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Et toi, tu manges quoi? L’alimentation en débats entre ados

Le 30 Déc 20

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La Mutualité chrétienne propose depuis peu un outil d’animation sur l’alimentation à destination des jeunes de 14 à 18 ans. Il n’en existe pas tellement sur le ‘marché’, l’occasion était bonne pour rencontrer France Gerard, responsable d’Infor Santé, le service de promotion de la santé de la MC pour en savoir un peu plus sur ce projet.
Éducation Santé: Voici un an, nous avions présenté ici même ‘Envie de passer à la casserole?’, un livre de recettes de la Mutualité chrétienne et de l’asbl Jeunesse & Santé destiné aux jeunes adultes quittant papa-maman pour voler de leurs propres ailes, et qui ont quelques lacunes (c’est un euphémisme) en matière de pratique de la cuisine. L’ouvrage a bien fonctionné?
France Gerard : Oui, plus que bien! Nous avons diffusé le livre auprès des étudiants des écoles supérieures et des universités, via des CEFA, via diverses animations, via les diététiciennes… et les retours que nous avons eus sont très positifs.
E.S.: Aujourd’hui, vous récidivez avec un outil pédagogique sur l’alimentation visant les adolescents. Cela s’appelle ‘Et toi, tu manges quoi?’, sous-titré ‘Petits débats entre ados’. Vous pensez pouvoir intéresser les jeunes à l’équilibre alimentaire? N’est-ce pas le cadet de leurs soucis? Comment vous y êtes-vous pris pour les mobiliser sur ce thème?
F.G .: C’est probablement vrai que l’équilibre alimentaire ou l’alimentation saine n’est pas la préoccupation essentielle des adolescents. Par contre, toutes les questions à la périphérie de l’alimentation intéressent beaucoup les jeunes. Les régimes, les fast-foods, les produits «light», les allégations de santé sur les produits, la consommation d’alcool… sont des thématiques qui les intéressent vraiment. Ils ont beaucoup d’interrogations par rapport à ce qu’ils entendent autour d’eux, dans les médias, à la télé…
De plus, ils savent déjà beaucoup de choses, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons opté pour le débat comme technique d’animation. L’information circule entre pairs et passe beaucoup plus facilement. Susciter le débat afin de favoriser le développement de l’esprit critique est donc l’objectif essentiel du dossier.
E.S.: Susciter le débat plutôt que fournir une pure information nutritionnelle, cela semble en effet mieux adapté à la sensibilité des adolescents. Concrètement, quels moyens préconisez-vous dans votre dossier pédagogique? Vous parlez de la technique des ‘frasbees’. Que recouvre ce mot bizarre?
F.G .: Le «frasbee» est le nom que nous avons donné à la technique d’animation que nous préconisons. Il s’agit d’un ensemble de phrases lancées comme un frisbee pour susciter le débat, les phrases vont et viennent entre les participants. L’information circule entre les jeunes, l’animateur est là pour soutenir, relancer le débat et recadrer si nécessaire…
E.S.: Votre démarche sort quelque peu des sentiers battus. Comment faire pour que des enseignants ou des animateurs arrivent à l’intégrer? La lecture attentive du dossier, qui fait une bonne cinquantaine de pages, est-elle suffisante pour leur permettre d’aborder la question avec les adolescents?
F.G .: Le dossier pédagogique est remis à l’issue d’une demi-journée de formation. Nous souhaitons expliquer la démarche et la philosophie de cet outil. Nous testons en «live» un frasbee avec les futurs utilisateurs, ce qui permet à la fois de tester l’animation et de comprendre très facilement la démarche.
Le dossier, lui, propose quelques repères théoriques pour l’animateur et surtout une série de frasbees sur les différentes thématiques que nous abordons.
E.S.: La Mutualité est une organisation présente partout sur le territoire de la Communauté française. J’imagine que c’est un atout non négligeable pour implanter ce genre de programme. Comment cela se passe-t-il concrètement?
F.G .: En effet, nous avons un responsable Infor Santé dans 7 de nos 8 mutualités régionales, ce qui nous permet de couvrir quasiment toute la Communauté française. Chaque responsable organise les formations sur sa région, souvent en partenariat avec les CLPS ou les services PSE, dans ce cas-ci.
E.S.: La Mutualité chrétienne est partie prenante du Plan national nutrition santé belge. Il n’est donc pas étonnant que son service de promotion de la santé développe un grand nombre d’initiatives liées à l’alimentation saine et à l’activité physique. A-t-elle par ailleurs ses propres priorités en la matière?
F.G .: La Mutualité chrétienne travaille la thématique de l’alimentation depuis quelques années déjà, notamment via des brochures d’information, via le jeu Gargouilli , via le livre de recettes dont nous parlions… Toutefois, depuis trois ans déjà, toutes les initiatives «manger mieux, bouger plus» sont regroupées sous le label Réflexe Santé .
Dans le cadre de Réflexe Santé , la Mutualité chrétienne a également développé une série de partenariats notamment avec la FRSEL (Fédération royale sportive de l’enseignement libre), avec «Je cours pour ma forme», avec le challenge Léon Delhalle, avec l’Adeps, avec la Zatopek Academie… de façon à motiver et à soutenir les personnes souhaitant se remettre en mouvement.
Et de nouveaux projets sont en cours de développement…
E.S.: Toujours à propos du PNNS, on ne trouve pas le symbole du Plan sur le dossier ‘Et toi, tu manges quoi?’ Pour quelle raison?
F.G .: Tout simplement parce que nous n’avons pas introduit de demande! Le PNNS soutient et labellise les initiatives promouvant l’alimentation saine et équilibrée. Notre objectif premier est d’aider les jeunes à débattre et de renforcer leur esprit critique par rapport aux thématiques qui tournent autour de l’alimentation, pour leur permettre d’être moins perméables aux arguments marketing. Bien sûr, in fine , nous espérons que notre outil permettra aux jeunes d’avoir une alimentation équilibrée mais ce n’est pas l’objectif premier.
E.S.: Ce dossier, ces formations sont le résultat d’un travail de longue haleine, démarré voici trois ans environ. Comment arrivez-vous à concilier une construction patiente d’outil et les exigences de rapidité et de visibilité qui caractérisent de plus en plus le monde d’aujourd’hui?
F.G .: Ce n’est pas facile! Nous essayons, dans la mesure du possible, d’appliquer une démarche participative tout au long du projet, ce qui implique du temps. Du temps d’analyse, du temps de rencontre du public, du temps d’appropriation, du temps de création, du temps de pré-test, du temps de réajustement, du temps de production… Bref beaucoup de temps!
Cela n’est effectivement pas toujours évident à faire comprendre dans une société qui est plus axée sur le résultat que sur le processus. Pour compenser, nous communiquons le plus possible aux différentes étapes du projet afin d’en faire comprendre le cheminement. Nous avons aussi la chance de travailler dans une institution qui a saisi l’importance de cette démarche. Toutefois, nous ne vivons pas sur une autre planète et donc nous sommes bien conscients que nos outils doivent aboutir dans des délais raisonnables…
E.S.: Votre réalisation, si elle ne bénéficie pas du logo du PNNS pour les raisons que vous avez expliquées, vient d’obtenir l’appréciation ‘coup de cœur’ décernée par les experts de l’Outilthèque santé de la Communauté française. J’imagine que c’est plus qu’un lot de consolation, que c’est une belle reconnaissance. À quels aspects de votre projet ont-ils été sensibles?
F.G .: C’est une très belle reconnaissance. Et, venant de professionnels de la promotion de la santé, c’est certain que ça fait plaisir!
Les experts de Pipsa ont surtout été sensibles au procédé pédagogique que nous avons créé (le fameux frasbee) et au fait que les explications fournies dans le dossier sont soutenantes pour l’animateur.
Nous avons essayé d’être le plus concret possible.
E.S.: Une dernière question très pratique: comment procéder si je souhaite utiliser ‘Et toi, tu manges quoi?’ Combien cela va-t-il me coûter? À qui m’adresser? Où puis-je me former?
F. G .: Comme je l’ai précisé, le dossier n’est remis qu’à l’issue d’une demi-journée de formation. Cette formation est gratuite et est proposée dans toute la Communauté française. Elle est organisée par le service Infor Santé de chaque mutualité régionale. Une première série de formations a déjà eu lieu un peu partout mais d’autres s’organiseront encore… Le plus simple est de nous envoyer un mail ou de nous téléphoner et nous vous redirigerons directement vers la bonne personne.
Propos recueillis par Christian De Bock
Adresse de contact: Infor Santé, au 02 246 48 54 ou par courriel à infor.sante@mc.be

L’aide familiale, un maillon essentiel pour faire face aux situations de maltraitance de la personne âgée à domicile

Le 30 Déc 20

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Une étude sur la maltraitance des aînés à Liège

Dans une étude commanditée par le CAPAM (Centre d’aide aux personnes âgées maltraitées), le Département de médecine générale de l’Université de Liège a organisé des groupes focalisés avec des professionnels de la santé (médecins généralistes, infirmiers et aides familiales) sur leurs fonctions, rôles et besoins en matière de maltraitance de la personne âgée à domicile. En plus de répondre aux questions de recherche, la méthode du groupe focalisé a permis d’appréhender le contexte de travail des professionnels interrogés ainsi que l’éthique qu’ils défendent. Cet article décrit en particulier le rôle, le mandat et le positionnement éthique des aides familiales dans le réseau de professionnels confrontés aux situations de maltraitance de la personne âgée à domicile.

Un regard particulier qui s’inscrit dans la durée

Comme les autres professionnels interrogés, les aides familiales définissent la maltraitance autant dans ses aspects physiques, financiers que psychologiques. Elles identifient les causes classiques de la maltraitance (les contextes favorisant des situations de maltraitance, les profils de la personne maltraitante et maltraitée). Elles éprouvent les mêmes inquiétudes, les mêmes difficultés que les autres professionnels à évaluer la maltraitance aux fins de l’identifier.
Cependant grâce à leur présence prolongée au domicile, les aides familiales développent une capacité d’attention particulièrement ouverte aux signes relatifs à la négligence, au manque d’attention et de soins envers la personne âgée: absences de visites, d’entretien de la maison et du linge, insuffisance de soins, de médicaments ou de nourriture parfois. Elles sont auprès des autres professionnels le relais des personnes âgées et de la famille.
«On n’appelle pas régulièrement le médecin ou alors même au point de vue de la nourriture, par exemple, il n’y a presque rien dans le frigo… Question d’hygiène de la personne aussi. Parfois, il y en a qui ne se soucient pas, on achète le moins possible… Alors que certains enfants, avec leurs propres parents, ne se rendent même pas compte qu’ils portent un pantalon pendant deux mois.»
Extrait du groupe focalisé n°3 réunissant des aides familiales – 2006-2007

Une empathie bien dosée… et une éthique professionnelle

L’étude a montré combien les aides familiales éprouvent de l’empathie pour les bénéficiaires qu’elles encadrent, et elles s’identifient parfois aux personnes âgées qu’elles côtoient. Après avoir évalué la situation en concertation parfois avec d’autres intervenants de la santé, elles modulent leurs activités professionnelles en fonction de chaque situation pour le bien-être des personnes âgées. Elles ne condamnent ni les personnes ni les situations qu’elles observent. Elles perçoivent la complexité des situations sociales, sans porter de jugement. Elles exercent «simplement» leur travail au bénéfice de la personne âgée.
«Donc, je me dis toujours que c’est notre miroir. On va vers cela aussi et je pense travailler comme j’aimerais que l’on soit avec moi si je devais faire appel à quelqu’un d’étranger.»
«Ce sont quand même de vieilles histoires parfois cuites et recuites. Oui, on voit la personne mais effectivement, on ne sait pas.»
«C’est pour cela que je critique rarement les familles, sauf cas exceptionnel car je me demande ce qu’on ferait si on avait telle personne difficile ou très malade aussi.»
Extraits du groupe focalisé n°1 réunissant des aides familiales – 2006-2007

La maltraitance, un problème complexe à gérer dans un cadre professionnel déjà très exigeant

Le travail quotidien de l’aide familiale est particulièrement difficile tant d’un point de vue logistique, temporel qu’émotionnel. Une situation de maltraitance alourdit considérablement le fardeau lié à la répétitivité du travail, la lassitude que cela entraîne, la durée d’une journée de prestation, l’instabilité des horaires empêchant une organisation optimale de la continuité des soins, les ruptures affectives dues au décès d’un patient, la difficulté de séparer vie privée et vie professionnelle, la charge d’écoute particulièrement importante, etc.
«Tu vas trois fois par semaine chez le même monsieur pendant six mois, puis du jour au lendemain, tu ne le vois plus.»
«S’il y a de l’absentéisme au travail, tout de suite on change notre horaire pour ailleurs, donc on ne sait pas toujours avoir la continuité.»
«Je referme la barrière [en sortant de chez un patient], je me dis ‘C’est fini pour aujourd’hui’, mais il n’y a rien à faire, de temps en temps, je [repense aux difficultés des patients et de leur famille] (…) C’est pas évident.»
Extraits des groupes focalisés n°1 et 2 réunissant des aides familiales – 2006-2007

Face à ce type de situations difficiles, les aides familiales perçoivent clairement les opportunités du rôle à adopter. Moralement et contractuellement, elles se sentent dans l’obligation de se soucier de l’évolution de la situation sociale et sanitaire du patient maltraité et de signaler tout problème observé à l’assistante sociale coordinatrice.
«Notre rôle est de le signaler, si un jour on a un doute. Déjà pour nous-mêmes nous décharger quand on rencontre un problème, ne pas garder cela sur soi.»
Extrait du groupe focalisé n°1 réunissant des aides familiales – 2006-2007

Les aides familiales dans le réseau de soins

L’ensemble des professionnels, toutes disciplines confondues, concluent les entretiens par l’importance du travail interdisciplinaire. Tous sont demandeurs d’organiser des moments où chacun puisse s’exprimer, évoquer la situation des patients, échanger leurs observations, demander conseil aux autres professionnels.
«Ici, le médecin de la dame qui n’était pas bien a téléphoné à l’assistante sociale pour bien confirmer qu’il était passé, que ce qu’on avait demandé s’établissait, et qu’effectivement, en plus, il avait demandé qu’on passe l’après-midi pour l’hydratation supplémentaire.»
Extrait du groupe focalisé n°1 réunissant des aides familiales – 2006-2007

Comme dans toute autre situation, chaque professionnel a un rôle spécifique et complémentaire face à des situations de maltraitance. Plus globalement, chacun se fait une représentation de la place qu’il occupe par rapport aux autres professionnels. Ainsi, par exemple, les médecins généralistes sont perçus par les autres professions comme étant au sommet d’une hiérarchie. Il est donc attendu d’eux qu’ils agissent face au problème, alors qu’ils peuvent aussi se sentir démunis.
La fonction des aides familiales et la perception qu’elles ont de leur propre place dans le réseau de soins ont été exprimées avec un recul et une appréciation très justes.
«Puis nous, on n’est pas impressionnantes. Un médecin a une certaine autorité, une infirmière, elle a un tablier. Nous, on fait la vaisselle, donc j’veux dire, ça nous permet, par ce biais là de dire: on fait ce que n’importe quelle bonne femme fait chez elle. Donc,(…) [ on est plus à leur niveau], on n’est pas impressionnantes.»
Extrait du groupe focalisé n°1 réunissant des aides familiales – 2006-2007

Il arrive que les aides familiales ressentent de la part d’autres professionnels un manque de connaissance de leurs rôles et spécificités. Or, par le temps qu’elles passent au domicile du patient, par leur travail spécifique, les aides familiales peuvent apporter des informations précieuses en particulier dans des situations de crise comme celles de maltraitance de la personne âgée.
«On a l’air de dire :’Retourne dans ta cuisine préparer le dîner pour la dame’… L’air de dire ‘Je sais, puisque je suis médecin’.»
«C’est pas facile parce que certains médecins n’en ont rien à faire de notre profession, de ce qu’on peut voir, entendre. Ça dépend qui mais il y a heureusement des médecins qui sont fort collaborants.»
Extrait des groupes focalisés n°1 et 3 réunissant des aides familiales – 2006-2007

Les aides familiales, un maillon fort

Les rôles dévolus à l’aide familiale sont certainement d’aider un bénéficiaire au domicile à accomplir les tâches quotidiennes qu’il ne peut plus assumer seul. Mais encore? Les fonctions de l’aide familiale sont multiples, bien plus variées parfois que les représentations que nous en avons: l’aide familiale accompagne les seniors mais aussi les jeunes mamans et leurs enfants ainsi que les personnes handicapées dans les gestes de tous les jours. Elles contribuent à améliorer la santé et la sécurité des bénéficiaires. En matière de promotion de la santé, elles ont également un rôle éducatif de soutien aux familles, d’évaluation et de stimulation des potentialités du bénéficiaire en vue du maintien de son autonomie. Elles participent aussi parfois à l’accompagnement de personnes en soins palliatifs ainsi que de leur entourage.
Cette étude a exploré notamment le positionnement particulier de l’aide familiale confrontée à une situation de maltraitance de la personne âgée. Son action s’avère spécifique et complémentaire à celle des autres intervenants du domicile.
Grâce à sa présence récurrente et prolongée au domicile du patient, l’aide familiale peut observer, identifier les besoins et difficultés du patient, parfois recueillir ses confidences, beaucoup plus qu’un autre prestataire de soins ne pourrait le faire par une visite ponctuelle. On le voit, l’aide familiale a un rôle relationnel important.
Il s’avère que les aides familiales ont une analyse et une approche clairvoyantes des situations de maltraitance. Celles-ci alourdissent encore un contexte professionnel difficile. Les aides familiales ont conscience qu’il s’agit à chaque fois d’un phénomène social complexe auquel une réponse univoque ne peut être apportée. Elles manifestent un questionnement éthique sur la juste distance à adopter et sur leur rôle professionnel.
Les aides familiales situent bien leur action dans un cadre pluridisciplinaire.
Les données de l’étude ont révélé un certain nombre d’interrogations et notamment comment les autres professionnels du domicile perçoivent le rôle de l’aide familiale.
Au contact proche des personnes âgées, l’aide familiale pourrait occuper une place plus importante au sein du réseau de soins à domicile; elle pourrait constituer un relais privilégié pour le médecin généraliste, l’infirmier ou encore le kinésithérapeute. Son regard construit par l’expérience envisage la personne âgée globalement, elle la voit évoluer dans son milieu. Cette position de relais, cette attention à la réalité des situations, lui confèrent, dans le réseau d’intervenants, une «compétence de vigilance» qui pourrait être mise plus à profit.
Cependant, la proximité des aides familiales avec les personnes âgées, l’empathie nécessaire pour effectuer leur travail, la place qu’elles occupent dans le réseau tendent à fragiliser ces professionnelles: il existe en effet un risque d’attachement de l’aide familiale au bénéficiaire, un risque de sombrer dans une empathie «destructrice» alors qu’elles sont insuffisamment reconnues par le réseau de professionnels.

Perspectives

Le maintien à domicile des personnes âgées constitue un défi important pour notre société, les soignants de la première ligne doivent en être conscients. Les structures de soins doivent s’adapter en conséquence. Cette évolution passe inévitablement par une amélioration de l’action pluridisciplinaire.
Une meilleure connaissance mutuelle des différents intervenants passe par le développement et l’usage d’outils pluridisciplinaires leur permettant de se rencontrer, de se former ensemble, de réfléchir ensemble au bénéfice d’un même patient (Vanmeerbeek M. & al, 2008).
Les aides familiales en particulier sont demandeuses de ces temps interprofessionnels pour mieux faire connaître leurs fonctions. Elles souhaitent également la poursuite d’un accompagnement professionnel spécifique visant à parfaire leurs compétences relationnelles et leur capacité d’analyse du sens et des finalités de leurs actions.
Valérie Massart , Marc Vanmeerbeek , Philippe Denoël , Didier Giet
Les auteurs remercient chaleureusement Madame Valérie Delincé pour son importante collaboration , sa disponibilité ainsi que les aides familiales pour leur contribution à l’étude « maltraitance ».
Nos remerciements vont également à Madame Chantal Vandoorne et Monsieur Gaëtan Absil de l’APES pour leur relecture constructive .
Adresse des auteurs: Département de médecine générale, Faculté de médecine ULg, av. de l’Hôpital 1 CHU B23, Sart Tilman, 4000 Liège.

Références bibliographiques

Arrêté du Gouvernement wallon 16.7.1998 portant approbation du statut de l’aide familiale, M.B. 8.9.1998, p. 28876.
PERRENOUD Philippe, Développer la pratique réflexive dans le métier d’enseignant . Professionnalisation et raison pédagogique , Paris, ESF, 2001.
ROMBEAUX J.-M., Aides familiales , secret professionnel , devoir de discrétion . Actuels éléments de référence , CPAS de l’Union des Villes et Communes de Wallonie, https://www.uvcw.be/no_index/cpas/grandage/secret_professionnel_af.doc
ROYEN C., VAN TICHELEN B. Les aidants proches cherchent de l’aide . Résultats d’une enquête et perspectives , Éducation Santé, n°231, février 2008.
https://www.educationsante.be/es/article.php?id=986
VANMEERBEEK Marc, DUCHESNES Christiane, DENOEL Philippe, MASSART Valérie, GIET Didier, Perceptions , besoins et attentes des professionnels de la santé de première ligne en matière de qualité des soins , de continuité des soins et de collaboration multidisciplinaire , Département de médecine générale, Université de Liège et Groupement pluraliste liégeois des services et soins à domicile (GLS), 2008, en cours.
VANMEERBEEK Marc, MASSART Valérie, DENOEL Philippe, GIET Didier, Étude du vécu de professionnels de la santé ( infirmiers , aides familiales et médecins généralistes ) en matière de maltraitance des personnes âgées à domicile , rapport de recherche, Département de médecine générale, Université de Liège et Centre d’aide aux personnes âgées maltraitées, novembre 2006.
VANMEERBEEK Marc, MASSART Valérie, GIET Didier. Ressentis et besoins des professionnels de soins à domicile in Maltraitance des personnes âgées: aider les aidants, L’Observatoire, n° 55, 2007.

Stop le sel, une campagne pour la réduction de notre consommation de sel

Le 30 Déc 20

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Le 7 mai dernier, Laurette Onkelinx , Ministre de la Santé publique, a lancé une nouvelle campagne visant à informer le grand public sur la problématique du sel.
Le sel est un élément précieux de notre alimentation, mais il est nuisible en cas d’excès, conduisant notamment à l’hypertension, maladie silencieuse causant des accidents cardiovasculaires.
En Belgique, deux millions de personnes souffrent d’hypertension et la plupart d’entre elles l’ignorent. Trop de sel constitue aussi un facteur de risque pour le cancer de l’estomac et l’ostéoporose.
L’objectif de la campagne est très ambitieux, puisqu’il s’agit de diminuer à moyen terme notre consommation journalière de rien moins que 50%, de 12 à 6 g (le standard OMS est de 5g).

Agir sur l’offre…

Comme 75% du sel que nous ingérons provient des aliments préparés, le Plan national nutrition santé, géré au niveau du SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, travaille sur ce dossier avec tous les secteurs concernés comme l’industrie alimentaire, la grande distribution et le secteur HORECA, pour que l’offre alimentaire soit plus pauvre en sel.
Les fédérations respectives de la distribution (FEDIS) et des fabricants de produits alimentaires (FEVIA), viennent de s’engager à diminuer la teneur de sel de leurs produits de façon significative d’ici 2012. Cela concerne le pain, les produits de viande, les sauces, les soupes, les fromages, les plats préparés, les produits à base de pommes de terre, de fruits et de légumes, commercialisés à la fois sous les marques des fabricants et des distributeurs.
Il faut saluer cette volonté de collaboration, même si elle se fait avec quelques réserves bien compréhensibles des secteurs.

Démarrage exquis

La campagne a été lancée par la Ministre Onkelinx dans le restaurant de la Porte de Namur de la chaîne EXKi, ‘rapide et de qualité, proposant des produits naturels et frais à tout moment de la journée, dans un lieu à la décoration conviviale et reposante’ comme le promet un document de présentation de l’entreprise.
Cette chaîne de restauration rapide ‘politiquement correcte’, lancée voici 10 ans par trois jeunes entrepreneurs, a bien saisi l’air du temps, et développé un concept qui séduit de plus en plus de monde en surfant sur la valorisation actuelle du développement durable: offre dite ‘santé’ d’aliments et boissons, organisation ‘participative’ du travail, maîtrise de l’empreinte écologique, fournisseurs équitables.
Une formule qui porte ses fruits (frais!), puisqu’EXKi est présent aujourd’hui en Belgique, Italie, Luxembourg et France, et ouvre régulièrement de nouveaux restaurants.

Les fabricants et les distributeurs soulignent que la réduction de sel a ses limites, car il ne peut pas toujours être remplacé ou réduit dans les proportions que l’on souhaiterait pour des raisons technologiques, de sécurité alimentaire et de goût. Les produits doivent rester sûrs et répondre aux attentes du consommateur en ce qui concerne le goût, la texture et l’aspect visuel.
Les deux fédérations insistent aussi sur l’importance d’une approche européenne de la question du sel dans la chaîne alimentaire. Elle est primordiale, affirment-ils, pour préserver le tissu industriel belge et éviter toute distorsion de concurrence entre opérateurs européens. En effet, le consommateur belge pourrait préférer des produits plus ‘savoureux’ importés: une politique coordonnée à l’échelle européenne s’impose donc clairement dans ce domaine comme dans d’autres.
Notons aussi que le Plan national nutrition santé a invité le secteur du pain à utiliser du sel iodé, ceci afin de pouvoir diminuer la carence en iode que connaît la population belge. Un accord en ce sens a été signé début avril 2009.

…Et sur la demande

Le consommateur, qui ‘décide’ de 25% du sel qu’il ingère, peut aussi prendre part à cette diminution de sel dans son alimentation en optant pour des aliments pauvres en sel.
Pour informer et si possible convaincre le citoyen de l’intérêt de consommer moins de sel, une campagne d’information a été lancée avec le soutien de la Ligue cardiologique belge. Cette campagne s’appuie sur 3 outils: une brochure ‘Top le sel? Stop le sel!’, un «salinomètre» et un site internet.
La brochure explique ce qu’est le sel, ses dangers et dans quels produits alimentaires il se trouve. Elle donne aussi des conseils pratiques pour limiter sa consommation. Imprimée à 1 million d’exemplaires, elle est distribuée dans les grandes surfaces, les pharmacies et par les mutualités.
Le «salinomètre» est un petit outil ingénieux qui permet d’apprécier à quel point un produit alimentaire est salé ou non. Le plus souvent, sur l’étiquette des produits, c’est la teneur en sodium qui est indiquée. Comme il faut la multiplier par 2,5 pour connaître la teneur en sel, le salinomètre, édité à 400.000 exemplaires, aide très simplement le consommateur à faire la conversion.
Enfin, sur le site internet, [L]www.stoplesel.be[/L], on retrouve des conseils pratiques, mais aussi des informations spécifiques pour les bébés et les enfants, sur les mythes qui existent autour du sel, et un petit quiz. Des «salinomètres» et des brochures peuvent également être commandés via le site.

C’est assurément une des belles réalisations du Plan depuis son démarrage en 2006, qui combine intelligemment les approches et les partenariats. Espérons que les résultats seront à la hauteur. En tout cas il sera possible de suivre la chose: l’Institut scientifique de santé publique fournira pour la fin 2009 des données précises de consommation (sodium urinaire) au départ d’un échantillon représentatif de la population du pays, et un monitoring des mesures sera mis en place.
Christian De Bock

Respect seniors

Le 30 Déc 20

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À l’occasion de l’inauguration de l’Agence wallonne de lutte contre la maltraitance des personnes âgées, une matinée d’échanges et de réflexion a rassemblé près de 300 personnes au Palais des Congrès de Namur le 12 mai dernier.
Dans un premier exposé, la sociologue Marie-Thérèse Casman (ULg) a dressé les contours de cette problématique: son émergence en tant que question de société à partir des années 70, la difficulté pour définir le phénomène, le peu d’études et de données ‘objectives’ disponibles vu la chape de plomb qui règne toujours aujourd’hui autour de la maltraitance à l’encontre des aînés.
Jean-Michel Longneaux , philosophe, chargé de cours aux Facultés Notre-Dame de la Paix, a rempli à merveille le rôle qu’on attendait de lui en déplorant le caractère selon lui étriqué du décret wallon qui réduit la maltraitance à un dysfonctionnement dans une relation interpersonnelle. Il accumula avec vivacité les exemples d’un mode de vie en société qui génère en permanence de la maltraitance, de façon plus ou moins involontaire: idéologie de la jeunesse triomphante, dévalorisation des métiers d’aide, problèmes de mobilité qui coincent les personnes âgées à domicile, fermeture de commerces de proximité qui sont aussi des lieux de maintien du lien social, organisation du travail qui oblige quasiment les familles à ‘placer’ les aînés, etc.
Il insista aussi sur la complexité des relations d’aide: les aidants ne sont pas toujours des bourreaux, les personnes âgées ne sont pas toujours des saintes, des victimes; les aidants peuvent exercer sur elles des violences par défaut de compréhension de leur trajectoire de vie; sans oublier l’exigence pour les familles et les professionnels d’être partout et toujours ‘bientraitants’, dans une société qui ne nous reconnaît plus le droit d’avoir des faiblesses.
Bref, un exposé rafraîchissant, suivi par la projection de quelques films au contenu fort, qui ne manquèrent pas de susciter de nombreuses réactions de la salle. Et au terme d’un suspens pas vraiment insoutenable, le nom de l’Agence nous fut dévoilé en présence d’une collaboratrice du Ministre wallon de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances (1).
Il nous reste encore une question: la création d’une agence au service des aînés, leur famille, leur entourage et des professionnels est-elle une réponse adéquate à un problème bien réel?
Christian De Bock
Respect Seniors, rue d’Enhaive 302, 5100 Jambes. Tél.: 081 30 57 43. Fax: 081 30 57 76. Ligne verte: 0800 30 330. Courriel: namur@respectseniors.be. Site: https://www.respectseniors.be . (1) Qui excusa l’absence de Didier Donfut . Ce dernier avait une ‘bonne’ raison, vu qu’il était en train de démissionner!

Ma vision du tabac

Le 30 Déc 20

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Le FARES (1) a proposé cette année un concours destiné aux élèves de 1e et 2e secondaire sur ce sujet des plus classiques. Il était demandé aux jeunes de faire preuve de créativité en adoptant la forme de mini-films (3 minutes maximum) ou de mini-diaporamas (de 3 à 5 images).
Les élèves étaient accompagnés d’un enseignant ou d’un éducateur pour la réalisation de leur production.
Environ 1000 jeunes de 45 écoles wallonnes et bruxelloises ont participé à cette expérience, avec en tout 74 envois.
Un jury a visionné tout cela et accordé deux prix: à la classe A de Clairs Vallons à Ottignies pour un spot très humoristique présentant quelques méthodes pour arrêter de fumer, et à la classe 2B de l’Institut Notre-Dame de Charleroi pour un pastiche chanté en cœur du célèbre ‘Cette année-là’ de Claude François.
Il a été difficile pour le jury de départager toutes les productions. En effet, le but du projet n’était pas d’organiser une compétition entre écoles mais de leur permettre d’impulser une dynamique de prévention du tabagisme participative et ludique. C’est pourquoi, tous les participants étaient invités à une séance de cinéma festive à Jambes au cours de laquelle ils ont pu faire la fête autour d’un film populaire.
Lors de cet événement, les jeunes et les professionnels ont été invités à s’exprimer par rapport à leur participation à ce concours. Il en ressort un enthousiasme pour la collaboration entre élèves, le fait de réfléchir en s’amusant, d’avoir pu montrer leur production à leurs pairs, à leur famille, etc.
On retiendra de l’ensemble des propositions des jeunes un relatif conformisme dans l’approche du problème; un contenu plutôt répressif (pas vraiment surprenant à cet âge), mais emballé parfois avec un humour bienvenu; la difficulté d’évoquer la cigarette sans la montrer.
Cela mène souvent, comme le relevait pertinemment un membre du jury, à une ambivalence à l’égard du produit, qui est interdit dans l’enceinte des écoles, mais qui pour l’occasion y avait droit de cité pour les besoins de la cause… Certains jeunes ainsi mis en scène appréciaient manifestement d’être ‘obligés’ de faire semblant de fumer pour les besoins de la cause… La finalité du concours était de recueillir les différentes visions des jeunes. Le défi est maintenant de réfléchir aux actions de prévention les plus adaptées en tenant compte de leurs représentations.
Christian De Bock (1) En collaboration avec les Points d’appui aux écoles en matière de prévention des assuétudes des Centres locaux de promotion de la santé, et avec le soutien du Ministre de l’Enseignement obligatoire de la Communauté française.

Pour un renforcement de la promotion de la santé en Communauté française

Le 30 Déc 20

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En l997, la Communauté française adoptait une position novatrice en Europe, en organisant un cadre légal pour développer une politique de promotion de la santé. Le décret, tout en donnant naissance à une organisation structurelle, prévoit également de se mettre à l’écoute de la population et de nombreux acteurs de terrain. Ceux-ci sont invités à développer des projets en bénéficiant d’une procédure de subventionnement et d’accompagnement.
Ces dernières années, une part importante des budgets destinés à promouvoir la santé a été consacrée à de coûteux programmes de médecine préventive, essentiellement des campagnes de dépistage et de vaccination. Ces approches sont certes utiles, et l’on ne peut que déplorer la minceur des budgets consacrés à la prévention en regard de ceux qui sont attribués au domaine curatif; toutefois, le financement de ce type d’action absorbe aujourd’hui une part trop grande des maigres budgets alloués à la promotion de la santé.
Il ne faut pas méconnaître la dimension idéologique de ces choix: la médecine, tant curative que préventive, a montré ses limites, particulièrement en ce qui concerne la réduction des inégalités sociales face à la santé, qui ne cessent de croître, en Belgique comme partout dans le monde. C’est précisément pour lutter contre ces inégalités que la promotion de la santé propose une approche qui dépasse la médecine.
Toutes les recherches montrent que, même lorsque les services de santé sont financièrement accessibles, les personnes socialement défavorisées sont en moins bonne santé que les autres et meurent plus jeunes; les analyses les plus récentes confirment que ces écarts se creusent de plus en plus.
«L’injustice sociale tue à grande échelle», clamaient en septembre 2008 les auteurs d’une étude réalisée par la Commission des déterminants de la santé installée à l’OMS en 2005. Ce cri d’alarme précise que «la répartition inégale des facteurs qui nuisent à la santé n’est en aucun cas un phénomène naturel. Elle résulte des effets conjugués de politiques et de programmes sociaux insuffisants, de modalités économiques injustes et de stratégies politiques mal pensées».
Les facteurs qui influencent la santé échappent donc en grande partie à l’action des services de santé: l’environnement, les conditions de travail et de logement, l’insertion dans un réseau social, l’instruction, les disponibilités financières permettant l’accès, non seulement aux soins mais aussi à la culture, au loisir, à l’activité sportive… tout cela détermine fortement la santé.
En l986, à l’initiative de l’OMS et en accord avec de nombreux pays, la Charte d’Ottawa actait l’importance et l’urgence d’une nouvelle approche, déjà mise en œuvre par certains acteurs de terrain, face à ces nouveaux défis: la promotion de la santé. Cette approche s’inscrit dans une perspective de justice sociale et d’équité, et vise à réduire les inégalités sociales en matière de santé.
Elle repose sur une vision globale et intégrée de la santé: la santé a des dimensions physiques, psychologiques et sociales, ce n’est pas seulement une juxtaposition de «non-maladies»; la santé est définie comme un équilibre dynamique, une ressource globale qui permet à la personne de se réaliser, aux communautés humaines de se développer. La promotion de la santé prend dès lors en compte des enjeux tant collectifs qu’individuels, visant à agir sur l’ensemble des facteurs qui conditionnent la santé.
Le courant de la promotion de la santé considère aussi que la personne et la communauté locale dans laquelle elle s’inscrit sont des acteurs-clé de leur propre santé, et non de simples «consommateurs», comme c’est trop souvent le cas dans les services de santé.
Les professionnels sont invités à se mettre à l’écoute et au service du public pour co-construire avec celui-ci les conditions d’une amélioration de la santé; cette réflexion sous-tend un concept central en promotion de la santé, celui de participation.
Les professionnels de santé ne sont donc plus considérés comme les seuls acteurs compétents en matière de santé, et les services de soins ne sont plus les seuls lieux où se joue la santé: l’école, l’entreprise, le quartier, et tous les acteurs impliqués dans la vie sociale, dans les trajets de vie des personnes et des groupes, jouent tous un rôle dans la santé.
C’est pourquoi la promotion de la santé vise à susciter l’action concertée et intégrée de la population elle-même, et des travailleurs, mais aussi des responsables politiques agissant dans une grande diversité de secteurs. Une telle démarche s’appuie évidemment sur des valeurs et une politique favorisant la dignité humaine et la solidarité sociale et économique.
La promotion de la santé n’est pas l’affaire d’un petit monde à part. Le défi à relever, pour les politiques et les travailleurs, est de construire les conditions d’une réflexion transversale et d’une coopération intersectorielle effective. Nous voulons espérer que les différents partis politiques se saisissent de cette question, se décident à mener un véritable débat de fond, et aménagent pour les travailleurs de la promotion de la santé et le futur ministre de tutelle des conditions favorables à la poursuite de ce chantier. La promotion de la santé en Communauté française doit être préservée, mais également renforcée.
Signataires: REPèRES asbl; Dr Catherine Markstein , asbl Femmes et santé; Entr’aide des Marolles asbl; Nathalie Ramon , maître en Santé publique – Promotion de la santé; Martin De Duve , directeur d’Univers santé; Danielle Piette , professeur à l’École de Santé publique, ULB; Alessia Saldarelli , coordinatrice Plateforme Santé Ville de Mons; Sylvie Carbonnelle , Centre de Diffusion de la Culture sanitaire et ULB; Catherine Vanandruel pour «Les clowns à l’hôpital»; Martine Jeunehomme , licenciée en Kinésithérapie et Santé publique; Geneviève Houioux , Promoteur de santé, maître d’enseignement ULB-PROMES; Jeunesse & Santé asbl; Raffaele Bracci , coordinateur du Centre verviétois de promotion de la santé asbl; Marie Claire Dieu , psychologue; Catherine Spièce , responsable du service Promotion de la santé Union nationale des mutualités socialistes; Nadine Anceaux , médecin PSE – Verviers; Catherine Végairginsky pour le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles (CLPS); Focus Fibromyalgie Belgique asbl; Caroline Petiaux , coordinatrice du Réseau SMES-B; PSE Lux , Service de promotion de la santé à l’École – Province de Luxembourg; Charles Lejeune , Fédération des Centres de Service Social; le Centre local de promotion de la santé du Luxembourg ; Christian De Bock , rédacteur en chef Éducation Santé ; Benoît Dadoumont , travailleur CLPS; le Service Prévention Tabac du Fonds des Affections respiratoires ; Emmanuelle Caspers , formatrice en promotion de la santé; Philippe Bastin pour Infor-Drogues asbl; la Plateforme Prévention Sida ; Namur Corral et Nathalie Thomas , psychologues de l’équipe communautaire du SSM Le Méridien.
Ce texte est publié également par ‘Santé conjuguée’, la revue de la Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones

L’Entr’Aide des Marolles met les femmes en projet

Le 30 Déc 20

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Au cœur de Bruxelles, dans le quartier précarisé du bas des Marolles, le Groupe Bien Être permet chaque année à plus de 200 femmes de mettre sur pied et de participer à des activités collectives et communautaires, renforçant ainsi leur capacité à «se mettre en action». Éclairage sur la dynamique de ce projet et de l’accompagnement du CLPS de Bruxelles.

Le Centre médico-psycho-social des Marolles

L’Entr’Aide des Marolles effectue depuis 1931 un travail d’accompagnement avec la population de ce quartier populaire de Bruxelles.
Son objectif d’aujourd’hui est de développer le bien-être de la population, par une approche globale de la santé alliant 4 pôles: le social, la santé physique, la santé mentale et la promotion de la santé.
Pour cela, l’Entr’Aide s’efforce, avec ses 50 collaborateurs, les personnes du quartier, le réseau local, régional et fédéral, de développer:
– une approche curative, préventive et d’éducation à la santé et au bien-être;
– une approche individuelle, collective et communautaire;
– une approche à court, moyen et long terme;
– des relations constructives avec les autorités compétentes.
Déjà reconnue comme Centre d’Action Sociale Global, et subsidiée en promotion de la santé, l’asbl est actuellement en demande d’agrément Maison Médicale et Service de Santé Mentale.

Le Groupe Bien Être

Au sein de cette asbl, un groupe rassemblant principalement des femmes du quartier a vu le jour il y a plus de 6 ans. Tout est parti d’un constat des médecins et d’une demande des habitantes du quartier de pratiquer une activité physique, pour remédier à leur mode de vie trop sédentaire et améliorer ainsi leur santé.
Pour atteindre cet objectif, l’Entr’Aide des Marolles a mis en place ce nouveau projet du Groupe Bien Être . Les femmes qui en font partie mettent sur pied des activités collectives et communautaires: gymnastique d’entretien, gymnastique douce, aérobic, yoga, danse orientale. Elles organisent aussi des ateliers de cuisine traditionnelle et diététique, des ateliers de soutien à la parentalité, des fêtes de quartier, des activités culturelles…
Entre 200 et 300 femmes participent chaque année à ces activités et un bon noyau d’entre elles participe activement à leur mise en place.

Présentation générale

Ce projet est basé sur la co-construction des activités par les participantes et les professionnelles de l’asbl. Tous les choix y afférents sont faits en commun. Les participantes proposent de nouvelles activités tandis que les professionnelles accompagnent et soutiennent leur dynamique.
Le travail du Groupe Bien Être peut être décrit en une succession d’étapes:
• accueillir les personnes;
leur permettre d’Être dans le groupe, sans contrainte, dans le respect des autres;
• les inviter à s’exprimer;
• les entendre;
• les interpeller;
• les inviter à penser à la mise sur pied d’un projet;
• faire avancer et vivre ce projet;
• en évaluer ensemble les résultats.
Au-delà des résultats, c’est le processus utilisé qui retient toute l’attention de l’équipe de l’Entr’Aide des Marolles. C’est l’esprit qui soutient cette démarche: la promotion de la santé n’est pas focalisée sur le résultat obtenu mais accorde une importance première au processus.
En effet, il paraît essentiel pour le personnel encadrant de laisser les participantes maîtresses de leurs propositions et qu’elles en assurent aussi la mise en œuvre. L’initiative doit rester dans le chef des participantes, ce sont elles qui sont moteurs de leurs projets.
Les professionnelles, quant à elles, les accompagnent et les soutiennent au cours de toutes les étapes, que leur projet réussisse ou échoue. L’accompagnement se fait dans la durée, dans la variation des rythmes et surtout dans le respect du porteur avec ce qu’il peut donner. La démarche participative des usagers prend du temps.
Ce projet, à l’écoute des personnes, permet en outre aux professionnelles d’être proches du terrain.
Cette manière de travailler aide les femmes à reprendre confiance en elles et en leurs capacités à se «mettre en action». Cela renforce leur envie d’agir et leur donne à nouveau l’élan pour aller au bout de leurs projets. Mais pour y parvenir, une relation de confiance entre les participantes et les professionnelles est primordiale!
L’effet de groupe est prépondérant lui aussi: se retrouver ensemble, être attendue par d’autres, s’engager en leur nom… les poussent à agir. C’est un vrai défi pour ces femmes, elles se surpassent car les autres membres du groupe attendent des résultats. Or, «être capable de» aux yeux des autres, c’est pouvoir l’être pour son propre compte également.
Le passage par le Groupe Bien Être constitue donc pour ces femmes un temps de ressourcement pendant lequel elles apprennent à découvrir leurs compétences ou à les revaloriser. Elles se sentent ainsi plus confiantes pour affronter leur réalité quotidienne. Grâce à leur passage au Groupe Bien Être , qui leur sert de tremplin de renforcement personnel et social, ces femmes reprennent en main avec plus d’assurance leurs obligations familiales ou économiques.
D’ailleurs, on constate qu’après un certain temps, les femmes quittent le groupe et se lancent dans des projets personnels, comme la formation ou la recherche d’emploi.

Un accompagnement méthodologique pour le projet

Le projet du Groupe Bien Être est soutenu par la Communauté française. Dans ce cadre, l’Entr’Aide des Marolles a fait appel au CLPS de Bruxelles pour un accompagnement méthodologique. À partir de 2006, celui-ci a permis à l’équipe professionnelle d’évoluer vers une structuration de son fonctionnement et à développer une réflexion sur le sens de son travail.
Le CLPS de Bruxelles a invité l’Entr’Aide à s’interroger sur les points suivants:
– quelle est la place des professionnels dans le processus participatif mis en place?
quelle est la place du Groupe Bien Être dans son environnement social?
– comment mettre ce groupe en lien avec les autres projets de l’Entr’Aide?
– quel est le point de vue des participantes (attentes, besoins…)? Quelle évaluation des actions font-elles?
– comment capitaliser les acquis des expériences vécues?
– …
Le premier pas dans cette réflexion pour le Groupe Bien Être est de se pencher sur l’évaluation du projet au sein de l’équipe, auprès du public cible et au sein de l’Entr’Aide.
Envisager l’évaluation du projet au sein de l’équipe supposait de redéfinir préalablement ses objectifs, travail complexe puisque le groupe organise toutes sortes d’activités, à destination de participantes différentes.
Un organigramme des activités a été réalisé. Il a permis de visualiser, schématiquement, les activités et de les subdiviser en deux catégories: les activités de type collectif, où la présence d’un professionnel expert est nécessaire (cours de gymnastique) et les activités de type communautaire où ce sont les participantes qui sont expertes (ateliers de cuisine).
Petit à petit une nouvelle posture professionnelle s’est imposée dans l’équipe: l’accompagnatrice. Elle est celle qui est garante du cadre institutionnel, du respect des règles décidées par le groupe. Elle veille au lien entre les participantes, à la cohésion du groupe et au respect de la parole de chacune.En ce qui concerne l’évaluation auprès du public cible, une consultation par questionnaire est organisée annuellement lors de la fête de fin d’année. Les résultats sont débattus en plénière. Toutefois, après réflexion, cette évaluation va évoluer et sera gérée de manière plus rationnelle.
Elle permettra de relancer certains projets ou de repartir sur de nouveaux, s’accordant davantage avec les besoins du public.
Cet accompagnement méthodologique a également permis de structurer davantage l’équipe. Les réunions d’équipe constituent aujourd’hui de vrais temps de réajustements mutuels, effectués en regard des objectifs fixés.
Second pas franchi avec le CLPS: la question de la place du Groupe Bien Être dans son environnement social vient d’être abordée récemment. Il apparaît que le groupe a dû faire ses armes et se consolider dans un fonctionnement durable avant de pouvoir prétendre s’ouvrir aux autres secteurs de l’institution et partenaires du quartier..
Cette période test passée, le Groupe Bien Être et l’institution se lancent un nouveau défi: insuffler cette démarche de promotion de la santé pour l’ensemble des secteurs de l’association et… au-delà, toucher les autres acteurs du quartier. L’Entraide bouge et la promotion de la santé est un incitant bien vitaminé!
Pour plus d’informations , vous pouvez contacter l’Entr’Aide des Marolles , rue des Tanneurs 169 à 1000 Bruxelles . Tél .: 02 510 01 80 . Courriel : entraide@entraide-marolles.be.Carole Feulien , d’après un texte rédigé par Cristina Ornia en collaboration avec le CLPS de Bruxelles

Un nouvel outil de prévention contre les IST en milieu carcéral

Le 30 Déc 20

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Prévenir les infections sexuellement transmissibles, le sida et les hépatites, parmi le public des détenus est un projet pas toujours aisé, rempli de non-dits et empreint de nombreuses contraintes dues aux difficultés propres à ce milieu de vie!
Dans le but de faciliter la mise à disposition de préservatifs et de gel lubrifiant pour les détenus incarcérés, il s’est avéré pertinent de créer un nouvel outil. Avec la collaboration du personnel infirmier des prisons, de certains détenus relais et du Service Soins de Santé Prison, une pochette composée d’un préservatif, d’une dosette de lubrifiant à base d’eau et d’un message de prévention a été conçue par l’ asbl Service Éducation pour la Santé de Huy (SES). Grâce à tous les partenariats harmonieux dont jouit le SES, dorénavant cet outil de prévention est disponible, pour les détenus, dans l’ensemble des établissements pénitentiaires du pays.

Le SES Huy

Le Service Éducation pour la Santé est une association sans but lucratif créée, il y a plus de 20 ans, par l’Association des Licenciés en Sciences de la Santé Publique de l’Université de Liège en partenariat avec la Croix Rouge de Belgique, le Dispensaire Putzeys et la Ligue des familles.
Depuis sa création et au départ de son siège social installé à Huy, elle est active dans le secteur de la promotion de la santé. Grâce aux subsides émanant de la Communauté française de Belgique et de la Région wallonne, elle mène, depuis quelques années, des projets majoritairement en milieu carcéral.
En effet, les conditions de vie de ce milieu tels que la promiscuité, le manque d’accessibilité et d’utilisation des moyens de prévention, la marginalisation de la population, le manque d’hygiène et la toxicomanie, engendrent de nombreux comportements à risque pour la santé des détenus. L’équipe «utilise» trois portes d’entrées pour promouvoir une démarche participative de santé globale au sein de ce milieu particulier:
-la prévention du sida , des hépatites virales, des autres IST et maladies associées;
-l’approche de l’alimentation équilibrée dans le cadre du développement de nouvelles compétences;
-l’hygiène de vie et l’hygiène corporelle, des composantes de l’estime de soi pilier essentiel de l’équilibre de vie.
En 2005, le projet de l’asbl SES a été reconnu comme «projet santé en prison» par l’OMS Europe. L’équipe du SES est régulièrement contactée lors de colloques internationaux pour un partage de compétences.

Le projet de prévention du sida, des hépatites virales et des autres IST

Le SES asbl développe depuis plus de 10 ans un projet de prévention du sida, des hépatites virales et des IST en milieu carcéral. Touchant trois établissements en 1998, le projet a subi différents remaniements pour s’adapter aux réalités du terrain carcéral et répondre aux attentes du public ciblé. Actuellement, le SES se rend dans tous les établissements de la Communauté française pour développer ses actions et répondre le plus adéquatement possible aux demandes de chaque prison.
L’objectif prioritaire du projet est d’instaurer une dynamique de prévention primaire du sida, des hépatites et des IST en milieu carcéral, de réduire la fréquence des comportements à risque, de favoriser l’adoption d’attitudes de prévention (utilisation du matériel approprié) et de réduire les attitudes discriminatoires envers ce public à risque ou envers les personnes infectées.
Les stratégies consistent à diffuser des informations sur les pratiques à risque liées à ces maladies et sur les moyens de prévention par le biais de différents canaux, particulièrement par la création d’outils. De plus, il forme et soutient des groupes de relais d’informations au sein des établissements pénitentiaires.

La prévention des pairs par les pairs: formations de référents

L’asbl SES a mis sur pied un programme de prévention par les pairs. Suite à une formation donnée par le SES aux détenus et aux personnels pénitentiaires, sur les problèmes de santé, les maladies transmissibles, la prévention et les techniques de communication, les référents formés vont diffuser des informations de prévention adaptées à leur établissement vers leurs codétenus ou leurs collègues.
Par la suite, sensibilisés aux problèmes de santé, les référents volontaires font la démarche de se réunir mensuellement afin de réfléchir ensemble à la réalité de leur propre prison et d’élaborer des actions ou des messages de prévention. Dans ce cas, les détenus et le personnel référent sont acteurs dans ce programme de prévention. Le SES les accompagne dans ces démarches tout en veillant à leur laisser prendre un maximum d’autonomie.

La création d’outils

Un deuxième volet des missions de l’asbl est de créer des outils adaptés au milieu permettant d’une part de diffuser une information correcte à la population carcérale, et d’ autre part de favoriser la mise à disposition et l’utilisation de moyens de protection contre des maladies transmissibles. Dans cette optique une carte aide-mémoire a été réalisée, il y a quelques années. Elle est distribuée par le biais des services infirmiers et des relais santé, aux détenus qui souhaitent recevoir de l’information sur les pratiques à risque rencontrées dans leur milieu de vie (carcéral ou non) ainsi que des conseils de prévention s’y rapportant.

Une pochette composée d’un préservatif et d’un lubrifiant à base d’eau pour les détenus

Même si le constat de l’existence de relations sexuelles en milieu carcéral reste un tabou, que cette problématique est très peu abordée, voire niée, par les détenus et prise parfois à la légère par le personnel pénitentiaire, les pratiques sexuelles, consenties ou non, sont une réalité dans le vécu des détenus en milieu carcéral. Peu d’études sur le sujet ont été publiées et pour celles qui évoquent la question, les déclarations des détenus restent largement sous-estimées. Cependant, suite à un travail de terrain au quotidien, les infirmiers des établissements pénitentiaires sont unanimes sur le fait qu’il faut mettre à disposition des détenus des moyens de prévention pour éviter toute contamination lors de pratiques sexuelles potentiellement à risque. Prioritairement au niveau du milieu carcéral où la prévalence du sida tourne autour des 1,5 % et où la prévalence de l’infection à l’hépatite B et C est respectivement de deux et sept fois supérieure à celle de la population générale.
La décision de créer un outil de prévention adapté au milieu carcéral et identique pour l’ensemble des établissements pénitentiaires du pays a été prise suite à l’interpellation du Service Éducation pour la Santé par des services infirmiers de différentes prisons. Leurs questions reposaient principalement sur le type de préservatif à proposer aux détenus et sur le message qu’il convenait de faire passer quant à l’utilisation de ce matériel de prévention.
L’asbl SES a initié un processus concerté réunissant le Service Soins de Santé Prison, des infirmiers, des asbl partenaires en milieu carcéral et certains membres du secteur de la prévention du sida en Communauté française. Cette concertation a permis de dégager des pistes de réflexion sur ce sujet et a mis en évidence l’importance de créer un outil de prévention pouvant être diffusé massivement en milieu carcéral.
Le message venant du secteur de la prévention du sida, particulièrement pour les pratiques homosexuelles, prône l’utilisation d’un préservatif accompagné d’un gel lubrifiant à base d’eau afin d’éviter tout risque de déchirure. En milieu carcéral, le lubrifiant à base d’eau n’est pas disponible et peu connu par les détenus mais il semble indispensable pour pallier les risques lors des rapports sexuels. C’est pourquoi, la décision de créer une pochette composée d’un préservatif, d’une dosette de lubrifiant à base d’eau et d’apports d’information sur les risques de maladies sexuellement transmissibles a été une évidence pour répondre aux différents constats mentionnés.

Implication du public

Voulant rester dans l’optique d’une implication du public dans la création d’outils à leur destination, l’asbl SES est allée à la rencontre de détenus dans différents établissements pénitentiaires. Dans un premier temps, les détenus relais, sensibilisés à cette problématique, ont été interrogés. Ensuite, des détenu(e)s volontaires (non référents) ont pu donner leur avis sur le contenu de l’information, la forme de l’outil, la mise en page, les illustrations et la pertinence de cette action.
À la maison d’arrêt de Jamioulx, à la maison de peine de Ittre, à l’Établissement de Défense Sociale de Paifve et au quartier femmes de Lantin, différents avis ont pu être récoltés par les groupes de travail. Les informations sur le lubrifiant à base d’eau et sur les risques pour la santé semblent être nécessaires aux yeux des détenus. Ils insistaient également sur la lisibilité et la clarté du message, en proposant d’intégrer des images accessibles à l’ensemble de la population ciblée. Le Service infirmier a été mentionné plusieurs fois comme relais d’information pour la santé. L’infirmerie est en effet un lieu très investi par les détenus, où une relation plus humaine peut s’installer et où les questions relatives à la sexualité et à la prévention peuvent se poser en toute confidentialité. Toutes ces idées ont été soigneusement prises en compte et investiguées afin de les intégrer dans l’outil proposé.
Cette pochette a été financée par le Service Soins de Santé Prison du Service public fédéral Justice, c’est pourquoi une contrainte supplémentaire s’est ajoutée lors de la mise en page de cet outil. Il est de dimensions modestes (six centimètres sur six), et il était nécessaire de proposer l’information dans les trois langues officielles du pays. De plus, les détenus ont souhaité y inclure l’anglais, sachant qu’il y a une proportion non négligeable de personnes incarcérées ne parlant ni le français, ni le néerlandais ni même l’allemand.
Dans un second temps, la pochette, dans sa présentation quasi définitive, a été proposée à l’ensemble des infirmiers travaillant en milieu carcéral en Communauté française lors de leur formation annuelle. Le SES a animé une demi-journée de travail portant sur l’outil mais également une réflexion sur sa mise à disposition.
Cette approche participative, réunissant les différents acteurs, aussi bien les détenus que les infirmiers, a permis de relever une multitude d’indications nous permettant de cibler avec précision la forme que devait prendre cet outil de prévention en fonction de la réalité vécue par chacun.
Actuellement, les pochettes sont disponibles à la pharmacie centrale du SPF Justice afin que les services infirmiers puissent les commander gratuitement. Certaines prisons ont déjà étoffé leur stock et l’outil semble répondre aux attentes. Début de l’année 2010, une évaluation de l’outil, de sa pertinence et de son utilisation sera réalisée en partenariat avec les détenus et les personnes impliquées dans ce processus.
La prévention dans le monde carcéral a encore un long chemin à faire, mais c’est petit à petit, en accumulant les outils et les messages de prévention, tout en y impliquant l’ensemble des personnes jouant un rôle déterminant dans cette démarche, qu’une dynamique positive de santé s’installe…
Marielle Houbiers , Service Éducation pour la Santé asbl
Adresse de l’auteure: Maison de la santé, Chaussée de Waremme 139, 4500 Huy. Tél/Fax: 085 212 576. Courriel: ses.asblhuy@scarlet.be

Tranche de pain ou tranche de vie

Le 30 Déc 20

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‘Dans un restaurant 3 étoiles, on vous enlève les miettes au fur et à mesure que vous ne les faites pas’ (Jean-Pierre Corbeau)
Les messages de prévention en matière d’alimentation sont au centre de l’actualité. Ils reposent généralement sur l’hypothèse que les mangeurs sont des êtres rationnels qui se comportent erronément parce qu’ils sont mal informés.
La manière dont notre société aborde la question de l’alimentation amène à la réduire à une affaire de nutrition et de diététique, même si la notion de plaisir n’est pas absente des messages et programmes de prévention. On en viendrait presque à oublier que manger, ce n’est pas seulement absorber des nutriments, c’est en réalité un acte aux multiples dimensions: économique, culturel, émotionnel, sensuel, convivial, social, écologique et même (voire surtout) politique!
Pendant une journée d’échanges autour de l’alimentation, l’asbl Question Santé (soutenue par la COCOF bruxelloise) a invité une bonne centaine de personnes à évoquer ces multiples dimensions, en écoutant et en réagissant aux exposés de quatre invités.
Jean-Pierre Corbeau , professeur de sociologie à l’Université François Rabelais de Tours (tout un programme!) a brillamment planté le décor d’un décalage radical par rapport aux discours attendus sur la malbouffe et la progression fulgurante des maladies qui lui sont associées.
Il a plaidé avec humour et conviction contre l’information nutritionnelle qui ‘déconstruit et désenchante l’aliment’, et pour une éducation qui accepte de prendre en considération la complexité du mangeur.
Cette complexité s’inscrit dans trois répertoires, celui du comestible (qui varie fortement dans le temps, mais aussi dans l’espace, un insecte grassouillet parfaitement grillé nous semblera à nous Européens aussi répugnant que de délicieuses crevettes grises non épluchées à d’autres), du culinaire (qui permet de saisir finement la stratification sociale) et du gastronomique (qui distingue d’autres êtres vivants l’être humain capable de se penser en train de manger et d’en tirer du plaisir).
Il plaida en faveur d’une éducation humaniste, qui perçoit l’alimentation comme un dialogue permettant d’accepter l’altérité et de transmettre des valeurs, à l’heure où l’industrie agro-alimentaire a réduit le plaisir de manger à une sensation organoleptique immédiate qui oublie partage, culture, jubilation.
Un bel exposé, malheureusement un brin trop court à notre goût.
Liliane Plouvier (Haute École Francisco Ferrer, Bruxelles), historienne de la gastronomie, continuatrice de l’œuvre novatrice du regretté Jean-Louis Flandrin , nous convia ensuite à un extraordinaire voyage dans le temps en évoquant avec une érudition sans faille et des mots gourmands le Plaisir et la santé à la table des califes abbassides de Bagdad (IXe-XIe siècles) .
Son exposé sensuel et détaillé a désarçonné plus d’un participant. Nous nous sommes régalés quant à nous de sa description émerveillée de la cuisine fusion perse et byzantine, à qui nous devons la technique du feuilletage, les pâtes alimentaires, les œufs battus en neige, la gélification, etc.
Une civilisation qui utilisait les sucreries comme base de sa pharmacopée ne saurait que nous être sympathique, et a fortiori si elle affirme son intérêt pour les plaisirs de la chair et de la chère, propres à renforcer l’adoration d’Allah. On est loin de certain islam tristounet d’aujourd’hui, on est loin aussi de l’ascèse chrétienne et de ses péchés capitaux!
Simone Gerber , pédiatre et psychothérapeute, fit le pari risqué de demander à l’assistance de réagir et de dialoguer à partir de cas individuels de ‘traumatismes’ alimentaires d’enfants qu’elle aide dans sa pratique, nous rappelant au passage que notre goût est déterminé pour 5% seulement par nos papilles et pour 95% par l’olfaction. Si vous avez déjà observé un ‘vrai’ oenophile goûter un vin avec précision sans devoir y tremper les lèvres, vous comprendrez ce qu’elle voulait dire.
Marie-Josée Mozin , diététicienne de pédiatrie, Présidente honoraire du Club européen des diététiciens de l’enfance, termina la journée par un exposé à première vue plus classique: Prévenir les maladies de la nutrition, améliorer le bien-être et les performances scolaires par l’alimentation consommée à l’école? Elle brossa un portrait rapide et clair de la problématique, tout à fait essentielle vu la longueur des journées continues que les enfants passent à l’école, où ils ingurgitent 30 à 50% de leurs apports nutritionnels journaliers.
Elle en profita aussi pour couper les ailes à quelques canards, pour démonter certaines idées reçues, à propos des produits laitiers, de l’injonction aussi ferme que vague à consommer ‘cinq fruits et légumes par jour’, de la sacro-sainte ‘collation de 10 heures’, parfaitement superflue pour l’immense majorité des enfants alors qu’un véritable goûter leur est utile.
Et pour les amateurs de figures géométriques, elle égratigna quelque peu le standard de la pyramide alimentaire, lui préférant une pyramide de l’activité physique forcément plus dynamique!
Un clin d’œil au ‘nutritivement correct’ pour terminer. Jean-Pierre Corbeau (qui n’en a pas fait un fromage pour autant!) a observé que certains enfants qui n’ont pas encore appris à lire, en captant le logo de l’INPES à côté des avertissements sanitaires qui accompagnent les spots publicitaires pour les snacks et sodas, attribuent spontanément un label de qualité à ces délicieuses saloperies, ce qui n’est pas vraiment le but recherché par les autorités sanitaires françaises. Sacrés mômes!
Christian De Bock

Les médecins généralistes et les associations de promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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La promotion de la santé, vous en avez déjà entendu parler. Vous avez même pu lire un article consacré à ce sujet dans cette même revue, en août 2007 (1). Mais en pratique, que pensent de nous les associations identifiées comme actrices en promotion de la santé? Et qu’avons-nous à leur répondre? Peut-on travailler ensemble?
Nombreux sont les médecins généralistes qui considèrent jouer un rôle important en promotion de la santé: par exemple, en proposant à leurs patients les dépistages et les vaccinations recommandés, en les soutenant dans certaines difficultés de vie, en les aidant à rester autonomes malgré un handicap ou à se débarrasser d’une dépendance…
Cette manière de travailler entre dans le cadre d’une relation individualisée et souvent durable. Elle est différente de l’action plus collective des professionnels du secteur de la promotion de la santé. Ces derniers peuvent en effet mener des activités aussi diverses que lutter contre les facteurs de pollution, contre le tabagisme ou d’autres facteurs de risque, sécuriser les infrastructures routières, assurer de bonnes conditions d’hygiène dans les écoles, revitaliser des quartiers déshérités, recréer du lien social lorsque les gens souffrent d’isolement…
De nombreuses compétences, issues de disciplines différentes, sont donc nécessaires pour faire de la promotion de la santé. Encore faut-il que les différents professionnels qui pourraient travailler de concert se reconnaissent, soient prêts à se rencontrer, à collaborer.
Comment les associations considèrent-elles la place des médecins généralistes en promotion de la santé? Quels leviers entrevoient-elles pour collaborer avec nous? Quels obstacles?
Pour répondre à ces questions, nous avons envoyé un questionnaire à une série d’associations/organismes/services de promotion de la santé de tous horizons. Nous les avons ensuite invités à une rencontre pour préciser leurs réponses et en débattre avec quelques médecins généralistes. Enfin, nous avons soumis le compte rendu de cette rencontre au regard critique de quelques autres omnipraticiens. Nous vous présentons ici l’ensemble de ces échanges.
Les commentaires des médecins généralistes relecteurs sont présentés en caractères italiques.

Quelques précisions

D’abord, «on ne fait pas de la promotion de la santé, on agit pour promouvoir la santé!».
Autrement dit, plus qu’une technique ou une méthode bien spécifique, la promotion de la santé est avant tout une manière de faire et de penser, où chacun peut intervenir, comme il est, où il est.
Bien sûr, il existe des professionnels formés en promotion de la santé. Ils possèdent un savoir et des compétences spécifiques à ce domaine. Mais cela n’exclut nullement le médecin généraliste, bien au contraire: pour les associations interrogées, le médecin généraliste peut agir en promotion de la santé, de plusieurs manières:
-en assurant une écoute attentive et une approche globale de ses patients;
-en favorisant la participation de ses patients à la prise en charge de leur santé;
-en facilitant l’information du public et en développant un message commun en promotion de la santé: cela peut se faire de manière individuelle en consultation, mais aussi en relayant des campagnes publiques auprès de ses patients (via par exemple des brochures ou affiches dans la salle d’attente);
-en aidant ses patients à identifier ce qui détermine, influence leur santé, quels sont leurs risques — ce qui est une manière de décliner, de manière individualisée, sur le terrain, les données de santé publique;
-en les aidant à définir leurs priorités, à identifier les ressources qu’ils ont pour construire/rétablir leur santé.
Bref, le médecin généraliste a une place essentielle pour aider ses patients à élaborer leurs choix de santé/de soins, dans le respect de leur autonomie et de leur liberté.
Peut-on construire des liens entre les actions collectives, de santé publique et l’action plus individualisée des médecins? C’est une question complexe: il est démontré, souligne un participant (médecin généraliste!), que si l’on met la priorité sur une approche individuelle de la santé sans investir au niveau social, collectif, les inégalités face à la santé augmentent!
Il n’empêche, dit un autre, que le médecin de famille reçoit des personnes, et qu’il peut avoir un grand impact sur leur bien-être…
«D’ailleurs, si le conseil minimal est une méthode validée pour la cessation tabagique, pourquoi ne fonctionnerait-il pas dans d’autres démarches de promotion de la santé?»
L’articulation entre l’approche collective et l’approche individuelle est souvent absente. Les deux mondes semblent séparés, avec certaines méconnaissances, voire défiances: le secteur de la promotion de la santé craint que soient négligés les aspects non médicaux de la santé, tandis que le corps médical ne semble pas toujours prêt à penser en termes de santé publique… Il y a là, sans doute, plus d’incompréhension que de réelle opposition!
«Personnellement, dit un médecin généraliste, ce qui m’a permis d’articuler l’approche individuelle et l’approche collective, c’est la participation à un projet au niveau d’un petit comité (rôle de garde de 10 médecins généralistes), qui s’est étendu ensuite à un arrondissement (100 médecins généralistes) puis à une région (8000 médecins généralistes). Le temps pédagogique des actions collectives doit sans doute se situer au niveau des GLEMs, dodécagroupes ou rôles de garde.»

Merci aux personnes qui ont nourri cette réflexion:
Étienne Baijot, médecin généraliste
Martine Bantuelle, Éduca Santé asbl
Luc Berghmans, Observatoire de la Santé du Hainaut
Anne Boucquiau, cabinet de Mme Fonck
Raffaele Bracci, Centre local de promotion de la santé de Verviers
Sophie Clément, médecin généraliste
Jean-Luc Collignon, Centre d’Éducation du Patient asbl
Marie-José Couteau, Observatoire de la Santé du Hainaut
Christian De Bock, Infor Santé ANMC
Gaby Deleu, médecin généraliste
Michel Demarteau, Observatoire de la Santé du Hainaut
Isabelle Deschamps, Fédération des Maisons Médicales
Myriam De Spiegelaere, Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles
Anne Geraerts, Centre local de promotion de la santé du Brabant Wallon
Claire Geraerst, médecin généraliste
Dominique Lamy, médecin généraliste
Natacha Lange, Espace Santé
Alain Levêque, École de Santé Publique ULB
Jean-Claude Loneux, Service de prévention et de médecine du travail
Véronique Morelle, médecin généraliste
Julie Pelicand, médecin généraliste et RESO-UCL
Nathalie Pierrard, médecin généraliste
Michel Roland, médecin généraliste
Patrick Trefois, Question Santé asbl
Didier Vander Steichel, Fondation Contre le Cancer
Chantal Vandoorne, APES-Ulg
Carl Vanwelde, médecin généraliste
Maryse Wanlin, FARES

Des points positifs

Selon les associations interrogées, le médecin généraliste a de nombreux atouts pour agir en promotion de la santé. Ainsi en va-t-il de la relation qu’il construit avec son patient. Elle est particulièrement intéressante car:
-elle est directe;
-elle a lieu dans son milieu de vie (y compris le domicile);
-elle dure longtemps;
-elle survient à des moments sensibles de la vie d’un être humain;
-elle est basée sur la confiance; le crédit que porte le patient à «son médecin» est large.
En outre, quand les médecins participent activement à une démarche de promotion de la santé, ils sont particulièrement efficaces. Plusieurs intervenants l’ont expérimenté lors de projets locaux.
«A contrario, les chances de succès de telles actions sont nettement réduites lorsque les médecins généralistes sont peu ou pas impliqués.»

Des points un peu moins positifs

Il ne faut cependant pas se leurrer, les obstacles à l’action des généralistes en promotion de la santé sont bien réels. Certains obstacles sont liés au métier même, aux difficultés à l’exercer au quotidien — difficultés qui risquent de s’accentuer encore avec le numerus clausus. Cela entraîne parfois une tendance au repli sur soi, à une attitude défensive, peu favorable à une ouverture aux autres professions.
«Il faut certainement se poser des questions sur le malaise (mal-être) des généralistes en activité, plus encore que sur un pseudo-problème de numerus clausus. La revalorisation de la médecine générale ne tient pas dans l’ouverture des vannes de la formation mais plus dans une réelle reconnaissance de l’action des généralistes face à d’autres lobbies de la santé qui envahissent le monde des soins de santé primaire avec leurs pseudopodes et pseudo-centres de l’obésité, de la douleur…»
L’habitude de travailler seul peut aussi être un frein au travail avec d’autres acteurs de promotion de la santé. En tant que médecin de famille, on est en quelque sorte choisi par le patient. Alors l’envoyer vers d’autres, ce n’est pas toujours évident. C’est peut-être plus facile si l’on travaille déjà en équipe pluridisciplinaire, comme en maison médicale…
«Les avantages apportés par le travail en maison médicale peuvent être largement compensés par un travail efficace au niveau des Cercles par exemple. Mais pour cela, il faut vraisemblablement professionnaliser le ‘management’ des cercles.»
Le temps est une autre notion majeure à prendre en considération: le temps que l’on n’a pas, le temps que l’on a de moins en moins parce que les déplacements, le travail administratif et les consultations en consomment davantage chaque année, le temps que l’on doit prendre en plus (ainsi, les réunions avec les généralistes se font à midi, le soir ou le week-end).
«Mais le temps doit s’organiser en fonction des actions menées et du résultat escompté.»
La formation lacunaire en promotion de la santé, voire même en prévention, dans le cursus universitaire joue également en défaveur d‘une pratique ouverte à ces aspects. Autant le médecin se sent responsable de l’aspect curatif, autant il agit en prévention selon sa personnalité, ses conditions de travail.
À cet égard, la croyance d’une absence de rémunération spécifique est funeste. Et elle n’est pas tout à fait exacte: l’INAMI nous dit (dans la loi coordonnée du 14 juillet 1994, article 34, Chapitre III. Des prestations de santé) que: «Les prestations de santé portent tant sur les soins préventifs que sur les soins curatifs». Mais rares sont les médecins de terrain qui «osent» consacrer une consultation entière à la prévention et se faire payer pour cette consultation.
«La consultation de prévention proposée récemment par la ministre fédérale de la santé va sans doute lever quelques-unes de ces réticences.»
D’autres obstacles, plus extérieurs ceux-là, ont été relevés par les participants à la discussion. La création de partenariats est le premier d’entre eux. Elle implique en effet d’apprendre à se connaître, à respecter le rythme de l’autre (comme les réunions du soir des généralistes), ses contraintes, ses aptitudes. On commence par devoir négocier. Souvent, les associations de promotion de la santé s’adressent d’abord à quelques généralistes. Mais ceux-ci ne sont pas toujours représentatifs de l’ensemble de leurs confrères (même au niveau local). Ce qui semblait faisable le devient parfois nettement moins une fois porté sur le terrain. Et les porteurs de projet finissent eux-mêmes par s’essouffler. Entrer dans une dynamique de projet n’est pas toujours chose aisée.
Par ailleurs, le turn over des personnes engagées dans les associations, dont le statut et les ressources financières sont fragiles, ne facilite pas l’établissement de relations durables.
«Pourtant, de cette double rencontre peut naître une synergie d’action où tant le promoteur de la santé que le généraliste retrouveront leurs mots (et peut-être éviteront leurs maux) pour se parler et parler au public/ patient de sa santé d’une seule voix.»
Un second obstacle est lié à la nature même des projets dans lesquels peuvent entrer les médecins généralistes. N’a-t-on pas tendance à mettre la barre trop haut, à attendre des médecins des changements de pratique trop radicaux? Alors qu’il serait déjà très pertinent d’améliorer le travail de prévention et d’éducation à la santé dans la pratique individuelle des omnipraticiens.
Car tous les médecins ne sont pas convaincus qu’accompagner les patients pour agir sur leurs milieux et leurs modes de vie est possible. Et même les convaincus se sentent parfois démunis par manque d’outils adéquats pour ce faire. Certaines associations proposent d’ailleurs une aide concrète aux généralistes: comme l’éducation des patients diabétiques à la diététique (Réseau santé diabète des Marolles par exemple) ou la prise en charge des aspects sociaux par un service local (tel Mic-Ados, un service d’aide aux jeunes en milieu ouvert à Marche-en-Famenne), etc.
«Le médecin généraliste agit également en promotion de la santé par l’adéquation entre son discours et sa façon d’être! Prôner l’arrêt du tabac lorsque l’on fume soi-même n’est pas simple!»
Un troisième obstacle est le contexte dans lequel évolue la promotion de la santé. Les politiques sont frileuses, les investissements sont faibles. C’est simple, alors que le nombre de projets et de besoins croît, l’enveloppe budgétaire de la Communauté française pour ce secteur stagne. En plus, il manque des structures de pilotage, une reconnaissance d’agents de promotion de la santé, etc.
«Nous aurions tellement à gagner si les programmes étaient cohérents et bien articulés. Si nous pouvions retrouver en même temps sur les murs, les écrans et dans les salles d’attente des praticiens les mêmes messages de promotion de la santé, déclinés sur le même mode, imaginez la force de ce message tant au niveau collectif que dans le colloque singulier du médecin et de son patient.»

Conclusion

La prévention fait partie de nos missions. La promotion de la santé est une compétence faisant partie intégrante de «l’excellence de la pratique médicale» (2). Elle donne du sens à la pratique de la médecine générale, ouvre à de nouvelles manières d’accompagner la population et pas seulement les malades, aide les médecins à rendre la personne actrice de sa santé.
Bien sûr des obstacles existent mais des leviers sont également disponibles. Le plus important d’entre eux est sans doute le travail en partenariat, avec d’autres acteurs, professionnels de la santé ou non. Cela ne signifie pas que les médecins doivent arrêter de travailler en solo, ni que l’importance du colloque singulier doit être sous-estimée; simplement, l’avantage des réseaux est d’offrir des relais, des services, des “supports” pour suivre le patient et l’aider à prendre sa santé en charge. Les réseaux existants comme les cercles ou les SISD (3) pourraient être une piste à creuser.
Avant de lancer de grands projets de promotion de la santé, mieux vaut de toute manière démarrer par de petits projets locaux concrets, caractérisés par des objectifs précis, des stratégies validées, des effets observables et évaluables… et surtout avec des médecins généralistes intégrés dans les projets dès leur conception. Il est nécessaire, aussi, de prévoir d’emblée des “piqûres de rappel” régulières pour combattre la tendance naturelle à l’essoufflement de tout projet. Le contenu de ces rappels doit s’adapter en fonction de l’évolution du projet. Pour favoriser les rencontres entre associations locales et médecins généralistes, les Centres locaux de promotion de la santé (4) peuvent être des ressources utiles.
Enfin, il existe de nombreuses réussites, des actions de promotion de la santé qui ont bien fonctionné avec des médecins généralistes, des trucs et astuces qui aident. Encore faut-il les mettre en lumière! Un colloque pourrait être consacré à un échange d’expériences en la matière. C’est ce que nous nous sommes engagés à réaliser en 2009. Alors, si vous avez des idées, si vous avez déjà participé à, ou simplement observé, des expériences intéressantes, n’hésitez surtout pas à nous contacter!
Pascale Jonckheer , médecin de santé publique, Valérie Hubens , chercheur en santé publique, Jean Laperche , médecin généraliste, Marianne Prévost , sociologue, Pierre Legat , médecin généraliste, Thierry Wathelet , médecin généraliste et André Dufour , médecin généraliste
Cet article est une version (très) légèrement modifiée d’un texte déjà paru dans la Revue de Médecine générale n° 255, en septembre 2008, et reproduit avec son aimable autorisation.

(1) Laperche J. La «promotion» de la santé cardio-vasculaire, mais encore? Éducation Santé, 225, août 2007.
https://www.educationsante.be/es/article.php?id=928
(2) Frank J. Le Cadre de compétences CanMEDS 2005 pour les médecins. Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada 2005.
(3) Les SISD ou Services Intégrés de Soins à domicile sont des ‘institutions de soins de santé qui, dans une zone de soins, renforcent l’ensemble des soins aux patients entre autres par l’organisation pratique et l’encadrement des prestations fournies dans le cadre des soins à domicile, qui requièrent l’intervention des praticiens professionnels appartenant à différentes disciplines’.
(4) Les CLPS sont des organismes agréés pour coordonner sur le plan local la mise en oeuvre du programme quinquennal de promotion de la santé de la Communauté française. Ils sont constitués en asbl et regroupent différents partenaires (villes, universités, mutuelles, associations…). Ils apportent une aide méthodologique aux organismes ou personnes qui développent des actions de terrain en promotion de la santé, y compris la médecine préventive, mettent à leur disposition des ressources disponibles et renforcent les dynamiques locales et les actions de proximité notamment par l’organisation de conférences locales.

Economie de la santé. Combien vaut une année de vie passée en bonne santé?

Le 30 Déc 20

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À l’occasion de la publication de son centième rapport, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) propose un cours accéléré d’économie de la santé. Ce petit manuel renseigne les décideurs de la politique des soins de santé au sujet de la pertinence et des écueils des évaluations économiques dans les processus de prise de décision. Le KCE espère que ce rapport méthodologique contribuera à améliorer la compréhension de concepts économiques complexes pour un public non formé à l’économie de la santé.
Le budget des soins de santé étant par essence limité, les autorités doivent prendre des décisions quant à la répartition des moyens financiers entre les nombreuses interventions médicales possibles. Les évaluations économiques peuvent apporter une aide dans ce choix difficile et délicat.
Ces évaluations expriment les résultats obtenus grâce à une intervention en termes «d’années de vie gagnées» ou «d’années de vies gagnées en bonne santé» par le patient. Dans les cas où une nouvelle intervention est à la fois moins coûteuse et plus efficace pour le patient, en comparaison avec la pratique courante en vigueur, la décision du remboursement de cette intervention semble évidente. Cependant la plupart du temps, une nouvelle intervention débouche sur des résultats plus favorables pour la santé mais à un coût supérieur à celui du traitement classique. Dans ce cas, se pose une question cruciale: combien sommes-nous prêts à payer pour une année de vie gagnée (en bonne santé)?
En Belgique la manière dont les décideurs traitent les informations fournies par ces évaluations économiques reste floue. De plus, on n’a jamais fixé le montant («valeur seuil») au-delà duquel une intervention serait considérée comme trop coûteuse par rapport aux bénéfices en soins de santé qu’elle génère.
Le Royaume-Uni utilise de telles valeurs seuils, exprimées en coût par année de vie gagnée ajustée pour la qualité. Lorsque le coût d’une intervention, par année de vie gagnée en bonne santé, est inférieur à 20 000 £, le remboursement de cette intervention n’est généralement pas mis en question. Entre 20 000 et 30 000 £, d’autres éléments d’appréciation doivent entrer en ligne de compte pour obtenir le remboursement. Au delà de 30.000 £, il faut apporter des arguments très sérieux.
La Belgique devrait-elle évoluer vers un système similaire?
Le KCE a examiné dans quelle mesure des valeurs seuils pourraient être utilisées en Belgique. La conclusion de son étude est qu’une valeur seuil unique n’est pas défendable. En effet, l’utilisation d’une valeur seuil unique repose sur le postulat que le seul but des décideurs serait la maximisation de la santé. Or il ressort des interviews menées auprès des décideurs que ce n’est pas le cas. Les problèmes d’équité, la lourdeur de la pathologie ou encore l’existence ou non de traitements alternatifs sont des préoccupations tout aussi déterminantes dans les décisions de remboursement.
Néanmoins, le KCE insiste sur l’importance et sur la nécessité, d’un point de vue éthique, de prendre en compte les arguments économiques. En effet, l’attribution de moyens financiers à un programme de santé réduit d’autant l’enveloppe disponible pour les autres. En outre le KCE recommande plus de transparence dans les évaluations économiques ainsi que dans les critères de décisions utilisés par les décideurs. En tout état de cause l’efficience économique devrait systématiquement faire partie de ces critères (1)
Cleemput I., Neyt M., Thiry N., De Laet C., Leys M., Valeurs seuil pour le rapport coût-efficacité en soins de santé, Health Technology Assessment (HTA). Bruxelles: Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE); 2008. KCE Reports 100B (D/2008/10.273/95).
Le texte intégral de ces recommandations est disponible sur le site internet du KCE : https://www.kce.fgov.be (rubrique «publications») sous la référence KCE Reports vol 100B.
Communiqué de presse du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE, 14/01/2009) (1) Une première pour le KCE, ce centième rapport a fait l’objet d’une conférence le 16 mars dernier, au cours de laquelle une dizaine d’experts ont eu l’occasion de réagir après une description très didactique du concept par Irina Cleemput . Constatation évidente, l’attention se focalise toujours de manière quasi exclusive sur les traitements, en particulier sur les médicaments. Heureusement pour ceux qui croient encore aux vertus de la prévention, Christian Léonard (KCE) au sein du panel et Myriam De Spiegelaere (Observatoire de la santé et du social de Bruxelles) dans la salle ont réagi à ce discours un peu trop ronronnant. Quant au Dr Raf Mertens (Mutualités chrétiennes), il fit une démonstration par l’absurde des dangers du concept quand il donne des arguments à l’industrie de la santé pour justifier des prix élevés pour ses produits plutôt que pour permettre une gestion rationnelle des ressources par les pouvoirs publics – une démonstration que certains dans la salle ont prise au pied de la lettre!

Actualiser la promotion de la santé. La parole aux politiques

Le 30 Déc 20

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Fin mars, l’APES-ULg a invité des professionnels, des scientifiques, des fonctionnaires et des décideurs politiques à un séminaire au propos ambitieux: actualiser la promotion de la santé à la croisée des disciplines et pratiques.
Vingt-cinq personnes n’ont pas hésité à sacrifier une partie de leur weekend pour présenter un projet ou exprimer des réflexions leur tenant à cœur, dans le cadre très confortable et propice aux débats de la salle des professeurs de l’Université de Liège.
Au départ d’un bref diagnostic de la situation actuelle de la promotion de la santé en Communauté française, présenté par Chantal Vandoorne (APES-ULg) sur base d’une note très pertinente de Gaëtan Absil (APES-ULg), cinq réalisations ont été décrites:
-faire participer les usagers des services de santé: quels appuis pour les associations et les professionnels ( Micky Fierens , Ligue des usagers des services de santé);
-un programme de promotion de la santé cardiovasculaire à la croisée entre concertation et planification ( Yves Coppieters , Cap cœur ULB);
-une démarche d’auto-évaluation d’un programme centré sur l’alimentation en maisons médicales ( Marie Christine Miermans , Intergroupe liégeois des maisons médicales);
-la dédifférentiation du curatif et du préventif dans le champ de la santé mentale ( Gaëtan Cerfontaine et Frédéric Schoenars , Centre de recherche et d’interventions sociologiques de l’ULg);
-enfin une recherche-action dans les consultations prénatales de l’ONE: vers un dispositif de soutien à la parentalité et de prévention des risques psychosociaux ( Gaëtan Absil , APES-ULg).
Nous reviendrons plus en détail sur ces présentations dans les prochains mois.
Le moment le plus intéressant de la matinée fut incontestablement l’échange avec quatre politiciens, Paul Galand (Écolo), Jacques Gennen (PS), Muriel Gerkens (Écolo) et Yves Reinkin (Écolo).
Le premier, président sortant de la Commission Santé, Matières sociales et Aide à la Jeunesse du Parlement de la Communauté française, rappela d’emblée, à juste titre et sans acrimonie, que le secteur non-marchand, si prompt à déplorer la méconnaissance voire l’indifférence du monde politique à l’égard de son travail, se limite le plus souvent à des contacts avec l’exécutif qui délie les cordons de la bourse. Il aurait pourtant beaucoup à gagner à des relations plus suivies avec le législatif.
Il rappela aussi que les travaux du Parlement sont tout à fait accessibles au public, physiquement lors des séances ou par Internet.
Il souligna également le rôle positif des experts, qui pèsent aujourd’hui plus qu’hier sur les décisions d’investissements en santé, sans oublier la régulation de l’allocation des ressources par la ‘vigilance démocratique’ des partis entre eux qui limite les risques d’instrumentalisation politicienne de la santé publique.
Par rapport au bilan du Gouvernement sortant, il déplora l’échec selon lui du décret PSE, qui, déjà peu ambitieux au départ en matière d’évolution de la médecine scolaire vers la promotion de la santé, a complètement laissé cette dynamique de côté au profit d’une vision purement gestionnaire des services; il regretta aussi le cavalier seul tout récent de la Communauté française en matière de dépistage du cancer colorectal.
Pour sa part, Jacques Gennen constata que les manques pointés en promotion de la santé se retrouvent aussi au niveau politique, tels que la faiblesse de la concertation et des synergies entre niveaux de pouvoir pourtant complémentaires.
Muriel Gerkens, députée fédérale, présidente de la Commission Santé publique, Environnement et Renouveau de la Société, confirma tout l’intérêt des travaux préparatoires aux débats parlementaires (elle a qualifié ironiquement ces derniers de ‘jeux de rôle’) et donc de la possibilité offerte aux experts et porteurs de projets de peser en amont sur les choix de société que décideront les élus.
Elle rappela aussi qu’il n’est pas simple de développer une politique de santé publique efficace dans un pays caractérisé par une médecine libérale et par le poids des ‘piliers’.
Parmi les interventions des participants, nous retiendrons celle de Florence Parent (École de Santé publique ULB), qui constate que la masse critique des soignants libéraux balaie les modestes velléités de développer une politique de prévention, tout en se désolant dans la foulée de ce que la formation des médecins soit au mieux purement cognitive, voire simplement procédurale, sans que rien ne soit fait pour stimuler leurs compétences au niveau psychosocial.
Pour sa part, Hervé Lisoir (Fondation Roi Baudouin) estima que le secteur de la promotion de la santé a un besoin urgent de développer une démarche didactique vers les décideurs, qui n’en intègrent pas les principes dans leur action quand bien même ils se sentent et disent concernés…
Ne croyez pourtant pas à la lecture de ce qui précède que l’ambiance était morose au terme de cette discussion stimulante. Un peu de lucidité ne fait jamais de tort, même si, comme le disait Jacques Gennen, le débat du jour ouvrait plus de questions qu’il n’apportait de réponses!
Christian De Bock

Semaine de la vaccination 2009: focus sur la coqueluche

Le 30 Déc 20

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Depuis plusieurs années, la Communauté française participe à la Semaine européenne de la vaccination proposée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) région Europe. Cette année, la promotion de la vaccination contre la coqueluche a fait la une car il y a du neuf pour les adolescents et les jeunes adultes!
La coqueluche est une maladie très contagieuse, provoquée par une bactérie appelée bacille coquelucheux ( Bordetella Pertussis ). Elle se transmet par les postillons de salive émis lorsqu’on tousse et éternue. Elle se caractérise par de violentes quintes de toux qui peuvent entraîner des difficultés respiratoires et des vomissements. C’est une maladie grave. Pour le jeune enfant, elle peut être mortelle avant l’âge de 6 mois car les quintes de toux peuvent provoquer des arrêts respiratoires ou cardiaques.
Des études récentes ont montré que les nourrissons qui vivent entourés d’adultes bien vaccinés risquent moins de faire la coqueluche. Les adolescents et les jeunes adultes qui attrapent la maladie risquent de la transmettre à de très jeunes nourrissons, qui ne sont pas encore complètement protégés par la vaccination.
C’est pourquoi les experts recommandent la vaccination contre la coqueluche en 4 étapes: chez les nourrissons (administration de 4 doses, dès l’âge de 2 mois), chez les enfants de 5-6 ans et les adolescents de 14-16 ans, une dose de rappel chaque fois et, enfin, la vaccination dite «cocoon» à toute personne en contact avec les nourrissons (une dose de rappel).
Depuis 2001, en Communauté française, la vaccination diphtérie-tétanos-coqueluche-poliomyélite des nourrissons et des enfants de 5-6 ans est mise en place. Les vaccins Infanrix-hexa® et Tetravac® sont disponibles dans le circuit de distribution de vaccins organisé par la Communauté.
La nouveauté, c’est que depuis le 1er avril 2009, le vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche, le Boostrix®, est en partie remboursé par l’INAMI pour
-les adolescents de plus de 16 ans qui n’ont pas pu bénéficier de la dose de rappel recommandée entre 14 et 16 ans;
-les familles avec un projet parental et à l’occasion d’une grossesse: les parents ou futurs parents du nouveau-né qui n’ont pas reçu de rappel à l’âge de 14-16 ans ainsi que les membres de la fratrie entre 16 et 18 ans dont la vaccination n’est pas à jour.
Pour ces personnes, le coût du vaccin est de 5,18 € (3,11 € pour les bénéficiaires de l’intervention majorée), au lieu de 20,71€.
À la prochaine rentrée scolaire, le programme de vaccination de la Communauté française renforcera son action en faveur de la vaccination contre la coqueluche à 14-16 ans car le vaccin (Boostrix®) nécessaire à cette vaccination de rappel sera gratuitement disponible via le circuit de distribution des vaccins de la Communauté française pour tous les élèves de 4e secondaire.
À l’occasion de cette semaine européenne, le programme de vaccination a souhaité également sensibiliser, de façon ludique, le public des 14-40 ans à l’importance du bilan vaccinal. Sur le site internet https://www.provac.org , un test simple permet de découvrir les vaccins conseillés en fonction du profil, du mode de vie et de l’activité professionnelle. Il invite chacun à en discuter avec son médecin.
D’après un communiqué de presse de Provac

Ma santé dans un monde informatisé

Le 30 Déc 20

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Il y avait beaucoup de monde pour assister le 25 mars dernier à la matinée de réflexion ‘Ma santé dans un monde informatisé’ que nous proposait le Comité consultatif de Bioéthique de Belgique.
Les ‘présents’ avaient bien raison! En effet, il nous a rarement été donné d’apprécier une organisation d’une telle qualité: lieu adéquat, confortable, très facilement accessible (l’Auditorium du Passage 44, rafraîchi récemment); respect scrupuleux de l’horaire prévu; questions intelligentes de la salle; et, bien évidemment, conférenciers aussi intéressants que complémentaires, deux Flamands et deux francophones.
Après un bref hommage à l’ancien président du Comité Léon Cassiers , disparu quelques jours auparavant, il appartenait à un juriste, Stefaan Callens (KUL), de démarrer les travaux en dressant un état des lieux de la législation en matière de secret professionnel et de respect de la vie privée ainsi que des droits du patient, des débuts du XIXe siècle à la toute récente loi du 21 août 2008 relative à l’institution et à l’organisation de la Plate forme e Health .
Ségolène Aymé (petite-nièce de Marcel Aymé), généticienne et directrice de recherche à l’INSERM, présenta les principales tendances du net en matière d’information médicale, avec l’exemple impressionnant du site Orphanet dont elle s’occupe, et qui donne des informations fiables sur plus de 5.800 maladies rares et les médicaments orphelins. Un formidable outil de connaissance, de formation et d’amélioration de la qualité des soins, déjà accessible en 5 langues, et dont elle nous annonce la disponibilité dans toutes les langues de l’Union européenne d’ici la fin 2010!

Le Comité consultatif de Bioéthique de Belgique

Créé par l’Accord de coopération du 15 janvier 1993 signé par l’État fédéral, les Communautés et la Commission communautaire commune de la Région de Bruxelles-Capitale, le Comité a une mission consultative et informative dans le domaine des problèmes bioéthiques.
Il remet des avis à la demande des présidents des assemblées parlementaires, des ministres des gouvernements fédéral et communautaires, des organismes de recherche, des établissements de soins, etc. Il peut aussi rendre un avis de sa propre initiative.
Il est composé de 35 membres effectifs avec voix délibérative, et de 8 membres avec voix consultative.
Ses avis sont consultables et téléchargeables sur son site Internet. Il dispose aussi d’un centre de documentation accessible les jours ouvrables sur rendez-vous. Le catalogue de sa bibliothèque est accessible via les sites https://www.vesalius.be et https://opac.libis.be .
Comité consultatif de Bioéthique de Belgique, rue de l’Autonomie 4, 1070 Bruxelles. Tél.: 02 525 09 11. Courriel: bioeth-info@health.fgov.be. Internet: https://www.health.fgov.be/bioeth

Elle souligna aussi les enjeux moraux d’une diffusion efficace de l’information qui permet aux moins favorisés de constater de façon cruelle la faible accessibilité à l’échelle planétaire des prises en charge les plus pointues ou onéreuses en matière de santé…
Rudy Van de Velde (UZ Brussel), dans un exposé aussi dense que remarquablement illustré nous expliqua les formidables potentialités qu’offrent les technologies de l’information en matière d’amélioration de la qualité des soins. Les TIC imposent aussi dans les faits l’abandon du vieux modèle paternaliste de la médecine pour un modèle coopératif de la santé.
Pour tempérer quelque peu son enthousiasme, François André Allaert (Chaire d’évaluation médicale à l’École supérieure de commerce de Dijon) mit quant à lui l’accent sur les risques multiples que la grande dépendance aux technologies de l’information nous fait courir: accidents, erreurs, centralisation maniaque des données, malveillance et criminalité. De quoi frémir!
Sa démonstration était vivante, illustrée d’exemples très parlants, comme ces listings de données médicales ‘périmées’ qu’on retrouve dans les écoles maternelles pour permettre aux artistes en herbe de jolis coloriages: bonjour la confidentialité de données sensibles!
Pour clôturer en beauté, quatre comédiens improvisateurs, deux francophones ‘ Les indésirables’ et deux Flamandes, ‘ Inspinazie’ , nous proposèrent leur lecture caricaturale, mais aussi pleine de bon sens, des dérives auxquelles une confiance un peu trop aveugle dans le ‘progrès’ peut nous mener.
Une matinée stimulante, et terminée par une saine rigolade: dommage que ces conférences n’aient lieu que tous les deux ans!
Christian De Bock

Au coeur du travail des Services d’Aide en Milieu Ouvert

Le 30 Déc 20

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Vous avez dit AMO?

En Belgique, on compte trois textes législatifs relatifs à la jeunesse: les lois de 1912 et 1965, et le décret de 1991. Les deux premières visaient la protection des mineurs, qu’ils soient victimes de maltraitance ou coupables de délits, tandis que le troisième aborde la problématique de la jeunesse en termes d’aide spécialisée, complémentaire à l’aide sociale au sens large, donnant ainsi la priorité à la prévention et à l’aide dans le milieu de vie.
Le secteur de l’aide à la jeunesse a déterminé une politique de prévention dont l’objectif est double:
– donner le droit à chacun de mener une existence digne, reconnaître ce droit à l’autre, promouvoir des conditions permettant de ne pas avoir recours à la violence;
– veiller à ce que les réactions des personnes à l’accumulation de micro-violences ne les amènent pas à des actes répréhensibles contre les autres ou contre eux-mêmes.
Pour les AMO, tout comme pour les services de promotion de la santé, il s’agit de travailler sur les causes et le contexte des difficultés rencontrées par les jeunes et leur famille plutôt que de se concentrer sur leurs manifestations. Les projets que mènent les AMO s’inscrivent donc dans une logique de travail préventif et non curatif.
Les AMO ont d’ailleurs dans leurs missions l’aide préventive des jeunes dans leur milieu de vie et dans leurs rapports avec l’environnement social. Leur objectif est de leur permettre de s’inscrire le plus harmonieusement possible dans cet environnement, surtout lorsqu’il est difficile.
Les AMO agissent partout où le jeune vit: famille, école, quartier, communauté ethnique… Elles s’y inscrivent dans un esprit de partenariat et de collaboration ainsi que dans le respect des attributions des autres institutions qui oeuvrent pour le jeune et autour de lui.
Tout jeune de moins de 18 ans qui a besoin d’aide, de conseils ou d’écoute ou qui éprouve des difficultés peut faire appel à un Service d’Aide en Milieu Ouvert, ainsi que toute personne, parent ou familier qui rencontre des difficultés dans l’éducation ou la relation avec un enfant.
L’AMO travaille à la demande, de façon libre et non contraignante. L’aide qu’elle accorde ensuite est gratuite, confidentielle et anonyme. Aucune information envers une instance de décision ne peut être transmise sans l’accord et la demande formelle du jeune.
Les Services d’Aide en Milieu Ouvert sont soit privés et constitués en asbl, soit organismes publics dépendant d’un CPAS. Ils sont subventionnés par la Communauté française. Il en existe environ 80 à Bruxelles et en Wallonie.
Les AMO dispensent de l’aide de deux manières.

L’aide individuelle

Il s’agit d’une aide sociale et éducative visant à favoriser l’épanouissement du jeune dans son environnement social et familial, de manière à prévenir toute rupture ou dégradation de situation avec cet entourage et cet environnement, ou à éviter toute aggravation de ruptures existantes.
C’est un travail d’écoute, d’accompagnement et d’orientation, et une intervention socio-pédagogique pour aider le jeune dans différents domaines (social, scolaire, familial, économique…). En outre, le service l’accompagne dans la mise en œuvre de projets personnels et opère un travail de médiation entre le jeune et sa famille, ainsi qu’un travail de soutien à celle-ci dans l’exercice de ses responsabilités parentales.

L’action communautaire

L’action communautaire vise à améliorer l’environnement social des jeunes, à apporter une réponse globale à des problèmes individuels et à développer une dynamique de réseau et de communication sociale. Elle se fonde sur:
– l’analyse des demandes d’aide individuelle et collective ainsi que des diverses problématiques soulevées par celles-ci;
– l’analyse du contexte sociologique, des logiques d’action et des dynamiques de complémentarité des différents intervenants politiques, institutionnels, administratifs et associatifs du territoire géographique d’action couvert par le service;
– le constat des difficultés rencontrées généralement par les demandeurs dans l’accessibilité, l’utilisation et le fonctionnement des services sociaux, administratifs ou autres infrastructures existantes.
Le service relaie les demandes et l’expression des jeunes auprès des instances politiques, sociales, administratives ou associatives, et informe ou interpelle ces mêmes instances dans le cadre de son activité de prévention.

À la rencontre de deux AMO en Province de Liège…

La Teignouse

Carte d’identité de la Teignouse

Forme : asbl agréée par la Communauté française, secteur Aide à la Jeunesse, membre de la Fédération des institutions et services d’aide aux adultes et aux jeunes (FISSAAJ) et du Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse de Huy (CAAJ).
Création : 1989.
Territoire : région Ourthe-Amblève.
Population : mixte de 0 à 18 ans.
Mission : aider préventivement le jeune et sa famille.
Concepts clés :
Proximité : aller à la rencontre de l’autre, là où il est. Exemple: l’AIR Bus est un bus aménagé en local mobile d’animation et de rencontre qui permet d’aller vers les personnes résidant en camping et en cité.
Humanisme : mettre la personne humaine dans sa globalité au centre de l’intervention et de la relation. Lui permettre de prendre conscience de ses ressources plutôt que de ses manques et de s’en servir pour être acteur de ses projets. Exemple: création et gestion d’un magasin de seconde main par un groupe de mères.
Partenariat : mise en commun des ressources d’une région afin d’offrir un service maximum aux usagers sans créer de double emploi, et avec un minimum de moyens. Exemple: participation au travail de coordination du service régional de prévention et à la coordination sociale Ourthe-Amblève.
Composition : équipe pluridisciplinaire et polyvalente (logopède, assistantes sociales, éducateur/trice, animateur/trice).
Partenariats : avec les services régionaux (CPAS, services d’aide à la jeunesse, services psycho- sociaux, services de promotion de la santé…).

Le travail de La Teignouse s’articule autour de 6 axes.

Accrochage scolaire

L’objectif est de réconcilier les enfants avec les apprentissages par la mise en place d’accompagnement scolaire, d’ateliers, d’activités et projets divers, mais aussi par la mise en place d’une étroite collaboration entre parents, intervenants et acteurs scolaires et la mise en place de remédiation scolaire.
Public cible : enfants de 5 à 15 ans .

Projet de promotion de la santé et du bienêtre

Le projet ‘Consommation, dépendance et bien-être, de la recherche de sens à l’élaboration de projets’ vise à comprendre le sens que donnent les jeunes à certaines de leurs conduites, pour pouvoir, avec eux et avec les adultes qui les entourent, promouvoir des projets de santé et de bien-être. Dans ce cadre, des outils tels que DVD sur « les jeunes et l’alcool », document sur l’inhalation de solvants… ont été créés.
Public cible : 12- 18 ans , parents , équipes éducatives .

Projet Parentalité

‘Parole de parents’ a pour objectif de réduire le fossé entre familles et écoles via des groupes de parole, des interviews, des ateliers de soutien à la parentalité…
Ce projet est soutenu par le Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse de Huy et l’Aide à la Jeunesse de la Communauté française dans le cadre de la prévention générale.
Public cible : parents des différentes communes de la région , soucieux de réfléchir ensemble et / ou ayant fait appel au service .

Prévention en milieu scolaire

Cet axe de travail comprend la construction de projets de prévention avec les équipes éducatives (direction, enseignants, PSE, CPMS…), les parents, les enfants et les jeunes.
Les projets visent à aborder différentes thématiques telles que les consommations diverses et les dépendances, la violence, la santé et le bien-être…
Public cible : enfants , jeunes , équipes éducatives , parents .

Accompagnement individuel

Le service propose au jeune ou à l’enfant un accompagnement à un moment de crise, avec lui-même et/ou avec son environnement. Cet accompagnement doit lui permettre de structurer sa démarche, d’être guidé vers des structures aptes à répondre à sa demande.
Public cible : jeunes , familles résidant dans une des communes de la région .

Travail de quartier

Ce travail doit permettre de créer du lien social et de la convivialité entre les habitants, quel que soit leur âge et leur origine, de participer à l’amélioration de l’image du quartier et de proposer des lieux et projets améliorant la socialisation et l’estime de soi.
Public cible : enfants , jeunes , parents .
En termes d’outils, La Teignouse développe des programmes de prévention à destination des écoles primaires et secondaires sur des thématiques telles que l’argent, la publicité, la consommation, la prévention à la violence, la prévention des assuétudes, la sécurité…

Plus concrètement, deux projets…

Pas d’conso à gogo

10-12 ans, c’est l’âge où les enfants commencent à recevoir de l’argent de poche. C’est aussi l’âge où ils sont la cible privilégiée des publicitaires parce que leur intégration dans un groupe se mesure à la marque de leur GSM, de leurs mallettes… S’ensuit alors une course à l’acquisition, au «tout, tout de suite». Tout cela dans un environnement où le recours au crédit est banalisé et où l’endettement guette un nombre croissant de personnes.
C’est la période idéale pour amener ces enfants à réfléchir à l’usage qu’ils font de l’argent. L’heure est venue de les éduquer à la consommation, de les aider à discerner leurs besoins de leurs envies, à gérer leur frustration, à décoder les stratégies marketing et à poser des choix responsables dans le but de prévenir la surconsommation et l’endettement.
Dans cette optique, La Teignouse a élaboré un jeu coopératif abordant ces sujets de manière ludique, permettant ainsi à chacun de réfléchir à son propre fonctionnement en matière de consommation.
«Pas d’conso à gogo» est une valisette comprenant un carnet de bord destiné à aider l’adulte à trouver des pistes de réflexion, un carnet de bord pour les enfants destiné à leur rappeler les notions abordées lors des animations et à apprendre par des exercices ludiques. La valisette est en vente au prix de 15 euros.
Pour en savoir plus ou pour commander la valisette, contactez La Teignouse AMO, 17c Clos Nolupré à 4170 Comblain-au-Pont, 04 369 33 30, amo@lateignouse.be.
Heures d’ouverture: le lundi de 9 à 16h; du mardi au vendredi, de 9 à 18h et sur rendez-vous.
Un formulaire de commande est aussi disponible en ligne: https://www.lateignouseamo.be/commande_consogogo.html

Ce soir on sort, chacun sa fête!

Les consommateurs d’alcool sont de plus en plus jeunes, le phénomène du «binge drinking» (1) augmente, les occasions de faire la fête se multiplient pour les jeunes qui, de plus en plus souvent, adoptent des comportements à risque.
La Teignouse a voulu, avec son projet «Ce soir on sort, chacun sa fête!», donner la parole aux jeunes afin de comprendre le sens de ces consommations, de provoquer une discussion, de confronter les avis. Ainsi, La Teignouse s’est adressée aux équipes éducatives de divers établissements scolaires de sa région, travaillant avec des jeunes de 15 à 17 ans, âge des premières sorties.
Deux écoles ont souhaité prendre part au projet. Ce dernier a été présenté à l’ensemble des élèves des deux établissements. Il leur a été proposé de participer à des groupes de parole concernant les sorties et l’alcool. Environ cinquante jeunes volontaires ont été interrogés et ont livré leurs impressions sur la prévention, ont partagé leurs représentations de la fête, des consommations d’alcool et des dangers qu’elles peuvent engendrer. Des grandes tendances ont été tirées de ces entretiens, et une première synthèse a été validée par les jeunes eux-mêmes.
La parole a ensuite été donnée aux parents, souvent mentionnés par les jeunes. Les réponses apportées et les échanges d’idées ont permis de confronter les représentations des jeunes et celles des adultes.
C’est suite à cela qu’un document (2) constitué de plusieurs points de vue (y compris celui de professionnels de la santé) a été élaboré, dans le but de donner un éclairage sur le phénomène de la consommation d’alcool et des conduites à risque des jeunes en milieu festif. Il se veut une base de réflexion et de débat. Outre la confrontation des points de vue, le document propose quelques pistes de réflexion pour les acteurs de prévention.
Par la suite, un DVD a été réalisé grâce au concours de différents groupes de jeunes ayant accepté d’être filmé lors de leurs sorties. Ce DVD est un outil utilisé lors de rencontres, de conférences ou de séances d’information à destination de groupes de jeunes et/ou d’adultes.
Avec ce projet, La Teignouse souhaite, dans un premier temps, proposer un accompagnement à la lecture des comportements des jeunes, qui puisse déboucher, dans un second temps, sur un travail en amont avec les adultes et les jeunes, la mise en place de projets pertinents dont l’objectif serait de favoriser des conditions de bien-être.
Ainsi, des séances de sensibilisation à destination des adultes ont été organisées, et dans les deux écoles participantes, des actions ont permis de valoriser des consommations saines et de basculer les références, comme la mise sur pied, avec les jeunes, d’un stand attractif de boissons soft lors d’un bal de rhéto ou Aqua-Fiesta, manifestation organisée à la fin des examens ayant pour objectif de proposer des alternatives à la consommation d’alcool.
Le projet n’est pas terminé puisqu’il doit encore être évalué dans les écoles participantes. D’autres actions devraient encore être mises en place.
En outre, l’AMO a pour ambition de contacter les Maisons de jeunes, mouvements de jeunesse… afin de toucher les différents milieux de vie des jeunes.
En parallèle à ces différentes actions, La Teignouse gère une plate-forme régionale sur le même thème, regroupant des intervenants du monde scolaire, de la santé, du domaine social et judiciaire…
Pour en savoir plus sur ce projet ou pour commander le recueil de paroles , contactez La Teignouse AMO , 17c Clos Nolupré à 4170 Comblain au Pont , 04 369 33 30 , amo@lateignouse.be, https://www.lateignouseamo.be . Heures d’ouverture : le lundi de 9 à 16h ; du mardi au vendredi , de 10 à 18h et sur rendez vous .

Mille Lieux de Vie

Carte d’identité de Mille Lieux de Vie

Forme : asbl subsidiée par la Communauté française (Aide à la Jeunesse).
Création : 1993.
Territoire : Huy et les communes avoisinantes.
Population : mixte de moins de 20 ans.
Missions : aider les jeunes à découvrir leurs ressources et celles de leur environnement; faire entendre le point de vue des jeunes et de leur famille auprès de différentes instances (suivi individuel et/ ou familial, accompagnement de projets de groupe, soutien à la création d’actions au niveau d’un quartier, d’une commune).
Concepts clés :
Déontologie : ensemble de notions, de principes prépondérants dans les actions développées par le service et qui reflètent les valeurs mises en avant par celui-ci. La collaboration entre services s’effectue compte tenu du rôle, mais aussi des compétences de chacun. Cette coopération se fait dans le respect du secret professionnel et avec l’accord des personnes concernées, à savoir le jeune et sa famille. Ce sont d’ailleurs les personnes concernées qui donnent le feu vert au service pour qu’il puisse contacter un autre intervenant apte à répondre à leurs questions. Le service est particulièrement attentif au fait de n’autoriser que le passage d’informations indispensables. Il refuse de collaborer, d’être associé aux pratiques développées par des dispositifs sécuritaires.
Respect de la personne : tout individu quel qu’il soit a des droits, dont celui d’être différent, il est capable de changement et il a des ressources. Chaque jeune, chaque famille, chaque communauté que le service rencontre a un vécu, un fonctionnement, des valeurs et des ressources qui lui sont propres. Si le personnel de l’AMO a des références méthodologiques, il n’a par contre aucun modèle à faire valoir dans ses interventions, aucune recette universelle à fournir. Les processus d’accompagnement mis en place avec les intéressés varient donc en fonction de chaque situation, tant au niveau de leur forme que de leur intensité.
Esprit d’équipe : l’AMO est un équipage, un groupe de personnes qui s’associent et s’unissent pour travailler ensemble, dans un même but, au service d’une ‘structure commune’. Le partage de travail est le fruit de discussions en équipe. Chaque membre de l’équipe éducative est garant du suivi des activités dont il a la charge, compte tenu du projet pédagogique en application dans le service. Il doit, dans ce cadre, pouvoir faire preuve d’initiative et de prise de responsabilité. Néanmoins chaque projet est discuté en réunion d’équipe pour que ces prises d’initiatives et de responsabilités soient partagées.
Composition : service de 4 personnes composé d’assistants sociaux et d’éducateurs.
Partenariats : services d’aide à la jeunesse, services psycho-médico-sociaux, écoles, centres de planning familial, CPAS, pouvoirs politiques locaux.

Le travail de Mille Lieux de Vie s’effectue à différents niveaux.

L’aide individuelle

Le service accompagne les personnes qui vivent des difficultés ponctuelles ou récurrentes, qui perturbent leur équilibre personnel et/ou familial.
Mettre des mots sur une difficulté, être écouté, rompre l’isolement constituent pour certaines personnes qu’il rencontre une aide en soi. Pour d’autres, son intervention consistera à les amener à prendre conscience des capacités qu’ils ont à résoudre le problème vécu et à identifier les ressources existantes dans leur environnement.

Les actions communautaires

Le service travaille dans des quartiers à habitations sociales de communes avoisinantes, en partenariat avec divers organismes locaux et les instances communales. Il aide les habitants à découvrir et à exploiter leurs capacités à se mobiliser, à s’unir pour la réalisation de projets communs.
Son action vise aussi à relayer et défendre les intérêts des populations qu’il côtoie. Cette mission d’interpellation vise à permettre à l’individu d’émerger en tant que sujet social et à augmenter ses potentialités afin qu’il puisse participer, en tant que citoyen, au changement social.
Les projets avec la communauté scolaire
Le service mène ce type de projets dans le but de prévenir ou enrayer des problématiques vécues au sein de l’école (violence, toxicomanie, racisme…).

Deux projets sous la loupe

Participe présent

Il arrive souvent que les jeunes pallient les difficultés de la vie et l’absence de satisfaction personnelle par des produits tels que la cigarette, l’alcool ou la drogue. L’utilisation de ces psychotropes a pour effet “de supprimer certaines expériences désagréables et d’amplifier celles qui sont agréables.” Les élèves s’assujettissent alors à l’expérience que leur font vivre ces substances.
À l’heure actuelle, la consommation de cigarettes, de drogues et d’alcool progressent fortement parmi les jeunes adolescents.
L’asbl Mille Lieux de Vie , considérant l’école comme un milieu de vie du jeune, a décidé d’axer son action sur la prévention des assuétudes en milieu scolaire.
Le projet «Participe présent» a été initié en 1999 à l’Athénée royal Prince Baudouin de Marchin. Il s’est ensuite développé dans d’autres établissements primaires et secondaires de la région hutoise.
Sa particularité: plutôt que d’aborder le problème sous l’angle de la mise en garde ou du jugement moralisateur, l’association a décidé de privilégier, à partir d’une valise pédagogique fournie à chaque enseignant, une approche centrée sur les personnes, de façon à leur offrir un espace de dialogue. Ainsi, plutôt que de s’attarder sur les manifestations des assuétudes, c’est l’examen des causes et des contextes d’apparition qui est privilégié. L’objectif n’est donc pas de diaboliser ces comportements mais bien d’aider le jeune à poser des choix par lui-même, à identifier de quelles dépendances il veut se préserver afin de trouver un équilibre qui lui assure un certain bien-être.
Le programme comprend 3 axes de travail:
– un module de sensibilisation destiné aux professeurs désireux de mener des animations au sein de leurs classes. Les animations ont pour but de favoriser le dialogue entre les étudiants et leurs professeurs, amenés à débattre ensemble des facteurs à prendre en compte dans la prévention des assuétudes. Une mallette pédagogique contenant les outils nécessaires leur est fournie.
– une présence active au sein du Conseil de Participation pour donner un caractère institutionnel au projet et encourager sa pérennité. Trois rencontres sont envisagées: une en début d’année afin d’informer les membres de l’application du projet au sein de l’école; une en cours d’année pour les sensibiliser aux différents facteurs à prendre en considération dans la prévention des assuétudes; et une dernière en fin d’année pour faire le point sur le déroulement du projet et les perspectives envisageables.
– un accompagnement à la mise en place d’un groupe de réflexion et de travail sur la prévention des assuétudes, composé de représentants de la direction, du corps professoral, des éducateurs et du CPMS. Ce groupe de travail a en charge la coordination des actions entreprises au sein de l’école.
Parallèlement à cela, une rencontre avec les parents est organisée pour les informer du projet en cours dans l’école de leur enfant et les sensibiliser au rôle essentiel qu’ils occupent dans la prévention des assuétudes.
Pour en savoir plus sur ce projet, contactez l’AMO «Mille Lieux de Vie», rue Montmorency 1 à 4500 Huy, 085 24 00 38, millelieuxdevie@hotmail.com. Permanences les lundi, mardi, jeudi de 10 à 12h et de 16 à 18h; les mercredi et vendredi de 12 à 14h.

Jeunes d’Amay Quartier Rorive

Ce projet a débuté en octobre 2006. Il a pour objectif de permettre aux adolescents de 12 à 18 ans, vivant dans le quartier Rorive et ses alentours, de développer leurs capacités à s’exprimer et à vivre en société. Son ambition est de leur faire découvrir de nouveaux moyens d’action sur eux-mêmes, afin qu’ils puissent les reproduire dans leur vie quotidienne. En outre, ce projet vise à favoriser l’expression des demandes et des besoins des adolescents du quartier.
Pour ce faire, c’est le sport qui est utilisé comme levier de changement. En le pratiquant, les jeunes réapprennent à vivre en harmonie avec eux-mêmes et avec la collectivité.
Un projet «mini-foot» a été lancé. Normal, les jeunes ont une passion commune pour le foot. Le «réseau mini-foot» qui a été créé permet à des jeunes qui fréquentent des associations de la région de se rencontrer. Cette passion les réunit, et leur donne l’envie de construire quelque chose ensemble. Ils se retrouvent sur le terrain de sport du quartier dès qu’ils ont du temps libre.
Ils se réunissent aussi pour construire leur équipe de mini-foot et, dans ce cadre, budgétisent le projet, réfléchissent à l’achat d’un équipement et à la création d’un logo.
Outre ce projet particulier, tous les mercredis après-midi, un animateur est présent dans le quartier, pour discuter avec les jeunes, développer des activités sportives, culturelles ou de détente avec eux.
Pour maintenir et développer le contact avec les partenaires locaux déjà présents sur le terrain, l’AMO participe à des réunions du groupe «PRISCA» qui ont pour objectif de coordonner les actions collectives développées par les différents intervenants socioculturels au sein des quartiers à habitations sociales.
Pour en savoir plus, contactez l’AMO «Mille Lieux de Vie» – rue Montmorency 1 à 4500 Huy, 085 24 00 38, millelieuxdevie@hotmail.com. Permanences les lundi, mardi, jeudi de 10 à 12h et de 16 à 18h; les mercredi et vendredi de 12 à 14h.

En guise de conclusion

« Nos sociétés sont de plus en plus ouvertes : la mobilité y devient la norme , les déplacements de tous ordres y sont permanents . Les frontières s’estompent , les innovations se succèdent à un rythme accéléré , les connaissances nouvelles s’accumulent de manière exponentielle dans tous les secteurs , à tous les niveaux .
Mais des sociétés qui ont fait leur quotidien du changement et de la transformation sont aussi des sociétés traversées d’obligations fortes . Le brassage des références et l’éclatement des modèles rendent difficile la construction identitaire ; le renouvellement accéléré des connaissances rend problématique leur intégration ; l’insuffisance de capacités d’adaptation , de flexibilité , d’autonomie conduit à l’exclusion .
La force et la vitesse des transformations apportent ainsi tout à la fois plus d’opportunités et plus de contraintes . Face à elles , nos sociétés ne sont pas devenues plus égalitaires . Trop de nos concitoyens , surtout jeunes , sont réduits à être des objets voire des victimes de ces changements . Tantôt ils ne participent au mouvement général que comme consommateurs plus ou moins dirigés , tantôt leur désir d’individualisation doit se confronter au respect de traditions trop rigides .
Les déterminismes sociaux et économiques pèsent aussi sur la capacité à être acteur de sa vie . Pour beaucoup de jeunes , l’avenir ne laisse entrevoir que peu d’ouverture , quand il ne se réduit pas purement et simplement à reproduire contre soi ou contre d’autres la violence à laquelle on n’a été que trop exposé , qu’elle soit visible ( comme la maltraitance ) ou moins visible ( comme le rejet ou le mépris ).
Pour de nombreux jeunes et leurs familles , les exigences des sociétés contemporaines entraînent de lourdes difficultés ; elles peuvent compromettre leur développement personnel et leur participation sociale .
À l’heure où il est si déterminant de pouvoir être le sujet de son existence , les pouvoirs publics doivent soutenir , par des institutions appropriées , les capacités des moins favorisés à affronter ces nouveaux défis .» ( 3 )
Les Services d’Aide en Milieu Ouvert, comme La Teignouse et Mille Lieux de Vie , font partie de ces institutions et représentent, nous l’avons vu, un capital d’innovations et d’expérimentations considérable en Communauté française!

(1) Boire pour boire, uniquement pour atteindre l’ivresse.
(2) « Ce soir on sort, chacun sa fête ! Consommation, dépendances et bien-être : de la recherche de sens à l’élaboration de projet », La Teignouse AMO.
(3) Extrait de https://www.aidealajeunesse.cfwb.be/ajss-pro/les-orientationsnbspbrspangenerales-de-laide-a-la-jeunessespan/philosophie-de-laction/

Succès contrastés du programme de dépistage du cancer du sein

Le 30 Déc 20

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Depuis 2001 en Flandre et 2002 en Wallonie et à Bruxelles, le programme national de dépistage du cancer du sein par mammotest offre à toutes les femmes âgées de 50 à 69 ans une mammographie de qualité contrôlée et gratuite.

Contexte

Le but premier du programme est de diminuer la mortalité par cancer du sein en détectant les lésions à un stade précoce et par conséquent d’éviter les traitements mutilants et lourds. Outre la qualité à chaque étape du dépistage et du traitement, une condition indispensable au succès d’un tel programme est une participation massive des femmes. L’Europe contre le Cancer (1) estime qu’elle devrait être d’au moins 70%.
Annuellement, l’Agence Intermutualiste (AIM) rend compte de l’évolution du programme depuis son instauration. Elle étudie la participation au programme et son impact sur le dépistage spontané.
Dans son sixième rapport, le troisième tour du programme (période 2005-2006) est comparé aux tours précédents (périodes 2001-2002 et 2002-2003).
Le recul de six années de programme permet aujourd’hui de mieux appréhender le comportement des femmes face au dépistage organisé ou opportuniste. Une analyse longitudinale de la population cible permet de nuancer les taux de fidélisation et de substitution du dépistage opportuniste au programme organisé et inversement. Par ailleurs, certains critères de qualité comme le pourcentage d’examens complémentaires, le pourcentage de biopsies et de tumorectomies et les délais associés sont également développés dans ce sixième rapport.

Matériel et méthode

Les données proviennent de tous les organismes assureurs et ont été collectées et traitées par l’Agence Intermutualiste (AIM).
Depuis juin 2001, un code spécifique de la nomenclature a été prévu pour la mammographie de dépistage ou mammotest en ajout à celui de la mammographie classique appelée ici mammographie ‘diagnostique’. Étant donné la situation hybride qui existe en Belgique, le rapport désigne par ‘couverture par mammotest’ la participation des femmes au programme de dépistage, par ‘couverture par mammographie diagnostique’, le pourcentage de femmes ayant réalisé un dépistage opportuniste et enfin par ‘couverture totale’, le taux de couverture quel que soit le type d’examen utilisé.
Dans ce sixième rapport, deux périodes de deux ans sont analysées.
La période du 1er janvier 2003 au 31 décembre 2004, appelée ‘deuxième tour’, correspond au deuxième tour complet en Flandre (le programme y a débuté en juin 2001) et au deuxième tour partiel en Wallonie et à Bruxelles (le programme y a débuté en été 2002).
La période du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2006, appelée ‘troisième tour’, correspond au troisième tour complet en Flandre et au troisième tour partiel en Wallonie et à Bruxelles.
Ces deux périodes sont comparées avec le ‘premier tour’, du 1er janvier 2001 au 31 décembre 2002 (cette période correspond approximativement au premier tour ‘presque’ complet en Flandre et au premier tour partiel en Wallonie et à Bruxelles).
Les trois tours de dépistage organisé sont également comparés avec le dépistage opportuniste en 1999-2000.

Résultats

Participation

Après une forte progression de 38% à 50% au cours du premier tour du programme, la couverture totale évolue plus lentement à partir du deuxième tour (56%) et atteint 59% en 2005-2006. 71% des femmes se sont pourtant fait examiner entre 2001 et 2006. L’enjeu du programme de dépistage sera donc d’amener les femmes non encore examinées à ce jour (29%) à profiter du programme. L’analyse plus détaillée de ces femmes ‘non-répondantes’ au programme permettra sans doute de mieux cerner les freins à la participation au programme organisé.
Les résultats confirment une impression rapportée par le terrain: il semblerait plus facile d’adhérer au programme quand l’habitude de se faire examiner par la filière opportuniste n’existe pas, plutôt que de changer d’habitude et de méthode d’examen.
Comme indiqué plus loin, le programme de dépistage réussit à sensibiliser des femmes qui se soumettaient peu au dépistage opportuniste avant le programme, dont les femmes plus âgées et les femmes défavorisées socialement.

Couverture

Avant le programme de dépistage, en 1999-2000 (2), 38% des femmes participaient spontanément au dépistage opportuniste. En 2005-2006, après 3 tours de programme (6 années), 59% des femmes belges se font à présent examiner via le programme ou via le dépistage spontané. Toutefois, cette couverture totale évolue de plus en plus lentement au fur et à mesure des périodes.
La tendance est la même pour le dépistage organisé: à l’issue du troisième tour, 28% des femmes sont dépistées par mammotest, alors qu’elles étaient 24% en 2003-2004 et 14% en 2001-2002.

Belgique Région flamande Région Bruxelles-Capitale Région wallonne
Couverture totale (en %)
1999-2000 38 33 47 45
2001-2002 50 50 49 49
2003-2004 56 56 51 56
2005-2006 59 62 53 57
Couverture par mammotest ( en %)
1999-2000 0 0 0 0
2001-2002 14 23 0 1
2003-2004 24 35 5 10
2005-2006 28 41 8 10
Couverture par mammographie diagnostique ( en %)
1999-2000 38 33 47 45
2001-2002 35 27 48 48
2003-2004 31 21 46 46
2005-2006 32 21 45 48
Suivi sur les 3 périodes ( en %)
N 836 697 499 995 65 181 271 521
Pas examinées 29 24 28 39
Examinées 1 fois 22 14 18 35
Examinées 2 fois 22 29 22 10
Examinées 3 fois 27 33 32 16
Fidélisation mammotest * ( en %) 6 10 0 , 3 0 , 1
Fidélisation mammographie diagnostique * 13 % 10 28 13

* Pourcentage de femmes ayant eu le même examen les 3 fois.

Populations nouvelle, régulière et perdue

24% des femmes examinées au troisième tour ne l’avaient pas été au second et constituent la population nouvelle. Comme au second tour, 6 femmes nouvellement examinées sur 10 le sont par mammotest. Cet apport de femmes nouvellement examinées est contrebalancé par les 20% de femmes perdues, c’est-à-dire les femmes examinées au second mais plus au troisième tour.
Si l’on considère le comportement à l’encontre du dépistage opportuniste ou organisé des femmes éligibles durant les 6 premières années du programme organisé (N=836.697), 29% d’entre elles ne se sont jamais fait examiner au cours de ces 3 premiers tours de dépistage organisé. 22% des femmes se sont fait examiner une seule fois, 22% deux fois et 27% trois fois (à chaque période donc).

Participation en fonction de l’âge

Avant le programme, en 1999-2000, la différence de couverture en mammographie diagnostique entre les catégories d’âge extrêmes était de 17%. En effet, la participation au dépistage spontané s’élevait à 45% chez les femmes les plus jeunes (50-54 ans) contre 28% chez les plus âgées (65-69 ans). Cette différence diminue au cours du temps mais reste manifeste: au premier tour du programme, elle passe à 14%, au second à 11% et au troisième tour, l’écart de couverture diagnostique entre les catégories d’âge extrêmes se réduit à 9%.
Par contre, le dépistage par mammotest touche de la même façon toutes les femmes quel que soit leur âge. L’écart de couverture entre les tranches d’âges 50-54 ans et 65-69 ans reste inférieur à 1%.
En 2005-2006, grâce au mammotest, l’écart de couverture totale entre les catégories d’âge extrêmes est réduit à 8% – contre 16% en 1999-2000.
Par ailleurs, dans les trois régions, les femmes les plus âgées sont les plus nombreuses à entrer dans le programme et à y être fidèles – 27% des femmes âgées de 65 à 69 ans contre 22% des femmes de 50 à 54 ans.

Participation en fonction du niveau socio-économique

En 1999-2000, la participation au dépistage opportuniste était nettement inférieure chez les femmes bénéficiant du remboursement préférentiel (BIM). En 2005-2006, la participation au dépistage opportuniste reste dépendante du statut socio-économique: 33% des femmes les plus favorisées socialement (non-BIM) sont examinées par mammographie diagnostique contre 25% chez les plus défavorisées (BIM).
Le programme organisé engendre donc une participation au mammotest plus équitable bien qu’il persiste une différence de couverture de 6% entre les femmes plus favorisées socialement (29%) et les autres (23%).
À l’instar des périodes précédentes, les femmes précarisées sont les plus nombreuses à entrer dans le programme – 30% contre 23% pour les femmes non BIM, mais aussi à y renoncer – 26% de femmes BIM perdues contre 23% pour les femmes non BIM – et ce, dans les trois régions du pays. Notons qu’elles sont également moins nombreuses à passer de la mammographie diagnostique au mammotest – 5 % chez les BIM contre 6 % chez les non-BIM.

Discussion

L’efficacité d’un programme dépend entre autres de la large participation de la population cible. L’Europe contre le cancer mentionne comme acceptable une couverture égale à 70 % et recommande de viser une couverture supérieure à 75 %. En effet, un taux de participation de 60% à 100% devrait entraîner une réduction de mortalité de 20% à 40%.
En Belgique, la couverture totale avoisine aujourd’hui les 60%. Elle varie fortement d’une province ou même d’une commune à l’autre (3). La couverture liée au seul dépistage organisé atteint 28% des femmes de 50 à 69 ans après trois tours de programme.
Au cours de la période 2005-2006, le programme voit sa progression fortement ralentie. Le programme recrute moins de nouvelles femmes en 2005-2006 comparé au premier et second tours (sauf à Bruxelles). De plus, les femmes régulièrement examinées remplacent moins la mammographie diagnostique par le mammotest.
Toutefois, en Belgique, le programme s’impose et s’organise dans un contexte d’habitudes et de pratiques de dépistage qui diffèrent d’une région à l’autre du pays.
En Flandre, où les habitudes de dépistage opportuniste étaient moins ancrées, le programme s’est implanté rapidement en recrutant de nouvelles femmes et en remplaçant la mammographie diagnostique par le mammotest. Les femmes se fidélisent au programme: 75% des femmes qui ont effectué un mammotest aux premier et second tours restent dans le programme au troisième tour.
En Wallonie et à Bruxelles, où existaient déjà des habitudes de dépistage opportuniste, le programme de dépistage a du mal à s’imposer. En plus des problèmes techniques qui avaient empêché l’invitation de la totalité des femmes, il semblerait que tant les femmes que les prescripteurs soient difficiles à convaincre de l’intérêt de se faire dépister dans le cadre d’un programme organisé.
La couverture totale atteint 57% en Wallonie et 53% à Bruxelles. Les femmes régulièrement examinées abandonnent peu la mammographie diagnostique pour le mammotest, et le programme recrute peu de nouvelles femmes.
En Wallonie, parmi les femmes qui ont réalisé un mammotest aux deux premiers tours, seulement 48% restent fidèles au programme. À Bruxelles, ce pourcentage monte à 62%.
La population régulière se constitue essentiellement de femmes qui conservent la pratique de la mammographie diagnostique et gardent leur habitude de dépistage opportuniste d’avant le programme.
Le suivi individuel des femmes au cours des trois périodes montre des comportements très différents face au dépistage, qu’il soit opportuniste ou organisé. Nous constatons que la cohorte de femmes examinées n’est pas stable: elles n’adoptent pas chaque année la même attitude face au dépistage. Cette attitude est plus marquée en Wallonie que dans les deux autres régions.
Enfin, le suivi individuel nous permet d’objectiver une impression rapportée par les acteurs du terrain: il est difficile de changer les habitudes des femmes qui se faisaient déjà examiner auparavant. En effet, le suivi de 2001 à 2006 nous apprend que, parmi les femmes qui ont réalisé une mammographie diagnostique aux premier et second tours, la plupart (75%) continuent à pratiquer une mammographie diagnostique au troisième tour et très peu sont recrutées par le programme (11%).

Améliorer la participation au programme

Au cours d’un atelier de réflexion organisé par l’Agence intermutualiste le 26 mars dernier, une quarantaine de personnes ont pu prendre connaissance de ce 6e rapport d’évaluation du programme, présenté par Valérie Fabri (AIM) et Anne Remacle (AIM) qui permet un recul très intéressant après 3 tours complets (du moins en Flandre).
L’intérêt de l’échange résidait aussi dans la possibilité offerte à certains acteurs-clés du programme, en Flandre comme en Wallonie et à Bruxelles, de faire part à l’Agence de leurs desiderata en termes de récolte de données dans le futur, et aussi de suggérer aux mutualités des pistes pour renforcer leurs efforts en vue d’améliorer la participation des femmes (et des professionnels!) au programme.
Sans prétendre que l’idée de génie à laquelle personne n’a songé jusqu’ici a jailli de la discussion, quelques points d’attention ont été soulevés, sur lesquels il est possible de travailler:
-le programme est de qualité (certains radiologues le reconnaissent eux-mêmes, d’autres doivent encore en être convaincus…), utile, et gratuit pour les femmes, choses qu’il serait bon de rappeler plus souvent et avec plus d’emphase;
-cinq publics méritent un effort de communication tout particulier: les généralistes, les radiologues, les gynécologues, les femmes qui n’ont jamais été dépistées et celles qui restent dans le circuit ‘opportuniste’ ou qui sont mal suivies;
-un enjeu important est de connaître les caractéristiques des femmes qui n’ont jamais participé au dépistage et les raisons de leur attitude. Dans les prochains mois, une étude IMA s’attachera ce public particulier afin de fournir de bonnes bases à l’organisation de campagnes mieux ciblées ainsi qu’un outil d’évaluation de ces campagnes;
-la Communauté française pourrait s’inspirer en partie du mode d’invitation choisi par la Flandre, où le programme fonctionne mieux, et qui propose d’emblée un rendez-vous pour effectuer le mammotest, avec une grande souplesse pour en changer si besoin;
-si vous êtes née un jour pair, vous serez contactée une année paire pour le mammotest, une année impaire pour le cancer de l’intestin, et, bientôt, tantôt une année paire tantôt une année impaire pour un frottis: on s’y perd, on risque de faire un impair! Peut-être serait-il bon d’avoir une approche plus intégrée des ‘standards’ préventifs après 50 ans?
-la qualité a un coût en temps nécessaire entre la prise des clichés et la communication du résultat, la plupart du temps ‘rassurant’. La généralisation du mammotest digital doit aller de… pair avec un sérieux raccourcissement du délai (de l’ordre de 3 semaines aujourd’hui, alors que pour une mammographie diagnostique, sans deuxième lecture, sans assurance de qualité, le résultat est connu le jour même…).
Christian De Bock , d’après le rapport de l’AIM, avec l’appui de Valérie Fabri et Anne Remacle

(1) Epidemiological guidelines for quality assurance in breast cancer screening, 2007.
(2) Voir le Rapport AIM n°5 sur le site https://www.nic-ima.be
(3) En Flandre, les communes limbourgeoises de Lommel, Hamont-Achel, Bocholt et Neerpelt et les communes anversoises de Boechout et Lint ont atteint l’objectif de santé flamand à l’horizon 2012 de 75% de couverture, avec en prime une écrasante majorité de mammotests.

Ne vous racontez pas d’histoires. Une campagne nationale pour sensibiliser les jeunes aux problèmes d’alcool

Le 30 Déc 20

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«L’alcool au volant, jamais! Avant, je ne dis pas…» (Coluche)
Après la campagne ‘Alcool et autres drogues, le vrai et le faux’ (1) l’an dernier, l’asbl iDA (information sur les Drogues et l’Alcool) a remis le couvert cette année, toujours avec l’appui de la ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique Laurette Onkelinx, et les moyens – importants – du fonds assuétudes (2).
«Quand l’alcool coule à flots, on est vraiment rigolo», avance iDA, l’ASBL réunissant les trois organisations de coordination sectorielles qui s’occupent des problèmes d’alcool et d’autres drogues en Belgique: FÉDITO wallonne, FÉDITO bruxelloise ainsi que l’asbl flamande VAD (Vereniging voor Alcohol- en andere Drugproblemen).
Et l’asbl iDA de s’empresser d’ajouter: «Ne vous racontez pas d’histoires. Boire trop ne finit jamais bien», avant de renseigner les sites/centres d’appels https://www.infordrogues.be (02 227 52 52) ou https://www.druglijn.be (078 15 10 20).
iDA a fait de son interpellation le leitmotiv de sa nouvelle campagne nationale de sensibilisation des jeunes aux problèmes d’alcool. Elle tend un miroir aux jeunes et s’insère au cœur même de la vie de son groupe cible au travers de spots télé illustrant des fêtes qui dérapent, de bandeaux (vidéo) et de diffusion de messages, par des techniques de marketing viral, sur Facebook, MSN, YouTube, divers blogs, etc.
La campagne vise également les lieux de rassemblement des jeunes (universités, hautes écoles, écoles secondaires, maisons de jeunes, lieux de sorties, etc.) par le biais d’affiches et de cartons de bière reprenant notamment le message «Passer une tournée, ce serait mauvais pour l’économie mondiale».
« Nous estimons qu’il est primordial que les jeunes comprennent ce qui est acceptable en termes de consommation d’alcool et ce qui ne l’est pas . Nous donnons aux jeunes des informations appropriées et des éléments de réflexion pour discuter du sujet . C’est ainsi que nous pouvons progressivement les amener à adopter une attitude critique à l’égard de l’alcool », souligne Marijs Geirnaert , directrice de la VAD.
Ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dépend souvent de l’âge des personnes concernées. Par exemple, en-dessous de 16 ans, la consigne est l’abstinence totale. « À ce sujet les règles sont actuellement peu claires : les moins de 16 ans ne peuvent pas commander une bière au café , mais ils peuvent sans aucun problème aller en acheter une au magasin du coin . Cette situation crée la confusion et les messages envoyés vers les plus jeunes manquent actuellement de clarté . C’est pourquoi l’interdiction de vente aux moins de 16 ans sera bientôt élargie à ces situations .», souligne Laurette Onkelinx .
Les limites d’une consommation d’alcool acceptable dépendent également des situations. « Le caractère problématique d’une consommation d’alcool déterminée n’est pas seulement lié au développement d’une dépendance , il peut viser des situations ou des moments inappropriés : en conduisant un véhicule , au travail , pendant une grossesse , etc .», explique le docteur Serge Zombek , président d’iDA asbl (3).
iDA ne se raconte pas d’histoires non plus: une campagne ne suffit pas à faire changer les comportements. « Mais les campagnes ouvrent des portes en communiquant , d’une manière opportune , sur des thèmes actuels , comme la convention collective du travail 100 du 1er avril 2009 qui stipule que les entreprises du secteur privé doivent mener une politique en matière d’alcool et de drogues à l’horizon du 1er avril 2010 . La nouvelle campagne ne peut que renforcer les initiatives de prévention lancées dans ce cadre », conclut Marijs Geirnaert.

Notre commentaire

Pour toucher les grands adolescents et les jeunes adultes, le ton est cette fois nettement plus agressif que l’an dernier, les deux spots TV jouent clairement la provocation. Si l’objectif de dénormaliser la consommation excessive de boissons alcooliques est tout à fait louable, le moins qu’on puisse dire est que l’agence de communication LDV United n’y a pas été avec le dos de la cuiller.
Dans un premier spot, on voit un homme vomir quelques instants avant d’être embrassé à pleine bouche par une belle blonde, et, dans le second, un jeune cadre (toujours un homme donc), peloter une cliente, uriner dans une plante, bousculer son patron à l’occasion d’un pot bien arrosé.
Ca passe ou ça casse!
Certains estimeront que les jeunes seront réceptifs à une communication exagérée, voire sordide, dans la ligne des vidéos ‘alcool’ postées sur le net et qu’ils plébiscitent. D’autres, plus sensibles à une communication jouant sur la capacité de la ‘cible’ à réfléchir sur sa consommation, trouveront cela particulièrement désolant. Un participant à la conférence de presse de lancement de la campagne, consterné, me confiait: ‘Du vomi, puis du pipi, c’est vraiment de la m…’
Détail croustillant, au moment même où cette campagne ‘anti-alcool’ démarrait, une autre, radio celle-là, et sur un sujet qui n’a rien à voir (l’Internet gratuit le weekend), s’attachait au contraire à normaliser la consommation d’alcool. Le ‘pitch’ étant que le surf de fin de semaine est gratuit dans toutes les villes belges, un jeune homme demande à un autre mec (toujours les hommes, ils savent sans doute pourquoi…), si cela vaut aussi pour Chimay, Grimbergen, Westmalle et Tongerlo (je cite les ‘villes’ de mémoire).
Les paranoïaques penseront qu’Arnoldus a co-financé la chose pour compenser son engagement ‘citoyen’ dans les campagnes ‘Bob’ de l’IBSR!
Christian De Bock

(1) Voir l’article https://www.educationsante.be/es/article.php?id=992 sur notre site.
(2) Pour son travail discret et intelligent sur l’alcoolisme et les jeunes, l’asbl Univers santé travaille toute l’année avec un budget dix fois inférieur à celui de cette seule campagne de 15 jours. Cherchez l’erreur!
(3) Nous reviendrons sur l’intervention nuancée de ce dernier dans un prochain numéro.

Générations en Santé 2008-2012. Un programme Interreg IV qui mobilise neuf partenaires en France et en Belgique

Le 30 Déc 20

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Le programme franco-belge Générations en Santé est une initiative pluri-thématique, alliant observation et action, qui s’inscrit dans la continuité des programmes européens Enquête sur la santé des jeunes et Vers des programmes transfrontaliers de santé . Il mobilise trois provinces belges (Hainaut, Luxembourg et Namur) et trois régions françaises (Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais et Picardie).
Générations en Santé se focalise sur la promotion de la santé chez les jeunes et chez les seniors, sur la connaissance transfrontalière des problèmes de santé et sur le développement d’un pôle transfrontalier de compétences en santé publique. Une série d’objectifs opérationnels ont été fixés (voir encadré page suivante).
Générations en Santé , ce sont aussi des partenaires associés et de très nombreux acteurs locaux (écoles, santé scolaire, associations, pouvoirs locaux, services aux personnes âgées…) mobilisés au sein du programme. Le budget s’élève, pour quatre années, à 4.075.000 euros couverts à 46 % par le Fonds Feder de l’Union européenne. Les autorités nationales, régionales et provinciales (Belgique, France) prennent en charge les 54 % restants.

La promotion de la santé chez les jeunes et les seniors

Coopérer dans la mise en place de programmes de promotion de la santé chez les jeunes et innover en promotion de la santé des seniors constituent deux priorités du programme.
Les enquêtes sur la santé des jeunes réalisées dans le cadre des programmes Interreg II et III ont identifié clairement des priorités communes dans les domaines de la promotion d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique régulière et de lutte contre les assuétudes, en particulier le tabac.
Les indicateurs récoltés montrent qu’en l’absence d’interventions majeures auprès des publics jeunes, la progression de problèmes de santé tels que l’obésité, le diabète, l’hypertension, les maladies ischémiques, les cancers, les problèmes ostéo-articulaires sera inéluctable.
En complément aux efforts nationaux respectifs, la coopération transfrontalière va permettre une amélioration qualitative et quantitative des programmes. Sur base des expériences transfrontalières passées et des recommandations de bonne pratique, le projet stimulera la production commune d’outils d’éducation pour la santé et organisera l’accompagnement transfrontalier de projets d’écoles. Dans les localités proches de la frontière, la création d’activités et de programmes s’adressant plus particulièrement à l’extrascolaire et faisant appel à des ressources transfrontalières est un troisième volet d’intervention.
En ce qui concerne les seniors, les recommandations conjointes de l’OMS/ONU (Madrid 2002) sur le vieillissement se base sur le principe du «Vieillir actif» en préconisant la participation des seniors, le développement de toutes les formes de sécurité et la promotion de la santé tant dans ses aspects préventifs que curatifs. Le projet ‘Healthy Ageing’ de l’Union européenne identifie les thèmes prioritaires: la qualité du travail des travailleurs âgés; le développement du capital social; la santé mentale; l’environnement; la nutrition; l’activité physique; la prévention des accidents; la consommation et les abus (tabac, alcool); le mauvais usage des médicaments; les services de santé préventive.
Des initiatives en faveur de la santé et de la qualité de vie des seniors sont déjà développées aujourd’hui au sein des territoires: le programme ‘Bien vieillir’ en Champagne-Ardenne, les ateliers ‘Equilibre’ dans le Département des Ardennes, les ateliers ‘Intergénérationnels’ sur la mémoire du territoire dans le Nord-Pas-de-Calais, une enquête sur la qualité de vie relative notamment à l’autonomie, la dénutrition, la dépression en Picardie, le support au maintien à domicile et des équipes spécialisées en santé mentale en province de Namur, un répertoire social et un groupement ‘Senior et loisirs’ en province de Luxembourg, les ‘Universités du temps disponible’ en Hainaut.
Ces initiatives sont cependant mises en œuvre de façon isolée et principalement orientées vers l’accompagnement et la prise en charge plus que vers la prévention et la promotion de la santé. L’intérêt et l’efficacité de la promotion de la santé chez les seniors sont établis. Ce champ d’intervention innovant sera par conséquent prioritaire.
Le Forum scientifique et d’échanges de pratiques organisé en clôture du programme Interreg III ‘Santé des seniors’ a aussi montré les demandes, les attentes et les besoins de professionnels en termes de soutien aux aidants naturels, de formation aux nouveaux métiers auprès des seniors, de travail en transfrontalier, de travail en réseau, de communication et de participation des seniors eux-mêmes. Rencontrer cette demande sera le deuxième axe prioritaire de cette action.

La connaissance transfrontalière des problèmes de santé

Hormis les enquêtes sur la santé des jeunes, la collaboration transfrontalière s’est élargie, en 2004, avec la réalisation d’un Tableau de bord transfrontalier de la santé (disponible sur le site www.generationsensante.eu). Cet outil dresse des profils sanitaires comparatifs entre le Nord de la France et le Sud de la Belgique et positionne la zone éligible par rapport aux moyennes nationales. Ce diagnostic commun met en évidence des déficits de santé marqués par rapport aux niveaux nationaux. Les liens sont très étroits entre les problèmes de santé prévalents (maladies cardiovasculaires, cancers, accidents) et les conditions de vie et comportements des populations de la zone.
Les retombées de cette collaboration transfrontalière dans le champ de l’observation de la santé sont importantes: publications et communications scientifiques, large diffusion médiatique des résultats, sensibilisation de décideurs locaux et des associations, soutien à la mise en place de programmes jeunes en transfrontalier, signature d’une Entente interrégionale de la lutte contre l’obésité
Cette expérience très positive de traitement transfrontalier de l’information de santé et de sa diffusion incite les opérateurs à poursuivre cette action en l’élargissant à toute la zone et en privilégiant une structuration pérenne des méthodes communes de collecte d’information.

Un pôle transfrontalier de compétences en santé publique

En faisant appel aux réseaux de contacts de chaque opérateur, il sera possible de structurer une offre de compétence en santé publique. Le projet proposera des modalités concrètes d’opérationnalisation de ce pôle transfrontalier de compétence conçu pour apporter un soutien efficace aux acteurs locaux de la zone en utilisant de manière optimale les ressources et organisations existantes.
Pour plus d’informations, consultez le site https://www.generationsensante.eu . Contact: info@generationsensante.eu

Les objectifs opérationnels de Générations en Santé

* Poursuivre et développer des Tableaux de bord transfrontaliers de la santé par une mise à jour temporelle et une extension des territoires et des thèmes. Les Tableaux de bord sont destinés à soutenir l’action et les décisions dans tous les domaines de santé et en particulier ceux qui sont reconnus comme prioritaires.
* Réaliser des enquêtes, homogénéiser et pérenniser la collecte d’informations en soutien aux actions ‘Junior’ et ‘Senior’.
* Diffuser de manière active des informations de santé produites au niveau local, régional voire national auprès du grand public, des décideurs de santé et des acteurs de santé au sens large, dans un langage adapté accessible au plus grand nombre (rapports, articles, émissions radio, web diffusion).
* Développer une dynamique transfrontalière locale de promotion de la santé, du bien-être et de la qualité de vie pour les enfants et les jeunes.
* Construire et implanter ‘Ecoles 21’ en créant un réseau transfrontalier des Ecoles 21 (programme à construire à partir du concept ‘Ecoles en santé’ et de ‘l’Agenda 21’ du développement durable).
* Réaliser et diffuser des supports informationnels pour les jeunes, parents et professionnels en particulier sur les thèmes de l’alimentation équilibrée, de l’activité physique régulière et du tabagisme.
* Développer des services de proximité de promotion de la santé des seniors sur les zones frontalières.
* Identifier et faire connaître l’offre de formations pour promouvoir la santé des seniors, diffuser et implanter dans l’espace transfrontalier interrégional un modèle transfrontalier de formation à la prévention des chutes.
* Identifier, labelliser et promouvoir les outils de promotion de la santé et d’éducation pour la santé des seniors dans l’espace transfrontalier interrégional particulièrement ceux en lien avec les maladies chroniques et sur les thèmes de l’alimentation, de l’activité physique et du tabac.
* Etudier la faisabilité du développement d’un pôle transfrontalier de compétence en santé publique couvrant les zones éligibles et adjacentes.
* Assurer une gestion efficace de l’ensemble des actions du projet et l’assurance de qualité des processus et services.