2016 – nouveau repères pour les nutriments et l’énergie
Le Conseil Supérieur de la Santé publie sa sixième édition des recommandations nutritionnelles. Si certains repères restent inchangés, de nombreuses modifications voient le jour pour être plus en phase avec les connaissances actuelles: des apports énergétiques plus adaptés selon l’activité, des apports lipidiques qui ne justifient pas le retour d’aliments riches en graisses saturées, des apports en glucides soutenant la consommation de céréales complètes et de légumineuses en sont quelques exemples très concrets.
Nouvelle mouture 2016
Les recommandations nutritionnelles du Conseil Supérieur de la Santé (CSS) fixent l’Apport Journalier Recommandé (AJR) pour chaque nutriment, ainsi que la quantité maximale à ne pas dépasser. Elles constituent les repères fondamentaux sur lesquels devraient s’appuyer les conseils alimentaires, pour permettre d’optimaliser l’état de santé des populations.
Comme les connaissances évoluent constamment, il importe de tenir compte des nouvelles acquisitions et preuves qui justifient une révision de ces repères. Par rapport à l’édition 2009, cette nouvelle mouture a été entièrement revue. Et pour la première fois, elle intègre des informations pratiques directement utilisables par les professionnels de la santé.
Les calories mieux encadrées
La façon de préciser la quantité d’énergie (calories) à puiser dans l’alimentation est une donnée essentielle pour équilibrer les apports et les dépenses. Tout excès énergétique conduit à une prise de poids, ce qui concerne malheureusement aujourd’hui environ la moitié de la population adulte. Alors que la version précédente se limitait à 3 catégories d’activités (légères, moyennes et lourdes), elle en compte désormais 6 (inactif, sédentaire ou faiblement actif, modérément actif, actif, très actif et extrêmement actif). Cet affinage permet d’être plus performant dans la prévention du surpoids et du diabète, dont la progression alarmante constitue un défi de santé majeur.
Lipides: pas de solutions simplistes!
S’il importe toujours d’éviter une alimentation trop riche en lipides (max 35 % de l’énergie), la nouvelle mouture s’attache particulièrement à la nature des graisses : les acides gras trans industriels sont à éviter le plus possible, alors que d’autres au contraire, comme les oméga-6 et les oméga-3, doivent être fournis en quantités suffisantes, ce qui, pour les oméga-3, n’est pas le cas pour la majorité de la population.
Les graisses font l’objet de nombreux discours pseudo-scientifiques, qui remettent en cause certains concepts, par exemple en prônant un retour de certains aliments riches en graisses saturées. Ces sources de graisses sont à réduire en raison du rôle réaffirmé de l’excès d’acides gras saturés dans les maladies cardiovasculaires, principale cause de mortalité. Dans cette édition, le CSS cible les plus dangereux pour les vaisseaux : les acides gras saturés athérogènes. Ceux-ci se trouvent par exemple en quantités importantes dans certains aliments comme le beurre, les charcuteries grasses, mais aussi certaines huiles tropicales. Le message général est donc de varier et doser les sources de lipides.
Moins de sucres, plus de glucides et fibres
La consommation excessive de sucres ajoutés aux aliments et boissons est doublement préoccupante, car elle peut favoriser le surpoids, mais aussi réduire la consommation d’aliments riches en vitamines et minéraux. Le CSS maintient une recommandation concernant les ‘sucres ajoutés’ (max 10 % de l’énergie). À la différence de l’Organisation Mondiale de la Santé, qui recommande de limiter les ‘sucres libres’, les ‘sucres ajoutés’ ne visent pas les jus de fruits. C’est l’occasion de rappeler que le miel, le sucre de canne ou de coco, le sirop de blé et les jus de fruits concentrés, parfois vus erronément comme des alternatives saines à d’autres sucres, sont tous très riches en sucres libres et sont donc tout autant à limiter.
À l’inverse, les glucides complexes (p. ex. amidon des céréales et féculents) ainsi que les fibres voient leur place réaffirmée : le CSS recommande de s’orienter vers les céréales complètes (pain gris, pain complet, pâtes et riz complet, etc.), les légumineuses, les pommes de terre, les légumes et les fruits.
Calcium: privilégier les sources alimentaires
Les recommandations pour le calcium sont légèrement revues à la baisse pour les femmes enceintes et allaitantes et pour les personnes âgées. Cela ne signifie pas que le calcium est moins important, il reste essentiel au développement et à l’entretien des os. Une alimentation équilibrée permet de couvrir ces besoins, notamment par le biais de denrées telles que produits laitiers, boissons végétales enrichies en calcium, eaux minérales riches en calcium, légumes en suffisance. Les compléments alimentaires (généralement 1 à 2 g de calcium par jour) ne devraient être utilisés que de façon ciblée, notamment chez les personnes présentant un risque de déficit en calcium lorsqu’une adaptation du régime alimentaire s’avère insuffisante.
Le sel toujours sous tension
L’hypertension artérielle représente un facteur de risque cardiovasculaire majeur, auquel la Belgique n’échappe pas. Le sodium et sa principale source alimentaire, le sel (chlorure de sodium), ont fait l’objet de discours contradictoires ces derniers temps.
Or, il est bien démontré qu’une consommation excessive de sel favorise l’hypertension, et qui plus est, que cet effet est particulièrement sensible chez les personnes en excès de poids et les personnes âgées atteintes d’hypertension. De plus, la consommation de sel ajouté est nettement supérieure chez les personnes en excès de poids… Pour ces raisons, le CSS préconise, comme d’autres instances, de ne pas dépasser 2 g de sodium, soit 5 g de sel par jour.
En pratique, cela nécessite une diminution de l’apport actuel en sel d’environ 50 %. Ce qui implique :
une réduction de l’ajout de sel dans les produits transformés tels que pains, fromages, charcuteries, sauces et condiments, plats prêts à consommer et repas des cantines scolaires;
l’éducation de la population pour mieux orienter les achats, limiter l’ajout de sel lors de la préparation culinaire et privilégier la consommation d’herbes aromatiques, d’épices, de fruits et légumes.
La revue Prescrire change de maquette, pour un meilleur service rendu aux soignants: plus claire, plus d’explications, meilleur repérage des informations importantes pour une meilleure assimilation et intégration à la pratique professionnelle, au service des patients.
Avec son numéro 395 de septembre, la revue Prescrire paraît avec une maquette considérablement modifiée et améliorée.
Au fil des années, depuis son numéro 1 début 1981, la revue Prescrire a proposé de plus en plus de pages, de rubriques, d’articles, d’informations. Au point de paraître parfois un peu austère, trop dense ou trop touffue, à certains lecteurs.
Avec le numéro 395, la mise en pages a été largement rénovée. Pour en faciliter l’abord, augmenter le confort de sa lecture, sur le papier comme sur diverses tailles d’écrans avec lesquels la revue est désormais compatible.
Ces changements sont destinés à aider les lecteurs à s’approprier le contenu de la revue pour donner davantage envie de la lire: une maquette plus équilibrée, plus lumineuse, avec comme défi d’apporter autant d’information chaque année; de la couleur au service de la lecture, afin d’accompagner le choix entre une lecture approfondie et une lecture rapide.
Des encadrés pédagogiques ont été ajoutés. Ils visent à faciliter la compréhension par des professionnels de santé venus d’horizons très divers, et par les nouveaux abonnés qui découvrent Prescrire et sa recherche permanente des mots justes. Les différentes rubriques gagnent ainsi en pédagogie, pour une plus grande facilité d’emploi, et pour encore gagner du temps.
La revue Prescrire change, mais reste la même… avec un meilleur service pour l’information et la formation des abonnés.
À l’occasion de l’exposition ‘Avatars, entrez dans le jeu vidéo’ qui s’est déroulée du 20 avril au 16 mai 2016 à Inforvilles à Louvain-la-Neuve, trois chercheurs de l’UCL, initiateurs de l’exposition, ont partagé avec nous leurs recherches à ce sujet.
Pour l’anthropologue UCL Olivier Servais, les jeux vidéo sont à coup sûr un phénomène de société qui dure, tend à s’imposer et touche un grand public. Il estime que 75% d’hommes âgés de 12 à 45 ans s’adonnent aux jeux en ligne.
Mais attention, il n’y a pas de profil type du joueur et il ne correspond surtout pas au cliché de l’adolescent mal dans sa peau. Il y a également beaucoup de filles qui jouent, des joueurs de toutes les classes sociales, des joueurs occasionnels et réguliers. En somme, il y a une variété de profils aussi en fonction du type de jeux vidéo.
Pourquoi cet engouement pour les jeux en ligne ?
D’une part les gamers peuvent imaginer dans ce monde virtuel la société qui leur convient, soit un monde utopique loin de la société actuelle en crises perpétuelles.
D’autre part, l’aspect social des jeux en ligne est important. Entre 50 et 75% des jeunes se rencontrent aujourd’hui en ligne!
De nombreux liens sociaux passent via ce monde virtuel. Certains joueurs vont jusqu’à organiser, par les jeux de rôle en ligne multijoueurs, des funérailles lors du décès d’un joueur, considéré comme un véritable ami. D’autres organisent un rite de mariage dans leur monde virtuel avant celui dans le monde réel. Et ce n’est pas un fait isolé!
Thibault Philippette, chercheur à l’Institut Langage et Communication de l’UCL (IL&C), a consacré sa thèse de doctorat à l’étude des mécanismes de communication utiles aux joueurs.
Jouer à plusieurs des jeux vidéo en ligne n’est pas une chose aisée, mais demande une bonne organisation, stratégie… et surtout des compétences en communication.
L’échange d’information est essentiel pour que le jeu fonctionne. Comment? En respectant les tours de parole, en permettant à chacun de disposer des mêmes éléments stratégiques concernant le jeu.
Il relève la présence d’une vraie solidarité entre les joueurs, qui se décentrent de leur propre personne, au profit du groupe et d’un partage sous forme de temps de réflexion collectif et de négociations. On retrouve donc des compétences dites culturelles (le développement d’un bagage de connaissances communes pour pouvoir se comprendre et interagir) et sociales (gestion du groupe, équité, négociation, respect des règles, sociabilité, humour).
Au niveau technologie, les joueurs développent constamment des nouvelles techniques pour améliorer l’efficacité de leur jeu. Ils essayent de trouver des astuces pour décharger leur esprit des contraintes techniques (organisation du champ de vision de leur écran, paramétrage du jeu…) et ainsi pouvoir se consacrer un maximum au déploiement de leur stratégie.
Est-ce que ces compétences peuvent avoir un champ d’application dans le monde professionnel et scolaire? Le chercheur en est convaincu.
Dépendance ?
Mais qu’en est-il des addictions liées à l’usage problématique des jeux sur internet? L’engagement personnel dont font preuve certains gamers peut-il être excessif et déboucher sur un trouble psychiatrique reconnu?
Actuellement, ‘l’addiction à internet’ est un concept fourre-tout pour lequel il n’existe pas de critères précis. La reconnaissance complète d’une addiction aux plateformes web de jeux vidéo doit être confirmée par des études scientifiques qui devront attester de l’existence de cette pathologie et valider ou infirmer les critères proposés pour son identification.
C’est l’objet de la recherche de Jory Deleuze, doctorant à l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’UCL.
Il évalue dans quelle mesure certains facteurs psychologiques peuvent prédire l’intensité de l’engagement personnel dans les jeux vidéo en ligne. Ces facteurs peuvent se révéler propres au joueur mais aussi être motivationnels et liés aux éléments qui font l’identité du jeu.
Le chercheur a comparé deux échantillons de joueurs (un groupe présentant un comportement ‘pathologique’ sur base des critères actuels du DSM et un groupe sans comportement pathologique selon ces mêmes critères). Le groupe de joueurs présentant un comportement ‘pathologique’ ne semble toutefois pas avoir de comportements plus impulsifs et irréfléchis que les joueurs dits normaux. Est-ce que les critères proposés dans le DSM ne reflèteraient donc pas la réalité de l’addiction aux jeux en ligne? La suite de ses recherches devra le clarifier.
La 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM, Diagnosticv and Statistical Manual of Mental Disorders, ouvrage référençant les troubles psychiatriques reconnus) propose pourtant des critères d’addition aux jeux sur internet.
Le 9 mars dernier, l’ONG Le Monde Selon les Femmes, Médecins du Monde, Femmes et Santé, ainsi que le GAMS Belgique organisaient un colloque international sur les pratiques mises en œuvre pour promouvoir l’empowerment des femmes fragilisées par les violences sexuelles. Six interlocutrices très engagées y ont présenté leurs associations respectives, ainsi que leurs modes spécifiques de prise en charge.
Le colloque nous a permis de découvrir, à côté de deux initiatives belges, des associations qui oeuvrent en France, en Tunisie, en République démocratique du Congo (RDC) et au Canada. Leurs pratiques positives d’empowerment se déclinent soit sur le plan collectif, soit dans la relation individuelle. Elles valent le détour.
L’empowerment collectif
Canada – Le CALACS de Sept-îles
Ce Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) est un organisme communautaire autonome qui vient en aide aux femmes et aux adolescentes agressées sexuellement. Il a également pour but de sensibiliser et conscientiser la population à la problématique des agressions à caractère sexuel, d’obtenir des changements sociaux, légaux et politiques. Il existe actuellement 27 CALACS qui couvrent 16 régions du Québec.
«Les CALACS s’appuient sur l’intervention féministe pour aider les femmes à prendre conscience de l’oppression sociale qu’elles subissent, briser leur dépendance face aux rôles sexuels et reprendre du pouvoir sur leur vie personnelle, sociale et économique», explique Martine Michel, coordinatrice au CALACS de Sept-îles.
L’empowerment collectif s’appuie sur la dynamique de groupes de cheminement au sein desquels les femmes victimes de violences sexuelles partagent le même vécu et, souvent, les mêmes conséquences. «Ces échanges leur permettent de valider leur expérience, mais aussi leur manière de s’en sortir», témoigne la coordinatrice.
L’analyse féministe des agressions à caractère sexuel apporte aux femmes un éclairage et un sens à leur vécu qui prennent, pour elles, la forme d’une véritable révélation. Soulagées dans un premier temps, elles souhaitent ensuite partager cette révélation avec d’autres femmes qui traversent la même expérience. Le besoin d’écouter émerge également. Ces femmes deviennent alors des militantes qui passent du rôle d’aidées passives à celui d’aidantes actives. Un sentiment fort d’appartenance avec les CALACS apparaît chez elles.
Si cet empowerment collectif a un impact collectif positif, il a aussi des effets personnels importants, comme l’augmentation de l’estime de soi, qui aident les survivantes dans leur processus de guérison.
Créée en 2000 et basée à Kinshasa, l’association féministe Si Jeunesse Savait (SJS) encourage les moins de 30 ans à développer leur leadership sur leur corps, leur voix et l’argent. «Car ces trois éléments sont déterminants pour garder le contrôle de sa vie, en particulier pour les jeunes femmes», explique la coordinatrice de l’association, Françoise Mukuku. «C’est en explorant la question du leadership sur le corps que nous avons commencé à parler de la violence faite aux femmes. Le Congo est très connu pour les violences sexuelles, surtout celles liées aux conflits.»
Un travail important est consacré aux violences nées de la technologie. «Alors qu’internet et le téléphone mobile sont de formidables outils de communication, nous avons constaté que de nombreuses femmes ne voulaient pas ou plus les utiliser. Certaines étaient harcelées via ces technologies. D’autres étaient empêchées d’y recourir par leur petit ami. D’autres encore ne voulaient pas de ce GSM que tentait d’imposer leur conjoint pour les contrôler.»
Des formes de violence, plus graves, sont apparues: «Des gars faisaient circuler sur le net et via le GSM des vidéos filmant leurs ébats avec leur amie, et on n’y voyait bien sûr qu’elle.»
Si Jeunesse Savait a donc entrepris de faire un travail sur ces formes de violence, leur impact psychologique sur les jeunes femmes, mais aussi sur leurs peurs. «Nous leur donnons, par exemple une formation sur la sécurité en ligne pour qu’elles se sentent plus à l’aise et qu’elles soient moins dépendantes des hommes quant à leur accès à la technologie.»
L’association sensibilise, par ailleurs, les intervenant(e)s auprès de survivantes sur ces nouvelles formes de violence.
Un site web communique les recours possibles face aux différents types de violence que subissent les jeunes femmes. Une plateforme mobile a également été créée pour encourager les victimes de violences sexuelles à contacter les centres de prise en charge congolais.
Belgique – Les ateliers artistiques du Collectif des Femmes de Louvain-La-Neuve
Les ateliers artistiques ont vu le jour suite à la Marche mondiale des femmes en 2000. Leur coordinatrice, Roxana Alvarado, artiste chilienne, est arrivée en Belgique avec sa famille après avoir suivi un parcours migratoire. Depuis, elle tisse des liens entre la créativité, les femmes et les arts pluridisciplinaires. Elle réalise des activités centrées sur l’aspect esthétique et l’art comme moyen d’éducation au développement, comme vecteur de sensibilisation sociale et d’interaction entre les différentes cultures. Elle travaille également l’art-thérapie au niveau collectif et individuel.
Son travail d’art-thérapie s’insère dans le contexte du genre et de la santé mentale, et contribue à développer l’empowerment des femmes, en particulier celles victimes de violences sexuelles, morales et physiques. En ce sens, l’atelier est un espace de reconstruction destiné aux femmes ayant été cassées par la violence dans toutes ses expressions. Grâce aux interactions qu’il permet, le Collectif des Femmes, outre le fait d’aider les femmes à se reconstruire, les encourage à devenir actives dans le soutien à d’autres personnes.
Roxana Alvarado a organisé de nombreux ateliers d’art-thérapie en Afrique. «J’y ai réalisé mes premiers travaux avec des victimes de l’excision. J’ai créé des ateliers d’histoires de vie car les femmes avaient besoin d’exprimer leur terrible vécu.»
La militante a également fait des ateliers dans des prisons, comme dans ce centre de détention en Mauritanie où des femmes étaient emprisonnées et condamnées à la lapidation… pour avoir été violées!
Roxana Alvarado a notamment visité et soutenu des femmes incarcérées dans la prison de Conakry en Guinée où sont entassés pêle-mêle hommes, femmes, enfants, dangereux criminels, responsables du grand banditisme… Les prisonnières y sont violées par les gardiens, les détenus, les visiteurs. Et celles qui sont abandonnées par leur famille n’ont comme seul recours pour acheter leur pain que la prostitution.
À la Free Clinic, l’approche individuelle féministe met l’accent sur la promotion du pouvoir intérieur des femmes. À cette fin, elle s’appuie sur quatre éléments:
«Premièrement, nous essayons d’analyser avec la femme victime de violences sexuelles ce qui lui est arrivé en termes de domination afin qu’elle intègre la lecture de genre dans les violences sexuelles vécues», témoigne Katinka In’t Zandt, psychothérapeute à la Free Clinc et présidente du Monde selon les Femmes.
«Deuxièmement, nous aidons les femmes à élaborer des réponses stratégiques et d’empowerment à partir de leurs propres ressources que nous valorisons. Troisièmement, les intervenantes doivent poser des questions ayant trait aux violences sexuelles aux femmes qu’elles reçoivent.» Car dans une intervention individuelle féministe, la lutte contre l’impunité et le silence est très importante. «Enfin, nous veillons à promouvoir également l’empowerment professionnel qui consiste à s’occuper de soi-même, connaître ses limites, se former.»
L’accompagnement individuel se fait en deux temps. «Lors de la première étape, nous faisons un état des lieux des violences vécues afin d’aider les femmes à en prendre conscience car certaines n’ont pas fait le lien entre leur souffrance et ce qui s’est passé. Cela s’explique par la stratégie des agresseurs qui isolent, dévalorisent leur victime, inversent la culpabilité pour assurer leur impunité et imposer leur contrôle. Les victimes pensent, d’autre part, être seules à vivre une telle situation. Il faut donc commencer par déconstruire tout ce conditionnement et expliquer aux femmes que la violence conjugale est un fléau qui fait de nombreuses victimes, et qu’elles peuvent créer des liens entre elles.»
Vient ensuite la deuxième étape: «Au cours de celle-ci, nous aidons la femme à chercher des réponses à partir de ses propres ressources et du travail des réseaux.»
France – L’association Mémoire traumatique et victimologie
En mars 2015, l’association Mémoire traumatique et victimologie a réalisé, en France, l’enquête ‘Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte’ afin d’étudier les trajectoires des personnes victimes de violence et leur accès au système de santé. S’inscrivant dans le cadre de la campagne Stop au Déni de l’association, lancée en 2014, l’enquête vise à améliorer l’identification, la protection et la prise en charge des victimes de violences par une meilleure information du public et par la formation des professionnels impliqués. Elle a aussi comme objectif de promouvoir la connaissance et la compréhension des conséquences des violences.
L’enquête a été menée auprès de 1.214 victimes de violences sexuelles âgées de 15 à 72 ans, dont 1.153 femmes et 61 hommes.
Les résultats démontrent clairement une situation d’urgence sanitaire et sociale. Ils mettent une nouvelle fois en lumière le déni et la loi du silence qui règnent presque toujours en maître autour des violences sexuelles, les rendant du coup difficiles à chiffrer.
Autre élément saillant et fort préoccupant qui explique en partie pourquoi ce type de violence est frappé du sceau de l’omerta: les enfants sont les plus touchés par les violences sexuelles. Ainsi, «un récent rapport de l’OMS souligne que 20% des femmes et 5 à 10% des hommes dans le monde disent avoir subi des violences sexuelles pendant leur enfance», rapporte Laure Salmona, coordinatrice de l’enquête.
Quel que soit l’âge des victimes, l’enquête montre que les sphères familiales et amicales constituent le contexte le plus favorable aux violences et le plus grand réservoir d’agresseurs.
Les violences sexuelles font partie des pires traumas, et faute de dépistage systématique, de protection et de soins appropriés dispensés par des professionnels formés, elles auront de lourdes conséquences sur la vie et la santé des victimes. Or, la gravité de ces violences ne paraît pas être suffisamment prise en compte par les proches et les professionnels. Le droit des victimes à bénéficier de soins, d’informations, de protection et de justice leur est régulièrement dénié.
«Le suicide est la conséquence la plus dramatique des violences sexuelles, ceux et celles qui ont mis fin à leurs jours ne sont malheureusement plus là pour en parler», assène le rapport.
42% des répondants disent avoir déjà fait au moins une tentative de suicide, certains en ont fait plus de 10, quelques-uns plus de 20. Ces tentatives de suicide ont parfois eu lieu dans l’enfance. Le risque de tentative de suicide est 7 fois plus élevé chez les répondants que dans la population générale. 1 victime de viol par inceste sur 2 a tenté de se suicider.
Les professionnels de santé sont le premier recours des victimes de violences sexuelles. Ils sont les mieux placés pour mettre fin au cycle des violences et de leurs conséquences en informant, en accompagnant et en soignant les victimes. Les recommandations du rapport visent donc en priorité à mettre les personnes victimes de violences au cœur du système de soins, mais aussi à améliorer leur protection et à prévenir la survenue des violences sexuelles.
Tunisie – Le Centre d’assistance psychologique (CAP)
Inauguré en 2012, le CAP est le seul centre tunisien à prendre en charge des femmes victimes de violences sexuelles dans le cadre de la violence conjugale, ainsi que des enfants victimes de violences diverses. Le CAP fait partie de l’Office national de la famille et de la population en Tunisie (ONFP), lui-même étant sous la tutelle du Ministère de la Santé.
«Si la plupart des femmes victimes de violences sont conscientes de subir des violences physiques et verbales, elles ne perçoivent bien souvent pas la violence sexuelle dont elles sont l’objet, cela malgré le fait de souffrir de troubles liés à cette forme de violence», atteste Insaf Charaf, psychologue clinicienne au CAP, se faisant l’écho de ses consoeurs venues prendre la parole lors du colloque.
Cette non-reconnaissance des violences sexuelles subies s’explique en partie par les normes et les croyances majoritairement répandues en Tunisie: «Le contexte social et culturel, lui-même, ne reconnait pas le viol conjugal et la sexualité forcée car, dans le cadre du mariage, l’homme a le droit de faire ce qu’il veut à sa femme», indique la psychologue. S’ajoute à cela le fait que la violence sexuelle reste un sujet tabou, en Tunisie également.
En outre, «le concept de viol doit être révisé dans la loi tunisienne», souligne Insaf Charaf. «La loi considère en effet que le viol est la pénétration vaginale par le pénis de l’homme. Rien d’autre. Toute autre agression sexuelle est qualifiée d’atteinte à la pudeur et est moins pénalisée que le ‘viol’. Et malgré le fait que le code pénal reconnait la violence conjugale comme un crime depuis 1993, elle reste perçue comme une affaire privée dans laquelle la police refuse d’intervenir.»
Autre difficulté: les femmes sont coincées par des stéréotypes sociaux selon lesquels une femme ne divorce pas, doit vivre avec un homme, et les enfants doivent grandir avec leurs deux parents réunis.
Face à cette réalité, la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales et sexuelles réalisée par le CAP se fait tant sur le plan de la psychothérapie et que sur celui de l’empowerment. L’accompagnement doit être mené de manière à tenir compte de l’évolution psychique de la femme, de son niveau de lucidité par rapport aux violences subies et de la dynamique du couple. «Il est impératif d’évaluer les stratégies de domination du conjoint et également la sécurité de la femme et des enfants», souligne avec insistance Insaf Charaf.
Un accompagnement se fait également sur le plan judiciaire et en matière de réinsertion socio-professionnelle. Autant de démarches qui encouragent les femmes à développer leur prise de conscience, leur esprit critique, à gagner du pouvoir et de l’autonomie.
«Même si le législateur ne reconnait pas la violence sexuelle dans le cadre du mariage, toute femme qui porte plainte et agit pour défendre ses droits peut contribuer à faire revoir le code pénal et signer la loi intégrale de la lutte contre les violences faites aux femmes», affirme Insaf Charaf. «Jusqu’à présent, le législateur refuse de reconnaitre ces violences parce qu’il est soumis à la pression des partis islamistes.»
S’il apparaît à travers ces témoignages que le chemin est encore long pour que les violences sexuelles diminuent de manière significative, les initiatives présentées par les interlocutrices montrent qu’il est réellement possible de changer cette insoutenable réalité à laquelle sont vraisemblablement confrontées beaucoup plus de personnes qu’on ne le croit, parfois à des âges très jeunes. Comme cela a été souligné, une prise de conscience est nécessaire au niveau collectif et individuel. Elle doit être conjuguée à une volonté sincère, et notamment politique, de faire changer les choses. Deux caractéristiques fondamentales de l’engagement féministe. Merci beaucoup, Mesdames!
De janvier 2013 à juin 2014, l’Observatoire de la Santé de la Province de Luxembourg, en collaboration avec le Service de Promotion de la Santé à l’École a réalisé une enquête sur l’audition des jeunes et leurs comportements en matière d’exposition sonore dans le cadre scolaire et des loisirs. Si la thématique des risques auditifs n’est pas nouvelle, elle reste en effet d’actualité: l’écoute de la musique tient une place importante dans les pratiques culturelles des jeunes et les technologies liées à l’écoute de la musique ne cessent d’évoluer.
Le but poursuivi
L’objectif de cette enquête était de récolter des données utiles au développement de projets de prévention des risques auditifs chez les jeunes. Il s’agit de la première enquête de ce type au niveau belge.
La population ciblée
L’enquête a porté sur des élèves de 6e primaire et de 4e secondaire scolarisés en province de Luxembourg. Elle a été réalisée dans le cadre des bilans obligatoires de santé. Au total, 1.155 élèves ont participé: 1.141 ont été inclus dans l’analyse du questionnaire et 820 dans l’analyse du test d’audition. Les échantillons étaient dans les deux cas représentatifs au niveau du sexe, de l’année et de la section d’enseignement.
Les données collectées
L’enquête comportait un test d’audition et un questionnaire. Le test auditif visait à établir le seuil d’audition pour les fréquences 500, 1.000, 2.000, 3.000, 4.000, 6.000 et 8.000 Hz. Le questionnaire interrogeait les élèves sur leur connaissance des effets du bruit sur la santé et des risques pour l’audition, sur leurs antécédents de fatigue auditive (acouphènes, hypoacousie, etc.), sur leurs antécédents sur le plan oto-rhino-laryngologique, sur leurs pratiques et habitudes en matière musicale (concerts, bals et boites de nuit, pratique d’un instrument de musique, lecteur MP3), sur leur pratique de loisirs potentiellement à risque pour l’audition, sur leur exposition dans le cadre scolaire et sur l’adoption de comportements de protection.
Les principaux résultats
La grande majorité des jeunes examinés (96 %) présentaient une audition normale. L’enquête a cependant montré que de nombreux facteurs sont associés à de moins bons résultats audiométriques, à savoir: l’âge (les plus jeunes), le fait d’être une fille, l’ignorance des effets du bruit sur la santé, les antécédents ORL, la répétition de signes de fatigue auditive, l’utilisation d’un lecteur de musique personnel à un volume élevé et le port de protections auditives. Certains de ces résultats concordent avec la littérature (antécédents sur le plan ORL, répétition de signes de traumatismes sonores, utilisation d’un lecteur de musique à un volume élevé), alors que d’autres diffèrent (âge et sexe où l’inverse est habituellement constaté).
Cette enquête nous a également permis de dresser une série de constats interpellants: une majorité de jeunes ignorent les effets du bruit sur la santé; des proportions importantes de jeunes ont déclaré avoir déjà ressenti des signes de fatigue auditive; une faible proportion de jeunes ont consulté un médecin (généraliste ou ORL) lorsqu’ils ont ressenti de tels signes; une part non négligeable de jeunes ont déclaré écouter leur lecteur de musique plus d’une heure par jour et/ou à un volume élevé; une majorité de jeunes ont déclaré ne s’être jamais protégé les oreilles du bruit.
Enfin, cette enquête a également montré que pas mal de jeunes ont des pratiques qui peuvent potentiellement représenter un risque pour leur audition: fréquentation régulière des bals et/ou boites de nuit, pratique d’instruments amplifiés, pratique d’instruments en groupe, utilisation régulière d’un lecteur de musique, pratique de loisirs à risque, exposition au bruit dans le cadre scolaire.
Et maintenant?
Pour diminuer la prévalence des pertes auditives et la prévalence et la fréquence des signes de fatigue auditive, il nous semble pertinent de focaliser les actions de prévention à venir sur les objectifs suivants:
favoriser une gestion sonore de qualité dans les lieux de diffusion des musiques amplifiées (salles de concert, discothèques, bals…);
améliorer la connaissance des effets du bruit sur la santé, en particulier chez les plus jeunes, l’enquête ayant montré que les 6e primaires ont une moins bonne connaissance que les 4e secondaires;
favoriser le recours à un médecin (généraliste ou ORL) en cas d’effets ressentis suite à une surexposition sonore, l’enquête ayant montré que ce réflexe est peu répandu alors qu’il est généralement conseillé de consulter dans les 24 heures;
diminuer la proportion de jeunes écoutant leur lecteur de musique à un volume élevé, l’enquête ayant montré qu’une proportion non négligeable de jeunes écoutent leur lecteur de musique à un volume important;
favoriser l’adoption de comportements de protection, l’enquête ayant montré que plus de la moitié des jeunes ne s’est jamais protégé les oreilles du bruit.
Ces objectifs seront atteints par le développement d’actions visant à améliorer les comportements (actions d’information, de sensibilisation et d’éducation), mais aussi l’environnement dans lesquels évoluent les jeunes (formation des acteurs du milieu festif, gestion sonore limitant les risques, mise à disposition de protections auditives, salles de chill out permettant de faire des pauses, affichage des niveaux sonores, etc.), et la réglementation en la matière. Ces actions seront envisagées en concertation avec les acteurs des secteurs de la santé, de la culture, de la jeunesse et de l’enseignement.
Éducation Santé reviendra prochainement sur un autre aspect de la question, l’aménagement des écoles pour prévenir les pollutions sonores et les difficultés d’apprentissage chez certains élèves.
Ce dernier facteur peut sembler paradoxal. L’hypothèse la plus plausible à nos yeux est la suivante: une part des élèves qui déclarent s’être déjà protégés les oreilles ont peut-être déjà connu des problèmes auditifs (liés à une surexposition sonore ou non). Ils seraient plus conscients des risques et donc plus ‘ouverts’ à la sensibilisation. C’est l’hypothèse formulée dans l’article suivant: Bogoch Isaac I., House Ronald A., and Kudla Irena, Perceptions about hearing protection and noise induced hearing loss of attendees of rock concerts. Canadian Journal of Public Health, 2005. 96(1): p. 69-72).
Nous n’avons cependant pas pu confirmer cette hypothèse: nous avons en effet croisé cette donnée avec l’occurrence à laquelle les élèves ont déclaré avoir déjà ressenti des signes de fatigue auditive, mais l’analyse statistique n’a pas montré de différence significative.
L’autre explication toujours possible est une mauvaise compréhension de la question.
Une journée de défis pour l’ONE et la Promotion de la Santé à l’École
La sixième réforme de l’État et ses conséquences au niveau de la répartition des compétences santé intra-francophones, n’ont (presque) plus de mystère pour les professionnels.Ils n’ignorent pas que la vaccination, les dépistages néonatals, la promotion de la santé buccodentaire et la PSE (Promotion de la Santé à l’École) n’ont pas été transférés aux régions.
Ces matières sont restées sous la tutelle du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles mais sont dorénavant gérées par l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) et non plus par le Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles via sa (défunte) Direction générale de la Santé.
Un nouvel interlocuteur donc pour les professionnels de la PSE, qui a saisi l’occasion, lors d’une première journée de formation organisée le 8 septembre 2016 pour le secteur, de se présenter et de rassurer.
Rien ne change… ou presque
Le rôle de l’Office est, comme l’était celui de la Direction générale de la Santé, de procéder à l’agrément des services PSE, d’en gérer les subventions et d’en assurer l’accompagnement et le contrôle selon les modalités prévues par les décrets en vigueur et leurs arrêtés d’exécution. Il assure de même le secrétariat de la Commission de la Promotion de la Santé à l’École.
Cependant, outre ces aspects administratifs, l’ONE veille également à la formation continuée du secteur et lui fournit un accompagnement, entre autres, au niveau scientifique et de la médecine préventive. Pour ce faire, il continue à collaborer avec les Services communautaires de promotion de la santé (SCPS).
Une nouvelle équipe, issue du personnel transféré de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a été constituée au sein de l’ONE pour former la Direction de la Promotion de la Santé à l’École. Son rôle est de poursuivre les missions liées aux subventionnements, à l’agrément et à la gestion administrative et financière du secteur. Elle trouve sa place dans l’organigramme de l’ONE au sein du Département de l’Accompagnement.
Conjointement à la Direction de la Promotion de la Santé à l’École, la Direction Santé de l’ONE a été renforcée afin d’appuyer le travail des équipes sur le plan médical, scientifique et d’éducation/promotion de la santé.
Un médecin coordinateur, une assistante administrative, une référente éducation pour la santé ainsi que trois médecins conseillers constituent la base de ce pôle; il est complété par des expertises du pôle ‘Recueil de données sanitaires’, du pôle ‘Politique de vaccination’, du pôle ‘Communication-formation-information’ et du secrétariat de la Direction Santé.
Leurs missions consistent, entre autres, à proposer des orientations en matière de santé publique et de promotion de la santé, à collaborer à l’élaboration de lignes directrices et de recommandations de bonnes pratiques fondées sur les preuves, à rendre des avis sur les questions médicales, à organiser des échanges de pratiques entre services et des journées de formation continuée etc.
L’ONE a la volonté de continuer les partenariats existant précédemment et les différentes collaborations avec le secteur, que ce soit la Commission de la Promotion de la Santé à l’École bien sûr, les différents Services Communautaires, Provac ou la Fondation pour la santé dentaire par exemple.
Le premier défi que l’ONE a dû relever et qui est, il l’espère, sur le point d’aboutir, est de toiletter les textes législatifs afin d’adapter l’existant au nouveau contexte dans lequel la promotion de la santé à l’école s’inscrit maintenant. Le texte du projet de nouveau décret réalisé par l’ONE, en concertation avec la Commission de la Promotion de la Santé à l’École, se trouve actuellement sur la table de la nouvelle ministre en charge de l’Enfance, Alda Greoli.
Et qu’en pensent les représentants du secteur?
La Promotion de la Santé à l’École ne fut pas en reste pour présenter ses inquiétudes et ses espérances.
Car si apprendre à se connaître demandera sans doute un peu de temps, le secteur de la Promotion de la Santé à l’École et l’Office partent avec l’avantage, selon Fabienne Henry, présidente de la Commission PSE, de partager des valeurs communes. Elles se traduisent par le souci de veiller à la santé des jeunes et des enfants, le souci de les aider à promouvoir leur capital santé et le souci, autant que faire se peut, de réduire les inégalités sociales de santé. Ayant évolué dans la même direction en passant d’un modèle biomédical à une conception holistique de la santé des enfants et des jeunes, et portant une attention aux déterminants sociaux de celle-ci, il est possible pour les deux partenaires de construire ensemble autour de ces valeurs communes.
Néanmoins, selon Fabienne Henry des défis s’annoncent: assurer plus d’homogénéité organisationnelle dans le secteur (tous les services et les centres doivent assurer les mêmes missions), trouver des solutions au problème récurrent de pénurie de médecins et d’infirmiers au sein des services PSE, réaliser une évaluation objective pour rendre compte de la diversité des modalités et de l’intensité de la réalisation des missions pour construire et essayer d’améliorer la situation sur le terrain.
Autre défi important, l’actualisation du décret et de ses arrêtés d’application. Plusieurs points doivent être revus: le cadre légal de la visite d’école, l’harmonisation des pratiques (notamment des pratiques vaccinales)…
Enfin, il serait nécessaire de repenser le recueil standardisé des données sanitaires (qui doit s’inscrire dans l’ensemble des systèmes de récolte de données existants), de se donner les moyens d’assurer la continuité du service et de ses qualités de prestation, de remettre au sein des services une direction médicale spécifiquement rémunérée comme référent médical permanent, et de réaliser une analyse des besoins de formations de base et continuée.
La population scolaire change, la Promotion de la Santé à l’École doit toujours s’adapter, réfléchir à de nouvelles stratégies!
Se revoir
Cette première journée de formation, organisée en partenariat avec le Service Communautaire Question Santé, avait le triple objectif de rencontrer le secteur, de mieux se connaître et d’aller plus loin sur des thématiques pouvant être utiles aux professionnels.
Pour ce faire, plusieurs intervenants sont venus faire le point sur leur recherche: l’APES-ULg a présenté quelques résultats de ses travaux sur les projets de service; le Professeur Szmalec a abordé les caractéristiques des cerveaux bilingues; le Dr Sonck est venu exposer la recherche action réalisée par l’ONE sur le soutien au développement du langage, tandis que le professeur Maillart faisait état de l’avancement de ses recherches sur les freins et les soutiens à l’acquisition du langage chez les enfants fréquentant l’enseignement maternel…
Enfin les médecins inspecteurs d’hygiène des deux régions sont venus faire le point sur les modalités de coopération pour les Services PSE depuis la régionalisation de la surveillance des maladies infectieuses.
In fine, la journée, riche en rencontres et en échanges, a permis à chacun d’exprimer ses questionnements mais également ses éventuelles inquiétudes suscitées naturellement par le changement. Chacun a pu retourner chez lui avec à tout le moins l’assurance que l’intégration de la promotion de la santé à l’école dans les missions de l’ONE est au fond un gage d’approfondissement de la cohérence du continuum du suivi des enfants, des consultations prénatales à l’école.
Si la nouveauté peut générer des angoisses, la volonté de l’Office est de continuer à offrir un support quotidien au secteur, pas seulement au niveau administratif mais également par un accompagnement de qualité tout en tenant compte de ce qui existe déjà et des partenaires présents. De telles journées sont amenées à se réaliser régulièrement. Elles souhaitent répondre aux attentes de formation continuée du secteur et prendront en compte besoins et suggestions.
L’aventure débute le 5 décembre 2009. À cette date l’asbl Promo Santé et Médecine Générale (PSMG) organise un colloque ayant pour thème ‘Médecine générale, situations de précarité et interdisciplinarité’.
De cet événement qui rassemble un peu plus de 70 personnes, parmi lesquelles 51 médecins généralistes, ressortent les constats suivants:
les médecins, par manque de connaissances, et travaillant peu en réseau, font rarement appel aux acteurs sociaux;
individuellement, ils sont confrontés à des situations complexes rencontrées notamment au sein des familles précarisées où l’état de santé des personnes est, de manière évidente, influencée par un ensemble de facteurs ne relevant pas exclusivement de la médecine.
Pour pouvoir répondre à ces situations, les médecins généralistes ont donc besoin de collaborer avec les acteurs sociaux locaux présents sur le territoire. Mais qui sont-ils, où sont-ils et comment les contacter ?
Sur base de ces constats, cinq médecins ont souhaité prendre l’initiative d’organiser une rencontre de professionnels s’intéressant à la santé des personnes en situation de précarité dans sept communes de la Région du Centre dans le Hainaut.
Pour les aider dans cette démarche, ils font appel à l’asbl PSMG qui, de son côté, y voit une opportunité de développer un projet pilote au niveau local. Pour l’accompagner dans ce projet, l’asbl, financée par la Communauté française de Belgique et plus tard par la Région wallonne et la Cocof, se tourne vers différentes associations.
D’une part, une collaboration se met en place avec l’Institut Cardijn, afin de ne pas s’enfermer dans le seul point de vue du médecin généraliste et pour garantir une prise en compte du secteur social et, d’autre part, un partenariat se développe avec les CLPS de Mons-Soignies et de Charleroi-Thuin, apportant une aide méthodologique et une connaissance spécifique du tissu associatif local.
Constitution du groupe de travail
Le projet se concentre sur deux entités, La Louvière et Manage, car les médecins porteurs du projet sont majoritairement issus de ces deux communes.
Tout d’abord les acteurs locaux de ce territoire pouvant constituer le groupe de travail chargé de co-construire le projet sont identifiés et il est décidé de prendre contact avec les organisations suivantes:
des institutions actives sur le terrain: les CPAS des deux communes, les Plans de cohésion sociale, le Relais Santé de La Louvière, le projet communal Objectif Santé de Manage, les services sociaux des deux hôpitaux de la région (Jolimont et Tivoli);
des institutions de deuxième ligne: La Louvière Ville Santé, l’Observatoire de la Santé du Hainaut.
La plupart de ces institutions répondront présentes et le Réseau Local Multidisciplinaire du Centre viendra rejoindre rapidement ce groupe de travail. Cet acteur étant reconnu par les médecins généralistes, il allait être un atout sur le terrain de la communication avec ces derniers.
Enfin, pour s’assurer de leur soutien et de la participation des institutions dont ils sont responsables (CPAS, Relais Santé Louviérois, La Louvière Ville Santé, Plans de Cohésion sociale de Manage et de La Louvière), une lettre officielle est envoyée aux bourgmestres et échevins de la santé, co-signée par les médecins généralistes participant au groupe.
Apprendre à se connaître et définir les actions à mener
Les deux premières réunions donnent l’opportunité aux médecins généralistes et aux acteurs sociaux d’échanger, d’entendre les avis des uns et des autres sur la manière dont ils voient leur rôle social et de comprendre ce que l’un attend de l’autre.
Partant de cas concrets, les constats se confirment: il y une méconnaissance de ce qui existe au niveau social mais également une mauvaise, voire une absence de communication entre les deux secteurs. Le problème est donc bien réel. Le groupe se définit comme objectif de créer et/ou d’améliorer la collaboration entre médecins généralistes et acteurs sociaux.
Une première piste d’action émerge alors de ce constat partagé: éditer un vade-mecum à destination des médecins généralistes comme préalable à une rencontre entre les acteurs sociaux et les médecins généralistes de la région. Ce vade-mecum se voudrait non exhaustif et se présenterait plutôt comme un recueil des associations/institutions clefs pouvant éventuellement orienter le public vers d’autres relais s’ils ne sont pas les plus aptes à pouvoir répondre à la demande.
La réalisation de ce travail a pris un peu moins d’un an, pour identifier les institutions à référencer, définir la forme et la structure du vade-mecum, sélectionner les données qui seront publiées, etc.
Ce travail effectué, la deuxième étape a été d’organiser un événement pour présenter le vade-mecum et pour réunir un maximum d’acteurs locaux. Cette soirée a eu lieu en octobre 2011 et a permis à 22 médecins généralistes et 39 acteurs sociaux de se rencontrer.
La soirée s’est construite autour de trois temps forts:
présentation en plénière du vade-mecum, de son contenu et de ses objectifs;
organisation de moments de rencontre pour permettre aux médecins généralistes et aux acteurs sociaux d’échanger sur leur vision de l’action à mener en direction de personnes en situation de précarité. Ces moments de rencontre ont été organisés en petits groupes, sous la forme de ‘speed dating’ structurés autour de stands thématiques: aide sociale générale, aide aux étrangers, assuétudes, aide à l’enfance et à la jeunesse, aide aux familles et aux seniors, handicaps, maltraitance, sans-abrisme, santé mentale et surendettement. Cette formule a permis, en un minimum de temps, de générer des discussions entre un maximum de personnes;
retour en plénière pour un échange d’avis sur le vade-mecum et son utilisation potentielle, ainsi que sur les perspectives de projets communs. De nombreuses idées ont été émises et il appartient au groupe de partenaires d’en étudier la pertinence et la faisabilité. En voici quelques exemples: un référent, une personne ou un numéro unique qui pourrait renseigner tous les services; un site interactif; l’animation de Glems et Dodécagroupes; la concertation entre travailleurs sociaux et médecins généralistes; l’évaluation du vade-mecum.
Suite à cette rencontre et aux perspectives évoquées, la troisième étape portée par les partenaires a été d’organiser des rencontres entre acteurs sociaux et médecins généralistes au sein des Glems locaux. Ces réunions ont eu pour objet de continuer à diffuser le vade-mecum, notamment auprès de médecins qui n’étaient pas présents lors de la rencontre d’octobre 2011, mais également de poursuivre les relations entre ces deux types d’acteurs.
La méthode a été de partir d’analyses de cas concrets pour montrer l’intérêt de l’usage du vade-mecum, mais surtout de continuer de créer et/ou renforcer les liens entre médecins généralistes et acteurs sociaux. Le bilan de ces soirées est très positif. La rencontre entre les deux mondes s’étend pour dépasser l’existence du groupe de travail. Les acteurs sociaux découvrent des médecins généralistes plus accessibles qu’il n’y paraît tandis que ces derniers engrangent des informations qui leur seront directement utiles dans leurs pratiques.
Le temps des bilans
Une première évaluation est réalisée 18 mois après la soirée et concerne la pénétration et l’utilisation effective du vade-mecum par les médecins généralistes. Elle s’effectue dans deux groupes de médecins (sur 27 médecins, 26 le connaissent, et 21 le possèdent). Parmi ceux-ci, 8 l’ont utilisé plus d’une fois et 7 d’entre eux ont trouvé un interlocuteur adéquat. Les médecins qui ne l’ont pas utilisé ont leurs propres réseaux, ou n’en ont pas eu besoin, ou n’y ont pas pensé, ou ne savaient plus où il était…
Nous avons retenu de ces résultats que le vade-mecum était parfaitement connu et qu’il était utile à ceux qui en avaient besoin. À chaque rencontre avec des groupes de médecins généralistes, nous continuons de le distribuer. Le stock de brochures est épuisé mais le vade-mecum reste accessible sur le site du Réseau Local Multidisciplinaire.
Après la réalisation, la diffusion et l’évaluation du vade-mecum, le groupe n’avait plus d’objectif précis de travail et il a souhaité évaluer l’ensemble de la dynamique partenariale. Un processus d’auto-évaluation est mis en place en 2013 (via un questionnaire individuel et puis discussion sur les données recueillies). Les résultats de l’évaluation sont sans équivoque. Les membres du groupe veulent poursuivre la collaboration, sous certaines conditions:
travailler à des réalisations concrètes;
mettre à jour le vade-mecum;
continuer d’informer et de mobiliser les acteurs sociaux et les médecins généralistes en veillant à ne pas trop solliciter ces derniers.
Sur base de cette évaluation, le groupe décide de mettre en chantier la réalisation d’un carnet de communication entre intervenants sociaux et médecins généralistes, au bénéfice du bien-être du patient et de la qualité des interventions qui le concernent.
Quatre étapes sont identifiées pour la construction de ce projet:
organisation d’une récolte des besoins des professionnels: médecins généralistes, acteurs sociaux, aides familiales et acteurs exerçant en milieu hospitalier;
identification des outils déjà existants. Pour ce travail, le coordinateur du Service intégré de soins à domicile (SISD) de la région du Centre et Soignes rejoint le groupe;
élaboration de l’outil;
phase de test.
Suite à un premier constat de l’existence de nombreux supports de communication utilisés avec plus ou moins de réussite, de manière plus ou moins pluridisciplinaire, il est décidé de réaliser un outil de communication simple intégrant les messages de tous les intervenants à domicile: médecins, paramédicaux, aides-à-domicile ainsi que l’entourage du patient. Cet outil n’avait pas la prétention de remplacer les différents outils existants. Il a été testé sur une période de 3 mois par 80 aides familiales et 10 infirmières d’un Centre d’Aide à Domicile auprès de 500 patients. Les travailleurs du CSD et non les autres intervenants au domicile remplissent le document qui reste cependant peu utilisé. L’évaluation du pré-test indique que le questionnaire est vécu comme un rajout, comme un outil de contrôle. Les travailleurs n’en perçoivent pas l’intérêt et ont des difficultés à sortir de leurs habitudes. Quant aux infirmières elles déclarent ne pas avoir le temps. Face à cette sous-utilisation il est décidé d’abandonner l’outil.
Notre souhait d’élargir l’utilisation d’un tel outil de communication à d’autres acteurs que ceux du monde médical et paramédical (le patient et son entourage proche) amenait par ailleurs régulièrement des freins sur la question du secret professionnel.
Face à la diminution importante du nombre de médecins généralistes présents au sein du réseau, les partenaires sont allés à leur rencontre pour mieux cerner leurs attentes et besoins. Une réunion a eu lieu avec le Dodécagroupe de Manage en janvier 2016. Si les médecins généralistes avaient différentes demandes en termes de communication, entre autres, vis-à-vis des CPAS ou des hôpitaux, ils n’étaient pas prêts à s’engager dans un nouveau projet. Une demande a également été faite pour une rencontre avec le Dodécagroupe de La Louvière mais le responsable a décliné la proposition, car aujourd’hui la priorité est mise sur l’e-health.
Le réseau s’est réuni une dernière fois en mars 2016, pour prendre une décision sur son avenir. Il a été constaté que l’objectif initial de créer et/ou d’améliorer la collaboration entre médecins généralistes et acteurs sociaux reste d’actualité. Cependant, sans la présence d’un minimum de médecins, il est difficile de mettre en place des projets spécifiques. Sur les quatre généralistes qui ont été actifs dans le réseau, l’un est décédé et deux autres ont pris leur pension et avec la pénurie de médecins généralistes dans la région, il est difficile de trouver de nouvelles recrues.
Les partenaires ont donc pris la décision de mettre fin au réseau, en s’organisant toutefois pour réaliser une mise à jour du vade-mecum et en se promettant de réactiver le groupe au besoin.
Deux mois après les attentats de Bruxelles, le 23 mai 2016, la Croix-Rouge de Belgique présentait, en collaboration avec les Pompiers de Bruxelles et avec le soutien de la secrétaire d’État à l’Aide médicale urgente Cécile Jodogne, une toute nouvelle formation ‘Réagir face à l’urgence’.
Il s’agissait d’une première en Belgique: une formation courte de deux heures, entièrement gratuite et ouverte à tous, destinée à apprendre aux citoyens à augmenter leurs chances de survie et à réagir au mieux grâce aux gestes-réflexes adéquats en cas d’attentat, d’attaque ou de toute autre catastrophe, avant l’arrivée des secours.
La formation a été donnée durant six week-ends consécutifs dans différentes communes de Bruxelles. Le bilan est très positif puisque près de 2.000 personnes ont été formées durant ces 12 jours.
Ce qu’en pensent les participants :
86 ,9% des participants ont estimé que la formation était pertinente;
63,6% estiment être capables de se maîtriser lors d’une situation d’exception après avoir suivi la formation;
70,4% des sondés envisagent de suivre une formation en premiers secours de type BEPS (Brevet européen de premiers secours) pour compléter leur apprentissage.
Des personnes de tout âge (de 16 à 88 ans) ont été formées, avec une importante proportion de jeunes de 20-29 ans, comme Fiona, étudiante dans le domaine paramédical. «J’ai adoré cette formation que j’ai suivie avec mon copain à Molenbeek. Ce fut une expérience très enrichissante! J’ai beaucoup appris en peu de temps: comment réagir face à un saignement abondant, une brûlure ou une blessure par balle… Je compte d’ailleurs continuer à me former, passer mon BEPS et pourquoi pas le secourisme par après?»
Une initiative à poursuivre
«Ces résultats sont encourageants», estime la secrétaire d’État Cécile Jodogne. «Compte tenu du succès de la formation, nous comptons dégager du budget pour organiser des séances supplémentaires au mois d’octobre et/ou de novembre 2016», ajoute-t-elle.
Par ailleurs, un groupe de travail composé de représentants de la Croix-Rouge de Belgique et du Service d’Incendie et d’Aide médicale urgente de la Région bruxelloise sera mis en place dès ce mois de septembre 2016 afin d’envisager une formule pour pérenniser ces formations en 2017.
«Pour le futur, ce qui est en jeu, c’est de rendre la formation aux premiers secours obligatoire en Belgique en l’intégrant, par exemple, au parcours scolaire» souligne, Sébastien Roy, Directeur des Formations à la Croix-Rouge. C’est une position partagée par la Secrétaire d’État.
Une convention ‘Alimentation équilibrée’ a donc été signée par la FEVIA (Fédération de l’industrie alimentaire belge), COMEOS, (Fédération pour le commerce et les services), et la Ministre de la Santé publique, Maggie De Block. L’industrie et la grande distribution s’engagent ainsi à diminuer l’apport calorique des produits transformés de 5%. Positif cet engagement? Certainement oui, mais pour Solidaris il devrait aller bien plus loin!
Il faut saluer la volonté de proposer ce plan concret qui ambitionne de diminuer de 5% l’apport calorique en ciblant les graisses et les sucres dans les produits alimentaires transformés. La politique des petits pas ça permet d’avancer, sans doute, mais pas assez vite et pas assez loin.
Il ne faut pas rêver, cela ne permettra pas d’enrayer l’épidémie européenne d’obésité prévue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2030. Chez nous, le taux d’obésité n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies passant de 11% à 14% entre 1997 et 2008. Selon l’OMS, ce taux passera à 20% en 2030. Le constat est également inquiétant en ce qui concerne la progression du diabète de type 2.
Et la volonté affichée d’informer et de sensibiliser le consommateur ne permettra pas de contrebalancer ce manque d’ambition. C’est bien l’offre qui détermine l’enveloppe des choix possibles. Il convient donc de la modifier en profondeur, d’aller plus loin.
Ce genre d’initiatives devrait être plus ambitieux et éviter de n’être qu’un écran de fumée. Mieux encore, ce type d’engagement doit s’inscrire dans une réelle politique intégrée et cohérente de l’alimentation, ce qui n’est pas encore le cas.
Un engagement qui doit lui-même gagner en cohérence
Même accompagnée d’information et de sensibilisation, cette convention risque bien de voir son efficacité compromise par un manque de cohérence de la part du secteur.
Prenons par exemple la nécessaire amélioration de l’étiquetage qui ne suscite pas autant de ‘bonne volonté’. En effet, sous prétexte de responsabiliser les consommateurs, le secteur alimentaire a choisi le système d’étiquetage des repères nutritionnels journaliers (RNJ). Or une récente étude de l’INRA a testé différents logos et démontré que tous permettaient d’améliorer la composition nutritionnelle du panier alimentaire, tous sauf précisément les repères nutritionnels journaliers. Dommage!
Le consommateur décide au final, certes, mais on peut l’y aider à l’aide d’un étiquetage plus clair et en évitant de le matraquer de publicités le poussant à manger toujours plus gras, sucré et salé. Même si certains efforts sont entrepris comme pour la publicité envers les enfants, les pratiques commerciales doivent être régulées de manière à ce qu’elles n’annihilent plus les campagnes de santé publique.
Une politique alimentaire elle-même cohérente
Reformulation des produits, campagne d’information, sensibilisation, étiquetage, régulation de la publicité, amélioration de l’offre alimentaire dans les écoles… Il est clair que les nombreuses actions à entreprendre dans ces domaines doivent être intégrées dans une politique belge et européenne cohérente de l’alimentation.
En la matière, du chemin reste à parcourir comme en témoigne l’étonnante taxe soda entrée en vigueur le 1er janvier 2016.
La taxe nutritionnelle présentée par le gouvernement comme une taxe ‘santé’ n’en a en réalité que le nom. En effet, au regard de son homologue britannique récemment mise en place, ainsi que d’autres initiatives européennes, on peut douter de l’efficacité de notre taxe et de son prétendu objectif de santé. Les recettes générées ne sont pas réutilisées pour stimuler les modes de vie sains, la faiblesse de l’augmentation du prix des boissons sucrées (0,03 euro par litre de soda contre 0,23 à 0,31 euro pour l’initiative britannique) risque de n’avoir aucun impact sur la consommation de ces dernières et enfin, elle s’applique également aux boissons ‘light’ et ‘zéro’, n’incitant donc pas les consommateurs à substituer les boissons sucrées par les boissons allégées. Pour l’ambition et la cohérence, on repassera donc.
Une telle taxe nutritionnelle doit être pensée dans le but de lutter réellement contre l’obésité. L’augmentation de prix doit être perceptible et les recettes générées doivent servir à financer des actions de prévention ou encore permettre d’alléger la fiscalité sur les fruits et légumes par ailleurs insuffisamment consommés par les belges.
Rappelons enfin que la consommation alimentaire est un domaine fortement marqué par les inégalités sociales. Les catégories socio-économiques défavorisées se tournent bien plus vers les produits transformés plus gras, plus sucrés et plus salés notamment parce qu’ils sont moins chers ! Une politique responsable doit donc tenir compte de ces inégalités et c’est tout le système alimentaire à bas prix qui doit être repensé.
Le monde politique et le secteur alimentaire peuvent donc mieux faire en termes d’ambition et de cohérence.
Au mois de mars dernier, suite aux attentats terroristes à Zaventem et Bruxelles, nous avons dû annuler la journée consacrée à l’éducation par les pairs à laquelle nous avions invité Éric Le Grand, un spécialiste de la question.
Il a immédiatement tenu à nous faire savoir que ce n’était que partie remise et qu’il souhaitait venir à Bruxelles avant la fin de l’année.
Ce sera chose faite le 1er décembre 2016 avec un programme identique, seule la date ayant changé.
Un atelier d’échange de pratiques le matin
En première partie de journée (10h-12h30), Question Santé vous proposera un atelier sur la place de l’approche par les pairs pour promouvoir la santé des jeunes.
Celle-ci se trouve au croisement de l’éducation permanente, de la promotion de la santé et des finalités visées par les organisations de jeunesse. Ces trois domaines d’activités partagent-ils la même vision de l’approche par les pairs? Quels sont ses enjeux? En quoi ces questions interrogent-elles nos pratiques?
Notre invité Éric Le Grand nous proposera un regard en miroir de son expérience en France et de sa réflexion.
Les personnes qui s’étaient inscrites en début d’année ont été recontactées en septembre; il est possible qu’il reste encore quelques places. Renseignez-vous!
Inscription gratuite et indispensable à: info@questionsante.org, avant le 1er novembre 2016.
Nombre de participants limité à 25.
En préparation à cet atelier, une grille d’analyse à compléter sera proposée aux participants.
Une conférence l’après-midi
L’après-midi (14h–16h, accueil à partir de 13h30), Éric Le Grand nous fera le plaisir de nous entretenir de ‘L’éducation pour la santé par les pairs: un enjeu pour la participation des jeunes!’
Aujourd’hui en France, l’éducation pour la santé par les pairs est souvent citée tant par les pouvoirs publics que par les jeunes eux-mêmes, comme une stratégie de prévention nécessaire pour promouvoir efficacement la santé. Malgré cette volonté affichée et de nombreux projets expérimentaux, son développement reste encore à ce jour assez faible.
Après en avoir donné une définition, notre conférencier s’intéressera aux enjeux liés à l’éducation pour la santé par les pairs. En effet, son développement repose la question de la participation des jeunes et de leur reconnaissance en tant qu’acteurs et auteurs de leur santé, du positionnement des professionnels quant à l’accompagnement de programmes de ‘peer-education’ et des politiques publiques, dans leur volonté ou non de considérer le jeune comme une ressource pour la société et non comme un risque.
Les personnes qui s’étaient inscrites en début d’année ont été recontactées en septembre. Il reste encore quelques places.
Inscription gratuite et indispensable à: info@questionsante.org, avant le 1er novembre 2016.
Nombre de participants limité à 60.
Veuillez noter qu’il est possible de s’inscrire aux deux activités ou à seulement une des deux parties de la journée. Merci de le spécifier à l’inscription.
Détails pratiques
Date: jeudi 1er décembre 2016.
Lieu: FARES, rue de la Concorde 56, 1050 Bruxelles.
Matin – séminaire animé par Question Santé de 10 à 12h30.
Après-midi – conférence d’Éric Le Grand de 14 à 16h.
La ministre de la Santé publique, Maggie De Block, a signé le 13 juin 2016 une Convention Alimentation Équilibrée avec FEVIA, la Fédération de l’industrie alimentaire belge et COMEOS, la Fédération pour le commerce et les services.
Les entreprises alimentaires, les détaillants, les chaînes de restaurants, les services de cuisines collectives et les autorités visent, avec cette convention, une diminution de 5% de l’apport calorique en réduisant, par exemple, la teneur en sucres et/ou en graisses.
En outre, ils veulent aussi optimiser la composition des aliments quand c’est possible en ajoutant par exemple plus de fibres ou en réduisant les graisses saturées. Un engagement complémentaire sera examiné l’année prochaine.Au niveau européen, la Belgique est précurseur en proposant un plan concret et bénéficiant d’un large soutien pour aider les consommateurs à adopter des habitudes alimentaires plus saines et équilibrées.
Contribuer à une approche plus globale de la santé
FEVIA, COMEOS et les différents secteurs concernés ont mis au point, en concertation avec le SPF Santé publique, un plan d’approche par catégorie de produit. L’objectif global est de contribuer entre 2012 et 2016/2017 à une réduction de 5% de l’apport calorique et/ou d’améliorer la composition des produits là où c’est possible. Une infographie (voir ci-dessous) illustre l’approche concrète par catégorie de produit, tant pour les marques de distributeurs que pour les marques propres.
La convention prévoit l’année prochaine une première évaluation de l’impact des engagements au cours des cinq dernières années. En fonction des résultats, FEVIA et COMEOS prendront des engagements supplémentaires pour la période allant jusqu’à 2020.
La Ministre De Block: «Tout le monde doit prendre ses responsabilités quand il s’agit d’alimentation saine et équilibrée: chaque citoyen, mais aussi le gouvernement et l’industrie. Je tiens à remercier l’industrie alimentaire belge pour son engagement. Cette Convention est une étape importante de notre plan d’action global que nous développons avec les États membres. Un certain nombre de mesures de notre Plan global Nutrition sont déjà bien établies, telles que les équipes nutritionnelles au sein des hôpitaux ou les Hôpitaux Amis des bébés. Les autres pièces du puzzle sont en cours d’élaboration afin que nous arrivions à un bon ensemble de mesures qui permettront à notre population de manger plus sainement et plus équilibré.»
Dialoguer apporte des résultats
La diminution de la prise de calories est possible en adaptant la composition des produits afin qu’ils contiennent moins de sucres et/ou de graisses, mais également en proposant de plus petites portions et en améliorant la communication vers le consommateur.
La FEVIA a souligné que cet engagement peut faire la différence pour les consommateurs. «Les entreprises alimentaires belges misent sur la qualité, la diversité et l’innovation. Deux entreprises alimentaires sur trois en Belgique ont modifié l’an dernier la composition d’au moins un de leurs produits. Grâce à l’innovation, le consommateur a plus de choix et peut plus facilement choisir une alimentation plus équilibrée. Nous devons également veiller à maintenir la qualité et le goût que les consommateurs attendent des aliments belges», explique Jean Eylenbosch, président de la FEVIA.
Pour Chris Moris, directeur général de la FEVIA, «Le dialogue et la collaboration entre les autorités et l’industrie alimentaire sont la clé du succès, surtout dans un petit pays comme la Belgique: avec la convention sur le sel (2008-2013), nous avons parfaitement réussi: la consommation de sel a diminué de plus de 10%. Le défi de réduire l’apport énergétique est probablement encore plus grand. Mais soyons clairs, avec cet engagement nous continuons à prendre nos responsabilités pour aider les consommateurs à tendre vers un mode de vie sain et équilibré.»
Le consommateur décide
La Convention Alimentation Équilibrée fait partie des efforts des autorités et de l’industrie alimentaire pour aider le consommateur à choisir pour une alimentation saine. Cependant, cet engagement n’est pas une solution miracle: le choix final appartient au consommateur.
«Les détaillants jouent un double rôle: ils vendent les produits des autres et en plus ils produisent plus d’un tiers des produits présents dans leurs magasins. Avec cette convention, les détaillants, les chaînes de restaurants et les services de cuisines collectives prennent aussi leurs responsabilités», a déclaré Dominique Michel, CEO de COMEOS. «L’information et la sensibilisation sont également cruciales: nous sommes conscients que nous ne pourrons pas résoudre le problème de l’obésité uniquement en ajustant la composition des produits. Un mode de vie sain est une combinaison de facteurs, notamment une alimentation équilibrée et suffisamment d’exercice physique. Nous nous engageons à y contribuer avec les partenaires, mais rappelons que le consommateur joue également un rôle important.»
La question du harcèlement interpelle de plus en plus les acteurs du milieu scolaire. «Nous avons constaté une augmentation des demandes relatives à cette problématique, notamment via notre centre de documentation, avec des organismes qui faisaient remonter des questionnements de la première ligne», explique Émilie Scenna, responsable du Point d’appui assuétudes du Centre liégeois de promotion de la santé (CLPS).
Est-ce à dire que les situations de harcèlement sont plus fréquentes qu’auparavant, encore aggravées par les réseaux sociaux qui ont supprimé la frontière efficiente entre l’école et la maison ?
Difficile de le mesurer selon les spécialistes. Mais une chose est certaine: la sensibilité des professionnels tout comme celle des parents a rendu inacceptables ces situations psychologiquement violentes et parfois fatales comme en témoignent les cas largement médiatisés de suicides, liés de manière plus ou moins directe au harcèlement. Afin de répondre à la demande d’outils et de moyens des professionnels, le CLPS travaille donc depuis 2013 sur cette thématique, une réflexion entamée lors d’une journée de conférence par le psychopédagogue et chercheur à l’Université de Mons, Bruno Humbeeck.
Une affaire collective
Première donnée: le harcèlement ne suppose jamais le strict face à face de deux individus – un dominant et un dominé – mais relève d’une rencontre à l’intérieur d’un groupe. Le harceleur et sa ‘cour’ installent la domination tandis que les ‘spectateurs’ ont pour fonction d’authentifier ce rapport. L’ensemble de la classe est partie prenante de ce phénomène systémique, qui doit donc être pris en charge non par le seul enseignant ou les seuls parents mais aussi par les acteurs institutionnels.
Au sein de cette relation triangulaire ‘victime-agresseur-spectateur’, il faut aussi rappeler que le rejet est d’abord celui de la différence, qu’elle soit physique, sociale, psychologique (personnalité timide, effacée), relative à l’identité sexuelle supposée, à certains centres d’intérêt ou encore à un handicap.
«Aucun milieu n’est épargné. À partir du moment où on s’éloigne de la norme, on est à risque de harcèlement», rappelle Émilie Scenna. Les harceleurs sont pour leur part guidés par un désir de ‘surpuissance’. Face à ces intimidations, le harcelé n’a souvent, selon Bruno Humbeeck, que deux alternatives: soit faire le ‘hérisson’ – c’est-à-dire se battre physiquement en l’absence d’une fluidité verbale ou d’un charisme égal à celui de son agresseur –, soit faire le ‘paillasson’ – c’est-à-dire «s’écraser, baisser les yeux, froncer les sourcils et tirer la tête».
Si l’on reste dans cette situation duelle, c’est le harcelé qui prend paradoxalement le risque d’être sanctionné par l’enseignant lorsque la situation de harcèlement n’est pas clairement identifiée comme telle. À l’inverse, si l’enseignant prend le parti de défendre la victime, il peut l’exposer à de nouveaux motifs de pression: le harceleur ne manquera pas de la qualifier de ‘cafteur’, tare qui viendra s’ajouter aux motifs de moquerie initiaux. Pour prévenir ce type de dérive, le chercheur propose deux volets d’action concrète: la régulation de la cour de récréation et la régulation des espaces de parole.
Réguler l’espace et la parole
«Quand on travaille sur un espace à réguler, on diminue de 60% la probabilité d’avoir des comportements violents dans cet espace», affirme Bruno Humbeeck. Contrairement aux représentations habituelles, la cour de récré serait loin d’appartenir à tout le monde. Selon le chercheur, seuls 8% des enfants y ‘courent’ effectivement: ceux qui, en général, jouent au foot, avec ce que cela suppose de bousculade et de frayeur dans le chef des autres enfants.
Dans les écoles primaires dont il accompagne le projet, Bruno Humbeeck a donc instauré un dispositif en trois zones distinctes, régulées et identifiées par une couleur. L’espace vert est celui où l’enfant peut courir avec un ballon. L’espace bleu est celui où il peut courir sans ballon et qui accueille des jeux comme la marelle. L’espace jaune est celui où il est interdit de courir: on y trouve des bancs (de préférence circulaires pour favoriser la convivialité) où les enfants peuvent discuter sans crainte d’être heurtés et sans peur de gêner.
«Penser qu’à la recréation, les enfants se défoulent, c’est une idée d’adulte. En réalité, ils s’y ressourcent», affirme Bruno Humbeeck. Les surveillants – munis de cartes jaunes, de cartes rouges et d’un sifflet – veillent au respect de ces règles. Si une dispute survient, ils envoient les enfants impliqués sur des ‘bancs de réflexion’ où ils doivent réfléchir à ce qui s’est passé afin d’en parler dans un deuxième temps. Valable pour l’école primaire, cette structuration de l’espace récréatif est appelée à prendre d’autres formes en secondaire, notamment à travers la gestion des rangs.
Deuxième chapitre: la régulation des espaces de parole. Lorsqu’un élève est harcelé, sa difficulté principale est d’identifier l’interlocuteur adéquat.
C’est d’autant plus vrai en secondaire quand les professeurs se multiplient et que les parents ne sont plus perçus comme tout-puissants. C’est pourquoi, selon Bruno Humbeeck, il est nécessaire de mettre en place des espaces clairement identifiés et identifiables, où l’élève se sait protégé par l’adulte.
Ces espaces de médiation doivent faire intervenir deux formes d’intelligences généralement peu exploitées: l’intelligence émotionnelle et l’intelligence collective. L’intelligence émotionnelle consiste à pouvoir mettre un mot sur une émotion et à exprimer celle-ci d’une manière socialement acceptable. On oublie en effet souvent que l’enfant, dans une tentative d’épargner ses parents, ne s’autorise souvent que l’expression d’une seule émotion: la joie. Exit la tristesse et la colère. «Les enfants vont très peu explorer ces émotions. Et c’est plus fort encore dans les milieux privilégiés où l’on constate un grand déficit d’intelligence émotionnelle», pointe Bruno Humbeeck.
Plusieurs règles garantissent l’efficacité de cet espace: d’abord, il doit être contrôlé par un adulte qui garantit la possibilité d’exprimer l’émotion ressentie; ensuite il faut éviter d’y nommer et d’y accuser; il faut aussi y prévenir ‘l’effet farandole’ qui consiste à vouloir impliquer tout enfant qui resterait à l’écart alors qu’il n’en a peut-être tout simplement pas envie, au risque de créer un problème là où il n’y en a pas; enfin il faut faire émerger chez les enfants cinq émotions simplifiées – la joie, la tristesse, la colère, la peur et le dégoût – par exemple à l’aide d’émoticônes, afin de ne pas donner l’avantage à ceux qui sont capables d’exprimer les nuances plus subtiles de ces émotions.
Par ailleurs, l’enseignant doit pouvoir faire appel à l’intelligence collective. «Il y a un mécanisme de vases communicants qui fait que plus l’empathie diminue individuellement, plus elle s’exprime collectivement», souligne Bruno Humbeeck.
Dans l’espace de médiation, l’enseignant peut ainsi demander au groupe ce qu’on peut faire pour un tel qui est triste ou en colère. Il est probable que certains élèves sortent alors du rang pour avancer des solutions, les filles ouvrant souvent le bal car l’empathie reste davantage valorisée dans leur éducation que dans celle des garçons.
Il importe alors que l’enseignant résiste à l’envie de trouver lui-même des solutions pour laisser place à cette intelligence collective. C’est ici qu’intervient la cinquième règle définie par le psychopédagogue: ne pas mettre en place des espaces de médiation pendant la crise. «C’est très dangereux, car c’est laisser supposer que, pour trouver des espaces de médiation, il faut nécessairement mettre le système en crise», explique-t-il en rappelant que «la pédagogie, c’est l’art du plus tard».
Formation et mise en projet
Suite à la conférence de Bruno Humbeeck, le CLPS s’est associé au Département des affaires sociales de la Province de Liège et son service jeunesse Openado, ainsi qu’aux CLPS de Huy-Waremme et Verviers afin de prolonger cette réflexion.
Le 7 octobre 2014, une seconde journée a été organisée pour faire état des différents projets menés dans des écoles primaires et secondaires et proposer des ateliers autour du harcèlement. «Aujourd’hui, beaucoup d’écoles se mettent en projet, souvent dans une optique de prévention, avec des initiatives telles que celles proposées par Bruno Humbeeck mais aussi la mise en place de blogs par exemple, où les jeunes peuvent venir déposer leurs émotions», commente Émilie Scenna.
Une des principales difficultés reste néanmoins de mobiliser l’ensemble du personnel autour d’un projet commun. «Le temps consacré aux espaces de parole doit en général être pris par les professeurs en dehors de leurs heures de cours. Certains sont aussi en attente de résultats rapides, quand les effets se font davantage sentir sur le moyen terme», pointe le CLPS. Par ailleurs, si la problématique est théoriquement bien connue, les professeurs – même d’excellente volonté – ne se sentent généralement pas assez outillés pour intervenir. Des besoins plus ciblés ont ainsi été récoltés et ont permis l’élaboration d’une formation axée sur le processus de mise en projet, en collaboration avec l’Université de Paix, asbl namuroise travaillant sur la prévention et la gestion positive des conflits.
Cette formation propose notamment des outils comme la ‘pyramide de prévention’ – qui permet de classer les mesures préventives en fonction de leur impact –, mais aussi ‘la boussole du changement’ – qui permet d’évaluer la pertinence de certains outils en fonction de la réalité propre à chaque établissement.
Les professionnels sont également invités à réaliser des exercices d’intervision où il leur est demandé de proposer collectivement des pistes de solution pour gérer une situation problématique. «L’accent est souvent mis sur l’intervention auprès des témoins plutôt qu’auprès du harceleur. Car en stigmatisant le harceleur, on prend aussi le risque d’inverser la situation et qu’il devienne finalement le harcelé… Les dynamiques sont souvent complexes», rappelle Émilie Scenna.
L’accent est aussi mis sur une approche positive et non alarmiste, y compris concernant le cyber-harcèlement. «On invite les professionnels à développer avec leurs élèves les habiletés sociales, l’intégration dans un groupe, l’estime de soi, l’affirmation de soi. On essaie surtout de ne pas faire peur car les jeunes continueront de toute manière à utiliser les réseaux sociaux. Comme dans les assuétudes, on ne peut pas éviter que l’événement se produise mais on peut donner aux jeunes des ressources pour réagir et les responsabiliser», conclut Émilie Scenna.
Suite à la publication de l’article de Marie Dauvrin, Julie Gysen et Vincent Lorant ‘L’accès aux soins pour les personnes sans-papiers: un chemin parsemé d’embûches’ dans le numéro 324 d’Éducation Santé, Cécile Jodogne, Ministre de la Santé des francophones bruxellois, nous signale que sur sa proposition, le Gouvernement francophone bruxellois, vient de débloquer 128.491 euros sur base annuelle pour améliorer la prise en charge des réfugiés en matière de santé mentale.
Cette mesure intervient dans un cadre général de soutien à la santé mentale et à la reconstruction psychique des réfugiés. Ainsi, l’an passé, le réseau Ulysse avait déjà vu ses subventions augmenter afin de lui permettre de développer des formations pour les professionnels de la santé travaillant avec le public migratoire.
La Ministre a déclaré ceci à ce sujet: «améliorer l’accès des réfugiés à un soutien spécifique en santé mentale est fondamental. Il ne s’agit pas seulement de soigner et de donner un toit aux réfugiés qui arrivent à Bruxelles, mais également de leur offrir un soutien psychologique pour se remettre des épreuves qu’ils ont vécues sur le chemin de l’exil».
Le service de santé mentale Ulysse travaille depuis de nombreuses années la problématique de la reconstruction psychique des réfugiés. Cette asbl a été créée en 2001 pour développer des initiatives destinées à favoriser l’accès à l’aide en santé mentale pour les personnes exilées. Elle est un lieu d’accueil, d’écoute, et de prise en charge de la souffrance de la personne ou de la famille qui subissent l’exil.
Ulysse travaille en partenariat avec trois services de santé mentale (le SSM de Saint-Gilles, le SSM Le Méridien et le SSM l’Adret) depuis 2004, ainsi qu’avec Fedasil depuis 2006.
L’action d’Ulysse est soutenue par la Commission communautaire française depuis 2002. En 2009, l’association a été agréée comme service de santé mentale pour les missions «d’accueil, de diagnostic, de traitement et de prévention. Le service développe un projet spécifique qui consiste à ouvrir l’accessibilité de l’aide en santé mentale à une catégorie de personnes en situation d’exil et d’expatriation contrainte. Ulysse reçoit toutes les personnes et toutes les familles fragilisées psychiquement par l’exil; par ce fait, son offre est généraliste» (arrêté 2009/1498).
Le travail du SSM Ulysse permet de favoriser un travail d’affiliation aux différents groupes d’appartenances permettant de reconstruire une identité partageable, de travailler une réinscription du sujet dans une histoire individuelle et collective, signant symboliquement la fin ou l’atténuation d’un exil qui est aussi psychique.
Le service de santé mentale est aussi interpellé par les acteurs du réseau d’accueil pour des situations de détresse psychique toujours plus aiguë.
L’association est également promoteur du Réseau Santé mentale en Exil depuis 2008. Ce réseau poursuit plusieurs objectifs et notamment: favoriser la mise en place d’un accueil et d’un accompagnement des personnes en précarité de droit au séjour qui tient compte du contexte particulièrement fragilisant que représente l’arrivée en terre d’exil plus particulièrement en matière de santé mentale; faciliter l’accès aux services et initiatives de prévention, d’accompagnement, de remédiation et de soins, notamment en matière de santé mentale pour ce public-cible…
Les migrations croisent les questions de santé mentale
La santé mentale est liée à des valeurs individuelles et collectives. Elle est influencée par des conditions économiques, sociales, culturelles, environnementales et politiques. Certains facteurs contextuels constituent des obstacles à la santé mentale et à l’adaptation réciproque de l’individu et des groupes à leur milieu. La santé mentale est donc en constante interaction avec l’environnement et le parcours de vie d’un individu.
L’exil est motivé par une expérience et un vécu violents et traumatiques. Le parcours d’exil est lui-même de l’ordre de l’épreuve avec des pertes matérielles, affectives et symboliques. Les populations concernées sont confrontées à une série de tableaux cliniques cumulant deuils, traumatismes, déracinement, précarité sociale, perte d’identité due au déracinement géographique et au manque de repères culturels et affectifs.Toutes les marques d’intégration familiale, sociale, culturelle et économique sont inexistantes à l’arrivée en Belgique. L’exilé va devoir accepter ce vide et la nécessité de reconstruction. À la douleur de la fuite s’ajoute alors l’acceptation de l’état de vulnérabilité et de besoin d’aide, d’autant plus difficile à accepter qu’elle se joue dans une culture et bien souvent une langue inconnues.
Les exilés vivent un triple traumatisme: le traumatisme pré‐migratoire, les effets potentiellement traumatiques de la migration elle‐même et le traumatisme découlant du risque de déni de leur vécu par le pays d’accueil.
Pour rappel, en 2015, l’Office des étrangers a enregistré 35.476 demandes d’asile, soit 106,1 % de plus qu’en 2014. La plupart des demandeurs d’asile proviennent de zones où sévissent des conflits. Les principaux pays d’origine sont l’Irak (21,8% des demandeurs), la Syrie (21,3%) et l’Afghanistan (20%).
À l’initiative du Ministre wallon de l’Action sociale, le Gouvernement wallon a décidé de pérenniser et de renforcer les actions de réinsertion sociale menées dans le cadre du projet ‘Housing first’ à Liège, Charleroi et Namur. L’objectif vise à permettre à 75 personnes sans domicile fixe de retrouver durablement leur place au sein de la société grâce à un logement accessible et à un accompagnement adéquat.
L’accès à un logement décent et à un loyer abordable constitue un des préalables à une réinsertion sociale durable. Sur base de ce constat, le projet ‘Housing first’, présent dans 8 villes belges dont 3 en Wallonie (Liège, Charleroi et Namur), facilite la réinsertion sociale des personnes sans-abri les plus fragiles en leur permettant un accès rapide à un logement tout en les accompagnant de manière personnalisée. Pour les personnes concernées, qui rappelons-le, bénéficient du revenu d’intégration sociale, les seules conditions requises pour l’accès au logement sont de payer leur loyer et de respecter le contrat de bail.
Initialement développé par le Gouvernement fédéral, ce dernier a décidé de supprimer le projet, qui était financé par la Loterie nationale. Ce programme s’inscrivant pleinement dans la volonté wallonne de prise en charge des sans-abris, le Gouvernement wallon a décidé, sur proposition du Ministre de l’Action sociale, Maxime Prévot, de reprendre le financement pour les trois villes wallonnes.
Ce soutien financier s’exprimera sous la forme de conventions pluriannuelles de trois ans au bénéfice des Relais sociaux des trois villes concernées et s’élèvera à 145.000 € par an et par projet, soit un total de 435.000 € annuels à charge de la Wallonie (120.000 € à charge des crédits du Ministre Maxime Prévot et 25.000 € à charge de la politique du Logement menée par le Ministre Paul Furlan).
En contrepartie, chaque projet devra assurer le suivi et l’accompagnement d’au moins 25 personnes, soit un minimum de 75 personnes au niveau wallon, contre 52 actuellement (18 à Liège, 20 à Charleroi et 14 à Namur).
Cette mesure permet de renforcer encore davantage la politique d’accueil des personnes sans-abris menée par la Wallonie au travers notamment de son Décret ‘abris de nuit’, qui vient d’être adopté au Parlement wallon le 27 avril dernier. Pour rappel, ce décret pérennise le financement des abris de nuit pour qu’ils puissent maintenir leurs activités à long terme et en crée cinq complémentaires afin de garantir une meilleure répartition territoriale.
Maxime Prévot se réjouit de pouvoir compléter l’arsenal wallon de lutte contre la pauvreté avec un projet porteur qui a, par ailleurs, déjà démontré son efficacité, sachant que 93% des bénéficiaires ont réussi à sortir de la rue et à reconstruire leur vie grâce à ce programme.
Des images dissuasives et le numéro de Tabacstop sur les paquets de tabac à rouler et de plus grands avertissements sanitaires sur les faces avant et arrière des paquets de cigarettes. La Belgique devait intégrer la Directive européenne sur les Produits du Tabac (2014/40/EU) dans sa législation nationale pour le 20 mai 2016. Depuis cette date, la mention du numéro de service d’aide Tabacstop est obligatoire sur les paquets de tabac à rouler, ainsi que la présence de photos dissuasives.
Les paquets de cigarettes changent également, avec des avertissements sanitaires plus grands sur les faces avant et arrière ainsi qu’un nouveau design pour l’information relative à Tabacstop.
La Fondation contre le Cancer se réjouit de ces adaptations, et elle en joue d’ailleurs dans sa nouvelle campagne médiatique: ‘La solution est dans votre poche’.
Implantation de la directive tabac de l’Union européenne en Belgique
C’est en avril 2014 que l’Union a émis sa nouvelle directive sur les produits du tabac à destination de ses pays membres. Ceux-ci avaient alors deux ans pour adapter leur législation à cette directive.
Deux arrêtés royaux de la ministre De Block ont déjà été publiés en ce sens. Un autre arrêté ministériel obligera également les fabricants à mentionner les avertissements de santé et le numéro de Tabacstop sur les nouveaux emballages des produits du tabac.
Cette décision permet à la Belgique d’être en phase avec la nouvelle directive européenne.
À quoi ressemblent les nouveaux paquets?
Les avertissements de santé et les photos dissuasives sont combinés, pour couvrir désormais 65% des faces avant et arrière des emballages, que ce soit pour le tabac à rouler, les paquets de cigarettes ou encore le tabac pour chicha. Jusqu’à présent, ces éléments n’étaient présents que sur les paquets de cigarettes, et seulement à l’arrière.
Les bords latéraux de tous les emballages (tabac à rouler, cigarettes et tabac à chicha) afficheront également les messages ‘Fumer tue – Arrêtez maintenant’ et ‘La fumée de tabac contient plus de 70 substances cancérigènes’.
Les avertissements sanitaires sur les faces avant/arrière combinent des photos choisies par l’Union européenne, les textes d’avertissement dans les trois langues de notre pays ainsi que les informations relatives à Tabacstop (0800 111 00 et tabacstop.be).
Une période de transition est prévue jusqu’au 20 mai 2017. Les revendeurs pourront donc écouler leurs stocks jusqu’à cette date.
Campagne Tabacstop
Son message est simple: «Vous êtes préoccupé par ce paquet qui vous suit partout? Bonne nouvelle: la solution vous suit partout aussi. (…) La solution est dans votre poche».
Le spot de 30 secondes présente ensuite le nouveau paquet où se trouvent clairement indiqués le numéro gratuit 0800 111 00 et le site tabacstop.be.
L’objectif est qu’il passe à la télé en Wallonie et à Bruxelles si Tabacstop obtient des espaces gratuits dans le cadre des campagnes radiodiffusées de promotion de la santé.
Cette campagne est aussi déclinée en version ‘longue’ (82 secondes), et est complétée par une nouvelle brochure: ‘Je me sens tellement mieux sans tabac’. Ce matériel est destiné notamment aux salles d’attentes médicales, ou à des actions locales. Plus d’informations sur www.tabacstop.be.
À propos de Tabacstop
Tabacstop est un service gratuit d’aide à l’arrêt tabagique. L’équipe de Tabacstop est constituée de tabacologues. Ce sont des travailleurs de la santé professionnels: médecins, psychologues, infirmiers… ayant obtenu un diplôme complémentaire en tabacologie et accompagnement à l’arrêt tabagique. Tabacstop est une initiative de la Fondation contre le Cancer, avec le soutien des autorités.
Malgré la régionalisation intra francophone d’une partie des compétences communautaires en matière de santé, ce dispositif a été conservé; il fait maintenant l’objet d’une concertation entre les ‘francophones de Bruxelles’ et la Wallonie.
Plus de 200 personnes étaient présentes à l’assemblée annuelle du Conseil Supérieur de la Santé (CSS), le 18 mai dernier. Un succès dû non seulement à la qualité de l’expertise accumulée par le Conseil depuis… 1849 mais aussi au sujet du jour, qui ne laisse personne indifférent.
Le Prof. Yves Van Laethem (CHU Saint-Pierre), président de séance, rappela d’entrée de jeu que l’hésitation vaccinale ne date pas d’hier, puisqu’elle apparut dès les premiers travaux d’Edward Jenner (1749-1823)!
L’intervention phare de l’après-midi revint à la Canadienne Noni MacDonald, du Centre canadien de vaccinologie, une remarquable avocate de la cause: «Je crois que les vaccins sont sûrs et efficaces et que de sérieuses maladies peuvent apparaître si on n’est pas immunisé».
Son plaidoyer convaincant et plein d’humour insista sur quelques évidences bonnes à rappeler en santé publique, comme par exemple le fait que c’est la vaccination qui sauve des vies et non les vaccins vus comme outils de protection individuelle.
Sur les stratégies de communication par rapport à la frange du public qui partage des doutes sur le bien-fondé de l’immunisation, il vaut mieux selon elle consacrer les efforts de conviction aux ‘hésitants’ plutôt qu’aux opposants radicaux. Elle reconnaît à ces derniers une meilleure maîtrise du principal moteur de recherche que par la communauté scientifique elle-même, ce qui leur donne une audience bien supérieure à leur poids réel.
Noni MacDonald nous offrit aussi une douzaine de pistes permettant d’améliorer l’acceptation de la vaccination par l’opinion publique, que ce soit au niveau de la gestion des programmes ou au niveau individuel.
Questions éthiques
Pour suivre, nous bénéficiâmes d’une primeur, la présentation la veille de sa publication de l’avis du Conseil consultatif de Bioéthique de Belgique relatif à l’obligation vaccinale (avis 64 du 14/12/2015).
Cet avis a été élaboré suite à quatre questions posées par le CSS: est-il justifié que les autorités rendent obligatoires certaines vaccinations? Est-il justifié que les autorités refusent l’accès aux crèches aux enfants qui ne sont pas vaccinés? Est-il justifié qu’une personne refuse de se faire vacciner? Est-il justifié qu’un parent refuse de faire vacciner son enfant?
Au cœur de ces questions, il y a l’équilibre délicat à trouver entre le droit individuel (de se protéger ou non) et le devoir collectif (de protéger la population ou des groupes vulnérables).
Voici le résultat des réflexions du Conseil, obtenu par consensus, ce qui n’est pas le cas de tous les avis qu’il rend.
Question 1 – Est-il éthiquement acceptable que les autorités imposent certaines vaccinations?
Maintenir à niveau le degré de vaccination d’une population en faveur de la santé publique, est une tâche essentielle des pouvoirs publics. Ils disposent de divers moyens pour remplir cette mission. Pour commencer, il leur incombe d’assurer la bonne organisation de la politique de vaccination (accessibilité, coût individuel, enregistrement…).
Les autorités peuvent aussi prendre ou soutenir les initiatives incitant la population à se faire vacciner. Les statistiques de vaccination dans notre pays montrent que cette stratégie donne de très bons résultats, du moins chez les enfants, et qu’il n’est dès lors pas nécessaire, ni opportun, d’élargir l’obligation légale. Le taux de vaccination relevé pour certains vaccins fortement recommandés n’est pas beaucoup plus bas que celui du vaccin obligatoire contre la polio.
Les membres du Comité consultatif estiment toutefois que les autorités pourraient imposer une obligation de se faire vacciner s’il y avait de sérieuses raisons pour différents motifs. Il pourrait s’agir d’un recul du taux de couverture par vaccination volontaire dans certains sous-groupes de la population ou d’indices réels d’une épidémie grave.
Si les pouvoirs publics prennent l’initiative de recommander fortement une vaccination, voire de la rendre obligatoire, ils doivent prévoir une juste indemnisation pour les cas rarissimes dans lesquels cette vaccination entraînerait de graves effets indésirables.
Question 2 – Est-il éthiquement acceptable que les autorités refusent l’accès aux crèches aux enfants qui ne sont pas vaccinés?
Les membres du Comité consultatif pensent que la motivation et l’encouragement à se faire vacciner doivent l’emporter sur la sanction du refus d’accès à la crèche.
Si toutefois un problème de santé publique risque de se poser – en raison, par exemple, d’un taux de couverture trop faible contre une maladie grave pour laquelle la vaccination offre une protection efficace –, les membres du Comité consultatif estiment acceptable, d’un point de vue éthique, que les autorités imposent cette vaccination comme condition d’accès à une crèche, parce que le bénéfice de la vaccination (accueil sécurisé des enfants) peut être lié au fait d’être disposé à participer activement à la préservation de ce système.
Question 3 – Est-il éthiquement acceptable qu’une personne refuse de se faire vacciner?
Tout dépend du vaccin, de la maladie et de la situation.
L’un des buts de la vaccination est de protéger la personne elle-même contre une maladie donnée. Dans notre société, chaque personne jouit de l’autonomie voulue pour déterminer pour elle-même si et dans quelle mesure elle recourra à des interventions médicales préventives. La liberté de ne pas se faire vacciner est défendable du point de vue éthique. De plus, cette liberté a reçu un ancrage légal au travers de la loi relative aux droits du patient. Chaque adulte est ainsi libre de se faire vacciner ou pas contre le tétanos, par exemple (en effet, seule la personne qui décide de ne pas se faire vacciner en supportera les conséquences).
La loi restreint toutefois cette liberté dans des circonstances spécifiques. La vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire pour certains voyages et certains contrats de travail exigent une vaccination contre l’hépatite B. Le refus de se faire vacciner dans ces cas est certes défendable sur le plan éthique, mais aura des conséquences pratiques préjudiciables (impossibilité de voyager ou d’exercer un emploi donné).
Une autre finalité de la vaccination concerne la protection d’autrui, dont les concitoyens malades, les patients, l’ensemble de la collectivité. D’un point de vue éthique, il est très important de contribuer à cet objectif.
Après une réflexion approfondie, les autorités peuvent rendre obligatoire la vaccination contre des maladies graves très contagieuses contre lesquelles la vaccination offre une protection efficace, par exemple la poliomyélite. Les membres du Comité consultatif considèrent le respect de cette obligation comme un devoir juridiquement contraignant de chaque citoyen, mais aussi comme un devoir éthique visant à protéger ses concitoyens, qui existe même sans obligation légale.
Le même raisonnement peut s’appliquer aux vaccinations facultatives qui ont pour but de protéger autrui. Pour les membres du Comité consultatif, il est difficilement compréhensible et éthiquement interpellant que seule une fraction limitée des prestataires de soins actifs dans les hôpitaux et les établissements de soins se fasse vacciner contre la grippe tous les ans.
Question 4 – Est-il éthiquement acceptable qu’un parent refuse de faire vacciner son enfant?
Ici encore, tout dépend du vaccin, de la maladie et de la situation.
Il est éthiquement inacceptable qu’un parent prive son enfant d’un vaccin efficace contre une maladie grave et évitable, telle que la poliomyélite ou le tétanos. En revanche, il est éthiquement acceptable qu’un parent refuse la vaccination de son enfant lorsque le rapport des risques vaccination/maladie n’est pas scientifiquement déterminant.
Les parents doivent toujours prendre leurs décisions dans l’intérêt de l’enfant et il n’est pas acceptable, légalement et éthiquement, qu’ils prennent des décisions qui portent manifestement préjudice à leur enfant. À propos de la protection d’autres personnes, la réponse à la question 3 ci-dessus reste valable.
Succès de la vaccination
On notera aussi les présentations du Dr Béatrice Swennen (Provac) de la couverture vaccinale chez les nourrissons en Fédération Wallonie-Bruxelles en 2015 et du Dr Geert Top (Agentschap Zorg & Gezondheid Vlaanderen) faisant le bilan de 5 ans de vaccination contre le virus HPV en Flandre. Au départ des données enregistrées dans la base Vaccinet, le résultat est impressionnant avec près de 84% de couverture pour les filles nées en 2002.
On en eut une illustration dans le bref débat qui clôtura l’après-midi, une participante adversaire bien connue de la vaccination s’en prit nommément à l’oratrice, qu’elle qualifia de ‘manipulatrice’. C’était attendu et nous ne fûmes pas déçus… Noni MacDonald nous confia avoir l’habitude: après chaque conférence qu’elle donne aux États-Unis, elle reçoit des courriels haineux.
Qui concerne pour le moment la seule vaccination contre la poliomyélite, l’obligation de se faire vacciner ayant été instaurée en 1967 dans notre pays.
Être sans-papiers en Belgique, c’est n’avoir aucun titre de séjour légal délivré par les autorités compétentes, ce qui inclut les personnes entrées sans permis de séjour légal, celles dont le statut de séjour a été invalidé ou a expiré, les demandeurs d’asile déboutés et les enfants nés de parents sans-papiers. Il est estimé que près de 1,1% de la population résidant sur notre territoire est en séjour irrégulier, soit entre 85.000 et 160.000 personnes, avec comme seule possibilité d’assistance publique l’accès aux soins de santé.
En effet, depuis 1996, la Belgique garantit l’accès aux soins de santé pour les personnes sans-papiers via la procédure d’aide médicale urgente (AMU). Si, en théorie, l’AMU doit couvrir les besoins en santé de la quasi-totalité de la population étrangère en séjour irrégulier, il apparaît qu’en pratique, de nombreuses failles empêchent les personnes sans-papiers d’accéder aux soins appropriés.
Dans la ligne du livre vert sur l’accès aux soins publié par l’INAMI et Médecins du Monde en 2014, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) en collaboration avec des chercheurs de l’Université catholique de Louvain et de l’Université de Gand a réalisé une évaluation de l’AMU en vue d’optimiser les pratiques actuelles. Les équipes universitaires se sont plus particulièrement intéressées au vécu des personnes sans-papiers, des professionnels de santé et des parties prenantes.
Notre article présente les perspectives des personnes sans-papiers afin de comprendre leur vécu lorsqu’il s’agit d’accéder à l’AMU et/ou d’obtenir une couverture de soins dans le cadre de cette même procédure.
La parole des sans-voix
Des 33 entretiens réalisés entre avril et mai 2015, dans 5 grandes villes (Anvers, Bruxelles, Charleroi, Gand et Liège), quatre problématiques émergent: la définition de l’AMU, l’information et la communication, la complexité des procédures et le pouvoir discrétionnaire. Si ces thèmes sont également présents dans les groupes focaux réalisés avec des professionnels de santé, certains aspects sont plus spécifiques aux personnes sans-papiers.
«Parce que, quand tu es en séjour illégal, tu as peur tout le temps, pour ta vie, pour tes enfants, pour tout…»
Les trente-trois personnes rencontrées sont âgées majoritairement de 26 et 55 ans, célibataires ou en couple et ayant des enfants pour la plupart (n=21). Parmi ceux-ci, douze seulement ont déclaré que leurs enfants vivaient en Belgique. Parmi ces douze personnes, trois ont déclaré ne vivre qu’avec certains de leurs enfants.
Les personnes interviewées sont soit sans-papiers depuis leur arrivée sur le territoire belge, soit ont bénéficié d’une protection subsidiaire ou se sont vu refuser leur demande d’asile avant de devenir sans-papiers. La majorité des répondants vit depuis plus de cinq ans sur le territoire belge et vient essentiellement de pays d’Afrique subsaharienne et du Nord de l’Afrique.
Alors que la moitié des personnes interrogées perçoivent leur état de santé comme étant «bon» ou «ni bon, ni mauvais», les deux tiers souffrent cependant d’au moins une maladie chronique. Un tiers souffre également d’un problème de santé mentale diagnostiqué, même s’il est probable que cette proportion soit en réalité plus élevée car, dans les discours des personnes rencontrées, de nombreux termes font écho à des troubles du sommeil, de l’anxiété, ou du stress. Les problèmes de santé mentale sont également ceux pour lesquels l’accès aux soins est perçu comme le plus difficile. Parmi les femmes interrogées, pratiquement un tiers attendait un enfant au moment de l’entretien.
«J’ai laissé tomber, je me soignais moi-même parce que c’était trop compliqué.»
Toutes les personnes rencontrées ont éprouvé à un moment ou à un autre de leur parcours dans l’AMU des difficultés à accéder aux services de santé et/ou à recevoir des soins appropriés. Dans certaines situations, les difficultés vécues ont retardé voire empêché l’accès aux soins, quand ceux-ci n’ont pas purement et simplement été arrêtés. Cependant, ces difficultés n’empêchent pas un sentiment très fort de reconnaissance envers les autorités.
«What does it mean? Do I have to fall dead first?»
Le manque de clarté de ce qu’est l’AMU et de ce qu’elle couvre constitue la première faiblesse de la procédure: par exemple, certains traitements ne sont pas acceptés ou la prise en charge est refusée car la notion d’urgence fait l’objet d’interprétations variées. Certaines personnes rapportent qu’au sein d’une même famille, tout le monde ne peut pas bénéficier de l’AMU alors que tous se trouvent dans les mêmes conditions d’indigence et d’illégalité nécessaires à l’ouverture des droits. Un traitement commencé dans une commune va être interrompu car la nouvelle commune ne le considère pas comme urgent ou nécessaire.
Quelques personnes sans-papiers ont confié leur souhait de pouvoir travailler pour financer elles-mêmes leurs soins de santé et ne pas dépendre de l’AMU.
«On peut pas me tutoyer parce que je suis sans-papiers, ça je n’aime pas.»
La deuxième faiblesse relative à l’AMU renvoie au manque d’information et de communication. D’une part, les personnes sans-papiers rapportent des difficultés liées aux barrières linguistiques, que ce soit dans les CPAS ou les services de santé. Elles ne savent pas non plus toujours où aller pour se faire soigner ou ne savent pas ce qu’il faut donner comme information aux professionnels dans les services de santé ou au CPAS.
D’autre part, selon la perception des personnes sans-papiers, les relations avec les travailleurs des CPAS sont souvent difficiles. Ces derniers ne sont pas toujours amicaux et respectueux, ne les aident pas à recevoir l’aide nécessaire voire leur transmettent des informations erronées dans certains cas. De nombreuses personnes sans-papiers ont également déclaré ne pas recevoir de justifications quant aux décisions prises par le CPAS.
Quant aux relations avec les professionnels de santé, si la majorité des personnes sans-papiers déclarent se sentir soutenues et encouragées, certaines ont tout de même rapporté des expériences difficiles. Des attitudes condescendantes, un manque d’empathie et de respect de la vie privée ont été mentionnés. Le sentiment d’une réticence à les soigner a également été perçu par certains.
La présence d’interprètes et la mise en place de formations destinées à conscientiser les professionnels à la dimension interculturelle pourraient faciliter leurs démarches et leur accès à des soins de qualité.
«Ils [Le CPAS] m’ont convoqué pour prouver que j’ai aucune ressource. Mes amis doivent signer des papiers pour prouver que c’est eux qui m’aident à payer mon loyer et pas moi.»
Aux problèmes de communication et d’informations s’ajoute la complexité de la procédure en elle-même: fréquence de renouvellement variable, nombreux allers-retours pour de simples procédures, difficultés à fournir les pièces justificatives demandées par le CPAS, absence d’adresse de référence…
Dans quelques cas, des professionnels de santé ont demandé à rencontrer la personne sans-papiers avant de décider si oui ou non une prise en charge sera assurée. Si l’accès à la première ligne est déjà difficile, l’accès à la seconde ligne nécessite des démarches complémentaires tant auprès du médecin généraliste que du CPAS. Pour les personnes sans-papiers, un renouvellement automatique de l’AMU, la provision d’adresse de référence pour les personnes dans des situations de sans-abrisme ou de logement précaire, et une couverture de la famille plutôt que de l’individu isolé sont autant de solutions à mettre en œuvre.
«Il y a des moments où vous arrivez à la pharmacie et on vous dit ‘Ah non pas avec cette carte’. Puis vous revenez 30 minutes après et c’est un autre qui dit ‘Ok’.»
Conséquence directe des trois problèmes susmentionnés, les personnes sans-papiers rapportent de nombreuses situations où la décision est prise sur base discrétionnaire, ce qui augmente l’incertitude et l’anxiété autour de la procédure d’AMU. Certaines d’entre elles rapportent que le CPAS modifie les traitements prescrits par leur prestataire. De nombreux récits illustrent également que l’accessibilité, la disponibilité et la qualité des services fournis sont soumises à l’appréciation de l’interlocuteur en face du sans-papiers.
Face au pouvoir discrétionnaire, les personnes sans-papiers soulignent le rôle positif et soutenant joué par un professionnel de santé, un travailleur social ou associatif en vue de leur faciliter l’accès à l’information ou à certaines prestations.
«Ce n’est que quand je suis allé avec X de Medimmigrant qu’ils étaient gentils et qu’ils expliquaient la situation tout de suite. C’est bizarre, non? (…)»
Quel futur pour l’accès aux soins pour les sans-papiers?
Les problèmes relevés par les personnes sans-papiers ne sont pas nouveaux et ont déjà fait l’objet de plusieurs rapports, tant de la part de chercheurs que du monde associatif. Le plus grand défi sera d’amener à une harmonisation des pratiques respectueuse des différentes parties concernées, qu’il s’agisse des travailleurs sociaux des CPAS, des professionnels de santé et des personnes sans-papiers. Cette harmonisation nécessitera un travail de fond au niveau fédéral mais peut également commencer au niveau local. Professionnels de santé et CPAS peuvent déjà travailler en collaboration en vue de simplifier les procédures au niveau communal, avec le soutien des acteurs associatifs, tel l’asbl MedImmigrant et des centres locaux d’intégration.
À l’heure où d’aucuns se posent la question de la nécessité pour la Belgique d’accueillir des migrants, il convient de rappeler que prendre soin des personnes sans-papiers répond à deux impératifs.
Le premier est utilitaire: assurer l’accès aux soins permet de protéger la population belge contre des risques sanitaires liés à la présence des personnes sans-papiers. C’est tout le sens de rappeler que l’AMU comprend aussi bien les soins préventifs que curatifs et donc la vaccination.
Le second impératif est humanitaire: l’accès aux soins est un droit, garanti par la Déclaration des Droits de l’Homme et de nombreux autres traités internationaux, traités ratifiés par la Belgique.
Un troisième argument peut aussi être avancé: l’absence de soins coûte plus cher à la société et des études ont montré que la restriction de l’accès aux soins pour les personnes sans-papiers augmentait les dépenses au lieu de les réduire. En conséquence, l’accès à la prévention pour les personnes sans-papiers devrait constituer une priorité de santé publique.
Au travers des récits des personnes sans-papiers, des micro-violations du droit émergent, qu’il s’agisse des droits du patient ou du droit de l’aide sociale. Absence de justification des décisions, de libre choix du prestataire, d’informations dans un langage clair, de respect du secret professionnel, modifications des prescriptions médicales par des non-médecins, recours à la police dans le cadre de l’enquête sociale… sont autant de situations alarmantes de non-respect du droit, impactant l’accès et la qualité des soins pour les personnes sans-papiers.
Si ces pratiques sont rapportées avec des personnes sans-papiers, prises dans un système complexe avec peu de possibilités de recours, qu’est-ce qui empêche la perpétuation de ces pratiques avec d’autres personnes en situation de précarité?
Références choisies
Dauvrin M, Lorant V, Sandhu S, Deville W, Dia H, Dias SF, et al. Health care for irregular migrants: pragmatism across Europe. A qualitative study. BMC Research Notes. 2012; 5:99-108.
INAMI – RIZIV, Médecins du Monde – Dokters van de Wereld. Livre vert sur l’accès aux soins en Belgique. 2014. Bruxelles.
Romero-Ortuno R. Access to health care for illegal immigrants in the EU: should we be concerned? European Journal of Health Law. 2004; 11:245-72.
Les auteurs remercient toutes les personnes sans-papiers et les professionnels qui ont accepté de participer à cette enquête. Ils remercient également leurs collègues de l’Université de Gand (Ines Keygnaert, Ilse Derluyn et Birgit Kerstens) et du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (Dominique Roberfroid, Anja Desomer, Cécile Camberlin et Dominique Paulus).
À ne pas confondre avec l’aide médicale urgente au sens de l’article 1er de la loi du 8 juillet 1964 relative à l’aide médicale urgente (Moniteur Belge du 25 juillet 1964) qui stipule qu’ «Il faut entendre par aide médicale urgente, la dispensation immédiate de secours appropriés à toutes les personnes dont l’état de santé par suite d’un accident ou d’une maladie soudaine ou de la complication soudaine d’une maladie requiert une intervention urgente après un appel au système d’appel unifié par lequel sont assurés les secours, le transport et l’accueil dans un service hospitalier adéquat».
La protection subsidiaire est un statut de protection temporaire accordé aux personnes ayant introduit une demande d’asile et ne pouvant pas bénéficier du statut de réfugié car ne répondant pas aux conditions mais qui risquent de subir un préjudice grave si elles devaient retourner dans leur pays d’origine.
Le coup d’envoi de la nouvelle campagne de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé du travail (EU-OSHA), qui s’étalera sur 2 ans, a été donné le 20 avril dernier. Avec le slogan ‘Être bien sur les lieux de travail quel que soit l’âge’, l’Agence s’inscrit dans l’actualité brûlante du vieillissement de la population active. La campagne souligne le besoin impérieux d’une politique de bien-être durable et de prévention des risques dès le début de la carrière afin de pouvoir prévenir les problèmes croissants pour les travailleurs en matière de sécurité et de santé.
En 2030, la population active sera composée de minimum 30 % de travailleurs âgés de 55 à 64 ans. Parallèlement, en Belgique comme dans d’autres États membres de l’UE, l’âge de la pension est relevé et nous devons actuellement veiller à ce que tout le monde puisse travailler plus longtemps, mais aussi dans de meilleures conditions. En effet, tout porte à croire que le travail a un effet positif pour la santé physique et mentale, à condition de bénéficier de conditions de travail adéquates.
«L’objectif du Gouvernement belge en ce qui concerne le ‘travail faisable et maniable’ s’inscrit pleinement dans le cadre de cette stratégie européenne», affirme le Vice-Premier ministre et ministre de l’Emploi Kris Peeters. «Davantage de personnes doivent travailler plus longtemps, mais de manière telle que ce soit faisable pour tout le monde. À l’heure actuelle, la prévention des accidents de travail, des maladies professionnelles, des risques psychosociaux et des pathologies musculo-squelettiques est indispensable dans la gestion de la sécurité et de la santé au travail, et ce pendant toute la carrière. Je suis d’ailleurs un fervent défenseur d’une approche globale, telle que soutenue par l’EU-OSHA, où l’on tient compte de tous les facteurs qui peuvent influencer la sécurité et la santé au travail, comme l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, la motivation, l’environnement de travail, les formations, le développement professionnel et la direction. Il ne faut pas oublier que selon les estimations, le coût d’une mauvaise politique de prévention varie entre 2,6 et 3,8 % du produit intérieur brut. Cette campagne est particulièrement pertinente et elle contribue au bien-être du travailleur, mais aussi à la réussite de nos entreprises.»
Comme il vaut mieux prévenir que guérir, des efforts doivent être consentis pour garantir des conditions de travail sûres et saines tout au long de la durée de vie professionnelle. La clé du travail productif et sain à tous les âges réside dans la coopération entre les employeurs, les managers et les travailleurs. Pour ce faire, la campagne donne des orientations basées sur les meilleures pratiques actuelles. Les facteurs de réussite identifiés sont un bon aménagement du lieu de travail, la prévention de l’incapacité de travail, la participation des travailleurs à des formations et la coopération entre la gestion du personnel et la gestion de la sécurité et de la santé au travail, mais aussi la promotion de ce qu’on appelle la ‘capacité au travail’, où la recherche d’un équilibre entre les exigences professionnelles et les ressources individuelles du travailleur porte clairement ses fruits.
La prévention des accidents de travail, des problèmes de santé et des maladies professionnelles pendant toute la carrière est essentielle, car la santé des travailleurs en fin de carrière est influencée par les conditions de travail auxquelles les personnes ont été soumises tout au long de leur vie active. Dès lors, une analyse des risques intégrant la diversité des âges est la pierre angulaire de la prévention. Ainsi, les jeunes travailleurs se caractérisent par exemple par le manque d’expérience, tandis que les travailleurs plus âgés sont exposés à des risques importants liés à la charge physique.
Frank Dehasque, du Point focal belge de l’EU-OSHA : «Une vie professionnelle durable et une politique de bien-être axée sur les travailleurs peuvent fournir de nombreux avantages: le personnel reste motivé, l’absentéisme et la rotation du personnel diminuent et il y a plus de possibilités de développement des talents pour tous les âges. Par conséquent, la gestion de la sécurité et de la santé au travail améliore non seulement la santé du travailleur à titre individuel, mais peut aussi améliorer la productivité et le rapport coût/efficacité d’une entreprise.»
La campagne en quelques mots
‘Être bien sur les lieux de travail quel que soit l’âge’ est une campagne décentralisée à laquelle peuvent participer des organisations et des particuliers à l’échelon local, national et européen. Elle est coordonnée au niveau national par les points focaux nationaux de l’EU-OSHA dans plus de 30 pays européens, et soutenue par des partenaires de campagne officiels – organisations multinationales et européennes ainsi que par les partenaires média de la campagne.
En 2016 et 2017, l’EU-OSHA attirera l’attention du public sur l’importance de conditions de travail sûres et saines pendant toute la vie professionnelle. En effet, une vie professionnelle durable est bénéfique pour le personnel, l’entreprise et la société dans son ensemble. La campagne pour des lieux de travail sains 2016-2017 vise 4 objectifs:
promouvoir le travail durable et le vieillissement en bonne santé dès le début de la vie professionnelle;
prévenir les problèmes de santé tout au long de la vie professionnelle;
fournir aux employeurs et aux travailleurs les moyens de gérer la sécurité et la santé au travail dans un contexte de population active vieillissante;
encourager l’échange d’informations et de bonnes pratiques.
La campagne s’appuie sur les résultats d’un projet réalisé par l’EU-OSHA pour le compte de la Commission européenne et du Parlement européen. Son objectif était d’étudier les politiques et stratégies existantes et d’améliorer leur mise en oeuvre, de promouvoir l’échange de bonnes pratiques et de contribuer à l’élaboration de futures politiques dans le contexte du vieillissement de la population active. Le projet a démontré l’importance d’une approche globale, fondée sur le parcours de vie, c’est-à-dire améliorant la prévention pour tous afin d’assurer un vieillissement en bonne santé et une vie active durable, et également l’importance d’évaluer les risques en tenant compte de la diversité et en adaptant le travail aux besoins individuels. Le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) s’est aussi révélé être un élément non négligeable.
EU-OSHA
L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) contribue à faire de l’Europe un lieu de travail plus sûr, plus sain et plus productif. L’Agence mène des activités de recherche et de développement, diffuse des informations fiables, vérifiées et impartiales en matière de sécurité et de santé, et organise des campagnes paneuropéennes de sensibilisation. Créée par l’Union européenne en 1994 et établie à Bilbao, en Espagne, l’Agence réunit des représentants de la Commission européenne, des gouvernements des États membres, des organisations d’employeurs et de travailleurs, ainsi que des experts réputés de l’UE à 28 et au-delà.
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