Articles de la catégorie : Initiatives

D-CLIC: un nouveau service est né

Le 30 Déc 20

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La plate-forme des soins palliatifs et le Service des actions de promotion de la santé mentale de la Province de Luxembourg ont eu le plaisir d’accueillir en novembre Gilles Deslauriers , psycho-éducateur au Québec (formation universitaire). Il travaille spécifiquement dans des centres d’aide aux endeuillés et plus particulièrement autour du thème L’enfant et l’adolescent face à la mort d’un proche. Différentes manifestations destinées tantôt aux personnes endeuillées, tantôt aux professionnels susceptibles de rencontrer ces situations dans leur travail se sont organisées comme suit:

  • une première formation de trois jours, au cours de laquelle 21 personnes de la province de Luxembourg ont pu acquérir des connaissances afin d’animer à leur tour des groupes de personnes endeuillées;
  • un deuxième module de deux jours destiné aux personnes impliquées dans les soins palliatifs, pour travailler leurs propres deuils, afin de pouvoir accomplir leurs missions dans une plus grande sérénité;
  • une journée destinée aux familles endeuillées: douze familles composées de parents et d’enfants ont pu, avec l’aide de Gilles Deslauriers et de co-animateurs, exprimer et partager ensemble un deuil difficile par le biais du dessin, du jeu et du récit. Cette journée a été remplie d’émotions, d’humour, de mouvements et d’expressions.
  • une conférence grand public à Libramont ayant pour thème Le deuil, pertes, changements et transitions .
  • enfin, une journée de conférence-débat, dont la matinée était destinée aux adolescents avec pour thème la mort violente d’un proche (suicide, accident). Il semble que ce sujet soit important et nous sommes persuadés qu’il faut le travailler, comme en témoigne la participation de pas moins de 500 adolescents et professeurs. L’après-midi, le même thème était proposé aux professionnels du domaine psycho-médico-social et enseignant confrontés à cette problématique.

Une préoccupation permanente

Conscients du besoin de créer des espaces d’information, de sensibilisation, voire de formation à ce sujet, il nous paraît essentiel ici, de faire part d’un nouveau projet D-CLIC (Cellule luxembourgeoise d’intervention de crise) créé à l’initiative de Daniel Ledent , Député permanent, responsable du Département de la santé mentale.
Ce projet à trois objectifs principaux:

  • la création d’une Commission suicide en vue de faire de la prévention dans les écoles secondaires;
  • le travail du deuil: mise en place de groupes d’entraide dans différentes régions de la province, pour les parents qui vivent un deuil difficile, et création d’ateliers pour enfants endeuillés;
  • la mise en place d’un groupe d’intervention de crise en vue de prévenir les PTSD (état de stress post-traumatique) chez les policiers, gendarmes, pompiers, infirmiers et bénévoles intervenants de première ligne lors des catastrophes.

Un comité d’accompagnement présidé par Monsieur le Gouverneur Bernard Caprasse permettra à l’équipe d’affiner ses objectifs de travail, de même qu’il établira des synergies entre tous les partenaires concernés dans la province.
Contacts: Florence Ringlet , psychologue de D-CLIC, rue du Cassal, 6900 Marche. Tél / fax: 084-32 21 69. Mél: florence.ringlet@belgique.com
Jacqueline Danhaive , Service des actions de promotion de santé mentale. Tél: 061-23 28 57. Fax : 061-23 28 59. Mél: jd@asblux.org

Education Santé sur le net

Le 30 Déc 20

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Education Santé sur le net

www.mc.be, www.pipsa.org, www.arsc.be : trois sites présentant chaque mois le sommaire d’Education Santé.

La Santé au coeur des jeunes en Hainaut: de l’analyse à l’action.

Le 30 Déc 20

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Brochure-bilan intermédiaire d’un programme de promotion de la santé des jeunes

La Province de Hainaut disposait de bien peu de données consacrées aux risques de maladies cardio-vasculaires encourus par les jeunes. C’est pourquoi l’Observatoire de la santé du Hainaut, dans le cadre du Réseau santé du cœur en francophonie, a lancé en 1997 une vaste enquête épidémiologique auprès de 4000 élèves hennuyers de 9 à 17 ans. Les données ainsi collectées sont venues confirmer les hypothèses: les modes de vie qui ont des conséquences dommageables pour la santé (alimentation déséquilibrée, sédentarité, tabagisme…) sont souvent adoptés dès le plus jeune âge. De plus, les enfants des groupes sociaux moins favorisés présentent des facteurs de risque plus importants que les autres, ce qui obère leur santé actuelle et future.
Ce constat ayant été dressé, il fallait dépasser les chiffres pour aboutir à des actions et tenter d’améliorer le pronostic de ces jeunes. Dès lors l’enquête La santé au cœur des jeunes s’est transformée en un programme dont l’objectif principal est d’améliorer et de susciter les interventions en promotion de la santé dans le Hainaut, à la fois sur le plan qualitatif et quantitatif.
Hypothèse de travail: dans un domaine qui touche au cœur des gens (la santé des enfants et des futurs adultes), le progrès durable viendra de la mobilisation de tous les acteurs concernés. Un appel a donc été lancé à tous les acteurs potentiels de la santé des jeunes (responsables locaux, régionaux et communautaires, institutions ressources, communauté éducative, monde du travail, monde associatif, secteur de la santé, famille, médias, etc.) issus des horizons les plus divers, ils peuvent intervenir sur les trois dimensions qui déterminent la santé: caractéristiques individuelles (valeurs, connaissances, aptitudes…), milieux de vie (famille, école, travail, amis…) et environnement global (organisation sociale et politique, économie, législations, normes, médias, etc…).
Le programme s’est donc donné pour cadre de référence le modèle socio-écologique d’intervention en promotion de la santé, lequel envisage tous les facteurs déterminant une situation – la santé des jeunes dans ce cas précis – pour faire agir tous les acteurs.
En mai 1999, le forum La santé au cœur des jeunes a permis de rassembler à Mons quelque 200 représentants de ces secteurs variés. Réunis en ateliers pour partager les résultats de l’enquête et réfléchir ensemble à l’impact sur la santé des jeunes d’une série de thématiques (la participation effective des jeunes à la promotion de la santé; le rôle des adultes; le cadre et les conditions de vie; les médias), ils ont élaboré des propositions de changements et d’actions à mettre en place.
Les recommandations émises à cette occasion ont été synthétisées, et des axes directeurs se sont dessinés pour structurer la suite du travail. On en retiendra les grandes lignes:

  • il s’agit de développer une promotion de la santé orientée vers le bien-être et la qualité de vie des jeunes;
  • de développer des actions permettant aux jeunes et aux adultes d’exprimer et d’affirmer leurs valeurs, particulièrement en rapport avec la santé;
  • de gérer les informations sur les services, les outils et les événements;
  • d’intégrer la promotion de la santé à l’école, et dans les maisons de jeunes, les mouvements de jeunesse et les plaines de jeux;
  • de renforcer la réflexion critique sur la façon de traiter la santé dans les médias;
  • et de coordonner les acteurs de la promotion de la santé.

Pour donner à ce programme une traduction très concrète dans la vie des jeunes, le comité qui le pilote (et qui veille à la convergence des potentiels d’intervention) a opté pour un fonctionnement sur le mode participatif . Des groupes de réflexion intersectoriels et multidisciplinaires se sont réunis régulièrement à partir de septembre 1999. Ils ont peu à peu évolué vers des collectifs de travail qui mettent en place les premières actions.Pratiquement , un large partenariat a abouti aux projets suivants:

  • les services de santé scolaires assureront la poursuite de la collecte de données sur la santé des jeunes;
  • le besoin de clarification des valeurs qui s’est exprimé de toute part débouche sur la mise en place d’une formation des éducateurs à la clarification des valeurs;
  • un concours de projets d’amélioration de la vie en milieu scolaire a été lancé dans toutes les écoles des arrondissements de Mons et de Soignies;
  • le Hainaut occidental, qui souhaite que les actions ne se cantonnent pas au milieu scolaire, a organisé en janvier une table ronde sur le thème du bien-être des jeunes dans le Hainaut occidental;
  • une plate-forme d’échange sur la promotion de la santé dans l’enseignement spécialisé est en train de voir le jour;
  • une enquête va être menée sur le malaise des enseignants, un problème souligné de manière récurrente par divers groupes de travail.
  • des modules de formation sont en préparation pour les animateurs de plaines de jeux et de centres de plein air sur les thèmes de l’alimentation, l’aménagement des lieux de vie, la gestion de la violence entre autres;
  • enfin, un répertoire des formations en promotion de la santé des jeunes va aussi voir le jour.

On le constate, les participants à ce programme n’ont pas perdu de vue que ces changements de normes et ces nouveaux modes de fonctionnement doivent s’inscrire dans la durée. Ni qu’il faut viser la réduction des inégalités sociales face à la santé.
La brochure ‘La santé au cœur des jeunes en Hainaut’ permet de suivre cette dynamique de près. Elle a été imprimée à 2000 exemplaires et envoyée à tous les participants au Forum La santé au cœur des jeunes , ainsi qu’aux membres des groupes de travail, aux décideurs politiques, aux écoles, au monde associatif, aux hôpitaux, aux mutuelles, aux centres IMS et PMS, aux médias…Pour compléments d’information: Michel Demarteau (065-87 96 40), Luc Berghmans (065-87 96 01). Pour les documents: Cellule communication (065-87 96 04).

Les jeunes et la sécurité routière. Pour des jeunes citoyens responsables au volant

Le 30 Déc 20

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Le 12 octobre dernier, pour sa première conférence-débat, Drive Mut avait convié autour de la table une série d’acteurs de terrains concernés par la problématique de la sécurité des jeunes sur la route. Des intervenants dont les préoccupations en matière de prévention rejoignent largement les siennes.
Se poser la question de savoir comment il convient d’assurer la sécurité des jeunes lorsqu’ils deviennent des usagers de la route, c’est postuler que l’insertion de cette catégorie d’âge dans la circulation ne se fait pas toujours sans difficultés.Pour étayer ce constat maintes fois évoqué et pour tenter de renverser la vapeur, Drive Mut a réalisé un sondage auprès de jeunes inscrits à ses cours théoriques.
Martin Wauthy , responsable du projet Drive Mut , commente les résultats: ‘La première incertitude lorsqu’on s’adresse à des futurs conducteurs pour les sensibiliser à la sécurité routière, c’est de savoir s’ils se sentent concernés par le problème. Notre étude montre qu’un jeune sur deux a perdu un proche dans un accident de la route. Face aux 1500 victimes annuelles de la route, 2/3 des répondants traduisent une perception fort fataliste, 14% d’entre eux considèrent cette situation comme inévitable.
Face au danger que représente la conduite dans certaines circonstances, les réactions des jeunes sont contrastées: 51 % refusent par exemple de monter dans une voiture dont le conducteur est ivre, contre 22 % qui se laissent reconduire en espérant éviter l’accident. Les autres adoptent une attitude plus active .
Question vitesse, 63 % des jeunes interrogés ont peur lorsque le conducteur dépasse les limitations. Mais leur attitude face à une telle situation n’est une fois encore pas uniforme: si 57 % éprouvent de la peur et l’expriment, 8 % n’oseront pas avouer leurs craintes. En revanche, pratiquement un jeune sur cinq déclare éprouver du plaisir lorsque le conducteur roule vite. Enfin, 15 % s’imaginent que le risque se situe plutôt au niveau de l’infraction et de l’amende éventuelle en cas de contrôle, sans se soucier de leur propre sécurité
Enfin, notre étude révèle également qu’un jeune sur deux a déjà conduit sur la voie publique, sans permis, sans même avoir réussit l’examen théorique’.
Cette enquête montre en tout cas clairement que pour une partie non négligeable de jeunes, le problème se situe au niveau de la prise de conscience des dangers.

Chiffres à l’appui

Au-delà de la perception des problèmes de sécurité routière par les jeunes eux-mêmes, les chiffres présentés par P&V; assurances, partenaire de Drive Mut , sont frappants. Basées sur le taux de fréquence des accidents pour lesquels la responsabilité du conducteur est civilement engagée, les statistiques internes de P&V; montrent qu’en moyenne, un Belge de plus de 26 ans commet un accident en tort tous les 12 ans, soit une fréquence de 8 %.
Dany Demaret , responsable de la branche auto, souligne que: ‘Pour des conducteurs dont l’âge varie entre 18 et 26 ans, cette proportion doit être multipliée par deux. Si l’on affine encore les statistiques, cette fréquence d’accidents en tort monte à 22 % pour les nouveaux contrats d’assurance (qui concernent le plus souvent des jeunes débutants), avec une progression de cette fréquence jusqu’à 40 % pour les jeunes de 18 ans . Cette fréquence diminue au fil des années et tend à se stabiliser lorsque les jeunes ont franchi le cap des 25 ans’ . Des chiffres qui posent très clairement la question de la préparation des jeunes conducteurs.
Jacqueline Prigogine , sociologue au Département de communication à l’Institut belge de sécurité routière (IBSR) corrobore les constats de P&V;, tout en y apportant une note d’optimisme. ‘ Les jeunes représentent 25 % des conducteurs tués ou blessés gravement, alors que ce groupe d’âge ne représente que 11 % de la population. Il y a donc clairement une sur-représentation des jeunes parmi les accidentés de la route. Au fil des années, cependant, on note une tendance très positive à la baisse, tant pour l’ensemble des conducteurs que pour les 18-24 ans, avec une diminution encore plus marquée pour cette catégorie. Ce qui est encourageant.’ La représentante de l’IBSR constate que cette sur-représentation des jeunes est très nette pendant les week-ends, qu’il s’agisse des conducteurs, surtout masculins, mais aussi des passagers des véhicules.
Enfin, les facteurs à l’origine des accidents résident principalement dans l’inexpérience du conducteur, le manque d’habitude d’être accompagné lors de la conduite. L’effet de groupe joue un rôle important, ainsi que d’autres facteurs comme l’alcool. Le type d’accident est également symptomatique: en effet, les accidents de la route n’impliquant qu’un seul véhicule, tels que les sorties de route, sont majoritaires.

Des expériences de prévention

Dans un tel contexte, les participants au débat, tous engagés dans la recherche d’une sécurité accrue pour les jeunes usagers de la route, saluent l’initiative de Drive Mut à l’égard des futurs conducteurs. Non seulement parce qu’elle offre une possibilité d’encadrement de la formation pratique en filière libre, pour un prix démocratique.
Mais également parce que, dans le cadre de la préparation à l’examen théorique, Drive Mut propose un module de sensibilisation et de prévention routière, qui offre une approche globale et sociale de la conduite. Cette approche porte sur divers aspects: environnemental (impact de la pollution émise par la voiture, dangers pour la santé, solutions techniques), médical (accidents de la route) et financier (impact du coût global d’une voiture sur un budget).
Si cette sensibilisation est importante avant même que les jeunes n’aient claqué leurs portières et tourné la clef de contact, elle ne demeure pas moins nécessaire après l’obtention du permis. La formation continuée est une piste intéressante que l’association Driving Know How met en œuvre depuis 7 ans. Pour Daniel Herregods , responsable du programme de formation, ‘ il est clair que bien des choses restent à faire, même après des années de conduite. Avant de mettre au point notre module de stage nous avons réalisé des tests: par exemple, nous avons été sidérés de voir que sept conducteurs sur dix disposant d’un système ABS ne maîtrisent pas cette technique de freinage ou encore qu’une personne sur 20 ne dispose pas de l’acuité visuelle légale de 5/10.
Notre stage se veut donc un complément d’apprentissage, d’évaluation et de formation. Une évaluation complète est d’ailleurs réalisée sur la voie publique et en circuit. Nos stages qui ont déjà touché 45.000 personnes en Belgique (le plus jeune des participants avait 17 ans, le plus âgé, 98!) permettent aux conducteurs de prendre conscience que la conduite demande une réelle maîtrise. Notre objectif est de rendre ces conducteurs plus matures. Pour cela nous utilisons notamment un système qui les filme en gros plan en situation de difficulté, de manière à leur faire prendre conscience que 95 % des accidents sont dus à des erreurs humaines que, la plupart du temps, on a commises soi-même. Ces dysfonctionnements à des moments inopportuns, il faut en être conscient. Enfin, lors de nos stages qui sont sanctionnés par un examen, ce qui est primordial, c’est qu’on apprend à conduire et non pas à réussir un examen. C’est fondamental’.

Les morts et les autres victimes

Le docteur Heilporn , qui a dirigé pendant de longues années le Centre de traumatologie et de réadaptation de l’hôpital Brugman, met l’accent sur les nombreux traumatisés de la route, présentant un handicap définitif. ‘ Quand on aborde la question des accidents de la route, on parle généralement du nombre de morts que ces sinistres provoquent chaque année. Mais, et on n’en parle pas suffisamment, il y a aussi un nombre important de blessés, handicapés à vie. Le nombre de paraplégiques et de tétraplégiques est important chez les accidentés de la route car, le plus souvent, les lésions se situent à la tête ou à la colonne vertébrale. On observe néanmoins une certaine évolution: les lésions sont certainement moins fréquentes aujourd’hui, même si elles sont parfois plus graves étant donné leur localisation. Il faut savoir qu’en Belgique, il y a par an entre 120 et 150 personnes blessées à la moelle épinière. Pour ce qui concerne les traumatisés crâniens, en extrapolant les chiffres du centre pour lequel j’ai travaillé, on peut évaluer à 10.000, le nombre de personnes qui, chaque année, sont atteintes par de tels handicaps à vie en raison d’accidents de la route. C’est sans doute un aspect qu’il ne faut pas oublier en matière de prévention’.
Cette réalité-là, celle des personnes mutilées à vie suite à un accident de la route, le docteur Heilporn préconise qu’elle soit davantage mise en exergue, comme c’est par exemple le cas dans le cadre des peines alternatives où des jeunes conducteurs ayant commis des infractions au volant sont amenés à aider des accidentés de la route. ‘Il s’agit là d’une expérience et d’un contact très éducatifs qui, sans culpabiliser l’auteur d’infraction, lui permet de mieux comprendre la portée de ses actes. Le contact avec ces personnes handicapées permet de réaliser les difficultés auxquelles elles sont confrontées au quotidien’.

Un cadre réglementaire

En ce qui concerne l’encadrement réglementaire de cet apprentissage de la conduite, il reste encore bien des choses à faire. Si l’on prend le niveau européen, sur environ 200 millions de permis délivrés dans les 15 pays de l’Union, il existe pas moins de 80 modèles.
Pour René Plank , juriste à la Commission européenne (DG7-Transports), ‘des priorités générales ont été relevées par l’Union européenne en matière de sécurité routière et il existe aujourd’hui une directive relative aux critères médicaux et aux épreuves de conduite pour l’obtention du permis qui entrera en vigueur en 2003. Pour ce qui est de la formation en vue d’obtenir le permis, des études sont actuellement en cours afin d’analyser les différents systèmes existant dans les pays européens, comme le système de permis en deux phases (avec une formation pratique après l’obtention du permis: Finlande, Luxembourg, Suède), le permis à titre d’essai et les mesures de réhabilitation pour les personnes ayant commis des infractions (Autriche, Allemagne) ou encore les mesures restrictives isolées à l’égard des jeunes(vitesse maximale réduite, restriction d’alcool: Espagne, France.’)
Et pour la Belgique, quels sont les projets visant à améliorer les compétences des jeunes conducteurs? Là aussi, le travail est loin d’être achevé. Un plan fédéral de sécurité routière a été rédigé au sein du cabinet de la Ministre des transports et de la mobilité, Isabelle Durant. Pour Mme Salmain , représentant la Ministre, ‘ comme son nom l’indique, le plan consiste à renforcer la sécurité sur nos routes, avec l’engagement de réduire le nombre de blessés et de morts. Pour ce faire, la Ministre veut renforcer le sentiment de citoyenneté, notamment en permettant un partage de cet espace public entre les différents usagers de la route. Pour ce qui est du permis, il s’agit d’améliorer la formation en instaurant par exemple le permis à étapes (avec une période d’essai et une procédure de formation continuée). Concernant les auto-écoles, une révision des critères d’agrément est actuellement en préparation.’
Pour la Région wallonne, M. Leens , représentant le Ministre Daras compétent pour le dossier mobilité, a insisté sur la notion de mobilité durable qui passe par une utilisation des moyens de transport adéquats pour la personne et pour l’environnement. ‘ La ré-appropriation de la route par des usagers tels que les cyclistes, montre que là où une telle place est laissée à d’autres acteurs que la voiture, le nombre d’accidents diminue. L’utilisation d’autres modes de déplacement, notamment chez les plus jeunes, a également une incidence sur la prise de conscience des dangers de la route: les dangers encourus, mais également que l’on peut causer par ses déplacement’. Les deux représentants des autorités ont également mis l’accent sur la nécessité de sensibilisation à la sécurité routière et ce, dès l’école primaire.

Des messages à destination des jeunes

Si la sécurité routière implique la mise en place d’une série de leviers, il est important que, le plus rapidement possible, les jeunes prennent conscience des responsabilités engagées lorsqu’ils se retrouvent au volant d’un véhicule. Si la voiture est synonyme de liberté, celle-ci va de pair avec des obligations. C’est cette prise de conscience selon laquelle la conduite est un acte social que Vanessa Dos Santos , attachée à l’Institut Emile Vandervelde, a tenu à souligner.
L’association ‘Responsible Young Drivers’ met également en avant cette responsabilité des jeunes. Mais, pour Nathalie Crépin , directrice des RYD, il faut amener les jeunes à prendre conscience de cette nécessité, de manière intelligente. ‘ En utilisant des clichés contre-productifs tels que le trio jeunes/alcool/vitesse ou en stigmatisant les jeunes comme étant agressifs au volant, on n’arrive à rien. D’ailleurs un sondage européen a montré que ce dernier cliché n’est pas ressenti comme tel par les jeunes. Ce n’est certainement pas en les culpabilisant que l’on modifiera leurs comportements. Les accidents de la route sont dus chez cette classe d’âge à trois causes spécifiques: l’inexpérience, l’inconscience et le conformisme. C’est là-dessus qu’il faut jouer. En proposant un autre modèle que celle du héros à la James Dean qui se tue sur la route et en le remplaçant par celui du jeune conducteur courtois et conscient de ses responsabilités’. Outre les actions très médiatiques des RYD, notamment la nuit du réveillon, l’association propose également des modules de sensibilisation à destination des écoles, basés notamment sur des témoignages.
L’originalité de la démarche: le fait que le thème de la sécurité soit abordé par les jeunes et pour les jeunes.
Autre vecteur de prévention: l’IBSR et ses fameuses campagnes ‘Bob’. Pour Jacqueline Prigogine, ‘ Nos campagnes de sensibilisation sont évidemment ciblées en partie vers les jeunes conducteurs avec des campagnes axées sur la ceinture de sécurité, la vitesse et l’alcool. La campagne ‘Bob’ fait également partie de la panoplie et fonctionne très bien car elle s’adresse à tous, jeunes et plus âgés. Elle concerne tout le monde, hommes et femmes. Elle permet de s’identifier à quelqu’un de sympa, grâce à qui l’on peut faire la fête, qui n’est pas toujours le même puisqu’il s’agit d’un tour de rôle et non pas au pauvre naïf qui s’est une fois de plus fait avoir pour assumer la corvée. Je pense d’ailleurs que cette identification est d’autant plus forte aujourd’hui que les campagnes qui, au départ, étaient inspirées par la fiction (l’image d’un extraterrestre, ensuite celle du western), ont évolué vers plus de réalisme.’
Ces multiples réflexions montrent une réelle prise de conscience des enjeux liés à la problématique de la sécurité des jeunes sur les routes. Même s’il reste encore bien du chemin à parcourir pour améliorer celle-ci. Les formations que Drive Mut a mises sur pied contribuent clairement à cette amélioration.
Des jeunes qui se prennent en charge
Experts, associations de terrain, assureur étaient réunis autour de la table, mais également des jeunes ayant suivi la formation Drive Mut . Avec un regard aiguisé et plein de bon sens, ils nous donnent également leurs impressions.
Pour Eve Destrebecq , ‘ il est certain qu’il faut continuer à conscientiser les jeunes, surtout les garçons qui veulent avoir leur permis rapidement pour sortir le week-end, qui sont également attirés par la vitesse. Il faut bien penser les systèmes mis en place parce que souvent ils sont contournés: par exemple, lorsqu’un jeune est encore sous licence avant l’obtention de son permis, il ne peut pas rouler entre 22h et 6h du matin. Résultat: je connais des jeunes qui sortent avant dix heures et qui restent en boîte jusqu’à 6h du matin de manière à pouvoir reprendre leur véhicule. Ils s’endorment à moitié, mais ils sont en règle. On a également parlé de la nécessité de promouvoir d’autres types de moyens de transport, mais quand on habite comme moi dans un petit village où il y a plus de vaches que d’habitants, où il y a un bus par jour et une gare à dix kilomètres, la voiture est indispensable’. Cette indépendance que donne la voiture, Cédric Cambier la relève également: ‘Tant que les transports en commun seront lents, bondés, bref beaucoup moins attrayants que la voiture, le changement des mentalités ne sera pas évident’.
Enfin, Aurore Vermeulen a suivi la formation de Drive Mut pour faciliter sa recherche d’un emploi: ‘En tant qu’aide familiale à domicile, je dois me déplacer constamment et une voiture est indispensable. La formation de Drive Mut a l’avantage d’être accessible, financièrement parlant. En suivant ces modules, j’ai acquis des compétences, même si, en tant que mère de famille, je dois avouer que j’ai peur quand je suis sur la route. Au moins, aujourd’hui, je suis consciente des dangers et je sais mieux comment réagir’. Drive Mut asbl, rue Saint-Jean 32, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-515 06 15. Fax: 02-512 27 62. Mél: martin.wauthy@mutsoc.be. Site: https://www.mutsoc.be/drivemut . Renseignements sur les cours au 070-22 23 24.

Des chiffres, des lettres et des banalités

Le 30 Déc 20

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On vous a déjà présenté dans ces colonnes la remarquable Enquête de santé par interview réalisée par l’Institut scientifique de santé publique (ISSP) en 1997 (1).
A la veille de reproduire cet outil en 2001 (2), les responsables du projet ont invité les chercheurs ayant exploité une partie des données récoltées à partager leurs constatations et réflexions lors d’une journée d’études au Palais des congrès de Bruxelles le 23 novembre dernier.
Tout en appréciant le souci des intervenants de communiquer le fruit de leurs recherches, nous ne pouvions cacher un certain amusement en entendant répéter à longueur d’exposés le même diagnostic à propos des inégalités sociales de santé, sans que cela ne dépasse jamais le stade d’une prise de conscience élémentaire.
Plus grave, lorsque certains conférenciers s’aventuraient à parler de promotion de la santé plutôt que de santé publique, c’est en faisant preuve d’une méconnaissance remarquable des concepts et réalisation en la matière (3).

Deux exemples

Cette recommandation ‘Il serait utile de développer des programmes de promotion de la santé qui tiennent compte de l’environnement psycho-social, et pas seulement des conduites individuelles.’ On croit rêver, près de 15 ans après la charte d’Ottawa.
Ou encore ce jugement sans appel concernant la santé des migrants: rien ne se fait pour promouvoir la santé des populations allochtones. Qu’en pense l’équipe de Cultures et Santé?
Encore plus fort, cette découverte d’un (très) jeune chercheur selon qui les gens qui ont de faibles revenus ont plus de difficultés à payer leurs dépenses de santé que ceux qui gagnent bien leur vie. Cela fait penser à cette déclaration historique de George Bush Jr, ‘De plus en plus de nos importations proviennent de l’étranger’…
Un dernier conseil aux organisateurs: la fois prochaine, de grâce, suggérez aux intervenants de s’exprimer dans leur langue maternelle, et pas dans un anglais massacré avec autant d’enthousiasme par Flamands et francophones!
(1) Voir l’article ‘La santé des Belges’, Education Santé, n° 129, juillet-août 1998
(2) Les questions couvriront des thèmes supplémentaires, quatre provinces (Anvers, Limbourg, Hainaut et Luxembourg) bénéficieront d’un échantillon renforcé, et une attention particulière sera accordée aux personnes âgées vivant en institutions.
(3) Plaidons en partie coupables: les budgets dérisoires que les Communautés de notre pays consacrent à cette matière n’excusent pas l’insuffisance du plaidoyer en faveur de cette approche globale et citoyenne de la santé. Nostra culpa!

Diffusion de qualité

A l’occasion de cette journée d’études, l’ISSP a présenté l’ouvrage de synthèse Enquête de santé 1997 . Ce volume très intéressant complète avantageusement les rapports techniques sortis en 1998.
Les résultats sont présentés en 5 chapitres:
– habitudes et modes de vie;
– problèmes de santé;
– prévention et promotion de la santé;
– consommation des soins;
– santé et société.
Le chapitre relatif à la promotion de la santé souffre un peu d’une approche très médicale. Il s’intéresse uniquement au statut vaccinal des adultes, à la tension artérielle et au cholestérol sanguin, au dépistage du cancer et à la prévention du sida.
Malgré ses limites, cet ouvrage révèle une foule d’informations passionnantes sur la santé de notre population, et n’a pas à rougir de la comparaison avec d’autres outils du même genre comme le Baromètre santé du CFES.
BIETLOT M., DEMAREST S., TAFFOREAU J., VAN OYEN H., Enquête de santé 1997, la santé en Belgique, ses communautés, ses régions, CROSP, en collaboration avec l’Institut national de statistique et le Centre universitaire du Limbourg, 2000, 244 pages. Disponible au Service d’épidémiologie de l’ISSP, rue J. Wytsman 14, 1050 Bruxelles. Tél.: 02-642 57 26. Mél: mathieu.bietlot@iph.fgov.be .

Le suicide

Le 30 Déc 20

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La santé mentale (1), une priorité

«La santé mentale, j’en parle!», voici le slogan de 2001, décrétée «Année de la santé mentale» dans notre pays. Cette initiative est impulsée conjointement par cinq associations sous le patronage de la Fondation nationale Reine Fabiola pour la Santé mentale: les Ligues bruxelloise, wallonne et flamande pour la santé mentale ainsi que la Fondation Julie Renson. Cette année sera ponctuée de nombreux événements et de manifestations publiques.
Education Santé y apportera une attention particulière dans ses colonnes, en se faisant l’écho des expériences de promotion de la santé mentale.

Un problème majeur

Si l’on reprend les causes de mortalité en Belgique, le suicide se trouve, hélas, dans le peloton de tête.
Parmi les jeunes de 15 à 24 ans, il est la deuxième cause de mortalité (20% des décès chez les garçons, 12% chez les filles) après les accidents de la circulation. Pour les jeunes adultes de 25 à 44 ans, la situation est plus préoccupante encore puisqu’il s’agit de la première cause de mortalité pour les hommes (21% des décès) et de la troisième cause pour les femmes (13%) (2).

Des approches différentes

Pour aborder la problématique de la promotion de la santé face au suicide, différentes actions sont menées en Communauté française et à l’étranger. Nous avons fait le choix, dans ce numéro, de vous en proposer trois ayant chacune une approche particulière: le Centre de prévention du suicide, tout d’abord, propose une écoute téléphonique 24h/24 et, depuis peu, des groupes de parole pour les proches de personnes suicidées; la Commission provinciale «suicide» de Liège (une province très touchée par le phénomène suicidaire) développe une stratégie de prévention du suicide depuis plusieurs années; enfin, Michel Toussignant, rapportant une expérience québécoise, souligne l’importance du soutien social et de la résilience communautaire face au suicide.
(1) Rappelons également que la sané mentale fait partie des six problèmes de santé prioritaires définis dans le programme quinquennal de promotion de la santé de la Communauté française.
(2) In « Statistiques de décès en Communauté française 1992-1994 », Direction générale de la santé de la Communauté française – Service d’épidémiologie de l’Institut scientifique de la santé publique, 1999, 213 p.

Le centre de prévention du suicide

Le 30 Déc 20

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Depuis 30 ans déjà, le Centre de prévention du suicide offre une écoute téléphonique aux personnes suicidaires et à leurs proches (n°vert 0800-32 123). Nous avons rencontré Béatrix Lekeux, psychothérapeute, pour nous parler de l’apport spécifique d’une telle structure.
ES : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres concernant le Centre?
Beatrix Lekeux : Le suicide est la première cause de décès chez les hommes de 25 à 45 ans et la deuxième cause chez les adolescents de 15 à 25 ans. C’est dire que la prévention du suicide et le soutien de l’entourage sont importants. Le Centre de prévention du suicide offre une écoute téléphonique 24h/24 et nous comptons plus de 17.000 appels par an. Ces appels émanent des personnes suicidaires elles-mêmes mais aussi de leur entourage: famille, amis, enseignants…
ES : Comment fonctionne cette écoute?
BL : L’écoute téléphonique est faite uniquement par des bénévoles. Chaque année, à deux reprises, nous lançons dans les médias un appel aux bénévoles. Etre bénévole dans notre centre est le résultat d’un processus exigeant. Au départ, il ne faut pas de formation particulière mais nous demandons aux candidats de franchir différentes étapes: une réunion d’information, suivie d’un questionnaire à remplir et d’un entretien individuel en est la première phase. Sur 100 personnes qui répondent au départ, seulement une quinzaine entament la formation proprement dite: travaux de groupe et entretiens individuels hebdomadaires, co-écoute téléphonique et ce pendant 3 mois. L’investissement demandé est donc important tant au niveau du temps consacré qu’au niveau personnel. La formation amène en effet chacun à une remise en question personnelle: motivation, attitudes,…
Finalement, seule la moitié des participants à la formation deviennent effectivement écoutants.
ES : Ce processus de sélection et de formation est assez lourd, pourquoi ne pas travailler avec des professionnels?
BL : Il y a en partie un choix économique mais c’est loin d’être notre seule motivation. Nous voulons clairement offrir une écoute non-professionnelle. L’écoutant n’est pas là pour dire ce que l’appelant doit faire, il n’y a pas de recettes. Il ne s’agit pas non plus d’entretiens psychothérapeutiques. Mais d’un contact humain de personne à personne, d’une rencontre avec celui qui est en souffrance. Nous sommes là pour offrir une écoute humaine, chaleureuse («Qu’est-ce qui se passe pour vous?»), pour entendre leur réalité, leur souffrance. Une autre particularité de notre contact, c’est qu’il est ponctuel et anonyme. Nous n’offrons pas de suivi thérapeutique mais nous donnons si nécessaire des adresses de centres de santé mentale.
Parmi les personnes qui appellent, certaines ont déjà été voir des psychothérapeutes («Oh oui, je suis déjà allé chez un psy, mais il ne dit rien»). C’est vrai qu’une démarche psychothérapeutique nécessite un travail d’élaboration qui n’est pas toujours facile. Téléphoner anonymement est une démarche différente, plus accessible, même si cela reste un obstacle pour certains car il faut déjà pouvoir soutenir une conversation.
ES : 30 ans d’expérience dans ce domaine, cela vous donne un regard averti sur le phénomène suicidaire.
BL : Oui, évidemment! Au départ, la personne suicidaire est quelqu’un qui est mal dans sa peau, quelqu’un de fragile. Mais c’est toujours une conjonction de facteurs qui amène la personne à penser au suicide: des conflits au travail, une rupture amoureuse, des problèmes familiaux,… La personne suicidaire se sent mal dans une société qui évolue et dans laquelle elle ne trouve pas ou plus sa place.
ES : Est-ce que cette «expertise» ne vous conduit pas à penser à d’autres actions, d’autres interventions pour prévenir le suicide?
BL : Nous avons des projets en effet dont un a pu se concrétiser grâce au soutien financier de Cera Holding: il s’agit de la création de groupes de parole pour les personnes touchées par le suicide d’un proche. Nous sommes en effet régulièrement contactés par des proches endeuillés et, jusqu’il y a peu, il n’existait rien pour eux. Les proches n’ont pas nécessairement besoin d’une thérapie mais ils cherchent à parler, à rencontrer d’autres personnes qui ont vécu la même chose. Depuis décembre 2000, un premier groupe de parole a vu le jour à Bruxelles et d’ici l’automne 2001, notre objectif est de créer un groupe de parole dans chaque province.
ES : Vous parlez de groupe de parole et non d’entraide, pourquoi?
BL : A la différence des groupes d’entraide, le groupe de parole que nous proposons est encadré par un professionnel de l’écoute formé à l’accompagnement du deuil. Les personnes ont besoin d’un lieu de parole qui fait tomber les tabous, qui n’oblige pas à se justifier, pour partager avec d’autres ce vécu. Le professionnel est là pour accompagner les personnes dans leur processus de deuil, favoriser la parole, garantir le cadre (confidentialité, respect).
Avant de participer au groupe de parole, il y a un entretien individuel pour évaluer si le groupe de parole est une réponse adaptée pour la personne endeuillée, s’il ne vaut pas mieux lui conseiller une psychothérapie. Concrètement, nous proposons des rencontres bimensuelles sur une période de 6 mois dans un groupe fermé (c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’entrée en cours de groupe).
ES : Quels sont vos liens avec les structures de santé mentale?
BL : Nous sommes membre de la Ligue d’hygiène mentale et nous participons à certaines réunions de concertation. Mais nous avons une place un peu particulière: nous n’avons pas de médecin dans l’équipe, nous travaillons avec des bénévoles. Tout cela nous met un peu en difficulté en termes de reconnaissance quant à la spécificité et à la qualité de notre travail.
ES : La santé mentale est une des priorités du programme quinquennal de promotion de la santé en Communauté française. Avez-vous des projets en promotion de la santé?
BL : Nous avions rentré un projet. Nous voulions proposer des actions dans les écoles car déjà à l’école, il est possible d’aider les enfants à développer leur confiance en eux, à apprendre à dépasser des situations de conflit, de stress et ainsi à résoudre des problèmes personnels sans imaginer l’irréparable. Mais notre projet n’a pas été accepté et nous nous sentons maintenant un peu démunis vis-à-vis de ce secteur malgré l’aide ponctuelle que nous avions reçue d’un Centre local de promotion de la santé.
Nous avons aussi d’autres projets que nous ne pouvons développer actuellement faute de moyens: accompagner les proches de personnes suicidaires, accompagner à l’hôpital les personnes qui ont fait une tentative de suicide: en effet, tous les services d’urgence ne proposent pas une rencontre avec un psychiatre et une fois traitée médicalement, la personne suicidaire est simplement renvoyée chez elle…
Ce ne sont certainement pas les projets qui manquent!

Pour obtenir des renseignements complémentaires, vous pouvez vous adresser au Centre de prévention du suicide, place du Châtelain 46 à 1050 Bruxelles, tél.: 02-640 51 56.

La prévention du suicide et la Province de Liège

Le 30 Déc 20

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Parmi les provinces belges, celle de Liège occupe une des premières – et peu enviables – places avec un nombre de 293 décès annuels par suicide soit 29 suicides par 100.000 habitants (statistiques de 1996). Plus de 30% des personnes décédées par suicide avaient déjà tenté de se suicider au cours de leur vie. Parmi elles, plus de 10% avaient déjà fait une tentative de suicide dans les 12 mois précédents.Dès la fin 1992, le Conseil provincial a mis en place une Commission provinciale suicide ayant pour objectifs de conseiller la Province de Liège et sa Députation permanente afin de démystifier le suicide, de diffuser une information, de mener des actions de prévention et d’apporter une aide aux personnes ayant fait une tentative de suicide ainsi qu’à leur entourage.
Depuis lors, plusieurs actions ont été menées.

  • Un dépliant «Prévenir le suicide. Et si on en parlait» a été édité et diffusé auprès des hôpitaux, des services médico-sociaux, des médecins généralistes,… afin de toucher le public concerné dans des lieux adéquats. Il a présente brièvement l’ampleur de la problématique, explique que le suicide révèle une détresse et qu’il faut être attentif à certains signaux d’alarme. Ce dépliant renseigne également un numéro de téléphone pour les personnes suicidaires (celui de la Maison du social de la Province de Liège).
  • Des journées d’études autour du thème du suicide ont été organisées à plusieurs reprises comme celle sur le suicide chez l’adolescent.
  • Un centre spécifique, destiné à l’accueil et à l’orientation de jeunes patients suicidaires a été créé; il s’agit du Centre Patrick Dewaere à Lierneux.
  • Des formations ont été mises en place pour les travailleurs psycho-médico-sociaux, les infirmiers, les médecins généralistes mais également les directions et le personnel d’encadrement des établissements scolaires. Le but était de les aider à mieux connaître les déterminants de l’acte suicidaire, à établir une meilleure relation thérapeutique avec le patient et sa famille et à mieux orienter la personne vers une prise en charge adéquate.
  • Une équipe de première intervention est également opérationnelle; elle a pour mission d’intervenir gratuitement sur demande des directeurs d’établissements scolaires en cas de suicide ou de tentative de suicide d’un élève ou d’un de ses proches mettant en difficulté la classe et/ou l’équipe pédagogique.
  • Une semaine provinciale annuelle de prévention du suicide a été organisée. Cette année, elle avait comme particularités, la distribution de 10.000 boîtes de Fepalcon ® (voir encadré) et la présentation d’une exposition «Les maux n’auront pas le dernier mot».

Comme vous pouvez le constater, les actions et interventions ont été nombreuses ces dernières années. A la lecture du dossier et suite aux contacts pris, je reste cependant sur ma faim quant à l’impact et aux effets obtenus auprès de la population. Les promoteurs font état de réactions très positives, d’appels nombreux. Même si on peut comprendre qu’il est difficile d’évaluer ces actions en termes de diminution du nombre de décès par suicide et de tentatives de suicide en Province de Liège – les facteurs influençant le suicide étant multiples et difficilement contrôlables par des actions de prévention uniquement – il me paraît indispensable d’évaluer l’impact des actions menées: le nombre d’appels, le nombre d’interventions sont des informations de base mais elles sont à compléter par une approche qualitative: comment a été reçue la boîte de Fepalcon ® suivant les publics touchés, est-ce adéquat de renseigner un numéro non spécifique pour des personnes suicidaires,… Nul doute que ces questions soient prochainement abordées par les promoteurs!

Pour toute information complémentaire concernant ces actions, vous pouvez vous adresser à la Maison du social de la Province de Liège, tél. : 04-232 31 48.

Fepalcon®

C’est quoi le Fepalcon®?

Un antistress, pas de la morale.
C’est donner un break à ta déprime pour éviter le hara-kiri.

Quand l’utiliser ?

  • Lorsque ton désespoir a besoin d’une mi-temps
  • Quand ton mal de vivre reste incompris
  • Quand l’angoisse habite ton cœur
  • Lorsque le rêve n’est plus dans tes nuits, ni dans tes jours

Quelles sont les mesures à prendre lors de l’utilisation du Fepalcon®?

  • Ne te voile pas la face, tes problèmes, il faut en parler
  • Le silence mène à la catastrophe

A qui peux-tu t’adresser?

  • A qui t’as envie: tes amis, tes proches, tes parents, tes profs, ton médecin.
  • T’as personne à qui parler, pour une orientation, unité d’informations et de documentation sur le suicide: Maison du social de la Province de Liège 04-232 31 48.

Que contient le Fepalcon®?

2 caraques « noir extrême » et 1 caraque « lait pleine saveur » du chocolatier Galler.
(extrait de la notice d’utilisation)

L’idée est ingénieuse: une copie presque conforme d’une boîte de médicament antidépresseur, mais donnant un message de prévention. Cette idée vient de Suisse (une collaboration entre deux pays très «chocolat»donc!) et plus particulièrement de Children Action-Genève; elle y était cependant quelque peu différente puisque les boîtes de Fepalcon ® étaient vendues au profit d’associations luttant contre le suicide.
Chez nos amis liégeois, les 10.000 exemplaires étaient distribués gratuitement dans le cadre de la semaine annuelle de prévention du suicide – version 2000. L’idée est sympa, et se veut une sorte de clin d’œil pour ceux qui pensent au suicide. Le chocolatier Galler, qui fournit le chocolat, veut par cette action donner un peu de bonheur. Cela fait penser à la maman qui donne un bonbon, une douceur sucrée à son rejeton pour éteindre ses frustrations. Mais une douceur, est-ce toujours adéquat ?

Support social et suicide

Le 30 Déc 20

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Dans le cadre du colloque «Santé mentale, santé sociale», organisé en octobre 2000 par la Commission de coopération et de développement de l’Association des services de psychiatrie et de santé mentale (CODAPSY), le Service de santé mentale «Le Méridien» avait invité Michel Toussignant (1)(Québec) à présenter une recherche en matière d’approche communautaire pour contrer le suicide.

Il était une fois Causapscal…

Il s’agit de l’histoire d’une petite localité du Nord-Est du Québec comptant quelque 2000 habitants. Cette communauté était confrontée à une sorte de phénomène de suicide par contagion: 6 suicides sur une période de 14 mois suivis de 10 tentatives de suicide graves. C’était une tragédie pour la communauté!
Mais pourquoi cette communauté-là? Vue de l’extérieur, cette petite ville paraissait un lieu idyllique: un endroit tranquille près d’une rivière où on pêche le saumon. Vue par les habitants, par contre, cette ville était un trou: elle souffrait de stagnation économique, les leaders de la communauté avaient migré, les jeunes partaient étudier ailleurs et ne revenaient pas, il n’y avait plus beaucoup d’activités non plus.
Le climat social se détériorait: il y avait une sorte de sentiment de jalousie entre les habitants qui n’acceptaient pas que l’un des leurs relève la tête. On n’osait plus non plus demander «Comment ça va?» de peur de recevoir des confidences pénibles, personne ne voulait plus entendre les difficultés ni la vulnérabilité de l’autre. La communauté était caractérisée par une sorte d’étanchéité sur les difficultés vécues par les individus. Mais rien n’était dit de cette difficulté.
A un moment donné, la population a commencé à se solidariser autour du problème. Des citoyens se sont unis à des intervenants communautaires pour contrer le suicide. Ensemble, ils ont proposé des actions collectives: ils ont organisé des Olympiades, auxquelles 10.000 personnes ont participé dans une ambiance très conviviale; ils ont distribué des rubans « V » pour symboliser la vie contre la mort, ils ont amené des bouquets de fleurs pour faire un V, ils ont aménagé des jardins communautaires, la Maison des jeunes a réalisé une pièce de théâtre,… Toutes ces actions collectives ont permis de recréer du lien social, de refaire circuler la parole, de redonner du sens.
La dynamique est venue de la communauté elle-même. Tous les gens ont participé à l’action collective, ce n’est pas resté un problème entre les seules mains des experts. La communauté a perçu ainsi qu’elle pouvait avoir une maîtrise sur son évolution, son destin.

Soutien social et résilience communautaire

Qu’est-ce que la communauté met en œuvre pour aider les individus à passer à travers les épreuves? Comment se structure-t-elle pour soutenir ses membres? Comment est-elle elle-même résiliente et renforce-t-elle la résilience de chacun?

Résilience?

Le mot de résilience est emprunté à la physique, il désigne la capacité de résistance d’un matériau à la pression et aux chocs. Transposé dans le domaine psychologique, il exprime la capacité de l’être humain à résister et à s’adapter à des situations difficiles. En latin, le verbe resilire ajoute une notion de ressaut, de revenir en sautant, de capacité de rebondir après avoir subi le recul du coup.
La théorie de la résilience veut favoriser une action sociale qui veillerait à développer davantage les facteurs de protection et non plus seulement les facteurs de risque. En ce qui concerne le sujet résilient, on cite le plus souvent l’estime de soi, la sociabilité, le don d’éveiller la sympathie, un certain sens de l’humour, le développement d’un projet de vie,… En ce qui concerne l’entourage, on (re)découvre l’importance de la famille ou plus précisément, la présence d’un ou de plusieurs adultes qui éveillent la conscience de l’enfant et lui font confiance. Plus largement, on évoque encore l’importance du soutien social. Autrement dit, la résilience cherche à mobiliser toutes les ressources (matérielles mais aussi philosophiques, morales,…) des personnes, de leur entourage, des réseaux sociaux, sanitaires, éducatifs afin de dégager pour les personnes concernées un nouveau chemin de vie.
(d’après un article de Christian Van Rompaey (En Marche n°12224, 4.01.2001))

Telles étaient les questions auxquelles cette communauté (mais aussi nos sociétés industrialisées) était confrontée: une communauté où la valeur de l’autonomie était prônée à l’excès, où on devait se débrouiller tout seul.
Un des suicidés, un jeune de 16 ans, s’était donné la mort dans la cour de l’école: il avait laissé une lettre disant «Oui, j’ai besoin de votre aide, de votre attention mais si je profite de votre aide, je suis un échec» et la seule issue pour lui a été de se suicider. Au départ, il a été considéré comme un héros local, tout le monde était venu à l’enterrement; en faire un héros, c’était une façon pour la population d’abdiquer la culpabilité, la responsabilité sociale.
Mais il a fallu changer les normes, changer l’idée qu’il faut se débrouiller tout seul dans la vie. La communauté s’est alors mobilisée pour structurer et aider les individus à surmonter les difficultés. C’est ce que les actions collectives ont permis de signifier aux membres de cette communauté, ce qui a permis de renouer le dialogue entre eux, de redonner une valeur positive aux échanges et au support que chacun peut apporter et recevoir. C’est ce processus de résilience communautaire qui a eu pour effet d’enrayer le phénomène suicidaire de la communauté.

Texte rédigé avec l’aide de Nathalie Thomas et Benoît Van Tichelen (Centre de santé mentale «Le Méridien») à partir de l’intervention de Michel Toussignant (1) Michel Toussignant est professeur de psychologie à l’Université du Québec à Montréal. Après des recherches anthropologiques au Mexique et en Equateur, il poursuit ses travaux entre autres sur les comportements suicidaires chez les jeunes et sur les adolescents migrants.

Prévention et médecine générale

Le 30 Déc 20

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La prévention et les dodécagroupes (1)? Quel rapport nous direz-vous? Eh bien, depuis peu, l’Institut de médecine préventive de la Société scientifique de médecine générale (SSMG), a lancé un projet pilote, visant à favoriser l’intégration de pratiques préventives dans l’activité des médecins généralistes. Les objectifs plus précis de ce projet sont repris dans l’encadré ci-dessous.

Les objectifs du projet «Prévention – dodécagroupes»

Dans un délai de deux ans:

  • augmenter le nombre d’activités (en termes de formation et de publications) liées à la promotion de la santé au sein-même de la SSMG;
  • arriver à ce qu’une quinzaine de groupes de médecins généralistes mènent à bien une démarche de prévention dans un domaine considéré comme pertinent scientifiquement, et en définissant eux-mêmes (avec un accompagnement méthodologique) objectifs, stratégies et indicateurs;
  • augmenter le nombre de médecins de terrain soutenant la participation des patients à la prise en charge globale de leur santé tout en évitant une dérive vers un «terrorisme préventif».

L’enjeu de la prévention en médecine générale

Le médecin généraliste voit ses missions régulièrement redéfinies et précisées. A l’heure du Dossier médical global (DMG) – et de son pendant informatisé le DMI -, à l’heure d’une politique de ‘revalorisation’ de la première ligne, à l’heure où le concept de promotion de la santé commence à être connu des professionnels de santé, il est clair que le médecin généraliste ne peut plus faire l’impasse sur certains aspects non curatifs de sa pratique. Dans le domaine de la promotion de la santé, cela ne signifie pas tout réinventer. Les omnipraticiens posent tous, dans une mesure variable, des actes de médecine préventive (ils vaccinent, prescrivent des dépistages, participent à des campagnes de prévention telles la lutte contre le tabagisme, la prévention de l’ostéoporose, etc.).

Les atouts du médecin de famille

Le médecin généraliste occupe une place de choix pour être acteur de promotion de la santé. A côté des grandes structures verticales et de la médecine spécialisée qui visent un public (ONE, médecine du travail, gériatrie) ou un problème particulier (gynécologie, rhumatologie, etc.), la médecine générale a plusieurs atouts.

L’accessibilité

Répartis sur l’ensemble du territoire de la Belgique, les omnipraticiens sont géographiquement accessibles. De plus, ils se déplacent jusqu’au domicile des patients. Selon L’enquête de santé de 1997, 93% des Belges ont un médecin traitant et 75% le consultent au moins une fois sur l’année.

La globalité

Au cours d’une même consultation, le médecin peut par exemple passer d’un traitement pour maux de gorge aux difficultés que le salarié rencontre lorsqu’il a eu une incapacité de travail.
Globalité veut aussi dire diversité des points abordés lors de la relation patient-médecin. En France, il a d’ailleurs été démontré que dans 45% des séances (consultations et visites à domicile) de médecine générale, ce sont plusieurs problèmes qui sont exposés au praticien (le nombre moyen de problèmes abordés est de 2,8).

La continuité

Les patients sont fidèles. Une enquête du Généraliste en 1992 avait tenté d’approfondir cette question, soulignant que les raisons évoquées par les patients pour expliquer un changement de médecin traitant étaient principalement peu évitables: un déménagement du patient ou l’arrêt d’activité du médecin. Venaient ensuite l’âge du médecin, son manque de disponibilité, une erreur de diagnostic (3%) puis le fait de donner trop de médicaments. En règle générale, le patient exprime donc une forte confiance en son médecin traitant.

La personnalisation des soins

Le médecin généraliste est un médecin de proximité. Il connaît l’environnement familial, social, physique, etc. de ses patients. De plus, il les suit dans le temps, parfois de la naissance à la maturité. Il peut donc tenir compte des particularités de chacun dans leur démarche de santé. Dans la pratique médicale, le savoir est valorisé par la faculté, le savoir-faire par la clinique et le savoir-être par le malade. A cette condition, le médecin soigne non plus l’organe malade, mais l’homme souffrant, sachant que celui-ci est immergé dans une culture qui lui est propre (représentations, valeurs, etc.), une condition sociale (mode de vie, etc.) et relationnelle (couple, famille, etc.).

Les attentes des patients

Vis-à-vis de la médecine préventive, les patients sont, contrairement à la perception de nombreux médecins, demandeurs (implicites) de propositions préventives et apprécient les initiatives de leur médecin dans ce domaine.

Les difficultés de la prévention

Etre acteur de promotion de la santé et prendre en charge de manière globale et systématique la santé de ses patients, cela n’est pas simple. Les exemples sont nombreux en la matière. Ainsi, en 1992-94, une étude auprès de médecins généralistes de la Communauté française sur leurs pratiques préventives quant à trois thèmes montrait que:

  • près de 40% des médecins disaient proposer un dépistage systématique du cancer du sein et près de la moitié (46%) le faisaient de manière occasionnelle;
  • concernant la vaccination des enfants, 46% disaient être systématiques alors que 38% avouaient en avoir une pratique occasionnelle;
  • dans le domaine de l’arrêt du tabagisme, la pratique préventive était encore plus rare puisque 78% n’en faisaient pas, moins de 1 généraliste sur 5 le faisait occasionnellement et 5% seulement de manière systématique.

Lorsqu’on interroge les médecins, les arguments cités pour expliquer la non systématisation de certaines pratiques préventives sont nombreux:

  • les problèmes de communication avec les patients («le motif de la consultation ne se prête pas à de la prévention», «les patients ne font pas de demande», etc.). Et pourtant, on sait que la demande des patients est réelle: selon une étude de Europep Task Force, en Belgique, 59% des patients wallons seulement considèrent que l’offre des médecins généralistes en matière de prévention est excellente;
  • le fait que d’autres intervenants prennent en charge certains actes préventifs (médecine du travail, ONE, etc.), ce qui atténue le sentiment de responsabilité du médecin généraliste face à ces activités;
  • le manque de consensus, de stratégies claires et pratiques, d’outils;
  • le manque de temps et la lourdeur des actes administratifs liés à ce type d’activité, ou l’absence d’honoraires permettant de valoriser le temps consacré à la prévention;
  • le manque de formation à la prévention, le cursus universitaire étant tourné vers le curatif, habituant à ce que chaque acte posé ait un effet visible.

Or, il est démontré que les mesures préventives sont d’autant plus performantes que le médecin est lui-même convaincu par ce qu’il propose et qu’il se montre capable de motiver son patient. Autrement dit, pour que l’omnipraticien puisse inciter son patient à participer à la prise en charge de sa santé, il faut d’abord qu’il soit lui-même soutenu dans cette démarche.

Les précurseurs

En 1998, deux dodécagroupes et un GLEM (2) s’étaient portés volontaires pour être des groupes-pilotes dans notre démarche. Ils ont été rejoints en 1999 par cinq autres dodécagroupes. Chacun des groupes définissait par consensus en son sein un thème de prévention et une méthode de travail.
Ces précurseurs ont essuyé les plâtres et de nombreux enseignements peuvent être tirés de cette première phase: le choix du thème notamment était une des premières embûches sérieuses (voir encadré).
Relevons quelques-uns de ces enseignements:

  • dans le choix du projet par le groupe, mieux vaut ne pas être trop ambitieux et commencer par un thème simple et faisable;
  • il faut garder à l’esprit une double préoccupation: à la fois lancer une dynamique de groupe et faire en sorte que chaque médecin pris séparément trouve quelque chose d’intéressant au projet et l’applique dans sa pratique;
  • il est important de constituer une cellule de 2 à 3 médecins responsables du projet pour chaque dodécagroupe;
  • il importe d’affronter d’emblée un obstacle, la méconnaissance qu’ont de nombreux médecins quant aux réelles attentes de leurs patients en matière de prévention et de gestion globale de la santé;
  • il faut tenir compte de l’hétérogénéité de chaque groupe: il en résulte des difficultés de consensus pour le choix du thème, des objectifs et des stratégies de chaque projet. De ce fait, un encadrement scientifique et méthodologique est nécessaire.

Les actes préventifs de base

D’un point de vue général, les accompagnateurs du projet soulignent ‘qu’avant de se lancer dans un projet, une revue de la littérature scientifique s’impose afin de situer l’acte préventif choisi: combien de personnes sont concernées par le problème? Allons-nous en dépister suffisamment pour que cela soit intéressant? Risque-t-il d’y avoir beaucoup de faux positifs? Et de faux négatifs? Une fois le dépistage effectué, que pouvons-nous proposer au patient? Sa santé (y compris sa santé mentale face à un nouveau diagnostic) sera-t-elle améliorée? […] N’oublions pas qu’au bout du compte, une question reste essentielle: est-ce que ce projet sera utile à mon patient?’
Pour rappel, dix actes préventifs de base sont confirmés comme utiles et pertinents par les experts belges: mesurer le poids et la taille, mesurer la tension artérielle et la cholestérolémie, conseiller aux personnes âgées un examen de l’ouïe et de la vue, examiner la peau et l’hygiène dentaire, réaliser les vaccinations, le frottis de col de l’utérus, les mammographies de dépistage du cancer du sein. On peut y ajouter la prévention des signes de la ménopause. Ces actes sont retenus parce qu’ils répondent aux critères d’inclusion dits ‘simultanés et nécessaires de Frames’. Ceux-ci sont:

  • la maladie dépistée doit être fréquente, c’est-à-dire que son incidence et/ou sa prévalence doivent être suffisamment élevées pour justifier le dépistage en tenant compte des coûts (matériels et humains, en ce compris l’impact anxiogène des faux positifs et la réassurance injustifiée des faux négatifs);
  • elle doit être grave, c’est-à-dire avoir un effet significatif sur la quantité de vie (mortalité) et sa qualité (morbidité);
  • elle doit être clairement distincte de la normalité. Son cours doit être connu et son stade pré-symptomatique bien défini par rapport au stade clinique;
  • le traitement au stade pré-symptomatique doit réduire la mortalité et la morbidité de façon plus marquée que le traitement après l’apparition des symptômes;
  • la maladie doit être traitable et contrôlable en tant que phénomène de masse;
  • toutes les facilités de diagnostic et de traitement des sujets positifs au test de dépistage doivent être disponibles;
  • le programme de dépistage ne sera mis en place qu’après avoir examiné les autres priorités sanitaires dont la réalisation entraînerait un coût identique à celui de ce programme.

Entretemps, huit autres animateurs de dodécagroupe/GLEM se sont inscrits de manière à participer en 2000-2001 à la même démarche. Une première réunion leur fut proposée. Les échanges entre les médecins présents furent nombreux. De la discussion, relevons les points suivants:
En matière de prévention, il y aurait un problème de recommandations . Les messages changent en fonction des auteurs (spécialistes, firmes pharmaceutiques, etc.) et au cours du temps. On ne sait plus à qui se référer. A tel point que certains groupes se sentent obligés de réinventer la roue alors qu’il y a peut-être sur le sujet un consensus méconnu (voir à ce propos l’encadré sur les actes préventifs de base).
Il faut savoir parler de prévention à ses patients. Faut-il aborder le sujet de la mammographie, par exemple, avec une patiente venant pour une angine? Pour certains, cela paraît difficile, pour d’autres pas du tout. Il faut aussi pouvoir contacter l’ensemble des patients concernés par une même problématique. Ce n’est pas simple. C’est pourquoi, plutôt que faire un peu de tout, il vaut sans doute mieux commencer par travailler sur un thème de prévention et essayer de mener celui-ci à bien.
Une campagne médiatique peut parfois aider le médecin généraliste dans sa démarche de prévention. Mais ce n’est pas l’essentiel. Par contre, ce qu’il faut absolument, c’est que le médecin soit lui-même convaincu de l’efficacité de l’acte préventif qu’il pose. Dès que le médecin y croit, cela marche!
La prévention n’a pas de résultats palpables comme en a le curatif. De plus, en matière de dépistage, le patient n’est pas nécessairement reconnaissant lorsqu’on lui trouve un problème de santé qu’il ignorait. Ce n’est donc pas valorisant pour le médecin.
Les médecins font de la prévention, mais de manière très différente les uns des autres. Ils sont très individualistes . Pour travailler ensemble dans ce domaine, il est nécessaire de créer une ambiance de confiance dans le groupe, de façon à ce que chacun puisse s’exprimer sans crainte.Un appel est lancé aux membres et responsables de dodécagroupes intéressés, pour qu’ils s’associent à la démarche. L’Institut de médecine préventive proposera un soutien effectif à ces groupes (voir encadré). Pour en savoir plus, vous pouvez vous adresser au Dr Pascale Jonckheer, SSMG, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles.

Ce programme est subventionné par la Communauté française. (1) Le Dodécagroupe est un groupe fermé d’environ 12 médecins se réunissant en moyenne dix fois par an, autour de leur animateur, pour aborder un sujet médical selon une optique essentiellement pratique. Les médecins de famille y sont co-gestionnaires de leur formation. La garantie de la qualité scientifique est assurée par la présence d’un expert. Le programme des sujets de réunions est établi à l’avance. Les thèmes sont proposés par les participants en fonction de leurs besoins.
(2)Pour groupe local d’évaluation de la pratique médicale. L’accord national médico-mutuelliste prévoit que le médecin qui souhaite être accrédité prête son concours à des initiatives d’évaluation de la qualité organisées par les pairs.
L’accréditation est un label de qualité attribué aux médecins qui répondent à certaines exigences. Le GLEM est un groupe monodisciplinaire, local ou locorégional, de 8 à 25 médecins.

Les axes de collaboration proposés par l’Institut de médecine préventive

Rencontrer les membres des dodécagroupes volontaires pour définir avec eux la logique du projet
Les membres du dodécagroupe assurent eux-mêmes la mise en place d’un projet local. La mise sur pied d’une cellule de 2 ou 3 membres désignés comme responsables du projet est souhaitée. L’expérience de 1999 nous montre en effet que la dynamique du groupe se voit renforcée lorsque quelques personnes se soutiennent.Préparer les animateurs volontaires à la démarche de projet, notamment sur le plan méthodologique (comment définir un objectif, etc.):

  • en proposant une formation de base aux animateurs volontaires;
  • en proposant un accompagnement méthodologique des animateurs volontaires par un permanent de la SSMG;
  • en proposant des outils que les animateurs pourraient finaliser entre eux en fonction de leurs besoins (résumé des enquêtes sur les difficultés des médecins généralistes en matière de médecine préventive, présentation d’un échéancier “ papier ” et d’échéanciers informatisés, grille d’items préventifs en médecine générale, présentation d’actions concrètes réalisées en médecine générale, présentation du Guide canadien de médecine préventive…) ;
  • avec l’aide de personnes-ressources extérieures, ayant une maîtrise de la gestion de projet et de la dynamique de groupe.

Travailler les difficultés que les médecins généralistes rencontrent quand ils veulent pratiquer régulièrement et utilement des actes de médecine préventive :

  • identifier ces difficultés et en discuter pour les dépasser;
  • insister sur les attentes des patients et motiver les médecins en soulignant la valorisation de leur image face à leurs patients et le bénéfice en termes de santé publique; travailler avec eux le dialogue et la participation des patients.

Assurer que chaque projet s’inscrive dans un consensus scientifique
En effet, notre phase-pilote nous a appris que le consensus de certains groupes s’établissait sur des thèmes non reconnus comme prioritaires.
Une proposition de 5 ou 6 thèmes de prévention devrait limiter le choix en fonction de critères scientifiques d’efficacité et de faisabilité.
Chaque dodécagroupe consacre une soirée à définir ses objectifs, un thème (par exemple la vaccination, la mammographie, etc.), ses stratégies, ses méthodes, etc. en sachant qu’atteindre un consensus n’est pas toujours possible.Proposer un contrat d’engagement réciproque ‘dodécagroupe – SSMG’
Pour sa part, la SSMG assure la mise à disposition des moyens et chaque dodécagroupe s’engage à assurer le suivi du projet choisi pendant un minimum de 2 ans. Cela implique de consacrer régulièrement une partie du temps de travail du dodécagroupe à l’évolution du projet et aussi de réaliser une évaluation trimestrielle de ce dernier.Organiser les échanges d’expériences entre dodécagroupes participants