sur cinq, il s’agissait d’une fracture. Trois quarts des fractures de la hanche et du poignet touchaient des femmes et principalement des femmes plus âgées. Chez les femmes, 64% des accidents sont survenus pendant les tâches ménagères. Chez les hommes, 58% des accidents se sont produits pendant des travaux de bricolage.
Conclusions
D’après les estimations, chaque année, plus de 220.000 Belges sont victimes d’accidents domestiques pour lesquels l’intervention du médecin généraliste est demandée. Au vu de cette étude, il paraît essentiel de porter plus d’attention à la façon dont on peut intervenir préventivement dans le cadre des accidents et des lésions. Veiller à commercialiser des jouets, produits et appareils plus sûrs, tant pour les enfants que pour les adultes, est un premier point. La responsabilité de la population n’est pas seule en cause dans les accidents domestiques; les pouvoirs publics ont également un rôle à jouer en veillant en permanence à la sécurité des produits commercialisés.
C’est tout sauf une surprise: les chutes constituent le type d’accident domestique le plus fréquent chez les personnes âgées, ce qui rappelle la nécessité de soutenir des mesures de prévention auprès des personnes âgées tenant compte de trois facteurs essentiels: l’exercice physique, la prévention de l’ostéoporose et un habitat plus sûr. Toutes les personnes appartenant à l’entourage des seniors, membres de la famille et prestataires de soins, devraient être impliquées dans cette démarche.
DEVROEY D., VAN CASTEREN V., WALCKIERS D. , Accidents domestiques nécessitant l’intervention du médecin généraliste, Bruxelles, ISSP Section d’épidémiologie, Médecins vigies, 2001 (IPH/EPI Reports n° 2001-005).
Institut scientifique de la santé publique, rue J. Wytsman 14, 1050 Bruxelles. Tél.: 02-642.50.30. Fax: 02-642.54.10. Mél: viviane.vancasteren@iph.fgov.be.
En France
Le Comité français d’éducation pour la santé a également publié un document présentant une synthèse des principales données épidémiologiques disponibles aujourd’hui en France. Les informations recueillies ne diffèrent pas fondamentalement de ce que nous connaissons en Belgique.
Près d’une personne sur dix est victime chaque année d’un accident de la vie courante. Ils surviennent en majorité à l’intérieur de la maison et aux âges extrêmes de la vie. Pour les 15-64 ans, ce sont les accidents de sport et de loisirs qui entraînent le plus d’hospitalisation et de suspension d’activité. La part des chutes dans les causes de mortalité augmente progressivement avec l’âge pour représenter deux tiers des décès par accidents chez les 75 ans et plus.
Malgré une baisse réelle de la mortalité par accident de la vie courante, ces chiffres sont toujours élevés:
– plus de 18.000 décès par an parmi lesquels les chutes chez les personnes âgées de sexe féminin représentent la cause principale;
– un décès sur cinq chez les enfants de moins de 5 ans.
Les auteurs concluent en mettant l’accent sur deux conditions essentielles pour conduire une politique de prévention des accidents à la fois adaptée et efficace: d’une part, la nécessité d’une connaissance actualisée des risques grâce à un recueil permanent de données, accompagné d’une exploitation rapide et d’une diffusion large de ces résultats et d’autre part, un travail pluri-dimensionnel permettant de prendre en compte toutes les dimensions nécessaires à la maîtrise des risques pour aboutir à des résultats concrets en terme de réduction de mortalité et de morbidité accidentelles.
DUVAL C., BOUVET M.L., YACOUBOVITCH J. et al., Accidents de la vie courante, Vanves, CFES/Cellule nationale d’observation des accidents de la vie courante, 2000, (La santé en chiffres), 30 pages.
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