Novembre 2006 Par D. HALLET F. VANDERSTICHELEN Initiatives

La promotion de la santé dans l’enseignement supérieur est régie par un décret de la Communauté française (1). Celui-ci vise à promouvoir le bien-être et le bien vivre des étudiants et à créer un environnement scolaire favorable à la santé.
Malgré leur souhait de développer des projets de promotion de la santé, de nombreuses équipes PSE (promotion de la santé à l’école) éprouvent des difficultés à concrétiser ces projets. La difficulté essentielle provient du manque de moyens dont souffre le secteur. Mais il manque également d’expériences et d’outils.
Partant de ce constat, l’équipe PSE libre du Brabant wallon, avec l’appui méthodologique d’Univers santé (2), a voulu mettre à la disposition des PSE un outil vivant et pratique qui puisse les soutenir dans leur démarche de promotion de la santé dans l’enseignement supérieur.
Cet outil a pris la forme d’une brochure intitulée Une dynamique en santé en milieu étudiant (3), complétée d’un site Internet (4). Il relate l’expérience d’une recherche-action et propose des recommandations à discuter, des outils à adapter. Le travail de terrain a été mené pendant trois ans pour insuffler une dynamique en santé au sein de trois écoles supérieures: l’Institut Cardijn à Louvain-la-Neuve et l’Ecole normale catholique du Brabant wallon (ENCBW) à Nivelles et à Louvain-la-Neuve.
La présentation des résultats de ce travail lors d’un séminaire organisé à l’intention des équipes PSE, le 16 juin dernier, a ouvert des débats animés et des échanges intéressants de pratiques et d’interrogations. Les réactions du public ont permis de conforter l’intérêt de communiquer l’expérience acquise lors de la recherche-action.
Cet article poursuit donc le travail d’échanges et propose une synthèse des apports essentiels de la recherche.

Impulser une dynamique durable

L’objectif de la recherche-action consistait à mener les différentes étapes de la mise en place d’une dynamique en santé: recueillir les besoins et les analyser, élaborer un projet, le mettre en œuvre à travers des actions dont le Point santé , évaluer le travail. Mais avant tout, il faut impulser cette dynamique, se donner les conditions essentielles à sa réussite en s’assurant l’appui de la direction et d’une équipe santé créée au sein de l’école.
Cette étape se concrétise par la rencontre personnelle de la direction. Cette rencontre permet d’expliquer les attendus du décret relatif à la promotion de la santé, les étapes proposées pour le travail et le bénéfice escompté pour l’école. Dans les trois écoles, la réponse a été positive et s’est concrétisée par la constitution d’une équipe prête à encadrer le travail et par une information diffusée dans l’école. La constitution d’une équipe santé dans l’école est la pièce maîtresse du puzzle. C’est elle qui encadre le projet et en assure la pérennité. Le travail des équipes a été facilité ici par le fait que le PSE libre du Brabant wallon et Univers santé étaient les chevilles ouvrières du travail.
En concrétisant une série de tâches fondamentales, l’équipe santé de chaque école a permis la mise en place et le bon déroulement du projet santé dans l’école.

Recueillir les besoins

La deuxième étape du processus consiste à recueillir les informations nécessaires à l’analyse de la perception que les étudiants ont de leur santé et de leurs besoins en la matière.
Dans les trois écoles, un processus d’enquête a été mis en œuvre en deux temps: une enquête par interview individuelle auprès d’acteurs clés de chaque établissement et une enquête quantitative auprès des étudiants.
Des interviews individuelles: une première analyse
L’interview individuelle permet de récolter des informations approfondies et personnelles sur les représentations de ce qu’est un étudiant en bonne santé, sur les problèmes de santé des étudiants et leurs déterminants et sur leurs liens avec les études. Concrètement, cette méthode ne représente pas de difficulté particulière d’organisation.
La récolte de données par saturation progressive a été abondante pour chaque établissement. L’analyse des réponses a mis en évidence le fait que le concept de la santé était perçu dans une approche globale. Des thèmes majeurs sont apparus: le stress, la fatigue, l’alimentation.
L’hypothèse qu’une réflexion et des actions pouvaient être menées pour améliorer la santé des étudiants dans chaque établissement était renforcée. Il ressortait aussi qu’il était important de définir les responsabilités de chacun – étudiants, école, PSE – en matière de santé.
L’enquête a donné aussi l’occasion de repérer les partenaires potentiels.
Les résultats constituent le matériel sur lequel se baser pour concevoir le questionnaire de l’enquête quantitative, mais aussi pour déterminer – déjà – les grandes lignes du projet santé.
L’enquête quantitative: toucher le plus grand nombre
À la suite de l’enquête qualitative menée dans les trois écoles, deux hypothèses ont été énoncées:
-il existe des problématiques de santé spécifiques aux jeunes adultes étudiants;
-ces problématiques de santé peuvent être abordées, traitées, voire résolues par les différents acteurs (étudiants, enseignants, direction, personnel technique et administratif, professionnels de la santé).
Le questionnaire individuel « auto-administré » représente un bon outil pour obtenir des informations auprès d’un grand nombre d’étudiants – les destinataires des projets. Cette enquête quantitative a été menée auprès d’échantillons représentatifs des étudiants dans chacune des trois écoles supérieures.
Le questionnaire a été réalisé avec la collaboration du Centre local de promotion de la santé et amendé par les trois équipes santé.
Après dépouillement et analyse des résultats de l’enquête, plusieurs grandes tendances se sont dégagées.
Les étudiants estiment être en bonne santé. Cette santé est identique ou s’améliore par rapport à l’année précédente, bien que les études semblent influencer « négativement » leur état de santé.

Stress, fatigue et alimentation
Les étudiants estiment être particulièrement stressés. Ceci est encore plus vrai chez les étudiantes. Les sources de stress sont le blocus et les examens, les stages et leur évaluation, la fatigue liée à cela, le rythme des échéances et la non-planification des travaux.
Les étudiants déclarent très majoritairement être fatigués durant la période scolaire.
L’équilibre alimentaire pose également problème à plus de 50% des étudiants. Ces mêmes étudiants estiment que le rythme scolaire influence « négativement » leur comportement alimentaire. Certains résultats, qui ne représentent pas la majorité, sont aussi marquants: problématiques touchant à la sexualité, au tabac, à la solitude, à la dépression…
Besoin d’aide et d’information
Près d’un quart des étudiants déclarent avoir besoin d’aide en matière de santé, plus particulièrement en première année. Plus de la moitié estiment trouver difficilement cette aide. Peu d’entre eux la trouvent auprès des professionnels de l’école (assistante sociale, équipe PSE).
Une grande majorité des étudiants (76 %) souhaitent être informés sur des questions de santé. Les thèmes prioritairement retenus sont: la fatigue, le stress, suivis par l’alimentation et le sommeil. La dépression, la sexualité et la vie affective sont ensuite citées. C’est surtout dans le cadre de leurs cours que les étudiants souhaitent recevoir ces informations. Internet serait la deuxième source par laquelle ils souhaiteraient être informés. Vient ensuite l’école.
Des actions en santé à l’école
Plus de 90% des étudiants estiment que l’école doit être porteuse d’actions en santé par et pour ses étudiants. Près de 70% d’entre eux sont d’ailleurs prêts à y consacrer trois à quatre heures de leur temps.
Quant aux actions qui devraient être menées, celles qui recueillent le plus d’avis positifs sont celles qui leur permettraient de mieux gérer leur stress et leur fatigue. Vient ensuite un « bloc d’actions » qui concerne plus particulièrement l’organisation scolaire – étalement de la charge de travail, congés, organisation des examens, concertation.
La communication des résultats, une étape indispensable
La communication des résultats des enquêtes qualitatives et quantitatives apparaît essentielle dans le processus d’implantation de la promotion de la santé. L’un des objectifs de ces enquêtes consiste à mettre les questions de santé à l’ordre du jour des étudiants et de l’école. La communication des résultats contribue donc parfaitement à cet objectif essentiel, d’autant qu’il ne s’agit pas uniquement de communiquer, mais également de faire réagir aux résultats afin d’alimenter la réflexion des équipes santé dans les écoles.
Cette communication a été mise en place de diverses façons: au moyen d’un résumé, diffusé par courriel, sur des panneaux, lors des cours de méthodologie, ou encore lors de journées spéciales et ce, tant vers les étudiants que vers les enseignants.

Elaborer un projet: les équipes santé à l’œuvre

Après avoir impulsé une dynamique en école et après avoir recueilli les informations nécessaires à l’analyse de la situation de santé des étudiants, on peut s’attaquer à la rédaction du projet santé.
Il faut d’abord définir les finalités, préciser les objectifs – en fonction des ressources et des contraintes de l’école – préciser les critères d’évaluation et établir le programme des activités. Une série de tâches auxquelles se sont attelées les équipes santé des trois écoles afin d’aboutir à un projet spécifique à chacune d’elles. Ce travail s’est déroulé en trois grandes étapes: la définition d’un pré-projet, la négociation du projet santé et la communication de ce projet.
Définir un pré-projet et le négocier
Selon les écoles, le pré-projet a été réalisé soit par un groupe restreint émanant de l’équipe santé, soit par l’équipe elle-même.
Le stress des étudiants et des profs à Nivelles
L’équipe santé a déterminé comme objectif prioritaire la diminution du stress des étudiants, dans quatre domaines d’actions: l’évaluation (examens, stages), la charge des cours, l’organisation de l’école, la planification des travaux.
Trois stratégies ont été proposées: une information pour tous – « C’est quoi le stress? »; le listage commun des points à améliorer dans chacun des quatre domaines précités; l’élaboration commune d’un plan d’actions concret pour chaque domaine.
Une structure et un mandat à Cardijn
À l’Institut Cardijn, c’est essentiellement autour d’une structure et d’un mandat d’équipe que le pré-projet a été articulé. Il a été proposé de rendre permanente la préoccupation de l’Institut en matière de santé de ses étudiants en instituant un groupe de travail permanent et mandaté par le Comité pédagogique de l’école: l’équipe santé.
Cette équipe est présidée par un enseignant qui en reçoit la mission, et est composée de délégués des étudiants, d’enseignants, et du PSE.
Le deuxième chapitre de ce pré-projet concerne la concrétisation des missions de l’équipe santé: instituer un Point d’information en santé; organiser une semaine santé sur une thématique prioritaire (stress, fatigue et alimentation); interpeller les différents Conseils de l’école et mettre en œuvre des stratégies concrètes d’actions afin de diminuer le stress et la fatigue; développer le lien social afin de lutter contre la solitude dont se plaignent les étudiants, en soutenant toutes initiatives étudiantes dans ce sens.
Une multitude de chantiers à Louvain-la-Neuve
L’équipe santé élargie a choisi de travailler par chantiers, déterminés par l’analyse des besoins. Au total, six chantiers ont été ouverts: le chantier des rythmes et des temps, le chantier des tensions, le chantier de l’estime de soi, le chantier de l’aide médicale individuelle, le chantier « un corps en pleine forme » et le chantier de «la pratique professionnelle en lien avec la promotion de la santé ». Chaque chantier a été assorti de l’analyse de la situation issue des enquêtes et d’une proposition de stratégies d’actions. Des outils transversaux ont été proposés: l’information et l’organisation d’une semaine santé.

L’implantation de la promotion de la santé nécessite des processus de participation de tous les acteurs concernés à la définition des objectifs et des stratégies. C’est pourquoi, après l’écriture du pré-projet, a suivi une vaste étape de négociation, d’amendements, de précision et d’enrichissement de ces pré-projets par les Conseils des trois écoles.
Communiquer encore et toujours
Le projet santé final de chaque école, assorti des grandes lignes du plan d’action, était enfin sur pied. Restait encore à le communiquer. Une étape essentielle comme tout au long du processus.
Dans chacune des écoles, une mise en page, simple mais professionnelle a été effectuée: des brochures en format A5 ou une farde illustrée ont été publiées, selon l’établissement. La diffusion de ces documents est un vecteur de la dynamique du projet dans les écoles. Plus d’un tiers des étudiants ont pris connaissance du projet santé de leur école par leur diffusion.
A l’Ecole normale de Nivelles, l’équipe santé a organisé une conférence de rentrée académique sur la question du stress et distribué une farde santé durant les cours. A l’Ecole normale de Louvain-la-Neuve, l’équipe santé a décidé de diffuser le projet santé aux enseignants à l’occasion des Assemblées générales de rentrée. La diffusion auprès des étudiants s’est effectuée à l’occasion des premiers Conseils de classe par les délégués de classe. Le discours de début d’année scolaire a fait écho à ce travail d’une année et aux projets à venir.
A l’Institut Cardijn, le projet a été diffusé plus tard dans l’année, à l’occasion de l’inauguration du Point d’information santé, action centrale du projet. La diffusion auprès des étudiants a été effectuée par les délégués de cours dans le cadre du cours de méthodologie. La brochure a été remise dans les casiers des enseignants et du personnel administratif et technique.

Agir

Après la rédaction des projets santé basés sur une analyse précise des besoins des étudiants en matière de santé, il reste à passer à la pratique. Au cœur même de cette dynamique, chaque école a donc mis en oeuvre les diverses actions qui découlent de son propre projet.
Un projet santé intégré au projet de formation des étudiants
L’équipe santé de l’Ecole normale de Louvain-la-Neuve a mis en action les « chantiers » définis dans son projet. L’option choisie est d’intégrer les actions spécifiques du projet santé dans le projet de formation des étudiants, en vue d’une meilleure organisation de la formation, d’un développement professionnel (l’étudiant comme futur enseignant) et d’un développement personnel (l’étudiant comme jeune adulte).
Cette option fondamentale permet d’éviter le caractère ponctuel d’actions ou de campagnes en santé. Elle permet de concerner un grand nombre d’enseignants et tous les étudiants. Le projet santé est régulièrement mis à l’ordre du jour des différents Conseils de l’école.
Et le souci de la santé des étudiants est devenu l’un des paramètres à partir duquel l’organisation de la formation est pensée. L’école souhaite donner aux étudiants les conditions de travail qui leur permettent de gérer leur formation, leur temps, leur fatigue et leur stress.
La prise en compte des difficultés des étudiants s’est traduite concrètement par diverses initiatives. Une nouvelle gestion du calendrier annuel propose des phases de travail mieux équilibrées. Pour répondre aux difficultés qu’expriment les étudiants face aux stages et à leur évaluation, les enseignants ont réactivé des ateliers de développement personnel. Enfin, le jury didactique étant un moment clé de la formation, source de beaucoup de stress pour les étudiants, les enseignants ont retravaillé le guide d’évaluation des stages afin de clarifier les attentes et les communiquer plus clairement.
Autour d’un mandat et d’un Point d’information santé
Mandatée par le Comité pédagogique pour les questions de santé, l’équipe santé a notamment pour mission d’interpeller le Comité pédagogique sur ce qui suscite des problèmes de santé, d’informer les étudiants sur les questions de santé ou encore de proposer un programme d’actions.
Situé au cœur du hall d’entrée de l’Institut Cardijn, le Point d’information santé constitue un élément important de concrétisation du projet santé. Les étudiants y trouvent des documents (fiches, livres, dépliants, etc.) relatifs à des thèmes de santé pour lesquels ils ont demandé des informations.
Ces thèmes sont choisis annuellement par l’équipe santé sur base de l’analyse des besoins effectuée en 2004 ainsi que sur base de demandes particulières ou de sujets d’actualité.
En matière de gestion du stress, l’aide apportée aux étudiants s’est composée d’ateliers du blocus, initiation à la sophrologie, dans le cadre d’un cours de 1ère année, de Points d’information santé sur la gestion du stress et sur la fatigue.
30% des étudiants disent souffrir de solitude, pour cause de rupture avec le lieu d’origine, de dimension des classes et de leur éclatement en cours d’année, etc. L’équipe santé soutient et suscite des actions visant à créer du lien, des lieux d’accueil et de rencontres, prioritairement avec le Cercle étudiant. L’équipe santé a soutenu des ventes de sandwichs et de potages par le Cercle, afin de favoriser la convivialité autour du repas de midi.
Un projet santé articulé autour du stress
La philosophie générale du projet santé de l’école de Nivelles part du principe que l’amélioration de la qualité de vie dans l’enseignement supérieur pédagogique est primordiale pour que le projet ait de réelles chances de toucher les étudiants. C’est un objectif ambitieux à réaliser par étape, pas à pas, et sur plusieurs années.
Le projet santé se structure autour d’axes interactifs majeurs: agir, développer des espaces de vie plus agréables, informer, pour lutter contre le stress.
Les premières actions pour combattre le stress visent l’amélioration de l’organisation scolaire et le soutien aux étudiants de première année. Différentes mesures sont prises concernant l’organisation des horaires des cours, la planification des travaux, le soutien pédagogique auprès des étudiants de première année. Enfin, lors de la journée d’accueil des premières années, les étudiants sont amenés à se rendre à un stand qui présente le projet santé, les différents lieux d’aide et d’information santé, l’équipe santé et le PSE.
Un nouvel espace de vie est attribué aux étudiants, espace convivial qu’ils aménagent et utilisent pour leurs moments de détente.
Deux valves apportent des enseignements concernant les permanences du PSE, les dates de réunion ou d’actions santé. Des thèmes comme le stress, l’alimentation sont également développés durant l’année. Ce sont des étudiants en communication ou des assistants sociaux qui réalisent les panneaux, avec l’aide d’Univers santé ou du PSE.
Un coin santé dans le centre de documentation met à disposition des livres, des fiches santé et divers documents.
Deux conférences ont également été organisées, l’une sur le stress en début d’année, l’autre sur le sommeil.
Impliquer les étudiants dans la dynamique. Toujours .
La promotion de la santé nécessite la participation effective et concrète du public – les étudiants – sans quoi il y a un risque de désintéressement, voire d’effets contre-productifs. Public mouvant parce que changeant en bonne partie chaque année, les étudiants sont vulnérables parce qu’ils n’ont pas forcément l’habitude de faire entendre leur voix, de négocier ou parce qu’ils se sentent envahis par le travail. Pour la solidité de la dynamique en santé, il est donc important d’avoir toujours le souci de leur donner une réelle place au cœur des différentes phases du processus.
Les occasions de participation sont fréquentes: dans l’équipe santé, à la réalisation concrète de projets… Mais cette participation est variable et reste une vraie préoccupation de cette recherche-action.
L’enjeu consiste dès lors, pour les adultes permanents, à laisser ouverte la table de la participation, à susciter l’intérêt et l’initiative des étudiants par des contacts directs, à les soutenir, sans se substituer à eux, à rester fidèles aux besoins exprimés lors de l’analyse des besoins, tout en étant attentifs à l’évolution de ces besoins.

Point santé: écoute et conseil

Prévu dans le décret relatif à la promotion de la santé dans l’enseignement supérieur hors université, le Point santé se veut un lieu d’écoute, d’information et de conseil à l’étudiant.
Il peut être organisé dans l’école ou dans le centre PSE, par le personnel médical, infirmier ou paramédical de l’équipe. Il s’inscrit idéalement dans le cadre d’un projet global de promotion de la santé à l’école. Le décret en précise les modalités.
C’est dans ce cadre large qu’a été organisé le Point santé de chacune des trois écoles. La recherche-action a testé et évalué trois dispositifs différents afin de proposer quelques recommandations. Le Point santé a ainsi été organisé au sein de l’école en lien avec les bilans de santé ou avec la permanence de l’assistante sociale, et au centre PSE.
Le Point santé organisé au sein de l’école, en lien avec les bilans de santé
Les permanences du Point santé à destination de l’ensemble des étudiants de l’Institut Cardijn sont tenues durant l’heure qui précède celle des bilans de santé des étudiants de 1ère année, dans les mêmes locaux au sein de l’Institut. Ce lieu permet d’assurer la confidentialité de la démarche. Les permanences sont réparties selon le rythme des visites médicales sur les trois trimestres, avec un renforcement au cours du premier trimestre. La permanence est de type ouvert plutôt que sur rendez-vous, ce qui est considéré comme un frein.
Ces permanences sont tenues alternativement par l’infirmière et le médecin qui ont en charge les bilans de santé des étudiants de 1ère année.
Le Point santé organisé au sein de l’école, en lien avec la permanence de l’assistante sociale
C’est dans le cadre du projet de santé global que le Point santé de l’Ecole normale de Louvain-la-Neuve a été instauré dans les locaux de l’école. Ces permanences s’effectuent en collaboration avec les permanences du service social de l’école.
Cette collaboration entre le service social et le Point santé porte sur le partage du local, le partage de la documentation de base sur les ressources complémentaires à Louvain-la-Neuve et en Communauté française et sur l’échange d’expériences et d’expertises.
Ces deux services aux étudiants sont complémentaires, ils peuvent se renvoyer l’un à l’autre en fonction des spécificités.
Le Point santé organisé au centre PSE
A Nivelles, la permanence du Point santé se tient au centre PSE (situé à 8 minutes à pied de l’école). Le local du PSE a été aménagé de façon à le rendre agréable et convivial.
Deux possibilités sont offertes: une permanence tous les mercredis midi ou sur rendez-vous.
Peu d’étudiants se sont rendus à cette permanence et le PSE a envisagé de la tenir dans l’école même car la distance semble constituer un obstacle.
Après évaluation par les étudiants, les équipes santé et les membres de l’équipe PSE, l’organisation du Point santé au sein de l’école nous apparaît être une solution très pertinente à condition que cette permanence s’articule avec un projet santé dans l’école. Elle est rendue encore plus pertinente si elle peut être associée aux bilans de santé organisés également dans l’école, y étendant dès lors le temps de présence de l’équipe PSE.
De toutes façons, cela prend du temps pour que les étudiants intègrent l’existence et les heures des permanences et pour qu’ils en tirent profit.

Dynamique en santé

À la fin de la recherche-action, l’équipe de coordination, composée des membres de l’équipe PSE et d’Univers santé actifs dans le projet, a fait le point, forte de son expérience, des évaluations et des analyses menées. Différents éléments ont été relevés sans lesquels la dynamique du projet santé ne pourrait se construire dans la durée.
Être soutenu
D’emblée, l’obtention de l’adhésion de l’école à l’idée de créer un projet santé pour ses étudiants a été désignée comme une condition sine qua non du bon fonctionnement du projet. Il ne s’agit pas forcément d’une collaboration quotidienne, mais il faut que le courant passe bien avec le directeur ou la directrice, qu’il ou elle soutienne l’initiative afin notamment d’ouvrir les portes permettant au projet de trouver sa place au sein de l’école.
L’autre soutien à obtenir est celui de l’ensemble de l’équipe PSE, capital selon les membres PSE en charge du projet santé. Même s’il est difficile de tout savoir car chacun a ses écoles, ses propres projets, des réunions d’équipes sont capitales pour partager expériences et points de vue. Les réactions et critiques sont très riches pour évoluer et adapter nos démarches.
Enfin, l’un des éléments-clés pour la pérennité du projet santé, est la rencontre de partenaires extérieurs qui permet de créer un réseau. Le PSE ne peut pas tout porter. Source d’enrichissement mutuel, ce réseau va aussi permettre la mise en commun de temps et de compétences.
Un projet santé en lien avec le projet de formation
Il semble incontournable, pour que le projet santé perdure, qu’il soit en phase avec le projet de formation des étudiants. Il a plus de chance d’être permanent là où il est vraiment intégré. Cependant, il faut une complémentarité: que le projet santé soit inscrit directement dans le programme de formation et dans la vie de l’école au sens large. Le projet doit être pris dans un tout.
L’analyse des besoins comme cadre permanent et dynamique
Les actions menées doivent l’être en lien étroit avec la source que constitue l’analyse des besoins. Il faut se donner un projet solide, bâti sur une analyse des besoins conduite de manière réfléchie. Les résultats des enquêtes restent un cadre de travail important. Cela évite de construire des projets sur une « impression passagère » et de partir dans toutes les directions. Mais ce cadre solide ne doit pas pour autant être figé une fois pour toutes. Il est donc également vital de laisser place à l’évolution.
Du temps, pour construire le projet et pour le mener à bien…
Pour que le projet santé se développe, un mot d’ordre est lancé: avoir du temps! Du temps pour le construire, dans la durée, mais aussi du temps pour l’entretenir.
Il faut du temps – en mois, en années – pour que les choses se mettent en place, pour rencontrer les gens, pour pouvoir envisager les choses à long terme.
Il faut également avoir du temps à consacrer de manière permanente, et donc disposer de ressources humaines pour mener un travail professionnel. Ressources humaines qui vont apporter leur compétence – professionnelle, logistique, méthodologique – au projet.

« C’est magique », disait en conclusion une infirmière de l’équipe PSE. « Un décret se transforme en dynamique et cette dynamique contribue à la reconnaissance de notre travail . Cela a demandé beaucoup de temps ( nous n’en avons pas suffisamment ), et d’énergie ( nous en avons !). Cela vaut la peine . Et cette dynamique fait boule de neige . Elle se répercute sur tout le travail d’équipe . »
Danièle Hallet et Florence Vanderstichelen , Univers santé, pour l’équipe de coordination
Adresse des auteurs : Univers santé, Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél. : 010 47 28 28. Internet : http://www.univers-sante.ucl.ac.be . (1) Décret de la Communauté française relatif à la promotion de la santé dans l’enseignement supérieur hors université, 16 mai 2002
(2) Fédération des Centres médico-sociaux libres du Brabant wallon, 119 Montagne d’Aisemont- 1300 Wavre
(0032) 10 22 45 51 pse.wavre@skynet.be
Univers santé, 6 place Galilée – 1348 Louvain-la-Neuve (0032) 10 47 28 28. Asbl créée par l’UCL afin de développer des actions de prévention en santé en milieu étudiant.Internet : http://www.univers-sante.ucl.ac.be
(3) Une dynamique en santé en milieu étudiant , PSE libre du Brabant wallon, Univers santé, Louvain-la-Neuve, 2006, 36p. Disponible gratuitement pour les équipes PSE, 5 euros pour les autres.
(4) http://www.santedesetudiants.be