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Les clés pour la forme

Le 30 Déc 20

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‘Les Clés pour la forme’ est une vaste opération lancée en septembre dernier par Rudy Demotte, Ministre des Sports. Son objectif: mettre des outils à disposition des professeurs d’éducation physique et des entraîneurs sportifs pour améliorer la condition physique des jeunes.
Faire du sport conditionne notre état de santé, notre bien-être, notre épanouissement personnel que l’on soit enfant, adolescent ou adulte. La sédentarité, mais aussi une alimentation mal équilibrée augmentent considérablement les risques de souffrir d’obésité, de diabète, de maladies cardio-vasculaires, d’ostéoporose ou encore de certains cancers. Pourtant, beaucoup d’entre nous ne respectent pas ces règles d’hygiène de vie.
Un constat qui inquiète surtout lorsque l’on pense aux jeunes en pleine croissance, à ces ados et ces enfants qui comme leurs aînés deviennent de plus en plus sédentaires et préfèrent les jeux vidéo, la télé ou écouter de la musique à l’activité physique. Une étude portant sur ‘les pratiques sportives de Belges francophones’, menée entre 1991 et 1994 par l’Adeps nous enseigne que 66% des 6–18 ans déclarent pratiquer régulièrement une activité sportive. Ce sont les 13-15 ans (72% d’entre eux) qui pratiquent le plus. Passé cet âge, c’est la dégringolade! Cette étude révèle aussi que seuls 3,5% des jeunes affirment que c’est l’environnement scolaire qui les a poussés à pratiquer régulièrement un sport. Par contre, l’influence familiale a un réel impact: 79% des 6-18 ans dont le père pratique un sport en font aussi. Voilà qui donne à réfléchir.
Sans en mesurer toute l’importance, les jeunes préparent leur vie d’adulte, ils créent des habitudes, un mode de vie qui détermineront en grande partie leur état de santé futur. L’enjeu est de taille et mérite toute l’attention. Donner le goût du sport est un défi à relever ensemble, parents et enfants, enseignants et élèves, décideurs et citoyens.

Agir

Suivant la recommandation du Conseil de l’Europe du 19 mai 1987, la Communauté française a organisé en 1994 un relevé de la condition physique des jeunes francophones sur base d’une batterie de mesures (du poids, de la taille, des plis cutanés) et de tests ‘Eurofit’ (qui portent notamment sur la coordination, la puissance, l’endurance, la souplesse, la vitesse, l’équilibre). Cette batterie, adoptée par les états membres, a permis d’établir un instrument de mesure: ‘Le baromètre de la condition physique’. En Communauté française, l’Adeps a testé 4000 garçons et filles représentatifs parmi les 480 000 jeunes âgés de 10 à 18 ans.
Sur cette base, Rudy Demotte , Ministre des Sports a lancé ‘Clés pour la forme’ en septembre dernier. Cette opération d’envergure vise à provoquer une prise de conscience dans le domaine de l’évaluation et l’amélioration de la condition physique. L’objectif est de permettre aux divers acteurs du milieu sportif de bénéficier de moyens destinés à améliorer la condition physique des jeunes. Axé sur le multimédia et l’interactivité et destinée aux établissements du primaire et du secondaire, ‘Clés pour la forme’ comprend différents outils d’évaluation et de formation.

Les outils

Toute l’opération ‘Clés pour la forme’ est conçue et coordonnée par la cellule Etudes et développements de l’Adeps. Le personnel pédagogique est chargé du suivi de l’opération auprès des enseignants, des entraîneurs sportifs ou de toute personne intéressée.

La première clé se présente sous la forme d’un cédérom de sensibilisation , envoyé gratuitement dans les écoles primaires et secondaires en septembre dernier. Il permet à l’ensemble des cadres sportifs de bénéficier d’un outil pratique pour l’évaluation et l’amélioration de la condition physique.
Les acteurs de terrain ont la possibilité, sur base de tests effectués de manière régulière, de mesurer l’évolution de la condition physique des jeunes en fonction de leur âge mais aussi d’évaluer les résultats des efforts effectués.
Les données recueillies permettront de comparer la condition physique de plusieurs générations de jeunes.
Concrètement, ce cédérom propose au moyen de textes clairs, de dessins, de photos de petites vidéos:
– d’évaluer la condition physique en mesurant la fréquence cardiaque, le poids, la taille, le redressement, le saut en longueur, l’équilibre… en choisissant une formule allégée ou complète;
– d’améliorer la condition physique, en développant l’endurance, la force, la souplesse.
Les exercices pour développer chaque qualité sont présentés selon trois niveaux de difficultés. Ce qui permet d’individualiser au mieux le programme d’entraînement en fonction du potentiel de chaque individu évalué.
Les trois autres clés sont mises à la disposition des personnes intéressées depuis janvier 2003 sur demande et moyennant une participation aux frais de 20 €.
Un cédérom de traitement des résultats qui permet
– de traiter statistiquement et de manière automatisée les résultats individuels ou collectifs des jeunes par rapport à ceux du baromètre réalisé en 94;
– de procéder à une analyse fine et une interprétation des résultats et profils obtenus;
– d’en tirer les conclusions pour l’élève ou la classe pour un sportif ou son équipe;
– d’adapter, de moduler en conséquence les plans d’entraînement et conseils prodigués;
– de suivre les progrès individuels ou ceux de l’ensemble de la classe ou de l’équipe.
Une boîte à outils qui apportera une aide aux acteurs de terrain pour réaliser des mesures et des tests, et dans le suivi à y apporter. Cette clé se compose:
– d’un CD audio reprenant le protocole du test d’endurance de Luc Léger;
– du premier numéro de la revue trimestrielle ‘Clés pour la forme’;
– des affiches annonçant l’opération;
– des plans de fabrication pour une partie du matériel nécessaire aux mesures et tests Eurofit;
– de la ‘carte d’identité de la forme’ qui constitue un véritable outil du suivi de l’enfant tout au long de sa carrière sportive;
– des brevets adaptés au niveau scolaire des jeunes testés;
– des conseils destinés aux sportifs en matière de promotion de la santé,…
La revue trimestrielle ‘Clés pour la forme’ propose des informations en relation avec la pratique sportive en général et plus particulièrement sur l’opération ‘Clés pour la forme’. On y trouvera notamment un ‘Journal de l’opération’ qui permet un échange d’informations entre les différents acteurs ainsi que la mise en évidence d’expériences de terrain, des articles sur la condition physique ainsi que des rubriques concernant la qualité de vie, la sécurité dans le sport, la diététique du sportif, les sites web…

Plus tard…

La phase finale de cette opération sera la mise en place d’un ‘Observatoire de la condition physique’ qui sera chargé d’évaluer et d’accompagner la pratique sportive en Communauté française.
Les objectifs de l’Observatoire seront triples:
– constater: établir et alimenter de manière régulière une base de données combinant les sources d’informations existantes et les résultats de recherches effectuées en interne ou commanditées par l’Observatoire afin de dresser en permanence un état de la condition physique des jeunes en Communauté française de Belgique;
– analyser: sur base des constats, procéder à une analyse des données qui mèneront à l’élaboration de stratégies visant à promouvoir les aspects positifs mis en évidence ou à pallier les carences constatées;
– agir: en fonction des moyens mis à disposition, mettre en œuvre en interne ou en externe les stratégies définies sous le couvert de décisions politiques après avoir précisé les plans d’action, timing et moyens budgétaires requis.

Notre avis : ‘Clé pour la forme’ propose un matériel de qualité, simple et agréable (graphisme attrayant) à utiliser. Cette opération a également le mérite de prendre le taureau par les cornes en travaillant positivement et concrètement sur l’amélioration de la condition physique des jeunes. Derrière les tests d’endurance ou les exercices abdo-fessiers, ces ’Clés’ ouvrent également le débat, une réflexion sur nos attitudes, notre mode de vie, celui que nous transmettons aux jeunes et les conséquences qui en découlent. Une initiative qui fait écho aux préoccupations de nombreux responsables de jeunes, parents, soignants prêts à se jeter à l’eau.
Sylvie Bourguignon
Infos: Adeps, Ministère de la Communauté française, Direction générale du Sport, bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles. Tél.: 02 – 413 25 00, fax: 02 – 413 28 25. Numéro vert: 0800 – 20 000. Site web: https://www.adeps.be

Vivre ensemble ‘, une campagne pour plus de solidarité

Le 30 Déc 20

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La naissance d’une nouvelle campagne sur le sida est toujours le fruit d’une réflexion très importante… En concertation avec de nombreuses associations de lutte contre le sida, un thème doit être choisi qui soit dans la ligne de la campagne mondiale et du plan de prévention du sida de la Communauté française.
Pour 2002 et 2003, l’ONUSIDA a choisi pour thème ‘Stigmatisation et discrimination’. En mettant l’accent sur ces deux points, la campagne mondiale encourage les gens à briser le silence et les barrières qui font obstacle à la prévention et la prise en charge efficaces du sida.
Le Plan de prévention sida en Communauté française prévoit quant à lui de ‘promouvoir des attitudes et des actions anti-discriminatoires vis-à-vis du sida’.
C’est donc tout naturellement que la Plate-forme Prévention Sida a souhaité mettre en avant le même thème à l’occasion de la Journée mondiale du sida du 1er décembre dernier. Elle s’est entourée d’un groupe de travail regroupant différents acteurs de terrain, actifs dans le champ de la prévention du sida ainsi que des spécialistes en communication. Après trois campagnes d’affilée axées sur l’usage du préservatif, le bureau de la Plate-forme a souhaité développer à nouveau l’axe de la solidarité avec les personnes séropositives…

‘En vivant ensemble, la vie reprend vie’

Durant le mois de décembre, une campagne publicitaire a diffusé ce message de solidarité avec les séropositifs à travers un spot TV, des annonces dans la presse et des affichettes. Le même thème sera également repris en spot radio au printemps 2003.
Cette campagne tranche sur la plupart des autres campagnes consacrées au sida, qui ont souvent un caractère utilitariste et normatif.
La plupart des campagnes , explique Thierry Martin , directeur de la Plate-forme prévention sida, essaient de braquer l’attention du public sur le danger que représente le sida. Un peu comme d’autres campagnes ont attiré notre attention sur le danger de fumer. Je ne veux pas dire que ces campagnes sont inutiles. Au contraire, le sida est le fléau de la fin du 20e et du début du 21e siècle. Même si certains parlent de banalisation ou si la génération de l’après trithérapie (jeunes de 15-24 ans) vit dans l’illusion que les médicaments guérissent le sida et la séropositivité, l’épidémie progresse de façon alarmante .
Ces campagnes de prévention contribuent donc à notre information et à notre éducation. Mais il faut reconnaître qu’elles ont rarement parlé de solidarité envers les séropositifs. Or, avouer sa séropositivité amène l’exclusion, car le sida fait peur. Dans l’esprit du public, le sida est synonyme de mort et être séropositif, c’est être condamné à mort. Il faut pourtant savoir qu’être séropositif (c’est-à-dire présenter une réponse positive aux tests sérologiques du HIV) ne veut pas nécessairement dire que l’on a le sida. On peut rester séropositif pendant une longue période, plus de dix ans, sans développer la maladie clinique qui définit et constitue un diagnostic du sida. Pourquoi excluons-nous alors le séropositif du monde des vivants?
A cette question, peu de campagnes publicitaires apportent une réponse.’

Le concept visuel et le texte de la campagne évoquent deux jeunes jouant au basket. Homos ou hétéros? Aucune importance. Et le meilleur des deux (depuis longtemps et rien n’indique que cela va changer, précise l’autre), est, aussi, séropositif.
‘Nous menons une campagne ‘vie’, et le sport, c’est le dynamisme. Bien sûr, le séropositif vit avec le poids d’une menace future, mais il vit. Alors, pourquoi l’exclure, le regarder comme quelqu’un qui n’a plus droit à la vie, et surtout, à la vie avec les autres?’
Une précision de taille quant au visuel: le séropositif est représenté par une silhouette sommairement dessinée à la craie (ou, dans le sport TV, il se transforme en silhouette de craie). Mais ici, contrairement à celles tracées sur le sol après un accident mortel, par exempte, cette silhouette est debout, dynamique, active. Bien en vie.
C’est bien sûr un message positif à l’égard des séropositifs, mais surtout, c’est une façon forte d’inviter les séronégatifs à modifier leur regard.’
Ce concept créatif a été construit en étroite collaboration avec les associations membres de la Plate-forme prévention sida, et a été très bien accueilli, lors de pré-tests, par les séropositifs ainsi que par les séronégatifs. D’autant qu’il s’inscrit dans une vision à long terme. Les silhouettes de craie pourraient, au fil de campagnes futures, se retrouver dans différents contextes de la vie en société: vie amoureuse, vie professionnelle…

Un autre regard sur les séropositifs

A côté de la campagne médiatique, une exposition de 64 photos noir et blanc du photographe Alain Kazinierakis , assortie d’extraits des témoignages recueillis lors de séances de prises de vue s’est tenue dans les Galeries royales Saint-Hubert de Bruxelles. Un travail remarquable qui méritait bien un lieu à sa mesure. Après Bruxelles, cette exposition sera visible dans d’autres villes de la Communauté française (Mons et Nivelles entre autres). Elle a aussi fait l’objet d’un bel ouvrage réalisé en collaboration avec Thierry Martin.

Des images-témoins pour favoriser la rencontre, non pour choquer

Alain Kazinierakis, né en 1962 à Liège, a étudié la photographie à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts Saint-Luc, à Liège. Primé à plusieurs reprises pour ses travaux réalisés en Belgique et dans le monde, il concentre depuis plusieurs années l’essentiel de ses recherches sur l’Afrique. Témoin engagé, il y photographie les populations touaregs, les camps de réfugiés, les rapatriements, les combattants de la rébellion, etc.
Il explique ainsi sa démarche:
‘Il était important de faire un état des lieux, de voir comment les gens, aujourd’hui, vivent le sida. Le sida, c’est bien plus qu’une maladie, cela concerne aussi la relation avec les autres. Pensez aux adolescents atteints du VIH: cela fait plus de 15 ans maintenant que les adolescents sont confrontés au VIH, qu’ils vivent leurs premières relations amoureuses avec la peur du virus. Pour accepter cela, il faut vraiment avoir apprivoisé ce virus très jeune ‘.
Sur le concept de l’exposition et du livre:
Ce sont des témoignages, parce que le témoignage est le point de rencontre le plus important. À travers l’exposition et le livre, nous mettons les visiteurs/lecteurs face à des personnes contaminées par le VIH, des personnes qui travaillent sur ce virus, des ‘gens ordinaires’ aussi… Nous proposons des rencontres, qui permettent de se faire un avis, qui poussent à se poser des questions .
Il y a deux types de photos: des portraits, de personnes contaminées ou non, et des ‘photos-reportages’ sur le travail des associations de prévention. En aucun cas, ce ne sont des images qui cherchent à choquer ou à créer un sentiment d’horreur. Le but est de mettre un visage sur des individus, de donner des identités aux chiffres. À chaque photo correspond le témoignage de la personne photographiée. Ce genre de démarche est important parce qu’il met en évidence la nécessité de se protéger, les problèmes de discrimination, les tabous, les carences en matière d’information,… Tout cela simplement à travers ce que les gens vivent et disent.
Les gens rencontrés ont été, pour une part, contactés via des associations de prévention, mais surtout, par le bouche-à-oreille. J’ai été étonné de voir à quel point les gens étaient prêts à participer, à se laisser photographier et à témoigner.’
Sur les personnes photographiées:
‘Ce qui m’a particulièrement touché, ce sont des gens atteints depuis 15, 20 ans déjà. Ils se montrent rarement cyniques ou désespérés. Au contraire, ils font des projets de vie, y compris des projets de couple. Une femme, par exemple, va se remarier l’année prochaine. Les progrès des traitements y sont sans doute pour quelque chose, mais ces traitements restent lourds et chers.
Je ne suis pas surpris par le fait que les séropositifs ne sont pas différents de vous ou moi. Leur séropositivité ne se ‘voit’ pas et ils vivent souvent de façon assez ‘normale’, sans trop de crainte. Ils en ont parlé autour d’eux, dans la plupart des cas.
Mais cela ne supprime pas la discrimination. Ils ont souvent peur pour leur travail, par exemple, où la moindre faille peut être utilisée. Parfois, aussi, la séropositivité est très difficile à vivre, ressentie – et considérée par l’entourage – comme honteuse…
J’ai également suivi et photographié des gens qui travaillent au niveau de la prévention, notamment au festival de Dour ou dans les casernes. Il y a encore beaucoup de sous- information et notamment de mauvaise compréhension de la réalité de la maladie et des façons de se protéger. Cela reste vraiment un problème: trop de gens ne se protègent pas, ou pas toujours. L’information se heurte aussi à des tabous propres aux cultures.

Témoignage

Liesbeth, 44 ans
TM: Dans quelles circonstances avez-vous appris votre séropositivité ?
Lors d’un test systématique, quand j’étais dans un centre de thérapie pour personnes toxicomanes. Je ne sais pas quand et comment j’ai été contaminée, si c’est par rapport sexuel ou par une aiguille infectée. C’était au début des années 80.
TM: Et comment se sont passées les années suivantes ?
Au début, je me disais que je n’arriverais pas à l’an 2000. J’avais déjà organisé ma vie avec cette idée, et ça allait, ça ne me faisait pas peur. Maintenant, il faut que je me réorganise, je suis toujours là et ça ne risque pas encore de finir tout de suite. Je vais plus loin, je commence à penser à des choses qui pour moi n’en valaient pas la peine…
TM: Mais maintenant, la situation a évolué. Les mamans séropositives qui veulent un enfant peuvent suivre un traitement pour que l’enfant ne soit pas atteint .
Oui, c’est bien, mais de toute façon, maintenant je suis trop vieille. C’est peut-être dommage, mais il y a plein de maladies ou de situations qui peuvent empêcher une femme d’avoir des enfants, et il faut bien que les gens s’en accommodent. Et puis, même si l’enfant est en bonne santé, ce n’est pas tout. Nous-mêmes, on n’est pas sûrs d’être encore là dans dix ans, on n’est pas sûrs que les médicaments vont fonctionner. Moi j’estime que, quand on est malade, on n’est pas toujours capable de remplir son rôle de parent. Au plan affectif, je me suis mariée en 1998, alors que j’étais séropositive depuis une quinzaine d’années.
TM: Et vous n’avez jamais fait l’objet de discrimination, d’insultes?
Si, entre séropositifs. Pour le reste, non, mais il faut dire que quand je travaillais comme secrétaire dans une firme importante de programmes d’ordinateurs, je n’avais rien dit. Je ne sais pas ce que ça aurait donné si j’avais dit que j’étais séropositive. J’ai fait en sorte qu’on ne puisse pas me discriminer, j’ai choisi la solution de facilité.
TM: Et comment cela se passe-t-il avec votre traitement? Est-ce encore lourd à supporter?
Eh bien on est en vie, et je pense qu’il faut être content de l’être. C’est vrai que le traitement est lourd, mais il y a d’autres maladies qui ont aussi des traitements lourds. Dans le cas du cancer, la chimiothérapie, ce n’est pas la joie non plus… C’est vrai qu’au départ, quand on a des problèmes de diarrhées, de troubles du sommeil, ce n’est pas évident. Mais je veux continuer à prendre mon traitement, parce que je veux rester en vie et que je veux être active. En même temps, j’ai décidé de ne pas prendre d’autres médicaments, même pas de l’aspirine si j’ai la fièvre. J’ai horreur des cachets, et je ne veux pas en prendre plus qu’il n’en faut.
TM: Comment voyez-vous l’avenir?
Je vis toujours un petit peu au jour le jour. C’est vrai que c’était bizarre, au début, de savoir que je n’étais pas encore morte… Mais en même temps je suis prête, je ne me fais pas non plus de fausses idées.
TM: Quand une personne séropositive rencontre un partenaire et qu’ils sont sur le point d’avoir des relations sexuelles, pensez-vous qu’elle doit dire qu’elle est séropositive?
Ce n’est pas évident. De toute façon ce qu’on doit faire quand on est séropositif, c’est protéger l’autre personne. Mais c’est vrai aussi que le préservatif n’est pas sûr à cent pour cent, même s’il y a quand même beaucoup moins de risques.
Propos recueillis par Thierry Martin. Extrait de ‘Vivre ensemble’, photographies d’Alain Kazinierakis, entrevues de Thierry Martin, Editions Luc Pire, Plate-forme prévention sida, 128 p., 2002, 29,95 €.

VIH, données épidémiologiques récentes

Après quelques années de diminution régulière, le nombre de personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine est à nouveau en hausse. En revanche, le nombre de décès liés à la maladie du sida est en diminution.
Le nombre de personnes affectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est à nouveau en hausse. Les chiffres de la Section d’épidémiologie de l’Institut scientifique de la santé publique en font foi: après quelques années de diminution, de 1992 à 1997, le nombre de nouveaux diagnostics VIH a augmenté de 39% de 1997 à 2001. Le nombre de cas recensés est passé ainsi de 692 à 965.
Le Rapport distingue nettement les personnes infectées par le virus et les personnes malades: en effet, les séropositifs n’ont pas tous développé la maladie.
Les taux d’infection les plus élevés sont présents à Bruxelles puis dans les provinces de Liège, d’Anvers, du Brabant wallon et du Hainaut. Parmi les patients de nationalité belge, les hommes sont en moyenne quatre fois plus nombreux que les femmes. Parmi les séropositifs non-belges, les trois quarts (75,5 %) sont originaires d’Afrique sub-saharienne et 3,3 % sont originaires d’Afrique du Nord. Près d’un non-Belge sur six est d’origine européenne.

Transmission hétérosexuelle

Parmi les personnes infectées, les contacts hétérosexuels constituent le mode de transmission du virus le plus fréquent. Ils représentent approximativement 65 % des infections diagnostiquées récemment contre 40 à 50 % au début de l’épidémie. Parmi les patients masculins de nationalité belge, les contacts homosexuels ou bisexuels constituent la voie de transmission la plus importante (66,2 %) tandis que chez les femmes la transmission hétérosexuelle est prépondérante (76 %). Parmi les personnes séropositives non-belges, le rapport hommes/femmes est beaucoup plus proche de l’unité que pour les Belges: la transmission hétérosexuelle est en effet largement prépondérante dans ce groupe. L’augmentation des diagnostics posés en 2000 dans la population masculine semble liée de manière égale aux modes de transmission homosexuel et hétérosexuel; cette augmentation ne continue pas en 2001. Parmi la population des hommes infectés, la part attribuée aux contacts homosexuels se situe entre 40 et 50 % et elle a peu évolué au cours du temps.
Enfin, environ 6 % des patients infectés sont des toxicomanes qui s’injectent de la drogue par voie intraveineuse. Ils sont relativement plus nombreux en Wallonie et à Bruxelles qu’en Flandre. Ce mode de transmission est particulièrement important chez les jeunes: il représente en effet 17 % du mode de contamination des patients âgés de 15 à 24 ans.

Diminution des décès

Parmi les 14.872 personnes pour lesquelles le diagnostic d’infection à VIH a été posé depuis les débuts de la maladie, 2940 personnes ont développé la maladie au 31 décembre 2001. Parmi ces malades, 1649 étaient décédés, 477 étaient perdus de vue et 814 étaient en vie et suivis médicalement à la fin de l’année 2001.
Grâce à l’utilisation des nouvelles associations d’antirétroviraux, le nombre de personnes qui développent la maladie a diminué depuis 1996. En 1997, 1998 et 1999, on enregistrait respectivement 125, 118 et 107 cas de développement du sida. En 2000 et 2001, l’incidence est en augmentation, avec 130 et 154 nouveaux cas de sida. Il semble que ceci s’explique partiellement par la proportion importante de personnes qui découvrent leur séropositivité au moment même du diagnostic du sida: le nombre de patients dans ce cas était de 22 % en 1995 et 1996 et de 38 % en 2000 et 2001. Cette proportion est particulièrement élevée (39 %) dans la population hétérosexuelle.
Le nombre de décès liés à la maladie, lui, reste en diminution. Durant la période de 1992 à 1995, on rapportait 170 décès par an. En 1999, 2000 et 2001, on a déploré respectivement 32, 44 et 38 décès. Cette importante diminution de la mortalité est à mettre en relation avec l’utilisation des nouvelles associations d’antirétroviraux qui a débuté dans le courant de l’année 1996.

Vivre avec la maladie

La conjugaison de l’incidence des cas de sida et de la diminution importante de la mortalité entraîne actuellement une accélération de l’augmentation du nombre de personnes qui vivent avec la maladie. Logiquement, ces personnes possèdent les mêmes caractéristiques sociologiques que les personnes infectées qui n’ont pas développé la maladie. Elles vivent surtout dans les grandes villes et particulièrement à Bruxelles, Anvers et Liège. Parmi les malades de nationalité belge, le rapport hommes/femmes est largement plus élevé que parmi les malades d’autres nationalités. Les contacts homosexuels ou bisexuels concernent deux tiers des malades belges de sexe masculin. Chez les femmes belges et chez les malades non-belges, quel que soit leur sexe, les contacts hétérosexuels sont prépondérants. Les toxicomanes qui s’injectent de la drogue par voie intraveineuse représentent 4,8 % des malades belges et 8,4 % des malades d’autres nationalités.
En ce qui concerne l’incidence du sida, la Belgique et les pays voisins font état d’une évolution parallèle: diminution du nombre des personnes qui ont développé la maladie jusqu’en 1996 et limitation de cette diminution après 1996. La part prise par la transmission hétérosexuelle en Belgique est supérieure à la moyenne européenne (45,4 % contre 17,6%).
En revanche, en ce qui concerne l’infection par le VIH, la comparaison entre pays européens n’est que partiellement possible car tous les pays ne disposent pas d’un système de surveillance. Toutefois, un accroissement du nombre d’infections VIH a été constaté aussi au Royaume-Uni, en Irlande, au Danemark, en Finlande au Luxembourg et en Suède.
AMP
Sasse A., Defraye A., «Épidémiologie du sida et de l’infection à VIH en Belgique. Situation au 31 décembre 2001», IPH/EPI Reports n° 2002 – 027, Institut scientifique de la santé publique, Section d’épidémiologie, rue Juliette Wytsman 14, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 – 642 50 39. Fax: 02 – 642 54 10. Courriel: a.sasse@iph.fgov.be Site Web: https://www.iph.fgov.be/epidemio (le texte du rapport est disponible sur le site).

Témoignage

Jamal, 23 ans
TM: Je pense que tu as été dans la rue pour distribuer des permis de séduire et des capotes, je crois que cela ne s’est pas aussi bien passé que tu le pensais?
Cela ne s’est pas passé du tout comme je pensais, je pensais que les gens viendraient vers moi et prendraient le permis facilement. Mais déjà je me suis rendu compte qu’il y avait au moins quarante pour cent des personnes qui ne voulaient pas le permis de séduire avec son préservatif. Celles qui le connaissaient venaient le prendre facilement, on discutait un peu, il y en avait même qui revenaient pour pouvoir le distribuer à leurs amis. Mais j’ai eu beaucoup de problèmes à distribuer les permis de séduire, c’est difficile à dire mais c’était surtout avec les étrangers. Peut-être sont-ils mal informés.
TM: Des gens de ta communauté?
Oui de ma communauté. Pas au niveau des jeunes, je parle des gens de plus de 25-26 ans.
TM: Vois-tu des solutions pour que ça passe mieux?
Pour les jeunes Maghrébins de maintenant, oui, mais pour la génération précédente, ça n’est pas possible. Je crois que c’est foutu.
TM: Et toi, en famille, tu abordes ces questions-là?
Non pas du tout, jamais sauf il y a trois mois quand j’ai dû faire mon stage dans une association de prévention.
TM: Crois-tu que c’est facile pour deux jeunes d’aborder la question du préservatif aujourd’hui?
C’est beaucoup plus facile, j’en suis sûr et certain. Parce que maintenant c’est devenu un truc banal, c’est le préservatif, c’est tout, on connaît. Il n’y a plus cette peur. Au début, on voyait cela comme une barrière à l’amour ou au plaisir. Maintenant on sait que c’est pour se protéger alors on les fait de plus en plus fins pour avoir plus de sensations. Il y a de nouveaux goûts, on pense à tout, quoi.
TM: Qu’est-ce que cela évoque comme réflexion pour toi quand on organise une marche le jour de la Journée mondiale du sida et qu’il n’y a que trois cents personnes?
Je préfère dire qu’il faisait mauvais et que les gens n’avaient pas envie de sortir.
TM: Tu crois que c’est la raison?
Ce n’est pas la raison mais je préfère me dire ça. Je me dis que les gens bougeraient davantage s’ils avaient autour d’eux quelqu’un de séropositif. Sur les trois cents personnes présentes, il y avait surtout des personnes qui travaillent dans ce secteur, d’autres qui sont séropositives ou bien des personnes dont un parent est séropositif ou est mort du sida.
Moi je sais que j’en ai parlé autour de moi mais personne n’a bougé. C’est aussi la période de ‘ blocus ‘ pour les examens, ça excuse et ça n’excuse rien en même temps.
Propos recueillis par Thierry Martin. Extrait de ‘Vivre ensemble’, photographies d’Alain Kazinierakis, entrevues de Thierry Martin, Editions Luc Pire, Plate-forme prévention sida, 128 p., 2002, 29,95 €.

Derrière les chiffres, quelle réalité sociologique?

Les chiffres cités plus haut indiquent une reprise de l’augmentation des nouveaux cas de séropositivité ces dernières années.
Comment expliquer le fait que l’on dépiste à nouveau plus de nouveaux séropositifs? La réponse ne peut se réduire en une hypothèse unique. L’explication de cette évolution est forcément multifactorielle et s’il est possible d’agir sur certains de ces facteurs, d’autres nous échappent. Les points ci-dessous reprennent différents phénomènes, des ‘indicateurs’ sociologiques dont la conjonction peut expliquer cette évolution, sans pour autant que l’on puisse déterminer vraiment l’impact de chacun d’entre eux. Ce ne sont donc que des indicateurs parmi d’autres.
L’évolution de l’attitude des pouvoirs publics . Durant les premières années ’90, les pouvoirs publics ont consacré un gros effort financier et humain à la problématique et à la prévention du sida. Cela s’est notamment traduit par des campagnes de sensibilisation, tant grand public que ciblées vers les groupes plus vulnérables. Jusqu’à engendrer parfois un sentiment de ‘matraquage’ induisant le ‘ras-le-bol’.
On a alors observé une plus grande discrétion dans certaines des actions menées en Communauté française: celles à destination des publics cibles (homosexuels, prostituées, population migrante) ont été maintenues, mais, pour le grand public et les milieux scolaires, les messages de prévention se sont faits moins visib1es. Le sida a changé de statut au niveau des problèmes de santé publique. D’autres problèmes sanitaires (on pense notamment à la crise de la ‘vache folle’) ont pris le dessus.
L’effet de génération . Au début des années ’90, les élèves du secondaire commençaient leur vie sexuelle dans un contexte où le sida était très visible. Le sida est moins évident aujourd’hui. Certains jeunes n’ont jamais eu d’information structurée à ce sujet. Actuellement, les seules informations en milieu scolaire sont dues à des initiatives individuelles. On peut toutefois faire remarquer que si les adolescents ont évidemment besoin d’un bagage informatif sur le sida, ils ne sont pas les plus exposés, que la tranche d’âge la plus touchée est celle des plus de 25-34 ans.
L’effet de génération chez les jeunes homosexuels . La faible information en milieu scolaire concerne également les jeunes homosexuels. Ceux-ci ne fréquentent généralement pas (encore) les milieux homos, qui, eux, restent bien informés. D’où un cumul de vulnérabilité parmi ce public.
Le relâchement des mesures systématiques de protection . Certains indicateurs laisseraient penser que certains individus prennent plus de risques, en ont ‘marre’ d’utiliser systématiquement un préservatif. Ce relâchement serait un phénomène assez naturel, pour ne pas dire normal, dans la longue histoire d’une épidémie. Il faut remarquer qu’il s’observe également en milieu homosexuel, même si globalement l’effort de prévention reste toujours actif et systématique.
L’apparition de nouveaux traitements, plus efficaces . La chute de l’immunité est mieux maîtrisée, la vie des malades est prolongée, leur qualité de vie est améliorée, l’apparition des symptômes peut être fortement retardée.
Cela a un effet sur la population générale: le sida semble moins grave, n’est plus considéré comme une maladie mortelle (les médicaments font de l’effet). Cela va parfois jusqu’à la croyance en la guérison, la non-apparition des symptômes, la non-contamination. En clair, il y a une dédramatisation des conséquences du virus, une banalisation de la maladie: prendre un risque ne serait finalement pas si lourd de conséquences…
Cela a aussi un effet sur les séropositifs: objectivement, les séropositifs vivent mieux, peuvent espérer vivre plus longtemps. Ils sont amenés à reprendre des projets professionnels, à reprendre une vie sexuelle et affective. Par ailleurs, le groupe de séropositifs augmente puisqu’il y a cumul de la baisse de la mortalité et de l’augmentation de nouveaux cas, ce qui, statistiquement parlant, augmente la possibilité de relations sexuelles entre séropositifs et séronégatifs. Il serait très souhaitable de travailler davantage avec les séropositifs pour les associer aux messages de prévention.

Personne n’est à l’abri des situations à risque

Les chiffres montrent que chez les patients belges, la contamination par voie hétérosexuelle représente une part plus importante qu’au début de l’épidémie même si la contamination par voie homosexuelle reste majoritaire.
Ceci dit, s’il est vrai qu’il y a des groupes spécifiques de population plus exposés, il est absolument faux de croire qu’ils sont les seuls menacés par le sida. A côté des aspects épidémiologiques, le risque est influencé par toutes sortes de situations que tout le monde peut traverser et qui rendent l’individu plus vulnérable. Et là, personne n’est à l’abri. Parmi les situations à risque observées: un moment de dépression, une rupture amoureuse, un divorce, une perte d’emploi, ou, au contraire, l’euphorie d’une rencontre amoureuse, d’un coup de foudre…

La problématique du dépistage

Les chiffres dénotent une baisse du nombre annuel de dépistages, toutes situations confondues. Ce n’est pas inquiétant en soi car, durant quelques années, beaucoup de dépistages ont été réalisés de façon un peu trop systématique, parfois même à l’insu du patient.
Mais les centres spécialisés réalisent moins de dépistages aussi depuis quelques années. Cette information est difficile à interpréter car ce qu importe ce n’est pas qu’un maximum de gens se soumettent à un dépistage, mais bien que les personnes ayant couru un risque le fassent. Ceci dit, le but n’est pas de dire sans plus: faites-vous dépister chaque fois que vous avez pris un risque (sans changer votre comportement). Le dépistage doit être l’occasion d’établir un ‘bilan’ du comportement, et le conseil est primordial à cet égard.
Informations fournies par Vladimir Martens , Observatoire du sida et des sexualités des Facultés Universitaires Saint-Louis

Bruxellois: à votre santé!

Le 30 Déc 20

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Si la santé est la capacité de s’adapter à ce qui change en nous, dans notre corps et notre vie, selon Ivan Illich, elle n’est pas un état mais un mouvement permanent d’ajustement.
L’état de santé n’est en tout cas pas réduit à l’inventaire des maladies dont on est atteint ou protégé, ni à la capacité sportive mais il renvoie à toutes les dimensions de la vie. Sans alimentation équilibrée, l’obésité ou l’anémie menacent. Sans habitat de qualité, la fragilité augmente. La perte d’un emploi ou l’incapacité à en trouver un entraînent faiblesse de revenus et crise d’identité. Il en va de même de la perte d’êtres proches ou de la rupture des liens familiaux. Vivre dans les stress accumulés ne laisse pas indemne.
Et pourtant, l’être humain se reconnaissant devant l’obstacle, chacune de ces situations peut être l’occasion d’un sursaut de santé, d’une créativité qui permet de revivre, de se réinventer. Manger sain ne coûte pas toujours cher. Rénover l’habitat est possible. Retrouver un travail redonne de la dignité au travailleur, se retrouver dans un collectif de chômeurs permet de retrouver confiance en soi. Etre membre d’un groupe actif, d’un mouvement d’éducation permanente, d’un comité de quartier crée des liens sociaux.
Faut-il s’étonner dès lors que la folie, ce que nous disons être une maladie mentale, peut être une forme de santé, une condition de survie, une capacité de s’adapter au trop plein ou au trop peu d’une vie. Ou que des personnes lourdement handicapées sont en pleine santé parce qu’elles sont bien dans leur tête, bien dans leur vie, et donc bien dans leur corps tel qu’il évolue. On peut vivre avec moins à condition d’être plus. On peut vivre autrement que le voisin ou les parents en vivant sa différence comme une richesse, en particulier dans une ville-région-capitale multicolore. La santé est donc possible à Bruxelles: demandez aux Bruxellois. La promotion de la santé y est nécessaire comme les soins de santé, l’aide sociale et l’intervention de l’entourage.

Visite guidée

La publication d’un Tableau de bord de la Santé par l’Observatoire de la santé de Bruxelles-Capitale répond à une partie de nos questions de mise en contexte et d’inventaire: Bruxelles, au 1er janvier 2000, ce sont 959.318 habitants, 457.852 hommes, 501.466 femmes. Depuis 1966, cette population est en légère augmentation, le taux de natalité étant le plus élevé du pays, la mortalité étant en diminution et les mouvements migratoires liés au statut de capitale étant importants. Globalement en 4 ans, Bruxelles gagne 16.405 habitants et en perd 13.525: le solde est donc positif de 2880 personnes.

Tous inclus?

Mais attention, un certain nombre d’habitants ne sont pas inscrits au registre de population: leur statut spécial les en dispense ou ils habitent de fait à Bruxelles tout en étant domiciliés ailleurs pour raisons fiscales: on parle ici de 40.000 personnes. De nombreux clandestins sont en voie de régularisation.
La distribution géographique n’échappe pas non plus aux Bruxellois: les communes de la première couronne et celles de la troisième couronne n’offrent pas les mêmes conditions de vie et n’ont donc pas le même type de population. La dualité de l’habitat et de l’accès à l’emploi a un impact réel sur les conditions de vie et de santé de ces habitants.
Dans une région ou plus de la moitié de l’emploi est occupé par des navetteurs, le chômage reste particulièrement élevé, surtout parmi les femmes et les jeunes. Conséquence: Bruxelles s’appauvrit par rapport au reste du pays, le revenu moyen étant 8,7 % plus bas que celui du pays même si la tension entre le secteur le plus pauvre et le plus riche de la ville est de 10. Ainsi encore, 3,5 % de la population dépend du minimex ou d’un équivalent comme ayant droit ou comme personne à charge.

On meurt à Bruxelles

Inutile de le cacher: ce qui n’arrive qu’aux autres nous atteint aussi. Les statistiques épidémiologiques nous révèlent que les hommes et les femmes sont inégaux devant la mort: les premiers meurent 1.7 fois plus vite que leurs compagnes, qui décèdent donc plus en maison de repos, même si l’espérance de vie s’allonge pour tous.
Les Bruxellois meurent surtout à l’hôpital. Mais ce sont aussi les habitants de la première couronne qui meurent le plus vite. Les maladies cardio-vasculaires et les cancers sont responsables de plus de 60% des décès; les suicides et les pathologies liées à l’alcool sont la seconde cause de mort prématurée (8%) même si avant 45 ans, il s’agit plutôt de morts violentes. Le poids des accidents, du sida et des décès liés à la drogue est plus important chez les hommes.
1.711 accidents du travail sont mortels ou occasionnent une incapacité permanente. En un an, 242 nouvelles demandes de réparation de maladie professionnelle sont venues s’ajouter aux 1.355 Bruxellois qui bénéficiaient d’une allocation mensuelle.

La santé, ça se perçoit!

L’état de santé subjectif varie en fonction du statut social: la faiblesse du revenu et de l’instruction se répercute sur l’estimation de son état de santé, même si 75 % des Bruxellois s’estiment en bonne santé. La cartographie a du bon: elle incite à soutenir le programme de dépistage du cancer du sein chez les femmes de 50 à 69 ans, à lutter contre les maladies infectieuses: méningite (47 cas en 2000), tuberculose (366 cas en 2000), sida (1.465 cas, 46 % des patients connus). La dépression atteint 8,5 % des Bruxellois et plus de 15 % des plus de 15 ans utilisent des antidépresseurs. La consommation problématique de stimulants et de cannabis est en augmentation et va souvent de pair avec la consommation de tabac, d’alcool et d’autres produits.
11.135 personnes bénéficient d’une allocation de remplacement ou d’intégration en vertu d’un handicap et 3.663 d’une allocation pour l’aide aux personnes âgées.

Visages de la ville: naissants, résidents âgés, acteurs, soignants

13.000 nouveaux Bruxellois naissent chaque année. La mortalité infantile diminue même si le taux de couverture vaccinale est le plus bas du pays. La proportion d’isolés, importante à Bruxelles, augmente avec l’âge et concerne plus de 50 % des plus de 85 ans; 14.000 personnes font appel aux soins infirmiers à domicile, 6.500 à l’aide à domicile et plus de 12.000 résident en maison de repos ou maison de repos et de soins.
Inégalités devant la vie, inégalités devant la maladie, inégalités devant la mort, inégalités devant la facture hospitalière, inégalités de besoins et de moyens. Ces constatations sont comme il y a 100 ans, la raison d’être une mutualité à Bruxelles et d’y pratiquer la pédagogie de la solidarité comme chemin de sécurité sociale, d’accès aux soins de santé et à l’aide à domicile.
Les conseillers mutuellistes dans les centres de service et agences bruxelloises, les assistants sociaux et tous ceux qui exercent d’autres métiers de la mutualité sont là avec les membres des comités locaux pour relever le défi de la santé avec le personnel de la santé et les habitants de leur ville.
Se soigner. Être aux petits soins pour nos proches sans oublier les isolés. Changer les modes de vie et l’équipement. Être acteur de sa santé. Changer la ville pour changer la vie: le défi de ville en santé est déjà relevé.
Michel Kesteman , directeur-adjoint de la mutualité St-Michel, Bruxelles
Article paru dans En Marche (édition de Bruxelles) n° 1271, 20 février 2003

Premier Prix du CLPS de Liège en médecine générale

Le 30 Déc 20

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Depuis deux ans, les jeunes diplômés en médecine générale doivent s’engager dans une formation ‘après diplôme’ de deux ans, un diplôme d’études spécialisées (DES) en médecine générale financé par la Communauté française. Ce DES est obtenu sur base d’un travail de fin d’études (TFE) au terme de ces deux années.
Le Centre liégeois de promotion de la santé a pris l’initiative de susciter des travaux en matière de promotion de la santé et de médecine préventive, des aspects relativement peu évoqués pendant les études. Le CLPS symbolise cette idée par le Prix du Centre liégeois de promotion de la santé, qui vient d’être attribué pour la première fois, en présence de la Ministre de la Santé de la Communauté française, Nicole Maréchal , de M. Georges Pire , Député permanent chargé de la Santé pour la Province de Liège, du Professeur Didier Giet , Président du Département de Médecine générale de l’ULg et de Mme Chantal Leva , Directrice du CLPS.
Il a été attribué au Docteur Gulten Ucan pour son travail de fin d’études intitulé :’ Enquête sur la connaissance et la mise en œuvre de recommandations de la vaccination contre la grippe chez les médecins généralistes de Liège ‘.
Ce prix, d’une valeur de 500 €, récompense une jeune diplômée qui se destine à la médecine générale et dont le TFE traite de manière innovante un thème de médecine préventive fort important.
L’enquête du Dr. Gulten, réalisée auprès de 100 médecins généralistes liégeois montre que le taux de vaccination extra hospitalier à Liège en 2002 est supérieur aux chiffres publiés pour la Belgique.
Une meilleure information des patients, en particulier des groupes à risque, couplée à une stratégie de vaccination active systématique en médecine générale, devrait permettre de réduire les conséquences individuelles et économiques de la grippe.
Elle recommande en particulier aux médecins généralistes:
– de mettre à la disposition des patients dans la salle d’attente, les posters et brochures spécialisés à partir du mois de septembre;
– d’identifier les patients qui devraient se faire vacciner contre la grippe dans les dossiers médicaux;
– d’établir progressivement un fichier de rappel pendant la saison de vaccination;
– de recommander le vaccin systématiquement à la fin de chaque consultation (sauf urgence) à partir de l’été et de prescrire le vaccin en même temps;
– à la fin du mois d’octobre, d’identifier les patients qui n’ont pas été vaccinés et d’envoyer un rappel par courrier avec l’ordonnance incluse;
– d’ajouter des consultations spéciales à chaque automne pour la vaccination anti-grippale.
Enfin, elle souligne l’utilité de rappeler aux médecins généralistes et à l’ensemble du personnel de santé la nécessité de se faire vacciner contre la grippe.
L’étude est à votre disposition au Centre liégeois de promotion de la santé, En Hors-château 7, 4000 Liège. Tél : 04-237 05 35.Fax 04-237 05 95. Courriel: promotion.sante@clps.be

Suivi de la première journée liégeoise de promotion de la santé

Cette initiative, qui avait connu un beau succès (voir Education Santé n° 175, décembre 2002), ne sera pas qu’un événement sans lendemain.
Tout d’abord, l’évaluation de la journée, en voie d’achèvement, implique la coordination d’un ensemble d’informations récoltées le jour même ou par la suite.
D’autre part, ces données permettront de renforcer la dynamique enclenchée le 18 octobre 2002, et, au besoin, aideront le CLPS à réorienter ses méthodes de travail et à développer des synergies nouvelles avec de nouveaux partenaires.
Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir d’ici quelques mois.

Méningite en Afrique: on attend le vaccin

Le 30 Déc 20

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Les trois millions de vaccins tout juste disponibles suffiront-ils cette année à juguler l’épidémie de méningite en Afrique? L’incertitude demeure mais les pays riches ne s’en inquiètent guère.
Quand souffle l’harmattan, c’est aussi la saison de la méningite dans les 21 pays qui, du Sénégal à l’Ethiopie, constituent la «ceinture de la méningite» en Afrique. De janvier à avril, chaque année, les malades se comptent par dizaine de milliers, les morts par milliers. Déjà les premiers cas ont fait leur apparition fin janvier au Burkina Faso, un des pays les plus régulièrement touchés.
Cette année, l’incertitude est encore plus grande que d’habitude. Combien de personnes parmi les 300 millions d’habitants de ces pays seront touchées par le méningocoque, la bactérie responsable de cette maladie qui tue dans 10 à 15 % des cas? Et surtout par quelle souche de cette bactérie seront-ils atteints? En effet, l’an dernier près de 15 000 Burkinabé ont été touchés par une nouvelle souche, la W-135, sans doute rapportée de la Mecque par les pèlerins. 1300 personnes en sont mortes. Selon le docteur Francis Varenne, de Médecins sans frontières (MSF), « les raisons de la diffusion rapide de cette nouvelle forme de méningite sont encore inexpliquées et nul ne peut prévoir quels pays elle va atteindre cette année ».
Jusqu’à présent, l’Afrique était essentiellement victime de la souche A contre laquelle existe un vaccin peu coûteux (0,25 €). Contre la W-135, il n’existait jusqu’à présent qu’un vaccin dit tétravalent car il protège contre quatre souches de virus. Seules deux firmes le fabriquent: Aventis, aux Etats-Unis le vend 50 € la dose et GlaxoSmithKline, en Belgique, à 4 €. Ce dernier laboratoire produit 10 millions de doses par an dont 9 millions pré-vendues aux pays arabes où sévit cette forme de méningite. Ce vaccin est d’ailleurs obligatoire pour qui veut se rendre à la Mecque. Le million restant sert à vacciner les touristes européens et les expatriés.

3 millions de doses à 1,12 €

Réunis en septembre 2002 à Ouaga, les experts mondiaux en santé ont lancé un cri d’alarme et insisté sur l’urgence de disposer d’un vaccin à moins d’un euro la dose pour l’Afrique. L’OMS a finalement conclu un arrangement avec Glaxo.
Depuis le 23 janvier, 3 millions de doses d’un vaccin trivalent (trois souches) est prêt. Il a rapidement reçu l’agrément des autorités sanitaires belges. Il coûte 1,12 € avec la seringue. Le Burkina Faso en a déjà demandé 1,5 million de doses. Mais cette demande devra être justifiée car les vaccins ne seront distribués que là où l’épidémie est déclarée. « La rapidité de transmission des informations par les structures sanitaires est donc primordiale dans la gestion de l’épidémie », insiste Graciela Diap , coordinatrice de la Campagne d’accès aux médicaments essentiels de Médecins sans frontières à Genève. Impossible, en effet, de vacciner préventivement toutes les populations à risques. Il n’est même pas sûr que le nombre de vaccins disponibles suffise si les flambées épidémiques touchent d’importantes populations, comme en 1996 au Nigeria (16.000 morts).
L’incertitude est encore plus grande pour les années à venir. Le Groupe international de coordination pour l’approvisionnement de vaccins en vue de lutter contre les épidémies de méningite (GCI), composé de l’OMS, de l’Unicef, de la Croix-Rouge et de MSF, a lancé début novembre un appel de fonds de 10 millions d’euros pour constituer des stocks de vaccins: 20 à 50 millions de doses sont nécessaires pour les cinq prochaines années. Ils n’ont guère été entendus; seuls la Norvège et Monaco ont répondu.

De nouveaux vaccins en 2006

« C’est dramatique , s’insurge Graciela Diap. Cette indifférence des pays riches fait peser un poids terrible sur les pays africains .» Outre les décès,15 à 20 % des personnes touchées par la méningite gardent des séquelles neurologiques: épilepsie, surdité, retard mental… Les vaccins actuellement utilisés ont une efficacité limitée. Ils ne peuvent pas être administrés aux enfants de moins de deux ans. L’immunité qu’ils confèrent est courte: 3 ans en principe, en fait souvent moins de deux. En outre, même vaccinée, une personne peut transmettre la maladie.
Des recherches sur de nouveaux vaccins dits «conjugués» qui protègent tout le monde et plus longtemps ont été menées dans les pays occidentaux. Certains sont déjà utilisés en Grande-Bretagne. Mais les firmes pharmaceutiques ont, en 1999, abandonné les recherches pour les pays africains, marchés peu rentables. Ce n’est qu’en 2001 qu’elles ont repris dans le cadre de l’initiative Path (Programme de développement des technologies novatrices adaptées à la santé), pilotée par l’OMS grâce aux 70 millions d’euros de la fondation Bill et Melinda Gates.
Mais il faudra attendre au moins 2006 pour que ces vaccins conjugués, qui pourraient être administrés dans le cadre des programmes de vaccination élargie, soient prêts. D’ici là…
Marie-Agnès Leplaideur , InfoSud – Syfia

«L’OMC et l’industrie laissent mourir des gens!»

« Dans le Tiers monde, des gens meurent parce que l’industrie pharmaceutique, soutenue par les Etats du Nord, refuse d’autoriser la vente de médicaments génériques bon marché contre la malaria,le sida, etc.»
Spécialiste du commerce international, Muriu Muthoni , d’origine kenyane, travaille à Dakar pour l’ONG britannique Oxfam. « Au sein de l’Organisation mondiale du commerce , dit-elle, les Etats-Unis, l’Union européenne et la Suisse bloquent les négociations sur l’accès aux médicaments génériques, produits à bas prix par le Brésil ou l’Inde. Nous ne demandons pas que tous les médicaments soient bon marché. Nous voulons savoir pourquoi les gouvernements du Nord protègent les intérêts d’une industrie lorsque des vies humaines sont en jeu. Nous aimerions au moins que l’opinion publique de ces pays le sache et pose la question! »
Muriu, l’une des 300 Africaines et Africains présents fin janvier au Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), demande que les thèmes discutés à l’OMC soient rendus transparents: « Ce ne sont pas des secrets d’Etat !». Elle s’emploie à faire circuler l’information dans les parlements et la société civile, au Nord comme au Sud.
Daniel Wermus , InfoSud – Syfia

Méningite en Belgique: bilan de campagne

Le 30 Déc 20

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L’an dernier, à la suite d’un accord entre l’autorité fédérale et les communautés, les enfants âgés de 1 à 5 ans ont eu la possibilité de se faire vacciner gratuitement contre les infections à méningocoque du sérogroupe C.(1) Il est intéressant de s’arrêter un instant sur le bilan de cette initiative concertée qui aura coûté environ 12,5 millions d’euros, deux tiers à charge du budget fédéral et un tiers pour les communautés, responsables aussi de l’organisation de la campagne dans le cadre de leurs compétences en matière de prévention collective.

Succès de foule

Pour rappel, la tranche visée était constituée des enfants âgés de 1 à 5 ans, soit 400.000 jeunes enfants. En Flandre, l’action avait déjà démarré un peu avant l’accord entre l’Etat fédéral et les communautés; elle a eu lieu pour la majeure partie de mars à juin 2002 en Communauté française. En Flandre, la campagne a aussi visé les adolescents de 15 à 18 ans, ce qui a permis de protéger 7 cohortes en un an.
La Communauté flamande a distribué 460.000 vaccins, et la Communauté française Wallonie-Bruxelles près de 200.000. Etant donné qu’une partie de la population cible avait déjà été vaccinée sur une base individuelle, la Communauté française a pu étendre son intervention aux enfants nés en 1996.
Du côté francophone, on estime que la couverture est de 80% , compte tenu du fait qu’un nombre significatif d’enfants étaient déjà vaccinés au prix fort au démarrage de la campagne (voir encadré).

Méningocoque C en régression

Le nombre de cas d’infections confirmés par le laboratoire de référence des méningocoques (Institut scientifique de santé publique – section Bactériologie) avait tendance à augmenter depuis le début des années 90, particulièrement dans la province d’Anvers. Pour le pays, on était ainsi passé de 144 cas en 1993 (18% de C) à 380 en 2001 (49% de C).
Les chiffres de 2002 marquent un net coup d’arrêt, avec 262 cas (35% de C).

Initiatives mutuellistes

Devant le délai nécessaire pour mettre en place la campagne publique, certaines mutualités ont pris l’initiative d’offrir à leurs affiliés une intervention significative dans le prix du vaccin dans le cadre de leur assurance complémentaire. Nous disposons de chiffres concernant les Mutualités chrétiennes.
Ces avantages étant gérés de façon autonome par les mutualités régionales ou leur plate-forme communautaire, l’approche n’a pas été la même dans le Nord et le Sud du pays.
Entre le 01/10/2001 et le 31/12/2002, les mutualités chrétiennes flamandes ont remboursé 20 € pour les enfants âgés de 16 mois à 4 ans, et du 01/01/2002 au 31/12/2002 pour les jeunes âgés de 5 à 18 ans à la condition qu’ils ne puissent pas bénéficier d’une vaccination gratuite grâce à la campagne de la Communauté flamande.
A la date du 25-11-2002, elles étaient intervenues pour près de 3.000.000 € et 146.000 enfants. Cela représente 20 à 25% du groupe cible pour cette mutualité qui est la plus importante en Flandre.
Cette action d’envergure a aussi permis d’obtenir des fabricants une diminution de 15% du prix de vente en pharmacie.
Les mutualités francophones et germanophone ont remboursé 20 € pour les enfants âgés de 1 à 5 ans avant le démarrage de la campagne publique. Elles sont intervenues pour environ 5.800 enfants (un peu plus de 110.000 € de dépense), soit près de 11% de leurs affiliés dans la tranche d’âge considérée.
Deux d’entre elles ont maintenu leur service pour les jeunes de 15 et 16 ans (Liège) et pour tous les enfants jusqu’à 18 ans (Namur), ce qui peut se comprendre pour des raisons épidémiologique (cohortes les plus touchées après les 0 à 4 ans) et politique (pas de campagne généralisée en Communauté française en 2003).
L’effort de cet organisme assureur a été très important, comme vous pouvez le constater, et c’est sans doute vrai aussi des autres unions nationales ayant inscrit ce vaccin dans leurs avantages en 2002. Il faut ajouter à cela que leur remboursement par dose (20 € pour un prix de vente en pharmacie de 35,67 €) leur a coûté plus cher que le prix obtenu par les autorités pour la campagne généralisée…
Pour Bertrand Castel , responsable marketing à l’ANMC, les mutualités ont pu jouer un rôle intéressant dans ce dossier: faire pression sur les autorités sanitaires pour qu’elles ne tardent pas à lancer leur campagne de vaccination. Par ailleurs, il constate que la campagne publique met davantage de temps à s’organiser, mais permet de vacciner les enfants à moindre coût, tandis que les services mis en place par les organismes assureurs sont plus vite opérationnels mais plus onéreux.
C.D.B.

Ce résultat est très spectaculaire. Il peut être attribué pour partie à l’effort massif de vaccination (c’est à espérer, vu la somme d’argent et d’énergie dépensée par les familles, les professionnels de santé et les autorités), mais pas uniquement. En effet, il semble que l’évolution de l’incidence dans les tranches d’âge non vaccinées suive la même tendance à la baisse. Il y aurait donc cumul d’une baisse ‘naturelle’ et d’une baisse due à la campagne de vaccination (3).

Et pour la suite

Du côté flamand, la campagne sera prolongée jusqu’à la fin 2004, 3 cohortes étant vaccinées en 2003 et 4 en 2004, cet étalement étant justifié par des raisons à la fois budgétaires et logistiques. Le rattrapage des jeunes âgés de moins de 18 ans n’ayant pas été vaccinés est également possible.
La Communauté française n’envisage pas d’extension à d’autres cohortes que celles vaccinées l’an dernier.
Dans les deux communautés, la vaccination est maintenant intégrée dans le calendrier vaccinal des enfants de plus d’un an (avant 12 mois, 3 doses sont nécessaires sans garantie quant à la protection à long terme conférée par le vaccin). Cela représente une commande de 60.000 doses pour 2003 en Communauté française.
Christian De Bock
Merci à Raymond Moriaux et Michiel Callens pour leur relecture attentive.
(1) Voir notre article ‘Campagne de vaccination contre la méningite C’ dans Education Santé n° 168, avril 2002.
(2) En cumulant les interventions des autorités, des mutualités et des familles, on atteint sans doute une dépense de 25 millions d’euros pour cette seule vaccination.
(3) Communication personnelle du Dr Germaine Hanquet, de l’ISP

France: pas de vaccination généralisée

L’incidence de la maladie en France est stable et estimée à 3 cas pour 1.000.000 d’habitants, ce qui est inférieur à la situation belge (9 nouveaux cas pour 1.000.000 d’habitants en 2002, effet campagne compris).
Le Conseil supérieur d’hygiène publique recommande de ne pas généraliser la vaccination à l’échelon national, sur base de ces chiffres mais aussi de l’incertitude de voir les infections se déplacer vers d’autres sérogroupes en cas de vaccination massive. A ce propos, on n’a pas observé ce phénomène en Belgique, les infections à méningocoque B étant aussi en (légère) diminution en 2002.
D’après ‘Méningocoque C: recommandations (suite), Revue Prescrire, mars 2003, tome 23, n° 237

Puis-je vous présenter… Bruxelles Santé?

Le 30 Déc 20

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Bruxelles Santé est un trimestriel de 24 pages (plus un numéro spécial annuel de volume variable) dont le n° 29 est sorti en mars dernier. Ce qui lui fait tout juste sept ans, puisque la revue est née en mars 1996, héritière d’un petit bulletin destiné à promouvoir le colloque de 1995 sur la promotion de la santé à Bruxelles. La revue est réalisée par l’asbl Question Santé et financée par la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles Capitale, plus communément nommée COCOF.
Bruxelles Santé a évolué au fil des années, tant dans la forme (nous en sommes à la troisième maquette) que dans les contenus: des rubriques ont disparu, d’autres se sont créées. Mais les objectifs éditoriaux sont toujours les mêmes. On peut les résumer en trois mots: information, réflexion, valorisation.
Information sur les initiatives et les services soutenus par la COCOF dans le domaine de la santé au sens large. Réflexion sur des problématiques ou des secteurs d’activités liés à la santé. Valorisation des projets, des initiatives et des activités des associations sur le terrain bruxellois.
«Santé au sens large», avons-nous dit, puisqu’il s’agit bien de prendre le concept non dans son acception strictement médicale d’absence de maladies et d’accidents, mais de l’élargir à ses aspects mentaux et sociaux et aux multiples déterminants de la santé (comportements mais aussi facteurs sociologiques, culturels, économiques, urbanistiques, environnementaux, etc.). Cette conception se reflète dans le lectorat de Bruxelles Santé , puisque la revue est envoyée non seulement aux acteurs de la santé stricto sensu , mais aussi à ceux de l’aide sociale, de l’éducation permanente, de l’aide à la jeunesse, de l’enseignement… et du milieu associatif en général.
Chaque numéro est construit autour d’un dossier de 8 pages, auquel s’ajoutent les rubriques «En direct de» (un quartier, une association, un projet), «Bouquins malins», «Initiative», «Echo du CLPS de Bruxelles» et «Elargissons le débat» (la parole aux représentants des partis francophones démocratiques représentés au Parlement bruxellois).
Parmi les derniers dossiers publiés: la prévention du suicide en milieu scolaire, l’interprétariat et la médiation interculturels, les services de santé maternelle et infantile, les soins et l’aide à domicile.
Si vous ne connaissez pas encore Bruxelles Santé , demandez à recevoir un exemplaire, surfez sur https://www.questionsante.org (les derniers numéros y sont consultables et téléchargeables), ou abonnez-vous tout de suite. C’est gratuit! Téléphone: 02-512 41 74 (Michèle Malengreaux); fax: 02-512 54 36;courriel: question.sante@skynet.be.
Bonne lecture!
Alain Cherbonnier , Question Santé

Santé, culture, participation des habitants

Le 30 Déc 20

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«Je photographie mon quartier en noir et blanc» est un des quinze projets d’initiative communale retenus dans le cadre de l’appel lancé par Madame Nicole Maréchal , Ministre de l’Aide à la jeunesse et de la Santé en vue de promouvoir des «Politiques communales de santé». Le projet a été accepté par le conseil communal d’Ixelles (une des dix-neuf communes constituant la Région de Bruxelles-Capitale) en juin 2002, sur base d’une proposition de Madame Françoise Picqué , échevine de l’Instruction publique, de l’Action sociale, de la Santé et de la Qualité de la vie.
L’action, programmée pour une durée de deux ans, se déroule dans le quartier Blyckaerts/Matongé, territoire dont la frontière correspond aux grands axes de circulation que sont la chaussée d’Ixelles entre la porte de Namur et la place Flagey, la chaussée de Wavre (entre l’avenue du Maelbeek et la même porte de Namur), l’avenue de la Couronne et la rue du Trône (de la place Blyckaerts au Champ de Mars) et enfin, l’axe rue Malibran et rue du Sceptre. Tout cela à la limite de ce qu’on appelle le quartier Léopold où se situent les institutions européennes. Ce quartier populaire typiquement urbain, à l’habitat ancien, voire vétuste et insalubre à certains endroits, se caractérise par la présence d’une grande diversité de nationalités entre deux pôles communautaires importants, Matonge (communauté africaine côté porte de Namur) et Malibran (communautés maghrébine et portugaise côté places Blyckaerts et Flagey). Il fait actuellement l’objet de ce qu’on appelle un «contrat de quartier», un dispositif de réhabilitation de quartier mis en place par la Région de Bruxelles-Capitale.
Notre travail consiste, dans un premier temps, en une enquête participative sur le thème de la qualité de la vie. Notre «outil» est l’appareil photo et le reportage photographique en noir et blanc, d’où le titre du projet. Si la photographie installe d’emblée une certaine familiarité – qui n’a pas un petit appareil automatique pour fixer des souvenirs de famille ou de vacances? – le noir et blanc par contre permet de créer une rupture avec ce côté «évident» et instaure une distance par rapport au réel et aux images ambiantes. Il engendre un effet de décalage et d’interrogation du réel. Ce choix trouve aussi tout son sens par rapport au quartier, fait de contrastes quand on considère le bâti environnant et la population qui l’habite. Il permet également d’explorer les nuances et l’entre-deux : tout n’est pas noir, tout n’est pas blanc à Blyckaerts/Matonge; il y a quelque chose à construire ou à «révéler» qui peut faire lien.
Au moment de la construction du partenariat (1) en vue d’associer le plus grand nombre possible d’acteurs à la conception du projet avant de déposer notre candidature, nous avons pu observer la présence d’un grand nombre de services communaux, d’associations professionnelles (secteur formel) et de comités d’habitants (secteur informel) qui œuvrent utilement depuis un certain nombre d’années dans le quartier.
La difficulté reste qu’un grand nombre d’habitants y vivent dans une précarité socio-économique certaine et ne participent pas à la vie du quartier, qu’il n’existe pratiquement pas de concertation entre les différents services communaux (ni au niveau échevinal) et que ceux-ci n’ont jamais travaillé avec le secteur associatif. Par ailleurs, si une coordination sociale se met progressivement en place, il n’existe par contre pas de véritable travail intersectoriel et actions concertées entre les associations professionnelles et les comités d’habitants (bénévoles) sont difficiles à mettre en œuvre.
Dans ce contexte, avec beaucoup de modestie, le projet vise à entendre et à donner plus de visibilité au point de vue des habitants en ce qui concerne la qualité de la vie dans leur quartier (cadre de vie, environnement, logement, espaces publics, relations sociales, convivialité, vie culturelle, éducation, loisirs, travail, repos, services, bien-être…), et cela en construisant une action collective avec la participation et la créativité de chacun. Il s’agit pour nous de favoriser le développement de l’expression et de la créativité dans l’approche de la santé (retrouver une marge de manœuvre individuelle et collective par l’expression de ce qui conditionne notre santé et notre vie), le développement du lien social et de la citoyenneté (devenir acteur sur le plan collectif), et de réaliser une radiographie du quartier faite par ses habitants.

Comment?

Durant la première année du projet, des habitants et des intervenants s’initient au reportage photographique pour exprimer en images et en paroles (expression verbale à partir des photographies mais aussi recueil de témoignages des personnes rencontrées) l’état des lieux de leur quartier. Les premières interventions photographiques ont été préparées par des séances d’animation où trois dimensions ont été explorées: la notion de quartier, les déterminants de la santé, le travail de reportage et la photographie. L’ensemble de la démarche photographique (reportages et ateliers de discussion) est accompagnée par un artiste/photographe. Les sorties de reportage dans le quartier sont préparées et organisées tour à tour par une des associations partenaires afin de partager avec les participants leur point de vue et questionnement sur le quartier, cela en fonction de l’objet social et du public habituel de l’association.
Parallèlement à l’enquête participative (reportages) et à l’atelier, qui s’articulent autour du regard (apprendre à voir, observer, s’approcher, rencontrer le regard de l’autre), de l’expression visuelle (par la photographie) et d’une réflexion en profondeur sur ce que signifie «vivre ensemble», une enquête plus classique, par questionnaire, se met en place afin d’associer le plus grand nombre possible d’habitants à notre démarche et d’assurer une valeur, toujours relative, de représentativité à notre «radiographie» (diagnostic).
En fin de processus (octobre 2003), l’ensemble de la démarche se conclura par une intervention dans l’espace public en vue d’interpeller plus largement encore la population et de partager nos vues: une sorte de petit festival sera organisé, il y aura une occupation du territoire par les photographies réalisées (accrochage en plein air mais aussi à l’intérieur des maisons, des associations, des théâtres) et un parcours sera tracé avec des animations et des rencontres.
Enfin, l’évaluation et les conclusions de cette première année d’activité seront diffusées auprès des instances communales, du contrat de quartier ainsi que de la Communauté française. L’objectif est de donner une suite concrète aux propositions issues du diagnostic la seconde année, soit en consolidant soit en créant une structure, un service, une action définis comme importants et manquant d’un point de vue communautaire.

Pourquoi la photographie dans une action de promotion de la santé communautaire?

La photographie est un outil d’expression artistique et/ou journalistique qui contribue de façon très concrète et pragmatique à la mise en œuvre d’objectifs visés par la promotion de la santé et l’éducation permanente. Elle permet une activité tout à la fois personnelle et relationnelle en offrant à chacun l’opportunité de travailler à la construction de sa vision, de son point de vue sur les choses : je regarde, je sens, je découvre, j’observe, je partage mon point de vue avec d’autres et donc je pense, je me positionne comme sujet et non plus comme objet. Faire de la photographie induit aussi une série d’attitudes, de compétences qui vont au-delà des aspects techniques de la photo, cela dans la mesure où la photo est aussi un «médium», à savoir un matériau qui permet d’entrer en contact et un vecteur de sens. Plus particulièrement, la photographie:
– crée des liens et donc des compétences sociales et relationnelles: la prise d’une photo est une occasion pour entrer en relation;
– permet de projeter ses représentations et donc, par le biais de l’image produite, d’entrer en dialogue avec celles-ci; ce qui permet de fonder un dialogue hors d’un cadre pré-imposé, de faire émerger les différents points de vue sur une même problématique et de se forger une vue d’ensemble assumée collectivement;
– met l’utilisateur en position d’acteur : il faut entrer en mouvement, apprécier les différentes valeurs du temps, poser des actes pour faire de la photographie;
– induit une analyse critique de soi et de son environnement;
– permet à la fois de s’ancrer dans le réel, de le documenter et de s’ancrer dans son imaginaire propre;
– permet la symbolisation d’expériences vécues;
– enfin, pour toutes ces raisons, un moyen d’expression, qui permet de rencontrer des objectifs généraux de participation et de développement culturel.
Bénédicte Meiers , Question Santé
Pour plus d’informations:
Françoise Picqué, Echevine de la Santé. Tél.: 02-515 70 36. Fax: 02-515 60 40. Courriel: action.social@ixelles.be
Bénédicte Meiers, Question Santé. Tél.: 02-512 41 74. Fax: 02-512 54 36. Courriel : question.sante@skynet.be

(1) Actuellement, le partenariat se compose des acteurs suivants réunis au sein d’un comité de pilotage du projet: Amis de Wetchi, Centre social Bruxelles Sud-Est, Centre de santé communal, Centre de santé libre, Centre local de promotion de la santé de Bruxelles, Comité Cité, Comité de citoyens sans emplois, Dynamo, Equipes populaires, Free Clinic, Groupe de recherche action des cyclistes au quotidien (GRACQ), Habitat & Rénovation? La Mosaïque (Service de la jeunesse), Service culturel de la commune d’Ixelles, Parcours citoyens, Projet Matonge asbl, Quartier libre/Sos Jeunes, Question Santé.

Bruxelles, ville en santé!

Le 30 Déc 20

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Le 24 janvier dernier, la région bruxelloise est officiellement entrée dans le réseau des Villes en Santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette démarche s’inscrit dans l’idée de travailler les conditions de vie des Bruxellois pour maintenir ou améliorer leur bien-être. Pour approcher ce but, il est nécessaire d’agir sur toutes les composantes de la vie urbaine. Un appel à projets a été lancé dans 6 communes pour mettre la santé au cœur des préoccupations. Le thème de travail: l’espace public comme espace de vie à partager!
Les 24 et 25 janvier derniers, deux journées de travail ont eu lieu pour lancer le processus, faire de Bruxelles une ville-santé.
La première journée s’adressait aux acteurs institutionnels du secteur de la santé et du développement urbain. Elle s’est clôturée par la labellisation officielle par l’OMS de la région de Bruxelles-Capitale comme Ville région en santé. Le concept des Villes en santé de l’OMS et le programme bruxellois ont été présentés. Des représentants des communes impliquées et des villes partenaires ont eu l’occasion d’intervenir.
La deuxième journée était spécialement dédiée aux acteurs des deux périmètres d’expérimentation. Un jeu de rôle était au programme afin de permettre une visualisation de l’élaboration en partenariat d’un projet de développement durable en santé dans un quartier. Diverses thématiques ont également été abordées en ateliers: santé mentale, environnement, culture, vie sociale, activité économique…
L’appel à projet a pris cours le 1 février et s’est terminé le 31 mars 2003. Les projets sélectionnés et financés doivent répondre à une série de conditions, dont:
– favoriser la participation active des habitants usagers des lieux;
– aborder des thèmes en lien avec la santé, vue sous l’angle du bien-être, du bien vivre ensemble;
– mettre en place un partenariat intersectoriel démocratique et durable;
– élaborer en commun un diagnostic des potentialités et des problèmes;
– suivre une formation visant l’acquisition, par l’ensemble des partenaires, des savoirs et des savoir-faire nécessaires à la compréhension et à la gestion du projet;
– participer à des échanges de savoirs avec d’autres villes belges et européennes;
– élaborer un programme de travail dans la préoccupation du développement durable.
Pour gérer ce programme, une asbl ‘Bruxelles, Ville région en santé’ a été créée. C’est elle qui est chargée de la mise en œuvre du programme, du lancement de l’appel à projets, du suivi…
Divers organismes partenaires (voir plus bas) qui soutiennent le programme ‘Bruxelles, Ville région en santé’ (BVS) pourront apporter aux projets retenus une aide pour répondre à des besoins d’information, de formation, d’accompagnement méthodologique, de stratégies de communication.

Une ville-santé, c’est quoi?

La santé est une ressource majeure de la vie quotidienne et une dimension importante de la qualité de vie des habitants. La bonne santé est une ressource à intégrer dans le développement social, économique et durable d’une ville. C’est une richesse essentielle à entretenir et à préserver constamment.
Une ville en santé est une ville qui crée et renouvelle les conditions de bonne santé pour sa population. Il n’y a pas de modèle unique de ville en santé. C’est une ville qui s’appuie sur ses potentialités, ses ressources à tous les niveaux pour déployer sa conception de la santé.
Une ville en santé offre l’accès à l’eau et à l’alimentation pour tous, l’accès aux soins de santé, à des logements de qualité, à toute une série de services publics, des activités culturelles, des espaces verts, des parcs et des jardins publics, des transports publics bien organisés et non polluants, c’est une ville qui présente un faible taux de pollution et où il fait bon vivre.
Plus concrètement, l’OMS a défini 11 critères qui constituent la ligne directrice du développement durable adapté aux différentes réalités des villes et déterminent les composantes de la vie urbaine sur lesquels il faut agir. Ces critères sont:
1) un environnement salubre, sans risques et de haute qualité;
2) un écosystème stable et pouvant être maintenu à long terme;
3) une communauté forte, solidaire et qui n’exploite pas la population;
4) un haut niveau de participation et de contrôle de la population pour tout ce qui concerne sa vie, sa santé et son bien-être;
5) la possibilité de satisfaire ses besoins premiers;
6) l’accès à une grande diversité d’expériences et de ressources avec une possibilité d’élargir les contacts, les synergies et les communications;
7) une économie locale diversifiée, vitale et innovatrice;
8) l’encouragement du sentiment de lien avec le passé, c’est-à-dire avec le patrimoine culturel et biologique des citadins, ainsi qu’avec d’autres groupes et individus;
9) une structure de ville compatible avec ce qui précède et qui l’améliore;
10) un niveau maximum de services de santé publique accessibles à tous;
11) enfin une priorité à la santé.

Faire de Bruxelles une ville région en santé

Bruxelles offre de nombreuses possibilités pour mettre en œuvre son programme de ville en santé, et il existe à l’heure actuelle une multitude d’initiatives qui vont dans le sens de la conception de l’OMS.
C’est pourquoi les partenaires ont souhaité privilégier une approche transversale et offrir à tout un chacun la possibilité de s’investir et de proposer des initiatives d’amélioration du cadre de vie en vue de mener à des transformations durables.
La démarche proposée est d’élaborer en commun un diagnostic des potentialités et des problèmes au niveau local, dans les communes et les quartiers avec les habitants et choisir ensemble des indicateurs de santé et de bien-être qui doivent permettre d’évaluer l’amélioration de la santé pour tous.
A Bruxelles, les objectifs sont de:
– réduire les inégalités en matière de santé;
– favoriser la coopération entre organismes qui n’ont pas toujours l’habitude de travailler ensemble mais qui tous ont un souci et un lien avec la santé;
– réduire les risques environnementaux, c’est-à-dire les risques de pollution de l’air, de l’eau, de disparition de lieux de ressourcements et d’espaces verts…
– susciter l’implication des habitants dans la gestion de leur ville;
– sensibiliser les gens sur des thèmes liés à la santé.

A Bruxelles, oui, mais où?

Un périmètre d’expérimentation a été déterminé, avant d’étendre le projet à toute la Région.
Une partie de 6 communes bruxelloises (Schaerbeek, Saint-Josse, Evere, Jette, Laeken et Molenbeek) a été choisie comme zone expérimentale. Ce qui n’empêche évidemment pas que d’autres communes s’impliquent également dans une dynamique de ville en santé.

Thématique, l’espace public

Le thème concret proposé est ‘l’espace public comme espace de vie à partager’. L’espace public, qu’il s’agisse d’une rue, d’un square, d’un parc, concerne tout le monde et permet à tous d’y participer sous diverses formes: l’accès à l’habitation, le chemin de l’école ou du travail, la promenade, les achats, le déplacement en voiture, en bus ou à vélo, la rencontre, la fête, mais aussi l’insécurité, la violence, la pollution, le bruit, l’anonymat…
Le concept d’espace public comme espace de vie à partager est fédérateur parce qu’il rassemble tous ces lieux d’expression de la vie sociale et qu’il nous concerne tous.
Une approche multidimensionnelle permet de décliner l’espace public au travers de ses diverses composantes:
Un lieu qui nécessite des aménagements à respecter
Pour les enfants, la rue est terrain de découverte. D’abord à proximité de leur domicile, puis de plus en plus loin au fur et à mesure qu’ils grandissent. C’est de cette manière qu’ils se développent et apprennent à se sentir à l’aise dans la ville, dans la rue. Un lieu de vie à partager par tous est donc un lieu de vie à respecter par chacun: respect du matériel, entretien,…
Un lieu de contact
Discuter avec son voisin, aller chez l’épicier… l’espace public offre pour beaucoup un lieu où on peut discuter, faire des échanges. Il permet de lutter contre l’exclusion. Le manque de lien social peut favoriser les agressions et une forme de violence urbaine. Le manque de relations entre les générations renforce la crainte des personnes âgées envers les jeunes et provoque un isolement.
L’espace public devrait être privilégié comme lieu de contact.
Un lieu interculturel
La rue est un espace commun qui est approprié différemment par des groupes de cultures distinctes. L’incompréhension et la méconnaissance des divers comportements peuvent provoquer des tensions dans la cohabitation et une rupture de la solidarité de quartier. L’appartenance à un groupe social plus ou moins solidaire et homogène induit un vécu différent de l’espace public. Pour certains, il est perçu comme une extension de l’espace privé et l’étranger y est donc un intrus. Pour d’autres, la rue est un repère administratif et géographique du domaine privé. Pour d’autres encore, la rue sert de carte de visite. Cette notion de groupe social apparaît aussi comme groupe ethnique et culturel. L’espace-rue est vécu différemment par un Africain, un Européen, un Méditerranéen…
Une meilleure connaissance des uns et des autres permettrait de lever certains a priori.
Un lieu où le sport peut être pratiqué
La rue est utilisée comme terrain de foot, de skate-board, piste de vélo, de footing, de jeu de marelle… Ces différentes utilisations nécessitent des aménagements et des règles de vie pour que chacun s’y sente en liberté.
Un lieu vert
L’agrément visuel de la végétation se complète par des qualités écologiques: production d’oxygène par photosynthèse, maintien du taux d’humidité, absorption de la poussière… mais aussi par le désagrément dû à la chute des feuilles, à la concentration de déjections animales…
L’habitant participe à la verdurisation par la décoration de son jardin, l’aménagement de son balcon, de sa fenêtre ou de sa façade.
Mais aussi…
Un lieu où la fête est de mise : l’espace public est un lieu privilégié pour organiser diverses activités comme une fête de quartier, un méchoui, une brocante, une braderie…
Un lieu où le bâti et l’architecture ont une place capitale et confèrent la particularité et la beauté de certains quartiers. Il y a aussi les commerces, les services de proximité…

Avec vous!

Le mot d’ordre du programme pourrait être: ‘On ne va pas le faire pour vous mais avec vous…’. Ici, ce sont les gens qui décident eux-mêmes de priorités qu’ils veulent dégager.
Par exemple, en partant d’une situation particulière commune à un quartier, ou pour trouver des solutions à un problème, il peut y avoir mobilisation et participation des habitants, des familles, des membres d’une communauté.
Ce programme se construira sur base des souhaits et des préoccupations des habitants.

Qui sont les partenaires?

Pour la pérennisation de ce projet, une coordination permanente est mise en place entre les administrations de la Région de Bruxelles-Capitale, les trois commissions communautaires et le tissu associatif bruxellois.
Les partenaires techniques sont: l’Observatoire de la santé et du social (et son équivalent néerlandophone), le Centre de la promotion de la santé (CLPS), l’Institut belge pour la gestion de l’environnement (IBGE) et son pendant néerlandophone (BIM), l’asbl Question Santé, le Pacte territorial pour l’emploi en Région de Bruxelles-Capitale (et son pendant néerlandophone), le Centre de documentation et de coordination sociale (CDCS) et son pendant néerlandophone (CMDC), Brussels gezondheidsoverleg (LOGO), Brussels Welzijnsraad, la Société de développement pour la région de Bruxelles-Capitale (SDRB) et son pendant néerlandophone (GOMB), le Secrétariat régional au développement urbain (SRDU) et l’équivalent néerlandophone (GSSO).
Ce programme permet aussi des échanges avec d’autres villes ayant mis en place le concept de ville en santé. Ceci permet de nourrir la réflexion, stimuler des initiatives, faire partager des expériences enrichissantes avec des villes comme Barcelone, Lyon, Belfast, Liège, La Louvière, Anvers…

Quels sont les moyens?

Une plate-forme d’information, de conseils, de relais rassemblant les partenaires est constituée au sein de l’asbl et offrira aux promoteurs de projets une série de services.
L’offre de services se compose de formations, de matériel, de statistiques, d’informations, de cartes, d’aide méthodologique, de recherche, de publications, de relais vers d’autres institutions, programmes régionaux et communautaires.
Cette assistance technique permet à ceux qui le souhaitent (associations d’habitants, groupes de professionnels, comités de quartiers, plannings familiaux, maisons de jeunes…) de développer leur conception de la santé au travers de la thématique de l’espace public privilégiant la participation.
A titre illustratif, un projet qui répondrait aux principes de Bruxelles Ville région en santé pourrait être par exemple: l’organisation d’une fête de quartier par une association rassemblant des habitants et qui privilégie la participation et l’espace public; mais aussi la mise en commun d’un espace public où jeunes et moins jeunes pourraient se parler, boire un verre; l’organisation de promenades découvertes dans différents quartiers pour faire sortir les gens de chez eux; des séances d’information et discussion sur les habitudes alimentaires de bonne santé; l’organisation de la solidarité entre voisins…
Pour plus d’informations, asbl Bruxelles, Ville région en santé, Mme Purnôde, quai du commerce 7, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-219 84 44. Fax: 02-219 84 49. Courriel: ville.santé@misc.irisnet.be Site web: https://www.who.dk
Sylvie Bourguignon

Plus on est de poux (air connu…)

Le 30 Déc 20

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‘Elisa cherche-moi des poux, enfonce bien tes ongles et tes doigts délicats dans la jungle de mes cheveux Lisa’ (Serge Gainsbourg) La pédiculose est un sujet moins spectaculaire que la cigarette et la Formule 1, elle ne donne pas lieu à un traitement médiatique intensif, à une mobilisation des politiques, à un lobbying économique agressif.
Ce n’est pas pour autant une préoccupation anodine en matière de prévention, dès l’instant où ces minuscules parasites nous offrent l’occasion de réfléchir à notre manière de vivre ensemble, à notre capacité à aborder les problèmes de santé autrement que comme de simples symptômes qu’on élimine avec un traitement minute.
Régulièrement sollicitée par les parents à chaque rentrée des classes, Nicole Maréchal a organisé en début d’année une journée de réflexion sur cette question. Vous pouvez lire dans le texte suivant son approche du problème.
Près de 200 personnes s’étaient déplacées à Charleroi le samedi 18 janvier dernier pour discuter poux pendant une longue journée. Il fallait être motivé, elles l’étaient, et n’ont pas regretté d’avoir sacrifié un demi week-end à cette noble cause.
Dès avant le début des travaux, le ton était donné. Monsieur le Pou s’était invité au forum, et, en bon parasite qu’il est, n’hésitait pas à déguster avec une paille quelques centilitres du café de bienvenue des participants.
Le Prof. Antoine Lazarus (professeur à l’Ecole de santé publique de l’Université de Paris 13), entama les réflexions avec un exposé centré sur la culture populaire plutôt que sur la médecine, citant au passage Arthur Rimbaud (‘Les chercheurs de poux’) et Grimm.
Mme De Maubeuge , chef de clinique en dermatologie à l’hôpital St-Pierre (Bruxelles) se chargea avec brio de l’exposé plus scientifique, sur la physiologie du pou, sa faculté impressionnante de reproduction, ses repas, ses déplacements, l’épidémiologie de l’infestation,, le diagnostic, les traitements efficaces et ceux qui ne le sont pas.
Ce panorama complet fut suivi d’une table ronde modérée par Thierry Poucet , au cours de laquelle votre serviteur eut l’occasion de présenter l’avis du Conseil supérieur qui servait de fil rouge (sang!) au forum, suivi par des représentants de la Ligue des familles, du milieu scolaire, des associations de parents d’élèves, etc. Les échanges étaient rythmés par des témoignages filmés d’enfants. Ces derniers sont toujours très créatifs pour imaginer des solutions de bons sens ou gentiment poétiques (engager des singes épouilleurs par exemple). Pendant cette table ronde, Yves Poey , directeur d’une école primaire de Seine-et-Marne, a eu l’occasion d’évoquer son approche communautaire très séduisante de la question (voir son article plus loin).
Après les inévitables et sérieux ateliers de l’après-midi, la journée se termina par un spectacle d’impro à la carte par les Comédiens improvisateurs de Jean-Marc Cuvelier , stimulés par les desiderata du public. Ce n’était pas toujours du meilleur goût, mais l’hilarité était garantie.
Comme quoi on peut aborder un problème sérieusement sans pour autant se prendre trop au sérieux.
En somme, une journée particulièrement réussie sur un sujet a priori peu exaltant.

L’avis du Conseil supérieur

Pour baliser les travaux du jour et les initiatives futures en la matière, rappelons les indications fournies par le Conseil supérieur.
Le Conseil recommande que la prévention et la gestion de la pédiculose à l’école s’inscrive dans une approche de promotion de la santé, qui peut se baser sur les principes suivants:
– le respect de l’élève, de sa famille et de son entourage;
– la concertation et la collaboration entre les acteurs scolaires locaux (directions, éducateurs, associations de parents, professionnels des Centres IMS (1) et PMS, corps enseignant…);
– l’implication des élèves et des parents dans les actions de prévention et les traitements;
– le choix de stratégies et d’actions en fonction de leur capacité à rendre chacun (élèves, parents, enseignants, infirmières…) individuellement et collectivement plus apte à prévenir, gérer et soigner les problèmes de pédiculose à l’école comme à la maison;
– la définition de stratégies visant la complémentarité entre les partenaires «santé» de l’école et de la communauté locale: pharmaciens, médecins, intervenants, écoles des devoirs, etc.

Concrètement:
1. La pédiculose concerne les élèves, les parents, les acteurs de l’école et les partenaires scolaires (IMS-PMS, associations parascolaires…) ainsi que les milieux d’accueil d’enfants en âge scolaire. Ils doivent donc se concerter localement pour établir – en cas de problème de pédiculose – une politique spécifique à leur communauté éducative et scolaire.
2. Les parents d’un élève présentant une infestation de poux seront avertis par l’école et/ou par la médecine scolaire de la nécessité de réaliser un traitement adapté dans les 2 jours de la notification. Le mode de communication entre les partenaires sera respectueux et suscitera la compréhension et la collaboration de chacun. Le personnel des centres de santé scolaire (IMS-PMS) se tiendra à disposition des parents pour leur fournir les informations nécessaires ou pour les aider à maîtriser le problème.
3. L’éviction d’un élève ou d’un membre du personnel présentant des signes d’infestation devrait être une mesure d’exception qui ne dépassera pas 4 jours ouvrables afin de ne pas priver l’élève de sa scolarité et d’augmenter les difficultés familiales. En cas d’éviction, un accompagnement de la famille, de la classe, de l’élève est nécessaire et s’ajustera suivant les cas (conseils des Centres IMS-PMS aux familles, collaboration avec les acteurs sociaux, démarche d’éducation pour la santé dans la classe, dans l’école,…). Le principe même de l’éviction – tel qu’il est prévu dans l’arrêté du 25 juillet 1997 – doit faire l’objet d’une réévaluation tenant compte des moyens disponibles des écoles (2).
4. L’équipe éducative et les partenaires scolaires seront attentifs dans leurs propos et attitudes à ne pas induire un rejet des élèves présentant un problème de pédiculose.
5. La classe présentant des cas d’infestation fera l’objet d’une séance éducative sur la pédiculose (réalisée par une infirmière, un parent, l’enseignant(e), un élève…) afin que les élèves soient mieux à même de détecter les signes d’infestation et de collaborer à la prévention et au traitement. Les écoles seront encouragées à aborder le thème des poux dans le cadre des apprentissages et de sélectionner le matériel ludique et les supports existants diffusant la même information de base.
6. Une des conditions favorables à la collaboration efficace des élèves, des parents, des acteurs et partenaires scolaires consiste en un partage commun d’informations fiables, actualisées, scientifiquement correctes, privilégiant la santé de l’élève et du groupe et dénuées d’intérêts commerciaux. Un document d’information de type consensuel, accessible, simple et utile devrait être élaboré en respectant une approche de promotion de la santé. Il visera à éveiller l’esprit critique du public par rapport aux promesses des informations de l’industrie pharmaceutique en donnant une information complète sur la pédiculose: caractéristiques du pou, cycle de reproduction, dépistage, traitements disponibles, modalités d’application et de répétition des produits, coût, efficacité, en veillant à privilégier l’information sur les produits et les appareils (peignes électriques) recommandés en raison de leur non toxicité avérée.
Un tel document devrait être diffusé auprès des associations de parents, des centres IMS-PMS, des enseignants, des pouvoirs organisateurs, des écoles en général afin de renforcer la capacité de chacun à diminuer l’importance du problème et d’adopter, dans l’intérêt de tous, des comportements de coopération dans la gestion d’un problème de poux à l’école.
Le même document pourrait servir de base à une large campagne médiatique visant à dédramatiser et à sensibiliser le grand public, les écoles et les éducateurs.
7. Les intervenants IMS et PMS devraient pouvoir disposer d’un matériel éducatif et ludique basé sur l’information consensuelle diffusée aux acteurs scolaires et de santé. Les enseignants et les éducateurs scolaires et parascolaires pourraient les adapter dans le cadre d’activités avec leur groupe d’élèves et d’enfants en les ajustant à leur réalité socio-culturelle.
8. L’école peut organiser avec les acteurs scolaires et ses partenaires locaux, des actions de sensibilisation et de prévention en début d’année scolaire ou en cas d’épidémie. Le Conseil recommande que chaque rentrée scolaire soit l’occasion d’aborder le sujet dans une réunion collective à laquelle les parents seraient conviés, en particulier les parents des classes de maternelle et de 1ère primaire. Le personnel des Centres IMS-PMS apportera son aide si nécessaire afin d’organiser ces actions à l’attention des parents, de l’équipe éducative et des élèves.

Et pour suivre…

Très prochainement, un document d’information destiné aux parents sortira. Etant donné le coût élevé des produits, des recommandations très pratiques sur les moyens efficaces et la bonne façon de les utiliser s’avèrent indispensables.
Un peu plus tard, un dossier pédagogique nourri entre autres par les débats du forum sera proposé à la communauté éducative.
En attendant, vous pouvez toujours consulter le site https://www.danseaveclespoux.be , qui fournit pas mal d’informations utiles et continuera à être mise à jour.
Christian De Bock

(1) L’avis en question a été rendu en 2000, ce qui explique l’ancienne terminologie pour la Promotion de la santé à l’école.
(2) Depuis lors, un arrêté précisant les modalités d’éviction a été pris (voir l’article de Nicole Maréchal).

La sécurité des usagers ‘doux’ sur les routes

Le 30 Déc 20

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En 1977, le célèbre groupe pop allemand Kraftwerk affirmait dans son style électronique si particulier ‘Nous sommes les mannequins’ (sur l’album Trans Europ Express, comme tout cela est loin du TGV!). Aujourd’hui, l’Institut belge de la sécurité routière affirme le contraire, pour le bon motif, à propos des piétons et cyclistes.
Voici de larges extraits de l’intervention d’ Isabelle Durant , Vice-première Ministre et Ministre de la Mobilité et des Transports lors du lancement de la campagne ‘Nous ne sommes pas des mannequins’.

Chiffres encourageants mais efforts à poursuivre

La convivialité et l’animation que nous avons pu voir dans nos rues le 22 septembre dernier, lors de la journée européenne ‘En ville sans ma voiture’, montrent à quel point les citoyens sont enthousiastes à l’idée de pouvoir se réapproprier l’espace public.
Cet enthousiasme prouve que le Gouvernement se doit de faire des efforts dans le sens d’un usage convivial de la voie publique. Je suis intimement persuadée que les Belges sont prêts à évoluer, à se mobiliser contre l’insécurité routière et en faveur d’une plus grande qualité de vie.
La situation s’est déjà sensiblement améliorée. Grâce aux efforts du Gouvernement et des associations, les citoyens belges sont de plus en plus conscients du fait qu’ils partagent la voirie avec d’autres usagers et que cela implique un comportement adéquat. Ainsi, le nombre de tués et blessés graves parmi les piétons et les cyclistes est respectivement passé, au cours de ces 20 dernières années, de 2.913 à 763 (- 73,8%) et de 2.427 à 1.105 (- 54,5%) , soit des diminutions plus importantes que la moyenne pour l’ensemble des usagers (- 49,3 %). Ces chiffres traduisent les progrès considérables réalisés en matière de protection des usagers doux à plusieurs niveaux (infrastructure, législation, sensibilisation, véhicules…).
Néanmoins, il reste du pain sur la planche. Trop souvent encore, les piétons et les cyclistes doivent non seulement se contenter d’un espace extrêmement réduit par rapport au ‘territoire’ réservé aux automobilistes, mais, même confinés dans cet espace, ils ne sont pas nécessairement en sécurité. Or, pour pouvoir améliorer cette situation, il est impératif d’agir sur les trois facteurs qui ont un impact sur la sécurité des usagers doux: la place que les autres usagers (en l’occurrence, les automobilistes) leur laissent, l’existence d’une infrastructure appropriée et les véhicules (la partie avant des voitures moins dangereuse, par exemple).
En 2000, 3.642 piétons et 6.789 cyclistes ont été victimes d’un accident de la circulation, soit, au total, 10.431 usagers doux. Cela signifie donc que, chaque jour, 10 piétons et 19 cyclistes sont, en moyenne, victimes d’un accident. En raison de l’absence d’habitacle, les accidents impliquant des usagers doux sont, par ailleurs, généralement très graves. Ainsi, les piétons et les cyclistes représentent 15 % du nombre de victimes, mais pratiquement 19 % du nombre de décédés sur les routes (276 sur 1470), ce qui signifie, en d’autres termes, que près d’1 usager tué sur 5 est un usager doux !
D’une analyse plus pointue des accidents, il ressort que 3 piétons tués ou gravement blessés sur 4 le sont en agglomération, ainsi qu’1 cycliste tué ou gravement blessé sur 2. Encore plus préoccupant: près d’1 accident sur 3 impliquant des piétons se produit sur un passage (protégé ou non) et 4 cyclistes tués sur 10 le sont alors qu’ils circulent sur (ou débouchent d’) une piste cyclable. Pourtant, il s’agit précisément d’infrastructures censées les sécuriser!
Les usagers doux restent particulièrement vulnérables: ils ne possèdent pas de moyen de protection comme peut l’être une carrosserie; ils prennent moins de place qu’une voiture ou qu’un camion et on les voit donc moins bien; la vitesse des véhicules motorisés est bien souvent plus élevée que la leur et cette différence peut provoquer de graves accidents.
On a tendance à l’oublier, mais les limitations de vitesse ont donc également un impact direct sur la sécurité des usagers doux. Ainsi, le risque de décès d’un piéton heurté par un véhicule roulant à 30 km/h est de 5 %, mais il est de 45 % pour un véhicule qui circule à 50 km/h. A 80 km/h, ils n’ont quasi aucune chance de survie…
Les conséquences d’une collision à 50 km/h sont donc, en moyenne, 9 fois plus graves qu’à 30 km/h . Un chiffre qui prouve, s’il en est besoin, le bien-fondé de l’instauration de zones 30 aux abords des écoles et dans certains quartiers!

Objectif de la campagne

L’objectif premier de cette campagne est d’encourager les automobilistes à faire preuve d’empathie et de respect vis-à-vis des usagers doux. En effet, même si ces derniers ne se comportent pas toujours de manière exemplaire dans la circulation, il est clair qu’en cas d’accident, la disproportion des forces en présence tournera toujours à leur désavantage. Par conséquent, le sentiment accru de sécurité que procurent les voitures actuelles ne doit, en aucun cas, nous autoriser à mettre en péril la sécurité des usagers qui ne disposent pas d’un habitacle.
En tant que pouvoir public, il est de notre devoir de rappeler ces dangers. L’évolution technologique des véhicules nous oblige à attirer l’attention de l’automobiliste sur la présence d’autres usagers sur la voirie afin d’adapter les comportements et d’éviter les accidents.
Ce comportement respectueux peut se traduire de différentes manières: adapter sa vitesse, céder le passage aux piétons qui traversent, ne pas frôler un cycliste lors d’un dépassement… Parce que renverser un piéton, blesser un cycliste, c’est une expérience des plus traumatisantes, évidemment pour l’usager doux, mais aussi pour le conducteur de la voiture.
C’est pour cela aussi que notre travail de sensibilisation et d’adhésion de la population à cette cause doit se poursuivre. C’est précisément l’objet de cette campagne.

Du code de la route vers le code de la rue

La réglementation peut également contribuer au changement des mentalités. Dans le cadre des Etats Généraux de la Sécurité Routière (EGSR), il a été décidé de prendre diverses mesures visant à renforcer la protection des usagers plus vulnérables (pas uniquement les piétons et les cyclistes, mais également les cyclomotoristes, les motocyclistes, les personnes à mobilité réduite…), de responsabiliser davantage chaque usager à l’égard des autres et d’assurer un partage équilibré de l’usage de la voie publique par les différents usagers, principalement en agglomération.
En effet, force est de constater que tant le code de la route que le code du gestionnaire de voirie se concentrent principalement sur la circulation motorisée: règles visant la fluidité de la circulation, dispositions plaçant les usagers doux dans une position marginale, situations de conflit dans lesquelles interviennent des usagers doux, imprécisions sur la signification de certains éléments techniques routiers (comme la notion même de trottoir, par exemple). Le code de la rue a précisément pour objectif de rétablir un certain équilibre entre les différents usagers.
Une série de mesures basées sur la philosophie des réflexions menées dans le cadre du code de la rue ont, d’ores et déjà, été adoptées: interdiction pour les cyclomoteurs de classe B d’utiliser les pistes cyclables en agglomération (trop rapides, ils mettaient les piétons en danger), changement de législation lorsque les cyclistes quittent la piste cyclable (ce qui n’est plus considéré comme une manœuvre), possibilité pour les cyclistes d’emprunter les bandes de bus, interdiction de s’arrêter et de stationner à moins de 5 m du début et de la fin d’une piste cyclable (ceci, afin que le cycliste puisse mieux voir et être vu), port du casque pour tous les cyclomoteurs, obligation du système anti-angle mort sur tous les camions…
D’autres mesures entreront prochainement en vigueur: généralisation du sens unique limité (ce qui permet au cycliste de rouler dans les deux sens), allongement de la phase verte des signaux lumineux pour les piétons…
Un dernier texte, actuellement soumis pour avis aux Régions, doit ‘finaliser’ ce code de la rue. Ce texte instaure notamment la responsabilité de l’usager motorisé envers l’usager non motorisé, soit, en quelque sorte, de l’usager le plus fort vis-à-vis de l’usager le plus faible. Ce principe me paraît en effet fondamental.
La nouvelle catégorisation des infractions vise également à ce que les gens se rendent compte de la gravité de certains comportements. Le principe de cette nouvelle catégorisation est de donner un signal clair au citoyen. Nous avons délibérément choisi de placer les infractions à l’encontre des usagers faibles dans la catégorie d’infractions graves du premier degré, afin que les citoyens se rendent compte de l’importance, pour la protection de tous, mais aussi pour la qualité de vie, de prendre davantage en compte la place de chaque usager.
Après la campagne ‘piétons’ organisée en 2000, l’IBSR a réalisé une enquête dans laquelle il a notamment été question des comportements considérés comme irritants. On y apprend qu’1 conducteur sur 4 considère encore le stationnement sur le trottoir ou sur un passage pour piétons comme ‘peu grave’, voire ‘pas grave du tout’. De même, un peu moins d’1 conducteur sur 5 estime que se garer sur une piste cyclable est ‘peu grave’, voire ‘pas grave du tout’. Bref, certains conducteurs ne sont visiblement pas conscients des dangers qu’ils font courir aux autres…

‘Nous ne sommes pas des mannequins’

La nouvelle campagne est le fruit d’une collaboration entre l’IBSR et les trois Régions, ce qui permet une diffusion plus large du message.
Tant sur l’affiche que dans le spot TV, les personnages utilisés sont connus de tout le monde: il s’agit des mannequins utilisés lors des crash-tests. D’une part, leur morphologie donne l’impression d’avoir affaire à de véritables usagers, ce qui accroît la crédibilité du message, mais, d’autre part, cela reste des objets, ce qui permet de montrer la réalité des choses (en l’occurrence, l’accident dans le spot TV), sans être trop brutal ou choquant.
Le slogan exprime bien la philosophie qui est à la base de la campagne: les usagers doux ne sont pas de simples figurants dans la circulation, voire des mannequins que l’on peut renverser à sa guise. Il s’agit bel et bien d’usagers à part entière et, la plupart du temps, les accidents dans lesquels ils sont impliqués laissent des traces physiques et morales irréversibles, tant pour eux que pour le conducteur. Ce plus grand respect envers les usagers doux devrait, en théorie, être facilité par le fait que les automobilistes sont tous, à un moment donné ou un autre, des piétons, ne serait-ce que pour rejoindre leur voiture!
Le spot TV est bien plus qu’une simple retranscription télévisuelle de l’affiche. On peut tout d’abord voir des particules qui voltigent dans l’air, puis, petit à petit, on devine qu’il s’agit de morceaux d’une voiture (rétroviseur, phare, pare-chocs…) et de parties de mannequins utilisés lors de crash-tests. On aperçoit également un petit vélo parmi les débris. Ensuite, tout s’accélère: un ours en peluche se recompose et l’on assiste également à la reconstitution de la voiture et des mannequins. On comprend alors que l’on vient de voir, en marche arrière, le déroulement d’un crash-test et que les morceaux qui voltigeaient au début avaient été projetés dans l’espace à cause du choc entre la voiture et les mannequins.
Le fait de bercer, dans un premier temps, le téléspectateur dans une poétique visuelle avant de le confronter à la réalité, accentue sans nul doute l’impact du message.
A la fin du spot, la phrase suivante s’inscrit sur l’écran: ‘Chaque année, plus de 10.000 piétons et cyclistes sont blessés ou tués par des voitures sûres’, puis le slogan: ‘Les humains ne sont pas des mannequins’.
Le message est clair, mais énoncé de manière non moralisatrice: ne pas respecter les usagers doux, quels qu’ils soient, peut engendrer de graves conséquences, tant pour ceux-ci que pour le conducteur. En effet, si, dans le spot, l’utilisation du retour en arrière permet de terminer sur une note positive (les mannequins sont encore ‘en vie’), il en va tout autrement dans la réalité. Une fois que le pire est arrivé, il est trop tard.
Par ailleurs, d’énormes progrès ont été accomplis par l’industrie automobile dans le domaine de la sécurité, mais, sur la route, l’acteur principal restera toujours le conducteur. Le message s’apparente donc quelque peu à celui de la dernière campagne Bob : une voiture ‘ultra-sûre’ n’empêchera jamais un accident de se produire si le conducteur n’adopte pas le ‘bon’ comportement, à savoir, dans le cadre de cette campagne, une conduite empreinte de respect envers les autres usagers, plus particulièrement les piétons et les cyclistes.

Pas de sensibilisation sans répression

Comme c’est à présent devenu une tradition lors des grandes campagnes de l’IBSR, la sensibilisation sera couplée à un volet répressif afin que ces deux aspects se renforcent mutuellement. Cette fois-ci, l’IBSR a à nouveau pris contact avec les services de police, les Procureurs généraux et les Gouverneurs afin que ceux-ci prêtent une attention particulière au comportement des automobilistes vis-à-vis des usagers doux. Seule une synergie entre les différents acteurs permettra d’obtenir un changement de comportement.

Le fil rouge de cette campagne est incontestablement la notion de courtoisie vis-à-vis des usagers doux. En d’autres termes, participer au trafic exige, certes, que ceux-ci tiennent compte de leur vulnérabilité et respectent les règles du code de la route, mais, surtout, que les ‘plus forts’ ne négligent pas la présence des ‘plus faibles’. En effet, chaque utilisateur, quels que soient son âge, sa capacité physique et son moyen de locomotion, doit pouvoir circuler en sécurité.
Combinée à la sécurisation des infrastructures et à l’amélioration technique des véhicules, cette responsabilisation des usagers doit, à terme, non seulement permettre d’améliorer la sécurité des usagers doux, mais également la convivialité et la qualité de vie. Après tout, bien plus que des empêcheurs de tourner en rond, les piétons et les cyclistes sont, eux aussi, des usagers de la route à part entière!
Isabelle Durant , Ministre fédérale de la Mobilité et des Transports

L’hystérectomie en Belgique

Le 30 Déc 20

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L’étude des Mutualités chrétiennes

Voici trois ans (1), les Mutualités chrétiennes publiaient une étude qui indiquait que l’hystérectomie (ablation de la matrice) est une pratique très répandue en Belgique: à 60 ans, 20% des femmes n’ont plus d’utérus.
L’étude montrait aussi des différences de pratiques significatives entre hôpitaux et entre gynécologues.
Ainsi, le pourcentage d’interventions par voie vaginale montrait de fortes variations, et ce pourcentage aurait avantage à augmenter par rapport à l’abord abdominal. La même observation s’applique à l’intervention vaginale assistée par laparoscopie, mais des chiffres précis n’étaient pas encore disponibles à ce moment.
Il apparaissait également que parmi les alternatives à ce geste radical, la résection de l’endomètre stagnait à un niveau modeste.
Une constatation suscita aussi quelque controverse: les femmes avec le statut d’ouvrière et un revenu moyen ou faible avaient une probabilité de 60% plus élevée de subir une ablation de l’utérus que les femmes avec un statut d’employé et bénéficiant d’un revenu plus élevé. Quant aux femmes médecins, elles avaient encore 40% de probabilité en moins de subir une hystérectomie!

Information en trois phases

Ces résultats ont incité les Mutualités chrétiennes à attirer l’attention de leurs affiliées sur la question, et à les inciter à discuter franchement avec leur médecin quand il envisage une telle intervention.
Dépliant d’information et articles dans la presse ont tenté de donner aux femmes une idée précise des enjeux en la matière, des alternatives à l’hystérectomie et de l’utilité d’obtenir une second avis avant une éventuelle opération. Ce travail d’information s’inscrivait dans une démarche d’émancipation des patientes auxquelles la mutualité souhaitait donner certains outils leur permettant un échange constructif avec leur gynécologue et finalement d’être associées à la décision d’enlever ou non l’utérus.
Deuxième élément important: les hôpitaux avec département de gynécologie ont pu obtenir des informations précises sur les caractéristiques de leur pratique en la matière. Les médecins pouvaient obtenir des données personnalisées relatives à leurs patientes affiliées aux mutualités chrétiennes via un module uniquement accessible aux prestataires sur le site https://www.mc.be .
Enfin, les groupements professionnels, le Groupement des Gynécologues Obstétriciens de Langue Française de Belgique (GGOLFB) et son pendant flamand le VVOG ont été associés à la démarche, notamment lors de la présentation de l’étude à la presse. Il leur fut demandé de prendre une initiative en matière de recommandations concernant les problèmes qui peuvent conduire à l’hystérectomie.

Evolution des pratiques en 2000 et 2001

Entre 1989 et 1999, l’hystérectomie n’a pas cessé d’augmenter en fréquence à un rythme moyen d’1% par an en Belgique (cancers non compris). En 2000 et 2001 par contre, on observe une diminution de 8% par rapport à 1998-1999.
Entre ces deux périodes, on constate par contre une augmentation de 58% du nombre des résections de l’endomètre.
De même, le pourcentage d’interventions par voie vaginale a aussi augmenté (de 50 à 53%), un quart d’entre elles se faisant maintenant en combinaison avec la laparoscopie.
Ces chiffre sont encourageants. Bien évidemment, il n’est pas possible d’attribuer cette évolution à une et une seule cause, à savoir l’initiative de l’ANMC. Nous constatons en tout cas que le renversement de tendance depuis 1999 va dans le sens suggéré par notre travail.
Les données accessibles aux prestataires ont été actualisées, et permettent aux équipes de gynécologues de comparer leurs résultats spécifiques à l’ensemble des chiffres concernant les affiliées des Mutualités chrétiennes.

Bonnes pratiques

Le besoin de recommandations scientifiquement fondées concernant les problèmes de santé menant souvent à l’hystérectomie aux environs de la ménopause se fait quant à lui toujours sentir. A chacun son métier: ce n’est pas une tâche pour les organismes assureurs, mais plutôt pour les sociétés scientifiques de gynécologie.
Dr Raf Mertens , Responsable de la Cellule Qualité des Mutualités chrétiennes
(1) Voir L’hystérectomie en questions, l’article de couverture du n° 145 d’Education Santé, février 2000.

L’eau du robinet, ça nous plaît!’

Le 30 Déc 20

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En 2002, la campagne ‘Robinet Fontaine’ a permis d’équiper 60 écoles primaires bruxelloises de points d’eau de distribution. Promouvoir l’eau du robinet, c’est ouvrir la réflexion sur les bienfaits de l’eau sur notre santé, sur les économies réalisées quand on la préfère aux boissons du commerce, sur la grosse diminution de déchets d’emballage qui en découlent mais aussi, plus largement, sur les conflits qui sous-tendent la gestion de l’or bleu…
Parmi les pays européens, la Belgique est un des plus gros consommateurs d’eau en bouteille. Un beau gâchis quand on sait que nous avons accès à une des meilleures eaux de distribution d’Europe (en termes de qualité) et que l’eau du robinet coûte 150 à 600 fois moins cher que l’eau en bouteille. Pour le prix d’un litre de limonade de marque, vous pouvez avoir 800 litres d’eau du robinet! Alors pourquoi ne la privilégions-nous pas? Il faut dire que l’eau du robinet est victime d’une mauvaise image: elle n’aurait pas bon goût (question d’habitude, un petit ‘blind test’ est éclairant à ce sujet et puis il existe des petits trucs pour améliorer son goût); il y en a aussi qui disent qu’elle ne serait peut-être pas sans danger pour la santé…
Un travail de fond pour informer, sensibiliser et promouvoir l’eau du robinet pourrait influencer les comportements de consommation pour notre plus grand bien et celui de la planète!
Petites ou grandes, les initiatives qui oeuvrent pour une meilleure utilisation de l’eau ont chacune leur importance; ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières?

Passer à l’acte

Dans cette perspective de réflexion sur l’eau, l’idée de la campagne ‘Robinet Fontaine’ est née en mai 2001 lors du premier Parlement des jeunes bruxellois pour l’Eau, imaginée par la Maison de l’eau et de la vie (MEV), la Région de Bruxelles-Capitale et de l’Intercommunale bruxelloise de distribution d’eau (IBDE).
Pendant les 2 jours de session parlementaire, 200 jeunes issus de différentes écoles et de maisons de jeunes ont eu l’occasion de réfléchir et de rencontrer divers acteurs du monde politique sur cette thématique. Parmi les sujets discutés, les jeunes ont notamment constaté que l’accès à l’eau potable dans les écoles était parfois difficile. Ce constat s’est transformé en projet concret: l’installation d’une centaine de robinets fontaines dans les établissements de Bruxelles.
La campagne ‘Robinet Fontaine’ poursuit 4 grands objectifs:
– sensibiliser à la consommation d’eau de distribution comme eau de boisson et mettre en valeur les robinets fontaines;
– mener dans les écoles une réflexion soutenue par des activités pédagogiques pour assurer une bonne utilisation et un bon entretien des fontaines;
– assurer une continuité entre, d’une part, l’information dispensée et les comportements prônés dans les écoles et, d’autre part le comportement dans les familles vis-à-vis de l’eau du robinet;
– inciter à produire moins de déchets de boissons. Quand on sait qu’il faut 666 bouteilles d’un litre et demi pour contenir 1seul m³ d’eau… on mesure l’ampleur de l’enjeu écologique!
Les écoles qui se sont vues équiper de robinets fontaines ont répondu à un appel d’offre de la Région de Bruxelles-Capitale. Sur la centaine d’écoles qui ont demandé de participer à la campagne, 60 ont été sélectionnées sur base de leur candidature et d’une répartition linguistique et communale équitable. Sur ce total de 60 écoles (soit 14.500 élèves), 92 robinets fontaines ont été installés: on en compte 21 dans 19 écoles néerlandophones (pour 3.083 élèves) et 71 répartis dans 41 écoles francophones (pour 11.238 élèves).

Du matériel bien pensé…

Les objectifs de la campagne ‘Robinet Fontaine’ sont séduisants. Pour faire vivre ce beau projet dans les écoles, il fallait choisir un matériel de qualité, solide, bien pensé. Ce choix est aussi financier. L’installation d’un robinet fontaine coûte en moyenne 1200 euros. Le budget consacré à l’accompagnement pédagogique (personnel de coordination, production de documents, animations…) s’élève, quant à lui, à 50.000 euros. Un bel investissement pour la collectivité.
En pratique, après une analyse de l’eau et de la plomberie dans chaque école, les robinets fontaines sont reliés au réseau de distribution d’eau potable. Leur emplacement est déterminé de manière à ce que les élèves y aient accès facilement mais aussi en essayant de réduire la distance entre le robinet et la source de distribution d’eau. De cette manière, on évite que l’eau reste dans les installations des écoles, parfois vétustes et peut-être encore en plomb. Les robinets fontaines sont formés par un bac en acier inoxydable fixé à un mur (difficile à endommager) sur lequel est placé un robinet actionné par un bouton poussoir situé sur le devant de l’appareil (voir la photo). Le petit jet d’eau produit est à saisir avec la bouche, ce qui permet de respecter une bonne hygiène. Ce système ne demande en aucun cas de bidons de recharge.
Les avantages des robinets fontaines sont multiples: une bonne hygiène; une utilisation rationnelle de l’eau (le bouton poussoir évite les gaspillages et la conception du gicleur empêche d’arroser son voisin, il faut penser à tout!); une bonne accessibilité de l’eau (beaucoup d’enfants peuvent boire en se suivant et la prise d’eau est rapide).

Journal d’une campagne qui coule de source…

Suivre le journal de la campagne ‘Robinet Fontaine’, c’est aussi le moyen d’entrer dans la logique de ceux qui l’ont pensée jusque dans les moindres détails, ceux qui y ont cru. Cela permet également de donner un exemple de marche à suivre pour celles et ceux qui seraient tentés de mener ou de soutenir un projet similaire.
La première étape de la campagne est l’installation des robinets fontaines dans les écoles retenues. Ce sont les techniciens expérimentés de l’IBDE qui ont effectué les travaux. Pas question de bricoler… La qualité de l’eau et l’état de la plomberie doivent être vérifiés.
Ensuite, la Maison de l’eau et de la vie a envoyé un courrier d’information aux directions d’école qui reprend tous les renseignements pratiques, comme par exemple l’établissement du calendrier des réunions de concertation. Chaque école doit choisir une ‘classe relais’ chargée d’assurer le suivi de la campagne: inaugurer les robinets fontaines, en assurer la promotion, en évaluer la bonne utilisation, mener une enquête pour mesurer les effets. Idéalement, cette classe relais est issue du degré supérieur.
A cette étape, le site de la campagne(1) est un bon outil pour faire circuler l’information.
En fonction du calendrier établi avec chaque école sur une période allant de mi-septembre à début novembre (attention aux congés, activités programmées, rythmes de l’école, etc…), sont programmés:
– une réunion de concertation avec la classe relais, la direction, les représentants de l’équipe administrative, le personnel d’entretien, les associations de parents et un représentant de la MEV;
– une visite des sites de captage et de production d’eau de Meuse située à Tailfer (entre Namur et Dinant) et de captage d’eau souterraine situé à Modave, et une information concernant l’eau de distribution à Bruxelles. Les titulaires des classes relais pourront rencontrer ceux des autres écoles.
Dans la semaine qui suit la concertation, l’école se mobilise pour une après-midi de questions autour du thème de l’eau de boisson. La classe relais coordonne l’activité sur base des consignes données par la Maison de l’eau et de la vie.
Une semaine après la réunion de concertation, la classe relais assiste à une animation menée par une association partenaire ou un intervenant extérieur (voir la liste des partenaires dans l’encadré). Les objectifs de cette animation sont d’aiguiser l’esprit, apprendre à argumenter, à rechercher l’information, faire découvrir les outils de diffusion possibles, donner les outils pour mener l’enquête (visant à étudier le volume des déchets, la consommation d’eau et les comportements des élèves) et à organiser l’inauguration.
Un peu plus tard, c’est l’inauguration officielle des robinets fontaines par la classe relais en présence de toute l’école.
A partir de ce moment et jusque fin novembre, se déroule l’enquête dont le suivi et la publication des résultats sont assurés par la classe relais.
Une réunion d’évaluation finale a lieu mi-décembre avec les représentants des écoles.
En janvier, communication des résultats de la campagne. Pour la campagne de 2002, elle a eu lieu au Musée des Sciences naturelles en présence des autorités politiques, des partenaires de la campagne et de certaines écoles participantes.

Evaluation

Sur les 62 écoles qui ont participé à la campagne, 32 ont renvoyé le formulaire d’évaluation. Les données obtenues sont cohérentes et intéressantes mais leur nombre ne permet pas de faire des projections précises. Comme l’explique Luc Michiels de la Maison de l’eau et de la vie dans l’interview qu’il nous a accordée (voir plus loin), de petits problèmes de coordination et d’agenda entre les équipes qui installaient, les écoles et les équipes pédagogiques ont ralenti la mise en service des robinets fontaines dans certaines écoles. Toutes n’ont donc pas pu répondre au questionnaire d’évaluation dans les temps voulus… tout sera réglé pour la prochaine campagne, 2002 était une sorte de ‘mise en jambe’. Devant l’ampleur de la tâche, il est assez normal que les différents acteurs aient rencontré de petites difficultés. Pas de quoi décourager les troupes! Le projet reste bien vivant et ne demande qu’à reprendre un nouveau souffle!
Voici les grandes lignes des résultats de l’enquête menée par ces 32 classes relais:
– globalement: 6 écoles se disent très satisfaites et 20 satisfaites de l’ensemble de la campagne;
– concernant l’installation technique: 12 écoles en sont très satisfaites, 12 satisfaites et 7 pas satisfaites;
– à propos de l’accompagnement pédagogique: 15 écoles sont très satisfaites, 10 satisfaites, 1 pas satisfaite et 6 n’ont pas répondu;
– on observe une réduction sensible des déchets dans les classes relais une fois les robinets fontaines installés. Le nombre moyen de déchets d’emballage (berlingots et canettes) jetés par élève et par semaine passe de 7,17 à 4,04. Une réduction d’autant plus importante que le nombre de déchets était important avant l’installation. Cette diminution peut atteindre jusqu’à 50% dans certaines classes;
– les élèves des classes relais disent utiliser les robinets fontaines pour environ une prise de boisson sur trois;
– l’eau du robinet est utilisée plus d’une fois sur deux;
– les robinets fontaines sont soit complémentaires soit concurrents à l’eau prise aux éviers. Cela dépend probablement des habitudes de l’école et de l’état des lavabos. Là où l’eau des éviers était déjà utilisée, les robinets fontaines sont complémentaires et la prise d’autres boissons diminue. Par contre, dans les écoles où les éviers étaient utilisés par ‘défaut’, faute de mieux, les robinets fontaines sont utilisés au détriment de l’eau des éviers. Une seule école sur les 7 qui ont pu fournir ces données ne se conforme pas à ce modèle;
– enfin, l’installation de robinets fontaines ne change pas radicalement les causes de la prise de boisson. On note généralement une légère augmentation du plaisir de boire mais aussi pour certaines classes, une diminution assez importante du besoin de se désaltérer.

Les réactions

Lors de la présentation de l’évaluation le 22 janvier dernier au Musée des Sciences naturelles, nous avons récolté les témoignages d’Ikram, Eloïse, Lucas, Laura et de l’institutrice Hélène Jacobs de l’école St Joseph à Ixelles ainsi que celui de Luc Michiels, de la Maison de l’eau et de la vie. Ce qui va, ce qui ne va pas et qu’il faut améliorer… le point sur une expérience riche en enseignements.

De l’école St Joseph, Ixelles…

Education Santé: Le fait d’avoir deux robinets fontaines à l’école a-t-il changé votre comportement? Vous buvez plus d’eau, moins de canettes…
Lucas: Pas vraiment, parce qu’il est dans la salle de gym…
Hélène Jacobs: Chez nous, il n’a pas été bien placé. On va essayer de le mettre à l’extérieur. Il y a eu un manque de communication à ce niveau-là. C’est le seul reproche que l’on peut faire. Ceci dit, on a travaillé sur le thème de l’eau et les élèves ont plus bu à l’évier. Toute la sensibilisation a changé un peu leurs habitudes. Ils ont moins amené les jus, les canettes…
Eloïse: Ce qui est chouette c’est qu’après la gym, on peut aller boire parce qu’avant on avait juste un évier qui ne coulait pas très bien. Là, c’est vraiment agréable. On a 2 robinets fontaines dans la salle de gym mais il n’y a en qu’un qui fonctionne parce l’autre, quand on pousse sur le bouton, l’eau sort de l’évier…
E.S.: Vous avez tout un projet autour de l’eau?
H.J.: Dans notre école, nous travaillons en cycle avec les 4, 5 et 6e années. En fin de 6e, on réalise un projet final et collectif qu’on appelle ‘chef d’œuvre’. Le thème qu’on a pris est ‘l’eau’ en reprenant les différentes matières et activités: cartes de géographie, enquête, renseignements sur les métiers de l’eau, chansons, films, dessins animés où on aborde l’eau, chiffres importants, expériences, textes en néerlandais… Il y a vraiment plein de choses. On a travaillé là-dessus pendant un mois les lundis après-midi. Les élèves ont travaillé aussi sur les ‘Iles de paix’ début janvier. Tout ça est lié. On a préparé une journée de fête de ‘l’eau’ avec l’inauguration des fontaines, une exposition dans toute l’école, des expériences, des panneaux…

La Maison de l’eau et de la vie et ses partenaires

La Maison de l’eau et de la vie (MEV) assure la coordination générale de la campagne ‘Robinet Fontaine’. C’est elle qui est à l’initiative du Premier parlement des jeunes bruxellois pour l’eau.
La MEV est une asbl fondée en 2000 par 3 organisations actives dans le domaine de l’eau, de l’éducation, de la communication et de la réflexion éthique sur les relations entre l’homme et la nature.
Globalement, elle a comme projet d’animer un espace sur le thème de l’eau et du monde vivant. Parmi ses objectifs, elle veut:
– entreprendre tous programmes, prioritairement auprès des jeunes, de sensibilisation aux problèmes de l’eau, de sa protection, de sa préservation;
– animer un centre d’éthique sur les relations interdépendantes entre l’homme, l’environnement et les différentes formes de vie;
– entreprendre toutes démarches utiles auprès des acteurs de l’eau pour les associer à ses objectifs et ses programmes.
La MEV inscrit toujours ses activités dans la double perspective de l’éducation relative à l’environnement et de la formation de citoyens de l’eau.
Partenaires de l’accompagnement pédagogique de la campagne
Le réseau Idée , réseau d’information et de diffusion en éducation relative à l’environnement en Communauté française, apporte au projet son expérience en termes méthodologiques et contribuera à la communication autour du projet et surtout auprès des enfants. Le réseau apportera également son expérience dans la conception de sites internet éducatifs.
NME-Link Brussel est le pendant néerlandophone du réseau IDée pour la communauté flamande à Bruxelles. Il apporte son action d’éducation a l’environnement dans les écoles néérlandophones.
Tournesol/Zonnebloem est une asbl qui gère et anime un centre d’initiation à l’environnement de la Région bruxelloise. Elle propose des animations de sensibilisation à l’environnement aux écoles de la région. Dans le projet, Tournesol anime les classe relais avec la maison médicale Norman Bethune. Tournesol apporte en particulier son expérience du thème de la consommation.
La maison médicale Norman Bethune , située à Molenbeek, dispose d’une équipe de 2 animatrices, propose des animations sur la santé dans les écoles, elle apporte cette expérience d’animation dans le cadre de ce projet pour les écoles de l’Ouest de Bruxelles.

ES: Est-ce à partir de la campagne des robinets fontaines que vous avez décidé de travailler sur le thème de l’eau?
H.J.: Oui, c’est très clairement venu de là. Une des difficultés de notre organisation, c’est qu’on n’a pas eu une vraie classe relais. On a eu des enfants motivés au sein de tout le 3e cycle mais c’est un choix d’école qu’on a fait et qu’on assume complètement.

…et de Luc Michiels de la Maison de l’eau et de la vie

E.S.: Quelle est votre plus grande satisfaction?
L.M.: Principalement, d’avoir pu montrer qu’on peut faire confiance à une classe relais pour mener une campagne personnalisée dans son école. Il n’y a pas nécessairement besoin d’un accompagnement directif de notre part, on leur donne des outils pour qu’ils soient autonomes le plus vite possible. Aujourd’hui, ils sont venus exprimer que ça marche. C’est notre principale satisfaction.
Mais aussi la satisfaction de voir que les jeunes ont exprimé une demande lors de ce Premier parlement des jeunes bruxellois pour l’eau et qu’elle s’est réalisée de façon concrète, dans les mois qui ont suivi. La parole des jeunes a été entendue et se concrétise.
E.S.: Que pensez-vous devoir améliorer pour l’année prochaine?
L.M.: La chose principale, c’est une meilleure coordination entre les équipes d’installation (qui ont rencontré plus de problèmes que prévu) et les équipes éducatives. Tant que le dispositif n’est pas en service, ça ne sert à rien d’entamer un travail éducatif. Ce travail de coordination a été un peu flottant cette fois-ci.
E.S.: Vous n’avez pas envie d’élargir le public des écoles primaires?
L.M.: Idéalement, oui. L’idée des robinets fontaines a germé au départ d’interventions lors du Parlement des jeunes bruxellois pour l’eau. La question posée était comment améliorer l’accès à l’eau du robinet à l’école. Le choix a été de privilégier les écoles primaires. Rien n’empêche que des entreprises ou d’autres organisations prennent l’initiative d’installer des dispositifs chez eux.
E.S.: Vous pourriez devenir un relais vers d’autres publics?
L.M.: Nous pourrions le faire. De toute manière, toute l’information que nous avons eu l’occasion de rassembler se trouve sur le site internet et est donc accessible à tout le monde.
E.S.: Les résultats de l’enquête vous ont surpris?
L.M.: Non pas vraiment, là aussi je reviens à la remarque sur les problèmes de coordination entre l’installation et le travail éducatif. Beaucoup d’écoles n’ont pas eu assez de temps pour pouvoir faire des enquêtes sur une période représentative, au moins un mois d’observation quotidienne. Ce qu’on souhaite c’est de pouvoir améliorer la formule les fois prochaines pour avoir plus d’informations qui seront plus fiables que celles que nous avons maintenant.
E.S.: On voit une réelle diminution des déchets dans les écoles…
L.M.: Dans les classes qui ont vraiment suivi l’accompagnement pédagogique, on observe une diminution de 50% des déchets de boissons (canettes, berlingots, bouteilles) dans les classes relais.
E.S.: Vous avez la conviction que cette campagne va provoquer un changement d’habitude auprès des enfants?
L.M.: Je pense que s’il n’y a pas un travail répété chaque année par une classe relais, la motivation va s’effilocher. La question de la durabilité de cette initiative est posée. Le matériel en inox est solide mais il faut que l’école se prenne en charge et assure la promotion et le respect de ces dispositifs.
Les écoles ont été gâtées. Maintenant, mais c’est à elles de l’entretenir et de le faire respecter.

Sylvie Bourguignon
Info: Maison de l’eau et de la vie, rue Royale, 171/3, 1210 Bruxelles. Tél.: 02-209 16 36. Fax: 02-209 16 31. Courriel: info@maisondeleau.be . Site web: https://www.robinetfontaine.be (1) A l’adresse https://www.robinetfontaine.be . Si cet article vous a intéressé ou vous donne des idées, nous vous le conseillons: il offre beaucoup d’informations, est bien structuré et agréable à consulter.

La lutte contre la pédiculose, une lutte contre l’exclusion

Le 30 Déc 20

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Tout a commencé un mardi soir d’octobre, il y a six ans de cela.
J’ai pour habitude, en tant que Directeur d’une école élémentaire située dans la zone d’éducation prioritaire de Montereau-Fault-Yonne, en Seine-et-Marne, de rester «en faction» devant la grille, sur le trottoir, afin de bavarder avec les parents présents, et surtout, de m’assurer qu’aucun problème ne viendra perturber la sortie des classes.
Ce soir-là, une maman m’a désigné du doigt un enfant qui n’était pas le sien, et, très en colère, m’a demandé devant lui « d’exclure ce gamin qui a des poux, parce que, vous comprenez, y’en a marre, il en refile à tous ses copains. Moi, je traite, mais pas les autres familles»
Le verbe qui m’est tellement insupportable était lâché: exclure!
Le problème, à la fois si simple et si compliqué, était posé.
Notre législation en la matière étant assez floue (« pas d’éviction si traitement », je cite la lapidaire circulaire), les infirmières et médecins scolaires étant débordés par d’autres soucis, je me retrouvais devant ce constat: je n’avais aucune réponse satisfaisante, et surtout, aucune solution fiable à apporter à cette maman en particulier et à la communauté éducative en général.
J’ai très rapidement pensé que tous seuls, dans notre coin, mes collègues et moi-même ne pouvions guère être crédibles en terme d’efficacité.
Il fallait à tout prix trouver des partenaires pour entreprendre collectivement cette lutte commune contre les poux. J’étais loin d’imaginer, à l’époque, que j’étais en train de mettre en œuvre une démarche de santé communautaire!
Il me fallait à tout prix fédérer les parents, les enfants, les enseignants, mais aussi les partenaires institutionnels habituels autour de cette lutte contre la pédiculose.
C’est pourquoi je suis allé trouver Francine Têtu , assistante sociale, (une «sainte laïque» qui porte bien son nom…), avec qui j’avais déjà mis en place des projets communs, et notamment une action d’accompagnement à la scolarité, avec les familles d’enfants en difficulté.
Francine ayant appris qu’à Tours, une expérience intéressante en la matière était tentée, nous nous sommes rendus dans cette ville, avec le premier Maire-Adjoint de Montereau, Claude Sigonneau .
Nous avons été reçus par le Professeur Catherine Combescot , alors maître de conférence à la Faculté de pharmacologie, spécialiste incontestée du pou.
Grâce à elle, nous avons pu voir dans ses œuvres un inspecteur de l’hygiène vérifiant toutes les têtes des écoles tourangelles collaborant à ce programme expérimental.

Mobilisation générale

Revenus en Seine-et-Marne, notre projet a véritablement démarré.
Nous avons évalué scientifiquement le taux de prévalence de l’école: grâce au Professeur Jacques de Nadon , collègue de Catherine, nous avons constaté que 16,1 % des enfants étaient infestés d’œufs ou de poux vivants.
Ce point de départ établi, nous avons voulu reproduire (et améliorer!) la méthode.
Nous avons dans un premier temps cherché à créer un véritable collectif afin d’imaginer, rédiger, et budgéter un projet éducatif: un médecin scolaire, deux infirmières de l’hôpital de Montereau, une infirmière de la Direction des affaires sanitaires et sociales de Seine-et-Marne, mais aussi des parents d’élèves très impliqués et très motivés sont venus nous rejoindre.
Nous nous sommes inspirés de la Charte de Santé communautaire européenne établie en partie grâce à l’Institut Théophraste-Renaudot.
Les deux infirmières sont allées se former à Tours en matière de biologie du pou, mécanisme et cycle de reproduction, calcul du taux de prévalence, traitements adéquats, etc.
Désormais, deux ou trois fois par an, elles viennent passer préventivement un peu de produit anti-poux dans toutes les têtes, y compris celles des enseignants. Les cas «lourds» sont repérés. Les familles concernées sont aidées à l’école et à domicile, si elles le désirent. Nous distribuons gratuitement des lotions et des shampoings anti-parasitaires, avec l’aide d’un pharmacien de la ville qui nous fournit les produits sans aucune marge bénéficiaire.
Nous leur indiquons la démarche appropriée pour se débarrasser des intrus. C’est en effet le coût des flacons et la méconnaissance du processus de traitement qui bien souvent freinent la lutte contre la pédiculose dans les quartiers défavorisés.
Mais ce n’est pas tout.
Il nous a fallu, parallèlement à cette démarche, dédramatiser ce problème aux yeux de tous.
Les enfants sont devenus partie prenante de cette lutte, une lutte qui permet aux enseignants de dégager des objectifs en termes d’acquisitions de connaissances scientifiques, de compétences et de savoir-faire: les enfants trouvent ainsi du sens à leurs apprentissages, ils deviennent encore un peu plus acteurs et auteurs de leur cursus scolaire.
Ils ont découvert et se sont approprié toute une bibliographie sur le sujet. Ils ont écouté des contes dans lesquels ce chétif insecte se taillait la part du lion.
Ils ont créé des pièces de théâtre, des chansons, des danses, des fresques.
Mes élèves et moi, grâce à la station locale de Radio France, avons enregistré un CD audio dédié à la prévention et au traitement vus par les enfants.
Nous avons aussi participé au documentaire TV animalier «Planète poux», qui a été diffusé dans soixante-cinq pays.
Et puis surtout, depuis quatre ans, une fête des poux vient clôturer l’année scolaire. Un lâcher de ballons très attendu symbolise la disparition des petites bêtes.
Tout le quartier participe, les familles viennent jouer, danser, échanger autour de ce thème désormais déchargé de toute connotation d’exclusion.
Le collectif anti-poux se réunit cinq ou six fois par an, afin de suivre l’évolution du projet, financé par la Municipalité, la Préfecture à la Ville, la Mutuelle bleue de Seine-et-Marne et l’Education nationale.
Nous envisageons même de créer un poste d’adulte-relais afin de suivre spécifiquement ce dossier ainsi que d’autres thèmes: lutte contre les caries dentaires, accompagnement des familles chez les professionnels de santé, implication des autres écoles, des structures municipales de loisirs, etc.
Et puis, bien évidemment, le collectif évalue les progrès en matière de prévalence. Il nous a fallu six années pour que le taux passe de 16,1 % à 1,75 % d’enfants infestés. Oserai-je faire remarquer que la lutte contre les poux est une action très… lente?
Yves Poey , directeur de l’Ecole élémentaire Jules Ferry
Adresse de l’auteur: Ecole élémentaire Jules Ferry, 8 rue Jules-Ferry, 77130 Montereau-Fault-Yonne

Danse avec les poux

Le 30 Déc 20

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Depuis le début de l’histoire de l’humanité, les poux sont des fidèles compagnons des hommes, des femmes et des enfants. Selon les moments de l’histoire et les cultures, les poux ont été acceptés, voire même valorisés, ou au contraire rejetés.


Les poux évoquent toujours des images fortes: pou égal tabou, ce sont les personnes sales, les ‘pouilleuses’ qui ont des poux, les têtes rasées ou passées au pétrole pour cause de pédiculose, mais aussi le livre pour enfants ‘Rendez-moi mes poux’.


Dans nos réalités quotidiennes les poux arrivent à perturber la vie des familles, la vie au sein des classes, dans les lieux collectifs…


En se concentrant particulièrement sur le milieu scolaire, on constate que les poux n’y provoquent pas que des désagréments physiques. Ils entraînent des conséquences qui touchent les personnes, individuellement ou collectivement.
L’apparition de ces petits insectes peut être à la source d’une stigmatisation d’enfants ou de familles, de tensions dans les classes, de disputes parfois importantes entre parents, de pressions pénibles sur les enseignants ou sur les directions d’écoles et les services de promotion de la santé à l’école.


Ma volonté politique en tant que Ministre de la Santé est que la pédiculose dans les écoles régresse, afin de réduire la fréquence des situations pénibles qu’elle génère.


Evidemment, en soi, les poux à l’école ne constituent pas un grave danger de santé publique. Néanmoins, taire ou ignorer le problème est une erreur. Car les poux ont tendance à empoisonner les relations à l’intérieur de l’école et la vie quotidienne de nombreuses familles et de façon parfois très importante.

Gérer le problème plutôt que rêver d’une éradication illusoire

Comme ce problème, pour des raisons de santé et pour des raisons sociales, doit être combattu, j’ai décidé d’organiser ce colloque, le considérant comme un moment privilégié pour que les différents acteurs abordent sereinement cette question, tout en envisageant les possibilités concrètes de changer les situations sur le terrain.


Eradiquer totalement les poux de l’école me semble illusoire. Sans doute faut-il également apprendre à vivre avec eux? Cependant, il importe impérativement d’apporter des améliorations de la vie quotidienne quand celle-ci est polluée par les poux.


J’ai voulu placer ce forum dans une perspective de promotion de la santé. Et je remercie le Conseil supérieur de promotion de la santé d’avoir accepté d’en être co-initiateur.


La logique de la promotion de la santé élargit ce champ pour passer de sa dimension strictement médicale et sanitaire à une notion dynamique et positive de processus engageant la population.


Dans cette perspective, les individus et les groupes sont considérés comme des interlocuteurs actifs, acteurs de santé et de qualité de vie. Il y a donc une dimension participative pour des objectifs de citoyenneté et d’émancipation.
La promotion de la santé prend également en compte les déterminants de la santé, l’environnement global de la personne et du groupe. Là se trouve la logique de proximité et aussi d’intersectorialité.


Néanmoins, il y a un arrêté relatif à la prophylaxie des maladies transmissibles, pris en application du décret de la promotion de la santé à l’école, qui prévoit encore l’écartement en cas de pédiculose, tout en le limitant à 8 jours et en l’accompagnant d’un suivi des familles.


Certains parents regrettent que leurs enfants soient écartés de l’école. Ils le regrettent car ils le ressentent comme une exclusion, leurs enfants se sentent montrés du doigt et si l’écartement se prolonge, des difficultés d’apprentissage peuvent survenir.


D’autres parents déplorent que les camarades ‘porteurs de poux’ de leurs enfants ne soient pas écartés de l’école car ils estiment que pour protéger la classe, il vaut mieux écarter les enfants porteurs qu’ils estiment gênants. Paradoxe: l’enfant peut se retrouver dans l’une ou l’autre situation.

Information et dédramatisation

Je conçois ce forum comme une mise en chantier qui débouchera sur des pistes à travailler par la suite. En effet, cette journée-ci constitue un moment de réflexion et de confrontation dont les résultats continueront à être explorés afin d’en tirer des pratiques concrètes et réalisables.


Les perspectives déjà envisagées pour le moment sont une brochure informative à l’attention des parents et un outil pédagogique pour les enseignants.
Par ailleurs, une modification de la législation en vigueur est toujours possible. L’idée qui sous-tend l’organisation de ce forum est bien de débattre ensemble de ce problème, surtout des solutions à y apporter, sans dramatisation.


Les aspects individuels, c’est-à-dire aider les enfants et les parents à se débarrasser des poux par une attitude et des traitements adéquats seront abordés ainsi que les aspects collectifs, c’est-à-dire comment vivre ces situations ensemble au sein de l’école. Les traitements individuels des enfants sont nécessaires, mais ne suffisent pas. Il devient dès lors intéressant d’imaginer des dynamiques collectives s’appuyant sur des solidarités.


Dans l’optique de la promotion de la santé, je souhaite que soient envisagées et étudiées plus spécifiquement et plus précisément les prises en charge collectives de ce problème dans les écoles, favorisant des solutions qui soient bonnes pour chacun et pour tous.


De telles pratiques de dialogue et de solidarité sont productrices de qualité de vie et fournissent des éléments de réponse à ne pas négliger. Quand une maladie ou un «mal-être» apparaît, déclarer les individus responsables ne peut suffire.


Au contraire, en renforçant le «pouvoir faire» collectif, en portant le débat sur la positivité, l’apprentissage à la citoyenneté se trouve renforcé. De nombreuses compétences existent au sein des écoles ou à l’extérieur: l’arrivée des poux dans les classes peut aussi être l’occasion de vivre des moments ludiques, informatifs, éducatifs… Quand la gestion de la situation créée par la présence de poux au sein d’une classe se fait collectivement, celle-ci devient le sujet de l’attention et permet d’éviter la logique du bouc émissaire qui se focalise sur un ou des individus porteurs.


En effet, se centrer sur les poux ou la pédiculose met en exergue des porteurs du problème, des responsabilités. Des frontières risquent de se créer à l’intérieur de l’école: il y a les porteurs et les non porteurs, il y a les bons parents qui traitent leurs enfants et les mauvais parents, il y a les enseignants qui en parlent et ceux qui se taisent, les intervenants de PSE qui pratiquent l’éviction et ceux qui ne la pratiquent pas, etc.


Je nous souhaite d’être imaginatifs et inventifs afin de parvenir à l’élimination d’une grande partie de ces parasites indésirables et de construire des nouvelles approches du phénomène des poux à l’école.


Je remercie les participants au groupe de travail qui a accompagné la réalisation du forum, les intervenants et les animateurs qui ont accepté d’apporter et de confronter leurs savoirs et leurs expériences aujourd’hui, Question santé qui a porté l’organisation du forum, les personnes venues de France pour élargir nos horizons et vous toutes et tous qui avez décidé de consacrer une partie de ce samedi à une danse avec les poux.


Nicole Maréchal , Ministre de la Santé

Le tabagisme en Belgique en 2002

Le 30 Déc 20

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Prévalence stable, différences marquées dans la consommation

Au cours de la période de 1982 à 1993, le pourcentage des fumeurs quotidiens a baissé de 40% à 25%. Depuis 1991, ce pourcentage oscille autour de 25-30% et aucune baisse significative n’a plus été constatée. Une nouvelle analyse du CRIOC (1), réalisée au mois de novembre 2002 basée sur une enquête que l’INRA a menée auprès de 2.029 personnes de 15 ans et plus, a démontré qu’il y a actuellement en Belgique 29% de fumeurs quotidiens. Répartis selon les régions, les pourcentages de fumeurs quotidiens en 2002 étaient de 26% en Flandre, 27% à Bruxelles et 35% en Wallonie.

Tableau 1: pourcentage de fumeurs réguliers en Belgique (18 ans et plus)

Hommes Femmes Total
1982 53 28 40
1985 45 27 35
1990 38 26 32
1995 33 24 28
1996 34 27 30
1997 31 22 26
1998 30 23 27
1999 31 26 29
2000 36 26 31
2001 34 22 28
2002 33 25 29

Source: CRIOC

Tableau 2: pourcentage de fumeurs réguliers en Flandre et en Wallonie (18 ans et plus)

(2) + (3)

Flandre Wallonie Ecart
1982 39 42 +3%
1985 35 36 +1%
1990 28 32 +4%
1995 27 29 +2%
1996 30 31 +1%
1997 25 27 +2%
1998 27 26 -1%
1999 26 32 +6%
2000 28 33 +5%
2001 28 29 +1%
2002 26 35 +9%

Source: CRIOC

On constate des différences marquées dans le tabagisme en Belgique. Les éléments déterminants sont l’âge, le sexe, la classe sociale, l’état civil et la région linguistique. Il y a moins de tabagisme parmi les personnes de plus de 65 ans, les femmes, les personnes mariées, les plus hautes classes sociales et les néerlandophones. Pour illustration: de toutes les femmes néerlandophones qui ont plus de 65 ans et qui n’habitent pas dans une des 5 grandes villes, seules 4 % fument tous les jours ou occasionnellement; parmi les francophones dans le groupe d’âge de 15 à 44 ans, qui ne sont pas mariées mais qui sont néanmoins chefs de famille, et qui appartiennent aux classes sociales inférieures, ce taux est de 73 %!

Taux le plus élevé de mortalité due au cancer des poumons

En Belgique, le cancer des poumons a tué 6.522 personnes (5.538 hommes et 984 femmes) en 1996. Le taux de mortalité due au cancer des poumons chez les hommes est en Belgique le plus haut de toute l’Union européenne. Chaque année, 20.000 Belges meurent prématurément à cause de leur tabagisme.

Tableau 3: mortalité due au cancer du poumon par million d’hommes entre 45 et 74 ans en 1996 (Union européenne)

Belgique

2121
Ecosse 1940
Pays-Bas 1796
Italie 1716
Luxembourg 1684
Grèce 1654
Danemark 1582
Espagne 1564
France 1566
Allemagne 1508
Irlande du Nord 1482
Angleterre et Pays de Galle 1377
Autriche 1365
Finlande 1234
Portugal 1036
Suède 702

Source: Leuven Mortality Monitoring System

Hausse des ventes de cigarettes et de tabac à rouler et des recettes fiscales sur le tabac

En 2002, le secteur du tabac a vendu 14.314 millions de cigarettes et 8.417 tonnes de tabac à rouler en Belgique, ce qui correspond à une hausse respective de 10% et de 20% en comparaison avec 2001. Cette hausse du chiffre d’affaires peut probablement pour la plus grande partie s’expliquer par le développement des achats de cigarettes par les Britanniques. Chaque année, ceux-ci achètent près de 5 milliards de cigarettes de manière tout à fait légale à l’étranger, le plus souvent en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg.
Les recettes fiscales sur le tabac en Belgique étaient de 1.979 millions d’euros en 2002, ce qui représente une hausse de 267 millions d’euros (+16%) en comparaison avec 2001. À ce total des recettes s’ajoutent encore 37 millions d’euros de recettes fiscales qui résultent d’achats que des Belges font au Grand-Duché de Luxembourg et du traité commercial conclu entre les deux pays. Le total des recettes fiscales sur le tabac en 2002 revient donc à 2.016 millions d’euros. Jusqu’à présent, et contrairement à certaines annonces des autorités, aucun transfert de recettes fiscales provenant du tabac n’a été constaté vers la prévention du tabagisme. Il est attendu que les recettes fiscales augmenteront encore en 2003, notamment suite aux hausses de prix (+ 190 millions euros) et à l’assouplissement des conditions imposées pour les achats transfrontaliers par les Britanniques. Depuis le 1er décembre 2002, il leur est légalement permis d’acheter 3.200 cigarettes (au lieu de 800) et trois kilos de tabac à rouler (au lieu d’un kilo) dans d’autres pays de l’Union.

Le prix du paquet

Quand nous voyons l’ampleur des achats ‘étrangers’ dans notre pays, nous sommes en droit de nous interroger sur la qualité de l’intégration européenne par rapport au prix de produits comme la cigarette.
Savez-vous par exemple que la marque la plus vendue au monde coûte 3,50 € en Belgique, 3,90 € en France, 3,20 € aux Pays-Bas, 2,80 € au Luxembourg, 3,37 € en Allemagne et 4,51 £ en Grande-Bretagne (soit 6,80 €)? Dans ces conditions, le ‘tourisme’ du tabac a encore de beaux jours devant lui…
Prix aimablement communiqués par Caroline Rasson , de la FARES et Graham Bashford

Horeca: non-fumeurs mécontents

La même enquête du CRIOC s’est intéressée à l’opinion des non-fumeurs quant à l’obligation légale faite aux cafés et restaurants de leur offrir des places sans fumée. Six personnes sur dix sont insatisfaites (3 sur 4 à Bruxelles).
Manifestement, beaucoup d’exploitants ne respectent pas la loi déjà peu exigeante selon le CRIOC puisqu’elle prévoit que les cafés et restaurants dont la taille dépasse 50 m² doivent réserver la moitié de l’espace aux non-fumeurs alors qu’ils représentent 70% des consommateurs.
Les contrôles de l’Inspection des denrées alimentaires permettent de relever un pourcentage important (40% en 2002) de lieux non conformes, qu’il s’agisse d’absence de zones non-fumeurs ou de systèmes de ventilation inexistants ou inefficaces.
Dans la mesure où le tabagisme passif fait courir un risque accru de mortalité, l’amélioration de la situation est une priorité absolue pour le CRIOC.

Un objectif de santé trop ambitieux

L’objectif envisagé par le Gouvernement flamand, qui était de réduire dans la période de 1998 à 2002 le nombre de fumeurs (hommes et femmes, et en particulier les jeunes) en Flandre de 10%, n’a pas été atteint. A noter que la Communauté française Wallonie-Bruxelles ne s’est pas assigné d’objectif quantitatif pour sa politique de prévention du tabagisme.
Est-ce à dire que les équipes actives en prévention sont totalement inactives et inefficaces, alors que la publicité est maintenant quasi totalement bannie? Bien malin qui pourrait dire où nous en serions aujourd’hui sans toutes les mesures préventives prises depuis une vingtaine d’année!
Enfin, en Belgique, les dépenses pour les soins de santé dans le cadre de l’assurance maladie sont estimées en 2003 à 14,6 milliards d’euros. Sur base d’enquêtes à l’étranger, nous évaluons les coûts du tabagisme à 10% des dépenses pour soins de santé, soit 1,46 milliards d’euros.
Pour plus d’informations: contactez le CRIOC au 02-547 06 11.

(1) Enquête menée par l’INRA pour le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC). La marge d’erreur pour un échantillon de 2.000 personnes est de 2,2 %. Il n’y a pas de différence significative entre les pourcentages de fumeurs quotidiens de 2002 et de 2001.
(2) Les pourcentages pour Bruxelles peuvent varier considérablement d’une année à l’autre, puisque l’échantillon bruxellois n’est que de 180 à 240 personnes. Il n’a pas été repris dans ce tableau.
(3) À partir de 1990, les pourcentages de fumeurs portent sur le groupe d’âge de 15 ans et plus.

Une convention-cadre mondiale pour la lutte anti-tabac

Le 30 Déc 20

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Cent septante et un Etats Membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont entendus pour soumettre à l’adoption de l’Assemblée mondiale de la santé un traité qui fera date dans l’histoire de la santé publique et réduira l’offre et la consommation de tabac. Le texte de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (FCTC) couvre les taxes sur le tabac, la prévention et le traitement du tabagisme, le commerce illicite, la publicité, le parrainage, la promotion et la réglementation des produits.
C’est l’aboutissement de quatre années de travaux consacrés à l’élaboration d’un traité international sur la lutte antitabac. L’accord s’inscrit dans une stratégie mondiale destinée à réduire la mortalité et la morbidité liées au tabac dans le monde.
« La Convention sur laquelle nous nous sommes entendus marque un réel tournant dans le domaine de la santé publique mondiale » a déclaré le Dr Gro Harlem Brundtland , Directeur général de l’OMS. « C’est aussi un tournant dans la collaboration internationale à l’heure de la mondialisation. Ainsi, les pays collaboreront systématiquement pour protéger la vie des générations présentes et futures et construire ensemble un monde meilleur et plus sain. Je félicite nos Etats Membres du courage et de la clairvoyance dont ils ont fait preuve en rédigeant un traité qui atténuera sensiblement l’impact du tabac sur la santé des populations dans les décennies à venir
«Le tabac tue dans tous les pays du monde et la plupart d’entre nous connaissent probablement quelqu’un dont la mort est imputable au tabagisme» a-t-elle ajouté. «Les mesures que nous nous sommes tous engagés à prendre permettront de sauver des millions et des millions de vie. Ce traité est le fruit de la détermination et de l’inspiration de tous ceux qui n’ont pas ménagé leur peine pour conclure une convention efficace et forte.»
Le texte final a été soumis à l’adoption de l’Assemblée mondiale de la santé en mai. La Convention est donc maintenant ouverte à la signature des Etats Membres. Elle entrera en vigueur peu de temps après avoir été ratifiée par 40 pays.
En vertu de ce texte, les Parties à la Convention seront tenues de mettre en œuvre des stratégies et des programmes complets de lutte antitabac aux niveaux national, régional et local. Le préambule reconnaît expressément la nécessité de protéger la santé publique, la nature très particulière des produits du tabac et les préjudices causés par les sociétés qui les produisent.
Le texte final porte notamment sur les principaux points suivants:
Taxes – Le texte reconnaît officiellement que les mesures financières et fiscales sont un moyen important de réduire la consommation de tabac, en particulier chez les jeunes, et prévoit que les signataires devront tenir compte des objectifs de santé publique lors de l’application des politiques financières et fiscales sur les produits du tabac.
Etiquetage – Le texte dispose que des mises en garde sanitaires claires sous forme de texte ou de pictogrammes, ou associant texte et pictogrammes, devront occuper au moins 30% mais de préférence 50% ou plus des faces du conditionnement des produits du tabac. Les dispositions relatives au conditionnement et à l’étiquetage interdisent également l’emploi de termes trompeurs donnant l’impression erronée que le produit est moins nocif que d’autres, comme par exemple «légère» ou «à faible teneur en goudrons».
Publicité – Bien que tous les pays aient reconnu qu’une interdiction globale aurait pour effet de réduire sensiblement la consommation des produits du tabac, certains pays, en raison de dispositions constitutionnelles – couvrant par exemple la liberté d’expression à des fins commerciales – ne peuvent pas imposer une interdiction complète dans tous les médias. Le texte final stipule que les Parties devront s’orienter vers une interdiction globale dans les cinq années suivant l’entrée en vigueur de la Convention. Pour les pays qui ne sont pas en mesure d’imposer une interdiction complète, il contient également des dispositions en vertu desquelles ces pays sont tenus de restreindre, dans les limites de leur législation, la publicité en faveur du tabac, la promotion et le parrainage du tabac.
Le texte prévoit expressément que les futurs signataires de la Convention envisageront l’adoption d’un protocole couvrant plus en détail la question de la publicité transfrontière. Ce protocole pourrait inclure les aspects techniques de mesures visant à prévenir ou empêcher la publicité dans des domaines tels que la télévision par satellite et l’Internet.
Responsabilité – Les Parties à la Convention sont invitées à prendre des mesures législatives permettant d’établir la responsabilité de l’industrie du tabac dans les coûts associés à la consommation de tabac.
Financement – Les Parties devront soutenir financièrement les programmes nationaux de lutte antitabac. Le texte préconise en outre l’utilisation et la promotion des fonds de développement existants pour la lutte antitabac. Un certain nombre de pays et d’organismes de développement se sont déjà engagés à inclure la lutte antitabac parmi leurs priorités pour le développement.
Le texte prévoit également que les pays encourageront la mise en place de programmes de traitement pour aider les gens à cesser de fumer et des activités d’éducation visant à dissuader les gens de commencer à fumer, interdiront la vente de produits du tabac aux mineurs et limiteront l’exposition du public à la fumée des autres.
Les dispositions de ce traité reprennent les grands objectifs de l’OMS et de la Banque mondiale tendant à la mise en œuvre d’un plan global de réduction de la consommation de tabac dans le monde. Près de vingt résolutions de l’Assemblée mondiale de la santé appuyant la lutte antitabac ont été adoptées depuis 1970 mais le traité a ceci de nouveau que ses dispositions seront dorénavant contraignantes.
D’après un communiqué de l’OMS

Tabac: quelle communication auprès des jeunes?

Le 30 Déc 20

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Gembloux accueillait le 8 avril une journée d’études sur cette question cruciale.
Dans son discours inaugural, la Ministre de la Santé Nicole Maréchal rappelait que les moyens alloués à la prévention restent dérisoires comparés à ceux de l’industrie du tabac et au produit des recettes fiscales. Elle soulignait aussi que l’annonce en 2000 par les autorités fédérales de santé publique de la création d’un fonds de lutte contre le tabagisme doté de 500 millions de francs de l’époque (soit un peu moins de 12,5 millions d’euros) n’a pas encore été suivie d’effet. Pire, on évoque maintenant un montant global de 1.859.200 €, dont la Communauté française recevra (peut-être encore cette année) 335.000 €.
Bref, on est loin, très loin du compte!
La matinée, modérée par Frédéric Soumois , journaliste au Soir , vit se succéder quatre interventions intéressantes.
Laurence Kohn (ULB) nous fit d’abord part de quelques résultats frappants de l’enquête sur les comportements de santé des jeunes en âge scolaire (publication annoncée d’ici la rentrée). Les chiffres confirment l’impression qu’on peut avoir à la sortie des cours: les jeunes fument plus qu’avant, et il y a plus de gros fumeurs qu’avant parmi eux. Et il n’y a pas que la cigarette pour poser question, l’alcool et le cannabis ont aussi le vent en poupe.
Elle nous rappela aussi qu’il est illusoire de croire que le fait de fumer ou non est un choix délibéré (ce que prétend l’industrie), mais plutôt la résultante d’une série complexe de facteurs.
Luk Joossens (CRIOC) soulignait pour sa part avec son ironie habituelle que les gentilles campagnes visant les pré-adolescents et mettant en scène des pré-adolescents, de même que les interdictions légales de vente aux mineurs, qui ont la faveur des multinationales du tabac, sont évidemment inefficaces. Pour lui, il existe néanmoins des moyens de ‘faire mal’ à notre ennemi public n°1, comme des augmentations de prix bien étudiées, ou la valorisation de la protection des non-fumeurs.
Daniel Veilleux (responsable du programme De Facto au Québec) vanta, au cours d’un exposé remarquablement illustré, les mérites de la dénormalisation (1), qui consiste à dénoncer publiquement et de façon spectaculaire les manipulations dont est coupable l’industrie. Les jeunes semblent sensibles à une démarche qui met en évidence les vrais responsables. La démonstration était presque trop séduisante pour être vraiment honnête et par moments on avait l’impression qu’en employant les armes du marketing commercial et de la publicité sur leur terrain, ce programme tend à légitimer la manipulation au prétexte que c’est pour le bon motif…
Pour terminer la matinée, et avant une table ronde animée par Axel Roucloux , qui laissa les participants quelque peu sur leur faim, Florence Vanderstichelen (directrice d’Univers Santé) présenta avec l’appui d’un étudiant la démarche concrète du Stop Tabac dans les halls d’auditoire de l’Université catholique de Louvain: campagne de sensibilisation au départ d’une vaste enquête auprès des étudiants, qui vise à inviter au dialogue entre fumeurs et non-fumeurs de façon conviviale et humoristique. Les ingrédients de la réussite: un engagement étudiant fort, un partenariat multiple, une volonté politique des autorités académiques, un volet matériel attractif, et un ton qui exclut la fumée mais pas le fumeur!
Cette journée était organisée par l’asbl Promotion santé et développement durable (voir page 7 de ce numéro), avec la Ville de Gembloux, le Comité prévention assuétudes de Gembloux, Question Santé, et avec le soutien de la Communauté française Wallonie-Bruxelles.
Christian De Bock (1) Voir l’article ‘La dénormalisation de l’industrie du tabac, nouvelle approche pour la prévention chez les jeunes’, par Axel Roucloux, Education Santé n° 178, avril 2003.