Février 2006 Par M. VAINSEL Dossier

Le projet UNI-SOL est né de la volonté commune de quatre des plus importantes universités de la Communauté française de Belgique de s’associer avec le Fonds Houtman (ONE) pour explorer les caractéristiques des outils d’accueil de populations récemment immigrées dans les réseaux qui leur sont accessibles, censés leur octroyer des soins préventifs et un enseignement régulier pour eux et leurs enfants.
L’intérêt représenté par ces populations, dans le cadre de cette recherche-action, était fondé sur leur importance numérique dans les pays de l’Union européenne, mais aussi sur la volonté de l’Etat belge de procéder à une régularisation d’un certain nombre de familles en situation illégale dans notre pays, en 2002.
Le moment semblait donc opportun de mettre en route ce projet ambitieux qui se donnait comme objectif de créer de nouveaux modèles d’intervention en réseau, plus efficaces, afin de découvrir ce que l’on pourrait appeler des «tuteurs de résilience», facilitateurs de compréhension interculturelle et d’appropriation des démarches ouvrant l’accès à une citoyenneté minimale compatible avec les droits de l’homme et la charte de l’UNESCO.
Cette recherche-action a pris racine lors d’un colloque en Arizona en 1999 sous l’auspice de l’OMS et de l’UNESCO invitant les universités dans le monde à mobiliser leurs ressources dans des recherches-actions citoyennes en faveur de la santé des populations défavorisées. Les principaux points de la Charte d’Arizona intitulée « Les universités et la santé des défavorisés » sont les suivants:
1. Les universités disposent du potentiel unique de stimuler les progrès et de participer au progrès social. Leur longue tradition d’humanisme et d’attachement aux valeurs démocratiques doit les inciter à s’engager à optimiser leur potentiel, particulièrement à l’égard des populations les plus défavorisées. Cette Charte définit les populations les plus défavorisées en tant que groupes ayant une capacité réduite à profiter d’opportunité pour améliorer leur santé (au sens de l’OMS).
2. Les universités devraient jouer le rôle de catalyseur mobilisant les ressources nécessaires pour promouvoir des plans d’actions multidimensionnelles, pour contribuer à l’amélioration du bien-être des populations défavorisées. Les universités peuvent faciliter la convergence d’intérêts disparates et créer des coalitions ou mieux encore des réseaux entre personnes et institutions faisant partie de gouvernements locaux, de services de santé et les communautés elles-mêmes.
3. Les universités pourraient, pendant les décennies à venir, orienter une partie de leur développement vers les attentes de la société et renforcer leurs rôles en ce qui concerne les activités visant à éliminer la pauvreté, l’intolérance, la violence, l’analphabétisme, la faim, la dégradation de l’environnement, les maladies et autres facteurs affectant prioritairement les populations défavorisées.
4. Pour que la recherche-action, l’éducation et l’action sociale soient efficaces et pertinentes, un grand mouvement de collaboration , à l’état d’ébauche, doit se développer de façon impérative, non seulement à l’intérieur des universités elles-mêmes mais aussi entre celles-ci et les communautés, les pouvoirs publics, les responsables politiques et tous les acteurs sociaux concernés.
Dans ce contexte, entrer dans un projet UNI-SOL nécessite:
-de bien cibler les populations défavorisées. Le groupe doit être caractérisé par sa vulnérabilité ainsi que par sa représentativité;
-que les universités mobilisent plusieurs facultés et départements investis notamment dans les sciences de la santé;
-que l’approche développée dans cette activité soit globale;
-qu’un partenariat durable soit établi entre les acteurs-partenaires et le groupe défavorisé spécifique, et que cela contribue à des changements institutionnels concrets.
Un an plus tard, l’Université de Tucson en Arizona lançait un projet de recherche au niveau international cadrant avec les recommandations de la Charte de l’OMS. Ce fut l’occasion pour le Fonds Houtman d’envisager une réflexion de grande envergure avec quatre universités afin d’organiser un programme de recherche-action sur ce thème que nous avons naturellement baptisé UNI-SOL, acronyme de université-solidarité.
Ce fut l’enthousiasme sans retenue, dès le départ, des chercheurs et des interprètes désignés par les universités pour se mettre à la tâche dans un projet original, qui avait également pour but d’apprécier ce que l’intervention des universités en elles-mêmes pouvait apporter comme bénéfice aux réseaux en place, et, d’autre part, ce qui aurait pu aider à sensibiliser les grandes institutions académiques à contribuer davantage à l’avenir aux problèmes de la vie des hommes, des femmes et des enfants dans ce qu’on appelle improprement le champ social.
L’importance du travail accompli sera reconnue dans les temps qui arrivent, pour une meilleure approche de cet immense phénomène occulté par le désintérêt et les considérations d’ordre politique, où fait encore défaut une information scientifique qui rime avec humanité et dignité.
Professeur Marc Vainsel , Administrateur général du Fonds Houtman
Adresse de l’auteur: Fonds Houtman, ONE, chée de Charleroi 95, 1060 Bruxelles. Bureaux: av. de la Toison d’Or 60 c, 1060 Bruxelles. Tél/ 02 543 11 71. Courriel: houtman@skynet.be.