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Une approche communautaire de la promotion de la sécurité: le concept de ‘communauté sûre’

Le 30 Déc 20

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En 1989, l’OMS rédige un manifeste qui reconnaît les résultats des actions communautaires en terme de réduction du nombre et de la gravité des traumatismes et crée le label de ‘communauté sûre’ (‘Safe Community’ en anglais). Cette décision est motivée par la nécessité d’ajouter aux campagnes générales des actions locales fondées sur une analyse de situation et la participation de la population au choix des priorités d’intervention.
Actuellement, plus de soixante communautés dans le monde se sont engagées dans cette démarche. En Communauté française de Belgique, la ville hennuyère de Fontaine-L’Evêque a entamé ce processus dès 2000, avec l’appui de l’asbl Educa-Santé et de l’Ecole de santé publique de l’ULB.

Qu’est-ce qu’une ‘communauté sûre’?

Ce concept labellisé par l’OMS répond aux critères qui ont été développés par l’équipe du Département de santé publique du Karolinska Institute de Stockholm sur base d’actions menées dans plusieurs villes.
Existence d’un groupe multidisciplinaire responsable du programme de prévention .
Le partenariat s’établit entre les décideurs, les professionnels et les habitants et entre différents champs professionnels. Le partenariat suppose le consensus autour d’un objectif commun, permet la mise en commun des ressources, la complémentarité des actions et l’augmentation des compétences par les échanges. De plus, dans le domaine des accidents, certaines solutions efficaces impliquent la participation de compétences extérieures qu’il faut pouvoir rassembler.
Sensibilisation de la communauté tout entière .
Une sensibilisation étendue a pour but de renforcer les capacités de chaque individu à identifier des situations à risque et les moyens nécessaires à la maîtrise des risques, et intégrer les préoccupations de sécurité dans les décisions qui concernent les milieux de vie et l’environnement.
Action privilégiée sur les groupes et les environnements à risque, en particulier sur les populations les plus fragiles, dans un souci d’équité sociale .
La priorité doit être donnée à la prévention des accidents les plus graves ou ceux touchant les populations les plus à risque et bien souvent les moins accessibles ou les moins réceptrices aux messages habituels de prévention. Des priorités doivent être définies par exemple selon les conséquences de certains accidents ou leur lieu de survenue.
Existence d’une base de données permettant de connaître la fréquence, les causes et les circonstances de survenue des traumatismes rencontrés au sein de la communauté .
La connaissance préalable de la situation locale est une condition nécessaire au choix de la meilleure stratégie d’intervention et des cibles (populations ou types d’accidents) à privilégier. Constamment remise à jour, la base de données devient un système de surveillance, et permet l’évaluation ultérieure des actions.
Engagement de la communauté pour un projet à long terme .
Une telle démarche demande une organisation lente dont les résultats ne sont observables qu’à moyen et long terme. Un tel effort et de tels moyens doivent s’envisager dans une perspective de 5 à 10 ans.
La communauté entreprend les démarches suivantes:
– utiliser des indicateurs appropriés pour l’évaluation régulière du programme;
– collaborer avec les principales organisations et associations de la communauté;
-persuader les structures de soins de recueillir des données complètes et de participer au programme de prévention;
– faire partager l’expérience locale à d’autres villes ou régions;
– s’intégrer au réseau international des villes ayant mis en place un programme global de santé communautaire.
Pour être reconnue comme ‘communauté sûre’, ces conditions doivent être remplies et validées par le Karolinska Institute (Stokholm) qui est centre collaborateur de l’OMS pour la promotion de la sécurité.

Fontaine-L’Evêque, ville pilote pour une ‘Safe community’

Fontaine-l’Evêque est une petite ville hennuyère comptant 17000 habitants et dont l’entité s’étend sur près de 3000 hectares. La population est essentiellement rurale et l’entité compte encore cinquante fermes. Les entreprises qui subsistent sont essentiellement dans le secteur métallurgique.
Ancien haut lieu du bassin minier, la population de Fontaine-L’Evêque reste cosmopolite et compte une forte communauté italienne. 3000 élèves fréquentent les écoles locales et le revenu moyen des habitants est peu élevé.
La ville de Fontaine-L’Evêque a toujours été active en promotion de la santé. Un «service santé» a été créé au sein de l’administration communale en 1999, employant deux membres du personnel communal et centralisant les actions menées depuis de nombreuses années déjà. Ce service organise diverses activités de sensibilisation dans les écoles et auprès de la population.
C’est dans le cadre des collaborations établies avec l’asbl Educa-Santé que le projet ‘communauté sûre’ est né. Grâce au soutien financier du Ministère de la santé de la Communauté française, un programme pluriannuel consacré à la promotion de la sécurité a été lancé et a permis de faire aboutir cette initiative.
Lors de contacts avec la ville de Boulogne-Billancourt (Ile de France), qui s’est engagée dans la démarche depuis 1997, la ville de Fontaine-L’Evêque a été convaincue de la pertinence du programme ‘communauté sûre’ et s’est donné les moyens d’expérimenter le programme. Par décision du Conseil communal du 8 juin 2000, le projet ‘communauté sûre’ a été doté d’un budget annuel de 5000 euros.
La volonté de la ville était dès le départ de pourvoir à une meilleure connaissance du phénomène «traumatismes», d’en informer la population, de créer une commission de pilotage intersectorielle conforme aux recommandations de l’OMS.
Cette commission réunit des élus locaux, les pompiers, la police locale, des médecins généralistes, des représentants du CPAS, de l’enseignement, des services de santé, des logements sociaux, des associations du troisième âge, des associations de quartiers, ainsi que des institutions telles que l’ONE, le Centre local de promotion de la santé, etc. L’objectif est clair: évaluer de manière précise le phénomène des traumatismes et la possibilité de réduire les risques en travaillant de manière intersectorielle.
Pour toucher la population, la commission a décidé de mettre en oeuvre des activités susceptibles d’attirer largement le public.
Le déroulement du projet a été prévu en une première phase de quatre ans avec l’encadrement méthodologique et scientifique de l’asbl Educa-Santé et de l’Ecole de santé publique de l’ULB (centre collaborateur de l’OMS). Les mêmes partenaires entament maintenant une seconde phase de cinq ans.

Un premier recueil de données et les premières priorités d’action

Ce volet, essentiel au pilotage du programme, a été abordé en première étape par la recherche de la sécurité perçue par les responsables communaux, les institutions, les relais auprès des habitants… Cet outil a permis d’identifier les risques perçus par la population au travers des représentations des personnes interrogées. Il est apparu que les enfants et les personnes âgées étaient considérées comme deux groupes de population à haut risque de traumatismes et les abords des écoles et le domicile, comme lieux prioritaires d’intervention.
Dans un premier temps, le projet a visé des actions de prévention des traumatismes chez les jeunes enfants. C’est avec la collaboration de différents services consacrés à la petite enfance qu’une recherche concernant l’implantation de trousses de sécurité contenant des accessoires de base destinés à équiper les maisons a été réalisée. Ce matériel comprenait par exemple un détecteur de fumée, des protections pour coins de meubles, des loquets pour armoire, des cache-prise munis de clefs ou des protections pour becs de robinets, ainsi que des brochures spécifiques aux accidents chez les enfants (1).
En 2004, la commune de Fontaine-L’Evêque a organisé une vaste campagne de sensibilisation à la prévention des incendies. Des dépliants ont été distribués à toute la population, des panneaux d’affichage relayaient les consignes de sécurité et des exercices ont été organisés dans les écoles.
Les pompiers ont participé aux actions de sensibilisation et à une opération qui s’est soldée par un énorme succès populaire au début de l’été 2004: sur un terrain communal aménagé pour l’occasion, ils ont procédé à des démonstrations de différentes extinctions de feux. Ce type d’action spectaculaire s’est révélé une tribune particulièrement efficace en matière d’information et de sensibilisation.

Recueil de données dans les hôpitaux et auprès des médecins généralistes

Dans le but d’améliorer la connaissance du problème dans la commune, en 2002 et 2003, une étude des systèmes d’information hospitaliers a été entamée. Grâce aux informations recueillies auprès des médecins généralistes de la commune, les services d’urgence qui reçoivent les habitants de Fontaine-L’Evêque ont été identifiés et des contacts ont été établis avec chacun d’entre eux. Le but était de voir dans quelle mesure les systèmes existants reprenaient les informations sur les circonstances des accidents, précisions essentielles à recueillir pour la planification et l’évaluation des actions de prévention des traumatismes.
Par ailleurs, une recherche opérationnelle sur ce type de recueil d’information a également été menée avec les médecins généralistes de la commune de Fontaine-L’Evêque. Ce travail a permis de mettre au point des outils de recueil de données performants et participatifs. Malheureusement, aussi bien dans les hôpitaux qu’auprès des médecins généralistes, un recueil exhaustif, fiable et continu de données spécifiques n’a pu être réalisé à ce jour. Il faut dire que la pratique du recueil de données pour l’épidémiologie décisionnelle et concrète existe très peu en Belgique et que les systèmes de collecte de données ne sont quasi pas orientés vers de tels objectifs.

Résultats et retombées pour la ‘communauté sûre’ à long terme

Les actions menées dans la ville de Fontaine-L’Evêque ont suscité bon nombre d’innovations dans la commune. A commencer par l’évolution perçue au sein de la population.
Déjà sollicitée par les actions du service de santé communal, la population de la petite ville a pu mesurer à quel point les autorités se souciaient du bien-être de chacun et de la sécurité de leur environnement. Désormais, les actions ponctuelles et spectaculaires sont reliées dans une dynamique globale et soutenues par des parutions régulières dans le journal communal où une rubrique sécurité s’est créée, un forum ouvert sur le site internet de la ville animé par l’échevin de la santé, la distribution récurrente de brochures et dépliants sensibilisant à diverses problématiques. Les partenariats sont permanents avec les institutions et les professionnels de différents secteurs d’intervention et soutenus par la commission.
Ce qui ajoute au succès du projet est sans doute l’autonomie acquise par la ville pour mener à bien ses propres actions portant sur la sécurité et la santé. Des efforts sont déployés afin de trouver des moyens qui alimentent le développement des projets. Le concept de ‘communauté sûre’ existe par lui-même à Fontaine-L’Evêque et la problématique fait partie d’un ensemble: celui de la gestion quotidienne de la ville dans une optique de développement durable.

La poursuite de l’approche ‘communauté sûre’

Sur base de ces résultats, la ville de Fontaine-L’Evêque poursuit donc sa route et continue à étendre la démarche.
Tandis que la recherche d’un système de recueil de données léger et performant se poursuit, deux actions sont en cours d’élaboration: la première concerne la prévention des chutes chez les personnes âgées et la deuxième la sécurité aux abords des écoles.
Les chutes chez les personnes âgées constituent un grave problème de santé publique entraînant de nombreuses fractures et parfois, le décès (2). Ce problème doit s’envisager dans une démarche globale de promotion de la santé et de la sécurité des personnes. A Fontaine-L’Evêque, c’est une dynamique communautaire qui soutiendra la démarche et un partenariat s’établira avec la municipalité de Gentilly (France) qui est active depuis plusieurs années dans ce domaine.
Le second projet, qui devrait permettre d’établir de nouvelles stratégies pour assurer la sécurité aux abords des écoles, en est à ses prémices, une école pilote ayant été désignée. On tentera d’y sensibiliser les enfants de cinquième et sixième primaire à la survenue d’accidents sur le chemin de l’école.
Toujours en accord avec les critères suggérés par l’OMS, les objectifs poursuivis tendent à mettre l’accent sur la promotion de la santé des deux populations les plus «fragiles» (jeunes enfants et personnes âgées).
Par ailleurs, l’appellation de ‘ville pilote’ implique le souhait que le même chemin soit suivi par d’autres villes. Souhait qui pourrait se voir réalisé à Charleroi dans le cadre du «contrat de sécurité» de la métropole carolo.
Ce nouveau défi ouvre bon nombre de perspectives au vu de l’ampleur et des réalités de l’entité carolorégienne: un système efficace de récolte de données à construire avec les médecins généralistes et des hôpitaux, le choix de priorités d’actions et de lieux d’intervention, l’extension à la prévention des traumatismes intentionnels, l’articulation avec des dynamiques de concertation déjà existantes, une planification qui tienne dans la durée…
Martine Bantuelle, Vincent Litt, Jérémie Van Brussel , Asbl Educa-Santé
Adresse des auteurs: Educa-Santé, av. Gl-Michel 1 B, 6000 Charleroi. Internet: https://www.educasante.org
(1) Voir l’article «Prévention des traumatismes survenant chez les jeunes enfants» de Martine Bantuelle, Marc Sznajder, Marie-Christine Van Bastelaere paru dans Education Santé n°191, juin 2004
(2) Voir l’article «Promotion de la santé chez les personnes âgées: les chutes» de Martine Bantuelle et Marie-Christine Van Bastelaere paru dans Education Santé n°199, mars 2005.

Frisbee – Be Free. L’UCL accompagne ses étudiants souhaitant arrêter de fumer

Le 30 Déc 20

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Le tabac est nuisible pour la santé des fumeurs et des non-fumeurs, tout le monde le sait. Depuis une dizaine d’années, les non-fumeurs revendiquent de manière de plus en plus franche le droit de pouvoir évoluer dans un environnement sain et exempt de fumée. Une loi a été votée dans ce sens. Elle interdit de fumer dans certains lieux accessibles au public, elle est de plus en plus strictement d’application et sera fort probablement renforcée dans les mois à venir.
Passe-t-on de la dictature des fumeurs à la dictature des non-fumeurs? Et s’il s’agissait plutôt de développer une gestion courtoise du tabagisme, une coexistence pacifique dans le respect mutuel et le dialogue?
Après une campagne originale et humoristique visant l’arrêt du tabagisme au sein des lieux publics de l’Université catholique de Louvain, un pas de plus est franchi aujourd’hui, qui consiste à offrir aux étudiants qui le souhaitent une aide à l’arrêt du tabac. L’opération «Frisbee – Be free» est née.

L’origine du projet

C’est à partir d’une plainte que la campagne a démarré. En 1999, une étudiante en Faculté de Droit, soutenue par un groupe d’amis, s’est plainte du fait qu’elle ne pouvait plus assister au cours parce qu’elle était fortement allergique à la fumée de cigarette. La plainte a pris ensuite une dimension plus radicale, ce même groupe d’étudiants saisissant le Conseil des Affaires sociales et étudiantes, et le menaçant d’une action en justice si l’Université ne menait pas une action visant à faire respecter la loi.
La loi en question fait référence aux lieux privés ou non qui sont accessibles au public et qui font partie d’établissements ou de bâtiments dans lesquels (…) l’enseignement et / ou la formation professionnelle sont dispensés (arrêté royal du 15 mai 1990).
Cette menace a donné un coup d’accélérateur à l’action et l’a légitimée. Cependant, un climat tel que celui-là n’est pas a priori propice à la compréhension mutuelle.
L’asbl Univers santé (1) a saisi la balle au bond et a lancé une campagne de sensibilisation. Son objectif: rappeler l’interdiction légale de fumer dans les espaces privés accessibles au public et donc contribuer à la diminution du tabagisme passif dans un esprit de concertation et de dialogue. Il s’agissait d’éviter de passer de la dictature du fumeur à celle du non-fumeur, en sensibilisant tous les publics à la problématique dans un esprit positif.

La démarche globale

Plus de 3 000 étudiants interrogés
La première étape de cette campagne a consisté en une enquête afin de vérifier l’opportunité de mener une campagne de sensibilisation.
Durant l’année académique 1999/2000, 3.261 étudiants ont répondu à l’enquête d’Univers santé sur le tabagisme dans les espaces facultaires de l’UCL. Les résultats indiquent que la fumée pose effectivement un problème de qualité de vie puisqu’elle dérange 69 % des non-fumeurs. Les fumeurs qui ont répondu à l’enquête en ont largement conscience et 70 % d’entre eux sont prêts à faire un effort pour respecter la loi qui régit l’interdiction de fumer dans les espaces publics.

Tableau récapitulatif des données

2462 non-fumeurs (75 %), 758 fumeurs (24 %) et 41 non-déterminés (1 %).
69% (1678) des non-fumeurs sont dérangés par la fumée.
87% (631) des fumeurs ont conscience que la fumée dérange.
70% (507) des fumeurs pensent qu’il leur est possible de ne pas fumer dans les espaces concernés.
78% (1916) des non-fumeurs et 74 % (558) des fumeurs connaissent la loi interdisant de fumer dans les lieux publics.
89% (2175) des non-fumeurs et 62 % (468) des fumeurs pensent qu’il serait bon de rappeler cette loi.
83% (2029) des non-fumeurs et 71 % (536) des fumeurs estiment qu’il est utile de sensibiliser à la convivialité entre ces deux groupes.
28% (666) des non-fumeurs et 28 % (208) des fumeurs sont prêts à s’investir pour trouver des solutions concrètes.

Les résultats de cette enquête montrent la bonne volonté de la majorité pour améliorer la situation. Autre point positif: la réalisation de ce sondage a permis de mettre la question à l’ordre du jour et d’effectuer dès lors une première phase de sensibilisation à la problématique.
D’une expérience-pilote à sa généralisation
C’est en partenariat qu’une expérience-pilote a été menée en Faculté de Droit en 2000 avec les étudiants (fumeurs et non-fumeurs), le Conseil des Affaires sociales et étudiantes, la Faculté de droit, le Vice-rectorat, l’Administration des affaires étudiantes, les Services des auditoires et Univers santé. Mettre l’ensemble des intervenants potentiels autour de la table afin que chacun puisse s’exprimer et s’approprier le projet est une étape déterminante pour la bonne réussite dudit projet et du ton que l’on veut y mettre. Suite aux excellents résultats du projet-pilote, cette démarche globale fut instaurée pour l’ensemble de l’Université.
Sur cette base, et après les ajustements nécessaires révélés par le projet-pilote, l’opération fut généralisée à toute l’Université en 2001. Préalablement à cette généralisation, le Vice-rectorat et Univers santé ont pris le temps de rencontrer tous les bureaux de Faculté et de les informer largement des résultats de l’enquête, des résultats du projet-pilote et des moyens mis en œuvre dans leur faculté pour la généralisation de l’opération. La coopération des facultés et des doyens a été sollicitée puisqu’elle s’était avérée indispensable dans le test.
Tous les moyens utilisés dans le test ont été réutilisés, parfois légèrement modifiés. En voici la liste:
-des affiches sur les portes d’entrée aux auditoires: «Vous entrez dans un espace non-fumeur».
-un courrier individuel à chaque étudiant, exposant les motifs de l’action: au verso se trouve une invitation à acquérir la carte de sport. L’association de ces deux messages en santé s’est avérée pertinente;
-un courrier du doyen à chaque membre du personnel;
-un programme logistique: retrait des cendriers intérieurs, mise à disposition de cendriers extérieurs, programme de nettoyage des abords. Ce programme a dû être intensifié et fait l’objet d’un plan pluriannuel;
-des affichettes humoristiques soutenant l’ensemble des messages. Le ton se voulait être une invitation au dialogue et au respect;
-une fiche d’information en santé «Atout santé tabac» a été rédigée et diffusée dans 60 présentoirs sur les deux sites de l’Université, à Louvain-la-Neuve et Bruxelles. Elle propose une information sur le tabagisme actif et passif, invite à la recherche de solutions de coexistence, propose une aide personnalisée aux étudiants qui souhaitent arrêter de fumer et dénonce les manipulations exercées par l’industrie du tabac;
-une aide aux fumeurs qui envisagent l’arrêt est proposée aux étudiants par l’équipe santé du service d’aide de l’Université.
Cette démarche globale a donné de bons résultats:
-l’objectif est atteint à quasi 100 % à Louvain-la-Neuve;
-à Bruxelles, certains auditoires n’ont pas d’accès extérieurs immédiats (en raison de travaux) et donc posent encore quelques problèmes;
-le soutien du doyen a été déterminant dans certaines facultés. Cependant l’annonce de la campagne n’a pas atteint toutes les entités. Deux d’entre elles ont entrepris d’enlever systématiquement toutes les affiches, ne se sentant pas concernées par la campagne. Cela révèle l’importance que chacun puisse s’approprier le projet, ou du moins en être personnellement informé;
-les affiches du caricaturiste Kanar (première campagne humoristique, que nous ne détaillerons pas ici): l’ensemble est plutôt bien perçu, cependant, quelques personnes nous ont fait part de leur mécontentement à propos de certaines affiches. Un séminaire du Département de Communication en a fait une évaluation systématique. Sur les 27 dessins, 19 contribuent tout à fait positivement au message, et 8 desservent la campagne et ont été retirés (association fumée/mort, stigmatisation du fumeur, culpabilisation et exclusion du fumeur). Univers santé s’est associée à trois étudiants fumeurs de dernière licence en Communication afin de réaliser une nouvelle campagne humoristique au ton nouveau, non-moralisateur et fédérateur.
Quelques facteurs semblent avoir contribué de façon déterminante à la réussite de ce projet:
-un engagement étudiant fort;
-l’implication directe des fumeurs dans le choix des messages;
-un partenariat multiple;
-une volonté des autorités;
-un volet matériel, structurel bien mené;
-un ton qui invite à la courtoisie, au dialogue, à l’exclusion de la fumée, pas du fumeur.
La campagne a été répétée chaque année depuis lors et le résultat positif persiste.
«Ceci n’est pas une cigarette», la campagne d’entretien
Une année d’action ne suffit pas. L’ensemble des partenaires ont donc décidé d’une campagne d’entretien plus proche encore du public cible et du ton voulu. Nouveau message aux étudiants et nouvelle campagne visuelle.
Parallèlement, Univers santé s’est associée à trois étudiants (fumeurs) du séminaire de Communication en vue de réaliser un nouveau visuel de campagne qui évite toute culpabilisation du fumeur et invite au dialogue, à la prise de conscience des efforts mutuels. Elles ont un côté humoristique, décalé (2). Le slogan pousse à la fédération des efforts.
Evaluation et perspectives
Globalement, la campagne et la démarche qui l’accompagne ont rencontré les objectifs à quasi 100%. Du jour au lendemain, on ne fume plus dans ces lieux, et l’on retrouve même dans les kots d’étudiants des affiches qui ont été dérobées (un signe qui ne trompe pas!). Les retours donnés par les étudiants encouragent la poursuite de la campagne et sa diffusion plus large.
On assiste également à un changement du comportement tabagique de certains étudiants, ceux-ci reconnaissent avoir diminué leur consommation depuis la mise sur pied du programme, ou avoir envisagé plus clairement d’arrêter de fumer.

Le projet «Frisbee – be free»

Cela nous amène à une nouvelle dimension de la gestion du tabagisme à l’Université.
Objectifs
Le projet, qui s’adresse à tous les étudiants, fumeurs ou non, a deux grands objectifs:
-informer les étudiants de l’offre de l’équipe santé pour un accompagnement à l’arrêt du tabac en ciblant les fumeurs ambivalents (partagés entre le plaisir de fumer et l’envie d’arrêter) et ceux qui se disent prêts à l’arrêt;
-sensibiliser les «prescripteurs» (médecins et pharmaciens des sites concernés) à leur rôle de partenaire dans l’aide à l’arrêt du tabac des étudiants UCL.
En vue de rencontrer ces objectifs, un partenariat s’est dégagé. En effet, l’équipe santé, travaillant déjà étroitement avec l’asbl Univers Santé, traite principalement les questions de santé dans une approche individuelle, les actions collectives de prévention et de promotion de la santé étant généralement assurées par Univers santé. Par ailleurs, dans la démarche globale initiée par l’Université et Univers santé depuis 2000, l’association des messages de prévention du tabagisme et de la promotion du sport s’est avérée pertinente. De plus, le choix du support (le frisbee) invite naturellement à contacter à nouveau le Service des Sports comme partenaire incontournable car le frisbee est inscrit comme nouvelle activité sportive offerte aux étudiants à partir du printemps 2005. Il est également évident que les étudiants, qui ont toujours été associés dès le départ à l’ensemble de la démarche, sont à nouveau partie prenante du projet, l’AGL s’est donc naturellement jointe au partenariat.

Les promoteurs

Service d’aide aux étudiants
Equipe santé du Service d’aide aux étudiants de l’UCL, rue des Wallons 10, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 20 02. Personne de contact: Isabelle Groessens.
Service des sports, Place des sports 11, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 45 01. Personne de contact: Jean Jacques Deheneffe.
ASBL « Univers santé»
Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 28 28. Personne de contact: Martin de Duve.
Assemblée Générale des étudiants de Louvain (AGL)
rue des Wallons 67, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 81 13. Personnes de contact: Catherine Mangez, Elisabeth Moens.

Singularité du projet
Ce projet dispose de plusieurs particularités intéressantes qui montrent sa singularité et son originalité:
-la démarche et le ton adopté s’inscrivent dans une approche de promotion de la santé positive, et non dans une approche de prévention de la maladie;
-le ton s’est voulu, tout au long du projet, positif et non stigmatisant;
-le support est original et durable. Nous imaginons donc qu’il sera présent encore quelque temps sur les deux sites;
-la participation étudiante (des fumeurs et non-fumeurs) est effective à tous les niveaux du projet, y compris dans le choix des messages;
-le projet est porté par un partenariat large et efficace;
-le tout s’inscrit dans une démarche globale qui a déjà montré son efficacité.
L’aide aux fumeurs
En 2004, une enquête a été menée par l’Equipe santé et Univers santé auprès des étudiants fumeurs afin, d’une part, de mieux cerner leurs caractéristiques et d’autre part d’identifier leurs besoins par rapport à l’arrêt du tabagisme. En voici les informations les plus caractéristiques:
-la plupart des étudiants fumeurs présentent une dépendance physique faible;
-une partie importante d’entre eux s’abstiennent de fumer le week-end et pendant les vacances;
-trois-quarts des étudiants interrogés ont déjà essayé d’arrêter de fumer, la majorité ont essayé seuls, sans substitut ni accompagnement, et 60% ont tenu moins d’un mois.
Par ailleurs, la littérature dans le domaine de l’aide aux fumeurs nous informe que moins de 5% des fumeurs qui arrêtent seuls restent abstinents après 1 an. (3) Avec un accompagnement adéquat, on augmente les chances de réussite.
Nous voulons faire passer un double message: arrêter de fumer est possible et ce n’est pas qu’une question de volonté!
Suite à ce constat, nous proposons aux étudiants qui souhaitent arrêter de fumer un accompagnement d’aide aux fumeurs en collaboration avec leur médecin généraliste.
Notre volonté est de proposer cette aide aux personnes qui sont ce qu’on appelle fumeurs ambivalents ou prêts à l’arrêt. (4)
Comment dès lors faire passer un message tout public en s’adressant aux fumeurs intéressés sans que ce message soit perçu par les fumeurs «satisfaits» comme une volonté de la part de l’institution à ce qu’ils arrêtent de fumer?
Le message commun « Jeter la clope, un sport d’équipe » s’adresse à la fois aux non-fumeurs et aux fumeurs, que ceux-ci soient satisfaits, ambivalents ou prêts à l’arrêt. Il fait référence à l’arrêt du tabac, tout en soulignant le rôle de soutien de tout un chacun, fumeur ou non-fumeur.
Le frisbee propose un accompagnement d’aide à l’arrêt du tabac et les coordonnées de l’équipe santé du Service d’aide aux étudiants. Un petit feuillet explicatif est collé à l’intérieur du disque et informe un peu plus largement l’étudiant quant à l’aide proposée.
L’accompagnement, l’aide à l’arrêt du tabac s’adresse à l’étudiant fumeur ou même non-fumeur qui désire le rester. L’objectif est de proposer une approche globale de la santé et non une approche centrée sur un produit. Cela se traduit par une rencontre avec l’étudiant autour de ses préoccupations mais aussi autour de ses questions à propos de sa santé, de son bien-être et de son tabagisme.
Plus qu’un échange de théories, les entretiens se veulent un moment où l’étudiant développe des compétences nécessaires pour lui permettre de faire des choix en faveur de sa santé, de percevoir la place que le tabagisme occupe dans sa vie. Même si l’arrêt du tabac n’est pas le premier but des entretiens, on peut espérer que, sensibilisé à sa santé, l’étudiant amène quelques modifications dans son mode de vie.
Cet accompagnement vise essentiellement à permettre à l’étudiant de prendre en mains son bien-être et sa santé dans l’optique d’augmenter sa motivation et ses compétences pour arrêter de fumer ou diminuer son tabagisme. Il n’y a pas d’accompagnement «type». Il se construit au «cas par cas» en fonction de toute une série d’éléments (consommation, place de la cigarette dans la vie, degré de motivation à l’arrêt, notion de plaisir…). L’équipe dispose d’outils (grilles d’évaluation…) qu’elle utilise éventuellement en fonction des besoins.
En résumé, il s’agit pour l’étudiant de:
-mieux connaître sa consommation;
-mieux comprendre les motivations et les enjeux de l’attirance pour la cigarette;
-planifier et mettre en place des stratégies personnelles;
-être soutenu dans la démarche d’arrêt.
L’accompagnement proposé exclut toute délivrance de produits (y compris substituts nicotiniques) et toute prescription mais renvoie systématiquement au médecin généraliste de l’étudiant et à la pharmacie. Une aide médicamenteuse ou de substitution avec un accompagnement renforce les chances de réussite du sevrage. Pour couvrir ces champs complémentaires et non concurrentiels, les médecins et pharmaciens du site de Louvain-la-Neuve ont été informés et sollicités comme partenaires dans leur rôle de « prescripteur ».

Conclusion provisoire

«Frisbee – Be free» constitue une étape de plus dans l’ensemble de la démarche globale de prévention du tabagisme au sein de l’Université. En vue de faire durer la portée du message et de ce projet, l’action sera reproduite l’année académique prochaine. Par ailleurs, de nouveaux supports originaux sont à l’étude, et une grande campagne visant la dénormalisation du tabagisme et la dénonciation des manipulations de l’industrie du tabac est en projet.
Nous pensons que la multiplication des angles d’attaque constitue un gage de meilleure efficacité dans la lutte contre le tabagisme, tout en privilégiant sans cesse un ton invitant au dialogue, à la recherche de solutions de coexistence et en prenant en considération les représentations et attentes des fumeurs.
Martin de Duve , Univers santé
(1) Univers santé asbl développe des actions d’éducation pour la santé, de prévention et de promotion de la santé en milieu étudiant et en milieu de jeunes.
(2) Ces affiches ont été présentées dans ‘L’Université sans fumée’ , Education Santé, n° 176, février 2003
(3)Laperche J, Roucloux A, brochure « Mon patient fume… » 2003, Bruxelles, p.20
(4) Le cycle du fumeur en référence au processus de maturation du fumeur. in: Prignot. J, “A tentative illustration of the smoking initiation and cessation cycle” . Tobacco control Vol.9; 2000: p. 113
Fumeur satisfait: apprécie son tabagisme et n’a aucune envie spontanée d’arrêter de fumer.
Fumeur ambivalent: partagé entre le plaisir de fumer et l’envie d’arrêter.
Fumeur prêt à l’arrêt: prend la décision d’arrêter de fumer

Distributeurs automatiques à l’école: un débat éclairant

Le 30 Déc 20

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Lors de la rentrée scolaire de septembre 2004, la question des distributeurs automatiques de boissons et de snacks dans les écoles a émergé dans le débat public. En mars 2005, l’asbl COREN (1) organisait à Ciney sur ce thème une rencontre entre professionnels de l’enseignement et de la santé, à laquelle participait le CRIOC.

Offre de produits dans les écoles et lutte contre l’obésité

La confrontation entre les préoccupations nutritionnelles et l’offre de produits dans les écoles n’est pas récente. En 2003, une enquête menée par l’ULB avait montré le taux de pénétration de ces automates dans l’enseignement primaire (2). Dans certaines communes, des échevins avaient déjà pris avant cette année scolaire 2004-2005, des mesures pour supprimer de tels distributeurs dans les écoles, surtout primaires: citons par exemple dans l’agglomération bruxelloise Ixelles, Forest, Uccle, Auderghem et Watermael-Boitsfort. A Evere et Koekelberg, il n’y en a même jamais eu dans les écoles primaires communales (3). Dans l’ensemble, il convient de différencier la situation dans les écoles primaires et dans les écoles secondaires, au sein desquelles l’idée de supprimer ces appareils suscite plus de protestations.
Durant l’été 2004, il a été décidé en France de généraliser l’interdiction des distributeurs de boissons dans les écoles dès septembre 2005. C’est ainsi que le débat a rebondi en Belgique francophone lors de la rentrée des classes 2004 (4).
A cette occasion, des données relatives à l’évolution alarmante de l’obésité ont été largement médiatisées, relayées dans le cadre du lancement de la préparation du plan fédéral (belge) nutrition-santé et de campagnes médiatiques à l’échelle européenne. La Ministre Marie Arena , dans son ‘Plan de promotion pour une alimentation saine’ à l’échelle de la Communauté française de Belgique (5) évoqua alors également l’idée d’interdire les distributeurs de boissons sucrées dans les écoles.

Le ‘zéro pointé’ des dentistes pour l’alimentation à l’école

En Belgique, on compte environ 173.000 distributeurs automatiques de produits alimentaires dont 24.220 (14%) dans les écoles, de la maternelle à l’université. Forte de ce constat, le 23 mars 2005, l’asbl COREN réunissait à Ciney professionnels de l’enseignement et de la santé autour de la question: ‘Les distributeurs à l’école: qu’en penser?’. Ce colloque a permis de faire le point de la situation et des opinions.
Tout d’abord, Michel Devriese , dentiste et coordinateur de la Fondation pour la santé dentaire y a exprimé l’inquiétude des dentistes ayant mené une campagne de prévention contre la carie dentaire dans les écoles de la Communauté française en 2004 (6). D’après lui, les actions de prévention contre la carie dentaire se heurtent à la composition alimentaire des cartables, aux messages délivrés dans les lieux d’éducation et à l’offre alimentaire dans les écoles. Le déséquilibre le plus frappant constaté par les dentistes concerne les boissons. Et de citer une revue française, les ‘Archives de pédiatrie’, qui préconisa en 2003 de supprimer carrément la collation de 10 heures en milieu scolaire, celle-ci s’avérant inadaptée et superflue (7). La Fondation pour la santé dentaire montre dès lors l’exemple de la Ville de Bruxelles ayant interdit depuis le 1er janvier 2005 les distributeurs de boissons dans l’enseignement fondamental pour installer à la place des fontaines à eau. Mais comme on l’a vu, d’autres communes l’avaient précédée.

Distributeurs: dépenses énergétiques et déchets

L’impact environnemental des distributeurs a été présenté par Renaud De Bruyn du Réseau Eco-consommation. Un distributeur automatique avec réfrigérateur contient un compresseur (production du froid), un éclairage et un ventilateur (circulation de l’air froid). De ce fait, il consomme de 2500 à 4400 kWh/an (coût de 375 à 660€), ce qui n’est pas très économe: en effet, pour refroidir un volume équivalent à un demi frigo, il consomme 5 fois plus d’énergie! Le Réseau Eco-consommation préconise dès lors diverses mesures permettant de réduire ce gaspillage d’énergie, à l’instar des Ateliers de la rue Voot à Woluwe qui ont ‘remodelé’ leur distributeur automatique pour parvenir à une consommation de 1065,8kWh/an (coût: 159€).
Quant à l’éco-bilan relatif aux déchets, il n’est pas très favorable aux distributeurs automatiques qui ne peuvent stocker que des emballages jetables. Ceci sans parler du distributeur lorsqu’il devient un déchet lui-même: il constitue alors un fameux encombrant!

Impact de la publicité, impact de l’éducation

Bernadette Pirsoul du CRIOC a quant à elle rappelé les différentes techniques de marketing utilisées pour atteindre les jeunes consommateurs (8). Bernard Legros , du groupe ‘Résistance à l’Agression Publicitaire’ a dénoncé l’intrusion de la publicité à l’école, tel un ‘cheval de Troie de la privatisation’. Mais certaines écoles parviennent à développer des stratégies de riposte sur le plan pédagogique: telles les alternatives recherchées par les étudiants du Collège Saint-Roch de Ferrières, ou l’exemple souvent cité de l’Institut Robert Schuman d’Eupen. Cette école poursuit un travail de longue haleine d’éducation des élèves à des choix alimentaires plus judicieux, gage de succès d’une ‘machine à pommes’ à côté des distributeurs de boissons, bientôt supprimés.
L’Observatoire de la santé du Hainaut réalise des animations dans les écoles et aide les équipes pédagogiques à réaliser des projets d’éducation à une alimentation saine. De tels services existent aussi dans d’autres provinces ou régions. Des exemples de pratiques pédagogiques probantes peuvent être fournis aux enseignants intéressés. Il est conseillé à ceux-ci de se méfier des outils pédagogiques fournis par des entreprises qui ont intérêt, d’une manière ou d’une autre, à vanter leurs produits.

Distributeurs équitables

Par ailleurs, suite au débat sur les distributeurs de boissons dans les écoles, de nombreux établissements se sont tournés vers les Magasins du monde Oxfam, qui proposent non seulement des snacks et des boissons issus du commerce équitable, mais également des machines automatiques. En bref, il en existe de trois types: des machines à café et autres boissons chaudes pour les sites de moins de 100 personnes, d’autres pour les sites de plus de 100 personnes, et enfin le ‘snakky’, distributeur automatique de jus de fruits et de snacks. Un opérateur partenaire des Magasins du monde Oxfam prend en charge l’approvisionnement de ces machines in situ, et peut également livrer des produits à des écoles souhaitant conserver leurs propres distributeurs. Dans ce domaine, bien des cas de figure sont possibles, vu que les distributeurs font souvent l’objet de leasings. Quels que soient les opérateurs approvisionnant de tels distributeurs, ceux-ci peuvent toujours faire appel aux fournisseurs du commerce équitable, pour l’une ou l’autre ligne de produits (infos sur le site https://www.madeindignity.be .
Antoinette Brouyaux , CRIOC, dans Du côté des consommateurs numéro 180, 15 juin 2005
La presse quotidienne a répercuté pendant les vacances l’intention du Gouvernement de la Communauté française de revenir sur sa décision d’interdire les distributeurs à la rentrée scolaire. Nous aurons sûrement l’occasion d’y revenir.
(1) COREN asbl (pour Coordination Environnement), rue van Elewijck 35, 1050 Bruxelles. Tél & fax: 02 640 53 23, courriel: info@coren.be
(2) Senterre Christelle – Favresse Damien – Piette Danielle, Les offres de consommation à l’école fondamentale: équité ou éthique? Enquête quantitative dans l’enseignement fondamental en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Université Libre de Bruxelles – Ecole de Santé Publique (PROMES), Août 2003, 49 p. https://homepages.ulb.ac.be
(3) Le Soir, 23/9/04, ‘Future disette pour les canettes’, tour d’horizon par commune de la rédaction bruxelloise du journal.
(4) Voir notamment: Véronique Chaouat, ‘Comment la publicité engraisse nos enfants’, enquête alimentation, in 60 millions de consommateurs n°386, septembre 2004.
(5) Voir Christian De Bock, qui dans ‘L’interdiction des distributeurs de sodas et snacks sucrés à l’école’ in Education Santé , n° 198, février 2005, passe en revue différentes opinions à ce sujet. Cf. aussi le site https://www.arena.cfwb.be .
(6) Cf. le site https://www.sourirepourtous.be , et l’article de Michel Devriese ‘Carie-cola s’invite dans les écoles primaires’ in Education Sant , n° 195, septembre 2004.
(7) Voir le site https://www.sfpediatrie.com Contact avec la Fondation pour la santé dentaire à l’adresse fondation@sourirepourtous.be
(8) Voir ‘Les enfants et les jeunes, cibles du marketing’, à l’adresse https://www.oivo-crioc.org/textes/1322.shtml

La promotion de la santé à l’école digère sa réforme

Le 30 Déc 20

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Peut-on améliorer la santé et le bien-être de nos enfants grâce à l’école? C’est bien là l’enjeu fondamental de la promotion de la santé à l’école.
La médecine scolaire a beaucoup changé en quelques années. La médecine scolaire, tout le monde connaît, et cela ne réveille pas forcément d’excellents souvenirs. On a tous des souvenirs plus ou moins comiques, plus ou moins gênés de files d’attente en sous-vêtements et de tests auxquels on ne comprenait pas grand-chose.

Un indispensable service universel, obligatoire et gratuit

C’est la loi du 21 mars 1964, qui a rendu obligatoire l’Inspection médicale scolaire et l’a organisée dans les différents réseaux scolaires subventionnés. Cette généralisation obligatoire de la médecine scolaire a rendu d’incontestables services. Nous lui devons une meilleure prévention de la tuberculose et d’autres maladies infectieuses. Les déficiences sensorielles sont dépistées plus précocement et sont plus rapidement traitées. Des progrès appréciables ont été obtenus dans le domaine de la santé physique générale.
Le service PSE est un service public et universel de médecine préventive. Ce qui signifie qu’il ne s’occupe pas des traitements, laissés au médecin choisi par la famille. Mais il peut avoir une fonction non négligeable dans la vaccination ou le dépistage précoce que ce soit pour les troubles de la vue, de l’audition, de la statique, pour des problèmes dermatologiques, etc.
Sur ce plan, le médecin scolaire a vraiment un rôle complémentaire à celui du médecin de famille.
Depuis le début de mon mandat, les services de Promotion de la Santé à l’Ecole (services PSE) sont au cœur de mes préoccupations. Je suis absolument persuadée de votre rôle capital comme acteur de promotion de la santé et de médecine préventive au sein de l’école. Il est essentiel de défendre la médecine scolaire en tant que service universel, gratuit et obligatoire.
La médecine scolaire doit rester une branche de la pédiatrie sociale et de la santé publique, qui amène chaque jeune, pour la première fois en son nom propre, à entrer en relation avec le monde médical. Il faut cependant reconnaître que les besoins et les attentes des familles et des écoles ont changé, et il est nécessaire que les services PSE répondent aussi aux attentes et aux besoins psychosociaux de nos enfants.
Déjà en 1991, l’association professionnelle des médecins scolaires publiait un livre blanc dans lequel ils mettaient l’accent sur la nécessité d’une approche plus globale de la santé à l’école.
En 2002, le décret définissant la promotion de la santé à l’école est entré en vigueur. Il a modifié vos missions et votre pratique professionnelle en profondeur. Il s’agit d’un énorme défi et d’une belle opportunité de développer, avec les écoles, des projets visant à améliorer la santé et le bien-être des enfants et des jeunes.
La définition qui est donnée dans le décret relatif à la promotion de la santé à l’école est complète puisqu’elle prévoit:
-la mise en place de programmes de promotion de la santé et de promotion d’un environnement scolaire favorable à la santé;
-le suivi médical des élèves, qui comprend les bilans de santé individuels et la politique de vaccination;
-la prophylaxie et le dépistage des maladies transmissibles;
-l’établissement d’un recueil standardisé de données sanitaires.

Un beau défi

Je suis bien consciente de l’ampleur de la tâche que représentent ces nouvelles missions.
Le nombre d’élèves pour chaque service est impressionnant: ainsi les 47 services PSE ont au total 725.719 élèves sous tutelle. Sans oublier les services PMS de la Communauté française qui assurent la mission de promotion de la santé auprès de 137.178 élèves inscrits dans les établissements de la Communauté française.
Outre le nombre impressionnant d’élèves avec lesquels vos équipes doivent travailler, j’ai pu prendre la mesure des difficultés que pose l’application du nouveau décret et de ses arrêtés d’application: Projet de service, vous avez dit projet de service? Comment arriver à remplir toutes les missions? Comment s’organiser en équipe? Comment inciter les écoles à se mobiliser pour un projet santé? Quels outils sont à notre disposition?
Une première réponse vous est donnée aujourd’hui à l’occasion de ce colloque. Il s’agit d’un lieu de rencontres pour échanger sur vos pratiques, et d’un lieu d’informations pour vous présenter des outils et des expériences.
Je souhaite que ce colloque vous aide à construire et à consolider vos propres projets de promotion de la santé à l’école et qu’il vous apporte un réel soutien pour accomplir les missions importantes qui sont les vôtres.
La date de ce colloque n’a pas été choisie par hasard. En cette fin d’année scolaire, j’ai voulu faire de ce colloque l’inauguration d’une année (l’année scolaire 2005-2006) qui soit une année de transition.

Un projet de service

Vous le savez, j’ai assez rapidement décidé de reporter l’obligation, pour chaque service, de définir un projet santé pour chaque établissement scolaire pour le 1er septembre 2005 ainsi que cela était prévu initialement.
Après avoir rencontré plusieurs d’entre vous, j’ai pu prendre conscience qu’il était nécessaire de donner du temps aux équipes.
Cette obligation est remplacée par celle de créer, pour le 1er septembre 2006, un projet de service définissant le cadre et les conditions de l’intervention des services PSE au sein des écoles.
Ce délai doit vous permettre de renforcer votre cohérence interne en vous appropriant votre propre concept de promotion de la santé à l’école, que ce soit sur base de l’expérience acquise durant les deux années de formation ou sur base des projets déjà mis en place avec certaines écoles.
Pour faire ce travail important, je pense qu’il est aussi nécessaire d’organiser et de structurer l’offre de formation, d’outils et d’accompagnement qu’un certain nombre de services font aux équipes PSE.
Dans ce cadre, je pense que les CLPS doivent être des partenaires privilégiés. Leur rôle doit être de définir la meilleure adéquation entre les besoins de services et l’offre importante de ces services spécialisés.
Si le projet de service reste l’axe central de l’ancrage des nouvelles missions des services PSE, il reste bien d’autres chantiers sur lesquels nous devons ensemble travailler pour améliorer le service universel auquel je faisais référence au début de mon intervention.
La simplification administrative me semble un enjeu important, sur lequel j’ai pris une série d’initiatives qui ont déjà fait et feront encore l’objet de modifications des dispositifs légaux.
Toutes ces modifications se font en concertation avec les représentants de vos équipes au sein de groupes de travail auxquels plusieurs d’entre vous participent régulièrement.
Lors de mes visites certains d’entre vous m’ont fait part de leur difficulté à trouver des médecins ayant les titres requis avant leur entrée en fonction.
Dans le cadre d’un décret qui va être voté cette semaine, j’ai prévu la possibilité de déroger à la possibilité d’engager un médecin n’ayant pas les titres requis à la double condition qu’il suive un stage formatif court de 8h au sein du service qui l’engagera et une formation en vue d’obtenir le brevet de médecine scolaire ou le diplôme d’études spécialisées en santé publique.
Je dois cependant vous dire que certains médecins se sont manifestés pour nous informer qu’ils avaient les titres requis et pas de travail. C’est pourquoi j’ai organisé une centralisation des offres de service des médecins disponibles et des demandes des services. Elle est assurée pour le moment au sein de mon cabinet, mais sera transférée rapidement à l’administration.
Mes collaborateurs continuent à travailler avec des représentants de vos services sur l’amélioration et la simplification administratives du fonctionnement des services: comptage des élèves pour la finalisation des subventions, obligation pour tous les médecins de prester 40h minimum par mois, fréquence des visites d’école, échange de données avec l’ONE, meilleure articulation du secteur de l’aide à la jeunesse avec les PSE, standardisation des pratiques, évaluation de l’examen neuro-moteur…
J’ai aussi pu rapidement prendre conscience des difficultés de trésorerie de vos services.
Un nouvel arrêté qui va être soumis au Gouvernement dans les prochaines semaines prévoit une modification des pourcentages d’acomptes aux services (40%, 50% et solde de 10% au lieu de 40, 40 et 20%).
Enfin, pour éviter la surcharge de travail concernant la comptabilité prévue par année scolaire (double comptabilité), celle-ci se fera, à partir de 2006, par année civile et sera à rentrer non plus pour le 1er mai mais pour le 30 juin.

Des données, oui, mais pas n’importe lesquelles

Compte tenu de la fonction universelle de santé publique qu’ont les services PSE, vous êtes, dans vos services, à un poste d’observation privilégié de la santé des enfants et des adolescents, et les mieux placés pour une collecte de données. L’élaboration de statistiques est importante en termes de santé publique, si l’on veut définir des priorités. Cependant, je souhaite, avec vous, organiser au mieux ce recueil de données, en tenant compte de la réalité de fonctionnement des services et en priorisant les items des données recueillies compte tenu de l’utilisation qui peut en être faite.
J’ai donc proposé que le recueil de données, prévu dans le décret, soit entamé à la rentrée scolaire 2005-2006. Il débutera avec les élèves de 1ère maternelle. Le contenu du recueil a été simplifié, et les données en ont été rendues anonymes.
Enfin, un des enjeux majeurs de la promotion de la santé à l’école c’est d’obtenir, dans tous les cas, la reconnaissance par les écoles elles-mêmes, les directions, les professeurs, les élèves, du rôle des PSE.
Cela ne pourra se faire que par une coopération avec la Ministre de l’Enseignement.
Dès à présent, des contacts réguliers sont établis entre mon cabinet et celui de la Ministre Arena .
Le Plan stratégique pour l’alimentation saine qui a été élaboré en commun avec Marie Arena sera prochainement soumis pour approbation au Gouvernement. Il reconnaît le rôle central des PSE dans la promotion de l’alimentation saine à l’école. La mise en œuvre de ses recommandations pourrait être une première étape dans cette reconnaissance mutuelle des écoles, des services PSE et des CPMS de la Communauté française.
La santé et le bien-être des enfants et des jeunes sont évidemment au cœur de mes préoccupations en tant que Ministre de l’Enfance, de l’Aide à la jeunesse et de la Santé. Et comme j’ai la responsabilité de ces trois compétences, mon souhait est de valoriser les transversalités.
L’enquête HBSC (Health Behaviour of Schoolaged Children) menée en Communauté française par PROMES pour le compte de l’OMS en 2002 a été faite auprès de jeunes de 13, 15 et 17 ans. Quelques résultats indicatifs méritent d’être rappelés.
21,7% des jeunes de 13 à 17 ans sont fumeurs, 20% des jeunes de 13 à 17 ans sont consommateurs hebdomadaires d’alcool (surtout le week-end), 58% des garçons de l’enseignement général déclarent avoir consommé au moins une fois du cannabis (mais 19% des garçons de l’enseignement professionnel consomment tous les jours du cannabis), 15,1% des jeunes sont en surcharge pondérale, (mais 4,9 % subissent un déficit pondéral), et enfin, 48,8% des jeunes regardent la télévision de 2 à 4 heures par jour.
Et puis, au-delà de ces considérations épidémiologiques et d’économie de la santé, n’oublions pas le mal-être qu’expriment certains de ces comportements et la souffrance qu’il peut y avoir dans la tête et dans le corps des enfants ou des adolescents, n’oublions pas non plus les parents qui se sentent trop souvent impuissants.
Les parents que nous sommes, les enseignants, les infirmières et médecins des services PSE, les accueillantes, les responsables de clubs sportifs… tous, nous sommes interpellés et responsables.
Le rôle du politique en la matière est de pouvoir intervenir en créant un cadre et un contexte qui favorisent le bien-être.
Les services de Promotion de la Santé à l’Ecole constituent une priorité de ma législature. Convaincue de l’importance de la médecine scolaire en faveur du bien-être de nos enfants et de nos jeunes, je me battrai pour le refinancement de ce secteur. Il est urgent de redonner les moyens aux services pour rendre la médecine scolaire plus attractive et pour que chaque enfant puisse trouver un suivi médical égal, quel que soit le service dont il dépend.
Catherine Fonck , Ministre de l’Enfance, de l’Aide à la jeunesse et de la Santé en Communauté française.
Paroles prononcées à l’occasion de la journée PSE du 20 juin 2005 au Parc d’aventures scientifiques de Frameries

Une journée d’échanges entre équipes PSE

Le 30 Déc 20

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De nombreuses équipes PSE (Promotion de la Santé à l’Ecole) se sont réunies au Parc d’aventures scientifiques de Frameries à la fin de l’année scolaire pour échanger sur leurs pratiques et sur les dernières nouvelles du secteur, parmi lesquelles la conversion des projets de santé d’établissements en projets de services.
La philosophie de la réforme de l’Inspection médicale scolaire (décret de 2002), elle, ne change pas : faire des services PSE des «services universels», actifs pour tous les enfants quelle que soit la filière d’enseignement.
« Il apparaît désormais clairement que plusieurs éléments , dans le cadre légal et réglementaire du fonctionnement des services , nécessitent des modifications , a d’emblée lancé la Ministre de la Santé, de l’Enfance et de l’Aide à la Jeunesse de la Communauté française, Catherine Fonck (voir ci-après le texte de son intervention). Quarante sept équipes PSE ont 725 000 élèves sous tutelle , sans oublier les Centres PMS qui assurent le suivi de 137 000 élèves de l’enseignement de la Communauté française . Je suis consciente de l’ampleur de la tâche
L’obligation de convention de projet santé par école est ainsi remplacée par une obligation de définir un projet de service. A chaque service de proposer à l’ensemble de l’école sa politique de santé scolaire. C’est l’occasion de poursuivre la clarification des notions de «projet», de «promotion de la santé», de «partenariat», d’évaluer les ressources propres et les besoins de l’école. La formation dispensée aux équipes depuis deux ans par la Croix-Rouge a déjà permis d’amorcer la réflexion et de jeter les bases de projets pilotes. Le projet de santé par établissement sera probablement repoussé à la rentrée 2008.

Mesurer ses forces

La notion de projet de service n’est pas pour déplaire aux équipes PSE. « On est ici davantage , explique le Dr Maskens , du service PSE de la province du Brabant wallon, dans la fédération de ce qui existe déjà . En réaliser l’inventaire est important , tout comme s’assurer que ce qui est en cours pourra se poursuivre . Les écoles font souvent de la promotion de la santé sans le savoir . Une prise de conscience à cet égard est constructive
On retrouve l’idée de l’inventaire du côté de la province de Liège, notamment à travers le PSE d’Ougrée. « Au cours de l’inventaire , explique Danièle Bonjean , infirmière au sein de l’équipe, nous avons été confrontés à une école qui voulait développer quantité de projets , en hygiène , alimentation , santé dentaire , éducation affective . Elle était convaincue d’arriver à tout gérer . L’équipe PSE souhaite , elle , s’entourer de partenaires et les faire découvrir aux enseignants . C’est nous qui sommes allés rencontrer l’échevin pour obtenir essuies et savons , qui avons démarché une diététicienne , qui avons pris contact avec le planning familial et la dentisterie sociale
Quid du projet quand, inévitablement, l’équipe aura pris du recul pour déployer ses compétences ailleurs? Cette question, Marie Hélène Jacques (PSE Couvin) se la pose aussi. Mais une certitude s’impose: « L’école doit être garante du projet au quotidien . Et ce n’est pas facile bien sûr , car la promotion de la santé à l’école , c’est comme les maladies chroniques , complexes à vivre au jour le jour , c’est un processus permanent en somme

Visite médicale

Le service PSE de l’UCL à Woluwe (Bruxelles) s’est penché sur les modifications à mettre en œuvre pour donner des couleurs promotion de la santé à la visite médicale. « Pour les petits de maternelle , explique le Dr Karin Levie , la préparation est importante . Certains sont stressés . Des copains leur ont dit qu’on allait leur faire une piqûre . Certains sont vraiment mal à l’aise de prendre le bus sans maman , d’avoir un bâton dans la gorge Les primaires disent s’ennuyer pendant l’attente qui peut durer jusqu’à trois heures . Ce laps de temps pourrait être utilisé pour parler de la santé . Dès la deuxième année primaire , les élèves seraient plus à l’aise si la mesure du poids et de la taille se déroulait en individuel , et non en groupe . Les plus grands , en secondaire , gardent pour eux des questions sur la puberté , le surpoids , la famille . Une collaboration avec les centres PMS et les centres de santé mentale pourrait être utilement nouée . L’attente , pour les plus grands , pourrait être comblée par une vidéo ( la sexualité et l’alimentation sont plébiscitées ), par des jeux de rôles , etc

Innovations

La ministre prévoit l’informatisation des services, à la fois pour informatiser les données des bilans de santé et pour offrir aux équipes, via internet, un accès à des outils. Certaines données pourraient, en outre, être transmises entre les consultations de l’ONE et les services PSE.
En matière d’information des équipes et des écoles, la parution du bulletin de liaison «Promouvoir la santé à l’école» se poursuit. Il est téléchargeable sur le site de Question Santé (questionsante.org).
Avec la réforme de l’Inspection médicale scolaire encore, le rôle, le statut et la vie du médecin scolaire ont considérablement changé. Il doit désormais s’engager au minimum 40 heures par mois. L’obligation n’est pas toujours compatible avec l’exercice de la médecine générale. Certains médecins scolaires ont quitté le navire. Devant le nombre de postes à pourvoir, une dérogation est prévue pour qu’un médecin n’ayant pas les titres requis puisse prendre ses fonctions dans un service PSE. A condition de suivre une formation courte avant l’entrée en fonction dans le service et une formation longue endéans les trois ans qui suivent l’entrée en fonction.

Ressources

On retiendra aussi de cette journée l’excellente organisation pratique, qui ‘obligeait’ les participantes (excusez ce féminin pluriel justifié par le très faible nombre d’hommes dans le public!) à visiter un espace réservé à des stands d’information au contenu bien ciblé, à côté de la découverte des initiatives présentées dans les ateliers. Cette formule a permis aux exposants (centres locaux de promotion de la santé, services communautaires, Médiathèque, mutualités, CORDES…) de riches échanges et une large distribution de matériel d’information. De quoi ne pas regretter ce ‘voyage scolaire’ sous le soleil éclatant du début de l’été…
Véronique Janzyk
Infos complémentaires auprès de Christine Rigaut (02 788 83 24) au Cabinet de la Ministre Fonck.

Cannabis: quelle réalité?

Le 30 Déc 20

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Le gouvernement français vient de lancer en février 2005 une très large campagne médiatique de prévention intitulée «Le cannabis est une réalité» (la campagne ainsi que l’ensemble du dispositif sont détaillés sur le site https://www.drogues.gouv.fr ). En lien avec cette campagne, le gouvernement a créé une ligne téléphonique spécifique «Ecoute cannabis», édité des millions de brochures d’information pour les jeunes et les parents et, enfin, ouvert 220 centres de consultations «cannabis» sur l’ensemble du territoire.

Le dispositif médiatique

Nous limiterons le présent article à l’analyse des messages télévisuels pour les jeunes.
Le dossier de presse stipule que « la campagne est destinée en priorité aux jeunes âgés de 15 à 25 ans , période d’expérimentation et à risque d’usage nocif . Elle a pour objectif d’informer des conséquences sanitaires et sociales en la confrontant à l’image que s’en font les jeunes . Elle alerte sur les risques aujourd’hui bien établis de la consommation de cannabis . Cette confrontation pourra alors amener chaque personne concernée à s’interroger sur sa consommation ou sur celle de son entourage et à amorcer une motivation à changer de comportement ou demander de l’aide .»
Mentionnons l’ampleur du dispositif médiatique: six spots TV diffusés sur les chaînes hertziennes (TF1, France2, France3…) ainsi que sur les chaînes câblées dédiées aux jeunes (MCM, RTL 9, MTV…) ainsi que huit spots radios… Des annonces ‘pleine page’ à destination des parents dans plusieurs titres de la presse écrite nationale. Le coût est de quelque 4 millions d’euros. Bref, difficile d’y échapper y compris pour les publics non directement visés par la campagne.
Que disent les spots destinés aux jeunes consommateurs?
Le principe est identique pour les six spots. Chaque film est construit sur la confrontation d’un mythe (« l’image que s’en font les jeunes ») et d’une réalité sur le cannabis. Une voix-off féminine commence par énoncer le mythe puis un témoignage vient contredire cette idée reçue. La voix-off clôt le témoignage en soulignant trois effets négatifs puis elle rappelle la signature de la campagne, «Le cannabis est une réalité» et mentionne le n° de la ligne écoute cannabis. Cela donne:
Spots 1 & 2: «Avec le cannabis on capte tout»; témoignage du vécu scolaire d’un consommateur: «déconcentration, perte de mémoire, difficultés scolaires: le cannabis est une réalité»;
Spot 3: «Avec le cannabis on se sent super bien»; témoignage d’un malaise d’un consommateur: «malaise, angoisse, bad trip: le cannabis est une réalité»;
Spot 4: «Avec le cannabis on se fait plein d’amis»; témoignage: «isolement, repli sur soi, perte de motivation: le cannabis est une réalité»;
Spot 5: «Avec le cannabis on s’ouvre aux autres»; témoignage: «isolement, repli sur soi, perte de motivation: le cannabis est une réalité»;
Spot 6: «Le cannabis c’est pas vraiment une drogue»; témoignage: «dépendance, repli sur soi, isolement: le cannabis est une réalité».

Analyse de la stratégie

Si les effets décrits sont basés, nous dit le dossier de presse, sur des témoignages réels, ceux-ci ont été recueillis par des professionnels dans des services d’aide spécialisés. Or, le nombre de consommateurs réguliers serait en France de 850.000 (10 usages ou plus au cours du dernier mois). Sur ce total, 42.000 ont été reçus en consultation. Notons enfin que seuls 10.578 ont été effectivement pris en charge dans des services d’aide spécialisés (1). Soit une proportion de 1,2 % des consommateurs «réguliers».
Dès lors, les témoignages à la base de la «réalité» décrite (déconcentration, perte de mémoire, difficultés scolaires, malaise, angoisse, bad trip, isolement, repli sur soi, perte de motivation) sont ceux d’une toute petite minorité. La question sera donc de savoir si une telle présentation de la réalité sera crédible aux yeux du public visé, public davantage encore constitué de consommateurs «expérimentateurs» et «occasionnels» que de consommateurs «réguliers», et encore moins composé de consommateurs «problématiques».
Si une campagne de prévention de la consommation d’alcool destinée au grand public faisait témoigner un alcoolique, un SDF, une personne atteinte d’une cirrhose et un chauffard, le public n’accepterait sans doute pas ce type de message. En effet, d’une part, en tant que consommatrice d’alcool elle-même, une grande majorité du public se rend compte que l’individu ne peut être réduit à un alcoolique du simple fait qu’il boit un verre. D’autre part, boire de l’alcool comporte souvent un sens social (convivialité, désinhibition…). Ainsi, la consommation d’alcool ne peut être réduite ni à la dépendance alcoolique, ni à une simple question de santé.
Dès lors, quelle sera l’attitude des consommateurs de cannabis face aux messages gouvernementaux? Après les avoir entendus, les considéreront-ils comme crédibles? Auront-ils envie de téléphoner à la ligne «Ecoute cannabis»? Et pour lui dire quoi?
Cette campagne ne risque-t-elle pas d’avoir pour effet une certaine indifférence dans le chef des consommateurs ou, pire, le renforcement de la défiance et du discrédit à l’égard du discours des autorités? Or, à l’égard de cette méfiance instinctive et quasi-systématique des jeunes vis-à-vis des informations et des messages émis par la société adulte en matière de drogues, cela fait belle lurette que les intervenants et experts recommandent d’autres stratégies d’information des jeunes et des campagnes suscitant la confiance des premiers intéressés plutôt que l’inquiétude.

Le public vraiment concerné par cette campagne? Les parents

Par contre, un public qui ne possède pas ou plus (2) d’expérience personnelle et /ou culturelle de ce produit, se trouve dans une position tout à fait différente. Le message peut lui paraître crédible car soutenu par l’autorité publique et intégré dans un dispositif, à ses yeux, cohérent. Le message touche directement les parents en mettant en scène de jeunes adolescents (leurs enfants) fragiles, attachants et pris au piège (3).
De plus, l’ampleur de la campagne et les moyens déployés provoquent d’emblée un effet d’adhésion pour les parents, surtout s’ils sont à court de moyens et d’arguments: «l’Etat prend les choses en mains». Il ne nous étonnerait dès lors pas du tout que le public des parents ait été extrêmement mobilisé par cette campagne (4).
La question importante à ce stade-ci est de savoir si les informations contenues dans les messages vont induire un dialogue de qualité entre les parents et leurs enfants. A ce sujet, rappelons que les spots (mais aussi la brochure destinée aux parents, qui s’intitule d’ailleurs «Cannabis: les risques expliqués aux parents») décrivent les effets «réels» du cannabis unilatéralement négatifs. La campagne présente le discours des consommateurs comme des «idées reçues» à contredire. En cas de tentative de dialogue, parents et enfants pourront-ils sortir de ce débat des ‘vrais et faux effets’ pouvant très vite tourner en rond?
Or, il est primordial à propos de questions à grande valeur éducative, qu’un dialogue de qualité puisse s’établir entre les différents acteurs. En effet, il ne s’agit plus seulement de dire «je sais» mais aussi «je t’écoute».

Parodie

La Fédération des collectifs d’information et de recherche sur le cannabis (CIRC) a réalisé une parodie de la campagne gouvernementale sous le slogan ‘Le cannabis c’est trop mortel’. A voir sur le site https://www.circ-asso.net !A ce propos, une question importante est celle du sens. Quel sens le consommateur donne-t-il à son comportement? Poser la question du sens bien avant la question des effets permet de se mettre à l’écoute. Les effets (imaginaires ou réels) pourront alors être abordés dans un contexte moins dramatique et dans une optique de «recherche de solutions alternatives».En conclusion, aborder un comportement aussi intime (car en lien, notamment, avec la question du plaisir) et complexe que l’usage de cannabis par le biais d’une campagne massive attaquant de front les croyances des jeunes fera-t-elle mouche ou mouchera-t-elle son promoteur? L’évaluation, qualitative et quantitative, de l’action par les autorités françaises apportera sans doute des éléments de réponse à cette question.Pour Infor-Drogues, Antoine Boucher et Philippe Bastin
Adresse des auteurs: rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles(1) Tous les chiffres sont extrait de «Le cannabis est une réalité», dossier de presse, MILDT, février 2005.
(2) Bon nombre d’adultes, fumeurs de cannabis dans leur jeunesse, deviennent en quelque sorte amnésiques lorsqu’ils sont parents d’adolescents et nourrissent parfois les pires inquiétudes à l’égard de leurs enfants consommateurs potentiels ou avérés de cannabis.
(3) Les caractéristiques des jeunes témoins renforcent cette perception de victimes: jeunes (voire très jeunes), filmés très près des yeux (yeux très mobiles, apeurés), pas du tout violents (certains sourient).
(4) De fait, il apparaît, selon des résultats encore très partiels de la campagne, que c’est l’entourage plutôt que les jeunes qui a le plus appelé la ligne téléphonique «Ecoute cannabis», Le cannabis est une réalité in Revue Toxibase n°17, premier trimestre 2005, p.44.

Le programme ‘mammotest’: un accès plus large et plus équitable au dépistage

Le 30 Déc 20

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En juin 2001, démarrait en Belgique le Programme national de dépistage du cancer du sein par mammotest pour les femmes de 50 à 69 ans.
L’Agence intermutualiste a publié récemment son 3e rapport relatif à ce Programme.
Après une première vague du Programme, l’Agence intermutualiste constate que dans les 3 régions:
-plus d’1 femme sur 2 de 50 à 69 ans a été examinée;
-toutes les tranches d’âge de la population cible ont été concernées par le Programme;
-les femmes moins favorisées ont bénéficié du mammotest autant que les autres.

Les Rapports de l’Agence intermutualiste: outil d’évaluation

L’Agence intermutualiste recueille les données auprès de tous les organismes assureurs à des fins d’analyse et d’étude.
Les deux premiers rapports de l’Agence relatifs au Programme national de dépistage du cancer du sein ont rencontré un grand intérêt auprès des institutions chargées de l’organisation et de l’évaluation du Programme sur le terrain. Ils sont aujourd’hui considérés comme outil d’évaluation du Programme. Les organismes assureurs disposent en effet de données auxquelles les centres de dépistage n’ont pas accès.
Ce 3e rapport permet d’évaluer un premier «tour» du Programme de dépistage, à savoir la période 2002-2003, d’en calculer la couverture et de comparer celle-ci avec la période 2000-2001, avant le début du Programme.
Globalement, la couverture est passée de 43% à 54%. Grâce au Programme de dépistage, la Flandre rattrape son retard par rapport à Bruxelles et à la Wallonie.

Un Programme national dans un contexte particulier

En Belgique, le Programme de dépistage organisé par mammotest gratuit vise à remplacer les examens de mammographie ‘normaux’ qui étaient utilisés à des fins de dépistage bien avant le Programme organisé. Ceux-ci se font le plus souvent par mammographie et échographie associée, mais sans double lecture, ni garantie systématique du respect des critères de qualité. De plus, l’ajout systématique de l’échographie entraîne un risque important de résultats «faussement positifs», avec à la clé des examens complémentaires inutiles et inquiétants pour les femmes.
Rappelons aussi que le coût pour la patiente et pour la société de ce dépistage par mammographie et échographie est beaucoup plus élevé et qu’il ne touche pas de la même manière toutes les femmes concernées.
Etant donné les situations régionales différentes avant le Programme et le démarrage du Programme en deux temps (2001 en Flandre, 2002 en Wallonie et à Bruxelles), la participation au Programme est encore fort différente d’une région à l’autre.
En Flandre, où la couverture par mammographie était au départ la plus faible, après un premier tour complet du Programme, 33% des femmes réalisent à présent une mammographie de dépistage de qualité.
En Région wallonne, après environ 15 mois de Programme, 6,5% des femmes ont recours au dépistage par mammotest et à Bruxelles 3,3%. Par contre, l’habitude de l’examen mammographie-échographie y reste beaucoup plus importante qu’en Flandre.

Conclusions

Avec le démarrage d’un programme organisé, le pourcentage de femmes examinées dépasse maintenant les 50%. Ce bon résultat doit toutefois être tempéré. Il reste encore du chemin à parcourir pour d’une part augmenter de manière significative la participation des femmes au Programme et, d’autre part, pour passer au mammotest dans le cadre d’un dépistage organisé et de qualité.
Ce rapport de l’Agence intermutualiste constate par ailleurs que le mammotest gratuit permet un accès plus large et plus équitable au dépistage de qualité du cancer du sein. Dans l’ensemble du pays, le Programme permet de sensibiliser et de recruter des femmes qui, sans ce Programme, n’auraient pas fait de dépistage: ce sont surtout les plus âgées et les moins favorisées d’entre elles.
Le rapport complet de 101 pages est consultable sur le site de l’Agence intermutualiste https://www.nic-ima.be

Le diesel en question

Le 30 Déc 20

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Affections broncho-pulmonaires chez le jeune enfant

Le moteur diesel équipe plus d’un tiers du parc automobile, et plus de 60% des voitures particulières actuellement vendues. Ce succès ne doit rien au hasard et beaucoup à la fiscalité et à des considérations pécuniaires: un véhicule qui paie moins de taxes, moins d’assurance et consomme une moindre quantité d’un carburant moins cher!
Or, la pollution due aux moteurs diesel, principale source d’émission de fines particules en ville, a été voici plusieurs années déjà sévèrement dénoncée par les épidémiologistes de la Société française de santé publique (SFSP). Les moteurs diesel émettent des particules très fines, en moyenne 0,3 micromètre de diamètre. Les moteurs turbocompressés génèrent les particules les plus fines. Les particules diesel s’agglutinent jusqu’à former des amas d’un diamètre de 2 micromètres.
Comme les fibres d’amiante, elles pénètrent dans l’appareil respiratoire de façon plus profonde que des particules de dimensions plus importantes (certains pollens, les suies volcaniques, des poussières liées aux pollutions industrielles, etc.) et terminent leur course dans les 600.000 millions d’alvéoles de nos poumons. Les enfants sont les plus fragiles car leur appareil broncho-pulmonaire diffère de celui de l’adulte.
Les particules fines déposées dans chaque alvéole pulmonaire manifestent leur caractère irritant et leur nocivité pendant de longues périodes. Chez l’enfant, le développement pulmonaire peut en être contrarié, surtout que la respiration par la bouche du jeune enfant favorise l’inhalation des poussières.
Les plus fines pénètrent jusqu’au courant sanguin. Elles véhiculent alors des composés cancérogènes et très irritants. Il y a cependant une fonction épuratoire qui entre en action au niveau des alvéoles pulmonaires, assurée par des macrophages (cellules de grande taille intervenant dans les processus immunitaires), mais ce mécanisme n’est pas à l’abri de défaillances et cette altération a été démontrée en particulier chez le jeune enfant (comme lors d’inhalation passive de tabac d’ailleurs, dont les effluents sont proches des émissions diesels).

Un problème peu connu

Du fait vraisemblablement des intérêts économiques en jeu, la question de l’exposition réelle des citoyens à la pollution diesel n’a guère reçu des années durant l’aval officiel qui aurait mis ce problème de santé publique à l’ordre du jour.
Pour pouvoir étudier l’exposition des populations aux émissions d’origine automobile, et particulièrement aux diesels, il faut disposer de techniques très fines. Les analyses de particules pratiquées avec des capteurs placés aux sommets d’immeubles ne peuvent donner une mesure exacte: un capteur correct doit être placé à hauteur d’homme sur le mobilier urbain des trottoirs (bancs, armoires électriques, etc.) ou sur le toit des voitures.
De plus, les capteurs généralement en service mesurent des concentrations de dioxydes de soufre et d’azote, de monoxyde de carbone, d’ozone, et des fumées, mais rarement les concentrations des particules les plus fines qui sont émises essentiellement par les moteurs diesel.
Il faut encore souligner que, en fonction du capital santé de chacun, les concentrations de particules ont des effets plus ou moins graves. Et ces effets sont également exacerbés par l’exposition à d’autres polluants, qui diminuent les capacités d’élimination des particules. Ces dernières seraient responsables de plus de 60.000 décès annuels aux Etats-Unis, et plus de 10.000 en Grande-Bretagne.
Le Conseil supérieur d’hygiène publique français placé sous la tutelle du Ministère de la Santé a dressé dès 1993 le catalogue des affections attribuables aux particules: altération de la fonction respiratoire, phénomènes aigus ou chroniques d’irritation de la muqueuse respiratoire, hypersensibilité et réaction allergique, susceptibilité accrue aux infections respiratoires, modification morphologique des voies aériennes, toxicité cellulaire dans certains organes cibles (foie, rein, cerveau…), mutagenèse ou carcinogenèse, locales ou à distance des voies respiratoires. Ce catalogue a été confirmé depuis par de nombreuses études partout dans le monde.
Signalons encore pour compléter ce sombre tableau que les particules alvéolaires, d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres sont émises par les moteurs diesel mais également issues des incinérateurs. Elles proviennent de l’oxydation du dioxyde de soufre en particules d’acide sulfurique. Leur fraction insoluble est formée d’un noyau de carbone et d’un faible pourcentage de matière minérale. On y trouve également des sulfates, des nitrates, des chlorides et de l’ammoniac. Les particules issues des moteurs diesel sont par ailleurs enrobées, en concentrations minimes, de 39 composés organiques dont 15 sont cancérogènes, tels le butadiène, le benzène, le formaldéhyde ou le nitrofluorène!
En conclusion, Science et Avenir insistait déjà en 1996 sur la nécessité pour les constructeurs de s’atteler rapidement à la dépollution: pot catalytique et piège à particules. Tout commencerait, selon les ingénieurs automobiles, en plus de l’amélioration des technologies, par le contrôle qualité de la production. En effet, saviez-vous qu’un même moteur, selon le soin apporté à son montage (et également par la suite à son entretien), offre des différences d’émissions du simple au triple? Les constructeurs jouent de cette particularité pour satisfaire les normes des pays les plus sévères: ainsi, la même Peugeot ne pollue pas de la même manière au Danemark et en Espagne!
Le catalyseur d’oxydation quant à lui se limite à la destruction des hydrocarbures c’est-à-dire un dégraissage des particules dont la masse totale se voit ainsi réduite de 30%. Leur nombre en revanche reste le même!
Reste à tabler sur le perfectionnement des «pièges à particules», installés dans la ligne d’échappement, qui filtrent les particules émises et les brûlent dans la chaleur des gaz d’échappement grâce à l’adjonction d’un additif au gazole. En plus des constructeurs, les raffineurs ont donc évidemment un rôle primordial à jouer pour satisfaire aux normes anti-pollution qui seront de plus en plus rigoureuses.
Les techniques de dépollution existent donc et peuvent être constamment améliorées, mais il faut aussi tenir compte du fait que le parc de véhicules ne se renouvelle que de 8% par an! Avec un parc roulant en 1997 de 11 millions de camions, camionnettes, autobus et voitures diesel en France, Sciences et Avenir prévoyait que dans le meilleur des cas, les niveaux de particules continueraient d’augmenter jusqu’en 2005! Cette revue avait déjà été la première à tirer la sonnette d’alarme lors du scandale de l’air contaminé par l’amiante.
Depuis la mise en exergue de l’épineux dossier diesel, de nombreuses notes ou articles d’information ont suivi, confirmant la gravité du problème lié à l’émission des particules et attestant des efforts français consentis pour le pallier.
Le problème de la qualité de l’air urbain est d’une telle acuité que le gouvernement français a fini par adopter en conseil des ministres un projet de loi sur l’air, dont l’article 1 stipulait: Chacun a le droit de respirer un air pur qui ne nuise pas à sa santé .
En Belgique, dans un style beaucoup plus prosaïque, la loi de 1964 proclamait le Roi habilité à prendre toutes mesures appropriées en vue de prévenir ou de combattre la « pollution de l’atmosphère » et en attribuait la responsabilité d’exécution au Ministre de la Santé publique.
Une vingtaine d’années plus tard, les matières environnementales ont été régionalisées et ainsi à Bruxelles, la surveillance de la qualité de l’air et les mesures qui doivent en découler sont devenues officiellement du ressort de la région de Bruxelles-Capitale.
Ce serait certes un non-sens à l’heure actuelle de songer à supprimer le diesel car cela reviendrait à supprimer le transport routier. Il s’avérerait très difficile de persuader les entreprises du secteur de transférer une partie du trafic de marchandises de la route vers le rail et les voies d’eau. Il n’en reste pas moins vrai que l’évolution actuelle du transport de passagers et de marchandises n’est pas viable à terme.
Pour ce qui concerne le transport urbain, il serait bon de rappeler à nos élus le rôle primordial qui est le leur, en matière de réglementation, et de contrôle. Il est clair qu’il faut favoriser le remplacement régulier du parc automobile et réévaluer sérieusement la qualité et la fréquence des contrôles effectués sur les véhicules.
Il importe tout autant de limiter l’utilisation de la voiture que de rendre celle-ci plus propre afin de réduire ses influences néfastes sur l’environnement et l’économie (coût de toilettage des monuments, de construction d’hôpitaux ou de lutte contre le changement climatique). La promotion des biocarburants pourrait être un moyen d’y parvenir (biodiesel et bioéthanol obtenus respectivement au départ de colza, ou de blé et de betterave sucrière).
Jocelyne Husson , Ingénieur civil, Conseiller en prévention
Adresse de l’auteure: Institut scientifique de la santé publique, rue J.Wytsman 14, 1050 Bruxelles. Courriel: jocelyne.husson@iph.fgov.be
Je remercie le Dr R.Snacken , Chef de département Pharmatoxicologie-Epidémiologie de l’ISP pour ses précieux conseils.

Références

Sciences et Avenir, N° 591, 5/1996; Dossier Santé: Faut-il interdire le diesel en ville ? Les diesels en accusation, p.36
Sciences et Avenir, N° 610, 12/1997; Diesel cancerogène: une nouvelle preuve, p.37
Sciences et Avenir, N° 611, 1/1998; Sus aux microparticules, p.53
Sciences et Avenir, N° 612, 2/1998; Concept cars en tenue de ville, p.78
Sciences et Avenir, N° 624, 2/1999; Des bus «propres» à Paris, p.49
Sciences et Avenir, N° 639, 5/2000; Diesel et interleukines: troubles respiratoires, p.62
Sciences et Avenir, N° 642, 8/2000; Les vertus de l’alternance, p.49
Sciences et Avenir, N° 669, 11/2002; Véhicules écologiquement corrects: les bolides verts, p.78
Sciences et Avenir, N° 673, 3/2003; Le diesel mieux filtré, p.59
Science et Vie, N° 963, 12/1997; Comment dépolluer le diesel, p.151
Science et Vie, N° 1018, 7/2002; Le moteur Diesel «common rail», p.136
Lettre d’information de l’Association Royale des Conseillers en Prévention, n° 114, 2004; Le formaldéhyde: cancérogène pour l’homme, p.6
Commission européenne, Direction générale de l’énergie et des transports, 2004, ISBN 92-894-6672-3; Promouvoir les biocarburants en Europe: garantir des transports plus propres pour l’avenir, 13 p.

Le 3e Congrès international francophone de prévention du suicide

Le 30 Déc 20

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En décembre dernier, se déroulait, à Poitiers, le 3e Congrès international de prévention francophone du suicide. Sous l’intitulé «Mal-être, bien-être, quelles ressources pour agir?», ce congrès rassemblait 950 personnes issues de la francophonie (France, Canada, Suisse, Belgique) pour une présence journalière de 300 à 400 participants. Les séances plénières, en matinée, alternaient avec les workshops , l’après-midi.
Un premier regard sur le Palais des congrès pouvait laisser dubitatif sur la nature de l’activité qui s’y tenait, tant l’industrie pharmaceutique était massivement représentée! Toutefois, cette présence, pour impressionnante qu’elle fût, se limitait à l’espace de rencontres réservé aux pauses et ne franchissait pas la porte du «grand amphi».
De la prévention du mal-être, il en fut abondamment question… sous les formes de suicide, tentative de suicide, blessures auto-infligées et idéations suicidaires, du jeune à la personne âgée en passant par divers milieux de vie (travail, prison…). De la promotion du bien-être, on a beaucoup moins parlé…
Nous nous attacherons ici à développer les tendances et réflexions qui ont balisé ces journées. Le message des intervenants n’étant pas univoque, les apparentes contradictions de ce texte sont le reflet de prises de positions diverses.

A l’adolescence…

L’articulation entre «bien-être» et «mal-être» se veut ici la plus prudente… en particulier en matière de prévention. Un consensus en matière d’idéations suicidaires se dégage en faveur de «l’urgence de s’abstenir d’agir» pour le professionnel, à l’exception faite des idéations chroniques.
Il faudrait en outre redoubler de prudence avant de dire aux ados qu’ils doivent nécessairement aller bien… Ce type d’intervention les priverait de pensées et les pousserait à l’acte. «En allant mal, l’adolescent affirme son refus d’aller bien. La souffrance serait illusion du pouvoir de maîtrise»(1). Lorsqu’il éprouve de la souffrance, l’adolescent est sûr que cela lui appartient, que c’est à lui. A l’inverse, le fait d’aller bien implique d’être en lien avec d’autres et dissout le sentiment d’être soi.
Dans le même ordre d’idées, les blessures auto-infligées (ecchymoses, coupures et brûlures) qui ne doivent pas être considérées comme une tentative de suicide – quoique la corrélation avec le suicide soit forte – viseraient également à se reprendre en mains. En s’infligeant des blessures, l’adolescent nous oblige à regarder cette partie du corps… et pas l’être humain dans son ensemble. Il se réfugie derrière cette blessure. L’adolescent s’inflige ces blessures parce qu’il est angoissé et soumis à une communication paradoxale, à savoir «Sois heureux, ne te fais pas mal, mais fais ce que tu veux avec ton corps». Il saisit ce paradoxe et renvoie le message: «Tu ne peux pas savoir combien je souffre, moi seul je le sais!». Le contexte sociétal joue également un rôle: la consommation et le marquage (au sens propre, les marques de vêtements; au sens figuré, les blessures auto-infligées) semblent combler les rites de passage.
La société occidentale se caractérise par une exacerbation de l’individu. Or, plus on parlera d’individu, plus il y aura de suicides. «La société veut nous faire croire que notre corps nous appartient mais dans les faits, cette situation est minoritaire… Nous sommes des animaux sociaux, nous dépendons des autres! A l’adolescence, nous devenons dépendants du désir de l’autre, un autre envers lequel la réciprocité n’est jamais assurée »(2). Il importe, par ailleurs, de distinguer tentative de suicide et suicide: la première vise à attaquer son corps, le second à détruire sa vie.

Sur le plan de la prévention

Les mondes scientifique et pratique sont trop souvent distincts. La logique d’acteurs n’est pas une logique de facteurs, d’autres éléments interviennent; parmi ceux-ci, la relation. Les enquêtes épidémiologiques dans ce champ présentent en outre diverses limites. D’une part, elles s’intéressent à des phénomènes de fréquence moindre mais de forte amplitude (à savoir, les suicides); tandis que les acteurs sont confrontés à des phénomènes de moindre ampleur, mais plus fréquents (à savoir les tentatives de suicide). D’autre part, la mise en évidence des facteurs de risque et de protection est souvent basée sur une population de suicidés. Ces facteurs pourraient s’avérer être partagés par une part importante de la population globale. En dépit de ces limites, les enquêtes épidémiologiques peuvent permettre d’éviter des pièges et de fixer les priorités(3).
Les données ébauchées ci-après proviennent d’études réalisées en France. Les intervenants belges déplorent l’absence de statistiques consolidées, actualisées et fiables en la matière et ce, depuis…1997!
Les études battent en brèche nombre d’idées reçues… Elles sonnent le glas de l’importance des facteurs sociaux en matière de tentatives de suicide et soulignent, en revanche, l’importance de la violence, de la psychopathologie parentale et font le lien avec la dépression. Ces facteurs sont peu spécifiques et communs à d’autres pathologies.
Les idéations suicidaires présentent un caractère de gravité, surtout si elles sont chroniques. Un quart des jeunes qui ont des idéations suicidaires passeront à l’acte, les filles plus que les garçons. La tentative de suicide est par ailleurs rarement impulsive et le fait d’en parler… ne diminue pas le risque de passage à l’acte!
Les tentatives de suicide sont un facteur de risque important pour une nouvelle tentative de suicide ou un suicide ultérieur(e). Le taux de récidives atteint de 35 à 50%, selon les études, dont près de la moitié dans les 3 mois. Au vu de l’importance de ce taux, il importe de travailler en priorité avec les personnes qui ont tenté de se suicider. La prévention primaire est moins aisée et nécessite plus ample investigation. Dire que la vie est belle ne suffit pas, voire peut s’avérer… incitatif! La prévention primaire relève de l’éducation. Toutefois, le milieu scolaire pourrait ne pas être le plus adéquat.

Chez la personne âgée

Selon des autopsies psychologiques (4) menées au Canada, l’assertion commune d’une association entre les troubles physiques et le suicide s’efface devant l’importance de l’association entre le suicide et les troubles mentaux. Outre le fait que les personnes âgées suicidées sont plus souvent seules, séparées ou veuves, elles jouissent d’un soutien social moins important et… consultent davantage le médecin! Sur le plan des troubles mentaux, elles consomment plus de tranquillisants, présentent plus de psychopathologies et un indice de stress plus élevé. Les personnes âgées devraient être considérées comme groupe cible des actions préventives menées envers l’entourage, l’accès aux services de santé mentale facilité, le dépistage par le médecin généraliste amélioré (5).
Le placement en institution serait-il une solution?
Que du contraire, du moins en ce qui concerne la France! Selon une étude, le taux de suicide serait deux fois plus élevé en institution qu’au domicile. Ces chiffres seraient même encore sous-estimés, masqués par les médecins. La question du suicide et de sa prévention interpelle le soignant… non seulement au plan professionnel mais également au plan personnel. La dépression constitue un facteur de risque important. Or, il ne suffit pas d’assommer la personne d’antidépresseurs, la personne doit être accompagnée, comprise. Il faut également pallier la solitude.
Paradoxalement, l’institution, en développant la sécurisation de la personne âgée, renvoie celle-ci à sa fragilité. La parole avec l’autre doit permettre la réassurance et la reconstruction de la personne âgée. Toutefois, cette parole peut être rendue difficile par le fait qu’elle éveille l’angoisse de vieillir chez l’écoutant. Une meilleure compréhension de cette période de vie s’avère indispensable en vue de permettre des échanges plus constructifs(6).

Au travail

Le mal-être au travail est vu par d’aucuns comme généré par l’écart entre la tâche prescrite et le travail réel, à savoir ce qu’on lui demande de faire et ce que le travailleur va devoir faire pour y arriver. Or, la réalité ne se présente jamais comme le prescripteur le précise. Cet écart va souvent être interprété comme un échec et être cause de souffrance.
Le plaisir au travail comporte une double dimension: d’une part, une dimension individuelle, par la satisfaction de dépasser les choses. D’autre part, une dimension collective, par la reconnaissance de la hiérarchie et des pairs. L’absence de jugement peut conduire à la décompensation. Traditionnellement, des stratégies de défense ont été déployées par les travailleurs, qu’il s’agisse de la rapidité dans le travail répétitif (rapidité permettant la suspension du registre de la pensée), ou de stratégies collectives de déni de la peur, d’autodérision. Mais le libéralisme économique a diminué la force du collectif de travail (et de ses stratégies de défense) et augmenté les cadences. Par conséquent, les pathologies de surcharge apparaissent (notamment les troubles musculo-squelettiques et le burn out).
Le suicide serait un acte ultime face à cet isolement dans un contexte de mise à mal des stratégies collectives! (7)
Concernant le rôle du harcèlement moral, deux thèses sont en présence… Elles ne s’affrontent pas sur le fait que le harcèlement peut mener au suicide et que la reprise du travail après un congé de maladie soit particulièrement critique. La distension provient de la lecture du phénomène et dès lors, du type d’actions à mener sur le plan de la prévention. La première propose une lecture en termes de couple harceleur(s)/harcelé(s). La seconde dénonce cette lecture qui élude selon elle, le rôle de l’organisation du travail. Toutes deux s’accordent toutefois sur l’intérêt de poursuivre les recherches et de développer la prévention.

En conclusion…

Ce congrès se voulait résolument un jalon dans la prévention du suicide. Il a bien souligné les avancées en la matière notamment la nécessité impérieuse d’un suivi après tentative de suicide. Il a permis aussi de lever le voile sur l’étendue des champs qu’il reste à explorer en la matière. A ce titre, on ne pouvait que constater la sous-représentation des intervenants belges…
Sandrine Roussel , APES-ULg
Actes disponibles à l’automne auprès des Docteurs Lévy et Chavagnat : levy.diane@wanadoo.fr et jj.chavagnat@ch-poitiers.fr.
(1) Maja PERRET-CATIPOVIC, psychologue, responsable du centre d’étude et de prévention du suicide à Genève.
(2) Daniel MARCELLI, psychiatre d’enfants et d’adolescents à Poitiers.
(3) Marie CHOQUET, directrice de recherche, responsable de l’équipe «santé de l’adolescent», à Villejuif.
(4) Méthode de recherche permettant de reconstruire rétrospectivement le passé psychologique de la personne suicidée, pour essayer de comprendre ce qui a mené au suicide.
(5) Richard BOYER, chercheur agrégé, faculté de médecine de Montréal.
(6) Jérôme PELLEGRIN, psychiatre à Ivry Sur Seine.
(7) Equipe de Christian DEJOURS, psychologue, Laboratoire de psychologie du travail et de l’action à Paris.

Madagascar, les prostituées font de la prévention

Le 30 Déc 20

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Mortel paradoxe: alors que les prostituées sont à la fois les principales victimes et propagatrices du sida, peu de programmes s’adressent directement à elles. À Madagascar, des travailleuses du sexe se sont associées pour informer leurs compagnes d’infortune.
Dans le quartier populaire de Tanambao, au cœur de Tamatave, sur la côte est de Madagascar, il fait déjà noir. Dix travailleuses du sexe s’apprêtent à sortir. Mais ce soir, elles ne rejoindront pas leur coin habituel. Comme tous les jeudis, elles se préparent à aller visiter leurs collègues sur leurs lieux de travail. Vêtues de tee-shirts noirs, coiffées du képi sombre orné du logo du Programme national de lutte contre le sida, elles sont équipées de paquets de fimailo (condom), de prospectus et elles ont de quoi noter l’identité de leurs collègues. Réparties en cinq groupes, elles vont accoster celles qui sont déjà postées dans l’attente des clients. Aussitôt, la discussion s’engage.
Les prostituées, qui représentent 11,4 % des Malgaches infectés sont, selon l’Institut national de la statistique, le premier groupe propagateur du sida dans l’île. Une statistique d’autant plus alarmante que, pauvreté aidant, le ‘plus vieux métier du monde’ gagne du terrain dans la Grande Ile. A Tamatave, le nombre de prostituées a doublé en cinq ans. La ville en compte actuellement plus de 10 000 pour une population d’environ 200 000 âmes!
Parmi elles, un nombre croissant de jeunes. Dans le quartier de Bazarikely, ‘ plus de 50 % des prostituées sont des mineures de moins de 17 ans ‘, confie Germaine Razafindravao , présidente de l’association des prostituées (Fivemito).
Bien que les risques de propagation soient considérables, peu d’acteurs de la lutte anti-sida s’intéressent au sort des belles de nuit. La liste des associations agréées par le Comité national de lutte contre le sida (CNLS) en recense 839 mais seulement 65 d’entre elles oeuvrent en faveur des prostituées pour l’ensemble du pays. ‘ Aucun opérateur ne fait du travailleur du sexe une cible privilégiée et stratégique dans ses actions de lutte contre le sida ‘, regrette Willy Rapanoelina , responsable du Programme national.

‘Nous sommes les mieux placées’

Charité bien ordonnée commence par soi-même: les prostituées se sont donc attaquées elles-mêmes au problème. ‘ C’est à nous de mener le combat ‘, lance la présidente de Fivemito, qui regroupe quelque 200 femmes: ‘ Nous sommes dans le métier donc les mieux placées . Nous connaissons leurs préoccupations , leurs risques , les affinités …’ dit-elle en parlant de ses compagnes tombées dans la prostitution. L’objectif de l’association est bien sûr de protéger les filles des rues mais aussi de revaloriser leur propre image et de créer une solidarité entre elles. L’association s’est fixé comme devise: amitié, santé et épanouissement. Des valeurs étrangères à la plupart des prostituées comme le confesse l’une d’entre elles: ‘ Je n’ai jamais connu que haine , hostilité , jalousie entre nous ‘.
Les animatrices de Fivemito se mobilisent de jour comme de nuit selon un planning préétabli. Des visites en groupe ou à domicile ont lieu pendant la journée tandis que dans la soirée les sensibilisations se font dans les boîtes de nuit ou les maisons de passe. Chaque visiteuse ramène ainsi au dispensaire au moins une cinquantaine de filles par mois. Au moins 2000 préservatifs sont distribués à chaque sortie par les animatrices qui touchent chacune une modique ‘motivation’ d’environ deux euros par soirée. ‘ C’est une approche très efficace , estime le Docteur Léonardine de l’hôpital principal de Tamatave, dans la mesure où moi même médecin , je n’arrive pas facilement à faire parler ces femmes .’ Mais entre les filles, le courant passe. Catherine , une jeune prostituée, agressive et fermée, vient d’adhérer à l’association. A présent, elle vient contrôler régulièrement son état de santé auprès du dispensaire. ‘ Ma vie ne regarde que moi , dit-elle, je n’en parle à personne mais nos amies de Fivemito ont réussi à me convaincre .’

Sortir les filles de la prostitution

En étroite collaboration avec des responsables administratifs de quartier, ces brigades anti-sida abordent tous les sujets: l’hygiène, les maladies sexuellement transmissibles, le dépistage, etc. Pour faire passer les messages, les membres de Fivemito ont dû elles-mêmes se former aux techniques de communication et d’approche participative… On évoque aussi des questions plus intimes: comment séduire le partenaire? comment se faire belle? La présidente y tient beaucoup: ‘ Il faut honorer le métier ‘, martèle-t-elle. Le but ultime de cette mobilisation reste cependant de sortir ces filles du carcan de la prostitution. Dans cette perspective, l’association développe des activités génératrices de revenus telles que la couture, la broderie, l’artisanat ou la cuisine.
Séduit par l’efficience de ces ‘pairs éducatrices prostituées’ mais aussi conscient de l’expansion de la maladie dans le pays, PSI/Top réseau ( Population services international ), programme anti-sida financé par les Etats-Unis, projette de développer cette approche dans le pays. Quatre autres villes ‘rouges’ de la Grande Ile vont à leur tour profiter de l’expérience de Fivemito.
Mamy Andriatiana , InfoSud – Syfia

Programme ‘mammotest’: le dispositif de communication

Le 30 Déc 20

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Voici un résumé du plan de communication de la première campagne de promotion du programme mammotest. C’est volontairement que les autorités ont attendu que le dispositif de dépistage soit bien installé en Communauté française, ce qui n’était pas une mince affaire au départ, avant de passer à la vitesse supérieure dans l’information des femmes et des médecins. Les différents éléments sont présentés par ordre alphabétique.
Affiche
Un affichage est prévu dans les salles d’attente des médecins, les pharmacies (OPHACO et APB), les centres de coordination provinciaux (plus Bruxelles).
Brochure destinée aux médecins
Les médecins généralistes, gynocologues et radiologues reçoivent une brochure décrivant de façon concrète l’organisation du programme. Le Journal du Médecin publie aussi un dossier sur le programme.
Dépliant
Un dépliant d’information destiné aux femmes est diffusé via les salles d’attente des médecins, le numéro gratuit de la Communauté française, les centres de coordination provinciaux du programme (ainsi que Brumammo pour Bruxelles) et les CLPS.
Exposition
Quinze séries de panneaux d’exposition sont disponibles auprès des centres de coordination provinciaux et de Brumammo, du Centre communautaire de référence et du SCPS – asbl Question Santé.
Internet
Le site https://www.lemammotest.be offre au grand public comme aux professionnels un grand nombre d’informations régulièrement mises à jour.
Presse
Un encart est inséré dans une sélection en presse périodique: Plus Magazine , Femmes d’Aujourd’hui , Dimanche et Dialogue Santé .
Radio et télévision
Diffusion de spots radiophoniques (Vivacité, La Première, Bel RTL, Contact, Nostalgie) et télévisés (RTBF, RTL-TVi) en deux vagues, la première du 3/10 au 16/10 et la seconde du 31/10 au 13/11/2005.
Téléphone
Le numéro vert de la Communauté française (0800 20 000) peut fournir le dépliant gratuit mis à la disposition du public, des informations diverses et renvoyer aux services compétents le cas échéant.
Transports en commun
Affichage du 4 au 31 octobre 2005 dans le métro bruxellois et dans les trams et bus de Bruxelles et Wallonie.
Informations fournies par Chantal Hoyois , Chef de projet au SCPS Question Santé

Le programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française de Belgique

Le 30 Déc 20

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On peut estimer qu’une femme sur 11 sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie. Trois-quarts des nouveaux cas apparaissent après 50 ans. Une femme sur 25 décèdera d’un cancer du sein. Un dépistage précoce permet de détecter des cancers débutants, dont le traitement est moins lourd et le pronostic meilleur.

Que peut-on attendre d’un programme organisé de dépistage?

Devant l’ampleur du problème posé par le cancer du sein, les responsables politiques fédéraux et communautaires ont décidé d’unir leurs efforts pour mettre en place un programme organisé de dépistage, à l’échelle du pays, en s’appuyant sur les recommandations européennes.
Les experts du programme «L’Europe contre le cancer» recommandent la mise sur pied d’un programme organisé de dépistage par examen radiographique de chaque sein, tous les deux ans, chez les femmes de 50 à 69 ans. Cet examen est appelé mammotest dans le cadre du Programme en Communauté française.
L’objectif général est de réduire la mortalité due au cancer du sein. Les études scientifiques réalisées dans d’autres pays montrent qu’on peut obtenir une baisse de mortalité par cancer du sein de 30% parmi les femmes réalisant le dépistage régulièrement.
Pour atteindre ses objectifs de santé publique, le programme doit non seulement répondre à des critères stricts de qualité, mais encore obtenir une participation importante, estimée à un minimum de 70% des femmes de 50 à 69 ans.

Programme de dépistage du cancer du sein: comment cela se passe-t-il?

Le Programme de dépistage du cancer du sein invite chaque femme de 50 à 69 ans à effectuer tous les 2 ans une mammographie gratuite dans une Unité de mammographie agréée participant au programme. Le mammotest est totalement gratuit pour les femmes éligibles de 50 à 69 ans, inscrites à l’assurance obligatoire maladie invalidité. Chacune de ces femmes reçoit une invitation personnelle à son domicile durant le mois de son anniversaire. Les femmes nées un jour impair reçoivent leur invitation une année impaire et celles nées un jour pair, une année paire. Les femmes ayant déjà passé un mammotest sont réinvitées deux ans après la date du mammotest précédent.
Le mammotest peut également être prescrit par le médecin.
En ce qui concerne les femmes plus jeunes, il importe de rappeler (malgré certaines initiatives locales dans le sud du pays) que le dépistage systématique avant 50 ans n’est pas recommandé actuellement par les experts européens. Son efficacité n’est pas prouvée par les études de qualité.
Les femmes de plus de 69 ans peuvent continuer à bénéficier d’un suivi individuel.
Le mammotest est gratuit (prise en charge par l’INAMI). Il doit être effectué dans une des Unités de mammographie agréées, répondant à des critères de qualité. La liste des Unités agréées est jointe à la lettre d’invitation; elle est également consultable sur les sites https://www.sante.cfwb.be et https://www.lemammotest.be et pour Bruxelles https://www.brumammo.be . Chaque femme doit désigner un médecin, dit référent, à qui sont transmis les résultats de l’examen. Ce médecin sera chargé de l’annonce du résultat du mammotest.

Comment se déroule l’examen?

La femme prend rendez-vous dans l’Unité agréée de son choix. Elle se présente munie de sa lettre d’invitation ou d’une prescription pour un mammotest (la gratuité n’est applicable que si deux ans se sont écoulés depuis le mammotest précédent, que la femme est inscrite à l’assurance obligatoire maladie invalidité et qu’elle a entre 50 et 69 ans), de sa carte SIS, de trois vignettes et d’éventuels anciens clichés. L’examen de dépistage comprend deux clichés par sein, sous 2 incidences différentes.
Le mammotest pratiqué dans le cadre du Programme organisé de dépistage répond aux normes de qualité les plus sévères.

Le mammotest: l’affaire de toutes les femmes de 50 à 69 ans?

La radiographie des seins (ou mammographie) est appelée «mammotest» dans le cadre du Programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française .
Ce programme de santé publique offre des garanties spécifiques. La décision de pratiquer ou non cet examen revient, en définitive, à chaque femme. Et, généralement, les femmes sont conscientes des risques du cancer du sein, mais pour diverses raisons, le «réflexe dépistage» n’est pas encore ancré dans leurs habitudes.
Une enquête postale en Province de Namur a porté sur les comportements des femmes cibles face au dépistage:
-les femmes perçoivent la gravité du cancer et l’efficacité de la mammographie, mais le sentiment de vulnérabilité n’apparaît pas clairement;
-les connaissances sont mauvaises à propos de l’âge recommandé pour un dépistage systématique: seules 30% des femmes répondent correctement (50 à 69 ans). Il en va de même pour l’intervalle de deux ans entre deux examens qui est cité correctement par seulement 54% des femmes interrogées;
-parmi les freins à l’examen, on constate un manque de connaissances pratiques relatives à l’examen, le sentiment d’être peu informée, le manque de suivi médical régulier, le fait de n’avoir pas encore passé de mammographie, la peur, le faible niveau d’instruction;
-les femmes ciblées identifient le médecin généraliste et le gynécologue comme principaux déclencheurs d’action dans la décision de réaliser une mammographie.
Les campagnes répétées d’information et de sensibilisation doivent contribuer à faire du mammotest une démarche simple et facile qui libère d’une angoisse personnelle. Le mammotest doit être progressivement perçu comme un geste simple, gratuit et utile.
Le rôle des médecins est essentiel. En sensibilisant leurs patientes, en leur expliquant l’enjeu et les modalités de ce rendez-vous, ils contribueront à lever leurs réticences et à banaliser un acte de dépistage dont l’efficacité est prouvée dans le cadre d’un programme organisé.
Collignon JL, Martin N., Comportements des femmes de 50 à 69 ans face au dépistage du cancer du sein; enquête réalisée en Province de Namur. Bulletin d’Education du patient. 2000, 19(2) : 82-9

Une sécurité et une garantie de qualité: la double lecture

L’Unité de mammographie procède à la réalisation du mammotest et à la première lecture des clichés. Elle adresse les clichés et la fiche de première lecture au Centre de coordination provincial (ou de la Région de Bruxelles-Capitale), où un radiologue évalue la qualité du cliché et réalise une deuxième lecture sans avoir eu connaissance du protocole de la première lecture. En cas de discordance entre les deux lectures, une troisième lecture est réalisée.
Les résultats sont transmis au médecin renseigné par la patiente. Une lettre reprenant les conclusions et recommandations de suivi est adressée au médecin traitant et/ou au médecin référent que la patiente choisit. Ce dernier annonce le résultat du mammotest à la patiente.
Le mammotest permet de classer les femmes en deux groupes:
-les femmes présentant une anomalie radiologique (cette situation apparaît dans 5 à 7 % des cas quand des normes de qualité sont respectées); elles doivent entrer dans un processus d’investigation complémentaire destiné à poser ou exclure un diagnostic de cancer. En moyenne, pour dix mises au point, un cancer sera détecté. En cas de mammotest anormal, le médecin référent s’assure que la patiente est prise en charge pour des investigations complémentaires;
-les femmes ne présentant pas d’anomalie radiologique (± 90%): elles seront réinvitées systématiquement deux ans plus tard, sauf si elles dépassent l’âge limite ou ont d’autres raisons de sortir du programme.

Premiers éléments d’évaluation

Nous disposons aujourd’hui de chiffres intéressants communiqués par le Centre de coordination provincial du Brabant wallon. Celui-ci a enregistré, de juin 2002 à décembre 2004, 6.728 mammotests, parmi lesquels on a relevé 865 anomalies radiologiques nécessitant une mise au point. Parmi ces 865 anomalies, 59 cancers ont été diagnostiqués.
Par ailleurs, 496 échographies ont été réalisées en raison de la densité des seins, et 1 cancer a été diagnostiqué par ces échographies.
Parmi les 60 cancers:
-6 cancers (10%) n’avaient pas été détectés à la première lecture et ont été “récupérés” par la deuxième lecture. L’impact en terme de qualité et de sécurité de la deuxième lecture est ainsi une fois encore confirmé;
-98% des cancers dépistés l’ont été par le mammotest.
Les indicateurs intermédiaires d’efficacité du Programme sont rencontrés, comme le montre le tableau suivant et, en conséquence, l’impact attendu sur la mortalité devrait être atteint.

Indicateur

Critères européens Brabant wallon
Taux de détection > 6 pour mille 8,9 pour mille
Cancers < 10 mm = ou > 25% 37,2 %
Absence de ganglions envahis > 70% 84 %

Remarque importante: comme certaines tumeurs peuvent apparaître dans les 2 ans séparant 2 mammotests, il faut rester attentif, pendant cet intervalle, à toute plainte des femmes.

Le mammotest: une mammographie de dépistage dont la qualité est contrôlée

Pour garantir la qualité des examens et pour réduire les effets négatifs du dépistage (principalement faux positifs responsables d’examens inutiles; faux négatifs rassurant erronément), le Programme de dépistage organisé est réalisé selon les exigences d’un processus d’assurance de qualité, notamment contrôles des installations de mammographie et de la qualité des clichés et de leur lecture (double lecture), agrément spécifique des radiologues, enregistrement des résultats des mammotests et du suivi des mammotests positifs en vue de l’évaluation de la qualité et de l’efficacité du programme.
Pour le dépistage chez les femmes de 50 à 69 ans, le bilan sénologique comprenant d’emblée une radiographie et une échographie des seins n’a pas sa place en première ligne. Il doit être réservé au diagnostic: mise au point d’une anomalie clinique ou d’une anomalie détectée au mammotest. «Il n’est plus acceptable en termes de bonne pratique, d’utiliser la mammographie “classique” ne comportant pas de double lecture et a fortiori l’échographie des seins dans le cadre du dépistage» (1).
D’après la brochure ‘Le programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française’ réalisée à l’intention des médecins généralistes, des gynécologues et des radiologues.

(1) PAULUS D., MAMBOURG F., BONNEUX L., Dépistage du cancer du sein, Bruxelles, Centre fédéral d’expertise des soins de santé, avril 2005

Demandez le Guide de voyage ‘santé’!

Le 30 Déc 20

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Les vacances sont lointaines déjà pour certains ou toutes proches pour d’autres… Voici une manière de les prolonger en se laissant tenter par une approche novatrice dans l’élaboration d’un projet santé avec une classe.
Tout comme l’école, chaque centre PSE et PMS ainsi que chaque CLPS a déjà reçu une information spécifique «Carnet de voyage», ce nouveau programme (subsidié par la Communauté française) de l’asbl Cordes – Coordination Education & Santé, connue auparavant pour ses outils «Midis à l’école» et «A table les cartables».
Le Guide de voyage accompagnant ce projet a été conçu comme outil pédagogique pour des enseignants de la 3e à la 6e primaires; il peut également constituer un support dans le cadre des missions «Santé à l’école» en aidant les infirmières PSE et PMS à dialoguer avec la classe et à l’accompagner dans son projet santé selon ses disponibilités, selon le type de projet et les demandes de la classe et de l’enseignant.
Chaque figure de collaboration est en effet possible: s’intéresser au projet de la classe, l’aider à démarrer la discussion sur la santé, fournir des indications sur les besoins collectifs de santé observés lors des visites médicales ou être partenaire à 10, 20, 50 ou 100 % dans la démarche de projet… Les besoins et les envies de chacun des partenaires ou passagers de ce voyage doivent se préciser, se négocier en mettant en priorité l’objectif de promouvoir la santé des élèves et l’amélioration des conditions de vie à l’école, selon les principes de la promotion de la santé.
«Carnet de voyage» avec son slogan «Ma classe part en projet santé» s’intéresse avant tout à installer, au niveau de la classe, une démarche de partenariat entre les acteurs de l’école et de la santé et à développer des moyens pédagogiques pour que les élèves soient au centre des projets santé. Il s’agit bien là de «vieux» défis à relever en terme de promotion de la santé pour lesquels l’asbl Cordes –Coordination Education &Sant;é propose cette fois, aux enseignants, des fiches pédagogiques qui les emmènent avec la classe dans l’élaboration d’un projet santé (voir sommaire).

Un projet c’est comme un voyage…

Déjà en juin 2005, chaque école, chaque pouvoir organisateur, chaque centre PSE-PMS, ainsi que les associations de parents ont reçu une deuxième invitation au voyage avec un feuillet de présentation intitulé «Mise en route».
Accompagné d’une affiche reprenant les étapes de ce voyage «Ma classe part en projet santé», il présente le nouveau programme «Carnet de voyage» ainsi que les différents outils disponibles selon les types d’acteurs. Ainsi les parents actifs dans l’école et les acteurs éducatifs peuvent recevoir sur demande le feuillet, l’affiche et les outils appropriés, notamment une lettre d’invitation à la classe pour lancer une première discussion sur la santé.
Dans le cadre de la proposition «Carnet de voyage», pour les directions d’école, les pouvoirs organisateurs, les parents et les acteurs PSE et PMS de la santé à l’école, l’objectif premier est bien entendu de motiver un(e) enseignant à explorer ce sujet avec sa classe dans le cadre des objectifs d’apprentissage et du projet d’établissement.

Sommaire du Guide de voyage

Fiche 1 – La destination

La valise à mots
Comparer voyage et projet pour faire comprendre la notion de projet
La destination c’est notre choix
Trouver une destination de projet santé en accord avec les besoins de la classe

Fiche 2 – Les préparatifs

L’exploration du kit voyage
Découvrir le kit voyage et le compléter
L’équipage
Former l’équipage et distribuer un rôle à chacun

Fiche 3 – L’itinéraire

La carte routière ou carte de navigation
Organiser le voyage et articuler les activités
La carte d’identité des invités à bord
Rechercher des partenaires et les inviter à partager quelques escales

Fiche 4 – Repères santé

La boussole
Questionner son projet santé avec des repères

Fiche 5 – Le voyage

Découverte des carnets de voyage
Découvrir l’univers des ‘carnets de voyage’ et leurs différentes formes d’expression
La récolte des traces
S’exercer à récolter des traces et à les faire parler
La réalisation du carnet de voyage
Démarrer et réaliser le carnet de voyage
Fabriquer un carnet individuel
Réaliser et relier un carnet

Fiche 6 – Correspondance

Les cartes postales
Communiquer le projet de la classe et échanger avec les partenaires
Découvrir et s’exercer à l’art de la correspondance
La pub du projet santé
Faire connaître le projet santé dans l’école et en dehors

Fiche 7 – Le retour

Se souvenir
Se remettre l’histoire du projet en mémoire
Evaluer
Evaluer ensemble le projet santé

+ Le carnet de ressources

L’enseignant qui décide de participer à cette aventure avec sa classe reçoit le Guide de voyage et un kit voyage pour la classe composé de matériel pour inspirer les élèves à faire le récit du projet et à établir une correspondance avec la Coordination Education & Santé tout au long du projet.
De nombreuses références sont faites dans les 7 fiches du guide de voyage et dans le carnet de ressources qui en fait partie, pour encourager la classe à établir des partenariats et à communiquer sur son projet avec l’infirmière et le médecin du PSE ou avec le PMS, la Direction, le Conseil de participation et l’Association des parents.

Cordes asbl: un opérateur de voyage qui vise la collaboration et non la concurrence!

Loin d’un programme cherchant à «couper l’herbe sous le pied des PSE ou encore des PMS, cet outil et l’esprit général du programme cherchent à renforcer les rôles de chacun pour promouvoir la santé à l’école. La santé s’inscrit en effet comme «sujet» fédérateur qui peut être abordé dans des objectifs éducatifs très divers et peut susciter de nombreuses activités dans le cadre du programme scolaire. Une série d’acteurs éducatifs et de santé sont déjà mobilisés ou se mobilisent pour travailler en partenariat sur la question.
Si le sujet «partir en projet santé» que propose l’asbl Cordes n’est pas neuf, l’abord sous forme imagée d’un voyage l’est, ainsi que la proposition et l’accompagnement méthodologique consistant à intégrer le projet-santé dans la vie de la classe en le conjuguant avec les objectifs d’apprentissage.
Ce que la Coordination propose, c’est avant tout la réalisation et la diffusion des outils, l’échange avec les partenaires et intéressés, la correspondance avec la classe et le recueil de traces du projet santé dans ce fameux carnet de voyage tenu à jour par les élèves au long du projet.
Par téléphone, par courriel/r, lors de rencontres comme au Salon de l’éducation (Namur- octobre 2005) ou lors de formations-informations organisées à la demande dans des CLPS, l’asbl Cordes échange et réfléchit avec chaque acteur aux stratégies les plus appropriées pour avancer dans un projet santé à l’école selon les prescrits d’une démarche de promotion santé, à savoir: participative, intersectorielle et renforçant les capacités de choix plus favorables à la santé collective et individuelle ou à la mise en place d’environnements sains.
Alors, bons voyages!
Cristine Deliens , Coordinatrice CORDES
Adresse de l’auteur: chaussée d’Alsemberg 284, 1190 Bruxelles. Tél.: 02 538 23 73. Courriel: cordes@beon.be.

Jeunes, pub et alcool: une loi, pas une convention privée!

Le 30 Déc 20

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Les neuf associations membres du Groupe «Les jeunes et l’alcool» (1) dénoncent de façon virulente la manœuvre stratégique qui consiste, pour les secteurs de la production, de la distribution et de la publicité, à élaborer des codes de bonne conduite de manière à éviter, sciemment, l’adoption d’une loi. En aucun cas les associations actives en santé ou en éducation permanente ne peuvent cautionner un tel système car ce mécanisme permet de contourner facilement ce qui ne sont, finalement, que des recommandations dénuées de force contraignante! Les effets de l’alcool sur la santé sont un grand problème de santé publique. Sans parler des problèmes de morbidité, de santé mentale ou encore de désinsertion sociale, selon l’OMS (2), en Europe, un décès sur quatre parmi les 15 – 24 ans est imputable à l’alcool. Cela représente, pour l’année 1999, 55.000 décès ! De plus, certaines études montrent que plus on consomme de l’alcool à un âge précoce, plus on a de risque d’être alcoolo-dépendant à l’âge adulte.
Aujourd’hui, il est clair qu’en matière de publicité (3), le secteur des «alcooliers» développe de nouvelles pratiques commerciales plus agressives et très ciblées sur les plus jeunes (12/18ans). Ainsi, outre les alcools dits plus «classiques», ces derniers ont maintenant leurs propres boissons alcoolisées: les «alcopops» (voir encadré).

Légiférer et éduquer

Faut-il légiférer afin de mieux contrôler la consommation d’alcool par les jeunes? A l’occasion d’un colloque intitulé «Les jeunes et l’alcool» qui a eu lieu à Louvain-la-Neuve le 18 mai 2004 et qui a réuni plus de 300 personnes des secteurs de la santé, de la jeunesse et de l’éducation, ont été mises en lumière les stratégies commerciales et publicitaires à l’œuvre afin de capter le public jeune, de plus en plus jeune. Le secteur ne se régule pas, la législation est peu connue et très incomplète. Il est donc apparu très clairement la nécessité de réglementer les pratiques commerciales et communicationnelles ainsi que l’accès et la distribution des boissons alcoolisées.
Un cadre législatif clair doit donc être mis en place mais cela reste insuffisant! Il doit être associé à un travail éducatif de prévention et de promotion de la santé en vue de promouvoir une consommation raisonnable et responsable dans le cadre de la promotion de la santé et du bien-être.
De plus, « croire que le marché pourra mieux s’organiser par l’autorégulation relève de l’utopie ou de la mauvaise foi . Les systèmes économiques montrent qu’en absence de régulation par les pouvoirs publics , les intérêts individuels entrent en conflit et des distorsions se créent entre les acteurs . Ainsi , les codes de conduite ont montré plus d’une fois leurs limites : ils ne sont pas applicables aux producteurs non signataires et ne sont pas toujours appliqués par ceux qui y ont souscrit » ( 4 ).

La question des alcopops

Les alcopops sont sucrés et agréables à boire car très proches des goûts habituels des limonades et sodas. Joliment colorés, ils ont aussi quelque chose d’insolent qui plaît au jeune. Tant le goût sucré et la présentation branchée de ces boissons indiquent clairement qu’elles visent les mineurs d’âge et ouvrent un nouveau marché.
Les producteurs ont à cœur de banaliser, de féminiser et de rajeunir la consommation d’alcool. En effet, on constate une volonté claire des producteurs d’alcools de compenser par des produits mieux adaptés pour les jeunes les diminutions des ventes d’alcools dits plus «classiques» tels que le vin, la bière ou les spiritueux, recul observé depuis quelques années. En dépit de leur prix relativement élevé, les alcopops (Breezers ou Prémix) sont très appréciés des jeunes, en particulier des jeunes filles, parce que le goût de l’alcool n’est pas dominant, voire presque imperceptible, et que les boissons alcoolisées préconditionnées ne sont pas aussi amères que la bière.
Aujourd’hui, on tend à boire en groupe, mais chacun accroché à son flacon. Cet « individualisme collectif » induit une véritable mode des petits contenants, le jeune consommateur est très sensible au visage de l’étiquette, à l’esthétique du flacon. En matière de publicité, on assiste à de nouvelles pratiques commerciales plus agressives et très ciblées : les plus jeunes (12/18 ans) ont maintenant leurs propres boissons alcoolisées!
Alors que les représentants de l’industrie de l’alcool continuent d’affirmer solennellement que les alcopops s’adressent à un public légalement autorisé à boire de l’alcool et ne sont rien d’autre qu’une alternative au vin et à la bière, les spécialistes de la prévention et de la santé s’accordent à dire que l’augmentation vertigineuse de la vente d’alcopops n’a pas été suivie d’une diminution de celle de la bière. Tant le goût sucré et la présentation branchée de ces boissons indiquent clairement qu’elles visent les jeunes et ouvrent un nouveau marché sans nuire aux autres.

Dès lors, le Groupe porteur «Les jeunes et l’alcool» ne peut tolérer qu’une question aussi importante pour la société soit réglementée par une simple convention privée. En effet, par définition, une convention ne s’applique qu’à ses signataires. Pire encore, le «juge» ne sera autre que le JEP (Jury d’Ethique Publicitaire) c’est-à-dire un organe partisan au service des annonceurs et des publicitaires puisque financé par eux! Ses recommandations sont faites pour ne jamais embarrasser les annonceurs. Attendre que le JEP se positionne fermement et rapidement est une illusion dangereuse.
Le Groupe porteur demande donc que le Ministre Rudy Demotte prenne ses responsabilités en déposant un projet de loi clair, cohérent, applicable à tous et contenant les mesures suivantes:
– vu l’impact certain de la publicité, particulièrement sur les mineurs, il convient d’interdire la publicité pour les boissons alcoolisées dans l’espace public (affichage) mais aussi en tout endroit où il est impossible de contrôler l’accès aux mineurs d’âge: à la TV, au cinéma, à la radio et sur Internet. Dès lors, la publicité visant des boissons alcoolisées doit rester cantonnée à la presse écrite payante pour adultes;
– l’interdiction de distribuer gratuitement ou à des tarifs symboliques des boissons alcoolisées. Spécialement lors de grands “évènements jeunes” (soirées, festivals, etc.);
– l’interdiction du sponsoring d’événements culturels, sportifs ou festifs adressés aux mineurs d’âge ou susceptibles d’attirer un public jeune (festivals, soirées d’étudiants, voyages organisés pour groupes de jeunes, etc.), par des marques de boissons alcoolisées;
– une séparation claire des «alcopops» (Breezer, Smirnoff Ice et autres) d’avec les limonades et autres sodas dans les rayons des surfaces de ventes : ces alcopops doivent se retrouver clairement au rayon des alcools afin d’éviter toute confusion chez le consommateur. Une séparation physique doit donc être imposée;
– l’emballage et l’étiquetage des alcopops doivent mentionner le degré d’alcool et ne peuvent plus entretenir de confusion avec des boissons non-alcoolisées.

La loi pourra reprendre les quelques points positifs déjà enregistrés dans la convention proposée par le secteur «alcool»:
– l’interdiction des distributeurs automatiques de boissons alcoolisées à proximité des jeunes et des lieux où ils se réunissent;
– la prise en considération de l’ensemble des produits titrant plus de 1,2% d’alcool par volume : toutes les boissons alcoolisées sont ainsi traitées sur un pied d’égalité.

Le Groupe porteur et ses associations membres restent, bien sûr, à la disposition du Ministre de la santé publique à propos de cette importante question. Ces acteurs pensent également que sur un tel sujet la discussion devrait être ouverte aux secteurs de l’éducation et de la promotion de la santé , tant au niveau politique qu’au niveau associatif, concernés par la jeunesse et la promotion de la santé.
Voilà les véritables partenaires pour construire une politique de santé, pas les «alcooliers»!
Le Groupe porteur «Les jeunes et l’alcool»
D’après un communiqué de presse.
Contacts :
Florence Vanderstichelen , Directrice d’Univers santé. Tél: 010 47 33 74 – GSM: 0473 603567
Martin de Duve , chargé de projets à Univers santé. Tél: 010 47 35 04 – GSM: 0478 206377
Courriel: jeunes-alcool@univers-sante.ucl.ac.be (1) Groupe porteur: Fédération des centres de jeunes en milieu populaire, Fédération des Etudiant(e)s francophones, Groupe RAPID, Infor-Drogues, Jeunesse et Santé, Ligue des Familles, Mutualité socialiste, Prospective Jeunesse, Univers Santé.
(2) OMS, cité in LONFILS Ch., Quelques résultats de l’étude « Santé et bien-être des jeunes », analyse transversale et longitudinale de la consommation d’alcool, Actes du colloque « Les jeunes et l’alcool », in Les Cahiers de Prospective Jeunesse, n°32, septembre 2004, pp.12-18.
(3) MARION Ph., Les stratégies communicationnelles. Comment les pubs influencent-elles le comportement des jeunes ?, Actes du colloque « Les jeunes et l’alcool », op cit, pp.19-22.
(4) CRIOC, Réglementer la publicité pour les alcools : une demande des organisations de consommateurs, Du côté des consommateurs n° 166, 30 octobre 2004.

Une convention pour réguler consommation et publicité pour l’alcool

Le 30 Déc 20

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Protéger la santé des jeunes

Récemment encore, le CRIOC a révélé des chiffres qui montrent qu’une action des pouvoirs publics est nécessaire (1): 10% des jeunes de 11-12 ans affirment consommer de l’alcool, et 68% d’entre eux y ont déjà goûté. Vers 17-18 ans, le chiffre de la consommation atteint 70%.
Depuis quelques années, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les services compétents de la Commission européenne se penchent sur la consommation d’alcool, particulièrement chez les jeunes, et sur les liens entre la publicité et la consommation de ces boissons.
L’OMS aainsi organisé, en 2001, une conférence sur «Les jeunes et l’alcool», au cours de laquelle il a clairement été mis en évidence que la publicité augmente la consommation. « La jeunesse constitue la cible privilégiée du marketing de l’industrie de l’alcool », y déclarait la directrice générale de l’OMS.
Elle a ainsi cité des études démontrant qu’une augmentation de la consommation d’alcool avait été observée chez les jeunes exposés à seulement cinq minutes de publicité pour l’alcool à la télévision. Elle a également cité des statistiques selon lesquelles un décès sur quatre en Europe chez les hommes âgés entre 15 et 29 ans – un sur trois dans certains pays – était dû à l’alcool.

La publicité réglementée dans d’autres pays européens

Un bref regard sur nos pays voisins montre d’ailleurs que, bien souvent, la publicité pour l’alcool y est réglementée. Quelques exemples:
– en France, la loi Evin, édictée en 1991, limite considérablement la publicité pour les produits alcoolisés;
– en Italie, à la télévision d’Etat, la publicité pour l’alcool est prohibée avant 19 heures;
– en Suède, toute publicité pour l’alcool, à l’exception des bières légères, est interdite;
– en Espagne et en Autriche, la publicité pour les boissons alcoolisées connaît aussi des restrictions.

Qu’en est-il en Belgique?

La Belgique se caractérisait jusqu’ici par une absence totale de réglementation.
Dans ce contexte, certains acteurs ont déjà pris spontanément des initiatives pour encourager une consommation responsable.
La loi du 24 janvier 1977, modifiée en 1997, habilite par ailleurs le Roi à prendre des mesures limitant ou interdisant la publicité pour l’alcool.

La nouveauté: une Convention reconnue par la loi

Il y a quelques mois, le Ministre Rudy Demotte a souhaité réfléchir à la question, en collaboration étroite avec le secteur des producteurs, mais aussi avec les distributeurs, les consommateurs, les fédérations HORECA et le Jury d’éthique publicitaire.
Dans le cadre de ces discussions, il a été décidé une manière originale et coopérative de réglementer cette question:
– une convention est conclue entre les fédérations, le secteur de la distribution, le secteur HORECA, les consommateurs et le Jury d’éthique publicitaire;
– parallèlement à cette convention, un projet de loi particulier est également proposé afin d’habiliter le Ministre de la Santé à reconnaître cette convention et à donner valeur réglementaire et force obligatoire à ses dispositions.

Publicité

La convention réglemente d’abord la publicité pour les boissons alcoolisées.
Tout d’abord, elle s’applique à l’ensemble des produits contenant plus de 1,2% d’alcool par volume. Toutes les boissons alcoolisées sont ainsi traitées sur pied d’égalité, quelle que soit la manière dont elles sont produites.
La publicité y est définie de manière large: toutes les formes de communication visant à promouvoir la vente du produit sont visées.
La publicité pour l’alcool ne peut ni associer la consommation à la réussite sociale, sexuelle ou professionnelle, ni dénigrer l’abstinence ou la consommation modérée.
Elle ne peut inciter à une consommation irréfléchie ou exagérée.
La convention comprend un important chapitre consacré aux mineurs: la publicité ne peut jamais les viser ou utiliser des moyens qui aboutissent à les viser spécifiquement.
La mise sur le marché de produits contenant de l’alcool doit être effectuée de façon à éviter toute confusion entre ces produits et ceux qui ne contiennent pas d’alcool.
Elle ne peut faire référence aux recommandations d’un professionnel de la santé, ni s’adresser spécifiquement aux femmes enceintes.
Elle ne peut établir de lien entre la consommation du produit et la conduite d’un véhicule ou la performance sportive.
La mention de la teneur en alcool doit être effectuée de façon claire.
Pour mieux protéger les enfants, la convention établit une interdiction de publicité pour ces produits 5 minutes avant, pendant et 5 minutes après les émissions qui leur sont destinées.
Il ne pourra y avoir aucune publicité dans les publications destinées aux enfants.
Toute publicité pour une boisson alcoolisée est interdite lors de la diffusion d’un film destiné aux enfants (cinéma).

Vente

La convention réglemente aussi la mise sur le marché pour les boissons alcoolisées. A titre d’exemples:
– les boissons alcoolisées devront être commercialisées de manière telle qu’il ne puisse y avoir aucune confusion par rapport aux autres boissons;
– la vente de boissons alcoolisées ne peut se faire dans des distributeurs automatiques dans ou à proximité des écoles, des locaux de clubs de jeunes et des mouvements de jeunesse.

Tous les acteurs sont concernés par la loi

Cette convention permet que des règles claires et précises soient établies, et qu’elles s’appliquent à tous, notamment afin de reconnaître les efforts des acteurs les plus pro-actifs.
La convention confie un rôle important au Jury d’éthique publicitaire , qui a d’ailleurs participé activement à l’élaboration du texte de la convention.
Le contrôle du respect des dispositions de la convention sera assuré par le JEP, au sein duquel les associations de consommateurs disposeront d’un droit de regard.
C’est une évolution fondamentale. Composé aujourd’hui des annonceurs, des agences de publicité et des médias, le JEP a en effet déjà pu, depuis plusieurs années, montrer son engagement dans le domaine de l’éthique publicitaire, en mettant fin ou en empêchant le déroulement de campagnes contestables sur le plan moral ou même légal.
Le Jury d’éthique publicitaire est aujourd’hui en pleine réforme, de façon à élargir tant sa composition que son champ d’action. Des discussions sont en cours pour que les consommateurs y soient représentés.
Il s’agira d’une avancée significative, démontrant la volonté, à la fois du JEP et des associations de consommateurs, de s’associer pour que la publicité – pour l’alcool plus précisément – soit la plus éthique possible.
La base légale (qui insère un article dans la loi de 1977 relative à la protection de la santé des consommateurs en ce qui concerne les denrées alimentaires et les autres produits) qui accompagne la convention permet au Ministre de la Santé de reconnaître la convention.
En effet, il est important que ces règles s’appliquent à tous et pas uniquement aux «plus responsables» des acteurs concernés et que si les moyens mis en place de façon conventionnelle ne suffisent pas, le contrôle puisse être effectué par les autorités publiques en charge de la santé.
D’après un communiqué du Ministre de la Santé Rudy Demotte
(1) Voir l’enquête du Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs sur «Les jeunes, l’alcool et le tabac» remise le 9 décembre 2003, disponible sur le site https://www.oivo-crioc.org .

Le sexe qui parle

Le 30 Déc 20

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Dans notre pays les campagnes de communication médiatique en matière de sexualité se focalisent en général sur les questions de prévention des MST (voir les initiatives régulières de la Plate forme prévention sida), ou de contraception et de prévention de grossesses non désirées (voir l’an dernier la campagne ‘Laura’ du Ministre fédéral de la santé, qui tapait d’ailleurs sur les deux clous, et qui est reprise en 2005).
Et le plaisir, là-dedans, où est-il, direz-vous? Notre obsession du principe de précaution et de la minimisation des risques a transformé toute la richesse de l’expérience sexuelle en un pur problème de santé publique. De quoi céder un peu au découragement…
Une campagne mise en place récemment en Flandre par l’asbl Sensoa (1) tranche avec la morosité ambiante.
Sous le slogan général ‘Praat over seks’ (‘Parle du sexe’), Sensoa a pour ambition de favoriser une communication jugée déficiente. Et c’est précisément ce manque de communication qui, selon Sensoa, a des conséquences négatives: relations sans protection ou sans moyen anticonceptionnel, manque de compréhension des souhaits du partenaire, violence dans les relations sexuelles.
En un mot comme en cent, ‘de bons accords font le bon sexe’. Et la campagne n’a pas pour but de promouvoir le sexe en soi, mais une communication claire, au départ de valeurs telles que le respect de l’intégrité de la personne et la reconnaissance et le respect des limites de chacun.
Les promoteurs de la campagne sont conscients du fait d’intervenir dans une société où le sexe est omniprésent, ce qui n’est pas du tout contradictoire avec un déficit de vraie communication.
La campagne pour une fois ne part pas des problèmes identifiés, mais joue résolument la carte de la promotion d’une sexualité épanouie et responsable, pour permettre aux gens de faire des choix adéquats.
Ainsi, pourquoi des individus bien conscients des moyens de prévention n’utilisent-ils pas le préservatif ou la pilule? Pour Sensoa, une des raisons est l’absence de dialogue. Parce qu’on n’ose pas en parler, parce qu’on n’a pas appris à en parler, parce qu’on n’est pas habitué à en parler, parce que le sexe doit ‘aller de soi’, parce que cela rompt le charme…
Les promoteurs ont choisi 6 images explicites pour illustrer leur propos, du simple baiser à des jeux amoureux plus avancés, en s’adressant d’abord à un public hétérosexuel de jeunes adultes de 20 à 35 ans, mais sans oublier les couples gays et lesbiens. Les images (2), dues au photographe Marc Lagrange , ont une dimension érotique incontestable, assez inhabituelle en promotion santé (3).
Sensoa avait anticipé le fait que cela susciterait des critiques sévères en Flandre. Ils ne se sont pas trompés, puisque la Ministre de la Santé, Inge Vervotte , s’est distanciée de cette initiative qu’elle aurait voulue plus ‘positive’ (sans préciser en quoi), et que d’autres n’ont pas hésité à qualifier la campagne de ‘pornographique’.
Une chose est certaine: Sensoa voulait qu’on parle de sexe, et a réussi en plus qu’on parle de Sensoa, même en Communauté française: pas mal!
Christian De Bock
(1) Sensoa est le centre d’expertise flamand en matière de santé sexuelle et de prévention HIV. Pour plus de détails sur la campagne: https://www.sensoa.be .
(2) Le spot TV quant à lui, met en scène un couple de sourds-muets qui arrivent à se communiquer leurs désirs. Il se termine par ce commentaire: ‘Si eux peuvent en parler, vous aussi…’ Joli.
(3) Rappelons que les visuels de la campagne ‘In ze pocket’ de la Plate forme prévention sida l’an passé avaient déjà une dimension ludique plutôt sympathique, cf. la couverture d’Education Santé n° 193 .

Prise en charge de patients alcooliques

Le 30 Déc 20

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Depuis trente ans, le Dr Luc Isebaert , psychiatre et psychothérapeute, aide des patients alcooliques à se prendre en charge, pour retrouver l’abstinence ou un boire contrôlé. L’évaluation du travail qui vise à restaurer le libre choix du patient a de quoi rendre envieux. L’étude révèle 75 % de réussite (45 % d’abstinents et 30 % de buveurs qui se contrôlent) et ce quatre ans après le traitement! Explications depuis l’Hôpital Saint-Jean à Bruges.
Les mots d’ordre du travail du Dr Isebaert, homme jovial et passionné: partir des ressources du patient pour rendre le choix possible entre boire, ne pas boire ou consommer moins. Toujours. Il faut reconstruire l’image de la personne comme étant capable de s’assumer. « A un père de famille , je dirais par exemple qu’il investit dans l’avenir , explique Luc Isebaert. Quelqu’un qui boit le soir exclusivement , je vais aller voir avec lui ce qui se passe le jour . Quelqu’un qui pendant quelques heures un jour choisit la bière plutôt que la vodka , voilà aussi un comportement intéressant . Le jour où on a moins eu envie de boire , je le souligne en disant que je connais des personnes qui auraient bu la même chose , par habitude . L’identification de tout ce qui sert ou a servi à limiter les dégâts est primordiale . Pour ce faire , je propose de compléter une grille qui renseigne sur l’heure , le jour , l’intensité de l’alcoolisation , le motif et la manière dont cela s’est arrêté . Idem pour les jours sans alcool ; on note le jour , la raison qui a aidé et les stratégies éventuellement mises en place

Autres solutions

L’alcool est-il identifié comme moyen d’être plus à l’aise lors d’une prise de parole en public? D’autres voies d’accès à la tranquillité seront envisagées. L’alcool fait se sentir moins seul? Des pistes seront explorées pour ne plus être seul ou seule. « Je me positionne comme un consultant , explique Luc Isebaert. La consultance n’amène pas plus de ressources , elle aide à les identifier . Quand le patient prend conscience de ses potentialités , mon rôle devient celui d’un expert . Expert en général , quand le patient est expert en particulier . Je pense que si l’on ne suscite pas les résistances il n’y en a pas
Luc Isebaert reste évidemment réaliste. Il travaille toujours à partir d’une demande d’aide, même infîme, qu’il développe.

Ambulatoire

L’ambulatoire est privilégié. Avec rarement plus de huit rencontres avec le patient. Et une moyenne d’un peu plus de quatre séances. Seuls 20 % des patients requièrent une autre thérapie pour traiter une anxiété, une dépression ou autre.
Mais quid du sevrage? Le milieu hospitalier n’y est-il pas davantage favorable? Si l’hôpital est intéressant, c’est pour la mise hors contexte. Pas pour le sevrage, considéré «comme un tigre de papier»: « Le sevrage peut se faire à la maison , en collaboration avec le médecin généraliste . Il passe prendre le pouls , la tension . Si les paramètres montent , un anxiolytique est généralement prescrit . C’est mieux que prescrire d’office , car ensuite on doit diminuer les doses

Habitudes

Tigre réel cette fois, les habitudes. Il faudra les déjouer pour que la prise de boisson ne soit pas réactivée. Exemple? « Un patient qui boit une bouteille de whisky par jour , posée près de son ordinateur , a voulu la remplacer par une bouteille d’eau . Il s’est vite révélé plus fructueux de poser la bouteille d’eau ailleurs , à distance de l’ordinateur , d’introduire un déplacement avant chaque moment de désaltération
L’habitude peut aussi être entravée. C’est le cas de figure où la personne se voit invitée à vider dans l’évier la moitié de son verre, dès qu’il est servi. Apparaît alors dans le champ des possibles le fait qu’un verre puisse ne pas être bu intégralement.
Dernière illustration avec un buveur de bistrot qui a continué à le fréquenter, mais en demandant au patron de lui servir une eau minérale dès qu’il poussait la porte du café. Et cela marche!
Ceux et celles qui choisissent de reboire modérément doivent aussi mettre de côté leurs habitudes, attendre 3 à 6 mois. « Ainsi , ont ils été confrontés , explique le Dr Isebaert, à des circonstances où ils buvaient , à des fêtes . Et ils ont su comment faire pour gérer

Rechute

On se focalise au moins tout autant à l’Hôpital Saint-Jean sur la gestion de la rechute que sur sa prévention. Pour éviter la dramatisation et la croyance que reboire c’est plonger à nouveau totalement.
«Nous construisons ensemble des stratégies à mobiliser pour la situation où on aura bu un verre, ou trois verres, où on aura pris une cuite, où on aura bu trois jours de suite, cela peut arriver. Selon moi, boire ne fait pas partie de l’identité de la personne. Je ne suis pas pour le centrage sur l’alcool. J’invite à faire la distinction entre ce dont on peut avoir envie (boire) et ce qu’on veut (ne pas boire). Dans la trousse de secours, comme je l’appelle, je propose d’avoir sur soi une photo d’un être aimé et au dos des numéros de téléphone à appeler en cas d’accès d’envie de boire.»
Véronique Janzyk
Vous pouvez consulter une synthèse de l’évaluation sur le site https://www.ebta.nu/research.html de la European Brief Therapy Association .

Obésité: agir sur tous les plans

Le 30 Déc 20

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L’Organisation mondiale de la santé elle-même le déclarait il y a peu: l’obésité est une maladie qui doit être traitée. Message reçu de la part de professionnels de la santé qui ont organisé une prise en charge pluridisciplinaire basée sur les aspects médical, diététique, « sportif » et psychologique. Car l’obésité intègre ces ingrédients à des niveaux divers, selon les personnes concernées.
On ne le rappellera jamais assez: l’obésité est source de problèmes de santé importants, ou peut encore favoriser leur émergence en présence d’autres facteurs de risque. On pense aux maladies cardio-vasculaires, infarctus du myocarde en tête; au diabète et à toutes ses complications possibles; à l’hypertension qui est aussi appelée le tueur silencieux; au cholestérol qui peut mener aux infarctus du myocarde également; à certains cancers qui sont plus fréquents chez les obèses (côlon, prostate, estomac, œsophage, foie, vessie, pancréas, sein, utérus, col de l’utérus, ovaires…) (1); à la formation de calculs (pierres) à la vésicule biliaire, à l’arthrose…
Si le but n’est pas d’avoir un discours alarmiste, il est tout de même utile d’énoncer clairement les risques pour sensibiliser les personnes concernées. Dans l’espoir qu’elles décideront de prendre les mesures nécessaires pour améliorer leur santé: une réduction de poids de 10% a déjà des conséquences très positives, tant en termes cardio-vasculaires, que de diabète ou de cholestérolémie! Et pour ceux et celles qui ne se sentent pas d’attaque à se lancer dans un régime ou qui ne savent pas comment s’y prendre, des centres proposent une prise en charge ayant une dimension pluridisciplinaire.
Depuis 2 à 3 ans, les initiatives de prises en charge plus adaptées aux réalités des obèses sont au cœur de l’actualité, et d’autres ont vu le jour. Elles se basent sur un constat: l’obésité est une maladie qui mérite une attention médicale, elle est le résultat d’une alimentation inadéquate, d’où l’apport de diététiciens, d’un manque d’exercice physique (ce qui implique des kinésithérapeutes) et, bien souvent, est le résultat ou la cause de troubles psychologiques, donc nécessite d’intégrer une dimension psy.

Un nom qui sonne!

Parmi ces centres, une initiative a bénéficié d’une grande médiatisation au moment de son lancement en 2002, probablement par son nom très évocateur: les Cliniques du Juste Poids (CJP), coordonnées par la Fondation Hodie Vivere pour l’étude et la prévention des maladies de civilisation. Son approche pluridisciplinaire, bien que n’étant pas neuve (d’autres praticiens, notamment hospitaliers, l’organisaient depuis déjà plusieurs années pour certains) a cependant eu le mérite de la structurer au sein d’une même association centralisatrice, et de la médiatiser. « Les CJP s’adressent à ceux de plus en plus nombreux qui ont perdu l’insouciance du manger heureux’ et qui , pour un problème de poids , font de la nourriture une difficulté , une culpabilité , voire un combat répété . Elles sont constituées en un réseau de Centres de diagnostic , de suivi thérapeutique et d’information pour tous ceux qui souffrent d’un problème de poids . Leur approche globale de l’excès pondéral se base à la fois sur le comportement alimentaire et des explications détaillées quant au bon usage des médicaments . Le but ne se limite pas au résultat sur la balance , mais vise une modification d’habitudes alimentaires et la connaissance des clés de base qui éviteront la rechute », expliquent ses responsables.
Pratiquement, il s’agit de participer à une séance d’information sur la philosophie et l’organisation de la prise en charge, ensuite de réaliser un bilan de santé à la fois avec le médecin, le nutritionniste et le psychologue, afin de déterminer l’historique de la personne qui souhaite perdre du poids. Les causes de l’excès pondéral (la fréquentation régulière des restaurants pour des raisons professionnelles, le choc émotionnel qui a pour résultat que celui qui l’a subi se réfugie dans la nourriture, le manque de connaissance des aliments et de leurs ‘richesses’, etc.) seront déterminées ainsi que ses effets déjà visibles sur la santé (pré-diabète, diabète, cholestérol…); un bilan sera réalisé et un objectif raisonnable à atteindre sera fixé par des mesures personnalisées. Ce premier topo est à la charge des patients: 75 euros. Le patient sera alors dirigé vers la voie qui lui convient le mieux: suivi médical, psychologique ou diététique. Ce coût se prolonge au cours des consultations, puisque le patient doit au minimum payer le ticket modérateur. Cette charge financière constitue trop souvent un frein à la poursuite de la prise en charge. Car on sait que les consultations diététiques et les suivis psychologiques ne sont pas remboursés et que l’«obésitologie» n’étant pas reconnue, les tarifs sont libres. « C’est la raison pour laquelle la Fondation Hodie Vivere reste en contact avec les autorités pour négocier une intervention par l’Inami , les mutuelles ou les assurances . Certaines catégories d’âge sont couvertes par des assurances complémentaires de mutuelles , et nous avons notamment des contacts avec des mutualités pour étendre cette couverture à un maximum de gens », poursuit le Dr B. Buntinx , porte-parole des CJP.
Depuis sa création, les CJP ont regroupé 10 centres en Wallonie et 3 à Bruxelles, et visent à étendre leur réseau. « Nous envisageons de lancer des séances d’information auprès de jeunes médecins généralistes , sortis des études dans les cinq dernières années , et d’étendre ainsi ce réseau ». Mais les initiatives ne sont pas toujours faciles à mener, d’autant que les changements de majorité aux niveaux fédérés ont suspendu les dotations de la Fondation depuis près d’un an, pour ce qui concerne les aspects de la prise en charge de l’obésité (2).

18 mois après…

Les CJP ont effectué un bilan de leur travail après 18 mois de fonctionnement: le parcours de 573 personnes a ainsi été observé, dont 80% de femmes. L’âge le plus représenté chez les femmes était les 43-52 ans, et chez les hommes les 33-42 ans, surtout des personnes en couple avec enfants (pour moitié), des employés (53% des femmes et 40% des hommes) et n’ayant pas d’activité physique (70% et 60% respectivement). « On constate également , dans le profil , que les femmes ont une motivation plus esthétique , alors que les hommes visent davantage à améliorer leur santé par la perte de poids , ce qui peut expliquer que les femmes ont davantage pris une initiative personnelle , alors que les hommes ont davantage été conseillés par leur médecin », explique le rapport.
Parmi ceux qui ont cité une raison expliquant leur trouble de l’alimentation et leur manque d’activité physique, notons que la majorité des femmes évoque un événement psychologique et les hommes un changement de mode de vie, mais aussi l’arrêt de la pratique d’un sport et l’arrêt du tabac.
Par ailleurs, les chiffres fournis par les CJP indiquent que les hommes ont consulté plus tardivement, lorsqu’ils souffraient d’obésité de grades I et II, alors que les femmes étaient majoritairement en excès pondéral et obésité de grade I (3). Les hommes s’inquièteraient-ils plus tardivement de leur obésité et ne prendraient-ils l’initiative que lorsqu’ils présentent des signes cliniques, donc consultent sur base des conseils de leur médecin? C’est en tout cas ce qui peut être déduit de l’âge des personnes qui ont consulté en comparaison avec leur BMI au moment de la première consultation.
Les troubles psychologiques accompagnent très souvent les troubles alimentaires: reste à savoir lequel engendre l’autre… On retrouve dans l’ordre le grignotage (59%), l’anxiété (38%), les compulsions (32%), la dépression (24%), le manque d’estime de soi (22%), l’hyperphagie (21%), le chaos horaire (20%)…
Mais ce qui est frappant, c’est la différence qui existe entre les hommes et les femmes: « Celles ci semblent plus touchées par la dépression , les problèmes d’estime de soi , les compulsions , les situations de post trauma et , avec des écarts moins marqués , par le grignotage et l’anxiété . Les hommes semblent plus nombreux à souffrir de problèmes d’assuétudes et de chaos horaire et dans une moindre mesure , d’hyperphagie ou de chaos du contenu alimentaire », souligne le rapport. Et cet aspect psychologique a poussé les CJP à prévoir une prise en charge plus ciblée: « Le traitement psychologique d’une patiente ménopausée , dépressive et présentant des problèmes d’estime de soi sera différent de celui d’une patiente victime d’un choc post traumatique accompagné d’anxiété et d’insomnie

Des résultats en demi-teinte, néanmoins positifs

« Les patients qui comptent 4 visites ou plus représentent 41 % du total , ce qui pourrait refléter le taux de compliance . Le taux d’abandon est de 32 %, légèrement inférieur chez les hommes . Ces chiffres élevés sont ceux constatés dans la pratique générale . Chez ceux qui ont consulté plus d’une fois , les traitements de moins de 6 mois restent majoritaires ( 73 %); 27 % ont continué plus de 6 mois et 8 % plus d’un an . Même si on peut les considérer comme faibles , ces derniers résultats sont encourageants car il est difficile de maintenir un suivi thérapeutique à moyen et long terme dans les cas de surcharge pondérale . Il faut par ailleurs rappeler que notre évaluation porte sur une démarche volontaire et libre », poursuit le Dr Buntinx.
Et en termes de poids perdu, les résultats se précisent. Ce sont les plus obèses qui ont enregistré les meilleurs résultats. Ceux qui avaient une obésité de grade III à leur entrée ont perdu en moyenne 8,9% de leur poids initial, ceux de grade II en ont perdu 8,5%, ceux de grade I 6,5% et ceux qui présentaient un excès pondéral ont perdu 7,2% de leur poids initial. Et même ceux qui avaient un poids dans la normale ont perdu du poids: en moyenne 4,9%… Ces personnes ont perdu en moyenne 1,79 kg par mois (1,66 pour les femmes, 2,26 pour les hommes). « La perte de poids n’est pas innocente . Le tissu graisseux est en effet chargé de toxines qui , remises en circulation lors de la lipolyse , doivent être prises en charge’ par les processus de détoxication hépatique avec production de radicaux libres . Une perte de poids excédant 5 kg par mois ne paraît pas physiologiquement acceptable », explique le Dr Jacques Médart , médecin nutritionniste des CJP.
Le succès n’est pas nécessairement en rapport avec la durée du traitement: « Si l’efficacité des traitements courts est claire , les résultats à plus long terme semblent moins encourageants , ce qui s’explique sans doute par la modification de l’objectif à long terme qui passe de la perte de poids au maintien du poids perdu .» Globalement, les femmes ont en moyenne perdu 2,32 unités de BMI et les hommes 2,77. Ce meilleur résultat chez les hommes s’explique sans doute du fait qu’ils partaient d’un BMI plus élevé…
Résultat encourageant, les rangs des personnes ayant un poids dans la moyenne s’est agrandi, alors que ceux des personnes avec une obésité de grade II et III a largement rétréci.

Un forum

Une autre initiative est le regroupement de médecins spécialistes de différentes universités du pays qui s’investissent depuis plusieurs années dans la prise en charge pluridisciplinaire de l’obésité. Ensemble, ils ont mis sur pied la BASO, Belgian Association for the Study of Obesity (Association Belge d’Etude de l’Obésité). Les initiatives menées portent bien entendu sur la prise en charge concertée par des médecins, des diététiciens, des psychologues et des kinésithérapeutes pour réapprendre à manger et bouger, mais pas seulement. « Pour ma part , voilà plus de 20 ans que je collecte les données des patients que je vois , ainsi que celles recueillies par les autres intervenants comme le psychologue et le diététicien , et l’évolution de poids des patients . Auparavant ce recensement se faisait manuellement dans un grand cahier , à l’ancienne , et depuis plusieurs mois , dans une base de données informatique . Mais le suivi de l’évolution des patients n’est possible que pour ceux avec qui le contact est gardé . Que deviennent les autres ? Il faudrait pouvoir les contacter par lettre ou téléphone . Cela pose problème , indépendamment de l’aspect déontologique : une infirmière sociale pourrait couvrir cet aspect du suivi . Mais comment la rémunérer , rien n’étant prévu ?», explique le Dr Maximilien Kutnowski , interniste au CHU Brugmann (ULB) à Bruxelles, et actuel président de la BASO.

Lobbying désintéressé?

Le 9 mai dernier, le Forum Obésité adressait au Ministre de la Santé une lettre concernant la prévention et l’approche de la surcharge pondérale et de l’obésité en Belgique. Après avoir souligné l’importance du défi que représente l’épidémie d’obésité pour notre pays, ce document met en évidence deux priorités:
– la nécessité de prendre des mesures visant à optimiser le traitement et l’accompagnement des patients obèses;
– le besoin d’une réglementation radicale concernant le contrôle plus strict de la publication d’informations sur les substances amaigrissantes en vente libre dans le commerce.
Pourquoi ces deux thèmes-là et pas d’autres? Lorsqu’un problème de santé publique vient à l’avant-plan, c’est rarement dû au hasard. D’aucuns n’hésitent pas à voir derrière cette initiative apparemment digne d’être appuyée une simple opération de relations publiques d’entreprises pharmaceutiques soucieuses de valoriser indirectement leurs produits et de jeter par la même occasion le discrédit sur d’autres produits n’étant pas enregistrés comme médicaments.
CDB

Ce qui n’empêche pas l’association d’être particulièrement active. Récemment, elle a édité un ouvrage de consensus sur la prise en charge de l’obésité destinée aux professionnels de la santé. Se basant sur ce «Consensus du BASO», le Forum Obésité a publié un guide pratique. « Ce guide concret et abordable par le grand public donne les clefs pour évaluer clairement sa situation personnelle et explique les actions qui peuvent être prises , en fonction des résultats obtenus , par le petit questionnaire d’évaluation . Il insiste également sur le fait que les kilos seuls ne suffisent pas à cette évaluation : il faut également calculer son BMI pour estimer la masse de graisse présente dans le corps , mesurer son tour de taille pour savoir si cette graisse est située essentiellement dans la région abdominale ( qui concourt à un risque accru de maladies cardiovasculaires ), et enfin , il faut évaluer la présence de facteurs de risques supplémentaires ( familiaux , tabac , lipides sanguins et autres ) ou des maladies déjà installées ( hypertension , diabète )», poursuit le Dr Kutnowski.
Ce guide donne également des conseils pour, et c’est fondamental, conserver son poids après une perte: alimentation moins calorique, plus d’exercice physique et surtout, une bonne compréhension de son comportement alimentaire. Tous ces efforts sont soutenus de façon interactive sur le site www.kilowatch.be, où l’on retrouve ces précieux conseils pratiques, mais où aussi, après avoir introduit ses données personnelles sur le poids, la taille, le tour de taille, etc., on peut recevoir chaque semaine non seulement un soutien à la démarche pour maigrir, mais aussi des astuces, comme des recettes de cuisine pour des plats légers et savoureux, des brochures pratiques notamment sur l’activité physique, les régimes à suivre ou ne pas suivre, etc. Un bon coup de pouce aux personnes plus solitaires qui n’osent pas se lancer dans une aventure plus médicalisée de la perte de poids…
Enfin, la BASO est à l’initiative d’une grande campagne pour sensibiliser particulièrement les personnes en surpoids (les personnes obèses sont généralement bien conscientes de leur problème de poids) à calculer leur BMI: c’est la semaine de l’IMC (Indice de masse corporelle, traduction de BMI). Et ce afin qu’elles prennent au plus tôt les mesures qui s’imposent…

Revers de la médaille

Néanmoins, ce tapage médiatique sur le problème de poids ne doit pas induire d’autres troubles alimentaires, comme l’anorexie ou la boulimie. Le vrai message qui doit prévaloir n’est pas «il faut maigrir», mais «il faut manger équilibré et bouger». Un message plus difficile à faire passer que de donner des méthodes simplistes et à court terme qui font perdre quelques kilos rapidement, kilos qui reviennent en double dès l’arrêt du régime, un mot à remplacer par celui d’apprentissage au bien manger.
Carine Maillard

Plan nutrition et santé

Ces deux initiatives s’inscrivent dans la nécessité de lutter le plus efficacement possible contre l’obésité dans notre pays. Nécessité également soulignée par le ministre fédéral de la Santé, Rudy Demotte , qui a lancé l’année dernière l’élaboration d’un PNNS (Plan national nutrition et santé) version belge. Il est en phase de rédaction et sa mise en œuvre est prévue pour la mi-2006. Son but est tout d’abord de centraliser et coordonner les différentes mesures prises par les autorités fédérées et éviter les redondances, tout en faisant appliquer au niveau fédéral ce qui marche au niveau régional. Il va élaborer des lignes directrices de nutrition et de politique nutritionnelle pour assurer dans tous les domaines (écoles, hôpitaux, collectivités…) une alimentation optimale, dresser un état des lieux coordonné avec différents experts de secteurs concernés et déterminer à la fois des recommandations et des objectifs à atteindre.
Ce qui ne sera pas fait sans mal: il est question de faire preuve d’une plus grande exigence quant à l’étiquetage des produits alimentaires mais aussi des allégations santé lors des campagnes publicitaires, ce qui risque de heurter certains acteurs du secteur agro-alimentaire. Par ailleurs, le ministre envisage de favoriser l’accès à l’alimentation saine aux personnes les plus défavorisées, celles-là même qui sont le plus touchées par l’obésité.
Une première application concrète dans la foulée de ce plan a fait grand bruit récemment, par la suppression des distributeurs de sucreries et de sodas dans les écoles. Ce premier pas, pourtant critiqué, a néanmoins eu le mérite de limiter l’accès à des aliments et boissons caloriques par les plus jeunes et a lancé le débat de l’alimentation saine à l’école, également dans les cantines. Si cette interdiction est accompagnée d’explications sur ses raisons, elle devrait contribuer à donner aux jeunes une éducation à une alimentation saine et optimale. Un concept qui veut que nous suivions tous la pyramide alimentaire, ce qui nous éviterait l’excès de poids, donc les régimes! Affaire à suivre, comme on dit.
CM

(1) Etude publiée dans le New England Journal of Medicine 2004; 348: 1625-1638.
(2) La COCOF a cependant récemment débloqué un budget de 25.000 € dédié au développement du réseau bruxellois des Cliniques du Juste Poids.
(3) Pour rappel, un BMI compris entre 18.5 et 24.9 équivaut à un poids normal, entre 25 et 29.9 il s’agit d’un excès pondéral, entre 30 et 34.9, à une obésité de grade I, de 35 à 39.9 une obésité de grade II, et plus de 40 à une obésité de grade III.