Articles de la catégorie : Initiatives

Un nouvel acteur dans le champ de la promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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L’asbl ‘Promotion santé et développement durable’ (PSDD) propose des cycles de formation en matière de tabagisme dont la rubrique des Brèves vous fournit les renseignements pratiques. C’est l’occasion d’une rapide prise de connaissance avec cette association.
Les objectifs de PSDD sont:
– développer des projets de promotion de la santé en Communauté française de Belgique;
– développer de nouvelles compétences en communication et en coaching d’équipe pour le développement de la promotion de la santé;
– développer de nouvelles perspectives et ressources en gestion et prévention du tabagisme dans les métiers de la relation d’aide, de l’enseignement et sur les lieux de travail;
– développer de nouveaux outils de prévention;
– développer un réseau de personnes ressources actives en promotion de la santé dans la gestion du tabagisme;
– et enfin développer et encadrer des actions de promotion de la santé sur le lieu de travail: communication, gestion du stress, école du dos, gestion du tabagisme et prévention du harcèlement moral.
En matière de tabagisme, trois axes de formation sont présentés:
– formation de responsables d’équipe et de directeurs à la gestion du tabagisme et du bien-être sur le lieu de travail;
– formation de personnes ressources à la dynamique de groupe et à la gestion du tabagisme;
– formation d’animateurs et de formateurs à la prévention du tabagisme.
Outre ces formations, l’asbl intervient également dans les institutions pour de la gestion d’équipe, de la supervision de projet, du coaching de responsable ou d’équipe et de la formation en interne pour les professionnels de la santé (communication, médiation et gestion de conflits).
Ces formations sont reconnues par la Communauté française et se font en collaboration avec Communication et Santé.
Informations et contacts: Axel Roucloux, asbl PSDD, rue Sergent Vrithoff 119, 5000 Namur. Tél: 064-27 79 66. Fax: 064-27 80 80. Courriel: axel.roucloux@skynet.be

La nuit des étoiles

Le 30 Déc 20

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Depuis la fin de l’année dernière, le Théâtre du Public interprète dans les écoles secondaires de la Communauté française ‘La nuit des étoiles’. Cette pièce de théâtre-forum est un véritable outil de prévention du sida qui a reçu le soutien de la Ministre Nicole Maréchal . Elle est interprétée par Joëlle Camus et Gilles Delvaulx et mise en scène par Marina Marini .

L’histoire

Sam et Luna sont jeunes, beaux et en vacances. Tout devrait donc se passer pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et pourtant, c’est terriblement désemparés que ces jeunes se demandent, au moment précis et particulier où il y aurait tant de chose à faire, s’ils vont oser proposer un morceau de latex en guise d’alliance éphémère.

Un spectacle de théâtre-forum…

Au théâtre-forum, le spectacle se déroule en deux temps: les comédiens donnent d’abord une première représentation d’une vingtaine de minutes. Ils rejouent ensuite la même histoire qui pourra, cette fois, être interrompue à tout moment.
Les étudiants sont en effet invités à monter sur scène, remplacer un des personnages et jouer des alternatives aux situations proposées en première partie. Grâce à cette formule, le spectateur n’est ni un consommateur, ni un client mais un partenaire actif.
A l’école Saint Joseph de Liège, qui accueillait la troupe le 1er avril 2003, les jeunes se sont rapidement projetés dans l’histoire et ont tenté, chacun à leur manière, de convaincre leur partenaire de jeu que la relation sexuelle ne peut s’envisager sans le préservatif.
Une élève intervient très tôt dans l’histoire ‘ afin que les choses soient claires dès le début’, une autre se dit que ‘le meilleur moment pour aborder le sujet, c’est peu avant de passer à l’acte, en toute intimité ‘.
Les garçons, qui jusque là s’étaient montrés discrets, osent alors monter sur scène et prendre la place… de Luna afin de montrer aux filles comment il faut s’y prendre! Les rires fusent, les applaudissements éclatent et la réflexion fait son chemin.
Vient alors l’heure de la conclusion proposée par la meneuse de jeu qui rappelle qu’en Belgique, trois nouveaux cas de séropositivité sont détectés par jour et qu’à l’échelle planétaire, une personne est contaminée toutes les cinq secondes. Elle invite ensuite les jeunes à calculer le nombre de personnes qui pendant le temps du spectacle ont été atteintes par le virus du sida.
Un des atouts de cette pièce est de replacer la problématique du sida dans un contexte global de vie affective et sexuelle. Le jeu des acteurs illustre à merveille les multiples facteurs qui mènent à la prise de risques (préjugés, peur de gâcher le plaisir sexuel, insouciance, mauvaise expérience antérieure, honte…).
En permettant aux jeunes d’intervenir quand ils le veulent pour changer le cours de l’histoire, le théâtre-forum devient un moyen de prévention qui les valorise, leur donne confiance et leur offre une certaine autonomie.
Coup de cœur donc pour cet outil qu’il serait intéressant d’intégrer dans un véritable projet d’école. Ne pourrait-on pas imaginer de proposer aux équipes éducatives de participer au spectacle lors d’une représentation qui leur serait destinée? L’outil pourrait de cette manière être exploité de façon optimale à long terme et les élèves, sans la présence des enseignants, pourraient, on l’imagine, s’exprimer plus facilement.
Elise Malevé , Centre liégeois de promotion de la santé
Théâtre du Public, rue de Tervaete 21-23, 1040 Bruxelles. Contact: Fabienne Jacquemin (069-21 09 75, 0475-21 68 73). Courriel: theatre.du.public@skynet.be

Education Santé et ses lecteurs

Le 30 Déc 20

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Quelle est la perception de la revue par ses lecteurs

?
En 1990, 1995, et 2000 nous avons évalué Education Santé . Nous avons remis le couvert fin 2002 par rapport à nos abonnés en Belgique .Voici nos principales constatations.

Les répondants

Les fois précédentes, nous avions couplé l’envoi du questionnaire d’évaluation et la procédure de réabonnement, ce qui avait un effet positif sur le nombre de réponses (455 en 2000 par exemple). Cette fois-ci, nous ne leur demandions que de nous aider à évaluer la publication. Nous avons eu néanmoins 288 réponses à la date du 31/01/2003, soit un taux de réponse de 13,25%. De ces 288 réponses, 275 ont pu être exploitées.

Le lectorat est très féminin (74,5%), ce qui reflète sans doute une réalité du secteur. Il suffit de participer à une journée d’études pour s’en rendre compte!
L’âge moyen est de 41,4 ans, avec 83,9% des lecteurs âgés de 26 à 59 ans, ce qui est logique pour un outil de formation et d’information destiné d’abord à des professionnels.
Un peu moins de la moitié des lecteurs ont une formation dans le domaine de la santé, et 40% d’entre eux travaillent dans ce secteur. A noter, 6% travaillent en mutualité.
Classiquement, le principal lieu d’activité est Bruxelles (31,4%), suivi par les provinces de Liège (22,8%), du Hainaut (16,5%), de Namur (13,2%), du Brabant wallon (4,7%) et du Luxembourg (3,1%).

Les réponses

Chaque exemplaire a 3 lecteurs , ce qui est plus qu’en 2000 (2,5 lecteurs). En d’autres termes, 2500 abonnés représentent environ 7500 lecteurs.
96,7% des répondants lisent tout ou partie de la revue (contre 89% en 2000).
96,3% des répondants conservent la revue (contre 84% en 2000).
77,1% des répondants estiment que la revue leur permet de mieux approcher la promotion de la santé (63% en 2000). En ajoutant ceux qui estiment que la revue a atteint partiellement cet objectif, on dépasse les 95%.
62,9% pensent de même à l’égard des initiatives locales (91,5% en ajoutant les ‘partiellement’).
59,4% pensent de même pour les initiatives à l’échelle de la Communauté française (89% en ajoutant les ‘partiellement’).
41,4% estiment que la revue leur permet d’approcher les stratégies d’action (90% en ajoutant les ‘partiellement’).
34,1% estiment que la revue leur permet d’approcher les méthodes de travail (87% en ajoutant les ‘partiellement’).
33,2% estiment que la revue leur permet de connaître l’évaluation des programmes (81,8% en ajoutant les ‘partiellement’).

Cette fois-ci, nous avons en outre demandé aux lecteurs de coter les rubriques, de 0 à 10. Voici le classement, complété du nombre de parutions en 2002. Il s’agit de la moyenne sur le nombre de réponses total par rubrique (certaines, qui paraissent moins souvent, ont plus de non réponses que d’autres). Les cotes extrêmes négatives sont très rares.

Rubrique

Cote sur 10 Parutions en 2002
Brèves 8,1 10
Lu pour vous 8,1 6
Documentation 8,0 2
Initiatives 8,0 10
Communication 7,8 3
Outil 7,8 1
Réflexions 7,8 5
Matériel 7,7 6
Acquisitions 7,6 1
Officiel 7,6 2
Locale 7,5 4
Stratégie 7,5 6

Education Santé a changé en 2002, à la suite de l’évaluation précédente, dans le souci de rencontrer au mieux les attentes de ses abonnés. Les modifications les plus spectaculaires sont la couverture en ‘quadri pleine page’ et un sommaire détaillé en page 20. Ces changements, qui prennent de la place, ne se sont pas faits au détriment du volume d’information par numéro, qui est le même qu’auparavant.

Changement

‘Excellent’ ou ‘Bon’ en %
Dossiers de plusieurs pages 95
Articles sous forme d’interview 93
Ajout d’un sommaire en page 20 92,1
Nouvelle rubrique ‘Outil’ 89,8
Nouvelle maquette 85,6
Couverture entièrement en couleur 83,5

Ci-dessus un tableau résumant l’appréciation des modifications (pourcentage cumulé de lecteurs donnant la cote ‘excellent’ ou ‘bon’).
Ce qui nous fait particulièrement plaisir, ce sont les scores des dossiers et des interviews. En effet, ces démarches éditoriales sont les plus exigeantes en temps de travail. Il est donc heureux que ces efforts soient appréciés.

Le site https://www.educationsante.be

Il était particulièrement intéressant pour nous de poser quelques questions sur ce nouvel outil mis en place dans le courant 2002.
D’abord, les abonnés connaissent-ils le site? La réponse est négative pour 73,5% d’entre eux. L’explication est toute bête: une grande partie des abonnés n’ont pas accès à l’internet. Ces chiffres correspondent d’ailleurs au taux d’équipement des ménages en Belgique francophone. Nos lecteurs ne sont pas plus ‘branchés’ au niveau professionnel qu’au niveau familial.
En toute logique, 21% seulement des répondants déclarent avoir visité le site. A noter, quelques personnes ayant répondu ‘non’ à la question précédente ont répondu ‘oui’ à celle-ci. Absurde? Pas vraiment, si on considère que le seul fait d’attirer l’attention sur le site aura pu éveiller la curiosité de certains lecteurs.
Evidemment, le détail des réponses sur le site proprement dit (58 personnes) doit être interprété avec prudence. Le score le meilleur est accordé au module de recherche, le plus faible au rythme de mise à jour (en fait, le site est pourtant rafraîchi à chaque parution de la version papier, soit 10 fois par an…).

Les priorités de la Communauté française Wallonie-Bruxelles

Grâce au site de la revue, nous disposons maintenant d’une base de données puissante constituée par la quasi totalité des articles publiés dans Education Santé depuis janvier 2001 (à l’exception des Brèves et des rares textes dont les auteurs refusent la mise en ligne).
Nous avons eu la curiosité d’interroger cette base sur les priorités du Programme quinquennal telles qu’elles ont été interprétées par un groupe de travail des Services communautaires de promotion de la santé.
Les sujets ont été ‘traduits’ en expressions de recherche, et l’ensemble du contenu des articles a été parcouru (titre et texte complet).
Le résultat témoigne d’une présence variable mais réelle de tous les items dans la publication, ce qui n’est que normal puisqu’elle est en partie le reflet des évolutions du secteur.
A titre de curiosité, voici ce que cela donne (du n° 155 en janvier 2001 au n° 175 en décembre 2002):
Sujet

Expression de recherche Nombre d’apparitions
Assuétudes Assuétude OU toxicomanie 44
Tabac Tabagisme OU tabac 58
Prévention du sida Sida 44
Cancers Cancer 41
Cancer du sein Cancer du sein 14
Sport et lutte contre le dopage Sport / Dopage 40 / 10
Accidents Accident 34
Santé mentale Santé mentale 34
Promotion de la santé à l’école Promotion de la santé ET milieu scolaire 26
Santé globale (transversalité) Santé ET approche globale 23
Vaccination Vaccination 19
Inégalités sociales et santé Inégalités sociales 14
Maladies cardio-vasculaires Cardio-vasculaire 14
Politiques locales de santé Niveau local 13
Lutte contre la tuberculose Tuberculose 11
Naissance et enfance Naissance ET petite enfance 9
Maladies congénitales… Congénitale OU génétique 7
… et métaboliques Diabète 6

Sans vouloir faire des interprétations oiseuses de ces chiffres, il y a sans doute quelques éléments significatifs, comme l’émergence du thème de la santé mentale, qui était moins abordé dans la revue auparavant, ou encore celui du dopage (carrément ignoré jusqu’à ce que la Communauté française Wallonie-Bruxelles légifère enfin en la matière).
La très forte présence de sujets comme le tabac (pour des raisons épidémiologiques évidentes) et le sida (pour des raisons institutionnelles tout aussi évidentes) est aussi frappante.
Christian De Bock , rédacteur en chef

Au-delà de certaines limites, ce n’est plus du sport!’

Le 30 Déc 20

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Le contexte

C’est en 2001 que le Parlement de la Communauté française a voté à l’unanimité le décret relatif à la promotion de la santé dans la pratique du sport, à l’interdiction du dopage et à sa prévention en Communauté française (1). Ce texte permet enfin à la Communauté française d’assumer une compétence dont elle dispose depuis 1971, lorsqu’elle est devenue compétente en matière de sport.
Si c’est la lutte contre le dopage qui retient l’attention, le titre même du décret indique que mes objectifs étaient plus larges: intégration de la logique de promotion de la santé dans le domaine du sport ainsi que suivi et conseil médical aux sportifs.
Paradoxalement, sport et santé entretiennent des relations ambiguës. En effet, développer une activité sportive a non seulement un impact positif sur la santé (prévention de l’obésité, des maladies cardio-vasculaires…) mais aussi sur la sociabilisation et sur l’image qu’on a de soi. Le sport a donc aussi une mission sociale, éducative et culturelle.
Le sport est promoteur de la santé s’il est associé à une hygiène et à une qualité de vie et s’il respecte les limites ou faiblesses physiques de chaque individu.
Le sport, intrinsèquement, mais aussi son environnement, intègrent la notion de la performance, du dépassement de soi, de la compétition. Le risque est alors de surexploiter la santé, jusqu’à lui nuire. De plus, la marchandisation du sport, sa mise en spectacle, la surenchère des performances, les salaires démesurés et les enjeux financiers qui accompagnent aujourd’hui le sport de haut niveau mènent à la tentation du dopage et au dopage.
(1)Le texte du décret a été publié dans le n° 159 d’Education Santé (mai 2001). Voir aussi l’article ‘Le dopage contrôlé en Communauté française, de Nicole Maréchal, n° 175, décembre 2002, p. 11 et 12.

Ceci dit, heureusement, le plus grand nombre de sportifs, professionnels ou amateurs pratiquent leur activité sportive pour se maintenir en forme, dépasser raisonnablement leurs limites, avoir une activité sociale riche.
C’est à ceux-là aussi que le décret s’adresse, pour les aider, avec la collaboration du secteur médical et des fédérations sportives francophones, à ne pas prendre de risque pour leur santé et à développer leur qualité de vie.

Les objectifs du décret

La lutte contre le dopage

L’un des objectifs du décret relatif à la promotion de la santé dans le sport était de mettre en place les conditions de lutte contre le dopage en développant trois axes d’intervention:
– la prévention par la réduction des risques et l’éducation à la responsabilisation des consommateurs. Des campagnes d’information et de prévention attireront l’attention des publics-cibles sur les caractéristiques des produits et leurs dangers;
– la sanction des sportifs qui sera d’ordre disciplinaire. Ces sanctions doivent être prévues dans les règlements des fédérations sportives. Nous n’avons pas voulu sanctionner pénalement les consommateurs mais bien les organisateurs de la consommation;
– les sanctions pénales qui relèvent des Cours et Tribunaux, pour ceux qui favorisent, organisent et facilitent la consommation de produits dopants.
Maintenant, en plus des contrôles déjà organisés par les fédérations et de la possibilité qui existe toujours pour la Justice d’ouvrir un dossier sur base d’une plainte, des contrôles sont désormais effectués par la Communauté française.
Ils consistent en prélèvements de sang, salive, urine, cheveux, échantillons des ravitaillements et fouilles des lieux et personnes qui encadrent le sportif. Prélèvements et échantillons sont analysés dans un laboratoire agréé. Ces contrôles ont lieu lors de manifestations ou d’entraînements. Comme annoncé, on ne contrôle pas que les sportifs professionnels et les milieux sportifs fédérés. On intervient également auprès des amateurs et dans le milieu sportif non encadré (cyclotourisme, salle de musculation, etc.).
Le premier contrôle a ainsi été réalisé le 9 février 2003. Depuis lors, à la date du 16 juin, ce sont au total 256 personnes qui ont été contrôlées, parmi lesquelles 20 ont été déclarées positives.
A l’heure actuelle, il est trop tôt pour tirer de ces statistiques des conclusions intéressantes. On notera cependant que des cas positifs ont été relevés dans la pratique, entre autres, du basket, du body-building, de la boxe, du football en salle, d’un sport de combat, du tennis de table, du volley-ball… et pas du cyclisme alors que trente personnes ont été contrôlées dans ce sport.
D’ici la fin du mois de novembre, ce seront au total 900 contrôles qui auront lieu, selon les prévisions de la Cellule «dopage». J’avais annoncé, en ce début d’année, que nous réaliserions un millier de contrôles par an, nous les dépasserons sans doute pour cette première année de mise en route. De ce fait, je prévois, pour 2004, entre 1400 et 1500 contrôles. Un peu plus de 400.000 € sont prévus au budget à cet effet.

Le suivi médical

Il s’agit à nouveau de prévenir les risques et de donner aux sportifs des recommandations adaptées de comportement et de mode de vie favorisant la pratique du sport dans le respect de la santé.
Très concrètement, pour chaque discipline sportive, une liste d’indications et de contre-indications sera fixée. Afin d’établir cette liste sur une base scientifique, j’ai commandé une recherche interuniversitaire (ULB, ULg, UCL) qui est en cours actuellement et qui sera clôturée à la fin de cette année. Le résultat de cette étude, couplé aux recommandations scientifiques internationales, donnera naissance à l’outil qui permettra l’évaluation de l’aptitude à la pratique du sport.
Cette liste servira ainsi de référence pour les médecins, sportifs et généralistes, lors du suivi de leurs patients-sportifs et de leur examen d’aptitude. Elle sera régulièrement actualisée. Ce sont, en effet, les médecins qui sont les relais privilégiés de cette démarche visant à protéger l’athlète de performances parfois abusives, en l’associant à la prise en compte de sa santé.
D’autre part, ces recommandations seront intégrées dans le nouveau règlement des fédérations sportives.
Dans la foulée, en 2004, un carnet de santé du sportif sera créé pour supporter ce suivi médical et personnaliser les recommandations de prévention. Cet outil permettra également un dialogue entre patient et médecin et responsabilisera le sportif face à sa pratique.

Pour une pratique saine du sport

En collaboration avec la Ministre de la Santé et de l’Aide à la jeunesse de la Communauté française, Nicole Maréchal, l’Association interfédérale du sport francophone (AISF) vient de lancer une campagne ‘sport en santé’ grand public via des spots TV et radio. Objectif: amener les sportifs à pratiquer, de manière saine, leur discipline favorite.
Cette campagne s’inscrit dans le cadre du décret du 08/03/2001 concernant la promotion de la santé dans la pratique du sport. Elle est une réponse à des dérives (surentraînement, dopage, etc.) qui sont de plus en plus fréquentes dans le milieu sportif et qui vont à l’encontre des bienfaits du sport sur la santé. Car si repousser ses limites fait partie de la culture du sportif, certains excès peuvent mettre à mal sa santé.
A travers cette campagne sous le slogan ‘Au delà de certaines limites, ce n’est plus du sport…’, l’AISF a donc pour but de promouvoir une pratique saine du sport. Elle invite les personnes pratiquant une activité sportive, quelle qu’elle soit, à être attentives aux signaux que leur corps leur envoie.
A partir d’une situation de sport amateur (de type jogging), des sportifs pourront se reconnaître dans leur penchant inévitable pour des micro-défis. Ceux-ci sont parfois positifs, mais peuvent aussi les amener à aller un peu trop loin. En sport, cela a des conséquences que l’A.I.S.F. ne souhaite pas, loin de là, dramatiser. Via ces spots, elle a voulu exposer clairement la situation, dans un esprit constructif et ludique.
D’où, pour bien pratiquer, toute l’importance d’être bien conseillé ou de bénéficier d’un encadrement de qualité. Les formations de cadres mises sur pied par les fédérations sportives francophones visent à répondre à ce souci de qualité.
La campagne, déjà diffusée en juin et juillet sur les chaînes publiques et privées, repasse en septembre.
Association Interfédérale du Sport Francophone asbl, Quai de Rome 53 , 4000 Liège. Tél.: 04 – 344 46 06. Fax: 04 – 344 46 01. Courrier électronique: pierre-yves.raets@aisf.be. Internet: https://www.aisf.be
D’après un communiqué de l’AISF

La promotion de la santé dans le sport

Plus globalement, la philosophie du décret est d’intégrer le concept de la promotion de la santé dans le sport qui mise sur:
– la participation des individus en partant de leurs propres compétences et en les enrichissant par l’information;
– la responsabilisation de chacun afin d’être apte à poser des choix ayant un impact sur sa santé;
– la prise en compte de l’environnement global des individus car les déterminants de la santé ne sont pas que physiques. L’environnement social, culturel, affectif a aussi un impact sur la qualité de vie.
Cette démarche se situe donc bien au-delà du seul secteur médical. Il s’agit de développer une démarche éducative, préventive et informative vis-à-vis des sportifs, à quelque niveau que ce soit.
C’est dans cet esprit que nous lançons, avec l’Association Intérfédérale du Sport Francophone (voir encadré), une campagne grand public de spots TV et radio qui invitent, avec humour et efficacité, à ne pas aller au-delà de ses limites pour que le sport synonyme de plaisir et de bien-être reste vainqueur.
Nicole Maréchal , Ministre de la Santé
(1) Le texte du décret a été publié dans le n°159 d’Education Santé (mai 2001. Voir aussi l’article ‘Le dopage contrôlé en Communauté française’, de Nicole Maréchal, n°175, décembre 2002, pp.11-12.

Une campagne de promotion de l’activité physique au quotidien

Le 30 Déc 20

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Un spot télé, des spots radio diffusés sur les chaînes de la Communauté française, et une brochure, indispensable complément d’information, font la promotion de la pratique d’une activité physique modérée au quotidien.
Cette campagne de l’Observatoire de la Santé du Hainaut, qui est soutenue, en Hainaut, par les relais (communes, mutuelles, hôpitaux, écoles, CPAS,…), fait suite à une campagne de l’an passé sur l’alimentation.

La campagne 2002 avait pour objectif de renforcer des connaissances au sujet de l’alimentation équilibrée et de les légitimer. La campagne sur l’activité physique au quotidien part, elle, du constat que le grand public sait que l’activité physique est bénéfique, mais qu’il ignore bel et bien pouvoir bénéficier en termes de santé de la pratique d’une activité physique modérée, à raison de 30 minutes par jour. Celle-ci est aussi profitable pour la santé, surtout pour les personnes qui étaient sédentaires (1).
Ainsi les spots montrent-ils et donnent-ils à entendre un certain Gérard voguant vers l’accomplissement des trente minutes quotidiennes (descendant du bus un arrêt avant le sien pour pouvoir marcher, empruntant les marches au lieu de s’engouffrer dans l’ascenseur, faisant une pause à la piscine…)(2).

30 minutes par jour

La brochure « Bouger pour votre santé, 30 minutes par jour suffisent », proposée à la fin des spots, en est le complément indispensable. En 32 pages, elle rappelle, exemples d’études à l’appui, que le message des trente minutes d’activité physique modérée est bien validé scientifiquement. Le gain est net pour les personnes sédentaires qui passent à une activité modérée de 30 minutes par jour. Cette période d’activité représente seulement 3% de notre journée hors sommeil…
Un test permet de « faire le point » sur certaines connaissances (un exercice physique profitable doit-il faire transpirer ? l’activité physique peut-elle mener à une perte de poids ? l’activité physique peut-elle aider à arrêter de fumer…).
Un autre test permet aux lecteurs d’évaluer leur pratique d’activité physique et, le promoteur de la campagne l’espère, d’agir en fonction des résultats.
Des témoignages attendent aussi les lecteurs. Ils sont inspirés de ceux recueillis par l’Observatoire de la santé du Hainaut lors d’animations sur le thème de l’activité physique au quotidien. Les participants s’y expriment en effet sur les freins et les leviers à la pratique d’une activité physique au quotidien.
Quelques pages de la brochure énumèrent quelques exemples simples et efficaces: si l’on circule en voiture, ne pas se garer trop près de l’endroit où on se rend; prendre le temps de se garer si l’on accompagne les enfants en voiture à l’école et faire avec eux à pied le bout de chemin qui reste; circuler davantage dans la maison en recourant à la cave ou au grenier comme espace de rangement; au boulot, alterner travail sédentaire et pauses dynamiques consacrées au rangement, au travail encore choisir le déplacement et le contact direct avec les collègues; ou encore redécouvrir son quartier…
(2) La démarche est ici toute différente de celle de l’Association interfédérale du sport francophone présentée dans le même numéro, qui porte sur le respect de limites à ne pas dépasser par le sportif (ndlr).

Autant de pistes que le lecteur pourra apprécier, emprunter avec plaisir, comme il pourra aussi suivre le conseil de prolonger les périodes de mouvement qui sont déjà les siennes.
En termes scientifiques, une activité physique modérée permet de dépenser entre 120 et 200 kilocalories en une demi-heure. L’objectif pour une personne sédentaire est d’arriver à totaliser une dépense énergétique dans la semaine entre 1000 et 1500 kilocalories.
A titre d’information, deux tableaux offrent un aperçu des dépenses caloriques dues à une série d’activités physiques modérées, mais aussi à d’autres, plus sportives.
Au sujet d’une pratique sportive, la brochure rappelle aussi quelques conseils de bon aloi.
Elle souligne encore que des activités physiques sont accessibles à tous, que l’on ait un handicap, un diabète, de l’asthme ou des maux de dos.
Les enfants et les seniors ne sont pas oubliés. Pour les premiers, la recommandation allie activité quotidienne et activité sportive régulière. Un des avantages de l’adoption de telles pratiques dès le plus jeune âge est la probabilité qu’elles se maintiennent dans le temps.
Pour les seconds, la recommandation d’une demi-heure d’activité physique modérée vaut aussi. Si cependant les capacités du senior sont limitées, l’activité physique peut être de plus faible intensité (marche, visite de musées ou de sites, entretien des fleurs, faire des courses, la vaisselle, la cuisine…). Même à ce niveau de plus faible intensité, l’activité physique contribue au maintien de l’autonomie et préserve la qualité de vie.
Après avoir fait le lien entre activité physique et contrôle de poids (voire perte de poids), la brochure « Bouger pour la santé » se clôt par une série d’adresses utiles: administrations communales, offices du tourisme, Administration de l’Education Physique et du Sport (ADEPS), Réseau Autonome des Voies Lentes (RAVeL), Sentiers de Grandes Randonnées, Fédération du Sport Adapté et Paralympique…
Comme pour la campagne 2002 sur l’alimentation, la campagne sur l’activité physique au quotidien bénéficie du soutien du Service du Téléphone vert de la Communauté française.
Comme pour la campagne alimentation aussi, les communes, les mutuelles, les hôpitaux, les médecins, les écoles, les CPAS, les associations contribuent à la diffusion de la brochure « Bouger pour votre santé, 30 minutes par jour suffisent. »
La diffusion via des relais ne se limite pas à la Province de Hainaut, grâce à la collaboration, pour la brochure, du Comité Interprovincial de Médecine Préventive (CIMP).
Véronique Janzyk , Observatoire santé Hainaut
La brochure « Bouger pour votre santé, 30 minutes par jour suffisent », est disponible gratuitement à l’Observatoire de la santé du Hainaut, 1 rue Saint-Antoine, 7021 Havré, 065-87 96 00 ou 065-87 96 14, courriel observatoire.sante@hainaut.be ou via notre site https://observatoiresante.hainaut.be (ouverture octobre 2003). (1) Comme l’indique l’Enquête de santé 2001 de l’Institut scientifique de santé publique – OSH, un Belge sur deux est sédentaire.
(2) La démarche est ici toute différente de celle de l’Association interfédérale du sport francophone présentée dans le même numéro, qui porte sur le respect de limites à ne pas dépasser par le sportif (ndlr).

La consommation des jeunes: le bien-être à quel prix?

Le 30 Déc 20

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La consommation des jeunes interpelle le monde de la jeunesse. Le Service de la jeunesse de la Communauté française a organisé une Table ronde destinée à réfléchir sur cette question et à imaginer des hypothèses de solution aux problèmes. Compte tenu du long travail de réflexion déjà mené sur cette problématique, le Réseau – Association des Jeunes consommateurs (RéAJC) et la Confédération des organisations de jeunesse (COJ), tiennent une place de premier plan dans ce débat.
La Table ronde s’est penchée sur l’impact de la société de consommation sur les jeunes. Elle a posé les questions touchant divers volets développés par des intervenants extérieurs, spécialistes de ce domaine. L’approche est concrète.
Les Actes de cette journée sont regroupés dans le carnet ‘Table ronde. Les jeunes et la consommation, le bien-être à quel prix?’. Il peut servir de base de réflexion, peut-être même d’action, à ceux qui voudraient travailler davantage cette problématique, en particulier, les animateurs des associations qui peuvent sensibiliser les jeunes. Voici un bon aperçu de son contenu.

Améliorer la qualité de vie

Marthe Marie Rochet , fondatrice et présidente du RéAJC, définit trois axes de changements prioritaires pour améliorer la qualité de vie de tous en reconnaissant aux enfants, ados et jeunes adultes un statut de consommateurs.
D’abord, en finir avec le diktat des publicitaires qui nous entraîne dans une illusion coûteuse pour la santé, le budget, l’environnement, ignorant la dignité humaine. La volonté est d’établir nous-mêmes les normes du bien-être. Nous donner d’autres repères que les marques. Autrement dit, répondre à cette question: quelles sont les conditions de bien-être personnel et collectif jusqu’aux confins du monde? Rechercher un sens et une cohérence dans les choix de consommation. Rendre ce choix possible pour tous, y compris les plus démunis.
Ensuite, une volonté de voir les droits des jeunes consommateurs pris en compte dans les conventions des Droits de l’homme et de l’enfant: droit à la connaissance des besoins vitaux et à leur satisfaction (comme par exemple, l’eau qui doit être gratuite, agréable et disponible partout), droit à l’information et à l’éducation à la consommation, à la protection et à la défense juridique, à la réparation des dommages, à la consultation et à la représentation dans les organes représentatifs des consommateurs. Le respect de ces droits rendra possible l’exercice par les jeunes consommateurs de leur responsabilité. Au lieu de dire: il n’y a pas de droits sans devoirs, le RéAJC dit: ‘il n’y a pas de devoirs sans droits’.
Enfin, la volonté de voir les pistes institutionnelles ‘jeunes’ dessinées mais aussi celles qui associent les jeunes pour l’élaboration d’une politique globale et coordonnée visant à la promotion et au respect de leurs droits en tant que consommateurs. Deux jeunes mandatés par leur organisation de jeunesse représentent le RéAJC à la Commission de la sécurité des consommateurs. Ils tracent la voie.

Comprendre la consommation des jeunes

Yamina Ghoul , secrétaire générale de la Confédération des organisations de jeunesse (COJ), a conscience que les organisations de jeunesse ont le pouvoir de passer un message portant sur la consommation. Pour avertir les jeunes de la fréquente manipulation dont ils sont victimes dans ce domaine, leur donner les moyens de se défendre sans passer pour un adulte moralisateur, il est nécessaire de comprendre pourquoi le jeune consomme et quels besoins il cherche à assouvir par une surconsommation parfois compulsive. Les réflexions menées pour comprendre cette consommation tournent autour de 5 axes: les jeunes et l’argent; les jeunes et la publicité; les jeunes et la santé; les jeunes et les besoins vitaux, et les droits des jeunes consommateurs. Chaque axe est présenté par une personne de référence dans le domaine.

Les jeunes et l’argent

Ce sujet est abordé dans le livret par le texte de Nadine Fraselle , directrice de l’Observatoire du crédit et de l’endettement. Pour elle, la consommation est un sujet complexe difficile à aborder sans traiter les grandes questions qui touchent à la consommation, aux marques et à la place de l’argent dans notre société. Sa question: en quoi consommation/argent/dépense sont-ils des leviers pour une évolution vers l’émancipation chez les jeunes?
La consommation est un phénomène social car consommer, c’est échanger, communiquer, interagir en société. Ne plus consommer correspond à une mort sociale. Sur le marché, des produits et des services offrent une réponse à des aspirations de reconnaissance et de liens sociaux. Ce processus guide les pratiques commerciales, surtout chez les jeunes.
Consommer, c’est aussi essayer de faire aussi bien que son voisin. Quand nous consommons, nous respectons des normes sociales de consommation. Cela peut être positif parce que c’est un processus d’émulation qui pousse les membres d’une catégorie sociale à accéder à une autre, juste supérieure. Quand les normes sociales évoluent plus vite que les revenus, ce processus peut déraper et mener à l’exclusion, la honte, le surendettement…
La consommation, c’est aussi discuter la question des choix et de la liberté des choix. Les sociologues ont montré que cette liberté est très relative et les conduites résolutoires rationnelles sont illusoires dans notre société de consommation. En étudiant le poids des marques dans la construction de l’identité des jeunes, on voit que la théorie de la différenciation sociale est bien plus importante que la théorie des besoins.

L’argent permet l’échange

L’argent est le moteur de la vie d’une société moderne où tout est monétarisé. Il permet l’échange, le lien. Il permet la construction de l’autonomie surtout chez les enfants et les jeunes. Il est important de respecter la liberté que l’argent leur procure. Le droit à avoir et le droit à dépenser est décisif pour se construire une image. Sur le marché, les pratiques commerciales sont orientées dans ce sens. Comment cette logique commerciale participe-t-elle à la construction de l’identité?
La séduction culturelle s’opère en répondant aux aspirations de reconnaissance sociale et aux aspirations de particularité. La pub offre à la fois une possibilité de construire une identité pour l’ensemble des consommateurs mais en même temps, elle propose des modèles de conduites pour des minorités, parfois même discriminées. Elle vise à véhiculer des modèles qui rassemblent des jeunes acheteurs appartenant à des milieux différents. Exemple, Nike développe ses publics cibles chez les riches mais aussi les pauvres. Les inégalités sont gommées. De sorte que, quels que soient les revenus et les catégories sociales d’appartenance, les grandes marques construisent l’identité.
Les marques et la pub envahissent les jeunes, les espaces de socialisation, la famille, le travail, les lieux de loisirs, les rues, l’école, et compensent, d’une certaine manière, les repères institutionnels. Auparavant, les modèles de conduite étaient donnés par l’armée, la justice, la police, les autorités publiques. De plus en plus, les grande marques prennent leur place et agissent en véhiculant des valeurs qui évoluent aussi. Dans ces valeurs, on distingue les valeurs terminales, qui sont des buts à atteindre dans la société, elles sont universelles et changent peu: sagesse, bonheur, fraternité, paix, sécurité, liberté, égalité, chance… Ce qui change, ce sont les valeurs instrumentales. Chez les jeunes, le risque, la vitalité, la volupté, le plaisir sont très présents.

Les marques et la pub envahissent les jeunes, les espaces de socialisation, la famille, le travail, les lieux de loisirs, les rues, l’école, et compensent, d’une certaine manière, la perte des repères institutionnels.

Ce contexte que l’on peut qualifier de capitalisme d’images remplace le capitalisme d’objets. Ces images participent à la construction identitaire. Pour Nadine Fraselle, c’est à ce niveau qu’il faut réfléchir afin d’amener les jeunes à une certaine autonomie. Sur le marché, les jeunes sont confrontés à l’obsolescence des produits. Ils disent devoir remplacer constamment leurs produits: ‘on ne suit pas!’. Dans ce contexte de capitalisme d’images, on se trouve confronté à une forte dissociation entre les fins et les moyens. L’argent peut tout autant conduire à l’autonomie et à l’émancipation qu’à la dépendance, l’égoïsme et l’exclusion.
Comment amener les jeunes confrontés au problème de l’argent à évoluer vers l’émancipation et l’autonomie? Il est nécessaire de prendre en compte la question des inégalités sociales. L’auteur fait référence à une étude menée par l’Observatoire du crédit et de l’endettement en automne 2001. Elle a été conduite avec des partenaires néerlandophones. L’Observatoire a mené des entretiens qualitatifs auprès de 60 groupes de jeunes. L’étude montre que les jeunes connaissent la valeur de l’argent, ont conscience du prix mais méconnaissent le coût général de la vie, le budget familial, les produits financiers et les banques. Ils surévaluent très fort les salaires par rapport à la réalité.
Quand les jeunes sont dans une situation d’indépendance financière par rapport aux parents, qu’ils ont des revenus, ils sont confrontés à cette indépendance de manière abrupte. Or, ils doivent être autonomes. Le consommateur décide pour lui-même, gère ses comptes, compare… Le jeune est confronté à cet appel d’autonomie sans y être bien préparé. Dans cette enquête, on voit que les problèmes sont liés aux inégalités sociales. Les jeunes isolés ont davantage de difficultés financières. Les jeunes en difficultés scolaires aussi. Les pistes d’action mises en évidence par l’étude sont diverses: il serait heureux que les familles appréhendent l’argent avec moins de peurs et fassent de l’argent quelque chose de dynamisant plutôt qu’un tabou.
Dans l’étude, on voit que les besoins émotionnels guident les achats, pas étonnant si l’on sait que les grandes marques construisent l’identité et travaillent sur l’émotion. Il y a différents profils de personnalités de consommateurs: les hédonistes qui se consacrent essentiellement aux loisirs, les shoppers, des expansifs (parfois prêts à acheter une voiture sans avoir le permis), les dépendants (des parents, des banquiers…). Ces divers profils doivent être pris en compte pour l’éducation chez les jeunes avec des pédagogies actives. Des moments à risques ont également été identifiés: le premier salaire, l’achat d’un véhicule, d’une maison… Les jeunes y sont confrontés sans y être préparés. Il y a là des possibilités de développer une pédagogie active. Sur le plan juridique, une recommandation concerne la relation avec le monde bancaire. Cette relation devrait être authentique et engageante pour les jeunes. Pourquoi un jeune de 16 ans doit-il demander l’autorisation parentale pour ouvrir un compte? L’Observatoire a demandé au Ministre de permettre aux jeunes de 16 ans d’ouvrir un compte sans l’autorisation parentale. Des critiques ont également été émises concernant l’utilisation du parent caution.

Les jeunes et la pub

Bernard Petre , Research director chez Taylor Nelson Sofres Dimarso, institut de sondages et de recherche, professeur de techniques d’enquêtes à l’IHECS et conférencier à la VUB, s’attaque au volet ‘Les jeunes et la publicité’ en délimitant le public jeune aux 3-30 ans.
A 3 ans, l’enfant devient cible des médias et donc de la pub et 30 ans, c’est l’âge où on s’installe définitivement hors du foyer des parents. Sa question: dans quel monde de référence les jeunes d’aujourd’hui vivent-ils? Il débute en listant des événements et référents qui sont à la base des grilles de lecture des personnes de plus de 40 ans et par conséquent, non connus par les jeunes de 3 à 25 ans:
– les jeunes n’ont pas connu la guerre sur notre territoire;
– cette génération est très peu confrontée à la mort naturelle: un jeune qui a aujourd’hui 20 ans a plus de chances d’être confronté à la mort via le décès d’un proche (accident de voiture…) que par la confrontation avec la mort naturelle d’un de ses deux parents;
– les jeunes d’aujourd’hui n’ont pour la plupart, pas connu la douleur physique;
– leur lien avec le monde rural traditionnel a très souvent disparu;
– contrairement aux adultes qui ont 40 ans ou plus, ils n’ont pas été confrontés à des institutions fortes (famille fragilisée, institutions en crise…);
– la grande majorité d’entre eux n’ont pas connu le manque physique;
– enfin, toujours selon l’auteur, ils ont très peu connu l’espoir, puisque depuis 10 à 20 ans, il y a très peu d’ouverture sur le plan imaginaire (le mythe internet a perdu de son aura et la génétique fait plus souvent trembler que rêver).
En revanche, poursuit Bernard Petre, les jeunes ont connu:
– les jeux TV, vidéo, les clips… ce qui les amène à devenir des critiques artistiques sévères en matière audiovisuelle, ce qui est important pour la publicité;
– des grèves et des difficultés dans l’enseignement. Ils ont baigné dans la crise du système de transmission de valeurs et de savoirs;
– les mouvements pour une autre mondialisation, des personnalités comme José Bové, de nouvelles pratiques comme le piercing ou la consommation de cannabis. Sur ce point développé par M. Petre, on regrette que les mouvements alter mondialistes, Bové, le cannabis et le piercing soient associés dans un fourre-tout un peu rapide.
Petre met à jour une première hypothèse concernant les jeunes et la publicité: ‘leur rapport à l’imaginaire, aux médias, à la consommation et à l’argent est radicalement différent du nôtre.
Ils savent qu’ils sont une cible et qu’on en veut uniquement à leur pouvoir d’achat. Ce serait tellement évident pour eux, qu’à leurs yeux, cette tromperie n’en serait pas une’.

A savoir


Au 31 décembre 2001, 25,1 % des bénéficiaires du minimex en Wallonie étaient des jeunes de moins de 25 ans (19,3 % en Région bruxelloise et 19,2 % en Flandre). Pour la Belgique, cela représente 15.873 jeunes (8691 en Wallonie, 4679 en Flandre et 2503 à Bruxelles). Si l’évolution est à la baisse, les chiffres restent éloquents et indiquent combien l’exclusion sociale touche les plus jeunes. En ce qui concerne les défauts de paiement en matière de crédit, 21.141 jeunes âgés de 18 à 24 ans étaient enregistrés fin 2001 dans la Centrale des crédits aux particuliers de la Banque nationale de Belgique.

Difficile de ne pas émettre de critique avec cet énoncé qui met les plus petits et les jeunes adultes dans le même ‘caddie’. Petre illustre ce propos: ‘il suffit de voir l’énergie qu’ils mettent (parfois de façon violente) à essayer d’obtenir ce que leur promet la publicité sans devoir passer aux caisses. Il suffit de regarder aussi l’énergie qu’ils consacrent à créer des biens et des valeurs non-marchands tout en sachant que ces biens et valeurs seront très rapidement réintégrés dans le circuit marchand.’ Dommage que les comportements violents d’une minorité de jeunes servent d’illustration aux propos.
C’est la dernière tendance citée par l’auteur qui aurait généré autant de ‘trend watchers’ dans les agences de pub et engendré chez certains annonceurs des recherches quasi ‘ethnographiques’ sur ‘la tribu des jeunes’ comme s’il était possible de ‘codifier leurs mœurs’ et de deviner ce qu’ils inventeront pour échapper à la logique marchande.
Petre décode ensuite une publicité pour la Xbox (console de jeu) en 7 caractéristiques que vous pouvez retrouver dans le livret. En conclusion de cette confrontation entre les jeunes et la publicité qui les vise:
– la pub orientée vers les jeunes devient de plus en plus complexe, sophistiquée. Elle ne transmettrait plus tellement de valeurs au sens strict. Elle serait finalement d’une efficacité moindre qu’il y a une dizaine d’années;
– cette évolution peut être considérée comme positive puisqu’en connaissant ses rouages, elle
deviendrait plus un spectacle qu’une offre marchande;
– moins positif: le système marchand offre de moins en moins de possibilité d’intégration aux jeunes non solvables puisque tout se joue au travers de la logique marchande;
– l’importance des jeunes dans les représentations sociales a plutôt diminué. La raison: avant, le système marchand anticipait le pouvoir d’achat du jeune non solvable, le jeune était un ‘solvable en devenir’. Aujourd’hui, on lui demande de montrer patte blanche, de prouver son intérêt économique ou d’être couvert par des adultes solvables. Le marché des jeunes est devenu un marché comme un autre. On s’adresse à eux lorsqu’ils sont des acheteurs solvables.
Conséquence indirecte: les marques qui s’adressent à eux ne s’adressent plus qu’à eux et utilisent des codes spécifiques.
Pour l’auteur, le résultat de toutes ces évolutions est que les publicités destinées aux jeunes contiennent un certain nombre de messages latents et de caractéristiques formelles communes: absence de valeurs morales, primauté absolue de la logique marchande, désintérêt pour ce que le jeune représente au futur, absence de sentiments et d’affects, sur-valorisation des sensations et des effets visuels et sonores.
Au fond, la pub sous-entend que pour exister, il faut être solvable et que seules les expériences qu’on achète à des marques valent la peine. Elle relaie ainsi le discours dominant de notre société.
Ce renforcement du discours sociétal pose un double problème.
Un problème de valeurs : est-ce bien la société dans laquelle nous voulons vivre? Et aussi un problème de transmission des valeurs et d’intégration . Notre société ne donne aucun mode d’emploi pour s’intégrer à la société marchande.
Constat: la pub emboîte le pas aux autres grands systèmes de transmission de valeurs et concentre son discours sur ce qu’il est intéressant d’avoir, sur les expériences intéressantes à vivre mais considère que ce n’est pas sa tâche de montrer comment y arriver.
Effet positif de cette évolution: les jeunes et les consommateurs sont de plus en plus curieux et exigeants à propos de la manière dont les biens de consommation sont produits.
Conclusion finale de M. Petre: nous sommes face à la fois à un problème majeur, comment une société qui ne propose pas à ses jeunes de véritables valeurs symboliques et des possibilités effectives de s’intégrer peut-elle survivre? Et face à un changement de paradigme au niveau des relations entre la publicité, les entreprises et leurs cibles/clients.

Les jeunes et la santé

Laurence Kohn , chercheuse à l’ULB-PROMES (Unité de promotion et d’éducation pour la santé de l’école de santé publique de l’ULB) présente quelques données sur les comportements de santé des adolescents en rapport avec la consommation. Ces résultats proviennent de l’étude menée en Communauté française depuis 1986 ‘Health behaviour in school aged children’. La même étude est réalisée dans plusieurs pays européens sous le patronage de l’OMS. Elle est également menée en communauté flamande.
L’étude sur les comportements de santé des jeunes est basée sur une enquête périodique, répétée au moins tous les 4 ans. La 7e collecte est en cours. Un des objectifs est d’assurer une approche globale de la santé des jeunes par la mise en relation de variables socio-démographiques (âge, sexe, statut socio-économique…) d’une part et d’autre part, de déterminants des comportements de santé (environnement économique, social, familial, loisirs, estime de soi…).

Apprendre à distinguer besoin, moyens de satisfaction, désir ou envie, signaux de manque et symptômes de problèmes relatifs aux besoins, et confronter ces distinctions aux faits, c’est nous mettre dans les mains des outils de discernement pour notre consommation.

La répétition des collectes de données permet de suivre l’évolution. Le caractère international permet une comparaison géographique. Les résultats présentés portent sur les collectes de 1986 à 1998 et concernent des échantillons représentatifs des jeunes scolarisés, au niveau de la province, du réseau scolaire, de l’orientation. Les élèves de la 5e primaire à la 6e secondaire ont été interrogés. Les analyses ont porté sur l’ensemble des élèves participant depuis la première enquête, soit sur 43.000 jeunes environ âgés de 10 à 19 ans.
Les taux présentés n’ont de valeur que comparés les uns par rapport aux autres, contrairement aux taux bruts qui reflètent la réalité de la situation à un moment donné.

La consommation de tabac…

Parmi les élèves interrogés en 1998, les prévalences brutes du tabagisme étaient: 68 % ne fument pas actuellement, 20 % fument quotidiennement, 6 % fument chaque semaine et 6 % fument moins d’une fois par semaine. Depuis 1990, on constate une augmentation de la prévalence d’essai du tabac au cours de la vie chez les élèves, de 47 % environ en 1990 à 57 % en 1998. Même constat d’augmentation pour la consommation régulière (au mois une fois par semaine): le tabagisme est en augmentation chez les adolescents scolarisés, atteignant 25 % d’entre eux en 1998 pour 14 % en 1990. Les enseignements de type technique et professionnel sont plus concernés par ce comportement que l’enseignement général. Les prévalences augmentent avec l’âge. Les fumeurs de plus de 20 cigarettes par semaine sont aussi en augmentation.

et d’alcool

La consommation hebdomadaire d’alcool semble stable au cours du temps chez les adolescents. L’alcool le plus consommé est la bière puis le vin. Ils sont plus consommés par les plus âgés, alors que les apéritifs et cocktails le sont plus par les plus jeunes. Les quantités consommées semblent augmenter: la prévalence des jeunes qui consomment plus de 7 verres par semaine est passée de 20 % en 1988 à 27 % en 1998. Une même tendance est observée pour la consommation de plus de deux verres d’alcool par jour. Ce comportement concerne plus les garçons que les filles et est plus fréquent dans l’enseignement technique et professionnel que général. Le fait d’avoir été ivre au cours de sa vie est en augmentation par rapport à la première enquête. L’indicateur augmente avec l’âge des élèves.

Les drogues illicites

La plus consommée chez nous et en Europe est le cannabis . Son usage est en forte augmentation depuis les années 1990: les prévalences standardisées sont passées de 13 % en 1994 à 24 % en 1998 pour l’essai au cours de la vie. Cette forte augmentation témoigne de la généralisation du phénomène et de l’augmentation de la déclaration du comportement. La consommation régulière de cannabis (au moins une fois par semaine) est passée de 4 à 6 % environ. Les expérimentateurs de cannabis sont davantage des garçons et davantage issus des filières technique et professionnelle.
La consommation d’ecstasy, concernait environ 4 % des élèves en 1994 et 6 % en 1998. Elle est surtout consommée par les garçons et l’essai de cette drogue augmente avec l’âge. L’enseignement professionnel est le plus concerné par ce produit. Même déterminants (sexe et âge) pour la consommation d’ecstasy au moins une fois par semaine.
En matière de drogues, on constate un phénomène de poly-consommation de produits licites et illicites. Seuls 30 % ne consomment que de l’alcool, 6 % uniquement du tabac et 1 % uniquement une ou des drogues illicites. 43 % des garçons et 46 % des filles interrogés ne consomment ni tabac, ni alcool, ni drogues et 6 % de jeunes consomment les trois types de substances.

La consommation de médicaments

La consommation de médicaments contre les maux de tête, nervosité, fatigue et problèmes de sommeil semble stable dans le temps. Ceux contre les maux d’estomac sont en augmentation depuis 1988. Les médicaments pour maigrir sont aussi en augmentation, ils sont surtout consommés par les filles et plus particulièrement dans l’enseignement technique et professionnel.
L’enquête approche les grands consommateurs de médicaments par l’indicateur ‘a consommé parmi les différentes familles de médicaments (maux de tête, ventre, estomac, nervosité, fatigue, produits pour dormir, pour maigrir) au moins un de chaque produit au cours du dernier mois ou a consommé plusieurs fois le même type de médicament plus un autre’. Les prévalences standardisées de grande consommation de médicaments montrent une légère tendance à la hausse au cours du temps mais cette tendance n’est pas confirmée par l’analyse multivariée. Cette dernière nous enseigne que ce comportement concerne plus les filles et plus les élèves du technique et professionnel.
Si la prise de médicaments résulte certainement de caractéristiques individuelles et de facteurs socio-économiques, on peut s’interroger sur leur accessibilité pour les adolescents et sur le rôle de la prescription médicale. A ces âges, les élèves ne décident pas toujours seuls d’avoir recours à une médication.

L’alimentation

Prendre un petit déjeuner avant l’école ne dépend pas toujours de l’élève mais il reflète l’organisation et la tradition de la famille. En 1998, 64 % des élèves interrogés prenaient un petit déjeuner tous les jours, 15 % une à trois fois par semaine et 21 % rarement ou jamais.
La consommation de fruits et de légumes au moins une fois par jour a chuté de manière vertigineuse entre 1986 et 1998: les prévalences passent de 90 % à 70 % pour les légumes et de 80 % à 60 % pour les fruits.
Les garçons sont moins nombreux à consommer quotidiennement des légumes. On ne constate pas de différences liées à l’âge. Les élèves du technique et du professionnel se comportent ‘moins bien’ que ceux du général. Les prévalences de consommation journalière de frites, hamburger, boissons au cola ou bonbons sont en augmentation depuis 1986. Les garçons sont plus nombreux à déclarer boire des boissons au cola ou des limonades au moins une fois par jour, de même que les plus jeunes et les élèves du technique et du professionnel.
La consommation de bonbons est aussi en augmentation et concerne plus les garçons sans différence avec l’âge et l’orientation scolaire.
Conclusion: si la situation semble se dégrader, il est difficile d’établir si cette tendance concerne particulièrement les adolescents ou si elle reflète une évolution de toute la société.
La réforme de la médecine scolaire, davantage axée sur la promotion de la santé, permettra peut-être d’enrayer ce phénomène chez les adolescents et permettra d’approcher la santé des élèves de manière globale.
Référence: Piette D., Parent F., Coppieters Y., de Smet P., Favresse D., Bazelmans C. & Kohn L., La santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire. Quoi de neuf depuis 1994? Comportements et modes de vie des jeunes scolarisés et en décrochage scolaire en Communauté française de Belgique (1986-1998)

Les jeunes et les besoins vitaux

Formatrice d’adultes dans le secteur de l’éducation permanente, Martine Content-Dupont s’attaque à ce volet. Son intervention aborde l’axe qui relie l’état de santé avec la satisfaction des besoins fondamentaux de l’être humain. Elle apporte une contribution essentiellement théorique qui réunit quelques modèles susceptibles d’alimenter la réflexion.

Définition d’un concept

Que faut-il entendre par besoin vital? Simplement, un besoin dont la satisfaction nous permet de nous maintenir en vie et en prise avec notre vitalité, c’est-à-dire notre force, notre élan et notre énergie de vie. Défini ainsi en relation avec la survie, un besoin est une exigence qui émane de notre nature humaine qui est à la fois biologique (santé physique), psychologique (santé émotionnelle et mentale), spirituelle (santé de notre rapport au sens de la vie) et ce, dans un contexte social et culturel donné puisque la dimension grégaire est inscrite dans notre ‘humanitude’. Sous l’égide de cette définition, les besoins sont universels. Ce qui va varier est la manière dont chacun va identifier ses besoins prioritaires et les moyens concrets qu’il va mobiliser pour les rencontrer.

‘Qui je suis’

Le mode de satisfaction de nos besoins (en fait, notre mode de vie) est influencé par nos appartenances, nos habitudes, notre niveau d’information et de conscience par rapport à ces besoins. Le ‘connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux’ invite au retour sur soi pour introduire davantage d’information et de conscience à notre propre endroit. Une introspection fructueuse se doit d’être alimentée par un bon questionnement.
Dans le vocabulaire courant, on ne fait pas référence au concept de ‘besoin vital’ quand on emploie le mot ‘besoin’. Un jeune peut demander de l’argent à son père en argumentant qu’il en a besoin pour acheter une carte pour recharger son téléphone portable et pouvoir communiquer avec ses amis, ou pour acheter un sandwich parce que déballer ses tartines, c’est ringard… Ceci donne lieu à beaucoup de méprise chez ceux qui réfléchissent sur cette notion. Il y a différents niveaux de moyens relatifs à la satisfaction de certains besoins. L’argent est devenu un moyen par excellence de servir nos besoins en l’utilisant pour consommer.
Mais nous employons d’autres procédés pour aller vers nos besoins vitaux, notamment produire, échanger, donner, partager… et pas seulement des biens et des services, aussi des idées, des expériences, de l’amour, de la présence, du temps, de l’action…

L’ombre de la mort

Nous sommes sans cesse occupés à satisfaire des besoins. C’est pourquoi, il est si important de savoir ce que nous faisons vraiment et de passer notre mode de vie au crible de la connaissance de nos besoins vitaux. Car il y a problème lorsque certains d’entre eux ne trouvent pas satisfaction pendant trop longtemps. Le délai critique diffère selon le type du besoin, voire d’une personne à l’autre. Si les besoins ne sont satisfaits que partiellement ou inadéquatement, notre état de santé sera altéré avec la perspective de voir d’autres besoins compromis dans leur satisfaction, la maladie s’installer et en bout de course, la mort possible. Entre-temps, nous ressentirons toute une série de signaux internes qui avertissent des besoins en souffrance jusqu’à devenir des symptômes montrant que notre santé, notre vie est en danger. Entre la santé et la maladie mortelle, il y a un continuum de signaux censés nous ramener à la vie.

Substitution, subterfuge et aliénation

D’où l’intérêt d’apprendre à repérer les besoins vitaux concernés par les moyens que nous mettons en œuvre pour vivre comme nous le faisons et de vérifier s’ils sont appropriés. Certains de ces moyens sont trop indirects et peuvent nous empêcher de rencontrer l’un ou l’autre besoin ignoré… ou alors nous faire sur-satisfaire un besoin au détriment d’un autre peut-être plus urgent (ex: travailler beaucoup peut me plaire au point que j’en oublie de me reposer) ou encore nous faire substituer un besoin par un autre (ex.: les boulimiques qui ingurgitent de la nourriture en compensation d’autres manques). Nombre de substances ou d’objets sont consommés en substitution pour tenter de combler des besoins de sentiments de sécurité, d’importance, d’appartenance, de stimulation, de sens de la vie… Dans ce cas, il y a substitution d’un besoin par un moyen et donc, double subterfuge!
Nos envies et désirs sont reliés à nos besoins en ce qu’ils portent notre attention sur des objets ou des projets comme moyens préférentiels de les rencontrer et tant mieux alors si ces choses et ces actions sont accessibles et ne font de mal à personne. Mais les objets de nos désirs sont loin d’être des besoins en soi. Ils sont des risques de faire dévier par mirage notre énergie vitale, de nous ‘désaxer’ et de nous entraîner à pervertir ou aliéner la satisfaction de nombre de besoins. Par contre, ils peuvent nous servir de signaux, nous invitant à creuser plus loin que l’objet pour découvrir la faille et nous orienter vers un choix plus juste.

‘CRACS’

Consommer en ‘CRACS’ c’est consommer en citoyen responsable, actif, critique et solidaire.
Quelle est la place de la consommation? Elle nous propose des biens et des services à acheter comme autant de moyens de satisfaire nos besoins ou de nous en détourner. Que la société de consommation et la publicité créent de nouveaux besoins est une ineptie si on se réfère au concept des besoins vitaux. Cette idée produit même une illusion supplémentaire. Ce que produisent les organismes marchands, sont juste de nouveaux objets de désirs sur lesquels jeter ou non notre dévolu comme moyens plus appropriés que ceux que nous utilisons déjà pour satisfaire certains besoins. A moins que ces biens et services ne soient ouvertement vendus comme des substituts (offerts à la place d’un besoin sans pour autant le satisfaire. Par exemple, on remplace un manque d’estime de soi par un produit de beauté, un manque de sécurité ou d’importance par une voiture, un sentiment d’appartenance par un vêtement griffé…). Quand nous prenons l’ombre pour la proie, c’est notre vie qui est dans un piège.

Apprendre à distinguer besoin, moyens de satisfaction, désir ou envie, signaux de manque et symptômes de problèmes relatifs aux besoins, et confronter ces distinctions aux faits, c’est nous mettre dans les mains des outils de discernement pour notre consommation.

Un pari à gagner

Nos besoins vitaux sont contraignants parce qu’ils exigent d’être satisfaits. Ils nous obligent à trouver un équilibre de moyens à renouveler pour arriver à les rencontrer tous en alternance. Ils sont encore plus douloureusement contraignants s’ils sont ignorés ou méconnus puisqu’il y a des points de non-retour (pollutions de l’eau, de l’air… qui rend la vie impossible). Nos désirs recèlent une énergie vitale puissante puisqu’ils nous mobilisent vers l’action. S’ils nous usent quand on les oriente vers des objets de substitution, ils peuvent aussi nous libérer quand ils nous poussent à rencontrer davantage de besoins à moindre frais (financiers, humains, écologiques…) en choisissant les moyens appropriés de façon créative.

Enfin, les adultes ont à préparer les enfants à vivre dans le monde tel qu’il est et tel qu’il deviendra. En dépit de l’hypothèse que chacun fait certainement au mieux, les habitudes de vie des adultes, leur manque d’information, de présence, de ressources, de qualités pédagogiques font que les enfants sont nombreux à avoir mal appris à connaître leurs besoins vitaux, à ne pas identifier utilement leurs signaux de manque et à y répondre inadéquatement.

Fleur de l’âge

Qu’entend-on par jeunes? La tranche d’âge où les personnes ne sont plus considérées comme des enfants et pas encore comme des adultes, entre plus ou moins 12 et 18 ans. L’adolescence est une période de transition variable au cours des époques et des cultures. Les enfants sont pris en charge par ceux qui ont acquis la possibilité de s’occuper de leurs besoins. Ils dépendent largement des adultes pour satisfaire leurs besoins. La responsabilité d’un adulte est de satisfaire ses besoins et ensuite de lui enseigner comment les identifier et comment agir pour les satisfaire en employant les moyens appropriés, et aussi de lui apprendre comment résoudre les problèmes qui surviennent dans cette tâche. Enfin, les adultes ont à préparer les enfants à vivre dans le monde tel qu’il est et tel qu’il deviendra. En dépit de l’hypothèse que chacun fait certainement au mieux, les habitudes de vie des adultes, leur manque d’information, de présence, de ressources, de qualités pédagogiques font que les enfants sont nombreux à avoir mal appris à connaître leurs besoins vitaux, à ne pas identifier utilement leurs signaux de manque et à y répondre inadéquatement.
Finaliser l’apprentissage de ce qui permet de rencontrer ses besoins, de prendre en charge ceux des petits et de vivre dans le monde, cela fait partie des tâches de maturation des adolescents.

Enjeux initiatiques d’hier et d’aujourd’hui

Dans toutes les sociétés traditionnelles, la puberté était marquée par des rituels de passage entourant une période de recyclage de l’enfance. Il y avait aussi une initiation pragmatique et symbolique relative à ce qu’il faut assumer sur le plan social et culturel pour avoir sa place parmi les adultes de la communauté. La complexification de nos sociétés modernes fait qu’il est difficile d’apprendre au cours de l’enfance ce qu’il est nécessaire de savoir et de savoir faire pour vivre dans le monde tel qu’il est. Cette période doit donc se prolonger au-delà de la maturation physique. Les personnes qui accompagnent le processus sont de moins en moins reconnues comme telles et leur impact a tendance à se diluer. L’enjeu est pourtant toujours aussi important: il s’agit de l’émancipation de l’individu pour qu’il devienne autonome, c’est-à-dire qu’il vive selon ses propres choix, en se donnant ses propres normes pour s’occuper de sa vie personnelle en vivant avec les autres.

Recycler

Les adultes du secteur Jeunesse sont ces accompagnants recycleurs-initiateurs modernes mais contrairement à ceux des sociétés traditionnelles, ils ne savent pas expliquer eux-mêmes le monde tel qu’il est dans sa complexité et ils savent que le contexte dans lequel vont vivre ces jeunes sera différent de celui dans lequel ils ont évolué jusqu’ici. Leur tâche est d’autant plus ingrate. Ils sont chargés de stimuler et de catalyser le recyclage initiatique car recycler c’est avant tout régénérer ce qui est devenu inutile, c’est donc aussi se séparer du passé et résoudre les conflits intérieurs qui en ont découlé. C’est une tâche initiatique parce qu’il s’agit d’un processus qui révèle un individu à lui-même et lui permet d’appartenir à un groupe nouveau, de changer d’état, de prendre autrement sa place dans le monde.

Vaillance sous l’orage

A travers les mutations, les besoins vitaux restent une référence de base et peuvent servir pour évaluer à quel prix ces besoins sont satisfaits selon que l’on met tel ou tel moyen en œuvre, à l’échelle de l’individu ou de la communauté.

L’éducation à la consommation en Communauté française de Belgique

Un cours d’éducation des consommateurs est inscrit aux programmes de l’enseignement officiel pour le 2e degré professionnel ‘services sociaux’ et le 2e degré technique de qualification, option ‘techniques sociales’. Dans l’enseignement libre secondaire, il est au programme des options ‘services sociaux’ (2e et 3e degrés professionnels et techniques). Pour aider les enseignants à construire leurs cours, un guide d’éducation des jeunes consommateurs, a été réalisé par le Service éducation des jeunes consommateurs (EJC) du CRIOC (Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs).
Chaque année, la Commission européenne organise un ‘ Concours européen du jeune consommateur’ dans chaque Etat-membre. En Belgique, celui-ci est mis en œuvre par le service EJC du Crioc, dont l’objectif est, par cette activité, ‘d’amener les jeunes à construire leurs attitudes et aptitudes en matière de consommation, afin de poser des actes avisés et critiques, autonomes et responsables, à la recherche d’une qualité de vie optimale.’ Informations: [L]http.www.oivo-crioc.org/concours[/L].
Les services EJC du Crioc, de même que d’autres organismes comme le GAS (Groupe d’Action Surendettement du Luxembourg) sont à la disposition des enseignants volontaires.
Cependant, qu’est-ce qui empêche encore aujourd’hui la Belgique (contrairement à de nombreux autres Etats-membres) d’envisager la mise sur pied d’une éducation systématique à la consommation conformément au point D de la résolution 533 relative à la ‘Charte de protection du consommateur’ ratifiée en 1973 par l’assemblée consultative du Conseil de l’Europe?

Les besoins vitaux des jeunes sont les mêmes que ceux des adultes mais les jeunes doivent accomplir d’autres tâches de développement. Ils vivent leur jeunesse à une autre époque que celle des adultes et sont confrontés à d’autres changements de société. Les jeunes se retrouvent aussi devant une autre offre de consommation. Il est donc normal qu’ils cherchent à satisfaire leurs besoins à leur façon.
Leur changement d’attitude envers eux-mêmes marquera inévitablement les choix qu’ils poseront s’ils deviennent conscients de leurs besoins vitaux. Ils auront dès lors davantage de prise sur leur vie et pourront mieux se situer collectivement. C’est cela que nous voulons viser en les amenant à relier leur réflexion sur la vie et le monde à leurs besoins fondamentaux et à leurs ressources inventives. Pour amener un changement, cela ne va pas sans mal. La crise est souvent salutaire. Elle oblige l’être humain à rassembler davantage d’informations sur la situation et à s’aligner sur l’essence de l’énergie vitale qu’il va toucher en lui, sur ce qui lui procure le ressort de passer outre et d’aller s’établir sur une plus grande stabilité. Accueillir les crises, aller à leur rencontre aux côtés des jeunes, c’est le boulot du secteur jeunesse.
Point de repère pour l’énonciation des besoins vitaux, la liste établie par Marge Reddington – accompagnée d’exemples de signaux de manque qui indiquent de façon précoce, tardive ou symptomatique qu’il s’agit de s’occuper de ce besoin – est disponible en français sous forme de tableau distribué en Belgique par l’Association belge de symbolisation (7 €). Tél.: 087-46 21 80 ou au RéAJC asbl. Cette liste a été construite en accord avec les références conceptuelles présentées dans cet article (bibliographie sur demande aux mêmes endroits).

Les droits des jeunes consommateurs

Jeunes et consommation quelle régulation? est le dernier volet du cahier. Il est présenté par Pierre Dejemeppe , conseiller auprès du Ministre de l’Economie pour les questions de consommation.
Pierre Dejemeppe et Jacques Laffineur ont publié: ‘Le statut juridique du consommateur mineur d’âge’, Louvain-la-Neuve, Collection droit et consommation, Centre de droit de la consommation, 1997. Ce document est en cours d’actualisation.
Dans son exposé lors de la Table ronde, Pierre Dejemeppe part d’un constat rapporté par de nombreuses associations et par des parents: les jeunes sont confrontés, dans le domaine de la consommation, à des situations qui sont spécifiques, alors qu’aujourd’hui, il y a peu ou pas de protection spécifique du jeune consommateur. Pourquoi protéger le jeune et quel est le sens de la régulation, sont les questions auxquelles s’attache l’auteur en illustrant sa réflexion sur bases d’exemples.

Charte

La dernière partie du cahier est consacrée aux cinq ateliers qui invitaient les participants de la Table ronde à réfléchir de manière concrète à partir des exposés présentés ci-dessus. Chaque groupe devait, en fin de séance, résumer ses préoccupations en deux points qui seront réunis dans un projet de charte de protection des jeunes consommateurs.
Cette charte devrait proposer des résolutions simples, pratiques et facilement applicables qui pourront leur permettre au quotidien de faire évoluer les choses dans le bon sens, pour un mieux-être, et de soutenir les jeunes dans leur résistance à la tyrannie de la surconsommation. Elle pourrait servir de base de réflexion et d’action pour les mandataires politiques, en particulier les législateurs.
Voici les deux points apportés par chaque atelier qui constituent le projet de charte de protection des jeunes consommateurs:

Atelier les jeunes et l’argent

Que les parents et la famille au sens large acceptent de parler de l’argent sans tabou et de s’interroger sur la valeur de l’argent selon le budget de la famille.
Interpeller les pouvoirs publics et agir pour que l’école retrouve son rôle privilégié de centre de réflexion et de formation des jeunes à la consommation.

Atelier les jeunes et la publicité

Les différents acteurs de la société, chacun à son niveau, doivent veiller à être cohérents dans leurs discours et leurs actions quant aux messages qu’ils envoient aux jeunes.
Il ne faut pas rester passif face au martèlement et à l’agression de la publicité. Que chacun manifeste son désaccord et son opposition publiquement; le cumul des voix et des actions finira par être entendu.

Atelier les jeunes et la santé

Aider le jeune à accepter de ne pas être parfait et à développer son apprentissage de la responsabilité et son esprit critique.
Comprendre ce qu’il y a derrière les statistiques pour découvrir la réalité des jeunes.

Atelier les jeunes et les besoins vitaux

Apprendre à décoder les signaux de manque pour identifier le besoin vital et le différencier des envies.
S’informer et prendre conscience de la nécessité de satisfaire adéquatement ses besoins vitaux.

Atelier le droit des jeunes consommateurs

Faire pression pour faire respecter la disposition du pacte scolaire qui stipule que toute propagande politique et toute activité commerciale sont interdites au sein de l’école.
Savoir et faire savoir qu’un mineur qui a contracté une dette (même pour satisfaire ses besoins vitaux), sera contraint de la payer à sa majorité.
Sylvie Bourguignon , d’après ‘Table ronde. Les jeunes et la consommation, le bien-être à quel prix’?

Cette Table ronde est une initiative
– de la Confédération des organisations de jeunesse indépendantes et pluralistes asbl, rue Traversière 8, 1210 Bruxelles. Tél.: 02-218 31 03. Fax: 02-219 86 65. Courriel: info@coj.be. Site: [L]http.www.coj.be[/L]
– du Réseau-Association des jeunes consommateurs – RéAJC asbl, Carrefour 19, rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-219 30 97. Fax: 02-223 15 93. Courriel: reajc@skynet.be. Site: [L]http.www.reajc.be[/L]

La prévention du suicide en milieu scolaire

Le 30 Déc 20

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Réflexions et perspectives d’actions

Le 2e Congrès international de la francophonie en prévention du suicide s’est tenu à Liège en octobre dernier. La Province de Liège, co-organisatrice de ce colloque avec la Communauté française, est d’autant plus concernée par ce thème que le taux de suicide y est particulièrement élevé.
Le Centre liégeois de promotion de la santé, en tant que membre de la Commission provinciale de prévention du suicide et participant au groupe de travail sur la prévention du suicide mis en place par la Ministre Nicole Maréchal , a pris part à ce congrès en organisant une table ronde sur le thème de la prévention du suicide en milieu scolaire.
Cette table ronde avait pour objectifs de rassembler des intervenants de diverses disciplines afin qu’ils nous fassent part de leur point de vue et de leurs expériences en la matière, de se concerter et d’échanger sur un thème qui nous interpelle tous: la prévention du suicide chez des jeunes scolarisés.
Cet article se veut une synthèse des interventions, des réflexions et des témoignages émis lors de l’assemblée. L’importance du travail en réseau est mise en évidence (thématique abordée lors de la Première journée liégeoise de promotion de la santé) et nous avons tenté d’apporter des perspectives d’actions futures en matière de promotion de la santé.

Le suicide dans un contexte particulier…l’adolescence

Les conduites suicidaires à l’adolescence ne peuvent être dissociées des processus de développement spécifiques liés à cette période. Les transformations physiques entraînées par la puberté provoquent un bouleversement chez le jeune tant au niveau de l’identité, que de la relation à lui-même et à son corps. Ces mutations physiques et psychologiques entraînent un remaniement relationnel avec ses parents (besoin d’autonomie, deuil du monde de l’enfance…) mais aussi avec les adultes et le groupe de pairs.
Cependant, le geste suicidaire ne participe pas des processus de l’adolescence mais le contexte de l’adolescence peut favoriser le passage à l’acte. Bien souvent le jeune en arrive à se suicider non par envie de mourir mais par désir de vivre. Vivre autre chose, autrement, sortir de cette souffrance et de cette impuissance à trouver un sens, du sens à la vie.

Comment se fait-il qu’un jeune arrive à poser de tels actes?

Le jeune qui tente de mettre fin à ses jours ou qui se suicide est un être en souffrance, isolé, débordé par ses difficultés (mis en échec face à ses différentes tentatives d’adaptation), incapable d’affronter la situation par ses mécanismes de défenses habituels.
Le processus suicidaire est un phénomène chronologique. A partir des bouleversements que peut subir le jeune, plusieurs ‘solutions’ sont envisageables dont le suicide. Petit à petit, l’éventail des possibilités se rétrécit laissant une place de plus en plus importante à celle du suicide qui devient finalement, l’unique solution. Schématiquement, le jeune, face à un problème et aux différentes solutions possibles envisage le suicide (intention), un facteur déclenchant extérieur va transformer cette intention en motivation. Dès lors, le jeune va commencer à penser aux différents moyens suicidogènes et y avoir accès; cette période est souvent suivie d’une restauration des liens et d’un « mieux-être » factice de la personne. Enfin, le passage à l’acte survient.
Lorsque l’entourage tente de comprendre l’acte posé, c’est souvent l’événement déclencheur qui est perçu comme cause. Au vu de notre développement, il semble nécessaire de retourner en amont et de s’intéresser au terrain dit « prédisposant ». Par ailleurs, cette lecture « chronologique » du suicide offre des pistes de prévention et d’intervention.
Il n’est pas rare de constater, dans les jours ou les semaines qui suivent le suicide d’un jeune, l’apparition d’un deuxième, d’un troisième suicide ou tentative de suicide.
Les différentes hypothèses d’explication d’un tel phénomène sont:
– l’effet de contamination par imitation (ou effet Wherter) qui serait proportionnel à l’ampleur médiatique et qui s’expliquerait par l’identification de la personne au suicidé;
– l’effet de contagion intergénérationnelle. Il existerait une probabilité plus importante de se suicider s’il y a eu des suicides dans la famille. Avec, comme hypothèses explicatives de cet effet, soit une prédisposition génétique, soit les comportements de l’entourage suite au suicide;
– l’effet de contagion par répercussion sociale.
En tant qu’adulte, une question se pose à nous: que faire ? Comment accompagner cet adolescent dans la traversée de ses deuils et dans son devenir ?
Au vu des données statistiques, du mode de fonctionnement psychologique, du mode de communication spécifique du jeune et à la lecture « psychologique » du comportement suicidaire (ne pas s’attacher uniquement aux événements déclencheurs mais appréhender le jeune dans sa globalité), diverses perspectives préventives peuvent être envisagées au sein de l’établissement scolaire. L’école est en effet un lieu de vie, d’apprentissage mais aussi de développement personnel. Un lieu de savoir et de « savoir- être » où une communication autre avec des référents adultes est possible.

Prévention primaire du suicide ou promotion du bien-être

?
La prévention primaire du suicide, c’est-à-dire en l’absence de souffrance manifeste, vise à donner des repères éducatifs, à développer et à optimiser les compétences de l’adolescent. En soi, un programme de prévention du suicide s’inscrit dans une approche globale d’éducation à la santé. Acquérir l’estime de soi, apprendre à s’affirmer, verbaliser ses émotions et son vécu, s’impliquer dans la vie communautaire, développer et découvrir ses centres d’intérêt sont autant de domaines au travers desquels l’adolescent apprendra ses limites mais surtout ses ressources. Il s’agit de favoriser le bien-être physique et psychologique des jeunes, comme le montre ce témoignage d’un professeur du secondaire présent à cette occasion.
« Dans notre école, il existe une structure héritée du passé, appelée «l’heure ouverte». Il s’agit d’une période de 50 minutes, qui se trouve à l’horaire hebdomadaire et qui est consacrée, dans toutes les classes, à des activités programmées par les professeurs titulaires de classe avec leurs élèves. C’est l’occasion de faire régulièrement le point sur la vie en classe, de mener un projet, de s’offrir un moment de détente. C’est une période de rencontre et de contacts privilégiés et donc, nous semble-t-il de prévention »
L’environnement dans lequel le jeune évolue doit être également pris en considération; les parents, le groupe de pairs, le milieu scolaire sont concernés.
L’école devient un lieu d’intervention d’actions préventives évident si le public ciblé est l’adolescent.
« Nous faisons aussi de la prévention chaque fois que nous encourageons un élève en difficulté, que nous lui proposons des pistes de solution aux difficultés qu’il rencontre, chaque fois que nous lui témoignons notre confiance dans les possibilités qu’il a de progresser et que nous suscitons chez lui la confiance en soi, qui est la condition de tout progrès».
Tenir compte de la parole du jeune, favoriser la communication entre les différents acteurs, entre les jeunes, entre les parents et les enseignants… semble primordial.
Par ailleurs, revaloriser et sensibiliser les adultes dans l’importance de leur rôle, les aider à assumer leur tâche et à améliorer leurs compétences peuvent aussi constituer des actions préventives.
L’action portée sur les adultes est primordiale car ils sont des intervenants privilégiés, en contact quotidien avec les jeunes. Ils sont souvent démunis, désemparés face à des adolescents en difficulté psychologique (d’autant que le suicide nous confronte à notre précarité d’être humain). Leur proposer des formations permettant une meilleure connaissance d’eux-mêmes (de leurs représentations du suicide, mais aussi de leurs compétences et de leurs limites), de la problématique suicidaire, des différents relais possibles… et de techniques de communication constitue une base essentielle pour l’efficacité du programme.
Pour atteindre ces objectifs, préalablement définis en fonction de l’institution et de sa philosophie, plusieurs techniques pédagogiques sont disponibles, chacune adaptable aux problèmes posés. Cela sous-tend une concertation et une réflexion antérieures entre les différents partenaires concernés et une mise en place d’actions coordonnées.
« Une réflexion sur la prévention s’est progressivement institutionnalisée au sein d’une cellule d’adultes volontaires (enseignants, éducateurs, membres du centre PMS, directeurs) qui se rencontrent tous les mois pour échanger leurs interrogations et expériences, et qui répercutent réflexions et propositions d’action à l’ensemble de la communauté éducative (y compris l’association des parents). Nous avons baptisé ce groupe «Cellule Ecoute» parce que, très vite, nous sommes arrivés à la certitude que la prévention passe par l’écoute, une écoute active et empathique, qui permet de rejoindre l’autre là où il est, à tous les moments de rencontre que nous offre la vie scolaire quotidienne, ou à des occasions privilégiées que nous pouvons susciter ».
Cette étape permettrait également de renforcer les collaborations internes et externes de l’institution avec les centres PMS, PSE et les professionnels de la santé mentale, mais aussi de mettre l’accent sur leurs complémentarités.
Un autre axe de prévention primaire pourrait être la prévention par les pairs. Ces derniers sont souvent les premiers alertés et les mieux informés des risques suicidaires chez leurs pairs. Il semble dès lors primordial qu’ils aient une connaissance des personnes ou structures susceptibles de les encadrer ou de leur venir en aide.
Tout comme la sensibilisation des enseignants, la formation de personnes ressources, notamment les médecins généralistes, le milieu hospitalier, les personnes des services d’aide téléphonique, pourrait également être une phase d’un programme de prévention global.
Toute action préventive se doit de démarrer précocement et s’étendre dans la durée, en tenant compte du développement et de la maturation des jeunes concernés.
La mise en place de tels programmes est complexe et demande du temps. Cependant, une analyse des demandes et des ressources de l’institution apporte souvent le constat d’actions partielles déjà développées ou entreprises; celles-ci pouvant en amener d’autres. Une coordination entre ces différentes actions permettrait une cohérence et un objectif commun de promotion du bien-être chez les jeunes.
« A travers toutes nos réflexions et toutes nos expériences, nous avons acquis la conviction que la prévention du suicide, la prévention des dépendances, de la violence, du décrochage scolaire… c’est finalement la même chose, et nous préférons dès lors parler, plutôt que de prévention, de promotion, promotion du bien-être, promotion du projet, en un mot: promotion de la vie

La prévention secondaire

La prévention secondaire passe également par l’échange et la communication avec le jeune. Le thème du suicide n’est pas à aborder de manière spécifique mais fait partie des préoccupations des jeunes au même titre que la sexualité, la dépendance, les conduites à risque. Il pourrait donc être le sujet de discussions dans le cadre des cours, si le jeune sollicite l’adulte à ce propos. En parallèle, si le jeune présente des signes de mal-être (sentiment de culpabilité, d’incertitude… mauvaise image de lui), adopte des comportements inhabituels par rapport à ceux qu’il présentait jusque-là (absentéisme, isolement, violence…), l’adulte peut lui signaler qu’il constate ces changements, cette souffrance psychologique, qu’il s’inquiète pour lui et lui proposer son aide si le jeune en ressent le besoin.
Ce type de démarche ne peut se faire sans un climat de confiance entre l’adulte et le jeune (d’où la nécessité d’une formation, d’une sensibilisation à l’écoute et à la communication ).
L’aide à apporter dépendra des limites personnelles et professionnelles de l’adulte. Il pourra cependant s’appuyer sur les relais qu’il aura identifiés à l’extérieur et à l’intérieur de l’école.

La ‘post-vention’ du suicide

Les études et évaluations de programmes de prévention du suicide nous montrent qu’il est essentiel pour les institutions scolaires d’avoir des procédures claires et spécifiques à suivre lorsqu’elles sont confrontées au décès par suicide d’un élève.
Les répercussions psycho-sociales d’un tel comportement sont à prendre en compte.
Les démarches à suivre doivent être adaptées et correspondre à la philosophie de chaque établissement scolaire. Cependant, quelques lignes directrices devraient être respectées, telles que:
– faire émerger le vécu et le ressenti des élèves confrontés à la situation. Les proches de l’élève suicidé éprouvent souvent des sentiments de tristesse, de colère, de révolte, de peur, de remords et de culpabilité;
– verbaliser, «normaliser» les sentiments éprouvés, reconnaître et accepter le traumatisme, utiliser le réseau relationnel pour aider le jeune ou l’adulte (soutien psychologique individuel si cela s’avère nécessaire) peuvent être autant d’éléments soutenants et préventifs. Préventif si l’on pense au phénomène de contagion qui peut survenir à la suite d’un suicide, lié à des effets de culpabilité et d’identification;
– cette aide est souvent nécessaire également pour l’adulte qui a en charge le groupe traumatisé.
Pour ce faire, en fonction de l’établissement et de la structure mise en place, il est possible de faire appel à des services extérieurs formés (PSE, PMS, centre de crise) ou encore à une cellule de crise interne à l’institution. La constitution d’un réseau, dès lors pourrait être perçue comme une ressource au service des individus.
Pour conclure, comme nous l’avons vu, le suicide est une réalité qui touche bon nombre d’adolescents. Le processus suicidaire est un phénomène chronologique. Face à son mal-être, le jeune envisage plusieurs issues. Le suicide (ou tentative de suicide) peut être l’une d’entre elles. Cette lecture « chronologique » du suicide nous offre des pistes de prévention et d’intervention.
L’école, les pairs, les professeurs, les éducateurs constituent des agents de prévention primaire du suicide. En effet, ce sont des intervenants en contact quotidien avec les jeunes en mal-être, après les parents et la famille proche. L’expression de ce mal-être va transparaître dans les comportements, le discours, le tissu social et relationnel du jeune. Une formation de ces adultes en contact avec les jeunes adolescents semble primordiale. Les sensibiliser à la problématique mais aussi à l’importance de leur rôle avec ses limites, revaloriser leurs fonctions et leurs compétences, afin de favoriser une compréhension et une communication meilleures entre les adultes et les jeunes constituent une base essentielle d’un programme de prévention du suicide.
En parallèle, des actions préventives axées sur le public jeune peuvent être développées, avec comme objectifs de renforcer ou de faire émerger des compétences qui vont aider le jeune à s’épanouir mais aussi leur fournir des informations sur les structures d’aide possibles, internes ou externes à l’établissement scolaire. Les parents ou les proches des jeunes devraient également avoir accès à ce type de renseignements.
Renforcer les collaborations internes et externes de l’institution avec les centres PMS, PSE, et les services de santé mentale constitue également une approche préventive. Une connaissance et une approche différentes du jeune en difficulté pourraient constituer un atout dans l’accompagnement de celui-ci.
La prévention du suicide vue sous cet angle fait partie intégrante de la promotion du bien-être chez les jeunes.
Pour ce qui est de la ‘post-vention’ , une procédure préétablie, à suivre lorsqu’il y a eu suicide d’un jeune, permettrait la verbalisation d’émotions et pourrait avoir une influence sur l’effet de contagion.
Au vu de ce développement, il apparaît opportun d’exploiter le potentiel protecteur de l’environnement scolaire afin de permettre l’expression des préoccupations des jeunes et leur épanouissement.
Chantal Leva, Vincianne Schul, Valérie Coupienne

Campagne ‘été 2003’ de prévention des MST

Le 30 Déc 20

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Un nouveau plan d’actions et un appel à une mobilisation générale

A l’occasion du lancement de cette campagne d’été, je voudrais, à partir des compétences de la Communauté française en matière de prévention, faire le point sur la lutte contre l’épidémie de sida. Faire le point mais aussi et surtout inviter tous les acteurs, et nous verrons que cela dépasse largement les spécialistes de la prévention du sida, à participer à une mobilisation vigoureuse contre ce fléau.
Il ne s’agit pas d’adopter une attitude catastrophiste ou émotionnelle mais bien de prendre la juste mesure du phénomène, de sa complexité, de l’évolution des mentalités en matière de vie sexuelle et des capacités scientifiques en matière de dépistage et de traitement.

Les constats

Les chiffres témoignent clairement de l’importance de l’épidémie (voir encadré). Il faut cependant pouvoir les interpréter avec nuance et en tirer des conclusions sur les stratégies à mettre en place.
Les oscillations d’une dizaine de cas par an depuis 3 ou 4 ans représentent une différence de moins d’ 1%. Par contre, la courbe générale des nouveaux cas observée sur une vingtaine d’années montre que la situation actuelle est comparable à celle que nous avons connue au début des années 90, alors qu’on avait constaté une diminution très significative vers 96.
Je retiendrai les éléments suivants:
– les nouveaux cas concernent surtout la tranche des jeunes adultes de 30 à 35 ans dans la population belge et les moins de 25 ans dans la population africaine;
– les conditions de transmission sont inconnues dans 1 cas sur 3;
– pour le reste, ce sont les populations originaires de l’Afrique subsaharienne et des pays européens autres que la Belgique qui sont le plus victimes de l’épidémie. Plus récemment l’Afrique du Nord et l’Amérique latine apparaissent à la marge dans les chiffres des victimes. C’est la communauté homosexuelle belge qui est la plus touchée.
– le phénomène reste un phénomène urbain essentiellement présent dans les grandes villes, majoritairement en région bruxelloise, en province d’Anvers et en région liégeoise.
Outre les chiffres, le constat et l’analyse doivent porter sur l’évolution des comportements et sur les conditions générales, scientifiques et sociales dans lesquelles évolue l’épidémie.

Sida et MST: évolutions récentes

Au cours de l’année 2002, 973 nouveaux diagnostics de VIH ont été rapportés dans le pays. Ce chiffre s’inscrit dans la ligne des années 2000 et 2001, et fait suite à l’importante augmentation observée entre 1997 et 2000 (+ 38%). Les chiffres actuels sont proches du pic observé en 1992. En ce qui concerne la répartition par sexe, par groupe d’âge et par catégorie de transmission, aucune modification significative n’est observée en 2002 par rapport à 2001.
En ce qui concerne les autres MST, il apparaît que, après une diminution très marquée au cours des décennies 80 et 90, les tendances s’inversent. Le Réseau des laboratoires vigies a signalé une recrudescence des enregistrements de gonococcies en 2001, confirmée en 2002, par rapport aux années précédentes. D’autre part, une augmentation des cas de Chlamydia trachomatis est observée en 2002. Parallèlement, le réseau sentinelle des Cliniciens a enregistré depuis l’année 2000 un nombre croissant de diagnostics de syphilis, principalement chez des patients masculins mentionnant des contacts homosexuels.
Extrait d’une communication du Dr André Sasse, de l’Institut scientifique de santé publique

Tout le monde s’accorde sur la moindre vigilance de tout un chacun par rapport au risque d’infection. Cette relative banalisation tient à de multiples facteurs conjoints:
1. La génération actuelle est née non pas avec l’émergence d’une maladie qui tue mais avec l’émergence des possibilités de traitement. L’assimilation avec la guérison – ce qui n’est pas le cas faut-il le rappeler -, l’illusion de l’espoir est certainement un élément de perte de la vigilance.
Moindre vigilance dans les comportements relationnels, moindre vigilance dans la qualité et la précision des informations sur le sida en milieu scolaire, moindre vigilance et moindre mobilisation du corps médical lui-même.
2. D’autre part les tabous autour de la sexualité sont encore loin d’être levés. Si la pornographie a connu des développements médiatiques ces dernières années, l’éducation affective et sexuelle n’en est encore qu’à ses balbutiements et connaît bien des difficultés à s’intégrer dans un cursus de formation.
3. Enfin, on voit apparaître des comportements qui cherchent à tester les limites du risque et se font les promoteurs d’une sexualité pseudo libérée, volontairement non protégée. C’est un comportement irresponsable.
Sur base de ces différents constats, je souhaite qu’ensemble, on puisse se remettre en ordre de marche. Car je suis convaincue qu’on peut faire mieux pour contrôler davantage ce fléau.
J’ai déjà réagi en rencontrant des professionnels du secteur qui m’ont fait part de leur lecture de la situation et qui ont esquissé quelques axes prioritaires de réaction qui me paraissent importants.

Un plan d’action en cinq points

C’est au lancement d’un plan d’actions en 5 points que j’invite tous les acteurs concernés par le sida, les MST et plus largement par la vie sexuelle et affective.
Ce plan fera l’objet d’une Journée de mobilisation, véritables Etats généraux, dans le courant du dernier trimestre 2003, à partir de laquelle les pistes que j’ai dégagées devront être mises en œuvre.
1. Un renforcement des campagnes de sensibilisation et d’information.
Le maintien d’un seuil permanent de sensibilisation «grand public» doit permettre d’accrocher des campagnes d’information destinées davantage aux publics plus vulnérables, pour lesquels les démarches doivent être plus spécifiques.
J’envisage dès lors, une nouvelle campagne audiovisuelle qui viendra compléter, par exemple, celle assurée par les humoristes Jannin et Libersky que je souhaite rediffuser rapidement.
Les moyens seront à cet égard renforcés.
2. Donner la priorité à des actions au bénéfice des communautés les plus touchées : la communauté gay et les communautés africaine et d’immigrations récentes.
Pour ces populations migrantes, se posent les questions de l’accueil et de l’accès à l’aide sociale et juridique, voire de l’accompagnement. Bref, de leur insertion sociale.
Toute action de prévention ne peut, en effet, se concevoir qu’en répondant parallèlement à ces différentes questions: certes des cas de séropositivité sont « importés » mais d’autres se contractent, ici du fait même des conditions de promiscuité, d’insalubrité, de prostitution et plus généralement de conditions sociales précaires.
Ces facteurs sont une des raisons d’interpeller mes collègues, non seulement Ministres de la Santé mais aussi des Affaires Sociales, de l’Egalité des chances, de l’Intérieur, de la Coopération au développement et de l’Enseignement, tant régionaux que fédéraux, pour envisager ensemble ces conditions.
A cette fin, je proposerai une réunion qui pourrait déboucher sur une Conférence interministérielle sida permanente.
3. Les jeunes doivent rester un de nos objectifs prioritaires.
Dès le plus jeune âge, une sensibilisation à l’éducation sexuelle et affective doit être entreprise. J’ai commandé un travail de recherche dans ce sens, qui fasse un premier état des lieux et dresse des perspectives. Sida et MST doivent s’inscrire dans une approche plus globale que purement médicale. Une journée y sera consacrée le 4 octobre.
Par ailleurs, je compte également toucher les jeunes via leurs médias privilégiés en développant des collaborations avec des chaînes thématiques (musicales).
4. Solliciter les relais.
Les professionnels du sida ne sont pas les seuls à devoir se remobiliser: les planning familiaux, les médecins généralistes et spécialistes, les équipes de Promotion de la Santé à l’Ecole, les milieux de jeunesse, les centres d’accueil et les services d’immigration: tous ont un rôle à jouer. Ils seront conviés à la journée de mobilisation à l’automne.
5. Organiser un nouveau programme de dépistage.
MSF a coordonné une concertation des acteurs du dépistage en Communauté française organisée à ma demande: centre de référence, CHU de Liège et de Charleroi, Centre de Namur, Centre Elisa.
On connaît aujourd’hui le bénéfice important d’un dépistage le plus précoce possible, pour à la fois traiter plus rapidement et diminuer au plus vite le réservoir de porteurs ignorants.
Le nombre de dépistages montre une légère augmentation – 550.000 dépistages réalisés l’an dernier – ce qui pourrait expliquer à la marge une légère augmentation du nombre de nouveaux cas.
La stratégie doit viser les populations les plus vulnérables, faciliter l’accès au dépistage et mobiliser les ressources de la Communauté française autour d’un même protocole.
Les moyens actuels consacrés à la prévention du sida sont de 1,537 million d’euros. C’est l’un des deux plus gros budgets «santé» de la Communauté française qui globalement atteint un peu plus de quinze millions d’euros. Nous consacrons donc un dixième de ce budget à la prévention du sida. Il faut encore y ajouter les nouveaux moyens dégagés dans le cadre du plan d’action pour la charte d’avenir de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, soit 31.000 euros.
Sans compter les espaces «télé» ou «radio », qui peuvent être gratuits pour la promotion de la santé sous certaines conditions, les campagnes audiovisuelles de sensibilisation ont coûté 90.000 € en 2002. Cette année, nous y consacrerons 155.000 € pour doubler l’impact: en effet, 2003 comptabilisera trois ou quatre campagnes contre deux en 2002.

La campagne ‘été 2003’

La campagne qui est lancée aujourd’hui va à la rencontre des jeunes et remet en circulation un outil d’information générale sur le sida, mais aussi et sans doute pour la première fois sur les autres maladies sexuellement transmissibles. Comme vous l’aurez sans doute lu, les maladies dues aux gonocoques et la syphilis sont en augmentation également. D’autres, comme les hépatites B et C, ont des modes de contaminations proches.
Le petit livre rose comble un vide et répond à des demandes fréquentes d’information. Un préservatif l’accompagne. Son utilisation reste le seul mode de protection efficace vis-à-vis de ces maladies, la vigilance éclairée.
D’autre part, la Communauté française va renforcer la logique de collectif d’achat de préservatifs initiée par la Plate-Forme Prévention Sida: aujourd’hui 600.000 préservatifs sont distribués chaque année. Doubler ce nombre pour rencontrer plus de jeunes (et de moins jeunes) dans plus de lieux et libérer des moyens d’actions pour les associations est un objectif à court terme.
C’est à une mobilisation générale et renouvelée qu’il s’agit de s’atteler. J’en appelle au secteur de la santé, mais aussi aux secteurs sociaux et administratifs d’accueil et d’éducation pour utiliser les leviers les plus pertinents par rapport aux constats que nous pouvons faire aujourd’hui: un problème grave, non guérissable mais davantage contrôlable.
Nicole Maréchal , Ministre de la Santé de la Communauté française Wallonie-Bruxelles

Le petit livre rose

Le 30 Déc 20

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Une campagne de prévention des Maladies Sexuellement Transmissibles a l’attention des jeunes

La campagne en quelques mots

La campagne «Petit Livre Rose» est un programme destiné aux jeunes afin de les informer et de les sensibiliser quant aux risques du sida mais aussi des autres Maladies Sexuellement Transmissibles et donc de rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif.
En résumé, cette action se décline selon plusieurs axes:
– la diffusion d’une nouvelle brochure de prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles;
– la promotion de cette nouvelle brochure (via des affiches reprenant le visuel de couverture de la brochure, des cartes postales Boomerang, des échos dans la presse);
– des animations de l’Ecole du Cirque lors de divers festivals de musiques;
– la distribution de pochettes de préservatifs visant à promouvoir la brochure.

La concertation

La Plate-Forme Prévention Sida a pour objectif de mettre en place un processus de concertation avec les acteurs particulièrement sensibles à la prévention du sida. Ensemble, ils travaillent à la réflexion, la conception et la mise en place d’outils et de campagnes de prévention du sida et des Maladies Sexuellement Transmissibles à l’attention du grand public
Pour la réalisation de la campagne du «Petit Livre Rose», la Plate-Forme Prévention du Sida a travaillé en collaboration avec les associations suivantes:
– le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles;
– l’ asbl Modus Vivendi;
– le Centre de Planning familial Séverine;
– Caw Mozaïek Adzon.
Il est également important de souligner que le bureau de graphisme Donuts a participé depuis le début de la réflexion sur la campagne et a pu ainsi alimenter la réflexion et les débats quant à son contenu et sa forme.
Les informations médicales ont été supervisées par des médecins du Centre de Référence Sida de l’Hôpital Saint-Pierre, du CHU de Charleroi et de la Coordination Sida Assuétudes de Namur.

Pourquoi une campagne de prévention des Maladies Sexuellement Transmissibles?

Pour la première fois en Communauté Wallonie Bruxelles, le thème central d’une campagne d’information et de prévention n’est plus uniquement le sida mais bien l’ensemble des Maladies Sexuellement Transmissibles. Certaines de ces maladies, comme les hépatites ou l’herpès touchent un plus grand nombre de personnes que le VIH. L’hépatite C, à titre d’exemple, tue quatre fois plus que le sida. On constate également une recrudescence récente de la syphilis.
Il ne s’agit donc pas de minimiser l’importance du sida -puisqu’il n’est toujours pas possible d’en guérir- mais bien d’informer le public sur l’ensemble des risques de transmission des MST et sur la manière de s’en protéger.
Pourquoi ce changement?
Le plan communautaire de la prévention du sida indique qu’il faut «maintenir des programmes de prévention et d’information à l’attention du public général, en incluant des thématiques spécifiques.»
C’est ainsi que le plan souligne l’importance de maintenir la question du sida à l’ordre du jour pour éviter l’installation d’un climat de démobilisation et de relâchement. Les campagnes moins ciblées, plus généralistes permettent d’éviter la stigmatisation des publics vulnérables et réduisent aussi l’illusion selon laquelle seuls ces publics seraient encore concernés par l’épidémie. De plus, en élargissant à l’ensemble des Maladies Sexuellement Transmissibles, un public plus étendu peut prendre connaissance des brochures actualisées, et être ainsi sensibilisé.
Les campagnes à l’attention du public général doivent donc intégrer la question des autres maladies sexuellement transmissibles.
Depuis 1997, on assiste à une recrudescence des cas de transmissions par le VIH dans notre pays. Les données épidémiologiques disponibles pour les autres Maladies Sexuellement Transmissibles vont dans le même sens. On peut donc supposer que le relâchement des attitudes préventives contre le VIH a également eu un impact sur le nombre de contaminations par les autres MST.

Objectifs de la campagne

Pour lutter efficacement contre la recrudescence des MST, il est important d’ offrir une information adéquate et adaptée.
Les jeunes de 15 à 24 ans constituent le public cible pour cette campagne «Petit Livre Rose» qui vise à les informer et les sensibiliser aux risques du sida et des MST et à l’utilisation du préservatif.
Plus spécifiquement cette campagne se propose:
– d’encourager les jeunes à maintenir ou à développer une attitude de vigilance par rapport au sida et aux autres MST, notamment à l’occasion des vacances et lors des festivals de musIque;
– de favoriser l’accès au préservatif ainsi qu’à son utilisation;
– d’améliorer les connaissances des jeunes quant aux modes de transmission des maladies sexuellement transmissibles et l’aptitude à utiliser le préservatif;
– de contribuer à lever les tabous et les réticences afin de banaliser l’usage du préservatif auprès des jeunes;
– de favoriser l’adhésion à la valeur de ‘se protéger et protéger les autres’.

Plus concrètement

La première partie du ‘Petit Livre Rose’ présente des informations générales sur les symptômes des MST, sur ce qu’il est indiqué de faire quand ces symptômes apparaissent (se rendre chez un médecin, dans un centre de planning familial, une maison médicale…) afin que le spécialiste évalue avec la personne les risques réels encourus et qu’il propose, si cela s’avère nécessaire, un dépistage adéquat et un éventuel traitement. Un chapitre aborde les différents modes de transmission des MST et la manière de s’en protéger ainsi que son, sa ou ses partenaire(s).
La deuxième partie présente de manière plus détaillée les MST suivantes: le sida, l’hépatite B et C, la syphilis, l’herpès génital, les chlamydiae, la gonorrhée et les condylomes.
A la fin de la brochure se trouve une liste d’adresses utiles pour obtenir des informations sur les MST et sur les lieux où faire un dépistage.
La brochure fera l’objet d’une promotion via une affiche et une carte postale Boomerang et par la réalisation d’une pochette contenant un préservatif reprenant un des visuels de la brochure. La brochure sera également sur le site Internet https://www.preventionsida.org .
Vu le succès rencontré par cette action l’été passé, les jeunes de l’École du Cirque joueront cette année encore les rôles du préservatif, du virus et du spermatozoïde en revêtant d’ insolites costumes. Ils seront présents au sein des festivals de musique et attireront l’attention du public, de manière sympathique et ludique, sur la prévention du sida et des MST. Ces jeunes comédiens seront de véritables acteurs de prévention.
Les affiches et les pochettes indiqueront qu’il est possible de commander la brochure par téléphone au 02 733 72 99 ou par courrier électronique à preventionsida@skynet.be.
Les relais commandant via le téléphone seront orientés vers le Centre local de promotion de la santé le plus proche.
Thierry Martin , Plate-forme prévention sida

Rodin: pas de fumée sans feu

Le 30 Déc 20

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Le Ministre des Finances, Didier Reynders, a imposé huit contrats secrets avec des fabricants de tabac en vue du financement des campagnes de prévention du tabagisme de la Fondation Rodin. Cela ne va pas seulement à l’encontre de la politique de ses collègues chargés de la santé publique, mais aussi de la position de l’Organisation mondiale de la santé qui rejette avec vigueur cette initiative. La Fondation Rodin a menacé d’un procès en justice si Knack levait le voile.
Certains citoyens sont accros au tabac, les pouvoirs publics sont accros à l’argent.
Les taxes sur le tabac constituent une source de financement non négligeable pour les pouvoirs publics fédéraux. En 2002, le tabac a rapporté à l’Etat deux bons milliards d’euros, ce qui a permis de financer de nombreuses politiques. La prévention du tabagisme constitue une des compétences des Communautés qui en 2002 ont disposé pour leur part de quelque 200.000 maigres euros.
L’ancienne Ministre de la Santé Publique, Magda Aelvoet (Agalev), avait logiquement eu l’idée qu’une fraction de cette importante manne, 12,5 millions d’euros, puisse être consacrée à la prévention du tabac et ce, par le truchement de la création d’un fonds public de lutte contre le tabagisme. Pour ce faire, il suffisait de percevoir sur chaque paquet de cigarettes 1 ancien franc belge pour la prévention. Ceci ne représente jamais que la moitié de ce qui est habituellement consacré à cet objectif dans d’autres pays.
Elle avait à cet effet discuté avec son collègue des Finances, Didier Reynders (MR), qui a alors sorti de son chapeau une solution bien plus économique. L’industrie du tabac sponsoriserait elle-même la prévention du tabagisme par le biais d’un fonds privé, la Fondation Rodin, chargée de lancer de manière autonome des campagnes de prévention.
La Fondation Rodin, une asbl mise sur les rails en novembre 2000, est active vis-à-vis de toutes les formes de dépendance: alcool, drogue, médicaments, jeux.
Parallèlement, les pouvoirs publics devaient de leur côté créer un fonds public contre le tabagisme, qui n’est toujours pas opérationnel aujourd’hui.
Didier Reynders a réussi à faire sa part du boulot: huit fabricants de tabac mettent à la disposition de la Fondation Rodin un total de 1,85 millions d’euros par an, et ce, durant 6 ans. Selon la Fondation Rodin, l’industrie a été forcée par le Ministre Reynders de fournir cette ‘contribution volontaire’.

Contrats secrets

‘L’objectif principal de la création de la Fondation Rodin était d’aller à l’encontre de la création du fonds public contre le tabagisme qu’avait annoncé Magda Alvoet en août 2000 et qui devait recevoir un budget de fonctionnement de 12,5 millions d’euros’, déclare Luk Joossens , un consultant de l’Organisation mondiale de la santé fort respecté en Europe qui, durant des années, a mené au sein du CRIOC (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs) un combat d’avant-garde contre le lobby de l’industrie du tabac.
Et de poursuivre: ‘Alors qu’aujourd’hui l’industrie sponsorise la Fondation Rodin, le budget pour le fonds public contre le tabagisme est passé de 12,5 millions à 1,85 million d’euros par an alors qu’il n’a pas encore vu le jour!’
Assurer le financement de campagnes de prévention du tabagisme par l’industrie du tabac elle-même: le Ministre-Président de la Communauté Française, Hervé Hasquin (MR), a comparé cette initiative dans le journal Le Soir à l’éventualité que les pouvoirs publics puissent accepter de l’argent de la mafia pour créer des écoles de police. Luk Joossens estime qu’il est impensable que l’industrie du tabac mette autant d’argent à la disposition de la prévention sans contrepartie. Le Ministre Reynders et la Fondation Rodin contredisent cette opinion. Le contenu des contrats pourrait certes lever le voile, mais il semble un des secrets les mieux gardés de notre pays.
Ceci est bien étrange car selon Luk Joossens, un contrat analogue en Allemagne a été rendu public. Le Ministre Reynders n’a-t-il pas déclaré au Parlement que la Fondation Rodin et les fabricants de tabac étaient tout à fait prêts à fournir toutes les informations sur l’accord conclu? Michèle Gilkinet , Députée Ecolo, aurait, selon ses dires, demandé une copie du contrat auprès du Ministre Reynders mais ne l’aurait pas reçue.
Nous avons demandé à Philip Morris, l’un des principaux contractants, de nous faxer une copie de ce contrat. Philip Morris a refusé car l’entreprise ne peut communiquer de documents internes. Le Ministre Reynders n’a pas non plus accédé à notre demande.
Nous avons alors adressé un courrier recommandé à la Fondation Rodin. Nous avons également essuyé une réponse négative. Il nous était toutefois possible de consulter le contrat dans ses bureaux. Nous avons été accueillis amicalement, mais lorsque le moment fatidique est arrivé, nous avons fait chou blanc. En présence des principaux responsables de la Fondation, dont son Directeur Luc Joris et son Administrateur Délégué, le Professeur Alain Dewever (ULB, ancien directeur du Centre infirmier universitaire Brugman et ex-président de Glaxo Welcome Belgium), nous n’avons pu avoir accès qu’à deux des seize clauses du contrat. Afin d’éviter que notre œil ne glisse vers les autres clauses, monsieur Joris a couvert le reste du texte d’une feuille de papier. L’interrogeant sur cette attitude bizarre, il nous a répondu que le contrat comportait une clause de confidentialité stipulant qu’en dehors des contractants, personne ne pouvait lire ce contrat ni aujourd’hui, ni demain. Cela ne témoigne pas de prime abord d’un grand souci de transparence et de contrôle démocratique!
La Direction de la Fondation Rodin craint que l’industrie du tabac refuse de poursuivre le financement des campagnes de prévention si cette clause du contrat venait à ne pas être respectée.

Les pratiques de l’industrie

Depuis quelques années, l’OMS conseille de ne pas collaborer avec l’industrie du tabac dans le cadre des campagnes de prévention. ‘Partant de documents internes de l’industrie, il est apparu clairement que le secteur du tabac a fourni durant des années des informations mensongères quant aux produits qu’elle met sur le marché’, déclare Luk Joossens. ‘Ainsi, l’industrie du tabac a-t-elle nié durant des années le caractère cancérigène de son produit, alors qu’elle était la première à être au courant des conséquences néfastes d’un comportement tabagique. Si aujourd’hui le cow-boy Marlboro n’apparaît plus sur les panneaux publicitaires, les fabricants de tabac utilisent d’autres techniques en vue de gonfler leurs ventes.
Par ailleurs, l’OMS a elle-même fait les frais de ces pratiques. Il ressort d’un audit interne mené en 2000, que l’OMS a été sérieusement infiltrée par des lobbyistes du tabac. L’industrie du tabac a ainsi par exemple mené un lobbying massif en vue d’éviter le lancement de politique de prévention en matière de tabagisme ou d’orienter cette politique dans une mauvaise direction.
Elle a sans cesse tenté de faire réduire les fonds pour les activités scientifiques et politiques en matière de tabac dans les organisations des Nations-Unies. Pour ce faire, elle a même eu recours à des scientifiques. Il s’avère que les scientifiques ayant publié des résultats positifs en matière de tabagisme ont souvent accepté de l’argent de l’industrie du tabac’.
Nous avons demandé à l’OMS son évaluation quant au dossier Rodin. Récemment elle a soumis à ses membres la convention-cadre qu’elle a rédigée en vue de l’approche mondiale du problème du tabac, en prenant des accords internationaux notamment en ce qui concerne la lutte commune contre le trafic de cigarettes, la mention visible de nocivité des cigarettes sur les emballages et l’interdiction de publicité en matière de tabac – avec, ici encore, une forte résistance de certains fabricants de tabac. La patronne sortante de l’OMS, Gro Harlem Brundtland , qui a fait de la lutte contre le tabac son cheval de bataille, souhaitait terminer en beauté sa carrière grâce à cette convention-cadre.
‘Le dossier Rodin va complètement à l’encontre de la politique de l’OMS, des dispositions de la nouvelle convention-cadre et de la résolution en matière de transparence vis-à-vis de l’industrie du tabac’, déclare Vera Luiza da Costa e Silva , la responsable brésilienne de Tobacco Free Initiative au sein du bureau principal de l’OMS à Genève. ‘La non-publicité du contrat témoigne d’un manque total de transparence. Cela devrait être rejeté avec vigueur. Sur de nombreux points, les fabricants de tabac ne peuvent être comparés avec d’autres entreprises. Leurs produits sont autorisés par la loi mais ils sont toutefois mortels. Le tabac est le seul produit de consommation qui coûte la vie à la moitié de ses utilisateurs réguliers’.
‘Les activités de la Fondation Rodin semblent relever de la thérapie occupationnelle: débattre sans fin de ce qui existe déjà et surtout ne pas être efficace’, déclare Luk Joossens. ‘La Fondation Rodin mène ainsi une enquête sur le comportement des jeunes, alors que cela a déjà été réalisé depuis plus de dix ans au sein des universités de Gand, Anvers et Bruxelles’.
Le Ministre des Finances, Didier Reynders, collabore depuis quelque temps déjà avec la Fondation Rodin en vue de mener une enquête sur les effets de l’interdiction de la vente de produits du tabac aux mineurs. La Fondation Rodin fait référence à cette collaboration avec le Ministre dans des courriers invitant des scientifiques notoires à participer à des débats pour une indemnisation royale de 1.250 € pour deux après-midi.
Tout ne va toutefois pas pour le mieux dans le meilleur des mondes car certains experts, comme le professeur Albert Hirsch , chef de service de pneumologie à l’hôpital Saint-Louis (Paris), refuse toute participation étant donné que la Fondation Rodin est sponsorisée par l’industrie du tabac.
La Fondation Rodin commence par ailleurs à se lasser de tous ces remous. Ainsi, de nombreux membres fondateurs ont déjà quitté le navire – certains entre autres en raison du sponsoring par l’industrie du tabac.
Il s’avère que la Fondation Rodin ne finance que ses projets propres avec l’argent de l’industrie du tabac, ce qui irrite fortement des scientifiques qui doivent se battre pour récolter des fonds en faveur de la recherche.
Plusieurs scientifiques francophones ont publié le 4 juin 2002, une lettre ouverte dans la Libre Belgique en vue de dénoncer le mode de financement de la Fondation Rodin par l’industrie du tabac sous le titre assez explicite de ‘Tabac: non à la naïveté!’.
Un des membres fondateurs et des principaux penseur de la Fondation Rodin, le professeur psychiatre bruxellois Isidore Pelc (ULB, centre universitaire infirmier Brugman), a également abandonné le navire. Ceci est dû au fait que sa position à la tête de la Fondation Rodin était incompatible avec sa présidence de la cellule Politique de Santé Drogues au sein du Ministère de la Santé Publique.

Une réglementation ‘trop contraignante’

Le monde scientifique a par ailleurs avancé maintes fois le financement des études par l’industrie comme étant un problème. Isidore Pelc avait ainsi déjà fait financer par l’industrie du tabac en 1995 et 1996 un cycle de séminaires organisé par une des fondations qu’il a créées. Ceci ressort de la correspondance interne que Philip Morris a été obligée de placer sur l’Internet après un jugement au Minnesota ( https://www.pmdocs.com ). Pelc était alors recteur de la faculté de médecine de l’ULB et président de l’asbl Fondation pour l’étude et la prévention des maladies de civilisation qui est actuellement active sous le nom ‘Fondation Hodie Vivere pour l’étude et la prévention des maladies de civilisation’.
Les rapports internes de Philip Morris placés sur le net mentionnent la visite en septembre 94 à l’usine de Philip Morris dans la région Suisse de Neuchâtel d’Isidore Pelc, d’Albert D’Adesky , un des anciens hauts fonctionnaires de la Santé publique et du Docteur Bernard Buntinck , Secrétaire de la Fondation. Selon ces mêmes rapports, Messieurs Pelc et D’Adesky seraient ‘ouverts à la position de Philip Morris’ et la ‘fondation serait intéressée par l’organisation d’une série de séminaires et la publication d’un livre’. Le budget de l’organisation de cinq séminaires en 1995-1996 s’élève à 112.500 euros (4.550.000 anciens francs).
Philip Morris donne en mars 95 son accord de principe pour la sponsorisation des séminaires pour un montant de 37.500 euros (1,5 million d’anciens francs). Paul Broeckx , responsable des relations publiques de Philip Morris, donne à ce projet une évaluation favorable considérant, selon la correspondance interne, le complément positif par rapport au programme ‘Arise’ (pour Associates for Research in the Science of Enjoyment).
Isidore Pelc a nié lors d’un entretien téléphonique l’intervention financière par Philip Morris tandis que Philip Morris a confirmé le sponsoring pour un montant de 37.500 euros. On prétend également que Coca-Cola serait un des autres sponsors.
La série de séminaires était basée sur le thème ‘la civilisation tributaire de sa passion du bien-être’. Les interventions et le livre portent entre autres sur la réglementation contraignante que l’Etat impose vis-à-vis des droits individuels de l’individu.
Selon la lobbyiste anti-tabac Américaine Anne Landman , le programme ‘Arise’ a permis à Philip Morris de contrer l’opposition sociale régnante vis-à-vis du tabagisme: ‘les scientifiques du programme Arise ont étudié la science de la jouissance. Selon eux, le café, le thé, le chocolat, le sexe et le tabac permettent à l’être humain de jouir. Et jouir réduit le stress, améliore les prestations, stimule le système immunitaire et aide à lutter contre les maladies cardio-vasculaires! Arise servit également à minimiser le constat scientifique selon lequel la nicotine est un produit provoquant une aussi grande dépendance que l’héroïne.
Arise aimait présenter les pouvoirs publics comme étant des tyrans agissant comme des infirmiers tout-puissants dans le domaine des droits individuels de l’individu. En 1994-1995, le budget mondial d’Arise était de 773.750 dollars’.

L’argent de la Loterie

Dans notre pays, il y a de nombreux autres exemples d’enquêtes scientifiques ayant souffert d’une forme de partialité. Début 2003, la Fondation Rodin a bénéficié, via le Cabinet du Ministre des Télécommunications, des entreprises publiques et des participations, Rik Daems (VLD), par ailleurs également Ministre de tutelle de la Loterie nationale, de 242.600 euros et de 118.500 euros pour deux études à propos de la dépendance aux jeux.
‘Normalement, nous nous attendions à ce que les projets de recherche soient financés selon les canaux usuels via les services fédéraux pour les problèmes scientifiques, techniques et culturels’, déclare Marijs Geirnaert , le Directeur du VAD (Association de lutte contre l’Alcool et les autres Drogues). ‘J’ai plusieurs fois plaidé en ce sens au sein du groupe de travail ‘dépendance aux jeux’ au sein du Cabinet du Ministre Daems. Tout à coup, nous avons appris via la presse que le Cabinet avait attribué cette enquête à la Fondation Rodin! Considérant le sponsoring de la Fondation Rodin par le lobby du tabac et le manque de transparence quant à la façon dont les projets sont attribués, nous ne souhaitons plus être impliqués dans cette recherche. Nous refusons également notre siège au sein de la Plate-forme de concertation Jeux qui a été composée par le Cabinet Daems pour l’accompagnement des études’.
La presse avait appris la nouvelle de l’attribution des études à la Fondation Rodin de la bouche de Walter Baert , porte-parole et Chef de Cabinet adjoint de la communication du Ministre Rik Daems et Commissaire au Gouvernement chargé de la Loterie nationale.
Auparavant, Baert avait été durant quatre ans, Directeur de Fedetab, la fédération de l’industrie belgo-luxembourgeoise du tabac et du Centre d’Information et de Documentation du Tabac.
Depuis peu, le lobbying anti-tabac dans notre pays a par ailleurs été quelque peu décapité. Au début du mois de mai, Luk Joossens a été brutalement licencié du CRIOC.
Lors d’un entretien avec la Direction, celle-ci lui a fait entendre que les contacts avec la presse n’étaient pas de sa compétence, mais de celle du Président. Le CRIOC n’a pas souhaité commenter ce licenciement par la bouche de son Directeur. En guise de protestation, Test Achats a claqué la porte du CRIOC. Le communiqué de presse de l’association de consommateurs critique, entre autres, le fait que le CRIOC a licencié un des derniers experts dont il pouvait être fier.
Marleen Teugels (traduction: Fabrice Stouder)
Cette enquête a été rendue possible grâce au Fonds Pascal Decroos pour le Journalisme d’investigation. Remerciements à Joop Bouma (journaliste d’investigation chez Trouw ).
Ce texte a été publié le 28 mai 2003 dans l’hebdomadaire Knack, et est publié en français avec l’accord de la revue et de l’auteur.

Appel à ratification de la convention-cadre antitabac

Le 30 Déc 20

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Une vingtaine d’associations et plus de 70 professionnels impliqués dans les politiques de santé publique en Belgique ont cosigné, en moins d’une semaine, un appel au Gouvernement belge, invitant celui-ci à adhérer sans retard au nouveau traité anti-tabac proposé par l’Organisation mondiale de la santé.
Dans un communiqué de presse daté du16 juin 2003, l’OMS annonce que vingt-huit pays, ainsi que les Communautés européennes, ont signé le traité anti-tabac dès le premier jour de l’ouverture de ce dernier aux signatures.
Des pays très divers, industrialisés ou en développement, se sont ainsi d’ores et déjà engagés dans cette convention-cadre pour la lutte antitabac, la seule ayant vu le jour en plusieurs décennies dans le domaine de la santé publique.
Ce traité donne un cadre international à la lutte antitabac (1) et prévoit des dispositions sur la publicité, les parrainages, les taxes, l’augmentation des prix, l’étiquetage, le commerce illicite et le tabagisme passif. Il s’agit d’un outil de santé publique qui permettra notamment d’éviter que les législations nationales ne soient détournées par des activités transnationales, comme les publicités transfrontalières ou la contrebande.
Le Docteur Gro Harlem Brundtland , Directeur général de l’OMS, a invité instamment tous les pays du monde à suivre l’exemple et à signer et ratifier rapidement le traité. Elle a également estimé que ce traité mettait le monde entier devant ses responsabilités : ‘Nous aurons désormais des comptes à rendre à l’humanité dans cette course contre la montre pour éviter 5 millions de décès dus au tabac chaque année.’
Les associations et professionnels de la santé belges à l’initiative de ce communiqué invitent également le Gouvernement belge à exprimer son soutien politique et son intention de respecter les principes de la convention dès maintenant, en rejoignant les signataires actuels.
Les pays signataires au 16 juin étaient: Afrique du Sud, Bangladesh, Botswana, Brésil, Burundi, Danemark, Espagne, Finlande, France, Gambie, Grèce, Hongrie, Iles Marshall, Islande, Italie, Koweït, Luxembourg, Malte, Mongolie, Norvège, Nouvelle-Zélande, Palaos, Paraguay, Pays-Bas, République islamique d’Iran, République tchèque, Royaume-Uni, Suède. Les Communautés Européennes signent en tant qu’organisation régionale d’intégration économique.
Ils ont été rejoints par les pays suivants: Algérie, Egypte, Ghana, Israël, Maurice, Mozambique, Qatar, République populaire démocratique de Corée, Sénégal, Thaïlande, Uruguay et Yémen. Et toujours pas la Belgique (en date du 14/07/2003), moins performante ici qu’au Concours Eurovision de la Chanson!
Il faut que 40 pays ratifient la convention après l’avoir signée pour qu’elle ait force de loi dans ces pays, puis dans ceux qui la ratifieront par la suite. Une étape indispensable a donc été franchie rapidement avec la signature de 40 Etats. En outre la Norvège a déjà fait suivre sa signature par l’acceptation de la convention-cadre. Plus que 39 donc…
Vous pouvez retrouver le texte de la convention-cadre pour la lutte antitabac sur le site https://www.who.int/tobacco/fctc/text/final/en/ (disponible en français).
La liste des signataires de l’appel belge peut être obtenue à Question Santé, rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles ou à la FARES, rue de la concorde 56, 1050 Bruxelles.
(1) Voir dans notre numéro précédent l’article ‘Une convention-cadre mondiale pour la lutte anti-tabac’

Travail à horaires irréguliers, quels risques pour la santé?

Le 30 Déc 20

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Le Comité interprovincial de médecine préventive (CIMP), asbl créée en 1985 à l’initiative des députés permanents francophones, a édité ‘Vous travaillez à horaires irréguliers… voici des conseils pour mieux vivre’.
Cette brochure, disponible gratuitement dans les trois langues du pays, offre aux travailleurs à horaires irréguliers un grand nombre de conseils utiles et pratiques visant à améliorer leurs conditions de vie et de bien-être.
La brochure fait le point sur le mécanisme des rythmes du sommeil et de la sieste puis sur la meilleure manière de composer et de prendre ses repas lorsqu’on travaille en pause. Les trois chapitres qui suivent s’intéressent aux rythmes distincts de sommeil et de repas des personnes qui se lèvent à 5h ou avant, de celles qui travaillent la nuit et enfin de celles qui travaillent l’après-midi. Le dernier chapitre est consacré aux grandes causes de somnolence et aux dangers générés. Avec ses illustrations humoristiques, ses textes courts et précis, ce document se présente comme un allié bienveillant de tous ceux qui partagent ce mode de vie décalé.

Sommeil trompeur

Cette publication a également le mérite de mettre un coup de projecteur sur les particularités, les difficultés et les problèmes de santé encourus par ces travailleurs à horaires irréguliers, soit 20% des travailleurs de la Communauté européenne.
Comme tous les êtres vivants, l’homme alterne les phases actives et les phases de repos. Ces phases se succèdent selon un rythme régulier. Il est fait pour être actif le jour et au repos la nuit.
Pour les travailleurs de jour, phases diurnes et phases nocturnes sont en totale harmonie. Par contre, pour les travailleurs de nuit, elles sont en contradiction. Ces derniers travaillent quand leurs corps est ensommeillé et dorment pendant la phase de réactivation diurne. Le sommeil du travailleur à horaires irréguliers est perturbé, amoindri et moins réparateur.
Les raisons pour lesquelles la qualité du sommeil est moindre lorsqu’il se passe en journée sont multiples:
– la durée du sommeil est toujours plus courte de 1 à 2 heures;
– le sommeil est morcelé car le rythme de la faim et des sécrétions gastriques interfère avec celui du sommeil et provoque le réveil;
– la lumière et le bruit perturbent le sommeil;
– le sommeil paradoxal peuplé de rêves est plus court, or c’est lui qui répare la fatigue mentale.
Les rythmes biologiques sont des rythmes héréditaires, génétiques qui se trouvent renforcés par des facteurs environnementaux, naturels, sociaux…
Contrairement aux croyances, les rythmes biologiques ne s’inversent pas après un temps d’adaptation. Il n’y a pas ‘accoutumance’ mais ‘intolérance’ progressive au travail de nuit (surtout chez les travailleurs de plus de 45 ans).
De plus, ces biorythmes sont soumis à l’influence contradictoire des horaires sociaux et familiaux. On retrouve les mêmes troubles chez la femme et chez l’homme, mais ils sont généralement aggravés chez la femme par les usages sociaux qui l’astreignent à une double occupation (professionnelle et familiale).

Effets sur la santé

Les effets néfastes de telles conditions de travail sont encore accentués lorsque le travail demande un investissement mental conséquent.
Parmi les principaux effets sur la santé, on peut citer:
– l’épuisement permanent qui conduit au mal-être et à un vieillissement prématuré (le déficit en sommeil lent – paradoxal – accroît les effets de l’âge par une moins bonne régénération des tissus);
– l’apparition de troubles gastro-intestinaux, tels que la constipation ou la diarrhée, voire un ulcère ou l’obésité;
– l’émergence de troubles nerveux qui peuvent se traduire par une absence d’énergie (asthénie), des insomnies, une somnolence après les repas ou encore une modification du caractère (agressivité ou dépression);
– la venue de troubles circulatoires, tels que: hypertension, troubles circulatoires des membres inférieurs en position debout;
– et enfin, un risque accru d’accidents de travail dus à la perte de vigilance mentale et/ou physique.
Autre risque majeur: celui de voir se conforter certains comportements comme la consommation excessive de café ou de thé, voire de boissons alcoolisées, de cigarettes ou encore la prise de somnifères pour dormir le jour et de stimulants pour veiller la nuit!
Les symptômes varient d’un individu à l’autre. Ils peuvent surgir rapidement ou, au contraire, n’apparaître qu’après 10 ou 20 ans de travail de nuit. Environ 18% des personnes travaillant de nuit ont des problèmes de santé liés au rythme de travail.
Au niveau de la vie privée, l’harmonie familiale et sociale du travailleur de nuit est souvent perturbée car son sommeil est entravé par l’activité et/ou le bruit autour de lui. De plus, il vit de manière décalée par rapport à sa famille et ne peut exercer ses responsabilités familiales et/ou sociales normalement. Empêché de mener des activités collectives, il peut vivre un sentiment d’isolement.

Les conséquences du travail posté sur la santé du travailleur ne sont donc pas négligeables. Seulement 10 à 20% des travailleurs s’adaptent facilement à cette situation. Nous ne sommes pas tous égaux devant le travail à horaires irréguliers. L’adaptation est plus difficile:
– si le travailleur a plus de 40 ans, s’il exerce un second travail ou s’il souffre de différentes pathologies (psychiatriques, alcoolisme, diabète, épilepsie, problèmes cardio-vasculaires);
– s’il est couche-tôt, il s’adapte plus facilement à un poste du matin qu’à un travail de nuit;
– si son besoin de sommeil est important, il va supporter moins bien la dette de sommeil liée au travail à pause.

Améliorations

On peut améliorer la situation des travailleurs à horaires irréguliers en agissant à deux niveaux:
Organisation
– en concevant mieux les horaires, c’est-à-dire en informant les travailleurs en rotation de leur calendrier de travail bien à l’avance, en allouant un nombre suffisant de pauses pour récupérer de la fatigue et en étant aussi flexible que possible en tenant compte des besoins et des préférences de chacun;
– en offrant des installations permettant aux travailleurs d’être en sécurité et le plus à l’aise possible etc.
Individu
– en informant les travailleurs des effets du travail à horaires irréguliers sur la santé et la sécurité et de ce qu’on peut faire pour les contrer. Il est notamment utile de leur donner une formation en matière de techniques de détection et de réduction du stress.

Vu l’importance du rôle qu’ils peuvent jouer en faveur de ces travailleurs, il paraît nécessaire que les représentants des travailleurs, leurs employeurs, les services médicaux du travail et les services de prévention et de protection s’intéressent sérieusement aux conditions de vie et de travail de tous ceux qui turbinent à l’heure du repos. La brochure du CIMP est là pour amorcer la réflexion et apporter des informations bien utiles!
Sylvie Bourguignon
‘Vous travaillez à horaires irréguliers… voici des conseils pour mieux vivre’, brochure gratuite disponible:
– en français au CIMP, av. Herbofin 9/9, 6800 Libramont. Tél.: 061-23 27 82. Fax: 061-23 28 59. Site: https://www.cimp.be ;
– en allemand et en néerlandais au Service publications du Ministère fédéral de l’Emploi et du Travail, rue Belliard 5, Bruxelles. Tél.: 02-233 42 14.

Vous former en promotion de la santé? Quelle excellente idée!’

Le 30 Déc 20

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La santé et le bien-être vous interpellent?
Renforcez vos compétences en promotion de la santé en suivant une ou des formations intensives, de type court, en petits groupes.
A qui ces formations sont-elles destinées?
A des responsables de projets, infirmiers et médecins scolaires, animateurs, travailleurs sociaux, professionnels de la santé (kinésithérapeute, psychologue, travailleur médico-social,…), enseignants, directeurs d’école, responsables d’écoles, éducateurs… Mais aussi à toute personne souhaitant mettre en place un projet de promotion de la santé.
A côté des ateliers et du suivi individuel de projet qu’il organisait déjà, le Centre local de promotion de la santé du Brabant wallon a le plaisir de vous inviter à venir suivre l’un ou l’autre formation qu’il met en place. Ces dernières sont de type court ( 4 jours en moyenne), tout spécialement conçues pour des professionnels.
Vous pouvez choisir à la carte, en fonction de vos besoins:
Introduction à la promotion de la santé: concepts et projets de promotion de la santé (6 et 17/10, 7 et 14/11/2003)
Planification et rédaction de projets de promotion de la santé (5, 12 et 19/2 et 2/3/2004)
L’enquête par focus groups: une méthode d’ analyse des besoins (15, 22 et 29/1/2004)
Dynamique de groupe (au sein d’une équipe de travail) (3, 10 et 24/10/2003)
obilisation et motivation d’une équipe de travail (31/10, 14 et 28/11/2003)
Gestion des conflits 9 et 23/1, 6 et 20/2 et 5/3/2004/)
Présentation d’un exposé: parler efficacement devant un groupe (4, 11, 18 et 25/3/ 2004)
Techniques d’animation de groupes (d’élèves, de parents, d’adultes, de personnes âgées(21 et 28/4, 5 et 12/5/2004)
Conception de supports de communication (29/9, 6, 13 et 20/10/2004)

Pour animer ces modules, le CLPS fait appel à des collaborateurs privilégiés, spécialisés en éducation pour la santé et en communication.
Ces formations s’appuient sur l’expérience pratique des participants. Elles favorisent les échanges de savoir. Elles partent des situations vécues, proposent des exercices pratiques en sous-groupes.
La théorie est abordée de deux façons: soit le formateur apporte une contribution théorique tirée de la littérature, soit des synthèses théoriques sont construites avec les participants.
Pour connaître l’horaire détaillé de ces formations et les modalités d’inscription, contactez Anne-France Hubaux, responsable des formations au CLPS au 010 – 23 61 03 et consultez notre brochure sur notre site [L=https://www.clps-bw.be]sur notre site[/L] ou demandez-la nous. L’équipe du CLPS du Brabant wallon

Allaiter, à l’ère de l’information et de la mondialisation: quels messages véhiculons-nous?

Le 30 Déc 20

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La Semaine mondiale de l’allaitement maternel a lieu du 1er au 7 octobre, au moment même de la semaine de promotion de la santé du nourrisson en Communauté française.
La médiatisation de l’allaitement fait partie de son retour dans l’espace public de notre société. Si les journalistes font généralement l’effort de se documenter correctement, l’image qui accompagne le texte n’est pas toujours sélectionnée avec le même soin. Or, le message visuel s’imprime plus durablement que le texte, d’autant plus qu’à propos d’allaitement, il est souvent séduisant et attrayant. Mais attention, certaines de ces illustrations contribuent à entretenir des idées fausses ou des pratiques dommageables. Quelques exemples.

Le contexte et le décor

La quasi totalité des images sur l’allaitement montrent une jeune femme chez elle, en chemise de nuit, en peignoir ou dévêtue. C’est donner l’impression qu’allaiter exige la nudité, une complète intimité, la réclusion au domicile. Ne serait-il pas temps de véhiculer le message que l’on peut aussi allaiter en famille, au restaurant, dans un parc public ou même dans un bus, et ce avec aisance et discrétion? De même, trop d’images présentent un gros plan maman-bébé, certes esthétique et attendrissant, mais pourquoi ne pas montrer aussi la fratrie, ou le père, ou les grands-parents, en somme un tableau plus convivial que ces sempiternels duos clos?

Le père

Il est un cliché que les médias véhiculent encore trop souvent: un père s’occupe de son bébé en lui donnant… le biberon. Le bébé ne serait-il qu’un tube digestif? Son père ne pourrait-il communiquer avec lui que par la nourriture? Il y a tant de moyens de montrer son affection à un tout petit, en cadrant des pères donnant le bain, berçant, portant, promenant, admirant leur petit qui tète dans les bras de maman… D’autant que l’on sait maintenant que la technique de succion au biberon est radicalement différente de celle au sein. Un bébé confronté trop tôt aux deux techniques finit par les confondre et tète mal au sein.

La position du bébé

Dans nos pays, peu de jeunes mères ont déjà vu une autre mère allaiter. Leurs seules références visuelles sont donc les images des médias. C’est dire leur impact.
A éviter absolument: les bébés couchés sur le dos (comme pour prendre le biberon) et qui doivent tourner la tête pour attraper le sein; les bébés qui pincent le mamelon comme une paille; les mères qui dégagent le nez du bébé en comprimant le sein d’un doigt. Ces postures et ces manœuvres sont traumatiques pour le sein.
Un bébé bien placé a le corps tourné vers sa mère, son menton et son nez sont collés au sein, sa bouche est bien ouverte, ses lèvres sont bien retournées vers l’extérieur et il prend toute ou une bonne partie de l’aréole en bouche. Dans cette position-là, la succion est non-traumatique pour le sein maternel et efficace pour déclencher la réaction d’éjection du lait. Cela contribue à éviter des problèmes de gerçures du mamelon, si douloureuses, et à prévenir les problèmes de ‘manque de lait’.

La taille des seins

Dans l’imaginaire maternel ou érotique, de gros seins ont quelque chose de rassurant et réjouissant: ils évoquent la plénitude, l’abondance, l’assurance d’être comblé. Il est donc tentant de montrer un bébé tétant un sein opulent. Cette préférence générale des médias décourage les femmes qui ont des seins normaux ou menus. Or, la production de lait dépend surtout de la qualité de la succion du bébé et du bien-être émotionnel de la maman. Pas de la taille des seins.

Les situations d’urgence, de guerre, de catastrophe, de grande pauvreté

Il est classique d’en illustrer les reportages par une image de bébé au sein, flanqué d’un commentaire désespérant sur le dénuement de ces populations… Quel dommage d’associer ainsi allaitement avec famine et précarité!
Imaginons que ce même bébé reçoive des biberons de lait industriel (à supposer que ses parents puissent les payer). Irait-il mieux? Non! La stérilisation des ustensiles est probablement impossible, l’eau est douteuse, la poudre de lait est dépourvue des éléments protecteurs contre les infections. Les images d’allaitement dans ces situations très critiques sont en réalité porteuses d’espoir. Cet enfant-là, au moins, reçoit le meilleur. Soulignons-le. Et tant qu’à chatouiller la fibre humanitaire de l’occidental moyen, incitons-le à soutenir l’amélioration des conditions alimentaires et sanitaires des mères plutôt qu’à financer l’envoi de boîtes de lait en poudre!

Françoise Moyersoen , du Réseau Allaitement Maternel asbl, et Ingrid Bayot de Infact-Québec Pour plus d’informations:
‘Réseau Allaitement Maternel’ asbl, tél.: 081-31 04 39, fax 081-31 01 76;
Site de WABA: [L=https://www.waba.org.my]www.waba.org.my[/L] (textes en français);
Site CoFAM: [L=https://www.coordination-allaitement.org]www.coordination-allaitement.org[/L]

Deuxième appel à projets communaux de promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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En 2002, Nicole Maréchal , Ministre de la Santé de la Communauté française, lançait un appel à projets à l’intention des communes de Wallonie et de Bruxelles. L’objectif de cette démarche était d’associer à la dynamique communautaire de promotion de la santé le niveau de pouvoir le plus proche du citoyen et de ses préoccupations quotidiennes, en utilisant ‘l’action communale comme levier pour améliorer la santé, la qualité de vie de tous et réduire les inégalités’ (1) .
Sur 34 dossiers de candidatures, 15 ont été retenus . La sélection a mis en évidence les projets visant:
-l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des citoyens;
-la réduction des inégalités sociales en s’appuyant sur l’intersectorialité et les collaborations locales;
-une participation citoyenne réelle tant dans la définition des besoins que dans la construction des projets visant à y répondre.
Des montants situés entre 7500 et 25000 € leur ont été attribués.
Aujourd’hui, encouragée par les acquis de cette première expérience, la Ministre de la Santé remet le couvert, avec une enveloppe équivalente de 250.000 €.
Ce second appel à projets d’initiative communale, qui se situe dans la ligne de la Déclaration de Namur (voir encadré), vise à donner une impulsion positive à de nouveaux projets, les initiatives déjà financées l’an dernier n’étant plus recevables.
Les communes pourront compter sur le soutien des Centres locaux de promotion de la santé, et les mandataires communaux désireux de s’impliquer dans les projets seront invités à rejoindre le réseau ‘Vers des politiques communales de santé’ piloté par l’asbl Santé Communauté Participation (SaCoPar).
Pratiquement, les projets, qui devront répondre à une série de critères de recevabilité, d’affectation de moyens et de qualité du contenu (voir détails ci-contre), seront subventionnés pour une période de deux ans. Les promoteurs devront mettre à profit cette période pour trouver les moyens leur permettant de donner un caractère durable à leur projet sans nouvelle aide de la Communauté française Wallonie-Bruxelles.
Les projets doivent être envoyés avant le 31/12/2003 au Dr Brunson, Directeur général de la Santé, Ministère de la Communauté française, Bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles.

Déclaration de Namur

Les communes en tant que pouvoirs politiques et communautés de citoyens ont un rôle important à jouer dans la promotion de la santé et l’amélioration de la qualité de la vie en favorisant des interventions sur des facteurs déterminants de la santé comme l’environnement, l’éducation, l’aide sociale, l’emploi ou la culture.
L’action communale comme levier de santé cherche à améliorer la santé pour tous et à réduire les inégalités, et donc:
-fournir un environnement physique et social de qualité;
-développer une économie diversifiée, novatrice et vitale en réponse aux besoins essentiels (logement, revenu, nourriture);
-développer et valoriser les ressources et expériences;
-favoriser le développement d’une communauté solidaire qui participe à la vie de la Cité;
-faire un lien avec l’histoire, la culture et la vie de la commune;
-faciliter l’accès aux services de santé et services sociaux.
Pour atteindre ces objectifs:
-la santé fait partie des objectifs communaux déclinés dans les programmes politiques;
-un échevin a des attributions en matière de santé et de qualité de vie;
-le Conseil communal ouvre une Commission de la santé;
-un espace de concertation entre politiques, professionnels et habitants est organisé.
Ces modalités données à titre d’exemple. L’ambition sera de concerner tous les secteurs de la vie communale et de solliciter activement la participation des citoyens.

Critères de recevabilité

Conditions générales

-le projet est à l’initiative d’une structure communale ou d’une association mandatée par celle-ci œuvrant sur le terrain local. Un projet de type privé, émanant d’un particulier, n’est pas accepté;
-avant d’être soumis, le projet devra faire l’objet d’un débat au sein du Conseil communal et recevoir l’accord de celui-ci;
-le Conseil communal désignera l’opérateur;
-l’opérateur doit être situé sur le territoire de la commune;
-un mandataire communal impliqué dans le projet devra être membre du réseau ‘Vers des politiques communales de santé’;
-la commune s’engage à communiquer sur son projet et son évolution au sein du réseau;
-le projet sera programmé pour une durée de deux ans. -une seule subvention sera accordée par commune;
-la subvention est réservée au projet. Elle n’est donc pas destinée au fonctionnement de la structure de soutien au projet;
-la subvention peut être accordée pour développer un projet en cours, pour autant qu’il n’ait pas encore bénéficié d’une subvention de la Communauté française lors de l’appel à projets précédent;
-la subvention est accordée pour des projets programmés sur deux ans. En 2005, la commune s’engage à prendre une part active dans le financement du projet. -le projet concerne une problématique concrète, identifiée au niveau local comme besoin prioritaire et/ou s’inscrivant dans le Programme quinquennal de promotion de la santé de la Communauté française;
-l’identification du ou des besoins sera réalisée par une Commission communale de concertation pluraliste mise en place à cet effet;
-les informations concernant la mise en œuvre du projet, ses résultats et son évaluation devront être diffusées aux habitants de la commune.

Affectation budgétaire

Contenu


(1) La liste a été publiée dans Education Santé n° 182, p. 13. Nous avons présenté les projets de Saint-Ghislain (‘Pollutions intérieures et pathologies associées: naissance d’un projet à Saint-Ghislain’, par Michel Andrien, Véronique Bouttin, Maïté Dufrasne et Jacky Huvelle) dans le n° 174 et d’Ixelles (‘Santé, culture et participation des habitants’, par Bénédicte Meiers) dans le n° 179.
Cliquez pour retourner à l’appel de note

Moi, toi, nous. Un programme d’animations-santé d’enfants mené par Cultures & Santé – Promosanté de 2000 à 2003

Le 30 Déc 20

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Cet article relate la première partie d’un projet triennal de promotion de la santé d’enfants qui s’est déroulée de 2000 à 2002 dans cinq écoles de la région bruxelloise. Le projet, qui s’inscrit dans une logique de recherche-action, consiste à mener avec des groupes d’enfants un programme de dix animations-santé visant un mieux-être. Ce programme s’adresse aux enfants du troisième cycle (troisième et quatrième année du fondamental) (1) .

L’analyse de la situation

Les objectifs du programme et son public-cible ont été choisis sur base de l’analyse de plus de 200 animations ponctuelles effectuées avec des enfants de 6 à 12 ans dans le cadre du programme « Jouons-Santé » de 1997 à 2000 dans des écoles (zones à discrimination positive) et des maisons de quartier de la Région bruxelloise, ainsi qu’au cours de deux « Etés Jeunes » en partenariat avec « Une Maison en Plus » (Forest, Région bruxelloise).
Sur base de ces animations, les animatrices de Cultures & Santé ont fait les constatations suivantes:
-ces enfants possèdent de nombreuses connaissances sur la santé et la prévention; mais ils semblent la plupart du temps répéter un savoir, sans véritable appropriation par une conviction personnelle ou une explication;
-ces enfants n’ont pas une vision globale de leur santé; ils ne sont pas conscients des ressources qui leur permettent d’agir sur celle-ci. Bien qu’ils fassent régulièrement état de mal-être psychique, la plupart d’entre eux n’ont pas le sentiment de pouvoir y réagir;
-beaucoup d’enfants manquent de confiance en eux. Ils ont des difficultés à s’exprimer ou à faire une demande sans en venir à l’agression verbale ou physique, et à respecter le travail des autres;
-ces enfants expriment le besoin d’appartenir à un groupe de pairs dans lequel ils sont à l’aise et trouvent leur place, et ils cherchent à être valorisés, que ce soit par l’adulte ou par le groupe d’enfants auquel ils appartiennent;
-ils aiment donner leur avis sur ce qui les touche au quotidien: leurs réussites, leurs peurs, leurs découragements et leurs questions parfois très profondes, empreintes de valeurs telles que la liberté, la tolérance, le respect des droits de l’homme et de ceux de l’enfant.
Ces constatations ont forgé chez les animatrices le sentiment global que les enfants de cette tranche d’âge et dans ces quartiers vivent fréquemment les relations en collectivité sur un mode peu satisfaisant, mais ne trouvent pas les moyens de modifier cet état de chose. En même temps, les animatrices développaient la perception des nombreuses ressources des enfants, sur lesquelles elles pourraient s’appuyer pour obtenir un changement.

Le public-cible

L’analyse de ces expériences nous a amenés à déterminer comme public-cible pour un premier programme les enfants de 8 à 10 ans d’écoles à discrimination positive de la Région bruxelloise. Le niveau de troisième et quatrième année de l’enseignement fondamental constitue une période idéale pour amener l’enfant à réfléchir sur lui-même et ses relations. En effet, cette période de son développement est caractérisée par un intérêt sans limite pour la plupart des choses. En outre, l’enfant de cet âge est passé d’une pensée basée sur l’intuition au raisonnement logique. Sur le plan de la vie relationnelle, il apprend à respecter les règles du groupe, mais aussi à défendre son propre point de vue, à reconnaître ses capacités et ses limites en même temps qu’il reconnaît celle des autres.
Au niveau des techniques que l’on peut lui proposer, il s’investit dans des jeux physiques de précision ou d’endurance, mais aime aussi l’expression plastique. Ceci ouvre la porte à toutes sortes de choix de techniques.
Dans un souci de pérennité de nos actions, nous avons décidé que toutes les classes visées appartiendraient à des écoles différentes.

La formulation des objectifs

L’objectif général de santé pour chaque année du programme a été formulé de la façon suivante: « Faire découvrir et adopter de nouveaux comportements de bien-être et améliorer les comportements existants, chez des enfants de 8 à 10 ans dans trois classes situées dans des établissements différents de zones à discrimination positive de la Région bruxelloise ».
Les objectifs spécifiques ont été choisis en fonction des trois comportements apparus comme les plus problématiques dans la phase d’analyse. Ces objectifs sont d’amener l’enfant à découvrir et améliorer:
– le comportement d’expression (Moi)
– le comportement d’écoute vis-à-vis de ses pairs (Toi)
– le comportement participatif (Nous!)

La durée du programme

Ce programme a reçu l’appui du Ministère de l’Aide à la jeunesse et de la Santé de la Communauté française pour une durée de trois ans. Dans cet article, nous relatons l’expérience des deux premières années, concernant cinq écoles; nous les désignons dans cet article par un chiffre romain allant de I à V.
La première année fut une année pilote, qui a permis au projet de fonctionner dès la deuxième année à sa vitesse de croisière.

Le choix des méthodes

Nous estimions que l’idéal était un programme agissant sur l’ensemble de la communauté, comme le propose la stratégie du réseau « d’Ecoles en santé ». Mais la chose ne nous paraissant pas possible dans un premier temps, nous avons décidé de partir d’un groupe-classe, en espérant qu’il soit le premier moteur d’un changement au sein d’une structure plus vaste. Comme nous le verrons plus loin, le déroulement du projet nous a donné raison; en effet, des relais se sont mis en place dans plusieurs écoles et sont à l’origine d’une extension de notre programme initial.
Pour ce programme qui relève de l’éducation pour la santé pédagogique, nous avons choisi des méthodes s’inspirant du travail communautaire et de la pédagogie du projet. Les animations sont préparées et réalisées en collaboration étroite avec les partenaires de l’école et ceux du PMS et de l’équipe PSE.
Les premières animations ont pour but d’instaurer un climat de confiance; celles qui suivent visent à permettre aux enfants de répondre à la question suivante: « qu’est-ce qui me manque pour me sentir bien à l’école ? ». A partir de ce diagnostic social, les animations restantes ont pour but de conduire progressivement le groupe vers l’autonomie pour la conception d’un projet, qui sera réalisé après la fin des animations; simultanément, les animations poursuivent des objectifs pédagogiques définis. Le projet de classe, destiné à devenir à un certain moment le moteur principal du groupe, est ainsi aux yeux des animatrices le « prétexte » offrant l’occasion de poursuivre leurs objectifs pédagogiques. La réalisation de ce projet de classe sera poursuivie avec l’accompagnement de l’enseignant(e) et d’autres membres de la communauté scolaire. Les animatrices de Cultures & Santé restent disponibles pour accompagner l’enseignant(e) et sa classe lorsqu’ils en expriment le besoin.
Les techniques d’animation nous paraissaient tout à fait de nature à aider l’enfant à se rencontrer lui-même, poser des choix en rapport avec son bien-être et développer un projet de santé en collectivité. Notre expertise avec les enfants nous orientait évidemment vers les techniques essentiellement ludiques. Un large éventail d’activités ludiques ont été utilisées. Certaines sont décrites dans « Jouons Santé », qui a reçu le Premier Prix Européen d’Education à la Santé (1997), mais plusieurs autres ont été créés depuis.
Ci-dessous, nous détaillons les étapes de la mise en place et de la réalisation du programme.

L’établissement des collaborations

Qui sont les partenaires

?
Les personnes-clés sont les enseignants des classes concernées, qui assisteront et participeront à toutes les animations, ainsi que les travailleurs psycho-médico-sociaux chargés de la promotion de la santé à l’école ( infirmier ( e ), psychologue ou assistant ( e ) social ( e ) PSE ou PMS …).
Le soutien de la direction de l’établissement dès le début du projet est tout à fait nécessaire. L’enthousiasme de l’enseignant du groupe-classe visé est évidemment tout aussi important.
Il nous a paru également utile de nous entourer d’emblée d’un comité d’accompagnement formé de personnes expérimentées provenant de différents secteurs; de plus, chacune des écoles où se déroule le programme est représentée au comité d’accompagnement par la direction, l’enseignant(e) de la classe avec laquelle se déroulent les activités, et différents travailleurs médico-sociaux de l’établissement ou des équipes PSE et PMS (infirmier(e), psychologue ou travailleur social).
Et les parents ? Il s’est avéré difficile de les associer activement, compte tenu de nos ressources. Nous avons alors décidé de les tenir régulièrement au courant du travail que nous faisions avec leurs enfants, notamment via les travailleurs PSE/PMS. Certains de ceux-ci en ont profité pour interroger les parents sur leurs priorités en matière de santé de leurs enfants. A l’avenir, nous aimerions que les enfants présentent aux parents le résultat de leur projet de groupe.

Comment les avons-nous recrutés

?
Une première sensibilisation a été faite au moyen d’un courrier adressé à tous les centres PSE et PMS des zones à discrimination positive de la Région bruxelloise; nos relais auprès des enseignants étaient donc les travailleurs de ces Centres. Nous avons eu des contacts avec les personnes qui se sont montrées intéressées suite à ce courrier; après quoi nous demandions aux partenaires qui restaient intéressés de signer un contrat de collaboration .
A ce stade, nous avons essayé de constituer dans chaque école un petit groupe de soutien à l’enseignant ou aux enseignants qui choisissait de porter le projet; ce groupe devient aussi le relais par qui le projet peut se poursuivre l’année suivante dans une autre classe.
Ensuite, un travail d’information doit être réalisé au sein de l’école. En outre, nous pensons que dans tous les cas, il serait approprié, en accord avec les partenaires, de présenter le projet au conseil de participation de l’école, via la direction.
Des rencontres de sensibilisation (quatre « midis ») réunissant les personnes des différentes écoles qui assisteront aux animations-santé, nous ont alors permis de leur expliquer les détails du projet ainsi que de faire le bilan des ressources et des obstacles perçus par les participants. Ceux-ci pourront choisir de co-animer avec les animatrices de Cultures et Santé – Promosanté, ou de prendre un rôle d’observateur.
Dès le départ et tout au long de l’action , nous avons veillé à informer tous les partenaires de façon régulière et structurée. On donne ainsi aux personnes le sentiment d’être reconnues et respectées, ce qui favorise leur implication, mais aussi on évite les dysfonctionnements dus à des peurs ou des doutes non exprimés, ou des « bruits de couloir » .

Les animations

Objectifs pédagogiques: tout le temps en vue


Au fil des séances, nous avons développé une pédagogie ludique de découverte, de prise de conscience et de savoir-faire par rapport aux objectifs spécifiques. Ceux-ci ont été déclinés en dix-neuf objectifs pédagogiques; dans chaque animation, on travaille de deux à quatre objectifs pédagogiques. La notion de « règle » est systématiquement « remise sur le tapis » au début de chaque animation. Pour la dixième animation, aucun objectif n’est déterminé à l’avance; elle s’adapte aux besoins propres à chaque groupe, au moment de se quitter et à l’aube de la réalisation de leur projet.
L’accent est mis tout au long du programme sur le développement de l’estime de soi, la connaissance de soi, de son corps, de sa santé et de ses besoins, l’écoute de sa « petite voix intérieure », le respect de soi, des autres et de l’environnement ainsi que la responsabilité de chacun en tant qu’acteur dans la recherche de sa santé et son bien-être.

Le climat de confiance

Les deux premières animations ont pour but d’établir la confiance, de faire comprendre la notion de règle et de favoriser la solidarité. Selon Germain Duclos ) (2) , le climat de confiance est la première étape à réaliser pour le développement de l’estime de soi de l’enfant. Pour établir et maintenir un climat de confiance au sein d’une classe, il est important de satisfaire le besoin de sécurité des enfants, en garantissant des repères spatio-temporels, des relations stables avec des adultes de référence, et une conduite éducative cohérente, ni trop permissive, ni trop répressive. Il faut gérer le stress des enfants par des jeux moteurs, des chants, des pauses « blagues et fou-rires », des dessins libres…
L’analyse critique des techniques utilisées lors de cette phase du programme, nous a permis de constater que la relaxation est particulièrement appréciée par les enfants les plus turbulents. Les enfants ont été conduits par la visualisation à se remémorer un souvenir relationnel agréable. Toutefois, nous n’avons pas réussi à les amener à faire le lien entre les conditions qui ont permis cette expérience heureuse, et l’utilité de la règle. Nous en déduisons l’importance de replacer la recherche du sens de l’existence des règles dans un contexte plus général et plus concret, tel que le règlement d’ordre intérieur de l’école, la loi au niveau national, les chartes internationales reprenant les droits et devoirs des enfants.
Un jeu coopératif a aussi été utilisé dans cette phase; il a sans doute été proposé trop tôt aux enfants. En effet, l’enfant s’intéresse d’abord à lui-même, avant de s’intéresser aux autres. La solidarité et la coopération doivent être envisagées comme un but à atteindre, un chantier à déblayer!

Le diagnostic social (1) et le projet-prétexte

La troisième et la quatrième animation visent à mettre en évidence ce qui, à l’école, pose problème, et ce qui, à l’école, est favorable au bien-être. Ce diagnostic social est obtenu au moyen de techniques ludiques telles que le photolangage . C’est une première approche pour apprendre à nommer ses émotions, et à séparer les faits des opinions. En outre, l’écoute de l’autre est importante pour la consolidation du climat de confiance.
Dans toutes les écoles concernées, ce diagnostic social fait état de l’insécurité physique et psychique ressenties dans la cour de récréation et dans les toilettes, ainsi que de la dégradation de ces dernières. Si les enfants évoquent d’emblée des problèmes concrets liés à l’environnement, très vite ils enchaînent sur des problèmes relationnels. Les problèmes environnementaux ont été relayés par l’enseignant vers la direction. Les problèmes relationnels étant plus particulièrement du ressort des enfants, il a été choisi d’orienter le travail dans ce domaine.
Les enfants ont progressé dans l’aptitude à reconnaître leurs propres besoins et ceux des autres, notamment par le biais du jeu « L’homme des cavernes » conçu par l’Université de Paix (Namur). Ce jeu fait émerger la notion des besoins de la pyramide de Maslow. Les enfants adhèrent facilement et avec beaucoup de spontanéité à cette activité. Parler des besoins de l’autre semble plus facile que de parler des siens !
Les élèves ont alors défini ensemble la situation problématique précise qu’ils considèrent comme prioritaire. Nous avons constaté que les enfants ont tendance à abandonner leur opinion au profit de l’amitié et ce d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un vote à main levée. De plus, l’écoute et le partage d’opinions entre élèves ne sont pas évidents. L’utilisation du « bâton de parole » (nous utilisons un micro non branché) est nécessaire pour faire respecter le temps de parole et l’avis de chacun.
Dans les animations suivantes, les enfants ont cherché les causes du problème. Cette étape demande aux enfants un effort d’abstraction ardu pour eux, qui ont encore tendance à confondre causes et effets. Ensuite, ils ont cherché les solutions possibles. Il a été difficile aux animateurs de leur faire entrevoir d’autres solutions que la répression: la création d’une « police de la cour », l’installation de caméras de surveillance etc. étaient au départ les seules idées émises dans le groupe ! Heureusement, au terme d’un travail patient, d’autres types de réaction possible leurs sont apparus.
Enfin, les élèves ont pris conscience de leurs ressources propres et de celles de leur réseau social. Diverses techniques ludiques peuvent les y aider.
Finalement, ils ont décidé de leur projet, destiné à résoudre ou améliorer la situation à problème, et donc accroître le bien-être à l’école. Les projets ayant émergé dans les cinq écoles sont résumés dans le tableau.

L’évaluation des animations

Les animations ont été évaluées auprès de enfants et faisaient en outre l’objet d’un rapport des animatrices. L’évaluation auprès des adultes présents a été réalisée pour la première, la cinquième et la dixième animation.
Les enfants recevaient un petit questionnaire –suffisamment simple-, à remplir après l’animation. Il teste le niveau de satisfaction, l’atteinte d’un des objectifs pédagogiques poursuivis pendant l’animation, ainsi que, trois fois au cours du programme, l’établissement du climat de confiance.

Résultats auprès des enfants

Le pourcentage d’enfants satisfaits , pour l’ensemble des classes et des animations , avoisine 90 et, quand on analyse pourquoi les enfants sont satisfaits, on trouve dans la majorité des cas que c’est le contenu de l’animation qu’ils apprécient.
Le climat de confiance était testé par la question suivante: « Ai-je osé dire ce que je pense ? ». Pour l’ensemble des réponses, la moyenne est de 73%, ce qui est un bon niveau.
Le résultat de l’évaluation des objectifs pédagogiques varie selon les animations de 98% à 63% de bonnes réponses, si l’on excepte la septième animation, pour laquelle le critère de performance était « citer au moins une ressource personnelle qui peut être mise à profit pour le projet de groupe » (moins d’un tiers des enfants parviennent à se reconnaître une qualité et à la mettre en mots !). Ces pourcentages donnés ont été établis sur l’ensemble des questionnaires, toutes écoles confondues.

Evaluation par les adultes

Les partenaires ensemble, au sein du comité d’accompagnement, ont élu les critères qui leur montreraient que les objectifs spécifiques sont atteints après la série d’animations:
– comportement d’écoute: capacité de lever son doigt avant de prendre la parole; d’attendre que l’autre ait fini de parler pour s’exprimer;
– comportement d’expression: capacité de soutenir son opinion, d’expliquer ses choix;
– comportement participatif: capacité de terminer l’activité, d’aider ou d’encourager un camarade, de désigner un rapporteur, de laisser l’initiative à un plus petit ou à un plus timide, sans se moquer, d’oser demander de l’aide ou une explication.
A la fin des animations n°1, n°5 et n°10, on demande aux adultes présents pour quelle proportion (0, 25, 50, 75, 100%) d’élèves chacun de ces comportements était augmenté. Le résultat est encourageant: le comportement d’écoute, le comportement d’expression et le comportement participatif se sont améliorés pour plus de 50% des enfants.

L’évaluation d’impact

L’évaluation d’impact examine les changements réalisés après la fin du programme. Ils sont représentés par l’aboutissement des projets de classe et par les changements de comportement à moyen terme perçus par l’institutrice et les autres partenaires actifs. On en trouvera la synthèse dans le tableau.

Conclusion

Les enfants du troisième cycle demandent une meilleure qualité de vie dans les espaces communs de l’école. Leur mal-être est surtout lié au manque de respect mutuel, au manque de solidarité et à l’agressivité. Des aptitudes visant un mieux-être ensemble ont été développées au moyen du programme ‘Moi, toi, nous’ qui permet en même temps le développement d’un projet de groupe visant l’amélioration d’une situation à problème.
Les objectifs spécifiques du programme ont été atteints chez plus de la moitié des enfants. Dans quatre des cinq écoles, les partenaires du programme ont donné une extension à celui-ci par la création de nouveaux projets. Les limites de ce type de programme viennent de ce qu’il exige une bonne implication de toutes les personnes concernées; si des personnes-clés de la vie de l’établissement y restent indifférentes, l’impact et la pérennité du programme en sont fortement réduits.

Dr Marianne Flament , chargée de projets à Cultures & Santé Nous remercions chaleureusement tous les partenaires du programme ‘Moi, toi, nous’.

TABLEAU : NATURE ET DEROULEMENT DES PROJETS EMERGEANT DANS LES CINQ ECOLES

Année + école

Nature du projet Réalisations au 30/6/2003 Accompagnateurs actifs Commentaires et prolongements
2000-2001 I (4e) Réaliser une pièce de théâtre sur la violence dans la cour de récréation La pièce a été écrite, créée et jouée devant toute l’école et a été enregistrée sur cassette vidéo; des pistes de résolution des conflits y sont explorées. Après la pièce, les enfants ont offert du jus d’orange aux spectateurs pour témoigner de leur seconde priorité: l’énergie et l’alimentation. Non précisé L’enregistrement vidéo a servi de matériel d’animation dans de nouvelles écoles engagées dans le projet l’année suivante.
2000-2001 II (3e) Réaliser un tournoi sportif entre les différentes classes de l’école afin de favoriser la rencontre entre enfants d’âges différents, dans le respect des règles de convivialité. Les enfants de la classe ont créé les équipes, choisi le matériel, localisé les activités et élaboré les parcours et épreuves Institutrice, professeur de gymnastique, infirmière PSE et directrice
2001-2002 III Apprendre aux enfants des techniques de gestion des conflits. La fin de l’année fut lourde pour l’institutrice, et ce n’est qu’à la rentrée suivante que, retrouvant la même classe, elle a pu enclencher des projets. Elle a proposé aux enfants d’instaurer un conseil de coopération au sein de la classe et d’apprendre à s’auto-évaluer et à exprimer leurs sentiments. Ce projet plus modeste que le projet initial est aussi plus réaliste: l’apprentissage de l’expression des sentiments et de la coopération précède la capacité de gestion des conflits. Institutrice, dans un cadre institutionnel intéressé par la coopération. La travailleuse sociale de l’école et l’infirmière PMS veulent à leur tour réaliser un projet MTN dans d’autres classes d’âge. Les animatrices de C&S; restent personnes ressources.
2001-2002 IV Créer un répertoire de jeux pour la cour de récréation Le répertoire a été conçu, rédigé, dactylographié, illustré et photocopié par les enfants, qui sont allés le présenter à toutes les autres classes. Les élèves de la classe pilote organisent des jeux pendant les récréations. La patience des enfants a été mise à rude épreuve pour ce travail demandant ténacité et méticulosité; mais ils sont fiers du résultat. L’ambiance de la classe a complètement changé: les enfants qui étaient isolés ne le sont plus, ils sont tous plus souriants et mettent rapidement fin à leurs disputes en faisant la paix.
Professeurs d’informatique, d’adaptation à la langue française, de psychomotricité et de gymnastique. Ce projet s’inscrit dans un projet d’école, coordonné par un éducateur; en effet, à travers les conseils de coopération réalisés dans l’ensemble des classes de cet établissement, les enfants avaient souligné les problèmes de vie ensemble pendant les récréations. Les aires de jeux ont été divisées en aires spécifiques pour les jeux calmes, pour le basket et pour le football; du matériel de jeu a été acheté pour chaque classe. La nouvelle année scolaire fait apparaître les limites du projet d’école: éclatement de la classe pilote, départ de l’éducateur, désactivation des conseils de participation… Une nouvelle éducatrice a été recrutée et relance le projet.
2001-2002 V Organiser un débat inter-classes autour d’une vidéo sur la violence dans la cour de récréation; ensuite, créer des conseils de coopération dans les classes, aboutissant à la création d’un conseil d’école. Le projet de classe a été réalisé, mais le projet d’école n’a pas abouti; la direction a retiré son appui pour une raison inconnue et une partie des enseignants n’est pas intéressée. Deux institutrices soutenues par l’infirmière PMS. L’organisation de structures participatives requiert l’adhésion de toutes les personnes impliquées, ce qui a fait défaut ici et a empêché le projet d’école de se développer.


(1) Soutenu par le Ministère de l’Aide à la jeunesse et de la Santé de la Communauté française (Cabinet de Madame Nicole Maréchal) et par la Commission communautaire française de la région de Bruxelles-Capitale (Cabinet de Monsieur Didier Gosuin)
(2) Germain Duclos, L’estime de soi un passeport pour la vie, Hôpital Sainte-Justine, Montréal, 2000.
(3) Il peut paraître paradoxal de placer le paragraphe «diagnostic» après le paragraphe «objectifs pédagogiques»; cependant, rappelons ici que le diagnostic social n’avait pas pour but le fondement des objectifs pédagogiques, qui ont été fixés au moment de la construction du programme; mais bien de favoriser l’émergence d’un projet de groupe, « projet-prétexte » pour la poursuite des objectifs pédagogiques.

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Communes en santé

Le 30 Déc 20

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Le 6 mai dernier, à l’occasion d’une visite à Neufchâteau (une des quatorze municipalités retenues lors de l’appel à projets locaux, voir plus bas), Nicole Maréchal rappelait en ces termes la philosophie qui sous-tend son engagement de longue date pour la promotion de la santé au niveau local.
Il est toujours intéressant et motivant pour moi de me rendre compte directement, sur le terrain, de vos espoirs, de vos possibilités et de vos difficultés d’acteurs en première ligne.
Vous savez que, durant mon mandat, j’ai souhaité favoriser les politiques locales et communales de promotion de la santé. Ce souhait n’est pas né du hasard, ni d’un caprice.
Les actions de promotion de la santé se développent dans la participation des individus ou des groupes, dans l’intersectorialité (la santé n’étant plus l’apanage du seul secteur médical ) et dans la proximité. L’objectif essentiel est de travailler sur les facteurs qui déterminent la santé.
On sait en effet combien le statut social ou professionnel, le niveau d’éducation, le cadre de vie physique mais aussi relationnel, culturel, affectif sont des facteurs déterminants de la santé. Il faut donc les prendre en compte dans une approche globale et par des stratégies mobilisant divers secteurs de la vie sociale.
Il paraît assez évident que, grâce à la proximité entre la population et les pouvoirs publics au niveau d’une commune, la participation des habitants est facilitée.
La distance entre le bourgmestre, les échevins, les conseillers communaux et les habitants n’est pas trop grande et permet aux uns d’être plus directement à l’écoute et aux autres de se faire entendre.
Si à priori la commune dispose de compétences limitées en matière de santé (hygiène publique, application de la loi sanitaire, gestion des hôpitaux via les CPAS, de maisons de repos, de services d’aides familiales…), sitôt qu’on aborde les décisions prises en matière d’environnement, d’enseignement, d’aménagement du territoire, de politiques sociales, on constate qu’elles influencent l’état de santé des populations.
La proximité au sein des communes entre les différents secteurs et avec les pouvoirs locaux favorise également leurs collaborations. Les gens se croisent, se parlent, se rencontrent… Or, la participation des citoyens aux projets qui concernent leur santé, et le partenariat entre les acteurs de différents domaines sont deux objectifs prioritaires en promotion de la santé. Voilà pourquoi j’ai voulu développer au niveau communal la promotion de la santé.
Dans cette optique, j’ai lancé un premier appel à projets à l’intention des communes en 2002. En 2004, comme les deux années précédentes, une enveloppe budgétaire de quelque 250.000€ a été réservée à cet effet. Une quinzaine de projets ont ainsi été retenus.
A chaque fois, trois critères essentiels ont guidé mes choix. Ce sont:
– l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des citoyens;
– la réduction des inégalités sociales en s’appuyant sur l’intersectorialité et les collaborations locales;
– une participation citoyenne réelle tant dans la définition des besoins que dans la construction du projet qui vise à y répondre.
Je pense que de tels projets montrent que la participation des citoyens et les partenariats ne sont pas des gadgets à la mode mais bien des manières d’agir qui sont efficaces, qui portent de plus beaux fruits que les projets menés sans implication des habitants et sans dépassement des barrières entre le social, l’éducation, l’environnement… et la santé.
La volonté des pouvoirs publics de s’engager pour la santé de la population, avec la population, est une chance pour les habitants d’une commune.
Afin de soutenir ces volontés au sein des communes, j’ai également initié la mise en oeuvre d’un réseau de mandataires communaux (il compte aujourd’hui environ 350 mandataires pour 280 communes). La décision de proposer une structure en réseau se base sur la conviction que ce cadre permet de construire une force collective plus importante que la juxtaposition des forces particulières.
La mise en contact et la confrontation d’expériences créent au fil du temps une expertise en promotion de la santé communale.
Nicole Maréchal , ancienne ministre de la santé de la Communauté française

Les projets retenus

Suite au deuxième appel à projets communaux (1), 27 dossiers ont été introduits, et 14 d’entre eux ont été retenus.

Anderlecht

Le projet a pour but de promouvoir la santé des habitants de différents quartiers très défavorisés de la commune via la mise en circulation d’un bus Info-Santé. Ce projet est largement pris en charge par la commune (achat du bus, prise en charge du salaire du personnel infirmier…). Le projet repose sur un partenariat local. Il est le résultat d’une large concertation. L’objectif du projet est d’aller à la rencontre de certains publics qui éprouvent des difficultés à consulter des services existants ou qui résident dans des quartiers manquant de structures de santé. L’absence de budget pour engager un chauffeur pour le bus semble actuellement freiner le développement du projet.

Binche

Le projet vise l’amélioration de la santé mentale et physique des jeunes mères de 18 à 25 ans (bénéficiant du RIS) ainsi que celle de leurs enfants. Il se base sur les attentes que certaines de ces jeunes femmes ont adressées à l’assistante sociale du CPAS.
Les objectifs du projet sont multiples:
– préparer l’arrivée de l’enfant;
dédramatiser la précarité sociale dans laquelle vivent ces jeunes femmes;
– aider ces jeunes mères à prendre soin de leur enfant au quotidien (hygiène, alimentation, prévention accidents domestiques, suivi médical…);
– stimuler l’éveil de l’enfant tout en favorisant les interactions mère – enfant;
– favoriser la requalification de ces femmes au niveau social, professionnel…

Charleroi

Le projet vise à permettre aux habitants du quartier de Dampremy d’acquérir, de s’approprier et d’utiliser des outils pour l’amélioration de leur propre santé. Il prévoit l’analyse, la récolte des besoins et demandes des habitants, puis la mise sur pied d’une «Maison des familles» afin de développer des projets en collaboration avec les partenaires et les habitants.

Chastre

La commune a développé un processus communautaire local avec mise en place d’une pratique de réseau (plans sociaux intégrés, action de lutte contre l’exclusion sociale).
Dans le cadre de la prévention des assuétudes, les partenaires ont établi une cellule de réflexion qui a élaboré une stratégie d’action ayant abouti à la création d’un vidéogramme par des jeunes sur le thème de la consommation de cannabis. La demande porte sur la suite du projet qui vise à exploiter l’outil dans le cadre de séances d’information à destination des jeunes et d’un public familial élargi (2 ateliers: un pour les jeunes, l’autre pour les adultes). Dans ces ateliers, on aborderait la dépendance et ses représentations au départ du thème du cannabis. A la suite de ces soirées-débat, de nouveaux constats devraient permettre d’ouvrir de nouvelles pistes d’actions.

Durby

Projet de recherche-action. Analyse / enquête sur la santé, les besoins et les ressources, puis mise en place d’une politique concertée de promotion de la santé avec des projets investissant les comités de village.

Enghien

Le projet prévoit la création d’un centre de documentation, d’outils pédagogiques et formations visant à offrir aux relais locaux un espace de formation permanente en promotion de la santé. Le projet repose sur une demande des acteurs locaux. Il prévoit un partenariat intersectoriel. L’opérateur semble avoir une bonne expérience des projets participatifs.
La Bibliothèque communale chargée de promouvoir le projet en assurera la pérennité.

Jette

Le projet vise à récolter la parole des personnes âgées afin de mettre en place des actions pour améliorer leur intégration dans le quartier et ainsi leur bien-être. Le projet se base sur une coordination des partenaires et la mise en place d’activités qui impliqueraient progressivement les personnes dans le projet. Planification sur deux ans.

Liège

Le projet vise le soutien d’un groupe de pilotage interdépartemental chargé d’organiser «la semaine santé» et d’une manière plus générale «d’influer sur la mise en œuvre de politiques efficaces». En 2003, certaines actions se sont déjà déroulées: les exemples donnés sont des informations générales principalement à destination du personnel communal (tuberculose, ostéoporose, séropositivité dans les pays en voie de développement).

Manage

Continuation et renforcement d’un projet déjà existant. Plusieurs actions s’additionnent autour du thème de la santé: une journée santé, un calendrier santé, une campagne d’information diététique, des fiches santé avec médiatisation accrue par rapport à ce qui a été fait jusqu’à présent. Un coordinateur permettra d’établir des liaisons entre les anciens et les nouveaux partenaires et avec la population, d’aller vers des populations ne participant généralement pas aux activités, de guider dans la mise en place de nouveaux projets. Le financement pendant deux ans permettra d’établir une structure plus élargie.

Mons

Le projet vise à mettre en place une plate-forme d’observation et d’actions en matière de santé. Il s’inscrit dans les démarches déjà initiées au sein de la commune (plates-formes d’observations et d’actions en faveur des personnes vulnérables).
Le projet, en ce qui concerne les conditions d’adhésion communale, est au stade des intentions. Il est néanmoins intéressant dans ses objectifs d’établir un inventaire des ressources, de discuter entre partenaires publics et privés (milieu associatif) en vue de mettre en place des synergies et des partenariats entre les différents acteurs. La création de groupes de travail au sein de la plate-forme devrait permettre dans un second temps de dégager des pistes d’actions.
La participation de la population est explicitement prévue.

Neufchâteau

Le projet repose sur l’identification de deux besoins:
– mieux repérer les ressources locales en matière de santé et d’accompagnement social en vue de créer une plate-forme sociale;
– réduire les inégalités de santé en prenant en compte leurs racines sociales: sensibilisation de la population mais aussi adoption de mesures visant à améliorer les conditions de vie en matière de logement, accès aux activités sportives et culturelles…

Quiévrain

Un projet d’éducation à la santé en milieu précarisé en faisant des enfants des ambassadeurs de santé. La Commune estime que la santé s’est dégradée chez les habitants de l’entité (alcoolisme, drogue, alimentation), faute de promotion de la santé. En sensibilisant les enfants des milieux précarisés, via les écoles et les associations en contact avec les familles, la Commune veut faire des enfants «des vecteurs de santé».

Soumagne

Le projet vise des personnes âgées: enquête pour analyser leurs besoins la première année (questionnaire et contacts directs); la seconde année sera consacrée à la mise en place des actions découlant de l’analyse. Ces actions seront évaluées par le Conseil communal des aînés mis en place au début de l’année 2004. Objectif: rendre la vie plus agréable aux personnes âgées (meilleure insertion, aide dans la vie quotidienne…).

Villers-Le-Bouillet

Le projet abordera trois quartiers défavorisés de l’entité. Au départ d’une analyse de la situation (et de la population) pertinente réalisée avec les groupes concernés, des pistes sont proposées en partenariat avec les habitants à partir d’une réflexion sur les constats des habitants et sur les éléments d’intervention possibles (appartenance au quartier, image du quartier, conflits intergénérationnels, relations quartier – extérieur.
L’implication de la commune, du CPAS et de la Société de logement est acquise.
Outre certaines améliorations déjà entreprises, un éducateur de rue va être engagé et un lieu de rencontre au centre des quartiers sera mis en place.
Informations fournies par le Cabinet de Nicole Maréchal
(1)Lire ‘Deuxième appel à projets communaux de promotion de la santé’ (n°183)

Migrations: grandir entre deux mondes

Le 30 Déc 20

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Pris entre la culture de leurs parents et les valeurs de l’école, les enfants de migrants ont souvent du mal à se structurer. Un mal-être auquel une clinique de psychopathologie transculturelle de la région parisienne tente de remédier.
A priori, c’est une clinique française comme les autres: la propreté de ses sols, le calme de ses couloirs décorés sobrement, une famille qui attend patiemment que l’on s’occupe d’elle, quelques livres, des contes pour enfants afin que le temps paraisse moins long aux plus petits…
Ici, les patients affluent de toute la région parisienne, voire de province, pour venir consulter dans la clinique transculturelle, spécialisée dans l’enfance et l’adolescence, située dans une annexe de l’hôpital Avicenne, à Bobigny dans la banlieue de Paris. Avicenne constitue un peu le dernier recours pour ces familles de migrants quand les démarches antérieures, auprès de médecins, psychothérapeutes ou assistantes sociales se sont révélées vaines. Ou quand elles éprouvent le besoin de parler des ‘choses du pays’, comme l’intercession des ancêtres. Et la liste d’attente est longue. Vingt-cinq nouvelles familles se présentent chaque semaine. Il n’est pas rare de devoir attendre une année avant d’obtenir un rendez-vous.
Les enfants de migrants sont doublement vulnérables: ‘ S’il n’y a pas de souffrance spécifique à ces enfants , ils ont en revanche deux fois plus de travail à faire que les autres pour se structurer’, explique la directrice du service, Marie Rose Moro . Car les parents, déjà plus touchés que la moyenne par les difficultés sociales, ne disposent pas toujours des outils nécessaires pour préparer leur progéniture à entrer dans un monde, à commencer par l’école, qu’eux-mêmes comprennent parfois mal, voire qu’ils ressentent comme hostile ou effrayant.
La migration génère non seulement des malentendus mais, surtout, elle malmène brutalement la transmission des savoirs entre les générations. Toutefois, ‘ le plus délicat , pour les enfants , n’est pas de se structurer dans un monde et dans l’autre mais de passer d’un monde à l’autre , d’apprendre à faire le lien’, souligne le Dr Moro.

Bilinguisme à deux vitesses

Une aventure périlleuse qui peut devenir angoissante et hasardeuse sans l’aide des ‘ passeurs culturels ‘, que constitue l’équipe des 70 thérapeutes d’Avicenne, venus de tous horizons, et des traducteurs (pour les patients qui préfèrent s’exprimer dans leur langue maternelle). Sans cette médiation, l’enfant risque de souffrir d’une perte de repères et de développer des troubles du comportement, des accès de violence ou même un repli identitaire qui, face à un sentiment de rejet, le conduit à vouloir ‘ imposer sa propre identité , quitte à la caricaturer ‘. Autant de souffrances qui mènent tout droit à l’échec scolaire. Un véritable ‘ gâchis ‘ aux yeux du Dr Moro.
Mamadou (8 ans), lui, s’est réfugié dans le mutisme. À l’école, il ne parlait que très peu, bien que la maîtresse attende de lui qu’il se montre curieux et pose des questions. Mais son père, imprégné des traditions bambara du Mali, son pays d’origine, jugeait qu’un enfant ne doit pas questionner mais attendre d’être mûr pour comprendre. Alors, pris entre ces deux logiques contradictoires, face à un dilemme visiblement insoluble, le petit Mamadou a préféré se taire en classe plutôt que d’avoir à choisir entre les deux mondes. Avec l’aide des thérapeutes, il a progressivement appris à faire co-exister en lui ces deux mondes, familial et scolaire, si différents, et à aller et venir entre les deux, sans avoir l’impression de renier son père ou de tourner le dos à son identité d’origine. Ce qui, peu à peu, lui a permis de s’ouvrir et de progresser en classe. En général, il suffit de trois mois pour débloquer ces problèmes de mutisme.
Autre exemple: le bilinguisme. ‘ Il est valorisé quand il s’agit du japonais , de l’anglais ou de l’allemand mais vu comme une difficulté , un obstacle , dès que l’enfant parle le soussou ou le wolof ‘, poursuit le Dr Moro. Des études ont pourtant montré que le bilinguisme, quel qu’il soit, améliore les capacités langagières. Mais face aux préjugés extérieurs, qui leur renvoient une image dévalorisante d’eux-mêmes, ‘ moins de 10 % des enfants de migrants sont bilingues , parlent un français approximatif et s’appauvrissent ‘, déplore la psychiatre.

Un défi pour l’école française

Et selon cette dernière, loin de concerner quelques individus déboussolés en mal de reconnaissance, ces questions constituent un véritable ‘défi’ pour l’école française dans son ensemble. La thérapeute invite le pays à repenser, sans le mettre en cause, son principe fondateur qu’est l’universalité républicaine, trop abstrait pour que l’égalité de principe puisse s’opérer dans les faits. Car selon les chiffres officiels, en France, plus de 4 millions des 58,7 millions d’habitants sont d’origine étrangère, dont 1,7 million viennent d’Afrique, avec un solde migratoire qui voit en moyenne 50.000 nouveaux venus chaque année. C’est relativement peu mais assez, en ces temps de mondialisation, pour rendre le métissage inéluctable.
Le Dr Moro invite donc l’école à intégrer ces réalités, à être plus ‘ à l’écoute ‘ des différentes cultures qui la peuplent et à faire preuve de ‘ créativité ‘ afin de s’enrichir de cette altérité, au lieu d’en faire une source de conflit. Parmi ses propositions concrètes: des ateliers de langues ou d’histoire censés ouvrir (tous) les enfants sur le monde… Mais, pour l’instant, il est peu probable que le système scolaire s’attelle à de telles innovations alors qu’il est déjà en crise avec la suppression annoncée de plusieurs milliers de postes d’enseignants et d’aides éducateurs dans les deux années à venir.
Chrystelle Carroy , InfoSud – Syfia
Pour en savoir plus: Enfants d’ici venus d’ailleurs , Marie Rose Moro (Hachette Littératures, 2002)