Lise Renaud et Monique Caron-Bouchard du Centre de recherche sur la communication et la santé de l’Université de Québec à Montréal étaient récemment invitées à un partage d’expériences à l’Observatoire de la Santé du Hainaut. L’occasion de mesurer l’ampleur des travaux du Centre universitaire.
L’invitation a permis à Lise Renaud de revenir avec beaucoup d’enthousiasme sur un parcours de vingt-cinq ans au service de la santé publique. «Appelée à évaluer des projets communautaires», se souvient-elle, «j’ai rencontré une demande croissante pour évaluer aussi des outils ou des actions de communication.» Il n’en a pas fallu beaucoup plus pour que la passion pour la communication pertinente et bien conçue ne la gagne. Et de se remémorer une de ses premières expériences en la matière, où des femmes en difficulté avec l’écriture s’étaient révélées demandeuses d’informations écrites, parce qu’elles aussi voulaient y avoir accès. «Il n’y avait pas de raison qu’elles en soient privées, c’est vrai», commente Lise Renaud. «Voilà, on aurait tendance à penser que ce n’est peut-être pas prioritaire. Il faut changer sa manière de voir les choses !»
Préjugés
Saut dans le temps, lorsque Lise Renaud et Monique Caron-Bouchard évoquent un récent projet concernant la promotion de l’activité physique chez les jeunes.
Partir de la demande et déjouer les préjugés est toujours au centre de leurs préoccupations. En effet, les pouvoirs publics avaient commandité une étude sur les 15-17 ans dans le but d’élaborer une stratégie pour les amener à bouger davantage. «Les focus groupes», explique Monique Caron-Bouchard «ont permis de dégager une typologie de ces jeunes, typologie élaborée par les jeunes eux-mêmes. Cinq catégories et dix-sept sous-catégories se dégageaient. Mais parmi les messages surprenants que les jeunes nous ont délivrés, c’est que justement ils ne souhaitaient pas être réduits à une catégorie, que les catégories sont poreuses, qu’on peut passer de l’une à l’autre, appartenir à plusieurs d’entre elles. Information importante, les jeunes manifestaient aussi leur rejet des messages dits officiels identifiés de santé publique. Pour eux, cela tenait de la pollution de leur espace! Dès lors, nos recommandations vers les autorités se sont orientées non vers des messages spécifiques aux typologies mais vers les motivations que les jeunes nous signalaient: le plaisir, et notamment celui d’être ensemble.»
Partenaires
Le Centre de recherche sur la communication et la santé recense à ce jour une centaine de partenaires. Ceux-ci sont variés: quartiers, hôpitaux, financeurs, secteur agro-alimentaire avec lequel le Groupe communication et santé ne craint pas de se mouiller comme ce fut le cas avec la promotion du Défi 5-30 , un programme incitant les Québécois à manger des fruits et des légumes et à bouger trente minutes par jour. Ces partenaires sont engagés dans le partage d’expériences et compétences en réseau.
L’un des objectifs du Groupe était également de s’associer à des médias, de manière à faire circuler des messages de promotion de la santé. «Il est clair», souligne Lise Renaud, «que les médias favorisent la normalisation de certains comportements de santé. C’est pour nous une satisfaction aujourd’hui de contribuer à ce que la dimension de la santé soit incluse dans des séries télévisées. Un jeune rentrant avec une serviette sur l’épaule parce qu’il a fait du sport, un plateau de fruits qui apparaît à l’image, ce sont d’apparents détails qui n’en sont pas.»
Le Groupe communication et santé communique en continu avec les journalistes et les créatifs du secteur audiovisuel, notamment via un site internet extrêmement riche. On y trouve ce qui fait l’actualité en matière de santé publique, des rapports de recherche, des annonces de projets (comme celui sur la promotion de la santé via textos…) ainsi qu’un blog pour les professionnels travaillant avec les jeunes.
Pour la pratique…
Vous souhaitez rédiger un dépliant ? Vous l’avez rédigé et souhaitez avoir des infos sur sa lisibilité? Vous souhaitez le tester auprès d’un groupe ? Élaborer une affiche vous tenterait ?
Vous trouverez des outils sur le site. «Tout compte», explique Monique Caron-Bouchard, «même si la perfection n’existe pas. L’espace entre les mots, la longueur des mots, la longueur des phrases. Les titres et les sous-titres doivent idéalement déjà contenir l’information. On doit avoir envie d’ouvrir le document, de le parcourir entièrement. Les illustrations doivent être choisies avec soin. Nous nous sommes par exemple aperçues qu’une cigarette présentée entière, et qui plus est allumée donne envie de fumer même à ceux qui voudraient arrêter! Mieux vaut donc casser littéralement l’image de la cigarette. Nous n’y aurions pas pensé si nous n’avions pas discuté du dépliant avec des jeunes.»
ComSanté, Centre de recherche sur la communication et la santé, Département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal, Case postale 8888, succ. Centre-ville Montréal (Qc) Canada H3C 3P8. Courriel: comsante@uqam.ca. Site Internet: http://www.comsante.uqam.ca/
Références
Renaud, Lise (dir), Les médias et la santé: de l’émergence à l’appropriation des normes sociales, Collection Santé et Société, Presses de l’Université du Québec, 2010, 444 pages.
Renaud, Lise (dir), Les médias et le façonnement des normes en matière de santé, Collection Santé et Société, Presses de l’Université du Québec, 2007, 328 pages.
Renaud, Lise avec la collaboration de Caroline Bouchard, La santé s’affiche au Québec: plus de 100 ans d’histoire, Collection Santé et Société, Presses de l’Université du Québec, 2005, 264 pages.
Caron-Bouchard, Monique et Renaud Lise. Pour mieux réussir vos communications médiatiques en promotion de la santé, 2001, deuxième édition, Institut national de santé du Québec.