400 !
Le 23 Mai 23
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Chers lecteurs.trices,
Nous ne nous adressons pas souvent à vous, mais cette fois, l’occasion était trop belle ! En effet, le numéro que vous tenez entre vos mains (ou que vous lisez sur écran) est le 400ème ! A cette occasion, nous souhaitions vous remercier pour votre fidélité tout au long de ces 45 années d’existence.
Bien sûr, la revue et l’équipe ont connu quelques changements au cours de ce presque demi-siècle, mais la philosophie est restée la même : vous faire vivre la promotion de la santé, transmettre de nouvelles connaissances, vous faire connaître des actions et des projets innovants, faire le pont entre la théorie et la pratique, vous faire découvrir de nouveaux acteurs…
Nous vous souhaitons une bonne lecture de ce numéro à la fois normal et spécial !
L’équipe d’Education Santé.
Rêvons un peu
Nous avons demandé à quelques contributeurs occasionnels ou habituels de la revue d’imaginer comment ils voient la Promotion de la santé en Belgique francophone ou leur projet dans 10 ou 20 ans. Voici quelques morceaux choisis.
La promotion de la santé sera politique ou ne sera pas
Enfin, nous y sommes ! Après des années de lutte acharnée portée par une alliance de mouvements sociaux pluriels, un changement s’opère. Une convention européenne revoit la manière de piloter les politiques publiques des États. Celle-ci n’est plus chevillée à des indicateurs économiques comme le PIB ou le niveau de la dette publique mais bien à un indicateur de bien-être et d’équité. La Belgique est à la pointe de ce changement et inscrit dans sa Constitution l’exigence de Santé dans toutes les politiques. Environnements protégés, économie solidaire zéro carbone, refondation de la sécurité sociale, accueil inconditionnel des personnes exilées, réhumanisation des services publics… Ce renouveau s’appuie sur une dynamique démocratique dans laquelle le secteur associatif, considéré comme réel partenaire autonome de l’État, fait remonter les préoccupations citoyennes. Des organisations communautaires sont au cœur de ce nouveau système. S’y développe une offre Santé globale de proximité modelée par des actions collectives et participatives… Il aura fallu quelques paires de décennies après Ottawa pour que nos autorités intègrent le fait que produire la santé en agissant sur ses facteurs structurels a bien plus d’impact que de gérer les conséquences sociales et sanitaires de politiques injustes et délétères.
Denis Mannaerts, Cultures&Santé, anno 2035
Visions
Le secteur est en plein essor et n’est pas freiné par le paysage institutionnel et politique très compliqué ; le paysage est justement simplifié et facilite la vie des acteurs (associations, etc.) en promotion de la santé.
Les professionnel.les du secteur sont considéré.es comme des stars depuis “l’épidémie de burn-out de 2030”, il y a maintenant des émissions santé en direct avec la participation du public et un taux d’audience digne de “Danse avec les stars”.
Les animaux tels que chats chiens chevaux sont reconnus comme des partenaires co-thérapeutes légitimes : ils sont très présents dans les activités communautaires et sont bienvenus sur le lieu de travail.
Les autorités de tutelle accordent une grande confiance aux professionnel.les du secteur, ce qui est visible dans la disparition de l’obligation de rendre des comptes-rapports minutieux des activités et aussi dans la possibilité de tenir des actions longue durée plutôt que à court-terme.
Le secteur PS reçoit enfin autant de subsides que la recherche contre le cancer. Le monde reconnaît que l’investissement dans la prévention plutôt que dans le curatif est capital et qu’il diminue l’impact social et financier pour l’ensemble de la société ;
La promotion de la santé est insufflée comme filtre d’amélioration fondamental. Sans être dogmatique, elle est cependant devenue un prisme « bien-être » capital, utilisé pour augmenter les chances de chaque personne de s’épanouir dans tous les champs de la vie et à tout âge.
Samuel, Béren, Éloïse et Marie, FARES
Et si on créait un centre féministe de la santé ?
Un lieu où suffisamment de personnes pourraient soutenir et développer une approche féministe de la santé et de la promotion de la santé.
Un lieu qui s’appuierait sur ce que les femmes et minorités de genre vivent.
Un lieu qui proposerait des espaces de soins et d’expression autour des violences de genre.
Un lieu qui expliquerait au grand public ce que signifie prendre en compte le genre en santé, de manière interactive et vivante.
Un lieu qui serait valorisé par les professionnel-les de la santé pour améliorer leur pratique.
Un lieu qui serait consulté par le politique dès lors qu’une politique de santé est mise en place.
Un lieu qui, malgré son professionnalisme, resterait festif et humain…
Un lieu qui…
Manoë Jacquet, Femmes et Santé
La promotion de la santé dans 10 ans ?
Je rêve et je vois…
Une loi sur la promotion de la santé dans toutes les politiques est co-signée par les différentes entités de notre pays. Cette loi est opérationnalisée par la création d’un Institut ‘Promotion de la santé’ qui scanne chaque nouvelle disposition législative et analyse son impact sur la santé des citoyens et citoyennes concernés : recommandations et droit de veto si l’impact est négatif.
Pour soutenir une vision et des priorités sur la santé et ses déterminants, un processus de démocratie participative est organisé et une assemblée citoyenne se tient avec pour objet : « Comment améliorer la santé de la population ? »
Les opérateurs et services agréés en promotion de la santé soutiennent ce dispositif par leur expertise et leurs actions et ce, à tous les échelons des institutions de notre pays : fédéral, communautaire, régional, local…
Et si on osait construire ce rêve ?
Faire face aux multiples défis qui s’imposent encore à nous comme l’accroissement des inégalités sociales de santé, le vieillissement des populations, la fragilisation des écosytèmes, en adoptant des stratégies d’action collective.
Bernadette Taeymans
Une vision du futur
Allier la santé de la population et la santé planétaire, la Promotion de la santé s’y engagera.
Placer la Promotion de l’équité en santé au centre de programmes de Promotion de la santé ‘globale’.
Apprendre du passé pour mieux construire l’avenir.
Sortir de l’entre-soi, même si cela ne va pas de soi.
Collaborer et communiquer efficacement grâce aux nouvelles technologies numériques afin de partager des connaissances et des questions qui feront certainement encore débat.
Continuer à prendre soin de soi tout en prenant soin des autres en tenant compte des déterminants sociaux de la santé quels qu’ils soient.
Charlotte Thibaut et Dominique Doumont, RESO