Mai 2025 Par Clotilde de GASTINES Dossier

Stress thermique, pollutions, inondations, maladies infectieuses. La Belgique est particulièrement vulnérable au changement climatique. Quel rôle peuvent jouer les acteurs de la promotion de la santé ?  

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 20% de la mortalité et 10% des cancers évitables sont liés à des facteurs environnementaux (pollution de l’air, pollution sonore, usage des pesticides, perturbateurs endocriniens…).  

La Belgique est particulièrement exposée aux aléas climatiques en raison de la densité de sa population, de son urbanisation, de sa géographie et de ses problèmes de santé publique préexistants :  

  • un pourcentage élevé de problèmes respiratoires,  
  • une population âgée et vieillissante,  
  • une charge de morbidité élevée liée aux maladies non transmissibles (obésité, maladies cardio-vasculaires, etc). 

Au sein de la population, les enfants sont exposés à des pollutions importantes selon le rapport Innocenti de l’Unicef. Sept enfants sur cent vivent avec une concentration excessive de plomb dans le sang, et huit enfants sur cent vivent dans des endroits comportant un risque élevé de pollution aux pesticides.  

L’agriculture intensive, l’utilisation de la voiture individuelle et les activités industrielles, notamment au port d’Anvers, font partie des facteurs qui expliquent ces mauvais résultats.  

A ces pollutions chimiques, s’ajoutent les pollutions intérieures liées en partie aux moisissures et l’humidité. Presque 19 enfants sur cent et leurs parents vivent dans une maison avec moisissures et humidité. 

Ces difficultés vont être exacerbées dans les années qui viennent par cinq risques climatiques principaux selon l’outil européen EUCRA (European Union Climate Risk Assessment) : 

  • l’intensification des vagues de chaleur dues à la hausse des températures ; 
  • la pollution de l’air ; 
  • la multiplication des maladies infectieuses ; 
  • la dégradation des conditions de travail ; 
  • la dégradation de la santé mentale et psychosociale. 

Alors quel rôle peuvent jouer les acteurs de la promotion de la santé ?  

Dans un ouvrage collectif enthousiasmant intitulé Santé et Environnement, vers une nouvelle approche globale, les chercheur-euses suisse Andrea Lutz, Julia Gonzalez Holguera, Karin Zürcher, Oriana Villa, Christine Mueller et Myriam Pasche donnent quelques clés dans un chapitre dédié à la promotion de la santé. 

« La promotion de la santé et prévention (PSP) et la durabilité constituent deux champs des politiques publiques qui ont jusqu’à aujourd’hui évolué de manière relativement distincte, mais dont les enjeux sont reliés et les démarches similaires, écrivent les auteur-rices. Puisque les dégradations environnementales ont des répercussions majeures sur le plan de la santé et constituent des enjeux de santé publique à part entière, il est indispensable de mener une réflexion conjointe et d’opérer des synergies entre ces deux champs ».  

Iels recommandent de mettre en pratique les stratégies de promotion de la santé : améliorer les approches intersectorielles ; agir global et local ; impliquer les publics grâce à des démarches participatives ; promouvoir l’équité et la justice sociale ; déployer des activités d’information, d’intervention et de plaidoyer conjointes. 

Les articles de ce numéro thématique apportent un éclairage sur la manière dont certains acteurs mettent en œuvre des stratégies de promotion de la santé autour des questions environnementales : démarches communautaires, information et sensibilisation, travail sur les représentations et les émotions, renforcement de la capacité d’agir, réorientation de certains services ou structures. Nous vous souhaitons une bonne lecture !