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La drogue mise en scène

Le 30 Déc 20

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La dernière représentation a eu lieu en juin dernier. C’était face à des jeunes fréquentant des mouvements de jeunesse… Aujourd’hui, le projet vole de ses propres ailes et la rentrée sonne l’heure du passage de flambeau entre la commune d’Uccle et la troupe qui joue le spectacle. C’est donc l’heure du bilan pour ce projet pilote en prévention des assuétudes qui a choisi le théâtre forum pour faire passer son message.
Petit retour en arrière: en 2002, des Etats généraux de la Jeunesse sont organisés à Uccle sous l’égide de l’administration communale et de l’échevin de la jeunesse, Guy de Halleux . « Dans le cadre de ces Etats généraux , nous avions organisé un atelier qui traitait tout particulièrement des assuétudes . Et au cours de cet atelier , nous sommes arrivés à une constatation importante , à savoir le manque de dialogue qui existait entre les adolescents consommateurs de drogues et leurs parents Aussi , nous avons décidé de mettre en place , au sein de la commune , un groupe de travail qui se chargerait d’étudier le moyen de restaurer ce dialogue . Nous avons travaillé en étroite collaboration avec différentes associations déjà actives sur le terrain comme le CPAS , le CLPS , le Centre de planning familial et de consultations d’Uccle , mais aussi les associations Projet Lama , Prévention socioculturelle et Question Santé . Nous avons également pris contact avec sept écoles secondaires des trois réseaux d’enseignement subventionné . De cette concertation , de cette préoccupation commune de restaurer le dialogue entre parents et enfants et de cette volonté d’y sensibiliser à la fois les adolescents et les adultes , est né ce projet de spectacle , sous forme de théâtre forum », explique Marianne Vilain , du Service Jeunesse à l’administration communale uccloise.
C’est la troupe du Collectif 1984, qui a proposé un scénario collant à ces préoccupations, qui a été choisie pour jouer la pièce et ce projet a reçu le soutien de la ministre de l’Aide à la Jeunesse et de la Santé et du ministre de l’Enseignement secondaire et de l’Enseignement spécial de la Communauté française.

«Fumée bleue… Je vois rouge!»

Le travail préparatoire a été mené sur base des témoignages et anecdotes livrés par les élèves interrogés, pour coller le plus possible au vécu et adhérer à la réalité de la consommation de drogue chez les jeunes.
Le titre de la pièce est explicite et montre à quel point le dialogue peut être difficile: «Fumée bleue… Je vois rouge!» La pièce n’est pas un spectacle passif: « Elle est jouée une première fois dans son intégralité , montrant les rapports entre les jeunes et leurs parents et les différences de leurs réactions face à la consommation de « pétards ». Elle illustre aussi les relations de fausse confiance qui peuvent s’instaurer entre les consommateurs et les dealers ; la lente descente inconsciente vers la dépendance du jeune héros . Elle se conclut par une impasse : les relations entre le jeune consommateur et ses parents se dégradent et il glisse vers la dépendance . Des aspects de la vie de famille sont également touchés du doigt , comme la difficulté , pour les parents , d’être à la fois des interlocuteurs pour des discussions et des négociations , et parallèlement des éducateurs dont la mission est de poser les interdits .
Au terme de la pièce , la troupe s’arrête et propose de la rejouer , invitant le public à y participer pour éviter cette fin négative par la restauration du dialogue : chaque participant peut dès lors apporter ses arguments pour changer le cours de la pièce », poursuit Marianne Vilain.
A la fin de la représentation, un débat démarre dans la salle, centré uniquement sur la difficulté d’instaurer le dialogue entre les jeunes consommateurs de drogues et leurs parents, sous la direction d’un psychiatre, le Dr Jean-Pierre Jacques … Tout l’intérêt de ce type de démarche est donc de s’enrichir de la diversité des interventions, à chaque représentation. Aucun expert ne vient exposer des «vérités en prêt-à-penser», laissant libre champ à l’expression de tous les participants.
Au départ, la pièce avait été conçue pour être jouée 6 fois, à savoir dans 5 écoles de la commune d’Uccle et face à des jeunes de mouvements de jeunesse une dernière fois. « Finalement , les 7 écoles contactées ont été intéressées et nous avons donc fait 8 représentations . Ensuite , elle a été jouée dans d’autres écoles de Bruxelles », se réjouit Marianne Vilain. Forte de son succès, la pièce a encore été jouée cet été à Huy, dans le cadre du festival Théâtre pour Jeune public. « Si la pièce est retenue , elle pourra être subsidiée et donc encore jouée dans d’autres villes à travers la Communauté française . Mais aujourd’hui , elle est entre les mains de la troupe du Collectif 1984 . Nous laissons cette pièce , qui était un projet pilote , vivre sa vie et nous espérons qu’elle sera soutenue encore pour sensibiliser d’autres jeunes à travers le pays ».

Des questions difficiles

L’animateur des débats, le Dr Jean-Pierre Jacques, donne pour sa part son analyse de la difficulté d’établir un échange entre parents et ados. L’un des enseignements importants qu’il retire est que le dialogue ne peut s’improviser au moment de la découverte de la consommation de drogue ou de tabac; il s’agit d’une discussion à ouvrir dès l’enfance. Par ailleurs, les arguments «scientifiques» sur ces substances n’ont que peu d’impact sur les jeunes, plus préoccupés par le plaisir immédiat, voire la pulsion de mort, et ne peuvent donc servir de base à la discussion. Pour leur part, les parents sont demandeurs de ces informations plus objectives…
« Certaines soirées ont été particulièrement riches dans la mise en évidence des difficultés du dialogue . Les questions suivantes ont ainsi été abordées : comment faire devant le refus des ados de parler , devant les postures de défi , de certitude ( feinte )? Forcer l’oreille , est ce dialoguer ? Comment comprendre que la demande des ados survienne à contretemps , aux moments de moindre disponibilité des adultes ? Est ce qu’écouter les ados parler de drogues revient à légitimer la consommation de celles ci ? Comment faire accepter de consulter , de faire appel à un tiers pour restaurer des conditions de dialogue , sans décréter que l’ado est « à soigner »?
Dans le recours aux produits , faut il lire une demande d’autorité , une demande de reconnaissance , une demande d’amour et , si oui , comment y répondre ? Et comment renoncer à l’enfant idéal , au parent idéal ? Il a aussi été relevé que l’angoisse est un facteur majeur qui contrarie l’écoute et le dialogue . Le dialogue est laborieux , il n’a rien de naturel ! A ce titre , le débat mené ces soirs là a pu paraître frustrant . Il l’était , de manière partiellement délibérée . Rien de tel qu’un peu de frustration pour mettre les humains au travail sur leurs certitudes stériles », explique le psychiatre.

L’heure des bilans

L’expérience a été globalement satisfaisante, au vu du questionnaire rempli par les écoles participantes, du nombre de spectateurs et de la proportion ados-adultes dans les salles. Même si les organisateurs ne recherchent pas le résultat objectif et quantifiable.
Quant à la forme de l’initiative, le théâtre forum, il a l’avantage de l’imprévu et les participants peuvent dès lors, lorsqu’ils revêtent le rôle d’un des personnages, ne plus être aussi imprégnés de leurs certitudes… Par ailleurs, il touche à la fois parents et ados, contrairement aux programmes dispensés dans les murs de l’école.
Quant au débat, s’il était parfois considéré comme trop bref, il permettait néanmoins de sortir de l’émotion, de prendre du recul et était apprécié pour cette qualité.
La suite de l’histoire, on la connaît: la commune d’Uccle ne peut poursuivre. Cependant, tout comme certains participants, les responsables du groupe de travail avaient un espoir: « Nous aurions aimé que les contacts se poursuivent entre les écoles sur les retombées pratiques de cette initiative . Nous avons bien tenté de les rassembler , mais sur les 7 écoles participantes , seules 2 ont répondu présentes , les autres étant trop occupées . Le mouvement s’essoufflait », explique Marianne Vilain. Et comme le soulignait un participant, la «concertation, ce n’est pas prévu dans les écoles. Cela doit venir de l’humain, de l’intérieur».
Reste à voir si la Communauté française viendra soutenir le projet dont le devenir repose désormais sur les épaules de la troupe.
Carine Maillard

Sans latex, sous aucun prétexte’. Une campagne conçue pour et par les jeunes

Le 30 Déc 20

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Contexte

Même si les jeunes semblent de mieux en mieux informés sur les modes de transmission du VIH, bon nombre d’observations suggèrent qu’ils ne se protègent pas toujours lors des relations sexuelles. Depuis quelques temps nous assistons à des signes d’une baisse de la vigilance: une augmentation de l’infection au VIH et de certaines maladies sexuellement transmissibles comme la syphilis et une baisse des pratiques sexuelles sécurisées.
Une enquête réalisée en Communauté française par l’ULB-PROMES (1) démontre que la connaissance des jeunes (scolarisés ou en décrochage scolaire) en matière de protection VIH-sida est loin d’être suffisante.
De nombreuses fausses croyances subsistent. Ainsi 12 % des élèves de 15 à 18 ans pensent que l’on peut encore être infecté par un don de sang en Belgique et 21,5 % ne se prononcent pas à ce sujet. 21,6 % des élèves croient que l’on peut être contaminé par une piqûre de moustique tandis que 21,7 % considèrent que faire l’amour sans préservatif avec une personne qui «a l’air en bonne santé» ne comporte aucun risque.
Face à ces idées fausses et au manque d’information, face à la recrudescence des cas de syphilis et de gonorrhée chez les hommes, de chlamydia chez les femmes, d’infection au VIH, il convient plus que jamais de rester vigilants et de maintenir l’attention des jeunes à travers des campagnes de prévention qui leur sont spécifiquement adressées.
Chaque année, à l’occasion des vacances d’été, un moment propice aux rencontres, la Plate-forme prévention sida lance une campagne de prévention à destination des 15-20 ans.

Objectifs et public cible

La campagne de l’été 2005 est un programme destiné aux jeunes afin de les informer et de les sensibiliser aux risques de transmission du sida mais aussi des autres maladies sexuellement transmissibles (MST) et de rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif. Elle a aussi pour objectif de contribuer à faire tomber les tabous qui entourent le sida et à aborder les blocages qui entourent l’utilisation du préservatif.
La campagne vise trois publics: les jeunes hétérosexuels belges ou d’origine étrangère et les jeunes homosexuels.

Méthodologie: concertation et processus participatif

La Plate-forme prévention sida a pour objectif de mettre en place un processus de concertation avec les acteurs particulièrement sensibles à la prévention du sida. Ensemble, ils travaillent à la réflexion, la conception et la mise en place d’outils et de campagnes de prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles à l’attention du grand public.
Pour la réalisation de sa dernière campagne, la Plate-Forme a travaillé en étroite collaboration avec une série de partenaires professionnels, composés de spécialistes de la prévention et de représentants d’associations de prévention pour personnes migrantes, homosexuelles ou usagers de drogues. Le groupe de travail s’est réuni à chaque étape de l’élaboration de la campagne.
Par ailleurs, cette campagne a la particularité d’avoir été construite en étroite collaboration avec un groupe de jeunes représentant le public cible.
Dès la phase initiale de la campagne, un groupe de jeunes âgés de 15 à 20 ans, d’origines et de cultures différentes s’est réuni de manière régulière afin de réfléchir et de partager leurs avis sur une campagne de prévention adaptée tant dans sa forme que dans son contenu à leur réalité et aux difficultés qu’ils rencontrent.
Chaque étape du projet a fait l’objet de discussions et d’une réflexion avec les jeunes.
Le travail de réflexion a été engagé début 2004. Il y a eu d’abord un travail d’évaluation sur base d’un outil déjà existant, «Le Petit Livre Rose», afin d’en extraire les informations que les jeunes souhaiteraient recevoir dans le cadre d’un nouvel outil plus concis. Lors de ce premier focus, certains éléments importants concernant le contenu ont pu être dégagés tels que des informations sur les modes de transmission, le dépistage, les autres maladies sexuellement transmissibles…
La difficulté d’aborder la question du préservatif dans une nouvelle relation a aussi été mise en évidence par les jeunes lors de cette première discussion.
Le deuxième focus avait pour but de définir et de préciser avec le groupe, la forme, le visuel, le graphisme et le ton qui parlent le plus aux jeunes. Cette animation a dès lors consisté à soumettre une série d’outils de prévention au groupe afin de recueillir ses réactions et ensuite de faire réfléchir les jeunes sur les raisons de leur attirance pour l’un ou pour l’autre des documents présentés.
Les jeunes ont mis en avant l’importance du format et l’aspect pratique du document qui, à leurs yeux, doit rester facilement transportable. Ils soulignent aussi l’importance de pouvoir s’identifier. Ils souhaitent avant tout des messages adaptés à leur langage et dans lesquels ils se retrouvent. Ils recommandent donc un style direct en utilisant l’emploi du «tu». L’objet ou le document doit avoir une certaine «valeur» à leurs yeux pour éviter qu’ils ne le lisent pas et le jettent directement.
Lors du troisième focus groupe, nous avons approfondi un des éléments qui était ressorti lors du premier focus et qu’il nous semblait essentiel de développer avec les jeunes. Nous avons donc tenté d’identifier les problèmes de communication et les freins par rapport à l’utilisation du préservatif.
Les participants ont marqué leur souhait d’aborder ce sujet assez personnel et intime sous la forme d’une discussion ouverte durant laquelle ils se sont exprimés sur leur vécu et, pour certains, sur leurs réticences à utiliser le préservatif.
Il est ressorti de cet échange que si les jeunes ont une certaine conscience de l’importance de se protéger, aborder la question du préservatif avec son/sa partenaire reste souvent problématique. Alors que le préservatif devrait être considéré comme une marque de respect de soi et de l’autre, celui-ci est encore souvent considéré comme un objet «étranger» qui amène la suspicion dans la relation. En effet, une des difficultés d’aborder la question du préservatif est souvent liée au fait que les jeunes ont peur que cela soit interprété de manière erronée par le/la partenaire:
«Si elle me demande de mettre un préservatif, c’est qu’elle n’est pas clean ou qu’elle n’a pas confiance.»
«Si je lui propose le préservatif, il/elle va trouver ça louche et va peut-être croire que je suis malade.»

Ils signalent aussi que la notion de confiance peut leur faire «baisser la garde» parce qu’on pense connaître l’autre, parce qu’on connaît son entourage ou encore parce qu’on se fie uniquement à son apparence extérieure:
«Si la fille est jolie, se sape bien, si elle est propre sur elle, j’ai tendance à ne pas me protéger.»
«Il y a une relation de confiance qui n’est pas la bonne. La notion de confiance est liée à l’image de la personne. Si c’est une bcbg de Uccle, je me méfie moins.»

Les jeunes demandent qu’on leur rappelle que la confiance n’est pas un moyen de protection en soi et que seul le préservatif protège du sida et des MST.
D’autres freins ont été évoqués et développés par les participants:
«L’impression que le sida ne les concerne pas directement et que c’est seulement en Afrique que cela se passe.»
«Le sentiment que les malades du sida n’existent pas puisqu’on ne les voit jamais.»
«Le fait que dans la tête de certains jeunes, le sida aujourd’hui se guérit.»
«Le fait que le préservatif est un «tue l’amour» et qu’il empêche le plaisir.»
«La représentation de la fille qui a une capote sur elle et qui est dès lors considérée comme une ‘salope’.»

Autant de freins à l’utilisation du préservatif qui ont été mis sur la table avec beaucoup de franchise et d’honnêteté par les jeunes participants.
Au fil des discussions et animations, le contenu, les messages et la forme de la campagne ont pu ainsi se développer en concertation avec le groupe de jeunes, les associations partenaires et la Plate-Forme prévention sida.
Il est également important de souligner que l’agence de communication Euro RSCG a participé depuis le début à ces échanges et a pu ainsi alimenter la réflexion et les débats.
Différents projets et maquettes réalisés par Euro RSCG ont ensuite été soumis à la critique du groupe porteur. Une série de prétests avec le projet retenu a ensuite été organisée auprès de différents groupes de jeunes dans différentes villes de la Communauté française.

Le résultat: les axes de la campagne

Il y en six axes:
– la diffusion en Communauté française de 330.000 pochettes ‘In ze pocket’ , existant en cinq couleurs différentes et contenant un préservatif et des informations sur la prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles. Une de ces 5 pochettes propose un contenu un peu différent en terme d’informations puisqu’elle aborde plus spécifiquement les freins, les blocages ou certains préjugés liés à l’utilisation du préservatif;
– la diffusion de trois spots TV/radio sur les chaînes de la Communauté française et certaines chaînes locales (Télé Bruxelles) visant à rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif lors des relations sexuelles, que l’on soit hétérosexuel, homosexuel, belge ou d’origine étrangère. Ces spots font également la promotion des pochettes que l’on peut commander via le 0800 20 000 ou via https://www.preventionsida.org ;
– la diffusion d’affiches reprenant les visuels et slogan de la campagne;
– des annonces dans certains magazines et des cartes postales Boomerang en Communauté française et à la côte belge;
– grâce au réseau de distribution Olympus, affiches dans les salles des sports en Communauté française;
– des animations lors de divers festivals de musiques.

Conclusion

La méthodologie basée sur un processus participatif qui a été appliquée tout au long de la construction du projet a permis de se rapprocher des attentes et des questions que les jeunes se posent. Ce processus a fait l’unanimité tant auprès des jeunes qui ont participé à la campagne, qu’auprès des associations du secteur de la prévention sida et de l’agence de communication Euro RSCG.
L’implication des jeunes dans le cadre de cette action constitue un travail de prévention en soi (prévention par les pairs). Lors de l’évaluation du processus de travail déjà entamé en 2004, les jeunes ont signalé que la participation à l’élaboration de la campagne a modifié leur vision de la maladie et a accru leur vigilance quant à l’importance de se protéger.
Ils ont aussi manifesté leur souhait d’approfondir et de poursuivre la réflexion sur les messages à développer par la suite.
Le travail et la réflexion engagés en 2004 et qui se sont poursuivis cette année avec les deux groupes de jeunes, est le point de départ d’une nouvelle campagne prévue pour 2006. Celle-ci se concentrera plus spécifiquement sur la question des «freins» et développera, entre autre, des messages pour faciliter le dialogue autour de la question du préservatif. Nous y reviendrons.
Cécile Duvivier , responsable de projet à la Plate-Forme prévention sida
Adresse de l’auteur: Plate-Forme prévention sida, av. E. De Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 733 72 99. Courriel: preventionsida@skynet.be. Internet: https://www.preventionsida.org
(1) Université Libre de Bruxelles/ Ecole de Santé Publique/Unité de Promotion Education Santé (ULB-PROMES) « La santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire » Décembre 2003

Pub antitabac sur les produits de tabac

Le 30 Déc 20

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Le numéro d’appel de la Ligne Tabac-Stop devra bientôt figurer sur tous les produits du tabac.
Le Moniteur belge du 14 novembre 2005 a publié l’Arrêté qui oblige les fabricants de tabac à mentionner une nouvelle mise en garde sur les produits de tabac: “Faites-vous aider pour arrêter de fumer: 0800 111 00”.
Cette mise en garde devra apparaître sur tous les produits de tabac à partir de septembre 2006, et les fabricants devront livrer aux distributeurs les produits conformes dès le mois de mai 2006.
L’aide au sevrage constitue pour le Ministre de la Santé publique un axe incontournable de sa politique de lutte contre le tabagisme. Des mesures positives sont en effet nécessaires dès lors que des efforts d’information et de sensibilisation sont consentis quant aux effets néfastes de la consommation de tabac sur la santé.
La référence à un numéro d’appel d’aide au sevrage permet aux fumeurs d’agir pour leur santé en faisant un premier pas.
La Ligne Tabac-Stop a en effet pour objectif de fournir des informations et des conseils aussi bien aux fumeurs qu’aux non-fumeurs. Quiconque a des questions à propos du tabagisme et de l’arrêt tabagique peut appeler gratuitement le 0800 111 00 , accessible tous les jours de 8h à 19h. En outre, tous les jours ouvrables, de 15h à 19h, une permanence est assurée par des médecins ou des psychologues spécialisés dans l’accompagnement à l’arrêt tabagique. Un système de questions et réponses est également en place via courriel: tabacstop@cancer.be.
La Ligne Tabac-Stop est une initiative de la Fondation contre le Cancer, du Fonds des Affections Respiratoires (FARES) et du Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie (VIG), avec le soutien du Service public fédéral Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement.
La Ligne Tabac-Stop est opérationnelle depuis le 1er juin 2004. Pendant la première année, elle a reçu quelque 4000 appels. Depuis avril 2005, sous l’impulsion du Ministre de la Santé publique, la Ligne Tabac-Stop dispose d’un numéro gratuit, à savoir le 0800 111 00.
Cette mesure vient utilement compléter les dispositions prises et les projets soutenus par le Ministre en matière d’aide au sevrage dans le cadre du Plan fédéral de lutte contre le tabagisme: l’accompagnement des femmes enceintes et de leur partenaire (lancement officiel en janvier 2006), la formation des professionnels de la santé à l’aide au sevrage, l’accompagnement en milieu professionnel.
La référence à une ligne d’arrêt tabagique est déjà obligatoire dans plusieurs pays européens, avec des résultats spectaculaires quant à l’utilisation de cette ligne. Ainsi, en France, plus de 60% des appels sont dus à la mention du numéro d’appel sur les produits du tabac. Aux Pays-Bas, où la mention de la ligne d’arrêt tabagique est obligatoire depuis le mois de mai 2002, on a pu constater une augmentation substantielle de 250 % du nombre d’appels adressés à cette ligne.
D’après un communiqué de presse de Rudy Demotte, Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, de la Fondation contre le Cancer, du Fonds des Affections Respiratoires (FARES) et du Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie

Tabac: dénormalisation musclée

Le 30 Déc 20

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Il y a près d’un an entrait en vigueur une nouvelle loi relative à la lutte contre le tabagisme: l’interdiction de vendre des produits de tabac aux mineurs. La Belgique s’alignait alors sur quelques pays voisins comme la France ou l’Allemagne. Elle inscrivait aussi son action dans le cadre des recommandations de l’OMS en tant que partie signataire de la convention-cadre contre le tabac (1).
Au vu des chiffres alarmants relatifs à la consommation tabagique des jeunes (doublement de la consommation en dix ans), il convient, dans le cadre d’une action globale, de diminuer l’accessibilité des produits de tabac, surtout à une période où l’individu est particulièrement vulnérable et durant laquelle ses comportements à l’égard des produits de tabac se déterminent. C’est ainsi que, depuis le 1er décembre 2004, il est interdit de vendre des produits à base de tabac aux jeunes de moins de seize ans (2). Il peut aussi être exigé de toute personne qui entend acheter des produits de tabac de prouver qu’elle a atteint l’âge de seize ans.
La presse a largement fait écho de cette nouvelle disposition qui s’inscrit dans le plan fédéral de lutte contre le tabagisme. Les chiffres des contrôles effectués par le SPF Santé publique sont plutôt encourageants: sur un total de 1068 contrôles, seules 10 infractions ont été constatées. Deux procès-verbaux ont été dressés à l’encontre de deux magasins de journaux, lesquels avaient déjà fait l’objet d’un avertissement préalable.
Mais si la mesure est connue et qu’elle se justifie pleinement par l’ampleur des dégâts causés par un tabagisme précoce, il apparaît que son application sur les points de vente n’est pas toujours aisée. C’est pourquoi, en collaboration étroite avec les fédérations du secteur de la distribution, la FEDIS, l’UNIZO et l’UCM, Rudy Demotte , Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, a mis en place une campagne de communication qui s’adresse aux commerçants en particulier et au monde adulte dans son ensemble.
En effet, les commerçants ne sont certainement pas les seuls à devoir assumer cette mesure. Le changement d’attitude à l’égard de la consommation tabagique doit s’opérer à tous les niveaux et bien plus largement que dans les points de vente. La participation de tous est une condition incontournable au respect de l’interdiction de vente de tabac aux jeunes.
Le message de cette campagne est clair: si vous trouvez certaines situations comparables de vente aux mineurs inacceptables, alors n’acceptez pas la vente de tabac non plus et respectez les commerçants qui appliquent la loi. Sur un ton grave, on découvre un message de sensibilisation et un message de soutien aux commerçants. La campagne se décline à travers plusieurs supports: des spots télé, des affiches, des autocollants, un mailing aux commerçants. Son budget de 500.000 euros provient du Fonds fédéral de lutte contre le tabagisme.
D’après un communiqué de presse de Rudy Demotte
(1) Toutes les entités fédérées ayant approuvé la convention-cadre, la Belgique a déposé ses instruments de ratification, par la voie des Affaires étrangères, à l’ONU le 1er novembre dernier.
(2) Voir ‘Prévention tabac. Vos papiers s’il vous plaît’ , Education Santé n° 199, mars 2005.

Un vaccin contre le cancer du col

Le 30 Déc 20

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L’histoire de cet exploit vaut d’être contée.
Elle remonte à plus d’un demi-siècle. Vers 1950, le biologiste américain Peyton Rous est intrigué par le comportement anormal d’une tumeur du poulet. Ce sarcome se développe à une vitesse surprenante. Or dans les cancers que l’on connaît, il y a à l’origine une cellule mutée, qui a acquis le pouvoir d’une prolifération anormale, et le transmet verticalement à sa descendance. Il faut le temps de nombreuses générations pour que la tumeur atteigne une taille détectable. Mais dans le cas du sarcome de Rous, chaque cellule crache une bouffée de virus qui va induire la transformation tumorale dans les cellules avoisinantes. Rous introduit la notion de virus cancérigène .
Sa découverte intéressera plus les biologistes que les cliniciens, car dans le monde animal et humain, presque aucun cancer ne présente les caractéristiques de celui de Rous.
Toutefois, l’intérêt pour les virus cancérigènes renaît lorsque des épidémiologistes suggèrent que le cancer du col utérin est une maladie sexuellement transmissible. Elle est fréquente chez les prostituées, et exceptionnelle chez les religieuses. Aux Etats-Unis, un homme qui divorce quatre ou cinq fois, apporte à ses femmes successives un risque de cancer du col. Il le fait en toute innocence, car au moment où il se marie une deuxième ou troisième fois, sa première femme n’a pas encore de cancer. Il lui a transmis un «germe» de cancer qui met longtemps à «fabriquer» la tumeur.
Un virus? Les laboratoires de virologie se lancent sur la piste pour le capter – y compris mon laboratoire, à l’Institut Pasteur. Or, la mode est au virus de l’herpès génital. En effet, avant l’apparition du sida, ce virus profite déjà de la libération sexuelle pour se répandre. Des cloques apparaissent sur le pénis ou sur la muqueuse vaginale sous forme de crises récurrentes, comme dans le cas de l‘herpès labial. Entre deux poussés, le virus reste latent. Heureusement, disent cyniquement les médecins, ces cloques sont douloureuses: ainsi les crises d’herpès diminuent l’envie de faire l’amour aux moments où l’on est contagieux. Une carte pour le 14 février porte le vœu suivant: «Je te souhaite un Valentin sans herpès.»
Nous voici donc, les virologues, à rechercher le virus de l’herpès génital dans les frottis de col effectués en routine avec le test de Papanicolaou. Nous partons de l’hypothèse qu’une sorte de variant aurait pu acquérir la propriété d’un virus cancérigène. Mais nos recherches nous laissent bredouilles. Nous ne trouvons pas trace de ce virus dans les cancers du col. Ni même dans une lignée de cellules obtenue par Gey , à partir du cancer du col d’une noire américaine du nom d’Helen Lane, d’où le nom de cellules HeLa.

Une réaction immunitaire sur la piste d’un vaccin

A l’écart, modeste, doué, persévérant et charmant, le virologue allemand Harald zur Hausen étudie les virus de papillomes dénommés HPV, pour Human Papilloma Virus. Les plus courants sont étiquetés HPV 1,2,3… dans l’ordre de leur découverte. Ils sont responsables des verrues dites vulgaires, qui sont très contagieuses mais bénignes, régressant spontanément. Harald en arrive ainsi à HPV 16 et 18, et c’est dans les frottis du col utérin qu’il les trouve. Et dans les cellules HeLa se cache le HPV 18, qui se trouvait-là à notre barbe! Helen Lane était morte d’une infection par HPV 18!
De nombreuses études vont faire apparaître que:
– toute infection par HPV 16 ou 18 ne conduit pas nécessairement à un cancer;
– mais presque tous les cancers du col hébergent l’un de ces virus: ils apparaissent donc comme une cause nécessaire mais non suffisante pour le déroulement vers le cancer;
– l’infection initiale par ces virus se guérit le plus souvent d’elle-même, grâce à une réaction immunitaire . Ce point met la puce à l’oreille et suggère que l’on pourrait susciter une telle réaction au moyen d’une vaccination.
On savait, avant la découverte de l’étiologie virale du cancer du col, que celui-ci survenait après une étape intermédiaire. La première, appelée maintenant lésion de bas grade, guérit souvent d’elle-même. Sinon elle évolue vers les lésions de haut grade, véritables cancers avec risque de métastases et décès en absence de traitement.
Pour pousser les lésions de bas grade vers un cancer, un cofacteur doit intervenir. Qui donc aide le virus dans son œuvre de cancérisation? Les soupçons vont d’abord vers les hormones contenues dans les pilules contraceptives. Des enquêtes sur ce point donnent des résultats peu probants. Seules les anciennes formules de pilules à dosage hormonal élevé ont peut-être joué un rôle favorisant.
Avec des gynécologues de la région bruxelloise, nous avons suivi le parcours de femmes testées pour la présence de HPV 16 ou 18 dans le col utérin. Après une contamination sexuelle, le virus disparaît en général en quelques semaines. S’il persiste, des lésions de bas grade apparaissent endéans les quelques mois.
Beaucoup de ces lésions régressent mais pas toutes. Quels événements de la vie d’une femme empêchent cette régression, et font courir la lésion vers le cancer? Dans notre étude, qui portait essentiellement sur un rôle éventuel de la composition des diverses pilules contraceptives, aucune influence statistiquement significative ne fut mise à jour.
J’allais refermer le dossier, lorsque mon œil s’accrocha sur une colonne des tableaux: tabagisme. Mais oui, c’est vrai: les gynécologues avaient accepté de s’enquérir du nombre de cigarettes fumées et de la durée de la consommation (bien que poser cette question ne leur avait pas beaucoup plu). Alors, nous retravaillons tous les chiffres et repérons que la cigarette n’empêche pas le HPV de déclencher des lésions de bas grade, mais empêche celles-ci de régresser. Il en résulte donc un nombre de cancers plus élevé.
Loufoque, cette insinuation que des produits du tabac puissent atteindre le col utérin? Pas tellement: chez la femme qui a fumé dans les 24 heures précédentes, on retrouve dans le mucus vaginal un dérivé de la nicotine!

Un vaccin disponible dans deux ans?

Grâce à des astuces remarquables, deux firmes ont réussi à préparer un vaccin efficace. Celui conçu en Belgique par GSK a été testé aux USA, au Canada et au Brésil. Les résultats de l’essai clinique phase 2 ont été publiés dans la revue The Lancet du 13 novembre 2004. Le dossier d’enregistrement devrait être déposé en 2006, et le vaccin pourrait être prescrit en 2007.
L’essai clinique porta sur 1100 participantes et s’étendit sur deux ans et demi. Fait remarquable, les femmes ont participé activement à l’enquête, dans la mesure où elles étaient invitées à pratiquer elles-mêmes le frottis du col. Une étude antérieure avait montré que ce procédé donnait de meilleurs résultats qu’une intervention du gynécologue. Moins crispée, la femme promène mieux la petite brosse sur le col. A l’issue de l’essai clinique, des lésions liées au HPV 16 ou 18 étaient apparues chez 2,5% des femmes ayant reçu le placebo, et chez aucune des vaccinées.
S’il est appliqué dans le monde, ce vaccin pourrait sauver du décès 270.000 femmes, par an, dont plus de 80 % dans les pays en voie de développement. Le couronnement d’une belle histoire pour Harald zur Hausen. Un prix Nobel mérité?
Lise Thiry

La Conférence européenne de l’UIPES 2005

Le 30 Déc 20

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La 6e Conférence européenne de l’Union internationale de promotion et d’éducation pour la santé ( https://www.iuhpe.org ) s’est tenue à Stockholm du 1er au 4 juin 2005. Intitulée « Meilleures pratiques pour une meilleure santé », la rencontre était consacrée à l’efficacité, à la qualité et aux évidences de la promotion de la santé pour la pratique. C’est dans ce cadre général que la contribution de l’ULB-PROMES à l’évaluation de la formation des services PSE a été présentée.
L’Institut national suédois de santé publique, organisateur de cet événement, a rendu accessible l’ensemble des communications orales sur le site https://www.bestpractice2005.se . Il est possible de télécharger les documents en anglais en cliquant sur documentation et ensuite sur le nom de l’auteur .
Outre les exposés en plénière relatifs à l’intégration des évidences de la promotion de la santé dans la pratique, dans la recherche et dans les législations, les panels ont abordé l’évidence en médecine du travail, dans les systèmes de soins et dans les communautés.
Les questions d’équité ont également été débattues en plénière. Les points de vue politiques des responsables de l’Union européenne et de l’Organisation mondiale de la santé sur l’amélioration de la santé des citoyens ont fait l’objet de vifs débats par exemple autour du glissement de la promotion de la santé vers la médecine préventive notamment en matière de lutte contre l’obésité.
Concernant la promotion de la santé à l’école, nous avons pointé divers travaux dont ceux dévolus à l’approche psychosociale positive pour encourager la participation des enseignants dans les programmes (Viig N.); à la promotion de la santé mentale dans les écoles (Franze M.); aux programmes de prévention de l’alcoolisme et de l’abus de drogues chez les adolescents pour les parents (Bremberg S.); aux standards nationaux américains d’éducation pour la santé (Smith S.); à la qualité, à l’équité et à l’efficacité des services de médecine scolaire (Kivimaki H.M) et au nouveau rôle de l’infirmière scolaire (Bourène H.K) et enfin à la comparaison des approches «comportements de santé» et «compétences générales» (Guldbrandsson K. et Bremberg S.). Des présentations de ces travaux sont disponibles sur le site de la conférence (cf. supra).
Une mention toute particulière et un coup de cœur pour la présentation en atelier de l’évaluation d’un programme de promotion de la santé d’éducation parentale, par Maître Ribeiro Campos , avocate au Barreau de Rio de Janeiro qui tente de réinsérer des familles dépourvues de tout et condamnées par les tribunaux de la Jeunesse locaux.
Grande leçon d’humanité d’une dame qui se demandait ce qu’elle venait faire au sein de spécialistes de la santé publique. Son témoignage nous a montré l’étendue des ressources humaines de la promotion de la santé quand elle est utilisée par ce que j’ai envie de nommer des «justes».
Geneviève Houioux , Chercheur ULB-PROMES
D’autres infos PSE sur https://www.ulb.ac.be/esp/promes/pse

Les jeunes et le tabagisme

Le 30 Déc 20

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Le début de l’adolescence est l’âge où un pourcentage élevé de jeunes commencent à expérimenter les produits du tabac. L’enquête “Health Behaviour in School-Aged Children” réalisée dans 35 pays, destinée entre autres à analyser les comportements d’adolescents face à la consommation de tabac, révèle une augmentation spectaculaire du nombre de jeunes déclarant avoir goûté au tabac entre 11 et 15 ans.
Le tabagisme pose un sérieux problème dans nombre de nouveaux Etats membres de l’Union européenne: la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la République tchèque, la Pologne et la Hongrie figurent parmi les 12 pays affichant les taux de tabagisme les plus élevés parmi les jeunes. Ces résultats sont particulièrement alarmants lorsque l’on sait que le fait de commencer à fumer très jeune est l’un des principaux indices non seulement d’une consommation ultérieure de tabac mais aussi d’une consommation plus intense.

Garçons et filles

La proportion de jeunes fumeuses ne cesse d’augmenter dans un certain nombre de pays et de régions, et l’on décèle une certaine répartition géographique dans les différences de comportements liés au tabagisme en fonction du sexe, en particulier dans le groupe de jeunes plus âgés:
-plus de garçons que de filles fument dans les pays de l’Est;
-les différences entre les sexes sont minimes dans les pays d’Europe centrale et méridionale;
-plus de filles que de garçons fument dans de nombreux pays d’Europe occidentale et septentrionale;
-les garçons sont susceptibles de commencer à fumer plus jeunes que les filles.
Les premiers symptômes de dépendance peuvent se déclarer quelques semaines à peine après une consommation occasionnelle de tabac chez les adolescents. Il existe des indications selon lesquelles les filles développent plus vite des symptômes de dépendance à la nicotine que les garçons.

Facteurs favorisant la consommation de tabac chez les jeunes

Les raisons pour lesquelles une personne commence ou arrête de fumer sont multiples.
Amis, parents, famille
L’expérimentation du tabac intervient pendant la jeune adolescence.
La consommation de tabac commence souvent comme une activité sociale, les premières cigarettes étant offertes par des amis. L’approbation ou la désapprobation parentale à propos de la consommation de tabac en général revêt une importance capitale, tout comme l’influence des amis et des frères et sœurs. Les jeunes qui comptent des fumeurs parmi leurs amis et les membres de leur famille sont plus susceptibles de commencer à fumer à leur tour.
Esprit de rébellion
Le fait de fumer représente également un acte symbolique de rébellion, une tentative de transmettre le message que l’on est suffisamment âgé et dur. Les enfants attirés par cette assertion adolescente de la perception de l’âge adulte ou de l’esprit de rébellion semblent surtout issus de milieux connaissant un taux élevé de consommation de tabac parmi les parents, les frères et sœurs et l’entourage, et fréquentent des écoles où la consommation de tabac est courante. Les enfants susceptibles de commencer à fumer ont également tendance à avoir peu d’amour-propre, à obtenir de faibles résultats scolaires et à souffrir d’un manque de bien-être social.
Economie et publicité
La facilité d’accès au tabac, l’exposition à la publicité et la faiblesse des efforts de contrôle du tabac sont autant de facteurs encourageant les jeunes à commencer à fumer.

Que faire? La ‘Smoke Free Class Competition’

L’augmentation du prix des cigarettes est particulièrement efficace pour empêcher les jeunes de commencer à fumer et pour réduire le nombre de cigarettes fumées par les fumeurs. Les interdictions de vendre du tabac à des mineurs et les politiques de restriction de l’usage du tabac dans les écoles ou tout autre bâtiment public et sur le lieu de travail semblent également avoir prouvé leur efficacité.
Peut-être les plus importantes de toutes, les interdictions frappant la publicité pour le tabac, qui doivent couvrir tous les types de promotion du tabac – des cendriers portant la marque aux panneaux d’affichage – constituent un moyen particulièrement efficace d’aider les jeunes à éviter le tabac.
La majorité des jeunes veulent arrêter de fumer et pensent qu’ils peuvent le faire seuls, mais peu y arrivent. Bien que les filles soient plus enclines à essayer d’arrêter de fumer que les garçons, ceux-ci ont plus de chances d’y parvenir.
Les jeunes fumeurs requièrent des méthodes de sevrage adaptées à leurs besoins. Il ne suffit pas de simplement appliquer aux jeunes les techniques de sevrage conçues pour les adultes. Elles doivent être modifiées et adaptées à l’âge, à la culture, et probablement aussi au sexe.
Des programmes de prévention s’imposent qui commenceraient très tôt (à l’école maternelle / primaire) et qui seraient poursuivis tout au long du cycle d’enseignement. Ces programmes devraient, en outre, comporter des éléments spécifiques selon le sexe. Les adolescentes devraient faire l’objet d’une attention particulière car le taux de consommation assidue de tabac croît plus vite chez les filles que chez les garçons et pourrait engendrer des effets sur la santé spécifiques à la population féminine.
À titre d’exemple de programme intéressant, citons la ‘Smoke Free Class Competition’ (SFC; www.smokefreeclass.info). La SFC est un concours de classes non-fumeurs organisé dans les écoles à l’échelon européen. Les classes s’engagent à ne pas fumer pendant une certaine période allant jusqu’à 6 mois et celles qui réussissent peuvent gagner différents prix, le premier étant un voyage dans l’un des autres pays participants. Le programme a été mis en œuvre dans 17 pays, recueillant la participation de plus de 28 000 classes pendant l’année scolaire 2004/2005.
Les études destinées à évaluer l’efficacité du programme révèlent un effet à court terme consistant à différer le moment où les élèves commencent à fumer. Ce projet est financé par l’Union européenne.

Le plus grand bénéfice pour la santé publique

La prévention auprès des jeunes visant à les empêcher de commencer à fumer apporterait le plus grand bénéfice à la santé publique malgré la complexité des raisons pour lesquelles les jeunes se mettent à fumer.
Quoique de nombreuses leçons aient pu être tirées sur les diverses influences exercées sur les comportements des adolescents en matière de consommation de tabac, nombre de questions fondamentales restent sans réponse, telles que la raison pour laquelle certains jeunes expérimentent le tabac mais arrêtent rapidement de fumer alors que d’autres y goûtent et développent progressivement une dépendance à la nicotine.
Tous nos efforts devraient se concentrer sur la réponse à apporter à ces questions et sur l’approche du problème de la consommation de tabac chez les jeunes.
D’après un communiqué de presse du programme ‘Help’, soutenu par l’Union européenne (‘Les opinions publiées ne peuvent en aucun cas être considérées comme l’expression d’une position officielle adoptée par la Commission européenne’).

RRO, le retour…

Le 30 Déc 20

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En 1997 un spot de sensibilisation à la vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO) était créé. Cet outil médiatique était destiné à soutenir l’introduction dans le calendrier vaccinal d’une deuxième dose de vaccin RRO, à administrer aux enfants à l’âge de 11-12 ans.
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts… Une initiative du Bureau régional de l’Europe de l’Organisation mondiale de la santé a réveillé cette année l’intérêt pour cet outil resté sous-utilisé. En 2005, ce spot a été rediffusé à l’occasion d’une Semaine européenne de la vaccination du 17 au 23 octobre.
L’initiative était, en 1997, le fruit d’un partenariat de Question Santé, Provac et de la Société scientifique de médecine générale.
La conception du spot s’appuyait sur un double constat.
D’une part, les parents, et souvent aussi les médecins, banalisent les 3 affections (rougeole, oreillons et rubéole), qui sont considérées comme des maladies d’enfant inévitables, mais sans gravité. Cette représentation lénifiante est pourtant relativisée lorsqu’on examine les données scientifiques présentées au tableau 1, qui illustre la fréquence des complications liées aux 3 maladies et introduit une comparaison avec les effets indésirables du vaccin RRO.
Elle fait fi aussi de la douleur importante occasionnée par les oreillons et du malaise général parfois intense lié à la rougeole.

Tableau 1 – Les complications des maladies et de la vaccination

(pays industrialisés) – Méningite
– Orchite
– Décès

Complications Liées à la maladie Post-vaccination
Rougeole
– Pneumonie
– Convulsions
– Encéphalite
– Panencéphalite sclérosante subaiguë
– Décès
3,8-7,3%
0,3-0,5%
0,5-1/1.000
0,5-2/100.000
1/10.000 à 1/4.000
0
0,02-190/100.000
1/1.000.000
0,05-0,1/1.000.000
0
Oreillons – Méningo-encéphalite
18-25/100.000
0,25% (clinique) à 15/100 (subclinique)
20-30% (après puberté)
1,6 à 3,4/10.000
0
0 (avec souche Jeryl-Lynn actuellement utilisée)
0
0
Rubéole Syndrome de rubéole congénitale 1/14.000 0

D’autre part, beaucoup de jeunes adultes, qu’ils soient parents ou professionnels de santé, n’ont plus eu l’occasion de rencontrer des personnes atteintes de ces maladies. En effet, l’incidence a fortement diminué au cours des 20-25 dernières années, précisément en raison de l’introduction progressive de la vaccination des bébés (voir l’encadré sur l’objectif d’élimination de la rougeole).

L’objectif d’élimination de la rougeole

On attribue à la rougeole, annuellement, près d’un million de décès dans le monde. La grande majorité de ces décès survient dans les pays en voie de développement.
L’incidence de la maladie en Belgique a été suivie par un Réseau de médecins vigies, représentatifs de l’ensemble des médecins généralistes belges, de 1979 à 1980 et de 1982 à 2000. L’incidence obtenue via ce système de surveillance était nettement sous-estimée, mais constituait néanmoins un indicateur utile de l’évolution annuelle de l’infection. L’incidence rapportée a décru de 998 par 100.000 en 1982 à 6 par 100.000 en 1999. La surveillance via le Réseau a été considérée comme non pertinente dès 2000, en raison de l’incidence devenue trop faible.
Pour répondre aux recommandations de l’OMS, un «Comité pour l’élimination de la rougeole» a été mis en place en Belgique. Le rôle du Comité est l’élaboration d’un plan national d’action et le suivi de son implantation. La composition de ce Comité a été approuvée en mai 2003 par le Gouvernement fédéral. Les membres sont des représentants des ministres ayant la santé dans leurs compétences (au niveau fédéral, des Communautés et de la Région de Bruxelles-Capitale), des représentants d’associations de pédiatres et de médecins généralistes, des virologues et des épidémiologistes. L’objectif du plan est d’obtenir l’élimination de la rougeole en 2010. Ce ne sera possible que si la couverture vaccinale atteint 95%, aussi bien pour la première que pour la deuxième dose du vaccin contre la rougeole. L’objectif précis est d’atteindre plus de 85% fin 2007, 90% fin 2008 et de dépasser 95% fin 2009.
Le plan prévoit également la mise en place de nouveaux systèmes de surveillance. En effet, lorsqu’on arrive à obtenir des couvertures vaccinales de l’ordre de 90%, les cas de rougeole deviennent plus rares, mais des épidémies locales restent possibles. La mise en place d’un système de surveillance adapté est nécessaire afin de suivre l’épidémiologie de la maladie. Le plan vise à disposer de données épidémiologiques minimales fiables pour 80% des cas suspects fin 2008.

Dès lors, le choix a été fait d’attirer, via un spot télévisé, l’attention des parents, des enfants et (pré)adolescents, et des professionnels sur le passé épidémique de ces maladies et la vaccination qui permet de les éviter (voir encadré).

Le scénario du spot dessin animé

La première scène du spot, en coloris sépia, se déroule dans une classe presque vide, dans un décor des années 50.
Texte: ‘… Après la rougeole et la rubéole, nos écoliers sont décimés par une épidémie d’oreillons. Le pays paie un lourd tribut à ces maladies inévitables…’
Dans la deuxième scène du spot, on découvre une classe colorée, pleine d’élèves, dans un décor contemporain.
Texte: ‘… Aujourd’hui on peut éviter ces trois maladies.’
Le slogan final énonce ‘A 12 mois comme à 11-12 ans, un seul vaccin protège contre la rougeole, la rubéole et les oreillons.’

Évaluation de l’impact de la campagne de 1997

La campagne a bénéficié du dispositif légal permettant l’accès pour des campagnes d’éducation pour la santé à des espaces gratuits de télédiffusion. Il est passé sur les antennes de la RTBF et de RTL-TVI du 1 au 15/9/97, puis du 10 au 17/11/97 et enfin du 10 au 17/1/98 (soit 4 semaines au total).
Pour évaluer l’impact de cette campagne, une enquête par appels téléphoniques a été réalisée par Inra Marketing Unit en février 1998. Cinq cents personnes représentatives de la population nationale de 25 à 55 ans y ont répondu.
La vzw Omtrent Gezondheid a mené durant l’automne 1997 une campagne dont les caractéristiques étaient semblables à celle organisée en Communauté française, à une exception près: le nombre de passages du spot télévisé était beaucoup plus important en Communauté française. Nous disposons donc d’une possibilité de comparaison intéressante entre les Communautés. Notons néanmoins que l’implication de la médecine scolaire dans l’implantation de la deuxième dose RRO à 11-12 ans avait été plus précoce en Communauté flamande qu’en Communauté française.
Une question de l’enquête s’intéressait au souvenir de la campagne télévisée .
Il y avait nettement plus de personnes se souvenant avoir vu le spot RRO à Bruxelles (43%) et en Wallonie (51%) qu’en Flandre (12%). Globalement (chiffres nationaux), on constatait que le spot avait été plus mémorisé par les femmes et par les personnes âgées de 25 à 34 ans (33%, contre 25% des 35-44 ans et 20% des 45-55 ans). Le spot avait également été mieux mémorisé par les personnes ayant des enfants (32% contre 22% des personnes n’ayant pas d’enfant). La mémorisation était similaire entre les personnes de catégories sociales supérieure (27%) et inférieure (29%): ce constat confirme une bonne intelligibilité du spot.
Aux personnes qui se souvenaient avoir vu le spot était posée la question de son contenu (de quoi parlait ce spot?).
On constatait un taux plus important de non-réponses (ne se souviennent pas/ ne savent pas répondre) en Communauté Flamande (47%) qu’en Communauté française (28%). Ceci illustre l’importance de la répétition du message: les spécialistes admettent généralement qu’une campagne doit permettre à un téléspectateur de visualiser un spot au minimum à trois reprises, pour lui permettre une mémorisation du contenu (1).
Le souvenir était globalement beaucoup plus précis en Communauté française: 31% des personnes interrogées ayant vu le spot ont mémorisé comme sujet la rougeole, la rubéole ou les oreillons, 23% le vaccin et 9% la vaccination des enfants de 11-12 ans (voir tableau 2).
On remarque que l’âge (11/12 ans) ciblé lors du spot a été de façon générale moins perçu par le public.

Tableau 2 – Quel est le contenu du spot?
(question posée aux personnes se souvenant du spot)

Flandre Bruxelles et Wallonie
Rougeole et/ou rubéole et/ou oreillons 3% 31%
Vaccin 8% 23%
Maladies 22% 9%
Vaccination des enfants de 11/12 ans 3% 9%
Ecole, classe 9% confondu
Autres 25% 16%
NSP/SR 47% 28%

Cinquante-quatre pourcents des personnes interrogées déclaraient avoir un ou plusieurs enfants de moins de 13 ans. Ces personnes ont dû aussi répondre à une question sur le comportement ou l’intention de vaccination: «Allez-vous le(s) faire vacciner ou l’avez-vous déjà fait?». Nonante-deux pourcents répondaient positivement: ceci confirme que peu de parents ont une opposition franche à la vaccination RRO (voir aussi plus bas l’encadré sur l’enquête 2003 de PROVAC).

Pourquoi une campagne en 2005

Le Bureau régional de l’OMS organisait dans quelques pays une semaine européenne de la vaccination, du 17 au 23 octobre 2005. PROVAC a proposé à Madame la Ministre Catherine Fonck une participation de la Communauté française, axée sur la problématique de l’élimination de la rougeole.
PROVAC, en collaboration avec la Direction générale de la santé, a ainsi organisé un intéressant colloque «Elimination de la rougeole pour 2010 en Europe. Mise en place de stratégies en Communauté française».
Par ailleurs, pour sensibiliser le public à l’intérêt de la vaccination contre la rougeole, le spot RRO est rediffusé dans la deuxième quinzaine d’octobre et la première quinzaine de décembre.
Patrick Trefois , SCPS – Question Santé
Adresse de l’auteur: Question Santé, rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles. Courriel: question.sante@skynet.be. Internet: https://www.questionsante.org

Les couvertures vaccinales en Communauté française

La 6e enquête de couverture vaccinale a été réalisée par PROVAC en 2003, en Communauté française, Bruxelles excepté.
PROVAC constate que le vaccin contre le RRO n’a pas vu sa couverture vaccinale augmenter depuis l’enquête précédente de 1999, puisqu’elle plafonne toujours à 83%.
Dans un article récemment publié (2), le Dr Béatrice Swennen qualifie ce résultat de «médiocre» et souligne « qu’aucun seuil critique d’immunité n’est atteint pour ces trois valences .
Idéalement , pour la rubéole , 85 87 % de la population devrait être vaccinée .
Etant donnés la contagiosité et le petit nombre de sujets vaccinés qui n’acquièrent pas d’immunité contre la rougeole , la couverture à atteindre est plus élevée , soit 92 95 %.
Et enfin le taux idéal à atteindre pour les oreillons est de 90 à 92 % ».
L’enquête s’est également intéressée aux raisons de non-vaccination des enfants, notamment pour le vaccin trivalent contre la rubéole, la rougeole et les oreillons. PROVAC relève que 10,8 % des parents pensent que l’on vaccine les enfants contre des maladies qui ne sont pas graves.
Dans ce cas, les parents citent en général plusieurs vaccins. La rougeole est la maladie la plus souvent citée, viennent ensuite la rubéole et les oreillons. On constate que les hypothèses de travail posées en 1997 sont toujours d’actualité: il y a encore des efforts à faire pour modifier cette perception de maladies d’enfant banalisées…

(1) Un indice technique appelé OTS («opportunity to see») reflète cette notion: il chiffre le nombre moyen d’occasions que les personnes du public visé ont eu de voir le spot.
En combinant cet indice avec l’audience, c.à.d. le pourcentage de personnes du public visé ayant vu le spot au moins une fois, on obtient un indice calculé qui reflète l’impact d’un spot: c’est le GRP («gross rating point»).
(2) Couverture vaccinale en Communauté française, Vax Info n° 42 septembre 2005.

Assuétudes: les experts ont tiré leur plan!

Le 30 Déc 20

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Voici quelques mois, la Communauté française et la Région wallonne (1), bientôt rejointes par la COCOF de la Région de Bruxelles-Capitale, mettaient en place un groupe de travail qui avait pour tâches, dans le délai très court de 6 mois, de faire un état des lieux, d’établir un inventaire des besoins et de définir des actions prioritaires en matière de gestion des drogues.
Mission accomplie, puisque ce collège a rendu son rapport ‘Constats et recommandations en vue d’un plan concerté en matière d’assuétudes’ en juin de cette année.
Si le politique suit les recommandations des experts, il lui sera possible d’intégrer leurs idées dans l’élaboration des budgets de 2006.
Impossible de résumer ici ce document très dense de près de 80 pages, qui plaide résolument pour une approche ‘promotion santé’ des assuétudes, qui affiche une méfiance nette à l’égard des programmes préventifs mis en place par les forces de l’ordre, et souligne comme il se doit tout l’intérêt d’une bonne concertation entre entités fédérées.
Le collège des experts a formulé pas moins de 76 recommandations, qui expriment avec conviction les valeurs liées à une approche résolument non stigmatisante et non punitive du phénomène drogue. Il serait dommage que cet excellent travail reste dans les tiroirs, raison pour laquelle nous jugeons utile de vous proposer l’intégralité des propositions du collège d’experts.

Les recommandations

Principes d’une approche ‘santé’

1. Les gouvernements des entités fédérées devraient interpeller le Ministre de la Santé du gouvernement fédéral pour connaître le statut actuel de la «Note politique fédérale relative à la problématique de la drogue», ainsi que l’état d’avancement de la création de la ‘Cellule fédérale Politique en matière de Drogues’ prévue par la susdite note.
2. Le Collège d’experts suggère que les entités fédérées s’accordent sur les principes fondateurs d’une politique des drogues à laquelle chacun pourra contribuer.
3. Les experts recommandent aux différents gouvernements de prendre la décision de mener une politique des drogues englobant l’ensemble des substances psycho-actives. Par souci de clarté, il est toujours utile de les spécifier (habituellement, sans être exhaustif: alcool, tabac, drogues illicites et médicaments psycho-actifs).
4. Les experts demandent aux gouvernements de formellement affirmer que la santé constitue la dimension prioritaire comme problème et comme réponse.
5. Le Collège d’experts appelle les gouvernements à privilégier la prévention, à utiliser le terme «prévention» en spécifiant sans équivoque son objet et à s’engager à porter attention à l’évaluation des stratégies de la prévention.
6. Les gouvernements devraient adopter une terminologie qui différencie les situations rencontrées. Les termes d’usages ou de consommations, d’abus, aigus ou chroniques, et de dépendances conviennent à départager la plupart des situations.
7. Les experts appellent les gouvernements à examiner les besoins à la lumière des données disponibles.
8. Les experts exhortent les gouvernements à définir des priorités claires et des objectifs précis.
9. La stratégie de communication des politiques publiques doit faire l’objet des plus grands soins; l’adhésion du public aux objectifs affichés contribue au succès de cette communication. C’est d’autant plus vrai si des modifications de comportement sont visées.
10. Les experts invitent les gouvernements à accorder une attention particulière à cette étape, qui fait le lien entre les résultats qu’ils espèrent et les décisions très concrètes qu’ils prendront (législations, agréments de services, allocation de ressources).
11. Les experts invitent les gouvernements à s’éclairer et utiliser les ressources fournies par les acteurs de terrain et les lieux de concertation institués.

En matière de promotion de la santé

12. Le Collège rappelle que la création de la «Cellule Générale de Politique en matière de Drogues» (niveau interministériel), attendue depuis janvier 2001, est indispensable pour atteindre ces objectifs de cohérence et de coordination sur le plan de la prévention, notamment. La Communauté française et les Régions bruxelloise et wallonne y feront valoir et respecter la politique commune de prévention qu’elles auront arrêtée.
13. Le Collège rappelle la nécessité de clarification du rôle et des compétences des différentes entités fédérées en matière de prévention pour éviter la confusion sur le terrain et les effets contre-productifs de l’intervention d’acteurs dont les mandats sont par trop différents voire incompatibles. Cette clarification nécessite la reconnaissance de la définition des termes de référence dont celui, central, de «prévention» que les trois entités (Communauté française, Région bruxelloise, Région wallonne) auront adoptée.
14. Le collège demande que les interventions policières musclées (du style fouille intégrale avec chiens policiers) ou plus sournoises (caméras et souricières par exemple) soient proscrites, car contre-productives, dans l’enceinte scolaire. L’école doit être un lieu ou la pédagogie et l’éducation priment sur la prévention de la criminalité et de la délinquance. La médiatisation des opérations sécuritaires est également à proscrire.
15. Pour le Collège, la cohérence et la pertinence des interventions à des fins de prévention et d’éducation à destination du milieu scolaire, notamment, nécessitent de retirer ce type d’intervention des missions des forces de police (séances d’informations, programme MEGA et autres, etc.). Ces interventions (promotion de la santé, prévention, réduction des risques) telles que définies dans ce plan relèvent des secteurs de la santé et de l’éducation.
16. Le Collège demande que la Communauté française et notamment les ministres en charge de l’Enseignement prennent les décisions qui s’imposent pour que la politique décidée par le gouvernement de la Communauté française en matière de prévention des assuétudes (cf. Programme quinquennal de la Communauté française) soit appliquée, respectée et développée dans les écoles à l’exclusion des propositions émanant des forces de police et des institutions non reconnues par la Communauté française (et les Régions).
L’installation d’un climat et de mesures de type sécuritaire dans les établissements scolaires doit être dénoncée par les instances compétentes en matière d’éducation, d’enseignement et de santé afin de faire respecter les missions premières de l’école.
17. Le Collège demande que des moyens soient dégagés (sur les plans décisionnels, des ressources humaines, logistiques et financières) dans les différents secteurs concernés (école, jeunesse, aide à la jeunesse, santé, loisirs et sport) afin de développer une politique de prévention consistante dans les milieux de vie des jeunes et de leur entourage. Ceci afin notamment de faire face aux autres types d’initiatives non souhaitées (sectes, entreprises privées sponsorisant ou menant des programmes de prévention, forces de l’ordre, etc.).
18. Le Collège souligne la nécessité d’assurer une reconnaissance des équipes spécialisées en prévention (et donc promotion de la santé et réduction des risques) afin de garantir leur stabilité (réduire la situation de précarité des travailleurs), garantir l’investissement des deniers publics (efficience – maintenir le personnel compétent et expérimenté dans les équipes et garantir la continuité du travail sur le terrain) et dégager ces peu nombreux services de l’obligation de rentrer des dossiers annuels de demandes de subvention. Cette reconnaissance pourrait être portée à 5 ans comme c’est le cas dans les régions.
19. Le Collège rappelle que les équipes spécialisées en prévention (et donc promotion de la santé et réduction des risques) comptent aussi des travailleurs sous statut ORBEM (ACS), FOREM (APE), Maribel social, etc. Des moyens sont demandés aux pouvoirs publics afin de couvrir les frais de fonctionnement ainsi que les dépassements d’enveloppe salariale non compris dans ces types de contrats (par exemple, reconnaissance de certaines anciennetés). Il est également demandé que ces frais supplémentaires puissent être couverts par les subventions lorsque cela est possible pour le service.
20. Le Collège recommande aux représentants des entités fédérées auprès du gouvernement fédéral de tout mettre en œuvre pour que l’accord de coopération concernant le fonds Tabac soit effectif et mis en application sans délai.
21. Dans le cadre d’une approche globale des substances, le Collège recommande le développement de stratégies de réduction des risques en matière d’usage de tabac, à côté des stratégies visant l’abstinence et l’arrêt de l’usage, de manière à élargir le spectre des stratégies développées.
22. Le Collège recommande le financement d’études destinées à évaluer les effets des politiques menées en matière de tabac. Ceci afin de prévenir dès que possible les effets particulièrement néfastes de certaines mesures légales, économiques, sanitaires, etc.
23. En parallèle à l’approche globale des assuétudes – incluant donc l’alcool – le Collège recommande de soutenir les initiatives plus spécifiques relatives à l’alcool telles que décrites dans ce plan, et notamment les partenariats et autres actions intersectoriels susceptibles de permettre aux jeunes de mieux maîtriser leur rapport à l’alcool.
24. Le Collège insiste pour que ces actions, qu’elles soient de l’ordre de la promotion de la santé, de la prévention ou de la réduction des risques, s’inscrivent dans les principes et l’éthique de la promotion de la santé.
25. Le Collège souligne que des moyens accrus et des collaborations transversales doivent permettre le développement de projets de prévention et de promotion de la santé cohérents et durables. Ces projets ne sauraient être développés que sur le long terme. Les mesures à prendre doivent donc être structurelles afin de diminuer progressivement le sentiment d’impuissance de toutes les parties.
De même, l’aspect «intégré» de cette politique ne doit pas être un vain mot: il implique l’établissement du dialogue entre tous les partenaires, afin que les initiatives soient portées par tous, en tant que sujets de l’action, et pas seulement objets de l’aide ou des mesures.
26. Le Collège recommande que la «mutualisation» des financements des équipes spécialisées soit valorisée et ne fasse pas l’objet de tiraillements entre ministères dont les institutions et leurs travailleurs sont les otages. A cette fin, le Collège recommande la mise en place d’un dispositif interministériel pour l’examen et le suivi des projets transversaux recouvrant diverses compétences ministérielles (RW, CF, COCOF).
27. Le Collège souligne la nécessité de trouver des lieux permettant le rassemblement des acteurs de première ligne les plus divers, concernés et confrontés à la problématique des assuétudes sur le plan locorégional. Une étude devrait être menée afin de trouver le type de structure optimale permettant la rencontre, l’échange et la concertation entre ces intervenants.

En matière de réduction des risques

28. Le Collège insiste pour que les entités fédérées affirment leurs compétences en matière de réduction des risques sanitaires liés à l’usage des drogues.
29. Le Collège demande un soutien politique de la part des entités fédérées aux acteurs de la réduction des risques afin de leur permettre d’atteindre les objectifs de santé qui leur sont confiés et de développer de nouvelles initiatives. Ce soutien est nécessaire de manière urgente auprès de la Ministre de la Justice afin d’assurer la bonne marche des programmes d’échange de seringues et des actions de réduction des risques en milieu festif et en particulier pour permettre la mise en place d’un projet expérimental avec testing de pilules pour usagers de nouvelles drogues de synthèse.
30. Le Collège recommande de négocier des normes en terme de présence d’équipes de réduction des risques dans certains lieux festifs à risque, comme c’est le cas pour la présence de la Croix-Rouge lors de rassemblements publics.
31. Le Collège demande aux autorités fédérées d’assurer que leur cadre législatif permette le financement de projets de réduction des risques en reconnaissant la spécificité de ce travail.
32. Le Collège demande que les autorités fédérées assurent un financement adéquat tant en terme de ressources humaines que de matériel pour les dispositifs d’échange de seringues afin de couvrir les besoins de la population concernée.
33. Le Collège insiste pour que l’accès au dépistage (VIH, hépatites) et l’accès aux vaccins (hépatite B) soient facilités.
34. Le Collège recommande que des moyens soient mis à disposition pour permettre le développement de projets pilotes tels que les salles d’injection et la délivrance contrôlée d’héroïne.
35 – Le Collège insiste pour que la coopération soit effective avec le ministère de la Justice afin que les détenus puissent comme tout citoyen bénéficier des programmes de prévention et de réduction des risques mais aussi de traitements adéquats.

En matière de milieux de vie des jeunes/Enseignement

36. Le Collège recommande la promotion d’une approche positive de la santé au sein de l’école en associant tous les acteurs concernés et en s’appuyant sur les initiatives locales.
37. Le Collège invite à favoriser et à soutenir les passerelles entre le secteur promotion de la santé et le secteur de l’enseignement.
38. Le Collège estime qu’il faut développer et favoriser le travail en réseau et la mise en place de partenariats au niveau local. Il s’agit en effet de favoriser des expériences pilotes axées sur une vision positive de la santé et qui concernent tous les acteurs de l’école, voire des projets ‘santé’ inter-établissements. Ces projets devraient être accompagnés par les professionnels du secteur promotion de la santé et ceux des P.M.S. et des P.S.E.
Par ailleurs, le ‘Contrat stratégique pour l’éducation’ fait référence à l’approche territoriale par ‘bassins scolaires’. Si la définition semble encore floue, cela ouvre peut-être un contexte nouveau pouvant servir d’appui à des initiatives locales. La question reste ouverte!
39. Le Collège invite l’autorité à se positionner clairement, que des directives précises soient données:
-en matière de collaboration, en particulier avec les organismes de formation;
-en matière de recommandation aux P.S.E. et P.M.S.;
-en matière de suivi et d’évaluation.
40. Le Collège invite les autorités de l’Enseignement et de la Promotion de la santé à prendre des mesures structurelles pour dégager des moyens vers les écoles et les services spécialisés.
41. Le Collège rappelle la nécessité de travailler l’interface entre P.M.S., P.S.E. et services spécialisés.
42. Le Collège recommande que soit rendu possible l’accès des enseignants à des offres de formations et/ou d’accompagnements de projets de prévention des assuétudes liées à un projet d’établissement et/ou intersectorielles.
43. Des programmes de promotion de la santé, incluant la problématique des assuétudes, doivent impérativement toucher tous les futurs acteurs de première ligne auprès des jeunes, tous réseaux confondus et ce du fondamental à l’université. Sans oublier d’accorder une attention particulière aux internats.
44. Il faut associer et sensibiliser les parents. Des directives claires devraient être adressées aux deux fédérations des associations de parents (UFAPEC, FAPEO) pour sensibiliser et informer les différentes associations rattachées aux établissements scolaires sur la place de la promotion de la santé à l’école et l’existence des services spécialisés auxquels ils peuvent s’adresser (individuellement et/ou collectivement).
45. Le Collège recommande de procéder à l’évaluation des différents outils existants et de soutenir leur diffusion.

En matière de milieux de vie des jeunes/Jeunesse et Aide à la Jeunesse

46. Sur base de consultations et concertations avec les différents organismes (privés et publics) des secteurs de l’aide à la jeunesse et de la promotion de la santé, un repérage des besoins et des meilleures opportunités d’offres de formation et/ou d’accompagnement de projets devrait en priorité être effectué.
47. Le Collège estime qu’il faut développer des passerelles entre le secteur promotion de la santé et le secteur de l’aide à la jeunesse en stimulant l’accès à la thématique ‘assuétudes’ et en tenant compte des spécificités locales et institutionnelles.
48. Il faut favoriser le travail en réseau et la mise en place de partenariats au niveau local tels que prévus par le Décret wallon en matière d’assuétudes et y intégrer les organismes de promotion de la santé tels les CLPS. Rappelons à cet effet l’intérêt d’instituer des lieux de coordination des actions locales.
49. En matière d’offre de formation, le Collège estime que des propositions d’actions sont avancées et devraient être validées en concertation avec les principaux intéressés. Il s’agirait de:
-faire offre de formations et/ou, plus largement, d’accompagnement de projets vers le secteur jeunesse (Maisons de jeunes, organisations de jeunesse, qui sont les vraies premières lignes) et les A.M.O. (services non-mandatés, qui sont les premières lignes de l’aide spécialisée);
-faire offre de formations et d’accompagnement au secteur mandaté sur les questions institutionnelles, pédagogiques, les aspects légaux, les questions relatives aux produits, etc.;
-privilégier des offres de formations transversales et locales entre secteurs privé et public de l’Aide à la Jeunesse, si l’opportunité se dégage.
50. Il faut mettre à disposition du secteur de l’Aide à la jeunesse des moyens budgétaires pour répondre aux besoins de formations plus spécifiques intra ou intersectorielles. Le Collège propose des cofinancements venant de différents départements ministériels des entités fédérées, en fonction de procédures communes à déterminer. Le Collège rappelle qu’il faut renforcer les équipes des services spécialisés existants car, en l’absence de collaborations structurelles, les réponses ponctuelles à des demandes ne permettent pas d’avoir une politique stable en matière de personnel (difficulté d’engagement et de maintien).

En matière de soins, d’assistance et d’accompagnement

51. Le Collège encourage une réévaluation de la confection et de l’usage des catégories usuelles dans le domaine de l’action publique. Des distinctions à orientation nettement plus pragmatique pourraient être une alternative: primo-consommations, usages occasionnels ou récréatifs, usages aigus, usages chroniques, assuétudes proprement dites, usages occasionnels mais accompagnés de troubles psychiatriques patents, etc.; par exemple aussi: intervention centrée sur le consommateur, sur sa communauté éducative dans le cas de mineurs, sur l’environnement professionnel, sur les normes et les valeurs collectives, etc.
52. Le Collège propose de compléter l’offre par l’adjonction des maillons manquant régionalement; à cet effet les réseaux prévus par le Décret wallon en matière d’assuétudes seront d’une aide appréciable afin de déterminer le manque pour chaque zone.
53. Au vu de l’évolution du public bénéficiaire (augmentation de l’âge, présence féminine accrue, parentalité des patients consommateurs…), le Collège propose que l’outil ‘Centres de jour’ soit plus et mieux utilisé de par son caractère moins désinsérant et la souplesse d’adaptation qu’il offre particulièrement en terme d’insertion socio-professionnelle.
54. Le Collège encourage les coopérations au sein de réseaux de manière à ce que la diversité de l’offre soit cliniquement concertée en garantissant la place centrale des bénéficiaires comme acteurs et/ou co-acteurs de leur avenir.
55. Le Collège recommande que le temps de prestations non curatives effectuées par les médecins généralistes indépendants au sein d’équipes pluridisciplinaires, principalement les temps d’intervisions, de réunion ou de travail en réseau, puisse être rémunéré et que ce financement soit prévu dans les subventions.
56. Le Collège recommande que le temps d’intervision et de formation consacré par les médecins généralistes indépendants dans le cadre des exigences de «l’Arrêté royal sur les traitements de substitution» bénéficie d’un financement ou de l’accréditation.
57. Le Collège recommande que les activités de formation, de supervision et de recherche soient encouragées et que des budgets soient prévus à cet effet dans les subventions aux associations.
58. Le Collège insiste afin que des avancées soient réalisées en vue de garantir à tous les détenus des formules d’aide similaires à celles disponibles en dehors des murs des prisons. Ceci suppose:
-de clarifier les compétences respectives et une implication forte des ministres de la Santé des entités fédérées dans les aspects de la politique en matière de soins qui relèvent de leur compétence. En particulier le principe d’équivalence d’accès à des soins et assistance de même qualité pour les personnes détenues et non détenues doit être assuré;
-de même, d’assurer l’accès des acteurs d’organismes extérieurs dans des conditions qui permettent un travail de qualité;
-de renforcer des programmes de formation vers les agents pénitentiaires et personnel de santé des établissements pénitentiaires;
-d’assurer un accès au vaccin contre l’hépatite B pour les personnes détenues;
-de renforcer l’accessibilité aux informations de réduction des risques notamment par la généralisation des opérations boule-de-neige en prison;
-de développer l’accès aux moyens de réduire ces risques, notamment le matériel d’injection;
-d’assurer un accès aux traitements de substitution pendant toute la détention et pour tous les détenus dépendants aux opiacés qui le nécessitent ou le demandent.
59. Le Collège recommande la mise en place d’un groupe de travail réunissant des représentants des secteurs de l’Aide à la Jeunesse (Conseillers d’arrondissement de l’Aide à la Jeunesse), assuétudes (Fédito), et hospitalier (pédopsychiatres). Ce groupe de travail aurait pour mission:
-d’évaluer les besoins réels concernant les mineurs dépendants;
-d’évaluer les ressources actuellement existantes tant ambulatoires que résidentielles;
-de réfléchir aux orientations les plus à même de répondre aux besoins, entre d’une part l’option consistant à optimiser les ressources existantes (en terme de formation, complément de personnel qualifié), et d’autre part celle consistant à élaborer un projet expérimental de lieu d’accueil spécifique pour mineurs dépendants. Ces deux options ne s’excluent pas nécessairement.
60. Le Collège recommande que les Services d’aide à la jeunesse aient accès aux formations organisées par le réseau spécialisé afin d’améliorer leurs capacités à gérer les situations d’assuétudes et de développer le travail en réseau avec les structures d’aide et de soins. Un budget devrait être mis à la disposition des institutions d’Aide à la Jeunesse afin de permettre la participation à ces formations.
61. Le Collège recommande la mise en place d’un dispositif interministériel qui permette l’agrément, l’accompagnement et le financement de projets transversaux regroupant les diverses compétences impliquées dans la prise en charge des parents toxico-dépendants.

Les parents de personnes consommatrices ou toxico-dépendantes

62. Le Collège préconise une meilleure identification de la population des parents d’usagers consultant les centres spécialisés, mais aussi les Services de santé mentale «généralistes» et les centres de planning familial, permettant d’évaluer l’ampleur de la demande au moyen d’études à caractère épidémiologique.
Il recommande un inventaire des équipes, projets et initiatives (lieux d’accueil spécifiques, groupes) permettant d’évaluer les réponses données.
63. Le Collège préconise l’élaboration d’une stratégie d’information concernant les ressources d’aide auprès des parents, par l’intermédiaire d’acteurs de terrain confrontés à des situations de crise: commissariats, services sociaux, CPAS, services d’accueil des victimes, médiation pénale, associations de parents, services d’urgence hospitaliers, notamment psychiatriques, maisons médicales…
64. Le Collège recommande le soutien conjoint par la Région wallonne et la Communauté française aux initiatives d’information ou de soutien aux parents.
65. Etant donné l’aspect pluridimensionnel de ce type d’initiatives, le Collège préconise une approche conjointe Régions/Communauté française tant au niveau de l’accompagnement des projets qu’au niveau du financement.

En matière d’insertion

66. Le Collège insiste pour que le secteur hébergement-logement soit intégré, si pas aux réseaux de soins proprement dit, du moins aux lieux de concertation ‘assuétude’ à l’exemple de ce qui se fait à Liège et Charleroi dans le cadre des Relais sociaux.
67. Le Collège invite à stimuler la mise en place d’équipes spécialisées soit au sein des structures existantes, soit en dehors. Ces équipes se situeraient à l’intersection des réseaux ‘assuétude’ et ‘sociaux’.
68. Le Collège invite à stimuler la formation du secteur ‘hébergement-logement’ de manière à augmenter sa capacité à gérer les situations problématiques générées par l’usage de drogues et pour ce faire, renforcer sensiblement les normes d’encadrement pour faire face à l’accueil.
69. Le Collège encourage particulièrement les initiatives du type ‘appartement supervisé et/ou de transition’ permettant aux bénéficiaires des services d’aide et de soins, soit d’expérimenter leurs capacités à vivre seul et en autonomie, soit d’utiliser cette période de maturation avant d’orienter leurs démarches futures vers des structures de soins et/ou d’assistance.
70. Là où cela s’avère nécessaire, le Collège recommande de développer des projets pilotes «d’hôtels sociaux ». Le public concerné, plus large que celui des seuls toxicomanes, y trouverait un encadrement social permanent. Cette solution pourrait s’inscrire dans le processus d’insertion sociale là où des relais sociaux sont en place.
71 – Le Collège insiste pour que les secteurs ‘ aide à l’emploi ‘ et ‘ formation professionnelle ‘ soient intégrés, si pas au réseau de soins proprement dit, du moins aux lieux de concertation ‘assuétude’.
72 – Le Collège recommande de stimuler la formation des secteurs ‘aide à l’emploi’ et ‘formation professionnelle’ de manière à augmenter leur capacité à gérer les situations problématiques, générées par l’usage de drogues, qui se présenteraient à eux.
73 – Le Collège propose de stimuler la mise en place d’équipes spécialisées, soit au sein de structures existantes, soit en dehors, équipes qui se situeraient à l’intersection du réseau ‘assuétude’ et des réseaux ‘aide à l’emploi’ et ‘formation professionnelle’.
74. Le Collège propose de créer une offre spécifique permettant de remédier aux carences en adaptation comportementale, compétences et capacités et ce de manière à pouvoir répondre aux exigences du marché de l’emploi.

Collecte de données

75. Le Collège insiste pour que des données fiables puissent être récoltées et diffusées de manière à mieux orienter les politiques en matière d’assuétudes et de manière aussi à mieux documenter les acteurs du terrain.
76. Le Collège recommande de renforcer les organismes de recueil de données et de renforcer Eurotox dans sa mission de mise en cohérence des dites données et ce dans la perspective de ses missions en rapport avec le point focal belge et l’OEDT.
Informations fournies par Philippe Bastin , Infor-Drogues
(1) Voir l’article de Philippe BASTIN, ‘Assuétudes: les experts tirent leur plan’ , dans Education Santé n° 200, avril 2005.

Une femme belge sur quatre envisagerait une ablation radicale des seins pour réduire le risque de développement d’un cancer du sein’

Le 30 Déc 20

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Vous ne rêvez pas, vous avez bien lu le titre, c’est dans Education Santé et pas dans un journal à sensation! Au moment où la Communauté française souhaite passer à la vitesse supérieure dans l’implantation du programme mammotest, voilà le genre d’information qu’une officine de relations publiques diffuse dans l’opinion au profit d’une entreprise pharmaceutique.

Mesdames, ayez peur, nous avons la solution!

Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous les détails de cette affaire. Voici donc quelques extraits du communiqué de presse en question.

Une enquête belge menée auprès de 276 femmes à propos de leur attitude vis-à-vis du cancer du sein a révélé que 24.3% d’entre elles envisageraient une ablation des deux seins pour faciliter la prévention du développement de la maladie.
Toutefois, un nouvel essai concernant la prévention du cancer du sein, l’essai IBIS-II (International Breast Cancer Intervention Study) pourrait révéler une autre option.
(…)
Globalement, l’enquête révèle que près de la moitié des femmes redoutent l’apparition d’un cancer du sein et un quart des femmes interrogées se préoccupent tellement de réduire le risque de cancer du sein qu’elles accepteraient une ablation bilatérale des seins (mastectomie bilatérale) avant le diagnostic, si elles étaient connues pour être «à haut risque».
«Cette importante enquête déterminera la conduite adoptée par les professionnels de santé du monde entier. Le fait que tant de femmes envisagent une mastectomie bilatérale pour réduire le risque d’apparition d’un cancer du sein prouve combien il est important d’offrir d’autres options aux femmes», a déclaré le Prof. Patrick Neven de la KUL. «Nous, les médecins, nous devons réagir à ces observations non seulement en offrant aux femmes les traitements optimaux de leur cancer du sein, mais aussi en identifiant et en étudiant des méthodes qui permettent d’éviter complètement la maladie».
L’étude IBIS II concerne l’intérêt d’un traitement hormonal pris une fois par jour pour la prévention du cancer du sein chez les femmes particulièrement exposées à cette maladie. L’étude IBIS II permettra de déterminer si un traitement avec un inhibiteur de l’aromatase, un médicament contre le cancer du sein, peut également aider à prévenir le développement de la maladie, compte tenu des résultats encourageants de l’essai ATAC (Arimidex, Tamoxifen Alone or in Combination), récemment achevé et publié. Les résultats de l’essai ATAC suggèrent en effet que cet inhibiteur de l’aromatase peut prévenir jusqu’à 80% des tumeurs mammaires hormonosensibles. On estime actuellement que chaque année le diagnostic de cancer du sein est posé chez environ 7.400 femmes en Belgique et que plus de 2.700 mourront de la maladie.
(…)
Près de la moitié des femmes interrogées en Belgique ont déclaré qu’elles seraient prêtes à prendre un comprimé tous les jours pour prévenir le cancer du sein et une proportion similaire a indiqué qu’elles accepteraient de participer à une étude évaluant un tel médicament.
(…)
«L’étude IBIS II est extrêmement importante pour les femmes, en particulier pour celles qui sont exposées à un risque élevé de cancer du sein», a dit le Prof. Patrick Neven, principal investigateur de l’étude IBIS II à la KUL. «Il est capital que les femmes participent à l’essai, non seulement pour elles-mêmes mais aussi pour leurs filles, pour leur famille et pour les autres femmes du monde entier. Beaucoup d’entre nous utilisent déjà des médicaments pour la prévention des maladies cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. Imaginez donc les possibilités à l’avenir, si nous disposions d’un médicament facile à utiliser, une seule fois par jour, qui permettrait de réduire fortement la fréquence du cancer du sein».
(…)

Commentaire

Parfaitement déplacé, n’est-ce pas? Une firme utilise de façon sensationnaliste la peur de la maladie pour préparer les femmes à un éventuel traitement préventif à vie (bonjour les dividendes!) pour une molécule dont on ne saura que dans plusieurs années si elle a le moindre intérêt dans cette indication.
On nous dit aujourd’hui que cela concerne les femmes de plus de 40 ans courant un risque accru de développer un cancer du sein: cela deviendra vite toutes les femmes de plus de 40 ans.
La démarche est classique, qui consiste à obtenir la reconnaissance d’une molécule dans des indications limitées et avec un prix de vente élevé, pour étendre rapidement par la suite l’usage du produit, mais sans diminuer son prix en fonction des volumes vendus, évidemment!
Nous aurons l’élégance de ne pas citer la firme à l’origine de ce coup de pub vaseux…
Cela dit, rien d’étonnant ni d’innocent à cela quand on sait que le traitement du cancer sera bientôt le premier marché pharmaceutique (1), dépassant les médicaments anticholestérol qui sont leaders aujourd’hui.
Christian De Bock
(1)Yves Mamou, Le traitement du cancer, premier marché pharmaceutique en 2008, in Le Monde, 25 juin 2005

Help – Pour une vie sans tabac

Le 30 Déc 20

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La lutte contre le tabagisme est une priorité majeure de l’Union européenne en matière de santé publique. Le tabac représente la deuxième cause évitable de décès dans le monde (environ 5 millions de morts par an), mais la première cause en Europe: on comptabilise aujourd’hui plus de 650.000 décès annuels liés au tabac dans les vingt-cinq Etats membres de l’ Union européenne , soit un décès sur sept.
Le tabac tue un de ses consommateurs sur deux, mais il met également en grave danger la vie des non-fumeurs. Une étude parue en avril 2004 dans le British Medical Journal pointe les effets dévastateurs du tabagisme passif: selon ses auteurs, le risque de mortalité serait de 15% plus élevé chez les adultes qui partagent leur quotidien avec un fumeur/une fumeuse, même sans avoir jamais fumé eux-mêmes.
Si les adultes semblent aujourd’hui relativement bien informés sur les méfaits du tabagisme, les jeunes et en particulier les jeunes filles restent le principal groupe à risque sur lequel doivent se concentrer tous nos efforts. Conscient de cette situation, le Commissaire européen Markos Kyprianou a lancé à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac une ambitieuse campagne d’information et de sensibilisation aux méfaits du tabagisme dans les vingt-cinq Etats membres de l’Union européenne. La campagne, intitulée «Help – Pour une vie sans tabac» s’adresse en particulier aux jeunes et aux jeunes adultes. Le budget de ce programme est à la mesure du problème abordé: 72 millions d’euros, provenant des fonds de soutien à la culture du tabac.

Objectifs de la campagne

La campagne se veut d’abord au service des jeunes et de ceux qui sont en contact direct avec les réalités rencontrées par les jeunes, fumeurs ou non-fumeurs. Lors des enquêtes préliminaires au lancement de la campagne, les citoyens européens accordaient une légitimité forte à l’Union européenne dans la lutte contre le tabagisme. «Il est normal que l’Europe s’en préoccupe, après tout c’est le même problème partout» déclaraient d’une même voix des citoyens européens des quatre coins de l’Union. Cette campagne est également volontairement placée sous le signe d’un réel partenariat avec le monde de la lutte anti-tabac en Europe.
Cet esprit est développé en coordination avec le Réseau européen de prévention du tabagisme (ENSP). Il s’agit du réseau le plus important en Europe puisqu’il ne regroupe pas moins de 530 organisations. Celles-ci apportent une expertise et une connaissance irremplaçable des problématiques liées à la prévention du tabagisme.

Dispositif de campagne

Consciente de la difficulté du chemin à parcourir par le fumeur, la campagne «Help» et sa signature «Pour une vie sans tabac» n’énoncent en aucune manière un discours moral ou un jugement de valeur. Il est en effet plus réaliste, étant donné l’importance de l’effort personnel à fournir, de soutenir le jeune dans sa démarche de ne pas commencer à fumer ou d’arrêter en véhiculant un message non culpabilisant et non moralisateur. Dans cette perspective, la campagne présente une offre intégrée d’outils multiples, au service d’une mobilisation collective et positive.
Le «road show»
Il s’agit de la phase inaugurale de la campagne. L’animation prévue était composée d’une série d’éléments de grande dimension symbolisant la campagne européenne. Elle a parcouru chacune des 25 capitales européennes de mars à fin juin 2005.
La forte visibilité d’une telle présentation permet d’établir un premier contact avec les citoyens qui ont reçu, à cette occasion, des informations et des objets promotionnels. Une façon spectaculaire d’amorcer une mobilisation au service d’une grande cause. Chacune des escales du «road show» a été couplée à une conférence de presse nationale. Ainsi, à Bruxelles, nous avons eu droit aux interventions de pas moins de quatre ministres belges concernés par cette problématique: Rudy Demotte , Inge Vervotte , Catherine Fonck et Bernd Gentges .
Les spots TV
Trois spots, déclinés chacun sur un des trois thèmes (la prévention, la cessation, les dangers du tabagisme passif), sont diffusés dans les 25 Etats membres depuis le mois de juin. Afin d’évaluer le bon fonctionnement, l’agrément, l’adhésion et l’impact potentiel de cette campagne publicitaire dans les différents pays européens, un dispositif de tests qualitatifs particulièrement élaboré a été réalisé (voir ci-dessous).
La diffusion d’articles de presse
Des communiqués de presse diffusés à un rythme mensuel, permettent de fournir des informations de santé et de suivre les diverses actions menées en matière de prévention du tabagisme. La conception et la diffusion de cette information ‘made in Europe’ dans les médias européens auront un effet accompagnateur, prolongateur et multiplicateur des actions de la campagne «Help». Cette phase, mise sur pied en coopération avec la structure de l’ENSP, est rendue possible grâce à l’implantation d’un réseau européen de correspondants médias dans les 25 Etats membres.
Le site Internet
Le portail d’information https://www.help-eu.com a pour but de délivrer une information objective et factuelle et dans leur propre langue à tous les citoyens de l’Union européenne. Ce site constitue une plate-forme d’accès vers les organisations susceptibles d’aider à arrêter de fumer ou à ne pas commencer. Il renvoie également aux actualités, dossiers, newsletters, ainsi qu’aux expériences réalisées dans d’autres pays. Le site deviendra également un lieu de rencontre pour les plus jeunes où des contenus spécifiques à leur intention seront développés pour eux, mais aussi et surtout, par eux.
Les événements européens
Tout au long de la campagne, des événements seront organisés. En 2005, les promoteurs envisagent la création d’un organe de consultation des jeunes européens. Cette initiative réunira une délégation de jeunes provenant de chacun des Etats membres. Son fonctionnement sera celui d’un véritable forum où les thèmes (prévention et cessation du tabagisme) seront abordés et débattus en présence d’experts et de responsables politiques européens. Le vote de résolutions ou de recommandations sera également à l’ordre du jour.
Un dispositif de pré-test très évolué
Il s’agit d’un dispositif d’une ampleur considérable sans doute sans précédent dans le domaine de la recherche sociale en matière de tabagisme. Développé par la firme Ipsos Santé, pas moins de 38 réunions de groupes focalisés réunissant environ 10 personnes, ont été réalisées dans 20 pays de l’Union représentant à la fois les différentes zones géographiques, les statuts tabagiques, les classes d’âges et la diversité sociale. Près de 400 personnes ont ainsi été interrogées de façon approfondie.
Cette étude constitue une base de données d’une grande richesse à partir de laquelle des analyses pourront être menées sur les attitudes et les comportements à l’égard du tabac. Le premier enseignement de l’étude réside dans la possibilité de mettre en place une campagne de communication potentiellement efficace sur le thème du tabac dans l’ensemble de la zone européenne, même si, répétons-le, des adaptations linguistiques et culturelles, décidées avec les partenaires nationaux, sont possibles.
Christian De Bock , d’après le dossier de presse de la campagne

Tabac: chiffres moroses

Le 30 Déc 20

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Pas de diminution du nombre des fumeurs en Belgique

En avril 2005, 29 % des belges fumaient quotidiennement, et 4 % de façon occasionnelle. Ceci ressort d’une enquête menée du 7 au 26 avril 2005 auprès d’un échantillon représentatif de 2.046 Belges, âgés de plus de 15 ans. Cette enquête a été effectuée par IPSOS (anciennement INRA) à la demande de la Fondation contre le Cancer. La marge d’erreur est de 2,1 %.
Un peu plus d’un an auparavant, en décembre 2003 et janvier 2004, sur base d’un échantillon de 2.002 personnes, il apparaissait que la proportion de fumeurs quotidiens s’élevait à 28 %. Cette enquête fut menée par INRA sur base de la même méthodologie que celle utilisée par IPSOS, mais à la demande, cette fois, de l’Institut flamand pour la promotion de la santé (VIG) et de la Fondation contre le Cancer.
Il n’y a pas de différence statistiquement significative entre le pourcentage de fumeurs au début de 2004 et en avril 2005.
Quelques détails:

Pourcentage de fumeurs quotidiens par sexe

Hommes

35
Femmes 24

Pourcentage de fumeurs quotidiens par région

Flandre

28
Bruxelles 28
Wallonie 31

Pourcentage de fumeurs quotidiens par classe sociale (de 1 la plus élevée à 8)

1-2

26
3-4 29
5-6 34
7-8 28

Pourcentage de fumeurs quotidiens par activité professionnelle

Sans activité professionnelle

24
Indépendants 24
Employés 27
Cadres 30
Ouvriers 41
Demandeurs d’emploi 57

Source: Fondation contre le Cancer, chaussée de Louvain 479, 1030 Bruxelles.
Informations communiquées à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai.

Le nombre de jeunes fumeurs ne chute pas

La consommation de tabac chez les jeunes de 10 à 17 ans ne diminue pas. C’est ce que met en lumière une enquête réalisée auprès de 2.196 jeunes de 10 à 17 ans par le CRIOC à la demande de la Fondation Rodin.
L’âge, l’orientation scolaire et l’environnement fréquenté (amis, école, famille) sont des éléments essentiels dans la consommation de tabac et dans la perception qu’en ont les jeunes.
A 10 ans, il n’y a qu’1% de jeunes qui fument (encore heureux à cet âge-là! –ndlr), mais ce pourcentage augmente rapidement. A 11 ans, il atteint déjà 5%, à 12 et 13 ans 7%, chez les jeunes de 14 ans il est de 14%, à 15 ans il est de 23%, à 16 ans de 29%, et chez les jeunes âgés de 17 ans il atteint 32%.
C’est donc surtout à partir de 13 ans que le nombre de fumeurs augmente rapidement. La tranche d’âge des 10-12 ans est dès lors critique pour ceux qui deviendront des fumeurs ou qui resteront des non-fumeurs.

L’importance de l’entourage

C’est à 13 ans qu’en moyenne les fumeurs grillent leur première cigarette. Le plus souvent, celle-ci est proposée par des amis (77%). A peine 3% des jeunes fumeurs décident de fumer leur première cigarette sans que celle-ci ait été proposée par un tiers.
Il y a aussi plus de fumeurs dans l’enseignement technique, professionnel et artistique. C’est là que l’on trouve le pourcentage le plus élevé de jeunes qui continuent à fumer après avoir essayé de fumer une fois (plus de 7 sur 10 qui ont essayé).
Près de 2 jeunes sur trois affirment n’avoir jamais fumé. Les non-fumeurs sont plus nombreux dans les environnements non-fumeurs (qu’il s’agisse de la famille, de l’école ou des amis). Quand les parents ne fument pas, les jeunes sont plus nombreux à ne pas avoir l’intention de fumer, même si le fait de fumer semble considéré par certains jeunes comme un rite de passage de l’enfance à l’adolescence.
Sur le plan de la communication entre parents et enfants, il y a encore des progrès à faire: dans deux familles sur trois, les parents ne demandent pas à leurs enfants s’ils fument. C’est en dessous de 14 ans que la question est le moins souvent posée. Or, un dialogue qui s’instaure tôt dans la famille peut réduire le risque pour l’enfant de devenir fumeur.

Dépendance

83 % des jeunes fumeurs reconnaissent leur dépendance au tabac. Et la difficulté d’arrêter de fumer: près de deux jeunes fumeurs sur trois déclarent avoir essayé d’arrêter de fumer, sans succès. La dépendance au tabac survient rapidement chez les jeunes fumeurs.
Plus de la moitié des jeunes (54%) ne croient pas que la première cigarette puisse entraîner de conséquences graves et irréversibles pour la santé. Plus grande est leur dépendance, plus les jeunes minimisent leur perception négative du tabac.
La perception des fumeurs par les jeunes n’est pas globale. L’opinion la plus répandue est que le fumeur agit ainsi par habitude, pour imiter les autres, ou à cause du stress. Cette raison est plus fréquemment citée par les fumeurs les plus dépendants.

Recommandations

L’étude souligne la nécessité de:
-concentrer la politique de prévention et de lutte contre le tabagisme sur la population des 10-14 ans, en s’appuyant par exemple sur les jeunes non-fumeurs qui sont somme toute majoritaires et qui ont besoin d’être valorisés dans leur attitude;
-mener des actions en fonction du fait que dans les écoles où il est interdit de fumer, le nombre de fumeurs est moindre;
-renforcer le rôle des parents en matière de prévention et d’information vis-à-vis de leurs jeunes enfants. Le fait de ne pas fumer est le meilleur exemple;
-accorder davantage d’attention aux milieux sociaux défavorisés;
-définir des actions ciblées pour les 14-18 ans;
-renforcer la stratégie d’intervention en matière de sevrage dès la fin de l’école secondaire.
Etude complète accessible sur le site https://www.crioc.be Information communiquée à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai.

Mobilisation contre la pauvreté

Le 30 Déc 20

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«Nous ne somme pas égaux devant la pauvreté. Ensemble, créons la dynamique de l’Europe sociale»

Le CPAS de la Ville de Bruxelles, après avoir répondu aux Appels à proposition de la Commission européenne, a été sélectionné pour mener une campagne de sensibilisation sur la politique européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale dans les Etats membres.
A l’occasion de la journée de lancement de la campagne, le CPAS bruxellois a convié les parlementaires européens membres de la Commission de l’Emploi et des Affaires sociales à réfléchir à cette problématique essentielle.
«Comment aborder la lutte contre la pauvreté en Europe? Quelles sont les solutions? Comment harmoniser les politiques sociales des différents pays de l’Union?», autant de questions auxquelles les parlementaires ont été invités à répondre. Ceux-ci ont exprimé leur souhait et leur détermination de voir la priorité donnée à la lutte contre la pauvreté, pour construire une Europe sociale.
Force est de constater qu’il n’y a pas de solution toute faite pour atteindre les objectifs fixés en mars 2000 à Lisbonne, où le Conseil européen des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne s’était réuni et avait pris l’engagement de «prendre des mesures pour donner un élan décisif à l’élimination de la pauvreté pour 2010.»
En effet, depuis l’élargissement de l’Europe à 25 Etats membres, la réussite d’une Europe sociale est fortement compromise. Les 15 premiers pays de l’Union ont mis en place des systèmes de protection sociale relativement efficaces, alors que la plupart des nouveaux Etats membres ont des systèmes de remboursement des soins et des médicaments, d’allocations de chômage et d’aide sociale quasi inexistants. Par exemple, en Autriche, l’aide sociale est accordée, si la personne a épuisé ses moyens propres, jusqu’à amélioration de la situation, et une aide à la recherche d’emploi est également offerte. En revanche, en Slovénie, l’aide ne peut excéder 3 mois…
Actuellement, 70 millions de personnes vivent encore en dessous du seuil de pauvreté.
«C’est une réalité que nous devons regarder en face, explique Yvan Mayeur , Président du CPAS de la Ville de Bruxelles. Aujourd’hui plus que jamais, il apparaît essentiel de construire des synergies entre tous les responsables politiques pour étudier des problèmes perceptibles et prévisibles avant que nous nous retrouvions dans des situations de crise sociale.
Nous devons absolument nous rendre compte que sans les systèmes de protection sociale existants, les 70 millions de personnes en risque de pauvreté pourraient se doubler dans la nouvelle Europe. Ce danger concerne toutes les Européennes et tous les Européens. Il est fondamental que nous débattions collectivement.»
De cette façon, l’ambition du CPAS de Bruxelles est de divulguer des données précises et objectives en direction des gens qui souhaitent participer au changement pour l’amélioration du bien-être social. Des affiches et des brochures sur le sujet ont été réalisées. La campagne a aussi pour but d’interpeller les gens, de leur demander leur avis et leurs idées pour construire ensemble une Europe plus sociale. Pour ce faire, le cellule «Europe» du CPAS écoutera toutes les réactions. N’hésitez pas à les contacter et à rejoindre le mouvement!

Pour toute proposition, information ou documents supplémentaires: Rita Glineur (rglineur@cpasbru.irisnet.be) et Marie-Paule Connan (connan.mariepaule@chello.be), Cellule Relations publiques/Europe. Tél. 02 543 60 22. Internet: https://www.cpasbru.irisnet.be

Fin (provisoire?) des rencontres cannabis

Le 30 Déc 20

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La troisième rencontre organisée au théâtre du Vaudeville par la FEDITO bruxelloise (1) portait sur le social et la santé. Même si les organisateurs étaient plus dubitatifs qu’avant les vacances quant à la tenue rapide d’un débat politique sur la question, les témoignages d’observateurs privilégiés du phénomène ‘cannabis’ n’en furent pas moins intéressants.
Une fois de plus animée de maîtresse façon par Jacques Bredael (et non Jean-Jacques Jespers, comme le dit étourdiment un intervenant), la matinée nous donna l’occasion d’entendre un premier bilan de la ‘Clinique cannabis’ ouverte récemment à l’Hôpital Brugmann, et qui semble avoir trouvé sa vitesse de croisière après des débuts hésitants (certains estiment d’ailleurs qu’identifier la substance de manière aussi explicite dans une offre de service n’est pas l’idéal pour inciter l’usager à consulter s’il en ressent le besoin).

Les lignes de force de la FEDITO bruxelloise

L’engouement actuel des jeunes (surtout les moins de 25 ans) pour le cannabis ne fait aucun doute, mais il reste un sujet tabou.
Impossible de s’y retrouver dans les dispositions légales, encore plus floues et chaotiques depuis un arrêt de la Cour d’Abitrage d’octobre 2004 annulant les notions d’usage problématique et de nuisance publique: il faut une loi cohérente et structurante.
L’interdit est inadapté à la situation actuelle du terrain.
L’information et l’éducation des familles et de la communauté scolaire doit être améliorée. Il serait même utile que des cours abordent la question sans a priori.
Pas de banalisation exagérée, mais pas de diabolisation inefficace non plus. Il y a des psychotropes, comme l’alcool, qui font plus de dégâts sans susciter de réactions hystériques.
D’après un communiqué de presse (très) résumé de la FEDITO bruxelloise

Parmi les autres interventions, il y eut l’ouverture vers l’approche ‘wallonne’ du problème avec Jacques Van Russelt , président de la FEDITO wallonne, plutôt en phase avec ses hôtes bruxellois.
Plus percutante fut la prise de parole de Marcel Vanhex , des Centra voor Alcohol – en andere Drugproblemen (Limbourg), qui qualifia l’approche flamande du cannabis de ‘scientifique’ tout en estimant l’approche francophone ‘pamphlétaire et politique’. Il insista sur le fait qu’il n’y a pas matière à débat en Flandre sur cette question, et qu’il importe de ne pas banaliser le cannabis d’une part et de rappeler haut et fort sa dangerosité d’autre part. Cette prise de position avait au moins le mérite de sortir l’assemblée d’un discours ‘libéral’ parfois un peu convenu. Bien qu’aucune allusion n’y ait été faite pendant la matinée, on peut se demander si cette absence de débat dans le Nord du pays n’est pas imposée par la crainte qu’ont les partis démocratiques flamands de heurter de front (c’est le cas de le dire…) la puissante extrême-droite qui risquerait de tirer profit du ‘laxisme’ des autres, s’appuyant sur une opinion politique très chatouilleuse pour des raisons sécuritaires plutôt que de santé publique.
On ne s’étonnera pas qu’en conclusion, Serge Zombek plaida en faveur de l’engagement citoyen des experts plutôt que pour leur neutralité scientifique, message que certains d’entre eux entendent bien sûr depuis longtemps: je pense en particulier au pharmacien Jean-Paul Brohée (APB) qui rappela qu’une majorité des membres de son association estiment qu’il faut légaliser et garantir la qualité des produits; à Pascale Jamoulle , dont nous avons souligné plusieurs fois ici le remarquable travail d’anthropologue au plus près du terrain dans les quartiers populaires de la région de Charleroi, observatrice attentive de la ‘socialisation’ des jeunes par le développement de l’économie souterraine et qui affirma avec sa conviction habituelle que l’impact délétère de l’interdit sur le cannabis dans les quartiers déshérités oblige à prendre une position antiprohibitionniste; à Anatole Bakanamwo , qui nous expliqua avec beaucoup d’humour et de modestie le difficile travail de rue dans le quartier Matongé d’Ixelles. Il n’est pas simple d’aider sans porter de jugement des ex-enfants soldats ayant perdu tout repère…
Une anecdote spectaculaire pour terminer: Patrick Moriaux , député fédéral, auteur en 2000 d’une proposition de loi dépénalisant l’usage du cannabis (assortie d’une série de conditions précises), s’indigna de l’absurdité d’un pays où on laisse prospérer un gros dealer par ailleurs agent de footballeurs internationaux alors qu’on suspend pour 6 mois un jeune joueur qui a fumé un joint et a subi un contrôle antidopage positif au cannabis. De qui se moque-t-on?
Pour le reste, forte de l’intérêt suscité par ces trois matinées, la FEDITO prendra l’initiative de formaliser une réflexion plus permanente sur l’impact de la loi actuelle et sur le rôle que pourraient jouer les acteurs de terrain dans l’élaboration d’une législation mieux en phase avec notre époque.
Christian De Bock
Rencontres cannabis, FEDITO, rue du Président 55, 1050 Bruxelles. Sur le site https://www.feditobxl.be , vous pouvez prendre connaissance des ‘Réflexions du secteur toxicomanie bruxellois’, parues début 2005 (document de 12 pages également disponible en une ‘version longue’ sur papier de 80 pages qui comprend en plus les actes de la journée ‘Cannapistes’).
(1) Voir DE BOCK C., ‘Cannabis: un bon Vaudeville’ , Education Santé n° 203, août 2005 pour les épisodes précédents.

15 ans de droit à l’avortement en Belgique

Le 30 Déc 20

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Dans une société démocratique, qui reconnaît à ses citoyens le droit à disposer librement de leur corps et de leur vie, il ne s’agit pas d’être pour ou contre l’avortement, il s’agit d’accepter que chacun puisse faire des choix libres et éclairés à tous les moments de sa vie. La démocratie c’est donc aussi accepter que les femmes et les couples choisissent d’avoir un enfant au moment où ils le souhaitent et décident parfois de ne pas devenir parents lorsqu’une grossesse non désirée survient.
Depuis le 3 avril 1990, une loi belge dépénalise partiellement l’avortement, la loi Lallemand-Michielsen. Cette loi permet l’accès à l’interruption volontaire de grossesse pour toutes les femmes, quel que soit leur âge, leur état civil ou leur origine, dans de bonnes conditions médicales et sanitaires, avec un soutien psychologique. Les avortements peuvent être pratiqués à l’hôpital ou en centres extra-hospitaliers, mieux connus à Bruxelles et en Wallonie sous le nom de centres de planning familial.
La loi fixe le délai maximum de l’intervention à 12 semaines de grossesse lorsque la femme se trouve en situation de détresse sociale, psychologique ou économique. Au-delà de ce délai, seules des raisons médicales liées à la santé de la mère ou de l’enfant peuvent être invoquées pour pratiquer une interruption thérapeutique de grossesse. Cette dernière se pratiquera toujours en milieu hospitalier.
La loi reconnaît aussi au médecin le droit de ne pas pratiquer l’IVG si ses convictions personnelles lui font obstacle; il est alors tenu d’en informer la patiente et de l’aiguiller vers un autre médecin. Depuis 2 ans, une convention établie entre l’INAMI et les centres extra-hospitaliers permet le remboursement de l’IVG. L’avortement est donc désormais pris en charge financièrement par la société, pour les personnes bénéficiant d’une couverture sociale.
La Belgique n’a rien à envier à l’Europe: la loi de 1990, même si elle maintient l’avortement dans le code pénal, est une bonne loi. Faut-il rappeler qu’en Irlande, au Portugal, en Pologne et à Malte, les femmes avortent encore dans la clandestinité?

La pratique de l’IVG aujourd’hui en Belgique

Les méthodes
Deux méthodes sont utilisées en Belgique pour interrompre artificiellement une grossesse. Le choix dépend entre autres de l’âge de la grossesse.
La méthode chirurgicale par aspiration est utilisée entre 6 et 12 semaines de grossesse. Elle est généralement pratiquée sous anesthésie locale, le recours à l’anesthésie générale étant cependant possible en milieu hospitalier. Selon le rapport de la Commission d’évaluation, cette méthode a été utilisée pour plus de 3/4 des IVG pratiquées en 2003.
La méthode médicamenteuse par absorption de mifépristone (Myfégine®), une substance antiprogestative, est pratiquée jusqu’à 7 semaines de grossesse. Ce médicament est commercialisé en Belgique depuis septembre 2001. L’IVG se déroule en deux étapes: l’absorption de la pilule abortive qui arrête l’évolution de la grossesse et l’expulsion de l’embryon, 36 à 48h plus tard.
Les lieux
La loi prévoit que l’avortement doit être pratiqué dans «un établissement de soins où existe un service d’information qui accueillera la femme enceinte et lui donnera des informations circonstanciées…».
Concrètement, l’avortement est pratiqué soit en milieu hospitalier, soit en centres extra-hospitaliers. Ces derniers se sont développés différemment selon les régions. La grande majorité des IVG y sont pratiquées.
Hôpitaux et cliniques
Certains hôpitaux sont à la base de la militance pour l’accès à l’avortement et ont le souci d’accueillir les demandes d’IVG dans de bonnes conditions.
Mais, le plus souvent, les hôpitaux et les cliniques apparaissent comme des structures peu adaptées à recevoir ces demandes. Ils n’offrent ni l’accueil ni l’accompagnement proposés dans les centres de planning familial. C’est souvent le médecin seul qui mène l’entretien préalable à l’intervention, sans l’appui d’un psychologue. L’acte est généralement peu valorisé. On assiste également dans certains hôpitaux à un nombre exagéré d’anesthésies générales et donc d’hospitalisations, ce qui ne correspond pas nécessairement à l’intérêt de la femme.
D’autres hôpitaux choisissent de renvoyer systématiquement les demandes d’IVG vers les centres de planning familial, mettant en avant l’accueil spécifique que ces derniers réservent aux demandes d’IVG. Cette attitude tend à se développer.
Les centres d’avortements en Flandre
Avant la loi de 1990, les centres de planning familial néerlandophones (CGSO), subissant une pression plus ferme de l’Eglise catholique, n’avaient pas intégré les interruptions de grossesse dans leurs activités. Elles étaient réalisées par d’autres centres, peu nombreux et répartis géographiquement afin de couvrir au mieux la demande de la population flamande: Gand, Anvers, Hasselt, Ostende et deux centres à Bruxelles.
Aujourd’hui, il existe donc 6 centres IVG pour 6 millions d’habitants et les centres de planning familial ont été supprimés. Avant le 1er janvier 2003 et la convention avec l’INAMI, les centres d’avortements ne bénéficiant d’aucun subside régional ou communautaire, fonctionnaient uniquement sur fonds propres. Le facteur de survie de la structure était alors prépondérant au détriment de l’accompagnement psycho-social des femmes.
Aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée et les centres d’avortements proposent des services d’excellente qualité. Cependant, notre expérience en centre de planning familial nous amène à nous questionner sur ces points: la rencontre avec la patiente n’existe qu’autour de la question de cette interruption de grossesse, il n’y a donc pas de suivi après l’IVG sur les questions de contraception; le droit à la discrétion pour les femmes qui s’y présentent et qui sont donc identifiées comme des femmes en demande d’avortement, et, enfin, le petit nombre de centres proportionnellement à la population.
Les 6 centres d’avortements ont déclaré, en 2003, 6344 IVG alors que les 29 centres de planning familial répartis à Bruxelles et en Wallonie en ont déclarés 7063.
Les centres de planning familial à Bruxelles et en Wallonie
Il existe 97 centres de planning familial, 29 d’entre eux pratiquent les IVG: 14 en Wallonie et 15 à Bruxelles. Tous sont membres du GACEHPA, Groupe d’action des centres extra-hospitaliers pratiquant l’avortement.
La pratique liée à l’IVG développée dans les centres de planning familial est unique en Europe: une équipe pluridisciplinaire composée de médecins, psychologues, assistants sociaux, juristes et éventuellement de conseillers conjugaux et de sexologues, travaille de concert à la prévention en santé sexuelle et affective, propose des consultations spécialisées et accompagne les femmes dans leur choix en cas de grossesse non désirée. Ceci implique qu’une même équipe peut rencontrer une jeune femme en animation scolaire et l’accueillir dans le centre pour lui prescrire sa contraception.
Chaque échec de contraception amènera l’équipe à remettre sa pratique en question. Ce suivi nous apparaît comme primordial et indispensable pour mener à bien un travail de prévention et de consultation efficace.
Lors d’une demande d’IVG, un premier entretien entre la patiente et une accueillante permet de clarifier la demande, de discuter du choix dans le respect de la personne et sans influencer sa décision. La patiente rencontre ensuite le médecin pour un examen gynécologique et pour définir le choix de la méthode. Un délai de 6 jours de réflexion est obligatoire entre ces premières rencontres et l’intervention. L’IVG chirurgicale est pratiquée par le médecin et en présence de l’accueillante. L’IVG médicamenteuse implique deux visites de la patiente, toujours en présence du médecin et de l’accueillante. Une visite de contrôle est prévue deux semaines après l’intervention avec le médecin et éventuellement l’accueillante.
Les centres contre l’avortement
Il existe encore des centres qui s’auto-proclament de planning familial mais qui sont en réalité des centres opposés au droit de choisir, radicalement contre l’avortement. Ces centres n’hésitent pas à tromper les femmes qui se présentent chez eux avec une demande d’interruption de grossesse en prétendant les accompagner dans ce choix tout en leur tenant un discours culpabilisant, en les trompant si nécessaire sur l’âge de la grossesse, en fixant des rendez-vous hors délai. Il nous faut déplorer l’existence de tels centres à Bruxelles et en Wallonie.
D’après le dossier de presse de la Fédération laïque des centres de planning familial. Adresse: rue de la Tulipe 34, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 502 82 03. Fax: 02 503 30 93. Courriel: flcpf@planningfamilial.net. Internet: https://www.planningfamilial.net .

Deux idées fausses à propos de l’avortement

Légaliser l’avortement revient à en augmenter le nombre
Il est indispensable de se rappeler que les femmes ont toujours avorté, que l’avortement soit légalisé ou non. La différence fondamentale apportée par la légalisation est l’assurance d’une intervention réalisée dans des conditions médicales, sanitaires et psychologiques dignes.
La légalisation de l’avortement n’augmente pas le nombre d’avortements mais elle évite à 99% les complications médicales, elle permet l’accompagnement psychologique des femmes dans leur prise de décision, au moment de l’intervention et après. Pour la majorité des femmes, en Belgique, le recours à l’avortement est unique et accidentel, il n’est en aucun cas assimilé à une méthode contraceptive.
Les chiffres disponibles
Le rapport 2002-2003 de la Commission d’évaluation fait état de 10.380 IVG déclarées en 1993, et de 15.595 dix ans plus tard, en 2003.
On pourrait donc croire à une augmentation de 50 % des IVG en 10 ans. Il n’en n’est rien et la Commission elle-même est la première à le souligner. Ces chiffres sont établis sur base des déclarations des institutions pratiquant l’avortement. Ces déclarations tendent à s’améliorer au fil des années et nous arrivons peu à peu à une généralisation progressive de la communication des données par les institutions pratiquant l’avortement. Il est certain que la convention INAMI, effective depuis le 1er janvier 2003, favorise une déclaration quasi systématique des avortements pratiqués en centres extra-hospitaliers.
Par contre, si certains hôpitaux participent à ce processus de communication, d’autres semblent plus réticents à révéler leurs chiffres, les raisons variant probablement, selon les tendances philosophiques, entre l’envie d’échapper à la lourdeur administrative des déclarations et la volonté de ne pas associer son établissement à l’image de l’avortement.
Cependant, notre travail de terrain nous permet d’affirmer que les centres n’ont pas, eux, observé de variation significative dans le nombre de demandes.
Dans une société où l’on a accès à la contraception, l’avortement devrait disparaître
La contraception permet aux femmes de contrôler dans une certaine mesure leur fécondité. Il faut donc commencer par leur donner l’accès financier et «éducatif» à cette contraception.
Mais quoi qu’il en soit, l’usage de la contraception n’est pas infaillible: près de la moitié des avortements pratiqués en 2003 sont le résultat d’une mauvaise utilisation ou de l’inefficacité de la méthode contraceptive choisie. D’autre part, les questions de la sexualité, de l’amour et du désir ou non d’enfant relèvent aussi, surtout, de l’irrationnel. Et cette donnée-là ne sera jamais contrôlable…

L’interruption volontaire de grossesse

L’Union nationale des mutualités socialistes a publié une brochure rappelant les grandes lignes de la loi.
Quand un avortement peut-il être pratiqué? Dans quelles conditions sanitaires et médicales? A partir de quel âge? Quelles sont les garanties de confidentialité?
Elle aborde les aspects pratiques: à qui s’adresser? Quelles sont les différentes méthodes? Quels sont les risques? Quel suivi est pratiqué?
Un chapitre est également consacré aux obligations légales du médecin qui pratiquera l’IVG.
Enfin, la brochure insiste sur le fait que l’IVG doit rester l’ultime recours en cas d’échec de la contraception, qu’il faut investir dans la prévention et continuer à informer les femmes et les hommes sur les méthodes de contraception qui permettent d’éviter les grossesses non désirées.
La brochure est disponible gratuitement aux guichets de la Mutualité socialiste et dans les centres de planning familial des Femmes prévoyantes socialistes .
Vous pouvez également la demander au Département communication de l’UNMS , rue Saint Jean 32 38 , 1000 Bruxelles . Tél .: 02 515 05 59 ( Johanna Biasetto ) ou par courriel à unms@mutsoc.be .
Les surfeurs pourront télécharger la brochure sur le site https://www.mutsoc.be

Tom & Babette. Apprendre à bien manger en s’amusant

Le 30 Déc 20

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Lancée par un médecin nutritionniste, l’exposition itinérante «Tom & Babette – Explorateurs du goût» a séduit la Communauté française et la ministre Catherine Fonck, en charge de la santé, mais aussi les nombreuses écoles qui s’alignent sur la liste d’attente des établissements intéressés. Ce programme d’éducation nutritionnelle destiné aux enfants de 6 à 12 ans est en effet original et mise sur l’amusement et la participation active.
Véritable complément aux programmes d’information sur l’alimentation saine dispensés dans les écoles, l’exposition «Tom & Babette – Explorateurs de goût» accueille les enfants et les fait participer activement et de manière ludique. « Dans ma pratique clinique , j’ai constaté , comme bien d’autres , que les problèmes de poids non seulement tendaient à augmenter déjà chez les plus jeunes , mais qu’en plus , il était difficile d’y remédier lorsque l’obésité est installée , lorsque les mauvaises habitudes alimentaires sont prises , explique le Dr Anne Boucquiau , conceptrice de l’exposition, aujourd’hui responsable de la Cellule Santé au cabinet de la ministre Fonck. Alors , j’ai décidé de lancer un projet qui travaillerait en amont , sur la prévention . Je l’ai monté en fonction des attentes des enseignants qui souhaitaient un produit fini . Je l’ai conçu en collaboration avec d’autres professionnels spécialisés dans l’organisation d’événements , d’un psychologue du développement du goût , mais aussi avec le soutien de structures locales qui pouvaient l’accueillir . Il fallait aller chercher les enfants là où ils se trouvent et où ils sont réceptifs à des messages de prévention , l’école . D’où l’idée d’une exposition itinérante capable de se déplacer aux quatre coins de Bruxelles et de Wallonie . Nous avons donc établi des contacts avec tous les partenaires possibles , des services provinciaux de promotion de la santé aux centres culturels , en passant même par des sociétés privées , comme des sociétés de transport pour amener les enfants à l’exposition . Chaque événement fait donc l’objet de contacts , au cas par cas
L’animation Tom & Babette fait désormais partie des journées provinciales de l’alimentation saine initiées par la ministre Fonck en collaboration avec le CIMP (Comité interprovincial de médecine préventive).

Apprendre à aimer se nourrir

Puisque les programmes d’éducation à l’alimentation saine ont déjà fait leur apparition depuis plusieurs années dans les écoles, il restait à donner aux enfants l’occasion de mettre leurs connaissances en pratique. « Il est bien que les enfants aient une connaissance théorique de l’alimentation , mais manger , c’est avant tout un plaisir et cela doit le rester , voire le devenir , pour certains . Il me semble important que les enfants vivent agréablement leur alimentation et passent au dessus des appréhensions qu’ils rencontrent vers l’âge de 3 4 ans , lorsqu’ils se méfient des aliments nouveaux , par exemple . Nous voulons les aider à diversifier leur alimentation , tout en respectant leurs goûts .» Cependant, il n’est pas question d’aller disserter sur le manioc ou tout autre aliment exotique que l’on ne retrouve pas dans nos assiettes ou nos magasins habituels: la diversité existe dans des produits très simples, de consommation courante, et doit être découverte.
Pour y arriver, l’exposition joue dès lors sur les cinq sens, pour une découverte «primitive», mais d’abord ludique de ce qui se retrouve dans nos supermarchés.
En pratique, l’exposition s’articule autour de la pyramide alimentaire qui trône au centre. Tout autour, des stands sont organisés en fonction d’une catégorie d’aliments, chacun d’entre eux faisant appel aux différents sens. Il est à préciser que des animateurs accompagnent toujours les visiteurs, histoire de bien leur donner toutes les explications nécessaires et les indications pour manipuler les aliments…
Pour donner quelques exemples, l’ouïe sera testée par le test des féculents: cachés dans des bocaux en verre opaque, les enfants sont invités à deviner ici le bruit que produira le riz, là celui des pâtes.
Le goût sera mis à contribution pour déguster différentes sortes d’eaux. Et les enfants pourront bien vite constater que non, l’eau n’est pas insipide ou que non, toutes les eaux n’ont pas le même goût! Les explications sur les minéraux viendront compléter les constatations gustatives…
L’odorat pour sa part sera testé par les effluves de différentes essences de fruits. Quant au toucher, il servira pour reconnaître, à l’aveugle, les mains passées dans des manchons, des légumes… Enfin, c’est de manière visuelle que les enfants pourront voir combien l’eau est essentielle pour notre corps: ils devront remplir un petit bonhomme en plexiglas transparent d’un liquide coloré à hauteur de la place qu’occupe l’eau dans notre organisme.

Participation active

Mais un aspect particulièrement intéressant est la participation active par de petits ateliers qui éveillent les enfants aux saveurs. « Nous voulons jouer sur le plaisir de cuisiner , de préparer eux mêmes ce qu’ils vont manger . C’est souvent ainsi que des enfants vont apprendre à apprécier certaines préparations . Ils vont donc pouvoir préparer un potage ainsi qu’un milk shake en fonction des fruits choisis . A chacun le sien ! Et toujours dans le registre ludique , ils pourront créer un bricolage avec des graines de légumineuses , qu’ils vont coller sur un support pour représenter un petit personnage . En même temps , ils reçoivent des explications sur les différentes légumineuses manipulées
Les animations ont été conçues par des pédagogues, des enseignants et par le Dr Boucquiau, spécialement pour les enfants de 6 à 12 ans. Cependant, les parents et les enseignants qui les accompagnent se prennent très souvent au jeu!
En fin de parcours, les enfants sont invités à définir leur journée équilibrée, en fonction de leurs goûts, de leur culture, de leurs habitudes alimentaires, histoire de la raccrocher à leur vie quotidienne. Et toujours par le jeu!
Et pour venir soutenir les informations et les conseils reçus, de petits outils pédagogiques ont également été conçus, en fonction du type de visiteurs. Un dossier pratique , avec des références et des sites internet a été réalisé à destination des enseignants. « Ce dossier contient également des réponses à des questions régulièrement posées et qui peuvent être un point de départ pour une discussion plus vaste sur l’alimentation . En effet , on a constaté que bon nombre d’enseignants ne savent pas comment aborder et lancer ce sujet .» Les enfants pour leur part reçoivent leur carnet aventure avec un rappel des principaux messages reçus mais aussi quelques petits exercices amusants. Leurs parents recevront également un document qui répond à des questions pratiques, de la vie de tous les jours, du genre: «Mon enfant ne veut pas manger le matin: dois-je l’obliger?» ou «Il ne veut pas manger de légumes. Est-ce que je dois me fâcher?». Il contient également des recettes et des exemples de repas sandwiches, faciles à emporter à l’école.
Bref, tout le monde est concerné et impliqué dans l’initiative!

Le plaisir, partout

Un but essentiel de l’exposition est de montrer que le plaisir de manger est partout, et pas uniquement au sommet de la pyramide alimentaire, là où trônent les sucreries et les gâteaux… « Nous voulons que les enfants sortent en ayant compris qu’avoir une alimentation saine ne signifie pas qu’il faut se priver des plaisirs de manger ! C’est pourquoi nous avons réservé très peu de place aux bonbons et autres biscuits et chocolats : les pubs bombardent déjà suffisamment les enfants pour que nous en rajoutions …» Car les publicitaires ont bien compris que le souvenir des plaisirs alimentaires de l’enfance s’inscrivent de manière indélébile dans notre mémoire, et nous poursuivent à l’âge adulte: nous sommes tous attirés par ces produits qui nous ont tant fait plaisir lorsque nous étions enfants… Aussi, l’idée est aussi d’associer la notion de plaisir avec la consommation d’aliments sains, comme des fruits ou des légumes.
De plus, il serait bien que les enfants gardent à l’esprit que les produits sucrés et gras ont une place dans notre alimentation, mais exactement en proportion avec la place qu’ils occupent dans la pyramide alimentaire…
L’exposition itinérante «Tom & Babette» a été officiellement présentée en mars 2005, lors du salon Life²; depuis, elle a déjà accueilli quelques écoles bruxelloises, voyant défiler près de 600 enfants. Mais la liste d’attente est déjà longue, tant le succès est au rendez-vous: 3600 demandes de participation d’enfants ont été enregistrées rien que pour la capitale… Et dès la rentrée, les provinces wallonnes pourront également bénéficier de l’initiative, mais le calendrier 2005-2006 est encore en phase d’élaboration.
« Actuellement , il faut faire le tour de l’exposition à un rythme soutenu , en une heure et demie environ . C’est peu . Mais comme l’exposition reste peu de temps sur place , environ 4 jours , nous devons tenir ce rythme pour pouvoir accueillir un maximum de classes . Notre objectif serait de pouvoir rester deux semaines et allonger un peu le temps de visite . Mais pour cela , il faut encore plus de moyens et de stagiaires formés spécialement pour animer l’exposition . Par ailleurs , nous aimerions créer un site internet qui soutiendrait cette initiative de manière permanente », conclut le Dr Anne Boucquiau qui n’a pas pour ambition de changer du jour au lendemain les habitudes alimentaires des enfants et de leur famille, surtout pas par un événement unique. « Mais cela apporte une pierre à l’édifice , d’autant que chacun reçoit aujourd’hui beaucoup d’informations sur le sujet . Il faut donc aller plus loin dans le vécu des gens , moins jouer sur le niveau d’information et tenter d’influencer les écoles et leur fonctionnement …»
Cette ambition de faire perdurer le projet est réelle, mais pose la question des moyens: le Dr Boucquiau est-elle prête à accueillir des entreprises d’agro-alimentaire privées (1)? « Ce n’est pas exclu , il ne s’agira pas de promotion de produits dans l’exposition , mais pourquoi ne pas imaginer qu’elles fassent mention de leur participation à cette initiative dans leur communication , pour montrer qu’elles collaborent à favoriser une alimentation saine .» Les balises devront être là, et bien là.
« Nous consommerons toujours des produits issus de l’agro alimentaire , alors autant allier consommation et santé en se fixant des objectifs communs », conclut-elle.
Carine Maillard
Renseignements: asbl Les Explorateurs du Goût, La Campagnette 1, 6900 Marche-en-Famenne. Tél.: 0485 143 120. Courriel: lesexplorateursdugout@skynet.be
(1) Actuellement, ce projet bénéficie de l’appui des Mutualités libres

Pas de vaccin contre l’hiver

Le 30 Déc 20

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C’est avec ce slogan que la Ministre Catherine Fonck relance une campagne en Communauté française destinée à sensibiliser les personnes âgées de 65 ans et plus à l’importance d’un bilan de vaccination annuel à l’automne.

Grippe

On le rappelle régulièrement et pourtant… La grippe, le pneumocoque, la diphtérie et le tétanos tuent encore chaque année en Belgique. A elle seule, la grippe peut faire de quelques centaines à plusieurs milliers de victimes au gré des épidémies, dont une majorité de personnes âgées. Or nous disposons aujourd’hui d’une des mesures de prévention les plus efficaces dans l’histoire de la médecine : la vaccination. Seuls 6 Belges âgés de 65 ans et plus sur 10 recourent à cette protection. Pourtant, 1500 personnes en moyenne meurent encore de la grippe chaque année.
Si elle nous est familière, la grippe n’est cependant pas une maladie banale. Elle peut avoir des conséquences graves voire mortelles chez les sujets à risque de complication, tels que les personnes âgées de plus de 65 ans, plus fragiles, et les malades chroniques. Très contagieuse (via la toux ou les éternuements), elle est régulièrement à l’origine d’épidémies. A ne pas confondre avec un rhume ou un refroidissement, la grippe est causée par un virus appelé Influenza. Ce virus est en perpétuelle mutation ; de nouvelles souches apparaissent chaque année.
Pour les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes à risque de complication, ainsi que pour leur entourage, il est donc recommandé de procéder chaque année, avant l’hiver, à une vaccination contre la grippe, de manière à ce que l’organisme puisse s’armer contre ces nouveaux intrus.
Par ailleurs, la Communauté française a pris conscience depuis 2 ans déjà du problème spécifique posé par la vaccination insuffisante des professionnels de santé. Médecins, kinésithérapeutes, personnel infirmier, aides familiales et ménagères, personnel administratif des hôpitaux en contact direct avec les patients… Voilà un ensemble de personnes qui devraient impérativement être vaccinées annuellement, afin de réduire la transmission du virus aux patients à risque auxquels ils donnent des soins. En effet, toute personne infectée (même présentant peu de symptômes) peut transmettre le virus de l’Influenza. La transmission nosocomiale de la grippe est décrite, tant dans des hôpitaux que des maisons de repos et des milieux d’accueil pour personnes handicapées. Dans ces institutions, jusqu’à 25% des membres du personnel non immunisés peuvent développer la grippe durant les mois d’hiver et servir ainsi de porte d’entrée au virus.
Cette année, une brochure scientifique de sensibilisation sera diffusée aux médecins généralistes. Un travail de proximité sera également mené auprès des hôpitaux, pharmacies, maisons de repos, mutuelles, services socio-culturels… afin de toucher directement les plus de 65 ans dans leur milieu de vie. Cette première phase d’information sera suivie durant l’année 2006 d’autres initiatives visant progressivement un public plus varié de professionnels : directeurs médicaux et personnel des hôpitaux, médecins du travail, etc.
Enfin, en Belgique, la vaccination est classiquement recommandée aux enfants de plus de 6 mois fragilisés par une affection chronique (des poumons, du cœur, des reins, etc). Les enfants sont des vecteurs de dissémination importants du virus, mais la vaccination généralisée des enfants contre la grippe n’est pas retenue actuellement : en effet, les données scientifiques justifiant une telle politique de santé publique manquent encore et en outre, d’autres vaccinations sont prioritaires.

Pneumocoque

Chez l’adulte, le pneumocoque induit généralement une pneumonie. On estime à 20 000 le nombre de personnes atteintes chaque année en Belgique d’une infection sévère due au pneumocoque et à 2000 le nombre de décès liés à ces infections. Deux tiers des bactériémies (infection généralisée) à pneumocoque surviennent chez des personnes de plus de 50 ans, avec une augmentation importante des cas chez les plus de 60 ans. Par ailleurs, la résistance du pneumocoque aux antibiotiques s’est accrue de manière alarmante dans plusieurs pays européens.
Pour toutes ces raisons, la vaccination contre le pneumocoque est recommandée à tous les adultes de 65 ans et plus, ainsi qu’à certaines personnes atteintes de maladie chronique.

Tétanos et diphtérie

En Belgique, grâce à la vaccination généralisée contre le tétanos et la diphtérie (mise en place en 1959), ces deux maladies ont pratiquement disparu. Le tétanos ne s’observe plus qu’occasionnellement, mais encore trop souvent, principalement chez des personnes âgées ayant négligé les rappels de vaccin. Selon plusieurs études, la protection contre le tétanos et la diphtérie décroît avec l’âge. Au-delà de 40 ans, plus de la moitié de la population ne posséderait plus d’immunité satisfaisante contre la diphtérie. Or le risque d’épidémie réapparaît lorsqu’un tiers de la population n’est plus protégé. C’est pourquoi les rappels de vaccination, actuellement administrés à l’aide d’un vaccin combiné contre le tétanos et la diphtérie, sont recommandés tous les dix ans, à partir de l’âge de 15-16 ans.

Campagne de sensibilisation

Une brochure scientifique sera diffusée à 9000 exemplaires, principalement aux médecins généralistes.
Une affiche sera diffusée aux médecins généralistes, aux hôpitaux, communes et CPAS, aux pharmaciens, aux services sociaux et culturels s’adressant plus spécifiquement aux personnes de 65 ans et plus, aux mutualités. Plus de 110.000 dépliants seront diffusés via ces divers partenaires.
Le site https://www.vacc.info , accessible depuis 2004, met de nombreuses informations en matière de vaccination à la disposition du public.
La ministre souhaite, grâce à la collaboration des médecins généralistes, accroître le taux de couverture vaccinale des plus de 65 ans et des professionnels de la santé. L’information et la proximité sont les maîtres mots de cette campagne lancée pour l’automne.
La campagne «Il n’y a pas de vaccin contre l’hiver. Il existe un vaccin contre la grippe» est coordonnée par le SCPS – asbl Question Santé, avec la participation de la Société scientifique de médecine générale et de Provac, avec la collaboration de l’Ophaco, de l’Association pharmaceutique belge, du Journal du Médecin, des Mutualités chrétiennes, des Mutualités socialistes, des Mutualités libres, des Mutualités neutres et des Mutualités libérales (sauf erreur de notre part, cette participation des cinq organismes assureurs belges est une première – ndlr).
Bon à savoir: après la parution du matériel d’information, un arrêté ministériel est paru qui étend à tout le monde le remboursement partiel du vaccin pour la saison 2005-2006, du 1er octobre au 1er avril 2006.
D’après un communiqué de la Ministre Catherine Fonck

Nos écoliers en ont plein le dos!

Le 30 Déc 20

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1000 heures par an: voilà le temps passé par nos chers enfants sur les bancs de l’école. Résultat: avec l’obésité, la sédentarité, le mauvais positionnement ou les charges trop lourdes et mal portées, nos enfants souffrent de plus en plus de maux de dos. Pour tenter d’y remédier, deux personnes sensibilisées à cette problématique ont lancé des initiatives qui ne rencontrent pas encore l’écho qu’elles méritent. Petit coup de pouce.
Géraldine Vecoven est ostéopathe. Dans sa pratique, elle a constaté que de plus en plus d’enfants étaient référés par des médecins pour compléter le traitement de l’une ou l’autre pathologie du dos. « Le cas le plus inquiétant est certainement celui d’un petit garçon de 7 ans qui parvenait à peine à toucher ses genoux en station debout . Je constate , lorsque je discute avec ces enfants , que le cours de gymnastique ne reprend pas ou trop peu de séances d’étirements ou d’abdominaux . Les muscles du dos ne travaillent plus suffisamment , le bassin et les vertèbres perdent en mobilité , la musculature se rigidifie , causant des douleurs plus ou moins importantes à la moindre sollicitation », explique-t-elle.
Depuis 1998, elle donne des cours à des adultes dans un atelier et une école du dos. Mais voyant que les enfants n’étaient pas à l’abri, elle a décidé de prendre le mal à la racine, tant qu’il est encore temps d’agir, et de contrer les conséquences de maux de notre société qui pourraient être résumés par les 3 «S»: sédentarité, station assise inadéquate et surpoids.

Mal du siècle?

Le mal de dos est catalogué comme mal du siècle, mais est-ce une réalité? A voir l’augmentation des plaintes et des consultations, le coût pour la société et les patients, les arrêts de travail, il semble que ce soit vrai.
« Mais notre siècle est aussi celui de l’obligation scolaire qui allonge le temps passé par nos enfants sur un banc parfois inadapté , en station assise sur une chaise qui n’est généralement pas ergonomique . Ils sont conduits à l’école en voiture , passent une grande partie de leur temps libre assis devant l’ordinateur , la télévision ou la console de jeux Si l’on ajoute à cela le port d’un cartable trop lourd , les mouvements inadéquats , le manque d’activité physique ou l’obésité , on comprend que les problèmes de dos et les déformations , comme les scolioses , hyperlordoses ou hypercyphoses , par exemple , soient en pleine expansion et chez des enfants de plus en plus jeunes . D’après les statistiques , un enfant de primaire sur 5 souffre du dos , chiffre qui grimpe ensuite jusqu’à 2 ados sur 3 », poursuit-elle.
Et elle s’est interrogée sur les mesures prises, les moyens d’enrayer le phénomène, l’efficacité de mesures préventives et le rôle de l’école. « Je pense que la prévention est possible et peut être menée dès l’école primaire , chez les 8 10 ans . J’ai donc conçu un programme d’information , de sensibilisation des parents , professeurs de cours généraux , écoliers , médecins scolaires et responsables des achats de l’école , mais aussi des professeurs de gymnastique qui sont , selon moi , garants de la poursuite au quotidien du projet . Il me semble important que les enseignants s’approprient le projet d’éducation au dos et le mettent en place dans leurs écoles , selon leurs spécificités . C’est certainement une philosophie plus payante que des séances d’information une ou deux fois sur l’année …»

Efficace et pas cher

Ce projet consiste à sensibiliser tous les acteurs de l’école sur les bonnes habitudes en matière de dos. « La visite sur les lieux est la première étape de ce projet . Lors de ce premier contact , je vais donner aux enfants une explication sur la fonction de la colonne vertébrale , ses spécificités , ses courbures , le rôle des muscles ou encore des disques . Ensuite , il s’agit de mettre en évidence les mauvaises habitudes et les moyens pour les corriger : port du cartable , ramassage d’un objet , position assise , position de jeux , etc . Une information sur l’hygiène de vie accompagne ces « formations », comme la nécessité d’un bon sommeil , d’une alimentation équilibrée ou de la pratique d’une activité physique ou sportive régulière . Le tout de façon ludique , avec du matériel que j’apporterais , comme une colonne vertébrale , mais aussi et surtout avec le matériel qu’ils utilisent au quotidien à l’école
Parallèlement aux informations données aux enfants, une autre, plus adaptée, est prévue pour les parents, les médecins et le personnel PMS, et une autre encore, plus spécifique, aux professeurs d’éducation physique. « Dans celle ci , je souhaite intégrer des conseils pour une petite gymnastique au quotidien , à pratiquer en début de cours . Elle ne durerait que 5 à 10 minutes , et comprendrait des exercices de mobilisation de chaque partie de la colonne vertébrale ainsi que du reste du corps , des exercices adaptés de renforcement et d’étirements musculaires , l’apprentissage et la pratique de l’utilisation du bassin pour se pencher en avant , ramasser ou soulever des objets , ainsi que des petits exercices de respiration et de relaxation . Je prévois une séance préliminaire d’environ 2 heures pour leur communiquer les exercices , une autre séance lors du premier passage , et enfin une troisième lors du second passage .» Ce second passage est destiné à évaluer les mesures conseillées et répondre à d’éventuelles questions que se posent tant les enseignants que les écoliers. Il propose également de consolider les acquis des enfants, toujours de manière ludique.
La rencontre avec les responsables d’achats est aussi un volet important de ce projet: « Une rencontre d’environ 1 heure est prévue pour les sensibiliser à l’ergonomie du matériel utilisé par l’enfant , pour les inciter à s’interroger sur les achats à venir et sur l’adaptation du matériel existant , voire le redistribuer : j’ai constaté que certaines écoles proposaient aux écoliers des bancs trop grands pour eux , des chaises trop hautes . Il ne faut d’ailleurs pas nécessairement de gros investissements , voire parfois pas du tout . Ainsi , si l’école n’a pas les moyens d’acheter autant de coussins ergonomiques qu’il y a de chaises , le but est aussi de dire qu’il y a moyen de couper de quelques centimètres les pieds avants de la chaise , ce qui va inciter l’enfant à basculer le bassin vers l’avant , redressant ainsi son dos
Géraldine Vecoven a rentré son dossier au ministère de l’éducation et à celui de la santé pour des subsides. Budget estimé pour un projet pilote dans une école: moins de 7000 euros. Pour étendre ce projet à 3 autres classes: 2250 euros. Bref, rien de bien important. A cette heure, l’ostéopathe attend toujours des réponses, mais compte bien insister si nécessaire. A suivre…

Prof de gym motivé!

Voilà un professeur de gymnastique qu’il ne faudra pas convaincre. Marcel Debecker , de l’IPES de Tubize, est le «Monsieur dos» de son école depuis quelques années. Et pour passer de la motivation à la pratique, chez des élèves plus grands, puisqu’ils sont du secondaire, il a mis sur pied deux programmes originaux qui vont dans le sens de ce que préconise Géraldine Vecoven.
Lui, c’est son passé de gymnaste de haut niveau et les maux de dos qui en sont nés qui l’ont sensibilisé. Par la suite, lors de sa formation d’enseignant, il a constaté que si les profs sont exposés aux problèmes de dos, les étudiants de l’école normale pour devenir professeurs de gymnastique ne reçoivent aucune formation sur le dos. « Alors qu’ils doivent soulever des bancs , des agrès , mais doivent aussi soutenir les élèves ou les recevoir pour éviter les chutes , ils ne bénéficient pas de formation pratique ni de conseils pour le faire en préservant leur dos », s’étonne-t-il.
Il a poursuivi dans sa pratique professionnelle sa mobilisation pour prendre en considération le dos des élèves, initiant deux projets intéressants. Le premier est la classe dite ergonomique: « Nous avons acheté des coussins ergonomiques à placer sur les chaises traditionnelles et nous avons étudié la possibilité de faire fabriquer , par nos étudiants en menuiserie , des pupitres inclinés , à placer sur les bancs classiques . Avec l’aide d’un ostéopathe et d’un médecin scolaire , nous avons étudié l’inclinaison idéale , à la fois pratique ( une inclinaison trop importante ferait glisser les documents ) et efficace ( suffisante pour que les élèves ne penchent pas trop la tête vers le bas ). Nous avons fixé cette valeur idéale à 10 °. La qualité du bois a été déterminée par le professeur de menuiserie : un bois dur et qui ne s’abîme pas trop vite . Il a été verni pour faciliter l’entretien , mais force est de constater que les élèves font preuve d’un grand respect pour ce matériel qui d’une part est réalisé par leurs copains , et d’autre part contribue à leur santé
Les élèves de 5e et 6e année ont donc fabriqué une trentaine de pupitres pour une seule classe, et les coussins ergonomiques ont été ajoutés. L’objectif est de progressivement équiper toutes les classes, sans pour autant vampiriser le cours de menuiserie! Quant aux coussins ergonomiques, ils ont été préférés aux ballons-sièges car avec ces derniers, les élèves ont trop tendance à jouer et à être moins attentifs…
Cette initiative s’est par ailleurs accompagnée d’un projet que les élèves devaient s’approprier: « Ils devaient inventer , dans le cadre du cours de dessin , un signet pour le journal de classe qui leur rappelle qu’ils doivent penser à leur dos . Nous avons élu l’un des projets qui a été généralisé
Intégrer les jeunes dans le mouvement s’avère donc plus que payant.

Penser aux futurs adultes travailleurs

L’autre volet de son initiative consiste à prévenir les problèmes de dos chez les élèves qui se destinent à une profession dans le secteur de la construction. Des professions qui sollicitent énormément le dos des travailleurs et qui sont très à risque, notamment de chutes. « J’ai donc complètement inventé un cours de gymnastique sécurative ‘, à raison d’une heure par semaine aux élèves de la 3e à la 6e professionnelle avec le soutien de ma direction . Ce cours se déroule sur le temps de midi et je dois avouer avec plaisir que j’ai très peu d’absentéisme !» Cette gymnastique a pour but d’inculquer aux élèves les bons gestes pour préserver leur dos, et ce dans des conditions les plus proches possible de leur futur cadre de travail.
« Nous reconstituons des situations rencontrées par les ouvriers sur les chantiers dans notre salle de gymnastique . Le matériel comme les brouettes , les outils etc . nous sont prêtés par le personnel d’entretien de l’école et nous élaborons ici un échafaudage , là un plan incliné qui aboutit sur une surface horizontale , là encore des échelles de corde , etc . Il s’agira par exemple d’apprendre à monter une charge dans une brouette via la poutre de manière à ne pas se blesser au dos ; à simuler une chute dans laquelle je vais leur apprendre à bien tomber ; à porter des charges encombrantes en hauteur , etc .» Le travail se fait sur tous les plans. Il est notamment physique avec une préparation par un renforcement des abdominaux, des étirements du dos ou de musculation des cuisses pour apprendre à les faire travailler au lieu d’utiliser le dos, notamment pour soulever des charges. Mais il fait appel aussi à la proprioception (désigne la capacité du cerveau humain de connaître à tout instant la position du corps dans l’espace), pour que ces jeunes sentent leur colonne vertébrale et ses courbures naturelles, ou au renforcement de la coordination des mouvements et de leur dextérité. Pour ce faire, les étudiants ont participé à des activités dans une école de cirque.
Ils peuvent aussi pratiquer plusieurs sports, ceux de raquette (ping-pong…) s’apparentant d’ailleurs au maniement d’outils! « Mon objectif est de leur faire modifier des comportements , mais cela prend du temps . Je veux aussi les aider à lutter contre le vertige et les habituer à travailler en hauteur en toute confiance , tout en respectant leur dos de manière automatique
Cette formation, Marcel Debecker l’a élaborée seul, au fil du temps et en s’inspirant de gestes inculqués notamment dans les écoles du dos. Il a agrémenté le tout d’imagination, en utilisant le matériel à sa disposition. « Je teste toujours les exercices avant de les proposer au cours , d’abord au sol , ensuite en hauteur
Ses exercices sont également l’occasion d’instaurer une communication entre les élèves. Ainsi, pour leur faire porter une charge de plus de 25 kg, il préconise, comme la loi l’impose, de travailler à deux. L’un des élèves doit donc faire appel à un comparse, ce qui, pour certains, est déjà une prouesse en soi! Il joue en quelque sorte, soit dit en passant, le syndicaliste qui apprend aux jeunes à ne pas accepter des tâches mettant leur santé ou leur sécurité en péril…
«J’ai aussi inventé plusieurs types de ‘Tours du monde’ où au moins deux élèves évoluent, reliés soit par une planche, soit par une simulation de châssis de fenêtre. Ici, une communication judicieuse est essentielle à la sécurité de chacun, pour progresser ensemble et passer outre l’individualisme qui les caractérise souvent.»

Motivations à coordonner

Ces deux initiatives privées sont certainement très intéressantes et méritent d’être signalées. Notamment pour leur philosophie, axée sur la participation active des principaux intéressés: enseignants et écoliers/élèves pour l’essentiel. Cependant, elles se heurtent à un problème fondamental: le manque de coordination. La motivation est réelle et intense car ces deux personnes sont totalement bénévoles, mais chacun travaille dans son coin.
Résultat: personne ne se sent soutenu, les autorités et les médias n’y accordent pas l’importance méritée et la motivation risque bien de disparaître, avec les projets pourtant porteurs. A quand une association de spécialistes ou de professionnels motivés qui pourraient à la fois coordonner tous les projets intéressants, les généraliser et… demander des subsides aux pouvoirs concernés? Ils auraient plus de poids et exerceraient une pression plus importante…
Carine Maillard