Novembre 2010 Initiatives

L’Agence intermutualiste (AIM), qui analyse les données de santé de toutes les mutualités, vient de publier son septième rapport d’évaluation du programme de dépistage du cancer du sein.
En Belgique, près de 1.300.000 femmes sont concernées par ce programme dont l’objectif est d’alléger le traitement des tumeurs diagnostiquées à un stade précoce et, bien sûr, de diminuer la mortalité par cancer du sein.
Le dépistage organisé est un élément majeur de la lutte contre le cancer du sein. Mis en œuvre par les communautés, ce programme de dépistage organisé permet à toutes les femmes âgées de 50 à 69 ans d’être dépistées gratuitement, tous les deux ans, par un mammotest. Ce test répond aux normes de qualité du programme d’action «Europe Contre le Cancer». L’équipement est soumis à des contrôles stricts de qualité, les résultats du mammotest sont examinés par un second radiologue indépendant et tous les résultats sont enregistrés pour permettre le contrôle de qualité.

Couverture mammotest et mammographie diagnostique par période et par région

Mammotest Mammotest Mammotest Mammographie diagnostique Mammographie diagnostique Mammographie diagnostique Couverture totale Couverture totale Couverture totale
Période 2002-2003 2004-2005 2006-2007 2002-2003 2004-2005 2006-2007 2002-2003 2004-2005 2006-2007
Bruxelles 3,3 6,6 9,6 46 45 44 50 51 54
Flandre 33 37 44 22 21 21 55 58 65
Wallonie 6,5 8,8 9,1 47 46 47 53 55 56
Belgique 22 25 30 32 31 30 54 56 61

Source : 7e Rapport – Agence intermutualiste

Dans son rapport, l’AIM établit une distinction claire entre le programme de dépistage organisé – via le mammotest – et la mammographie diagnostique classique, réalisée spontanément (dépistage opportuniste) et/ou sur base de plainte et n’entrant dès lors pas dans le cadre du dépistage organisé.
À noter que le dépistage opportuniste n’offre pas toujours les garanties d’accessibilité et de qualité du dépistage organisé et a un coût supplémentaire important pour la société. En effet, la mammographie classique, suivie d’une échographie, coûte 50€ de plus que le mammotest. Après remboursement, elle coûte encore près de 15€ pour la femme.
Le dernier rapport de l’Agence intermutualiste dresse une série de constats intéressants.

Un taux de couverture globale en augmentation

En Belgique, avant le lancement du programme en 1999-2000, 38% des femmes âgées de 50 à 69 ans se faisaient spontanément dépister par mammographie classique. En 2006-2007, le taux de couverture globale (via mammotest et/ou mammographie classique) est passé à 61%, dont 30% dans le cadre du programme de dépistage organisé.
Bien que l’on se rapproche de l’objectif européen, les efforts doivent être maintenus pour atteindre les 75% de couverture recommandés, ce qui devrait permettre d’obtenir une diminution de la mortalité de 30%.

Une meilleure accessibilité, aussi auprès des femmes issues de milieux défavorisés

Le programme de dépistage organisé a permis de sensibiliser et de recruter de nombreuses femmes qui n’auraient probablement pas bénéficié d’un dépistage dans d’autres circonstances : les femmes les plus âgées et les femmes issues de milieux défavorisés. Néanmoins, des efforts restent à faire. En effet, malgré la gratuité du mammotest, on enregistre un taux de couverture globale de 23% inférieur chez les femmes issues de milieux défavorisés par rapport au reste de la population.
Il faut aussi souligner que 24% des femmes entre 50 et 69 ans n’ont subi aucun dépistage au cours des six premières années du programme. Si l’on y ajoute les 15% de femmes qui ne se sont fait examiner qu’une seule fois sur six ans, on peut considérer que 40% des femmes âgées de 50 à 69 ans ne sont toujours pas dépistées efficacement.

Fidélité au dépistage organisé versus dépistage opportuniste

La pratique du dépistage (via mammotest ou via mammographie classique) semble fortement liée aux habitudes de dépistage opportuniste (via mammographie classique) existant avant la mise en œuvre du programme. Le pourcentage de femmes qui se font dépister régulièrement est semblable dans les trois régions mais le dépistage organisé (via mammotest) est surtout répandu en Flandre (44%) alors que le dépistage opportuniste (via mammographie classique) continue à être plus courant en Wallonie (47%) et à Bruxelles (44%).

Des pistes pour inciter plus de femmes à participer au dépistage organisé et pour les fidéliser

Pour inciter plus de femmes à participer au programme de dépistage et augmenter leur fidélisation, les acteurs du programme de dépistage organisé (Communautés, Registre du cancer, Fondation contre le cancer, le Centre du cancer, l’INAMI et les mutualités) ont dégagé une série de pistes :

-réaliser des études auprès des femmes afin de cerner les freins au dépistage ;
-identifier et caractériser les femmes qui ne répondent pas au programme organisé ;
-soutenir et encourager les initiatives locales de promotion du programme de dépistage ;
-impliquer davantage les prestataires de soins et, en particulier, les médecins généralistes dans la promotion et la prescription du dépistage organisé ;
-améliorer la transmission des résultats.
Communiqué par l’Agence intermutualiste