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L’usage des drogues en Communauté française. Résumé épidémiologique 1999-2000

Le 30 Déc 20

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Les données présentées ici constituent une sorte de puzzle. Chaque pièce contribue à donner une image de la situation en matière de drogues en Communauté française et certaines pièces du puzzle sont manquantes. L’image constituée n’est donc pas exacte. Nous pensons néanmoins, à la lecture de ces données, pouvoir dégager certaines tendances, sans trop nous tromper.
De manière globale, les trois produits les plus consommés actuellement sont le cannabis, l’ecstasy et la cocaïne. Nous analysons ci-dessous les tendances qui semblent se dessiner de manière plus particulière.

Les produits

Le cannabis

La consommation de cannabis a progressé au niveau de la population générale et au sein de la population scolarisée, pour atteindre un niveau de banalisation en fin des années 1990. Cette consommation a doublé entre 1996 et 2000 parmi les personnes participant à l’enquête C.A.T.I. Plus d’un tiers (38% – 42%) des personnes âgées de 18 ans ont déjà au moins expérimenté le cannabis. Cette consommation n’est pas limitée à un public marginal. Il n’existe pas à l’heure actuelle de données concernant les populations plus marginales. Dans la population générale adulte on constate en effet que plus le niveau d’éducation est élevé plus les personnes sont susceptibles d’avoir consommé du cannabis. Enfin, dans la population adulte, ce sont les plus jeunes (20-29 ans) qui ont le plus souvent consommé du cannabis.
En prison , le cannabis est la substance illégale la plus consommée, et rapportée dans les mêmes proportions (38%) pour les personnes détenues.
En parallèle à cette tendance d’augmentation de la consommation de cannabis, on a pu voir apparaître dans les centres de traitement une augmentation relative des demandes d’aide spécifiques , qui sont passées de 3% en 1993 à 13% des demandes en 2000. Ces demandes émanent principalement de personnes jeunes, âgées entre 15 et 25 ans.
Le cannabis est le premier produit par ordre de fréquence, dans les demandes reçues à la ligne téléphonique d’Infor-Drogues.

Les amphétamines et l’ecstasy

La consommation de produits stimulants , de type amphétamines et ecstasy, constitue le deuxième usage, en termes de prévalence, rapporté par les 17-18 ans en milieu scolaire. Environ un dixième de ces derniers ont déjà expérimenté au moins une fois ces produits. On a pu voir également qu’il s’agit de produits consommés par un grand nombre (25% – 30%) des jeunes rencontrés en milieu festif. Cette consommation est également sortie du cadre festif.
L’ecstasy est le deuxième produit par ordre de fréquence, dans les demandes reçues à la ligne téléphonique d’Infor-Drogues.
Cette consommation relativement importante ne s’est pas traduite par une augmentation des demandes de traitement enregistrées dans notre système. Ceci est peut-être lié aux caractéristiques des centres qui participent au système. En effet, les jeunes usagers de stimulants ne se reconnaissant pas sous l’étiquette de “ toxicomane ” n’ont pas tendance à adresser leurs demandes vers le secteur spécialisé, au contraire. Par ailleurs, pour une grande majorité, cette consommation ne pose pas de problème, ou n’est pas perçue comme pouvant en poser.
Dans les populations d’usagers de drogues rencontrés via les opérations boule-de-neige, environ un cinquième des consommateurs d’amphétamines déclare les consommer en injection.

Les champignons hallucinogènes et le LSD

Parmi les substances hallucinogènes, y compris l’ecstasy, on a pu voir que les champignons hallucinogènes sont relativement populaires parmi les jeunes. Que ce soit en milieu scolaire (9% des 17-18 ans) ou en milieu festif (env. 30%), cette consommation est relativement importante. Le LSD est moins populaire.
Si cette consommation n’a pas ou peu d’incidence sur les demandes de traitement, elle peut expliquer nombre de “ bad trips ” observés en milieu festif.

La cocaïne

La cocaïne est un produit assez fréquemment utilisé. Dans une enquête de population générale elle constituait le deuxième produit utilisé ou essayé (8%) après le cannabis. En milieu scolaire 3% des élèves de 17-18 ans ont déjà essayé la cocaïne.
La cocaïne est le troisième produit par ordre de fréquence, dans les demandes reçues à la ligne téléphonique d’Infor-Drogues.
Il semble y avoir une augmentation de consommation de cocaïne dans la fin des années 1990. Cette consommation a toujours un caractère festif (en témoignent les fortes prévalences parmi les personnes rencontrées en milieu festif : 15-30%), mais est également fréquente dans d’autres cadres principalement parmi les usagers de drogues des opérations boule-de-neige et consommateurs en injection. La chute importante de prix (et de qualité) peut expliquer ce phénomène.
Parmi les usagers de drogues rencontrés à travers les opérations boule-de-neige, on observe, entre 1996 et 1999 une augmentation de 54% à 69% de la consommation de cocaïne. Cette augmentation va de pair avec une consommation plus fréquente par voie intraveineuse.
Cette consommation a des répercussions sur les demandes de traitement: on observe que les demandes liées à des problèmes de consommation de cocaïne sont passées de 2 à 5% entre 1993 et 2000. Cette augmentation est surtout visible dans le secteur résidentiel. Cette augmentation est la plus importante en province de Liège.

Les benzodiazépines et médicaments psychotropes

La consommation de médicaments calmants et hypnotiques est rapportée de manière relativement importante dans la population scolaire, où en 1998, 5% des élèves de 17-18 ans rapportaient en avoir consommé.
Dans la population en milieu festif, des taux de consommation de benzodiazépines qui varient entre 5 et 9% sont rapportés.
Environ la moitié des consommateurs de drogues plus marginalisés, dont les consommateurs en injection, rencontrés à travers les opérations boule-de-neige rapportent consommer des benzodiazépines.
En prison , l’usage de benzodiazépines est rapporté par 13% des personnes détenues. Il s’agit du deuxième produit par ordre de fréquence , juste après le cannabis.
L’usage de tranquillisants, plus particulièrement de benzodiazépines, est bien ancré parmi les différents sous-groupes de population. La forte consommation de ces molécules dans la population générale et de manière légale, alliée aux manques de connaissances et de sensibilisation sur les risques spécifiques concourent probablement à cet usage.

L’héroïne

En milieu scolaire, ce sont 1-2% des élèves les plus âgés qui ont déjà consommé de l’héroïne.
En milieu festif, 8 à 10% des personnes rencontrées sont consommatrices d’héroïne.
Parmi les personnes détenues, 12% consomment de l’héroïne en prison. Il s’agit du troisième produit par ordre d’importance.
Parmi les usagers de drogues rencontrés à travers les opérations boule-de-neige, environ 70% déclarent consommer de l’héroïne.
Le poids relatif des demandes de traitement pour consommation d’héroïne est en diminution dans les enregistrements des demandes de traitement. Il reste cependant le produit invoqué le plus souvent. En 2001, elle était responsable d’environ la moitié de l’ensemble des demandes.

L’alcool

L’alcool est le produit rapporté par le plus grand nombre de personnes rencontrées en milieu festif, mais à des niveaux souvent comparables à ceux rapportés pour le cannabis.
La consommation d’alcool est responsable d’environ un quart des demandes de traitement enregistrées dans le système.

Les modes d’usage et les risques

La consommation d’héroïne par voie intraveineuse est en diminution. Ce mode d’usage est passé entre 1993 et 2000 de 96% à 19% des premières demandes de traitement pour consommation d’opiacés.
L’augmentation de la consommation de cocaïne observée s’accompagne d’une augmentation de cette consommation en injection d’une part et fumée (crack) d’autre part. D’après certaines données, le mode en injection est passé entre 1993 et 2000 de 24% à 51%. L’injection de cocaïne , et son augmentation , mérite une attention toute particulière . En effet, la consommation en injection est généralement de type compulsif et implique 10 à 20 injections par jour pendant plusieurs jours consécutifs. En outre, comme on l’a vu plus haut, la chute des prix s’est certainement accompagnée d’une chute de qualité et donc de la présence de produits de coupe peut-être toxiques.
L’emprunt de seringues lors des injections est en légère diminution et se situe aux environ de 35%. Le partage des autres composants du matériel d’injection, probablement vecteur des hépatites, lui aussi en légère diminution, est rapporté par plus de la moitié des personnes rencontrées (53%) à travers les opérations boule-de-neige.
La poly -consommation et les mélanges de produits sont des pratiques courantes et en expansion dans différents groupes d’usagers de drogues, principalement parmi les usagers de drogues dites récréatives et parmi les usagers de drogues dites dures.

Les infections au VIH et hépatites B et C

D’après les données recueillies à travers les opérations boule-de-neige, le taux de dépistage du sida est passé de 64% à 80% entre 1996 et 2000.
Les injecteurs récents (2 ans ou moins) rapportent une plus faible sensibilisation aux dépistages du sida et des hépatites, avec des taux de dépistage de 50% pour le VIH et de 30% pour les hépatites.
Concernant les données sur les taux de dépistage du VIH et hépatites, il existe une forte discordance entre celles en provenance du TDI (Treatment Demand Indicator) et celles recueillies dans les opérations boule-de-neige. Le taux de réponse manquante dans le TDI est très élevé et reflète la difficulté qu’ont certains thérapeutes à aborder ces questions lors de leurs entretiens même avec un consommateur par voie intraveineuse.
La prévalence de l’infection au VIH parmi les UDI (usagers de drogues par voie intraveineuse) est en diminution (6% en 1993 – 3% en 2000), d’après les données TDI. Elle est deux fois plus élevée (7%) parmi les UDI consommateurs de produits autre qu’opiacés, donc cocaïne essentiellement. Les données boule-de-neige, donnent une prévalence de 5%.
La prévalence de l’infection au virus de l’hépatite B est elle aussi en diminution et passée de 24% à 16% entre 1993 et 2000.
La prévalence des hépatites C est en croissance , et a augmenté de 46% en 1993 à 54% en 2000. Parmi les consommateurs de cocaïne en injection, cette prévalence est de 63%. La plus forte prévalence et augmentation de prévalence sont observées dans la province du Hainaut où elles atteignent 80% des UDI en traitement et enregistrés dans le système.
La co-infection aux virus des hépatites B et C, concerne 12% des UDI.

Les consommations au sein de groupes spécifiques de personnes

Parmi les consommateurs rencontrés en milieu festif

Les produits de prédilection sont le cannabis, les champignons hallucinogènes, l’ecstasy, les amphétamines et la cocaïne. Cependant il s’agit d’une population de poly-consommateurs et cette tendance augmente. En 1996, la moitié des personnes rencontrées ne mentionnaient qu’un seul produit, le cannabis pour la plupart; en 2000, ils ne sont plus que 30%.

Parmi les usagers de drogues rencontrés en rue

Chez les usagers de drogues rencontrés à travers les opérations boule-de-neige, la poly-consommation est également de règle. Environ la moitié des contacts sont des consommateurs par voie intraveineuse. La consommation de méthadone “ illégale ” est relativement importante (25-30%) et sa consommation en injection semble augmenter.
L’injection de méthadone de rue se fait avec une forme non-injectable. Cette pratique est donc responsable de nombreuses lésions de la peau et des tissus sous-cutanés.

Parmi les personnes détenues

Environ 40% des personnes en traitement enregistrées dans le système ont une affaire judiciaire en cours.
L’usage de drogues en prison est répandu. Au moins 40% des personnes détenues y consomment une drogue illégale. Pour la moitié d’entre elles, cette consommation comprend d’autres produits que le cannabis.
Cet usage augmente avec le nombre d’incarcérations.
Et la prison constitue un lieu d’initiation aux drogues “ illicites ” pour un quart des personnes détenues. Dans de très rares cas, c’est en prison que se fera la première injection.
Les produits les plus consommés sont le cannabis, les benzodiazépines, l’héroïne, la cocaïne, la méthadone. Ces consommations sont particulièrement à hauts risques étant donné que pour un certain nombre il s’agit du premier contact notamment avec les opiacés.
La mortalité par suicides et overdoses en prison est 20 fois plus élevée que dans la Communauté.
L’injection en prison est moins fréquente qu’en dehors. Environ 2% des personnes détenues déclarent s’être injecté des drogues en prison, alors qu’elles étaient 10 à 20% à s’injecter des drogues le mois précédant l’incarcération.

Au niveau répressif

Le cannabis reste la substance le plus souvent en cause lors des arrestations liées à la drogue.
Les interpellations de mineurs pour usage de cannabis sont en augmentation depuis 1999. Ce constat est peut-être le reflet de la mauvaise compréhension de la circulaire Declerck par les jeunes (“ le cannabis n’est plus illégal ”) et avec pour conséquences soit une plus grande visibilité de cette consommation soit une augmentation de la consommation. Il peut également être le reflet d’une intensification des activités de répression visant les mineurs.
La majorité des infractions liées à la drogue concerne les faits de détention et de consommation.

La mortalité liée à l’usage des drogues

La majorité des décès liés à l’usage des drogues sont dus à une consommation en injection.

L’offre de services destinés au public des usagers de drogues

La répartition géographique de l’offre, que ce soit en termes de prévention, de traitement et de réduction des risques est très inégale en Communauté française. De manière plus particulière, la province du Luxembourg se caractérise par la pauvreté de l’offre de services.
En terme de prévention, la majorité des projets développés actuellement s’inscrivent dans un objectif de promotion de la santé.
Les services accueillant de manière spécifique mères et enfants sont peu nombreux.
L’accessibilité au matériel d’injection est inégalement répartie. Les régions de Mons, Tournai, et les provinces de Namur et du Luxembourg ne disposent d’aucun projet visant cette pratique.
Les actions de réduction des risques dans des milieux particulièrement à risques, tels que prisons ou milieu festif sont en développement.

Source: Eurotox asbl – Unité permanente d’Observatoire Alcool-Drogues Communauté française de Belgique.
Adresse: Eurotox, av. E. De Béco 67, 1050 Bruxelles.
Tél.: 02-639 47 08.
Fax: 02-644 21 81.
Courriel: eurotox@skynet.be.

Santé, usages de drogues et réduction des risques

Le 30 Déc 20

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Les premières Assises de la Réduction des Risques liés à l’usage de drogues se sont tenues à Bruxelles les 4 et 5 décembre 2003. Depuis 15 ans, la réduction des risques a fait des avancées et ouvert des chemins pour une approche novatrice, différente, humaniste, des problèmes de santé en général et des problèmes liés à l’usage de drogues en particulier. Dans ce numéro, vous trouverez deux interventions générales des Dr Hariga et Trefois, ainsi que le texte de la Charte de la réduction des risques liés à l’usage de drogues, qui a été présenté lors des assises.
C’est pour faire face aux ravages du sida parmi les usagers de drogues que les premiers programmes de réduction des risques virent le jour il y a plus de 10 ans (programmes d’échange de seringues, opérations Boule-de-Neige, etc.). Au milieu des années ’90, les stratégies de réduction des risques se sont peu à peu élargies à d’autres champs d’action (travail en milieu festif…), à d’autres risques (hépatites, overdose, ‘bad trip’, risques sexuels, etc.) et à d’autres types d’interventions (testing, gestion de ‘bad trip’…).
Si la réduction des risques est à l’heure actuelle considérée comme un des pans majeurs de la politique de santé en matière d’usage de drogues, elle n’en reste pas moins à la merci des incertitudes, notamment politiques: aujourd’hui elle est encore trop peu présente en prison, absente dans le champ sportif, et manque de moyens face à des maladies aussi graves que les hépatites. De plus, le concept, revendiqué par tous, de ‘réduction des risques’ ne fait pas l’unanimité dans sa définition. Le foisonnement des pratiques professionnelles a fait passer le concept de la sphère strictement sanitaire à des domaines aujourd’hui beaucoup plus larges incluant notamment le champ social, au risque d’être récupéré par le sécuritaire.
Ces Assises, organisées par l’asbl Modus Vivendi en collaboration avec l’asbl Question Santé, ont rassemblé près de 200 professionnels de terrain, des usagers de drogues, des acteurs non-spécialisés, des hommes et des femmes engagés dans un combat de santé publique, et ont mis en perspective les actions et les avancées en matière de réduction des risques liés à l’usage de drogues dans notre pays.

Réduction des risques

,

une pratique quotidienne des professionnels de santé

Les professionnels de santé sont familiarisés avec le concept de «réduction des risques» (RDR). Quand un médecin soigne un patient diabétique, non encore insulinodépendant, il s’efforce d’équilibrer sa glycémie. Il sait qu’à long terme, le patient risque des complications (comme une cécité, une artériopathie, etc). Le champ de la prévention primaire, celle qui veut empêcher l’apparition de la maladie, est dépassé. Le diabète est là, ne mettant pas encore en danger la vie de la personne; le médecin souhaite en limiter les conséquences dommageables, en tentant d’agir sur les comportements du patient pour réduire les risques que celui-ci court. Il met en place des stratégies de «réduction des risques».
Quand nos enfants font du roller, nous savons que cette pratique entraîne inévitablement des chutes, parfois graves. Bien sûr, une option de prévention extrême serait d’interdire le roller à nos enfants. Mais nous devons tenir compte de l’intérêt de l’enfant, et savoir qu’une interdiction le priverait d’une activité développant ses capacités psychomotrices, sa confiance en lui et en son corps. Nous le priverions aussi d’un plaisir et d’une activité favorable à sa socialisation et à son intégration parmi ses pairs.
Nous procédons donc à une évaluation des avantages et inconvénients; dans le cas considéré, nous pouvons conclure que le risque d’accident est compensé par le rôle éducatif et social de l’activité. En outre, nous pouvons minimiser le risque (RDR) en imposant à l’enfant d’utiliser des protections adéquates (casque, genouillères, etc). Par cet exemple, nous identifions des dimensions importantes: notre analyse ne doit pas s’arrêter à l’activité présentant un risque; une évaluation du rôle de cette activité dans l’équilibre global de l’individu est nécessaire; une prise de mesures visant à réduire les risques est souvent possible pour atténuer le danger.
Prenons un dernier exemple: nous savons que les accidents de la route font annuellement plus de 2000 morts en Belgique. Si nous voulions faire de la prévention primaire, la mesure la plus efficace serait d’interdire les déplacements sur route. Nous pourrions envisager de manière plus ciblée d’interdire l’usage de la voiture. Ces mesures ne sont pas près d’être acceptées par notre société du fait de leur coût culturel (la voiture étant un objet dont les représentations sont prégnantes) et économique. Nous ne sommes apparemment pas non plus prêts pour des mesures de limitation de la puissance des voitures.
Que nous propose donc la société? Une politique de réduction des risques basée sur la sécurité passive des voitures, sur l’obtention d’un permis de conduire, sur le port de la ceinture de sécurité, etc. On teste aussi le produit «voiture» au cours de «crash tests» pour savoir s’il n’est pas trop dangereux, puis on informe les consommateurs des résultats.
Nous constatons qu’en matière de sécurité routière, on ne tente pas d’éradiquer le risque, on accepte le fait que l’accident puisse survenir et on tente d’en limiter les dommages. On pourrait encore prendre bien des exemples, comme notamment la prévention des accidents de travail. Il ne vient à personne l’idée d’éradiquer les accidents de travail en supprimant le travail; on renforce plutôt, de diverses manières, la sécurité sur le lieu de travail.
En conclusion, on peut affirmer que les stratégies de réduction des risques sont très répandues dans notre environnement.
Les professionnels de santé ont évidemment toujours le souci de faire de la prévention primaire, c’est-à-dire d’empêcher la survenue de la maladie, du comportement dommageable. Mais quand la maladie est là, quand le comportement à risque est acquis, ils ne veulent pas pour autant baisser les bras. Ils se fixent un but complémentaire: limiter les dommages liés à la maladie ou au comportement à risque.
Les stratégies de réduction des risques partent du constat évident que l’éradication de la plupart des maladies et des comportements à risque est illusoire. Elles admettent la réalité que chaque individu est mû aussi par des motivations déraisonnables et par la recherche du plaisir.
L’objectif de santé de la réduction des risques est de rendre le plus improbable possible la survenue d’accidents. La réduction des risques est également basée sur la solidarité: entre malades et non malades, entre conducteurs et non conducteurs de voitures, entre consommateurs et non consommateurs de drogues.
Elle peut aussi se revendiquer de valeurs comme l’autonomie des individus, le respect de leur liberté, la responsabilisation. Bien sûr, chacun véhicule ses idées: des avis dissemblables sont légitimes lorsqu’on parle des valeurs. Mais la réduction des risques ne doit pas s’encombrer de préjugés moraux: le professionnel de santé ne peut se laisser envahir par ses jugements sur les comportements des personnes vis-à-vis desquelles il doit intervenir. Le professionnel de santé doit toujours avoir pour référence sa mission première, sa responsabilité professionnelle et collective; veiller à la santé des personnes dont il a à s’occuper.

Dr Patrick Trefois , Question Santé

Une pratique de santé publique et de promotion de la santé

La réduction des risques, comme le montre le Dr Patrick Trefois , n’est pas une pratique inhabituelle en promotion de la santé ni en santé publique.
La réduction des risques liés à l’usage de drogues, est une pratique qui s’adresse spécifiquement aux consommateurs de drogues. Elle vise à éviter que des personnes, parce qu’elles consomment des produits qu’elles connaissent mal ou qu’elles consomment de manière inappropriée, ne détériorent leur santé. La réduction des risques va à la rencontre de l’usager de drogues, là où il se trouve dans son parcours de consommation, sans jugement sur son comportement de consommation. Elle vise aussi à dé-stigmatiser l’usager de drogues, à changer le regard porté sur lui.

La réduction des risques

:

une stratégie de santé

II s’agit d’une démarche de promotion de la santé individuelle, basée sur la responsabilisation de la personne. Elle vise à donner au consommateur de drogues, licite ou illicite, l’information nécessaire et les moyens nécessaires pour réduire les risques.
Il s’agit d’une démarche de santé publique, dans la mesure où elle vise à éviter la propagation de maladies telles le sida ou les hépatites, ou encore qu’un problème de santé ne frappe un groupe important de la population: par exemple les overdoses.
La réduction des risques ne se limite pas à la prévention du sida. La consommation de drogues comporte d’autres risques réductibles: overdoses, risques liés aux relations sexuelles non désirées ou non protégées, «bad trip», sécurité routière, déshydratation par exemple. Et la réduction des risques, c’est aussi la prescription de traitements de substitution, voire d’héroïne dans certains cas.
La réduction des risques s’adresse à tous les consommateurs de drogues. Que sa consommation soit occasionnelle, festive, ou qu’il soit dépendant, tout consommateur est concerné par la réduction des risques.

La réduction des risques

:

une démarche participative et de proximité

Elle considère l’usager de drogues comme un partenaire, acteur de sa santé et de celle des autres. Par exemple, à travers les opérations de prévention par les pairs, les opérations boule-de-neige, ce sont les usagers de drogues eux-mêmes qui informent leurs pairs.
Intervenants et usagers de drogues formés, les «jobistes » se rendent sur les lieux-mêmes de vie des consommateurs: en milieu festif, en prison, en rue.

Deux exemples pratiques

Dans l’échange de seringues on va donner une information aux usagers sur les risques infectieux liés aux injections: sida, hépatites, abcès, endocardites, etc. On va aussi distribuer des seringues stériles, et l’ensemble du matériel d’injection (cupules, tampons désinfectants, filtres, eau pour injection), dans des comptoirs d’échange, en rue, ou auprès de pharmaciens. On va enfin organiser le relais des usagers qui le demandent vers des centres de dépistage ou de soins, ou vers des centres spécialisés en toxicomanie.
Second exemple: quand l’équipe mobile de Modus Vivendi intervient en milieu festif, elle donne une information sur les produits, sur les mélanges, sur les risques sexuels, etc. en distribuant des brochures, en tenant un stand d’information où les consommateurs peuvent trouver des réponses à leurs questions. Elle fournit également du matériel de réduction des risques: préservatifs, kits de sniff, voire des seringues. Elle accompagne les personnes en «bad trip».

La réduction des risques

,

tolérée plutôt qu’acceptée

Cependant, en dépit de sa pertinence en terme de santé et en dépit d’une certaine reconnaissance, la place de la réduction des risques n’est guère confortée, que ce soit sur le plan légal ou sur le plan des moyens.
En janvier 2001, dans sa «Note politique fédérale relative à la problématique de la drogue», le Gouvernement reconnaît pour la première fois la réduction des risques comme une stratégie, au même titre que la prévention, le traitement et la réhabilitation.
Cependant seules certaines de ses actions, celles visant spécifiquement la prévention du sida, ont été réglementées, et ce, de nombreuses années après leur mise en place. C’est ainsi qu’un arrêté royal donnant un cadre légal à l’échange de seringues ne paraît que 6 ans après l’ouverture du premier comptoir d’échange!
Mais, réglementées ou non, les actions de réduction des risques subissent fréquemment les ingérences du monde judiciaire. Les initiatives de réduction des risques se développent dans un environnement très inconfortable, qui les fragilisent, et ce, au détriment de la santé de la population visée par ces actions.
Ainsi depuis 2002, on a assisté à la remise en question de la pertinence d’une brochure de réduction des risques sur l’usage de la cocaïne, à l’interdiction de tenir un stand d’information avec brochures dans une soirée à Ciney, à l’impossibilité de réaliser des interventions de réduction des risques avec testing de pilules, et dans la plupart des villes où l’échange de seringues se pratiquait parfois de longue date, à une remise en question des principes fondamentaux qui soutiennent ces actions.
D’autre part, les besoins en termes de réduction des risques sont élevés, et les ressources actuelles ne permettent certainement pas de tous les couvrir. Timidement, elle fait ses premiers pas en prison, elle est absente en milieu sportif, elle ne permet pas l’accès au vaccin contre l’hépatite B, elle manque de moyens pour prévenir efficacement les hépatites C, ou pour toucher le plus largement possible les consommateurs de drogues dites «festives».
Et pour terminer puisque la question du caractère potentiellement incitatif brûle les lèvres de toutes les personnes qui doutent de la réduction des risques liés à l’usage de drogues, en réponse je ferai moi aussi une analogie avec les problèmes de sécurité routière. Posez-vous simplement la question suivante: circulez-vous plus rapidement en voiture parce qu’on vous oblige à porter une ceinture de sécurité?
Dr Fabienne Hariga , directrice de l’asbl Modus Vivendi

Ethique et concertation, raisons d’être d’un réseau

Le 30 Déc 20

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Chacun à leur manière mais dans une perspective commune, pas moins de neuf services et associations interviennent en province de Namur en matière d’usages de drogues et d’assuétudes.
Sur l’initiative de la Coordination provinciale sida assuétudes (CSA) de Namur, une plate-forme rassemblant ces intervenants était créée en 1997. Depuis lors, la CSA coordonne le fonctionnement du réseau. Synonyme d’une plus grande proximité avec le public, cette initiative permet également une étroite concertation. Elle a trait non seulement à l’éthique des interventions mais aussi aux choix des stratégies de prévention et d’accompagnement.
« Il convient de souligner que ce réseau s’est mis tout naturellement en place, dans le cadre d’échanges avec les partenaires. C’est après qu’il a été décidé de le formaliser. En aucun cas, il ne s’agit d’une création artificielle », déclare le Dr Monique Vassart , Médecin Directeur de la CSA.
Le 25 octobre 2002, la Coordination et ses partenaires ont convié le public concerné par les assuétudes à un colloque précisément centré sur ce travail en réseau. Organisée avec le SEDS (Service d’études et de documentation sociales), cette journée de réflexion a vu de nombreux interlocuteurs prendre la parole à propos de l’apport du réseau dans la prévention, mais aussi du concept de réduction des risques liés à l’usage de drogues (RDR).
L’intervention d’Alexis Kestermans, du Centre pour la formation et l’intervention socio-psychologiques (CFIP) a permis d’éclairer l’auditoire quant à la nouvelle approche du travail en réseau. Selon ce psychosociologue, les réseaux constitueraient des réponses à des besoins d’efficacité, de professionnalisation ou de soutien. En guise de «ciment», on retrouve bien souvent des pratiques communes ou des valeurs partagées.

1997

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naissance du réseau

En l’espèce, le réseau namurois a jeté les bases du travail grâce à trois ateliers, constitués à la suite d’une étude d’évaluation des besoins des partenaires. Un atelier «prévention» abordait la question, essentiellement à l’attention de 14 – 20 ans. Le groupe «réduction des risques» s’interrogeait quant à lui au sujet des moyens qui pourraient être mis en œuvre pour limiter les risques liés à la consommation des produits. Enfin, une troisième assemblée «accueil de crise» se penchait sur la question de l’accueil de l’usager de drogues dans les services d’urgence des hôpitaux.
Quatre ans plus tard, en 2001, ces étroites concertations ont permis de formaliser et officialiser un réseau d’intervenants en matière d’assuétudes. Côté prévention, la coordination des projets et autres animations de terrain sont assurées par les services spécialisés. La CSA fut quant à elle chargée d’assumer la coordination à travers plusieurs missions: diffusion d’information, réception et dispatching des demandes d’animations, recherche de nouveaux outils à vocation informative et formation des partenaires.
En mars de la même année, le réseau éditait une plaquette d’information reprenant les coordonnées des partenaires, de même que la composition des équipes et les services offerts. Depuis, chaque service assure la diffusion du document dans sa région, afin de le dynamiser à l’échelle locale.

Un décret wallon en gestation

Présent lors du colloque organisé au Campus provincial, le Ministre wallon des affaires sociales et de la santé Thierry Detienne a profité de l’occasion pour présenter les grands axes d’un avant-projet de décret. Cette nouvelle disposition traitera de «l’agrément et du subventionnement des réseaux d’aide et de soins, et des services spécialisés en assuétudes».
Pour l’heure, il se dégage plusieurs pistes. Tout d’abord, l’ensemble des assuétudes serait pris en compte. Il s’agirait non seulement de traiter la dépendance aux drogues illicites, mais également à l’alcool, au tabac et aux jeux.
Le ministre semble également convaincu du bien-fondé de la mise en réseau. Vu le grand nombre d’initiatives existantes, il s’agira essentiellement de les identifier, mais surtout de s’appuyer sur elles. Ainsi, le réseau, constitué en asbl, définira un projet pour trois ans à partir des ressources et en fonction des besoins. Le but premier de ce futur décret est d’inciter les différents acteurs à se constituer en réseau.

Le concept de réduction des risques

La seconde partie du colloque fut consacrée à la réduction des risques.
Il y a vingt ans, l’abstinence était une condition à l’accès à la prise en charge. D’autres approches se développèrent ensuite, afin de limiter au maximum les risques sanitaires et sociaux liés à l’usage de drogues. Conjointement, c’est le virus du sida qui va notamment forcer pouvoirs publics et intervenants à modifier leurs pratiques, et toucher un public jusque là peu concerné par les structures d’aide. Par la suite, la réduction des risques s’est élargie, pour prendre en compte les dangers sociaux, voire psychologiques.
En outre, avec la politique de réduction de risques, l’usager de drogues a de nouveau la possibilité d’être acteur de sa santé et de celle des autres, mais aussi d’éclairer les intervenants, auxquels il apporte son savoir.
D’autres représentants des services partenaires du réseau ont également pris la parole et ont présenté le projet pilote de réduction des risques, mis en place en partenariat avec plusieurs autres services du réseau. Le projet vise à promouvoir la RDR par des usagers de drogues auprès de professionnels de la santé.
Le public ciblé est composé de médecins généralistes, auprès desquels l’usager apporte ses connaissances, tout en bénéficiant d’une réinsertion professionnelle. Pour l’heure, seule l’étude de faisabilité a été accomplie. Elle a pris la forme de travail en «focus group», à savoir l’interview en groupe de publics concernés. Une réalité s’en dégage: la difficulté d’élaborer une définition commune de la réduction des risques qui soit opérationnelle sur le terrain…
En cours d’après-midi, les saynètes jouées par la Compagnie Maritime ont détendu l’auditoire. Avec humour et réalisme, elles ont mis au jour certaines situations vécues par les partenaires du réseau.

Le réseau s’agrandit

Tout prochainement, le réseau namurois devrait bénéficier de la présence de nouveaux partenaires: les «Plans drogue», en fonction depuis fin 2002. Une convention de partenariat leur sera proposée. Elle définira clairement certaines conditions essentiellement d’ordre éthique auxquelles il faudra adhérer au minimum.
Posé sur des bases solides, le réseau des services de prévention des assuétudes et de réduction des risques se situe seulement à l’aube de son développement, et ne demande qu’à bénéficier de l’apport de tous les partenaires compétents de la province.
Les actes du colloque sont disponibles au prix de 8 € à la Coordination Sida Assuétudes, rue Château des Balances 3/13, 5000 Namur. Tél.: 081-721 621. Fax: 081-721 620. Si vous faites votre demande par courriel à sida.toxicomanie@province.namur.be, ils vous seront envoyés gratuitement comme pièce jointe.

Les allégations de santé

Le 30 Déc 20

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Le CRIOC a réalisé une étude sur la manière dont les consommateurs perçoivent et interprètent les allégations de santé. Ce terme peut être défini comme suit: ‘ tout message ou représentation, non prescrit par la législation communautaire ou nationale, y compris une représentation sous la forme d’images, d’éléments graphiques ou de symboles, qui affirme, suggère ou implique qu’une denrée alimentaire possède des caractéristiques particulières’ (selon la proposition de règlement européen en la matière, du 16/7/03).
Outre la mesure de la compréhension de ce concept par les consommateurs, nous avons voulu savoir quelle crédibilité ceux-ci accordaient à des allégations de santé connues. Nous épinglons ici les principaux résultats de cette enquête.

Une connaissance limitée de la nutrition

87 % des consommateurs pensent que l’alimentation influe sur la santé et que bien manger équivaut à manger raisonnablement de tout. Ils recherchent une alimentation saine. 38% estiment que pour manger équilibré, il faut avoir des connaissances en diététique.
Conscients de leurs limites en matière de nutrition, une majorité de consommateurs souhaite plus d’informations, surtout dès le plus jeune âge. Le médecin généraliste ne paraît pas le mieux placé pour ce faire; quant au diététicien, il ne serait consulté que pour des problèmes majeurs.

L’information émanant des producteurs

:

désinformation

!
L’information émanant des producteurs est reçue avec circonspection. La publicité concernant les bienfaits sur la santé fait douter les consommateurs qui ne sont pas prêts à essayer n’importe quoi. 70% d’entre eux pensent que les producteurs mentent ou omettent de préciser que quand un ingrédient est bon pour la santé, d’autres qui composent le produit le sont moins. Même des grandes marques connues n’échappent pas aux critiques.

Le danger de certaines allégations de santé

Le danger de confondre un aliment avec un médicament est réel. De plus, certains producteurs mettent en évidence des bénéfices nutritionnels de produits qui, de par leur composition, sont déséquilibrés en sucres et en matières grasses, ou évitent d’évoquer les risques d’une surconsommation de certains nutriments (vous trouverez des exemples dans l’étude complète en ligne [L=https://www.crioc.be]www.crioc.be[/L]).
Enfin des produits auxquels on a ajouté des nutriments, sont vendus plus cher alors que ces nutriments pourraient être apportés par une alimentation équilibrée et souvent meilleur marché.

Etiquettes

:

le règne du charabia

!
Les consommateurs jugent les étiquettes illisibles et incompréhensibles. Les producteurs devraient leur fournir une information de qualité, transparente et vérifiable, écrite dans une taille suffisante.

Recommandations

Les consommateurs devraient être mieux informés sur le rôle fonctionnel des aliments, sur l’impact des aliments sur la santé, le sens des allégations de santé et l’équilibre à rechercher dans leur alimentation quotidienne.
Avant diffusion, les allégations de santé devraient être validées par une instance indépendante (scientifiques, organisations de consommateurs).
L’étiquetage nutritionnel doit être rendu plus lisible: caractères plus grands, intitulés plus faciles à comprendre. Pourquoi pas une double étiquette? L’une destinée aux consommateurs, l’autre aux spécialistes et consommateurs intéressés, reprenant toutes les informations spécifiques et éventuellement accessibles sur Internet.
Les médecins généralistes devraient encourager leurs patients à prendre contact avec un diététicien.

Une législation plus claire

La proposition de ‘Règlement du Parlement européen et du Conseil concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires’ du 16 juillet 2003 donne une définition claire des allégations concernées ainsi que leurs conditions d’utilisation générales et spécifiques.
Un tel règlement européen sera un grand progrès par rapport à la situation actuelle et aux codes de conduite existants. En précisant les allégations autorisées et leurs conditions d’utilisation, il apportera un cadre de références plus clair et stable pour le consommateur. Celui-ci aura aussi la garantie que les affirmations des producteurs sont prouvées scientifiquement. Le CRIOC espère donc que ce règlement sera adopté dans les plus brefs délais.

D’après un communiqué de presse du CRIOC

Une note pour chacun’. Des chansons pour parler de la maladie

Le 30 Déc 20

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Des chansons pour parler de la maladie

Christian Merveille, Gibus, André Borbé et bien d’autres artistes ont prêté leurs talents à l’asbl ‘Une note pour chacun’ pour réaliser un remarquable CD où chansons et récits parlent des maladies chroniques que vivent des enfants. Un CD qui se veut le point de départ d’une réflexion au sein des écoles afin que ces enfants soient mieux accueillis et acceptés.
Depuis plus de 10 ans, l’asbl ‘Une note pour chacun’, parrainée par José Van Dam et Christian Merveille, organise des activités musicales pour les enfants handicapés ou hospitalisés. Animations musicales, concerts, cours de musique, atelier de bricolage d’instruments… sont proposés très régulièrement aux enfants dans six établissements (la plupart sont des hôpitaux bruxellois). Toutes ces activités apportent bonheur et évasion aux enfants qui les attendent d’ailleurs avec impatience.
L’année passée, interpellée par la Ligue des droits de l’enfant sur les problèmes d’intégration scolaire rencontrés par certains enfants atteints de maladies chroniques, l’asbl a décidé de créer un CD destiné aux enfants des écoles primaires et à leurs professeurs.
L’objectif est d’ouvrir une réflexion au sein de la classe pour que les enfants atteints de pathologies chroniques soient mieux accueillis et acceptés et pour qu’eux-mêmes puissent parler de leur maladie s’ils le souhaitent. ‘ Ces enfants , victimes d’une première discrimination face à la vie en subissent parfois une deuxième par manque d’information ou de reconnaissance de la problématique qui les touche ‘, explique Pascale de Laveleye , musicienne et responsable de l’asbl ‘Une note pour chacun’. ‘ Leur maladie engendre souvent la peur, l’incompréhension et parfois le rejet sous différentes formes: refus d’inscription, manque d’endroits pour se soigner, incompréhension face aux symptômes …’
Diabète, mucoviscidose, maladie cardiaque, asthme, épilepsie, obésité, leucémie, eczéma… autant de maladies mises en paroles et musiques avec pudeur, poésie et même humour par toute une série d’artistes qui, autour de Pascale de Laveleye, ont uni leurs talents de chanteur, compositeur, musicien et comédien pour donner naissance à ‘ Attrape ma chanson ‘. Un CD d’une grande variété musicale grâce aux arrangements de Karim Baggili , un jeune musicien extrêmement doué. Des enfants ont également accompagné certaines chansons.
S’il parle de la maladie, ‘ Attrape ma chanson ‘ n’est pas triste pour autant. Au contraire. Ce CD est très gai et intéressera un très large public d’animateurs de jeunesse, d’enseignants, de travailleurs sociaux et de parents soucieux d’ouverture aux autres et de tolérance…

Joëlle Delvaux , En Marche ‘Attrape ma chanson’ peut être commandé auprès de l’asbl ‘Une note pour chacun’ en versant 10 euros (2 euros de frais d’envoi inclus) au compte de l’asbl n° 068-2146753-73 en précisant ‘CD’ en communication.
Renseignements:
téléphone ou fax : 02-374 76 83
courriel : unenotepourchacunasbl@skynet.be

Article paru dans En Marche, le 1/1/2004.

Une conférence de lutte contre le sida

Le 30 Déc 20

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A l’échelle mondiale, 40 millions de personnes sont contaminées par le HIV; 5 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année; en 2003, 3 millions de malades sont morts.
En Belgique, en moyenne, 1000 nouveaux séropositifs sont enregistrés chaque année. Cette incidence croît depuis quelque temps d’environ 1% chaque année.
Depuis le début de l’épidémie, on a enregistré dans notre pays plus de 16.000 personnes séropositives, et les derniers chiffres connus, relatifs au premier semestre 2003 (499 nouveaux cas contre 457 dépistés au premier semestre 2002) confirment la tendance négative actuelle. Evidemment, il est toujours difficile de les interpréter correctement à partir du moment où, comme le précisent certains spécialistes de la question, ‘ces chiffres dépendent non seulement des nouvelles infections mais aussi de la politique de dépistage mise en oeuvre. Si on améliore le dépistage, on augmente le nombre de cas de dépistés…’ ( Dr Legrand , chef de clinique des maladies infectieuses du CHU de Charleroi).
L’amélioration des conditions thérapeutiques, la plus grande mobilité des populations, dont récemment les migrations à partir des pays de l’Est ont alimenté au même titre que la banalisation du problème, l’augmentation de son incidence. Il est inadmissible de laisser progresser cette tendance à la hausse. On ne peut accepter cette fatalité, même si ces chiffres méritent de ne pas être interprétés de manière simpliste.
Il importe de réaffirmer combien il s’agit de se mobiliser, à tous niveaux, pour lutter contre le sida. Il est de notre devoir à tous, responsables politiques mais aussi intervenants de terrain, de prôner la vigilance. Et la vigilance est d’autant plus indispensable que des chercheurs, parmi les plus sérieux, estiment que le pic de la progression de la maladie ne pourrait être atteint qu’en 2040! Nous avons, cependant, souvent l’impression que, et nous faisons comme si, le pire était derrière nous…
Il faut le rappeler sans cesse: on ne guérit toujours pas du sida. Il est vrai que la génération actuelle est née lorsqu’émergeaient des possibilités de traitement. Les recherches ont certes progressé, permettant un allongement de la vie des malades, mais l’arrivée d’un vaccin thérapeutique dont on parle beaucoup est loin d’être imminente. De plus, ce vaccin ne permettrait qu’un ralentissement de l’évolution de la maladie et n’empêcherait pas sa survenance.
Une trop grande banalisation s’est installée avec le temps et les comportements de prudence se sont estompés. Une récente enquête de Test-Achats le confirme: 65% des personnes interrogées déclarent ne jamais recourir au préservatif (1) . Quant aux publics les plus vulnérables, ce sondage révèle que 42% des homosexuels n’utilisent pas cet unique moyen de protection contre le sida.
Il n’est évidemment pas question de se retrancher derrière cette analyse tout simplement parce que le nombre de cas de sida a augmenté. Un seuil permanent de sensibilisation «grand public» doit permettre de maintenir cette vigilance et d’accrocher des campagnes d’information destinées surtout aux publics plus vulnérables, pour lesquels les démarches doivent être plus spécifiques. Je prévois d’ailleurs une nouvelle campagne audiovisuelle d’envergure en 2004.
La problématique reste donc entière, grave et très préoccupante. Au-delà des campagnes d’information et de sensibilisation il s’agit aussi de reformuler les politiques de prévention du sida, de les actualiser et de les renforcer: un nouvel élan de mobilisation des acteurs mais aussi des pouvoirs publics est nécessaire. Je suis convaincue que nous pouvons faire mieux et obtenir une stabilisation du développement de l’épidémie dans notre pays.

Mobilisation des acteurs et des pouvoirs publics

C’est la raison pour laquelle, soutenue par le Ministre-Président Hervé Hasquin , j’ai décidé de lancer un appel à une mobilisation générale. Afin de prendre cette problématique à bras-le-corps, dans ses nombreuses composantes, il est en effet indispensable d’associer à cette démarche, d’une part tous les acteurs professionnels du secteur du sida, et d’autre part toutes les compétences communautaires concernées (enseignement, culture, milieux d’accueil, égalité des chances…) ainsi que les compétences complémentaires au sein des différentes entités fédérées et de l’Etat fédéral (affaires sociales, égalité des chances, intégration sociale, intérieur… ).
«Pour la mobilisation des acteurs et des pouvoirs publics», c’est le pilier qui doit soutenir la Conférence de lutte contre le sida que je lance dès ce mois de janvier. Elle se déclinera en quatre ateliers:
discrimination vis-à-vis des personnes séropositives;
– stratégie coordonnée de dépistage ;
– prévention des populations parmi les plus vulnérables (communauté homosexuelle, migrants, malades du sida);
conditions d’accès en matière de prévention, de soins et d’accompagnement.
Une Conférence plénière réunira, en mars 2004, l’ensemble des participants aux ateliers (ministres des différents niveaux de pouvoir et acteurs de la lutte contre le sida) et tous les publics concernés (professionnels de la santé, services sociaux, associations de prévention du sida et des MST, bénévoles…) afin de sélectionner, suite aux travaux des ateliers, les recommandations stratégiques à adopter pour l’avenir. L’Observatoire du sida et des sexualités de la Communauté française assurera la coordination scientifique et le suivi méthodologique des travaux.
Pour créer et mettre en oeuvre une véritable politique cohérente et concertée, et parce que le sida doit s’inscrire dans une approche plus globale que purement médicale, je tiens également à solliciter tous les relais: les plannings familiaux, les médecins généralistes et spécialistes, les services sociaux, les équipes de Promotion de la santé à l’école, les milieux de jeunesse, les centres d’accueil et les services d’immigration. Tous ont un rôle à jouer.
Le Gouvernement de la Communauté française a marqué son accord à ma proposition de préparation et de réalisation de cette Conférence, comme il avait marqué son accord pour retenir la prévention du sida et des MST comme une des priorités du plan d’action de la Charte d’avenir , ouvrant ainsi la possibilité de moyens nouveaux pour des actions en cette matière.
Les moyens consacrés à la prévention du sida représentent l’un des plus gros budgets dans le cadre des dépenses «santé» de la Communauté française après la vaccination (2.196.000 € en 2003 et 78.000 € en plus en 2004), et ces moyens vont encore progresser.
Il est urgent et nécessaire d’établir une politique solide et ambitieuse pour lutter efficacement contre la propagation du sida. C’est l’ambition de la Conférence de lutte contre le sida qui se déroulera en mars 2004 et des ateliers qui la prépareront que de dresser les balises et les objectifs concrets pour les 5 années à venir. Ce qui est souhaitable c’est donc une mobilisation des acteurs de la prévention du sida – y compris ceux qui échappent habituellement à cette appellation – et des pouvoirs publics pour un renouvellement de l’approche préventive, pour une articulation avec le dépistage, les soins et le secteur social, pour une réduction de l’incidence de l’infection par des stratégies actualisées.
Nicole Maréchal , Ministre de la santé


(1) Plus précisément, 65% des Belges ont répondu ‘jamais’ ou disent que cela ‘ne s’applique pas à leur situation’, ce qui nuance un peu le propos (ndrl).

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Le sida et vous. Exprimez-vous’

Le 30 Déc 20

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Le sida se transmet non seulement par le virus HIV, mais aussi par le silence, l’indifférence, l’ignorance, les préjugés, les tabous.
Des millions de gens sont victimes du sida, des millions d’autres en seront victimes dans les années à venir. Les traitements ont remarquablement progressé, mais l’énorme majorité des personnes atteintes dans le monde n’y a pas accès en raison de leur coût. Le constat sur la situation de l’épidémie est accablant mais le sida ne fait plus la Une de l’actualité. C’est le silence, l’indifférence.
Ces traitements restent très lourds, assortis d’effets secondaires pénibles. Contrairement à la rumeur, ils ne guérissent pas. Et il n’existe encore aucun vaccin. Le seul moyen de lutter contre la propagation du sida, c’est la prévention, la connaissance et l’utilisation des moyens de protection. Pourtant, même chez nous, dans notre société bien informée, le silence et l’indifférence engendrent une méconnaissance dramatique tant au niveau des risques que des moyens de transmission et de protection. Le nombre de nouveaux cas de séropositivité enregistrés a recommencé à augmenter depuis 1997. C’est le prix de l’ignorance, des préjugés, des tabous.
Cette indifférence, ces préjugés, on les retrouve dans l’attitude de discrimination de la population à l’égard des séropositifs et malades du sida. Elle se traduit en refusant, par exemple, de travailler ou d’étudier avec un séropositif, en admettant comme normal le fait qu’une entreprise licencie un séropositif. Résultat: les séropositifs sont non seulement confrontés à une maladie grave, mais aussi, souvent, à la peur d’en parler, à la solitude, au rejet.
Lutter contre toute forme de discrimination à l’égard des personnes contaminées par le sida et leur exprimer sa solidarité, prendre conscience de la gravité de l’épidémie et de l’urgence d’agir, tant au niveau de la prévention que de l’accès aux traitements, tel est l’enjeu de la Journée mondiale du sida.
En décembre 2003, l’ONUSIDA a choisi pour thème ‘Stigmatisation et discrimination’, deux points qui soulignent la volonté de briser le silence et les barrières faisant obstacle à la prévention et à la prise en charge efficace de la maladie.

Ecouter les autres et prendre la parole

Pour marquer le coup cette fois-ci, la Plate-forme prévention sida a innové en proposant une exposition interactive. ‘Le sida et vous. Exprimez-vous.’ s’inscrit dans la foulée de l’exposition organisée l’an dernier (1) , une exposition qui donnait la parole aux personnes séropositives vivant parmi nous sous forme de photos noir et blanc assorties chaque fois du témoignage de la personne. Une façon simple de savoir comment vivent les séropositifs et de découvrir, éventuellement, les discriminations dont ils font l’objet.
En décembre 2003, le projet allait plus loin, puisque l’exposition donnait aussi la parole aux visiteurs, via le Caméramaton. Pourquoi?
Thierry Martin , directeur de la Plate-forme prévention sida:
Nous voulions une forme d’interactivité qui permette à chaque personne de s’exprimer , de faire écho de ses craintes , de ses difficultés , de ses opinions .
Nous voulions aussi que cette exposition apporte quelque chose de réellement utile aux personnes qui travaillent dans la prévention , et c’est le cas puisque les témoignages que nous récolterons ainsi constitueront une source d’information capitale pour notre travail .
Ce qui me mène à la notion de continuité , un élément essentiel de notre action tant au niveau de la prévention que de la lutte contre la discrimination et pour l’accès aux traitements .’
Concrètement, l’exposition permettait:
– de s’informer (sur le sida dans le monde, la bonne utilisation du préservatif, les modes de contamination, l’historique du ruban rouge, la solidarité);
– de regarder et écouter les autres (des personnalités de tous horizons (télévision, mode, sports, rock…) livrent sur écran vidéo leurs témoignages et réflexions sur le sida, complétés par ceux de séropositifs, de séronégatifs, de gens actifs sur le terrain de la prévention et des soins);
– de s’ exprimer (des coups de gueule, des craintes, ce qu’on a sur le coeur, ce qu’on veut dire, ce qu’on n’a jamais osé dire concernant le sida. L’ ‘acteur’ filme lui-même son témoignage dans la cabine du Caméramaton (voir encadré);
– de contribuer à l’action sur le terrain . L’ensemble des témoignages recueillis sera d’une grande utilité pour la Plate-forme prévention sida. Comme base de réflexion pour des actions futures. Et comme outil audiovisuel pour des séances d’information et de prévention, par exemple dans les écoles.

Un témoignage

(extrait des entretiens réalisés par Thierry Martin, directeur de la Plate-forme prévention sida, dans le cadre de la préparation des films vidéo de l’exposition) Avec Kasavubu j’ai fondé une association au Congo dans le domaine du football, pour créer des terrains, des infrastructures, etc. Ici, on organise des petits concerts, etc, pour récolter des fonds. Maintenant que je connais une association qui s’occupe de la prévention sida, j’essaierai aussi de créer un lien entre la lutte contre le sida et mon association.

Mbo Mpenza, 27 ans, footballeur, attaquant Diables rouges
Sur sa réaction à l’égard de la séropositivité
Quelqu’un de très proche m’a annoncé, il y a trois ou quatre ans, qu’il était séropositif. Il me l’a dit, cela prouve qu’il avait confiance en moi et moi, j’ai confiance en lui. Il m’a demandé si cela allait changer quelque chose à notre relation. J’ai dit: non, évidemment, tu resteras toujours parmi les personnes qui me sont chères. Pour moi, ça ne pose pas de problème.
Sur l’utilisation du préservatif
Quand j’étais célibataire, si je sortais, je prenais toujours mon préservatif. Je le mettais automatiquement, chaque fois, parce que, pour soi-même comme pour la personne avec qui on veut faire l’amour, il faut se protéger et protéger l’autre. Même si ce n’est jamais évident, il faut que cela devienne un automatisme. Comme on met une paire de chaussures avant de sortir, il faut mettre un préservatif avant de faire l’amour. C’est la seule façon de se protéger. Cela ne guérira pas le sida, mais il y aura de moins en moins de personnes qui l’attraperont.
Sur sa réaction face à la situation en Afrique
C’est le dégoût. Comme je suis originaire du Congo, de Kinshasa, je suis particulièrement touché par ce qui se passe en Afrique. 600 personnes qui meurent par jour en Afrique du Sud, c’est énorme. C’est un chiffre qu’il faut au moins diminuer. On peut le faire, il faut faire de la prévention. Que les gens, là-bas comprennent comment on peut limiter le problème.

Le Caméramaton , pour inviter très concrètement les visiteurs à s’exprimer

Le Caméramaton même se compose d’une cabine équipée d’une caméra vidéo (sur le principe du photomaton). Les visiteurs ont la liberté de pénétrer dans cette cabine, seuls ou à plusieurs, pour y exprimer ce qu’ils ont envie de dire sur le sida devant la caméra, en actionnant eux-mêmes, très simplement, le dispositif d’enregistrement.
Il suffit de pousser sur un bouton et de parler. Pas besoin d’avoir préparé un texte, ni d’avoir des talents d’orateur. Ce qui est important, notamment pour que la prévention soit toujours plus efficace, c’est de savoir comment un maximum de gens réagissent face au sida, aux séropositifs, se protègent ou non, ont peur ou non, savent ou ne savent pas exactement comment le virus se transmet, pensent qu’il faudrait faire telle ou telle chose, ou tout simplement, trouvent l’occasion de parler librement du sida, sans gêne, sans tabou …

L’exposition a été organisée dans les locaux du Théâtre National de la Communauté française. Ce Théâtre est installé actuellement au premier étage du 85, boulevard Anspach, dans le bâtiment de l’ancien cinéma Pathé Palace, qui abrite également le Palace, bar le jour, discothèque la nuit.
Elle était répartie en deux salles, le Hall et le Foyer. Le Hall, au rez-de-chaussée, est un (beau et spacieux) lieu de passage, emprunté par toute personne se rendant au Théâtre ou au Palace. Le Foyer, au premier étage, est fréquenté par les spectateurs et les comédiens du Théâtre.
L’exposition pouvait ainsi être vue, non seulement par les visiteurs venant spécialement dans ce but, mais également par les publics du Théâtre National et du Palace. ‘ Un aspect important , commente la scénographe Sylvie Desauw , qui a mis en scène et coordonné toute l’exposition, car cette fréquentation de l’endroit par différentes personnes et à différentes heures correspond tout à fait au projet .’
La Plate-forme est disposée à envisager de faire circuler en tout ou en partie cette nouvelle exposition en Communauté française Wallonie-Bruxelles. N’hésitez pas à lui faire par de vos idées à ce sujet!
D’après le dossier de presse de la Plate-forme prévention sida , initiateur du projet
Plate-forme prévention sida, av. de Béco 67, 1050 Bruxelles.
Tél.: 02 733 72 99 . Fax: 02 646 89 68.
Courriel: preventionsida@skynet.be.
Site: [L=https://www.preventionsida.org]www.preventionsida.org[/L].
(1) Voir ‘Vivre ensemble. Une campagne pour plus de solidarité’ dans Education Santé n°176, pp.2-6

Evaluation d’une campagne médiatique et de mobilisation des relais sur le thème de l’alimentation

Le 30 Déc 20

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L’Observatoire de la Santé du Hainaut (OSH) est à l’origine d’une campagne médiatique et de mobilisation des relais sur le thème de la santé cardio-vasculaire. Le premier volet consacré à l’alimentation s’est déroulé au cours du premier semestre 2002. Le deuxième volet, en cours en cette fin d’année 2003, porte sur l’activité physique au quotidien. Au programme, dans les deux cas: des spots destinés à la télévision et à la radio, et des brochures. Nous vous présentons l’évaluation des spots télé et radio ainsi que des brochures sur l’alimentation, qui ont été conçues comme compléments au matériel audiovisuel.
Belle opportunité pour les promoteurs de la santé: celle d’espaces gratuits réservés à des messages de promotion de la santé à la radio et à la télévision au prorata de la publicité qui y est faite pour les médicaments, les traitements médicaux et l’alcool (arrêté du 18 janvier 1995 modifié par un arrêté de juillet 1997 du Gouvernement de la Communauté française). Ces messages doivent certes s’aligner sur le format des messages publicitaires (30 secondes maximum) et se voient diffusés au sein même de ces écrans (au risque de cohabitations malencontreuses).
Si la diffusion est gratuite, les frais de production sont à charge des promoteurs de la campagne. La procédure de scénarisation, de production, de réalisation d’une brochure proposée à la fin des spots (pas une obligation, mais un complément bienvenu) mais aussi le projet d’évaluation de la campagne sont scrupuleusement suivis par la Commission d’avis ‘Campagnes radiodiffusées’ Conseil supérieur de la de promotion de la santé de la Communauté française.
A l’initiative de la campagne cardio-vasculaire: l’Observatoire de la santé du Hainaut. Il a puisé sa motivation dans une expérience antérieure de réalisation et de diffusion (à ses frais cette fois) de clips d’une minute trente sur les télévisions régionales du Hainaut. Traitant de la santé cardio-vasculaire, à travers l’alimentation, le tabagisme (actif et passif), l’activité physique, l’hypertension artérielle, les messages des clips avaient été validés par un comité d’accompagnement externe. Le matériel présentait suffisamment d’intérêt aux yeux de l’OSH pour tenter l’adaptation à un autre format. Réutiliser les images de ces clips, souhait initial, se révéla impossible, malgré des tentatives épaulées par l’asbl Question Santé, de bout en bout associée techniquement au projet.

Le contenu de la campagne

Renforcer des connaissances

Trois spots (télé et radio) sur l’alimentation ont diffusés. Deux brochures leur ont été associées. La Fondation pour la chirurgie cardiaque et l’Observatoire de la santé du Hainaut ont noué un partenariat pour les spots «Modes de cuisson» et «Graisses cachées» ainsi que pour la brochure «Alimentation, saveurs et santé».
Le spot «Fruits» et la brochure «Fruits et légumes, la santé au naturel» sont, eux, nés des efforts conjugués de l’OSH, de la Fédération belge contre le cancer et de l’ORPAH.
Dans le texte qui suit, nous évoquons donc deux campagnes: «Alimentation, saveurs et santé » et «Fruits et légumes».
Les objectifs de communication de ces deux campagnes étaient de renforcer des connaissances en matière alimentaire, de les crédibiliser.
Avec les slogans des spots («Un fruit, c’est bien, deux c’est mieux », «Mangeons santé varions les modes de cuisson»,et «2/3 des graisses sont cachées, apprenons à les repérer»), les promoteurs de la campagne n’entendaient pas délivrer de scoop, mais bien légitimer et renforcer des informations dans l’air du temps.
Le public ciblé est un public «généraliste», principalement le public adulte, à travers lequel des répercussions sur un public spécifique, comme les enfants, sont possibles.

Prétest

On notera que la commission d’avis du Conseil supérieur de promotion de la santé a jugé nécessaire le prétest de deux plans-images sur trois.
Dans le plan-image sur les graisses cachées, la teneur en graisses cachées apparaissait en surimpression sur des aliments. Lors du prétest, les personnes nous ont proposé d’élargir la gamme d’aliments présentés.
Dans le plan-image sur les modes de cuisson, deux modes de cuisson alternatifs à la cuisson au beurre étaient montrés. Là encore, les personnes en veulent davantage à l’image. Nous avons choisi de le faire en accéléré pour rester dans le timing.
Le test de la maquette de la brochure «Alimentation, saveurs et santé » a conduit à aérer la mise en page et à introduire une table des matières pour les recettes, jugées unanimement intéressantes.

Scénarii

Alors qu’il s’apprête à cuisiner au beurre, un homme est interpellé dans sa cuisine: «Dis, si tu variais tes modes de cuisson?». Il s’exécute aussitôt et c’est la valse des modes de cuisson (filmée en accéléré).
Le slogan «Mangeons santé, varions les modes de cuisson» apparaît. La brochure «Alimentation, saveurs et santé» est proposée.
Pour le spot «Graisses cachées», un inspecteur de police visite une maison la nuit. Il découvre divers aliments. La teneur en graisses cachées apparaît sur les aliments.
«Deux tiers des graisses sont cachées, apprenons à les repérer.» , dit le slogan. Ici aussi, la brochure «Alimentation, saveurs et santé» est proposée.
Pour le spot «Fruits», quelques personnes participent à un micro-trottoir et citent le dernier fruit qu’elles ont mangé. Le spot se termine par le slogan «Un fruit, c’est bien, deux fruits c’est mieux» et par la proposition de la brochure «Fruits et légumes, la santé au naturel », comprenant des conseils et des recettes.

Diffusion des spots

L’arrêté stipule que tous les organismes de radiodiffusion de la Communauté française sont concernés. Cela représente aussi bien les chaînes de télévision de service public que les chaînes privées commerciales telles que RTL-TVI, Club RTL ou Canal +. Toutes les radios sont concernées: La Première, Fréquence Wallonie, Radio 21, Musique 3 et Bruxelles Capitale), ainsi que les réseaux privés (Contact, NRJ, Fun Radio, Nostalgie, Radio Ciel…).
La diffusion est intervenue de janvier à mai 2002 (première quinzaine de janvier, de février, mars, avril et dernière quinzaine de mai).
La diffusion quotidienne moyenne fut de deux spots (trois passages sur les chaînes publiques, un sur les chaînes privées).
Le spot sur les fruits n’a pas pu être diffusé sur les chaînes de radio publiques pour cause de dépassement de quotas pour des messages de promotion de la santé. Notons au passage que ce déficit de diffusion n’a été en rien signifié ni a fortiori négocié avec le promoteur de la campagne!

Diffusion des brochures

La diffusion des brochures a eu lieu grâce à différents canaux: la Communauté française, les relais en Province de Hainaut et la presse.
Le Service du téléphone vert de la Communauté française, le 0800 20 000, numéro d’appel gratuit, était renseigné à la fin des spots. Les téléphonistes ont assuré l’envoi des brochures. La Communauté française a pris en charge les frais d’envoi.
En Province de Hainaut, les relais, au sens large, en promotion de la santé (professionnels de la santé, services sociaux, communes, hôpitaux…).ont été informés de la campagne médiatique. Ils avaient la possibilité de passer commande pour les deux brochures.
L’institution provinciale s’est mobilisée via le Plan directeur provincial de la santé .
Une campagne de presse a été organisée. La presse a été sollicitée comme relais pour l’information. Deux conférences de presse ont été organisées.
La brochure «Fruits et légumes, la santé au naturel» a fait par la suite, seule, l’objet d’un communiqué de presse.

Budget

Le budget nécessaire pour la réalisation d’un spot est d’environ 10.000 euros. Le tirage de chacune des deux brochures fut de 60.000 exemplaires. Le budget nécessaire par brochure fut d’environ 15.000 euros.
On peut estimer le coût de la campagne à 60.000 euros pour la production du matériel. Sans compter le temps de préparation du projet en réunions techniques et de concertation (une trentaine), de documentation et de rédaction des dossiers à soumettre à la commission d’avis et des brochures, soit environ un équivalent universitaire plein temps durant six mois.
Le coût des espaces de diffusion offert est estimé par les régies publicitaires à plus de 500.000 euros. L’investissement des promoteurs reste donc rentable.

Evaluation de la campagne

Etant donnée l’ampleur de la campagne, la masse d’effort fournis tant en énergie qu’en coûts directs et indirects, et pour répondre à la réglementation sur les financements des campagnes par la Communauté française, l’ensemble des partenaires a souhaité mener une évaluation. Elle porte sur la diffusion des brochures et l’appréciation des spots et des brochures.

Diffusion des brochures

Par le Service du téléphone vert
Le Service du téléphone vert de la Communauté française s’est livré au recensement précis de toutes les brochures qui ont été envoyées par ses soins à des téléspectateurs ou auditeurs des spots.
Environ 30.000 personnes ont fait appel au numéro vert gratuit de la Communauté française pour la campagne «Alimentation, saveurs et santé» et 8.000 pour la campagne «Fruits et légumes». Cette dernière a bénéficié, rappelons-le, d’une moins large diffusion de spots.
La majorité des appels viennent du Hainaut. On note aussi un très grand taux de pénétration dans le Brabant wallon et un score relativement faible pour la Région de Bruxelles-Capitale.
Par des relais dans le Hainaut
Les demandes de documents émanant de relais ont été comptabilisées et regroupées par catégories de demandeurs.

Répartition de la diffusion des brochures par catégorie de relais

Saveurs et santé Fruits et légumes
Communes 8000(32%) 7420(29%)
CPAS 3600(4%) 1775(6%)
Médecins généralistes 160)(0,6% 1370(5,4%)
IMS-PMS 2000(8%) 1360(5,3%)
Ecoles 1000(4%) 3200(12,5%)
Entreprises 730(2,9%) 1170(4,6%)
Hôpitaux 2500(10%) 2450(9,6%)
Pharmacies 60(0,024%) 65(0,025%)
Mutuelles et CLPS 3100(12,4%) 4220(16,5%)
Autres (associations, province…) 3850(15,4%) 2505(9,8%)
Total 25000(100%) 25535(100%)

Le volume de brochures distribuées via des relais en Hainaut pour les deux campagnes est très similaire.
Parmi les relais, les plus grands demandeurs sont les communes (30%), les Mutuelles et les CLPS (14,5%), les CPAS (10,7%), les hôpitaux (9,8%), les écoles (8,2 %), les PSE-PMS (6,6%).
Pour la diffusion de la seconde brochure, «Fruits et légumes, la santé au naturel », un type de relais particulier a été sollicité avec succès: les médecins généralistes formés à la prévention des maladies cardio-vasculaires par l’OSH (dans le cadre d’un projet commun avec la SSMG).
Via la presse écrite et audiovisuelle
Nous nous sommes livré à l’inventaire des articles et reportages radio et télé réalisés suite aux deux conférences de presse et à l’envoi d’un communiqué de presse consacré spécifiquement à la brochure «Fruits et légumes» après la seconde conférence de presse
Suite à l’interpellation des médias, cinquante articles ont vu le jour. Huit interviews ont été réalisées.
En matière de presse écrite, le tirage des différents quotidiens, hebdomadaires, mensuels qui ont relayé l’information permet d’évaluer à 5.000.000 les contacts potentiels avec les lecteurs.
5.000 demandes individuelles environ parvinrent à l’Observatoire de la santé du Hainaut suite à la lecture d’articles, et ce pour chaque campagne. La plupart des demandes effectuées à l’OSH provenaient d’habitants de la province.

Appréciation des spots et des brochures

Une double enquête téléphonique a été menée. Pour la campagne «Alimentation, saveurs et santé», 79 personnes ont été interrogées. L’échantillon a été extrait de 3.000 adresses transmises par le Service du téléphone vert. Il s’agit de demandes intervenues entre le 24 février et le 7 mars 2002.
Pour la campagne «Fruits et légumes», l’échantillon est de 104 personnes. Il est issu des appels arrivés à l’OSH pour obtenir une brochure.
Pour la campagne «Alimentation, saveurs et santé», le portrait type est une femme dans 2/3 des cas de plus de 40 ans relativement en bonne santé (état de santé subjectif meilleur que la moyenne exprimée dans l’Enquête nationale de santé). Vivant en couple dans 2/3 des cas, plus instruite que la moyenne de population puisque 60 % ont un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur au moins, active professionnellement dans 1/3 des cas et relativement sensibilisée à l’utilisation des graisses.
Pour la campagne «Fruits et légumes », on note plus de femmes, plus jeunes, plus actives, plus de foyers nombreux. Le niveau d’instruction se rapproche du niveau moyen de la population.
Pour les deux brochures, seules des femmes commandent la brochure pour quelqu’un d’autre du foyer.
Avis sur les spots
Une bonne partie des personnes qui se souviennent avoir vu ou entendu les spots de la campagne «Alimentation, saveurs et santé» ne se souviennent plus du tout de son contenu. Ceux qui donnent un avis sont donc une portion très restreinte des interviewés.
Dans l’ensemble, les spots ont été trouvés intéressants par la toute grande majorité de ceux qui les ont vus, relativement peu cités comme amusants ou originaux mais aucune opinion négative n’a été émise.
Pour le spot «Fruits et légumes», la même proportion de personnes l’a trouvé intéressant mais aucun ne l’a trouvé original ni amusant.
Avis sur les brochures
La toute grande majorité des personnes ayant demandé la brochure «Alimentation, saveurs et santé» (83 %) a été informée de l’existence de cette brochure et sensibilisée via la radio et la télévision, 17 % des répondants mentionnent également la presse écrite.
Une personne interrogée sur trois n’associe pas les brochures à des spots sur la santé. La plupart de ceux qui les ont vus ou entendus, les ont vus ou entendus plusieurs fois, le plus souvent le matin et le soir, pas tellement dans la journée.
Ce qui est retenu, c’est, dans la majorité des cas, la proposition de brochure, son titre, le numéro de téléphone, les thèmes évoqués.
La toute grande majorité des personnes interrogées disent avoir lu au moins partiellement les brochures, et près de la moitié intégralement.
Les personnes qui ont lu intégralement la brochure «Alimentation, saveurs et santé» ont apprécié les recettes dans 31 % des cas, les informations sur les graisses et le cholestérol dans 25 % des cas. Les modes de cuisson sont préférentiellement cités dans seulement 8 % des cas.
Une toute grande proportion des personnes qui ont lu partiellement la brochure «Fruits et légumes, la santé au naturel » ont été intéressées particulièrement par les recettes.

Brochure ‘Alimentation, saveurs et santé’

Hommes Femmes Total
n % n % n %
Cette brochure vous a-t-elle appris quelque chose? oui 16 61,5 36 72 52 68,4
Avez-vous mis certains conseils en pratique? oui 8 32 24 47,1 32 42,1
Si non, vous a-t-elle donné envie de changer vos habitudes? oui 5 31,3 13 41,9 18 38,3
Avez-vous mis certaines recettes en pratique? oui 9 36,15 32,6 24 33,8

Brochure ‘Fruits et légumes’

Hommes Femmes Total
n % n % n %
Cette brochure vous a-t-elle appris quelque chose? oui 11 57,9 44 53 55 53,9
Avez-vous mis certains conseils en pratique? oui 9 47,4 30 37,5 32 39,4
Si non, vous a-t-elle donné envie de changer vos habitudes? oui 2 14,3 13 23,2 15 21,4
Avez-vous mis certaines recettes en pratique? oui 2 15,4 7 12,1 9 12,7

«Alimentation, saveurs et santé» a offert davantage une information neuve à ses lecteurs que «Fruits et légumes, la santé au naturel»: 68,4% contre 53,9%.
En ce qui concerne les éléments appris grâce à la brochure «Alimentation, saveurs et santé», 50 % mentionnent les graisses, 30 % les modes de cuisson, 20% le cholestérol.
Les personnes interrogées déclarent avoir mis les conseils en pratique dans respectivement 42,1% et 39,4% des cas.
Les brochures ont suscité l’envie de modifier les habitudes dans 38,3% et 21,4%.
Les recettes ont été mises en pratique dans 33,8% des cas et 12,7% des cas.

Synthèse

Près de 100.000 personnes ont obtenu la brochure «Alimentation, saveurs et santé» ou «Fruits et légumes, la santé au naturel», complément d’information de la campagne audiovisuelle alimentation.
Elles l’ont demandée au Service du téléphone vert de la Communauté française (38.000 appels), à l’Observatoire de la santé du Hainaut (10.000 demandes) ou l’ont reçue via des relais en Province de Hainaut (50.000).
Parmi les relais, les plus grands demandeurs sont les communes (30%), les mutuelles et les CLPS (14,5%), les CPAS (10,7 %), les hôpitaux (9,8%), les écoles (8,2%), les PSE-PMS (6,6%).
L’évaluation (via enquête téléphonique) de l’impact des brochures montre que 60 % de l’échantillon a trouvé une information neuve dans les documents.
La toute grande majorité des personnes interviewées disent avoir lu au moins partiellement les documents.
40 % des personnes interrogées ont mis les conseils en pratique.
Le public féminin est à l’origine de 75% des demandes de brochures.

Discussion

L’évaluation de l’ensemble de la campagne nous conforte dans l’idée qu’un spot seul a bien moins d’impact que lorsqu’il se clôt par la proposition d’une brochure.
En effet, l’évaluation montre que le public se souvient surtout en ce qui concerne les spots de la proposition du document à la fin de ceux-ci.
Reste à savoir si les téléspectateurs et les auditeurs se souviendraient davantage de spots plus longs, grâce à l’économie de la présentation d’une brochure…
Pour ce qui est des brochures, l’évaluation montre que les recettes (pour les deux documents) le tableau sur la teneur des aliments en cholestérol (pour «Alimention, saveurs et santé ») intéressent particulièrement les lecteurs. Ces éléments d’évaluation ont été intégrés dans la conception du deuxième volet de la campagne cardio-vasculaire consacré à la promotion de trente minutes quotidienne d’une activité physique modérée.
A noter le profil des personnes chez qui les brochures suscitent de l’intérêt: pour l’ensemble de la campagne, dans plus de 2/3 des cas, le portrait type des personnes intéressées par les brochures est celui d’une femme (à l’état de santé plus favorable que la moyenne décrite par l’Enquête nationale de santé, du moins pour les femmes demandeuses de la brochure «Alimentation, saveurs et santé»).
En ce qui concerne la mobilisation des relais hennuyers, le travail loco-régional prend ses racines dans un projet de diffusion de clips sur les télévisions régionales. Les documents proposés à leur terme étaient (comme dans le cadre de cette campagne) diffusés vers la population via la proximité offerte par les relais.
La mobilisation des relais de terrain fut un succès et un facteur de rémanence de l’intervention. Les médecins généralistes, mobilisés de manière structurée par le canal d’un projet de formation continuée à la prévention cardiovasculaire, ont permis de distribuer 5% de l’ensemble des brochures «Fruits et légumes». On notera là tout l’intérêt de créer des synergies entre cette campagne et un projet à vocation plus structurelle.
La presse a répondu présent au cours de cette campagne. L’envoi d’un communiqué de presse sur la seule brochure «Fruits et légumes » quelques semaines après la conférence de presse, nous permet encore de recevoir des appels plus d’un an après la campagne. L’avantage d’un communiqué sur la brochure permet de ne pas lier exclusivement son existence à la campagne. La brochure sort ainsi de la vie limitée de la campagne de spots sur les fruits et légumes (diffusés pendant quinze jours seulement en ce qui les concerne). La demande d’une information de santé crédible et validée par le service public existe au sein de la population. La brochure sur les fruits et les légumes vient d’ailleurs de faire l’objet d’une réédition.
Véronique Janzyk , Alain Husdens (Cellule Communication), Luc Berghmans (Médecin-Directeur),
Observatoire de la santé du Hainaut
rue St-Antoine 1, 7021 Havré
Tél.: 065 87 96 00
Fax.: 065 87 96 79
observatoire_sante@hainaut.be

Sourire, un privilège?

Le 30 Déc 20

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Lutter contre les inégalités sociales en matière de santé dentaire, c’est le pari que vient de lancer le Ministre fédéral de la Santé publique, Rudy Demotte, en donnant le coup d’envoi d’une campagne à l’intitulé réjouissant, «Sourire pour tous». Une action financée par l’INAMI et réalisée par la Fondation pour la Santé dentaire qui ouvre un accès gratuit aux soins dentaires à quelque 15 000 de nos enfants les moins favorisés et qui mise, à plus long terme, sur une sensibilisation effective à l’hygiène bucco-dentaire tant des enfants que de ceux qui les encadrent.
Si en Belgique, la santé dentaire des enfants et des adolescents s’est nettement améliorée au cours des dix dernières années, il faut malheureusement constater que l’écart entre les privilégiés et les non privilégiés s’est, lui, agrandi. La proportion d’enfants avec des caries non soignées est ainsi plus élevée parmi les enfants issus de milieux à très bas revenus. Un constat d’inégalités à l’origine d’une heureuse initiative politique en faveur des soins dentaires aux enfants de familles précarisées: l’arrêté royal du 24 septembre 2003, aujourd’hui concrétisé par… un sourire.

Un arrêté ‘sur mesure’

Cet arrêté fixe «les conditions auxquelles une intervention de l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités peut être accordée dans le cadre de projets temporaires et expérimentaux en rapport avec les soins dentaires aux enfants démunis». Plus précisément, il confie au comité de l’assurance de l’INAMI le soin de conclure des conventions avec deux asbl (l’une francophone, l’autre néerlandophone) ayant dans leur objet social la promotion de la santé bucco-dentaire, sous la condition expresse de mener, en parallèle d’un volet expérimental et temporaire de réduction du coût des soins dentaires à des enfants de familles précarisées, une vaste campagne de sensibilisation à destination cette fois de tous les enfants fréquentant l’école fondamentale obligatoire.
C’est ainsi que se sont lancées dans l’aventure, la Fondation pour la santé dentaire (c’est-à-dire le département ‘prévention’ de la Société de Médecine dentaire) et la Verbond der Vlaamse Tandartsen, avec pour résultats le lancement des campagnes «Sourire pour tous» et «Kys project» (Kys voor keisterke tanden) conjointement à l’action Denti-Pass.

La campagne «Sourire pour tous

»
« Ce qui changera fondamentalement la santé dentaire de toute notre population , ce n’est pas une pilule miracle de fluor , ce sont des changements de comportement , dans une démarche de santé globale », affirme Michel Devriese , coordinateur de la Fondation pour la Santé dentaire.
Pour y parvenir, six messages clés sont dès à présent diffusés au travers d’une campagne générale de sensibilisation qui touche l’ensemble des classes de primaire en Communauté française: éviter les boissons sucrées et les grignotages entre les repas, se brosser les dents correctement et suffisamment longtemps, rendre visite à son dentiste au moins deux fois par an, pour enfin… sourire à pleines dents!
Des conseils déclinés à travers différents supports. Dans le courant du mois de février, un kit pédagogique a été envoyé à toutes les classes de première et deuxième années, afin de permettre aux enseignants de travailler la thématique de la santé dentaire à long terme. Bien conçu, il se compose:
– d’un poster à afficher dans la classe et à compléter au fil des semaines par des autocollants représentant des objets ou aliments en rapport avec la santé dentaire. Prétexte à discussion, il illustre les activités des enfants à différents moments de la journée (petit déjeuner, salle de bain, récré, repas de midi, goûter, loisirs, dîner et coucher);
de 6 défis sourire à réaliser par la classe, en rapport direct avec les 6 messages de la campagne (éviter les sodas sucrés durant une semaine, par exemple). Chaque défi sourire réussi par la classe permet aux enfants de compléter le poster;
– de fiches pédagogiques destinées à l’enseignant (suggestions de thèmes de discussion, d’activités et de sources documentaires);
– et de fiches plus ludiques qui s’adressent directement aux enfants.
Ces fiches, complétées par quelques autres activités ludo-éducatives, sont par ailleurs mises à la disposition des 30 000 enseignants et de leurs 333 000 élèves sur le site interactif de la campagne: [L=https://www.sourirepourtous.be]www.sourirepourtous.be[/L] .
A noter, comme le précise Michel Devriese, que cette campagne vise aussi la sensibilisation des infirmières scolaires, directeurs d’école, enseignants et parents, « relais importants pour mettre en application de façon vigilante les conditions d’une bonne santé à l’école ».

Denti-Pass, un passeport pour le sourire

Second volet de cette grande action en faveur du sourire, le Denti-Pass est une expérience-pilote de gratuité des soins dentaires à destination de 15 000 enfants de familles précarisées. Expérience pilote et temporaire. Les enfants auront jusqu’au 30 septembre prochain pour se rendre autant de fois que nécessaire chez le dentiste de leur choix.
Concrètement, des ‘passeports’ nominatifs, sésames ouvrant les portes des cabinets dentaires, seront distribués à toutes les écoles à discrimination positive de Belgique dès le début du mois d’avril. Soit 5175 élèves en région wallonne, 1350 à Bruxelles et 8475 en région flamande. La liste ne sera pas divulguée, par souci de discrétion.
« Cette expérience pilote vise à tester la suppression de toute barrière financière à l’accessibilité aux soins », explique Michel Devriese. « Les porteurs du Denti Pass peuvent se présenter chez le dentiste de leur choix avec leur Denti Pass et leur carte SIS . Ils n’auront pas un centime à débourser .» En effet, les praticiens seront directement honorés par les mutuelles via le système du tiers-payant. « La Fondation pour la Santé dentaire apportera le support et l’information nécessaires aux praticiens pour les aider à intégrer le Denti Pass dans leur pratique », précise son coordinateur. Une lettre d’information «Sourire pour tous» leur a déjà été envoyée dans ce cadre.
A noter qu’à chaque visite, le Denti-Pass sera complété par le dentiste (date et soins effectués) de manière à organiser un suivi de l’action.
La distribution de ce ‘passeport pour le sourire’ s’accompagnera par ailleurs d’une action de sensibilisation des parents par les professeurs et les infirmières scolaires des centres de Promotion de la Santé à l’Ecole (PSE). Il est en effet primordial qu’ils comprennent la valeur du document délivré à leur enfant: à ne pas perdre et à utiliser à bon escient…
Un ‘Contrat sourire’, au milieu du Denti-Pass, engage parents et enfant à prendre de bonnes habitudes alimentaires, accorder une attention particulière au brossage des dents et à rendre régulièrement visite à leur dentiste. De quoi envisager l’avenir avec le sourire!
Pour les écoles concernées aussi, il s’agit d’adhérer à un véritable ‘contrat’. Leur engagement, outre celui des professeurs durant plusieurs semaines, passera par une journée d’animation, composée d’un parcours-expo interactif, permettant à toutes les classes d’être sensibilisées aux différents aspects de la thématique de la santé dentaire (toujours les 6 messages-clés). Les plus petits (1ère et 2ème année) bénéficieront en outre d’une animation d’une heure avec la participation d’un dentiste et profiteront d’un atelier de brossage avec test de coloration de la plaque dentaire, une manière efficace, ludique et concrète de retrouver le plaisir d’arborer des quenottes éclatantes!

Et après

?
Rappelons qu’il s’agit bien ici d’une expérience pilote, donc limitée dans le temps. Que se passera-t-il au-delà du 30 septembre? Un budget de 3,5 millions d’euros a été dégagé pour la campagne 2004, couvrant essentiellement les soins dentaires dans le cadre du Denti-Pass, nous informent les organisateurs qui ajoutent que la prolongation de l’expérience pour un an est possible, avec, éventuellement, un élargissement à une plus large population.
Mais le ministre de la Santé publique précise: « On va voir ce que ça coûte . On avait besoin d’une phase pilote . On a 15 000 enfants maintenant . 15 000 , c’est très peu au regard des centaines de milliers d’enfants qui sont concernés dans le pays . Je ne suis même pas sûr qu’on touche tous les enfants défavorisés . Ensuite on peut progresser . On pourrait travailler avec les dentistes et les établissements scolaires sur l’élargissement des cercles . Mais la difficulté est de savoir comment on progresse dans les cercles sans dévoiler les nouveaux publics .» La solution reste encore à trouver, mais l’intention y est…
Myriam Marchand

Evaluation du programme mammotest: complément

Le 30 Déc 20

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Le mois passé, nous faisions état des premières données connues quant à l’impact du programme mammotest en Wallonie . Le taux de participation de 10% après un an, qui peut paraître décevant, doit être relativisé.
En effet, le programme n’a pas fait passer massivement les femmes du régime antérieur (mammographie dite de diagnostic souvent couplée à une échographie) au mammotest proprement dit.
On peut faire l’hypothèse que l’invitation systématique faite aux femmes de 50 à 69 ans a eu pour effet d’augmenter le nombre total des femmes bénéficiant de l’une ou l’autre modalité de dépistage.
Nous avons pu vérifier cette hypothèse en ce qui concerne les femmes affiliées à la Mutualité chrétienne pour l’ensemble du pays, et en étudiant uniquement les prestations des radiologues agréés.
Sur la période du 1/7/2002 au 30/6/2003, les radiologues agréés ont effectué près de 130.000 mammotests chez ce groupe-cible, pour 140.000 mammographies de diagnostic.
Si on compare l’activité des radiologues agréés entre 2001 et 2002, on observe une légère diminution du nombre des mammographies, qui est plus que compensée par la progression des mammotests. Comme l’indique le graphique ci-dessus, le nombre global de prestations est en augmentation, qu’elles s’inscrivent dans le programme organisé ou non.
C’est probablement un signe encourageant, en espérant que le mammotest continuera à monter en puissance dans les prochaines années. Nous reviendrons prochainement sur ce sujet avec des données plus complètes.
C.D.B.

Le ‘cannabisme’ passif ne doit pas être punissable!

Le 30 Déc 20

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Depuis 1977, de nombreuses études scientifiques ont démontré que l’inhalation de fumée de cannabis par un sujet passif (c’est-à-dire non-fumeur) est décelable par des tests sanguin et urinaire. Ces tests sont actuellement utilisés par les forces de l’ordre et un résultat positif peut être interprété à tort comme preuve formelle de consommation.
Des non-consommateurs risquent donc d’être condamnés par la justice, de devoir payer une amende, de se voir licenciés de leur emploi ou d’être exclus de leur école, etc. alors qu’ils n’ont pas fumé de cannabis. C’est évidemment totalement injuste!
Pour ces raisons, Infor-Drogues insiste sur la nécessité de revoir l’utilisation, judiciaire ou autre, de ces tests. La police et les autres instances répressives devraient éviter des injustices et offriraient une sécurité juridique bien plus solide en ne se basant que sur la détention effective d’une quantité réelle de cannabis . Ce qui serait, soit dit au passage, beaucoup plus en accord avec la loi qui ne punit pas l’usage mais bien la détention.
La Ministre de la Justice a annoncé vouloir éviter toute confusion à l’avenir et se dit prête à revoir, dans cette optique, la circulaire sur la détention de cannabis. Infor-Drogues la félicite. Nous l’encourageons aussi à demander aux forces de l’ordre de ne plus utiliser des tests qui peuvent semer le doute et aux parquets de ne plus les considérer comme des preuves formelles de consommation.
Pour plus d’info sur le sujet, vous pouvez consulter les études sur le site www.infor-drogues.be.
Infor-Drogues asbl, Rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles.
Tél. 02 227 52 52 (permanence téléphonique), 02 227 52 61 (prévention) et 02 227 52 60 (administration).
Fax 02 219 27 25. Courriel : courrier@infor-drogues.be Communiqué de presse du 20/02/2004

A Jumet, les petits plats font un beau projet

Le 30 Déc 20

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Il était une fois Saint Nicolas qui avait déposé des présents à la Mutualité chrétienne pour tous les enfants sages. Surprise! Ce n’étaient ni des poupées aux yeux bleus, ni de jolies voitures rouges. On s’en souvient encore. C’était à Jumet en décembre 2002.
Saint Nicolas avait déposé pour chacun un superbe ensemble ‘Petit déjeuner’ garni de fruits et de céréales. Saint Nicolas s’y attendait-il ou pas ? Il a reçu plein de mercis des yeux des enfants et de la bouche des parents. Ce qu’il ignorait c’est qu’un groupe de personnes s’est dit alors: ‘Ne nous arrêtons pas en si bon chemin!’.
Ces personnes soucieuses de la santé des enfants appartiennent au Comité de la circonscription ‘Jumet-Marchienne’ de la Mutualité. Eh bien oui, la Mutualité ne fait pas seulement des remboursements de soins de santé. Une de ses missions est de mettre en place des actions pour une meilleure santé. La santé des enfants en fait partie. L’idée de la circonscription a été de poursuivre la belle intention de Saint Nicolas: sensibiliser les enfants à l’alimentation équilibrée.
C’est ainsi qu’est née une collaboration entre la Mutualité et l’école libre de Jumet. Cette école a été choisie pour son dynamisme et elle n’a pas failli à sa réputation. Directeur et enseignants ont mordu à belles dents dans ce projet.
Le principal objectif de cette action est de mettre au point un outil pédagogique de sensibilisation à une alimentation équilibrée avec les élèves de 5-8 ans. Ensuite cet outil pourra être utilisé par d’autres écoles si elles le souhaitent. L’école libre de Jumet est donc une école pilote. Du côté de la Mutualité, une diététicienne, Julie Hayette , a été engagée pour suivre ce projet, accompagner les enseignants, proposer des activités… preuve aussi d’un réel dynamisme.
Ce 19 février 2003, la salle des fêtes de l’école était remplie d’enfants et de parents venus prendre un super petit déjeuner disposé en un magnifique buffet. Pain et confiture avaient été préparés par les enfants des classes de maternelle et de 1ère et 2e primaire. Ce fut l’occasion de parler avec les parents, de leur expliquer le projet de l’école. Ce petit déjeuner n’était en effet qu’une action parmi d’autres.
Madame Anne , institutrice des 1ère et 2e année, nous explique: ‘ Nous avons commencé par raconter un conte aux enfants pour qu’il se rendent compte de l’importance de l’alimentation . Ensuite , nous leur avons expliqué les principes de l’équilibre alimentaire . Avec la classe , nous avons eu aussi pas mal d’activités cuisine : faire des brochettes de fruits , goûter des crudités Sans oublier la matière scolaire : on pèse , on lit les recettes , on calcule Ca marche très bien . Pour la petite histoire , j’ai une fois eu de la peine à faire rentrer chez elles deux élèves qui savouraient de la laitue et des tomates avec des Mmh c’est bon madame ‘… et qui ne voulaient surtout pas que je donne le reste à mes poules .
Ce qui a bien marché aussi c’est le concours collation. Le matin en fonction du contenu de sa collation, l’enfant a un feu vert, orange ou rouge. Et puis, nous avons aussi une maman qui s’est proposée pour faire de la soupe une fois par semaine. C’est vraiment très chouette de voir un enfant tout fier d’avoir sa pomme ou de l’entendre dire, le jour où il a une sucrerie, ‘C’est pas grave pour une fois.’
Et ce n’est pas tout, une fancy-fair sur le thème de l’alimentation aura lieu prochainement et les 3e et 4e primaire ont le projet d’un magasin de collations santé.
La mise au point de l’outil pédagogique avance bien. Il sera testé dans les prochains mois, et si tout va bien sera disponible en 2005. Nous aurons sans doute l’occasion de vous en reparler.
Catherine Darvai , Mutualité chrétienne Charleroi – Centre – Thudinie

Intégration de la prévention des accidents domestiques dans la pratique des architectes

Le 30 Déc 20

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Sur les 14.600 accidents domestiques et de loisirs enregistrés en 1998 par les hôpitaux belges inscrits dans le système E.H.L.A.S.S. , 25,2 % étaient liés à des éléments de construction. Ce type d’accident touche toutes les classes d’âge, mais les enfants de 0 à 5 ans sont les plus concernés. Qu’en pensent les architectes? Si la prévention des accidents domestiques semble acquise sur le plan des principes abstraits, une enquête récente montre qu’il en va autrement sur celui des pratiques…

Enquête

Pour évaluer le degré d’intégration de la sécurité dans les pratiques des architectes, une enquête a été réalisée auprès de 60 architectes bâtisseurs de logements individuels dans le sud du pays et à Bruxelles. Cette étude essentiellement qualitative, ne cherche nullement à établir un descriptif représentatif. Elle entend simplement montrer, de façon significative, comment un arsenal législatif existant s’inscrit dans le travail des architectes interrogés.
Premier constat . La sécurité n’interpelle pas vraiment les architectes! Elle n’est jamais mentionnée spontanément lorsqu’ils évoquent leur rôle vis-à-vis de la clientèle… Les architectes expliquent que cette question est tellement au cœur de leur métier qu’elle se trouve implicitement dans toutes leurs réponses. La réalisation d’un logement serait d’abord guidée par les aspects financiers, le programme et la relation avec le client. Ce n’est que lorsqu’on évoque un cas concret de logement familial, avec des enfants en bas âge par exemple, que la sécurité des futurs occupants vient juste derrière les aspects pratiques de la maison.
Second constat . La connaissance des facteurs de risque par les architectes se limite à une perception extérieure, déduite de leur savoir-faire en matière de matériaux, de lois physiques et d’un minimum de physiologie. La gravité et la fréquence des accidents sont perçues au travers de faits divers ou d’expériences personnelles. Il ne s’en dégage pas de réelle connaissance professionnelle.
Troisième constat . La question de la responsabilité semble déstabiliser l’architecte et l’incite à se décharger sur d’autres acteurs, avant tout sur le maître de l’ouvrage, désigné à 73 % comme “responsable principal” de la sécurité. Le coordinateur sécurité et santé est investi de cette responsabilité par près de 7 architectes sur 10. L’architecte lui-même ne vient qu’au troisième rang (63%), devant les instance politiques (47%) et l’entrepreneur (38%). C’est bien la représentation de la responsabilité qui pose problème, car l’engagement de l’architecte dans les situations concrètes de projet laisse peu de doute: 98% d’entre eux s’estiment impliqués dans la prévention des chutes, 88% pour ce qui est des matériaux suspects, 87% par rapport aux ouvertures vers l’extérieur, 85% par l’éclairage de zones dangereuses…
Quatrième constat . Bien que les architectes ne la mentionnent jamais spontanément de façon explicite, la problématique de la sécurité est omniprésente dans toutes leurs activités. 87% d’entre eux se disent particulièrement attentifs à des éléments tels que les escaliers (92%), les ouvertures (87%), en particulier les fenêtres (83%). Première hantise des concepteurs: la chute directe. Vient ensuite l’électricité (83%). L’isolation est prise en compte à 72%, les matériaux en général à 68%, dont les revêtements de sol (60%), l’éclairage à 68% et les ascenseurs à 60%… En matière de systèmes de chauffage, de sanitaires et de tuyauterie (de 50 à 23%), l’attention se relâche, comme si ces domaines étaient plus inoffensifs.
Cinquième constat . Pour la plupart des architectes, l’intégration de la sécurité fait partie intégrante du métier au point qu’il est difficile de l’en différencier. Au point même que la dimension implicite de la sécurité devient parfois le moyen de son évacuation! Ainsi, la sécurité peut passer au second plan lorsque la rapidité d’exécution des travaux est en cause (20%), si elle bouscule le coût financier (33%) ou si elle contredit le désir du client (37%)!

Connaissance des législations

,

normes et recommandations

Mais n’existe-t-il pas des lois, des règlements, des normes pour prévenir les accidents domestiques? Pour répondre à cette question, un ‘état des lieux’ a été réalisé . On a pu ainsi constater, en particulier, une surabondance des normes (au moins 10.000!) dans tous les domaines de la vie quotidienne.
L’enquête a fait apparaître que 57% des architectes interrogés ont l’impression de connaître la réglementation spécifique à la sécurité. C’est d’abord l’électricité qui est citée (66%), puis l’incendie (29%), les fenêtres, les garde-corps (20%), les escaliers – inclinaisons et rampes – (17%), les sanitaires, le gaz, le chauffage, la ventilation et l’aération, et les ascenseurs (14 à 9%)… Si l’on poursuit l’entretien, les professionnels reconnaissent que leur connaissance reste très approximative. Seuls certains spécialistes connaissent les normes et font état d’une très riche expérience de terrain. On retrouve souvent l’image d’Epinal dramatisant les “dangers électriques” mais banalisant les autres facteurs de risque – l’eau chaude sanitaire par exemple, qui est pourtant très présente dans les statistiques d’accidents domestiques.
Quant à l’arsenal législatif existant en matière de prévention des accidents domestiques, il est considéré comme suffisant par deux tiers des architectes. Mais, lorsqu’on demande aux architectes s’il y a des domaines pour lesquels une législation serait intéressante, une majorité nettement moins importante souhaite une législation spécifique dans le domaine de l’électricité ou celui des ascenseurs et des escaliers (52%)… Et ils ne sont plus que 47% à la trouver justifiée pour les fenêtres, 45% pour le système de chauffage de même que pour les matériaux et 38% pour les ouvertures vers l’extérieur!
L’appréciation de la législation ne recueille l’acceptation d’une majorité d’architectes interrogés qu’à propos des domaines réputés à risque. Elle reste dans l’ensemble vécue comme une contrainte plutôt que comme un apport positif à la réalisation de leur métier. La sécurité serait avant tout une question de bon sens…

Vers une meilleure application

La soixantaine d’architectes participant à l’enquête en sont arrivés progressivement à pointer les lacunes et besoins de leur pratique. Plus de la moitié estiment que le monde de la construction en général n’est pas sensibilisé à la question de la sécurité. Neuf architectes sur dix souhaitent recevoir davantage d’informations sur cette question. Parmi les médias qui paraissent les plus adaptés pour la véhiculer, les publications spécifiques sont plus prisées (68%) que de simples inserts dans des publications spécifiques (36%), les sites Internet (32%) ou les ouvrages spécialisés (25%).
On le voit, l’analyse montre que l’intégration de la prévention des accidents domestiques dans la pratique des architectes s’occupant de logements est loin d’être un fait acquis, et les architectes eux-mêmes admettent que leur ‘maîtrise’ de la sécurité est un préjugé un peu hâtif… Il est vrai que la lourdeur du cadre légal ne facilite pas l’intégration de la prévention dans l’univers professionnel des architectes.
C’est la raison pour laquelle une opération de sensibilisation est prévue à destination du milieu des architectes, des maîtres de l’ouvrage, des organismes publics et privés responsables de programmes de logements… Il s’agira, dans la même optique, de réaliser une synthèse des réglementations en vigueur – sous forme d’un outil clair et pratique à l’usage de tous les responsables et intervenants dans la construction ou la rénovation des habitations. Il faut aussi agir au niveau de la formation des étudiants dans les instituts d’architecture de la Communauté française. De même, il serait opportun d’élucider les mécanismes qui ont conduit à la logique réglementaire cumulative et indigeste que nous connaissons aujourd’hui.
Ensuite, une évaluation de cette campagne sera menée auprès des architectes. L’Ordre des Architectes a soutenu cette réflexion et aura un rôle important à jouer pour la suite à donner dans cette prise de conscience, qui nous touche tous professionnellement et personnellement.
Jean de Salle (architecte et urbaniste Cooparch-R.U.), Jacques Taylor (psychosociologue) et Martine Bantuelle (Educa-Santé)
Le texte intégral est disponible sur le site [L=https://www.educasante.org]www.educasante.org[/L]
Adresses utiles: Cooparch-R.U. scrl, Chaussée de Waterloo 426, 1050 Bruxelles. Tél. : 02-534 50 35
Educa-Santé asbl, Avenue Général Michel 1b , 6000 Charleroi. Tél. : 071-30 14 48

La Belgique a encore de belles dents, mais…

Le 30 Déc 20

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La carie dentaire fait partie des maladies les plus répandues dans le monde. Mais depuis le début des années 70, on observe une diminution importante de la maladie parmi les enfants et les adolescents dans la plupart des pays industrialisés. Professeur à l’Ecole de Médecine dentaire et Stomatologie de l’UCL, Jean-Pierre Van Nieuwenhuysen voit dans cet important recul de la carie, deux raisons principales: l’utilisation régulière des fluorures sous leurs différentes formes et… le développement d’une politique de santé publique dans différents pays.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini en matière de santé dentaire, trois principaux objectifs pour l’an 2010:
– 90% des enfants de 5 et 6 ans indemnes de caries;
– l’indice CAOD, c’est-à-dire le nombre moyen de dents permanentes cariées, absentes ou obturées, des enfants de 12 ans plus petit ou égal à 1;
– 100% des jeunes de 18 ans possédant toutes leurs dents.
Plus de 60% des pays européens ont atteint en partie l’objectif de l’OMS concernant le deuxième objectif, à savoir un indice CAOD inférieur à 3.
En Belgique, selon Jean-Pierre Van Nieuwenhuyse, 50% des enfants de 5 et 6 ans sont aujourd’hui indemnes de caries et l’indice CAOD atteint pour les enfants de 12 ans est de 1,6. Nous ne disposons d’aucune donnée concernant les jeunes de 18 ans.

Réduction effective

La Belgique dispose de peu de données épidémiologiques concernant la prévalence de la carie dentaire parmi les enfants et les adolescents. Cependant, une étude menée entre 1983 et 1998 concernant une population d’écoliers âgés de 12 ans à Bruxelles, établit clairement une tendance vers la réduction de la carie dentaire et l’augmentation du pourcentage d’enfants indemnes de carie à 12 ans. Selon ses résultats, le nombre moyen de dents affectées par la carie est passé de 4 à 2 en 15 ans.
Une réduction étroitement liée à une plus grande fréquence de brossage des dents (de 1 fois par jour à 2 fois par jour) mais à mettre également en relation avec l’amélioration de l’accès aux soins dentaires. Le nombre d’enfants consultant pour un examen de bouche augmente, tandis que diminuent les consultations pour douleur dentaire.

Mais polarisation évidente

A l’analyse des résultats de l’étude bruxelloise, il ressort cependant que l’importante réduction de la carie dentaire est significativement plus élevée parmi les enfants issus de milieux privilégiés. Le Prof Van Nieuwenhuysen parle d’un phénomène de polarisation de la maladie, la carie se concentrant dans des petits groupes d’individus ‘à risque’, tels que les classes socio-économiques défavorisées, les enfants handicapés et les enfants issus de l’immigration.

Une politique à adapter

« Il faut appliquer une politique de prévention spécifique à deux niveaux », explique-t-il en conséquence: « l’éducation et l’incitation aux soins dentaires des populations défavorisées ». Notamment.
« Une bouche pleine de soins n’est pas une bouche pleine de santé », souligne Michel Devriese, coordinateur de la Fondation pour la Santé dentaire. « Investir dans la prévention primaire et secondaire vers ces populations nous a semblé capital à côté des soins curatifs prodigués .» D’autant que le recours individuel aux soins et consultations préventives n’est pas intégré dans la logique des familles socio-économiquement les plus faibles. L’école s’est ainsi tout naturellement présentée comme le lieu idéal pour permettre l’accès de ces populations à la prévention primaire.
M.M.

La dent dure

Le 30 Déc 20

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Si l’amélioration de la santé bucco-dentaire moyenne est une réalité, un nouveau défi est de maintenir cette amélioration dans le temps.
Liées à la ‘malbouffe’ et au tabac, les agressions contre les quenottes en âge scolaire se multiplient à tel point que se profile, dans certains pays, une recrudescence des caries. Pour comprendre, il suffit d’observer. Ou d’écouter. Ces machines à sucre que sont les distributeurs de canettes de sodas présents dans nombre d’écoles ne cessent d’éructer leur délicieux poison dès que sonne l’heure de la récré…
Ceci étant, pourrait-on dès lors organiser des séances de brossages de dents au sein de l’école? A voir l’état de certains sanitaires, on ne pourrait l’envisager que du bout des dents…
Alors?
« Les établissements scolaires fonctionnent un peu sans filet », explique le ministre de la Santé publique, Rudy Demotte. « C’est le cas dans plusieurs domaines , comme pour la cigarette par exemple . La cigarette , c’est un produit qu’on condamne de plus en plus dans la société . On connaît ses effets nocifs , mais on fume dans les cours de récré , devant les enfants . C’est un problème . Les sucres , tout le monde reconnaît leur impact négatif sur la santé , mais on trouve des distributeurs dans les écoles . Je ne dis pas que les écoles sont coupables d’avoir été trop permissives , je pense que la société dans son ensemble n’a pas balisé . Les écoles ont dès lors , comme tout le monde , reproduit un certain nombre de comportements qui étaient des comportements à risque . Aujourd’hui , si la santé publique s’intéresse un peu plus aux écoles , ce n’est pas pour leur faire la morale , mais parce qu’on les considère comme des acteurs à part entière de cet effort global que nous sommes en train de mettre en œuvre
Interdire les distributeurs serait-il une solution?
«Ma recommandation à moi en tant que ministre de la Santé, c’est vraiment: prenez des mesures et faites-le vite, parce que ça coûte en qualité de la vie. C’est un travail de lobbying, indépendamment des circulaires. Tout ne doit pas se régler par des lois. Dire qu’il faut expirer après avoir inspiré, c’est assez évident. Je pense qu’il faut faire la même chose pour les écoles, c’est apprendre le bon mouvement.»
M.M.

Une conférence contre le sida

Le 30 Déc 20

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Face au nouvel accroissement des chiffres de contamination par le virus du sida, le Gouvernement de la Communauté française estime opportun de faire le point sur les programmes de prévention, de dépistage et de prise en charge des personnes séropositives et des malades du sida. Son souci est d’y associer les acteurs professionnels du secteur et sans doute pour la première fois les représentants des ministres fédéraux, communautaires et régionaux dont les compétences sont des leviers importants pour une politique intégrée de lutte contre le sida.
A cette fin, à l’initiative de la Ministre de l’Aide à la Jeunesse et de la Santé Nicole Maréchal , le Gouvernement de la Communauté française organise une « Conférence de la lutte contre le sida – Pour une mobilisation des acteurs et des pouvoirs publics ».
Cette Conférence vise à définir des objectifs et des stratégies actualisés en fonction des évolutions récentes de l’épidémie de sida dans notre pays et au niveau mondial. Les travaux de la Conférence s’appuient sur une large consultation préalable des acteurs travaillant dans le champ de la prévention du sida, réalisée par l’Observatoire du sida et des sexualités (Facultés universitaires Saint-Louis).
Quatre ateliers préparatoires ont été organisés chacun autour d’un thème retenu comme prioritaire. Ces ateliers se sont appuyés sur des documents présentant la synthèse des consultations. Ils abordaient les thèmes suivants:
-les stratégies de prévention à l’égard des publics les plus vulnérables, notamment les personnes migrantes, les personnes homosexuelles et les personnes vivant avec le VIH;
-la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH;
-l’accès aux soins, à la prévention et à l’accompagnement;
-l’actualisation des stratégies de dépistage.
Chaque atelier a fait l’objet d’une réunion de synthèse ayant pour objectif d’en finaliser les conclusions, d’en assurer le caractère transversal et de formuler des recommandations pour un plan d’action actualisé.
La Conférence plénière sera l’occasion de présenter les résultats de ce travail à un large public, d’annoncer les stratégies d’une politique concertée de lutte contre le sida et de mobilisation des acteurs et des pouvoirs publics.
Elle aura lieu le 30 mars 2004 au Résidence Palace – Centre de Presse International, Rue de la Loi 155, 1040 Bruxelles.
Renseignements: Cabinet de la Ministre Nicole Maréchal, 02 213 35 11 .

Le diabète touche de plus en plus les pays en développement

Le 30 Déc 20

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La prévention pourrait cependant atténuer l’aggravation de la situation

Le nombre de cas de diabète dans les pays en développement devrait plus que doubler au cours des 30 prochaines années, passant de 115 millions en 2000 à 284 millions en 2030. Pour marquer la Journée mondiale du diabète , le 14 novembre dernier, l’OMS s’est engagée à intensifier ses efforts visant à réduire l’impact du diabète et de ses complications, notamment dans les communautés à revenu faible ou intermédiaire, en collaboration avec la Fédération internationale du diabète.
Comme l’a souligné le Dr Catherine Le Galès Camus , Sous-directeur général de l’OMS chargée des maladies non transmissibles et de la santé mentale, « le diabète s’inscrit dans le cadre de l’épidémie croissante des maladies non transmissibles qui commencent à imposer une double charge de morbidité aux pays les plus pauvres . Confrontés aux problèmes du VIH / SIDA , du paludisme et de la tuberculose , ces pays doivent aussi se préparer à faire face à la charge accrue des maladies liées au changement du mode de vie et au vieillissement de la population ».
Le Dr Le Galès-Camus relève néanmoins qu’une grande partie de l’augmentation prévue de la morbidité diabétique est évitable si l’on se préoccupe suffisamment de l’alimentation et de l’exercice physique. L’OMS est en train d’élaborer une stratégie mondiale de l’alimentation et de l’exercice physique qui renforcera les efforts consentis pour aider les Etats Membres à éviter le diabète et d’autres maladies liées à un régime alimentaire inapproprié et à un mode de vie trop sédentaire.
Chez les diabétiques, une bonne prise en charge de la maladie peut retarder ou même éviter des complications et des incapacités. Pour le Dr Rafael Bengoa , Directeur chargé de la prise en charge des maladies non transmissibles à l’OMS, « encourager les diabétiques à se prendre eux mêmes en charge , amener les professionnels de la santé à lutter activement contre les facteurs de risque et réorganiser les services de santé pour traiter les affections chroniques sont autant de solutions qui ont fait leurs preuves . Nous collaborerons avec les pays pour trouver les moyens d’offrir un ensemble minimum de soins même dans les régions les plus pauvres . La prévention et la prise en charge sont complémentaires . Nous devons offrir un ensemble complet de mesures pour répondre aux besoins de tous les membres de la communauté et lutter contre la maladie à tous les stades et dans toutes ses manifestations
La charge de morbidité est considérable: au moins un décès sur 20 dans le monde est imputable au diabète et les soins de santé liés à la maladie représentent 2,5 à 15 % du budget annuel des soins de santé, les frais indirects (perte de production, etc.) pouvant être encore cinq fois plus importants.
Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par une hyperglycémie consécutive à l’incapacité de l’organisme de produire de l’insuline ou de l’utiliser de manière adéquate. Près de 90 % des 171 millions de cas estimés dans le monde sont des cas de diabète de type 2, que l’on considérait précédemment comme une maladie des personnes âgées et des pays riches. Aujourd’hui, la majorité des diabétiques en Afrique ont entre 45 et 64 ans…
« Dans le monde entier , les modes de vie sont en train de changer », a ajouté le Dr Le Galès-Camus. « Nous sommes moins actifs que nos parents et nos grands parents et notre alimentation est plus riche en sucres et en graisses , ce qui conduit souvent à une prise de poids et à un accroissement du risque de diabète . A cela s’ajoute encore le vieillissement de la population . Il n’est donc pas surprenant de constater une aggravation de la situation concernant des maladies comme le diabète
La Chine illustre parfaitement le phénomène. Le diabète y constitue déjà un problème préoccupant: le nombre de cas en 2000 atteignait 21 millions ce qui signifie qu’un Chinois sur soixante était diabétique. L’obésité progresse elle aussi: une récente étude a montré que, même chez l’enfant d’âge préscolaire, le taux d’obésité a été multiplié par 10 en huit ans et touche désormais 10 % des enfants. Cet excès pondéral accroît le risque de diabète avec l’âge.
Communiqué de l’OMS n°86 – 14 novembre 2003

Usage problématique de cannabis et nuisances publiques

Le 30 Déc 20

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Les fédérations bruxelloise et wallonne des institutions pour toxicomanes (FEDITO), Infor-Drogues, la Ligue des droits de l’Homme et Prospective Jeunesse ont introduit le 28 novembre dernier un recours en annulation auprès de la Cour d’arbitrage contre l’article 16 de la loi du 3 mai 2003 (Moniteur belge du 2 juin 2003) modifiant la loi du 24 février 1921 concernant le trafic des substances vénéneuses, soporifiques, stupéfiantes, désinfectantes et antiseptiques.
Cette disposition précise qu’en ‘ cas de constatation de détention , par un majeur , d’une quantité de cannabis à des fins d’usage personnel , qui n’est pas accompagné de nuisances publiques ou d’usage problématique , il ne sera procédé qu’à un enregistrement policier ‘. Elle définit ensuite ‘ l’usage problématique ‘ et ‘ les nuisances publiques ‘.
Les parties au recours demandent principalement l’annulation de la phrase ‘ qui n’est pas accompagné de nuisances publiques ou d’usage problématique ‘ et de la définition de ces deux expressions.
Elles considèrent que cette disposition viole les principes fondamentaux de légalité en matière pénale et d’égalité devant la loi qui sont consacrés par la Constitution, la Convention européenne des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Grave insécurité juridique et atteinte au principe de la légalité en matière pénale

La disposition attaquée porte atteinte au principe de légalité en matière pénale, qui prescrit que la loi pénale doit être formulée en des termes qui permettent à chacun(e) de savoir, au moment où il/elle adopte un comportement, si celui-ci est ou non punissable.
Ce n’est manifestement pas le cas de la loi du 3 mai 2003, qui ne permet pas à un détenteur de cannabis de déterminer s’il sera ou non poursuivi, compte tenu du fait que les critères de poursuite de cette loi, à savoir les nuisances publiques ou l’usage problématique, soit ne correspondent pas à d’autres définitions légales existantes, soit instaurent des critères subjectifs de poursuite.
En effet, ‘ l’usage problématique ‘ est défini comme l’usage ‘ qui s’accompagne d’un degré de dépendance qui ne permet plus à l’utilisateur de contrôler son usage , et qui s’exprime par des symptômes psychiques ou physiques .’ Or, un arrêté royal du 16 mai 2003 précise que la constatation d’un usage problématique se fait au moyen de tests standardisés. Il existe donc une incohérence entre la définition de la loi du 3 mai 2003 et celle de l’arrêté royal.
La définition des ‘ nuisances publiques ‘ pose aussi problème dans la mesure où elle est vague et imprécise.
La loi attaquée crée ainsi une grave insécurité juridique à l’encontre des détenteurs de cannabis, qui se trouvent dans l’impossibilité de déterminer les circonstances objectives, claires et précises donnant lieu à des poursuites judiciaires.

Une double discrimination

La loi attaquée crée une première discrimination entre les détenteurs de cannabis dont la détention s’accompagne de nuisances publiques ou d’un usage problématique et les autres. En effet, un procès-verbal sera dressé aux premiers, alors qu’on procédera à un enregistrement policier pour les seconds.
La loi attaquée crée une deuxième discrimination entre les détenteurs de cannabis dont la détention s’accompagne de nuisances publiques et ceux dont la détention s’accompagne d’un usage problématique car les seconds pourront être sanctionnés plus sévèrement que les premiers.
Dans les deux cas, cette différence de traitement n’est pas justifiée car les critères de différenciation sont imprécis ou subjectifs.
Cette double discrimination viole le droit fondamental d’égalité de tous devant la loi, qui est inscrit dans notre Constitution.

Plus d’informations

FEDITO bruxelloise: Antoine Boucher, 02-227 52 60
FEDITO wallonne : Jacques Van Russelt, Président , 04-223 09 03
Ligue des Droits de l’Homme: Guillaume de Walque, conseiller juridique, 02-209 62 87
Le texte complet du recours est disponible sur [L=https://www.infor-drogues.be/recours.html]www.infor-drogues.be/recours.html[/L]