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Sida-IST : Un défi prioritaire pour les régions

Le 30 Déc 20

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Le CPAM (Comité de pilotage et d’appui méthodologique), organe représentatif des intervenants du secteur de la prévention des IST/SIDA et de promotion de la santé, a rédigé ce plaidoyer afin de mettre en avant les nouveaux défis qui se posent au regard des avancées biomédicales et préventives récentes. Ce texte souligne les principaux besoins et objectifs du secteur et identifie les priorités d’action pour les cinq prochaines années.

Dans un contexte de régionalisation des compétences, il vise également à initier une réflexion et une discussion entre décideurs politiques et membres du CPAM autour de l’opérationnalisation de ces priorités d’action.

Des besoins mieux identifiés

Le sida reste à un niveau très élevé. En 2013, 1.115 nouveaux diagnostics d’infection au VIH étaient rapportés en Belgique, soit plus de trois par jour. En outre, une augmentation de plusieurs épidémies d’infections sexuellement transmissibles (IST) est parallèle (principalement Chlamydia, Gonorrhée et Syphilis). L’incidence du VIH est la plus élevée dans la Région bruxelloise. En Wallonie, les provinces de Liège et du Brabant wallon sont les plus touchées.

Une approche globale et universelle permettant de toucher la population générale et les jeunes doit être articulée à des approches spécifiques et sélectives visant les publics cibles suivants: les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), les migrants dont une forte proportion de femmes, les travailleurs du sexe masculins et féminins, les usagers de drogue et les détenus. Parmi eux, le Plan national VIH 2014-2019 souligne l’existence de deux publics prioritaires: les HSH et les migrants.

Sur le plan social, le sida engendre encore de la stigmatisation et des discriminations multiples. Les personnes vivant avec le VIH rencontrent des difficultés dans le domaine des assurances, de l’emploi et des soins en raison de leur séropositivité. Par conséquent, la prévention du sida doit aller de pair avec des actions en matière de lutte contre les discriminations et de défense des droits des personnes séropositives. La promotion de la solidarité, mais aussi la visibilité et la ‘dicibilité’ du VIH, restent primordiales.

La prévention évolue

Validée par le Plan national VIH 2014-2019, la prévention combinée consiste à associer les approches comportementales et biomédicales en misant sur leur complémentarité. Trois stratégies sont désormais indissociables et se résument en trois mots-clés: préservatif + dépistage + traitement.

Le préservatif protège du VIH et des autres IST. Il est pourtant encore insuffisamment accessible, notamment en raison de son coût, et insuffisamment disponible sur les lieux festifs et dans les milieux scolaires. Il est, de plus, encore nécessaire de travailler à augmenter et améliorer son utilisation et sa combinaison avec les autres stratégies de prévention.

La connaissance de son statut sérologique est un levier clé dans la lutte contre l’épidémie. Il est donc prioritaire de promouvoir le dépistage en tant qu’outil de prévention. Le dépistage tardif reste important (43% en 2013) particulièrement chez les personnes migrantes et d’origine subsaharienne: il faut multiplier et diversifier les points d’entrée, favoriser un accompagnement de qualité lors de ces dépistages et développer des lignes de conduite et un cadre réglementaire entourant les dispositifs communautaires, délocalisés et/ ou démédicalisés, les tests rapides et les autotests.

L’efficacité préventive des traitements anti-rétroviraux (ARV) est désormais avérée et permet de réduire les risques de transmission du virus lorsque la charge virale est indétectable. Mais les parcours de soin restent inégalitaires. Il faut donc faciliter l’entrée et le maintien dans les soins des publics cibles et garantir l’accès au traitement, y compris en post-exposition (TPE). Il faudra également prochainement statuer sur l’intégration de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) compte tenu des avancées scientifiques et des enjeux éthiques. Enfin, il faut maintenir ou restaurer l’aide médicale urgente pour les soins et traitements des personnes sans statut légal ou déboutées et lutter contre les expulsions abusives de personnes malades.

Les objectifs de prévention pour les cinq prochaines années

Face aux défis actuels, les objectifs finaux d’une politique efficace et pertinente de prévention du sida sont non seulement de réduire l’incidence du VIH et des autres IST; mais aussi de réduire les vulnérabilités et les discriminations multiples à l’égard des publics cibles. Ces objectifs doivent s’inscrire dans une perspective plus large de promotion de la santé, d’amélioration de la santé sexuelle et de promotion d’une sexualité libre, choisie et épanouie. Ils impliquent, enfin, d’approfondir continuellement les connaissances et la compréhension des dynamiques et des déterminants de l’épidémie.

1. Améliorer l’information sur la prévention combinée et la réduction des risques;

2. Faciliter l’accès aux préservatifs et aux lubrifiants et améliorer leur utilisation lors des prises de risque;

3. Augmenter le nombre de dépistages précoces du VIH et des autres IST;

4. Améliorer l’accès aux traitements et l’accueil des personnes séropositives dans le système de soins;

5. Améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH;

6. Accroître la connaissance sur les déterminants de l’épidémie de VIH et les autres IST.

Des activités diversifiées

Les différentes activités de prévention du secteur s’orientent autour des axes d’intervention suivants:

  • la diffusion d’informations et de messages accessibles et actualisés sur la prévention combinée, déclinés adéquatement pour les différents publics (campagnes, animations, brochures);
  • la distribution élargie de matériel de prévention (préservatifs, lubrifiants, matériel de réduction des risques liés à l’usage de drogue);
  • la promotion du dépistage et la mise en oeuvre de stratégies alternatives de dépistage;
  • le travail de proximité et le travail communautaire et participatif;
  • l’accompagnement dans l’accès aux soins et aux traitements;
  • la défense des droits et le soutien aux initiatives des personnes séropositives.

En amont, la qualité, la pertinence et l’efficience des interventions reposent sur une connaissance actualisée de l’épidémie et sur une maîtrise de la gestion de projet à travers:

  • la formation continue des acteurs;
  • le support scientifique et méthodologique;
  • le recueil de données et la recherche-action;
  • la concertation et la planification de santé;
  • a mise à disposition d’une documentation spécialisée;
  • les échanges de bonnes pratiques, aux niveaux local, national et international.

Des acteurs spécialisés

Il reste capital de maintenir une approche thématique et spécifique en matière de prévention du sida et des IST. Cela implique de pouvoir compter sur des acteurs de terrain reconnus et forts d’une expertise accumulée depuis de nombreuses années.

Les acteurs de prévention du VIH déploient de longue date une approche globale et positive de la santé sexuelle. Les principes d’action ressortent tant de l’autonomie et de la participation que de la transversalité et du partenariat.

Ces professionnels travaillent dans un cadre global de promotion de la santé sexuelle et collaborent avec d’autres acteurs concernés par la problématique, (agissant aux niveaux tant préventif que curatif), ainsi qu’avec les communautés elles-mêmes.

En matière d’EVRAS, l’accroissement des collaborations entre les acteurs de prévention du VIH/IST, de réduction des risques, les centres de planning familial et les professionnels scolaires et de la jeunesse devrait permettre d’améliorer la qualité des interventions et des outils à destination des jeunes.

Les acteurs de prévention estiment prioritaire que les décideurs politiques

  • soutiennent activement la mise en oeuvre, au niveau régional et selon leurs compétences, du Plan interfédéral VIH 2014-2019;
  • préservent l’expertise du secteur sida et la spécificité des associations communautaires;
  • garantissent la pérennité financière et le volume d’emploi des organismes de prévention;
  • se concertent avec les acteurs de prévention pour la programmation de la politique régionale de prévention du sida et des autres IST.

Les membres du CPAM : Alias, Centre de référence Sida du CHU de Charleroi, Centre de référence Sida du CHU de Liège, Centre de référence Sida du CHU St Pierre Bruxelles, Elisa, Espace P…, Ex Aequo, Fédération Laïque de Centres de Planning Familial, Modus Vivendi, Observatoire du sida et des sexualités (Université Saint-Louis), Plate-forme Prévention Sida, Service Éducation pour la Santé, Sid’Aids Migrants Siréas, Sida IST Charleroi Mons, Sida Sol, Sida SOS.

Cannabis, une directive à revisiter

Le 30 Déc 20

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Cannabis, une directive à revisiter

Les fédérations bruxelloise, flamande et wallonne des institutions actives en toxicomanie constatent, de manière conjointe, des limites à la politique belge en matière de cannabis. Ces fédérations régionales soulignent en effet l’importance de l’émergence de modèles alternatifs en matière de cannabis et interpellent conjointement les autorités fédérales en ce sens.

Le cannabis constitue la drogue illégale la plus consommée en Belgique. L’enquête de santé par interview (édition 2008) montre que près de 14% de la population belge a déjà expérimenté ce produit. Malgré une apparente tendance à la baisse des consommations chez les jeunes, le flash Eurobaromètre réalisé en juin 2014 révèle que ce sont encore 26% des Belges de 15 à 24 ans qui ont déjà essayé le cannabis.

Ni la criminalisation de la vente, ni la relative ‘tolérance’ à l’égard de l’usage simple ne semblent entrainer une réduction significative de l’usage.

Le cannabis n’est pas une substance inoffensive. Le fumer peut occasionner de graves dommages pour les poumons et le système respiratoire, participant ainsi à l’augmentation des risques de cancers. Régulière et inscrite dans la durée, sa consommation peut devenir l’objet d’une dépendance, voire chez certaines personnes, faciliter l’émergence de troubles cognitifs. En termes de produits, le cannabis est la troisième substance après l’alcool et les opiacés à l’origine d’une demande de traitement et sur l’ensemble des personnes prises en charge en 2012 par le secteur spécialisé, 28,4% l’ont été d’abord pour un usage problématique de cannabis.

Son interdiction ne constitue néanmoins pas une solution. A l’heure où de nouvelles techniques de culture et de nouvelles variété ont entraîné une augmentation de la puissance psychoactive du cannabis, les autorités ne se donnent aucune opportunité de contrôle sur cette substance tant qu’elle reste illégale. Pire, la prohibition continue à alimenter les trafics, l’économie parallèle et la criminalité.

Si la directive de 2005 permet une relative tolérance de la consommation et de la possession de cannabis à usage personnel, son manque de clarté et de cohérence entraîne de réels problèmes tant en termes de promotion de la santé, de prévention que de responsabilisation des consommateurs. De même, elle favorise l’arbitraire d’un point de vue judiciaire entraînant une perte de crédibilité envers la justice et une insécurité juridique.

Les professionnels venant chaque jour en aide aux usagers problématiques de cannabis, à Bruxelles, en Flandre et en Wallonie, recommandent dès lors la décriminalisation pleine et entière de la consommation et de la possession de cannabis à usage personnel, le renforcement des stratégies de prévention et la consolidation des dispositifs d’aide et de soins adaptés. Dans la continuité des recommandations de l’OMS, les trois fédérations régionales prônent en outre l’exploration d’une réglementation de la production, de l’importation, du contrôle de qualité et de la vente du cannabis en Belgique, entre prohibition totale et libéralisation à tout crin.

Au-delà de cela, les travaux de ces fédérations régionales sont complémentaires: le VAD se penche avant tout sur la problématique du point de vue de la santé; la FEDITO wallonne étudie les effets néfastes de la législation actuelle en termes de santé publique; la FEDITO bruxelloise propose les principes d’une réglementation permettant de mieux répondre aux problématiques de santé et de législation.

Les représentations sociales en promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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Les représentations sociales en promotion de la santé

Le petit récit suivant évoque-t-il quelque chose pour vous?

Annie est animatrice dans une maison de quartier; elle décide d’organiser des ateliers-cuisine pour les femmes qui fréquentent régulièrement ce lieu communautaire. Sensibilisée aux questions de santé et à l’équilibre nutritionnel, elle y entrevoit une manière d’améliorer leur alimentation et d’apporter des réponses concrètes aux constats qu’elle fait quotidiennement.

Lors de la première séance, le succès est au rendez-vous: les participantes sont nombreuses, elles interagissent dans une ambiance conviviale. Lorsqu’Annie leur demande si elles referont la recette à la maison, un bref silence s’installe, trahissant une certaine gêne dans le groupe. Mais que s’est-il donc passé?

Ce petit récit illustre les premières pages du carnet Questionner les représentations sociales en promotion de la santé, faisant écho à des souvenirs de situations vécues par les lecteurs.

Nous avons choisi Annie, mais ç’aurait pu être Pia ou Christophe qui animent des ateliers autour de l’alimentation ou Bénédicte, Marie et Anne, responsables de projets de santé communautaire dans des maisons médicales et dont les témoignages sont repris dans cet article.

À l’origine de ce carnet: la rencontre de quatre associations

Ce carnet réalisé de concert par les centres locaux de promotion de la santé de Bruxelles (CBPS), de Namur, du Luxembourg et par Cultures & Santé, apporte des éclairages aux questions que posent souvent les acteurs de terrain dans la mise en œuvre d’actions collectives autour de la santé…

«Comment faire pour que les personnes participent et adhèrent à mon activité? Pourquoi mon atelier ne rencontre-t-il pas le succès attendu et n’atteint-il pas les objectifs que j’avais définis? J’ai l’impression qu’ils ne trouvent pas cela important. Et pourtant…»

Nous avons une tendance naturelle à construire nos actions à partir de notre propre logique et de nos propres représentations. Ces dernières sont des grilles de lecture et d’interprétation du monde que chacun porte en soi. Elles se construisent au fil des expériences personnelles vécues, de ce que l’on nous a transmis; elles dépendent du contexte social, culturel, politique, éducatif, […] dans lequel chacun évolue. Elles diffèrent donc d’un individu à l’autre (ou d’un groupe à l’autre). Elles ont ce pouvoir immense de guider nos comportements, nos actions et de leur donner du sens.

La question des représentations sociales est omniprésente dans les processus de mise en œuvre de projets autour de la santé. L’envie d’outiller les acteurs de terrain autour de cette question a réuni nos quatre associations autour d’une production commune.

Le carnet se veut une invitation lancée à tous les acteurs du social, de l’éducation, de l’insertion socioprofessionnelle ou de la santé, à la prise de recul sur les pratiques d’animation et sur les manières d’envisager et d’aborder la santé. Au cœur de ce projet de création, la volonté était de réaliser un support proche du vécu et agréable à lire qui proposait une trame narrative, l’histoire d’Annie, enrichie de repères théoriques.

Du questionnement de ses propres représentations (et celles de son équipe)…

Reprenons le cours de notre histoire. De fil en aiguille, Annie est amenée à s’interroger: «Pourquoi les femmes ne referont-elles pas la recette chez elles?», «Pourquoi suis-je en décalage par rapport à leurs préoccupations?», «Pourquoi je veux agir autour de la santé et de l’alimentation?» «Pourquoi mes collègues me demandent de faire cette animation?».

Annie pose un regard sur ses activités, ses objectifs en matière de santé et finalement sur ses propres représentations autour de la santé, de l’alimentation, du corps, du bien-être, de ce qu’est une recette facile et équilibrée, d’une action de promotion de la santé…

«C’est intéressant de se questionner soi-même car on véhicule tous quelque chose, on a toujours des a priori.» confie BénédicteNote bas de page.

Les intentions d’actions et les activités se nourrissent souvent d’attentes multiples et variées: celles de l’animateur, de l’équipe, de l’institution, des personnes qui fréquentent l’institution… sans oublier celles des partenaires, voire des décideurs politiques. Elles se confrontent, se télescopent et dans le meilleur des cas se juxtaposent ‘sagement’ à côté des valeurs, des normes, des prescrits véhiculés çà et là dans la société.

«Je me sens parfois entre deux, entre le groupe qui – je le sens – a ses idées et ses représentations des choses, et mes collègues qui ont aussi leurs propres représentations et préoccupations» explique Marie.

Questionner cette complexité, seul ou en équipe, constitue une étape dans le processus que nous pourrions qualifier de ‘détricotage’ apportant la lumière sur nos actions, la logique et les propres préoccupations que nous y mettons.

…au questionnement des représentations des personnes concernées par nos actions: un levier en faveur de la santé!

Comme elle l’a fait pour elle et ses collègues, Annie a envie d’interroger les femmes du groupe avant d’aller plus loin dans son projet d’atelier.

Questionner les publics peut revêtir une multitude de formes. Il s’agit essentiellement de créer un espace d’échanges et de paroles: celui-ci ne peut être pleinement investi par les participants que si une dynamique collective positive, de respect et d’écoute en constitue le cadre. Cela implique, en tant qu’animateur, de se positionner sur le même plan que les participants; chacun est porteur de savoirs, de compétences et de ressources.

«Il y a souvent cette image du professionnel parfait qui sait tout[…]. Ce n’est pas toujours évident de montrer le rôle que nous avons, c’est-à-dire un rôle où nous sommes en retrait par rapport au groupe. Le groupe, ce sont d’abord les participants. Mon rôle en tant qu’animateur, c’est de favoriser les liens, rendre l’atmosphère conviviale, expliquer les modalités techniques mais ce n’est que superficiel», relate Marie.

Quel lien existe-t-il entre une posture de questionnement qu’une animatrice décide d’adopter et l’amélioration de la santé des participants? Des effets positifs sur les personnes en termes d’écoute, de prise de parole, d’estime de soi, sont observés par les animateurs:

«C’est valorisant, la personne parle d’elle, ça lui fait du bien, on reconnait sa parole, ce qu’elle dit, ce qu’elle fait. Ça la met dans une position intéressante. Au sein d’un groupe encore plus: elle prend de la place physiquement, elle est plus à l’aise. Nous [les animateurs], on apprend plein de choses […]».

Citons également la reconnaissance des savoirs et des expériences, la mise en lien avec les autres… autant de dimensions fondamentales dans la réussite d’un projet et qui sont également des leviers en matière de santé.

«Je remarque, au fil des ateliers, qu’il y a des participants qui ont beaucoup de ressources. Ils connaissent beaucoup de choses, parfois plus que moi», poursuit l’infirmière en santé communautaire.

En laissant une place ouverte pour exprimer ce qui fait sens pour chacun des membres du groupe, cela permet de replacer l’autre dans son environnement et son contexte de vie, sans préjuger de ses pensées sur le monde qui l’entoure, ni porter un regard stigmatisant ou culpabilisateur sur la personne elle-même.

Par ailleurs, des effets positifs en termes de participation au projet peuvent apparaître: «Cela réaugmente peut-être leur appartenance à l’activité […]. Il y a des moments où l’on est trop dans une routine et requestionner ça donne du sens pour nous, mais aussi pour les participants».

Certains supports et techniques peuvent soutenir des animations de questionnement. En voici quelques exemples, disponibles dans les centres de documentation des CLPS de votre territoire: les imagiersNote bas de page, les Photolangages©, le Brainstorming, le Métaplan©…

«Il faut pouvoir poser une question, laisser un outil pédagogique sur une table, sans spécialement cadrer, laisser venir les choses pour voir où cela mène. Cela provoque des trucs et il faut pouvoir sauter dessus, ce qui n’est pas toujours évident et qui est épuisant», témoigne Marie.

Exercice pratique

Dans le cadre du projet Communes bruxelloises Sida-IST initié par le Centre bruxellois de promotion de la santé et la Plate-forme prévention sida, l’outil permet lors des formations organisées pour les acteurs de terrains (éducateurs de rue, plannings familiaux, agents communaux, PSE, PMS…) de démarrer un travail sur diverses dimensions touchant au champ des représentations (qu’elles soient personnelles ou professionnelles) liées, par exemple, à la sexualité, aux modes de contamination… Autant de réflexions qui peuvent se prolonger (grâce à l’acquisition du support) une fois de retour dans les équipes.

Et après?

La question «Et après? Qu’en fait-on?» est fréquemment posée par les personnes s’intéressant à de telles démarches. En questionnant les participants à l’orée des projets qui sont développés, s’ouvre un espace indéfini, qui sera nourri par les paroles, les envies, les ressources des personnes qui s’exprimeront.

Cette incertitude quant à l’allure finale des activités peut être troublante car elle va à l’encontre de certaines normes de travail: souvent, ce sont des projets ficelés, concrets et déterminés qui sont attendus, car cela rassure de (sa)voir quel sera le produit final, le livrable.

Pourtant, cette démarche peut permettre d’ouvrir le champ des possibles: des pistes apparaissent, ainsi que des freins, des priorités ou d’autres problématiques… Au professionnel et au groupe de s’en saisir pour mettre en place de nouveaux projets, définir des objectifs légitimes, compris et partagés.

Pour Annie, questionner les femmes de l’atelier-cuisine, va lui permettre de multiplier les dimensions qui pourraient être abordées autour de l’alimentation (de l’achat à la place de la famille en passant par la préparation et l’acte de manger). En outre, cette démarche lui permet de redéfinir la place du groupe concerné par son action, comme en témoigne Bénédicte:

«Rien que le fait de leur poser des questions les fait réfléchir, les met dans une position où ils se posent des questions. Les participants vont donc mettre un autre sens dans l’atelier et le nourrir autrement, sans toujours s’en rendre compte eux-mêmes. Sinon, ils rentrent aussi dans une routine, ils viennent à l’atelier cuisine parce que c’est leur routine, pour retrouver les mêmes, passer un bon moment».

L’essentiel, finalement, ne serait-il pas dans le processus initié? C’est en tout cas l’une des questions qui a guidé les différents CLPS et Cultures & Santé dans la réalisation de ce carnet.

La brochure est disponible en téléchargement et gratuitement dans chaque Centre local de promotion de la santé ou auprès du centre de documentation de Cultures & Santé.

Adresse des auteurs: Cultures & Santé, rue d’Anderlecht 148, 1000 Bruxelles. Tél.: 02 558 88 10. Site: www.cultures-sante.be. Courriel: info@cultures-sante.be. Centre de documentation ouvert du lundi au mercredi et le vendredi de 9h30 à 16h30.

Les extraits de paroles sont issus d’une interview avec Bénédicte Hanot, de la Maison Médicale des Marolles et de Marie Deschrevel de la Maison Médicale des Riches-Claires.

«Motus, des images pour le dire», Le Grain asbl, Question santé asbl, Belgique, 2010 et «Dixit Odyssey», Libellud, France, 2011

Dépression: la combinaison psychothérapie-antidépresseurs est à préférer

Le 30 Déc 20

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Le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a mené une étude sur l’efficacité de la psychothérapie, seule ou en combinaison avec les antidépresseurs. La meilleure option est la psychothérapie combinée aux médicaments antidépresseurs, mais si la personne ne souhaite pas cette approche, c’est la psychothérapie qui doit être proposée en premier choix. Elle est aussi efficace à court terme que les médicaments, et même plus efficace à long terme. Les médicaments antidépresseurs ne devraient de préférence pas être prescrits seuls étant donné qu’ils sont moins efficaces à long terme que leur combinaison avec une psychothérapie.

Un problème fréquent, limité dans le temps

La dépression est un problème fréquent: entre 4 et 10% d’entre nous y seront confrontés à l’un ou l’autre moment de notre vie (chiffres OMS). C’est également la première cause d’incapacité de travail de longue durée en Belgique.

La dépression telle qu’elle se présente le plus souvent est caractérisée par une perte d’intérêt et de plaisir face aux expériences de la vie de tous les jours, une humeur triste, des troubles du sommeil, de l’appétit, etc. Sa durée est en principe limitée dans le temps, entre 4 et 6 mois en moyenne, mais les prolongations ne sont pas rares: après un an, environ la moitié des patients montrent encore des signes de dépression. Il existe également un risque de rechute: de 50% après un premier épisode, il augmente progressivement chez les personnes qui récidivent ou chez qui les symptômes persistent pendant plusieurs années.

Deux approches thérapeutiques

Les deux traitements classiques de la dépression sont la psychothérapie et les médicaments antidépresseurs. Ces deux approches ont longtemps représenté des positions théoriques divergentes quant aux origines – psychologiques ou biologiques – de la dépression, mais aujourd’hui elles sont plutôt considérées comme complémentaires.

Récemment, les psychologues cliniciens ont obtenu leur reconnaissance officielle comme professionnels des soins de santé. C’était donc le bon moment pour se poser la question de la place objective de la psychothérapie dans la prise en charge de la dépression.

À la demande de la cellule Psychotropes du SPF Santé publique, le KCE a analysé la littérature scientifique internationale portant sur l’efficacité de la psychothérapie, seule ou en combinaison avec les antidépresseurs.

Les experts ont évalué dans quelle mesure ces traitements permettaient de soulager les symptômes dépressifs, de revenir à un fonctionnement normal en société et, à plus long terme, de prévenir les rechutes. À noter que l’étude n’avait pas pour objectif de comparer entre elles les différentes formes de psychothérapies, pas plus d’ailleurs que les différentes classes d’antidépresseurs, mais bien de se prononcer sur l’efficacité globale de la psychothérapie par rapport à l’approche médicamenteuse seule, ou en combinaison avec elle.

Des recommandations en faveur de la psychothérapie

Il ressort de cette analyse que l’option à privilégier est la psychothérapie combinée aux médicaments antidépresseurs. Si la personne en dépression ne souhaite pas ce traitement combiné, c’est la psychothérapie qui doit être proposée en premier choix, parce qu’elle est au moins aussi efficace à court terme que les médicaments, et même plus efficace à long terme. Les médicaments antidépresseurs ne devraient de préférence pas être prescrits seuls étant donné qu’ils sont moins efficaces à long terme que leur combinaison avec une psychothérapie.

Pas de réel choix en Belgique

Les recommandations émises par le KCE visent à aider les praticiens à faire, avec leurs patients, les choix appropriés en matière de prise en charge de la dépression. En effet, la médecine basée sur les preuves (EBM) implique de poser des choix en fonction de l’efficacité et de l’efficience d’un traitement, mais aussi en fonction des préférences du patient.

Néanmoins, force est de constater que dans notre pays, le choix n’est pas entièrement libre: les antidépresseurs sont relativement faciles d’accès et remboursés, tandis que les psychothérapies ne sont remboursées que si elles sont pratiquées par un psychiatre.

La psychothérapie pratiquée par des psychothérapeutes non-médecins ne devrait-elle pas, de toute urgence, être également remboursée? Avant que nous ne puissions répondre à cette question, une série de points doivent être éclaircis, pour pouvoir assurer aux patients des garanties de qualité suffisantes des psychothérapies.

L’évaluation de Quality Nights: la fête en santé

Le 30 Déc 20

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L’évaluation de Quality Nights: la fête en santé

Mettre en œuvre un projet visant à améliorer le bien-être en milieu festif, c’est ce que vise le label Quality Nights. Créé en 2007, il a été évalué une première fois en 2009, mais uniquement via la consultation des patrons des 13 lieux de fêtes bruxellois labellisés. Y associer l’avis des fêtards, c’était inscrire un peu plus encore l’initiative dans une perspective de promotion de la santé.

Ce deuxième travail d’évaluation résumé ici a été réalisé l’an dernier par le Centre bruxellois de promotion de la santé (CBPS) et l’Observatoire socio-épidémiologique Alcool-Drogues en Fédération Wallonie-Bruxelles (Eurotox).

Un label pour offrir des services de promotion de la santé

ll arrive au public des fêtards – principalement jeunes – de prendre des risques dans le cadre des sorties. Pour un lieu festif comme une discothèque, adhérer au label permet d’offrir des solutions pérennes et adaptées aux risques liés au contexte de la fête: risques auditifs, risques liés à la consommation de produits psychotropes, retour au domicile, relations sexuelles non protégées, conflits et violences, etc.

C’est pour apporter des réponses à ces situations que l’asbl Modus Vivendi a organisé la mise en place du projet Quality Nights. Il s’agit d’un label de bien-être octroyé à une série de lieux de sortie (discothèques, soirées, salles de concert ou cafés dansants) se portant volontaires pour améliorer les conditions d’accueil des fêtards.

Ce projet s’appuie naturellement sur la concertation, la participation et la formation de ceux qui proposent l’environnement et le contexte de la fête, à savoir les organisateurs de soirées, les patrons de boîtes et leur personnel, de manière à responsabiliser durablement ces acteurs de la fête. Ils sont ainsi préalablement sensibilisés à la réduction des risques et aux premiers secours, à la gestion non-violente des conflits ou encore aux risques liés aux nuisances sonores.

Actuellement, les services liés à l’obtention du label Quality Nights sont les suivants: mise à disposition d’eau gratuite, de préservatifs et de bouchons d’oreille à prix modéré, diffusion d’alertes précoces en cas de circulation de produits psychotropes dangereux, formation du personnel (sur des thématiques de santé liées à la fête et sur les moyens de réduire les risques) et mise à disposition d’informations sur la santé (risques liés à la consommation excessive d’alcool et de drogues, maladies sexuellement transmissibles, etc.).

En avril 2014, Quality Nights comptabilisait 13 lieux labellisés à Bruxelles et 17 en Wallonie. Ce label a été récemment décliné de manière à pouvoir proposer des services équivalents sur les lieux de festival.

Une évaluation du label et de son impact

En 2009, une évaluation du processus de labellisation avait été réalisée auprès des patrons de boîte. Une évaluation complémentaire du projet a été menée à Bruxelles conjointement par le CBPS et Eurotox en 2013, afin d’évaluer une nouvelle fois le processus et de tenter de cerner l’empreinte de ce label auprès des fêtards: que connaissent-ils des services mis à leur disposition? Les utilisent-ils? Le label Quality Nights a-t-il du sens pour eux?

Pour ce faire, deux dispositifs de récolte de données ont été organisés:

  • un volet quantitatif traité par Eurotox et permettant de mesurer la connaissance et l’utilisation du label et des services dans les lieux labellisés;
  • un volet qualitatif conduit par le CBPS pour mesurer la perception et la pertinence du label, l’impact de la communication et pour dégager de nouvelles pistes d’intervention.

Le volet quantitatif a été réalisé à l’aide d’un questionnaire auto-administré proposé à un échantillon de 601 personnes fréquentant les établissements labellisés Quality Nights à Bruxelles. L’échantillon était composé d’un nombre équivalent d’hommes et de femmes, dont la moyenne d’âge était de 27 ans, fréquentant de manière régulière, pour la plupart, les milieux de la nuit.

Les données qualitatives ont été recueillies au moyen de 8 groupes focalisés réunissant au total une soixantaine de personnes, femmes et hommes de 17 à 50 ans, fréquentant les lieux de sortie. Les entretiens ont permis à ceux-ci de témoigner de ce que représente la fête pour eux, des plaisirs mais aussi des problèmes rencontrés et de la manière d’y faire face.

La fête, ses joies, ses peines

Pour le public des lieux festifs bruxellois, c’est l’ambiance qui génère, ou non, la réussite d’une fête car elle favorise la liberté que chacun peut s’accorder à se laisser aller, à se détendre, à oublier ses soucis. Faire la fête, c’est donner de l’espace à la rencontre et au plaisir: «se laisser aller, ne pas être stressé, s’alléger la tête en regardant d’autres gens qu’on ne connaît pas».

Mais des problèmes récurrents se posent dans les endroits surpeuplés, lesquels suscitent tensions, altercations, bagarres. Sortir, faire la fête, c’est aussi s’exposer. S’exposer aux autres, aux garçons pour les filles, «à un cocktail d’agressivité et de gaieté qui (nous) amène à faire n’importe quoi».

Pour beaucoup, la fête doit être arrosée… mais pas trop: le plaisir qu’on y a pris se mesurant à l’aulne de l’après («Il faut s’en souvenir»).

Si faire la fête suppose pour beaucoup la liberté et l’insouciance, celles-ci ne sont pas exemptes de limites et doivent être tempérées par le respect des autres, vécu comme essentiel pour bien s’amuser. C’est ce respect qui prévient des éventuels débordements et des limites organisationnelles qui peuvent parfois favoriser les bousculades dans les files d’attente notamment. Car il importe aussi de «pouvoir se dire, le lendemain matin, j’ai passé une bonne soirée, je me suis bien amusé, c’était sympa».

Sortir, c’est rechercher, rechercher du plaisir, rechercher des contacts mais, peut-être aussi, perdre: perdre de vue ses amis, ses affaires personnelles, et parfois aussi ses limites habituelles…

Sortir implique aussi de quitter la fête pour rentrer. Cela renvoie aux risques que fait courir l’extérieur du lieu: son accessibilité, la sécurité du quartier, les moyens de transport, l’état d’ébriété des personnes. Un lieu qui n’est accessible qu’en voiture, par exemple, potentialise les risques. Surtout que le recours aux taxis n’est pas toujours possible «le chauffeur de taxi m’a dit qu’il ne voulait pas me ramener, que je n’avais qu’à marcher. Sauf que le tronçon que je dois prendre est dans le noir, il n’y a pas d’éclairage public», «on n’a pas envie de se mettre en danger».

En ce qui concerne les risques liés à la santé, ce sont les conséquences d’une alcoolisation excessive, le niveau sonore trop élevé, ou encore l’agressivité qui sont surtout cités comme problématiques. Les risques encourus par la consommation d’alcool ou de drogues sont généralement identifiés au regard du type de produit consommé et du dosage qui peut entraîner ‘bad trips’ et ‘mauvaises descentes’. Dès lors, le risque est identifié dans ces cas à la méconnaissance d’un produit ou à la mauvaise gestion de son usage.

Après avoir répertorié les risques énumérés par les fêtards, il est aussi intéressant d’examiner la manière dont ils imaginent y faire face. Très vite, il apparaît que la réduction de ces risques, leur gestion, est considérée à plusieurs niveaux. Les fêtards pointent d’une part leur responsabilité à un niveau individuel mais aussi la responsabilité collective et celle des organisateurs, d’où l’importance des moyens mis en œuvre par le label.

Connaître les services liés au label

Globalement, l’enquête quantitative montre que les services proposés dans le cadre de Quality Nights semblent répondre à un besoin du public. La quasi-totalité des personnes interrogées estiment qu’il est important de rendre ces services accessibles en milieu festif. Néanmoins, il ne leur parait pas forcément indispensable que ces services soient rendus disponibles à travers un label de qualité spécifique: ce qui importe avant tout, c’est que ces services existent, qu’on le fasse savoir et qu’ainsi, ils leur soient accessibles.

Les données montrent que ces services sont globalement bien utilisés par les personnes qui ont déclaré les connaître mais l’évaluation quantitative fait émerger un autre constat: les services du label Quality Nights sont insuffisamment connus du public. Même les personnes qui fréquentent régulièrement ces endroits ne connaissent pas forcément leur existence. Pourtant, quand ils sont identifiés comme tels, ils rassurent les clients et renforcent l’image du lieu.

Certains services sont toutefois mieux connus que d’autres (par exemple l’accès à de l’eau gratuite et à des préservatifs à prix modique), mais le public estime majoritairement qu’ils ne sont pas suffisamment ‘visibilisés’ au sein des lieux labellisés, et les personnes qui en font usage ne savent pas forcément qu’ils sont mis à disposition du public dans le cadre du label Quality Nights, qui est au demeurant très peu connu du public.

Ce manque de visibilité des services et du label Quality Nights est une conséquence directe de l’absence de promotion au sein même des lieux labellisés, qui entraîne une méconnaissance et, a fortiori, une sous-utilisation de ces services. «Il faudrait mettre un panneau qui indique que c’est un droit de pouvoir demander de l’eau» «Les bouchons d’oreille, c’est une bonne idée mais souvent, ils ne sont pas accessibles facilement, ils ne sont pas promus, ils ne sont pas visibles».

Tableau 1 – Connaissance, utilisation et importance de l’accessibilité des services mis en place par le label Quality Nights selon le public rencontré dans les établissements bruxellois labellisés (2013; N=601)

Services du label Connu Utilisé* Important**
Eau potable gratuite 52,6% 76,3% 96,4%
Préservatifs à prix modique 50,6% 33,9% 91,4%
Bouchons d’oreille à prix modique 44,8% 67,3% 82,6%
Brochures/feuillets de sensibilisation 42,8% 39,3% 68,4%
Informations sur les alertes précoces 26,6% 26,3% 75,4%

*Parmi les répondants ayant déclaré connaître le service

**Accessibilité du service jugée très ou moyennement importante

Améliorer la visibilité des services du label

Beaucoup de fêtards relèvent que même si les services existent, ils manquent de visibilité et d’accessibilité: «Il y a un manque d’information, je n’ai jamais vu le logo, je ne sais pas à quoi il ressemble. Et pourtant je viens souvent ici et je n’en ai jamais entendu parler».

L’évaluation s’est également penchée sur les ‘leviers potentiels’ qui permettraient d’améliorer la visibilité des services mis en place par le label Quality Nights.

S’il apparait que l’affichage dans un lieu de sortie et le bouche à oreille sont les modalités de connaissance des services les plus fréquemment cités dans l’enquête quantitative par ceux qui en connaissaient l’existenceNote bas de page, on constate que les réseaux sociaux constituent, et de loin, le moyen de promotion du label le plus fréquemment préconisé, suivi par la presse et l’affichage dans les lieux de sortie.

Mais d’autres moyens (site internet dédié, affichage dans les transports en commun, etc.) sont également cités par un nombre non négligeable de répondants, ce qui met à nouveau en évidence qu’il n’y a pas forcément une seule méthode de promotion efficace et qu’il faut multiplier les outils de promotion afin de toucher chacun dans sa singularité.

Toucher le public

L’évaluation fait émerger un dernier constat important et plus général, relatif à la réceptivité du public à recevoir des conseils et informations préventives sur les risques liés aux sorties festives. Il apparait que cette disponibilité en termes de moments et d’endroits varie fortement d’une personne à l’autre, et pas forcément en relation avec son profil sociodémographique (âge, sexe, etc.). Il n’y a donc pas forcément un moment optimal pour diffuser de tels conseils au public (ou groupes spécifiques), et il est plutôt nécessaire de multiplier les moments ainsi que, probablement, les outils de sensibilisation, afin de s’adapter à la disponibilité de chacun et d’augmenter les chances de toucher le public individuellement.

Au-delà même du label Quality Nights, la question qui se pose plus largement est celle de la réceptivité des fêtards aux conseils de réduction des risques sur le lieu de sortie. La perception des services peut varier, elle suscite des réactions différentes en lien avec les valeurs, les contextes et les représentations de chacun. Certains disent combien il s’agit d’une approche utile mais qui demande réflexion et une vraie connaissance du terrain afin de ne pas provoquer d’équivoque «Ces histoires de prévention font un peu office de réprimande alors que ce sont des choses qui devraient aller de soi. Quand je vois des stands avec des brochures et le reste, j’ai envie de dire: les gars, on sort en boîte, on fait la fête, on boit de l’alcool parce qu’on a envie de faire des trucs qu’on ne fait pas chez soi.» Certains préconisent que les lieux puissent s’approprier la philosophie de la réduction des risques en intégrant les services selon leur approche.

«Je trouve qu’il y a des choses qui ne sont pas tout à fait tabou mais qui posent question, par exemple les kits sniff. Je pense que ça ne passe pas partout et qu’il y a des gens qui ne comprennent pas le sens. Tu ne peux pas distribuer des kits comme ça d’une manière sauvage. Ca veut dire que le lieu accepte qu’il y ait des gens qui prennent de la drogue chez eux. Je pense que c’est de la prévention et que c’est utile, mais cela reste difficile… Ca peut faire passer quelque chose de malsain».

Évaluer, participer

Les services proposés par Quality Nights semblent bien répondre à un besoin du public. Mais si le label a du sens et s’il est perçu comme utile, il reste peu connu. Les services manquent de visibilité et un effort doit manifestement être consenti au sein des lieux de sortie pour permettre au public d’y avoir plus facilement accès. Ceci plaide pour une réflexion à mener avec les responsables de lieux de sortie. Véritable plus-value pour ceux-ci, la promotion du label semblerait gagner à être travaillée par les initiateurs de Quality Nights en étroite collaboration avec les responsables de ces lieux.

À la lecture des résultats des deux volets de l’évaluation, il semble important d’expliquer et de communiquer par rapport à la démarche de réduction des risques, encore mal connue, et au sens de la mise en place du label à l’attention des utilisateurs.

Une série de suggestions sont également proposées par les personnes interrogées pour la mise en œuvre de nouveaux services: mise à disposition d’alcootests, d’un service Bob, création d’espaces plus calmes dans les lieux de sortie, limitation du niveau sonore, accès gratuit aux toilettes, formation permanente du personnel.

Un autre volet des propositions attire aussi l’attention sur les partenariats à nourrir avec d’autres entités concernées par l’environnement de la fête pour ce qui concerne, par exemple, la réflexion à mener quant à la façon de renforcer le sentiment de sécurité aux alentours des lieux de sortie, ou encore la collaboration des transports publics (STIB, NOCTIS) et les sociétés de taxis.

Plus globalement, cette évaluation du projet Quality Nights met clairement en lumière l’intérêt d’une concertation de tous les acteurs concernés (fêtards, organisateurs, professionnels de la prévention, pouvoirs publics) pour mettre en œuvre des outils de réduction des risques qui soient perçus par tous comme une réelle plus-value en termes de promotion de la santé et s’inscrivant naturellement dans une démarche citoyenne.

Le projet Quality Nights est membre de Party+, le réseau des labels et des chartes pour des fêtes à moindre risque. Il possède un site où le rapport d’évaluation peut être consulté: www.qualitynights.be.

Quoique l’on constate que les étudiants ont davantage pris connaissance de ces services via les réseaux sociaux, des amis, ou encore leurs réseaux d’étudiants.

Cracs, Neets… and Agency, le vocabulaire d’un autre monde… ou pas?

Le 30 Déc 20

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Cracs, Neets… and Agency, le vocabulaire d’un autre monde… ou pas?

Le 9 octobre dernier, l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse (plus facile à écrire qu’à dire en abrégé OEJAJ) organisait une journée de colloque intitulée ‘Le bien-être des enfants et des jeunes au cœur des politiques publiques’.

Belle opportunité de valoriser cet outil de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui existe depuis 15 ans, et reste trop peu connu, notamment dans le monde de la promotion de la santé. L’OEJAJ est un inlassable témoin (devrais-je dire gardien) d’une application concrète de la Convention internationale des droits de l’enfant (entendez enfants et jeunes de 0 à 18 ans) à travers les activités qui relèvent des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles et depuis peu de la Wallonie. On gagne à aller à sa rencontre.

Pour les chercheurs de l’OEJAJ, analyser toute initiative, toute politique, toute qualité de service à la lueur de la participation des enfants et des jeunes va de soi… C’est un devoir pleinement assumé, documenté, argumenté et surtout communiqué avec conviction, avec la volonté de mettre à l’avant-plan les ressources plutôt que les faiblesses des enfants et jeunes. C’est un parti pris qu’il est facile de rejoindre. Mais ne nous y trompons pas, ce parti pris n’a rien de romantique: il est accompagné à l’OEJAJ d’une réelle volonté d’engranger des connaissances fondées, de multiplier les moyens de faire émerger la parole des enfants et des jeunes (y compris la parole non verbale des très jeunes enfants); il se double aussi d’une constante recherche de déconstruction des clichés et stéréotypes qui, positifs ou négatifs, émaillent trop souvent les discours sur les enfants et les jeunes.

La ‘richesse’ des enfants

Déconstruire les clichés, c’était un des maîtres-mots de cette journée de colloque organisée dans un cadre que certains jugent austère, mais qui permet de profiter de la belle lumière d’une journée d’automne: le Palais des Académies à Bruxelles…

L’organisation alternait des introductions par des responsables actuels et anciens de l’OEJAJ, des exposés de chercheurs de l’Observatoire, des tables rondes avec des extérieurs académiques et des experts de terrain, une prise de recul par des universitaires étrangers et engagés. Et tout cela permet de mettre en perspective et en débat les travaux réalisés ou commandités par l’Observatoire, autour de deux fils rouges:

  • les activités des jeunes, leurs affiliations, les difficultés rencontrées pour devenir de réels acteurs de leur vie et de la société;
  • les composantes du bien-être des enfants: la décomposition d’un certain nombre d’idées reçues, à partir d’une traversée des résultats de recherches sur la pauvreté des enfants, les temps et les rythmes, la qualité de l’accueil.

Les études dont les résultats ont servi de base à ces échanges sont nombreuses. Vous les découvrirez sur le site de l’OEJAJ. Je relèverai ici quelques points forts de ces échanges qui me paraissent propices à jeter des ponts avec les pratiques et politiques de promotion de la santé.

On a ainsi illustré combien l’intérêt pour les ‘NEETs’ (pour Not in Education, Employment or Training, c’est-à-dire des jeunes qui n’ont pas d’emploi, ne sont engagés ni dans des études ni dans des formations) est emblématique du stéréotype d’activation qui tend à dominer l’action sociale. Certaines études montrent combien certains de ces jeunes sont malgré tout engagés et connectés. Pour d’autres, il est important d’augmenter ‘l’agency’Note bas de page par un travail en amont de sécurisation, de subjectivation, d’apprentissage des codes. Mais ce faisant ne risque-t-on pas que les lieux d’accompagnement de la jeunesse deviennent eux-mêmes l’antichambre d’une logique d’activation?

Face à cette analyse, le projet des organisations de jeunesse prend tout son sens: au centre de celui-ci se trouve la notion de CRACS, acronyme pour Citoyens Responsables Actifs Critiques et Solidaires. Il importe de travailler avec ces jeunes les enjeux structurels liés aux politiques d’emploi et d’insertion. Nous sommes donc bien au cœur d’un débat qui est aussi au centre des pratiques de promotion de la santé: la notion d’empowerment en tant que pouvoir de dire et d’agir, sur le plan individuel et collectif.

Cette matinée consacrée aux activités et parcours des jeunes au-delà de 12 ans était complétée par une soirée de projections au cinéma des Galeries. Il s’agissait de diffuser les créations de jeunes qui ont été invités à s’approprier les résultats d’une recherche sur les ‘trajectoires improbables’ de certains de leurs pairs. Ces trajectoires montrent comment des parcours individuels entamés sous des auspices peu favorables ont connu une inflexion positive.

L’après-midi a permis de parcourir les études qui ont donné la parole aux jeunes, voire très jeunes enfants, en relation avec leur bien-être. Pointons, parmi d’autres, trois éléments de réflexion qui méritent qu’on s’y attarde dans les pratiques de promotion de la santé: l’importance de considérer la richesse qu’apporte l’enfant au moment présent et pas seulement comme un être en devenir; l’importance pour les enfants des personnes ‘avec qui ils font’ plutôt que de ‘ce qu’ils font’ et in fine, l’importance de l’appréhension et de l’utilisation du temps comme marqueur des inégalités sociales.

Au cours de la journée ont surgi de nombreuses pistes sur la manière de prendre en compte les acquis de ces études pour fonder la production et le pilotage des politiques publiques. Corollairement, est apparu l’important effort à réaliser pour diffuser les connaissances et outils rassemblés par ce catalyseur qu’est l’OEJAJ et les aider à s’intégrer dans les représentations des décideurs et des professionnels. Modestement nous espérons que ce bref aperçu vous donnera l’envie d’aller explorer cette malle aux trésors.

Pour en savoir plus sur les présentations de la journéeEt pour les vidéos présentées en soirée (parcours improbables)

L’agency peut être brièvement présentée comme la faculté d’action d’un être; sa capacité à agir sur le monde, les choses, les êtres, à les transformer ou les influencer.

Un outil pédagogique en ligne sur les inégalités sociales de santé

Le 30 Déc 20

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Un outil pédagogique en ligne sur les inégalités sociales de santé

La Base de connaissances francophone sur les inégalités sociales de santé cherche à documenter ce problème de santé publique majeur par le partage d’informations et la recension de pratiques fondées sur des données probantes.À travers quatre grandes thématiques regroupant des présentations PowerPoint, cet outil pédagogique vise, d’une part, à contribuer à l’amélioration des connaissances générales sur les inégalités sociales de santé et, d’autre part, à encourager le développement de stratégies visant la réduction de ces inégalités.

Inégalités sociales de santé: constats et leviers d’action

En guise d’introduction, les thématiques ‘Inégalités sociales de santé’ et ‘Déterminants sociaux de la santé’ explorent la réalité des inégalités sociales de santé. En définissant des concepts et en présentant des modèles théoriques, ces thématiques stimulent la réflexion sur les mécanismes et les origines des injustices qui engendrent des inégalités sociales de santé.La thématique ‘Inégalités sociales de santé’ dresse un portrait historique de l’ensemble des travaux de référence sur les inégalités sociales de santé du 19e siècle à nos jours en passant par le Rapport Lalonde (1974), le Rapport Black (1980) et le Rapport Acheson (1998). La création de la Commission sur les déterminants sociaux de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (CDSS-OMS, 2008) représente un élément catalyseur pour combattre les causes sociales des problèmes de santé et les inégalités de santé. Les grandes conférences en promotion de la santé de l’OMS – de l’adoption de la Charte d’Ottawa (1986) à la Déclaration d’Helsinki (2013) – retracent les grands jalons de l’équité en santé et la mise en œuvre des grands principes internationaux.Afin de favoriser l’équité en santé, les thématiques ‘Stratégies pour réduire les inégalités sociales de santé’ et ‘Politiques publiques favorables à l’équité’ s’inspirent des travaux et des recommandations de la Commission sur les déterminants sociaux de la santé de l’OMS (2008). Ces thématiques exposent des stratégies pour soutenir l’action sur les déterminants sociaux de la santé et «améliorer les conditions de la vie quotidienne». Elles soulignent l’importance d’intégrer la santé dans toutes politiques pour réduire les inégalités sociales de santé et de «lutter contre les inégalités dans la répartition du pouvoir, de l’argent et des ressources» (CDSS-OMS, 2008).La thématique ‘Stratégies pour réduire les inégalités sociales de santé’ s’intéresse aux causes multiples des inégalités sociales de santé existant au sein des pays et entre les pays ainsi qu’aux leviers d’action pour contrer ces inégalités. De nombreux facteurs sociaux, situés en amont du système de santé et liés aux conditions de vie, déterminent la façon dont les «gens naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent» (CDSS-OMS, 2008). Cette thématique traite de certains déterminants majeurs de la santé susceptibles de s’influencer mutuellement: le développement du jeune enfant, les conditions de travail et d’emploi, le milieu de vie, le mode de vie, l’accès aux soins de santé et à un système de santé équitable.Enfin, la thématique ‘Politiques publiques favorables à l’équité’ insiste sur le fait que la santé ne doit pas uniquement être l’apanage du système de santé. Au-delà des facteurs sociaux, les politiques sectorielles (éducation, logement, transport, développement urbain, emploi, etc.) sont également concernées dans la mesure où elles peuvent avoir un effet direct ou indirect sur la santé et sur le bien-être des populations (ou sur les déterminants de la santé), voire accentuer ou atténuer certaines inégalités.L’approche de l’évaluation d’impact sur la santé, citée en exemple dans cette thématique, est une démarche intersectorielle qui permet d’anticiper les effets d’une politique, d’un programme ou d’un projet sur la santé des populations.

Comment utiliser la Base de connaissances dans une dynamique d’apprentissage?

La Base de connaissances peut être utilisée dans le cadre d’activités professionnelles en étant adaptée selon les besoins pour sensibiliser, informer et former des acteurs de la santé sur la question des inégalités sociales de santé. À titre d’exemple, vous pourriez donner un atelier sur la Base de connaissances lors d’un événement en santé publique, en utilisant les contenus PowerPoint des différentes thématiques afin de les faire connaître aux participants (théorie) et de leur apprendre à les diffuser lors de futures présentations ou formations (pratique). Durant un exercice pratique, les participants pourraient travailler en équipe pour s’approprier les contenus et concevoir leur propre PowerPoint, que ce soit pour sensibiliser des décideurs politiques ou former des étudiants sur la question des inégalités sociales de santé.

Des outils à promouvoir pour renforcer leur utilisation

La Base de connaissances est le fruit d’une collaboration entre la Section des Amériques du Réseau francophone international pour la promotion de la santé (www.refips.org), l’Institut national de santé publique du Québec et la Chaire Approches communautaires et inégalités de santé (Québec) ainsi qu’un ensemble d’experts à l’échelle de la Francophonie. Celle-ci est hébergée sur le site Internet www.tribuneiss.com qui exerce une veille informationnelle sur les inégalités sociales de santé à travers le monde. Faites la promotion de ces outils auprès d’utilisateurs potentiels et encouragez leur utilisation!

Le Réseau francophone international pour la promotion de la santé est un lieu d’échanges et d’entraide pour les professionnels de la santé intéressés par la promotion de la santé de leurs communautés respectives. Il regroupe environ 1 000 membres répartis dans une trentaine de pays de la Francophonie qui partagent un intérêt pour l’émergence de conditions favorables à la santé de leurs populations, la création de milieux favorables, le renforcement de l’action communautaire, l’acquisition de meilleures aptitudes individuelles et la réorientation des services de santé.

Un visiteur médical au service de la médecine préventive

Le 30 Déc 20

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Un visiteur médical au service de la médecine préventive

La littérature scientifiqueNote bas de page met en évidence l’intérêt, pour l’implantation de programmes de prévention, de rencontres entre un visiteur médical et un médecin. Cette démarche permet de sensibiliser le médecin, de lui transmettre des informations concrètes et pratiques sur le fonctionnement des programmes et d’individualiser les informations transmises en fonction des besoins spécifiques du médecin.Sur base de cette littérature, la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG), en partenariat avec l’asbl Question Santé, le Centre de dépistage des cancers (CCR) et la société Quintiles (cette société commerciale met à la disposition de ses clients (principalement l’industrie pharmaceutique) des équipes de visiteurs médicaux et en assure la formation, l’encadrement et l’évaluation), a mis en place durant l’année 2013 un projet pilote ambassadeur prévention. Ce projet a été soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui souhaitait tester cette approche pour améliorer le recours aux programmes de médecine préventive mis à la disposition de la population et des médecinsNote bas de page.Les programmes de prévention concernés par le projet pilote étaient ceux des dépistages du cancer colorectal et du sein, ainsi que la prévention des cancers du col de l’utérus (par vaccination et frottis de dépistage).

Descriptif de la démarche

Quelque 250 médecins ont été inclus dans le groupe piloteNote bas de page; chacun de ces médecins a été visité, moyennant son accord, par l’ambassadrice prévention (il s’agissait d’une femme) à trois reprises sur une période de 9 mois.L’ambassadrice apportait à chaque médecin une aide concrète et des informations sur les bénéfices que lui-même et ses patients peuvent retirer de ces programmes, ainsi que leurs limites. Elle proposait des renseignements adaptés aux besoins de chaque médecin.La visite 1 a été consacrée principalement au dépistage du cancer colorectal; outre un rappel et un temps de réponse consacré à ce même dépistage du cancer colorectal, la visite 2 abordait aussi la prévention (par vaccination) et le dépistage du cancer du col de l’utérus et la visite 3 le dépistage du cancer du sein.Les documents d’information des programmes de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont été diffusés aux médecins visités.Le projet a démarré en janvier 2013 par une formation poussée de l’ambassadrice prévention. Cette formation a été assurée conjointement par la SSMG, le SCPS – Question Santé et le CCR.Les premiers rendez-vous ont débuté le 25 janvier.Une information a été diffusée par la SSMG aux médecins du groupe pilote vers le 25 janvier.La SSMG a organisé deux dodécagroupes (groupes de formation continue constitués de 10 à 15 médecins généralistes) dans la région pilote durant la durée du projet.Le site www.mongeneraliste.be a consacré un article à chacun des dépistages et à la vaccination des jeunes filles contre l’HPV. La Revue de la Médecine Générale, destinée aux médecins, a présenté le projet à son démarrage.Le territoire couvert par le projet était une partie du Hainaut reprenant des sub-régions de Mons-Borinage, du Centre et quelques autres communes à l’ouest de Charleroi.

Approche d’évaluation

Le groupe des médecins généralistes participant au projet pilote a été comparé à deux groupes témoins (chacun composé de plus ou moins 400 médecins généralistes). Un groupe témoin était situé dans le même bassin que le groupe pilote, l’autre dans un autre bassin constitué par Liège et sa région.Diverses démarches évaluatives, complémentaires, permettent de tirer des enseignements de cette initiative :

  • enquêtes qualitatives auprès d’une population cible et de populations témoins (SSMG, avec l’appui du SCPS – Question Santé);
  • analyse quantitative de l’utilisation des programmes sur la population cible et 2 populations témoins (CCR);
  • évaluation qualitative de la population cible (Quintiles), via perception de l’ambassadrice prévention, mini-enquête lors de la première visite (remise en fin de visite) et enquête lors de la dernière visite (remise en fin de visite).

Résultats principaux

L’acceptation de cette approche par un ‘ambassadeur prévention’ est largement démontrée. Parmi les médecins généralistes ayant reçu l’ambassadrice (± 90% des médecins sollicités), on constate que plus de 98% adhèrent à l’initiative, que 50% évaluent l’initiative très positivement (++) lors de la première visite et que ce chiffre monte à 78% lors de la troisième visite. Environ 4 médecins sur 5 ne voient aucun frein à l’initiative. Les principaux freins évoqués par une minorité sont le manque de temps et la peur d’être jugé. On constate que ces freins sont levés au fur et à mesure des visites.

Programme de dépistage du cancer colorectal

Les médecins généralistes visités connaissaient l‘existence du programme de dépistage du cancer colorectal (97%) et reconnaissaient l’importance de la prévention. Ces médecins restaient majoritairement réactifs à la demande du patient. Même s’ils trouvaient le test Hémoccult facile à utiliser et fiable (5% avaient peur des faux positifs ou négatifs et 4% préféraient la coloscopie), il subsiste bon nombre de freins à l’utilisation comme le manque de temps (12%), l’oubli (33%), le manque d’habitude et de motivation des patients (15%).Le Centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers a recueilli pour les 3 groupes de médecins (pilote, témoin de la même région et témoin d’une autre région) les données d’Hémoccult réalisés. Ces données montre une augmentation de retours d’Hémoccult réalisés par les médecins du groupe pilote, comparés aux deux groupes témoins.

Vaccination contre l’HPV

La gratuité du vaccin via le programme de vaccination (mise à disposition d’un vaccin gratuit pour certaines jeunes filles) n’est pas un avantage suffisant pour lever les freins décrits par les médecins visités:

  • complexité de la commande (commande groupée avec 5 produits du même fabricant);
  • problème de livraison (elle nécessite une présence au domicile du médecin et il y a des craintes sur le respect de la chaîne du froid);
  • faible gain pour le patient : le coût final pour l’usager du vaccin lors d’une délivrance en pharmacie n’est pas important. En effet, le remboursement du vaccin HPV par l’assurance obligatoire est généralement complété par une intervention via l’assurance complémentaire des mutuelles;
  • rupture de l’habitude d’approvisionnement via la pharmacie, qui est considéré par les médecins et les patients comme sûr et simple.

On peut poser l’hypothèse qu’une simplification de l’approvisionnement des vaccins via la Fédération Wallonie-Bruxelles pourrait avoir un impact sur l’utilisation du programme.

Dépistage du cancer du sein par mammotest

Le recueil de données via l’ambassadrice prévention démontre que les médecins généralistes ont un besoin réel d’informations précises sur les modalités de fonctionnement du programme, sur les positionnements respectifs de la radiographie, de l’examen clinique et de l’échographie, ainsi que sur les atouts, en terme d’assurance de qualité notamment, du mammotest.En effet, plus d’un médecin sur 2 ignore la différence entre le mammotest gratuit (programme proposé par la FWB) et la mammographie, et près de la moitié ne connaît pas ou ne connaît pas bien le programme mis en place. La méconnaissance de ses spécificités est le frein les plus courant à son utilisation. Pourtant, après précisions apportées par l’ambassadrice, 70% des médecins se déclarent prêt à utiliser plus régulièrement le programme ( à l’essai 41% et régulièrement 30%).

Quelques témoignages de médecins du groupe pilote

«Jusqu’alors, je n’avais jamais été éclairé quant au protocole du mammotest, remarque-t-il. À présent, j’ai revu ses indications et j’ai décidé de changer ma manière de prescrire, même si je ne vais pas suivre exactement ce que préconise l’ambassadrice prévention. En effet, et après en avoir discuté avec un radiologue, je suis à présent persuadé que, pour les seins clairs, le mammotest a toute sa place. Dans ce cas, il s’impose plutôt qu’une mammographie, en raison d’un moindre rayonnement et des atouts d’une double relecture. En revanche, pour des seins denses et glandulaires, je continue à préconiser une mammographie. Par ailleurs, je vais également être attentif au fait de prévenir la patiente qui bénéficie d’un mammotest qu’elle ne va rencontrer aucun médecin lors de l’examen. En revanche, je préciserai bien qu’elle pourra compter sur moi pour obtenir toutes les explications nécessaires. Au final, je suis donc très reconnaissant à l’ambassadrice prévention de m’avoir permis de changer mon attitude, et de sélectionner les patientes, en vertu d’arguments réfléchis, pour leur proposer des solutions vraiment adaptées» Dr. J.B.«Je ne suis pas un des grands représentants de la prévention». Trois rendez-vous de 25 minutes (au maximum) plus tard, le Dr S. ne regrette pas d’avoir tenté le coup: pour lui, cette initiative est «très intéressante. Contrairement aux délégués médicaux qui viennent ‘vendre leurs produits’, l’interlocutrice ne propose pas un discours orienté, mais une série d’arguments scientifiques crédibles. On peut ainsi se remettre en tête l’essentiel de ce qui concerne la prévention, ainsi que les bonnes façons d’utiliser le système au profit de la population.» Dr. S.«J’avais oublié que nous pouvons demander nous-mêmes des mammotests. J’avais également pris l’habitude de conseiller aux femmes de faire directement une mammographie et une échographie. À présent, j’ai changé de procédure. En fonction des cas, je propose de commencer par le mammotest, et en m’efforçant de ne jamais surprescrire ce type d’examen. De même, je n’étais pas assez sensibilisée à la possibilité de proposer une vaccination contre le cancer du col à certaines jeunes femmes. Rien qu’à partir de ces exemples, j’ai réalisé que je pouvais cibler davantage de personnes et en faire davantage encore pour la prévention.» Dr C.B.

Discussion et conclusions

La structure organisationnelle du projet, mêlant des centres d’expertises complémentaires, s’est avérée opérationnelle et efficace.Les champs d’expertise étaient les suivants:

  • une société scientifique de médecine générale disposant d’une crédibilité scientifique et d’une légitimité en formation continue avérées auprès du public des médecins visités, de fichiers et de moyens de communication spécifiques;
  • un centre d’expertise et de gestion des programmes de dépistages concernés (Centre de référence pour le dépistage des cancers en Fédération Wallonie-Bruxelles);
  • un service expert en méthodologie de promotion de la santé, en réalisation d’outils informatifs et pédagogiques et en communication, tant vers les médecins que le public (SCPS – Question Santé);
  • un opérateur maîtrisant la gestion d’un personnel formé et qualifié et la méthodologie de la visite médicale (Quintiles).

L’approche est appréciée par les médecins, mais des conditions qualitatives doivent être rencontrées pour en assurer la crédibilité: une compétence particulière du visiteur médical, dans la relation et la communication avec le médecin généraliste, est essentielle, de même qu’une formation pointue dans les domaines concernés (tant sur les bases scientifiques que sur les aspects pratiques très concrets).Les effets sur les pratiques des médecins sont démontrés, bien que le projet n’ait pu être mené que sur une période courte. Mais l’approche nécessiterait, pour atteindre un objectif de santé publique :

  • une couverture à l’échelle de l’ensemble du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles:
  • une permanence dans le temps de la démarche de visite par l’ambassadeur prévention.

La limite évidente pour les pouvoirs publics est l’investissement budgétaire important qui serait nécessaire pour atteindre cette couverture territoriale: le rapport coût/bénéfice d’une telle démarche, par rapport à d’autres, devrait être évalué.Le rapport complet peut être obtenu sous format électronique auprès de la Société Scientifique de Médecine Générale.

Quelques références

  • Habraken H et al. ‘Pilot Study on the feasability and acceptability of academic detailing in general practice’. Eur J Clin Pharmacol 2003; 59: 253-60
  • I. Janssens et al. ‘Academic detailing in de huisartsenpraktijk’. Huisarts Nu juni 2004;33(5).
  • ‘L’information des médecins généralistes sur le médicament’. Rapport présenté par Pierre-Louis Bras, Pierre Ricordeau, Bernadette Roussille et Valérie Saintoyant, membres de l’Inspection générale des affaires sociales. Rapport n° RM 2007-136P, septembre 2007.
  • E Bernal-Delgado et al. ‘Evidence based educational outreach visits: effects on prescriptions of non-steroidal antiinflammatory drugs’. Journal of Epidemiology and Community Health 2002; 56: 653-658.
  • D. Weller et al. ‘Promoting better use of the PSA test in general practice: randomized controlled trial of educationnal strategies based on outreach visits and mailout’. Family Practice Vol. 20, N° 6, 655-661.
  • Lars Jorgen Hansen et al. ‘Encouraging GPs to undertake screening and a brief intervention in order to reduce problem drinking: a randomized controlled trial.’ Family Practice Vol. 16, N° 6, 551-557.
  • Sherri Sheinfeld Gorin et al. ‘Effectiveness of academic detailing on breast cancer screening among primary care physicians in an underserved community’. The Journal of the American Board of Family Medecine 19: 110-121 (2006).
©Fotolia

voir les références en fin d’article

voir ‘L’ambassadeur prévention’, P. Trefois, Éducation Santé n°289, mai 2013.

médecins généralistes ayant une pratique soutenue de médecin de famille, pratiquant seuls, acceptant la visite d’informateurs à leur cabinet de consultation et ayant moins de 65 ans. La population cible du projet pilote a été extraite de manière aléatoire d’un bassin de population de 734 généralistes correspondant au profil et critères définis ci-dessus.

Le combat pour une alimentation de qualité

Le 30 Déc 20

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Le combat pour une alimentation de qualité

Le 24 avril dernier, la Mutualité socialiste-Solidaris organisait un colloque intitulé «Vers une politique concertée de l’alimentation en Belgique. Quels enjeux, quelles priorités?», faisant écho aux résultats de l’enquête du Thermomètre Solidaris parus en décembre de l’année dernièreNote bas de page.L’introduction d’Alain Cheniaux, Secrétaire général de la Mutualité socialiste du Brabant wallon, en charge du Thermomètre Solidaris, donna le ton : «La confiance n’est plus de mise (…), le consommateur est dans le brouillard (…), il estime que la plupart des produits alimentaires représentent un risque important, voire très important, pour sa santé (…), la liste des scandales alimentaires est, hélas, longue et a semé le doute dans nos assiettes (…)». Ensuite, c’est le Directeur du Service marketing, Martin Wauthy, qui prit la parole afin de nous présenter plus concrètement les résultats de cette 4e enquête sur la perception par la population de l’offre de produits alimentairesNote bas de page. Il conclut son exposé en décrivant l’attente de la population vis-à-vis des pouvoirs publics afin que ceux-ci soient davantage acteurs de changement, attente malheureusement actuellement non rencontrée.Après cela, notre collègue Pierre Baldewyns, Responsable du Service Promotion de la Santé de l’UNMS, choisit de faire un focus sur deux déterminants sociétaux importants et souvent oubliés : d’une part les écarts de revenus et l’importance qu’ils jouent dans l’accès à une alimentation de qualité et le taux d’obésité, d’autre part l’importance de l’offre alimentaire et la liberté toute relative du choix laissé au consommateur-mangeur.Enfin, pour clôturer cette première partie, Martin Biernaux, Responsable de projets dans le même service, nous présenta les nombreux déterminants de l’accès à une alimentation de qualitéNote bas de page.

Des recommandations tous azimuts

La seconde partie de la matinée fut consacrée à la présentation du Livre blanc Solidaris pour un accès de tous à une alimentation de qualité, un ensemble de 35 recommandations à destination de tous les niveaux de pouvoir. Martin Biernaux rappela qu’il avait une double ambition: permettre à la mutualité d’assumer son rôle de gestionnaire de l’assurance maladie-invalidité par le biais de la promotion de la santé et renforcer son rôle d’acteur socio-politique, en invitant les acteurs publics et du monde alimentaire à discuter de l’élaboration d’un plan intégré en matière d’alimentation de qualité.

Le Livre blanc Solidaris

Le Livre blanc se compose de 35 recommandations à destination de tous les niveaux de pouvoir car nombre de politiques influencent l’accès à une alimentation de qualité. Ces recommandations visent à:

  • améliorer la gouvernance en matière d’alimentation;
  • agir sur la qualité de l’offre (en agissant sur les pratiques de l’agro-alimentaire, en promouvant des produits de qualité, en améliorant l’offre dans les collectivités);
  • améliorer l’accès à une alimentation de qualité des personnes en situation précaire;
  • et enfin, informer, sensibiliser et outiller les publics en matière d’alimentation.

Il s’inscrit résolument dans une démarche de promotion de la santé car:

  • il identifie un ensemble de déterminants variés de l’accès à une alimentation de qualité;
  • il recommande un travail multidisciplinaire et intersectoriel pour concevoir et mettre en œuvre une politique intégrée de l’alimentation;
  • il plaide pour la prise en compte de l’accessibilité à l’alimentation de qualité au niveau de toutes les politiques publiques;
  • il réaffirme le nécessaire travail de proximité avec les publics pour plus d’empowerment individuel et collectif;
  • il veut faire évoluer les environnements et les lieux de vie vers plus de santé;
  • enfin il vise la réduction des inégalités sociales par des recommandations ayant trait à la gouvernance alimentaire, à la qualité des systèmes de protection sociale et à des mesures spécifiques à destination des publics précarisés.

Plus concrètement, il est scindé en 4 grandes parties:

  • la première traite du système alimentaire et des inégalités sociales;
  • la seconde aborde les déterminants de l’accessibilité à une alimentation de qualité;
  • la troisième amène la réflexion sur les niveaux de pouvoir à impliquer pour réaliser un plan intégré de l’alimentation;
  • et la dernière, partagée en 6 axes complémentaires témoignant de l’approche transversale et globale du Livre blanc, présente les 35 recommandations de Solidaris.

Pour chacune, on trouve un descriptif argumenté de la recommandation, des exemples concrets pour l’illustrer et les niveaux de pouvoir identifiés pour la mettre en place.

Extrait – Recommandation 6

Conclure des accords volontaires toujours plus ambitieux avec le secteur de l’industrie alimentaire pour diminuer la teneur en graisse, sucre et sel des produits transformésAprès le tabac et l’hypertension, l’obésité et le surpoids constituent selon l’OMS le troisième facteur de risque de mortalité dans les pays riches, sans parler des discriminations sociales qui en découlent. À part le tabagisme, ces facteurs de risque sont étroitement liés à l’alimentation et à l’exercice physique.Pour cette raison les produits alimentaires transformés doivent être reformulés, afin qu’ils contiennent moins de sucre, moins de graisse et moins de sel, tout en restant vigilant aux éventuels produits de substitution utilisés.Un des moyens d’y parvenir est de conclure des accords avec le secteur de l’industrie alimentaire. C’est ainsi que l’actuelle Ministre de la Santé publique (en mai 2014, ndlr) veut amener les producteurs alimentaires à diminuer les graisses saturées de 5% pour 2016 et de 10% pour 2020.Des accords similaires avaient déjà été conclus par le passé, amenant l’industrie à diminuer de 20% la quantité de sel dans les viandes et les plats préparés. Des objectifs relatifs à la teneur en sucre devraient être définis en 2014.Ces accord sont un bon moyen de faire progresser l’offre alimentaire vers plus d’adéquation avec les préoccupations de santé publique, d’autant plus que la Fédération de l’industrie alimentaire (Fevia) semble ouverte à la collaboration et que les industriels ont démontré qu’ils savaient faire des efforts.Exemple: accords précédents concernant la teneur en sel des viandes et plats préparés.Niveaux de pouvoir: État fédéral.Ce Livre blanc peut être obtenu gratuitement auprès du Service Promotion de la Santé de l’UNMS – rue Saint-Jean 32-38 à 1000 Bruxelles – Tél.: 02 515 05 85. Il peut aussi être téléchargé sur le site de la mutualité.

Juste avant une pause bien méritée, Olivier De Schutter, notre compatriote Rapporteur spécial pour le Droit à l’Alimentation du Conseil des droits de l’homme à l’ONU nous entretint (par Skype!) des enjeux de l’alimentation en Europe. Il expliqua, de manière très intéressante et accessible, le sentiment global de la population qui se sent dépossédée du monde alimentaire dont elle dépend. Il énonça la réalité qui s’impose à lui depuis plusieurs années: l’information sur les produits est très faible, et empêche les consommateurs de faire des choix éclairés.Il nous rassura quelque peu en nous parlant d’initiatives alternatives développées à petite échelle et de la possible prise de conscience du fait que la démocratie peut s’installer dans l’alimentation. Il évoqua aussi le désir des gens de reprendre le contrôle. Mais à côté de cela, les obstacles, la difficulté de ‘changer de cap’ sont énormes. On peut résumer en 4 facteurs:

  • les infrastructures et technologies développées par et pour les géants de l’agro-alimentaire, qui ont été pensées pour faire des économies d’échelle;
  • la compétitivité de ces grands acteurs sur le plan économique (leur grande capacité de négocier sur les chaînes alimentaires, etc.) et donc, la difficulté d’émerger pour les petits producteurs;
  • notre mode de vie ‘pressé’, un obstacle culturel majeur: nous n’avons ‘pas le temps’ de faire la cuisine, nous nous replions sur des aliments ‘clés en main’, sur des plats préparés par l’industrie;
  • la volonté des grands acteurs agro-alimentaires de ne pas changer les choses et leur grand pouvoir d’influence sur les acteurs politiques.

S’il ne croit pas à une ‘révolution immédiate’, Olivier De Schutter reste néanmoins positif car, malgré les divers freins au changement, la multiplication d’initiatives locales peut être vue comme un signe encourageant. «Cela signifie que des préoccupations nouvelles se font jour aujourd’hui.»S’ensuivit une série d’échanges très riches avec le public. Nous retenons la question sur la responsabilité et le rôle du consommateur dans ce changement attendu. À quoi Olivier De Schutter répondit qu’ «il ne faut pas attendre que l’État fasse les choses, sans quoi on risque d’attendre longtemps. Il faut utiliser les opportunités qu’on a pour faire passer le message, vers les pouvoirs publics mais aussi vers le secteur privé, dire qu’on souhaite autre chose. Nous avons une responsabilité et des choix à poser concernant notre alimentation et celle de nos enfants… L’État ne bougera pas si les citoyens ne lui donnent pas un signe.»Il termina la discussion avec une conviction personnelle: nous sommes à la fin d’un modèle où les politiques sociales sont mises entre parenthèses en proposant, en substitut, un système alimentaire low-cost assorti d’un terrible écrasement des prix pour certains types de produits. Or, les effets négatifs de ce système, surtout dans les milieux défavorisés, sont bien connus. L’évidence que ce n’est pas la solution va bientôt s’imposer… Il s’agira alors de commencer à penser à développer des politiques sociales qui permettent à chacun de s’alimenter dignement.Un discours pour le moins sans détour, honnête et… lucide!

À table(s)… ronde(s)

Après cette intervention musclée, le temps de midi tomba à pic… Il fut l’occasion de prendre le lunch composé exclusivement de légumes, rien de tel pour nous rappeler comment y (re)prendre plaisir. Le verre de vin fut aussi l’occasion d’échanger quelque peu entre collègues et de déplorer, ensemble, le peu de moyens dont nous disposons pour faire face aux fins stratèges que sont les acteurs de l’industrie agro-alimentaire…La première table ronde de l’après-midi portait sur des campagnes de promotion de la santé sur l’alimentation… mais autrement! D’abord, Carlo De Pascale, parrain du programme «Goûtez-moi ça!» de Solidaris, annonça la couleurNote bas de page : «Je suis là pour qu’on arrête ces campagnes ‘anti-gras’. On a besoin de gras, Nicolas GuggenbühlNote bas de page ne me contredira pas: sans gras, on meurt!». Avec sa verve habituelle il expliqua combien il en a marre des articles ‘marronniers’ des magazines féminins sur la meilleure manière de perdre les 3 kg qu’on a au niveau de la ceinture abdominale pour rentrer dans son bikini… Il est certain que le fondateur de Mmmmh! et chroniqueur culinaire de la RTBF n’a pas la langue en poche! Il nous raconta d’ailleurs quelques anecdotes amusantes sur les pseudo-comportements anti-gras de ses élèves lors des cours de cuisine.Difficile pour Bernadette Taeymans (Question Santé asbl) de prendre la parole derrière lui. Elle parvint cependant à présenter habilement la dernière campagne de son asbl sur un thème peu commun: ‘Les 10 bonnes raisons de ne pas faire régime’Note bas de page.Ensuite, Denis Mannaerts, Directeur de l’asbl Cultures&Santé, rappela l’importance de ne pas confondre «l’alimentation nutritionnellement équilibrée» et «l’alimentation favorable à la santé». Il expliqua que les campagnes de prévention souvent axées sur les aspects nutritionnels devraient à l’avenir davantage mettre en évidence l’aspect global de l’alimentation, avec ses côtés culturels, sociaux, etc.Il prôna le passage à un modèle plus participatif reposant sur une vision communautaire de la santé et de l’alimentation. Pour ce faire, il s’agirait de définir des objectifs de manière négociée pour mettre en place des actions en rapport avec le contexte de vie des personnes. Il y a donc un travail à faire sur l’environnement (social, économique…). Il prôna aussi le rapprochement de la population des lieux de décision, pour créer une forme de ‘démocratie alimentaire’. Car il estime que même les personnes défavorisées ont des savoirs, savoirs qui pourraient bien faire changer les choses. Il suggéra enfin la création d’un ‘construit commun’ grâce à des espaces d’expression.Le dernier intervenant à cette table ronde fut Michel Demarteau, fraîchement nommé Directeur de l’Observatoire de la Santé du Hainaut qui y occupa pendant des années le poste de Responsable du Secteur Prévention et Promotion de la Santé. Il expliqua que les campagnes de prévention ne suffisent pas et plaida pour un plan intégré avec une vision partagée de la politique alimentaire en Belgique. Il rappela enfin l’importance de la valeur incitative et de soutien de l’État vis-à-vis des acteurs et des initiatives locales.La première table ronde fut suivie d’un débat, lors duquel les intervenants et la salle tombèrent rapidement d’accord, contrairement aux participants de la seconde… Forcément… Celle-ci réunissait, entre autres, des professionnels de l’agro-alimentaire (FEVIA, Carrefour) et une lobbyiste issue d’une organisation européenne de consommateurs (BEUCNote bas de page). Le sujet: la malbouffe et les produits transformés.Anne Reul, Secrétaire générale de la FEVIA Wallonie, nous étonna en se disant «prête à prendre ses responsabilités dans ce type de débat». Mais quelles responsabilités? Elle estima par exemple que le système de trafic lightsNote bas de page sur les produits instauré en Grande-Bretagne déresponsabiliserait le consommateur tandis que les indications actuelles l’«aideraient»…On peut dire que le débat fut passionné, les intervenants rejetant la balle aux autres sur les questions délicates, la FEVIA allant même jusqu’à faire endosser la pleine et entière responsabilité au consommateur, en prétextant l’aider à la prendre…Un bel exemple des discours de l’industrie agro-alimentaire (qui a tout de même eu le mérite de participer au colloque, soulignons-le), qui feint de s’intéresser à la problématique et avance des arguments qui ne convainquent personne, et sûrement pas Pauline Castres, Food Policy Assistant au BEUC, qui eut un discours beaucoup plus clair et direct de nature à démonter tous les arguments de ses interlocuteurs.La dernière table rond portait sur la politique agricole durable. Beaucoup plus calme que la précédente, elle rassemblait Muriel Bernard, fondatrice de efarmz, un site de vente en ligne de produits fermiers, partie prenante dans la nécessaire réorganisation des filières pour une alimentation de qualité; François Héroufosse, Directeur de WagrALIM, un pôle de compétitivité regroupant des entreprises industrielles et des travailleurs du monde de la recherche et de la formation, afin de mettre en place des projets collaboratifs innovants; Stéphane Desgain, du Centre national de coopération au développement (CNCD), qui prôna, à l’instar d’Olivier De Schutter le matin, un changement du modèle actuel, basé sur le prix le plus bas et qui visiblement, ne fonctionne pas; et enfin Guy Francq, représentant de la Fédération Unie de Groupements d’Éleveurs et d’Agriculteurs, qui releva la difficulté pour les jeunes agriculteurs de s’en sortir face à l’industrie.«Pour un poulet vendu en grande surface, le consommateur paye 9,99 euros le kilo. Les producteurs ne touchent que 0,92 euro. Ils travaillent souvent à perte.» Il en profita pour pousser un coup de gueule contre les contraintes imposées par l’industrie: «Tous les poulets industriels qui font maintenant 2,9 kg (au lieu de 2,2) sont sous perfusion d’antibiotiques du 1er au dernier jour. Jamais je ne produirai des volailles dégueulasses parce que l’industrie me pousse à le faire, pour être rentable. Et à l’heure actuelle, je ne le suis plus!».Son discours, même si on l’avait déjà entendu, émut le public. À quoi la personne représentant l’industrie répondit qu’il convenait de ne pas généraliser et que son organisation souhaitait que tout le monde gagne sa vie dignement… À méditer.Alain Cheniaux, qui avait introduit la journée, la clôtura. Le chantier est certes vaste mais la mutualité entend bien apporter sa pierre à l’élaboration d’un plan global et concerté pour un accès de tous à une alimentation de qualité, saine, durable et éthique.La journée fut riche en présentations et en échanges. À l’issue de chaque table ronde, cinq pistes d’action ont été soumises au vote des participants. Retrouvez-les sur le site de Pipsa.Découvrez les vidéos, photos, etc. de la journée.Lire aussi sur le même sujet: ‘Du pain sur la planche! Forum politique des usagers’, par Carole Feulien, Éducation Santé n° 299, avril 2014.

©Stéphanie Jassogne

Le Thermomètre Solidaris est une enquête réalisée par Internet auprès d’un échantillon représentatif de 1200 personnes, sur une thématique donnée.

voir ‘Goûtez-moi ça!’ , l’article de Jeanne d’Ornesson paru dans Éducation Santé n° 285, janvier 2013.

Expert en nutrition

voir l’article de Christian De Bock, ‘10 bonnes raisons de ne pas faire régime’, dans Éducation Santé n°292 de septembre 2013.

il s’agit d’une signalétique très lisible sur les qualités nutritionnelles des produits alimentaires, inspirée des feux tricolores de circulation routière. Trop lisible sans doute aux yeux de certains.

Soutenez, ne punissez pas !

Le 30 Déc 20

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Les risques de plus en plus importants auxquels font face les usagers de drogues ne peuvent plus être ignorés

Le jeudi 26 juin 2014, des centaines d’activistes de plus de 75 villes dans le monde ont fait entendre leurs voix dans le cadre de la campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ (‘Support. Don’t Punish’). Le but de cette journée d’action était de sensibiliser l’opinion publique quant aux dommages causés par les politiques actuelles relatives aux drogues.La campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ demande aux gouvernements de mettre fin à la guerre contre la drogue. Cette guerre n’a réussi à réduire ni la demande ni la consommation de drogues. Elle a entraîné des épidémies de sida, de tuberculose et d’hépatites dans le monde entier. Elle a également alimenté les violations des droits humains et a mené à l’incarcération massive des plus vulnérables et des plus pauvres. Sa mise en oeuvre a coûté des milliards de dollars.«La campagne met en lumière l’amplitude de la catastrophe causée par la guerre contre la drogue depuis un demi-siècle» affirme Ann Fordham, Directrice du Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC). «Nous savons que cette guerre est impossible à gagner et génère des dépenses injustifiées. Au lieu de punir les usagers de drogues, nous devrions leur offrir des services répondant aux problèmes sociaux ou de santé auxquels ils/elles sont confronté(e)s, tout en respectant leurs droits humains».En matière de politique des drogues, le monde bouge. Bruno Valkeneers, responsable de Liaison Antiprohibitionniste, nous explique que «Ce mouvement a été amorcé avec la Déclaration de Vienne en juillet 2010 appelant à des politiques des drogues fondées d’abord sur la santé publique. La guerre à la drogue menée depuis 50 ans est un échec: malgré les moyens policiers, militaires et financiers considérables dépensés, les drogues restent disponibles et consommées, les organisations criminelles liées au trafic sont toujours plus puissantes, violentes et prospères. La répression et la pénalisation de l’usage de drogues, sans réduire le nombre de consommateurs, aggrave les dommages encourus et rend difficile l’accès à l’information et aux outils dont les consommateurs ont besoin pour prendre soin de leur santé».Catherine Van Huyck, directrice de l’asbl Modus Vivendi, poursuit: «Dans ce cadre les programmes de réduction des risques peinent à essayer d’introduire une certaine justice sociale, un rééquilibrage timide pour les usagers de drogues qui ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer dans les chemins tracés de l’abstinence. Si la réduction des risques liés à l’usage des drogues est efficace en termes de santé publique, elle n’est possible que si les consommateurs sont respectés dans leur existence et dans leurs droits en tant que citoyens, selon les principes démocratiques rappelés dans la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé (OMS)».La consommation de drogues n’est donc pas qu’une question médicale ou juridique. C’est d’abord et avant tout une question de société, c’est-à-dire sociale, éthique et culturelle.Sébastien Alexandre, directeur de la Fedito bruxelloise insiste: «Saviez-vous qu’en Belgique, 62 % des dépenses publiques liées aux drogues illégales sont affectées à la sécurité, 34 % à l’assistance et seulement 3 % à la prévention et 1 % à la réduction des risques? Il est temps qu’on rééquilibre quelque peu cette balance. Temps aussi qu’on reconnaisse la réduction des risques comme un des piliers de notre politique de santé en matière de drogues -en complémentarité aux volets préventifs et curatifs – et qu’on définisse un cadre législatif clair qui facilite la mise en place des actions tout en protégeant les travailleurs et en garantissant l’accès des usagers de drogues à ces services».Alexis Deswaef, président de la Ligue des droits de l’Homme, plaide pour la mise sur pied d’une politique volontariste de réduction des risques. «En optant pour une approche exclusivement sécuritaire de l’usage de drogues, les gouvernements successifs s’éloignent d’une approche globale et intégrée du phénomène. Or, il conviendrait de mettre l’accent sur des considérations de santé publique dans ce domaine. Il est dès lors urgent que le prochain gouvernement belge clarifie la réglementation de l’usage de drogues et mette en oeuvre une politique de réduction des risques volontariste et respectueuse des droits et libertés des usagers. Dans la foulée, le Parlement doit initier un débat éthique approfondi sur l’opportunité de décriminaliser les comportements entourant l’usage de drogues, comme c’est notamment le cas au Portugal».Le 26 juin était aussi la Journée internationale des Nations Unies contre l’abus et le trafic illicite de drogues. Ce jour est utilisé par de nombreux gouvernements pour célébrer la guerre contre la drogue et est même l’occasion dans certains pays d’organiser des exécutions publiques. La campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ cherche à se réapproprier cette journée et à promouvoir une approche qui soit plus efficace et plus humaine, basée sur la santé publique et les droits humains.En Belgique, la campagne était pilotée par Liaison Antiprohibitionniste, La Ligue des Droits de l’Homme, le Centre d’action laïque, Modus Vivendi, la Fédération bruxelloise francophone des institutions pour toxicomanes, Dune et l’International Drug Policy Consortium. Ces acteurs espèrent susciter une plus large mobilisation dans notre pays à l’avenir.

La campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ en quelques mots

Il s’agit d’une initiative mondiale menée par le Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC), le Réseau International des Consommateurs de Drogues (INPUD), l’Association Internationale de Réduction des Risques (HRI), et l’Alliance Internationale pour le VIH/SIDA.Elle plaide pour que les gouvernements commencent à investir dans des réponses plus efficaces et plus rentables de réduction des risques pour les usagers de drogues, pour la dépénalisation des usagers de drogues, ainsi que pour la suppression d’autres lois entravant les services de santé publique.Plus d’informations sur www.supportdontpunish.org/fr.

La santé et l’argent sont les principales motivations pour arrêter de fumer

Le 30 Déc 20

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La santé et l’argent sont les principales motivations pour arrêter de fumer

La rentrée scolaire est, pour nombre de fumeurs, une date clé pour se lancer dans l’arrêt tabagique. Leur santé et leur portefeuille: voilà les deux principales motivations pour lesquelles les fumeurs de tous les âges souhaiteraient arrêter la cigarette, selon les derniers chiffres de la Fondation contre le Cancer. Cela fait dix ans que Tabacstop leur apporte son aide. Bien que ce service soit de mieux en mieux connu des fumeurs, le financement futur de Tabacstop n’est pourtant pas assuré…

À tout âge, on veut arrêter

Selon la dernière enquête tabac de la Fondation contre le Cancer, 6 fumeurs sur 10 ont exprimé leur souhait d’arrêter de fumer (62% parmi les fumeuses et 60% chez les fumeurs). L’enquête montre également qu’à tout âge, on veut arrêter! Les fumeurs de 15 à 24 ans sont les plus nombreux à vouloir se lancer dans l’arrêt tabagique (65% d’entre eux souhaitent arrêter) suivis de près par les 25-44 ans (64%) et les 45-64 ans (58%). Ce n’est que chez les plus de 65 ans que ce pourcentage tombe juste sous la moyenne (49%). Les personnes entre 46 et 65 ans sont plus nombreuses à composer le numéro de téléphone de Tabacstop, tandis que les 25-44 ans font plus souvent appel à l’iCoach (service accessible via www.tabacstop.be).

7 fumeurs sur 10 souhaitent arrêter pour leur santé

Selon les derniers chiffres de Tabacstop, les deux premières raisons qui poussent les fumeurs à arrêter sont la santé (70%) et les aspects financiers (48%). La troisième raison la plus souvent citée est le style de vie (30%). L’entourage est également un facteur important (25%). L’odeur (16%), la liberté (15%) et le désir d’enfant (4%) sont d’autres facteurs non négligeables.

Tabacstop de plus en plus connu

81% des fumeurs désirant arrêter de fumer connaissent l’existence de la ligne téléphonique gratuite. Ils étaient 68% en 2013. C’est donc une belle augmentation par rapport à l’année dernière.

Quel avenir pour Tabacstop?

Même si le fonctionnement de Tabacstop est reconnu en Belgique et au niveau international, son avenir est loin d’être assuré à ce jour. En effet, jusque fin 2014, ce service était financé par le pouvoir fédéral. À partir de 2015, il dépendra des Communautés (sans doute des régions du côté francophone). La Fondation contre le Cancer attend avec inquiétude leur réponse.Cancerphone 0800 15 800 – www.cancer.be – Ligne Tabacstop 0800 111 00 – www.tabacstop.bewww.facebook.com/fondationcontrelecancer – Twitter: @Fcontrelecancer

Peser le pour et le contre du dépistage par PSA

Le 30 Déc 20

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«Ne faudrait-il pas faire un test de PSA, Docteur?» C’est une question que posent beaucoup d’hommes de plus de 55 ans (et parfois avant), même s’ils n’ont aucun symptôme particulier du côté de la prostate. Peu sont conscients que le dosage du PSA n’a pas que des avantages et que l’analyse peut avoir des conséquences inattendues sur le reste de leur vie.

Ce n’est donc pas une décision du type «ça ne peut pas faire de tort» et les patients ont le droit d’en être informés – et leurs MG l’obligation de leur donner cette information. Ce qui est loin d’être évident, car le message est complexe et nuancé. Pour cette raison, le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) a développé une brochure destinée aux médecins, à utiliser en consultation. Cet outil neutre et scientifiquement validé doit aider le médecin dans ses explications sur les avantages et inconvénients de ce test de «dépistage» ainsi que sur les incertitudes qui persistent autour de son emploi, afin d’amener le patient à poser finalement un choix éclairé, ce qui est un de ses droits fondamentaux.

Cette brochure a déjà été publiée en juin dernier sur le site du KCE. Mais suite aux demandes de plusieurs praticiens la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et Domus Medica la diffusent maintenant à leurs membres sous forme imprimée. Les deux organisations scientifiques de médecins généralistes ont en effet été activement impliquées dans sa conception et son évaluation. L’initiative est également saluée par la Fondation contre le Cancer, comme le souligne le Dr Didier Vander Steichel, directeur médical: «Traduire les incertitudes du dépistage en un outil de communication médecin – patient était un vrai défi. Le KCE l’a relevé avec brio!».

Une brochure avec des schémas qui facilitent la compréhension

La brochure – imprimée sur papier cartonné, un outil prévu pour durer donc – contient plusieurs schémas qui rendent les messages et les chiffres beaucoup plus visuels et accessibles. La première partie est destinée aux médecins eux-mêmes, avec un rappel de quelques données de contexte (fiabilité du test PSA, suites possibles du dépistage, traitements du cancer de la prostate et leurs effets secondaires, impact du dépistage par PSA en Belgique, les concepts d’avance au diagnostic et de surdiagnostic, etc.)

La seconde partie est prévue pour être utilisée en consultation. Elle illustre les conséquences possibles du dépistage et du traitement curatif, à court, moyen et long terme. Elle est conçue de manière à ce que chaque schéma puisse être utilisé séparément, en fonction des questions spécifiques du patient.

Des fiches à reprendre à la maison

En complément à la brochure, le KCE a développé des fiches simplifiées qui reprennent séparément les principaux messages. Le MG peut télécharger ces fiches et les imprimer à la demande du patient, si celui-ci souhaite réfléchir plus longuement ou en parler avec ses proches. Ces fiches sont disponibles sur le site de la SSMG ou sur www.mongeneraliste.be, dans la partie réservée au corps médical.

La version online de la brochure peut être trouvée sur le site du KCE, ainsi que le rapport scientifique dont elle est issue. Le KCE inaugure aussi à cette occasion une nouvelle rubrique ‘Focus’ sur son site web, où seront réunis tous ses travaux relatifs à un sujet donné – ici le cancer de la prostate ­– qui contient donc non seulement les travaux du KCE sur le dépistage mais aussi les rapports, directives et synthèses sur les différents traitements, ainsi qu’un reportage vidéo relatif à l’utilisation de la brochure.

Les médecins non-membres de la SSMG ou de Domus Medica peuvent commander gratuitement la brochure à l’adresse info@kce.fgov.be.

Quatre Belges sur dix en savent trop peu sur la santé

Le 30 Déc 20

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Quatre Belges sur dix en savent trop peu sur la santé

Pour la première fois, les connaissances des Belges en matière de santé ont été étudiées. D’après une enquête de l’UCL menée en collaboration avec la Mutualité chrétienne (MC), trois Belges sur dix ont une connaissance limitée des matières touchant à la santé. Un sur dix en a même une connaissance insuffisante pour poser des choix de santé éclairés. Les personnes peu scolarisées sont le plus concernées.Trouvez-vous les infos santé dont vous avez besoin? Les comprenez-vous et pouvez-vous les mettre en pratique? Voici deux des questions posées par l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’UCL à quelque 10.000 membres de la MC pour mesurer leurs connaissances en matière de santé (health literacy en anglais).Il ressort des résultats de cette enquête que six Belges sur dix ont une connaissance suffisante des matières touchant à la santé. Mais, les connaissances de trois Belges sur dix sont qualifiées de «limitées» et pour une personne sur dix d’insuffisantes. Au total, quatre Belges sur dix en savent trop peu en matière de santé.Avec ces proportions, la Belgique ne se démarque pas de la moyenne des pays repris dans une étude sur le même thème menée au niveau européen (European Health Literacy Survey 2011, en abrégé HLS-EU). Mais nous sommes loin derrière les performances, par exemple, des Pays-Bas.

Le rôle de la scolarisation

Moins haut est le niveau de scolarisation, moins bonnes seront les connaissances en matière de santé. Parmi les personnes uniquement diplômées de l’enseignement primaire, 34% ont des connaissances santé limitées et 19% des connaissances insuffisantes. Plus de la moitié des personnes peu scolarisées ont donc des connaissances santé incomplètes et peuvent éprouver des difficultés à poser les bons choix en cas de maladie. En comparaison, parmi les personnes diplômées de l’enseignement supérieur, seules 4% ont des connaissances en matière de santé jugées insuffisantes.Les chercheurs de l’UCL ont également voulu savoir si de bonnes connaissances en matière de santé pouvaient, d’une certaine manière, compenser le manque de scolarité et avoir un effet positif sur les modes de vie. Ils se sont notamment penchés sur la consommation de tabac, de médicaments (antidouleurs, somnifères), l’alimentation et l’activité physique. Ils concluent que c’est effectivement le cas. D’où l’importance d’une bonne information du public en matière de santé.«Les données récoltées lors de cette enquête confirment ce qui ressort d’enquêtes européennes antérieures: le manque de connaissances en matière de santé ne concerne pas une petite minorité mais touche une large part de la population. L’investissement dans la promotion des connaissances santé et dans leur accessibilité à ceux qui en ont le plus besoin doit être à l’ordre du jour», commente le Professeur Stephan Van den Broucke qui a dirigé l’enquête à l’Institut de recherche en sciences psychologiques.

La MC au cœur de l’info santé

Pour Jean Hermesse, Secrétaire général de la MC: «Les résultats de cette enquête sont un signal d’alerte pour celles et ceux qui sont impliqués dans l’information santé. Il est clair que, malgré les efforts déjà déployés, l’information santé n’arrive pas encore suffisamment et n’est pas assez comprise par ceux qui en ont besoin.»Les initiatives en matière d’information et de promotion de la santé de la MC seront poursuivies et, le cas échéant, renforcées. «En tant que mutualité, il est de notre devoir d’informer le plus correctement possible nos membres et de promouvoir des modes de vie sains», conclut Jean Hermesse.L’enquête européenne sur les connaissances en matière de santé peut être consultée sur le site de la Commission. L’enquête HLS-EU a été menée en 2011 dans huit pays européens: Allemagne, Autriche, Bulgarie, Espagne, Grèce, Irlande, Pays-Bas et Pologne. Elle a mesuré auprès d’un échantillon de 8000 Européens 4 indices: un général, un lié aux soins de santé (avec 16 indicateurs), un concernant la prévention des maladies (16 indicateurs) et un relatif à la promotion de la santé (15 indicateurs).

Reprendre le contrôle. Vers de nouvelles manières de réglementer le marché des drogues

Le 30 Déc 20

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Reprendre le contrôle. Vers de nouvelles manières de réglementer le marché des drogues

Le nouveau rapport de la Global Commission on Drug Policy (Commission globale de politique en matière de drogues) reflète une évolution intéressante dans la pensée des membres de la commission et donne des pistes aux Etats pour développer des voies alternatives à la prohibition des drogues.Ce rapport bénéficie de soutiens de poids: Kofi Annan, Richard Branson, George Shultz, Paul Volcker et d’autres se sont joints aux anciens présidents du Brésil, du Chili, de la Colombie, du Mexique, de la Pologne, du Portugal et de la Suisse pour ce plaidoyer en faveur d’un changement radical des politiques en matière de drogues.Le fondateur de Virgin déclarait: «Nous ne pouvons pas continuer à prétendre que la guerre aux drogues fonctionne.» Et Richard Branson d’ajouter: «Nous avons besoin que nos dirigeants s’intéressent aux alternatives, aux approches basées sur des faits scientifiques. Nous pouvons apprendre beaucoup des succès et des échecs de la régulation de l’alcool, du tabac ou des médicaments. Les risques associés à la consommation des drogues augmentent, parfois de façon spectaculaire, quand elles sont produites, vendues et consommées dans un environnement criminel non régulé. Le moyen le plus efficace pour faire avancer les objectifs de la santé et de la sécurité des personnes est d’obtenir des drogues sous contrôle grâce à une régulation légale et responsable».La commission apporte par ce biais sa contribution à la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies (SEAGNU) sur les drogues qui aura lieu en 2016, qui représente une opportunité pour instaurer les bases d’un nouveau régime de contrôle des drogues pour le 21e siècle.

Sept recommandations

  • Allouer les ressources consacrées à la répression à des interventions sanitaires et sociales ayant fait leurs preuves. Les dépenses consacrées aux mesures punitives contreproductives devraient cesser, alors que celles consacrées aux mesures éprouvées de prévention, de réduction des risques et de traitement devraient augmenter pour couvrir les besoins.
  • Assurer un accès équitable aux médicaments essentiels, en particulier les analgésiques à base d’opiacés.
  • Décriminaliser l’usage simple ou la possession pour consommation personnelle.
  • Repenser les alternatives à l’incarcération pour les délits non violents liés au trafic.
  • Réduire le pouvoir des organisations criminelles et de la violence et insécurité engendrées par la concurrence entre elles.
  • Permettre et appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés de drogues actuellement interdites, en commençant par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives.
  • Profiter de l’occasion offerte par la SEAGNU de 2016 pour réformer le régime mondial actuel des politiques en matière de drogues.

Soutien francophone

Des associations des pays francophones européens investies dans le champ de la réduction des risques soutiennent les recommandations de ce rapport et saluent sa parution en langue française. Elles demandent au monde politique et à la société civile de se saisir de ses conclusions pour entamer un débat sur les alternatives possibles de la ‘guerre à la drogue’, dont l’échec est maintenant évident sur l’ensemble de la planète.L’AFR (‘Réduisons les risques liés à l’usage de drogues’) est un collectif d’acteurs engagés et rassemble des militants, des professionnels, des bénévoles, des usagers, des structures et des réseaux. Elle vise à promouvoir et à défendre la réduction des risques liés à l’usage de drogues.La Fédération Addiction est un réseau au service des professionnels qui accompagnent les usagers dans une approche médico-psycho-sociale et transdisciplinaire des addictions. Elle fédère 205 personnes morales représentant plus de 700 établissements, services et 420 personnes physiques.Le GREA (Groupement romand d’étude des addictions) est une association réunissant des personnes dont l’engagement professionnel ou l’intérêt sont liés aux addictions. Il compte plus de 400 membres individuels et de nombreuses institutions de Suisse romande.La FEDITO BXL fédère 25 institutions actives en Région de Bruxelles-Capitale dans l’information, la prévention, la réduction des risques, les soins et l’accompagnement relatifs aux consommations de substances psychoactives et aux addictions.

L’approche du genre comme déterminant de la santé

Le 30 Déc 20

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L’approche du genre comme déterminant de la santé

L’asbl Femmes et Santé a vu le jour il y a déjà bientôt dix ans. Cette association, dont la vocation est d’œuvrer pour la promotion de la santé des femmes, a commencé son activité en s’impliquant auprès de celles qui vivaient l’expérience de la ménopause. Depuis, ses activités ont évolué, les groupes se sont multipliés et s’adressent à toutes les générations de femmes. Forte de son expérience, l’asbl veut maintenant aller plus loin et creuser la question du genre en promotion de la santé.Le Dr Catherine Markstein est l’une des deux fondatrices de Femmes et Santé. Originaire de Vienne, elle a grandi au sein d’une famille militante et engagée. À son tour, elle est devenue militante pour une société humaniste qui, selon elle, doit veiller à l’égalité entre les hommes et les femmes. «Ma mère et ma grand-mère ont pu faire des études universitaires et ont réussi, à travers leur épanouissement intellectuel, à connaître le plaisir d’avoir des enfants et de prendre soin des autres», raconte-t-elle. «Mon père était exceptionnel et doux. À la maison, je n’étais pas confrontée à une famille ou à un couple très stéréotypés, où chacun était dans son rôle.»Catherine Markstein est arrivée en Belgique en 1983 et a travaillé comme médecin généraliste au Service de soins palliatifs des Cliniques universitaires Saint-Luc et ensuite du CHU Brugmann. «Après 18 années d’hôpital, j’ai ressenti le désir de créer quelque chose qui correspond véritablement à mes valeurs. En 2004, j’ai pris un congé de réflexion. En 2005, avec mon amie, Mimi Szyper, elle aussi médecin, spécialisée en neuropsychiatrie, nous avons créé l’asbl Femmes et Santé. Mimi est la présidente de l’association et moi, je suis la coordinatrice.»

Self help

L’asbl Femmes et Santé s’inscrit dans le ‘Mouvement pour la santé des femmes’, lequel s’inspire de l’approche ‘self help’ qui a émergé dans les années 1980 aux États-Unis. Le but est de sortir les femmes de l’emprise du médical et de la gynécologie pour qu’elles se réapproprient leur corps. Elles sont ainsi invitées à prendre leur santé en main. Cela signifie que chaque femme peut agir sur elle-même et sur son environnement afin d’améliorer son état de santé et sa qualité de vie.La démarche est également collective. Les femmes découvrent et apprennent ensemble le fonctionnement de leur corps dans leur contexte de vie. Elles développent, par l’échange et le partage, un savoir concernant leur corps et leur santé. Elles créent de nouvelles pratiques de santé et prennent part aux décisions politiques, sociales et culturelles.

Création du premier groupe

L’association a commencé son activité avec un groupe d’information et d’échange destiné aux femmes autour de la cinquantaine, qui vivaient l’expérience de la ménopause. Catherine Markstein et Mimi Szyper étaient à cette époque fortement interpellées par la surmédicalisation de ce tournant naturel et important de la vie des femmes et par l’absence d’esprit critique de celles-ci. «Les femmes du groupe ont ensuite voulu que l’asbl s’intéresse à leurs propres filles, elles-mêmes surmédicalisées et pouvant difficilement faire preuve d’esprit critique. Nous avons donc créé des groupes d’échange intergénérationnel.»Dès le départ, l’association a voulu restaurer une culture de transmission de savoirs entre femmes afin de leur donner des possibilités d’action sur leur santé et ses déterminants. «Dans nos cours, nous partons du fait que notre corps est bien fait et qu’il ne doit donc pas toujours être contrôlé et assisté. C’est vrai pour l’adolescence, pour la contraception, la santé reproductive, les grossesses, la ménopause, pour le grand âge aussi.»

Activités multiples

En neuf ans, les activités se sont multipliées de manière impressionnante et les ateliers se sont diversifiés. Ces derniers sont construits autour de l’information et de l’apprentissage, avec l’aide d’outils ludiques qui stimulent la créativité des femmes, ainsi que l’échange et le partage. La méthode de travail est participative.Femmes et Santé propose des groupes à thèmes :

  • femmes autour de la cinquantaine;
  • ateliers interactifs de promotion de la santé dans une perspective globale de la santé autour des thèmes suivants: santé des seins, santé du périnée, du cœur, du sommeil, gestion du stress, immunité, femmes et plantes, femmes et alimentation dans une perspective du genre, atelier auto-examen, atelier corps et conte, santé sexuelle et reproductive;
  • groupes intergénérationnels;
  • journée des Anciennes;
  • formation de femme à femme (auto-formation).

Et des groupes empowerment et capacités effectives (voir encadré):

  • travail avec des groupes de femmes issues de l’immigration en partenariat avec certaines associations de la Plate-forme pour promouvoir la santé des femmes (PPSF);
  • dans un nouveau projet, l’asbl souhaite mettre en place un programme d’empowerment pour des groupes de femmes fragilisées par une maladie et des groupes de réflexion autour du vieillissement.

Par ailleurs, la dynamique au sein de l’asbl a également fortement changé: «Ce sont, aujourd’hui, des femmes âgées de 20 à 35 ans qui sont les plus actives et s’investissent dans les ateliers. Des réseaux se forment et fonctionnent en autogestion. La mission de Femmes et Santé est de plus en plus portée par des femmes elles-mêmes multiplicatrices de la santé. C’était notre but. Notre projet participatif a vraiment pris, pour mon plus grand bonheur. Je rêve qu’il y ait un mouvement pour la santé des femmes, d’autodétermination, comme ça a été le cas au Canada et aux États-Unis. Il semble que les choses vont un peu dans ce sens-là. Je trouve génial que des jeunes femmes comprennent, aujourd’hui, que l’émancipation passe par la réappropriation de leur corps et la place qu’elles leur donnent. C’est une question extrêmement politique. On ne peut pas sortir la santé et le bien-être du contexte sociétal ni des conditions sociales dans lesquels les femmes vivent. C’est pourquoi le travail sur les déterminants de santé prend une grande place dans nos animations.»

La promotion de la santé au cœur du processus

L’approche non médicale, qui est proposée par les différentes intervenantes, est très appréciée. Les femmes sont sensibles aux solutions simples et non coûteuses issues de leurs propres connaissances, que les animatrices travaillent avec elles. Elles apprennent à mobiliser leurs propres compétences. Ces lieux de réflexion leur donnent également la possibilité de travailler sur elles-mêmes de manière autonome. Les animatrices leur présentent des astuces et des exercices qu’elles peuvent mettre en œuvre chez elles. Ces nouvelles perspectives apportées par les rencontres leur permettent de faire un cheminement de semaine en semaine. Avec à la clé, une meilleure connaissance de soi, de son corps, de son anatomie, une prise de conscience de la diversité des expériences vécues, plus de confiance en soi, un regard neuf, une meilleure estime de soi, un sentiment de bien-être, une énergie nouvelle, la chute de tabous…

Quels types de femmes?

45 % de participantes sont issues de milieux populaires, parfois précarisés. Leur demande s’exprime à partir d’un mécontentement par rapport à l’interventionnisme médical et le coût d’une médecine à deux vitesses. Ces femmes manifestent aussi une méfiance par rapport à la surmédicalisation. Elles souhaitent s’approprier un savoir, retrouver et valoriser leurs propres compétences.35 % de participantes appartiennent à la classe moyenne. Celles-là veulent échanger et partager avec d’autres femmes, comprendre ce qui se passe dans leur corps et acquérir des outils de bien-être (alimentation, remèdes naturels, exercices de détente…).20 % des femmes proviennent de milieux traditionnels de l’immigration récente, sans formation ni activité professionnelle. Elles ont souvent des difficultés à parler le français, mais arrivent à exprimer leur mal-être, leur surcharge, la solitude et l’isolement, la peur d’être malade… «Ces femmes sont très étonnées et se sentent honorées lorsque nous les encourageons à partager leurs savoirs et connaissances en matière de santé. La prise de conscience de leurs énormes besoins nous a poussées à envisager une formation de femmes relais. Ainsi, les savoirs en matière de santé pourront êtres récoltés, transmis, modifiés, enseignés par des paires.»

Une Plate-forme pour aller plus loin

En 2008, Femmes et Santé créait la Plate-forme pour promouvoir la santé des femmes (PPSF) qui regroupe diverses associations dont les plus actives sont le CEFA, Bruxelles laïque, Question Santé, Le Monde selon les femmes, Vivre comme avant asbl, Forest Quartiers Santé, l’Entraide des Marolles, Vie Féminine, les Femmes prévoyantes socialistes, le GAMS, Garance asbl, la Fédération laïque des centres de planning familial (FLCPF), etc. «Cette plate-forme marche très bien et est très vivante. L’accent est mis sur des valeurs féministes dans le sens humaniste: on met les femmes au centre du processus de soins et de décision.»Le travail réalisé au sein de la Plate-forme et les rencontres avec des femmes de tous âges et de toutes classes sociales ont mis en évidence des problématiques ayant un impact direct sur la santé des femmes. «Cette réalité de terrain amène aujourd’hui l’asbl Femmes et Santé à insister sur la prise en compte de la notion du genre comme déterminant de santé. Nous souhaitons travailler sur l’impact des inégalités et plus spécifiquement sur la gestion du ‘care’ (voir encadré) dans la vie des femmes, tout en renforcant ‘l’empowerment’ et leurs ‘capacités effectives’. Ces trois concepts – le care, l’empowerment et les capacités effectives – sont intimement liés. L’amélioration des conditions de vie des femmes, et plus spécifiquement celles de groupes socialement et psychiquement vulnérables, doit passer par une répartition égalitaire du care.»

Le genre au cœur de la promotion de la santé

Femmes et Santé a récemment introduit, auprès du ministère de la Santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles, une demande pour mener à bien un programme d’étude et de travail sur la spécificité du genre en promotion de la santé. Si la demande est acceptée, le travail se fera avec la collaboration des différentes associations de la Plate-forme.Il nous reste donc à souhaiter bonne chance et longue vie encore à l’asbl Femmes et Santé dont la survie dépend des subsides que lui octroient les pouvoirs publics, comme c’est le cas pour la plupart des associations francophones qui oeuvrent dans le domaine de la promotion de la santé.Pour en savoir plus: Asbl Femmes et Santé, Avenue Lambeau 24,1200 Bruxelles. Tél.: 02 734 45 17. Courriel: info@femmesetsante.be. Internet: www.femmesetsante.be

Sources

  • LUSIGNAN P.H., «Travail d’évaluation dans le cadre des activités organisées par l’asbl Femmes & Santé», 2013.
  • SZYPER M. et MARKSTEIN C., «Le temps de s’émanciper et de s’épanouir. Paroles et expériences de femmes autour de la cinquantaine», Éd. Le Souffle d’Or, Gap, 2009.

Un peu de franglais, pour la bonne cause

Le care désigne une attitude personnelle de sensibilité aux besoin d’autrui (c’est la sollicitude, le soin, le souci des autres, l’attention à autrui, et les responsabilités que cela implique), tout autant qu’une activité de prise en charge d’une personne vulnérable, que ce soit sous forme bénévole (le plus souvent dans le cercle familial) ou professionnelle.Ces valeurs morales se trouvent souvent identifiées de prime abord par le sens commun comme étant spécifiquement féminines. Le care s’interroge sur le bien-fondé de cette identité morale rattachée au seul genre féminin et de la place qui lui est faite dans la société: les travaux réalisés s’efforcent de proposer une nouvelle éthique remettant en cause des conceptions dominantes des pouvoirs publics longtemps pensées par les seuls hommes et introduisent de nouveaux enjeux éthiques dans le champ politique.Dans cette perspective, le care peut et doit concerner chacun dans la mesure où chacun est ou peut devenir un ‘aidant’.L’empowerment et les capacités effectives tiennent compte du contexte réel dans lequel vivent les individus. Ces deux concepts mettent en avant les compétences en actes d’une personne, qu’elle est à même de mettre en oeuvre dans son contexte de vie. Les droits ou l’égalité de genre doivent surtout permettre aux individus de vivre réellement selon ces concepts, dans leurs conditions socio-culturelles spécifiques, en fonction de leurs propres valeurs et normes.

Pour une cantine saine, savoureuse et durable

Le 30 Déc 20

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Pour une cantine saine, savoureuse et durable

En 2012, la Fédération Wallonie-Bruxelles lançait une initiative intéressante relative à la qualité des repas servis aux enfants en collectivitésNote bas de page. Deux ans plus tard, nous avons voulu connaître le destin de cette démarche commune aux trois ministres de la Santé, de l’Enseignement obligatoire ainsi que de l’Enfance. Nous avons rencontré Tatiana Pereira, en charge de ce projet à la DG Santé de la Communauté française.Éducation Santé: Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste ‘La santé au menu des cantines’?Tatiana Pereira: Dans le cadre du Plan national nutrition santé belge, le Service public fédéral Santé publique a développé début 2012 trois cahiers spéciaux des charges (CSC) relatifs à :

  • la fourniture de repas chauds sur base de critères stricts en matière d’équilibre alimentaire, de saveurs et de développement durable dans les collectivités d’enfants;
  • la gestion de fontaines et de distributeurs de boissons et d’en-cas dans une perspective d’alimentation saine, durable et d’insertion socioprofessionnelle;
  • l’exploitation de restaurants d’entreprise s’inscrivant dans une démarche d’alimentation durable.

La Fédération Wallonie-Bruxelles s’est appropriée le modèle de CSC pour les collectivités d’enfants. Il a été retravaillé par les Hautes Écoles de diététique afin d’en affiner certains aspects.
Ce nouveau modèle de CSC est orienté vers la fourniture des repas durant le temps de midi uniquement, il n’est pas, à ce stade, adapté à l’organisation de repas pour une journée entière. Il a été proposé à l’ensemble des écoles et des centres de vacances de Bruxelles et de Wallonie.
Afin de soutenir la diffusion et l’appropriation du CSC, un dispositif de formations et d’accompagnements par les Hautes Écoles a été mis en place pendant l’année scolaire 2012-2013. Il a débuté par une journée de sensibilisation où toutes les directions et pouvoirs organisateurs ont été invités (établissements scolaires, centres de vacances et acteurs de santé-CPMS et SPSE).

Résultats quantitatifs

ES: Quel dispositif avez-vous mis en place?TP: Les 4 Hautes Écoles de diététique de la FWB ont proposé une vingtaine de modules de formation (de 3 demi-journées) destinés au personnel de cuisine.
Un guide alimentaire complémentaire au CSC a été conçu par les Hautes Écoles, il a été remis aux écoles participantes et est disponible sur le site www.sante.cfwb.be, mot-clé Cantines/Alimentation.
Une circulaire présentant l’initiative et invitant les personnes à une journée d’information a été envoyée à tous les pouvoirs organisateurs et directions d’établissements scolaires et de centres de vacances, ainsi qu’aux services de promotion de la santé à l’école et aux centres psycho-médico-sociaux. Cette séance d’information a rassemblé 77 personnes, plus une trentaine de personnes des administrations, de la presse et des cabinets ministériels.
En mars 2013, trois séances d’information/sensibilisation ont été organisées de manière décentralisée avec la collaboration des Centres locaux de promotion de la santé. Un des objectifs poursuivis était de faire le lien entre le CSC et les projets de promotion de la santé qu’il est possible de mettre en place autour des questions d’alimentation au sein des écoles. Ces journées ont eu lieu à Charleroi, Liège et Libramont. 118 personnes s’y sont inscrites. Suite à ces séances, de nouvelles demandes de formation et d’accompagnement ont émergé.ES: Quel bilan tirez-vous aujourd’hui de cette opération?TP: Tout d’abord, je peux vous indiquer quelques données chiffrées (à la fin de l’année scolaire 2012-2013). La page internet la plus consultée est la plus générale, suivie par le cahier des charges. Ce dernier n’a pas été diffusé en version papier avec la circulaire, les personnes était invitées à venir le télécharger. Le formulaire de téléchargement a été consulté 360 fois, je ne connais pas le nombre exact de téléchargements effectifs.
Par ailleurs, une version papier a été distribuée aux personnes venues aux différentes journées d’information, soit 400 exemplaires en tout.
Des versions papiers du CSC ont également été envoyées aux 262 communes de Bruxelles et de Wallonie.ES: Et les formations?TP: 98 personnes de 60 institutions se sont inscrites aux formations qui ont eu lieu entre octobre 2012 et avril 2013. Quatre modules de formation sur les 16 programmés ont dû être annulés faute de participants.
Suite aux trois demi-journées d’information décentralisées, plusieurs nouvelles demandes ont été enregistrées et le dispositif de formation/accompagnement a été prolongé jusqu’à la fin du mois d’octobre. Cela a permis d’organiser 3 modules de formation supplémentaires pour 42 personnes et l’accompagnement de 9 écoles à la rentrée.Au total 140 personnes de 63 institutions ont été formées.Les personnes qui ont suivi la formation sont essentiellement des cuisiniers et des comptables/économes. Les établissements scolaires sont les institutions les plus demandeuses (38), mais on trouve aussi 9 centres sportifs, 6 internats, 4 centres de vacances, 1 crèche, 2 pouvoirs organisateurs provinciaux, 1 fournisseur et 2 asbl actives en matière de prévention. Au niveau géographique, il y a 7 institutions bruxelloises et 56 en Wallonie. En outre, 20 institutions ont demandé un accompagnement, 4 dans la capitale et 16 en Wallonie.

Enseignements qualitatifs

ES: Avez-vous pu recueillir des éléments d’appréciation qualitatifs?TP: En effet, un questionnaire d’évaluation a été proposé via le site internet à toutes les personnes qui ont laissé leurs coordonnées (participation à une des journées d’information, téléchargements du CSC, demandes de formations et d’accompagnements). Au total 209 personnes/institutions ont été sollicitées et 40 ont répondu.
Parmi ceux qui proposent des repas sur le temps de midi, 22 institutions les préparent dans leur cuisine interne et 6 font appel à un fournisseur extérieur.
Les repas sont chauds et froids dans 22 institutions, exclusivement chauds dans 10 autres.
21 personnes cherchaient à s’informer en prenant connaissance du CSC, 17 souhaitaient modifier l’offre de repas préparés en interne et 4 envisageaient de s’en servir pour lancer un appel d’offres.
Globalement, les personnes ont trouvé le CSC complet, compréhensible, utile et adapté aux besoins. Quelques personnes ont cependant répondu à l’inverse que le CSC n’était pas adapté: parce que l’établissement appliquait déjà des critères plus précis, ou au contraire que le CSC était trop lourd et trop complexe pour des petits fournisseurs et pour les petites structures, ou encore parce que les changements d’habitude alimentaire sont difficiles et doivent commencer à la maison.ES: Quel a été l’impact concret sur les repas offerts aux enfants?TP: Au niveau des modifications, 31 personnes ont répondu aux questions (voir tableau).

Sujet

Pas d’intention de modification

Intention de modification

Modification réalisée depuis la prise de connaissance du CSC

Portions/grammages

8

15

6

Achat auprès de fournisseurs locaux et/ou durables

14

8

9

Choix de produits de saison ou bio

7

16

8

Introduction de menus végétariens

19

6

6

Voici un commentaire intéressant fait par un des fournisseurs:«Ces éléments étaient déjà dans notre positionnement d’offre alimentaire pour les écoles. Le CSC a permis d’appuyer encore notre démarche afin de cautionner principalement l’approche autour du grammage des viandes qui est le point le plus difficile à mettre en œuvre, vu les freins dus aux habitudes alimentaires.»Parmi les 40 répondants, 7 institutions ont sollicité un accompagnement par une Haute École, mais il n’y a pas assez d’éléments d’évaluation.
11 établissements ont envoyé du personnel en formation: pour 8 d’entre eux, cette formation répondait aux attentes, pour 3 elle n’y répondait que partiellement.En dehors de l’impact sur l’offre de repas chauds, 16 répondants annoncent que le CSC a également eu un impact sur:

  • l’intégration des questions d’alimentation dans le projet d’établissement ou dans le projet d’accueil;
  • l’intégration des questions d’alimentation dans une approche plus large (bien-être, activité physique, environnement et développement durable);
  • la mise en place d’animations/activités ‘alimentation’ pour les enfants;
  • la sensibilisation/information vers les parents;
  • la formation du personnel d’encadrement des temps de midi, la négociation avec les traiteurs, la responsabilisation du personnel, le tri des déchets, la justification de l’offre auprès des parents.

Les répondants ont aussi fait certaines autres propositions intéressantes:

  • prévoir des formations pour le personnel qui encadre les enfants sur le temps de midi;
  • maintenir l’initiative et prévoir des outils à long terme pour améliorer les services repas;
  • témoigner auprès de l’AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) de ce que la santé ne dépend pas uniquement de l’hygiène des aliments, ni des conditions de préparation des repas;
  • penser un CSC pour la fourniture des matières premières;
  • continuer à fédérer les autorités santé, environnement, enseignement et culture;
  • développer des incitants pour les écoles qui mettent en place le CSC;
  • prévoir une certification pour les écoles qui participent activement au projet;
  • dégager du temps pour s’impliquer dans ce genre d’initiative très intéressante;
  • concevoir cette initiative au sein d’un projet d’école impliquant parents, élèves, professeurs, direction, cuisine… Le changement doit être progressif, en passant par la maison, puis par des séances en classe avant d’initier un changement en cuisine.

ES: Cela fait pas mal de bonnes idées cela. Avez-vous pu tirer d’autres constats?TP: Tout à fait. Je pourrais les résumer en 3 points, concernant les formations, les accompagnements et l’organisation des repas.

À propos des formations

Plusieurs personnes ayant participé aux formations ne connaissaient pas le CSC et le principe de ces formations. Elles ont été envoyées en formation par leurs directions qui ne les ont pas informées préalablement de ce qu’elles allaient faire. Cependant, les participants ont très majoritairement montré un intérêt marqué pour les contenus de formation. Ils pensent pour la plupart mettre en œuvre l’un ou l’autre changement.
Certains auraient souhaité que la formation se passe en cuisine pour des exercices pratiques.
Il manque une implication et formation des équipes éducatives (y compris le personnel encadrant les enfants au moment des repas). Les cuisiniers se sentent parfois un peu seuls pour travailler sur des changements. Beaucoup de réticences ainsi qu’un manque de connaissance, de sensibilisation de la part du corps enseignant sont relatées par les participants.
Des demandes ont été formulées pour que des modules soient prévus au Luxembourg, les lieux habituels de formation étant difficiles d’accès pour les Luxembourgeois. Deux modules décentralisés ont dès lors été organisés pour un total de 24 personnes.
Il a également été suggéré que l’on puisse dispenser des formations sur le lieu de travail pour que tous les cuisiniers puissent y assister.
Enfin, certains participants sont demandeurs d’un suivi et de formations continues sur ces sujets.

À propos des accompagnements

Il s’est rapidement avéré que les institutions avaient besoin d’être accompagnées pour mettre en œuvre des changements dans leur cuisine et pas seulement pour le lancement d’un appel d’offres. Les accompagnements ont donc été adaptés.
Comme pour les formations, certaines institutions demandeuses ne savaient pas vraiment en quoi consistait l’accompagnement (parfois demandé par la direction mais fourni à l’économe ou au chef de cuisine).

De manière générale par rapport au CSC et à l’organisation des repas

Les institutions sont demandeuses de listes de producteurs/fournisseurs pour les denrées alimentaires qui correspondraient au CSC (circuit court, bio). Des liens ont été faits vers Bioforum, mais actuellement cela reste une question problématique pour les établissements (surtout ceux qui font la cuisine en interne).
Le coût des repas semble fort élevé par rapport à ce qui est offert classiquement.
Les établissements qui organisent des repas toute la journée (internats, centres d’hébergement) sont aussi demandeurs d’accompagnement, malgré le fait que le CSC ne concerne que les repas de midi. Les établissements qui sont venus aux séances décentralisées sont demandeurs de projets globaux.ES: Alors, un bilan plutôt mitigé ou encourageant?TP: On peut conclure que l’initiative du lancement du CSC ‘Cantines saines, savoureuses et durables’ a rencontré des attentes et suscité de l’intérêt. Évidemment, le taux de participation par rapport à l’ensemble des écoles et centres de vacances peut sembler faible, mais il faut noter que les PO sont une ouverture vers de nombreux établissements.
Les accompagnements et les formations semblent être bien adaptés, toutefois, de nombreuses demandes vont vers un soutien à plus long terme et qui englobe aussi les autres acteurs scolaires (éducateurs et enseignants).
L’intérêt de certains fournisseurs (dont Sodexo, un des leaders du secteur de la restauration collective) pour l’initiative est un signe positif de prise en compte des critères du CSC.
Dans le même ordre d’idée, l’APAQW a développé une centrale d’achats qui permet de trouver des fournisseurs de produits locaux, ce qui répond à une demande des institutions. De même, Simply Food a réalisé un guide ‘Alimentation durable dans les collectivités’ à la demande de Bruxelles Environnement.ES: Des pistes pour le futur?TP: Afin de soutenir la diffusion et l’utilisation du CSC et contribuer à améliorer l’alimentation des enfants, les recommandations suivantes ont aussi été faites:

  • terminer les modules de formation par des exercices pratiques;
  • compléter l’information par un vade-mecum plus concis et plus concret que le guide alimentaire;
  • proposer de nouveaux modules de formation pour l’année scolaire 2013-2014 et des accompagnements. Ces derniers seront mieux expliqués aux demandeurs;
  • proposer l’outil de l’asbl CORDES ‘Se mettre à table’ pour mieux impliquer les équipes éducatives;
  • renforcer les liens avec l’Observatoire de la Santé de la Province du Luxembourg en le mettant en contact avec les écoles de ce territoire;
  • s’appuyer sur des ressources locales grâce aux CLPS pour un travail sur l’ensemble des déterminants et pouvoir impliquer les équipes éducatives;
  • partir d’un projet émanant de la base (projet porté par l’ensemble des acteurs scolaires afin de travailler la transversalité). Il est en effet important de travailler aussi sur ce que les enfants mangent en dehors du repas de midi tout en augmentant la qualité des repas proposés à l’école. Des projets transversaux permettraient également de travailler sur l’alimentation même lorsque l’école n’a pas la possibilité de proposer des repas chauds.
  • ultérieurement une adaptation du CSC pour les centres sportifs et pour les hébergements (centres de vacances, internats, aide à la jeunesse…) serait un axe de travail à développer.

ES: Cela fait pas mal de pain sur la planche pour les années qui viennent !

Voir l’article de C. De Bock ‘Que mange-t-on ce midi à la cantine scolaire?’, Éducation Santé 285, janvier 2013.

L’e-permanence d’Infor-Drogues

Le 30 Déc 20

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Infor-Drogues a élaboré et développé sur son site internet un dispositif particulier, l’e-permanence, avec un cadre spécifique de réponse pour toute question écrite et personnelle liée aux usages de drogues. L’ e-permanence permet à l’équipe d’Infor-Drogues d’offrir une réponse spécifique et de qualité aux personnes s’adressant à l’asbl via internet.

Jean-Michel De Herde, psychologue au sein de l’asbl, explique : «Le projet est né du constat qu’il était manifestement inadéquat de répondre aux personnes s’adressant à nous par courriel en leur signalant que nous disposions d’une permanence téléphonique pour discuter. Généralement, ces gens ne nous appelaient pas ensuite et par conséquent leurs courriels restaient lettre morte.»

L’e-permanence est en quelque sorte ‘fille’ de la permanence téléphonique d’Infor-Drogues et bénéficie donc à ce titre et dans une certaine mesure, de l’expérience et de la méthodologie de cette dernière.

S’adapter à une nouvelle forme de travail

Pour mettre en place ce projet d’e-permanence il a fallu non seulement développer un outil qui puisse au maximum garantir la confidentialité et l’anonymat de la personne, mais il a aussi été nécessaire de réfléchir sur les contenus et sur la manière de répondre. «Cette pratique de l’écrit est différente de celle que nous connaissions au téléphone et à la consultation, et la tentation peut être grande à certains moments de glisser vers un modèle de travail qui viserait à une standardisation de nos réponses.»

Jean-Michel De Herde poursuit : «Or, ce qui fait la spécificité mais donc aussi en l’occurrence la difficulté de ce projet, tant lors de sa mise en place qu’à l’usage, c’est le pari que nous avons fait et faisons encore d’à chaque fois nous constituer comme un lieu d’adresse personnalisé pour ceux qui nous contactent. Ceci ne peut se faire qu’en acceptant de nous impliquer avec notre subjectivité dans les réponses que nous rédigeons et donc de créer, pendant le temps nécessaire, un lien avec ces personnes.»

Un outil qui crée du lien avec un nouveau public

Ce projet d’e-permanence permet également de travailler avec un public nouveau puisque constitué de personnes qui, tout en étant aux prises avec des questions délicates, n’appellent pas d’habitude la permanence téléphonique. Jean-Michel De Herde encore : «Le projet démontre selon nous, qu’il est et reste possible mais également pertinent de développer une pratique basée sur le lien, en l’occurrence écrit, celui que nous cherchons à chaque fois à établir avec les gens s’adressant à nous. Ceci car nous pensons que c’est de ce que nous faisons de ce lien que peuvent émerger, pour les personnes, les réponses aux questions et difficultés dont elles nous font part.»

Plus qu’une présence sur le web c’est davantage la mise au travail à travers les demandes qui arrivent via internet qui vivifie l’équipe d’Infor-Drogues. «Comment comprenons-nous telle inquiétude? Nous faut-il relever tel ou tel élément dans tel courrier? À quelle place pensons-nous être mis par telle personne s’adressant à nous? Et qu’allons-nous en faire?»

Autant de questions qui invitent l’équipe à réinventer sans cesse ses pratiques.

Infor-Drogues asbl, Rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles. Tél.: 02 227 52 60. Courriel: permanence@infrodrogues.be
Site: https://www.infordrogues.be

Guindaille 2.0, une page Facebook pour appuyer une campagne à destination des 18-25 ans

Le 30 Déc 20

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La page Facebook Guindaille 2.0 mise en place par l’asbl Univers santé est utilisée comme support d’une campagne de réduction des risques en milieu festif étudiant, rappelant différents conseils pour réussir sa soirée par une série de pictogrammes.

Ces pictogrammes, imprimés sur panneaux et affichés dans les lieux festifs, sont repris sur la page Facebook avec une explication du message. Des shootings photos lors de soirées ou événements festifs alimentent également la page et donnent l’occasion aux étudiants de ‘liker’ leurs photos ou celles de leurs amis.

Une question de temps

L’une des principales difficultés rencontrée est le temps consacré à la gestion de la page Facebook. En effet, Univers santé gère deux sites internet ( https://www.univers-sante.be et https://www.jeunesetalcool.be ) et deux pages Facebook mais ne dispose pas d’un collaborateur pouvant s’y consacrer entièrement. Il est donc laborieux de maximiser ce moyen de communication qu’est le web, qui demande temps, compétences et investissement. Une page Facebook demande encore plus de temps puisqu’elle doit être suivie et alimentée régulièrement…
De plus, il n’est pas toujours évident de trouver de quoi stimuler et développer régulièrement la page pour continuer à la faire vivre de manière dynamique. Or, un réseau social constitue un moyen de communication qui doit être renforcé presque quotidiennement pour qu’il reste interactif et actuel.

Une participation active du public cible

Les étudiants ont pris part à la campagne dès sa création. Un groupe de travail a été constitué rassemblant des représentants des principales organisations étudiantes. Les messages de la campagne ont été choisis sur base des préoccupations rencontrées par les étudiants lors de leurs soirées et de leurs activités.
Dès lors, la campagne était perçue comme un soutien, une ressource pour que leurs activités se déroulent au mieux, et non comme une contrainte.
D’autre part, la participation du public cible a facilité la communication sur la page, qui a connu rapidement un vif succès. Le réseau social Facebook est ainsi une porte d’entrée pour faire connaître la campagne à un public de plus en plus large. Les shootings photos ont également renforcé la diffusion de la campagne et de ses messages. Le web 2.0 est aujourd’hui une voie privilégiée pour toucher les jeunes (et moins jeunes) qui y ont accès facilement et l‘utilisent fréquemment.

Encore des efforts à fournir pour une meilleure interactivité

La page Facebook, qui a environ 3000 fans aujourd’hui, a permis de faire rapidement connaître la campagne auprès d’un large public. Le profil de ces ‘likers’ semble correspondre au public cible puisqu’il est majoritairement composé de personnes de 18 à 25 ans. Au-delà de la page Facebook, la campagne a été largement diffusée en milieu étudiant par Univers santé mais aussi et surtout par les étudiants eux-mêmes, contribuant ainsi à son succès.
Une enquête en ligne, menée début février 2014 pour évaluer la campagne, a montré que la plupart des répondants ne connaissaient pas encore la page Facebook. Il y a donc encore du travail à fournir pour toucher davantage d’étudiants par ce moyen de communication. Des efforts doivent par ailleurs être fournis pour continuer à stimuler la page web et y susciter l’interactivité.
De nos jours, le web 2.0 est un mode de communication privilégié, voire incontournable, et ce encore plus si on s’adresse à un public étudiant qui utilise et maîtrise parfaitement internet. Guindaille 2.0 a bien démarré et sa page Facebook y a contribué indéniablement. Après cette phase de diffusion, l’enjeu pour Univers santé est de continuer à faire vivre la campagne, à promouvoir ses messages de réduction des risques, sans s’essouffler et avec les moyens humains et financiers dont elle dispose.

Être présents sur le web pour rester en cohérence avec son public

Univers santé vise principalement les étudiants du supérieur, âgés en moyenne de 18 à 25 ans. Être présent sur le web, c’est donc rester en contact et en cohérence avec son public cible.
Anne-Sophie Poncelet , responsable de projets: «Le web 2.0 est un moyen de communication adapté à notre public et plus largement à notre société actuelle. Cela ne doit pourtant pas être la seule voie à emprunter pour diffuser une campagne. Des rencontres, des stands, des affiches, des feuillets, etc. sont autant de supports qui sont complémentaires et contribuent à diffuser nos messages de prévention.»

Page Facebook Guindaille 2.0: https://www.facebook.com/guindaille2.0
Univers santé, Place Galilée 6, Bte L6.04.01,1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 28 28. Courriel: univers-sante@uclouvain.be. Site: https://www.univers-sante.be