Février 2002 Par A.-M. PIRARD Initiatives

Les Belges sont prêts à consommer moins d’antibiotiques. Tel est le résultat positif de la campagne de sensibilisation menée l’an passé auprès du grand public et des professionnels de la santé. Pour renforcer ces résultats, une deuxième campagne est organisée fin 2001, début 2002 avec, notamment, la diffusion d’un spot radio-TV et d’une brochure explicative.
75 % des Belges se disent prêts à consommer moins d’antibiotiques, 57 % des médecins ont personnellement évoqué la campagne auprès de leurs patients et une diminution moyenne mensuelle de 700.000 journées de traitement par antibiotiques a été constatée pour les mois de décembre à mars 2001. Tels sont les résultats, très encourageants, de la campagne de sensibilisation « Les antibiotiques, moins et mieux » menée à l’automne 2000 à l’initiative des ministres des affaires sociales et de la santé (1).
Toutefois, pour qu’une telle campagne ait un impact en profondeur et à long terme, il est nécessaire de relancer la sensibilisation et l’information. Les deux ministres concernés ont donc programmé une «deuxième» vague de cette campagne en novembre 2001. Celle-ci prend place dans le cadre des programmes d’information du grand public sur l’utilisation irrationnelle des antibiotiques lancés par l’OMS, l’Union européenne et tous les pays européens. Le 15 novembre 2001, le Conseil des ministres de la santé s’est d’ailleurs réuni afin d’examiner une proposition de recommandation sur l’utilisation prudente des antimicrobiens en médecine humaine.

Un programme européen

La première campagne avait pour objectifs de faire prendre conscience aux consommateurs de soins de santé de l’existence d’un problème d’antibiorésistance, de les inviter à utiliser les antibiotiques moins souvent et mieux et d’en discuter avec leur médecin et/ou leur pharmacien. Des moyens considérables avaient été mis au service de ces objectifs: diffusion de plus de 500.000 brochures dans les pharmacies, les cabinets des généralistes, des pédiatres, des ORL et des pneumologues, diffusion d’un spot radio-tv, ouverture de deux sites web (un francophone et un néerlandophone) pour le grand public et distribution de 200.000 dépliants par le biais des principaux organismes assureurs du pays.
Aujourd’hui, 46 % de la population se souvient d’avoir entendu, vu ou lu quelque chose en rapport avec ces conseils.
La comparaison des retombées de cette campagne et des résultats d’une enquête qui l’avait précédée, indique que 36 % des médecins semblent prescrire moins d’antibiotiques. Parallèlement, un pourcentage significatif de personnes résidant en Belgique n’attendent plus que le médecin leur fasse automatiquement une prescription pour un refroidissement, un mal de gorge, une fièvre, une bronchite, . Ainsi, par exemple, l’attente de prescription d’un antibiotique en cas de grippe passe de 49% des personnes interrogées avant la campagne à 30% après.

Une brochure pour tous

L’analyse des résultats de la campagne de sensibilisation a mis une nouvelle fois en évidence la grande confiance de la population envers les médecins traitants: moins de 5 % des personnes interrogées déclarent vouloir changer de praticien en cas de refus de prescription d’antibiotiques.

De nombreux praticiens (42% de l’échantillon) estiment que la campagne les a aidés à faire accepter aux patients le fait qu’ils ne leur prescrivent pas d’antibiotiques. Reste que près d’un tiers des médecins déclarent encore que la campagne ne sert qu’à faire épargner de l’argent à l’Etat! Reste aussi que certains points de la campagne sont mal compris: on constate une évolution négative du nombre de personnes s’attendant à une prescription d’antibiotiques en cas de méningite. Là, des précisions doivent être apportées compte tenu de l’évolution rapidement mortelle d’une méningite bactérienne. La nouvelle version de la brochure tient compte de cette donnée.

Une deuxième vague de sensibilisation et d’information s’imposait donc. Comme l’an passé, elle s’adresse parallèlement au grand public et aux professionnels de la santé. Une brochure claire, articulée sur sept questions fréquemment posées et sept réponses précises, est distribuée au grand public: Qu’est-ce qu’une infection? Les infections guérissent-elles spontanément? Les antibiotiques permettent-ils de guérir plus vite? Comment les bactéries deviennent-elles résistantes aux antibiotiques? Les antibiotiques sont précieux, que pouvons-nous faire pour sauvegarder leur efficacité? Les enfants ont-ils plus besoin d’antibiotiques que les adultes? Que retenir?

Bonnes pratiques médicales

Pour les professionnels de la santé, des recommandations de bonne pratique médicale sont établies au sein d’équipes multidisciplinaires d’experts. Elles concernent une série d’affections pour lesquelles on prescrit souvent des antibiotiques. Ainsi, des recommandations sur le mal de gorge et l’otite moyenne aiguë sont à la disposition des généralistes, des pédiatres, des ORL et des pneumologues, notamment sur le site web de l’INAMI. Suivront ensuite des recommandations pour la rhino-sinusite aiguë, la cystite chez la femme, la pneumonie, la bronchite aiguë et l’exacerbation de la bronchite chronique obstructive. Pour toutes ces recommandations, un document «grand public» est actuellement prévu pour aider les patients.
A.M.P.
Renseignements: Commission de coordination de la politique antibiotique, Docteur Bauraind, Cité administrative de l’Etat, Vésale 534, à 1010 Bruxelles. Tél. : 02 – 210 47 99. Fax : 02 – 210 44 93. Mél: isabelle.bauraind@health.fgov.be
(1) Voir Education Santé n° 155 de janvier 2001.
(2) L’impact de la campagne a étté mesuré par une enquête face à face auprès d’un échantillon de 1015 personnes résidant enBelgique (réalisée entre le 28 février et le 8 mars 2001). Cette enquête grand public a été complétée par un entretien téléphonique avec 400 médecins généralistes, effectué entre le 18 avril et le 11 mai 2001.