Articles de la catégorie : Initiatives

Sourires en pleine santé

Le 30 Déc 20

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Au début de l’année, la Mutualité chrétienne (MC) a lancé la Dento solidaire , une meilleure couverture des soins dentaires comprise dans la cotisation à l’assurance complémentaire, combinée à une assurance facultative Dento + . De quoi compenser les insuffisances de l’assurance obligatoire par rapport à certains traitements.
Parallèlement à cette volonté d’assurer de meilleurs remboursements à ses affiliés, la MC a souhaité développer un large volet prévention, pris en charge par son service de promotion de la santé : Infor Santé propose de nouveaux outils à l’usage des familles.

La récente enquête menée en province de Luxembourg (1) confirme la tendance montrée par de précédentes études, à savoir une amélioration globale de la santé bucco-dentaire chez les enfants et les adolescents de nos régions. Mais elle montre aussi que des inégalités sociales persistent.

Le risque est plus élevé de développer des problèmes bucco-dentaires dans les familles socio-économiquement moins favorisées. Un constat à mettre sans doute partiellement en lien avec les frais relatifs aux soins dentaires, malgré la suppression des tickets modérateurs jusqu’au 18e anniversaire.

Parmi les causes d’une mauvaise santé dentaire, on trouve aussi la peur liée à la visite chez le dentiste. Angoisse de la douleur, de l’anesthésie, des bruits, des odeurs…, elle peut constituer, chez certaines personnes, un réel frein pour passer la porte d’un cabinet dentaire. Cela a souvent pour conséquence d’entrer dans un cercle vicieux lié à la nécessité de soins plus onéreux et plus douloureux. Et cela peut faire contagion : la peur du dentiste ressentie par un parent est transmise inconsciemment à son enfant, entraînant alors chez lui les mêmes craintes. Une chose est sûre : les visites régulières chez le dentiste (une à deux fois par an) permettent de repérer les problèmes éventuels à temps et d’éviter ainsi toute complication.

Sensibiliser chacun à l’importance d’une bonne hygiène bucco-dentaire est un des objectifs poursuivis par le service Infor Santé de la Mutualité chrétienne. Pour y parvenir, il vient de mettre au point des outils à l’intention des familles. Au menu : découverte et dédramatisation de la visite chez le dentiste, connaissance des gestes de base, de l’univers et des instruments du dentiste, informations sur des sujets tels que le blanchiment des dents, les détartrages, les dents de lait, l’effet du tabac ou de l’alcool sur la dentition, etc.

Le livret de jeux Phil chez le dentiste

Phil chez le dentiste s’adresse aux enfants dès l’âge de 7 ans. Ce livret de jeux d’une cinquantaine de pages permet de familiariser l’enfant à l’univers du dentiste sous forme d’abécédaire. À chaque lettre est associé un mot-clé avec des informations illustrées, ainsi que des devinettes, bricolages, coloriages… pour permettre d’apprendre tout en s’amusant.

Par exemple, à la lettre G, comme gencive, il s’agit de trouver le chemin vers sa brosse à dent dans un labyrinthe. À la lettre M, comme masque, il s’agit de bricoler un masque de dentiste avec un filtre à café. À la lettre Q, comme quenotte, il s’agit de deviner le nombre de dents d’un requin, d’une poule, d’un bébé…

En favorisant la découverte de l’univers du dentiste, le livret a pour objectifs de dédramatiser les visites et de sensibiliser les plus jeunes à l’importance d’une bonne hygiène bucco-dentaire.

Les parents sont invités à parcourir le livret avec leur enfant et à dialoguer avec lui sur ses craintes, ses questionnements, et à insister sur les bons gestes à retenir pour garder des dents en pleine santé. Se brosser les dents nécessite un peu de temps (environ 3 minutes) et une bonne technique (faire des petits ronds, passer plusieurs fois sur toutes les faces des dents…).

Pourquoi ne pas emmener aussi ce livret lors de la visite chez le dentiste? Il aidera à faire passer le temps agréablement dans la salle d’attente, en dessinant notamment le visage du dentiste… qui pourra voir son portrait et les autres découvertes de l’enfant une fois dans le cabinet.

Le contenu du livret a été relu par la Fondation pour la santé dentaire.

Cet outil a été envoyé à tous les dentistes francophones et germanophones avec une invitation à commander des exemplaires supplémentaires à placer dans leur salle d’attente. Un formulaire de commande leur est réservé sur le site https://www.mc.be/phil.

À la rentrée scolaire 2014-2015, une large promotion sera faite auprès des acteurs du monde scolaire et extra-scolaire.

Le jeu de l’oie Phil chez le dentiste

En complément du livret de jeux, le service Infor Santé a développé un jeu de l’oie autour de la même thématique : la découverte de l’univers du dentiste.

Sous la forme d’un jeu de l’oie classique, il présente des informations essentielles pour préserver une bonne santé dentaire. L’enfant – l’adulte aussi – trouvera plus de détails sur les différentes réponses en se référant au livret de jeux. Il pourra ainsi fixer ses connaissances tout en s’amusant avec d’autres. Ajoutons que sans avoir lu le livret, rien n’empêche de jouer ! Le joueur pourra alors tester ce qu’il sait déjà et ce qu’il ne sait peut-être pas encore. Le jeu peut être utilisé en famille, à l’école, entre copains. Pas besoin de beaucoup de matériel, un dé et quelques pions… et le tour est joué !

Le jeu de l’oie est disponible sous la forme d’un poster A2 en couleurs.

Le ‘parcours des dents saines’

À chaque âge de la vie correspondent des conseils et astuces pour maintenir une bonne santé dentaire. Au travers d’une ligne du temps, le service Infor Santé de la MC propose sur son site https://www.mc.be/phil un ‘parcours des dents saines’. Une foule d’articles spécifiques et adaptés répondent à un maximum de questions sur la santé bucco-dentaire.

Quelques exemples : quand les dents apparaissent-elles ? Les tétines, pouce en bouche et compagnie influent-ils sur le bon développement des mâchoires et le positionnement des dents ? Orthodontie précoce, orthodontie classique, quelles différences ? Faut-il sceller les sillons sur les molaires définitives pour éviter les caries ? Faut-il prendre des compléments de fluor quand on est enceinte ? Un bridge sur implants, une prothèse amovible, une couronne… à quoi répondent ces différents dispositifs ?

L’ensemble des articles a été relu par la Fondation pour la santé dentaire.

D’autre part, le site https://www.mc.be/dento présente également la couverture Dento solidaire et la nouvelle assurance Dento +.

Le livret de jeux et le poster Phil chez le dentiste sont disponibles gratuitement au numéro vert de la MC 0800 10 9 8 7.
Pour des commandes de plusieurs exemplaires, contactez infor.sante@mc.be.
Plus d’info sur les outils sur https://www.mc.be/phil .
Tout au long de cette année, la MC proposera des animations et des actions vers les familles avec ses outils de sensibilisation.
De nouveaux outils sont annoncés dans les prochains mois.

(1) Observatoire de la santé de la Province de Luxembourg – Enquête Jeunes 2010-2012: Santé bucco-dentaire chez les jeunes en province de Luxembourg , Arlon, 2013. Cette étude a été réalisée en collaboration avec l’Observatoire de la Santé du Hainaut et la Fondation pour la Santé dentaire.

10 ans après : l’enquête de consommation alimentaire 2014

Le 30 Déc 20

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Les Hollandais boivent en moyenne un verre de lait par jour; les Français consomment en moyenne une tranche de fromage quotidiennement; les Italiens mangent près de 20 kg de pâtes par personne et par an. Mais qu’en est-il des Belges ?
Pour répondre à cette question, l’Institut scientifique de santé publique lance une grande enquête sur les habitudes alimentaires et le mode de vie de la population belge. Il s’agit sans doute d’une des rares initiatives prévues par le Plan national nutrition belge ayant survécu à la dernière (en date !) réforme institutionnelle dans notre pays…

Objectifs

L’alimentation et la qualité de celle-ci est très importante pour la santé. Il est admis aujourd’hui que les inadéquations alimentaires sont à l’origine de nombreuse maladies non-transmissibles telle que les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou encore certains cancers.

Dans le rapport sur la Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé, l’OMS annonce que l’obésité a atteint des proportions épidémiques au niveau mondial, avec environ 1.4 milliards d’adultes (2008) et 40 millions d’enfants (2011) âgés de moins de 5 ans en surpoids. De plus, 2.7 millions de décès peuvent être attribués à une consommation insuffisante de fruits et de légumes.

Dans ce contexte, il est primordial de connaître la prévalence et la distribution des indicateurs de santé alimentaire (carences, excès en macro- et micronutriments, obésité) et d’identifier les inégalités sociales en matière de qualité nutritionnelle, afin de dresser une image détaillée des besoins de la population belge.

D’autre part, les différentes crises dans le domaine de la sécurité alimentaire (dioxine, vache folle…) ont fait prendre conscience de la nécessité de disposer d’informations à ce sujet.

En Belgique, la dernière enquête alimentaire remonte à 2004. Il était donc nécessaire d’actualiser les données dont nous disposons, tant il nous paraît évident que les habitudes alimentaires et les normes en matière de sécurité ont évolué en 10 ans.

Par ailleurs, les enfants de 3 à 9 ans seront également interrogés afin que des mesures de prévention plus adaptées à ce groupe plus vulnérable soient mises en place.

Sélection des participants

3200 personnes ont été sélectionnées au hasard et réparties en 64 groupes à travers toute la Belgique. Chaque groupe comprend 50 personnes: enfants, adolescents et adultes.

Le nombre de groupes dans chaque province est choisi en fonction de la taille de la population de ces provinces. Par exemple, au 1er décembre 2012 Bruxelles comptait 1.161.657 habitants alors que le Brabant wallon n’en comptait que 389.333.

En conséquence, sept groupes de 50 personnes ont été sélectionnés à Bruxelles pour seulement deux dans le Brabant wallon.

Au total, 1000 enfants, 1000 adolescents, 600 jeunes adultes et 600 adultes seront interrogés.

Quels questionnaires faut-il remplir ?

Au total, 5 questionnaires sont à compléter par les participants. Si cela peut paraître long, tout a néanmoins été mis en oeuvre pour faciliter le travail des enquêteurs et des participants. En effet, trois de ces questionnaires sont en version électronique et à remplir en tête-à-tête avec l’enquêteur lors de visites à domicile. Les enquêteurs sont tous des experts en nutrition (diététiciens diplômés).

Un bref aperçu du contenu…

1. Questionnaire général interactif dressant le profil de la personne sélectionnée: âge, sexe, diplôme…
2. Questionnaire interactif de rappel de consommation alimentaire des dernières 24 heures. Le participant décrit tous les aliments et les boissons qu’il a consommés la veille de l’interview. Ce questionnaire est à remplir à chacune des deux visites à domicile.
3. Questionnaire de fréquence alimentaire. Il permet d’évaluer les différents aliments consommés durant l’année écoulée.
4. Questionnaire de sécurité alimentaire . Il aborde les connaissances, les attitudes et les comportements du ménage au niveau de la contamination de certains aliments. Ce questionnaire est aussi informatisé.
5. Questionnaire santé . Le dernier questionnaire permet d’évaluer l’état de santé général des participants. Ce questionnaire est à remplir seul et est administré dans une enveloppe scellée pour préserver le secret de la vie privée. Ainsi, l’enquêteur n’aura pas accès aux données de santé, qui ne seront accessibles qu’aux chercheurs de l’Institut scientifique de santé publique et analysées avec la plus grande précaution.

Les questionnaires 3, 4 et 5 sont à remplir seul(e) pendant l’intervalle de temps entre les deux interviews à domicile.

Enfin, il est également demandé aux enfants et aux adolescents de porter pendant quelques jours un accéléromètre, petit appareil d’évaluation de l’activité physique.

Sources de financement et collaboration extérieure

Cette étude est réalisée à la demande de Laurette Onkelinx, Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique et est co-financée par le Service Public Fédéral Santé Publique Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et par l’Institut scientifique de santé publique. Elle a été approuvée par la Commission de la protection de la vie privée.

Le logiciel EPIC-soft (interview standardisée assistée par ordinateur) a été développé et adapté au contexte belge par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), Lyon, France.
L’Université de Gand (Vakgroep maatschappelijke gezondheidkunde) apporte également son soutien scientifique au projet.

La santé dans les écoles flamandes

Le 30 Déc 20

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Le VIGeZ, Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie (Institut flamand pour la promotion de la santé et la prévention des maladies) a évalué voici un peu plus d’un an la santé dans les écoles flamandes, en collaboration avec le VAD (Vereniging voor Alcohol- en andere Drugproblemen ) et les Logo’s (Lokaal gezondheidsoverleg, organismes comparables en partie aux centres locaux de promotion de la santé actifs en Fédération Wallonie-Bruxelles). Pas moins de 1400 écoles de Flandre et de Bruxelles ont été sondées.

La précédente enquête datait de 2009. Les indicateurs mesurés à l’époque montraient de nets progrès dans l’attention accordée à la mise en place d’une vraie politique de santé dans les établissements scolaires depuis l’enquête précédente, trois ans plus tôt. Auparavant, il y avait bien des projets, mais ils étaient temporaires. En 2009 par contre la santé était devenue une valeur sûre.

Les résultats de 2012 montrent une consolidation de cette évolution, ce qui apparaît comme très positif aux yeux du VIGeZ.

Les thématiques sur lesquelles les écoles ont été interrogées au fil des ans sont l’alimentation équilibrée, l’activité physique et le tabac. En 2012, plusieurs sujets ont été ajoutés: alcool et autres drogues, et, de façon plus limitée, santé et milieu, bien-être psychologique, prévention du suicide, et ce tant pour les élèves que le personnel.

Méthode suivie

Nous nous intéresserons ici plus à la méthodologie utilisée par le VIGeZ et ses partenaires que par les résultats proprement dits, dont nous présenterons quelques éléments un peu plus loin. L’enquête permet de piloter dans le milieu scolaire les priorités de santé définies par les autorités flamandes. Elle leur fournit une photographie précise de l’état de la promotion de la santé à l’école. En outre, et ce n’est pas moins intéressant, elle enrichit la connaissance des intervenants en milieu scolaire quant à l’impact de leur travail de terrain et les aide à élaborer des choix stratégiques fondés sur des données solides.

Toutes les écoles basées en Flandre et à Bruxelles ont été sollicitées. Pas moins de 1006 écoles fondamentales ont répondu, soit 28% d’entre elles. 36% des écoles secondaires (451 établissements) ont également participé à l’enquête.

Quatre points ont été mis en évidence pour les sujets ‘classiques’ : l’organisation par l’école de l’information et l’éducation des élèves; les aménagements de l’environnement et la mise en place d’une offre adaptée aux besoins; le fait de travailler avec des accords et des règles explicites; l’attention pour l’accompagnement et l’aide.

À côté des thématiques spécifiques, l’accent a été mis en 2012 sur des aspects transversaux de la politique de santé à l’école, ce qui était moins le cas auparavant. La gestion du personnel a aussi fait l’objet d’une attention particulière.

Les questionnaires ont été validés par des experts de terrain et académiques (universités d’Anvers et de Gand).

À noter aussi, les écoles participantes ont la possibilité de consulter leurs propres résultats en ligne, et de se comparer aux moyennes des autres établissements scolaires flamands.

Quelques points forts de l’enquête

• En général, de plus en plus de gens sont impliqués dans la politique de santé scolaire: coordinateur spécifique, groupe de travail, élèves (dans 75% des écoles), parents (75% des écoles primaires, 50% des écoles secondaires). Fait nouveau, l’implication des communes, et ce pour la majorité des établissements.

• Sodas et snacks ont complètement disparu des écoles primaires, qui toutes offrent gratuitement de l’eau de boisson. 75% proposent aussi des fruits à leurs élèves. Les résultats sont un peu plus mitigés au niveau secondaire, où une légère dégradation est même observée par rapport à l’enquête précédente.

• À côté des repas chauds, de plus en plus d’écoles secondaires proposent des sandwichs à midi (de 57% en 2009 à 75% en 2012).

• Le thème le plus populaire est l’activité physique, qui détrône l’alimentation. Le manque d’infrastructures et d’équipements sportifs est un frein pour une petite minorité des établissements, en particulier l’absence de bassin de natation facilement accessible (10% des écoles).

• Les initiatives en faveur de la promotion de la santé du personnel scolaire restent encore relativement modestes, ce qui n’empêche pas les écoles d’être déjà mieux loties que les autres entreprises. La prise en considération des travailleurs dans les programmes de promotion de la santé est un incontestable défi pour l’avenir, vu le grand nombre de personnes concernés. L’école est un employeur très important, en Flandre comme en Fédération Wallonie-Bruxelles.

VIGeZ, Gustaaf Schildknechtstraat 9, 1020 Brussel. Internet: https://www.vigez.be (en néerlandais).

Les cigarettes ‘bon marché’ et le tabac à rouler nuisent à la santé publique

Le 30 Déc 20

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Six raisons d’accroître sensiblement l’impôt sur le tabac

Ce 31 mai, le thème de la Journée Mondiale Sans Tabac porte sur la taxation des produits du tabac. En Belgique, en 2013, le chiffre d’affaires du tabac à rouler a atteint un niveau record.

Dans notre pays, une cigarette roulée revient jusqu’à quatre fois moins cher qu’une cigarette manufacturée. En conséquence au cours de ces dernières années, les fumeurs, notamment les jeunes fumeurs, sont le plus souvent passés au tabac à rouler. Ainsi, en 2013, on recensait 850.000 fumeurs de tabac à rouler contre ‘seulement’ 500.000 en 2012. Pourtant, le tabac à rouler est également très dangereux pour la santé même s’il est moins réglementé que les autres cigarettes.

Le Fonds des Affections Respiratoires (FARES) et l’Observatoire de la Santé du Hainaut demandent au gouvernement belge de prendre 3 mesures de santé publique dans sa lutte contre le tabagisme actif et passif.

D’abord l’augmentation des accises spécifiques sur les cigarettes et le tabac à rouler, à savoir en 2014 une augmentation du prix du tabac à rouler à raison d’un euro en une fois et une augmentation du prix des cigarettes à raison de 50 euro cent en une fois. Au cours de la prochaine législature, doubler le prix du tabac à rouler et augmenter le prix des cigarettes de 50%. Il est très important que l’augmentation des prix soit réalisée en une seule fois et non par paliers. Par ailleurs, continuer à étendre l’augmentation sur plusieurs années ancre l’effet plus fortement.

Ensuite, dès le début 2015 la présence obligatoire d’illustrations accompagnant les avertissements sanitaires et la mention Tabacstop sur les emballages du tabac à rouler.

Enfin, qu’une partie des recettes liées à l’augmentation des accises soit consacrée à une aide au sevrage gratuite pour les populations de fumeurs les plus vulnérables.

Six bonnes raisons d’accroître sensiblement les accises sur le tabac

Moins de jeunes commenceront à fumer.
Un prix élevé du tabac est la meilleure mesure visant à décourager le tabagisme des jeunes d’autant que ceux-ci y sont très sensibles du fait qu’ils disposent de peu de revenus. À New York, où le prix du tabac est très élevé, le pourcentage de jeunes fumeurs a diminué de 20 à 12% entre 2003 et 2011.

C’est une très bonne mesure de santé publique.
Une augmentation sensible des accises sur le tabac est la mesure la plus efficace pour réduire la consommation de tabac. Cette proposition est d’ailleurs soutenue par l’Organisation mondiale de la santé et la Banque mondiale.

C’est favorable au budget de l’État.
En effet, la demande pour un produit addictif tel que les cigarettes et les autres produits du tabac est relativement peu élastique. Les ventes devraient donc bien diminuer mais sans diminuer les rentrées fiscales dans la même proportion. Au contraire, le gouvernement va voir ses recettes légèrement augmenter d’autant qu’il est généralement admis qu’une augmentation du tabac à raison de 10% ne provoque en général que 4% de diminution de la consommation. Ceci constitue donc encore une rentrée supplémentaire pour le trésor public.

L’augmentation du prix du tabac a principalement un fort impact sur les groupes à faibles revenus.
Il ressort d’enquêtes sur le tabagisme menées en 2013 que le tabac à rouler est bien plus fumé par les personnes des classes sociales les moins aisées. Les personnes à faibles revenus fument plus, commencent plus tôt, sont fortement dépendantes et éprouvent plus de difficultés à arrêter de fumer. De même, ces groupes sont plus difficiles à atteindre avec les autres mesures de prévention du tabagisme. Du fait que le tabac sera moins abordable, ils fumeront moins et/ou ils arrêteront de fumer ou encore le passage de l’expérimentation à une consommation régulière de tabac sera beaucoup moins facile (1).

L’augmentation des taxes peut contribuer à aider les fumeurs les plus vulnérables à arrêter de fumer.
L’usage du tabac est fréquemment inversement proportionnel à leurs revenus comme le fait de grandir et de vivre dans un environnement fumeur. Pour le tabac à rouler, ce facteur joue encore plus. Nous devons donc aussi soutenir ces fumeurs après une augmentation des prix. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités qu’un accompagnement professionnel à l’arrêt du tabagisme et qu’un soutien pharmacologique soient accessibles gratuitement pour les fumeurs des groupes les plus vulnérables et notamment pour les bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM) des soins de santé.

L’augmentation des taxes bénéficie du soutien de la population.
L’augmentation des accises sur les produits du tabac constitue une des rares hausses d’impôts pouvant compter sur le soutien de la population. En effet, d’après une enquête menée en 2013 à la demande de la Fondation Contre le Cancer, 57% des Belges sont partisans d’une hausse de prix de 50 cents.

Que doit-on changer dans le système de taxation actuel ?

Les producteurs de cigarettes peuvent vendre leurs produits moins cher en Belgique. En effet, dans notre pays, la part des accises spécifiques (montant fixe par produit du tabac) est très faible au profit des accises minimales ad valorem (un pourcentage du prix de vente). De par cette faible part des accises spécifiques, les marques ‘bon marché’ permettent au fumeur de passer à chaque augmentation à une marque encore moins chère.

Par ailleurs, les taxes sur le tabac à rouler sont beaucoup plus faibles que sur les cigarettes ordinaires. Cela signifie que le tabac à rouler est beaucoup moins cher que les cigarettes manufacturées. Dans notre pays, le tabac à rouler est 50% moins cher qu’aux Pays-Bas, plus de 100% moins cher qu’en France et plus de 200% moins cher qu’en Grande-Bretagne !

En Belgique, le chiffre d’affaires des ventes du tabac à rouler a atteint un niveau record en 2013 avec 10.111 tonnes soit 22,4% de plus qu’en 2012 (8.262 tonnes) et 34,8% de plus qu’en 2011 (7.500 tonnes). Il s’agit du chiffre le plus élevé jamais enregistré dans notre pays.

L’impact d’une éventuelle hausse des taxes du tabac sur la santé publique ne réduit qu’en partie l’accès à des alternatives ‘bon marché’. Suite à la faible imposition du tabac à rouler, un fumeur s’orientera plus volontiers vers du tabac à rouler plutôt que d’envisager d’arrêter de fumer.

La proportion des droits d’accises devrait être augmentée au profit des droits d’accises ad valorem , ce qui réduit significativement la différence de prix entre les différentes marques de cigarettes. Les accises spécifiques entre le tabac à rouler et les cigarettes doivent être réduites.

(1) Nous publierons prochainement une interview de Patrick Peretti-Watel , auteur récemment de ‘La cigarette du pauvre’, qui nuance cette affirmation…

Application de la législation anti-tabac au sein de l’enseignement secondaire de la Région Bruxelles-Capitale : une analyse d’implantation

Le 30 Déc 20

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Introduction

Le tabac est responsable de nombreux cancers et de maladies cardio-vasculaires et respiratoires. Il tue plus de cinq millions de personnes par an (1). En provoquant à terme des conséquences sur la santé des individus, le tabac a aussi un coût pour la société. Il est donc important au nom de la santé publique d’agir sur le tabagisme et de réduire sa prévalence.

Un adulte ne devient pas fumeur à sa majorité : il a été initié au tabac dès son jeune âge. En effet, l’initiation tabagique survient en moyenne vers 12,5 ans (2). Sachant qu’elle survient à l’adolescence, les comportements parentaux, le contexte de scolarisation de masse et les liens sociaux à l’école jouent vraisemblablement un rôle sur l’usage du tabac et ses conséquences à long terme.

Lutter contre le tabagisme chez les jeunes c’est donc s’attaquer à la source du problème. La réglementation et les taxes portant sur le tabac sont des instruments efficaces de santé publique, permettant de réduire la prévalence du tabagisme (3, 4). La Communauté française a édicté en 2006 un décret interdisant le tabac dans les écoles. L’objectif de ce travail est d’étudier sa mise en oeuvre dans cinq écoles bruxelloises. Ce faisant, le travail vise à identifier les acteurs susceptibles d’améliorer la mise en œuvre de ce décret et, donc, son efficacité. Tout d’abord, nous résumerons le décret, nous présenterons ensuite la méthode avant de décrire les résultats.

Cadre légal relatif à l’interdiction de fumer dans les écoles

Un décret relatif à la prévention du tabagisme et à l’interdiction de fumer à l’école a donc été adopté le 5 mai 2006 par le Parlement de la Communauté française (5), afin d’agir sur cet «instant critique» du tabac. Les finalités de ce décret sont de renforcer la législation anti-tabac et de faciliter l’application de l’interdiction de fumer dans l’enceinte de l’école, en accompagnant les écoles par des mesures concrètes pour diminuer la consommation de cigarettes ainsi que la prévalence et l’incidence du tabac chez les jeunes.

Le décret vise également à renforcer les actions de prévention et la fonction d’apprentissage en sensibilisant les jeunes aux méfaits du tabac. Ce dernier a été suivi d’une circulaire (6) qui propose différents axes d’actions pour l’application de la législation anti-tabac à l’école.

L’interdiction du tabac dans les écoles est également concernée par la loi fédérale du 29 décembre 2009, relative à l’interdiction de fumer dans tous les lieux fermés accessibles au public et à la protection des travailleurs contre la fumée du tabac (7). Cette loi renforce l’interdiction de fumer dans les lieux fermés accessibles au public mais donne la possibilité d’installer un fumoir, exclusivement destiné aux fumeurs.

Or, la circulaire d’avril 2009 (8) sur le référentiel en matière de sécurité/bien-être dans les établissements scolaires commente le décret de 2006 en précisant que «l’école n’est pas un lieu de travail anodin puisque des enfants et des jeunes la fréquentent» . De plus, «le décret prévoit une interdiction absolue de fumer et ne prévoit pas la possibilité d’installer des fumoirs» .

Comment le décret de 2006, la loi de 2009 et les circulaires sont-ils appliqués dans des écoles de la région bruxelloise ?

Méthode

Dans le cadre d’un cours de santé communautaire de la faculté de Santé publique (Université Catholique de Louvain), une vingtaine d’étudiants ont étudié l’application.

Cinq écoles de l’enseignement secondaire – toutes sections confondues – de la région bruxelloise ont été invitées à participer à une enquête qualitative. Dans chaque établissement, des personnes clés dans la mise en application de la législation interdisant la consommation de tabac dans les écoles ont été sélectionnées pour participer à un entretien semi-directif. Ainsi dans les différents établissements, des enseignants, des éducateurs, des directeurs, des infirmières, des assistants sociaux, des élèves (dont certains étaient fumeurs) ont été interrogés: 26 entretiens au total ont été réalisés.

Tout d’abord, lors des travaux pratiques du cours, différents débats sur les textes légaux et la littérature scientifique ont été menés. Suite à ces débats, l’équipe d’étudiants a identifié dix propositions d’options, de nature préventive ou de nature répressive. Les acteurs interrogés devaient les classer par ordre de préférence (voir encadré).

Durant l’entretien, la discussion sur le classement a permis de décrire l’application du décret de 2006 dans les écoles participantes. Les données recueillies ont été synthétisées par une analyse thématique, en mettant en avant les options proposées qui ont été privilégiées par les personnes interrogées.

Les dix propositions

• Création d’un groupe d’élèves chargés de projets d’éducation pour la santé par les pairs.
• ‘Cours sur le tabac’ par des professionnels une fois par trimestre.
• Création d’un comité santé avec des professeurs, professionnels de la santé et des élèves.
• Journée de sensibilisation annuelle et obligatoire avec la participation des acteurs concernés.
• Interdiction totale de fumer pour tous entre 8 et 17 heure dans l’enceinte de l’école.
• Interdiction de fumer pour les professeurs sauf pendant le temps de midi et sanctions prévues en cas de non-respect de cette règle.
• Installation de détecteurs de fumée dans les endroits ‘à risque’.
• Partenariat entre la commune et l’école pour délimiter une ‘zone non-fumeur’ aux alentours de l’école.
• Hiérarchie des sanctions pour tous pour mettre tout le monde sur pied d’égalité.
• Installation d’un fumoir isolé pour les professeurs, ‘non convivial’ ne favorisant pas le fait de s’y installer.

Résultats

Lors du classement des dix propositions, les acteurs clés ont choisi de préférence les options préventives par rapport aux options répressives. L’option préventive la plus sélectionnée est celle qui concerne la création d’un groupe d’élèves chargé de projets d’éducation pour la santé par les pairs.

Plusieurs facteurs facilitent l’application du décret. Le pouvoir organisateur et le directeur détiennent le pouvoir d’inscrire dans les documents officiels de leur école des précisions sur l’application de cette loi. Les éducateurs et le corps enseignant sont quant à eux tenus d’appliquer la ligne de conduite interne. Cependant, au travers des organes de représentation, ils peuvent influencer la prise de décision et les mesures qui en découlent, particulièrement lorsque celles-ci concernent leurs conditions de travail. Sans l’appui de ces personnes influentes sur ce sujet, il n’est pas envisageable de mettre en place des projets de santé cohérents au sein des établissements de l’enseignement secondaire.

Après analyse des différentes données recueillies au sein des écoles observées, nous pouvons mettre en évidence que chacune d’elles précise, dans le règlement d’ordre intérieur (ROI) ou dans une lettre d’information adressée aux parents, qu’il est interdit pour les élèves de fumer au sein de l’établissement. En outre, les entretiens avec les acteurs autour des propositions d’options ont mis en évidence cinq constats intéressants.

Le tabagisme n’est plus à l’agenda des écoles.
Dans toutes les écoles rencontrées, la problématique du tabac ne semble plus être à l’agenda. Plusieurs raisons justifient ce désintérêt selon les personnes interrogées. Tout d’abord, le caractère non prioritaire est mentionné. En effet, selon les acteurs, le tabac ne concernerait pas un nombre très élevé de personnes au sein des écoles. Ensuite, il s’agit d’un sujet ancien en comparaison à des problématiques plus récentes telles que la consommation de cannabis, d’alcool, de boissons énergisantes, le surpoids ou encore l’addiction aux multimédias (tablettes, smartphones, consoles et jeux vidéo). Ces sujets sont jugés plus préoccupants par les directions, le corps professoral et par une grande majorité de parents. Enfin, ce problème ayant des conséquences essentiellement à long terme, il leur paraît donc moins important.

La réglementation est appliquée aux élèves mais pas aux membres du personnel.
De manière générale, nous avons constaté que les règlements d’ordre intérieur (ROI) des écoles destinés aux élèves, stipulent clairement l’interdiction de fumer dans l’enceinte des écoles. De même, des programmes de sensibilisation sur le tabagisme et ses conséquences sur la santé font partie intégrante de certains cours. Les élèves sont prévenus. Cependant, le tabagisme n’a pas complètement disparu des écoles. En effet, les membres du personnel peuvent consommer du tabac au ‘coin fumeur’ des écoles du fait d’un flou juridique qui n’interdit pas clairement le tabagisme dans les écoles pour ces derniers. Ces ‘coins fumeurs’ ne sont pas des endroits aménagés d’après les instructions des textes légaux et sont parfois des lieux fréquentés par les élèves. Au sein des écoles, les adultes semblent considérer que la législation s’applique aux élèves plus qu’au personnel.

Les sanctions ne sont pas précisées pour les professeurs mais bien pour les élèves.
Dans la plupart des écoles, des sanctions sont prévues pour les élèves dans le ROI alors que celles pour le personnel sont floues, voire inexistantes, et ce malgré le fait que certains acteurs clés aient mentionné la question de l’exemplarité du personnel éducatif auprès des élèves, voire des parents. La seule école ayant des sanctions prévues pour le personnel, uniquement connues du directeur, n’évoque pas la question du tabac dans son ROI. Seules des remarques peuvent être données oralement sans aucune intention de sanctionner les membres du personnel. L’idée de ce type de sanctions est refusée par le personnel des établissements scolaires.

La délimitation des pourtours de l’école est très vague ou non respectée.
Nous constatons un manque de précision au sein de ces ROI quant à la délimitation géographique de l’école où s’applique l’interdiction de fumer. Notons que le décret laisse aux écoles la liberté de définir la zone où cette interdiction entre en vigueur. Toutefois, le périmètre n’est pas nécessairement précisé de manière à pouvoir se le représenter concrètement : le nom des rues délimitant la zone est parfois omis. L’appartenance ou non aux établissements de certaines annexes (internes ou externes, potentiels fumoirs) n’est pas systématiquement spécifiée dans les documents officiels de l’établissement.

De plus, les ROI tendent à utiliser des termes tels que ‘aux alentours’ ou ‘aux abords’ pouvant ainsi laisser libre cours à l’interprétation de chacun. Pour parer à cela, certaines écoles ont diffusé une lettre d’informations en vue de clarifier le cadre réglementaire mis en place au sein de leur institution. En dépit de ce type de solution, les personnes interrogées ne perçoivent pas clairement le pourtour de l’école mais se le représentent en fonction de sa visibilité (grilles, murs, entrées).

En outre, notons que dans la pratique l’interdiction de fumer est respectée par la majorité des élèves dans l’enceinte des écoles mais elle l’est nettement moins en dehors. D’autre part, les surveillants font preuve d’une certaine souplesse dans l’application des sanctions lorsque les élèves sont surpris à fumer dans la zone non-fumeur. De plus, certains professeurs fument également, parmi les élèves, à l’entrée de l’école ou dans des lieux proches (coins dans la cour de récréation, jardin, parc ou encore parking), à la vue de tous.

Cette visibilité semble constituer un élément particulièrement préoccupant pour les directions rencontrées qui redoutent son impact sur la vision du voisinage et la réputation de l’école. Le tabac peut ‘nuire à l’image de l’école’. Or, la réputation d’une école pèse bel et bien dans la balance lorsque les parents choisissent un établissement pour préparer l’avenir de leur enfant.

Peu de prévention est organisée par les services de promotion de la santé à l’école (PSE) et les centres psycho-médico-sociaux (PMS).
Les centres PSE et PMS ne sont pas identifiés comme acteurs à ce sujet par les directeurs et le corps professoral. Leurs actions dans les écoles dépendent des souhaits et de la demande des chefs d’établissement. De plus, le manque de temps, de moyens humains et financiers freinent la réalisation de séances de sensibilisation. Lorsque ces dernières existent, elles sont orientées vers des thématiques générales telles que l’hygiène de vie où parfois s’insère la problématique du tabagisme.

Au cours des entretiens, la question de la responsabilité du tabagisme en milieu scolaire a été soulevée. Les chercheurs constatent que cette dimension est perçue différemment selon les acteurs. Parmi le personnel éducatif, certains diront que la consommation tabagique ne les concerne pas, surtout si celle-ci a lieu à l’extérieur de l’école. D’autres diront, qu’il est nécessaire d’agir dans ce domaine même si le tabac reste largement considéré comme n’étant pas une priorité face à d’autres problématiques. Dès lors, une tendance apparaît: le problème est imputé à différents acteurs et facteurs (ex : nombre d’élèves fumeurs).

Les écoles mettent également l’accent sur la nécessité de se conformer, parents comme élèves, à toute note ou recommandation émanant de l’institution ainsi qu’aux textes légaux, règlements et instructions administratives qui les concernent. De plus, certaines écoles vont plus loin en considérant que la consommation de tabac en milieu scolaire touche l’ensemble de la société qui en est donc autant responsable que les établissements scolaires. Personne ne semble dès lors vouloir prendre la responsabilité de cette situation. En outre, aucune partie prenante ne mentionne le sevrage tabagique et l’accompagnement des dépendances aussi bien pour les élèves que les professeurs.

Conclusion-discussion

L’équipe de recherche a pu mettre en évidence que les lois et les décrets se superposent. En outre, un paradoxe apparaît entre l’interdiction de fumer dans les écoles et le droit à un fumoir sur leur lieu de travail par les employés.
Certaines écoles sont donc face à un dilemme entre le respect du droit des travailleurs et la question de l’exemplarité vis-à-vis des élèves, prônée mais pas appliquée. En effet, de ce qu’il ressort de cette enquête et malgré son devoir d’exemplarité, le personnel ne se sent pas concerné par cette réglementation qu’il estime être uniquement destinée aux élèves.

En ce qui concerne le classement, trois acteurs d’une même école ont refusé d’établir celui-ci en expliquant que ces options ne sont pas applicables dans leur établissement en raison des particularités de leurs élèves.

En outre, les options privilégiées dans les écoles sont de type préventif mais vont à l’encontre de ce qui est soutenu par la littérature scientifique. En effet, les membres du personnel ont refusé tout type de sanctions à leur égard concernant la problématique du tabac. L’accompagnement au sevrage tabagique pour l’ensemble des fumeurs n’étant pas proposé dans nos options, celui-ci a très peu été abordé par les personnes interrogées.

Ce décret semble opérant pour les élèves dans l’enceinte de l’école. Cependant, la problématique s’est déplacée aux alentours de l’école où cette interdiction n’entre plus en vigueur. Quelques pistes peuvent être proposées pour remettre cette problématique à l’agenda des écoles: sensibiliser par rapport au fait que celle-ci concerne en réalité tout le monde, y compris les non-fumeurs, en raison du tabagisme passif; intégrer le tabagisme dans la problématique plus globale des addictions et insister sur les conséquences à court terme (hygiène buccale, aspects financiers, mauvaises odeurs) auxquelles les jeunes pourraient être plus réceptifs. Et enfin, il est possible de préciser dans le ROI le nom des lieux et des rues délimitant la zone où l’interdiction de fumer entre en vigueur.

De manière générale, ce problème doit être pris en charge de manière pluridisciplinaire et, de ce fait, l’école ne doit pas être la seule à en assumer l’entière responsabilité. Il faut impliquer les Centres locaux de promotion de la santé (CLPS) et donner les moyens aux services de santé scolaire de s’investir dans des projets de promotion de la santé à l’école.

Il est aussi important de conscientiser les parents et le personnel éducatif sur les effets à long terme du tabac sur la santé de leurs élèves et sur l’influence que leurs comportements peuvent avoir sur l’adoption ou non de ce comportement à risques. Les écoles peuvent impliquer les associations de parents (UFAPEC, FAPEO) et le personnel éducatif dans des projets favorisant les lieux sans tabac par exemple.

Il est important de saluer le travail des 20 étudiants qui se sont investis dans cette recherche. Cette enquête ne prétend bien entendu pas connaître la situation de toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cependant, n’est-il pas temps de s’interroger sur l’application de la législation anti-tabac et le respect du décret du 5 mai 2006 relatif à la prévention du tabagisme et l’interdiction de fumer à l’école ?

Actuellement, le projet de recherche européen SILNE coordonné par l’Université d’Amsterdam et financé par le Septième programme cadre de la Commission européenne va permettre de poursuivre les débats. En effet, des données sur les comportements de santé et la vie à l’école des élèves de troisième et quatrième secondaire ont été collectées auprès de 9324 élèves, dans 50 écoles, en Belgique ainsi que dans 5 autres pays européens (Finlande, Allemagne, Pays-Bas, Italie et Portugal). En Belgique, 2137 élèves de l’arrondissement de Namur ont participé à l’enquête de février à avril 2013. L’équipe belge (- 1 -) en charge de ce projet reviendra vers vous pour prolonger la discussion sur le tabagisme en milieu scolaire.

Références bibliographiques

(1) En ligne https://www.who.int/tobacco/health_priority/fr/ , consulté le 27/02/14.
(2) DIERKER L., SWENDSEN J., ROSE J., HE J., MERIKANGAS K., 13 December 2011, Transitions to regular smoking and nicotine dependence in the adolescent national comorbidity survey , Annual Behaviour Medecine.
(3) CHALOUPKA, F.J., STRAIF, K. & LEON, M.E. (2011). Effectiveness of tax and price policies in tobacco control. Tobacco Control, 20, 235-238.
(4) HOPKINS, D.P, BRISS, P.A., RICARD, C.J., HUSTEN, C.G., CARANDE-KULIS, V.G.,FIELDING, J.E. et al. (2001). Reviews of evidence regarding interventions to reduce tobacco use and exposure to environmental tobacco smoke. American Journal of Preventive Medecine , 20(Suppl 1), 16-66.
(5) Décret de la Communauté française du 5 mai 2006 relatif à la prévention du tabagisme et l’interdiction de fumer à l’école (2010). Moniteur belge, 21 juin, p31468.
(6) Circulaire n°1518 du Ministère de la Communauté française du 27 juin 2006, Recommandations du Gouvernement de la Communauté française relatives à la prévention du tabagisme et l’interdiction de fumer à l’école.
(7) Loi du SPF Santé Publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement du 22 décembre 2009 instaurant une réglementation générale relative à l’interdiction de fumér dans les lieux fermés accessibles au public et à la protection des travailleurs contre la fumée du tabac. Moniteur belge, 29 Décembre 2009, p 82139.
(8) Circulaire n°2674 du Ministre de la Communauté française du 9 avril 2009, Référentiel en matière de sécurité/bien-être dans les établissements scolaires et assimilés, P33.

-1- Cette équipe, supervisée par Vincent Lorant, se compose de Ludivine Thibaut, Victoria Soto Rojas et Pierre-Olivier Robert

France : pétition pour un étiquetage compréhensible des denrées alimentaires

Le 30 Déc 20

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En France, des sociétés savantes, des associations de professionnels de santé et de la nutrition, d’acteurs de terrain, de consommateurs et de patients s’associent pour lancer une grande pétition citoyenne pour que soit mis en place un étiquetage nutritionnel simple, intuitif et compréhensible par tous sur la face avant des emballages des aliments.

De très nombreuses études ont montré le rôle des facteurs nutritionnels (intégrant l’alimentation et l’activité physique) dans le déterminisme du surpoids, de l’obésité et des principales maladies chroniques : cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, hypertension artérielle, etc.

L’inadéquation des apports alimentaires et la sédentarité sont des facteurs de risque majeurs de maladies et d’aggravation des inégalités sociales de santé.

Sur le plan de la prévention, le Professeur Serge Hercberg dans son rapport pour un nouvel élan de la politique nutritionnelle de Santé publique remis à la Ministre de la Santé en janvier dernier, a pointé les limites des stratégies fondées exclusivement sur la communication et l’information nutritionnelle générale. Il apparaît clairement que les politiques publiques doivent chercher à améliorer non seulement les déterminants individuels des comportements alimentaires (et de la pratique d’activité physique), mais aussi leurs déterminants environnementaux.

Parmi les mesures proposées dans le rapport, l’une vise à favoriser l’information du consommateur sur la qualité nutritionnelle des aliments par la mise en place d’une échelle nutritionnelle simple et compréhensible par tous sur les emballages des aliments.

Cette mesure qui s’intègre parfaitement dans la Stratégie Nationale de Santé du Ministère de la Santé, peut contribuer, en lien avec les autres actions du Programme National Nutrition Santé (PNNS), à améliorer les comportements alimentaires et l’état nutritionnel de la population, notamment des sujets plus défavorisés et à plus haut risque de problèmes de santé. Pourtant, les industriels de l’agro-alimentaire, au travers de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), s’opposent à cette mesure.

Face à l’opposition des opérateurs économiques, et compte tenu des enjeux de santé publique, diverses sociétés savantes et associations professionnelles de différentes disciplines (santé publique, pédiatrie, nutrition, cardiologie, activité physique), des grandes associations de consommateurs (Que Choisir et l’association Consommation, Logement et Cadre de Vie) et de malades (la Fédération française des diabétiques et le Collectif interassociatif sur la santé) se sont associées dans un Collectif pour lancer une grande pétition citoyenne afin de soutenir la mise en place de l’échelle de qualité nutritionnelle, simple, intuitive, standardisée et compréhensible par tous sur la face avant des emballages des aliments, proposée dans le rapport Hercberg.

Pour une information compréhensible du consommateur

Le Collectif rappelle dans une lettre ouverte au Premier Ministre que la mesure proposée est d’un grand intérêt pour aider le consommateur à orienter ses choix et pour mettre en pratique la recommandation de ‘ne pas manger trop gras, trop sucré, trop salé’ : il pourra ainsi comparer la qualité nutritionnelle des différents aliments entre eux, ou à l’intérieur d’une même famille d’aliments voire entre des aliments du même type mais de marques différentes.

Cette mesure aura aussi un intérêt incitatif pour les industriels afin de les encourager à améliorer la composition de leurs produits pour changer de classe et ainsi valoriser leurs efforts au travers d’un positionnement plus favorable sur l’échelle nutritionnelle visible par les consommateurs.

Pour bien comprendre cette mesure, le Collectif invite les citoyens à visualiser la courte vidéo explicative sur le site https://youtu.be/GAwTyEEHnOs et à signer la pétition soutenant cette proposition.

Ainsi, les citoyens (consommateurs, patients, professionnels), au travers de cette démarche de démocratie sanitaire (une première en France), ont l’opportunité de peser sur la décision politique pour que soit mise en place cette mesure de santé publique qui nous concerne tous.

Lien vers la pétition : https://www.sfsp.fr/petition-nutrition.htm
Lien vers la lettre ouverte : https://www.sfsp.fr/petitions/file/DEFLettreouverte120514.pdf

Communiqué de presse du 13 mai 2014

L’Ancienne Belgique adhère au label Quality Nights

Le 30 Déc 20

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Depuis la mi-mai, l’Ancienne Belgique a intégré le label Quality Nights. Cette salle de concert s’engage depuis des années auprès de son public afin de lui assurer un cadre sain et sûr en lui offrant entre autres des bouchons d’oreille et en diffusant des messages préventifs.

Cela fait des années que l’Ancienne Belgique compte dans ses préoccupations le bien-être du public en mettant en place une bonne partie des critères nécessaires à l’obtention du label Quality Nights. Avec son adhésion officielle, il s’agit de rendre visible les efforts fournis jusqu’à présent et les nouvelles initiatives. Ainsi, l’Ancienne Belgique répond aux six critères de base définis par le label.

Personnel formé
Au moins la moitié du personnel (barmans, videurs…) de l’Ancienne Belgique a été formé aux premiers gestes d’urgence, à la gestion des conflits, aux risques auditifs, à la réduction des risques liés à l’usage de produits psychoactifs (y compris l’alcool), etc.

Informations en lien avec la santé
L’Ancienne Belgique sensibilise ses visiteurs au sujet des risques liés aux sorties via des flyers, des affiches et des écrans. L’AB prend aussi des initiatives en lien avec la sécurité routière: mise à disposition d’éthylotests, horaires et lignes des transports en commun à proximité (1), campagnes de l’Institut belge de sécurité routière (IBSR) relayées au sein de l’établissement.

Préservatifs
Avec l’installation de distributeurs de préservatifs, l’Ancienne Belgique contribue à éviter les infections sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées.

Eau gratuite
L’Ancienne Belgique offre à ses visiteurs un accès permanent à de l’eau potable gratuite via ses sanitaires.

Bouchons d’oreille et limitation des niveaux sonores
L’AB veille à une bonne gestion des niveaux sonores tout en mettant gratuitement à disposition des bouchons pour les oreilles les plus sensibles.

Early Warning System
Tous les lieux Quality Nights relaient les alertes rapides en cas de circulation de produits à hauts risques. Sous forme d’affiches et via des écrans, ces ‘alertes précoces’ sont diffusées lorsque l’on constate en Belgique la circulation de produits psychotropes particulièrement dangereux (par exemple fortement dosés).

Le label Quality Nights encourage les lieux festifs – en plus de ces six services obligatoires – à mettre en place d’autres mesures qui concourent au bien-être des clients. C’est le cas de l’Ancienne Belgique: elle s’engage à accueillir deux fois par an des stands d’information pour diminuer les risques liés à l’usage de produits psychotropes, aux rapports non protégés et aux musiques amplifiées. Elle propose également un accès aux personnes à mobilité réduite, dispose de deux espaces ‘chill-out’ (le Foyer et l’Agora) ainsi que d’une salle de premiers soins spécialement équipée.

Un label de qualité répondant aux besoins du public

Quality Nights est un projet initié en 2007 par Modus Vivendi qui promeut un programme de réduction des risques. Grâce au soutien et la collaboration du CGG Brussel (service de prévention local), l’Ancienne Belgique est l’un des adhérents qui met en place le plus de mesures pour améliorer la santé et la sécurité du public. Les statistiques prouvent la nécessité d’améliorer le cadre des sorties.

Jochen Schrooten du VAD (Vereniging voor Alcohol en andere Drugproblemen): «Une enquête nous montre que plus de 90 % des fêtards boivent de l’alcool et environ la moitié a déjà au moins fait usage d’une drogue illégale. Nous savons également que la consommation excessive d’alcool est la principale cause des rapports sexuels non protégés. Quality Nights tente de réduire ce risque en mettant à la disposition du public des préservatifs dans les établissements festifs.»

Pour les employés des salles de concert et des clubs participants, cette collaboration avec des associations de santé est importante car ils apprennent à mieux cerner et réagir aux problèmes liés par exemple à la consommation d’alcool ou de drogues. L’IBSR soutient activement le projet depuis deux ans.

Ces partenariats multiples permettent de fournir aux lieux festifs un ensemble d’outils (affiches, flyers, matériel de prévention, guidelines, informations juridiques) qui concourent à des nuits de qualité pour le public. La Mutualité Chrétienne a entre autres décidé de s’associer au projet en fournissant gratuitement des bouchons d’oreille.

Un contexte belge et européen

Des initiatives comparables à Quality Nights connaissent également un gros succès à Barcelone, Zurich et à Paris en prenant part à Party +, le réseau européen des labels et des chartes pour des fêtes à moindre risque. Ce réseau rassemble plus de 150 lieux de sortie. En Belgique, Modus Vivendi coordonne son implantation via des associations partenaires à Bruxelles, en Wallonie et à Lille. Depuis 2012, le VAD/De Druglijn impulse l’implantation du label dans des établissements et des événements en Flandre.

Toute la liste des lieux festifs labellisés se retrouve sur https://www.qualitynights.be . Une carte permet de trouver facilement les établissements qui ont décidé d’en faire plus pour le bien-être de leur public. Une fiche indique pour chaque club l’ensemble des mesures qui ont été mises en place.

À propos de Modus Vivendi

Modus Vivendi asbl met en place Quality Nights à Bruxelles et coordonne le projet au niveau de la Région Wallonne. Cette association est active en réduction des risques en milieu festif, notamment à travers son projet Modus Fiesta. Elle est présente depuis plus de dix ans dans les festivals, les soirées et les lieux de fête de la Fédération Wallonie Bruxelles: https://www.modusvivendi-be.org

À propos de l’Ancienne Belgique

L’Ancienne Belgique (AB) est une salle de concert de premier plan pour la musique contemporaine située au coeur de Bruxelles. Elle est l’une des salles de concert les plus fréquentées au monde, avec près de 300 000 visiteurs, répartis sur 320 concerts par an. Elle est aussi une des plus appréciées d’après une comparaison internationale réalisée par les Américains. Outre des concerts, des enregistrements et des diffusions sur le net, l’AB organise également de nombreuses conférences, des expositions, des projections nmériques, des séances d’écoute… où la musique reste toujours le leitmotiv principal: https://www.abconcerts.be

(1) Autre bonne initiative de l’AB, dans le domaine de la mobilité cette fois : le prix de tous les tickets est majoré de 1 euro. Cela donne droit à un aller-retour gratuit sur les lignes de la STIB les jours de concert.

Agir localement pour construire la santé

Le 30 Déc 20

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Le 22 janvier dernier, Louise Potvin était l’invitée d’un Midi de la Santé organisé par l’Observatoire de la Santé du Hainaut et l’Institut régional d’éducation et de promotion de la santé de Picardie.

Cette chercheuse canadienne (1) est bien connue du monde de la promotion de la santé, que ce soit par les chercheurs ou les acteurs de terrain. Elle les fascine par ses convictions, son engagement social, son franc-parler et son enthousiasme.

Passer de la ‘science des problèmes’ à la ‘science des solutions’

Au cours de la matinée précédant le Midi de la santé proprement dit, une trentaine de chercheurs et/ou acteurs de terrain ont pu la rencontrer et échanger avec elle.

Dans un premier temps, notre invitée a retracé son expérience en insistant sur les trois niveaux (local, régional et international) qui doivent inspirer notre action, et en particulier dans la lutte contre les inégalités sociales de santé.

Tout en regrettant la rareté des documents de recherche sur les effets, les impacts et les interactions des différentes interventions sur les milieux, elle a mis en avant le travail réalisé par le réseau canadien ‘centre collectif national’ auquel elle participe dans le cadre de sa recherche sur la pratique et les interventions.

«Remplacer la science des problèmes par la science des solutions». Tel est son slogan maintes fois répété. Une véritable révolution culturelle. Le chercheur doit s’adresser aux acteurs de terrain en leur demandant : «Aidez-moi à mieux faire mon boulot comme chercheur» . Il ne faut pas que la recherche détermine entièrement l’action. La recherche reflète ce que les acteurs font mais elle ne doit pas dire ce qu’ils doivent faire. À son tour la recherche va produire de la connaissance qui sera utile à l’action future.

La recherche interventionnelle (2) met en interaction la recherche et l’intervention

On oppose souvent chez nous recherche et action sur le terrain. Au cours de son exposé, Louise Potvin a apporté un témoignage plein de savoir et de conviction pour faire un sort à ce présupposé. En répondant à la question de plusieurs participants, elle a pu montrer comment dans sa pratique professionnelle elle a pu participer à la construction d’un réseau qui passe par la mise en place d’une culture commune et la fixation de priorités, notamment pour la lutte contre les inégalités sociales de santé et la prévention des maladies chroniques. Son leitmotiv : «Je suis intéressée de voir ce que vous faites et de construire avec vous. Ensemble nous pouvons construire un savoir permettant d’agir au mieux dans l’intérêt de l’individu et de la collectivité. Ensemble nous pourrons mettre sur pied des interventions et mettre au point des stratégies».

Son défi est d’arriver à intégrer les actions, les valeurs et la recherche . Comme on le voit, il s’agit d’une vision ô combien politique de la promotion de la santé qui demande de la part des décideurs politiques un soutien non seulement financier mais aussi stratégique.

Le niveau local, un levier pour améliorer la santé

Plus personne, maintenant, ne mettra en cause l’importance des politiques publiques pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, que ce soit en matière d’infrastructures de santé, de logement, d’enseignement, de culture, de transport, mais comme l’affirme Louise Potvin, il ne faut pas négliger le travail immense fourni par l’ensemble des acteurs de terrain en vue de réinventer les milieux de vie des individus et des collectivités. C’est au sein des espaces socio-sanitaires, comme elle les nomme, que les acteurs se rencontrent et mettent en œuvre des actions qui visent à transformer les conditions de vie. Par ce travail intersectoriel, les acteurs et les chercheurs participent à une meilleure connaissance du problème, et peuvent ainsi agir ensemble localement pour construire la santé.

Nous laisserons à Louise Potvin le mot de la fin : «C’est à l’usage et à travers la pratique que les solutions se transforment et que les partenariats se transforment aussi au fil de solutions».

N’est-ce pas un beau message plein d’optimisme et de réalisme?

Pour en savoir plus, nous vous recommandons le dossier ‘Recherche interventionnelle en santé publique : quand chercheurs et acteurs de terrain travaillent ensemble’, paru dans ‘La Santé en action’ n°425, septembre 2013. Numéro téléchargeable à l’adresse https://www.inpes.sante.fr/SLH/pdf/sante-action-425.pdf.

(1) Louise Potvin est professeure titulaire au Département de médecine sociale et préventive de la Faculté de médecine, Université de Montréal. Ses principales recherches portent sur l’évaluation de programmes communautaires de promotion de la santé et de la manière dont l’environnement social local est propice à la santé. Elle travaille au sein de plusieurs groupes internationaux de réflexion et d’écriture sur la promotion de la santé et l’évaluation en promotion de la santé.
(2) La recherche interventionnelle peut être définie comme l’utilisation de méthodes scientifiques pour développer des connaissances concernant les interventions, les programmes et les politiques (concernant la santé ou tout autre domaine) qui visent à modifier la distribution des facteurs de risque des maladies ou des déterminants sociaux, culturels et environnementaux de la santé dans une population. Ces interventions peuvent être des stratégies, politiques publiques, programmes, événements ou activités selon le niveau de gouvernance auquel elles sont associées (d’après ‘Pour une science des solutions: la recherche interventionnelle en santé des populations’, L. Potvin, E. Di Ruggiero, J.A. Shoveller, La Santé en action n° 425, septembre 2013).

La participation n’a pas d’âge

Le 30 Déc 20

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Construire à l’échelon des provinces et des communes des politiques publiques qui prennent en compte l’impact du vieillissement de la population devient une nécessité. Pour rappel, en 2025, une personne sur trois sera âgée de plus de 65 ans. Depuis 2007, l’Observatoire de la santé du Hainaut, via l’unité Seniors, développe une démarche de promotion de la santé des personnes vieillissantes visant à conserver l’autonomie et limiter les détériorations de l’état général de santé entraînant trop souvent le recours à des placements.

Ses efforts portent plus particulièrement sur le maintien de la mobilité, du lien social, de l’autonomie et de la participation. Il s’agit de contribuer ainsi au vieillissement réussi (1) défini par l’Organisation mondiale de la santé en 2002 comme «le processus qui vise à optimiser les chances d’une bonne santé physique, sociale et mentale et à permettre à des personnes âgées de prendre une part active dans la société, sans être victimes de discrimination et de jouir d’une vie indépendante et de bonne qualité.»

L’unité Seniors de l’Observatoire s’emploie ainsi à mieux identifier, avec une approche participative, qualitative et prospective, les besoins, les demandes et les services proposés à l’échelon local. Elle a aussi pour objectif d’optimiser et de développer les structures d’appui et enfin, de développer en quantité et en qualité les actions et les services de prévention et de promotion de la santé des seniors sur le territoire provincial. Elle inscrit sa démarche dans la politique générale de l’Observatoire de soutien aux communes hainuyères (2).

Un des premiers processus envisagés dans cette perspective est de réaliser des diagnostics locaux pour dresser un état des lieux des besoins, des demandes et de l’offre de service pour les seniors mais aussi pour susciter la programmation d’actions visant à améliorer le bien-être, la qualité de vie et la santé des aînés.

Les Conseils Consultatifs Communaux des Aînés (CCCA) (3) dont l’un des mandats est «de faire connaître, comprendre et prendre en compte les préoccupations, aspirations et droits des aînés en vue d’améliorer leur qualité de vie et d’assurer une meilleure harmonie sociale» sont rapidement apparus comme le meilleur dispositif au sein des communes pour répondre à ces objectifs.

Les CCCA, dispositifs de démocratie participative à l’échelon communal, sont composés de personnes âgées de 55 ans et plus siégeant à titre individuel ou mandatées par une structure officielle ou associative. Les membres sont élus par le Conseil communal pour la durée d’une mandature.

La mission de cet organe consultatif consiste à donner des avis soit à la demande soit d’initiative sur toute question relative aux personnes âgées de la commune. En 2012, l’Observatoire de la santé du Hainaut a accompagné une dizaine de CCCA de la province en procurant une aide méthodologique sur les questions de santé publique et de promotion de la santé.

L’exemple du CCCA de Silly

Silly est une commune rurale de la Province de Hainaut, à la périphérie de Bruxelles, constituée de huit villages de taille et de densité de population très variables. La population est composée de deux groupes distincts appartenant à deux mondes bien différents : des anciens citadins venus s’installer à la campagne à une demi-heure de la capitale et des agriculteurs. Le revenu médian par habitant était, selon le Service Public Fédéral Économie, de 22.984 euros en 2008 (Ecodata-UCL Gedap, 2008). L’entité compte plusieurs petits villages avec une population âgée et trois grosses entités de vie dont la population est plus jeune. Les aînés de 55 ans et plus constituent un quart de la population totale (n= 2106).

À l’automne 2009, la coordinatrice du CCCA relayait le souhait du Conseil de réaliser une enquête sur les besoins des seniors dans l’entité pour développer au mieux des activités répondant à leurs aspirations. Elle voulait également faire connaître le CCCA et tenter de joindre les personnes âgées isolées de la commune. Elle envisageait alors une enquête postale et sollicitait l’Observatoire pour le traitement et l’analyse des données.

Cette demande est d’emblée apparue comme une opportunité de faire vivre les principes de la promotion de la santé au sein du Conseil. En effet, ce dernier disposait des personnes et de l’expertise nécessaires à la réalisation du projet. Pourquoi dès lors confier la tâche à des professionnels de la santé plutôt qu’inciter les membres du Conseil eux-mêmes à mener l’enquête, à aller à la rencontre de personnes âgées isolées et à faire connaître leur initiative aux élus locaux et à la population ?

Une première rencontre entre le CCCA au complet et l’OSH a eu lieu pour présenter cette proposition de collaboration. De nombreuses discussions autour des compétences des uns et des autres ont révélé une résistance, bien compréhensible, liée notamment au caractère innovant de l’entreprise et aux représentations des fonctions habituelles des professionnels de la santé. Un accord a cependant été trouvé sur les buts et la méthodologie d’enquête, après avoir construit ensemble un cadre d’intervention stricte et rassurant fixant les limites déontologiques de cette récolte de données bien particulière.

Dans un premier temps, il a fallu dégager les objectifs de la collecte de données, choisir la méthode la plus efficace pour les atteindre et déterminer les champs à explorer dans l’enquête. Cette démarche était nécessaire pour améliorer la qualité de l’offre de service aux seniors, se faire connaître d’eux et attirer l’attention sur le phénomène d’isolement en milieu rural. Les membres du CCCA, parties prenantes dans l’aventure, ont établi le protocole avec notre aide et construit le guide d’entretien. Ils ont été formés à la technique de l’enquête qualitative et aux méthodes d’interview puis ont mené eux-mêmes les rencontres.

Poser les limites éthiques des échanges avec les personnes âgées a constitué une partie importante de l’accompagnement. Les membres du CCCA étaient inquiets de l’attitude à adopter face aux interpellations plus personnelles comme les questions d’ordre médical, familial, philosophique et politique. Nous leur avons conseillé de faire preuve de l’empathie nécessaire, de neutralité bienveillante et d’adresser les questions spécifiques aux services et aux professionnels qui les prenaient habituellement en charge.

L’unité Seniors de l’Observatoire a apporté les connaissances théoriques et pratiques nécessaires pour gérer et coordonner les entrevues. Concrètement, notre participation a consisté à former les membres du CCCA à la technique de l’entretien, à analyser les données en collaboration avec eux et à les aider à la rédaction de propositions pour le Conseil communal.

L’expérience acquise au cours du programme «Vivre son âge» (INTERREG III 2004-2007) (4) relative aux états des lieux des besoins, des attentes et des demandes des aînés, des professionnels et des associations nous a incitées à aller plus loin. Nous avons voulu intégrer cette démarche dans le cadre des processus de la promotion de la santé et plus particulièrement la participation et l’empowerment. C’était pour nous une opportunité d’expérimenter un diagnostic participatif. Et de mettre au point un protocole d’action-recherche de collecte de données qualitatives.

Principe d’intervention

L’enquête s’inscrit dans les missions du règlement d’ordre intérieur (ROI) du CCCA de Silly «Santé, qualité de vie et bien-être» à savoir « examiner la situation des aînés tant du point de vue moral que matériel; faire connaître les désirs, les aspirations, les droits des aînés; tendre à une intégration effective des aînés dans la vie communautaire; faire prendre conscience aux aînés du rôle qui leur revient dans la commune et dans la société en suscitant chaque fois que possible leur participation; veiller à ce que les relations s’établissent entre personnes de générations différentes de manière à établir entre elles un dialogue permanent; encourager toute action qui contribue à la défense du bien-être moral, culturel, économique de la personne et favoriser les échanges avec les associations locales et les institutions » . Le projet s’appuie sur la participation des membres du CCCA (n=16), acteurs à tous les échelons, de l’état des lieux et la conception à la planification des actions liées aux résultats.

Méthode

Les membres du CCCA, formés à la démarche qualitative, ont participé à la validation du protocole d’enquête, à l’élaboration des questionnaires, à la programmation du projet, à la récolte, à la saisie et à l’analyse des données ainsi qu’à la formulation de recommandations pour le Conseil communal. Une grille d’entretien confidentielle a permis de consigner les données descriptives (lieu de résidence, sexe, âge, situation de vie, dernier métier exercé) utiles à l’analyse. L’entretien portait sur les représentations quant à la santé, à la qualité de vie et au bien-être des seniors, sur l’estimation du niveau actuel de santé et de bien-être, sur les besoins exprimés, sur les obstacles à la réalisation de ces besoins, sur la connaissance des personnes, services et structures pour y répondre. À la fin de l’entretien les personnes interrogées avaient l’occasion de faire des propositions pour tenter de résoudre les besoins non satisfaits.

Échantillons

Pour se faire une idée des demandes et des besoins présents dans la commune, nous devions obtenir des informations provenant non seulement des seniors eux-mêmes mais également des professionnels, des services et des associations actives à Silly. Trois types de publics ont donc été sélectionnés : les seniors, les professionnels, les associations et les services.

L’échantillon des seniors a été construit sur base de la structure de la population des personnes âgées de 55 ans et plus résidant dans la commune. Les aînés (n=2106) représentent un quart des 8.131 habitants de Silly et se partagent de manière égale entre hommes (49.5 %) et femmes (50.5 %). Ces données ont été fournies par le Service Population de la commune dans le respect de la protection de la transmission d’informations relatives à la vie privée.

Trois groupes d’âge ont été envisagés dans cette enquête : les 55-64 ans qui représentent les seniors actifs dont la majorité exerce encore une activité professionnelle, les 65-74 ans soit les jeunes retraités et les plus de 75 ans. Ces catégories correspondent à des phénomènes largement observés au cours de l’avancée en âge, d’abord le vieillissement au travail et le passage à la retraite, ensuite les seniors de la génération charnière aux prises avec leurs petits-enfants et leurs parents très âgés et enfin l’entrée dans la dépendance qui se situe aux alentours de 80 ans.
La répartition des personnes à interroger pour un village était fonction de sa taille (gros/petit village) et de la nature de sa population (jeunes/vieux). Enfin, une répartition égale entre hommes et femmes complète le tableau. Au total, quarante personnes constituaient l’échantillon à interroger.

Les seniors ont été recrutés par une approche type «boule de neige». Chaque enquêteur a réalisé un premier entretien avec un senior de son cercle de connaissance correspondant aux critères assignés par l’échantillonnage. À la fin de l’entretien, l’enquêteur demandait s’il pouvait être introduit auprès d’un autre senior de sa connaissance répondant aux critères de l’enquête et ainsi de suite jusqu’à ce que le nombre de seniors interviewés soit atteint.

Chaque enquêteur a interviewé de 2 à 4 personnes. Il s’agissait de permettre un contact plus facile avec les seniors en les mettant en confiance puisque les enquêteurs étaient recommandés par quelqu’un de leur entourage. Un avis est également paru dans le bulletin communal afin de prévenir la population quant à l’objectif de l’enquête.
À côté des contacts avec les personnes âgées, la coordinatrice du CCCA a transmis par courrier postal le questionnaire aux professionnels (médecins, assistante sociale, kiné, pharmaciens, infirmières…) ainsi qu’aux associations (culturelles, sportives et sociales) et aux services de la commune.

Résultats des seniors

Dans un premiers temps, l’analyse a porté sur les représentations des termes «senior» , «bonne santé» et «qualité de vie».

Les seniors interviewés dans la commune de Silly définissent majoritairement la notion de «senior» par l’âge chronologique, par l’arrêt de la vie professionnelle, et comme un moment pour profiter de la vie. La «bonne santé» est définie par l’autonomie, par l’indépendance et le maintien de la santé mentale. La «qualité de vie» se définit par le fait de profiter de la vie autrement dit d’avoir une famille autour de soi et des contacts sociaux agréables, de se sentir en bonne santé et de disposer de suffisamment d’argent pour réaliser ses envies.

Les réponses des trois groupes de seniors interviewés diffèrent. Ainsi dans la définition de la «bonne santé», les plus jeunes (55-64 ans) mettent en évidence l’absence de douleur, le groupe intermédiaire (65-74 ans) parle d’éviter la maladie et le handicap, et les plus âgés (+75 ans) parlent d’éviter la souffrance. Cette gradation se retrouve également dans la définition de la qualité de vie, les plus jeunes parlent d’indépendance, les intermédiaires d’autonomie et les plus âgés de non dépendance aux autres.

Les seniors plus âgés émettent des besoins en termes d’activités culturelles et sportives, de mobilité et de formation aux nouvelles technologies. Les seniors plus jeunes se projettent dans l’avenir en exprimant des besoins pas encore présents dans leur vie actuelle. La question financière reste une préoccupation pour deux catégories, pour les plus jeunes et pour les plus âgés.

Pour tous les groupes, les contacts sociaux et l’entourage sont primordiaux. Les seniors de cet échantillon identifient la famille, les amis et les voisins comme personnes pouvant répondre à leurs besoins. Les services d’aide sont bien connus. Les structures mentionnées pour répondre aux besoins répondent à l’expression de ces besoins. Les propositions des groupes, pour améliorer les besoins insatisfaits, sont davantage de transports en commun, des espaces de rencontres adaptés et une administration simplifiée et plus rapide.

Globalement, les seniors interrogés ici définissent une nouvelle période de l’existence qui est faite pour profiter de la vie en étant en bonne santé tant physiquement que mentalement. Ils formulent peu de besoins et d’obstacles dans le bien-être mais demandent davantage d’aide à la mobilité pour les plus âgés.

Résultats des professionnels, des associations et des services

Le questionnaire a été envoyé à l’ensemble des professionnels ainsi qu’aux des associations et services de l’entité (n=20). Vu le faible taux de réponse, une relance téléphonique a été effectuée par la coordinatrice. Cinq professionnels de la santé et de l’aide sociale et six représentants d’associations et de services d’aide ont répondu à l’enquête. Le questionnaire adapté reprenait les mêmes thématiques que pour les seniors: représentations des notions de senior et de qualité de vie; demandes et besoins perçus ou exprimés par les seniors dans leurs pratiques ainsi que les demandes et besoins propres à leur activité.

Les réponses données pour la notion de senior sont légèrement différentes. Ce groupe ne parle pas de période de vie où l’on profite de l’existence mais du statut de retraité, de personne d’expérience. Il différencie senior et personne âgée, une expression appréhendée de manière plus négative. La qualité de vie est définie quant à elle, comme pour les seniors, par la qualité des liens sociaux et familiaux mais les associations ne parlent pas de l’aspect financier.

Les demandes des seniors perçues par les associations, les services et les professionnels sont proches de celles déclarées par les seniors eux-mêmes dans l’enquête en termes de contacts sociaux et de mobilité. Les prestataires mentionnent des besoins qu’ils constatent comme celui de logements adaptés (communautaires, intergénérationnels) et des besoins d’aides pour maintenir les personnes à domicile (service d’aide à domicile, repas, soins palliatifs).

Pour eux-mêmes, ils demandent des formations relatives aux problématiques liés au vieillissement. Ils réclament aussi le partage d’informations entre les professionnels mais également au niveau des associations et services. Ceux-ci se plaignent de ne pas connaître suffisamment les activités des autres structures de la commune. Le besoin de coordination pour les professionnels a aussi été pointé.

Impact

Ce protocole a été implanté dans une commune rurale et a permis d’associer huit villages. Suite à l’analyse du contenu du discours par catégorisation d’âge et la restitution des résultats de l’enquête auprès de l’ensemble des membres du CCCA, deux réunions ont eu lieu pour discuter et rédiger des propositions concrètes et réalistes à faire au Conseil communal.

Des propositions en termes d’aide à la mobilité des plus âgés et d’activités intergénérationnelles ont été présentées par les membres du CCCA à la Commission Affaires sociales, Tourisme, Culture et Cadre de vie de la commune. Cette Commission a relayé les demandes du CCCA auprès du Collège des Bourgmestre et Échevins.

Parmi les 10 propositions, deux priorités ont été dégagées. L’une concerne la mobilité en dehors des heures de service du taxi social et l’autre l’isolement. En termes de mobilité, le CCCA a suggéré la mise en place d’une cellule de coordination de l’offre et de la demande de covoiturage quand le taxi social n’est plus de service. Pour résoudre les problèmes d’isolement, il a été suggéré d’ouvrir des espaces de rencontres au centre culturel et dans les structures d’accueil et d’hébergement des personnes âgées.

En outre, une restitution des résultats par les membres du Conseil à la population, lors des journées «Carrefour des générations», et aux décideurs a été organisée dans le but de mettre en place des initiatives répondant aux besoins identifiés au terme de la phase d’investigation.

La construction d’un habitat groupé intergénérationnel est à l’étude dans le cadre des programmes territoriaux des zones d’aménagement concerté (ZACC) de la Région wallonne. Le projet est soumis à l’avis du CCCA qui reproduira une démarche d’enquête similaire.

Conclusion

Cette expérience démontre la force de la participation directe des citoyens qu’ils soient jeunes, âgés, actifs, à la retraite, professionnels ou profanes dans les décisions politiques. Si au départ, les membres du CCCA étaient sceptiques sur leurs capacités de récolter des données et par la suite de proposer des pistes d’action, nous avons constaté au cours de cet accompagnement comment ils s’affranchissaient de leurs appréhensions d’aller vers d’autres seniors avec des thématiques aussi sensibles que la santé, la qualité de vie et le bien-être.

Ce dispositif que nous qualifions d’ «action-enquête » permet d’être au plus près des réalités de la population. Cette démarche participe à renforcer, voire à rétablir les liens nécessaires au maintien de l’intégration des aînés dans la société et leur participation aux décisions qui les concernent.

La participation, avec la santé et la sécurité, est un des trois déterminants identifiés par l’Organisation Mondiale de la Santé comme piliers du vieillissement réussi. Les Conseils consultatifs Communaux des aînés sont une des voies à privilégier pour y parvenir.

Contact : Geneviève Houioux, Observatoire de la santé du Hainaut, Promotion Santé Seniors
Rue Saint-Antoine 1, 7021 Havré. Tél.: 065 87 96 00. Fax: 065 87 96 79. Courriel: genevieve.houioux@hainaut.be. Internet: https://observatoiresante.hainaut.be

Du pain sur la planche ! Forum politique des usagers

Le 30 Déc 20

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Le 13 décembre dernier, les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) organisaient un forum politique des usagers, sur le thème du droit à une alimentation de qualité.

Après un bon petit déjeuner dans le (trop) petit hall de la salle de formation des Mutualités socialistes wallonnes à Namur, la journée a débuté par une introduction de leur Secrétaire générale, Dominique Plasman et Pierre Baldewyns, Responsable du Service de promotion de la santé de l’Union nationale des mutualités socialistes. En ouverture, le groupe FPS de Belgrade a interprété une surprenante chanson, pour une alimentation accessible à tous, sur l’air du bien connu ‘Le travail, c’est la santé’, se terminant par un militant «jusqu’au bout, le poing levé, pour dire stop à la malbouffe» . Dans la même lignée, le groupe de Flémalle nous a proposé une saynète au délicieux accent liégeois sur le gaspillage et la société de consommation : deux personnages futuristes, ne s’alimentant qu’avec des pilules, se retrouvaient propulsés à notre époque où ils observaient, dépités, la manière dont nous gaspillons des aliments pourtant si appétissants… Une originale entrée en matière.

L’Europe dans nos assiettes

Ensuite, Martin Wauthy, Directeur du marketing à l’Union nationale des mutualités socialistes, nous a présenté quelques résultats du Thermomètre Solidaris, un vaste programme d’enquêtes sociales et politiques qui a notamment révélé que 58% des personnes interrogées pensent que la publicité les pousse à mal manger et que 55% des consommateurs estiment que les pouvoirs publics ne font pas ce qu’il faut pour protéger le consommateur des risques alimentaires. Des chiffres pour le moins interpellants !

C’est après deux chansons des Gargantu’crasses (1) que les choses sérieuses ont commencé. Une table ronde intitulée ‘L’Europe dans nos assiettes’ réunissait à la fois experts, militants et politiques. Pendant les exposés, le public a pu profiter des dessins bien à propos de l’excellente Cécile Bertrand, une illustratrice pleine d’imagination.

La première intervenante, Brigitte Duquesne, docteure en médecine vétérinaire (ce qui fit sourire l’assemblée) et auteure de plusieurs ouvrages sur la consommation alimentaire, nous a rappelé que la consommation de calories augmente dans la population belge, et qu’ainsi progresse le surpoids dans notre pays (1 Belge sur 2 serait concerné).

Elle conclut son discours en encourageant les membres de l’assemblée à être acteurs de changement en devenant ‘conso-penseurs’, plutôt que ‘conso-mangeurs’ car «Manger sain et local, c’est poser un choix».

Ensuite, c’est avec humour que Marc Tarabella, député européen, nous a entretenus des progrès déjà effectués en matière d’étiquetage des produits. Au même moment, l’illustratrice nous proposait une caricature de celui-ci, avec l’embonpoint qu’on lui connaît, s’adressant à l’assemblée «Faites ce que je dis, pas ce que je fais» (en matière d’alimentation donc). Bien vu !

Stéphane Desgain (CNCD, Centre national de coopération au développement), a réveillé l’assemblée avec tout l’engagement et le militantisme qui le caractérisent et un brin de provocation. Il a affirmé que le surpoids des Belges évoqué par le Dr Duquesne, n’était pas uniquement le fruit de notre sédentarité mais aussi le résultat des efforts de l’industrie qui se bat bec et ongles pour développer son business, au détriment des consommateurs. Quant au gaspillage, il n’a pas hésité à qualifier les citytrips aux quatre coins du monde de «débiles», arguant ainsi que le gaspillage domestique n’était pas le seul sur lequel il convenait de se pencher.

Enfin, Renaud Baiwir (Responsable de la Cellule Agriculture au Cabinet du Ministre Di Antonio), a clôturé les interventions avec un discours dénonçant le productivisme à outrance ( «l’agriculture est une marchandise comme une autre» ), en prônant le ‘manger local’.

Il est dommage que le timing ait été si serré, le modérateur des débats devant régulièrement couper la parole aux personnes souhaitant s’exprimer dans la salle, créant ainsi bon nombre d’apartés. Au moins, le débat avait le mérite de susciter l’expression.

Alimentation et précarité

Après la table ronde, quelques FPS nous ont lu des extraits de leurs ‘contes alimentaires’, et d’autres nous ont proposé une version (karaoké !) entraînante du ‘Zizi’ de Pierre Perret sur le thème de la consommation alimentaire «Tout, tout, tout, vous saurez tout sur ce qu’on mange» . Sympathique conclusion de la matinée, qui s’est terminée par de chaleureux applaudissements.

Le temps de midi a été l’occasion de flâner dans la salle, sur le stand ‘Goûtez-moi ça’ (2) ou entre les panneaux photos présentant des initiatives régionales sur le thème de la journée. Avant de passer au réfectoire, nous avons reçu des graines issues d’un jardin communautaire, jugées ‘illicites’ par la récente directive européenne sur les semences, plaçant celles-ci sous le contrôle direct des titres de propriété de l’industrie, exigeant leur enregistrement. Une belle initiative de protestation citoyenne.

L’après-midi a recommencé avec une chanson des ‘Choukes de Bruxelles’, sur les invendus alimentaires et le gaspillage.

Une seconde table ronde ‘Précarité et alimentation’ était proposée l’après-midi. Faustine Régnier, docteure en sociologie et chercheuse à l’Institut National de la Recherche Agronomique en France, nous a entretenus des modèles alimentaires et de leurs conséquences sociales, et des inégalités liées au poids alimentaire dans le budget des ménages. Ainsi, elle nous a appris que celui-ci représentait 14% du budget global dans les familles dites aisées contre 19% dans les familles plus modestes. C’est pourquoi modifier les comportements alimentaires (consommer davantage de fruits et légumes par exemple) représente pour ces familles un important risque budgétaire.

Elle a aussi évoqué la question de la norme de poids et de la stigmatisation de l’obésité, pourtant de plus en plus présente dans les milieux socio-économiquement défavorisés. Un exposé intéressant et une sélection de chiffres spectaculaire.

Ensuite, Florence Kroff (FoodFirst Information and Action Network Belgium) (3) a évoqué le ‘droit à l’alimentation’, qui n’est pas seulement le droit d’être nourri, mais celui de bénéficier d’une alimentation adéquate. Elle a profité de l’occasion pour demander aux politiques de ne pas aborder l’alimentation seulement sous l’angle du ‘nombre de calories’, mais aussi de prendre en compte les considérations agricoles.

Impliquer grandes surfaces et petits commerces

C’était ensuite à Frédéric Daerden (Bourgmestre d’Herstal) de prendre la parole. Il a été applaudi avant même de parler et s’est vu offrir, par un groupe local, un bracelet de choux de Bruxelles et un chapeau particulier qu’il n’a pas manqué de porter pour poser, au grand bonheur de ces dames. Il a ensuite relaté, avec un accent qui n’était pas sans nous rappeler celui de feu son père, l’expérience intéressante de sa commune dans laquelle les grandes surfaces et les associations locales ont collaboré pour organiser un don d’invendus.

Mireille Latour, Coordinatrice de l’équipe régionale de Présence et action culturelles (PAC) Liège, a présenté en images l’initiative du brunch ‘Invendu mais pas perdu’ grâce auquel des invendus alimentaires non périmés ont pu être redistribués. Cette action avait pour objectifs à la fois de sensibiliser le public à la problématique des invendus et de valoriser les acteurs du secteur de l’aide alimentaire. Ainsi, 500 assiettes ont pu être servies à 400 personnes (parmi lesquelles 70% de bénéficiaires de l’aide alimentaire), grâce à 40 petits commerces et grandes surfaces. Un exposé plutôt enthousiasmant.

Christine Mahy, Secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, a rappelé, lors d’une remarquable intervention, l’importance de revenir à l’Humain se trouvant derrière les problématiques abordées. Elle a expliqué de manière très touchante que ce que chacun met dans son caddie, dans son assiette, et comment il le fait, est fort intime, qui qu’on soit. Elle faisait le constat que plus on descend dans les niveaux de revenus et les classes sociales, plus des esprits ‘bien-pensants’ s’autorisent à aller voir comment ça se passe et à porter des jugements négatifs. Au nom du fait que ces personnes bénéficient de l’aide publique peut-être…

Enfin, Alain Cheniaux, Secrétaire général de la Mutualité socialiste du Brabant wallon, a rappelé à son tour quelques éléments prégnants du Thermomètre Solidaris. Ainsi, d’après l’enquête, la population déplore l’opacité du secteur alimentaire et a perdu confiance dans la grande distribution et les pouvoirs publics. 71% des personnes issues de milieux défavorisés déclarent que les produits qu’ils achètent ne sont peut-être pas fiables ! Face à ce constat, Alain Cheniaux a encouragé les pouvoirs publics à lever ce manque de transparence, tant au niveau de la production que de la distribution, et à favoriser les circuits courts.

La journée s’est terminée par une chanson sur les plats préparés interprétée par un groupe local de femmes dont l’une des voix rappelait furieusement celle d’ Annie Cordy.

Cette journée intéressante a été longue et dense, les intervenants se succédant à un rythme soutenu. Les différentes interventions des groupes locaux ont heureusement quelque peu allégé le programme et nous ont permis de tenir plusieurs heures sans pause, dans cette salle bondée et surchauffée… Ces initiatives qui d’emblée pouvaient paraître dépassées ont véritablement montré l’implication des sections locales dans ce travail autour de l’alimentation et du gaspillage et ont permis une jolie mise en valeur de leurs activités, particulièrement appréciées par les 150 personnes présentes ce jour-là.

Un petit bémol toutefois. Alors qu’on parle de transparence, d’inégalités, d’accessibilité pour les plus défavorisés, n’aurait-il pas convenu d’abord qu’on simplifie le propos ? Car la journée semblait elle-même créer un clivage entre les universitaires, ceux qui détiennent le savoir, et un public très populaire (à l’image des FPS) qui n’a sans doute pas compris tous les enjeux de la journée. Dommage. Heureusement, les animations, chansons, saynètes et autres activités ont sans nul doute été plus instructives pour ces personnes que les longs discours…

Les Femmes Prévoyantes Socialistes (4)

Regroupant 11 régionales et plus de 200 groupes locaux, les Femmes Prévoyantes Socialistes organisent de nombreuses activités d’éducation permanente sur l’ensemble du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En tant que mouvement mutualiste, elles militent et portent des revendications politiques pour une société plus égalitaire.

Concrètement:
– information et sensibilisation conférences, études et analyses, campagnes de sensibilisation (stress au travail, dépistage du cancer du sein, tabagisme …);
– mobilisation colloques et évènements, revendications politiques (droit à l’avortement, violences faites aux femmes…);
– actions d’éducation pour la santé, centres de planning familial (coordination et promotion de l’action des centres de planning FPS et des centres IVG situés à Bruxelles et en Wallonie);
– un réseau d’écoles de promotion sociale (enseignement accessible à tous, proposant un éventail de formations qualifiantes dans des domaines variés et débouchant sur des titres certifiés par la Fédération Wallonie-Bruxelles, service aux personnes, langues, gestion, alphabétisation…).

Pour lire les interventions de la journée https://www.femmesprevoyantes.be/activites/colloques/colloques-evenements-passes/Pages/forum-alimentation.aspx

Contact FPS, Place Saint-Jean 1-2, 1000 Bruxelles. Tél. 02 515 04 01 – Fax 02 515 18 81- Courriel fps@mutsoc.be

(1) Groupe local de Philippeville
(2) Voir ‘Goûtez-moi ça!’, l’article de J. d’Ornesson paru dans Éducation Santé n° 285, janvier 2013. https://www.educationsante.be/es/article.php?id=1544
(3) Organisation internationale consacrant son travail au droit à l’alimentation pour tous ( https://www.fian.be )
(4) Extrait du site des FPS https://www.femmesprevoyantes.be

Pourquoi le Plan Alcool est tombé à l’eau

Le 30 Déc 20

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Déjà très allégé dans sa version finale, le Plan Alcool 2014-2018 se proposait de clarifier, entre autres, l’actuelle législation relative à la vente d’alcool aux mineurs et sa publicité, jugée floue et incomplète. L’ensemble est finalement tombé à l’eau, rejeté par les libéraux flamands, sous la pression – sans jeu de mot – aussi du secteur des alcooliers et en particulier du puissant lobby brassicole belge.

C’est peu dire que le rejet du Plan Alcool 2014-2018 visant une politique intégrée de lutte contre l’abus d’alcool dans notre pays – et sur lequel travaillaient depuis des années 22 ministres fédéraux, communautaires et régionaux au sein de la Conférence ministérielle Drogues – a été ressenti comme une gifle.

La ministre fédérale de la Santé publique, Laurette Onkelinx, a aussitôt regretté qu’ «une petite minorité ait préféré suivre les appels enivrants des lobbies de l’alcool plutôt que de prendre ses responsabilités en adoptant ce Plan destiné à diminuer la consommation d’alcool chez les jeunes en particulier». Pointés en sourdine, les ministres libéraux flamands (Open VLD) qui ont refusé de suivre leurs collègues, proposant, comme alternative, d’étudier d’abord la compréhension et l’application du texte sur le terrain, avant d’aller plus loin. La vice-première PS s’est déclarée «choquée» par cette attitude au vu de la surconsommation d’alcool et des décès quotidiens liés à son abus (estimés à 11,8 % du nombre total des décès dans l’Union européenne).

«Le Plan Alcool proposait d’améliorer la prévention, les aides, les investissements dans la recherche et la collecte de données, mais aussi de réaliser plus de contrôles sur l’usage de l’alcool au volant, sur la vente d’alcool et de mener une politique plus proche du terrain» , rappelle-t-elle. Et de juger ces mesures essentielles sachant que l’usage problématique de l’alcool en Belgique est en augmentation de 7% en 2001 à 10% en 2008. Les jeunes de 15 à 24 ans et les garçons en particulier forment un groupe à risque important.

Déjà trois ‘Déclarations conjointes’…

L’échec de ce Plan ambitieux mérite qu’on s’y intéresse d’un peu plus près que s’il était passé comme une simple lettre à la Poste.

Petit retour en arrière dans le temps. Déjà, en mars 2008, le Plan d’Action National Alcool (PANA) avait été une première fois recalé car jugé, à l’époque, «peu concret et pas assez opérationnel». Les chefs de cabinet des sept ministres de la Santé dans notre pays décidèrent alors de travailler sur «des axes stratégiques et politiques précis» . Parallèlement, une Déclaration conjointe sur la politique future en matière d’alcool fut signée quelques jours plus tard mais elle engageait seulement les ministres compétents en matière de santé publique.

Le 25 mars 2010, une nouvelle Déclaration conjointe confirmait la nécessité d’une politique globale et intégrée qui tienne compte à la fois de la demande et de l’offre d’alcool.

Enfin, en 2013, constatant que des efforts politiques spécifiques et supplémentaires étaient nécessaires, «compte tenu de l’impact sur la santé et la société de l’usage nocif de l’alcool» , il était convenu de rédiger un nouveau Plan Alcool pour la période 2014-2018. Celui-ci devait être vu «comme un complément aux initiatives existantes et aux lignes politiques des différentes autorités dans le domaine de l’alcool».

Et ces politiques et actions futures devaient s’inscrire dans l’étroite lignée de celles avancées dans la Stratégie mondiale visant à réduire l’usage nocif de l’alcool (2010) ainsi que du Plan d’action européen 2012-2020 de l’Organisation Mondiale de la Santé. Priorité : diminuer considérablement la morbidité et la mortalité dues à l’usage nocif de l’alcool. Plus précisément, cela implique de diminuer, entre autres, d’ici la fin 2018 de 5% le taux de personnes avec une surconsommation (soit environ 35.000 personnes sur 700.000 individus ayant un usage problématique d’alcool) ou qui s’adonnent au ‘binge drinking’ (1) par rapport à 2013.

Les deux mesures qui ont posé problème

Poursuivant un triple objectif (lire notre encadré), malgré l’absence d’une politique globale concertée en la matière, le Plan Alcool finira par prendre l’eau de toutes parts, allégeant ses ambitions faute d’accord politique. Les travaux ont buté principalement sur deux mesures : la législation en matière de vente d’alcool aux mineurs et l’interdiction de vente d’alcool dans les distributeurs automatiques.

«L’idée de la Cellule Générale de Politique Drogues était de travailler sur la consommation d’alcool qui reste de très loin la principale drogue légale en Belgique» , résume Martin de Duve, directeur de l’asbl Univers santé qui a développé une réelle expertise en promotion de la santé auprès des étudiants et est devenue le centre de référence du projet ‘Jeunes et Alcool’ qu’elle pilote au niveau de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Consulté, à l’époque, comme l’ensemble des parties prenantes, il énumère trois explications à propos des nombreuses péripéties qui ont freiné la mise au point du plan et sont à l’origine de son échec. «D’abord, un manque de moyens humains et financiers sur les questions liées à la drogue ou à l’alcool en Belgique. Deuxièmement, une complexité excessive des structures politiques et décisionnelles, avec des tendances politiques différentes. En troisième lieu, un lobby, en particulier brassicole, très puissant qui fait son office en Belgique comme ailleurs. À plus forte raison chez nous, vu l’omniprésence des lobbyistes au niveau européen. N’oublions pas non plus que l’actuel patron de la fédération des brasseurs belges n’est autre que Sven Gatz , ancien député Open-VLD… ».

Reste que ce sont bien les libéraux flamands qui ont bloqué le processus en mettant des conditions qui édulcoraient beaucoup trop ce Plan Alcool au goût de leurs collègues. «Nous aurions été ridicules de faire passer ce Plan sans rien dedans» , considère Fadila Laanan , ministre responsable de la Santé pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui aurait voulu croire que la dimension de santé publique l’aurait emporté sur l’économique. Mais c’est oublier que l’industrie de l’alcool en Belgique est un secteur à fort impact économique. «Certains partis ne sont pas insensibles à cet aspect. Le lobby brassicole ou de l’alcool a gagné, c’est certain» , admet-on également au Service public fédéral Santé publique.

Appel à plus de précision et de clarté

Au fil du temps, ce Plan Alcool s’est donc fortement réduit malgré la volonté au départ de ‘clarifier’ la législation actuelle, y compris en allant jusqu’à interdire la vente d’alcool à tous les mineurs d’âge. «Il est pourtant temps de simplifier et de clarifier parce qu’une législation univoque permet un meilleur travail préventif, et surtout d’être mieux comprise par la population» , relève Martin de Duve.

Aujourd’hui, la vente de boissons alcoolisées est interdite aux jeunes de moins de 16 ans et celle des boissons spiritueuses en-dessous de 18 ans… Alors que ces derniers sont autorisés à boire de la bière ou du vin. Difficile de faire la distinction sur le terrain entre les différentes boissons à base d’alcool, d’autant que les alcopops (2) peuvent être consommés, selon leur contenant, en quantités et volumes d’alcool très variables. «L’industrie a intérêt à maintenir le flou car une loi floue, personne ne la respecte. Les distributeurs automatiques sont aussi une manière de vendre à tout un chacun, sans distinction d’âge» , ajoute le responsable d’Univers santé. Même si ces appareils sont équipés d’un dispositif censé vérifier l’âge des consommateurs, il est facile pour un mineur de se servir de la carte d’identité d’un adulte.

Martin de Duve observe que, dans leur discours officiel, les alcooliers renvoient systématiquement l’image d’un secteur ‘responsable’, soucieux de la santé des jeunes. «Mais, dans leurs pratiques commerciales réelles, c’est exactement l’inverse. Par exemple, peut-on dire de la campagne ‘Trois bacs de bière plus un gratuit’ qu’elle est une pratique commerciale raisonnable? Ce sont aussi des happy-hours, des contrats passés avec les cercles étudiants, offrant une certaine quantité d’alcool de manière gratuite à des soirées arrosées, etc. La liste est malheureusement fort longue».

Réduire l’usage nocif d’alcool, des objectifs louables édulcorés

Ambitieux dans ses objectifs et actions ciblées à mettre en œuvre pour les atteindre, le Plan Alcool 2014-2018 avait pour mission la diminution de l’usage nocif d’alcool en Belgique. Son échec laisse la porte ouverte à l’abus d’alcool et à une consommation problématique dans la population générale et en particulier chez les jeunes.

Poursuivant un triple objectif de santé publique (prévenir les dommages liés à l’alcool; combattre la consommation «inadaptée, excessive, problématique et risquée» ; élaborer une politique orientée vers les groupes cibles et les situations à risques), ce Plan aura capoté sur la question cruciale de la vente d’alcool aux mineurs et son interdiction dans les distributeurs automatiques, certains y voyant une entrave à la ‘liberté individuelle’. En réalité, cette mesure était la dernière d’une série d’autres déjà passées à la trappe, comme l’interdiction de la vente d’alcool dans les Night Shops et sur les autoroutes, les offres promotionnelles temporaires…

Univers santé qui travaille spécifiquement la question de l’alcool chez les jeunes a été consultée sur les mesures à prendre, comme d’autres acteurs de promotion de la santé. Pour Martin de Duve, son directeur, il est capital de mettre l’accent sur la sensibilisation, la prévention et l’éducation.

Une drogue culturellement admise

«Dans une société où l’alcool reste notre drogue culturelle par excellence, il faut éduquer à une consommation responsable, raisonnable, socialement acceptable et acceptée, et cela passe évidemment par l’éducation. Or, depuis longtemps, les efforts sont mis surtout sur la répression. Cette dernière est inefficace si elle n’est pas accompagnée de mesures préventives importantes, alors qu’on sait bien qu’à moyen ou à long terme le plus efficace c’est l’éducation ». Et de préciser, sur base d’une pondération calculée au départ d’une compilation de données entre les budgets de la prévention, ceux de l’industrie publicitaire dans les médias et les politiques répressives, que pour 1 euro investi en prévention, 120 sont consacrés à la répression et 790 à la publicité pour les boissons alcoolisées.
Ce combat inégal montre qu’il est temps de revoir les rapports de force, souligne-t-il.

Par ailleurs, des facteurs structurels ont un impact direct sur les représentations liées à ces comportements, notamment la publicité ciblant les jeunes et les femmes de manière parfois très agressive.

Martin de Duve appelle dès lors à combattre tout ce qui favorise les surconsommations, et donc les consommations problématiques qui modifient la liberté de choix. La publicité en fait évidemment partie. Il appelle à réguler l’ensemble des pratiques commerciales et publicitaires pour l’alcool. «Le débat devrait au moins exister sur l’opportunité d’une telle publicité. C’est le seul psychotrope pour lequel on peut faire de la publicité aujourd’hui: est-ce normal ?» interroge-t-il. Enfin, il serait intéressant aussi de disposer de données systématiques, plus fines et qualitatives, sur les motivations, les représentations, les difficultés sociales, autant de facteurs qui poussent parfois à la surconsommation d’alcool.

Le Plan définitivement enterré ?

Au SPF Santé publique, on se veut malgré tout confiant pour l’avenir. Et d’estimer que la plupart de ces mesures referont surface après les élections du 25 mai prochain. Dans beaucoup de pays où l’on a voulu installer une politique globale et intégrée avec des actions au niveau de l’offre et de la demande, cela a toujours pris un certain temps. «Les esprits doivent changer, la société évoluer. Dans notre pays, c’est la première fois qu’on a eu une discussion à une échelle globale ces derniers mois» , fait observer un haut fonctionnaire.

Interpellée par la députée néerlandophone Nathalie Muylle (CD&V), la ministre Onkelinx a indiqué qu’elle mettra tout en œuvre pour réaliser certaines actions relevant de ses compétences exclusives ou conjointes à ses ministres collègues au niveau santé. L’analyse des dépenses publiques quant à la politique d’alcool, la collecte des données et l’analyse des demandes de traitement se poursuivront. Il importe aussi d’avoir un aperçu de la taille et de la composition de la population de patients ayant un problème d’alcool en traitement chez les médecins généralistes. Des mesures seront encore prises pour sensibiliser et former les professionnels de santé dans le domaine de la consommation d’alcool pendant une courte période avant la grossesse, pendant la grossesse et la période d’allaitement. Par ailleurs, il s’agira de déterminer au mieux les outils nécessaires et les points d’attention à prendre en compte dans le futur.

Interdire toute forme de publicité pour l’alcool

Le point de vue d’un médecin alcoologue

Psychiatre à la Clinique Saint-Pierre d’Ottignies bientôt retraité mais qui poursuit une activité d’alcoologue en cabinet privé, le Dr Raymond Gueibe voit aussi au travers de l’échec du Plan Alcool qu’il considère «peu audacieux» le puissant lobby des alcooliers.

«Ce plan n’est pas un véritable Plan Alcool. Tant que des mesures drastiques et claires ne seront pas prises au niveau politique, rappelant que l’alcool est effectivement une drogue qui tue nos jeunes, et qu’on ne peut pas faire de publicité pour une drogue, ce ne seront toujours que des mesurettes», tranche-t-il.

Pas question, cependant, d’interdire l’alcool. Toute culture, explique ce médecin, a besoin d’une drogue. Dans le cas de l’alcool, 90 % des Belges en consomment de façon raisonnable. «Mais il est difficile de concevoir que, pour l’alcool et ces drogues qui tuent nos jeunes, on accepte encore d’en faire la publicité ! Si le cannabis était autorisé, en accepterions-nous la publicité ? En France, les alcooliers sont très embêtés par la loi Évin qui réglemente fortement la publicité (3). Mais on continue à prendre son verre de vin et ce n’est pas un souci. Par contre, interdire la publicité pour l’alcool serait une bonne mesure d’éducation pour la santé».

Pouvoir dire à un enfant : «Oui, tu pourras consommer mais à 12 ans, tu es trop jeune, tu attendras encore un peu avant de goûter à l’alcool», lui paraît du simple bon sens. Ce serait d’autant plus facile à faire que l’enfant n’est pas sollicité par les publicités, ajoute ce psychiatre.

Le calice d’amertume

Témoignage d’un résident au Centre d’accueil et de traitement du Solbosch (CATS), lu par le directeur thérapeutique du CATS à l’occasion de l’inauguration des locaux de cette communauté thérapeutique bruxelloise le 17 décembre dernier.

«Je suis un homme inquiet. Un extraterrestre qui en tous lieux cherche sa place. Sans demeure, nomade par force et non par choix, je parcours le monde en quête de la terre promise.

Sur mon chemin, j’ai rencontré l’alcool. Pas celui des poètes, pas celui des fêtes et des festins. Mon alcool est d’abord un remède qui desserre les mâchoires de l’angoisse : elle s’apaise si bien, si vite après quelques verres.

C’est alors un poids qui me tombe des épaules, une croix qui bascule à terre. Quelques verres et me revoilà léger, à une place enfin, à demeure dans le monde. Oh ! Le soulagement, oh ! la délivrance. Rien au monde ne rassérène comme les premiers verres de vin. Et que celui qui me condamne prenne mon mal sur soi avant de me juger !

Après, c’est la douce euphorie, les idées tendres et le temps des amis, des amours. C’est le printemps. L’ivresse légère est une danse. Dans cette ronde, je croise des visages familiers qui m’aiment et que j’aime. La parole se délie: venez toutes et tous, c’est maintenant qu’on peut goûter aux fruits du monde.

Mais hélas bientôt, imperceptiblement mais sûrement, la gravité reprend peu à peu ses droits. Les verres qui suivent la danse sont ceux de la pesanteur. Elle est déjà loin la fantaisie, il est loin déjà le survol des cimes. La terre m’appelle, me rappelle. Je suis lourd comme je bois, lent comme je bois, vite rendu triste autant que je bois.

Dès lors, il n’y a plus de choix possible : il faut s’assommer ! Boire jusqu’à la lie le calice d’amertume. Je suis fait comme un rat saoul, bientôt crevé.

Le néant me convoque alors. Je veux oublier ma vie, mes remords et mes espoirs déçus. Éteindre la lumière de ma conscience. Vite ! Souffler la bougie dans l’espoir que demain ne vienne pas.

Mais l’aube vient à coup sûr et, avec elle, l’addition que le diable me demande de payer comptant. Et l’angoisse, cette sévère maîtresse, m’enserre dans des liens plus serrés que jamais.

L’appel du poison n’est jamais plus fort qu’à ce moment-là : reboire, mais oui, reboire ! Reboire trop et tout de suite pour calmer le furieux animal.

… Et c’est ainsi que se boucle la boucle de la ceinture d’airain que porte votre serviteur, seul au monde.»

(1) Phénomène d’hyper-alcoolisation qui consiste à ingurgiter une quantité énorme d’alcool très rapidement, souvent lors de soirées estudiantines ou de concours visant à établir celui qui sombrera le premier dans l’ivresse.
(2) Une boisson alcoolisée est produite par fermentation (bière, cidre, vin). Une boisson spiritueuse est obtenue par distillation, suivie éventuellement d’une macération ou infusion, et contient minimum 15 % de volume d’alcool. Un alcopops est un soft drink, gazéifié ou non, dans lequel on a ajouté de l’alcool.
(3) La loi Évin du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme en France ne prohibe pas la publicité en faveur des boissons alcooliques mais l’encadre strictement quant à son contenu et à son support, afin de protéger les jeunes des opérations de marketing. Les messages et images ne doivent porter que sur les qualités des produits tels que le degré d’alcool, l’origine, la composition, les moyens de production, les modes de consommation.

Et si la promotion de la santé était un art du paradoxe !

Le 30 Déc 20

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Le 25 mars, j’étais venue animer une table ronde et dire au revoir à un vieux complice en promotion de la santé… J’ai vu un paysage se remodeler.

À l’heure où les acteurs de promotion de la santé entendent ou produisent eux-mêmes des discours parfois moroses; à l’heure où l’on craint des retours en arrière stériles vers le «tout au curatif», «tout à l’information» ou des fuites en avant vers le «tout à la technologie»; à l’heure où fleurissent les manifestes pour la défense de la promotion de la santé aux niveaux régional, national ou international (1); à l’heure où s’effondrent les facteurs d’impact de revues spécialisées en promotion de la santé, la table ronde organisée à l’Observatoire de la Santé du Hainaut en l’honneur du départ à la retraite de son directeur, le Dr Luc Berghmans , permet de tracer un bilan et des perspectives constructives.

Le thème en était ‘Comment intervenir pour réduire les inégalités sociales et territoriales de santé ?’ Sous mon regard attentif, au fil des interventions, s’est retissée la complexité d’un champ qui mérite notre engagement éclairé.

Un intervenant nous invite à adopter une vision décomplexée des difficultés de la promotion de la santé à se faire reconnaître. Quarante ans de promotion de la santé, c’est finalement peu : il est normal de n’avoir pas vaincu toutes les difficultés et de connaître une progression en dents de scie du secteur et de ses pratiques.

À l’analyse, ces nonante minutes d’échanges constituent un incubateur d’idées et de perspectives en ce sens.

L’impression globale est celle d’une complexification (et non complication) progressive de notre vision des stratégies d’intervention promues par la Charte d’Ottawa au niveau mondial et par le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette complexification est sans nul doute un signe de maturité pour un secteur qui entre dans une nouvelle ère. On a même entendu «Finalement qui sommes-nous pour penser que la santé est l’aune à laquelle doivent être mesurées les actions et politiques des autres secteurs ?»

Au fil du débat, les discours, tous légitimes, font émerger les paradoxes et voler en éclat certaines évidences: «la promotion de la santé et le soin, ce n’est pas vraiment compatible» «les inégalités sociales sont ‘de santé’», «le professionnalisme chasse le militantisme» «le plaidoyer pour la promotion de la santé est nécessaire et légitime», «il faut montrer l’efficacité de la promotion de la santé pour en renforcer la visibilité».

Et si au bout du compte, la maturité de la promotion de la santé, c’était de rencontrer la complexité que reflètent ces paradoxes irrémédiables; si c’était de travailler à construire des politiques et des pratiques au cœur même de ces paradoxes, en les considérant comme des opportunités ?

À la rencontre de la complexité

Tentons d’en énoncer quelques-uns.

• En matière de réduction des inégalités sociales de santé, l’absolue nécessité d’agir par anticipation (prévention primaire voire primordiale, promotion, inflexion des déterminants sociaux…) doit se conjuguer d’un côté à l’urgence d’assurer des soins de base qui évitent une dégradation plus forte encore de l’état de santé, et de l’autre à une vigilance pour faciliter l’accès tout au long du parcours de soins (soins de premier et de deuxième recours).

• Lutter contre les inégalités sociales de santé suppose de conjuguer engagement et professionnalisme. Le professionnalisme doit être solidement ancré dans les connaissances scientifiques et empiriques. Mais l’engagement aux côtés des populations dans des alliances avec d’autres secteurs, d’autres professionnels peut nécessiter que ces cadres de référence se fassent discrets. Ainsi, visibilité de la promotion de la santé et efficacité de l’engagement pour réduire les inégalités sociales de santé ne vont pas nécessairement de pair.

• Conjuguer professionnalisme et engagement dans des collaborations intersectorielles nécessite de s’appuyer sur une continuité de services spécialisés en promotion de la santé. Une telle continuité suppose le soutien de politiques dédiées à la promotion de la santé, alors qu’il est demandé aux professionnels de ces services de se fondre dans les autres politiques.

• Des priorités doivent être définies au départ de données de santé (qu’elles soient de sources épidémiologiques ou plus qualitatives, issues du vécu de la santé par les populations); elles doivent permettre de cibler les points sur lesquels l’équité doit être renforcée par une universalité proportionnée de services; d’y investir des ressources humaines, sociales et financières. Cependant le travail sur les déterminants sociaux, tout aussi important en terme d’équité, peut parfois nécessiter de s’écarter temporairement de ces priorités pour rejoindre les préoccupations des usagers ou des professionnels d’autres secteurs de la société. La santé n’a pas le monopole des inégalités.

• Les applications de la notion de ‘santé dans toutes les politiques’ commencent à se développer aux deux extrémités de l’organisation sociale : à un pôle, dans les collectifs issus de la population et chez les opérateurs locaux; à l’autre pôle, entre certaines administrations régionales ou fédérales. Mais l’on discerne peu comment articuler ces avancées, tisser entre elles des liens dynamiques, les faire se nourrir l’une de l’autre, en n’oubliant pas les échelons intermédiaires.

Au moment de remettre sur le métier nos politiques et nos organisations de promotion de la santé, le chantier qui s’ouvre à nous est passionnant dans sa complexité et ses paradoxes… Explorer les perspectives ouvertes au cœur même de ces paradoxes, sans en cristalliser les oppositions, devrait permettre de faire émerger des solutions nouvelles. J’espère que nous aurons dans un futur proche des occasions d’approfondir ces débats avec des interlocuteurs aussi diversifiés, réflexifs et engagés que ceux présents ce 25 mars.

(1) «La santé partout et pour tous – plaidoyer pour une politique exigeante», Collectif des acteurs de promotion de la santé en Fédération Wallonie-Bruxelles, décembre 2012, https://www.educationsante.be/es/article.php?id=1444

Bibliographie

Davies JK, “Health Promotion: A Unique Discipline?” Health promotion forum of New Zealand, HPF Occasional Paper series (CC36008), décembre 2013

«Manifeste pour une reconnaissance et un financement fiable de la promotion de la santé, de l’éducation pour la santé, de la prévention collective et de la santé communautaire», proposé par huit associations françaises et l’UIPES, février 2014, https://manifestepreventions.wix.com/manifeste-prev-sante

Richard Horton, Robert Beaglehole, Ruth Bonita, John Raeburn, Martin McKee, Stig Wall, “From Public to Planetary health : A Manifesto”, The Lancet, Volume 383, Issue 9920, Page 847, 8 March 2014 https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2814%2960409-8/fulltext

«Lutter contre les inégalités sociales de santé par la promotion de la santé, ça rapporte», Mémorandum à destination des femmes et des hommes politiques bruxellois, Plate-forme bruxelloise du secteur de la promotion de la santé, avril 2014

«L’urgence d’agir en promotion de la santé : un appel à des politiques socio-économiques responsables face à la santé des populations», Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone (SIDIIEF) et Réseau francophone international pour la promotion de la santé (REFIPS), mars 2014, https://www.sidiief.org/~/media/Files/3_0_APropos/3_6_PrisePosition/Prise-Position-Promotion-Sante-Texte-integral-2014.ashx

Faut-il ‘liker’ pour exister ?

Le 30 Déc 20

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Une journée de réflexion et d’échanges sur le web 2.0 et la promotion de la santé

L’asbl Question Santé nous a fait un joli cadeau (1) en organisant le 18 mars dernier au Centre culturel de Woluwé-Saint-Pierre un vaste tour d’horizon de ce thème très actuel. Plus de 100 personnes étaient présentes pour un menu particulièrement copieux, jugez-en plutôt.

Cinq facettes du web

La matinée était consacrée à cinq ateliers, ce qui nous changeait avantageusement du programme classique d’une journée d’études, conférences en plénière le matin, travail en ateliers l’après-midi, avec évaporation de pas mal de monde. Il y avait une raison matérielle à cela, comme vous le verrez plus loin, mais c’était une très bonne idée dans l’absolu.

Les participants avaient le choix entre ‘les potentialités des outils web’ avec Jasna Cattonar , formatrice en outils web, ‘les stratégies de communication web’ avec Yves Vandeuren , spécialiste en marketing chez BeQuiet, ‘les espaces de discussion en ligne et le soutien social’ avec David Heard , responsables des campagnes à l’INPES et ‘l’investissement humain et financier’ avec Xavier Degraux , formateur en médias sociaux et marketing et Christophe Piret , stratège digital chez Greenpeace.

L’atelier auquel j’ai participé était consacré à la convergence entre les objectifs de la promotion de la santé et le web ainsi qu’aux outils d’évaluation mis (très souvent gratuitement) à notre disposition par l’Internet. Animé par Jean-Luc Manise , directeur des Services Culture et Éducation Permanente au CESEP (2), journaliste indépendant et expert des médias sociaux et par Christophe Hendrick , expert en analyse du web pour la société Yieldow, l’échange fut passionnant : tour d’horizon d’un secteur de l’information mis à mal par l’irrésistible progression des nouvelles technologies de la communication, fiabilité et contrôle de qualité des infos santé, importance de s’assigner des objectifs explicites tant dans les choix stratégiques des médias (par exemple faut-il ou non être sur Facebook en tant qu’association de prévention, et pour quelles ‘bonnes’ raisons?) que dans les données d’évaluation à recueillir.

En effet, alors que la récolte traditionnelle de données d’évaluation est un travail souvent considérable, ici une profusion d’infos de gestion sont disponibles en permanence d’un simple clic. Ce qui est compliqué, c’est de faire le tri, de sélectionner les données pertinentes, celles qui permettront d’optimiser les outils web et d’améliorer l’offre de service.

Le côté sombre de cette puissance phénoménale du net, c’est la précision diabolique de l’observation permanente que ce Big Brother du XXIe siècle a de notre comportement en ligne…

Les échos des autres ateliers à la pause de midi étaient tout aussi positifs, nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir plus en détail prochainement.

Quatorze rendez-vous

Après le lunch, plutôt que le tour ‘habituel’ de quelques stands, les organisateurs avaient imaginé de proposer pendant une heure à une série d’acteurs du secteur de présenter un de leurs projets numériques à des petits groupes pendant une quinzaine de minutes, chacun pouvant donc s’il le souhaitait prendre connaissance de quatre projets avant la séance plénière de l’après-midi. Une jolie dynamique, mais assez éprouvante pour ceux qui comme moi devaient ainsi ‘vendre’ un de leurs projets…

Pas question de souffler après le speed dating (ou plutôt en bon français les ‘rencontres express’), pas moins de quatre exposés d’une demi-heure chacun nous attendaient encore.

Brussels, we have no problem

David Heard commença par illustrer la nouvelle donne en matière de communication en mettant en évidence la puissance des réseaux sociaux en tant que médias de masse, qui permettent de toucher un très vaste public de manière plus intime que ne peut le faire la télévision, et ce avec des budgets nettement plus accessibles. Selon lui, un atout essentiel de ces nouveaux medias est qu’ils sortent d’une logique descendante caractéristique de la télévision pour une logique d’échange et de mise en relation bien plus féconde en promotion de la santé.

Décalage horaire oblige, la journée se termina sur trois téléconférences en direct du Canada: Lise Renaud, directrice de ComSanté à l’Université du Québec à Montréal nous présenta des pratiques exemplaires en matière d’usages d’Internet qui permettent d’encourager de manière personnalisée les internautes à modifier certains comportements.

Louise Sauvé (TELUQ, Université du Québec, directrice du centre d’expertise et de recherche sur l’apprentissage à vie Savie) pour sa part nous présenta le ‘bon côté’ des jeux en ligne, souvent accusés de susciter de véritables dépendances, en particulier chez les jeunes. Ces outils ludiques peuvent en effet aider les internautes à acquérir des compétences favorables à leur santé. Elle nous le montra concrètement avec un jeu sur les infections sexuellement transmissibles et un autre sur l’asthme, construits tous deux au départ d’une même ‘coquille générique’, une structure de base permettant de nombreuses variations thématiques.

Enfin, Émilie Renahy , postdoctorante française en épidémiologie sociale à Toronto, aborda au départ d’une étude réalisée en France les inégalités sociales de santé et le web, avec cette question lancinante: les outils web contribuent-ils à diminuer ces inégalités ou au contraire à les renforcer ?

S’il semble incontestable que la fracture numérique ‘matérielle’ en termes d’équipement des ménages est moins criante qu’il y a quelques années, par contre l’accès aux informations pertinentes et à la compréhension des messages reste problématique, en particulier pour les malades chroniques.

L’exercice de cette triple conférence sans filet était périlleux. Tout s’est bien passé, même si rien ne vaut bien sûr la présence en chair et en os de l’intervenant dans la salle !

Préparée par un groupe de partenaires enthousiastes (je peux en témoigner, j’en étais!), gérée avec une belle efficacité par l’équipe de l’animatrice du moment Bernadette Taeymans, ce fut donc une journée aussi dense qu’intéressante, dont Question Santé ne manquera pas d’exploiter les enseignements dans les prochains mois : reportage photo et vidéo, projet d’e-book, numéro spécial d’ Éducation Santé, offre de formations web, renforcement de la plate-forme promosante.net… Les idées ne manquent pas !

Pour découvrir les photos de la journée, rendez-vous sur la page Facebook de Question Santé : https://www.facebook.com/QuestionSanteAsbl
(1) La participation aux frais, 15 euros pour la journée lunch inclus, était vraiment très démocratique!
(2) Centre socialiste d’éducation permanente, https://www.cesep.be

Encore et toujours les inégalités sociales de santé

Le 30 Déc 20

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Les inégalités sociales de santé, largement documentées, sont aujourd’hui reconnues comme un problème majeur de santé publique. Malgré les efforts de nombreux acteurs dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, elles persistent et parfois même s’accentuent.

Pour sa dernière grande activité publique sous la direction de Luc Berghmans, l’Observatoire de la Santé du Hainaut nous a convié à une après-midi studieuse le 25 mars dernier, dans le cadre enchanteur du Bois d’Havré (près de Mons) inondé de soleil.

Une bonne centaine de personnes s’y sont retrouvées pour entendre Pierre Lombrail, professeur de santé publique à Paris 13 et actuel président de la Société française de santé publique.

En moins d’une heure, il nous brossa avec humour un bel état de la question, avec rappel de la nature de la problématique, compréhension de ses causes et ébauches de solution. Avec quelques formules chocs comme par exemple à propos des traitements aux patients de milieux défavorisés : «Quand j’avais soigné mes patients, je faisais semblant de croire qu’ils allaient mieux… »

Ou encore, à propos des assurances mutuellistes de France, cette constatation : les moins aisés doivent consacrer 14% de leurs revenus aux couvertures complémentaires à la sécu, là où les plus aisés n’ont besoin que de 3% de leurs moyens financiers.

Il rappela aussi les vertus de l’universalisme des services à la population, mais un universalisme proportionnel aux désavantages vécus par un nombreux public. Une idée-force qui n’était pas pour déplaire à son hôte d’un jour !

La place nous manque pour résumer la table ronde qui s’ensuivit, animée par Chantal Vandoorne, chargée de stimuler un panel de haut vol, jugez-en plutôt : Luc Berghmans bien entendu; Philippe Lorenzo, directeur de l’Instance régionale d’éducation pour la santé de Picardie; Michel Beauchemin, directeur de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale Québec; Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur; Pol Gerits , président du groupe de travail belge sur les inégalités de santé; et Christine Mahy, la directrice du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, toujours aussi percutante dans sa défense des plus nobles causes.

Aux esprits chagrins qui diront «Encore les inégalités, vous n’avez vraiment rien de mieux en magasin ?», ces experts répliquaient d’une même voix qu’aujourd’hui plus qu’hier, elles doivent «être vues, connues et reconnues» (M. Beauchemin). Et combattues notamment avec l’appui des «experts du vécu, ces militants en capacité d’influencer la mise en œuvre de solutions» chers à C. Mahy.

Et les uns et les autres de plaider à juste titre pour l’inclusion sociale, à l’image des organisations sociales belges se mobilisant dans notre pays à la veille des élections.

Avec pour conclure ce jugement sans appel de Pierre Lombrail nous invitant à changer de paradigme : «Nous continuons à parler de santé comme si l’essentiel ne se jouait pas ailleurs». Bien entendu, il ne fut pas seulement question d’inégalités de santé ce jour-là, et Yves Coppieters, président de l’École de santé publique de l’ULB, ne manqua pas de nous présenter une étude de cas bien de circonstance, en parcourant avec la vélocité qui le caractérise les quarante années du futur retraité au service d’une conception progressiste de la santé (1).

Et bon vent à son successeur, Michel Demarteau !

(1) Luc Berghmans a accepté de continuer à suivre les rencontres annuelles du comité stratégique de notre magazine, au cours desquelles ses encouragements et ses suggestions sont toujours très appréciées. Qu’il en soit remercié !

Tabacstop : le coaching personnel de plus en plus populaire

Le 30 Déc 20

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Tabacstop , le service gratuit d’aide à l’arrêt tabagique de la Fondation Contre le Cancer, a publié récemment ses chiffres annuels pour 2013. Les appels téléphoniques ont globalement augmenté de 27%, avec une véritable explosion (83%) des accompagnements téléphoniques personnalisés. Ce type d’accompagnement ‘sur mesure’ par un tabacologue offrant aide et soutien au fumeur, avait déjà augmenté de 37% en 2012.

Le coaching personnalisé de Tabacstop comprend 8 entretiens avec un tabacologue professionnel (toujours le même), répartis sur une période d’environ 3 mois, à des dates convenues au préalable.

Cette forme d’accompagnement fait tripler, voire quadrupler, les chances de réussite, en comparaison avec une tentative d’arrêt sans aucune aide.

Pourquoi appelle-t-on Tabacstop ?

La raison la plus fréquemment invoquée par les appelants est la recherche d’aide pour arrêter de fumer, sans autre précision (73%). Les motifs de la demande sont analysés plus en profondeur lors de l’accompagnement personnalisé. Il en ressort que 52% des appelants veulent arrêter pour des raisons financières, et 51% par crainte pour leur santé. Il est vrai que le tabac est la cause de 30% des décès par cancer !

Qui appelle Tabacstop ?

27% des Belges fument, dont 21% des femmes, et 32% des hommes. Malgré cette disparité, Tabacstop reçoit autant d’appels provenant de femmes que d’hommes. Autre constat, la répartition des appels ne correspond pas à la démographie, puisqu’on compte plus d’appels francophones (60%) que néerlandophones (40%). La plupart des appelants ont déjà essayé d’arrêter plusieurs fois (89%). Les 11% restants concernent donc un premier arrêt tabagique.

En ce qui concerne le site internet, on note une majorité de visiteurs flamands. Sur 113 282 visiteurs uniques, 71 761 sont originaires de Flandre et 40 283 de Wallonie. Notons que 1 238 visiteurs font partie de la communauté germanophone.

Comment les fumeurs connaissent-ils Tabacstop ?

C’est la mention sur les paquets de cigarettes qui est la plus souvent citée, quelle que soit la tranche d’âge. 71% des jeunes de moins de 36 ans évoquent le paquet comme source de connaissance du numéro 0800 111 00. Chez les plus de 36 ans, la proportion baisse à 48%, et ne change plus vraiment pour les personnes plus âgées. La mention obligatoire sur les paquets de cigarettes porte donc clairement ses fruits !

Parmi les autres sources de connaissance de Tabacstop, la télévision (1) et les professionnels de la santé gagnent en importance au fur et à mesure que l’âge avance. Pour les professionnels, on observe ainsi une augmentation jusqu’à la catégorie 46-65 ans, puis une baisse légère après 65 ans. Internet est une source d’information surtout citée par les 26-35 ans.

Pour une mention rapide de Tabacstop sur les paquets de tabac à rouler

La Fondation Contre le Cancer insiste auprès des autorités pour que Tabacstop soit mentionné sur les paquets de tabac à rouler. C’est une mesure qui ne leur coûte rien (les frais sont pris en charge par l’industrie du tabac) et qui se justifie pleinement quand on sait que les consommateurs de tabac à rouler sont de plus en plus nombreux (25% des fumeurs entre 2007 et 2012 et 35% en 2013). De plus, ils sont sous-représentés dans les contacts Tabacstop, preuve supplémentaire que le message ne leur parvient pas.

D’ailleurs, le Parlement européen a approuvé en février de cette année une directive sur les produits du tabac allant dans le sens de la préservation de la santé publique (2). Nos ministres n’auront aucune excuse pour retarder le passage à la mention obligatoire de Tabacstop et à l’obligation d’apposer de grands avertissements de santé, sur l’avant et l’arrière des paquets de tabac à rouler.

Les chiffres annuels complets de Tabacstop sont disponibles sur https://www.tabacstop.be et https://www.cancer.be/presse

À propos de Tabacstop

Tabacstop est un service gratuit auquel vous pouvez vous adresser si vous désirez de l’aide pour arrêter de fumer.

L’équipe de Tabacstop se compose de tabacologues. Il s’agit de professionnels de la santé comme des médecins, des psychologues et des infirmiers détenteurs d’un diplôme complémentaire en tabacologie et aide au sevrage tabagique.

Tabacstop est une initiative de la Fondation Contre le Cancer. Ce service est financé par le Fonds fédéral de lutte contre le tabagisme sous la surveillance de l’INAMI et du Service public fédéral Santé publique.Tabacstop 0800 111 00 – https://www.tabacstop.be

(1) L’an dernier, Tabacstop a bénéficié d’espaces gratuits en télévision pour une campagne de promotion de la santé. La campagne, diffusée en début et en fin d’année, a obtenu du côté francophone des espaces pour une valeur de près de 450.000 euros… (ndlr)
(2) Malgré tous ses efforts, le lobby du tabac n’est pas arrivé à vider le texte de sa substance. Ce n’est pas toujours le cas… (nldr).

Médibus : à la rencontre des plus fragilisés

Le 30 Déc 20

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Ensemble, Médecins du Monde et Dune lancent un nouveau projet, le Médibus. Deux fois par semaine, ce cabinet de consultation mobile va à la rencontre des personnes en situation de grande précarité, exclues des soins. Ce dispositif, basé sur l’ ‘outreaching’ (1), permet d’offrir des soins paramédicaux, de travailler à la réduction des risques auprès des usagers de drogue et de rétablir leur confiance envers les structures de soins.

Même en Belgique, l’accès aux soins de santé n’est pas une évidence pour tout le monde. Tous les jours, les Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) de Médecins du Monde et le Comptoir Local d’Information et de Prévention (CLIP) de l’asbl Dune reçoivent des patients exclus du système de soins de santé ‘classique’. Si ces personnes parviennent à trouver le chemin jusqu’aux soins, d’autres n’y arrivent pas. Avec le Médibus, Médecins du Monde et Dune vont à la rencontre de ces publics en rupture totale avec les structures de santé et de réduction des risques.

Parmi eux, les personnes sans abri et les usagers de drogue. Deux soirs par semaine, le Médibus va se garer aux abords des gares et des stations de métro de Bruxelles, qui sont fréquentés par ces personnes. Dans le Médibus, aménagé en espace de consultation, Dune et Médecins du Monde proposent des soins infirmiers classiques dits de première ligne (pansements, bandages, hygiène etc.), des informations sur la réduction des risques ainsi que du matériel stérile d’injection (avec possibilité de récupération du matériel utilisé).

«Ce projet répond à un réel besoin : trop de personnes vivant en rue ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir des soins» , explique Geneviève Loots, responsable du projet auprès de Médecins du Monde. «Le raccrochage des personnes au système de santé s’avère très efficace : la semaine dernière, nous avons reçu un monsieur en détresse, qui avait de fortes douleurs dans la poitrine. Grâce à sa rencontre avec l’équipe soignante, nous avons pu le prendre en charge, l’emmener chez un médecin pour un dépistage de tuberculose – qui s’avéra négatif- et finalement l’équipe du CASO de Bruxelles lui a ouvert l’accès aux soins

Grâce à l’ ‘outreach’ que permet le Médibus, Dune peut également élargir ses publics cibles : il ne s’agit plus seulement d’aller à la rencontre d’usagers de drogue en situation de grande précarité mais aussi des jeunes injecteurs qui ne se reconnaissent pas comme toxicomanes et des usagers qui ne fréquentent pas les dispositifs bruxellois de réduction des risques et/ou de soins.

Christopher Collin, coordinateur du CLIP à Dune, confirme le bien-fondé du projet : «Depuis le lancement, nous faisons de plus en plus de soins infirmiers et augmentons notre taux de distribution/récupération de matériel stérile d’injection par soirée. Nous n’en sommes qu’au début mais nous pensons sincèrement que ce type de dispositif nous permettra de toucher davantage d’usagers

Ce projet n’aurait pu voir le jour sans le précieux soutien d’Ello Mobile, opérateur de téléphonie mobile belge qui reverse 100% de ses gains à des projets sociaux et propose à ses clients, pour 35 euros de facturation, de financer une consultation médicale pour une personne sans abri dans le Médibus. Il a également reçu le soutien de la Loterie Nationale.

(1)‘Travail de proximité’ est une traduction habituelle de ce concept, que les intervenants appellent aussi ‘travail de rue’ ou ‘à bas seuil d’exigence’. Il s’agit d’entrer en contact avec des individus difficiles à toucher par les services habituels ou les circuits traditionnels de promotion de la santé. (ndlr)

Démarche d’évaluation de l’offre des services ambulatoires de santé et de soins à domicile en région bruxelloise

Le 30 Déc 20

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En Région bruxelloise, certains services ambulatoires de la santé et du social bénéficient de subventions régionales. Une étude préalable à la programmation des services ambulatoires a été réalisée pour mieux appréhender l’offre existante.

Un cadastre de ces services a été élaboré afin de dégager une vision des différents secteurs et de disposer d’un cadre de concertation commun pour une future programmation.

Les résultats se basent sur un questionnaire en ligne qui abordait 3 composantes : les caractéristiques des services et leur implantation; l’analyse de l’offre sur base des activités, des stratégies et des métiers; les caractéristiques des bénéficiaires.

115 structures agréées sur 139 ont répondu dans le cadre de l’élaboration de ce cadastre, ce qui représente 82.7 % du total.

L’analyse des fonctions des services

L’objectif de cette analyse était d’identifier les aspects transversaux, communs et spécifiques des différents secteurs et services. Les stratégies mises en œuvre, dans le cadre des missions du décret, concernent d’abord le travail et l’aide individuels, même si les dimensions collectives et communautaires sont très présentes. Tous les secteurs n’ont pas de missions collectives dans le décret. Certains les développent dès lors en dehors du cadre décrétal.

Concernant l’analyse des activités, on ne peut que constater la diversité de celles-ci. Certaines activités sont reprises par la majorité des secteurs mais elles se déclinent de manière spécifique selon les secteurs, les bénéficiaires et les équipes de travail.

L’immense majorité des répondants fait état d’un travail de réseau et de l’appartenance à une fédération ou d’un lien avec un organisme de coordination. Une importante proportion de services fait état de difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de leurs activités dans le cadre du décret. Le manque de ressources financières et humaines est très largement cité.

Les activités des 115 agréments s’exercent à partir d’au moins 153 lieux d’implantation (115 sièges principaux et au moins 38 antennes au total) répartis sur le territoire bruxellois. Le cas de figure le plus fréquent et celui du siège d’activité unique (94 agréments), suivis des services avec une ‘antenne’ complémentaire (12 agréments).

La répartition sectorielle nous montre que ce sont les services actifs en matière de toxicomanie (12 sièges) et les services de santé mentale (10 sièges au moins) qui ont le plus de sièges, suivi des centres d’action sociale globale (6 sièges au moins), des maisons médicales (5 sièges), des centres de planning familial et des services d’aide à domicile avec un siège. Les agréments ‘multisièges’ sont ainsi concentrés dans quatre secteurs.

La grande majorité des services offre des stratégies d’aide/travail individuel(le), trois-quarts développent des actions collectives et la moitié s’inscrit conjointement dans des développements communautaires. De façon globale, un tiers combine approches individuelles et collectives et un autre tiers complète cela par des actions communautaires. 8% des services s’inscrivent tant dans de l’aide individuelle que communautaire.

Tous les services travaillent sur l’aide individuelle et seuls les services de médiation de dettes ne développent pas d’actions collectives, ni communautaires, ni de stratégies autres qu’individuelles. Les actions communautaires ne concernent pas non plus les centres d’accueil téléphonique, les centres de soins palliatifs et continués et les services ‘Espaces-rencontres’.

Les stratégies se basent aussi sur les partenariats et les réseaux des services, qu’ils soient formalisés ou non. 90% des services ont des partenariats dans le cadre d’un réseau (formel ou informel) ou avec des partenaires extérieurs au service. Cela se confirme pour l’ensemble des secteurs.

Cette même distribution est retrouvée pour l’appartenance des services à des fédération(s) et/ou le fait d’être en lien avec un organisme de coordination et/ou de représentation du secteur. 94% des services répondent appartenir à une de ces fédérations et 4 services (3,5%) ne répondent pas.

70% des services rencontrent des difficultés pour effectuer les activités définies dans le cadre du décret ou leurs stratégies de mise en œuvre. 20% déclarent ne pas avoir de difficultés et 10% des services ne se prononcent pas sur ce point.

L’analyse des métiers des services

Cette étape de l’analyse vise à identifier quels métiers sont mobilisés par les services afin de remplir les fonctions identifiées précédemment et les compétences utilisées dans ce cadre.

Les professionnels mobilisés sont très divers. Les tâches qui leurs sont confiées et les compétences mises en œuvre au sein des institutions varient plus ou moins fort en fonction des équipes. Ils sont pour l’essentiel issus de l’enseignement supérieur, avec des variations entre les secteurs selon les qualifications requises.

La grande majorité des services fonctionne en équipe interdisciplinaire. Les modes de fonctionnement sont variés par secteurs et les réunions d’équipes, les supervisions et intervisions, les groupes de travail, les prises en charge communes… apparaissent comme des vecteurs privilégiés de ce travail interdisciplinaire.

À la question «Quels sont les métiers mobilisés dans le cadre de vos activités en général (décret et hors décret)», ce sont les assistants sociaux, les psychiatres, psychologues, secrétaires et ‘autres’ qui sont le plus cités pour l’ensemble des répondants. Ce ne sont cependant pas les métiers qui représentent le plus d’ETP puisque ce sont clairement les aides familiales qui constituent la grande majorité des ressources humaines en regard des autres métiers.

Offre globale et différenciée

Les données ci-dessus ne sont que quelques éléments de l’analyse de l’offre globale en matière de services ambulatoires en Région bruxelloise. Certains secteurs souhaitent un élargissement des missions du décret pour pallier le besoin en ressources humaines et mieux gérer les demandes de prise en charge de situations de crise, qui augmentent de plus en plus. En effet, les évolutions de la population bruxelloise en termes de précarité financière (dettes), matérielle (logement, aide alimentaire…), sociale et mentale induisent une augmentation et des changements de la demande, ainsi qu’une difficulté des services à y faire face. Le nombre de demandes d’accompagnement social est croissant et les services sont confrontés aux limites de leurs moyens en personnel pour réaliser les accompagnements souhaités.

Les services soulignent aussi un problème de charge de travail croissante et ils sont souvent débordés par les évolutions de la population bruxelloise (vieillissement, pauvreté…) et de la politique de maintien à domicile. Les secteurs préfèrent voir optimaliser les moyens des centres existants et agréés actuellement plutôt que de favoriser l’apparition de nouveaux centres. Ils réclament du temps pour les suivis individuels et une meilleure coordination/collaboration entre acteurs. Pour plusieurs secteurs, ils montrent aussi l’importance que leurs services restent généralistes et qu’ils demeurent des lieux d’accueil pour une prise en charge ‘globale’.

Il y a donc une réflexion à proposer sur la nécessité d’une reconnaissance conceptuelle et financière des fonctions transversales des services/secteurs et d’une meilleure articulation du travail entre les secteurs dans une vision intégrée et différenciée. Cela passe entre autres par le développement de transversalité au niveau des politiques de santé et sociale afin d’être en cohérence avec les pratiques et approches de terrain.

Références

Coppieters Y, Cremers A. Cadastre des services ambulatoires agréés par la Cocof en Région bruxelloise. Rapport de recherche, Projet Cocof/École de santé publique de l’ULB, Bruxelles, septembre 2012.

Cremers A., Coppieters Y. Étude préparatoire à l’élaboration de la programmation des services ambulatoires en Région bruxelloise: rapport final. Projet Cocof / École de santé publique de l’ULB, Bruxelles, septembre 2012.

Commission communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale, Décret du 5 mars 2009 relatif à l’offre de services ambulatoires dans les domaines de l’action sociale, de la famille et de la santé, publié au Moniteur belge le 8 mai 2009.

La journée d’envol des ‘Cellules bien-être’

Le 30 Déc 20

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Le 4 novembre dernier avait lieu dans le cadre verdoyant de La Marlagne, une journée de rencontre à destination des 80 établissements scolaires inscrits dans le dispositif pilote des Cellules bien-être (1) (CBE), à l’initiative de leur comité opérationnel (2).

Après quelques discours politiques de circonstance, la journée fut d’abord l’occasion pour l’APES-ULg, service d’appui en promotion de la santé et éducation pour la santé de l’Université de Liège, de présenter les résultats plutôt encourageants de la seconde évaluation participative et itérative du dispositif des Cellules bien-être (voir encadré).

Ensuite, les acteurs des Cellules bien-être se sont rencontrés pour présenter leurs réalisations et partager leurs expériences. Chaque cellule présente disposait d’un stand et accueillait ses consoeurs pendant 10 minutes, pour un bref temps d’échange. Ils étaient ensuite invités à changer de stand et à en rencontrer d’autres, selon le principe maintenant célèbre du ‘speed-dating’.

Ensuite, les rôles ont été inversés : les visiteurs des stands sont eux-mêmes passés derrière, permettant ainsi à ceux qui avaient déjà accueilli des collègues, de faire aussi le tour des nouveaux stands.

Lors de ces brefs mais riches moments de discussion, les participants ont véritablement échangé à propos de leurs difficultés, allant parfois jusqu’à chercher des solutions avec leurs collègues des autres écoles. Ils semblaient très intéressés par ce qui était développé ailleurs, certains proposant même à d’autres de venir participer et observer les activités mises en place ou de collaborer. Bien qu’ils soient globalement très contents du dispositif, un certain nombre d’entre eux évoquaient leur essoufflement, certains projets devant pratiquement être menés bénévolement. Cela ne semblait cependant pas entamer leur motivation.

Les stands étaient peu garnis, mais la formule était néanmoins intéressante et la cantine de La Marlagne, outre ses effluves de soupe aux poireaux tout à fait à propos, se prêtait parfaitement à ce genre d’exercice.

Pendant la pause de midi, lors de laquelle on nous a proposé d’excellents sandwiches et des collations saines, les participants semblaient ravis des échanges qu’ils venaient d’avoir et auraient même souhaité les poursuivre !

L’après-midi, ils ont été répartis en 6 ateliers thématiques, définis sur base des points de repère issus de l’évaluation du dispositif :
– des outils pour soutenir une vision partagée du bien-être au sein de l’établissement;
– les étapes pour évoluer vers cette vision partagée entre opérateurs partenaires de l’école;
– les démarches pour accroître la participation des élèves;
– les structures de l’école pouvant soutenir durablement le bien-être à l’école;
– les conditions minimales de développement d’une CBE dans l’établissement scolaire;
– des ressources pour soutenir l’engagement des acteurs scolaires et développer leurs compétences.
Les acteurs, en sous-groupes d’une douzaine de personnes, y ont eu l’occasion d’échanger à nouveau et de tenter de dégager des pistes concrètes d’action pour le futur.

Enfin, la journée s’est clôturée par une ‘table ronde’ (en l’occurrence rectangulaire), au cours de laquelle neuf intervenants (3) aux profils variés ont exposé leur point de vue sur la journée et plus globalement sur le dispositif des CBE et ses défis pour l’avenir. Bien qu’un peu long pour la plupart des participants, l’exercice valut par les interventions intéressantes de Michel Demarteau et Stéphane Houbion, de même que celle de Lise Maskens, courte et efficace, soulignant que les services PSE étaient ravis et demandeurs de participer à ce type d’initiative.

Michel Demarteau a développé l’idée d’une ‘vision partagée’du bien-être comme moteur de partenariat et de cohérence. Au niveau local, la cohérence pourrait être le développement de liens entre les pouvoirs locaux et les écoles, notamment via le levier des plans de cohésion sociale. Les enjeux sous-jacents sont de stabiliser la notion de bien-être, de permettre la négociation pour construire un cadre politique et administratif, de favoriser l’appropriation du concept par le versant pédagogique de l’organisation scolaire.

Quant à Stéphane Houbion, il a rappelé l’intérêt d’une mise en projet globale de l’école qui concerne tant l’école elle-même que son environnement externe. L’expérience menée invite les CBE à poursuivre leur travail en veillant à y impliquer les jeunes – autant que possible – comme levier d’apprentissage, à permettre l’adhésion de chacun comme ferment d’un projet collectif, à s’appuyer sur les acteurs associatifs comme soutien au projet et apport de ressources, à développer les interaction au sein des CBE et entre CBE comme garant d’un partage et d’une mutualisation des acquis. Enfin, il a lié la continuité des CBE au-delà du cadre de financement et l’incitation à un développement humain durable comme pilier de l’apprentissage démocratique et d’une gestion responsable des fonds publics.

En résumé, les organisateurs peuvent se féliciter de cette journée qui a mobilisé un grand nombre d’acteurs dans et hors de l’enseignement. Elle a permis de mettre en évidence le travail de co-construction et de renforcement mutuel des compétences de différents secteurs partenaires proches de l’école que pourtant «beaucoup de choses séparent», comme l’a souligné la Ministre de l’Enseignement obligatoire, Marie-Martine Schyns lors de son discours de clôture.

Pour les acteurs du ‘bien-être à l’école’ elle fut à la fois l’occasion d’échanger leurs expériences, de se nourrir de celles des autres, d’approfondir les pistes pour l’avenir, mais aussi d’être remerciés pour leur travail et encouragés pour l’avenir, en toute convivialité.

Un bilan encourageant

Nonante pourcent des 80 écoles ont mis en place une CBE. Parmi les 67 écoles ayant répondu au questionnaire, 57 lui attribuent des effets positifs: soit la concrétisation d’actions (organisation de formation écoutants, tri des déchets, embellissement de l’école…), un meilleur climat dans l’école (diminution des conflits, cohésion renforcée de l’équipe éducative…), une plus grande préoccupation pour le bien-être (attention globale sur le bien-être, meilleure connaissance des attentes et besoins des élèves…), une institutionnalisation de la Cellule bien-être (partenariats internes, formalisation et évaluation des projets…), de nouveaux partenaires (échanges plus approfondis entre CPMS ou SPSE et école…) ou encore une meilleure communication à l’externe et la valorisation des expériences (visibilité, reconnaissance du travail réalisé…).

91% ont exprimé la volonté de poursuivre le travail l’année suivante. Des pistes de pérennisation du dispositif (internes et externes à l’école) ont été formulées par un travail de construction et de validation progressive en mars 2013 et ont été introduites dans le questionnaire de la seconde évaluation.

Les pistes internes sont, pour 78 à 88% des participants liées à la communication et la participation (plus de convivialité, élargissement des échanges…); pour 62 à 81%, elles visent l’institutionnalisation du dispositif (inscription des CBE dans le projet d’établissement, répertoire des projets liés au bien-être…).

Pour l’externe, il apparaît indispensable de disposer de personnes de référence (internes ou externes) qui connaissent l’école. Plus spécifiquement, un quart des acteurs des écoles souhaite poursuivre avec le même accompagnateur, dynamique, compétent, proche de l’établissement, et leur apportant un soutien opérationnel, un regard extérieur leur permettant de prendre du recul et une orientation vers des ressources. Il est aussi jugé utile d’inciter les organisateurs de formation à introduire des sujets sur le bien-être, d’échanger davantage entre établissements ou de disposer d’une plateforme internet favorisant les échanges entre CBE par exemple.

De nombreuses informations sur les conditions d’existence d’une CBE ont également été détaillées dans la première évaluation du dispositif. Elles ont fait l’objet d’une validation (actualisation et standardisation) dans cette seconde évaluation. On relève principalement la nécessité d’une coordination désignée et de l’appui de la direction, tout comme la nécessité de temps pour s’arrêter, pour élaborer la concertation et l’action collective.

L’analyse des actions mises en place ou coordonnées par les CBE laisse apparaître 25 thématiques parmi lesquelles l’estime de soi, le vivre ensemble, l’exercice de la citoyenneté, la santé globale, l’ERE (éducation relative à l’environnement), la prévention des assuétudes ou l’EVRAS mais aussi l’accrochage scolaire, le soutien aux enseignants, l’organisation d’espaces détentes, l’organisation de moments d’échanges, etc.

L’APES-ULg a également tenté de refléter le tissage des thématiques abordées, toutes ne jouant vraisemblablement pas le même rôle dans la construction du bien-être. Face à cette diversité de thèmes possibles à rattacher au même concept, l’essentiel reste sans doute les processus mis en place pour que chaque communauté éducative construise une vision partagée du bien-être qui lui soit adaptée.

Enfin, quatre défis majeurs pour l’enseignement et ses partenaires ont été identifiés : évoluer vers une offre intégrée d’appuis aux établissements scolaires; rendre les cadres politiques, législatifs et administratifs de différents secteurs cohérents avec une approche intégrée du bien-être dans les établissements scolaires; accroître la participation des élèves dans la gestion du bien-être à l’école; et travailler les compétences liées au bien-être dans le curriculum pédagogique, en classe.

Un troisième et dernier rapport d’évaluation du dispositif, intégrant des informations disponibles mais encore peu analysées ainsi que des recommandations opérationnelles pour le suivi de ce dispositif, verra le jour durant le premier trimestre 2014. Il sera construit par l’APES-ULg en collaboration avec le Comité opérationnel des CBE.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur https://www.enseignement.be. Le diaporama de la journée et les comptes rendus des ateliers y sont téléchargeables.

(1) Voir l’article de Chantal Vandoorne «L’accompagnement du dispositif pilote Cellule bien-être: un pas vers plus d’intersectorialité», Éducation Santé n°294, novembre 2013, https://www.educationsante.be/es/article.php?id=1621
(2) Direction générale de l’Enseignement obligatoire, Direction générale de la Santé, Service jeunesse de la Direction générale de la culture, Direction de l’aide à la jeunesse, cabinets Schyns, Laanan et Huytebroeck, APES-ULg.
(3) Joëlle Vandenberg (Réseau Idée), Françoise Raoult (Service d’Aide à la Jeunesse de Huy), Nathalie Neuenschwander (Centre PMS III de la Ville de Liège), Lise Maskens (Commission PSE), Stéphane Houbion (asbl Jeune et citoyen), Michel Demarteau (Observatoire de la Santé du Hainaut), Claude Delsaut (Service général du pilotage du Système éducatif), Fransesco Dell’Aquila (Conseiller pédagogique à l’IFC) et Gérard Alard (Service d’Appui à la Direction générale de l’Enseignement obligatoire).