Le 7 mai dernier, Laurette Onkelinx , Ministre de la Santé publique, a lancé une nouvelle campagne visant à informer le grand public sur la problématique du sel.
Le sel est un élément précieux de notre alimentation, mais il est nuisible en cas d’excès, conduisant notamment à l’hypertension, maladie silencieuse causant des accidents cardiovasculaires.
En Belgique, deux millions de personnes souffrent d’hypertension et la plupart d’entre elles l’ignorent. Trop de sel constitue aussi un facteur de risque pour le cancer de l’estomac et l’ostéoporose.
L’objectif de la campagne est très ambitieux, puisqu’il s’agit de diminuer à moyen terme notre consommation journalière de rien moins que 50%, de 12 à 6 g (le standard OMS est de 5g).
Agir sur l’offre…
Comme 75% du sel que nous ingérons provient des aliments préparés, le Plan national nutrition santé, géré au niveau du SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, travaille sur ce dossier avec tous les secteurs concernés comme l’industrie alimentaire, la grande distribution et le secteur HORECA, pour que l’offre alimentaire soit plus pauvre en sel.
Les fédérations respectives de la distribution (FEDIS) et des fabricants de produits alimentaires (FEVIA), viennent de s’engager à diminuer la teneur de sel de leurs produits de façon significative d’ici 2012. Cela concerne le pain, les produits de viande, les sauces, les soupes, les fromages, les plats préparés, les produits à base de pommes de terre, de fruits et de légumes, commercialisés à la fois sous les marques des fabricants et des distributeurs.
Il faut saluer cette volonté de collaboration, même si elle se fait avec quelques réserves bien compréhensibles des secteurs.
Démarrage exquis
La campagne a été lancée par la Ministre Onkelinx dans le restaurant de la Porte de Namur de la chaîne EXKi, ‘rapide et de qualité, proposant des produits naturels et frais à tout moment de la journée, dans un lieu à la décoration conviviale et reposante’ comme le promet un document de présentation de l’entreprise.
Cette chaîne de restauration rapide ‘politiquement correcte’, lancée voici 10 ans par trois jeunes entrepreneurs, a bien saisi l’air du temps, et développé un concept qui séduit de plus en plus de monde en surfant sur la valorisation actuelle du développement durable: offre dite ‘santé’ d’aliments et boissons, organisation ‘participative’ du travail, maîtrise de l’empreinte écologique, fournisseurs équitables.
Une formule qui porte ses fruits (frais!), puisqu’EXKi est présent aujourd’hui en Belgique, Italie, Luxembourg et France, et ouvre régulièrement de nouveaux restaurants.
Les fabricants et les distributeurs soulignent que la réduction de sel a ses limites, car il ne peut pas toujours être remplacé ou réduit dans les proportions que l’on souhaiterait pour des raisons technologiques, de sécurité alimentaire et de goût. Les produits doivent rester sûrs et répondre aux attentes du consommateur en ce qui concerne le goût, la texture et l’aspect visuel.
Les deux fédérations insistent aussi sur l’importance d’une approche européenne de la question du sel dans la chaîne alimentaire. Elle est primordiale, affirment-ils, pour préserver le tissu industriel belge et éviter toute distorsion de concurrence entre opérateurs européens. En effet, le consommateur belge pourrait préférer des produits plus ‘savoureux’ importés: une politique coordonnée à l’échelle européenne s’impose donc clairement dans ce domaine comme dans d’autres.
Notons aussi que le Plan national nutrition santé a invité le secteur du pain à utiliser du sel iodé, ceci afin de pouvoir diminuer la carence en iode que connaît la population belge. Un accord en ce sens a été signé début avril 2009.
…Et sur la demande
Le consommateur, qui ‘décide’ de 25% du sel qu’il ingère, peut aussi prendre part à cette diminution de sel dans son alimentation en optant pour des aliments pauvres en sel.
Pour informer et si possible convaincre le citoyen de l’intérêt de consommer moins de sel, une campagne d’information a été lancée avec le soutien de la Ligue cardiologique belge. Cette campagne s’appuie sur 3 outils: une brochure ‘Top le sel? Stop le sel!’, un «salinomètre» et un site internet.
La brochure explique ce qu’est le sel, ses dangers et dans quels produits alimentaires il se trouve. Elle donne aussi des conseils pratiques pour limiter sa consommation. Imprimée à 1 million d’exemplaires, elle est distribuée dans les grandes surfaces, les pharmacies et par les mutualités.
Le «salinomètre» est un petit outil ingénieux qui permet d’apprécier à quel point un produit alimentaire est salé ou non. Le plus souvent, sur l’étiquette des produits, c’est la teneur en sodium qui est indiquée. Comme il faut la multiplier par 2,5 pour connaître la teneur en sel, le salinomètre, édité à 400.000 exemplaires, aide très simplement le consommateur à faire la conversion.
Enfin, sur le site internet, [L]www.stoplesel.be[/L], on retrouve des conseils pratiques, mais aussi des informations spécifiques pour les bébés et les enfants, sur les mythes qui existent autour du sel, et un petit quiz. Des «salinomètres» et des brochures peuvent également être commandés via le site.
C’est assurément une des belles réalisations du Plan depuis son démarrage en 2006, qui combine intelligemment les approches et les partenariats. Espérons que les résultats seront à la hauteur. En tout cas il sera possible de suivre la chose: l’Institut scientifique de santé publique fournira pour la fin 2009 des données précises de consommation (sodium urinaire) au départ d’un échantillon représentatif de la population du pays, et un monitoring des mesures sera mis en place.
Christian De Bock