Lors des journées ‘Fenêtres ouvertes sur la santé’ organisées par la Croix-Rouge de Belgique (1), j’ai pu témoigner des démarches et actions concrètes réalisées dans mon école. Afin de faciliter la compréhension et surtout pour illustrer des chemins possibles à ceux qui seraient tentés par l’expérience, voici un résumé de notre démarche.
L’école
La Sainte-Union de Kain est une école d’enseignement secondaire (mais contenant également une implantation maternelle et primaire) d’enseignement général, technique et professionnel. En technique et professionnel, il y a les options ‘Education’ et ‘Hôtellerie’. Elle compte plus de 500 élèves originaires des alentours de la ville de Tournai.
Les projets concrets
Un travail de recherche interdisciplinaire sur l’alimentation des adolescents il y a quelques années a certainement été le point de départ des projets dans l’école (2). Des formations et animations avec le Réseau européen des écoles en santé (REES) ont renforcé les options prises. Depuis lors, des projets concrets organisés avec les élèves de l’école comme l’organisation d’un petit déjeuner pour toute l’école, un bar santé tenu par les élèves, des journées sans tabac, l’organisation de journées nature ou sportives, le cofinancement de fontaines d’eau dans l’école, ont acquis leurs lettres de noblesse. Cette année, un pas de plus a été franchi en obtenant un subside spécifique pour un projet global de prévention des assuétudes dans notre école; il a été baptisé ‘ Mieux vivre à l’école ‘.
Les disciplines concernées
En théorie, toute discipline est concernée par cette problématique. Dans la pratique, c’est autre chose! Un cours de l’option ‘Education’ répond en tout cas pleinement à la philosophie de la promotion de la santé. Ce cours porte l’intitulé ‘Hygiène, premiers soins, éducation à la santé’ en 5e et 6e Education technique de qualification. C’est lui qui est à la source de beaucoup de projets dans l’école pour le moment. Ensuite, d’autres cours peuvent embrayer: la biologie, l’éducation physique (avec un axe santé spécifique) mais aussi le français, la religion, l’éducation artistique, etc…
Dans la pratique, ce seront surtout les relations personnelles et ponctuelles entre la coordination pédagogique de l’école, les professeurs, les élèves qui donneront vie aux projets.
Les outils et démarches
Les formations du REES et de ‘Clés pour la jeunesse’ ont sensibilisé la coordination pédagogique et les enseignants volontaires aux aspects fondamentaux d’une relation pédagogique constructive visant le ‘mieux-être de tous’ à l’école.
Les démarches d’apprentissage obéissent clairement à une vision ‘ constructiviste ‘. En bref, il s’agit de:
1° Partir des représentations mentales des élèves (considérer l’élève comme une personne intéressante qui connaît des choses et possède déjà des compétences).
2° Tenir compte et susciter la dynamique d’un groupe classe en développant des relations positives à l’intérieur de celui-ci.
3° Négocier des projets . Le programme des cours, l’école, le professeur ont un projet pédagogique, celui-ci doit être négocié dans des projets concrets qui ont du sens pour les élèves. Des méthodes comme celles de l’APPRET (3) ou celles décrites dans la farde méthodologique de ‘Clés pour l’action’ (4) sont de véritables trésors pour aider l’enseignant et ses élèves à réussir des projets qui donnent du sens aux apprentissages.
Conclusions
Réussir des projets (d’éducation, de promotion de la santé ou autres) avec ses élèves est une grande source (d’auto-)satisfaction. Une première réussite sera très souvent le démarrage ou la relance d’une véritable motivation. Dans ce cas, les élèves deviennent de plus en plus acteurs dans le processus d’apprentissage.
Travailler de la sorte se démarque donc de la façon classique de délivrer un message magistral et suppose la mise en œuvre de ressources et de démarches très diverses avec le groupe classe, vers les collègues et vers le monde hors école. Ces démarches sont lourdes et ‘chronophages’, elles bousculent et dépassent le travail par disciplines et se heurtent parfois à un système scolaire trop rigide.
Cependant cette façon d’aider les élèves à résoudre de vrais problèmes complexes me semble être la plus fructueuse pour rendre les élèves plus compétents. Je formule ainsi l’hypothèse que si, dès l’école secondaire on arrive à rendre nos élèves compétents, par exemple par des actions de mieux vivre à l’école, on augmente leurs chances d’être compétents dans la gestion de leur santé dans leur vie d’adulte.
Paul Dendoncker , professeur d’éducation physique et de biologie à la Sainte-Union de Kain, Conseiller pédagogique en Education physique pour le Diocèse de Tournai, mél: paul_dendoncker@yahoo.fr
Site internet de l’école où vous trouverez un aperçu des projets santé: http://sunion.multimania.com/projets/projetsante9899.htm (1) Voir le dossier ‘La promotion de la santé à l’école’, Education Santé n°158, pp.1-8
(2) ‘Quand interdisciplinarité rime avec santé’, C. Boudailliez-Delory et P. Dendoncker dans Education Santé de mars 1996, pp.7-11
(3) ‘Référentiel d’actions en éducation à la santé’, M. Demarteau, FeSEC, 1993
(4) ‘Clefs pour la jeunesse’ asbl, 63/3 Boulevard Léopold II, 1080 Bruxelles. tél. 02 421 67 26.