Juin 2002 Par la MC Maryse VAN AUDENHAEGE J. HENKINBRANT Vu pour vous

Depuis quelques semaines, notre mensuel dispose d’un site internet. Il ne s’agit pas d’une simple ‘carte de visite’, mais d’une véritable base de données constituée par les articles publiés par Education Santé . En outre, les outils de construction du site ont été volontairement puisés dans la masse des applications développées par des internautes désintéressés au profit de la communauté de la toile. Il nous a semblé intéressant de permettre au concepteur bénévole du site, Jacques Henkinbrant, de nous expliquer sa démarche.
Education Santé: Que trouve-t-on sur le site?
Jacques Henkinbrant : Je vais d’abord rappeler les objectifs que nous nous sommes donnés en créant ce site.
Pour les abonnés actuels, il s’agit de mettre à leur disposition une collection virtuelle des archives de la revue, pour retrouver facilement des articles plus ou moins anciens. Cela intéresse évidemment les nouveaux abonnés, mais aussi les anciens, car tout le monde ne conserve pas précieusement les anciens numéros. De plus, même en publiant chaque année un index des articles parus, la recherche n’est pas très facile.
Pour les autres, il s’agit non seulement de faire connaître la revue et d’augmenter éventuellement le nombre des abonnés (ce n’est pas un but en soi, car le budget est limité et l’abonnement gratuit), mais surtout de permettre une consultation à distance à coût réduit.
Le contenu principal est donc constitué du texte des articles parus. Dans un premier temps, on a commencé avec le numéro 160 (juin 2001) et – si tout s’est passé comme prévu – le texte que vous lisez actuellement dans ce numéro 170 de juin 2002 s’y trouvera avant les vacances.
Les sommaires des numéros 155 à 159 (de janvier à mai 2001) s’y trouvent également. Les textes correspondants seront ajoutés un peu plus tard.
ES: Il n’y a pas de page d’accueil, contrairement à l’habitude.
J.H .: En effet, nous invitons l’internaute à entrer directement dans le vif du sujet sans passer par une page éventuellement jolie mais la plupart du temps pauvre en informations utiles. Le site s’ouvre donc automatiquement sur le sommaire du dernier numéro paru. Un simple clic de souris sur un titre permet d’accéder au texte de l’article. Un autre clic présente ce texte dans un format spécialement destiné à l’impression. Tout est donc fait pour que l’utilisateur puisse prendre connaissance des informations directement et confortablement (pas d’impression avec marges trop larges qui font perdre une partie du texte!).
Les liens précédent – suivant dans le menu du haut permettent de naviguer d’un numéro à l’autre.
Jusqu’ici, vous me direz que le site n’offre guère plus que la revue papier. L’apport majeur apparaît lorsque vous cliquez dans le menu sur recherche . Le formulaire vous permet en effet de faire une recherche sur 4 critères : numéro de la revue, rubrique, auteur et texte. Ces critères peuvent être utilisés séparément ou combinés. La rubrique texte permet d’introduire un ou deux mots ou groupes de mots, qui sont recherchés non seulement dans le titre et dans la liste des mots-clés, mais aussi dans le corps du texte. Le résultat présente la liste des articles trouvés (titre et auteur), un clic de souris permettant d’afficher instantanément le texte de l’article.
E.S.: Et les autres pages?
J.H .: Outre la consultation des sommaires et le module de recherche, le menu permet d’accéder à quatre autres pages:
– la revue: page présentant la revue Education Santé ;
– le site: page de présentation du site;
– liens: liens vers d’autres sites, principalement en rapport avec la promotion de la santé;
– une page permettant au public de communiquer avec la rédaction (remarques, questions, suggestions) et de s’abonner soit à la revue sous sa forme papier, soit à une lettre d’information électronique avertissant lorsque des articles sont ajoutés sur le site.
Il y a encore une page réservée à la rédaction, protégée par mot de passe, qui donne accès à une interface pour tenir à jour les sommaires, les articles et les diverses pages du site. Il y a enfin un manuel technique expliquant le fonctionnement de cette interface de gestion.
Le site actuel ne reprend que les articles de fond. Les ‘brèves’ (annonce d’activités, de publications, offres d’emploi) sont depuis deux ans déjà hébergées sur le site [/L]http://www.pipsa.org[/L]. Il n’y a pas de raison de mettre fin à cette collaboration. Les brèves pourraient d’ailleurs se trouver sur les deux sites.
Il serait aussi possible de rendre le site davantage interactif, par exemple en donnant aux lecteurs la possibilité d’introduire directement à la suite d’un article leurs questions, remarques, informations complémentaires. On y pense…
E.S.: Comment le site est-il construit?
J.H .: Le contenu est roi . C’est un grand principe de communication trop souvent oublié sur internet. Pourtant, toutes les analyses le confirment: les sites les plus visités sont ceux qui offrent un contenu utile et intéressant, répondant aux besoins du public.
Si la mise en forme doit être esthétiquement agréable et soignée, elle doit rester au service du contenu et contribuer à la lisibilité.
E.S.: En quoi http://www.educationsante.be se distingue-t-il de beaucoup d’autres sites?
J.H .: Pour vous faire comprendre les particularités du site, je vais préciser les contraintes de départ.
La première est le caractère doublement dynamique du site. Un premier élément dynamique réside dans son contenu en croissance perpétuelle, puisque, 10 fois par an, il faut y ajouter 10 à 20 articles supplémentaires.
Le second élément dynamique réside dans l’actualisation automatique (la page d’accueil doit proposer automatiquement le dernier sommaire) et dans le souci de permettre au visiteur de trouver rapidement ce qu’il cherche, sans devoir «feuilleter» les sommaires les uns après les autres, ce qui est vite fastidieux.
Même si on est dans le non-marchand, ce n’est pas très différent d’un site de commerce en ligne qui propose un vaste catalogue en évolution permanente à des clients qui ont des besoins très spécifiques.
Il n’y a pas de miracle: pour s’y retrouver facilement dans un grand volume de documents, il faut un bon système de gestion de bases de données.
Une seconde contrainte est liée à la disponibilité des compétences techniques en informatique.
On sait que les informaticiens sont très demandés et que… ce qui est rare est cher.
Comme apprenti programmeur amateur, cela m’intéressait de consacrer bénévolement une certaine partie de mes loisirs hivernaux à un exercice pratique en vrai. Mais je ne peux ni ne veux être perpétuellement disponible pour faire les mises à jour mensuelles. Cet aspect des choses est souvent sous-estimé par les propriétaires des sites, qui ont les moyens de se lancer, mais pas toujours de renouveler leur offre d’information.
Il fallait donc trouver une méthode qui permette à l’équipe d’ Education Santé d’assurer elle-même la mise à jour du site sans recours à un technicien. Autrement dit, il faut que le code informatique (le programme) soit séparé des données (le contenu de la revue), ce qui vient renforcer l’option pour une solution de type base de donnée.
E.S.: Quelles solutions avez-vous trouvées pour rencontrer ces contraintes?
J.H .: Dans mes premiers exercices pratiques sur la toile, j’ai créé un site familial présentant des recettes de cuisine. Rapidement, j’ai été confronté au problème des bases de données. Plusieurs portails proposent un hébergement gratuit avec bases de données (‘multimania.lycos.fr’, ‘free.fr’, ‘levillage.org’…). On retrouve toujours le cocktail: Apache, PHP, MySQL.
Etait-ce juste bon pour des bricolages de sites amateurs? Tout internaute découvrira rapidement que ces outils sont suffisamment fiables et puissants pour un usage professionnel. Voici par exemple ce qu’en dit le site du département informatique de l’école d’ingénieurs de Rabat (je cite):
‘Construisez un intranet ou un site web, dynamique, fiable et de qualité avec des outils puissants, portables et gratuits: Apache, PHP, MySQL .
PHP (PreprocessorHyPertext) est l’une des technologies de script côté serveur les plus utilisées pour construire un site web ou une application intranet ou internet. Très complète et simple d’utilisation, elle permet de développer des applications web professionnelles de haut niveau .
PHP est de plus un logiciel gratuit, libre d’accès et indépendant de l’environnement système (Windows, Unix, Linux,…). Il représente près de 50% des sites web dynamiques dans le monde .
Une meilleure exploitation de PHP passe par l’utilisation d’une base de données. Pour celà l’outil qui accompagne PHP est MySQL .
MySQL est un système de gestion de base de données simple et puissant largement suffisant pour les données gérées sur le web. Ses fonctions d’administration et de manipulation sont très simples. Il possède en plus la qualité d’être aussi gratuit et fonctionne aussi bien dans un environnement Windows que Unix, Linux,…
Pour compléter les outils d’implantation des sites web, il est important de savoir manipuler un serveur web tel que Apache. En effet Apache est un serveur qui possède des fonctions puissantes et simples d’utilisation. Il est le logiciel de gestion de sites web le plus utilisé au monde (60%). Il est également gratuit et existe, comme PHP et MySQL, sur une multitude d’environnements systèmes.’
Il y a de nombreuses alternatives, bien sûr. La plus répandue est ASP de Microsoft. D’après divers comparatifs, trouvés sur internet, sur le plan technique, ils semblent offrir des performances comparables. Si ASP a l’avantage d’être plus directement compatible avec les bases de données Access, le triangle Apache – PHP – MySQL présente l’intérêt d’être gratuit et libre (Open Source).
E.S.: Ces logiciels libres sont-ils toujours gratuits?
J.H .: Beaucoup de logiciels libres sont gratuits, mais ce n’est pas obligatoire. Je suppose que les anglophones ont adopté l’expression «Open Source» plutôt que «free» justement parce que «free» signifie aussi bien «libre» que «gratuit». Le principe central de l’ «Open Source» est que les utilisateurs peuvent avoir accès au code de base du logiciel et le modifier à leur guise en fonction de leurs besoins.
Prenons un exemple: quelle que soit votre compétence en informatique, si un bogue (une erreur de programmation) fait que votre Windows 2000 «se plante» quand vous essayez de démarrer un logiciel quelconque, vous ne pouvez rien faire d’autre que le signaler à Monsieur Gates et prier pour qu’il fasse corriger l’erreur dans une prochaine mise à jour. Si la même chose se passe avec Linux, vous avez deux possibilités:
– Si vous êtes programmeur confirmé, vous pouvez modifier le code vous-même, puisque vous disposez du code source. Rien ne vous interdit cependant de monnayer votre travail et de vendre des copies de votre Linux amélioré, pourvu que vous communiquiez le code source qui pourra toujours être modifié.
– Si vous n’êtes pas un spécialiste de la programmation, il vous suffit d’exposer votre problème sur un des nombreux forums organisés par la grande communauté linuxienne. Il est très probable que quelques mordus s’attaqueront au problème et vous proposeront rapidement une solution.
Ce principe de l’Open Source a en effet encouragé le développement d’un immense réseau de spécialistes professionnels et amateurs qui mettent en commun leur produits sur de multiples forums généralistes ou spécialisés. Vous pouvez soumettre vos questions techniques. Les mêmes sites permettent souvent de télécharger des programmes. Certains organisent des projets communautaires auxquels participent des programmeurs bénévoles (un bon exemple est ‘jesuislibre.org’, dont le nom est très explicite).
Ajoutons que le mouvement Open Source n’est pas un rêve de quelques programmeurs utopistes. La société Sun Microsystem, par exemple, y participe activement (1).
Les services publics de grands pays comme la France et l’Allemagne privilégient les logiciels Open Source. Deux parlementaires ont récemment déposé au Parlement de la Communauté française une proposition de décret relatif à l’utilisation de logiciels libres dans les administrations de la Communauté française (2). Une initiative bienvenue!
E.S.: Quelles connaissances faut-il pour se lancer dans la conception de site avec ce type de logiciel?
J.H .: Dans le document cité précédemment, vous avez pu noter que PHP est un langage «côté serveur»; cela signifie que contrairement au code HTML qui est traduit par votre navigateur (Netscape, Explorer ou autre), le code PHP et les requêtes MySQL sont traitées par le serveur qui héberge le site et envoie à votre navigateur sa «traduction» en HTML.
Pour travailler en PHP, il faut donc installer la trilogie sur la machine pour qu’elle fonctionne à la fois comme «serveur» et comme «client», de façon à pouvoir vérifier rapidement le résultat. C’est très facile grâce à un paquet gratuit facile à installer en une seule fois qui s’appelle Easyphp (‘easyphp.org/’).
D’autre part, le site doit être installé chez un hébergeur qui utilise un serveur Apache (il y en a beaucoup) et peut mettre à votre disposition des bases de données MySQL (c’est moins fréquent). Pour la revue, nous en avons trouvé un dans le nord de la France (‘ovh.fr’), qui peut non seulement héberger votre site à des conditions démocratiques, mais aussi vous attribuer un nom de domaine ‘.be’ également bon marché. Le tout a coûté moins de 85 euros. Et en 48 heures l’affaire était faite et le site opérationnel.
Quant à l’apprentissage de PHP, tous les sites spécialisés vous diront que c’est simple. Ne les croyez toutefois pas trop… Il est vrai qu’on trouve sur le web énormément de documentation, de multiples projets dont on peut récupérer et adapter les scripts, des forums et des foires aux questions, mais la documentation officielle fait plus de 1000 pages. Il ne faut pas tout connaître avant de se lancer, mais la syntaxe doit être respectée rigoureusement: l’oubli d’une simple parenthèse interrompt l’exécution d’un script.
E.S.: Que retenir en définitive de toutes ces explications techniques?
J . H .: Les outils disponibles sur le net permettent de créer des sites d’information très performants (notamment au niveau de la recherche par mot-clé à l’intérieur des sites), et très simples à utiliser. Un autre grand avantage de la formule choisie pour Education Santé , c’est l’autonomie quasi totale des gestionnaires du site en matière de maintenance et de mise à jour. Et je ne vous cache pas que le fait de ne pas dépendre des grands standards commerciaux n’est pas non plus pour me déplaire…
Propos recueillis par Maryse Van Audenhaege (1)Voici ce que j’ai trouvé dans le site de Sun France:
La contribution de la communauté Open Source a élargi les horizons technologiques et commerciaux en permettant la création d’applications internet et en ouvrant un nouveau canal au client.
Sun cherche à respecter cette tradition qui consiste à générer un excellent code et à créer de nouvelles perspectives commerciales en mettant les applications gratuitement à la disposition des personnes qui souhaitent les exécuter, les améliorer ou les enrichir.
L’innovation partagée, opposée au développement dans l’isolement, représente la vision de Sun qui l’a poussé à franchir cette étape.

(2) Proposition déposée par MM. Moock et Istasse le 15 mars 2002.