Articles de la catégorie : Lu pour vous

La collection Evolutions de l’INPES

Le 30 Déc 20

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L’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé – France) maintient chaque année, à côté des Baromètres Santé qui font l’objet d’une publication systématique, une importante activité d’études, d’évaluation et de recherche, avec, notamment, une trentaine d’études par an et autant de subventions servies depuis 2002 à des équipes de recherche.
Il est apparu utile de valoriser cette activité en rendant publics et facilement accessibles les résultats de certains de ces travaux.
C’est l’objectif de la collection «Evolutions» qui s’adresse aussi bien à la communauté des chercheurs et sociétés scientifiques qu’aux décideurs de santé publique et, plus généralement, à tous les acteurs de la prévention: professionnels de la santé, de l’éducation, réseaux…
Les textes sont concentrés en 4 à 6 pages, et sont pour la plupart présentés selon un plan classique (introduction, méthode, résultats, discussion), et illustrés par de nombreux graphiques et tableaux.
C’est sobre, synthétique; et ce n’est pas sans rappeler le travail réalisé par le service PROMES de l’ULB avec ses fiches Sanomètre (1).
Chaque numéro (6 à 8 numéros par an) est proposé en version papier et disponible au téléchargement en version électronique à l’adresse https://www.inpes.sante.fr/evolutions/download.asp .

Les titres déjà parus

Risque alcool et santé au travail
Ce premier titre décrit les enseignements tirés de l’analyse des questionnaires remplis par les salariés et par les personnels de santé au travail qui ont participé à une étude réalisée auprès de 2 060 salariés, avec la collaboration de 32 médecins du travail et leurs 38 assistantes.
Connaissances, attitudes et comportements des Français face à la canicule durant l’été 2005
Etude réalisée sur 1.270 personnes représentatives de la population française de plus de 15 ans sur leurs connaissances et comportement face à la canicule durant l’été 2005.
Connaissance des Français sur les risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse
Enquête réalisée par téléphone en novembre 2004 auprès d’un échantillon de 1.003 personnes représentatif de la population française, sur leurs connaissances et représentations concernant les risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse.
Regards sur le cancer: représentations et attitudes du public
Cette étude traite des résultats du premier Baromètre cancer . Cette grande enquête nationale, réalisée auprès de plus de 4000 Français âgés de 16 ans et plus, investit notamment, et pour la première fois, le champ des perceptions et des croyances qui gravitent autour du cancer.
Modèles sous-jacents à l’éducation des patients diabétiques de type 2
Résultats d’une recherche originale sur les pratiques éducatives proposées aux personnes atteintes d’un diabète de type 2.
Menée entre 2000 et 2002, cette enquête qualitative visait à décrire précisément les pratiques éducatives mises en place dans dix programmes innovants en France, à en évaluer la qualité et à faire émerger les modèles sous-jacents. Une analyse comparative des programmes a été menée. Cette enquête a nécessité l’élaboration d’une grille d’analyse des données recueillies au cours d’entretiens et d’observations. Cette grille fait appel à plusieurs modèles utilisés dans le domaine de l’éducation du patient et de l’éducation pour la santé et issus de différents champs disciplinaires. Elle peut aujourd’hui contribuer utilement à la mise en place d’évaluations internes ou externes des activités éducatives.
Comportements d’hygiène des Français pour prévenir les infections virales saisonnières
Ce sixième numéro présente les résultats d’une enquête, menée début 2006 sur la perception et les pratiques du grand public en matière de risques infectieux. Il aborde les comportements d’hygiène et les attitudes en cas de symptômes respiratoires.
Comportements préventifs des Français et impact des campagnes de prévention durant la canicule 2006
Ce numéro dresse un bilan des comportements des Français durant la canicule 2006 qui a causé un nombre de décès inférieur aux prévisions.
Etats des lieux du développement de l’éducation pour la santé des patients dans les comités de la Fédération nationale d’éducation pour la santé
Cette enquête téléphonique visant les activités de 108 comités départementaux et régionaux avait pour objectif de recueillir les activités développées, d’en connaître les facteurs facilitants et les freins, et de tester le principe d’une collaboration entre comités.

Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, bd de la Libération 42, F-93203 Saint Denis Cedex. Tél.: +1 49 33 22 22.Fax: +1 49 33 23 90. Courriel: inpes@inpes.sante.fr
Maryse Van Audenhaege
(1) Voir le site https://www.ulb.ac.be/esp/promes/

Norme et santé

Le 30 Déc 20

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Dans sa livraison du 3e trimestre 2007, ‘Santé conjuguée’, la revue de la Fédération des maisons médicales et collectifs de santé francophones, propose un dossier sur ce sujet éthique passionnant.
Au sommaire de ce cahier:
Quelques aperçus sur la crise contemporaine de la régulation du champ médical , par Jean De Munck , philosophe
L’auteur distingue deux types de régulation, l’une, verticale entre l’Etat et les professionnels de la santé, l’autre, horizontale, entre médecins et patients. Il faut y être attentif pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui dans le champ de la santé.
De la perte des repères à l’enfant généralisé , par Jean Pierre Lebrun , psychiatre et psychanalyste
Alors que leur pratique est soumise à des normes de plus en plus contraignantes, les médecins généralistes sont confrontés à des attentes de plus en plus massives de la part de leurs patients, qui, à leur exigence, ajoutent la remise en question de la place du médecin, dont la parole ne fait plus vérité.
L’accueil et la règle , par Nathalie Rasson , sociologue
Le travail d’accueillant en maison médicale est-il balisé par des normes?
Quand les a normaux se rebiffent , par Marianne Prévost , sociologue
Si la norme est la loi du plus grand nombre, que deviennent les minorités, telles que les plus gros, les sourds, les fumeurs? Et quand les minorités, contre la tyrannie et la norme, revendiquent leur identité, où est la légitimité de la santé publique et de ses recommandations?
Voyage au pays du normal et du pathologique , par Axel Hoffman , médecin généraliste
Que se passe-t-il quand une personne en souffrance s’entend dire par le professionnel consulté «Tout est normal», ou pire «Vous n’avez rien»? Santé et maladie sont des notions qui paraissent ‘évidentes’…
Norme et santé , Santé conjuguée , n ° 41 , juillet 2007 .
La revue est disponible au numéro ( individuel 8 , 68 euros / institutionnel 11 , 16 euros + port ), ou par abonnement ( individuel 29 , 75 euros / institutionnel 54 , 54 euros prix pour la Belgique ).
Renseignements : Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones , boulevard du Midi 25 boîte 5 , 1000 Bruxelles . Tél .: 02 514 40 14 . Fax : 02 514 40 04 . Courriel : fmmcsf@fmm.be. Site: https://www.maisonmedicale.org .

Le Panorama social, un guide complet des législations sociales (2007)

Le 30 Déc 20

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Le Service social de la Mutualité chrétienne est très attentif à l’information sociale concernant les personnes malades, handicapées, âgées et/ou à faibles revenus, et à la mise à jour indispensable des connaissances du public intéressé par ces matières évoluant très rapidement. Il a voulu faire profiter les intervenants sociaux et le grand public de son expérience en publiant un guide abordant les dispositions sociales en vigueur dans notre pays.

Où dois-je m’adresser pour obtenir des allocations pour handicapés? Suis-je dans les conditions pour bénéficier d’un remboursement préférentiel en soins de santé? En tant que malade chronique, ai-je droit au tarif téléphonique social? A quelle condition puis-je bénéficier de la garantie de revenus pour personnes âgées?

Autant de questions parmi d’autres auxquelles cet ouvrage de référence apporte des réponses concrètes.

Notre système de protection sociale est complexe et les législations sociales sont sans cesse modifiées, actualisées. Il n’est pas facile non plus de s’y retrouver parmi les dispositions en vigueur dans un paysage politique régionalisé.

D’ailleurs, beaucoup d’ayants droit ne profitent pas des avantages sociaux offerts pour la bonne et simple raison qu’ils ne les connaissent pas ou qu’ils pensent ne pas répondre aux conditions et ne savent pas à qui s’adresser!

Pour cette deuxième édition du Panorama social , et fort du succès remporté lors de sa première parution l’an dernier, quelques améliorations ont été apportées parmi lesquelles l’intégration des législations bruxelloises, l’ajout d’un mémento reprenant l’ensemble des montants en vigueur pour les législations sociales présentées dans le guide, l’ajout de nouvelles législations (loi sur le volontariat, mesures de protection des personnes, loi sur les droits du patient…).

Concrètement, le Panorama social aborde la législation sociale en Belgique, en Wallonie et à Bruxelles en quatre thèmes:

  • La sécurité sociale – le guide donne un aperçu des différents régimes qui la composent et approfondit chacun de ses secteurs;
  • L’aide sociale – ce deuxième filet de notre système de protection sociale est basé sur une enquête sur les revenus;
  • Les institutions et dispositifs favorisant l’autonomie des personnes malades et handicapées;
  • Les différentes réglementations centrées sur la notion d’accessibilité aux dispositifs sociaux spécialisés.

L’originalité du document est d’aborder les législations sociales sous deux angles d’approches complémentaires. On peut entrer dans le guide par le biais des publics concernés. L’utilisateur pourra ainsi trouver rapidement l’information dont il a besoin en fonction de sa situation personnelle ou en fonction de celle de la personne rencontrée. Par la même occasion, il pourra consulter une sorte de liste récapitulative des mesures prises en faveur d’un public défini. A chacun des publics cibles correspond un symbole représentatif.

On peut aussi consulter le guide en choisissant un thème bien précis comme par exemple l’assurance maladie-invalidité, l’assurance chômage, les pensions, le revenu d’intégration, les prestations familiales, les avances sur créances alimentaires, le règlement collectif de dettes, les avantages sociaux pour personnes handicapées, les accidents de travail, etc.

Le Panorama social est un outil incontournable pour tous ceux qui, de près ou de loin, dans leur vie quotidienne ou à titre professionnel, sont confrontés aux législations sociales ou rencontrent des personnes en difficulté. Il s’adresse ainsi aux services sociaux, aux services de santé généraux, aux infirmiers, aux médecins mais aussi aux personnes malades, handicapées, dépendantes de soins…

Le prix est inchangé par rapport à la précédente édition, avec près de 30% de matière en plus. En vente dans toutes les bonnes librairies.

JACQUINET S., NOTTE C., MEURICE A., MANGANO C., Panorama social, 2e édition, Bruges, Ed. Vanden Broele, 2007, 940 pages, 49 euros.

Santé conjuguée: 1=1?

Le 30 Déc 20

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L’édition d’avril 2007 de la revue de la Fédération des maisons médicales et collectifs de santé francophones propose un dossier sur la thématique des inégalités de santé.
On le sait, les personnes ayant un statut socio-économique ‘inférieur’ vivent moins longtemps, tombent malades plus jeunes et passent une plus grande partie de leur vie en mauvaise santé que celles qui bénéficient d’un meilleur statut.
Quel effet ont eu sur ces inégalités de santé les évolutions de ce dernier siècle, telles que les progrès de la médecine, l’amélioration de l’accès aux soins, les modifications de la qualité de la vie et de l’environnement? Comment s’explique la persistance des inégalités, et quelle leçon en tirer pour l’avenir?

Au sommaire de ce dossier:
Inégalités sociales de santé et politiques publiques , Perrine Humblet
La question des inégalités sociales de santé remet en cause pas mal de logiques d’investissement et de progrès. Mais qui veut vraiment s’y arrêter? Panorama des défis et des priorités ainsi revisités…
Problématiques de inégalités socio économiques de santé en Belgique , Sara Willems , Ilse Van de Geuchte , Valérie Alaluf , et al .
Présentation d’une recherche en cours, ayant pour objectifs de dresser l’état des lieux des inégalités de santé en Belgique et d’analyser la prise en charge de ces inégalités, afin de proposer des priorités de réflexion et d’action pour la Belgique.
Les déterminants des inégalités sociales de santé et le rôle du système de santé , Agnès Couffinhal , Paul Dourgnon , Pierre Yves Geoffard , et al .
Une synthèse des modèles explicatifs des inégalités sociales de santé et une analyse de l’impact du système de santé sur ces inégalités.
Quelques expériences européennes , Agnès Couffinhal , Paul Dourgnon , Pierre Yves Geoffard , et al .
Plusieurs pays européens ont élaboré des stratégies organisées pour réduire ces inégalités de santé, notamment le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Suède.
Les inégalités sociales de santé , une question épineuse ?, Pierre Drielsma
D’une approche anthropologique des inégalités à la question philosophique et donc politique de leur légitimité.
Les CPAS , au pied du mur des inégalités , Anne Herscovici
Quand on se retrouve au bas de l’échelle sociale, le CPAS constitue le dernier filet institutionnel susceptible de préserver une dignité de vie et une affiliation sociale. Quelle place pour la prise en compte des inégalités sociales de santé?
L’inégalité dans l’accès aux soins pour les personnes sourdes , Muriel Grégoire et Odile Jehass
Quand le monde médical rencontre le monde du silence, l’inégalité va au-delà de la simple barrière du langage.
L’interprétariat social , un instrument permettant un accès égal aux soins de santé , Stephan Backes
Les services de première ligne reçoivent des personnes d’origines diverses. Un problème linguistique ne peut être le prétexte pour ne pas leur prodiguer des soins optimaux.
Sortir de la précarité , une voie parmi d’autres
‘Inégalité’ n’est pas synonyme d’’inéluctable’.
L’approche communautaire de la santé : une des stratégies d’intervention sur les déterminants socio économiques , Jacques Morel
La prise en compte des déterminants non médicaux à la racine des inégalités de santé nécessite le développement de modes d’action adaptés.

Parmi les autres textes proposés par ce numéro de Santé conjuguée , citons l’article d’Olivier Mariage et Isabelle Heymans sur le bilan de l’action du Ministre Rudy Demotte au cours de la dernière législature, le plaidoyer d’Anne Gillet pour la médecine générale, ou encore l’article de Brigitte Sandrin Berthon intitulé ‘Promotion de la santé: de la théorie à la pratique… ou à quoi servent les déclarations solennelles de l’OMS?’.
1 = 1 ? – Les inégalités sociales de santé , Santé conjuguée , n ° 40 , avril 2007 .
La revue est disponible au numéro ( individuel 8 , 68 euros / institutionnel 11 , 16 euros + port ), ou par abonnement ( individuel 29 , 75 euros / institutionnel 54 , 54 euros prix pour la Belgique ).
Renseignements: Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones, boulevard du Midi 25 boîte 5, 1000 Bruxelles. Tél.: 02 514 40 14. Fax: 02 514 40 04. Courriel: fmmcsf@fmm.be. Site: https://www.maisonmedicale.org .

Au secours… on veut m’aider!’

Le 30 Déc 20

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Il y a trente ans, Claude Seron entamait l’aventure de l’aide aux adolescents. Il témoigne aujourd’hui de son parcours (en IMP, en associations, dans l’enseignement spécial…) dans «Au secours… on veut m’aider!» (Editions Fabert). Claude Seron travaille aujourd’hui au sein du Centre liégeois d’intervention familiale (CLIF) et de l’association Parole d’enfants. Celle-ci recueille les témoignages d’enfants abusés et organise des formations.
«Au secours, on veut m’aider» aurait-il vu le jour si Claude Seron n’avait, dès ses débuts professionnels, en 1975, comme éducateur dans un Institut médico-pédagogique, pris la plume pour consigner dans un carnet son expérience naissante? Une habitude dont il ne se départira pas. « Elle s’est révélée », explique-t-il, « particulièrement utile au fil du temps pour mettre à plat le vécu , pour prendre de la distance par rapport aux situations . L’écriture est cathartique . Il y a en elle du concret , un côté physique qui me plaisent . Je viens d’un milieu agricole , où on aime bien voir le résultat de son labeur
Cette élaboration sera précieuse lorsque Claude Seron développera un versant formation dans sa pratique. Mais, en ce milieu des années 70, il apprend juste à gérer le quotidien avec des ados pas faciles: «Kevin, le négligé qui se négligeait», «Jérémie, le démon du réveil», «Bernard, pour qui ça plane»…
« Mon père est tombé un jour sur mes notes », se souvient Claude Seron. « Il m’a demandé si je n’arrêterais pas mon travail d’éducateur , tant il y a avait de violence dans ce qu’il lisait !» Le jeune homme préfère poursuivre. Une persévérance qui peut être mise sur le compte à la fois d’une once d’inconscience et d’une bonne dose de sérénité, héritées d’une enfance et d’une adolescence passées dans une famille «contenante» (pour utiliser un mot jargonnant, de ceux que Claude Seron utilise avec la plus grande parcimonie).

Balancier

Novice, Claude Seron ne le reste pas longtemps. Le grand adolescent qu’il était lui-même grandit d’un coup. La vie en IMP permet en effet à ceux qui y travaillent de cerner rapidement leurs peurs et d’être fixés sur leurs limites (même si c’est pour les repousser un peu). « On saisit vite aussi », explique-t-il, « que les jeunes se construisent des protections , des barrières parce qu’ils ont connu une grande insécurité de base , parce qu’ils ont l’impression que des adultes ou des institutions les ont laissé tomber . Leur système de protection prend la forme pour les uns d’une grande réserve et d’inhibitions , et pour les autres d’explosions d’agressivité
Après trois années passées en institution se fait sentir le besoin «comme par un retour de balancier» de collaborer davantage avec les familles. Une volonté sans doute avivée par le fait que l’institution où Claude Seron avait fait ses preuves semble en crise. « Elle ne parvenait plus vraiment à protéger les plus faibles , ce qui est le minimum que l’on peut demander », commente-t-il. L’ambition de compter désormais davantage sur les ressources des familles va cependant devoir composer avec la réalité: jeunes et familles ne sont pas toujours prêts à renouer. C’est le temps, pour Claude Seron, de la recherche d’un «juste milieu» entre exclusion de la famille et réhabilitation à tout prix. Il entame dans la foulée une réflexion sur la parentification, ou l’adultisme, de certains jeunes.

‘Parentification’

« La parentification s’identifie assez vite », explique Claude Seron. « On se trouve devant des jeunes qui paraissent solides , qui protègent leurs parents . Il n’est pas aisé de travailler avec eux , car ils ne collaborent pas aisément avec les professionnels . Ce faisant , ils auraient le sentiment de contribuer à leur disqualification
Si ces enfants adultistes traversent des épreuves, ils peuvent néanmoins en sortir grandis pour de bon. Même si leur autonomisation, leur droit de sortie, ils peuvent les «payer» via des blâmes et une solitude certaine. « L’impact d’une passe difficile va dépendre de ce qu’on en aura fait » nuance Claude Seron. « Des adolescents vont se reconstruire . D’autres feront plutôt preuve d’oblativité morbide , être toujours dans le don , dans le sacrifice , l’épuisement de leurs ressources .» Y aurait-il davantage d’adultes au passé d’enfants parentifiés, d’hommes et de femmes en quête de reconnaissance parmi les professionnels de la relation d’aide? Claude Seron admet la pertinence de la question, sans toutefois vouloir y répondre de manière univoque. L’homme redoute les généralisations. Il leur préfère les nuances du «sur-mesure». Une certitude cependant: « On ne donne pas le meilleur de soi dans l’épuisement

CLIF et Parole d’enfants

Aujourd’hui, Claude Seron se partage entre le Centre liégeois d’intervention familiale (CLIF) et l’asbl Parole d’enfants. Le CLIF a développé de multiples outils de manière à trouver l’approche la plus pertinente à des problèmes variés. « Le défi est de créer une rencontre qui soit profitable lorsque l’accompagnement se réalise sous contrainte », explique Claude Seron. Le CLIF est subsidié, Parole d’enfants pas. Différence notable qui n’empêche pas les deux structures de collaborer. Parole d’enfants organise formations, colloques, journées d’études pour s’autofinancer. Autre versant important de Parole d’enfants: le recueil de la parole des enfants présumés abusés. L’association est mandatée pour ce faire par la SAJ, le SPJ ou le Tribunal de la Jeunesse. « Il existe aujourd’hui dix neuf critères de validation , qui permettent de distinguer un témoignage vécu d’un autre , né d’une induction ou pour un autre motif », précise Claude Seron. La prise en charge de l’enfant abusé et de sa famille, en ce y compris de l’abuseur, fait partie des missions de l’asbl.
Le travail a forgé une conviction importante au sein de l’équipe: celle que l’attitude adoptée par la mère de l’enfant abusé constitue le meilleur des prédicteurs de la reconstruction de l’enfant.
Confronté depuis trente ans aux adolescents en difficulté, Claude Seron reste optimiste, et autocritique. « Nous ne sommes pas différents des personnes avec lesquelles nous travaillons », affirme-t-il. « Nous aussi pouvons nous raconter des histoires pour que la vie soit plus vivable . Mais notre ambition reste , envers et contre tout , de donner le meilleur de soi . Je suis persuadé que notre travail permet à ceux dont l’humanité a été mise à mal de se remettre debout
Véronique Janzyk
Claude SERON, Au secours on veut m’aider, venir en aide aux adolescents en révolte, en rupture, en détresse, Editions Fabert, Collection Penser le monde de l’enfant, 2006, 2 volumes, 25 euros chacun.

«Au secours… on veut m’aider!»: le retour

En même temps que «Au secours, on veut m’aider», sort, un autre volume, sobrement intitulé «Au secours…on veut m’aider! Tome 2». Il s’agit, sous la direction de Claude Seron, d’une compilation de textes de professionnels consacrés à l’aide aux adolescents en révolte, en difficulté et en détresse.
Cet ouvrage collectif , riche et dense, fait suite à un premier tome plutôt pragmatique où Claude Seron évoque son expérience de trente années dans des structures variées, mais toujours au service de jeunes en révolte, en rupture ou en détresse.
Ce deuxième tome propose aux lecteurs de penser l’adolescent en difficulté en reliant entre eux des modèles, des interventions, des réflexions, des recherches issus de milieux d’action relevant tantôt du monde judiciaire, du secteur hospitalier, de l’intervention psychosociale, des pratiques en foyer d’hébergement ou de contextes d’interventions en milieu ouvert…Une richesse d’approches par ailleurs déjà présente dans le tome 1.
Patrice Huerre (psychiatre, directeur de la clinique Heuyer à Paris) propose une compréhension de la violence juvénile au regard de l’entre-deux «enfance-âge adulte». Xavier Pommereau (psychiatre, directeur de l’Unité médico-pédagogique de l’adolescent et du jeune adulte au Centre Abadie, à Bordeaux) évoque la valeur métaphorique et les qualités de marquage et de remarquage des manifestations de violence.
Yves Stevens (psychologue belge) développe, pour échapper à la diabolisation des jeunes ou à la résignation, des leviers d’intervention fondés sur l’engagement et l’authenticité. Roland Coenen , pour l’institution Tamaris (Bruxelles) affirme la valeur d’une pratique socio-thérapeutique non punitive en milieu résidentiel.
Juliaan Van Acker (professeur émérite de sciences pédagogiques de l’Université de Nijmegen) aborde son parcours avec des délinquants récidivistes et avec leur famille. Avec le psychiatre infanto-juvénile Jean-Yves Hayez (UCL), les lecteurs sont amenés à questionner l’idée reçue selon laquelle les ados auraient une sexualité dangereuse, voire destructrice. Le thérapeute Siegi Hirsch trace, lui, l’évolution des familles néo-traditionnelles. Il décrit des tentatives pour inventer de nouvelles modalités relationnelles.
Denis Adam (Québec) développe le programme «Transfert des acquis» qui contribue à la requalification des parents. Gianni Cambiaso (formateur à l’école de thérapie familiale Maria Selvini, à Milan) propose de situer la consommation de drogues dans une dynamique familiale. Il invite à explorer des hypothèses trigénérationnelles.
Johanne Lemieux (travailleuse sociale au Québec) partage son expérience avec des enfants adoptés. Elle décrit les difficultés rencontrées avec une minorité (un quart environ) de ces enfants, qui mettront, à leur manière, à l’épreuve le nouvel attachement qui leur est offert. Enfin, la psychothérapeute Yvonne Dolan (USA) explique son recours à des «écrits thérapeutiques» avec des jeunes ayant subi des traumatismes. Le sociologue français Michel Fieze clôt le volume en évoquant les bienfaits de l’adolescence.
Les adolescents méritaient bien ça…
VJ

Le corps ensorcelé

Le 30 Déc 20

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«J’avais le corps ensorcelé parce qu’il était soumis à une attirance obsessionnelle vers la minceur, la maigreur. Alors qu’une partie de mon être voulait vivre, exister, se montrer, l’autre lui intimait l’ordre de se taire, de disparaître. Dans ce conflit permanent, ma joie de vivre se perdait…»
Françoise Lievens nous invite, dans son livre intitulé Le corps ensorcelé, à la découverte des nœuds inconscients ayant provoqué la souffrance liée à l’anorexie boulimie. Avec sensibilité et justesse, elle partage sa démarche courageuse et son processus d’évolution personnelle. Tantôt grave, tantôt légère, elle nous dévoile l’être dans sa recherche de sens. Elle nous offre son vécu de sujet ayant souffert et illustre par de nombreux exemples son expérience professionnelle dans l’accompagnement des personnes qui la consultent depuis plus de cinq ans.
Avec l’équipe de l’asbl AnoréVie qu’elle a créée, Françoise Lievens a entrepris de soulager la souffrance corporelle, mentale et émotionnelle des personnes victimes des troubles alimentaires que sont l’anorexie et la boulimie. Des séances d’écoute personnalisées combinées à des projets de réalisation artistique leur permettent de s’exprimer, de manière verbale et non verbale.
«Ecrire un livre, témoigner, c’est aussi se jeter à l’eau. Oser nager autrement, même sans avoir appris. C’est cela, pour moi, vivre. Dans le passé c’était une joie pour moi d’écrire: ‘Je maigris.’ Aujourd’hui, je m’épanouis de noter: ‘Je m’écris’. Cela me laisse aussi légère mais me remplit tellement mieux.»
Contacts: AnoréVie, route de Dinant 28, 6800 Libramont-Chevigny. Tél. 061 22 34 63. Fax: 061 23 35 64.

Anorexie

Le 30 Déc 20

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Ecrit en cinq jours par Caroline Theunissen , «Anorexie» s’est retrouvé par hasard dans la boîte aux lettres de l’éditrice Annemarie Trekker, coutumière d’éditer plutôt des textes des participants à ses tables d’écriture axées sur les récits de vie.
De toute évidence, le texte de Caroline Theunissen correspondait à l’esprit maison. «Anorexie» narre en effet par le menu la chute dans l’anorexie de la jeune fille d’à peine dix-huit ans à l’époque. La maladie a débuté il y a environ huit ans. Sous-titre du témoignage: «Quand l’ange devient démon».
« J’ai voulu être un ange », explique Caroline Theunissen, « mais je suis devenue un démon pour moi et pour mes proches . J’ai souffert et je les ai fait souffrir . Poursuivant une quête de la perfection , j’ai failli m’auto détruire
L’auteur évoque longuement sa famille, son sentiment d’infériorité face à la fratrie. Elle identifie aussi des propos qui pourraient paraître anodins, mais qui, reçus à fleur de peau par une fille sensible, contribuèrent à la spirale de la privation de nourriture. « J’ai relaté franchement des événements qui m’ont blessée », explique Caroline Theunissen, mais je les ai entourés de plein , tout plein , de mots d’amour pour mes proches .» Le lecteur suit la jeune fille dans ses hospitalisations, dans ses refus brusques de toute aide, puis dans ses sursauts pour vivre. On la voit se cabrer souvent face à des soignants tout entiers focalisés sur des grammes à reprendre, la réduisant, tout comme elle le fait elle-même, à ce corps qui n’en finit pas de l’obséder justement.
Est-elle guérie aujourd’hui? Prudente, elle se garde de l’affirmer, mais tout espoir est bel et bien permis, même si la jeune femme (devenue accoucheuse) conserve un sérieux manque de confiance en ses ressources. Il est symptomatique qu’elle soit incapable d’écrire son prénom avec un C majuscule.
Une inquiétude semble pointer par rapport au livre: celle que l’ouvrage soit lu par des personnes anorexiques cherchant des «recettes» pour continuer à perdre du poids. « Je lisais énormément de témoignages de jeunes filles anorexiques pour m’en inspirer », raconte Caroline Theunissen. « J’étais admirative devant les astuces déployées pour perdre du poids , des dispositifs auxquels moi je n’avais pas pensé
Véronique Janzyk
Caroline THEUNISSEN, Anorexie, Editions Traces de Vie, amtrekker@hotmail.com.

Traces de Vie

Sociologue, Annemarie Trekker est l’auteur d’un ouvrage sur les mères célibataires (Editions Vie Ouvrière) et d’un autre consacré aux «Femmes de la terre» (Editions Bernard Gilson). On lui doit aussi, comme journaliste, deux ouvrages pour La Ligue des Familles, «Naître ensemble» et «Grandir ensemble».
La passion des récits de vie a mûri chez cette femme intéressée de longue date par la vie au jour le jour, par le quotidien. Il y aura son propre récit, évoquant la maladie de sa mère dans «La mémoire confisquée» et il y aura ceux qu’elle publie via sa maison d’éditions Traces de Vie . Ils sont en général issus des rencontres qui s’effectuent autour des tables d’écriture qu’elle anime. Trois thèmes y prédominent: racines de vie, lignes de vie et projets de vie.
« L’écriture a plusieurs fonctions dans ce cadre », explique Annemarie Trekker. « Il y a la transmission , parfois vers des personnes que l’on ne connaîtra pas , je pense à des personnes s’adressant par ce biais à leurs futurs petits enfants . Il y a aussi la réflexion sur son histoire de vie , sans oublier une fonction subversive , quand l’écriture permet de dire ce qui jadis n’a pu être dit et peut être de s’adresser à ceux qui nous ont jadis ignorés .» Annemarie Trekker a posé aux participants à ses tables d’écriture la question des effets de l’entreprise de narration sur leur vie. En tête des réponses, la clarification. Suivent le sentiment de libération et la possibilité de communication et de création de liens sociaux via l’écriture.
V.J.
Editions Traces de Vie , Annemarie Trekker . Tél .: 0479 80 26 94 . Site : [L]http:/www.traces-de-vie.net[/L]

Mon quartier en noir et blanc

Le 30 Déc 20

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A partir des lieux, des noms de rue du quartier Matonge-Blyckaert-Malibran à Ixelles, les habitants ont élaboré un parcours imaginaire et plein de santé.
Ce projet original de réappropriation d’une commune bruxelloise pleine de vie et d’une grande richesse (pluri-culturelle), piloté par Bénédicte Meiers (Question Santé) a donné naissance à un beau livre de photos, poèmes et récits intitulé ‘Est-ce que par hasard vous auriez vu un petit songe’.
Il est complété par un documentaire sonore sur CD ‘A l’école des uns et des autres’ qui donne un caractère concret aux travaux d’ateliers de photo et d’écriture qui forment la trame du projet.
Cette réalisation a bénéficié du soutien de la Communauté française, de la Commune et du CPAS d’Ixelles, et s’inscrit dans l’initiative Quartier de vie de la Fondation Roi Baudouin.
‘Est-ce que par hasard vous auriez vu un petit songe’, livre de 160 pages + CD ‘A l’école des uns et des autres’ peut être commandé à education.permanente@questionsante.be. Il coûte 10 euros à verser au compte triodos 523 – 0410913 – 96 de Question Santé asbl avec la mention MQNB.

La charte de Bangkok

Le 30 Déc 20

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Vingt ans après la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé qui a été considérée jusqu’à ce jour comme une référence pour le développement des actions en promotion de la santé, une nouvelle charte a vu le jour en août 2005, à Bangkok .
Dans ce contexte, le Réseau francophone international pour la promotion de la santé (RÉFIPS) vient de publier un ouvrage regroupant une douzaine de textes originaux autour du contenu de la Charte de Bangkok. Chaque auteur présente son analyse en lien avec sa pratique ou ses champs d’intérêt. La diversité des points de vue réunis dans un même document favorise ainsi la poursuite des échanges sur le sujet en vue de la consolidation de la promotion de la santé dans un monde qui en a tant besoin.
Les Belges francophones et les Québécois ont largement contribué à cette compilation, où les Français brillent par leur absence…
Ce petit livre s’avère bien utile pour mieux comprendre les enjeux actuels et futurs de la promotion de la santé en francophonie.
Je vous recommande en particulier le texte ‘Le profit de la santé et la santé du profit: de l’analyse discursive à l’examen des faits’, de Christian Desilets , un plaidoyer pour la mondialisation heureuse qui a au moins le mérite de faire débat…
CDB
van STEENBERGHE, E. et ST-AMANT, D. (sous la coordination) (2006) Charte de Bangkok: ancrage pour de meilleures pratiques en promotion de la santé? Montréal, Collection «Partage», Réseau francophone international pour la promotion de la santé, 94 pages. Prix: 8 $ (5 $ tarif préférentiel pour les membres du RÉFIPS). Pour information ou pour passer une commande: ameriques@refips.org

Comprendre la sécurité sociale pour la défendre

Le 30 Déc 20

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Sur quels fondements la sécurité sociale s’est-elle développée? Quelles sont les finalités de l’Etat social actif, notamment dans le contrôle et l’accompagnement des chômeurs? Allonger les carrières est-il la solution face à l’impact du vieillissement? Pourquoi et comment s’opposer à la privatisation croissante de la protection sociale? Comment mieux financer la sécurité sociale? Pourquoi doit-elle rester fédérale? Quelles sont les conceptions du modèle social qui s’opposent dans le débat actuel?
Voilà quelques-unes des questions auxquelles le livre de Patrick Feltesse et Pierre Reman apporte des éclairages fort complets.
La sécurité sociale contribue à limiter les inégalités et à fonder la cohésion sociale. En dépendent l’accès de tous à des soins de santé de qualité et l’assurance d’une certaine sécurité d’existence, dans une société plus largement confrontée à la compétition économique.
Cependant, le risque existe d’une déconstruction progressive. C’est pourquoi cet ouvrage veut promouvoir la participation du plus grand nombre à la défense des valeurs et de l’efficacité de ce système, en facilitant la connaissance de base et la compréhension des enjeux actuels, ainsi que le travail de formation et d’éducation permanente.
Car comprendre la sécurité sociale pour la défendre face aux tendances actuelles, cela commence par la découverte des enjeux actuels sur des questions aussi fondamentales que la santé, le travail, la sécurité sociale et la solidarité.
Le lecteur, l’enseignant, le formateur, pourront trouver une information à la fois fiable, synthétique et suffisante, sur chacun des sujets traités (exposés descriptifs et textes de réflexion). Ainsi, ce livre pourra contribuer à lancer des débats dans les associations, les mouvements syndicaux et mutuellistes, les écoles et les multiples réunions auxquelles les citoyens participent, grâce à une vingtaine de fiches explicatives, doublées par des contributions qui visent à lancer le débat.
FELTESSE P., REMAN P., Comprendre la sécurité sociale pour la défendre, Couleur Livres, 2006, 232 p., 24 euros.

Fiches et débats

1. Comprendre la sécurité sociale pour la défendre
La sécurité sociale, une solidarité plurielle?
2. Qu’est-ce que la sécurité sociale?
Faut-il opposer assurance et solidarité?
3. Les origines de la sécurité sociale
La sécurité sociale a-t-elle fait son temps?
4. La sécurité sociale contemporaine
Trop généreuse, la sécurité sociale?
5. La sécurité sociale dans la crise
Pourquoi la crise?
6. De la modernisation au projet d’Etat social actif
Vers un changement de modèle?
7. L’Etat social actif face aux différentes stratégies de protection sociale
Croiser les regards sur la protection sociale
8. L’Etat social actif: une mise en œuvre dans l’ambiguïté
Le modèle social en débat
9. Le financement de la sécurité sociale
Bientôt une CSG et une contribution plus significative du capital?
10. La sécurité sociale et la redistribution des revenus
Une sécurité sociale plus sélective
11. La sécurité sociale et la question du «genre»
Individualiser les droits sociaux?
12. Les pensions
La solidarité a-t-elle besoin de piliers?
13. L’assurance-chômage et l’indemnisation des formes d’aménagement du temps de travail
Pourquoi contrôler davantage les chômeurs?
14. Les accidents de travail et les maladies professionnelles
Les risques du travail: de la réparation à la prévention
15. L’AMI – l’assurance indemnités
Pourquoi la liaison au bien-être est-elle capitale?
16. L’AMI- l’assurance soins de santé
Comment reconnaître et contrer la privatisation de la protection sociale?
17. Les allocations familiales
Défédéraliser la sécurité sociale?
18. Les partis politiques et la sécurité sociale
Conceptions progressiste et conservatrice de la sécurité sociale
19. L’impact du vieillissement de la population
Allonger les carrières, est-ce la solution?
20. La sécurité sociale et l’Europe
La compétence et l’action de l’Union européenne dans le domaine de la santé
21. Les dépenses de la sécurité sociale

Le Panorama social (2006)

Le 30 Déc 20

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La Mutualité chrétienne est très attentive à l’information sociale concernant les personnes malades, handicapées, âgées et/ou à faibles revenus. Elle a voulu faire profiter les intervenants sociaux et le grand public de son expérience en la matière en publiant un guide abordant toutes les dispositions sociales en vigueur dans notre pays concernant ces personnes.

Où dois-je m’adresser pour obtenir des allocations pour handicapés? Suis-je dans les conditions pour bénéficier d’un remboursement préférentiel en soins de santé? En tant que malade chronique, ai-je droit au tarif téléphonique social? A quelle condition puis-je bénéficier de la garantie de revenus pour personnes âgées? Autant de questions parmi d’autres auxquelles le ‘Panorama social’ apporte des réponses concrètes. Il offre une vue d’ensemble de la législation sociale et des dispositifs sociaux aux niveaux fédéral et régional.

Il comprend quatre parties:

  • la sécurité sociale – le guide donne un aperçu des différents régimes qui la composent et approfondit chacun de ses secteurs;
  • l’aide sociale – ce deuxième filet de notre système de protection sociale est basé sur une enquête sur les revenus;
  • les institutions et dispositifs favorisant l’autonomie des personnes malades et handicapées;
  • les différentes réglementations centrées sur la notion d’accessibilité aux dispositifs sociaux spécialisés.

JACQUINET S., NOTTE C., MEURICE A., MANGANO C., Panorama social, Mutualité chrétienne, Bruges, Ed. Vanden Boele, 2006, 740 pages, 50 € (disponible en librairie).

L’évolution des dépenses de soins de santé en Belgique

Le 30 Déc 20

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Un équilibre dynamique entre la maîtrise des dépenses publiques et la protection financière du patient

Un nouveau dossier thématique de la Mutualité chrétienne refait le point sur l’évolution des dépenses en soins de santé et se penche particulièrement sur le nombre important de mesures ayant des conséquences sur les coûts à charge des patients.
La population belge bénéficie d’une couverture large de ses frais en soins de santé via le système public d’assurance maladie-invalidité. Cette couverture peut par ailleurs être complétée par des assurances complémentaires proposées par les mutualités ou les compagnies d’assurance privées. Mais malgré cela, les coûts à charge de certains malades restent très élevés.
D’après les chiffres les plus récents de l’OCDE (année 2003), 10,1% du PIB belge sont consacrés aux soins de santé. Sur ces 10,1%, 7,2% sont couverts par les pouvoirs publics. Les 2,9% restants sont à charge des patients. Avec ce dernier chiffre de 2,9%, la Belgique se situe parmi les pays d’Europe les plus chers pour les patients. D’après les estimations du service d’étude de la Mutualité chrétienne, sur les coûts supportés par les patients en 2003, près de 20% sont couverts par les assurances complémentaires des mutuelles et des assureurs privés et plus de 80% restent entièrement à charge des patients!
Par ailleurs, les dépenses à charge des patients augmentent rapidement (à un rythme deux fois plus élevé que l’augmentation du budget familial) et atteignent aujourd’hui 4,3 % du budget du ménage d’une famille moyenne (données ANMC, 2003). Derrière cette moyenne, se cache une réalité nettement plus inquiétante: les 5 % de patients confrontés aux dépenses les plus élevées supportent près de la moitié de la facture totale à charge du patient. Ainsi, chaque année, près de 100.000 personnes (soit 1% de la population) déboursent quelque 5000 euros ou plus pour leurs soins de santé! Ce sont les suppléments d’honoraires dans les hôpitaux qui pèsent le plus lourd dans ces dépenses. Viennent ensuite les suppléments de chambre et les médicaments non remboursés. En y ajoutant le matériel médical non remboursé, la facture pour les malades chroniques devient particulièrement élevée.

De nombreuses mesures pour maintenir les soins accessibles

Le patient n’est pas le seul à subir des dépenses de plus en plus élevées pour les soins de santé. L’assurance maladie est confrontée au même problème et cherche à y apporter des réponses. Celles-ci se concrétisent par diverses mesures, contre-mesures et corrections qui témoignent d’une recherche constante d’un équilibre dynamique entre la maîtrise des dépenses publiques et la protection financière du patient. Dans son dossier thématique, la Mutualité chrétienne commente ces mesures en détails.
La plupart des mesures d’économies qui ont été réalisées ces dix dernières années sont linéaires et concernent des augmentations ou des introductions de tickets modérateurs avec des impacts budgétaires modérés à forts.
Pour éviter que ces mesures ne diminuent l’accessibilité aux soins, elles sont accompagnées de mesures correctrices nécessairement sélectives. Il est logique que dans la mesure où les dépenses augmentent de plus en plus, les mesures de protection mises en place par les autorités soient également de plus en plus chères. Il n’est pas logique par contre de faire des économies par rapport à ces mesures de corrections, ni d’en répercuter le coût sur les plus vulnérables.

Plus de complexité et de sélectivité

Suite à ces mesures, les remboursements de l’assurance maladie obligatoire varient de plus en plus en fonction des revenus et du statut social (le maximum à facturer en est un bon exemple), selon les pathologies (par exemple le Passeport diabète ), et même en fonction du comportement du patient (par exemple les consultations préventives chez le dentiste ou le dossier médical global). La complexité de ces remboursements a pour conséquence que les catégories sociales précisément les moins favorisées ne les connaissent pas ou mal et n’y font donc pas appel. D’autre part, la sélectivité des remboursements en fonction des revenus risque de décourager les classes les plus aisées à croire à l’efficacité d’un financement solidaire du système de soins de santé.

Dans ce contexte difficile, la Mutualité chrétienne met en avant cinq priorités:
-des moyens suffisants pour l’assurance maladie obligatoire;
-une simplification importante des différentes mesures de correction incompréhensibles pour la plupart des patients et entraînant un coût administratif très élevé;
-plus de clarté et de protection légale pour éviter les dépenses non justifiées;
-des protections supplémentaires pour les plus vulnérables et ceux qui ont le plus de besoins;
-qu’il n’y ait pas de nouvelles augmentations des coûts à charge du patient, qui mèneraient à plus de privatisation et au renforcement des inégalités face à la maladie et aux soins de santé.
D’après un communiqué de presse de la Mutualité chrétienne
Pour télécharger le dossier thématique complet (qui comprend un résumé de quelques pages): https://www.mc.be/fr/100/info_et_actualite/dossiers_et_etudes/evolution_depenses_soins_sante_belgique.jsp?ComponentId=24674&SourcePageId;=9239

L’hyperconsommation peut-elle faire notre bonheur?

Le 30 Déc 20

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Dans son ouvrage ‘Les temps hypermodernes’, Gilles Lipovetsky nous expliquait en quoi le ‘postmoderne’ avait fait son temps.
Ici, il nous initie au concept d’hyperconsommation, fruit d’une troisième phase de l’évolution du capitalisme de consommation. Première phase, de 1880 à la seconde guerre mondiale, on assiste à l’apparition des grandes marques et à l’avènement de la publicité. Le client, attiré par les grands magasins, s’émancipe du rôle que jouaient jusque-là les commerçants.
Aux alentours de 1950 se met en place la consommation de masse, la société d’affluence met l’ensemble des biens à la disposition du plus grand nombre. La consommation est marquée par l’obsolescence organisée. Contrairement aux thèses développées par Veblen et ses épigones, le consommateur n’est pas uniquement occupé par la satisfaction de besoins de démonstration traditionnels, il est également orienté dans ses choix par un hédonisme individualiste.
Depuis la fin des années 1970, nous sommes entrés dans la troisième phase, époque de l’hyperconsommation, recherche de bonheurs privés, sans entrer dans des relations interhumaines de prestige. Les activités, les sentiments, les choix, tout devient ‘hyper-dimensionné’. C’est de manière étrangement paradoxale que le bonheur se cherche et parfois se vit dans une société d’hyperconsommation, où tout est disponible en quantités incommensurables, et où les libertés semblent ne pas connaître de limites. Paradoxal, car dans les sociétés de plus en plus riches, l’exclusion et la précarité sévissent, les corps et les mœurs sont libres, mais la misère est autant sexuelle que sentimentale.
Lipovetsky propose cinq grands modèles paradigmatiques qui peuvent servir de grille de lecture et de compréhension de nos sociétés du plaisir et du bonheur. Il propose de les associer chacun à une figure mythologique emblématique.
Le principe de la première thèse est Pénia (pauvreté), inévitable conséquence d’un système de stimulations sans fin des besoins, qui ne produit que mécontentements et frustrations.
C’est Dionysos qui représente la poussée paroxystique des désirs et de leurs satisfactions sous toutes leurs formes possibles.
A l’opposé de ce deuxième modèle, on trouve celui de la valorisation de la performance, de la compétition et de l’excellence, idéalisé par Superman .
Selon une quatrième thèse, l’envie serait à la fois le moteur qui stimule et les chaînes qui entravent la croissance du monde. La figure emblématique en est la déesse grecque Némésis , qui personnifie la vengeance. Elle est chargée de frapper l’excès de bonheur des mortels.
Enfin, un cinquième modèle s’exprime dans l’individualisation extrême des modes de vie et des aspirations. Narcisse est indiscutablement le plus fier représentant d’une société où chacun cherche son propre plaisir, même dans ses rapports amoureux.
C’est d’une manière paradoxale que Lipovetsky reconnaît les dérives associées aux modèles décrits, pour mieux les balayer par une argumentation pertinente, mais qui donne aussi l’impression que notre société n’est finalement le modèle de rien en étant représentante de tout.
Certaines évolutions sont toutefois spécifiques à l’hyperconsommation. Le culte du corps, par exemple, associé à son inséparable obsession de la santé parfaite, place l’Homo consumericus dans la peau de l’Homo sanitas . Chirurgie esthétique, alicaments et médicaments sont autant d’objets ‘hyperconsommés’, en vue de satisfaire un vieux rêve de jeunesse et de beauté éternelles. Une surabondance de moyens qui font de cet hypocondriaque un sujet individuellement responsable de ses prouesses, mais aussi de ses échecs.
Pour Lipovetsky, l’hyperconsommation a encore de belles années devant elle. Elle est fonctionnelle, car elle nourrit le mythe du bonheur, l’illusion que sa réalisation est possible aussi longtemps que le malheur ne nous atteint pas; c’est la sagesse de l’illusion. L’hyperconsommation alimente également la croissance économique, et toutes les velléités de vie frugale ou austère, de stabilisation de la croissance voire de décroissance représentent pour l’auteur des rêveries, certes fondées, mais dont la concrétisation n’est tout simplement pas souhaitable. Elles exigeraient des mesures autoritaires, alors que ‘le marché reste la moins mauvaise des solutions, la mieux adaptée à une société d’individus libres’.
Toutefois, Lipovetsky nous livre une conclusion encore une fois paradoxale en reconnaissant que ‘seuls des intérêts et des passions d’un autre genre pourront dresser des remparts face au déferlement hyperconsommatif’.
Il est peut-être urgent de trouver ces fameux moyens, non autoritaires, de réorienter l’individu vers d’autres buts qui soient compatibles avec la pérennité de la planète et de l’humanité.
Christian Léonard , Département Recherche et Développement de la Mutualité chrétienne
Gilles LIPOVETSKY , ‘Le bonheur paradoxal , Essai sur la société d’hyperconsommation’ , Gallimard , 2006 , 377 pages
Article paru initialement dans MC Informations n° 224, août 2006

Le piège fatal

Le 30 Déc 20

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Ce ‘livre qui tue l’envie de fumer’, d’après le slogan choc de son éditeur, n’est pas le bouquin de plus qui donne la recette miracle au fumeur désireux de se libérer du tabac. Le propos de son auteur, Jean-Pierre Cicchelero , est plus original. Il a imaginé la forme d’un roman à suspense pour traduire son propos, ce qui donne un thriller thérapeutique d’un genre nouveau. Non pas un polar qui se déroule dans le milieu médical, comme par exemple le récent ‘Camisoles’ de Martin Winckler (plutôt faiblard soit dit en passant), mais un argumentaire antitabac emballé comme un roman.
En une trentaine de chapitres, un grand nombre de sujets sont abordés sous forme d’une fiction transparente:
-les facteurs intrinsèques et extrinsèques du tabagisme avec le héros, ses parents, sa femme Florence, ses initiateurs Philippe, Maurice, etc.
-la réalité perçue et non perçue du fumeur au quotidien, le vécu des proches;
-les mœurs de l’industrie du tabac à travers le sinistre Ad Patres, le patron de Pro-Mortem;
-les mécanismes de cancérisation: Benzo;
-la contrebande, le lobbying, les basses œuvres de l’industrie du tabac, par Gurkha;
-les illusions, les leurres associés à la cigarette et Dame Nicotine;
-un menteur professionnel, Bobard contrôle scientifiques, presse etc.
-le comportement des pouvoirs publics, avec Alma Mater;
-Intox se charge de conserver les fumeurs et d’en créer de nouveaux;
-un assassin;
-un cancer du poumon au quotidien.

‘Monsieur Leurres et Madame Nicotine, les redoutables illusionnistes surnommés L&N;, avaient décidé de prendre possession d’une nouvelle victime pour le compte de Pro-Mortem. Dans leur numéro de duettistes, chacun avait un rôle bien précis: Leurres séduisait prioritairement les jeunes par voie psychique et les attirait dans ses pièges diaboliques. Nicotine, qu’accompagnaient de 600 à 1400 complices subtils, perfectionnait le piège par une chimie hypersophistiquée.’
(extrait, p. 71)

L’auteur, qui manie en permanence l’ironie, s’inscrit pleinement dans la tendance actuelle à dénormaliser l’industrie du tabac. Pas difficile, il suffit de lire la littérature des cigarettiers eux-mêmes, c’est une source inépuisable d’horreurs plus cyniques les unes que les autres.
Et en plus, à en croire le communiqué de presse, l’ouvrage serait même un substitut intéressant aux substituts nicotiniques! Le manuscrit a été testé auprès d’un petit nombre de fumeurs, avec les résultats suivants:
-augmentation de l’envie d’arrêter pour 70% d’entre eux;
-65% disent que leur inconfort à fumer a augmenté;
– 17% d’arrêt et 48% de réduction de consommation.
C.D.B.
Jean-Pierre CICCHELERO, Le piège fatal, thriller thérapeutique, Editions Jouvence, 2006, 320 pages, 18 euros.

Prévention des chutes des personnes âgées

Le 30 Déc 20

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Un premier référentiel francophone sur la prévention des chutes chez les personnes âgées a été élaboré par un groupe de travail composé d’intervenants et d’experts en santé publique et en gérontologie provenant de Belgique (Educa Santé) (1), de France (INPES), du Québec (Direction de la Santé publique) et de Suisse (Direction générale de la Santé de Genève), au terme d’une analyse approfondie de la littérature scientifique et d’une réflexion collective.
Il s’agit d’un document destiné aux professionnels impliqués dans la prévention et la promotion de la santé, qui veut répondre aux besoins des acteurs de terrain auprès des personnes âgées (éducateurs physiques, kinésithérapeutes, médecins, gériatres, infirmiers, etc.), des responsables et des formateurs en programmes de santé publique. Il est donc naturellement orienté vers la pratique .
Les recommandations qui y sont proposées se fondent sur des niveaux d’évidence scientifique ou, pour les thématiques sur lesquelles les études manquent à ce jour, sur un consensus du groupe de travail précité. Afin de rendre l’ouvrage accessible au plus grand nombre, les données scientifiques abordées sont le plus souvent possible présentées sous forme de tableaux récapitulatifs et de résumés encadrés.
L’objectif de cet ouvrage est d’aider à la mise en œuvre de programmes de prévention des chutes et d’interventions pertinentes.
En effet, la chute est un événement multifactoriel qui nécessite une approche globale de la personne âgée autour de trois groupes de facteurs:
– des facteurs individuels, c’est-à-dire liés à l’état de santé de la personne (troubles de l’équilibre, pathologies chroniques et aiguës, etc.);
– des facteurs comportementaux: prise de risque trop élevée, médication, nutrition, consommation d’alcool, etc.;
– des facteurs environnementaux: éclairage, qualité du sol, etc.
C’est pourquoi le référentiel présente et propose une démarche en trois temps et s’articule autour d’un arbre décisionnel qui permet aux intervenants:
– de connaître les facteurs de risque des chutes;
– de repérer et d’identifier le risque de chute chez une personne âgée (dépistage d’un risque élevé, moyen ou faible ou son évaluation approfondie);
de choisir les interventions les mieux adaptées pour prévenir les chutes.
Ainsi, selon le niveau de risque des personnes, différents types d’intervention sont-ils proposés:
– multifactorielle personnalisée pour des personnes âgées à risque élevé de chute;
– multifactorielle non personnalisée pour les personnes à risque modéré;
– spécifique en présence d’un facteur pathologique ou d’un danger repéré du domicile;
– promotion de la santé – prévention primaire des chutes- en présence d’un risque faible.
Le référentiel peut être commandé à partir du site https://www.inpes.sante.fr (rubrique le catalogue) pour un prix de 11,50 euros.
(1) Educa-Santé diffuse ce référentiel auprès de professionnels qui s’engagent avec l’asbl basée à Charleroi dans la démarche proposée, et qui bénéficient aussi de son encadrement. Il faut noter que cette démarche concerne le domicile, et n’est pas adaptée directement à la prévention des chutes en collectivités (MR, MRS, hôpitaux). Un élargissement n’est pas exclu.

Dérives alimentaires

Le 30 Déc 20

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Entre anorexie et boulimie, régimes de toutes sortes et augmentation vertigineuse des cas d’obésité, crises alimentaires et famines, succès des fast-food et interdiction des distributeurs de sodas dans les écoles, gastronomie et diététique, industries agroalimentaires et produits bio, etc. : notre rapport à l’alimentation en ce début de vingt-et-unième siècle est assurément problématique.
Est-ce un luxe de pays riches ou le signe d’un mal-être plus profond ? Comment retrouver le plaisir de manger sans culpabilité ? Comment bien vivre les repas en famille et éduquer les enfants à une alimentation saine et variée ? Comment réagir face à un proche qui souffre d’anorexie ? Quelle attitude adopter face à un enfant qui a tendance à prendre du poids ?
Voici quelques-unes des questions que pose ce dossier des Nouvelles Feuilles Familiales, au départ de l’expérience de parents et de l’éclairage de spécialistes de différentes disciplines. Une approche pluridisciplinaire qui fait se croiser les points de vue familial et éducatif, psychologique et médical, culturel et social.
Dérives alimentaires, Dossier n°73 des Nouvelles Feuilles Familiales, septembre 2005.
A commander (8,70 Euros + frais de port) aux éditions Feuilles Familiales, asbl, Rue du Fond, 148 à 5020 Malonne. Tél: 081 45 02 99. Fax:: 081 45 05 98. Courriel: mcf@skynet.be. Site: https://www.couplesfamilles.be

MVA

Croissance contre santé, quelle responsabilisation du malade?

Le 30 Déc 20

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A l’encontre de bien des idées reçues, Christian Léonard , l’auteur de cet ouvrage décapant, nous invite à une réflexion citoyenne et critique sur les prétendus bienfaits de la croissance économique et des moyens que les gouvernants mettent en œuvre pour la favoriser. D’une part, afin de modérer les dépenses publiques et de Sécurité sociale, nous assistons à un désengagement progressif de l’État et à une responsabilisation croissante des bénéficiaires de ces biens publics, et d’autre part tout concourt à encourager (parfois de façon irresponsable) notre comportement de consommateur de biens privés.
Ce premier paradoxe se complète d’un second: en fait, cette responsabilisation croissante au niveau des dépenses (para)publiques se révèle un leurre, au fond il n’est pas souhaitable que cette responsabilisation soit (par trop) réussie, car la rentabilité des activités économiques que génèrent ces dépenses pourrait s’en ressentir… La médicalisation des problèmes sociaux en est la preuve.
Ce double paradoxe est abondamment illustré, dans les deux premières parties du livre, à l’aide d’exemples récents de ‘réformes’ menées par divers pays européens. La tendance croissante à la privatisation et à la marchandisation des biens publics se révèle par bien des symptômes: réduction graduelle des recettes (via la diminution des cotisations sociales, la réduction d’impôts), sélectivité des interventions publiques, glissement vers les couvertures privées, etc.
Cette tendance est franchement discutable, pour bien des motifs. Si les contribuables que nous sommes tous peuvent se réjouir à court terme d’une pression (para)fiscale moindre, qu’en sera-t-il à long terme? Ce désengagement de l’État n’est-il pas dommageable, surtout pour les plus faibles? Tous les biens que nous considérons jusqu’ici comme des biens collectifs, seront-ils vraiment mieux délivrés (et à moindre coût) par d’éventuels opérateurs commerciaux?
Quant à la responsabilisation des bénéficiaires des deniers publics, elle se manifeste également par le fait que les ‘mauvais’ comportements sont sanctionnés, les comportements ‘adéquats’ sont récompensés (on parle alors d’activation).
Encourager un comportement socialement et sanitairement correct, satisfaire à un style de vie standardisé et performant, est-ce vraiment la clé du bonheur? En tant qu’assurés sociaux, utilisateurs de biens publics, sommes-nous réellement tenus de ‘mériter’ les interventions dont nous bénéficions? Espère-t-on réellement diminuer ainsi les inégalités sociales bien présentes dans nos sociétés d’abondance?
Finalement, il ressort de tout cela l’impression que tout un chacun se voit réduit à n’être plus qu’un « simple objet fonctionnel de la croissance ». Cette dérive ‘économiste’ (de tendance néo- et/ou ultra- libérale) est vigoureusement dénoncée: si nous sommes bien des êtres libres et responsables de nos actes, nous n’en sommes pas moins également structurés par un ensemble de déterminismes sociaux, culturels, géographiques qui s’imposent à nous, encore et toujours.
L’auteur continue sa réflexion, dans la dernière partie de son ouvrage, en abordant l’influence de la technologie dans le champ médical. Les perspectives ouvertes par les progrès récents en matière de procréation assistée, de clonage, de manipulations génétiques, de diagnostic prénatal, etc, nous imposent une réflexion éthique approfondie.
Vivrons-nous au sein d’une société d’hommes ‘fabriqués’, sur mesure? Tout développement technologique, bien qu’économiquement rentable, est-il éthiquement souhaitable? Pour Christian Léonard, la réponse n’est ni un retour au ‘bon vieux temps’, ni une fuite en avant: « Nous défendons l’idée que le salut de la société telle que nous la connaissons , avec ses structures collectives qui concrétisent les principes fondamentaux de la solidarité , passe par un regain de morale et d’éthique comme frein aux élans dévastateurs des forces du marché . Se réapproprier les valeurs morales ne signifie pas […] étouffer les plaintes individuelles légitimes par des positions obscurantistes . La pluralité de fait de nos sociétés est le meilleur garant que l’on tienne compte des souffrances personnelles mais elle doit être aussi l’assurance que le bien être collectif ne soit pas que la somme de bien être individuels ».
Aristote enseignait, dans son traité sur la Politique, que l’homme «est par nature un être destiné à vivre en cité », que cette dernière «existe pour permettre de vivre bien » (I, 2). Enfin, qu’au sein de la cité «il appartient à un bon législateur de considérer comment une cité, une race d’hommes ou toute autre communauté pourra participer à une vie bonne et au bonheur qui lui est accessible» (VII, 2).
Nous avons la chance de vivre au sein d’une cité démocratique, n’hésitons pas alors à agir en tant que citoyens et, à l’instar de Christian Léonard, à interpeller et rappeler à notre législateur qu’«un pari vers plus d’humanité» n’est pas un vain projet.
Hervé Avalosse , Département Recherche & Développement ANMC
Christian LEONARD, Croissance contre santé, Couleur Livres, 2005, 136 pages, 18 euros.

N’avalons pas n’importe quoi!

Le 30 Déc 20

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Grâce à des progrès spectaculaires, les aliments de la nouvelle génération améliorent notre santé. Voici ce que prétendent les géants de l’agroalimentaire: ‘Etre mieux chaque jour’ clame Danone! ‘Ensemble, mieux manger, mieux vivre’, claironne Nestlé! Que cachent ces slogans alléchants?
Boire du lait enrichi en calcium? Inutile si on ne souffre pas d’une maladie des os.
Rafler tous les produits étiquetés ‘vitamine C’ en hiver? Une alimentation normale couvre largement les besoins quotidiens en la matière.
Prévenir les problèmes cardiaques en consommant de la margarine aux phytostérols? Nul n’en connaît les effets à long terme.
Faire confiance aux aliments allégés pour perdre une taille? S’ils sont moins sucrés que les produits standard, ils sont aussi parfois plus gras, voire plus caloriques, et sûrement plus chers…
On peut se demander si les fabricants d’allégés et d’autres produits enrichis en vitamines et minéraux ou bactéries valent mieux, en termes de santé alimentaire, que les spécialistes de la restauration rapide ou de la confiserie. Leurs profits ne passent-ils pas avant tout?
Pour mener son enquête, la journaliste Fabiola Flex s’est penchée sur les emballages de ce que nous mangeons chaque jour; elle a étudié les recommandations et les avis des experts en nutrition et, surtout, elle a écouté les responsables marketing des grandes entreprises de l’agroalimentaire… Ayant travaillé elle-même au département des études de marché de Unilever (Becel, Boursin, Calvé, Iglo, Lipton, Ola, Amora, entre autres!), elle sait de quoi ils parlent.
Son constat: aujourd’hui nous risquons davantage d’être intoxiqués par les messages publicitaires que par ce que nous mangeons. Message mal reçu semble-t-il par les magazines féminins français, qui ont peu parlé de son ouvrage. Pour ne pas déplaire à leurs annonceurs? Raison de plus pour lui faire ici une petite pub.
Suivez donc son conseil: ‘ Venez vous promener avec moi dans les arrière cuisines des géants de l’agroalimentaire . C’est un bon exercice pour renforcer les défenses naturelles contre les dérives de leur discours publicitaire . Et c’est scientifiquement prouvé ‘.
C.D.B.
Fabiola FLEX, N’avalons pas n’importe quoi! Comment l’industrie alimentaire s’engraisse en nous vendant de l’allégé, de l’enrichi, du sans-sucre, etc., Robert Laffont/Denoël, 2005, 180 pages, 19,95 euros (en Belgique).