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Tom & Babette. Apprendre à bien manger en s’amusant

Le 30 Déc 20

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Lancée par un médecin nutritionniste, l’exposition itinérante «Tom & Babette – Explorateurs du goût» a séduit la Communauté française et la ministre Catherine Fonck, en charge de la santé, mais aussi les nombreuses écoles qui s’alignent sur la liste d’attente des établissements intéressés. Ce programme d’éducation nutritionnelle destiné aux enfants de 6 à 12 ans est en effet original et mise sur l’amusement et la participation active.
Véritable complément aux programmes d’information sur l’alimentation saine dispensés dans les écoles, l’exposition «Tom & Babette – Explorateurs de goût» accueille les enfants et les fait participer activement et de manière ludique. « Dans ma pratique clinique , j’ai constaté , comme bien d’autres , que les problèmes de poids non seulement tendaient à augmenter déjà chez les plus jeunes , mais qu’en plus , il était difficile d’y remédier lorsque l’obésité est installée , lorsque les mauvaises habitudes alimentaires sont prises , explique le Dr Anne Boucquiau , conceptrice de l’exposition, aujourd’hui responsable de la Cellule Santé au cabinet de la ministre Fonck. Alors , j’ai décidé de lancer un projet qui travaillerait en amont , sur la prévention . Je l’ai monté en fonction des attentes des enseignants qui souhaitaient un produit fini . Je l’ai conçu en collaboration avec d’autres professionnels spécialisés dans l’organisation d’événements , d’un psychologue du développement du goût , mais aussi avec le soutien de structures locales qui pouvaient l’accueillir . Il fallait aller chercher les enfants là où ils se trouvent et où ils sont réceptifs à des messages de prévention , l’école . D’où l’idée d’une exposition itinérante capable de se déplacer aux quatre coins de Bruxelles et de Wallonie . Nous avons donc établi des contacts avec tous les partenaires possibles , des services provinciaux de promotion de la santé aux centres culturels , en passant même par des sociétés privées , comme des sociétés de transport pour amener les enfants à l’exposition . Chaque événement fait donc l’objet de contacts , au cas par cas
L’animation Tom & Babette fait désormais partie des journées provinciales de l’alimentation saine initiées par la ministre Fonck en collaboration avec le CIMP (Comité interprovincial de médecine préventive).

Apprendre à aimer se nourrir

Puisque les programmes d’éducation à l’alimentation saine ont déjà fait leur apparition depuis plusieurs années dans les écoles, il restait à donner aux enfants l’occasion de mettre leurs connaissances en pratique. « Il est bien que les enfants aient une connaissance théorique de l’alimentation , mais manger , c’est avant tout un plaisir et cela doit le rester , voire le devenir , pour certains . Il me semble important que les enfants vivent agréablement leur alimentation et passent au dessus des appréhensions qu’ils rencontrent vers l’âge de 3 4 ans , lorsqu’ils se méfient des aliments nouveaux , par exemple . Nous voulons les aider à diversifier leur alimentation , tout en respectant leurs goûts .» Cependant, il n’est pas question d’aller disserter sur le manioc ou tout autre aliment exotique que l’on ne retrouve pas dans nos assiettes ou nos magasins habituels: la diversité existe dans des produits très simples, de consommation courante, et doit être découverte.
Pour y arriver, l’exposition joue dès lors sur les cinq sens, pour une découverte «primitive», mais d’abord ludique de ce qui se retrouve dans nos supermarchés.
En pratique, l’exposition s’articule autour de la pyramide alimentaire qui trône au centre. Tout autour, des stands sont organisés en fonction d’une catégorie d’aliments, chacun d’entre eux faisant appel aux différents sens. Il est à préciser que des animateurs accompagnent toujours les visiteurs, histoire de bien leur donner toutes les explications nécessaires et les indications pour manipuler les aliments…
Pour donner quelques exemples, l’ouïe sera testée par le test des féculents: cachés dans des bocaux en verre opaque, les enfants sont invités à deviner ici le bruit que produira le riz, là celui des pâtes.
Le goût sera mis à contribution pour déguster différentes sortes d’eaux. Et les enfants pourront bien vite constater que non, l’eau n’est pas insipide ou que non, toutes les eaux n’ont pas le même goût! Les explications sur les minéraux viendront compléter les constatations gustatives…
L’odorat pour sa part sera testé par les effluves de différentes essences de fruits. Quant au toucher, il servira pour reconnaître, à l’aveugle, les mains passées dans des manchons, des légumes… Enfin, c’est de manière visuelle que les enfants pourront voir combien l’eau est essentielle pour notre corps: ils devront remplir un petit bonhomme en plexiglas transparent d’un liquide coloré à hauteur de la place qu’occupe l’eau dans notre organisme.

Participation active

Mais un aspect particulièrement intéressant est la participation active par de petits ateliers qui éveillent les enfants aux saveurs. « Nous voulons jouer sur le plaisir de cuisiner , de préparer eux mêmes ce qu’ils vont manger . C’est souvent ainsi que des enfants vont apprendre à apprécier certaines préparations . Ils vont donc pouvoir préparer un potage ainsi qu’un milk shake en fonction des fruits choisis . A chacun le sien ! Et toujours dans le registre ludique , ils pourront créer un bricolage avec des graines de légumineuses , qu’ils vont coller sur un support pour représenter un petit personnage . En même temps , ils reçoivent des explications sur les différentes légumineuses manipulées
Les animations ont été conçues par des pédagogues, des enseignants et par le Dr Boucquiau, spécialement pour les enfants de 6 à 12 ans. Cependant, les parents et les enseignants qui les accompagnent se prennent très souvent au jeu!
En fin de parcours, les enfants sont invités à définir leur journée équilibrée, en fonction de leurs goûts, de leur culture, de leurs habitudes alimentaires, histoire de la raccrocher à leur vie quotidienne. Et toujours par le jeu!
Et pour venir soutenir les informations et les conseils reçus, de petits outils pédagogiques ont également été conçus, en fonction du type de visiteurs. Un dossier pratique , avec des références et des sites internet a été réalisé à destination des enseignants. « Ce dossier contient également des réponses à des questions régulièrement posées et qui peuvent être un point de départ pour une discussion plus vaste sur l’alimentation . En effet , on a constaté que bon nombre d’enseignants ne savent pas comment aborder et lancer ce sujet .» Les enfants pour leur part reçoivent leur carnet aventure avec un rappel des principaux messages reçus mais aussi quelques petits exercices amusants. Leurs parents recevront également un document qui répond à des questions pratiques, de la vie de tous les jours, du genre: «Mon enfant ne veut pas manger le matin: dois-je l’obliger?» ou «Il ne veut pas manger de légumes. Est-ce que je dois me fâcher?». Il contient également des recettes et des exemples de repas sandwiches, faciles à emporter à l’école.
Bref, tout le monde est concerné et impliqué dans l’initiative!

Le plaisir, partout

Un but essentiel de l’exposition est de montrer que le plaisir de manger est partout, et pas uniquement au sommet de la pyramide alimentaire, là où trônent les sucreries et les gâteaux… « Nous voulons que les enfants sortent en ayant compris qu’avoir une alimentation saine ne signifie pas qu’il faut se priver des plaisirs de manger ! C’est pourquoi nous avons réservé très peu de place aux bonbons et autres biscuits et chocolats : les pubs bombardent déjà suffisamment les enfants pour que nous en rajoutions …» Car les publicitaires ont bien compris que le souvenir des plaisirs alimentaires de l’enfance s’inscrivent de manière indélébile dans notre mémoire, et nous poursuivent à l’âge adulte: nous sommes tous attirés par ces produits qui nous ont tant fait plaisir lorsque nous étions enfants… Aussi, l’idée est aussi d’associer la notion de plaisir avec la consommation d’aliments sains, comme des fruits ou des légumes.
De plus, il serait bien que les enfants gardent à l’esprit que les produits sucrés et gras ont une place dans notre alimentation, mais exactement en proportion avec la place qu’ils occupent dans la pyramide alimentaire…
L’exposition itinérante «Tom & Babette» a été officiellement présentée en mars 2005, lors du salon Life²; depuis, elle a déjà accueilli quelques écoles bruxelloises, voyant défiler près de 600 enfants. Mais la liste d’attente est déjà longue, tant le succès est au rendez-vous: 3600 demandes de participation d’enfants ont été enregistrées rien que pour la capitale… Et dès la rentrée, les provinces wallonnes pourront également bénéficier de l’initiative, mais le calendrier 2005-2006 est encore en phase d’élaboration.
« Actuellement , il faut faire le tour de l’exposition à un rythme soutenu , en une heure et demie environ . C’est peu . Mais comme l’exposition reste peu de temps sur place , environ 4 jours , nous devons tenir ce rythme pour pouvoir accueillir un maximum de classes . Notre objectif serait de pouvoir rester deux semaines et allonger un peu le temps de visite . Mais pour cela , il faut encore plus de moyens et de stagiaires formés spécialement pour animer l’exposition . Par ailleurs , nous aimerions créer un site internet qui soutiendrait cette initiative de manière permanente », conclut le Dr Anne Boucquiau qui n’a pas pour ambition de changer du jour au lendemain les habitudes alimentaires des enfants et de leur famille, surtout pas par un événement unique. « Mais cela apporte une pierre à l’édifice , d’autant que chacun reçoit aujourd’hui beaucoup d’informations sur le sujet . Il faut donc aller plus loin dans le vécu des gens , moins jouer sur le niveau d’information et tenter d’influencer les écoles et leur fonctionnement …»
Cette ambition de faire perdurer le projet est réelle, mais pose la question des moyens: le Dr Boucquiau est-elle prête à accueillir des entreprises d’agro-alimentaire privées (1)? « Ce n’est pas exclu , il ne s’agira pas de promotion de produits dans l’exposition , mais pourquoi ne pas imaginer qu’elles fassent mention de leur participation à cette initiative dans leur communication , pour montrer qu’elles collaborent à favoriser une alimentation saine .» Les balises devront être là, et bien là.
« Nous consommerons toujours des produits issus de l’agro alimentaire , alors autant allier consommation et santé en se fixant des objectifs communs », conclut-elle.
Carine Maillard
Renseignements: asbl Les Explorateurs du Goût, La Campagnette 1, 6900 Marche-en-Famenne. Tél.: 0485 143 120. Courriel: lesexplorateursdugout@skynet.be
(1) Actuellement, ce projet bénéficie de l’appui des Mutualités libres

Pas de vaccin contre l’hiver

Le 30 Déc 20

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C’est avec ce slogan que la Ministre Catherine Fonck relance une campagne en Communauté française destinée à sensibiliser les personnes âgées de 65 ans et plus à l’importance d’un bilan de vaccination annuel à l’automne.

Grippe

On le rappelle régulièrement et pourtant… La grippe, le pneumocoque, la diphtérie et le tétanos tuent encore chaque année en Belgique. A elle seule, la grippe peut faire de quelques centaines à plusieurs milliers de victimes au gré des épidémies, dont une majorité de personnes âgées. Or nous disposons aujourd’hui d’une des mesures de prévention les plus efficaces dans l’histoire de la médecine : la vaccination. Seuls 6 Belges âgés de 65 ans et plus sur 10 recourent à cette protection. Pourtant, 1500 personnes en moyenne meurent encore de la grippe chaque année.
Si elle nous est familière, la grippe n’est cependant pas une maladie banale. Elle peut avoir des conséquences graves voire mortelles chez les sujets à risque de complication, tels que les personnes âgées de plus de 65 ans, plus fragiles, et les malades chroniques. Très contagieuse (via la toux ou les éternuements), elle est régulièrement à l’origine d’épidémies. A ne pas confondre avec un rhume ou un refroidissement, la grippe est causée par un virus appelé Influenza. Ce virus est en perpétuelle mutation ; de nouvelles souches apparaissent chaque année.
Pour les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes à risque de complication, ainsi que pour leur entourage, il est donc recommandé de procéder chaque année, avant l’hiver, à une vaccination contre la grippe, de manière à ce que l’organisme puisse s’armer contre ces nouveaux intrus.
Par ailleurs, la Communauté française a pris conscience depuis 2 ans déjà du problème spécifique posé par la vaccination insuffisante des professionnels de santé. Médecins, kinésithérapeutes, personnel infirmier, aides familiales et ménagères, personnel administratif des hôpitaux en contact direct avec les patients… Voilà un ensemble de personnes qui devraient impérativement être vaccinées annuellement, afin de réduire la transmission du virus aux patients à risque auxquels ils donnent des soins. En effet, toute personne infectée (même présentant peu de symptômes) peut transmettre le virus de l’Influenza. La transmission nosocomiale de la grippe est décrite, tant dans des hôpitaux que des maisons de repos et des milieux d’accueil pour personnes handicapées. Dans ces institutions, jusqu’à 25% des membres du personnel non immunisés peuvent développer la grippe durant les mois d’hiver et servir ainsi de porte d’entrée au virus.
Cette année, une brochure scientifique de sensibilisation sera diffusée aux médecins généralistes. Un travail de proximité sera également mené auprès des hôpitaux, pharmacies, maisons de repos, mutuelles, services socio-culturels… afin de toucher directement les plus de 65 ans dans leur milieu de vie. Cette première phase d’information sera suivie durant l’année 2006 d’autres initiatives visant progressivement un public plus varié de professionnels : directeurs médicaux et personnel des hôpitaux, médecins du travail, etc.
Enfin, en Belgique, la vaccination est classiquement recommandée aux enfants de plus de 6 mois fragilisés par une affection chronique (des poumons, du cœur, des reins, etc). Les enfants sont des vecteurs de dissémination importants du virus, mais la vaccination généralisée des enfants contre la grippe n’est pas retenue actuellement : en effet, les données scientifiques justifiant une telle politique de santé publique manquent encore et en outre, d’autres vaccinations sont prioritaires.

Pneumocoque

Chez l’adulte, le pneumocoque induit généralement une pneumonie. On estime à 20 000 le nombre de personnes atteintes chaque année en Belgique d’une infection sévère due au pneumocoque et à 2000 le nombre de décès liés à ces infections. Deux tiers des bactériémies (infection généralisée) à pneumocoque surviennent chez des personnes de plus de 50 ans, avec une augmentation importante des cas chez les plus de 60 ans. Par ailleurs, la résistance du pneumocoque aux antibiotiques s’est accrue de manière alarmante dans plusieurs pays européens.
Pour toutes ces raisons, la vaccination contre le pneumocoque est recommandée à tous les adultes de 65 ans et plus, ainsi qu’à certaines personnes atteintes de maladie chronique.

Tétanos et diphtérie

En Belgique, grâce à la vaccination généralisée contre le tétanos et la diphtérie (mise en place en 1959), ces deux maladies ont pratiquement disparu. Le tétanos ne s’observe plus qu’occasionnellement, mais encore trop souvent, principalement chez des personnes âgées ayant négligé les rappels de vaccin. Selon plusieurs études, la protection contre le tétanos et la diphtérie décroît avec l’âge. Au-delà de 40 ans, plus de la moitié de la population ne posséderait plus d’immunité satisfaisante contre la diphtérie. Or le risque d’épidémie réapparaît lorsqu’un tiers de la population n’est plus protégé. C’est pourquoi les rappels de vaccination, actuellement administrés à l’aide d’un vaccin combiné contre le tétanos et la diphtérie, sont recommandés tous les dix ans, à partir de l’âge de 15-16 ans.

Campagne de sensibilisation

Une brochure scientifique sera diffusée à 9000 exemplaires, principalement aux médecins généralistes.
Une affiche sera diffusée aux médecins généralistes, aux hôpitaux, communes et CPAS, aux pharmaciens, aux services sociaux et culturels s’adressant plus spécifiquement aux personnes de 65 ans et plus, aux mutualités. Plus de 110.000 dépliants seront diffusés via ces divers partenaires.
Le site https://www.vacc.info , accessible depuis 2004, met de nombreuses informations en matière de vaccination à la disposition du public.
La ministre souhaite, grâce à la collaboration des médecins généralistes, accroître le taux de couverture vaccinale des plus de 65 ans et des professionnels de la santé. L’information et la proximité sont les maîtres mots de cette campagne lancée pour l’automne.
La campagne «Il n’y a pas de vaccin contre l’hiver. Il existe un vaccin contre la grippe» est coordonnée par le SCPS – asbl Question Santé, avec la participation de la Société scientifique de médecine générale et de Provac, avec la collaboration de l’Ophaco, de l’Association pharmaceutique belge, du Journal du Médecin, des Mutualités chrétiennes, des Mutualités socialistes, des Mutualités libres, des Mutualités neutres et des Mutualités libérales (sauf erreur de notre part, cette participation des cinq organismes assureurs belges est une première – ndlr).
Bon à savoir: après la parution du matériel d’information, un arrêté ministériel est paru qui étend à tout le monde le remboursement partiel du vaccin pour la saison 2005-2006, du 1er octobre au 1er avril 2006.
D’après un communiqué de la Ministre Catherine Fonck

Nos écoliers en ont plein le dos!

Le 30 Déc 20

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1000 heures par an: voilà le temps passé par nos chers enfants sur les bancs de l’école. Résultat: avec l’obésité, la sédentarité, le mauvais positionnement ou les charges trop lourdes et mal portées, nos enfants souffrent de plus en plus de maux de dos. Pour tenter d’y remédier, deux personnes sensibilisées à cette problématique ont lancé des initiatives qui ne rencontrent pas encore l’écho qu’elles méritent. Petit coup de pouce.
Géraldine Vecoven est ostéopathe. Dans sa pratique, elle a constaté que de plus en plus d’enfants étaient référés par des médecins pour compléter le traitement de l’une ou l’autre pathologie du dos. « Le cas le plus inquiétant est certainement celui d’un petit garçon de 7 ans qui parvenait à peine à toucher ses genoux en station debout . Je constate , lorsque je discute avec ces enfants , que le cours de gymnastique ne reprend pas ou trop peu de séances d’étirements ou d’abdominaux . Les muscles du dos ne travaillent plus suffisamment , le bassin et les vertèbres perdent en mobilité , la musculature se rigidifie , causant des douleurs plus ou moins importantes à la moindre sollicitation », explique-t-elle.
Depuis 1998, elle donne des cours à des adultes dans un atelier et une école du dos. Mais voyant que les enfants n’étaient pas à l’abri, elle a décidé de prendre le mal à la racine, tant qu’il est encore temps d’agir, et de contrer les conséquences de maux de notre société qui pourraient être résumés par les 3 «S»: sédentarité, station assise inadéquate et surpoids.

Mal du siècle?

Le mal de dos est catalogué comme mal du siècle, mais est-ce une réalité? A voir l’augmentation des plaintes et des consultations, le coût pour la société et les patients, les arrêts de travail, il semble que ce soit vrai.
« Mais notre siècle est aussi celui de l’obligation scolaire qui allonge le temps passé par nos enfants sur un banc parfois inadapté , en station assise sur une chaise qui n’est généralement pas ergonomique . Ils sont conduits à l’école en voiture , passent une grande partie de leur temps libre assis devant l’ordinateur , la télévision ou la console de jeux Si l’on ajoute à cela le port d’un cartable trop lourd , les mouvements inadéquats , le manque d’activité physique ou l’obésité , on comprend que les problèmes de dos et les déformations , comme les scolioses , hyperlordoses ou hypercyphoses , par exemple , soient en pleine expansion et chez des enfants de plus en plus jeunes . D’après les statistiques , un enfant de primaire sur 5 souffre du dos , chiffre qui grimpe ensuite jusqu’à 2 ados sur 3 », poursuit-elle.
Et elle s’est interrogée sur les mesures prises, les moyens d’enrayer le phénomène, l’efficacité de mesures préventives et le rôle de l’école. « Je pense que la prévention est possible et peut être menée dès l’école primaire , chez les 8 10 ans . J’ai donc conçu un programme d’information , de sensibilisation des parents , professeurs de cours généraux , écoliers , médecins scolaires et responsables des achats de l’école , mais aussi des professeurs de gymnastique qui sont , selon moi , garants de la poursuite au quotidien du projet . Il me semble important que les enseignants s’approprient le projet d’éducation au dos et le mettent en place dans leurs écoles , selon leurs spécificités . C’est certainement une philosophie plus payante que des séances d’information une ou deux fois sur l’année …»

Efficace et pas cher

Ce projet consiste à sensibiliser tous les acteurs de l’école sur les bonnes habitudes en matière de dos. « La visite sur les lieux est la première étape de ce projet . Lors de ce premier contact , je vais donner aux enfants une explication sur la fonction de la colonne vertébrale , ses spécificités , ses courbures , le rôle des muscles ou encore des disques . Ensuite , il s’agit de mettre en évidence les mauvaises habitudes et les moyens pour les corriger : port du cartable , ramassage d’un objet , position assise , position de jeux , etc . Une information sur l’hygiène de vie accompagne ces « formations », comme la nécessité d’un bon sommeil , d’une alimentation équilibrée ou de la pratique d’une activité physique ou sportive régulière . Le tout de façon ludique , avec du matériel que j’apporterais , comme une colonne vertébrale , mais aussi et surtout avec le matériel qu’ils utilisent au quotidien à l’école
Parallèlement aux informations données aux enfants, une autre, plus adaptée, est prévue pour les parents, les médecins et le personnel PMS, et une autre encore, plus spécifique, aux professeurs d’éducation physique. « Dans celle ci , je souhaite intégrer des conseils pour une petite gymnastique au quotidien , à pratiquer en début de cours . Elle ne durerait que 5 à 10 minutes , et comprendrait des exercices de mobilisation de chaque partie de la colonne vertébrale ainsi que du reste du corps , des exercices adaptés de renforcement et d’étirements musculaires , l’apprentissage et la pratique de l’utilisation du bassin pour se pencher en avant , ramasser ou soulever des objets , ainsi que des petits exercices de respiration et de relaxation . Je prévois une séance préliminaire d’environ 2 heures pour leur communiquer les exercices , une autre séance lors du premier passage , et enfin une troisième lors du second passage .» Ce second passage est destiné à évaluer les mesures conseillées et répondre à d’éventuelles questions que se posent tant les enseignants que les écoliers. Il propose également de consolider les acquis des enfants, toujours de manière ludique.
La rencontre avec les responsables d’achats est aussi un volet important de ce projet: « Une rencontre d’environ 1 heure est prévue pour les sensibiliser à l’ergonomie du matériel utilisé par l’enfant , pour les inciter à s’interroger sur les achats à venir et sur l’adaptation du matériel existant , voire le redistribuer : j’ai constaté que certaines écoles proposaient aux écoliers des bancs trop grands pour eux , des chaises trop hautes . Il ne faut d’ailleurs pas nécessairement de gros investissements , voire parfois pas du tout . Ainsi , si l’école n’a pas les moyens d’acheter autant de coussins ergonomiques qu’il y a de chaises , le but est aussi de dire qu’il y a moyen de couper de quelques centimètres les pieds avants de la chaise , ce qui va inciter l’enfant à basculer le bassin vers l’avant , redressant ainsi son dos
Géraldine Vecoven a rentré son dossier au ministère de l’éducation et à celui de la santé pour des subsides. Budget estimé pour un projet pilote dans une école: moins de 7000 euros. Pour étendre ce projet à 3 autres classes: 2250 euros. Bref, rien de bien important. A cette heure, l’ostéopathe attend toujours des réponses, mais compte bien insister si nécessaire. A suivre…

Prof de gym motivé!

Voilà un professeur de gymnastique qu’il ne faudra pas convaincre. Marcel Debecker , de l’IPES de Tubize, est le «Monsieur dos» de son école depuis quelques années. Et pour passer de la motivation à la pratique, chez des élèves plus grands, puisqu’ils sont du secondaire, il a mis sur pied deux programmes originaux qui vont dans le sens de ce que préconise Géraldine Vecoven.
Lui, c’est son passé de gymnaste de haut niveau et les maux de dos qui en sont nés qui l’ont sensibilisé. Par la suite, lors de sa formation d’enseignant, il a constaté que si les profs sont exposés aux problèmes de dos, les étudiants de l’école normale pour devenir professeurs de gymnastique ne reçoivent aucune formation sur le dos. « Alors qu’ils doivent soulever des bancs , des agrès , mais doivent aussi soutenir les élèves ou les recevoir pour éviter les chutes , ils ne bénéficient pas de formation pratique ni de conseils pour le faire en préservant leur dos », s’étonne-t-il.
Il a poursuivi dans sa pratique professionnelle sa mobilisation pour prendre en considération le dos des élèves, initiant deux projets intéressants. Le premier est la classe dite ergonomique: « Nous avons acheté des coussins ergonomiques à placer sur les chaises traditionnelles et nous avons étudié la possibilité de faire fabriquer , par nos étudiants en menuiserie , des pupitres inclinés , à placer sur les bancs classiques . Avec l’aide d’un ostéopathe et d’un médecin scolaire , nous avons étudié l’inclinaison idéale , à la fois pratique ( une inclinaison trop importante ferait glisser les documents ) et efficace ( suffisante pour que les élèves ne penchent pas trop la tête vers le bas ). Nous avons fixé cette valeur idéale à 10 °. La qualité du bois a été déterminée par le professeur de menuiserie : un bois dur et qui ne s’abîme pas trop vite . Il a été verni pour faciliter l’entretien , mais force est de constater que les élèves font preuve d’un grand respect pour ce matériel qui d’une part est réalisé par leurs copains , et d’autre part contribue à leur santé
Les élèves de 5e et 6e année ont donc fabriqué une trentaine de pupitres pour une seule classe, et les coussins ergonomiques ont été ajoutés. L’objectif est de progressivement équiper toutes les classes, sans pour autant vampiriser le cours de menuiserie! Quant aux coussins ergonomiques, ils ont été préférés aux ballons-sièges car avec ces derniers, les élèves ont trop tendance à jouer et à être moins attentifs…
Cette initiative s’est par ailleurs accompagnée d’un projet que les élèves devaient s’approprier: « Ils devaient inventer , dans le cadre du cours de dessin , un signet pour le journal de classe qui leur rappelle qu’ils doivent penser à leur dos . Nous avons élu l’un des projets qui a été généralisé
Intégrer les jeunes dans le mouvement s’avère donc plus que payant.

Penser aux futurs adultes travailleurs

L’autre volet de son initiative consiste à prévenir les problèmes de dos chez les élèves qui se destinent à une profession dans le secteur de la construction. Des professions qui sollicitent énormément le dos des travailleurs et qui sont très à risque, notamment de chutes. « J’ai donc complètement inventé un cours de gymnastique sécurative ‘, à raison d’une heure par semaine aux élèves de la 3e à la 6e professionnelle avec le soutien de ma direction . Ce cours se déroule sur le temps de midi et je dois avouer avec plaisir que j’ai très peu d’absentéisme !» Cette gymnastique a pour but d’inculquer aux élèves les bons gestes pour préserver leur dos, et ce dans des conditions les plus proches possible de leur futur cadre de travail.
« Nous reconstituons des situations rencontrées par les ouvriers sur les chantiers dans notre salle de gymnastique . Le matériel comme les brouettes , les outils etc . nous sont prêtés par le personnel d’entretien de l’école et nous élaborons ici un échafaudage , là un plan incliné qui aboutit sur une surface horizontale , là encore des échelles de corde , etc . Il s’agira par exemple d’apprendre à monter une charge dans une brouette via la poutre de manière à ne pas se blesser au dos ; à simuler une chute dans laquelle je vais leur apprendre à bien tomber ; à porter des charges encombrantes en hauteur , etc .» Le travail se fait sur tous les plans. Il est notamment physique avec une préparation par un renforcement des abdominaux, des étirements du dos ou de musculation des cuisses pour apprendre à les faire travailler au lieu d’utiliser le dos, notamment pour soulever des charges. Mais il fait appel aussi à la proprioception (désigne la capacité du cerveau humain de connaître à tout instant la position du corps dans l’espace), pour que ces jeunes sentent leur colonne vertébrale et ses courbures naturelles, ou au renforcement de la coordination des mouvements et de leur dextérité. Pour ce faire, les étudiants ont participé à des activités dans une école de cirque.
Ils peuvent aussi pratiquer plusieurs sports, ceux de raquette (ping-pong…) s’apparentant d’ailleurs au maniement d’outils! « Mon objectif est de leur faire modifier des comportements , mais cela prend du temps . Je veux aussi les aider à lutter contre le vertige et les habituer à travailler en hauteur en toute confiance , tout en respectant leur dos de manière automatique
Cette formation, Marcel Debecker l’a élaborée seul, au fil du temps et en s’inspirant de gestes inculqués notamment dans les écoles du dos. Il a agrémenté le tout d’imagination, en utilisant le matériel à sa disposition. « Je teste toujours les exercices avant de les proposer au cours , d’abord au sol , ensuite en hauteur
Ses exercices sont également l’occasion d’instaurer une communication entre les élèves. Ainsi, pour leur faire porter une charge de plus de 25 kg, il préconise, comme la loi l’impose, de travailler à deux. L’un des élèves doit donc faire appel à un comparse, ce qui, pour certains, est déjà une prouesse en soi! Il joue en quelque sorte, soit dit en passant, le syndicaliste qui apprend aux jeunes à ne pas accepter des tâches mettant leur santé ou leur sécurité en péril…
«J’ai aussi inventé plusieurs types de ‘Tours du monde’ où au moins deux élèves évoluent, reliés soit par une planche, soit par une simulation de châssis de fenêtre. Ici, une communication judicieuse est essentielle à la sécurité de chacun, pour progresser ensemble et passer outre l’individualisme qui les caractérise souvent.»

Motivations à coordonner

Ces deux initiatives privées sont certainement très intéressantes et méritent d’être signalées. Notamment pour leur philosophie, axée sur la participation active des principaux intéressés: enseignants et écoliers/élèves pour l’essentiel. Cependant, elles se heurtent à un problème fondamental: le manque de coordination. La motivation est réelle et intense car ces deux personnes sont totalement bénévoles, mais chacun travaille dans son coin.
Résultat: personne ne se sent soutenu, les autorités et les médias n’y accordent pas l’importance méritée et la motivation risque bien de disparaître, avec les projets pourtant porteurs. A quand une association de spécialistes ou de professionnels motivés qui pourraient à la fois coordonner tous les projets intéressants, les généraliser et… demander des subsides aux pouvoirs concernés? Ils auraient plus de poids et exerceraient une pression plus importante…
Carine Maillard

Une approche communautaire de la promotion de la sécurité: le concept de ‘communauté sûre’

Le 30 Déc 20

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En 1989, l’OMS rédige un manifeste qui reconnaît les résultats des actions communautaires en terme de réduction du nombre et de la gravité des traumatismes et crée le label de ‘communauté sûre’ (‘Safe Community’ en anglais). Cette décision est motivée par la nécessité d’ajouter aux campagnes générales des actions locales fondées sur une analyse de situation et la participation de la population au choix des priorités d’intervention.
Actuellement, plus de soixante communautés dans le monde se sont engagées dans cette démarche. En Communauté française de Belgique, la ville hennuyère de Fontaine-L’Evêque a entamé ce processus dès 2000, avec l’appui de l’asbl Educa-Santé et de l’Ecole de santé publique de l’ULB.

Qu’est-ce qu’une ‘communauté sûre’?

Ce concept labellisé par l’OMS répond aux critères qui ont été développés par l’équipe du Département de santé publique du Karolinska Institute de Stockholm sur base d’actions menées dans plusieurs villes.
Existence d’un groupe multidisciplinaire responsable du programme de prévention .
Le partenariat s’établit entre les décideurs, les professionnels et les habitants et entre différents champs professionnels. Le partenariat suppose le consensus autour d’un objectif commun, permet la mise en commun des ressources, la complémentarité des actions et l’augmentation des compétences par les échanges. De plus, dans le domaine des accidents, certaines solutions efficaces impliquent la participation de compétences extérieures qu’il faut pouvoir rassembler.
Sensibilisation de la communauté tout entière .
Une sensibilisation étendue a pour but de renforcer les capacités de chaque individu à identifier des situations à risque et les moyens nécessaires à la maîtrise des risques, et intégrer les préoccupations de sécurité dans les décisions qui concernent les milieux de vie et l’environnement.
Action privilégiée sur les groupes et les environnements à risque, en particulier sur les populations les plus fragiles, dans un souci d’équité sociale .
La priorité doit être donnée à la prévention des accidents les plus graves ou ceux touchant les populations les plus à risque et bien souvent les moins accessibles ou les moins réceptrices aux messages habituels de prévention. Des priorités doivent être définies par exemple selon les conséquences de certains accidents ou leur lieu de survenue.
Existence d’une base de données permettant de connaître la fréquence, les causes et les circonstances de survenue des traumatismes rencontrés au sein de la communauté .
La connaissance préalable de la situation locale est une condition nécessaire au choix de la meilleure stratégie d’intervention et des cibles (populations ou types d’accidents) à privilégier. Constamment remise à jour, la base de données devient un système de surveillance, et permet l’évaluation ultérieure des actions.
Engagement de la communauté pour un projet à long terme .
Une telle démarche demande une organisation lente dont les résultats ne sont observables qu’à moyen et long terme. Un tel effort et de tels moyens doivent s’envisager dans une perspective de 5 à 10 ans.
La communauté entreprend les démarches suivantes:
– utiliser des indicateurs appropriés pour l’évaluation régulière du programme;
– collaborer avec les principales organisations et associations de la communauté;
-persuader les structures de soins de recueillir des données complètes et de participer au programme de prévention;
– faire partager l’expérience locale à d’autres villes ou régions;
– s’intégrer au réseau international des villes ayant mis en place un programme global de santé communautaire.
Pour être reconnue comme ‘communauté sûre’, ces conditions doivent être remplies et validées par le Karolinska Institute (Stokholm) qui est centre collaborateur de l’OMS pour la promotion de la sécurité.

Fontaine-L’Evêque, ville pilote pour une ‘Safe community’

Fontaine-l’Evêque est une petite ville hennuyère comptant 17000 habitants et dont l’entité s’étend sur près de 3000 hectares. La population est essentiellement rurale et l’entité compte encore cinquante fermes. Les entreprises qui subsistent sont essentiellement dans le secteur métallurgique.
Ancien haut lieu du bassin minier, la population de Fontaine-L’Evêque reste cosmopolite et compte une forte communauté italienne. 3000 élèves fréquentent les écoles locales et le revenu moyen des habitants est peu élevé.
La ville de Fontaine-L’Evêque a toujours été active en promotion de la santé. Un «service santé» a été créé au sein de l’administration communale en 1999, employant deux membres du personnel communal et centralisant les actions menées depuis de nombreuses années déjà. Ce service organise diverses activités de sensibilisation dans les écoles et auprès de la population.
C’est dans le cadre des collaborations établies avec l’asbl Educa-Santé que le projet ‘communauté sûre’ est né. Grâce au soutien financier du Ministère de la santé de la Communauté française, un programme pluriannuel consacré à la promotion de la sécurité a été lancé et a permis de faire aboutir cette initiative.
Lors de contacts avec la ville de Boulogne-Billancourt (Ile de France), qui s’est engagée dans la démarche depuis 1997, la ville de Fontaine-L’Evêque a été convaincue de la pertinence du programme ‘communauté sûre’ et s’est donné les moyens d’expérimenter le programme. Par décision du Conseil communal du 8 juin 2000, le projet ‘communauté sûre’ a été doté d’un budget annuel de 5000 euros.
La volonté de la ville était dès le départ de pourvoir à une meilleure connaissance du phénomène «traumatismes», d’en informer la population, de créer une commission de pilotage intersectorielle conforme aux recommandations de l’OMS.
Cette commission réunit des élus locaux, les pompiers, la police locale, des médecins généralistes, des représentants du CPAS, de l’enseignement, des services de santé, des logements sociaux, des associations du troisième âge, des associations de quartiers, ainsi que des institutions telles que l’ONE, le Centre local de promotion de la santé, etc. L’objectif est clair: évaluer de manière précise le phénomène des traumatismes et la possibilité de réduire les risques en travaillant de manière intersectorielle.
Pour toucher la population, la commission a décidé de mettre en oeuvre des activités susceptibles d’attirer largement le public.
Le déroulement du projet a été prévu en une première phase de quatre ans avec l’encadrement méthodologique et scientifique de l’asbl Educa-Santé et de l’Ecole de santé publique de l’ULB (centre collaborateur de l’OMS). Les mêmes partenaires entament maintenant une seconde phase de cinq ans.

Un premier recueil de données et les premières priorités d’action

Ce volet, essentiel au pilotage du programme, a été abordé en première étape par la recherche de la sécurité perçue par les responsables communaux, les institutions, les relais auprès des habitants… Cet outil a permis d’identifier les risques perçus par la population au travers des représentations des personnes interrogées. Il est apparu que les enfants et les personnes âgées étaient considérées comme deux groupes de population à haut risque de traumatismes et les abords des écoles et le domicile, comme lieux prioritaires d’intervention.
Dans un premier temps, le projet a visé des actions de prévention des traumatismes chez les jeunes enfants. C’est avec la collaboration de différents services consacrés à la petite enfance qu’une recherche concernant l’implantation de trousses de sécurité contenant des accessoires de base destinés à équiper les maisons a été réalisée. Ce matériel comprenait par exemple un détecteur de fumée, des protections pour coins de meubles, des loquets pour armoire, des cache-prise munis de clefs ou des protections pour becs de robinets, ainsi que des brochures spécifiques aux accidents chez les enfants (1).
En 2004, la commune de Fontaine-L’Evêque a organisé une vaste campagne de sensibilisation à la prévention des incendies. Des dépliants ont été distribués à toute la population, des panneaux d’affichage relayaient les consignes de sécurité et des exercices ont été organisés dans les écoles.
Les pompiers ont participé aux actions de sensibilisation et à une opération qui s’est soldée par un énorme succès populaire au début de l’été 2004: sur un terrain communal aménagé pour l’occasion, ils ont procédé à des démonstrations de différentes extinctions de feux. Ce type d’action spectaculaire s’est révélé une tribune particulièrement efficace en matière d’information et de sensibilisation.

Recueil de données dans les hôpitaux et auprès des médecins généralistes

Dans le but d’améliorer la connaissance du problème dans la commune, en 2002 et 2003, une étude des systèmes d’information hospitaliers a été entamée. Grâce aux informations recueillies auprès des médecins généralistes de la commune, les services d’urgence qui reçoivent les habitants de Fontaine-L’Evêque ont été identifiés et des contacts ont été établis avec chacun d’entre eux. Le but était de voir dans quelle mesure les systèmes existants reprenaient les informations sur les circonstances des accidents, précisions essentielles à recueillir pour la planification et l’évaluation des actions de prévention des traumatismes.
Par ailleurs, une recherche opérationnelle sur ce type de recueil d’information a également été menée avec les médecins généralistes de la commune de Fontaine-L’Evêque. Ce travail a permis de mettre au point des outils de recueil de données performants et participatifs. Malheureusement, aussi bien dans les hôpitaux qu’auprès des médecins généralistes, un recueil exhaustif, fiable et continu de données spécifiques n’a pu être réalisé à ce jour. Il faut dire que la pratique du recueil de données pour l’épidémiologie décisionnelle et concrète existe très peu en Belgique et que les systèmes de collecte de données ne sont quasi pas orientés vers de tels objectifs.

Résultats et retombées pour la ‘communauté sûre’ à long terme

Les actions menées dans la ville de Fontaine-L’Evêque ont suscité bon nombre d’innovations dans la commune. A commencer par l’évolution perçue au sein de la population.
Déjà sollicitée par les actions du service de santé communal, la population de la petite ville a pu mesurer à quel point les autorités se souciaient du bien-être de chacun et de la sécurité de leur environnement. Désormais, les actions ponctuelles et spectaculaires sont reliées dans une dynamique globale et soutenues par des parutions régulières dans le journal communal où une rubrique sécurité s’est créée, un forum ouvert sur le site internet de la ville animé par l’échevin de la santé, la distribution récurrente de brochures et dépliants sensibilisant à diverses problématiques. Les partenariats sont permanents avec les institutions et les professionnels de différents secteurs d’intervention et soutenus par la commission.
Ce qui ajoute au succès du projet est sans doute l’autonomie acquise par la ville pour mener à bien ses propres actions portant sur la sécurité et la santé. Des efforts sont déployés afin de trouver des moyens qui alimentent le développement des projets. Le concept de ‘communauté sûre’ existe par lui-même à Fontaine-L’Evêque et la problématique fait partie d’un ensemble: celui de la gestion quotidienne de la ville dans une optique de développement durable.

La poursuite de l’approche ‘communauté sûre’

Sur base de ces résultats, la ville de Fontaine-L’Evêque poursuit donc sa route et continue à étendre la démarche.
Tandis que la recherche d’un système de recueil de données léger et performant se poursuit, deux actions sont en cours d’élaboration: la première concerne la prévention des chutes chez les personnes âgées et la deuxième la sécurité aux abords des écoles.
Les chutes chez les personnes âgées constituent un grave problème de santé publique entraînant de nombreuses fractures et parfois, le décès (2). Ce problème doit s’envisager dans une démarche globale de promotion de la santé et de la sécurité des personnes. A Fontaine-L’Evêque, c’est une dynamique communautaire qui soutiendra la démarche et un partenariat s’établira avec la municipalité de Gentilly (France) qui est active depuis plusieurs années dans ce domaine.
Le second projet, qui devrait permettre d’établir de nouvelles stratégies pour assurer la sécurité aux abords des écoles, en est à ses prémices, une école pilote ayant été désignée. On tentera d’y sensibiliser les enfants de cinquième et sixième primaire à la survenue d’accidents sur le chemin de l’école.
Toujours en accord avec les critères suggérés par l’OMS, les objectifs poursuivis tendent à mettre l’accent sur la promotion de la santé des deux populations les plus «fragiles» (jeunes enfants et personnes âgées).
Par ailleurs, l’appellation de ‘ville pilote’ implique le souhait que le même chemin soit suivi par d’autres villes. Souhait qui pourrait se voir réalisé à Charleroi dans le cadre du «contrat de sécurité» de la métropole carolo.
Ce nouveau défi ouvre bon nombre de perspectives au vu de l’ampleur et des réalités de l’entité carolorégienne: un système efficace de récolte de données à construire avec les médecins généralistes et des hôpitaux, le choix de priorités d’actions et de lieux d’intervention, l’extension à la prévention des traumatismes intentionnels, l’articulation avec des dynamiques de concertation déjà existantes, une planification qui tienne dans la durée…
Martine Bantuelle, Vincent Litt, Jérémie Van Brussel , Asbl Educa-Santé
Adresse des auteurs: Educa-Santé, av. Gl-Michel 1 B, 6000 Charleroi. Internet: https://www.educasante.org
(1) Voir l’article «Prévention des traumatismes survenant chez les jeunes enfants» de Martine Bantuelle, Marc Sznajder, Marie-Christine Van Bastelaere paru dans Education Santé n°191, juin 2004
(2) Voir l’article «Promotion de la santé chez les personnes âgées: les chutes» de Martine Bantuelle et Marie-Christine Van Bastelaere paru dans Education Santé n°199, mars 2005.

Frisbee – Be Free. L’UCL accompagne ses étudiants souhaitant arrêter de fumer

Le 30 Déc 20

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Le tabac est nuisible pour la santé des fumeurs et des non-fumeurs, tout le monde le sait. Depuis une dizaine d’années, les non-fumeurs revendiquent de manière de plus en plus franche le droit de pouvoir évoluer dans un environnement sain et exempt de fumée. Une loi a été votée dans ce sens. Elle interdit de fumer dans certains lieux accessibles au public, elle est de plus en plus strictement d’application et sera fort probablement renforcée dans les mois à venir.
Passe-t-on de la dictature des fumeurs à la dictature des non-fumeurs? Et s’il s’agissait plutôt de développer une gestion courtoise du tabagisme, une coexistence pacifique dans le respect mutuel et le dialogue?
Après une campagne originale et humoristique visant l’arrêt du tabagisme au sein des lieux publics de l’Université catholique de Louvain, un pas de plus est franchi aujourd’hui, qui consiste à offrir aux étudiants qui le souhaitent une aide à l’arrêt du tabac. L’opération «Frisbee – Be free» est née.

L’origine du projet

C’est à partir d’une plainte que la campagne a démarré. En 1999, une étudiante en Faculté de Droit, soutenue par un groupe d’amis, s’est plainte du fait qu’elle ne pouvait plus assister au cours parce qu’elle était fortement allergique à la fumée de cigarette. La plainte a pris ensuite une dimension plus radicale, ce même groupe d’étudiants saisissant le Conseil des Affaires sociales et étudiantes, et le menaçant d’une action en justice si l’Université ne menait pas une action visant à faire respecter la loi.
La loi en question fait référence aux lieux privés ou non qui sont accessibles au public et qui font partie d’établissements ou de bâtiments dans lesquels (…) l’enseignement et / ou la formation professionnelle sont dispensés (arrêté royal du 15 mai 1990).
Cette menace a donné un coup d’accélérateur à l’action et l’a légitimée. Cependant, un climat tel que celui-là n’est pas a priori propice à la compréhension mutuelle.
L’asbl Univers santé (1) a saisi la balle au bond et a lancé une campagne de sensibilisation. Son objectif: rappeler l’interdiction légale de fumer dans les espaces privés accessibles au public et donc contribuer à la diminution du tabagisme passif dans un esprit de concertation et de dialogue. Il s’agissait d’éviter de passer de la dictature du fumeur à celle du non-fumeur, en sensibilisant tous les publics à la problématique dans un esprit positif.

La démarche globale

Plus de 3 000 étudiants interrogés
La première étape de cette campagne a consisté en une enquête afin de vérifier l’opportunité de mener une campagne de sensibilisation.
Durant l’année académique 1999/2000, 3.261 étudiants ont répondu à l’enquête d’Univers santé sur le tabagisme dans les espaces facultaires de l’UCL. Les résultats indiquent que la fumée pose effectivement un problème de qualité de vie puisqu’elle dérange 69 % des non-fumeurs. Les fumeurs qui ont répondu à l’enquête en ont largement conscience et 70 % d’entre eux sont prêts à faire un effort pour respecter la loi qui régit l’interdiction de fumer dans les espaces publics.

Tableau récapitulatif des données

2462 non-fumeurs (75 %), 758 fumeurs (24 %) et 41 non-déterminés (1 %).
69% (1678) des non-fumeurs sont dérangés par la fumée.
87% (631) des fumeurs ont conscience que la fumée dérange.
70% (507) des fumeurs pensent qu’il leur est possible de ne pas fumer dans les espaces concernés.
78% (1916) des non-fumeurs et 74 % (558) des fumeurs connaissent la loi interdisant de fumer dans les lieux publics.
89% (2175) des non-fumeurs et 62 % (468) des fumeurs pensent qu’il serait bon de rappeler cette loi.
83% (2029) des non-fumeurs et 71 % (536) des fumeurs estiment qu’il est utile de sensibiliser à la convivialité entre ces deux groupes.
28% (666) des non-fumeurs et 28 % (208) des fumeurs sont prêts à s’investir pour trouver des solutions concrètes.

Les résultats de cette enquête montrent la bonne volonté de la majorité pour améliorer la situation. Autre point positif: la réalisation de ce sondage a permis de mettre la question à l’ordre du jour et d’effectuer dès lors une première phase de sensibilisation à la problématique.
D’une expérience-pilote à sa généralisation
C’est en partenariat qu’une expérience-pilote a été menée en Faculté de Droit en 2000 avec les étudiants (fumeurs et non-fumeurs), le Conseil des Affaires sociales et étudiantes, la Faculté de droit, le Vice-rectorat, l’Administration des affaires étudiantes, les Services des auditoires et Univers santé. Mettre l’ensemble des intervenants potentiels autour de la table afin que chacun puisse s’exprimer et s’approprier le projet est une étape déterminante pour la bonne réussite dudit projet et du ton que l’on veut y mettre. Suite aux excellents résultats du projet-pilote, cette démarche globale fut instaurée pour l’ensemble de l’Université.
Sur cette base, et après les ajustements nécessaires révélés par le projet-pilote, l’opération fut généralisée à toute l’Université en 2001. Préalablement à cette généralisation, le Vice-rectorat et Univers santé ont pris le temps de rencontrer tous les bureaux de Faculté et de les informer largement des résultats de l’enquête, des résultats du projet-pilote et des moyens mis en œuvre dans leur faculté pour la généralisation de l’opération. La coopération des facultés et des doyens a été sollicitée puisqu’elle s’était avérée indispensable dans le test.
Tous les moyens utilisés dans le test ont été réutilisés, parfois légèrement modifiés. En voici la liste:
-des affiches sur les portes d’entrée aux auditoires: «Vous entrez dans un espace non-fumeur».
-un courrier individuel à chaque étudiant, exposant les motifs de l’action: au verso se trouve une invitation à acquérir la carte de sport. L’association de ces deux messages en santé s’est avérée pertinente;
-un courrier du doyen à chaque membre du personnel;
-un programme logistique: retrait des cendriers intérieurs, mise à disposition de cendriers extérieurs, programme de nettoyage des abords. Ce programme a dû être intensifié et fait l’objet d’un plan pluriannuel;
-des affichettes humoristiques soutenant l’ensemble des messages. Le ton se voulait être une invitation au dialogue et au respect;
-une fiche d’information en santé «Atout santé tabac» a été rédigée et diffusée dans 60 présentoirs sur les deux sites de l’Université, à Louvain-la-Neuve et Bruxelles. Elle propose une information sur le tabagisme actif et passif, invite à la recherche de solutions de coexistence, propose une aide personnalisée aux étudiants qui souhaitent arrêter de fumer et dénonce les manipulations exercées par l’industrie du tabac;
-une aide aux fumeurs qui envisagent l’arrêt est proposée aux étudiants par l’équipe santé du service d’aide de l’Université.
Cette démarche globale a donné de bons résultats:
-l’objectif est atteint à quasi 100 % à Louvain-la-Neuve;
-à Bruxelles, certains auditoires n’ont pas d’accès extérieurs immédiats (en raison de travaux) et donc posent encore quelques problèmes;
-le soutien du doyen a été déterminant dans certaines facultés. Cependant l’annonce de la campagne n’a pas atteint toutes les entités. Deux d’entre elles ont entrepris d’enlever systématiquement toutes les affiches, ne se sentant pas concernées par la campagne. Cela révèle l’importance que chacun puisse s’approprier le projet, ou du moins en être personnellement informé;
-les affiches du caricaturiste Kanar (première campagne humoristique, que nous ne détaillerons pas ici): l’ensemble est plutôt bien perçu, cependant, quelques personnes nous ont fait part de leur mécontentement à propos de certaines affiches. Un séminaire du Département de Communication en a fait une évaluation systématique. Sur les 27 dessins, 19 contribuent tout à fait positivement au message, et 8 desservent la campagne et ont été retirés (association fumée/mort, stigmatisation du fumeur, culpabilisation et exclusion du fumeur). Univers santé s’est associée à trois étudiants fumeurs de dernière licence en Communication afin de réaliser une nouvelle campagne humoristique au ton nouveau, non-moralisateur et fédérateur.
Quelques facteurs semblent avoir contribué de façon déterminante à la réussite de ce projet:
-un engagement étudiant fort;
-l’implication directe des fumeurs dans le choix des messages;
-un partenariat multiple;
-une volonté des autorités;
-un volet matériel, structurel bien mené;
-un ton qui invite à la courtoisie, au dialogue, à l’exclusion de la fumée, pas du fumeur.
La campagne a été répétée chaque année depuis lors et le résultat positif persiste.
«Ceci n’est pas une cigarette», la campagne d’entretien
Une année d’action ne suffit pas. L’ensemble des partenaires ont donc décidé d’une campagne d’entretien plus proche encore du public cible et du ton voulu. Nouveau message aux étudiants et nouvelle campagne visuelle.
Parallèlement, Univers santé s’est associée à trois étudiants (fumeurs) du séminaire de Communication en vue de réaliser un nouveau visuel de campagne qui évite toute culpabilisation du fumeur et invite au dialogue, à la prise de conscience des efforts mutuels. Elles ont un côté humoristique, décalé (2). Le slogan pousse à la fédération des efforts.
Evaluation et perspectives
Globalement, la campagne et la démarche qui l’accompagne ont rencontré les objectifs à quasi 100%. Du jour au lendemain, on ne fume plus dans ces lieux, et l’on retrouve même dans les kots d’étudiants des affiches qui ont été dérobées (un signe qui ne trompe pas!). Les retours donnés par les étudiants encouragent la poursuite de la campagne et sa diffusion plus large.
On assiste également à un changement du comportement tabagique de certains étudiants, ceux-ci reconnaissent avoir diminué leur consommation depuis la mise sur pied du programme, ou avoir envisagé plus clairement d’arrêter de fumer.

Le projet «Frisbee – be free»

Cela nous amène à une nouvelle dimension de la gestion du tabagisme à l’Université.
Objectifs
Le projet, qui s’adresse à tous les étudiants, fumeurs ou non, a deux grands objectifs:
-informer les étudiants de l’offre de l’équipe santé pour un accompagnement à l’arrêt du tabac en ciblant les fumeurs ambivalents (partagés entre le plaisir de fumer et l’envie d’arrêter) et ceux qui se disent prêts à l’arrêt;
-sensibiliser les «prescripteurs» (médecins et pharmaciens des sites concernés) à leur rôle de partenaire dans l’aide à l’arrêt du tabac des étudiants UCL.
En vue de rencontrer ces objectifs, un partenariat s’est dégagé. En effet, l’équipe santé, travaillant déjà étroitement avec l’asbl Univers Santé, traite principalement les questions de santé dans une approche individuelle, les actions collectives de prévention et de promotion de la santé étant généralement assurées par Univers santé. Par ailleurs, dans la démarche globale initiée par l’Université et Univers santé depuis 2000, l’association des messages de prévention du tabagisme et de la promotion du sport s’est avérée pertinente. De plus, le choix du support (le frisbee) invite naturellement à contacter à nouveau le Service des Sports comme partenaire incontournable car le frisbee est inscrit comme nouvelle activité sportive offerte aux étudiants à partir du printemps 2005. Il est également évident que les étudiants, qui ont toujours été associés dès le départ à l’ensemble de la démarche, sont à nouveau partie prenante du projet, l’AGL s’est donc naturellement jointe au partenariat.

Les promoteurs

Service d’aide aux étudiants
Equipe santé du Service d’aide aux étudiants de l’UCL, rue des Wallons 10, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 20 02. Personne de contact: Isabelle Groessens.
Service des sports, Place des sports 11, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 45 01. Personne de contact: Jean Jacques Deheneffe.
ASBL « Univers santé»
Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 28 28. Personne de contact: Martin de Duve.
Assemblée Générale des étudiants de Louvain (AGL)
rue des Wallons 67, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 81 13. Personnes de contact: Catherine Mangez, Elisabeth Moens.

Singularité du projet
Ce projet dispose de plusieurs particularités intéressantes qui montrent sa singularité et son originalité:
-la démarche et le ton adopté s’inscrivent dans une approche de promotion de la santé positive, et non dans une approche de prévention de la maladie;
-le ton s’est voulu, tout au long du projet, positif et non stigmatisant;
-le support est original et durable. Nous imaginons donc qu’il sera présent encore quelque temps sur les deux sites;
-la participation étudiante (des fumeurs et non-fumeurs) est effective à tous les niveaux du projet, y compris dans le choix des messages;
-le projet est porté par un partenariat large et efficace;
-le tout s’inscrit dans une démarche globale qui a déjà montré son efficacité.
L’aide aux fumeurs
En 2004, une enquête a été menée par l’Equipe santé et Univers santé auprès des étudiants fumeurs afin, d’une part, de mieux cerner leurs caractéristiques et d’autre part d’identifier leurs besoins par rapport à l’arrêt du tabagisme. En voici les informations les plus caractéristiques:
-la plupart des étudiants fumeurs présentent une dépendance physique faible;
-une partie importante d’entre eux s’abstiennent de fumer le week-end et pendant les vacances;
-trois-quarts des étudiants interrogés ont déjà essayé d’arrêter de fumer, la majorité ont essayé seuls, sans substitut ni accompagnement, et 60% ont tenu moins d’un mois.
Par ailleurs, la littérature dans le domaine de l’aide aux fumeurs nous informe que moins de 5% des fumeurs qui arrêtent seuls restent abstinents après 1 an. (3) Avec un accompagnement adéquat, on augmente les chances de réussite.
Nous voulons faire passer un double message: arrêter de fumer est possible et ce n’est pas qu’une question de volonté!
Suite à ce constat, nous proposons aux étudiants qui souhaitent arrêter de fumer un accompagnement d’aide aux fumeurs en collaboration avec leur médecin généraliste.
Notre volonté est de proposer cette aide aux personnes qui sont ce qu’on appelle fumeurs ambivalents ou prêts à l’arrêt. (4)
Comment dès lors faire passer un message tout public en s’adressant aux fumeurs intéressés sans que ce message soit perçu par les fumeurs «satisfaits» comme une volonté de la part de l’institution à ce qu’ils arrêtent de fumer?
Le message commun « Jeter la clope, un sport d’équipe » s’adresse à la fois aux non-fumeurs et aux fumeurs, que ceux-ci soient satisfaits, ambivalents ou prêts à l’arrêt. Il fait référence à l’arrêt du tabac, tout en soulignant le rôle de soutien de tout un chacun, fumeur ou non-fumeur.
Le frisbee propose un accompagnement d’aide à l’arrêt du tabac et les coordonnées de l’équipe santé du Service d’aide aux étudiants. Un petit feuillet explicatif est collé à l’intérieur du disque et informe un peu plus largement l’étudiant quant à l’aide proposée.
L’accompagnement, l’aide à l’arrêt du tabac s’adresse à l’étudiant fumeur ou même non-fumeur qui désire le rester. L’objectif est de proposer une approche globale de la santé et non une approche centrée sur un produit. Cela se traduit par une rencontre avec l’étudiant autour de ses préoccupations mais aussi autour de ses questions à propos de sa santé, de son bien-être et de son tabagisme.
Plus qu’un échange de théories, les entretiens se veulent un moment où l’étudiant développe des compétences nécessaires pour lui permettre de faire des choix en faveur de sa santé, de percevoir la place que le tabagisme occupe dans sa vie. Même si l’arrêt du tabac n’est pas le premier but des entretiens, on peut espérer que, sensibilisé à sa santé, l’étudiant amène quelques modifications dans son mode de vie.
Cet accompagnement vise essentiellement à permettre à l’étudiant de prendre en mains son bien-être et sa santé dans l’optique d’augmenter sa motivation et ses compétences pour arrêter de fumer ou diminuer son tabagisme. Il n’y a pas d’accompagnement «type». Il se construit au «cas par cas» en fonction de toute une série d’éléments (consommation, place de la cigarette dans la vie, degré de motivation à l’arrêt, notion de plaisir…). L’équipe dispose d’outils (grilles d’évaluation…) qu’elle utilise éventuellement en fonction des besoins.
En résumé, il s’agit pour l’étudiant de:
-mieux connaître sa consommation;
-mieux comprendre les motivations et les enjeux de l’attirance pour la cigarette;
-planifier et mettre en place des stratégies personnelles;
-être soutenu dans la démarche d’arrêt.
L’accompagnement proposé exclut toute délivrance de produits (y compris substituts nicotiniques) et toute prescription mais renvoie systématiquement au médecin généraliste de l’étudiant et à la pharmacie. Une aide médicamenteuse ou de substitution avec un accompagnement renforce les chances de réussite du sevrage. Pour couvrir ces champs complémentaires et non concurrentiels, les médecins et pharmaciens du site de Louvain-la-Neuve ont été informés et sollicités comme partenaires dans leur rôle de « prescripteur ».

Conclusion provisoire

«Frisbee – Be free» constitue une étape de plus dans l’ensemble de la démarche globale de prévention du tabagisme au sein de l’Université. En vue de faire durer la portée du message et de ce projet, l’action sera reproduite l’année académique prochaine. Par ailleurs, de nouveaux supports originaux sont à l’étude, et une grande campagne visant la dénormalisation du tabagisme et la dénonciation des manipulations de l’industrie du tabac est en projet.
Nous pensons que la multiplication des angles d’attaque constitue un gage de meilleure efficacité dans la lutte contre le tabagisme, tout en privilégiant sans cesse un ton invitant au dialogue, à la recherche de solutions de coexistence et en prenant en considération les représentations et attentes des fumeurs.
Martin de Duve , Univers santé
(1) Univers santé asbl développe des actions d’éducation pour la santé, de prévention et de promotion de la santé en milieu étudiant et en milieu de jeunes.
(2) Ces affiches ont été présentées dans ‘L’Université sans fumée’ , Education Santé, n° 176, février 2003
(3)Laperche J, Roucloux A, brochure « Mon patient fume… » 2003, Bruxelles, p.20
(4) Le cycle du fumeur en référence au processus de maturation du fumeur. in: Prignot. J, “A tentative illustration of the smoking initiation and cessation cycle” . Tobacco control Vol.9; 2000: p. 113
Fumeur satisfait: apprécie son tabagisme et n’a aucune envie spontanée d’arrêter de fumer.
Fumeur ambivalent: partagé entre le plaisir de fumer et l’envie d’arrêter.
Fumeur prêt à l’arrêt: prend la décision d’arrêter de fumer

Distributeurs automatiques à l’école: un débat éclairant

Le 30 Déc 20

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Lors de la rentrée scolaire de septembre 2004, la question des distributeurs automatiques de boissons et de snacks dans les écoles a émergé dans le débat public. En mars 2005, l’asbl COREN (1) organisait à Ciney sur ce thème une rencontre entre professionnels de l’enseignement et de la santé, à laquelle participait le CRIOC.

Offre de produits dans les écoles et lutte contre l’obésité

La confrontation entre les préoccupations nutritionnelles et l’offre de produits dans les écoles n’est pas récente. En 2003, une enquête menée par l’ULB avait montré le taux de pénétration de ces automates dans l’enseignement primaire (2). Dans certaines communes, des échevins avaient déjà pris avant cette année scolaire 2004-2005, des mesures pour supprimer de tels distributeurs dans les écoles, surtout primaires: citons par exemple dans l’agglomération bruxelloise Ixelles, Forest, Uccle, Auderghem et Watermael-Boitsfort. A Evere et Koekelberg, il n’y en a même jamais eu dans les écoles primaires communales (3). Dans l’ensemble, il convient de différencier la situation dans les écoles primaires et dans les écoles secondaires, au sein desquelles l’idée de supprimer ces appareils suscite plus de protestations.
Durant l’été 2004, il a été décidé en France de généraliser l’interdiction des distributeurs de boissons dans les écoles dès septembre 2005. C’est ainsi que le débat a rebondi en Belgique francophone lors de la rentrée des classes 2004 (4).
A cette occasion, des données relatives à l’évolution alarmante de l’obésité ont été largement médiatisées, relayées dans le cadre du lancement de la préparation du plan fédéral (belge) nutrition-santé et de campagnes médiatiques à l’échelle européenne. La Ministre Marie Arena , dans son ‘Plan de promotion pour une alimentation saine’ à l’échelle de la Communauté française de Belgique (5) évoqua alors également l’idée d’interdire les distributeurs de boissons sucrées dans les écoles.

Le ‘zéro pointé’ des dentistes pour l’alimentation à l’école

En Belgique, on compte environ 173.000 distributeurs automatiques de produits alimentaires dont 24.220 (14%) dans les écoles, de la maternelle à l’université. Forte de ce constat, le 23 mars 2005, l’asbl COREN réunissait à Ciney professionnels de l’enseignement et de la santé autour de la question: ‘Les distributeurs à l’école: qu’en penser?’. Ce colloque a permis de faire le point de la situation et des opinions.
Tout d’abord, Michel Devriese , dentiste et coordinateur de la Fondation pour la santé dentaire y a exprimé l’inquiétude des dentistes ayant mené une campagne de prévention contre la carie dentaire dans les écoles de la Communauté française en 2004 (6). D’après lui, les actions de prévention contre la carie dentaire se heurtent à la composition alimentaire des cartables, aux messages délivrés dans les lieux d’éducation et à l’offre alimentaire dans les écoles. Le déséquilibre le plus frappant constaté par les dentistes concerne les boissons. Et de citer une revue française, les ‘Archives de pédiatrie’, qui préconisa en 2003 de supprimer carrément la collation de 10 heures en milieu scolaire, celle-ci s’avérant inadaptée et superflue (7). La Fondation pour la santé dentaire montre dès lors l’exemple de la Ville de Bruxelles ayant interdit depuis le 1er janvier 2005 les distributeurs de boissons dans l’enseignement fondamental pour installer à la place des fontaines à eau. Mais comme on l’a vu, d’autres communes l’avaient précédée.

Distributeurs: dépenses énergétiques et déchets

L’impact environnemental des distributeurs a été présenté par Renaud De Bruyn du Réseau Eco-consommation. Un distributeur automatique avec réfrigérateur contient un compresseur (production du froid), un éclairage et un ventilateur (circulation de l’air froid). De ce fait, il consomme de 2500 à 4400 kWh/an (coût de 375 à 660€), ce qui n’est pas très économe: en effet, pour refroidir un volume équivalent à un demi frigo, il consomme 5 fois plus d’énergie! Le Réseau Eco-consommation préconise dès lors diverses mesures permettant de réduire ce gaspillage d’énergie, à l’instar des Ateliers de la rue Voot à Woluwe qui ont ‘remodelé’ leur distributeur automatique pour parvenir à une consommation de 1065,8kWh/an (coût: 159€).
Quant à l’éco-bilan relatif aux déchets, il n’est pas très favorable aux distributeurs automatiques qui ne peuvent stocker que des emballages jetables. Ceci sans parler du distributeur lorsqu’il devient un déchet lui-même: il constitue alors un fameux encombrant!

Impact de la publicité, impact de l’éducation

Bernadette Pirsoul du CRIOC a quant à elle rappelé les différentes techniques de marketing utilisées pour atteindre les jeunes consommateurs (8). Bernard Legros , du groupe ‘Résistance à l’Agression Publicitaire’ a dénoncé l’intrusion de la publicité à l’école, tel un ‘cheval de Troie de la privatisation’. Mais certaines écoles parviennent à développer des stratégies de riposte sur le plan pédagogique: telles les alternatives recherchées par les étudiants du Collège Saint-Roch de Ferrières, ou l’exemple souvent cité de l’Institut Robert Schuman d’Eupen. Cette école poursuit un travail de longue haleine d’éducation des élèves à des choix alimentaires plus judicieux, gage de succès d’une ‘machine à pommes’ à côté des distributeurs de boissons, bientôt supprimés.
L’Observatoire de la santé du Hainaut réalise des animations dans les écoles et aide les équipes pédagogiques à réaliser des projets d’éducation à une alimentation saine. De tels services existent aussi dans d’autres provinces ou régions. Des exemples de pratiques pédagogiques probantes peuvent être fournis aux enseignants intéressés. Il est conseillé à ceux-ci de se méfier des outils pédagogiques fournis par des entreprises qui ont intérêt, d’une manière ou d’une autre, à vanter leurs produits.

Distributeurs équitables

Par ailleurs, suite au débat sur les distributeurs de boissons dans les écoles, de nombreux établissements se sont tournés vers les Magasins du monde Oxfam, qui proposent non seulement des snacks et des boissons issus du commerce équitable, mais également des machines automatiques. En bref, il en existe de trois types: des machines à café et autres boissons chaudes pour les sites de moins de 100 personnes, d’autres pour les sites de plus de 100 personnes, et enfin le ‘snakky’, distributeur automatique de jus de fruits et de snacks. Un opérateur partenaire des Magasins du monde Oxfam prend en charge l’approvisionnement de ces machines in situ, et peut également livrer des produits à des écoles souhaitant conserver leurs propres distributeurs. Dans ce domaine, bien des cas de figure sont possibles, vu que les distributeurs font souvent l’objet de leasings. Quels que soient les opérateurs approvisionnant de tels distributeurs, ceux-ci peuvent toujours faire appel aux fournisseurs du commerce équitable, pour l’une ou l’autre ligne de produits (infos sur le site https://www.madeindignity.be .
Antoinette Brouyaux , CRIOC, dans Du côté des consommateurs numéro 180, 15 juin 2005
La presse quotidienne a répercuté pendant les vacances l’intention du Gouvernement de la Communauté française de revenir sur sa décision d’interdire les distributeurs à la rentrée scolaire. Nous aurons sûrement l’occasion d’y revenir.
(1) COREN asbl (pour Coordination Environnement), rue van Elewijck 35, 1050 Bruxelles. Tél & fax: 02 640 53 23, courriel: info@coren.be
(2) Senterre Christelle – Favresse Damien – Piette Danielle, Les offres de consommation à l’école fondamentale: équité ou éthique? Enquête quantitative dans l’enseignement fondamental en Communauté française de Belgique, Bruxelles, Université Libre de Bruxelles – Ecole de Santé Publique (PROMES), Août 2003, 49 p. https://homepages.ulb.ac.be
(3) Le Soir, 23/9/04, ‘Future disette pour les canettes’, tour d’horizon par commune de la rédaction bruxelloise du journal.
(4) Voir notamment: Véronique Chaouat, ‘Comment la publicité engraisse nos enfants’, enquête alimentation, in 60 millions de consommateurs n°386, septembre 2004.
(5) Voir Christian De Bock, qui dans ‘L’interdiction des distributeurs de sodas et snacks sucrés à l’école’ in Education Santé , n° 198, février 2005, passe en revue différentes opinions à ce sujet. Cf. aussi le site https://www.arena.cfwb.be .
(6) Cf. le site https://www.sourirepourtous.be , et l’article de Michel Devriese ‘Carie-cola s’invite dans les écoles primaires’ in Education Sant , n° 195, septembre 2004.
(7) Voir le site https://www.sfpediatrie.com Contact avec la Fondation pour la santé dentaire à l’adresse fondation@sourirepourtous.be
(8) Voir ‘Les enfants et les jeunes, cibles du marketing’, à l’adresse https://www.oivo-crioc.org/textes/1322.shtml

La promotion de la santé à l’école digère sa réforme

Le 30 Déc 20

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Peut-on améliorer la santé et le bien-être de nos enfants grâce à l’école? C’est bien là l’enjeu fondamental de la promotion de la santé à l’école.
La médecine scolaire a beaucoup changé en quelques années. La médecine scolaire, tout le monde connaît, et cela ne réveille pas forcément d’excellents souvenirs. On a tous des souvenirs plus ou moins comiques, plus ou moins gênés de files d’attente en sous-vêtements et de tests auxquels on ne comprenait pas grand-chose.

Un indispensable service universel, obligatoire et gratuit

C’est la loi du 21 mars 1964, qui a rendu obligatoire l’Inspection médicale scolaire et l’a organisée dans les différents réseaux scolaires subventionnés. Cette généralisation obligatoire de la médecine scolaire a rendu d’incontestables services. Nous lui devons une meilleure prévention de la tuberculose et d’autres maladies infectieuses. Les déficiences sensorielles sont dépistées plus précocement et sont plus rapidement traitées. Des progrès appréciables ont été obtenus dans le domaine de la santé physique générale.
Le service PSE est un service public et universel de médecine préventive. Ce qui signifie qu’il ne s’occupe pas des traitements, laissés au médecin choisi par la famille. Mais il peut avoir une fonction non négligeable dans la vaccination ou le dépistage précoce que ce soit pour les troubles de la vue, de l’audition, de la statique, pour des problèmes dermatologiques, etc.
Sur ce plan, le médecin scolaire a vraiment un rôle complémentaire à celui du médecin de famille.
Depuis le début de mon mandat, les services de Promotion de la Santé à l’Ecole (services PSE) sont au cœur de mes préoccupations. Je suis absolument persuadée de votre rôle capital comme acteur de promotion de la santé et de médecine préventive au sein de l’école. Il est essentiel de défendre la médecine scolaire en tant que service universel, gratuit et obligatoire.
La médecine scolaire doit rester une branche de la pédiatrie sociale et de la santé publique, qui amène chaque jeune, pour la première fois en son nom propre, à entrer en relation avec le monde médical. Il faut cependant reconnaître que les besoins et les attentes des familles et des écoles ont changé, et il est nécessaire que les services PSE répondent aussi aux attentes et aux besoins psychosociaux de nos enfants.
Déjà en 1991, l’association professionnelle des médecins scolaires publiait un livre blanc dans lequel ils mettaient l’accent sur la nécessité d’une approche plus globale de la santé à l’école.
En 2002, le décret définissant la promotion de la santé à l’école est entré en vigueur. Il a modifié vos missions et votre pratique professionnelle en profondeur. Il s’agit d’un énorme défi et d’une belle opportunité de développer, avec les écoles, des projets visant à améliorer la santé et le bien-être des enfants et des jeunes.
La définition qui est donnée dans le décret relatif à la promotion de la santé à l’école est complète puisqu’elle prévoit:
-la mise en place de programmes de promotion de la santé et de promotion d’un environnement scolaire favorable à la santé;
-le suivi médical des élèves, qui comprend les bilans de santé individuels et la politique de vaccination;
-la prophylaxie et le dépistage des maladies transmissibles;
-l’établissement d’un recueil standardisé de données sanitaires.

Un beau défi

Je suis bien consciente de l’ampleur de la tâche que représentent ces nouvelles missions.
Le nombre d’élèves pour chaque service est impressionnant: ainsi les 47 services PSE ont au total 725.719 élèves sous tutelle. Sans oublier les services PMS de la Communauté française qui assurent la mission de promotion de la santé auprès de 137.178 élèves inscrits dans les établissements de la Communauté française.
Outre le nombre impressionnant d’élèves avec lesquels vos équipes doivent travailler, j’ai pu prendre la mesure des difficultés que pose l’application du nouveau décret et de ses arrêtés d’application: Projet de service, vous avez dit projet de service? Comment arriver à remplir toutes les missions? Comment s’organiser en équipe? Comment inciter les écoles à se mobiliser pour un projet santé? Quels outils sont à notre disposition?
Une première réponse vous est donnée aujourd’hui à l’occasion de ce colloque. Il s’agit d’un lieu de rencontres pour échanger sur vos pratiques, et d’un lieu d’informations pour vous présenter des outils et des expériences.
Je souhaite que ce colloque vous aide à construire et à consolider vos propres projets de promotion de la santé à l’école et qu’il vous apporte un réel soutien pour accomplir les missions importantes qui sont les vôtres.
La date de ce colloque n’a pas été choisie par hasard. En cette fin d’année scolaire, j’ai voulu faire de ce colloque l’inauguration d’une année (l’année scolaire 2005-2006) qui soit une année de transition.

Un projet de service

Vous le savez, j’ai assez rapidement décidé de reporter l’obligation, pour chaque service, de définir un projet santé pour chaque établissement scolaire pour le 1er septembre 2005 ainsi que cela était prévu initialement.
Après avoir rencontré plusieurs d’entre vous, j’ai pu prendre conscience qu’il était nécessaire de donner du temps aux équipes.
Cette obligation est remplacée par celle de créer, pour le 1er septembre 2006, un projet de service définissant le cadre et les conditions de l’intervention des services PSE au sein des écoles.
Ce délai doit vous permettre de renforcer votre cohérence interne en vous appropriant votre propre concept de promotion de la santé à l’école, que ce soit sur base de l’expérience acquise durant les deux années de formation ou sur base des projets déjà mis en place avec certaines écoles.
Pour faire ce travail important, je pense qu’il est aussi nécessaire d’organiser et de structurer l’offre de formation, d’outils et d’accompagnement qu’un certain nombre de services font aux équipes PSE.
Dans ce cadre, je pense que les CLPS doivent être des partenaires privilégiés. Leur rôle doit être de définir la meilleure adéquation entre les besoins de services et l’offre importante de ces services spécialisés.
Si le projet de service reste l’axe central de l’ancrage des nouvelles missions des services PSE, il reste bien d’autres chantiers sur lesquels nous devons ensemble travailler pour améliorer le service universel auquel je faisais référence au début de mon intervention.
La simplification administrative me semble un enjeu important, sur lequel j’ai pris une série d’initiatives qui ont déjà fait et feront encore l’objet de modifications des dispositifs légaux.
Toutes ces modifications se font en concertation avec les représentants de vos équipes au sein de groupes de travail auxquels plusieurs d’entre vous participent régulièrement.
Lors de mes visites certains d’entre vous m’ont fait part de leur difficulté à trouver des médecins ayant les titres requis avant leur entrée en fonction.
Dans le cadre d’un décret qui va être voté cette semaine, j’ai prévu la possibilité de déroger à la possibilité d’engager un médecin n’ayant pas les titres requis à la double condition qu’il suive un stage formatif court de 8h au sein du service qui l’engagera et une formation en vue d’obtenir le brevet de médecine scolaire ou le diplôme d’études spécialisées en santé publique.
Je dois cependant vous dire que certains médecins se sont manifestés pour nous informer qu’ils avaient les titres requis et pas de travail. C’est pourquoi j’ai organisé une centralisation des offres de service des médecins disponibles et des demandes des services. Elle est assurée pour le moment au sein de mon cabinet, mais sera transférée rapidement à l’administration.
Mes collaborateurs continuent à travailler avec des représentants de vos services sur l’amélioration et la simplification administratives du fonctionnement des services: comptage des élèves pour la finalisation des subventions, obligation pour tous les médecins de prester 40h minimum par mois, fréquence des visites d’école, échange de données avec l’ONE, meilleure articulation du secteur de l’aide à la jeunesse avec les PSE, standardisation des pratiques, évaluation de l’examen neuro-moteur…
J’ai aussi pu rapidement prendre conscience des difficultés de trésorerie de vos services.
Un nouvel arrêté qui va être soumis au Gouvernement dans les prochaines semaines prévoit une modification des pourcentages d’acomptes aux services (40%, 50% et solde de 10% au lieu de 40, 40 et 20%).
Enfin, pour éviter la surcharge de travail concernant la comptabilité prévue par année scolaire (double comptabilité), celle-ci se fera, à partir de 2006, par année civile et sera à rentrer non plus pour le 1er mai mais pour le 30 juin.

Des données, oui, mais pas n’importe lesquelles

Compte tenu de la fonction universelle de santé publique qu’ont les services PSE, vous êtes, dans vos services, à un poste d’observation privilégié de la santé des enfants et des adolescents, et les mieux placés pour une collecte de données. L’élaboration de statistiques est importante en termes de santé publique, si l’on veut définir des priorités. Cependant, je souhaite, avec vous, organiser au mieux ce recueil de données, en tenant compte de la réalité de fonctionnement des services et en priorisant les items des données recueillies compte tenu de l’utilisation qui peut en être faite.
J’ai donc proposé que le recueil de données, prévu dans le décret, soit entamé à la rentrée scolaire 2005-2006. Il débutera avec les élèves de 1ère maternelle. Le contenu du recueil a été simplifié, et les données en ont été rendues anonymes.
Enfin, un des enjeux majeurs de la promotion de la santé à l’école c’est d’obtenir, dans tous les cas, la reconnaissance par les écoles elles-mêmes, les directions, les professeurs, les élèves, du rôle des PSE.
Cela ne pourra se faire que par une coopération avec la Ministre de l’Enseignement.
Dès à présent, des contacts réguliers sont établis entre mon cabinet et celui de la Ministre Arena .
Le Plan stratégique pour l’alimentation saine qui a été élaboré en commun avec Marie Arena sera prochainement soumis pour approbation au Gouvernement. Il reconnaît le rôle central des PSE dans la promotion de l’alimentation saine à l’école. La mise en œuvre de ses recommandations pourrait être une première étape dans cette reconnaissance mutuelle des écoles, des services PSE et des CPMS de la Communauté française.
La santé et le bien-être des enfants et des jeunes sont évidemment au cœur de mes préoccupations en tant que Ministre de l’Enfance, de l’Aide à la jeunesse et de la Santé. Et comme j’ai la responsabilité de ces trois compétences, mon souhait est de valoriser les transversalités.
L’enquête HBSC (Health Behaviour of Schoolaged Children) menée en Communauté française par PROMES pour le compte de l’OMS en 2002 a été faite auprès de jeunes de 13, 15 et 17 ans. Quelques résultats indicatifs méritent d’être rappelés.
21,7% des jeunes de 13 à 17 ans sont fumeurs, 20% des jeunes de 13 à 17 ans sont consommateurs hebdomadaires d’alcool (surtout le week-end), 58% des garçons de l’enseignement général déclarent avoir consommé au moins une fois du cannabis (mais 19% des garçons de l’enseignement professionnel consomment tous les jours du cannabis), 15,1% des jeunes sont en surcharge pondérale, (mais 4,9 % subissent un déficit pondéral), et enfin, 48,8% des jeunes regardent la télévision de 2 à 4 heures par jour.
Et puis, au-delà de ces considérations épidémiologiques et d’économie de la santé, n’oublions pas le mal-être qu’expriment certains de ces comportements et la souffrance qu’il peut y avoir dans la tête et dans le corps des enfants ou des adolescents, n’oublions pas non plus les parents qui se sentent trop souvent impuissants.
Les parents que nous sommes, les enseignants, les infirmières et médecins des services PSE, les accueillantes, les responsables de clubs sportifs… tous, nous sommes interpellés et responsables.
Le rôle du politique en la matière est de pouvoir intervenir en créant un cadre et un contexte qui favorisent le bien-être.
Les services de Promotion de la Santé à l’Ecole constituent une priorité de ma législature. Convaincue de l’importance de la médecine scolaire en faveur du bien-être de nos enfants et de nos jeunes, je me battrai pour le refinancement de ce secteur. Il est urgent de redonner les moyens aux services pour rendre la médecine scolaire plus attractive et pour que chaque enfant puisse trouver un suivi médical égal, quel que soit le service dont il dépend.
Catherine Fonck , Ministre de l’Enfance, de l’Aide à la jeunesse et de la Santé en Communauté française.
Paroles prononcées à l’occasion de la journée PSE du 20 juin 2005 au Parc d’aventures scientifiques de Frameries

Une journée d’échanges entre équipes PSE

Le 30 Déc 20

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De nombreuses équipes PSE (Promotion de la Santé à l’Ecole) se sont réunies au Parc d’aventures scientifiques de Frameries à la fin de l’année scolaire pour échanger sur leurs pratiques et sur les dernières nouvelles du secteur, parmi lesquelles la conversion des projets de santé d’établissements en projets de services.
La philosophie de la réforme de l’Inspection médicale scolaire (décret de 2002), elle, ne change pas : faire des services PSE des «services universels», actifs pour tous les enfants quelle que soit la filière d’enseignement.
« Il apparaît désormais clairement que plusieurs éléments , dans le cadre légal et réglementaire du fonctionnement des services , nécessitent des modifications , a d’emblée lancé la Ministre de la Santé, de l’Enfance et de l’Aide à la Jeunesse de la Communauté française, Catherine Fonck (voir ci-après le texte de son intervention). Quarante sept équipes PSE ont 725 000 élèves sous tutelle , sans oublier les Centres PMS qui assurent le suivi de 137 000 élèves de l’enseignement de la Communauté française . Je suis consciente de l’ampleur de la tâche
L’obligation de convention de projet santé par école est ainsi remplacée par une obligation de définir un projet de service. A chaque service de proposer à l’ensemble de l’école sa politique de santé scolaire. C’est l’occasion de poursuivre la clarification des notions de «projet», de «promotion de la santé», de «partenariat», d’évaluer les ressources propres et les besoins de l’école. La formation dispensée aux équipes depuis deux ans par la Croix-Rouge a déjà permis d’amorcer la réflexion et de jeter les bases de projets pilotes. Le projet de santé par établissement sera probablement repoussé à la rentrée 2008.

Mesurer ses forces

La notion de projet de service n’est pas pour déplaire aux équipes PSE. « On est ici davantage , explique le Dr Maskens , du service PSE de la province du Brabant wallon, dans la fédération de ce qui existe déjà . En réaliser l’inventaire est important , tout comme s’assurer que ce qui est en cours pourra se poursuivre . Les écoles font souvent de la promotion de la santé sans le savoir . Une prise de conscience à cet égard est constructive
On retrouve l’idée de l’inventaire du côté de la province de Liège, notamment à travers le PSE d’Ougrée. « Au cours de l’inventaire , explique Danièle Bonjean , infirmière au sein de l’équipe, nous avons été confrontés à une école qui voulait développer quantité de projets , en hygiène , alimentation , santé dentaire , éducation affective . Elle était convaincue d’arriver à tout gérer . L’équipe PSE souhaite , elle , s’entourer de partenaires et les faire découvrir aux enseignants . C’est nous qui sommes allés rencontrer l’échevin pour obtenir essuies et savons , qui avons démarché une diététicienne , qui avons pris contact avec le planning familial et la dentisterie sociale
Quid du projet quand, inévitablement, l’équipe aura pris du recul pour déployer ses compétences ailleurs? Cette question, Marie Hélène Jacques (PSE Couvin) se la pose aussi. Mais une certitude s’impose: « L’école doit être garante du projet au quotidien . Et ce n’est pas facile bien sûr , car la promotion de la santé à l’école , c’est comme les maladies chroniques , complexes à vivre au jour le jour , c’est un processus permanent en somme

Visite médicale

Le service PSE de l’UCL à Woluwe (Bruxelles) s’est penché sur les modifications à mettre en œuvre pour donner des couleurs promotion de la santé à la visite médicale. « Pour les petits de maternelle , explique le Dr Karin Levie , la préparation est importante . Certains sont stressés . Des copains leur ont dit qu’on allait leur faire une piqûre . Certains sont vraiment mal à l’aise de prendre le bus sans maman , d’avoir un bâton dans la gorge Les primaires disent s’ennuyer pendant l’attente qui peut durer jusqu’à trois heures . Ce laps de temps pourrait être utilisé pour parler de la santé . Dès la deuxième année primaire , les élèves seraient plus à l’aise si la mesure du poids et de la taille se déroulait en individuel , et non en groupe . Les plus grands , en secondaire , gardent pour eux des questions sur la puberté , le surpoids , la famille . Une collaboration avec les centres PMS et les centres de santé mentale pourrait être utilement nouée . L’attente , pour les plus grands , pourrait être comblée par une vidéo ( la sexualité et l’alimentation sont plébiscitées ), par des jeux de rôles , etc

Innovations

La ministre prévoit l’informatisation des services, à la fois pour informatiser les données des bilans de santé et pour offrir aux équipes, via internet, un accès à des outils. Certaines données pourraient, en outre, être transmises entre les consultations de l’ONE et les services PSE.
En matière d’information des équipes et des écoles, la parution du bulletin de liaison «Promouvoir la santé à l’école» se poursuit. Il est téléchargeable sur le site de Question Santé (questionsante.org).
Avec la réforme de l’Inspection médicale scolaire encore, le rôle, le statut et la vie du médecin scolaire ont considérablement changé. Il doit désormais s’engager au minimum 40 heures par mois. L’obligation n’est pas toujours compatible avec l’exercice de la médecine générale. Certains médecins scolaires ont quitté le navire. Devant le nombre de postes à pourvoir, une dérogation est prévue pour qu’un médecin n’ayant pas les titres requis puisse prendre ses fonctions dans un service PSE. A condition de suivre une formation courte avant l’entrée en fonction dans le service et une formation longue endéans les trois ans qui suivent l’entrée en fonction.

Ressources

On retiendra aussi de cette journée l’excellente organisation pratique, qui ‘obligeait’ les participantes (excusez ce féminin pluriel justifié par le très faible nombre d’hommes dans le public!) à visiter un espace réservé à des stands d’information au contenu bien ciblé, à côté de la découverte des initiatives présentées dans les ateliers. Cette formule a permis aux exposants (centres locaux de promotion de la santé, services communautaires, Médiathèque, mutualités, CORDES…) de riches échanges et une large distribution de matériel d’information. De quoi ne pas regretter ce ‘voyage scolaire’ sous le soleil éclatant du début de l’été…
Véronique Janzyk
Infos complémentaires auprès de Christine Rigaut (02 788 83 24) au Cabinet de la Ministre Fonck.

Cannabis: quelle réalité?

Le 30 Déc 20

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Le gouvernement français vient de lancer en février 2005 une très large campagne médiatique de prévention intitulée «Le cannabis est une réalité» (la campagne ainsi que l’ensemble du dispositif sont détaillés sur le site https://www.drogues.gouv.fr ). En lien avec cette campagne, le gouvernement a créé une ligne téléphonique spécifique «Ecoute cannabis», édité des millions de brochures d’information pour les jeunes et les parents et, enfin, ouvert 220 centres de consultations «cannabis» sur l’ensemble du territoire.

Le dispositif médiatique

Nous limiterons le présent article à l’analyse des messages télévisuels pour les jeunes.
Le dossier de presse stipule que « la campagne est destinée en priorité aux jeunes âgés de 15 à 25 ans , période d’expérimentation et à risque d’usage nocif . Elle a pour objectif d’informer des conséquences sanitaires et sociales en la confrontant à l’image que s’en font les jeunes . Elle alerte sur les risques aujourd’hui bien établis de la consommation de cannabis . Cette confrontation pourra alors amener chaque personne concernée à s’interroger sur sa consommation ou sur celle de son entourage et à amorcer une motivation à changer de comportement ou demander de l’aide .»
Mentionnons l’ampleur du dispositif médiatique: six spots TV diffusés sur les chaînes hertziennes (TF1, France2, France3…) ainsi que sur les chaînes câblées dédiées aux jeunes (MCM, RTL 9, MTV…) ainsi que huit spots radios… Des annonces ‘pleine page’ à destination des parents dans plusieurs titres de la presse écrite nationale. Le coût est de quelque 4 millions d’euros. Bref, difficile d’y échapper y compris pour les publics non directement visés par la campagne.
Que disent les spots destinés aux jeunes consommateurs?
Le principe est identique pour les six spots. Chaque film est construit sur la confrontation d’un mythe (« l’image que s’en font les jeunes ») et d’une réalité sur le cannabis. Une voix-off féminine commence par énoncer le mythe puis un témoignage vient contredire cette idée reçue. La voix-off clôt le témoignage en soulignant trois effets négatifs puis elle rappelle la signature de la campagne, «Le cannabis est une réalité» et mentionne le n° de la ligne écoute cannabis. Cela donne:
Spots 1 & 2: «Avec le cannabis on capte tout»; témoignage du vécu scolaire d’un consommateur: «déconcentration, perte de mémoire, difficultés scolaires: le cannabis est une réalité»;
Spot 3: «Avec le cannabis on se sent super bien»; témoignage d’un malaise d’un consommateur: «malaise, angoisse, bad trip: le cannabis est une réalité»;
Spot 4: «Avec le cannabis on se fait plein d’amis»; témoignage: «isolement, repli sur soi, perte de motivation: le cannabis est une réalité»;
Spot 5: «Avec le cannabis on s’ouvre aux autres»; témoignage: «isolement, repli sur soi, perte de motivation: le cannabis est une réalité»;
Spot 6: «Le cannabis c’est pas vraiment une drogue»; témoignage: «dépendance, repli sur soi, isolement: le cannabis est une réalité».

Analyse de la stratégie

Si les effets décrits sont basés, nous dit le dossier de presse, sur des témoignages réels, ceux-ci ont été recueillis par des professionnels dans des services d’aide spécialisés. Or, le nombre de consommateurs réguliers serait en France de 850.000 (10 usages ou plus au cours du dernier mois). Sur ce total, 42.000 ont été reçus en consultation. Notons enfin que seuls 10.578 ont été effectivement pris en charge dans des services d’aide spécialisés (1). Soit une proportion de 1,2 % des consommateurs «réguliers».
Dès lors, les témoignages à la base de la «réalité» décrite (déconcentration, perte de mémoire, difficultés scolaires, malaise, angoisse, bad trip, isolement, repli sur soi, perte de motivation) sont ceux d’une toute petite minorité. La question sera donc de savoir si une telle présentation de la réalité sera crédible aux yeux du public visé, public davantage encore constitué de consommateurs «expérimentateurs» et «occasionnels» que de consommateurs «réguliers», et encore moins composé de consommateurs «problématiques».
Si une campagne de prévention de la consommation d’alcool destinée au grand public faisait témoigner un alcoolique, un SDF, une personne atteinte d’une cirrhose et un chauffard, le public n’accepterait sans doute pas ce type de message. En effet, d’une part, en tant que consommatrice d’alcool elle-même, une grande majorité du public se rend compte que l’individu ne peut être réduit à un alcoolique du simple fait qu’il boit un verre. D’autre part, boire de l’alcool comporte souvent un sens social (convivialité, désinhibition…). Ainsi, la consommation d’alcool ne peut être réduite ni à la dépendance alcoolique, ni à une simple question de santé.
Dès lors, quelle sera l’attitude des consommateurs de cannabis face aux messages gouvernementaux? Après les avoir entendus, les considéreront-ils comme crédibles? Auront-ils envie de téléphoner à la ligne «Ecoute cannabis»? Et pour lui dire quoi?
Cette campagne ne risque-t-elle pas d’avoir pour effet une certaine indifférence dans le chef des consommateurs ou, pire, le renforcement de la défiance et du discrédit à l’égard du discours des autorités? Or, à l’égard de cette méfiance instinctive et quasi-systématique des jeunes vis-à-vis des informations et des messages émis par la société adulte en matière de drogues, cela fait belle lurette que les intervenants et experts recommandent d’autres stratégies d’information des jeunes et des campagnes suscitant la confiance des premiers intéressés plutôt que l’inquiétude.

Le public vraiment concerné par cette campagne? Les parents

Par contre, un public qui ne possède pas ou plus (2) d’expérience personnelle et /ou culturelle de ce produit, se trouve dans une position tout à fait différente. Le message peut lui paraître crédible car soutenu par l’autorité publique et intégré dans un dispositif, à ses yeux, cohérent. Le message touche directement les parents en mettant en scène de jeunes adolescents (leurs enfants) fragiles, attachants et pris au piège (3).
De plus, l’ampleur de la campagne et les moyens déployés provoquent d’emblée un effet d’adhésion pour les parents, surtout s’ils sont à court de moyens et d’arguments: «l’Etat prend les choses en mains». Il ne nous étonnerait dès lors pas du tout que le public des parents ait été extrêmement mobilisé par cette campagne (4).
La question importante à ce stade-ci est de savoir si les informations contenues dans les messages vont induire un dialogue de qualité entre les parents et leurs enfants. A ce sujet, rappelons que les spots (mais aussi la brochure destinée aux parents, qui s’intitule d’ailleurs «Cannabis: les risques expliqués aux parents») décrivent les effets «réels» du cannabis unilatéralement négatifs. La campagne présente le discours des consommateurs comme des «idées reçues» à contredire. En cas de tentative de dialogue, parents et enfants pourront-ils sortir de ce débat des ‘vrais et faux effets’ pouvant très vite tourner en rond?
Or, il est primordial à propos de questions à grande valeur éducative, qu’un dialogue de qualité puisse s’établir entre les différents acteurs. En effet, il ne s’agit plus seulement de dire «je sais» mais aussi «je t’écoute».

Parodie

La Fédération des collectifs d’information et de recherche sur le cannabis (CIRC) a réalisé une parodie de la campagne gouvernementale sous le slogan ‘Le cannabis c’est trop mortel’. A voir sur le site https://www.circ-asso.net !A ce propos, une question importante est celle du sens. Quel sens le consommateur donne-t-il à son comportement? Poser la question du sens bien avant la question des effets permet de se mettre à l’écoute. Les effets (imaginaires ou réels) pourront alors être abordés dans un contexte moins dramatique et dans une optique de «recherche de solutions alternatives».En conclusion, aborder un comportement aussi intime (car en lien, notamment, avec la question du plaisir) et complexe que l’usage de cannabis par le biais d’une campagne massive attaquant de front les croyances des jeunes fera-t-elle mouche ou mouchera-t-elle son promoteur? L’évaluation, qualitative et quantitative, de l’action par les autorités françaises apportera sans doute des éléments de réponse à cette question.Pour Infor-Drogues, Antoine Boucher et Philippe Bastin
Adresse des auteurs: rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles(1) Tous les chiffres sont extrait de «Le cannabis est une réalité», dossier de presse, MILDT, février 2005.
(2) Bon nombre d’adultes, fumeurs de cannabis dans leur jeunesse, deviennent en quelque sorte amnésiques lorsqu’ils sont parents d’adolescents et nourrissent parfois les pires inquiétudes à l’égard de leurs enfants consommateurs potentiels ou avérés de cannabis.
(3) Les caractéristiques des jeunes témoins renforcent cette perception de victimes: jeunes (voire très jeunes), filmés très près des yeux (yeux très mobiles, apeurés), pas du tout violents (certains sourient).
(4) De fait, il apparaît, selon des résultats encore très partiels de la campagne, que c’est l’entourage plutôt que les jeunes qui a le plus appelé la ligne téléphonique «Ecoute cannabis», Le cannabis est une réalité in Revue Toxibase n°17, premier trimestre 2005, p.44.

Le programme ‘mammotest’: un accès plus large et plus équitable au dépistage

Le 30 Déc 20

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En juin 2001, démarrait en Belgique le Programme national de dépistage du cancer du sein par mammotest pour les femmes de 50 à 69 ans.
L’Agence intermutualiste a publié récemment son 3e rapport relatif à ce Programme.
Après une première vague du Programme, l’Agence intermutualiste constate que dans les 3 régions:
-plus d’1 femme sur 2 de 50 à 69 ans a été examinée;
-toutes les tranches d’âge de la population cible ont été concernées par le Programme;
-les femmes moins favorisées ont bénéficié du mammotest autant que les autres.

Les Rapports de l’Agence intermutualiste: outil d’évaluation

L’Agence intermutualiste recueille les données auprès de tous les organismes assureurs à des fins d’analyse et d’étude.
Les deux premiers rapports de l’Agence relatifs au Programme national de dépistage du cancer du sein ont rencontré un grand intérêt auprès des institutions chargées de l’organisation et de l’évaluation du Programme sur le terrain. Ils sont aujourd’hui considérés comme outil d’évaluation du Programme. Les organismes assureurs disposent en effet de données auxquelles les centres de dépistage n’ont pas accès.
Ce 3e rapport permet d’évaluer un premier «tour» du Programme de dépistage, à savoir la période 2002-2003, d’en calculer la couverture et de comparer celle-ci avec la période 2000-2001, avant le début du Programme.
Globalement, la couverture est passée de 43% à 54%. Grâce au Programme de dépistage, la Flandre rattrape son retard par rapport à Bruxelles et à la Wallonie.

Un Programme national dans un contexte particulier

En Belgique, le Programme de dépistage organisé par mammotest gratuit vise à remplacer les examens de mammographie ‘normaux’ qui étaient utilisés à des fins de dépistage bien avant le Programme organisé. Ceux-ci se font le plus souvent par mammographie et échographie associée, mais sans double lecture, ni garantie systématique du respect des critères de qualité. De plus, l’ajout systématique de l’échographie entraîne un risque important de résultats «faussement positifs», avec à la clé des examens complémentaires inutiles et inquiétants pour les femmes.
Rappelons aussi que le coût pour la patiente et pour la société de ce dépistage par mammographie et échographie est beaucoup plus élevé et qu’il ne touche pas de la même manière toutes les femmes concernées.
Etant donné les situations régionales différentes avant le Programme et le démarrage du Programme en deux temps (2001 en Flandre, 2002 en Wallonie et à Bruxelles), la participation au Programme est encore fort différente d’une région à l’autre.
En Flandre, où la couverture par mammographie était au départ la plus faible, après un premier tour complet du Programme, 33% des femmes réalisent à présent une mammographie de dépistage de qualité.
En Région wallonne, après environ 15 mois de Programme, 6,5% des femmes ont recours au dépistage par mammotest et à Bruxelles 3,3%. Par contre, l’habitude de l’examen mammographie-échographie y reste beaucoup plus importante qu’en Flandre.

Conclusions

Avec le démarrage d’un programme organisé, le pourcentage de femmes examinées dépasse maintenant les 50%. Ce bon résultat doit toutefois être tempéré. Il reste encore du chemin à parcourir pour d’une part augmenter de manière significative la participation des femmes au Programme et, d’autre part, pour passer au mammotest dans le cadre d’un dépistage organisé et de qualité.
Ce rapport de l’Agence intermutualiste constate par ailleurs que le mammotest gratuit permet un accès plus large et plus équitable au dépistage de qualité du cancer du sein. Dans l’ensemble du pays, le Programme permet de sensibiliser et de recruter des femmes qui, sans ce Programme, n’auraient pas fait de dépistage: ce sont surtout les plus âgées et les moins favorisées d’entre elles.
Le rapport complet de 101 pages est consultable sur le site de l’Agence intermutualiste https://www.nic-ima.be

Le diesel en question

Le 30 Déc 20

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Affections broncho-pulmonaires chez le jeune enfant

Le moteur diesel équipe plus d’un tiers du parc automobile, et plus de 60% des voitures particulières actuellement vendues. Ce succès ne doit rien au hasard et beaucoup à la fiscalité et à des considérations pécuniaires: un véhicule qui paie moins de taxes, moins d’assurance et consomme une moindre quantité d’un carburant moins cher!
Or, la pollution due aux moteurs diesel, principale source d’émission de fines particules en ville, a été voici plusieurs années déjà sévèrement dénoncée par les épidémiologistes de la Société française de santé publique (SFSP). Les moteurs diesel émettent des particules très fines, en moyenne 0,3 micromètre de diamètre. Les moteurs turbocompressés génèrent les particules les plus fines. Les particules diesel s’agglutinent jusqu’à former des amas d’un diamètre de 2 micromètres.
Comme les fibres d’amiante, elles pénètrent dans l’appareil respiratoire de façon plus profonde que des particules de dimensions plus importantes (certains pollens, les suies volcaniques, des poussières liées aux pollutions industrielles, etc.) et terminent leur course dans les 600.000 millions d’alvéoles de nos poumons. Les enfants sont les plus fragiles car leur appareil broncho-pulmonaire diffère de celui de l’adulte.
Les particules fines déposées dans chaque alvéole pulmonaire manifestent leur caractère irritant et leur nocivité pendant de longues périodes. Chez l’enfant, le développement pulmonaire peut en être contrarié, surtout que la respiration par la bouche du jeune enfant favorise l’inhalation des poussières.
Les plus fines pénètrent jusqu’au courant sanguin. Elles véhiculent alors des composés cancérogènes et très irritants. Il y a cependant une fonction épuratoire qui entre en action au niveau des alvéoles pulmonaires, assurée par des macrophages (cellules de grande taille intervenant dans les processus immunitaires), mais ce mécanisme n’est pas à l’abri de défaillances et cette altération a été démontrée en particulier chez le jeune enfant (comme lors d’inhalation passive de tabac d’ailleurs, dont les effluents sont proches des émissions diesels).

Un problème peu connu

Du fait vraisemblablement des intérêts économiques en jeu, la question de l’exposition réelle des citoyens à la pollution diesel n’a guère reçu des années durant l’aval officiel qui aurait mis ce problème de santé publique à l’ordre du jour.
Pour pouvoir étudier l’exposition des populations aux émissions d’origine automobile, et particulièrement aux diesels, il faut disposer de techniques très fines. Les analyses de particules pratiquées avec des capteurs placés aux sommets d’immeubles ne peuvent donner une mesure exacte: un capteur correct doit être placé à hauteur d’homme sur le mobilier urbain des trottoirs (bancs, armoires électriques, etc.) ou sur le toit des voitures.
De plus, les capteurs généralement en service mesurent des concentrations de dioxydes de soufre et d’azote, de monoxyde de carbone, d’ozone, et des fumées, mais rarement les concentrations des particules les plus fines qui sont émises essentiellement par les moteurs diesel.
Il faut encore souligner que, en fonction du capital santé de chacun, les concentrations de particules ont des effets plus ou moins graves. Et ces effets sont également exacerbés par l’exposition à d’autres polluants, qui diminuent les capacités d’élimination des particules. Ces dernières seraient responsables de plus de 60.000 décès annuels aux Etats-Unis, et plus de 10.000 en Grande-Bretagne.
Le Conseil supérieur d’hygiène publique français placé sous la tutelle du Ministère de la Santé a dressé dès 1993 le catalogue des affections attribuables aux particules: altération de la fonction respiratoire, phénomènes aigus ou chroniques d’irritation de la muqueuse respiratoire, hypersensibilité et réaction allergique, susceptibilité accrue aux infections respiratoires, modification morphologique des voies aériennes, toxicité cellulaire dans certains organes cibles (foie, rein, cerveau…), mutagenèse ou carcinogenèse, locales ou à distance des voies respiratoires. Ce catalogue a été confirmé depuis par de nombreuses études partout dans le monde.
Signalons encore pour compléter ce sombre tableau que les particules alvéolaires, d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres sont émises par les moteurs diesel mais également issues des incinérateurs. Elles proviennent de l’oxydation du dioxyde de soufre en particules d’acide sulfurique. Leur fraction insoluble est formée d’un noyau de carbone et d’un faible pourcentage de matière minérale. On y trouve également des sulfates, des nitrates, des chlorides et de l’ammoniac. Les particules issues des moteurs diesel sont par ailleurs enrobées, en concentrations minimes, de 39 composés organiques dont 15 sont cancérogènes, tels le butadiène, le benzène, le formaldéhyde ou le nitrofluorène!
En conclusion, Science et Avenir insistait déjà en 1996 sur la nécessité pour les constructeurs de s’atteler rapidement à la dépollution: pot catalytique et piège à particules. Tout commencerait, selon les ingénieurs automobiles, en plus de l’amélioration des technologies, par le contrôle qualité de la production. En effet, saviez-vous qu’un même moteur, selon le soin apporté à son montage (et également par la suite à son entretien), offre des différences d’émissions du simple au triple? Les constructeurs jouent de cette particularité pour satisfaire les normes des pays les plus sévères: ainsi, la même Peugeot ne pollue pas de la même manière au Danemark et en Espagne!
Le catalyseur d’oxydation quant à lui se limite à la destruction des hydrocarbures c’est-à-dire un dégraissage des particules dont la masse totale se voit ainsi réduite de 30%. Leur nombre en revanche reste le même!
Reste à tabler sur le perfectionnement des «pièges à particules», installés dans la ligne d’échappement, qui filtrent les particules émises et les brûlent dans la chaleur des gaz d’échappement grâce à l’adjonction d’un additif au gazole. En plus des constructeurs, les raffineurs ont donc évidemment un rôle primordial à jouer pour satisfaire aux normes anti-pollution qui seront de plus en plus rigoureuses.
Les techniques de dépollution existent donc et peuvent être constamment améliorées, mais il faut aussi tenir compte du fait que le parc de véhicules ne se renouvelle que de 8% par an! Avec un parc roulant en 1997 de 11 millions de camions, camionnettes, autobus et voitures diesel en France, Sciences et Avenir prévoyait que dans le meilleur des cas, les niveaux de particules continueraient d’augmenter jusqu’en 2005! Cette revue avait déjà été la première à tirer la sonnette d’alarme lors du scandale de l’air contaminé par l’amiante.
Depuis la mise en exergue de l’épineux dossier diesel, de nombreuses notes ou articles d’information ont suivi, confirmant la gravité du problème lié à l’émission des particules et attestant des efforts français consentis pour le pallier.
Le problème de la qualité de l’air urbain est d’une telle acuité que le gouvernement français a fini par adopter en conseil des ministres un projet de loi sur l’air, dont l’article 1 stipulait: Chacun a le droit de respirer un air pur qui ne nuise pas à sa santé .
En Belgique, dans un style beaucoup plus prosaïque, la loi de 1964 proclamait le Roi habilité à prendre toutes mesures appropriées en vue de prévenir ou de combattre la « pollution de l’atmosphère » et en attribuait la responsabilité d’exécution au Ministre de la Santé publique.
Une vingtaine d’années plus tard, les matières environnementales ont été régionalisées et ainsi à Bruxelles, la surveillance de la qualité de l’air et les mesures qui doivent en découler sont devenues officiellement du ressort de la région de Bruxelles-Capitale.
Ce serait certes un non-sens à l’heure actuelle de songer à supprimer le diesel car cela reviendrait à supprimer le transport routier. Il s’avérerait très difficile de persuader les entreprises du secteur de transférer une partie du trafic de marchandises de la route vers le rail et les voies d’eau. Il n’en reste pas moins vrai que l’évolution actuelle du transport de passagers et de marchandises n’est pas viable à terme.
Pour ce qui concerne le transport urbain, il serait bon de rappeler à nos élus le rôle primordial qui est le leur, en matière de réglementation, et de contrôle. Il est clair qu’il faut favoriser le remplacement régulier du parc automobile et réévaluer sérieusement la qualité et la fréquence des contrôles effectués sur les véhicules.
Il importe tout autant de limiter l’utilisation de la voiture que de rendre celle-ci plus propre afin de réduire ses influences néfastes sur l’environnement et l’économie (coût de toilettage des monuments, de construction d’hôpitaux ou de lutte contre le changement climatique). La promotion des biocarburants pourrait être un moyen d’y parvenir (biodiesel et bioéthanol obtenus respectivement au départ de colza, ou de blé et de betterave sucrière).
Jocelyne Husson , Ingénieur civil, Conseiller en prévention
Adresse de l’auteure: Institut scientifique de la santé publique, rue J.Wytsman 14, 1050 Bruxelles. Courriel: jocelyne.husson@iph.fgov.be
Je remercie le Dr R.Snacken , Chef de département Pharmatoxicologie-Epidémiologie de l’ISP pour ses précieux conseils.

Références

Sciences et Avenir, N° 591, 5/1996; Dossier Santé: Faut-il interdire le diesel en ville ? Les diesels en accusation, p.36
Sciences et Avenir, N° 610, 12/1997; Diesel cancerogène: une nouvelle preuve, p.37
Sciences et Avenir, N° 611, 1/1998; Sus aux microparticules, p.53
Sciences et Avenir, N° 612, 2/1998; Concept cars en tenue de ville, p.78
Sciences et Avenir, N° 624, 2/1999; Des bus «propres» à Paris, p.49
Sciences et Avenir, N° 639, 5/2000; Diesel et interleukines: troubles respiratoires, p.62
Sciences et Avenir, N° 642, 8/2000; Les vertus de l’alternance, p.49
Sciences et Avenir, N° 669, 11/2002; Véhicules écologiquement corrects: les bolides verts, p.78
Sciences et Avenir, N° 673, 3/2003; Le diesel mieux filtré, p.59
Science et Vie, N° 963, 12/1997; Comment dépolluer le diesel, p.151
Science et Vie, N° 1018, 7/2002; Le moteur Diesel «common rail», p.136
Lettre d’information de l’Association Royale des Conseillers en Prévention, n° 114, 2004; Le formaldéhyde: cancérogène pour l’homme, p.6
Commission européenne, Direction générale de l’énergie et des transports, 2004, ISBN 92-894-6672-3; Promouvoir les biocarburants en Europe: garantir des transports plus propres pour l’avenir, 13 p.

Le 3e Congrès international francophone de prévention du suicide

Le 30 Déc 20

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En décembre dernier, se déroulait, à Poitiers, le 3e Congrès international de prévention francophone du suicide. Sous l’intitulé «Mal-être, bien-être, quelles ressources pour agir?», ce congrès rassemblait 950 personnes issues de la francophonie (France, Canada, Suisse, Belgique) pour une présence journalière de 300 à 400 participants. Les séances plénières, en matinée, alternaient avec les workshops , l’après-midi.
Un premier regard sur le Palais des congrès pouvait laisser dubitatif sur la nature de l’activité qui s’y tenait, tant l’industrie pharmaceutique était massivement représentée! Toutefois, cette présence, pour impressionnante qu’elle fût, se limitait à l’espace de rencontres réservé aux pauses et ne franchissait pas la porte du «grand amphi».
De la prévention du mal-être, il en fut abondamment question… sous les formes de suicide, tentative de suicide, blessures auto-infligées et idéations suicidaires, du jeune à la personne âgée en passant par divers milieux de vie (travail, prison…). De la promotion du bien-être, on a beaucoup moins parlé…
Nous nous attacherons ici à développer les tendances et réflexions qui ont balisé ces journées. Le message des intervenants n’étant pas univoque, les apparentes contradictions de ce texte sont le reflet de prises de positions diverses.

A l’adolescence…

L’articulation entre «bien-être» et «mal-être» se veut ici la plus prudente… en particulier en matière de prévention. Un consensus en matière d’idéations suicidaires se dégage en faveur de «l’urgence de s’abstenir d’agir» pour le professionnel, à l’exception faite des idéations chroniques.
Il faudrait en outre redoubler de prudence avant de dire aux ados qu’ils doivent nécessairement aller bien… Ce type d’intervention les priverait de pensées et les pousserait à l’acte. «En allant mal, l’adolescent affirme son refus d’aller bien. La souffrance serait illusion du pouvoir de maîtrise»(1). Lorsqu’il éprouve de la souffrance, l’adolescent est sûr que cela lui appartient, que c’est à lui. A l’inverse, le fait d’aller bien implique d’être en lien avec d’autres et dissout le sentiment d’être soi.
Dans le même ordre d’idées, les blessures auto-infligées (ecchymoses, coupures et brûlures) qui ne doivent pas être considérées comme une tentative de suicide – quoique la corrélation avec le suicide soit forte – viseraient également à se reprendre en mains. En s’infligeant des blessures, l’adolescent nous oblige à regarder cette partie du corps… et pas l’être humain dans son ensemble. Il se réfugie derrière cette blessure. L’adolescent s’inflige ces blessures parce qu’il est angoissé et soumis à une communication paradoxale, à savoir «Sois heureux, ne te fais pas mal, mais fais ce que tu veux avec ton corps». Il saisit ce paradoxe et renvoie le message: «Tu ne peux pas savoir combien je souffre, moi seul je le sais!». Le contexte sociétal joue également un rôle: la consommation et le marquage (au sens propre, les marques de vêtements; au sens figuré, les blessures auto-infligées) semblent combler les rites de passage.
La société occidentale se caractérise par une exacerbation de l’individu. Or, plus on parlera d’individu, plus il y aura de suicides. «La société veut nous faire croire que notre corps nous appartient mais dans les faits, cette situation est minoritaire… Nous sommes des animaux sociaux, nous dépendons des autres! A l’adolescence, nous devenons dépendants du désir de l’autre, un autre envers lequel la réciprocité n’est jamais assurée »(2). Il importe, par ailleurs, de distinguer tentative de suicide et suicide: la première vise à attaquer son corps, le second à détruire sa vie.

Sur le plan de la prévention

Les mondes scientifique et pratique sont trop souvent distincts. La logique d’acteurs n’est pas une logique de facteurs, d’autres éléments interviennent; parmi ceux-ci, la relation. Les enquêtes épidémiologiques dans ce champ présentent en outre diverses limites. D’une part, elles s’intéressent à des phénomènes de fréquence moindre mais de forte amplitude (à savoir, les suicides); tandis que les acteurs sont confrontés à des phénomènes de moindre ampleur, mais plus fréquents (à savoir les tentatives de suicide). D’autre part, la mise en évidence des facteurs de risque et de protection est souvent basée sur une population de suicidés. Ces facteurs pourraient s’avérer être partagés par une part importante de la population globale. En dépit de ces limites, les enquêtes épidémiologiques peuvent permettre d’éviter des pièges et de fixer les priorités(3).
Les données ébauchées ci-après proviennent d’études réalisées en France. Les intervenants belges déplorent l’absence de statistiques consolidées, actualisées et fiables en la matière et ce, depuis…1997!
Les études battent en brèche nombre d’idées reçues… Elles sonnent le glas de l’importance des facteurs sociaux en matière de tentatives de suicide et soulignent, en revanche, l’importance de la violence, de la psychopathologie parentale et font le lien avec la dépression. Ces facteurs sont peu spécifiques et communs à d’autres pathologies.
Les idéations suicidaires présentent un caractère de gravité, surtout si elles sont chroniques. Un quart des jeunes qui ont des idéations suicidaires passeront à l’acte, les filles plus que les garçons. La tentative de suicide est par ailleurs rarement impulsive et le fait d’en parler… ne diminue pas le risque de passage à l’acte!
Les tentatives de suicide sont un facteur de risque important pour une nouvelle tentative de suicide ou un suicide ultérieur(e). Le taux de récidives atteint de 35 à 50%, selon les études, dont près de la moitié dans les 3 mois. Au vu de l’importance de ce taux, il importe de travailler en priorité avec les personnes qui ont tenté de se suicider. La prévention primaire est moins aisée et nécessite plus ample investigation. Dire que la vie est belle ne suffit pas, voire peut s’avérer… incitatif! La prévention primaire relève de l’éducation. Toutefois, le milieu scolaire pourrait ne pas être le plus adéquat.

Chez la personne âgée

Selon des autopsies psychologiques (4) menées au Canada, l’assertion commune d’une association entre les troubles physiques et le suicide s’efface devant l’importance de l’association entre le suicide et les troubles mentaux. Outre le fait que les personnes âgées suicidées sont plus souvent seules, séparées ou veuves, elles jouissent d’un soutien social moins important et… consultent davantage le médecin! Sur le plan des troubles mentaux, elles consomment plus de tranquillisants, présentent plus de psychopathologies et un indice de stress plus élevé. Les personnes âgées devraient être considérées comme groupe cible des actions préventives menées envers l’entourage, l’accès aux services de santé mentale facilité, le dépistage par le médecin généraliste amélioré (5).
Le placement en institution serait-il une solution?
Que du contraire, du moins en ce qui concerne la France! Selon une étude, le taux de suicide serait deux fois plus élevé en institution qu’au domicile. Ces chiffres seraient même encore sous-estimés, masqués par les médecins. La question du suicide et de sa prévention interpelle le soignant… non seulement au plan professionnel mais également au plan personnel. La dépression constitue un facteur de risque important. Or, il ne suffit pas d’assommer la personne d’antidépresseurs, la personne doit être accompagnée, comprise. Il faut également pallier la solitude.
Paradoxalement, l’institution, en développant la sécurisation de la personne âgée, renvoie celle-ci à sa fragilité. La parole avec l’autre doit permettre la réassurance et la reconstruction de la personne âgée. Toutefois, cette parole peut être rendue difficile par le fait qu’elle éveille l’angoisse de vieillir chez l’écoutant. Une meilleure compréhension de cette période de vie s’avère indispensable en vue de permettre des échanges plus constructifs(6).

Au travail

Le mal-être au travail est vu par d’aucuns comme généré par l’écart entre la tâche prescrite et le travail réel, à savoir ce qu’on lui demande de faire et ce que le travailleur va devoir faire pour y arriver. Or, la réalité ne se présente jamais comme le prescripteur le précise. Cet écart va souvent être interprété comme un échec et être cause de souffrance.
Le plaisir au travail comporte une double dimension: d’une part, une dimension individuelle, par la satisfaction de dépasser les choses. D’autre part, une dimension collective, par la reconnaissance de la hiérarchie et des pairs. L’absence de jugement peut conduire à la décompensation. Traditionnellement, des stratégies de défense ont été déployées par les travailleurs, qu’il s’agisse de la rapidité dans le travail répétitif (rapidité permettant la suspension du registre de la pensée), ou de stratégies collectives de déni de la peur, d’autodérision. Mais le libéralisme économique a diminué la force du collectif de travail (et de ses stratégies de défense) et augmenté les cadences. Par conséquent, les pathologies de surcharge apparaissent (notamment les troubles musculo-squelettiques et le burn out).
Le suicide serait un acte ultime face à cet isolement dans un contexte de mise à mal des stratégies collectives! (7)
Concernant le rôle du harcèlement moral, deux thèses sont en présence… Elles ne s’affrontent pas sur le fait que le harcèlement peut mener au suicide et que la reprise du travail après un congé de maladie soit particulièrement critique. La distension provient de la lecture du phénomène et dès lors, du type d’actions à mener sur le plan de la prévention. La première propose une lecture en termes de couple harceleur(s)/harcelé(s). La seconde dénonce cette lecture qui élude selon elle, le rôle de l’organisation du travail. Toutes deux s’accordent toutefois sur l’intérêt de poursuivre les recherches et de développer la prévention.

En conclusion…

Ce congrès se voulait résolument un jalon dans la prévention du suicide. Il a bien souligné les avancées en la matière notamment la nécessité impérieuse d’un suivi après tentative de suicide. Il a permis aussi de lever le voile sur l’étendue des champs qu’il reste à explorer en la matière. A ce titre, on ne pouvait que constater la sous-représentation des intervenants belges…
Sandrine Roussel , APES-ULg
Actes disponibles à l’automne auprès des Docteurs Lévy et Chavagnat : levy.diane@wanadoo.fr et jj.chavagnat@ch-poitiers.fr.
(1) Maja PERRET-CATIPOVIC, psychologue, responsable du centre d’étude et de prévention du suicide à Genève.
(2) Daniel MARCELLI, psychiatre d’enfants et d’adolescents à Poitiers.
(3) Marie CHOQUET, directrice de recherche, responsable de l’équipe «santé de l’adolescent», à Villejuif.
(4) Méthode de recherche permettant de reconstruire rétrospectivement le passé psychologique de la personne suicidée, pour essayer de comprendre ce qui a mené au suicide.
(5) Richard BOYER, chercheur agrégé, faculté de médecine de Montréal.
(6) Jérôme PELLEGRIN, psychiatre à Ivry Sur Seine.
(7) Equipe de Christian DEJOURS, psychologue, Laboratoire de psychologie du travail et de l’action à Paris.

Madagascar, les prostituées font de la prévention

Le 30 Déc 20

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Mortel paradoxe: alors que les prostituées sont à la fois les principales victimes et propagatrices du sida, peu de programmes s’adressent directement à elles. À Madagascar, des travailleuses du sexe se sont associées pour informer leurs compagnes d’infortune.
Dans le quartier populaire de Tanambao, au cœur de Tamatave, sur la côte est de Madagascar, il fait déjà noir. Dix travailleuses du sexe s’apprêtent à sortir. Mais ce soir, elles ne rejoindront pas leur coin habituel. Comme tous les jeudis, elles se préparent à aller visiter leurs collègues sur leurs lieux de travail. Vêtues de tee-shirts noirs, coiffées du képi sombre orné du logo du Programme national de lutte contre le sida, elles sont équipées de paquets de fimailo (condom), de prospectus et elles ont de quoi noter l’identité de leurs collègues. Réparties en cinq groupes, elles vont accoster celles qui sont déjà postées dans l’attente des clients. Aussitôt, la discussion s’engage.
Les prostituées, qui représentent 11,4 % des Malgaches infectés sont, selon l’Institut national de la statistique, le premier groupe propagateur du sida dans l’île. Une statistique d’autant plus alarmante que, pauvreté aidant, le ‘plus vieux métier du monde’ gagne du terrain dans la Grande Ile. A Tamatave, le nombre de prostituées a doublé en cinq ans. La ville en compte actuellement plus de 10 000 pour une population d’environ 200 000 âmes!
Parmi elles, un nombre croissant de jeunes. Dans le quartier de Bazarikely, ‘ plus de 50 % des prostituées sont des mineures de moins de 17 ans ‘, confie Germaine Razafindravao , présidente de l’association des prostituées (Fivemito).
Bien que les risques de propagation soient considérables, peu d’acteurs de la lutte anti-sida s’intéressent au sort des belles de nuit. La liste des associations agréées par le Comité national de lutte contre le sida (CNLS) en recense 839 mais seulement 65 d’entre elles oeuvrent en faveur des prostituées pour l’ensemble du pays. ‘ Aucun opérateur ne fait du travailleur du sexe une cible privilégiée et stratégique dans ses actions de lutte contre le sida ‘, regrette Willy Rapanoelina , responsable du Programme national.

‘Nous sommes les mieux placées’

Charité bien ordonnée commence par soi-même: les prostituées se sont donc attaquées elles-mêmes au problème. ‘ C’est à nous de mener le combat ‘, lance la présidente de Fivemito, qui regroupe quelque 200 femmes: ‘ Nous sommes dans le métier donc les mieux placées . Nous connaissons leurs préoccupations , leurs risques , les affinités …’ dit-elle en parlant de ses compagnes tombées dans la prostitution. L’objectif de l’association est bien sûr de protéger les filles des rues mais aussi de revaloriser leur propre image et de créer une solidarité entre elles. L’association s’est fixé comme devise: amitié, santé et épanouissement. Des valeurs étrangères à la plupart des prostituées comme le confesse l’une d’entre elles: ‘ Je n’ai jamais connu que haine , hostilité , jalousie entre nous ‘.
Les animatrices de Fivemito se mobilisent de jour comme de nuit selon un planning préétabli. Des visites en groupe ou à domicile ont lieu pendant la journée tandis que dans la soirée les sensibilisations se font dans les boîtes de nuit ou les maisons de passe. Chaque visiteuse ramène ainsi au dispensaire au moins une cinquantaine de filles par mois. Au moins 2000 préservatifs sont distribués à chaque sortie par les animatrices qui touchent chacune une modique ‘motivation’ d’environ deux euros par soirée. ‘ C’est une approche très efficace , estime le Docteur Léonardine de l’hôpital principal de Tamatave, dans la mesure où moi même médecin , je n’arrive pas facilement à faire parler ces femmes .’ Mais entre les filles, le courant passe. Catherine , une jeune prostituée, agressive et fermée, vient d’adhérer à l’association. A présent, elle vient contrôler régulièrement son état de santé auprès du dispensaire. ‘ Ma vie ne regarde que moi , dit-elle, je n’en parle à personne mais nos amies de Fivemito ont réussi à me convaincre .’

Sortir les filles de la prostitution

En étroite collaboration avec des responsables administratifs de quartier, ces brigades anti-sida abordent tous les sujets: l’hygiène, les maladies sexuellement transmissibles, le dépistage, etc. Pour faire passer les messages, les membres de Fivemito ont dû elles-mêmes se former aux techniques de communication et d’approche participative… On évoque aussi des questions plus intimes: comment séduire le partenaire? comment se faire belle? La présidente y tient beaucoup: ‘ Il faut honorer le métier ‘, martèle-t-elle. Le but ultime de cette mobilisation reste cependant de sortir ces filles du carcan de la prostitution. Dans cette perspective, l’association développe des activités génératrices de revenus telles que la couture, la broderie, l’artisanat ou la cuisine.
Séduit par l’efficience de ces ‘pairs éducatrices prostituées’ mais aussi conscient de l’expansion de la maladie dans le pays, PSI/Top réseau ( Population services international ), programme anti-sida financé par les Etats-Unis, projette de développer cette approche dans le pays. Quatre autres villes ‘rouges’ de la Grande Ile vont à leur tour profiter de l’expérience de Fivemito.
Mamy Andriatiana , InfoSud – Syfia

Programme ‘mammotest’: le dispositif de communication

Le 30 Déc 20

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Voici un résumé du plan de communication de la première campagne de promotion du programme mammotest. C’est volontairement que les autorités ont attendu que le dispositif de dépistage soit bien installé en Communauté française, ce qui n’était pas une mince affaire au départ, avant de passer à la vitesse supérieure dans l’information des femmes et des médecins. Les différents éléments sont présentés par ordre alphabétique.
Affiche
Un affichage est prévu dans les salles d’attente des médecins, les pharmacies (OPHACO et APB), les centres de coordination provinciaux (plus Bruxelles).
Brochure destinée aux médecins
Les médecins généralistes, gynocologues et radiologues reçoivent une brochure décrivant de façon concrète l’organisation du programme. Le Journal du Médecin publie aussi un dossier sur le programme.
Dépliant
Un dépliant d’information destiné aux femmes est diffusé via les salles d’attente des médecins, le numéro gratuit de la Communauté française, les centres de coordination provinciaux du programme (ainsi que Brumammo pour Bruxelles) et les CLPS.
Exposition
Quinze séries de panneaux d’exposition sont disponibles auprès des centres de coordination provinciaux et de Brumammo, du Centre communautaire de référence et du SCPS – asbl Question Santé.
Internet
Le site https://www.lemammotest.be offre au grand public comme aux professionnels un grand nombre d’informations régulièrement mises à jour.
Presse
Un encart est inséré dans une sélection en presse périodique: Plus Magazine , Femmes d’Aujourd’hui , Dimanche et Dialogue Santé .
Radio et télévision
Diffusion de spots radiophoniques (Vivacité, La Première, Bel RTL, Contact, Nostalgie) et télévisés (RTBF, RTL-TVi) en deux vagues, la première du 3/10 au 16/10 et la seconde du 31/10 au 13/11/2005.
Téléphone
Le numéro vert de la Communauté française (0800 20 000) peut fournir le dépliant gratuit mis à la disposition du public, des informations diverses et renvoyer aux services compétents le cas échéant.
Transports en commun
Affichage du 4 au 31 octobre 2005 dans le métro bruxellois et dans les trams et bus de Bruxelles et Wallonie.
Informations fournies par Chantal Hoyois , Chef de projet au SCPS Question Santé

Le programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française de Belgique

Le 30 Déc 20

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On peut estimer qu’une femme sur 11 sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie. Trois-quarts des nouveaux cas apparaissent après 50 ans. Une femme sur 25 décèdera d’un cancer du sein. Un dépistage précoce permet de détecter des cancers débutants, dont le traitement est moins lourd et le pronostic meilleur.

Que peut-on attendre d’un programme organisé de dépistage?

Devant l’ampleur du problème posé par le cancer du sein, les responsables politiques fédéraux et communautaires ont décidé d’unir leurs efforts pour mettre en place un programme organisé de dépistage, à l’échelle du pays, en s’appuyant sur les recommandations européennes.
Les experts du programme «L’Europe contre le cancer» recommandent la mise sur pied d’un programme organisé de dépistage par examen radiographique de chaque sein, tous les deux ans, chez les femmes de 50 à 69 ans. Cet examen est appelé mammotest dans le cadre du Programme en Communauté française.
L’objectif général est de réduire la mortalité due au cancer du sein. Les études scientifiques réalisées dans d’autres pays montrent qu’on peut obtenir une baisse de mortalité par cancer du sein de 30% parmi les femmes réalisant le dépistage régulièrement.
Pour atteindre ses objectifs de santé publique, le programme doit non seulement répondre à des critères stricts de qualité, mais encore obtenir une participation importante, estimée à un minimum de 70% des femmes de 50 à 69 ans.

Programme de dépistage du cancer du sein: comment cela se passe-t-il?

Le Programme de dépistage du cancer du sein invite chaque femme de 50 à 69 ans à effectuer tous les 2 ans une mammographie gratuite dans une Unité de mammographie agréée participant au programme. Le mammotest est totalement gratuit pour les femmes éligibles de 50 à 69 ans, inscrites à l’assurance obligatoire maladie invalidité. Chacune de ces femmes reçoit une invitation personnelle à son domicile durant le mois de son anniversaire. Les femmes nées un jour impair reçoivent leur invitation une année impaire et celles nées un jour pair, une année paire. Les femmes ayant déjà passé un mammotest sont réinvitées deux ans après la date du mammotest précédent.
Le mammotest peut également être prescrit par le médecin.
En ce qui concerne les femmes plus jeunes, il importe de rappeler (malgré certaines initiatives locales dans le sud du pays) que le dépistage systématique avant 50 ans n’est pas recommandé actuellement par les experts européens. Son efficacité n’est pas prouvée par les études de qualité.
Les femmes de plus de 69 ans peuvent continuer à bénéficier d’un suivi individuel.
Le mammotest est gratuit (prise en charge par l’INAMI). Il doit être effectué dans une des Unités de mammographie agréées, répondant à des critères de qualité. La liste des Unités agréées est jointe à la lettre d’invitation; elle est également consultable sur les sites https://www.sante.cfwb.be et https://www.lemammotest.be et pour Bruxelles https://www.brumammo.be . Chaque femme doit désigner un médecin, dit référent, à qui sont transmis les résultats de l’examen. Ce médecin sera chargé de l’annonce du résultat du mammotest.

Comment se déroule l’examen?

La femme prend rendez-vous dans l’Unité agréée de son choix. Elle se présente munie de sa lettre d’invitation ou d’une prescription pour un mammotest (la gratuité n’est applicable que si deux ans se sont écoulés depuis le mammotest précédent, que la femme est inscrite à l’assurance obligatoire maladie invalidité et qu’elle a entre 50 et 69 ans), de sa carte SIS, de trois vignettes et d’éventuels anciens clichés. L’examen de dépistage comprend deux clichés par sein, sous 2 incidences différentes.
Le mammotest pratiqué dans le cadre du Programme organisé de dépistage répond aux normes de qualité les plus sévères.

Le mammotest: l’affaire de toutes les femmes de 50 à 69 ans?

La radiographie des seins (ou mammographie) est appelée «mammotest» dans le cadre du Programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française .
Ce programme de santé publique offre des garanties spécifiques. La décision de pratiquer ou non cet examen revient, en définitive, à chaque femme. Et, généralement, les femmes sont conscientes des risques du cancer du sein, mais pour diverses raisons, le «réflexe dépistage» n’est pas encore ancré dans leurs habitudes.
Une enquête postale en Province de Namur a porté sur les comportements des femmes cibles face au dépistage:
-les femmes perçoivent la gravité du cancer et l’efficacité de la mammographie, mais le sentiment de vulnérabilité n’apparaît pas clairement;
-les connaissances sont mauvaises à propos de l’âge recommandé pour un dépistage systématique: seules 30% des femmes répondent correctement (50 à 69 ans). Il en va de même pour l’intervalle de deux ans entre deux examens qui est cité correctement par seulement 54% des femmes interrogées;
-parmi les freins à l’examen, on constate un manque de connaissances pratiques relatives à l’examen, le sentiment d’être peu informée, le manque de suivi médical régulier, le fait de n’avoir pas encore passé de mammographie, la peur, le faible niveau d’instruction;
-les femmes ciblées identifient le médecin généraliste et le gynécologue comme principaux déclencheurs d’action dans la décision de réaliser une mammographie.
Les campagnes répétées d’information et de sensibilisation doivent contribuer à faire du mammotest une démarche simple et facile qui libère d’une angoisse personnelle. Le mammotest doit être progressivement perçu comme un geste simple, gratuit et utile.
Le rôle des médecins est essentiel. En sensibilisant leurs patientes, en leur expliquant l’enjeu et les modalités de ce rendez-vous, ils contribueront à lever leurs réticences et à banaliser un acte de dépistage dont l’efficacité est prouvée dans le cadre d’un programme organisé.
Collignon JL, Martin N., Comportements des femmes de 50 à 69 ans face au dépistage du cancer du sein; enquête réalisée en Province de Namur. Bulletin d’Education du patient. 2000, 19(2) : 82-9

Une sécurité et une garantie de qualité: la double lecture

L’Unité de mammographie procède à la réalisation du mammotest et à la première lecture des clichés. Elle adresse les clichés et la fiche de première lecture au Centre de coordination provincial (ou de la Région de Bruxelles-Capitale), où un radiologue évalue la qualité du cliché et réalise une deuxième lecture sans avoir eu connaissance du protocole de la première lecture. En cas de discordance entre les deux lectures, une troisième lecture est réalisée.
Les résultats sont transmis au médecin renseigné par la patiente. Une lettre reprenant les conclusions et recommandations de suivi est adressée au médecin traitant et/ou au médecin référent que la patiente choisit. Ce dernier annonce le résultat du mammotest à la patiente.
Le mammotest permet de classer les femmes en deux groupes:
-les femmes présentant une anomalie radiologique (cette situation apparaît dans 5 à 7 % des cas quand des normes de qualité sont respectées); elles doivent entrer dans un processus d’investigation complémentaire destiné à poser ou exclure un diagnostic de cancer. En moyenne, pour dix mises au point, un cancer sera détecté. En cas de mammotest anormal, le médecin référent s’assure que la patiente est prise en charge pour des investigations complémentaires;
-les femmes ne présentant pas d’anomalie radiologique (± 90%): elles seront réinvitées systématiquement deux ans plus tard, sauf si elles dépassent l’âge limite ou ont d’autres raisons de sortir du programme.

Premiers éléments d’évaluation

Nous disposons aujourd’hui de chiffres intéressants communiqués par le Centre de coordination provincial du Brabant wallon. Celui-ci a enregistré, de juin 2002 à décembre 2004, 6.728 mammotests, parmi lesquels on a relevé 865 anomalies radiologiques nécessitant une mise au point. Parmi ces 865 anomalies, 59 cancers ont été diagnostiqués.
Par ailleurs, 496 échographies ont été réalisées en raison de la densité des seins, et 1 cancer a été diagnostiqué par ces échographies.
Parmi les 60 cancers:
-6 cancers (10%) n’avaient pas été détectés à la première lecture et ont été “récupérés” par la deuxième lecture. L’impact en terme de qualité et de sécurité de la deuxième lecture est ainsi une fois encore confirmé;
-98% des cancers dépistés l’ont été par le mammotest.
Les indicateurs intermédiaires d’efficacité du Programme sont rencontrés, comme le montre le tableau suivant et, en conséquence, l’impact attendu sur la mortalité devrait être atteint.

Indicateur

Critères européens Brabant wallon
Taux de détection > 6 pour mille 8,9 pour mille
Cancers < 10 mm = ou > 25% 37,2 %
Absence de ganglions envahis > 70% 84 %

Remarque importante: comme certaines tumeurs peuvent apparaître dans les 2 ans séparant 2 mammotests, il faut rester attentif, pendant cet intervalle, à toute plainte des femmes.

Le mammotest: une mammographie de dépistage dont la qualité est contrôlée

Pour garantir la qualité des examens et pour réduire les effets négatifs du dépistage (principalement faux positifs responsables d’examens inutiles; faux négatifs rassurant erronément), le Programme de dépistage organisé est réalisé selon les exigences d’un processus d’assurance de qualité, notamment contrôles des installations de mammographie et de la qualité des clichés et de leur lecture (double lecture), agrément spécifique des radiologues, enregistrement des résultats des mammotests et du suivi des mammotests positifs en vue de l’évaluation de la qualité et de l’efficacité du programme.
Pour le dépistage chez les femmes de 50 à 69 ans, le bilan sénologique comprenant d’emblée une radiographie et une échographie des seins n’a pas sa place en première ligne. Il doit être réservé au diagnostic: mise au point d’une anomalie clinique ou d’une anomalie détectée au mammotest. «Il n’est plus acceptable en termes de bonne pratique, d’utiliser la mammographie “classique” ne comportant pas de double lecture et a fortiori l’échographie des seins dans le cadre du dépistage» (1).
D’après la brochure ‘Le programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française’ réalisée à l’intention des médecins généralistes, des gynécologues et des radiologues.

(1) PAULUS D., MAMBOURG F., BONNEUX L., Dépistage du cancer du sein, Bruxelles, Centre fédéral d’expertise des soins de santé, avril 2005

Demandez le Guide de voyage ‘santé’!

Le 30 Déc 20

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Les vacances sont lointaines déjà pour certains ou toutes proches pour d’autres… Voici une manière de les prolonger en se laissant tenter par une approche novatrice dans l’élaboration d’un projet santé avec une classe.
Tout comme l’école, chaque centre PSE et PMS ainsi que chaque CLPS a déjà reçu une information spécifique «Carnet de voyage», ce nouveau programme (subsidié par la Communauté française) de l’asbl Cordes – Coordination Education & Santé, connue auparavant pour ses outils «Midis à l’école» et «A table les cartables».
Le Guide de voyage accompagnant ce projet a été conçu comme outil pédagogique pour des enseignants de la 3e à la 6e primaires; il peut également constituer un support dans le cadre des missions «Santé à l’école» en aidant les infirmières PSE et PMS à dialoguer avec la classe et à l’accompagner dans son projet santé selon ses disponibilités, selon le type de projet et les demandes de la classe et de l’enseignant.
Chaque figure de collaboration est en effet possible: s’intéresser au projet de la classe, l’aider à démarrer la discussion sur la santé, fournir des indications sur les besoins collectifs de santé observés lors des visites médicales ou être partenaire à 10, 20, 50 ou 100 % dans la démarche de projet… Les besoins et les envies de chacun des partenaires ou passagers de ce voyage doivent se préciser, se négocier en mettant en priorité l’objectif de promouvoir la santé des élèves et l’amélioration des conditions de vie à l’école, selon les principes de la promotion de la santé.
«Carnet de voyage» avec son slogan «Ma classe part en projet santé» s’intéresse avant tout à installer, au niveau de la classe, une démarche de partenariat entre les acteurs de l’école et de la santé et à développer des moyens pédagogiques pour que les élèves soient au centre des projets santé. Il s’agit bien là de «vieux» défis à relever en terme de promotion de la santé pour lesquels l’asbl Cordes –Coordination Education &Sant;é propose cette fois, aux enseignants, des fiches pédagogiques qui les emmènent avec la classe dans l’élaboration d’un projet santé (voir sommaire).

Un projet c’est comme un voyage…

Déjà en juin 2005, chaque école, chaque pouvoir organisateur, chaque centre PSE-PMS, ainsi que les associations de parents ont reçu une deuxième invitation au voyage avec un feuillet de présentation intitulé «Mise en route».
Accompagné d’une affiche reprenant les étapes de ce voyage «Ma classe part en projet santé», il présente le nouveau programme «Carnet de voyage» ainsi que les différents outils disponibles selon les types d’acteurs. Ainsi les parents actifs dans l’école et les acteurs éducatifs peuvent recevoir sur demande le feuillet, l’affiche et les outils appropriés, notamment une lettre d’invitation à la classe pour lancer une première discussion sur la santé.
Dans le cadre de la proposition «Carnet de voyage», pour les directions d’école, les pouvoirs organisateurs, les parents et les acteurs PSE et PMS de la santé à l’école, l’objectif premier est bien entendu de motiver un(e) enseignant à explorer ce sujet avec sa classe dans le cadre des objectifs d’apprentissage et du projet d’établissement.

Sommaire du Guide de voyage

Fiche 1 – La destination

La valise à mots
Comparer voyage et projet pour faire comprendre la notion de projet
La destination c’est notre choix
Trouver une destination de projet santé en accord avec les besoins de la classe

Fiche 2 – Les préparatifs

L’exploration du kit voyage
Découvrir le kit voyage et le compléter
L’équipage
Former l’équipage et distribuer un rôle à chacun

Fiche 3 – L’itinéraire

La carte routière ou carte de navigation
Organiser le voyage et articuler les activités
La carte d’identité des invités à bord
Rechercher des partenaires et les inviter à partager quelques escales

Fiche 4 – Repères santé

La boussole
Questionner son projet santé avec des repères

Fiche 5 – Le voyage

Découverte des carnets de voyage
Découvrir l’univers des ‘carnets de voyage’ et leurs différentes formes d’expression
La récolte des traces
S’exercer à récolter des traces et à les faire parler
La réalisation du carnet de voyage
Démarrer et réaliser le carnet de voyage
Fabriquer un carnet individuel
Réaliser et relier un carnet

Fiche 6 – Correspondance

Les cartes postales
Communiquer le projet de la classe et échanger avec les partenaires
Découvrir et s’exercer à l’art de la correspondance
La pub du projet santé
Faire connaître le projet santé dans l’école et en dehors

Fiche 7 – Le retour

Se souvenir
Se remettre l’histoire du projet en mémoire
Evaluer
Evaluer ensemble le projet santé

+ Le carnet de ressources

L’enseignant qui décide de participer à cette aventure avec sa classe reçoit le Guide de voyage et un kit voyage pour la classe composé de matériel pour inspirer les élèves à faire le récit du projet et à établir une correspondance avec la Coordination Education & Santé tout au long du projet.
De nombreuses références sont faites dans les 7 fiches du guide de voyage et dans le carnet de ressources qui en fait partie, pour encourager la classe à établir des partenariats et à communiquer sur son projet avec l’infirmière et le médecin du PSE ou avec le PMS, la Direction, le Conseil de participation et l’Association des parents.

Cordes asbl: un opérateur de voyage qui vise la collaboration et non la concurrence!

Loin d’un programme cherchant à «couper l’herbe sous le pied des PSE ou encore des PMS, cet outil et l’esprit général du programme cherchent à renforcer les rôles de chacun pour promouvoir la santé à l’école. La santé s’inscrit en effet comme «sujet» fédérateur qui peut être abordé dans des objectifs éducatifs très divers et peut susciter de nombreuses activités dans le cadre du programme scolaire. Une série d’acteurs éducatifs et de santé sont déjà mobilisés ou se mobilisent pour travailler en partenariat sur la question.
Si le sujet «partir en projet santé» que propose l’asbl Cordes n’est pas neuf, l’abord sous forme imagée d’un voyage l’est, ainsi que la proposition et l’accompagnement méthodologique consistant à intégrer le projet-santé dans la vie de la classe en le conjuguant avec les objectifs d’apprentissage.
Ce que la Coordination propose, c’est avant tout la réalisation et la diffusion des outils, l’échange avec les partenaires et intéressés, la correspondance avec la classe et le recueil de traces du projet santé dans ce fameux carnet de voyage tenu à jour par les élèves au long du projet.
Par téléphone, par courriel/r, lors de rencontres comme au Salon de l’éducation (Namur- octobre 2005) ou lors de formations-informations organisées à la demande dans des CLPS, l’asbl Cordes échange et réfléchit avec chaque acteur aux stratégies les plus appropriées pour avancer dans un projet santé à l’école selon les prescrits d’une démarche de promotion santé, à savoir: participative, intersectorielle et renforçant les capacités de choix plus favorables à la santé collective et individuelle ou à la mise en place d’environnements sains.
Alors, bons voyages!
Cristine Deliens , Coordinatrice CORDES
Adresse de l’auteur: chaussée d’Alsemberg 284, 1190 Bruxelles. Tél.: 02 538 23 73. Courriel: cordes@beon.be.

Jeunes, pub et alcool: une loi, pas une convention privée!

Le 30 Déc 20

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Les neuf associations membres du Groupe «Les jeunes et l’alcool» (1) dénoncent de façon virulente la manœuvre stratégique qui consiste, pour les secteurs de la production, de la distribution et de la publicité, à élaborer des codes de bonne conduite de manière à éviter, sciemment, l’adoption d’une loi. En aucun cas les associations actives en santé ou en éducation permanente ne peuvent cautionner un tel système car ce mécanisme permet de contourner facilement ce qui ne sont, finalement, que des recommandations dénuées de force contraignante! Les effets de l’alcool sur la santé sont un grand problème de santé publique. Sans parler des problèmes de morbidité, de santé mentale ou encore de désinsertion sociale, selon l’OMS (2), en Europe, un décès sur quatre parmi les 15 – 24 ans est imputable à l’alcool. Cela représente, pour l’année 1999, 55.000 décès ! De plus, certaines études montrent que plus on consomme de l’alcool à un âge précoce, plus on a de risque d’être alcoolo-dépendant à l’âge adulte.
Aujourd’hui, il est clair qu’en matière de publicité (3), le secteur des «alcooliers» développe de nouvelles pratiques commerciales plus agressives et très ciblées sur les plus jeunes (12/18ans). Ainsi, outre les alcools dits plus «classiques», ces derniers ont maintenant leurs propres boissons alcoolisées: les «alcopops» (voir encadré).

Légiférer et éduquer

Faut-il légiférer afin de mieux contrôler la consommation d’alcool par les jeunes? A l’occasion d’un colloque intitulé «Les jeunes et l’alcool» qui a eu lieu à Louvain-la-Neuve le 18 mai 2004 et qui a réuni plus de 300 personnes des secteurs de la santé, de la jeunesse et de l’éducation, ont été mises en lumière les stratégies commerciales et publicitaires à l’œuvre afin de capter le public jeune, de plus en plus jeune. Le secteur ne se régule pas, la législation est peu connue et très incomplète. Il est donc apparu très clairement la nécessité de réglementer les pratiques commerciales et communicationnelles ainsi que l’accès et la distribution des boissons alcoolisées.
Un cadre législatif clair doit donc être mis en place mais cela reste insuffisant! Il doit être associé à un travail éducatif de prévention et de promotion de la santé en vue de promouvoir une consommation raisonnable et responsable dans le cadre de la promotion de la santé et du bien-être.
De plus, « croire que le marché pourra mieux s’organiser par l’autorégulation relève de l’utopie ou de la mauvaise foi . Les systèmes économiques montrent qu’en absence de régulation par les pouvoirs publics , les intérêts individuels entrent en conflit et des distorsions se créent entre les acteurs . Ainsi , les codes de conduite ont montré plus d’une fois leurs limites : ils ne sont pas applicables aux producteurs non signataires et ne sont pas toujours appliqués par ceux qui y ont souscrit » ( 4 ).

La question des alcopops

Les alcopops sont sucrés et agréables à boire car très proches des goûts habituels des limonades et sodas. Joliment colorés, ils ont aussi quelque chose d’insolent qui plaît au jeune. Tant le goût sucré et la présentation branchée de ces boissons indiquent clairement qu’elles visent les mineurs d’âge et ouvrent un nouveau marché.
Les producteurs ont à cœur de banaliser, de féminiser et de rajeunir la consommation d’alcool. En effet, on constate une volonté claire des producteurs d’alcools de compenser par des produits mieux adaptés pour les jeunes les diminutions des ventes d’alcools dits plus «classiques» tels que le vin, la bière ou les spiritueux, recul observé depuis quelques années. En dépit de leur prix relativement élevé, les alcopops (Breezers ou Prémix) sont très appréciés des jeunes, en particulier des jeunes filles, parce que le goût de l’alcool n’est pas dominant, voire presque imperceptible, et que les boissons alcoolisées préconditionnées ne sont pas aussi amères que la bière.
Aujourd’hui, on tend à boire en groupe, mais chacun accroché à son flacon. Cet « individualisme collectif » induit une véritable mode des petits contenants, le jeune consommateur est très sensible au visage de l’étiquette, à l’esthétique du flacon. En matière de publicité, on assiste à de nouvelles pratiques commerciales plus agressives et très ciblées : les plus jeunes (12/18 ans) ont maintenant leurs propres boissons alcoolisées!
Alors que les représentants de l’industrie de l’alcool continuent d’affirmer solennellement que les alcopops s’adressent à un public légalement autorisé à boire de l’alcool et ne sont rien d’autre qu’une alternative au vin et à la bière, les spécialistes de la prévention et de la santé s’accordent à dire que l’augmentation vertigineuse de la vente d’alcopops n’a pas été suivie d’une diminution de celle de la bière. Tant le goût sucré et la présentation branchée de ces boissons indiquent clairement qu’elles visent les jeunes et ouvrent un nouveau marché sans nuire aux autres.

Dès lors, le Groupe porteur «Les jeunes et l’alcool» ne peut tolérer qu’une question aussi importante pour la société soit réglementée par une simple convention privée. En effet, par définition, une convention ne s’applique qu’à ses signataires. Pire encore, le «juge» ne sera autre que le JEP (Jury d’Ethique Publicitaire) c’est-à-dire un organe partisan au service des annonceurs et des publicitaires puisque financé par eux! Ses recommandations sont faites pour ne jamais embarrasser les annonceurs. Attendre que le JEP se positionne fermement et rapidement est une illusion dangereuse.
Le Groupe porteur demande donc que le Ministre Rudy Demotte prenne ses responsabilités en déposant un projet de loi clair, cohérent, applicable à tous et contenant les mesures suivantes:
– vu l’impact certain de la publicité, particulièrement sur les mineurs, il convient d’interdire la publicité pour les boissons alcoolisées dans l’espace public (affichage) mais aussi en tout endroit où il est impossible de contrôler l’accès aux mineurs d’âge: à la TV, au cinéma, à la radio et sur Internet. Dès lors, la publicité visant des boissons alcoolisées doit rester cantonnée à la presse écrite payante pour adultes;
– l’interdiction de distribuer gratuitement ou à des tarifs symboliques des boissons alcoolisées. Spécialement lors de grands “évènements jeunes” (soirées, festivals, etc.);
– l’interdiction du sponsoring d’événements culturels, sportifs ou festifs adressés aux mineurs d’âge ou susceptibles d’attirer un public jeune (festivals, soirées d’étudiants, voyages organisés pour groupes de jeunes, etc.), par des marques de boissons alcoolisées;
– une séparation claire des «alcopops» (Breezer, Smirnoff Ice et autres) d’avec les limonades et autres sodas dans les rayons des surfaces de ventes : ces alcopops doivent se retrouver clairement au rayon des alcools afin d’éviter toute confusion chez le consommateur. Une séparation physique doit donc être imposée;
– l’emballage et l’étiquetage des alcopops doivent mentionner le degré d’alcool et ne peuvent plus entretenir de confusion avec des boissons non-alcoolisées.

La loi pourra reprendre les quelques points positifs déjà enregistrés dans la convention proposée par le secteur «alcool»:
– l’interdiction des distributeurs automatiques de boissons alcoolisées à proximité des jeunes et des lieux où ils se réunissent;
– la prise en considération de l’ensemble des produits titrant plus de 1,2% d’alcool par volume : toutes les boissons alcoolisées sont ainsi traitées sur un pied d’égalité.

Le Groupe porteur et ses associations membres restent, bien sûr, à la disposition du Ministre de la santé publique à propos de cette importante question. Ces acteurs pensent également que sur un tel sujet la discussion devrait être ouverte aux secteurs de l’éducation et de la promotion de la santé , tant au niveau politique qu’au niveau associatif, concernés par la jeunesse et la promotion de la santé.
Voilà les véritables partenaires pour construire une politique de santé, pas les «alcooliers»!
Le Groupe porteur «Les jeunes et l’alcool»
D’après un communiqué de presse.
Contacts :
Florence Vanderstichelen , Directrice d’Univers santé. Tél: 010 47 33 74 – GSM: 0473 603567
Martin de Duve , chargé de projets à Univers santé. Tél: 010 47 35 04 – GSM: 0478 206377
Courriel: jeunes-alcool@univers-sante.ucl.ac.be (1) Groupe porteur: Fédération des centres de jeunes en milieu populaire, Fédération des Etudiant(e)s francophones, Groupe RAPID, Infor-Drogues, Jeunesse et Santé, Ligue des Familles, Mutualité socialiste, Prospective Jeunesse, Univers Santé.
(2) OMS, cité in LONFILS Ch., Quelques résultats de l’étude « Santé et bien-être des jeunes », analyse transversale et longitudinale de la consommation d’alcool, Actes du colloque « Les jeunes et l’alcool », in Les Cahiers de Prospective Jeunesse, n°32, septembre 2004, pp.12-18.
(3) MARION Ph., Les stratégies communicationnelles. Comment les pubs influencent-elles le comportement des jeunes ?, Actes du colloque « Les jeunes et l’alcool », op cit, pp.19-22.
(4) CRIOC, Réglementer la publicité pour les alcools : une demande des organisations de consommateurs, Du côté des consommateurs n° 166, 30 octobre 2004.

Une convention pour réguler consommation et publicité pour l’alcool

Le 30 Déc 20

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Protéger la santé des jeunes

Récemment encore, le CRIOC a révélé des chiffres qui montrent qu’une action des pouvoirs publics est nécessaire (1): 10% des jeunes de 11-12 ans affirment consommer de l’alcool, et 68% d’entre eux y ont déjà goûté. Vers 17-18 ans, le chiffre de la consommation atteint 70%.
Depuis quelques années, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les services compétents de la Commission européenne se penchent sur la consommation d’alcool, particulièrement chez les jeunes, et sur les liens entre la publicité et la consommation de ces boissons.
L’OMS aainsi organisé, en 2001, une conférence sur «Les jeunes et l’alcool», au cours de laquelle il a clairement été mis en évidence que la publicité augmente la consommation. « La jeunesse constitue la cible privilégiée du marketing de l’industrie de l’alcool », y déclarait la directrice générale de l’OMS.
Elle a ainsi cité des études démontrant qu’une augmentation de la consommation d’alcool avait été observée chez les jeunes exposés à seulement cinq minutes de publicité pour l’alcool à la télévision. Elle a également cité des statistiques selon lesquelles un décès sur quatre en Europe chez les hommes âgés entre 15 et 29 ans – un sur trois dans certains pays – était dû à l’alcool.

La publicité réglementée dans d’autres pays européens

Un bref regard sur nos pays voisins montre d’ailleurs que, bien souvent, la publicité pour l’alcool y est réglementée. Quelques exemples:
– en France, la loi Evin, édictée en 1991, limite considérablement la publicité pour les produits alcoolisés;
– en Italie, à la télévision d’Etat, la publicité pour l’alcool est prohibée avant 19 heures;
– en Suède, toute publicité pour l’alcool, à l’exception des bières légères, est interdite;
– en Espagne et en Autriche, la publicité pour les boissons alcoolisées connaît aussi des restrictions.

Qu’en est-il en Belgique?

La Belgique se caractérisait jusqu’ici par une absence totale de réglementation.
Dans ce contexte, certains acteurs ont déjà pris spontanément des initiatives pour encourager une consommation responsable.
La loi du 24 janvier 1977, modifiée en 1997, habilite par ailleurs le Roi à prendre des mesures limitant ou interdisant la publicité pour l’alcool.

La nouveauté: une Convention reconnue par la loi

Il y a quelques mois, le Ministre Rudy Demotte a souhaité réfléchir à la question, en collaboration étroite avec le secteur des producteurs, mais aussi avec les distributeurs, les consommateurs, les fédérations HORECA et le Jury d’éthique publicitaire.
Dans le cadre de ces discussions, il a été décidé une manière originale et coopérative de réglementer cette question:
– une convention est conclue entre les fédérations, le secteur de la distribution, le secteur HORECA, les consommateurs et le Jury d’éthique publicitaire;
– parallèlement à cette convention, un projet de loi particulier est également proposé afin d’habiliter le Ministre de la Santé à reconnaître cette convention et à donner valeur réglementaire et force obligatoire à ses dispositions.

Publicité

La convention réglemente d’abord la publicité pour les boissons alcoolisées.
Tout d’abord, elle s’applique à l’ensemble des produits contenant plus de 1,2% d’alcool par volume. Toutes les boissons alcoolisées sont ainsi traitées sur pied d’égalité, quelle que soit la manière dont elles sont produites.
La publicité y est définie de manière large: toutes les formes de communication visant à promouvoir la vente du produit sont visées.
La publicité pour l’alcool ne peut ni associer la consommation à la réussite sociale, sexuelle ou professionnelle, ni dénigrer l’abstinence ou la consommation modérée.
Elle ne peut inciter à une consommation irréfléchie ou exagérée.
La convention comprend un important chapitre consacré aux mineurs: la publicité ne peut jamais les viser ou utiliser des moyens qui aboutissent à les viser spécifiquement.
La mise sur le marché de produits contenant de l’alcool doit être effectuée de façon à éviter toute confusion entre ces produits et ceux qui ne contiennent pas d’alcool.
Elle ne peut faire référence aux recommandations d’un professionnel de la santé, ni s’adresser spécifiquement aux femmes enceintes.
Elle ne peut établir de lien entre la consommation du produit et la conduite d’un véhicule ou la performance sportive.
La mention de la teneur en alcool doit être effectuée de façon claire.
Pour mieux protéger les enfants, la convention établit une interdiction de publicité pour ces produits 5 minutes avant, pendant et 5 minutes après les émissions qui leur sont destinées.
Il ne pourra y avoir aucune publicité dans les publications destinées aux enfants.
Toute publicité pour une boisson alcoolisée est interdite lors de la diffusion d’un film destiné aux enfants (cinéma).

Vente

La convention réglemente aussi la mise sur le marché pour les boissons alcoolisées. A titre d’exemples:
– les boissons alcoolisées devront être commercialisées de manière telle qu’il ne puisse y avoir aucune confusion par rapport aux autres boissons;
– la vente de boissons alcoolisées ne peut se faire dans des distributeurs automatiques dans ou à proximité des écoles, des locaux de clubs de jeunes et des mouvements de jeunesse.

Tous les acteurs sont concernés par la loi

Cette convention permet que des règles claires et précises soient établies, et qu’elles s’appliquent à tous, notamment afin de reconnaître les efforts des acteurs les plus pro-actifs.
La convention confie un rôle important au Jury d’éthique publicitaire , qui a d’ailleurs participé activement à l’élaboration du texte de la convention.
Le contrôle du respect des dispositions de la convention sera assuré par le JEP, au sein duquel les associations de consommateurs disposeront d’un droit de regard.
C’est une évolution fondamentale. Composé aujourd’hui des annonceurs, des agences de publicité et des médias, le JEP a en effet déjà pu, depuis plusieurs années, montrer son engagement dans le domaine de l’éthique publicitaire, en mettant fin ou en empêchant le déroulement de campagnes contestables sur le plan moral ou même légal.
Le Jury d’éthique publicitaire est aujourd’hui en pleine réforme, de façon à élargir tant sa composition que son champ d’action. Des discussions sont en cours pour que les consommateurs y soient représentés.
Il s’agira d’une avancée significative, démontrant la volonté, à la fois du JEP et des associations de consommateurs, de s’associer pour que la publicité – pour l’alcool plus précisément – soit la plus éthique possible.
La base légale (qui insère un article dans la loi de 1977 relative à la protection de la santé des consommateurs en ce qui concerne les denrées alimentaires et les autres produits) qui accompagne la convention permet au Ministre de la Santé de reconnaître la convention.
En effet, il est important que ces règles s’appliquent à tous et pas uniquement aux «plus responsables» des acteurs concernés et que si les moyens mis en place de façon conventionnelle ne suffisent pas, le contrôle puisse être effectué par les autorités publiques en charge de la santé.
D’après un communiqué du Ministre de la Santé Rudy Demotte
(1) Voir l’enquête du Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs sur «Les jeunes, l’alcool et le tabac» remise le 9 décembre 2003, disponible sur le site https://www.oivo-crioc.org .