Septembre 2014 Par Revue PRESCRIRE Réflexions

Communiqué de presse de la Revue Prescrire, n° 369 de juillet 2014Quand la publicité auprès des enfants passe par l’école, l’investissement promotionnel peut avoir des retombées pendant toute la vie. Cela n’a pas empêché le Ministère de l’éducation nationale français d’ouvrir en 2013 les portes de l’école aux producteurs de sucre.La prévention de l’obésité dès l’enfance est un des grands enjeux de santé publique. En France, où les intérêts agroalimentaires sont considérables, les pouvoirs publics semblent avoir beaucoup de mal à mettre en place des règles protégeant les enfants contre les aliments industriels sucrés/salés/gras. Fin 2013, le Ministère de l’éducation nationale a signé un accord avec l’organisme de défense de la filière du sucre autorisant celle-ci à fournir le contenu de cours sur l’alimentation, de la maternelle à la terminale, ainsi que celui de la formation continue des enseignants.Outre le mélange des genres inacceptable, de nombreux documents destinés aux enseignants sont en fait de la publicité. Ainsi par exemple dans une plaquette destinée aux enseignants pour la maternelle et le cours élémentaire, après un cours sur les 4 goûts, le reste des séances est consacré à la promotion du sucre par divers jeux.Dans d’autres documents, la consommation de sucre est associée aux performances intellectuelles: «glucose et neurones: un cocktail performant», «optimiser ses performances intellectuelles», «plus vif et plus attentif».L’accord est présenté comme visant à la fois à valoriser les métiers de l’alimentation et à développer le ‘goût’ des enfants, qui est quasiment réduit à celui du ‘sucré’.L’accord obtenu par la filière du sucre est une défaite pour la santé publique. Vive les enseignants qui refuseront de se transformer en hommes et femmes sandwichs!