Articles de la catégorie : Initiatives

Les migrantes ont les ‘maux du pays’

Le 30 Déc 20

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Les femmes migrantes développent parfois des maux de dos, de ventre, des migraines et allergies dont elles ne souffraient pas dans leur pays d’origine. Les traitements médicamenteux n’y font rien. Ces maux sont les symptômes du «mal du pays» ou la résurgence de blessures passées.
Beaucoup de femmes migrantes en Belgique souffrent de maux physiques qui ne sont qu’une expression de leur mal-être. ‘ Les plaintes que nous recevons des migrantes sont souvent liées à leurs problèmes d’exil ‘, témoigne Myriam Ilunga , médecin dans un centre de planning familial de Bruxelles. ‘ Hypertension , gastrites , œsophagites , oedèmes aux jambes et ulcères de l’estomac sont les pathologies les plus courantes . Elles sont liées au stress , à la mélancolie ou à une mauvaise alimentation ‘, précise-t-elle. Ne pas parler la langue, travailler dur pour remplacer son mari qui ne trouve pas de travail, vivre la discrimination dans l’isolement: autant de difficultés qui façonnent le quotidien de ces femmes.
Je ne peux pas retourner dans mon pays et ici la vie est dure pour moi . Je fais de l’hypertension et j’ai des maux de tête incessants pour lesquels je prends quatre Perdolan ( 1 ) par jour , confie Honorine Lusekumbanza , de l’association de femmes angolaises Alegria. Ce n’est que lorsque j’ai une maladie inhabituelle que je vais chez le médecin .’ La majorité des femmes migrantes, vivant dans la précarité, prennent leurs maux en patience par manque d’argent. De plus quand elles finissent par consulter, le traitement prescrit se révèle souvent inefficace. ‘ Au bout de plusieurs consultations , la personne revient avec les mêmes plaintes et d’autres , de plus en plus diverses , confirme Myriam Ilunga. Ces maladies ne sont pas considérées comme graves par le personnel médical , qui ne prend pas en compte leur dimension culturelle ‘.

«Un peu folles»

Diagnostiquer et traiter les causes de ces maux n’est pas chose facile pour des médecins non formés à l’interculturel. Il faut parfois orienter les patientes vers des services psychologiques. Mais ‘ les femmes préféreront s’adresser à une assistante sociale qu’à un psychologue ou un psychiatre , car pour certaines d’entre elles , aller chez ces derniers serait reconnaître qu’elles sont un peu folles ‘, explique Pamela Datoli , du Collectif des femmes de Louvain-la-Neuve. Selon Honorine Lusekumbanza, ‘ beaucoup vont à l’Eglise s’en remettre à Dieu ou au pasteur et parfois iront chez un guérisseur africain .’
Le Petit Château, un centre pour les demandeurs d’asile, envoie régulièrement ses résidents chez le docteur Openge , d’origine congolaise. Sa formation d’ethnopsychiatre le rend sensible au fait que la souffrance et la maladie peuvent être vécues et s’exprimer différemment selon la culture du patient. ‘ Ces gens arrivent avec beaucoup de symptômes : manque d’appétit , insomnies , formes de dépressions . Des psychothérapeutes ont essayé de traiter ces dépressions par voie médicamenteuse , sans résultat ‘. Lors d’une visite en ethnopsychiatrie, l’équipe multidisciplinaire et multiculturelle de thérapeutes tente de comprendre les causes des symptômes de la personne par le récit de son histoire et de celle de ses proches. ‘ Les gens arrivent déjà fragilisés , remarque le Dr Openge. La migration est le déclencheur de cette perturbation déjà inscrite ‘, comme le fait d’avoir vécu une guerre ou d’être excisée. Cette démarche prend aussi en compte la dimension magique de la maladie. ‘ Nombre des patients africains ont des maladies liées au monde invisible ou à la sorcellerie , explique le médecin. Lorsqu’ils se confrontent à des thérapeutes classiques’ qui ne les croient pas , il devient impossible de retrouver la cause des troubles actuels .’

Qui va m’aider?

En Afrique , quand il y a un problème , on va chez l’aîné , qui réunit les gens pour en discuter . Le problème n’est pas tranché de façon aussi visible qu’ici ‘, poursuit le docteur Openge. La discussion au sein des associations de migrantes est un exutoire pour ces femmes. Grâce aux expériences de leurs paires, elles mettent le doigt sur des causes psychologiques de problèmes qu’elles croyaient organiques. Mais là aussi, des blocages existent: ‘ La femme africaine est enfermée sur elle même et elle ne se plaindra pas facilement , de peur qu’on en parle après dans la communauté ‘, soupire Honorine Lusekumbanza. Dans de nombreuses cultures, les difficultés que les gens éprouvent à dire leurs problèmes sont aussi une question de dignité. Ces maladies psychosomatiques sont plus visibles pour les femmes, ‘ parce que ce sont elles qui viennent avec les enfants chez le médecin ‘, explique Myriam Ilunga, ce qui leur donne l’occasion de parler de leurs problèmes. Les hommes, eux, souffrent de maux identiques, mais ‘ dans nos cultures africaines , les hommes ne peuvent pas se plaindre ‘, conclut le docteur Openge.
Maude Malengrez , InfoSud- Syfia

Mutualité chrétienne, 1906-2006: 100 ans de solidarité

Le 30 Déc 20

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L’Alliance nationale des mutualités chrétiennes fête son premier siècle d’existence. C’est en effet le 28 mai 1906 que sa création a été confirmée officiellement par arrêté royal. Une naissance qui n’est bien sûr pas le fruit du hasard. La Mutualité chrétienne a en effet toujours progressé à partir de sa base.
On observe les premiers balbutiements du mouvement mutuelliste dès la seconde moitié du 19e siècle. A cette époque, les sociétés d’entraide mutuelle prévoyaient une indemnité basée sur la solidarité pour les membres malades ou en incapacité de travail. Ces sociétés, appelées aussi caisses primaires, se sont ensuite regroupées en unions, qui ont à leur tour constitué l’Alliance nationale des mutualités chrétiennes. L’objectif était d’être plus fort, d’organiser une meilleure solidarité et d’être davantage impliqué dans la politique nationale.
La Mutualité chrétienne est à l’origine de nombreuses initiatives importantes. Son service de lutte contre la tuberculose, ses centres de vacances et de convalescence, ses cures d’air préventives, son service social, ses initiatives de soins à domicile et son service d’aide aux malades en sont les plus belles illustrations. Elle fut également le premier organisme assureur à se doter d’un service d’éducation pour la santé, en 1976, quelques années avant la création de la plupart des organismes du secteur en Communauté française.
L’histoire révèle également que de nombreux problèmes qui se posent actuellement subsistent en fait depuis les premières années de l’Alliance. Les conventions et les accords avec les prestataires pour offrir des soins accessibles à tous ou la forte hausse des dépenses en soins de santé étaient déjà à l’époque au cœur des préoccupations de la Mutualité chrétienne. La responsabilité financière et le contrôle de la surconsommation et des abus sont également depuis toujours essentiels au bon fonctionnement du système d’assurance maladie solidaire défendu par la Mutualité chrétienne.
Un tel anniversaire est aussi l’occasion de se tourner vers l’avenir. Comment faire face aux coûts croissants liés aux progrès de la médecine? De quelle manière gérer le vieillissement de la population et ses conséquences sur la santé? Comment réagir à la marchandisation croissante des soins? Quel rôle jouer dans l’Europe de demain où la libre circulation des personnes touche également le secteur de la santé?
Une chose est sûre: la Mutualité chrétienne défendra toujours la solidarité avec acharnement. Elle l’a rappelé solennellement lors d’une séance académique en présence du Ministre d’Etat Jean-Luc Dehaene et du Ministre des Affaires sociales Rudy Demotte le 3 décembre dernier.

La charte de la Mutualité chrétienne

La solidarité, fondement de l’assurance maladie

La Mutualité chrétienne s’engage à promouvoir la santé et le bien-être pour tous. Chacun participe, selon ses moyens, à l’établissement d’une assurance maladie invalidité obligatoire la plus large possible.

Un assureur social efficace

Efficace et équitable, la Mutualité chrétienne est l’alternative sociale aux assurances commerciales de santé. La recherche de profit en assurance maladie conduit inexorablement à une sélection des risques et au transfert du coût des soins vers les patients.

Pas de privatisation

!
Pour pérenniser une assurance maladie efficace, il faut en garantir à long terme un financement suffisant et récurrent. Une privatisation déguisée par des hausses régulières de tickets modérateurs et des suppléments majorés est inacceptable.

Partenaire responsable à tous les niveaux de pouvoir

La Mutualité chrétienne prend ses responsabilités de partenaire à part entière dans la conduite de la politique en matière d’assurance maladie invalidité ainsi que de la politique de santé et la politique sociale, et ceci dans l’intérêt de ses membres. Ses activités devraient être mieux reconnues et valorisées par les autorités publiques.

La concertation, c’est la garantie d’accords respectés

La Mutualité chrétienne reste en faveur d’un modèle de concertation paritaire entre mutualités et prestataires de soins. Les pouvoirs publics doivent laisser fonctionner cette concertation paritaire qui a fait ses preuves.

Une gestion responsable

La Mutualité chrétienne gère correctement les dossiers de ses membres de manière à maintenir la qualité et l’équilibre financier de notre système de santé. Les pouvoirs publics doivent rémunérer justement les mutualités qui remplissent consciencieusement cette mission. Le système de responsabilité financière doit être complété par de meilleurs instruments de gestion.

Au service de ses membres

Chaque jour, quelque 5000 collaborateurs assurent le service aux 4.450.000 membres de la Mutualité chrétienne en leur offrant une information précise et claire, en leur proposant un service proactif adapté à leur situation, en leur assurant une assistance et un service de défense des membres jusque devant les tribunaux.

Une offre étendue de services et des avantages de qualité

La Mutualité chrétienne, par ses services et avantages complémentaires, joue un rôle de pionnière. Elle renforce ainsi les liens avec ses membres et s’affiche comme une mutualité dynamique. Les services et avantages qui ne font pas partie des objectifs de la mutualité doivent être limités par voie légale et examinés de manière stricte par l’Office de contrôle des mutualités.

Mouvement et volontariat, un choix de société

En réponse aux tendances à l’individualisation et à l’isolement dans notre société, la Mutualité chrétienne offre à ses membres la possibilité de s’engager en tenant compte des possibilités et des intérêts de chacun.

La Mutualité santé!

La Mutualité chrétienne ne veut pas seulement garantir des soins de qualité et financièrement accessibles. Elle veille également au maintien et à la promotion de la santé de chacun.

Des services médico-sociaux efficaces et accessibles

La Mutualité chrétienne développe et soutient, seule ou en partenariat, des initiatives médico-sociales dont elle garantit l’objectif social.

La solidarité ne s’arrête pas à nos frontières

La Mutualité chrétienne partage ses connaissances et ses expériences avec des organisations partenaires à l’étranger. Elle soutient la création de mouvements mutuellistes, pionniers dans le développement d’assurances sociales solidaires.
D’après un communiqué de la Mutualité chrétienne

Un projet pilote de dépistage du risque cardio-vasculaire global

Le 30 Déc 20

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En 2004, huit associations de généralistes, réparties sur tout le territoire de la Communauté française, ont accepté de participer à une recherche-action initiée par le Ministère de la santé en Communauté française. Dans chaque association, 10 à 15 généralistes ont accepté de participer au projet. Après avoir suivi une formation au dépistage du risque cardio-vasculaire global et à la prise en charge du patient dépisté à risque (voir article précédent dans le n° 218), ces médecins généralistes ont eu pour mission de dépister le risque cardio-vasculaire global chez 90 de leurs patients réguliers de 30 à 75 ans pris au hasard (3 patients successifs d’une même consultation, trois fois par semaine, entre le 15 février et le 15 mai 2004), soit 3200 patients au total. Il leur était également demandé d’inviter les patients ayant été dépistés à risque à une consultation spécifique pour parler de la gestion de celui-ci.

Un dépistage réaliste et faisable

Voici les principaux résultats de cette recherche-action.
88 % des généralistes volontaires estiment cette stratégie réaliste et faisable dans leur pratique quotidienne. Ce dépistage a pu être réalisé pour 76 % des patients éligibles. Cela leur a pris en moyenne 5 minutes.
Pourquoi n’y a-t-il eu que 76 % de dépistages réalisés et non 100% chez ces généralistes volontaires rémunérés pour leur participation à cette étude ? L’obstacle majeur est celui du manque de temps, les deux motifs les plus fréquents étant la salle d’attente pleine (26%) et la consultation trop longue (17%). Un second obstacle important est celui du motif de la consultation qui ne permet pas de parler de prévention ce jour-là (26%). Un troisième groupe d’obstacles est lié à la communication avec le patient (patient jugé peu réceptif (12%) ou crainte de l’importuner (8%)).

Cette recherche-action est conçue et réalisée par et pour des généralistes rassemblés au sein de l’asbl Promotion Santé et Médecine Générale, née d’un partenariat entre la Société Scientifique de Médecine Générale et la Fédération des maisons médicales et créée à la suite du projet.
Elle a continué en 2006: affiche pour la salle d’attente, documents pour les patients, cadastre des ressources locales pour l’accompagnement des patients présentant un risque cardio-vasculaire, formation et discussion de cas de suivi de patients à risque cardio-vasculaire identifié.
Des intervisions et les prémisses d’un travail en partenariat sont prévues pour 2007.

Ces difficultés se retrouvent dans toutes les actions de prévention en médecine générale. Elles sont cependant vulnérables.
Il faut en effet du temps pour faire de la prévention: du temps pour s’organiser, revoir le patient, le suivre, rester informé. Mais c’est aussi une question de priorité: le médecin peut trouver le temps pour la prévention intégrée aux soins curatifs s’il estime que c’est un plus pour la qualité des soins en médecine générale.
De plus, le malentendu de la prévention est vieux comme le monde: le médecin attend une demande du patient et le patient attend une proposition du médecin. Cependant, quand le médecin propose, les patients sont ravis; leur médecin s’intéresse à un peu plus qu’à la demande initiale et ils ont le sentiment d’être compris et pris au sérieux.
Près de la moitié des patients (48%) ont pu être dépistés immédiatement, à l’anamnèse. Les autres patients ont du passer par la prise de sang et l’utilisation des tables du risque (Framingham ou SCORE). Cette démarche a permis d’identifier le risque de 38% des patients. Les 13,5 % restant n’ont pas eu leur risque identifié pour différentes raisons: devaient encore revenir, refus de la prise de sang, données incorrectes.

Répartition des patients selon le risque

Patients à risque bas
Parmi les 3231 patients dépistés âgés de 30 à 75 ans, un tiers (37,5 %) présente un risque cardio-vasculaire bas, et une prochaine estimation de ce risque cardio-vasculaire global peut leur être proposée dans 3 à 5 ans. A noter dans l’échéancier du praticien!
Patients à risque cardio-vasculaire à gérer
Près de la moitié (49,5 %) des 3231 patients dépistés justifient un suivi plus rapproché de la part de leur généraliste. Ceux-ci se répartissent comme suit:
24% ont un risque cardio-vasculaire global élevé (rouge). C’est énorme, cela représente un quart d’une patientèle type en médecine générale;
17% présentent un risque moyen (orange);
8% ont comme seul facteur de risque isolé le tabac (brun). Le pourcentage de fumeurs est en moyenne de 29%, avec de profondes disparités d’une patientèle à l’autre: de 17% à 41%. A lier au statut social?
Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité en Belgique. La moitié de la population âgée de 30 à 75 ans fréquentant les cabinets de médecins généralistes présente un risque cardio-vasculaire à gérer. Le dépistage des patients à risque prend en moyenne 5 minutes. Le médecin généraliste peut faire la différence.

Jean Laperche , médecin généraliste, Valérie Hubens , chercheur en santé publique Adresse des auteurs:
Jean Laperche, Fédération des maisons médicales, Boulevard du midi 25/5, 1000 Bruxelles. Tél.: 02/514 40 14. Fax: 02 514 40 04.
Valérie Hubens, Chercheur en Santé Publique, Asbl Promotion Santé et Médecine Générale, c/o SSMG, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles. Tél.: 02 533 09 82.
Cette série d’articles est également publiée par la Revue de médecine générale de la Société scientifique de médecine générale.

Contraception: le retour de Laura

Le 30 Déc 20

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Le contexte: état de la contraception chez les jeunes

En Belgique, 17.000 femmes recourent à une interruption volontaire de grossesse (I.V.G.) chaque année (1).
Parmi ces femmes, près de 3.200 sont des jeunes filles de 13 à 20 ans et ces chiffres ne diminuent pas au fil des années.
Parmi les jeunes filles de 15 à 19 ans qui ont subi un avortement en 2005, la moitié n’avait utilisé aucun moyen de contraception. Pour les moins de 15 ans, cette proportion atteint plus des deux tiers.
L’enquête de santé 2004 de l’Institut scientifique de la santé publique montre que parmi les jeunes plus d’un tiers n’utilisent pas de préservatif. Ce pourcentage déjà inquiétant atteint pratiquement 50% en Flandre.
L’enquête de santé révèle aussi l’utilisation par 7% des jeunes sexuellement actifs de 15 à 19 ans de la pilule du lendemain comme prévention des grossesses.
Partant d’un constat similaire, la Conférence interministérielle des ministres de la santé du 11 décembre 2001, qui s’est penchée sur la problématique de la contraception chez les jeunes de moins de 20 ans, a voulu renforcer diverses pistes en matière de contraception.

Les grossesses à l’adolescence: quels sont les facteurs explicatifs identifiés dans la littérature?

Malgré le faible taux de grossesses chez les adolescentes en Belgique (3‰) comparativement à d’autres pays industrialisés comme l’Angleterre (28.6‰) ou les Etats-Unis (52.8‰), ce phénomène continue à interpeller le monde politique et le monde adulte de manière générale. La survenue d’une grossesse à l’adolescence est présentée comme un fait préoccupant, notamment parce qu’environ deux tiers de ces grossesses se terminent par une interruption volontaire de grossesse (IVG).
Avec la disponibilité des moyens de contraception et le développement d’informations de tous types au sujet de la sexualité des jeunes depuis de nombreuses années, on serait amené à penser que nos adolescentes sont armées pour se protéger des grossesses non programmées. Mais la réalité est différente.
La revue de littérature nous confirme que la survenue d’une grossesse à l’adolescence est une problématique complexe qui fait intervenir une multitude de facteurs.
Une première cause de la grossesse non planifiée est l’absence ou l’utilisation inadéquate de moyens de contraception. A la relation sexuelle non protégée viennent s’ajouter une série de causes qui s’imbriquent les unes dans les autres. Des facteurs à la fois socio-économiques (statut socio-économique, perspectives d’avenir scolaire et professionnel), culturels (culture d’origine, religion), psychologiques et psychosociaux (manque d’assurance, immaturité, désir de grossesse ou d’enfant), cognitifs (manque de connaissances, fausses croyances, représentations de la sexualité), relationnels (difficultés de communication avec les parents et avec le partenaire à propos de la sexualité), environnementaux et politiques (accessibilité et disponibilité des moyens de contraception, existence d’une éducation sexuelle à l’école), déterminent les comportements contraceptifs des adolescentes. De même, une série de facteurs influencent le choix de l’adolescente de garder ou non son enfant.
Ce dossier fait le tour des différents facteurs pouvant jouer un rôle.
La mise en place de programmes de prévention devrait tenir compte de cette diversité d’influences et avoir pour objectif d’intervenir à plusieurs niveaux à la fois. Quelques pistes sont suggérées pour améliorer la prévention des grossesses non programmées, tout en sachant que dans un certain nombre de cas, l’important sera d’accompagner au mieux des grossesses parfois désirées.
BERREWAERTS J. & NOIRHOMME-RENARD F., Les grossesses à l’adolescence: quels sont les facteurs explicatifs identifiés dans la littérature?, UCL-RESO, Bruxelles, juin 2006, (Série de dossiers techniques; réf.: 06-40, 38p.).
Les dossiers techniques sont consultables sur le site https://www.md.ucl.ac.be/entites/esp/reso . Ils peuvent aussi être commandés à l’adresse suivante: UCL, Faculté de médecine – Ecole de santé publique, Unité d’éducation pour la santé RESO, avenue Mounier 50, 1200 Bruxelles.
Contact: Mme Dominique Doumont, tél. 02 764 50 76, courriel: dominique.doumont@reso.ucl.ac.be.

Il y apparaissait, entre autres, que le prix de la pilule constituait pour certains un frein à son utilisation. Le groupe de travail était d’avis qu’il était souhaitable d’établir un système de remboursement pour tous les moyens de contraception fiables. Il avait également formulé des recommandations à propos de l’accessibilité de la pilule du lendemain.
En sa qualité de ministre fédéral des affaires sociales, Rudy Demotte a décidé en 2004 d’une diminution de 3 euros par mois de contraception pour les jeunes filles de moins de 21 ans .
La mesure concerne tous les moyens de contraception prescrits : toutes les pilules, qu’elles soient remboursées ou non actuellement, les stérilets, les patchs, les anneaux vaginaux, les implants… Les préservatifs ne sont donc pas inclus. Par contre, la pilule du lendemain – qui n’est pas un contraceptif, mais se révèle parfois comme une solution d’urgence absolument nécessaire – est désormais gratuite pour les filles de moins de 21 ans.
L’intervention est calculée sur la base du pourcentage du montant que la patiente prend actuellement en charge pour chaque moyen de contraception. L’intervention vient donc s’ajouter au remboursement éventuellement déjà attribué dans le régime général (20% pour certaines pilules). Pour ce qui est des contraceptifs efficaces pendant plusieurs années, le remboursement est limité à 12 mois.

La nouvelle campagne

Étant donné que des mesures financières seules sont insuffisantes, une campagne d’information a été mise en place dès le début et adaptée chaque année. Dans le cadre de cette dernière, le ministre Demotte propose un nouveau livret d’information aux jeunes. Il a été envoyé aux parents des adolescents de 13 ans. Parallèlement, des techniques de communication dernier cri ont aussi été utilisées pour encore mieux informer les jeunes sur la contraception et l’amour en toute sécurité.
Cette campagne s’inscrit dans le prolongement des campagnes «Laura» de 2004 et 2005 qui ont connu un franc succès. Elles présentaient sous la forme d’un spot télé et cinéma puis d’un roman-photo l’histoire de Laura, une mère ado de 16 ans.

Objectif

Tous les acteurs dans le domaine de la vie sexuelle et affective confirment que la contraception et la prévention des maladies sexuellement transmissibles (M.S.T.) sont indissociables. Lorsqu’on parle de contraception, il leur semble donc indiqué de rappeler la nécessité d’une double protection: l’utilisation d’un préservatif et d’un contraceptif fiable.
En effet, trop de jeunes ignorent encore ou ne tiennent pas assez compte du fait que le préservatif est le seul moyen efficace de lutter contre les M.S.T, et particulièrement contre le sida. Or, notre pays, comme les autres pays européens, a enregistré une hausse importante des infections HIV ces dernières années ainsi qu’une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles.

Contenu de la campagne de 2006

Après la campagne d’information de 2005 qui mettait l’accent sur la responsabilité conjointe de la fille et du garçon en matière de contraception , la campagne de 2006 attire l’attention des très jeunes adolescents sur la nécessité de se protéger et sur l’accessibilité accrue aux contraceptifs .
Cette année à nouveau, le Comité d’accompagnement de la mesure d’accès à la contraception qui est composé des entités fédérées, des acteurs de terrain et des acteurs de l’assurance maladie (mutuelles et pharmaciens) a été consulté. La nécessité de toucher les jeunes juste avant qu’ils ne deviennent sexuellement actifs ou au tout début de leur vie sexuelle est apparue de manière évidente. Sur cette base, l’agence de communication Duval Guillaume Antwerp a réalisé un livret d’information détaillé à l’intention des jeunes de treize ans.
Parallèlement, les techniques les plus actuelles ont été utilisées pour atteindre les jeunes, tels un podcast, un Bot Messenger et un test interactif sur le site web.
Livret d’information «Au secours! Tes parents ont un livre d’information pour toi»
Cette année, ce support est le moyen de communication central afin d’atteindre les très jeunes. Le langage utilisé a été étudié pour être en phase avec les adolescents de 13 ans.
L’avantage principal de ce livre réside dans la diffusion d’un message beaucoup plus détaillé que celui du spot télé ou du roman-photo. Les messages clés de la campagne – la pilule est devenue moins chère, voire gratuite dans certains cas, et seul le préservatif peut protéger des M.S.T. – y sont largement développés.
Par ailleurs, les jeunes y trouvent également des informations très complètes sur les autres moyens de contraception disponibles, leur coût, leurs avantages et inconvénients, ainsi qu’une information détaillée sur les MST, et sur les possibilités qui existent en cas de grossesse non désirée. Outre quelques passages sur les relations affectives en général et le témoignage de personnalités de la télé ou de vedettes sur ‘leur’ première fois, le livre propose quelques jeux et tests, à la fois éducatifs et divertissants.
En tout, ce sont plus de 100 000 exemplaires de ce livre de 52 pages qui ont été envoyés à tous les parents qui ont une fille ou un fils de 13 ans, avec ce message: «Votre enfant devient adolescent et se pose forcément des questions. Ce livre est écrit pour lui par des professionnels, mais c’est à vous, parents, de décider si votre enfant est prêt à le lire.»
Les parents ont ainsi la possibilité de lire le livre en premier et de pouvoir ainsi anticiper plus facilement d’éventuelles questions.
Site web https://www.laura.be
Le site web qui existe depuis 2004 est à nouveau le noyau de la campagne d’information et rassemble, dans un registre ludique mais éducatif, toutes les informations sur la contraception moins chère et sur le thème faire l’amour en toute sécurité en général.
Le trafic a été intense, puisque 470.000 personnes l’ont visité depuis la première campagne de 2004. Le site continue à rassembler aujourd’hui les liens utiles vers les professionnels actifs dans le domaine et, dans la version francophone, à permettre, via un outil de recherche, de localiser un centre de planning familial proche.
Podcast
La nouvelle campagne Laura est en phase avec l’attrait des nouvelles techniques de communication pour les jeunes. Le site web en constitue à chaque fois le point de départ.
Ainsi, il comporte un podcast téléchargeable qui peut être lu sur un lecteur MP3 ou un iPod. Le podcast contient une émission radio présentée par Laure Macq et Pascal Degrez , animateurs sur NRJ. Dans le cadre de cette émission, ils parlent de l’amour en toute sécurité dans un registre apprécié des jeunes. Tant le contenu que le ton de l’émission sont à l’image du livre d’information.
Bot Messenger
Une autre manière innovante d’atteindre les jeunes est l’utilisation d’un Bot Messenger. En d’autres termes, les jeunes qui utilisent MSN Messenger ou Hotmail reçoivent une question sur l’amour en toute sécurité chaque fois qu’ils ouvrent une session. Celui qui se trompe reçoit la réponse correcte et un renvoi au site web https://www.laura.be .
Test de l’amour sans risque
Le site web n’est pas seulement une source d’information, il est aussi au cœur d’une communauté internet. À cet effet, il comporte un «test de l’amour sans risque» auquel le jeune peut se soumettre. Une fois qu’il connaît son score, il peut présenter le test à son ou sa petit(e) ami(e) ou à ses amis.
Moyennant une série de questions à choix multiple, il peut vérifier leur niveau de connaissance.
Distribution de préservatifs
Depuis 2004, un stock de préservatifs est mis à disposition afin de rappeler l’importance de la double protection. Cette année, la distribution de 725.000 préservatifs est prévue. L’emballage, très sympathique, renvoie au site de la campagne.
Le but n’est pas ici de permettre un accès gratuit aux préservatifs, à l’instar des contraceptifs, mais bien de sensibiliser les jeunes à la double protection.
Concrètement, le pharmacien remet un préservatif à la jeune fille qui vient chercher un moyen de contraception. D’autre part, en Wallonie et à Bruxelles, les centres de planning familial peuvent mettre toute l’année un stock à disposition de leurs visiteurs. Les mutualités et Sensoa en Flandre disposent également d’un stock important pour des actions ponctuelles à l’intention des jeunes.
D’après un communiqué de presse du Ministre Demotte

(1)Source: données pour 2005 du Rapport de la Commission nationale pour l’évaluation de la loi du 3 avril 1990 concernant l’interruption volontaire de grossesse.

Pour une meilleure prise en charge des troubles de l’attention chez l’enfant

Le 30 Déc 20

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Une collaboration indispensable

On parle encore trop souvent, et à tort, d’hyperactivité chez les enfants atteints de TDA/H (trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité). Ce qui signifie en réalité que les enfants que l’on connaît hyperkinétiques, ne sont pas nécessairement les enfants turbulents que l’on imagine.
Cela ne facilite pas le diagnostic, voire la suspicion pour les médecins scolaires ou les enseignants… Pourtant, il est possible pour ceux-ci – à moins de ne pas s’arrêter aux stéréotypes – de reconnaître assez facilement des enfants TDA/H.
Oubliez le mot «hyperactif» ou «hyperkinétique» pour désigner les enfants atteints de troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité. Et l’on pourrait ajouter, avec ou sans impulsivité, autre symptôme que l’on retrouve souvent. Car ces enfants, ou ces adultes TDA/H (on n’en parle pas suffisamment, mais des adultes aussi sont atteints de TDA/H) ne sont pas nécessairement très agités. Tout comme les enfants turbulents ne sont pas nécessairement atteints de TDA/H. «Il faut arrêter de confondre les enfants turbulents avec les enfants qui souffrent d’une hyperactivité pathologique. Et de l’autre côté, il peut y avoir des enfants qui souffrent d’une hyperactivité essentiellement cérébrale qui ne se voit pas dans leur comportement», explique Pascale De Coster , Présidente de l’association TDA/H Belgique.
Il faut dire que l’appellation française de ce trouble – le terme «hyperactivité» – fausse déjà sa perception, comme le confirme le Dr Xavier Schlogel , neuropédiatre aux Cliniques St-Luc à Bruxelles: « Dans les pays anglo saxons , on parle plus justement d’ADHDI , à savoir de trouble du déficit de l’attention , avec ou sans hyperactivité , avec ou sans impulsivité ; en français , on a réduit la pathologie à l’hyperactivité . Or , si quasiment tous les enfants qui souffrent d’hyperactivité présentent des troubles de l’attention , l’inverse n’est pas vrai . Parmi quelque 6000 enfants TDA / H qui ont consulté notre service , 40 % présentaient un déficit de l’attention sans hyperactivité
Mal nommer le trouble a donc un corollaire: le diagnostic erroné. On peut passer à côté d’enfants atteints de TDA/H parce qu’ils n’ont pas cette composante «hyperactive», tout comme on peut surdiagnostiquer des enfants qui ne sont absolument pas atteints… Des ‘surdiagnostics’ qui sont largement dénoncés, tant par les médias que par les spécialistes. « Aujourd’hui , les neurologues s’accordent pour dire que 3 à 4 % des enfants sont hyperactifs et 6 à 8 % souffrent de déficit de l’attention », explique le Dr Schlogel. Des chiffres qui ne semblent pas évoluer dans le temps… « Globalement , on peut dire que l’hyperactivité est sur diagnostiquée en Flandre et sous diagnostiquée en Wallonie , mais que les déficits de l’attention sont partout sous diagnostiqués . La situation de la Wallonie serait due au fait que beaucoup de psychiatres francophones refusent le fait qu’il s’agit d’un trouble qui est organique au départ .» Une autre raison du sous-diagnostic est celui qui frappe les filles: parce qu’elles sont moins turbulentes, on soupçonne encore plus difficilement chez elles le TDA/H.

Enseignants et parents aux premières loges

Les premiers qui sont en contact avec ces enfants TDA/H, ce sont les parents, bien évidemment. Et ils savent combien vivre avec un tel enfant est difficile, surtout pour ceux qui sont en plus hyperactifs ou impulsifs… Pire: ils se heurtent à une véritable incompréhension et ce, à tout moment de l’évolution de l’enfant: « Avant le diagnostic , le comportement de l’enfant dérange l’entourage proche ou les enseignants , que ce soit du fait de l’hyperactivité ou du manque d’attention . L’entourage , les enseignants , la société portent un jugement . Ensuite , vient le moment du diagnostic , qui est également jugé , mis en doute . Ce qui n’est pas justifié , essentiellement chez nous puisqu’il est posé par des professionnels de différentes disciplines , avec des tests fiables d’évaluation . Enfin , si un traitement est prescrit , les gens nous jugent parce que nous donnons un médicament à notre enfant ou que nous l’emmenons chez un psy . Bref , ces culpabilisations à tous les niveaux n’aident ni les parents , ni les enfants », témoigne Pascale De Coster, qui a deux enfants atteints de TDA/H, et qui l’est elle-même ainsi que son mari.

Comment reconnaître un enfant atteint de TDA/H?

Le syndrome d’hyperactivité et de manque d’attention (TDA/H) se compose de trois syndromes qui peuvent être associés:
Le trouble de l’attention : difficulté, voire incapacité, à se concentrer, tendance à être distrait par tout et n’importe quoi, difficulté à terminer un travail ou même un jeu, oublis permanents et distraction.
L’ hyperactivité motrice : l’enfant bouge sans arrêt, est incapable de tenir en place quelques minutes, a des activités désorganisées, non constructives et mal coordonnées. Il court et grimpe partout, s’agite en permanence, souvent de façon joyeuse. Il ne peut jouer seul et prend fréquemment des risques.
L’ impulsivité : il s’agit de la nécessité impérieuse d’exécuter un acte, sans réfléchir aux conséquences, avec impatience, voire avec brusquerie. L’enfant n’est pas capable d’attendre son tour et se précipite, interrompt les autres en classe, abandonne vite une activité pour reprendre immédiatement une autre, ne peut organiser son travail. Et puis, il ne supporte pas les ordres.

Les enseignants, qui sont les autres personnes en contact avec ces enfants durant de longues périodes de la journée, pâtissent également de leurs comportements. Et trop souvent, parce qu’ils sont mal informés, ils peuvent rapidement tomber dans une spirale négative avec cet enfant dit «turbulent» ou «tête en l’air»… « Trop d’enseignants vont se plaindre aux parents que leur enfant est lent’ ou paresseux’ ou vont leur dire Madame , si vous saviez comme il nous en fait voir , votre enfant’ . Il n’est pas admissible que des professionnels de l’encadrement de l’enfant formulent ces critiques si aucun bilan neurologique et psychologique approfondi n’a été réalisé par un spécialiste », s’insurge le Dr Schlogel.
Et l’incompréhension est aussi importante face à des enfants qui présentent la composante hyperactive de leur trouble: notes dans le journal de classe, punitions, retenues, exclusions sont le lot quotidien des enfants et parents. Des brimades qui ne sont pas en phase avec la manière adéquate d’élever un enfant atteint de TDA/H: « L’une des caractéristiques de ces enfants est le manque de confiance en eux , une dévalorisation : surtout lorsque malgré leurs efforts , les résultats scolaires restent mauvais . Ces enfants ont besoin d’une attitude plus constructive . Ils fonctionnent tout particulièrement à la récompense , à la valorisation des choses positives qu’ils font . C’est essentiel pour eux . Mais lorsqu’ils font quelque chose de mal , les punitions doivent être constructives , comme réparer les erreurs commises ou donner des tâches utiles à exécuter . L’enfant ne le fait pas exprès , mais il faut le faire réfléchir à ses actes » enchaîne Pascale De Coster. L’enfant TDA/H a besoin, plus que n’importe quel autre enfant, de balises fortes, de règles immuables. Et il est vrai que faire respecter ces limites en permanence, l’enfant cherchant plus qu’un autre à les faire vaciller, est un travail éreintant, que les enseignants ne sont pas toujours en mesure de faire, face à des classes de 20 enfants au mieux, sinon 30, qui demandent tous autant d’attention!
Mais que l’on ne s’y trompe pas: Pascale De Coster ne prône certainement pas la compréhension à sens unique, tant de la part des enseignants que des parents. C’est ainsi que certains peuvent avoir tendance à tout excuser par le TDA/H. « C’est un panneau dans lequel il ne faut pas tomber . L’enfant TDA / H est responsable de ses actes , il faut l’éduquer comme tout enfant , mais en mettant de fortes structures , des limites et surtout toujours recommencer , en étant cohérent , structuré , posé . Le TDA / H ne doit jamais rien excuser .» Le TDA/H a des composantes neurologiques, cognitives, mais aussi d’éducation, sociales, familiales, psychologiques (lire encadré)… Il est donc important de jouer sur tous les tableaux de façon adaptée. Et si l’on parle de plus en plus de ce trouble, c’est probablement parce que les barrières sont de moins en moins claires dans l’éducation des enfants, que ce soit au sein de la famille ou de l’école. De telles carences, si elles sont néfastes dans l’éducation de tous les enfants, le sont encore davantage chez ceux qui, comme les enfants TDA/H, en ont encore davantage besoin !

Un dysfonctionnement du cerveau

L’hyperactivité est une maladie héréditaire affectant le comportement : perte d’attention, hypermotricité, impulsivité, etc.). « Les personnes atteintes de TDA/H vivent avec un dysfonctionnement majeur du cerveau. S’il ne les rend pas moins intelligents, il les met face à de réelles difficultés, notamment lorsqu’il s’agit de mener à bien un travail intellectuel. Concrètement, le ralentissement de leur cerveau dû à un dysfonctionnement des neuromédiateurs, comme la dopamine, qui gère l’attention, le contrôle de leurs mouvements et de leurs émotions, la capacité à opérer un choix etc., les empêche de se concentrer sur une tâche, même la plus anodine qui soit. Le TDA/H est une maladie biologique, non un trait de caractère ou une erreur d’éducation », précise Pascale De Coster. « Les facteurs psychosociaux ne sont donc pas considérés comme la cause du TDA/H mais plutôt comme des facteurs potentiellement exacerbants. Aussi, il ne faut pas confondre les enfants TDA/H avec des enfants présentant des symptômes similaires mais provenant d’autres pathologies psycho-affectives (dépression, maltraitances, carences affectives…). C’est l’ensemble de symptômes – déficit attentionnel, l’aspect évolutif de la maladie, l’impulsivité – qui vont déterminer le diagnostic.» C’est pourquoi il est nécessaire de faire procéder à un examen complet par un spécialiste (neuropédiatre), avant de décréter que son enfant est «hyperactif» ou non…

Le bilan du neuropédiatre va se baser sur différents examens, dont les principaux sont:
– l’anamnèse : le médecin va discuter avec l’enfant et ses parents, demander les signes, les symptômes, etc;
– l’échelle de Conners: il s’agit d’un questionnaire pour les parents et pour les enseignants;
– des test pour évaluer le niveau d’impulsivité ou de déficit d’attention de l’enfant;
– le quotient intellectuel;
– le bilan orthophonique pour voir s’il y a des troubles du langage;
– l’électroencéphalogramme pour éliminer la présence d’épilepsie;
– un bilan chez un psychologue.
C’est sur base de ce bilan que le spécialiste décidera du traitement. Celui-ci peut comprendre une prise en charge chez un pédopsychiatre ou un psychologue, un traitement médicamenteux, conjointement ou séparément, qui pourront appuyer une approche éducationnelle (dans la manière d’éduquer l’enfant TDA/H) et environnementale (impliquer l’enfant dans des activités sociales, l’entourer…) indispensables.
Des techniques «parallèles» sont parfois adoptées par certains parents (haptonomie, ergothérapie, kinésiologie, ostéopathie, PNL…), mais il vaut mieux en discuter avec le neuropédiatre: trop de charlatans opèrent dans ces sphères…

Un diagnostic précoce essentiel

Toutes les personnes qui gravitent dans le quotidien de l’enfant encore non diagnostiqué doivent s’interroger sur les troubles rencontrés par un enfant et alerter qui un médecin, qui un service psycho-médico-social. Mais pour cela, encore faut-il disposer de moyens pour soupçonner un tel trouble. Une difficulté d’autant plus grande que, comme on l’a dit, le TDA/H est trop souvent cantonné dans sa composante d’hyperactivité. Et donc, face à un enfant qui souffre de troubles de l’attention, on se borne encore à se dire qu’il est «tête en l’air»…
Le Dr Schlogel prône un diagnostic précoce, dès 3 ans. Mais cela ne signifie pas que le TDA/H se manifeste automatiquement dès le plus jeune âge: « Nous rencontrons des enfants qui n’ont jamais présenté de difficultés en maternelle ou en primaire , mais chutent dès l’entrée en secondaire . Comme tous les enfants qui franchissent ce cap , ils peuvent présenter un problème d’adaptation . En effet , les capacités d’attention sont nettement plus mises à contribution : prise de notes , changements de professeurs , nouvelle organisation et planification du travail Mais chez ces enfants , les problèmes peuvent persister et être toujours présents à la fin de la deuxième année . Aussi , une mise au point n’est pas superflue ici non plus , car un tiers de ces enfants en difficulté présentent des déficits neuro psychologiques sans hyperactivité
Premier signe qu’il faut observer à tout âge: les résultats à l’école, comme le conseille le Dr Schlogel: « Face à un enfant qui a des problèmes scolaires , l’enseignant devrait rechercher la présence de troubles de l’attention associés par exemple à une dyslexie ou à une dysphasie , même en l’absence d’hyperactivité . C’est très simple , mais ces signes sont les plus souvent retrouvés chez les enfants TDA / H .» Après une telle constatation, il n’est donc pas inutile de prévenir les parents ainsi que les centres PMS. « Encore faut il que ces derniers comptent du personnel formé au diagnostic du TDA / H », précise le Dr Schlogel. « Des batteries de tests fiables existent , nécessitant entre 15 et 20 minutes ; elles pourraient être utiles à ces services avant d’approfondir le diagnostic chez un neuropédiatre ».
Néanmoins, selon Pascale De Coster, l’école n’est pas encore un lieu où le TDA/H est bien connu et reconnu, aussi bien au niveau des enseignants que des centres PMS. Le plus souvent par manque d’information et de formation. Un dialogue entre enseignants, organisé par la Fondation Roi Baudouin en juin dernier, a fait état de ce manque d’information, dont se sont plaints les participants quasi unanimement. Et même lorsqu’une formation théorique est organisée, les participants, enseignants ou membres des CPMS, se disent souvent frustrés, car elle leur donne peu ou pas d’outils pratiques pour gérer la situation avec ces enfants. « On travaille beaucoup par essai et erreur . On apprend plus avec les autres enseignants qu’avec un formateur », témoigne une enseignante en type 3.

Des classes adaptées

Néanmoins, dans certaines écoles où la prise de conscience s’est produite et où l’information a circulé, un pas a été franchi: « Mes enfants sont dans une école qui a instauré des classes spéciales pour les enfants qui éprouvent des problèmes scolaires pour diverses raisons . L’enseignement y est plus motivant , avec moins d’élèves et un suivi plus rigoureux . Les résultats pour mon fils cadet qui la fréquente sont très bons !», témoigne Pascale De Coster.
Mais toutes les écoles ne peuvent pas nécessairement organiser de telles classes passerelles, que ce soit pour des raisons pratiques (manque de locaux, de professeurs) ou quasi philosophique: « Si vous ne pouvez pas compter sur une équipe enseignante qui s’engage à fond dans un tel projet , il vaut mieux ne pas tenter l’expérience . Dans notre école , les enseignants on pris cela comme un défi , une nouvelle orientation dans leur carrière . Mais cette approche nouvelle demande du temps . L’évaluation différenciée heurte le sentiment d’équité auquel se cramponnent de nombreux profs : chacun est égal devant la loi . Or , nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’était précisément pas équitable de vouloir évaluer de la même manière , en fin de parcours , des enfants qui n’avaient pas eu les mêmes chances au départ . C’est tout un changement de mentalité que nous avons dû opérer », explique la directrice d’une école qui a mis sur pied une classe passerelle, dans la brochure publiée en décembre dernier par la Fondation Roi Baudouin.

T.D.A. quoi?

Les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) expliqués aux parents et aux enseignants

On entend de plus en plus parler d’enfants hyperactifs ou hyperkinétiques. Nombreux sont ceux qui se posent des questions à ce sujet. La Fondation Roi Baudouin publie une brochure qui aborde le sujet de manière claire et accessible à tous (1) .
L’agitation ou la distraction d’un enfant ne sont pas nécessairement un problème grave en soi. Mais il arrive que l’enfant comme son entourage se sentent débordés et impuissants. Qu’entend-on par TDA/H? Qui peut-on consulter? Quels sont les différents traitements? Quelle est l’origine du TDA/H? Voilà autant de questions abordées par cette brochure dans une volonté de clarification du propos mais aussi de rigueur scientifique. Le plus important n’est pas de donner une étiquette, mais de trouver ensemble ce qui aidera l’enfant à s’épanouir.
Cette brochure est le fruit d’un travail interdisciplinaire et s’adresse à tous ceux, parents, enseignants, animateurs, médecins généralistes ou pédiatres, etc., qui se posent des questions sur le TDA/H. Elle se veut avant tout rassurante et explicative.
La brochure ‘T.D.A. quoi’, de Karin Rondia , est téléchargeable sur le site https://www.kbs-frb.be . Elle peut aussi être demandée par courriel à publi@kbs-frb.be ou par téléphone auprès du centre de contact de la Fondation Roi Baudouin: 070 233 728.
(1) Cette brochure clôture un parcours organisé par la Fondation Roi Baudouin autour de ce thème. Suite à l’appel à projets ‘Mes neurones et moi: troubles du développement neuropsychique chez les enfants et les adolescents’, 13 projets ont bénéficié d’un soutien financier d’un montant total de 130.000 €. Les informations relatives à ces projets sont disponibles sur le site https://www.kbs-frb.be .

Médicalisation des troubles de comportement: instrument de contrôle social

A l’automne 2005, à la veille de ce que les médias français ont appelé la ‘crise des banlieues’, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiait un rapport intitulé ‘Troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent’. Un certain nombre de comportements y sont considérés comme des symptômes caractérisant le trouble des conduites, lequel aurait des conséquences suffisamment importantes au niveau de l’individu et de la société pour que soit envisagée une politique de prévention axée sur le dépistage et la prise en charge précoce psychothérapeutique et médicamenteuse.
La publication de cette expertise avait suscité un tollé en France; en Belgique aussi, des voix s’étaient élevées contre les propositions qu’elle contenait.
Le service éducation permanente de l’asbl Question Santé a réalisé une brochure qui fait le point sur les propositions du rapport de l’Inserm et sur les réactions qu’il a provoquées. Le but étant de susciter le débat en abordant des questions comme ‘la bonne ou la mauvaise conduite des enfants peut-elle ou doit-elle être médicalement définie?’, ‘le médecin ne risque-t-il pas de devenir un instrument de contrôle social?’, ‘s’agit-il de ‘remettre dans le droit chemin’ ou de soigner?’
La brochure ‘Médicalisation des troubles de comportement: instrument de contrôle social’ est téléchargeable à l’adresse https://www.questionsante.be/outils/medicalisationComportement.html
Pour tout renseignement, vous pouvez aussi contacter le service éducation permanente de Question Santé, rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 512 41 74. Fax 02 512 54 36. Courriel: education.permanente@questionsante.be

Le défi est donc de savoir comment permettre à ces enfants de ne pas décrocher complètement, de se retrouver dans des filières qui ne leur conviennent pas. Une pédagogie adaptée, les moments de remédiation, la détection des problèmes à temps, des classes spécifiques: voilà autant de pistes qui peuvent être suivies, si direction, enseignants et parents sont prêts à chercher une solution ensemble.
Et pour ce qui concerne les autorités, ce trouble est-il reconnu? « Aujourd’hui , il est clair que du fait du remboursement des traitements médicamenteux , le TDA / H est effectivement reconnu . Néanmoins , il y a un problème fondamental : le remboursement est autorisé si la prise en charge est pluridisciplinaire , sous contrôle du médecin conseil ; cela implique qu’il y ait également des mesures sociales et éducatives ainsi qu’un suivi psychologique . Or , chacun sait que les psychothérapies ou les visites chez un psychologue ne sont pas remboursées . De même pour poser le diagnostic : la consultation de psychologues est indispensable , mais ne bénéficie pas du remboursement On peut donc dire que le gouvernement a donné des conditions que n’importe quel patient ne peut pas nécessairement se payer Le pas suivant serait de mettre en place des centres d’évaluation financés correctement et veiller à avoir des soignants des différentes disciplines reconnus pour obtenir un remboursement et une prise en charge correcte des enfants en souffrance », conclut le Dr Xavier Schlogel.
Carine Maillard
Association TDA/H Belgique, rue de la Glacière 24, 1060 Bruxelles. Permanence téléphonique le jeudi de 9 heures à 16 heures hors vacances scolaires au 0484 177 708. Internet: https://www.tdah.be ; Courriel: tdah.be@coditel.net

Santé et habitat. Des constats aux actions

Le 30 Déc 20

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Des constats aux actions

L’impact d’une mauvaise qualité de l’air intérieur d’une habitation sur la santé de ses habitants est de plus en plus souvent évoqué. Mais comment faire travailler de concert ceux qui constatent pour les uns des troubles de santé, pour les autres les problèmes de salubrité, afin d’établir les liens utiles entre les deux? Question que se sont posée les départements de médecine générale et santé primaire des Universités de Gand et de Bruxelles (ULB), qui ont organisé des tables rondes avec des professionnels de tous horizons, l’une à Gand, l’autre à Bruxelles le 30 mai dernier.
Le constat a été dressé il y a peu dans l’étude «Santé dans les grandes villes», réalisée en 2003-2004 par les deux universités, à l’initiative du ministre en charge des grandes villes à ce moment, Christian Dupont . Ses résultats montraient que ce sont les habitants des quartiers défavorisés qui présentaient un état de santé moins bon que la moyenne de la population, la qualité du logement étant l’une des explications. Partant de cette conclusion, les universités ont décidé de passer à l’étape suivante: celle de la réflexion pour comprendre le lien entre la qualité de l’habitat et celle de la santé de ses occupants, mais surtout pour trouver des méthodes de travail efficaces pour résoudre ce problème.
Les équipes impliquées ont auparavant étudié les résultats des enquêtes sur la santé et l’atlas des quartiers défavorisés, pointant quelques différences: « Alors que 78 , 6 % des personnes de quartiers non défavorisés s’estiment en bonne santé , ils ne sont que 69 , 5 % dans les quartiers défavorisés ; 4 , 4 % des premiers disent souffrir d’asthme , 4 , 6 % de BPCO et 2 , 9 % de maladies cardiaques graves ; ils sont respectivement de 6 , 8 %, 7 , 4 % et 4 , 7 % chez les seconds . Et en santé mentale également , on constate une différence : 16 , 6 % des défavorisés souffrent d’un trouble mental probable contre 13 , 4 % des non défavorisés , 11 , 4 % d’un état dépressif ( contre 8 , 5 %), 8 , 8 % d’un état d’angoisse ( contre 6 , 2 %) et 22 , 8 % de troubles du sommeil ( contre 19 , 7 %). Nous avons également constaté des différences quant aux accidents à domicile ayant causé une limitation fonctionnelle , avec 5 , 2 % chez les défavorisés contre 2 , 5 % chez les autres », commente le Dr Valérie Alaluf , du Département de médecine générale de l’ULB.

Nuisances à l’origine de troubles

Lorsqu’on examine les nuisances qui sont le plus souvent à l’origine des plaintes, la différence est énorme: 11,5 % des personnes de quartiers défavorisés se plaignent des odeurs dues notamment à une industrie proche, contre 3,3 % des autres; 11,1 % de l’humidité (contre 2,4 %), 5,7 % des moisissures (contre 1,5 %), par exemple. Selon cette étude, il existe donc une accumulation des problèmes d’environnement dans les quartiers urbains défavorisés, laissant présager un impact négatif sur la santé. « Il existe par ailleurs un lien univoque entre la qualité de logement et le niveau socio économique . En effet , si l’on étudie les facteurs déterminants de la santé des populations , on retrouve le patrimoine génétique , le statut et l’environnement social , le statut et environnement économique , les modes et conditions de vie , l’environnement écologique , le fonctionnement mental , le milieu culturel , le système de soins , pour l’essentiel . Entre quartiers favorisés et défavorisés , il existe une différence d’espérance de vie de 5 ans , et d’espérance de vie en bonne santé de 18 ans !», renchérit le Pr. Michel Roland , également du Département de médecine générale de l’ULB.
« C’est pourquoi nous avons décidé de passer à l’action , en développant un modèle innovant de détection et de transmission des problèmes de logement et / ou de santé . Nous voulons donc faire l’inventaire des pratiques existantes . Par exemple savoir qui se rend au domicile des patients / clients ? Dans le cadre de quel service ? Détectent ils des problèmes de santé et / ou de logement ? Si oui , ces problèmes sont ils enregistrés et comment ? L’information est elle transmise et comment ? Existe t il des procédures ou un travail en réseau avec d’autres intervenants ? Ces professionnels disposent ils d’une formation à la santé suffisante ?», enchaîne le Dr Alaluf.
C’est pour se rendre compte de ce travail déjà réalisé et réfléchir à un bon moyen de collaborer qu’ont été organisées ces tables rondes. « Notre question est de savoir si ce qui existe est efficace ou s’il faut par exemple créer un système standardisé pour relever les problèmes constatés ?», poursuit-elle.
Plusieurs intervenants sont susceptibles d’apporter un angle de réflexion utile, raison pour laquelle ils ont tous été invités pour rassembler les expériences. Qu’ils soient médecins, infirmières, assistants sociaux, responsables de logements, de la construction ou de la santé publique, les participants à ces tables rondes ont tous amené aux chercheurs leur vision de ce qu’ils constatent dans les quartiers défavorisés. « Notre objectif est d’évaluer l’état de santé en milieu urbain , d’optimaliser les soins de santé dans les grandes villes et de donner une série de recommandations pour la gestion des grandes villes », conclut Valérie Alaluf.

Un SQAT?

Plusieurs personnes interviennent dans la santé des patients: médecins généralistes, infirmières, ergothérapeutes, ambulances vertes, mais aussi des assistants sociaux ou des aides familiales. Ils sont souvent interpellés sur ces sujets, notamment lorsque des patients soupçonnent leur habitat d’être malsain et demandent à leur médecin d’établir les formalités pour analyser la présence de toxiques. « Face à ces demandes , la situation du médecin généraliste n’est pas aisée . D’une part , il se retrouve entre les intérêts de ses patients , ceux des autorités et des experts scientifiques en environnement ; d’autre part , il doit décider s’il lui faut adopter le principe de précaution ( en liant expressément la pathologie de son patient et la qualité de son habitation ) ou l’indifférence par rapport aux risques ( en disant que tant qu’il n’existe pas de preuve que le produit incriminé est toxique , il n’y a pas de raison d’agir )… Par la suite , il doit donc tenter d’établir des rapports aussi objectifs que possible entre le tableau clinique et la présence d’agents potentiellement toxiques . In fine , il doit lancer la patate chaude aux décideurs , à qui il appartient de prendre des mesures …», précise le Pr. Michel Roland.
Cette position centrale occupée par médecin généraliste lui confère un statut d’interlocuteur privilégié des décideurs et des citoyens.
« Il est au centre des soins à domicile avec une approche globale , continue et intégrée . C’est confirmé lorsque l’on sait que la quasi totalité de la population a son médecin attitré et que les généralistes voient au moins une fois 70 % de leurs patients en un an , 85 % en 2 ans et 95 % en 3 ans …», poursuit-il, en soulevant également la problématique d’établir des liens entre des facteurs environnementaux et des problèmes de santé.
« Le médecin se retrouve face à un nombre important de questions . Tout d’abord , le fait que nous sommes confrontés aux problèmes d’environnement intérieur , mais aussi extérieur , qui peuvent contribuer à aggraver ou faire apparaître une pathologie ; par ailleurs , celles qui ont une étiologie unique sont rares : c’est peut être le cas pour le saturnisme dû à la présence de plomb , mais pour l’essentiel des maladies , l’étiologie est plurifactorielle . Il y a de plus des liens établis par la communauté scientifique , mais aussi bon nombre de liens supposés , avec le plus souvent pas mal de controverses Il faut aussi savoir si le rôle causal direct est déclencheur ou aggravant chez des personnes déjà atteintes ; savoir s’il existe un seuil d’exposition acceptable à la substance incriminée , ce qui n’est pas évident , puisque ces taux limites varient non seulement d’un pays à l’autre , mais également d’une région à l’autre ! Les différentes expositions ont elles un effet cumulatif ou additif , voire indépendant ? De plus , le délai entre l’exposition et l’apparition d’une pathologie peut être très long , ce qui complique encore les constats . Autrement dit , les rapports étiologiques entre l’environnement et la santé sont nombreux et difficiles à démontrer de façon conjointe …», regrette le Pr. Roland.
Face à des pathologies potentiellement imputables à des problèmes d’environnement, le Dr Roland prône pour une approche sous forme d’acronyme, SQAT, qui squatte la maison du patient: « S pour suspicion d’une telle pathologie , Q pour les questions à poser aux patients sur leur habitation , A pour analyse de la situation ( qui peut être faite en collaboration avec les ambulances vertes ) et T pour le traitement adéquat

Des tables rondes productives

Après ces constatations, la pratique. Lors de la table ronde organisée à Bruxelles, les situations concrètes, exposées par les intervenants, ont permis de dégager plusieurs axes de réflexion.
Tout d’abord en ce qui concerne la détection des problèmes . Il a été démontré que, si bon nombre de personnes ressources existent, comme le soulignait le Dr Roland, il y a un cloisonnement entre les secteurs, malgré quelques synergies davantage liées au hasard qu’à une volonté structurée. Par exemple, l’infirmière sociale qui travaille dans le même bureau qu’une assistante sociale sera mise au courant des conditions de vie de certains habitants… Et cet échange peut amener la réflexion sur l’impact des conditions de vie d’une famille sur sa santé. Ce cloisonnement mène donc à une détection insuffisante des problèmes et de leurs causes.
« A cela , il faut aussi ajouter , comme l’ont souligné plusieurs intervenants , les craintes qu’ont certains locataires à se plaindre de leurs conditions de vie , par peur de représailles du propriétaire ! Sans compter le fait que détecter des problèmes , c’est une chose , sortir l’argent pour les résoudre en est une autre . Et comme il s’agit de quartiers défavorisés ( et là on parle surtout des propriétaires de leur logement ), on comprend très vite qu’un frein financier existe , et que même les aides apportées par les Régions sont soit méconnues , soit insuffisantes …», explique le Pr Roland. « Nous avons proposé de centraliser les données recueillies , mais les avis sont partagés . Certains avouent qu’une telle solution pourrait exercer une pression pour contraindre les autorités à prendre des dispositions structurelles , objectiver le problème , arrêter l’éclatement des compétences , limiter l’inertie des pouvoirs publics et développer des projets . D’autres considèrent qu’une pareille masse d’information serait in fine inefficace parce que trop lourde , qu’elle ferait perdre la singularité des problèmes , absorberait la dimension de proximité et aurait des implications éthiques négatives , notamment par un droit du refus des patients de figurer dans pareille liste
Vient ensuite la question de l’inexistence des réseaux . En effet, malgré un nombre important d’intervenants susceptibles de constater des problèmes dans des habitations, il n’existe pas de liens entre eux. « Mais d’aucuns se demandent à qui échoit ce rôle , même s’ils regrettent la plus value d’un travail interdisciplinaire . Par exemple , les ambulances vertes pourraient être un chaînon établissant un lien entre les constats et l’action , mais même ces structures manquent de coordination et sont organisées différemment selon les provinces D’autres ont souligné le fait qu’il ne faut pas tout remettre entre les mains des différents intervenants , mais impliquer aussi la population
Il fut également question de la responsabilisation des propriétaires . Car certains d’entre eux, comme ces tristement célèbres marchands de sommeil, n’hésitent pas à mettre en location des biens dans un état de quasi délabrement. Ces cas extrêmes relativement peu fréquents cachent une vérité qui peut être tout aussi dramatique, avec des logements à la limite de la salubrité.
« Des participants se disent favorables à activer les législations et structures existantes , développer le cadre juridique notamment par le « permis de location » avec des contrôles plus stricts , un service d’insalubrité au niveau communal , avec une dimension répressive , de définir plus précisément et concrètement , voire donner une dimension juridique à la notion de salubrité’ . Néanmoins , il faut garder à l’esprit les difficultés à rendre ces législations plus contraignantes , vu la crise du logement : ces derniers sont de plus en plus chers , de taille insuffisante et il n’y a pas de logements de transit pour des locataires lorsque des travaux doivent être réalisés dans leur appartement …» Sans compter que non seulement ces propriétaires pourraient s’opposer à l’obligation d’entreprendre certains travaux, mais que de plus, ils pourraient eux-mêmes ne pas en avoir les moyens…
Au vu de ces difficultés, il n’est donc pas étonnant que des mesures draconiennes n’aient pas encore vu le jour. Et la difficulté d’agir en réseau en collaboration avec les locataires et propriétaires est réelle.

Du côté des médecins

Les médecins généralistes, avec leur préoccupation pour la santé de leurs patients et la possibilité qu’ils ont de se déplacer à leur domicile et de prodiguer des conseils, sont évidemment au cœur de cette question. « Nous nous sommes interrogés sur la nécessité d’une formation spécifique : faut il créer au niveau communal un poste de médecin environnementaliste de 2e ligne en lieu et place du médecin hygiéniste qui existe dans certaines communes ? Ou bien faut il former tous les médecins à cette question d’influence de l’environnement de vie sur la santé , que ce soit par la formation continue en collaboration par exemple avec la SSMG , ou intégrée dans le cursus de base de médecine générale , avec des formateurs spécifiques ? La question est ouverte et méritera également d’être correctement étudiée . »
On soulignera enfin la collaboration du CSTC (Centre scientifique et technique du secteur de la construction) qui commence également à s’intéresser de très près à l’impact sur la santé de certains matériaux courants de la construction… et à la possibilité de sensibiliser les architectes et entrepreneurs à la question!
Cette table ronde est un premier pas. Car faire travailler de concert des professions d’horizons aussi différents ne sera pas chose aisée… On attend donc avec impatience la dernière phase de travail pour les équipes de chercheurs, qui consistera à analyser toutes ces interventions et pistes de réflexion, afin de développer un scénario et de le confronter à un groupe d’experts.
Néanmoins, il est rassurant de voir que des équipes se mobilisent pour trouver des solutions concrètes et pratiques pour enfin prendre à bras le corps cette pollution trop longtemps sous-estimée…
Carine Maillard

Vers des politiques communales de santé

Le 30 Déc 20

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Objectifs généraux

Dans le prolongement des journées plénières du Réseau ‘Vers des politiques communales de santé’ et, plus particulièrement, des recommandations exprimées le 11 juin 2005 à Mons, nous avons voulu entamer une large réflexion sur les fondements et les enjeux de la promotion de la santé dans la politique locale avec les candidat(e)s aux élections communales d’octobre afin de les encourager à développer des actions concrètes visant l’amélioration sur le plan local de la santé et de la qualité de vie de la population.
Les informer, les sensibiliser aux actions de prévention et de promotion de la santé qui sont déjà menées depuis plusieurs années dans les vingt-cinq communes subventionnées par la Communauté française (réparties dans les cinq provinces wallonnes et à Bruxelles) sera la première phase cruciale de notre démarche. Les inciter, les motiver à concrétiser des projets similaires dans leur localité dès le début de leur nouveau mandat en 2007 sera la seconde étape de notre stratégie qui, progressivement, devrait conduire à la généralisation d’une politique de promotion de la santé à l’échelon local dans toute la Wallonie et à Bruxelles.

Une stratégie à trois dimensions

Pour garantir l’efficacité d’une telle action de sensibilisation, l’asbl Santé Communauté Participation et le Réseau ont réalisé en septembre et en octobre 2006 une campagne de communication en trois volets: une information écrite développée en partenariat avec l’hebdomadaire Le Ligueur et relayée par l’ensemble de la presse; une émission télévisée diffusée par l’ensemble des télévisions locales de Wallonie et de Bruxelles; des séances de sensibilisation, introduites par un spectacle de théâtre-action, organisées en Wallonie et à Bruxelles en liaison avec plusieurs centres culturels et le Centre du Théâtre Action.
La synergie sera constamment recherchée entre tous les partenaires impliqués dans chacun des trois volets et en interaction entre eux. Elle impliquera évidemment les multiples acteurs locaux et, plus particulièrement, les centres locaux de promotion de la santé.
Ces réalisations seront également des outils utilisables lors de l’installation des nouveaux conseils communaux afin de sensibiliser les élus et de promouvoir des dynamiques de promotion et de prévention au niveau local.

Des articles du Ligueur consacrés à la promotion de la santé dans les communes

En partenariat étroit avec son équipe rédactionnelle, un dossier a été présenté dans six éditions du Ligueur de fin août à début octobre 2006.
Le contenu de ce dossier présente, d’une part, les différentes actions menées ces dernières années dans les vingt-cinq communes subventionnées par la Communauté française et, d’autre part, met en exergue les enjeux d’une véritable politique de promotion et de prévention reposant sur des stratégies intersectorielles et conçue sur le plan local en partenariat actif avec la population.
Afin d’accompagner et d’amplifier l’ensemble de la campagne de sensibilisation, un tirage supplémentaire du dossier a été transmis aux journalistes de la presse écrite générale et spécialisée, locale, régionale et nationale mais aussi aux responsables des différentes radios wallonnes et bruxelloises et, bien évidemment, aux rédactions des télévisions locales et nationales. Des démarches actives ont été entreprises auprès d’eux pour qu’ils relayent l’information dans leurs colonnes et/ou dans leurs émissions.

Un magazine réalisé par Télésambre diffusé par les télévisions locales de Wallonie et Bruxelles

En partenariat étroit avec la Fédération des Télés locales de Wallonie et de Bruxelles et Télésambre, une émission magazine d’une demi-heure présentant les projets menés dans le cadre du réseau «Vers des politiques communales de santé» a été produite. Elle met en évidence les enseignements que l’on peut tirer des projets réalisés par les communes et, d’autre part, vise à démontrer la pertinence – à l’échelon local – de la concrétisation d’une politique de promotion de la santé et de prévention.
C’est une manière d’affirmer clairement la nécessité pour les communes de s’investir dans la gestion de problématiques liées à la santé, permettant d’améliorer la qualité de vie de la population tout en renforçant la démocratie locale.
Cette émission «citoyenne» a été diffusée fin septembre et début octobre sur les antennes de plusieurs télévisions locales de Wallonie et de Bruxelles.

Un spectacle de théâtre forum programmé en Communauté française

En collaboration avec le Centre du Théâtre Action, un spectacle a été créé par le Théâtre Maritime. Intitulé «De Bel Air à Val d’Or» il a été construit sur base des apports des communes qui ont mené des projets de promotion de la santé et de prévention.
Ce spectacle tourne depuis septembre 2006: après une demi-heure de théâtre autour de trois mises en situation, un débat sur des priorités de santé et d’intervention de prévention à l’échelon local peut démarrer.
Les associations intéressées par cette animation citoyenne peuvent prendre contact avec Claude Bonte, responsable culturel de l’asbl Sacopar pour réserver le spectacle. Grâce à l’intervention financière des Tournées Art et Vie, il leur coûtera 300 euros au lieu de 600.
Martine Bantuelle , asbl Sacopar
Sacopar, av. Gl Michel 1b, 6000 Charleroi (siège d’exploitation). Tél. : 071 30 14 48. Fax : 071 31 82 11. Courriel : info@sacopar.be. Internet : https://www.sacopar.be

De Bel Air à Val d’Or

Trois saynètes

La coordinatrice du projet santé des quartiers Bel Air et Val d’Or tente de connaître l’avis des habitants.
L’animateur santé de Bel Air calme les ardeurs naturopathologiques d’une employée à la retraite qui préfère les oiseaux aux humains.
Au milieu du gué, le Bourgmestre espère voir enfin vissée la plaque Ville Santé dans sa bonne commune.

Un argument

Entre discours et projets, rêves et réalités, les initiatives pour considérer la santé comme l’élément transversal de la vie de la commune se heurtent aux clivages et aux vieilles idées…

Distribution

Ecriture: Daniel Adam et François Houart
Mise en scène: François Houart
Avec: Chloé Adam et Calo Valenti

Animation des débats

Claude Bonte

Production

La Compagnie Maritime, SACOPAR, avec l’aide du Centre culturel régional du Centre et de la Communauté française.

Une dynamique santé en milieu étudiant

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

La promotion de la santé dans l’enseignement supérieur est régie par un décret de la Communauté française (1). Celui-ci vise à promouvoir le bien-être et le bien vivre des étudiants et à créer un environnement scolaire favorable à la santé.
Malgré leur souhait de développer des projets de promotion de la santé, de nombreuses équipes PSE (promotion de la santé à l’école) éprouvent des difficultés à concrétiser ces projets. La difficulté essentielle provient du manque de moyens dont souffre le secteur. Mais il manque également d’expériences et d’outils.
Partant de ce constat, l’équipe PSE libre du Brabant wallon, avec l’appui méthodologique d’Univers santé (2), a voulu mettre à la disposition des PSE un outil vivant et pratique qui puisse les soutenir dans leur démarche de promotion de la santé dans l’enseignement supérieur.
Cet outil a pris la forme d’une brochure intitulée Une dynamique en santé en milieu étudiant (3), complétée d’un site Internet (4). Il relate l’expérience d’une recherche-action et propose des recommandations à discuter, des outils à adapter. Le travail de terrain a été mené pendant trois ans pour insuffler une dynamique en santé au sein de trois écoles supérieures: l’Institut Cardijn à Louvain-la-Neuve et l’Ecole normale catholique du Brabant wallon (ENCBW) à Nivelles et à Louvain-la-Neuve.
La présentation des résultats de ce travail lors d’un séminaire organisé à l’intention des équipes PSE, le 16 juin dernier, a ouvert des débats animés et des échanges intéressants de pratiques et d’interrogations. Les réactions du public ont permis de conforter l’intérêt de communiquer l’expérience acquise lors de la recherche-action.
Cet article poursuit donc le travail d’échanges et propose une synthèse des apports essentiels de la recherche.

Impulser une dynamique durable

L’objectif de la recherche-action consistait à mener les différentes étapes de la mise en place d’une dynamique en santé: recueillir les besoins et les analyser, élaborer un projet, le mettre en œuvre à travers des actions dont le Point santé , évaluer le travail. Mais avant tout, il faut impulser cette dynamique, se donner les conditions essentielles à sa réussite en s’assurant l’appui de la direction et d’une équipe santé créée au sein de l’école.
Cette étape se concrétise par la rencontre personnelle de la direction. Cette rencontre permet d’expliquer les attendus du décret relatif à la promotion de la santé, les étapes proposées pour le travail et le bénéfice escompté pour l’école. Dans les trois écoles, la réponse a été positive et s’est concrétisée par la constitution d’une équipe prête à encadrer le travail et par une information diffusée dans l’école. La constitution d’une équipe santé dans l’école est la pièce maîtresse du puzzle. C’est elle qui encadre le projet et en assure la pérennité. Le travail des équipes a été facilité ici par le fait que le PSE libre du Brabant wallon et Univers santé étaient les chevilles ouvrières du travail.
En concrétisant une série de tâches fondamentales, l’équipe santé de chaque école a permis la mise en place et le bon déroulement du projet santé dans l’école.

Recueillir les besoins

La deuxième étape du processus consiste à recueillir les informations nécessaires à l’analyse de la perception que les étudiants ont de leur santé et de leurs besoins en la matière.
Dans les trois écoles, un processus d’enquête a été mis en œuvre en deux temps: une enquête par interview individuelle auprès d’acteurs clés de chaque établissement et une enquête quantitative auprès des étudiants.
Des interviews individuelles: une première analyse
L’interview individuelle permet de récolter des informations approfondies et personnelles sur les représentations de ce qu’est un étudiant en bonne santé, sur les problèmes de santé des étudiants et leurs déterminants et sur leurs liens avec les études. Concrètement, cette méthode ne représente pas de difficulté particulière d’organisation.
La récolte de données par saturation progressive a été abondante pour chaque établissement. L’analyse des réponses a mis en évidence le fait que le concept de la santé était perçu dans une approche globale. Des thèmes majeurs sont apparus: le stress, la fatigue, l’alimentation.
L’hypothèse qu’une réflexion et des actions pouvaient être menées pour améliorer la santé des étudiants dans chaque établissement était renforcée. Il ressortait aussi qu’il était important de définir les responsabilités de chacun – étudiants, école, PSE – en matière de santé.
L’enquête a donné aussi l’occasion de repérer les partenaires potentiels.
Les résultats constituent le matériel sur lequel se baser pour concevoir le questionnaire de l’enquête quantitative, mais aussi pour déterminer – déjà – les grandes lignes du projet santé.
L’enquête quantitative: toucher le plus grand nombre
À la suite de l’enquête qualitative menée dans les trois écoles, deux hypothèses ont été énoncées:
-il existe des problématiques de santé spécifiques aux jeunes adultes étudiants;
-ces problématiques de santé peuvent être abordées, traitées, voire résolues par les différents acteurs (étudiants, enseignants, direction, personnel technique et administratif, professionnels de la santé).
Le questionnaire individuel « auto-administré » représente un bon outil pour obtenir des informations auprès d’un grand nombre d’étudiants – les destinataires des projets. Cette enquête quantitative a été menée auprès d’échantillons représentatifs des étudiants dans chacune des trois écoles supérieures.
Le questionnaire a été réalisé avec la collaboration du Centre local de promotion de la santé et amendé par les trois équipes santé.
Après dépouillement et analyse des résultats de l’enquête, plusieurs grandes tendances se sont dégagées.
Les étudiants estiment être en bonne santé. Cette santé est identique ou s’améliore par rapport à l’année précédente, bien que les études semblent influencer « négativement » leur état de santé.

Stress, fatigue et alimentation
Les étudiants estiment être particulièrement stressés. Ceci est encore plus vrai chez les étudiantes. Les sources de stress sont le blocus et les examens, les stages et leur évaluation, la fatigue liée à cela, le rythme des échéances et la non-planification des travaux.
Les étudiants déclarent très majoritairement être fatigués durant la période scolaire.
L’équilibre alimentaire pose également problème à plus de 50% des étudiants. Ces mêmes étudiants estiment que le rythme scolaire influence « négativement » leur comportement alimentaire. Certains résultats, qui ne représentent pas la majorité, sont aussi marquants: problématiques touchant à la sexualité, au tabac, à la solitude, à la dépression…
Besoin d’aide et d’information
Près d’un quart des étudiants déclarent avoir besoin d’aide en matière de santé, plus particulièrement en première année. Plus de la moitié estiment trouver difficilement cette aide. Peu d’entre eux la trouvent auprès des professionnels de l’école (assistante sociale, équipe PSE).
Une grande majorité des étudiants (76 %) souhaitent être informés sur des questions de santé. Les thèmes prioritairement retenus sont: la fatigue, le stress, suivis par l’alimentation et le sommeil. La dépression, la sexualité et la vie affective sont ensuite citées. C’est surtout dans le cadre de leurs cours que les étudiants souhaitent recevoir ces informations. Internet serait la deuxième source par laquelle ils souhaiteraient être informés. Vient ensuite l’école.
Des actions en santé à l’école
Plus de 90% des étudiants estiment que l’école doit être porteuse d’actions en santé par et pour ses étudiants. Près de 70% d’entre eux sont d’ailleurs prêts à y consacrer trois à quatre heures de leur temps.
Quant aux actions qui devraient être menées, celles qui recueillent le plus d’avis positifs sont celles qui leur permettraient de mieux gérer leur stress et leur fatigue. Vient ensuite un « bloc d’actions » qui concerne plus particulièrement l’organisation scolaire – étalement de la charge de travail, congés, organisation des examens, concertation.
La communication des résultats, une étape indispensable
La communication des résultats des enquêtes qualitatives et quantitatives apparaît essentielle dans le processus d’implantation de la promotion de la santé. L’un des objectifs de ces enquêtes consiste à mettre les questions de santé à l’ordre du jour des étudiants et de l’école. La communication des résultats contribue donc parfaitement à cet objectif essentiel, d’autant qu’il ne s’agit pas uniquement de communiquer, mais également de faire réagir aux résultats afin d’alimenter la réflexion des équipes santé dans les écoles.
Cette communication a été mise en place de diverses façons: au moyen d’un résumé, diffusé par courriel, sur des panneaux, lors des cours de méthodologie, ou encore lors de journées spéciales et ce, tant vers les étudiants que vers les enseignants.

Elaborer un projet: les équipes santé à l’œuvre

Après avoir impulsé une dynamique en école et après avoir recueilli les informations nécessaires à l’analyse de la situation de santé des étudiants, on peut s’attaquer à la rédaction du projet santé.
Il faut d’abord définir les finalités, préciser les objectifs – en fonction des ressources et des contraintes de l’école – préciser les critères d’évaluation et établir le programme des activités. Une série de tâches auxquelles se sont attelées les équipes santé des trois écoles afin d’aboutir à un projet spécifique à chacune d’elles. Ce travail s’est déroulé en trois grandes étapes: la définition d’un pré-projet, la négociation du projet santé et la communication de ce projet.
Définir un pré-projet et le négocier
Selon les écoles, le pré-projet a été réalisé soit par un groupe restreint émanant de l’équipe santé, soit par l’équipe elle-même.
Le stress des étudiants et des profs à Nivelles
L’équipe santé a déterminé comme objectif prioritaire la diminution du stress des étudiants, dans quatre domaines d’actions: l’évaluation (examens, stages), la charge des cours, l’organisation de l’école, la planification des travaux.
Trois stratégies ont été proposées: une information pour tous – « C’est quoi le stress? »; le listage commun des points à améliorer dans chacun des quatre domaines précités; l’élaboration commune d’un plan d’actions concret pour chaque domaine.
Une structure et un mandat à Cardijn
À l’Institut Cardijn, c’est essentiellement autour d’une structure et d’un mandat d’équipe que le pré-projet a été articulé. Il a été proposé de rendre permanente la préoccupation de l’Institut en matière de santé de ses étudiants en instituant un groupe de travail permanent et mandaté par le Comité pédagogique de l’école: l’équipe santé.
Cette équipe est présidée par un enseignant qui en reçoit la mission, et est composée de délégués des étudiants, d’enseignants, et du PSE.
Le deuxième chapitre de ce pré-projet concerne la concrétisation des missions de l’équipe santé: instituer un Point d’information en santé; organiser une semaine santé sur une thématique prioritaire (stress, fatigue et alimentation); interpeller les différents Conseils de l’école et mettre en œuvre des stratégies concrètes d’actions afin de diminuer le stress et la fatigue; développer le lien social afin de lutter contre la solitude dont se plaignent les étudiants, en soutenant toutes initiatives étudiantes dans ce sens.
Une multitude de chantiers à Louvain-la-Neuve
L’équipe santé élargie a choisi de travailler par chantiers, déterminés par l’analyse des besoins. Au total, six chantiers ont été ouverts: le chantier des rythmes et des temps, le chantier des tensions, le chantier de l’estime de soi, le chantier de l’aide médicale individuelle, le chantier « un corps en pleine forme » et le chantier de «la pratique professionnelle en lien avec la promotion de la santé ». Chaque chantier a été assorti de l’analyse de la situation issue des enquêtes et d’une proposition de stratégies d’actions. Des outils transversaux ont été proposés: l’information et l’organisation d’une semaine santé.

L’implantation de la promotion de la santé nécessite des processus de participation de tous les acteurs concernés à la définition des objectifs et des stratégies. C’est pourquoi, après l’écriture du pré-projet, a suivi une vaste étape de négociation, d’amendements, de précision et d’enrichissement de ces pré-projets par les Conseils des trois écoles.
Communiquer encore et toujours
Le projet santé final de chaque école, assorti des grandes lignes du plan d’action, était enfin sur pied. Restait encore à le communiquer. Une étape essentielle comme tout au long du processus.
Dans chacune des écoles, une mise en page, simple mais professionnelle a été effectuée: des brochures en format A5 ou une farde illustrée ont été publiées, selon l’établissement. La diffusion de ces documents est un vecteur de la dynamique du projet dans les écoles. Plus d’un tiers des étudiants ont pris connaissance du projet santé de leur école par leur diffusion.
A l’Ecole normale de Nivelles, l’équipe santé a organisé une conférence de rentrée académique sur la question du stress et distribué une farde santé durant les cours. A l’Ecole normale de Louvain-la-Neuve, l’équipe santé a décidé de diffuser le projet santé aux enseignants à l’occasion des Assemblées générales de rentrée. La diffusion auprès des étudiants s’est effectuée à l’occasion des premiers Conseils de classe par les délégués de classe. Le discours de début d’année scolaire a fait écho à ce travail d’une année et aux projets à venir.
A l’Institut Cardijn, le projet a été diffusé plus tard dans l’année, à l’occasion de l’inauguration du Point d’information santé, action centrale du projet. La diffusion auprès des étudiants a été effectuée par les délégués de cours dans le cadre du cours de méthodologie. La brochure a été remise dans les casiers des enseignants et du personnel administratif et technique.

Agir

Après la rédaction des projets santé basés sur une analyse précise des besoins des étudiants en matière de santé, il reste à passer à la pratique. Au cœur même de cette dynamique, chaque école a donc mis en oeuvre les diverses actions qui découlent de son propre projet.
Un projet santé intégré au projet de formation des étudiants
L’équipe santé de l’Ecole normale de Louvain-la-Neuve a mis en action les « chantiers » définis dans son projet. L’option choisie est d’intégrer les actions spécifiques du projet santé dans le projet de formation des étudiants, en vue d’une meilleure organisation de la formation, d’un développement professionnel (l’étudiant comme futur enseignant) et d’un développement personnel (l’étudiant comme jeune adulte).
Cette option fondamentale permet d’éviter le caractère ponctuel d’actions ou de campagnes en santé. Elle permet de concerner un grand nombre d’enseignants et tous les étudiants. Le projet santé est régulièrement mis à l’ordre du jour des différents Conseils de l’école.
Et le souci de la santé des étudiants est devenu l’un des paramètres à partir duquel l’organisation de la formation est pensée. L’école souhaite donner aux étudiants les conditions de travail qui leur permettent de gérer leur formation, leur temps, leur fatigue et leur stress.
La prise en compte des difficultés des étudiants s’est traduite concrètement par diverses initiatives. Une nouvelle gestion du calendrier annuel propose des phases de travail mieux équilibrées. Pour répondre aux difficultés qu’expriment les étudiants face aux stages et à leur évaluation, les enseignants ont réactivé des ateliers de développement personnel. Enfin, le jury didactique étant un moment clé de la formation, source de beaucoup de stress pour les étudiants, les enseignants ont retravaillé le guide d’évaluation des stages afin de clarifier les attentes et les communiquer plus clairement.
Autour d’un mandat et d’un Point d’information santé
Mandatée par le Comité pédagogique pour les questions de santé, l’équipe santé a notamment pour mission d’interpeller le Comité pédagogique sur ce qui suscite des problèmes de santé, d’informer les étudiants sur les questions de santé ou encore de proposer un programme d’actions.
Situé au cœur du hall d’entrée de l’Institut Cardijn, le Point d’information santé constitue un élément important de concrétisation du projet santé. Les étudiants y trouvent des documents (fiches, livres, dépliants, etc.) relatifs à des thèmes de santé pour lesquels ils ont demandé des informations.
Ces thèmes sont choisis annuellement par l’équipe santé sur base de l’analyse des besoins effectuée en 2004 ainsi que sur base de demandes particulières ou de sujets d’actualité.
En matière de gestion du stress, l’aide apportée aux étudiants s’est composée d’ateliers du blocus, initiation à la sophrologie, dans le cadre d’un cours de 1ère année, de Points d’information santé sur la gestion du stress et sur la fatigue.
30% des étudiants disent souffrir de solitude, pour cause de rupture avec le lieu d’origine, de dimension des classes et de leur éclatement en cours d’année, etc. L’équipe santé soutient et suscite des actions visant à créer du lien, des lieux d’accueil et de rencontres, prioritairement avec le Cercle étudiant. L’équipe santé a soutenu des ventes de sandwichs et de potages par le Cercle, afin de favoriser la convivialité autour du repas de midi.
Un projet santé articulé autour du stress
La philosophie générale du projet santé de l’école de Nivelles part du principe que l’amélioration de la qualité de vie dans l’enseignement supérieur pédagogique est primordiale pour que le projet ait de réelles chances de toucher les étudiants. C’est un objectif ambitieux à réaliser par étape, pas à pas, et sur plusieurs années.
Le projet santé se structure autour d’axes interactifs majeurs: agir, développer des espaces de vie plus agréables, informer, pour lutter contre le stress.
Les premières actions pour combattre le stress visent l’amélioration de l’organisation scolaire et le soutien aux étudiants de première année. Différentes mesures sont prises concernant l’organisation des horaires des cours, la planification des travaux, le soutien pédagogique auprès des étudiants de première année. Enfin, lors de la journée d’accueil des premières années, les étudiants sont amenés à se rendre à un stand qui présente le projet santé, les différents lieux d’aide et d’information santé, l’équipe santé et le PSE.
Un nouvel espace de vie est attribué aux étudiants, espace convivial qu’ils aménagent et utilisent pour leurs moments de détente.
Deux valves apportent des enseignements concernant les permanences du PSE, les dates de réunion ou d’actions santé. Des thèmes comme le stress, l’alimentation sont également développés durant l’année. Ce sont des étudiants en communication ou des assistants sociaux qui réalisent les panneaux, avec l’aide d’Univers santé ou du PSE.
Un coin santé dans le centre de documentation met à disposition des livres, des fiches santé et divers documents.
Deux conférences ont également été organisées, l’une sur le stress en début d’année, l’autre sur le sommeil.
Impliquer les étudiants dans la dynamique. Toujours .
La promotion de la santé nécessite la participation effective et concrète du public – les étudiants – sans quoi il y a un risque de désintéressement, voire d’effets contre-productifs. Public mouvant parce que changeant en bonne partie chaque année, les étudiants sont vulnérables parce qu’ils n’ont pas forcément l’habitude de faire entendre leur voix, de négocier ou parce qu’ils se sentent envahis par le travail. Pour la solidité de la dynamique en santé, il est donc important d’avoir toujours le souci de leur donner une réelle place au cœur des différentes phases du processus.
Les occasions de participation sont fréquentes: dans l’équipe santé, à la réalisation concrète de projets… Mais cette participation est variable et reste une vraie préoccupation de cette recherche-action.
L’enjeu consiste dès lors, pour les adultes permanents, à laisser ouverte la table de la participation, à susciter l’intérêt et l’initiative des étudiants par des contacts directs, à les soutenir, sans se substituer à eux, à rester fidèles aux besoins exprimés lors de l’analyse des besoins, tout en étant attentifs à l’évolution de ces besoins.

Point santé: écoute et conseil

Prévu dans le décret relatif à la promotion de la santé dans l’enseignement supérieur hors université, le Point santé se veut un lieu d’écoute, d’information et de conseil à l’étudiant.
Il peut être organisé dans l’école ou dans le centre PSE, par le personnel médical, infirmier ou paramédical de l’équipe. Il s’inscrit idéalement dans le cadre d’un projet global de promotion de la santé à l’école. Le décret en précise les modalités.
C’est dans ce cadre large qu’a été organisé le Point santé de chacune des trois écoles. La recherche-action a testé et évalué trois dispositifs différents afin de proposer quelques recommandations. Le Point santé a ainsi été organisé au sein de l’école en lien avec les bilans de santé ou avec la permanence de l’assistante sociale, et au centre PSE.
Le Point santé organisé au sein de l’école, en lien avec les bilans de santé
Les permanences du Point santé à destination de l’ensemble des étudiants de l’Institut Cardijn sont tenues durant l’heure qui précède celle des bilans de santé des étudiants de 1ère année, dans les mêmes locaux au sein de l’Institut. Ce lieu permet d’assurer la confidentialité de la démarche. Les permanences sont réparties selon le rythme des visites médicales sur les trois trimestres, avec un renforcement au cours du premier trimestre. La permanence est de type ouvert plutôt que sur rendez-vous, ce qui est considéré comme un frein.
Ces permanences sont tenues alternativement par l’infirmière et le médecin qui ont en charge les bilans de santé des étudiants de 1ère année.
Le Point santé organisé au sein de l’école, en lien avec la permanence de l’assistante sociale
C’est dans le cadre du projet de santé global que le Point santé de l’Ecole normale de Louvain-la-Neuve a été instauré dans les locaux de l’école. Ces permanences s’effectuent en collaboration avec les permanences du service social de l’école.
Cette collaboration entre le service social et le Point santé porte sur le partage du local, le partage de la documentation de base sur les ressources complémentaires à Louvain-la-Neuve et en Communauté française et sur l’échange d’expériences et d’expertises.
Ces deux services aux étudiants sont complémentaires, ils peuvent se renvoyer l’un à l’autre en fonction des spécificités.
Le Point santé organisé au centre PSE
A Nivelles, la permanence du Point santé se tient au centre PSE (situé à 8 minutes à pied de l’école). Le local du PSE a été aménagé de façon à le rendre agréable et convivial.
Deux possibilités sont offertes: une permanence tous les mercredis midi ou sur rendez-vous.
Peu d’étudiants se sont rendus à cette permanence et le PSE a envisagé de la tenir dans l’école même car la distance semble constituer un obstacle.
Après évaluation par les étudiants, les équipes santé et les membres de l’équipe PSE, l’organisation du Point santé au sein de l’école nous apparaît être une solution très pertinente à condition que cette permanence s’articule avec un projet santé dans l’école. Elle est rendue encore plus pertinente si elle peut être associée aux bilans de santé organisés également dans l’école, y étendant dès lors le temps de présence de l’équipe PSE.
De toutes façons, cela prend du temps pour que les étudiants intègrent l’existence et les heures des permanences et pour qu’ils en tirent profit.

Dynamique en santé

À la fin de la recherche-action, l’équipe de coordination, composée des membres de l’équipe PSE et d’Univers santé actifs dans le projet, a fait le point, forte de son expérience, des évaluations et des analyses menées. Différents éléments ont été relevés sans lesquels la dynamique du projet santé ne pourrait se construire dans la durée.
Être soutenu
D’emblée, l’obtention de l’adhésion de l’école à l’idée de créer un projet santé pour ses étudiants a été désignée comme une condition sine qua non du bon fonctionnement du projet. Il ne s’agit pas forcément d’une collaboration quotidienne, mais il faut que le courant passe bien avec le directeur ou la directrice, qu’il ou elle soutienne l’initiative afin notamment d’ouvrir les portes permettant au projet de trouver sa place au sein de l’école.
L’autre soutien à obtenir est celui de l’ensemble de l’équipe PSE, capital selon les membres PSE en charge du projet santé. Même s’il est difficile de tout savoir car chacun a ses écoles, ses propres projets, des réunions d’équipes sont capitales pour partager expériences et points de vue. Les réactions et critiques sont très riches pour évoluer et adapter nos démarches.
Enfin, l’un des éléments-clés pour la pérennité du projet santé, est la rencontre de partenaires extérieurs qui permet de créer un réseau. Le PSE ne peut pas tout porter. Source d’enrichissement mutuel, ce réseau va aussi permettre la mise en commun de temps et de compétences.
Un projet santé en lien avec le projet de formation
Il semble incontournable, pour que le projet santé perdure, qu’il soit en phase avec le projet de formation des étudiants. Il a plus de chance d’être permanent là où il est vraiment intégré. Cependant, il faut une complémentarité: que le projet santé soit inscrit directement dans le programme de formation et dans la vie de l’école au sens large. Le projet doit être pris dans un tout.
L’analyse des besoins comme cadre permanent et dynamique
Les actions menées doivent l’être en lien étroit avec la source que constitue l’analyse des besoins. Il faut se donner un projet solide, bâti sur une analyse des besoins conduite de manière réfléchie. Les résultats des enquêtes restent un cadre de travail important. Cela évite de construire des projets sur une « impression passagère » et de partir dans toutes les directions. Mais ce cadre solide ne doit pas pour autant être figé une fois pour toutes. Il est donc également vital de laisser place à l’évolution.
Du temps, pour construire le projet et pour le mener à bien…
Pour que le projet santé se développe, un mot d’ordre est lancé: avoir du temps! Du temps pour le construire, dans la durée, mais aussi du temps pour l’entretenir.
Il faut du temps – en mois, en années – pour que les choses se mettent en place, pour rencontrer les gens, pour pouvoir envisager les choses à long terme.
Il faut également avoir du temps à consacrer de manière permanente, et donc disposer de ressources humaines pour mener un travail professionnel. Ressources humaines qui vont apporter leur compétence – professionnelle, logistique, méthodologique – au projet.

« C’est magique », disait en conclusion une infirmière de l’équipe PSE. « Un décret se transforme en dynamique et cette dynamique contribue à la reconnaissance de notre travail . Cela a demandé beaucoup de temps ( nous n’en avons pas suffisamment ), et d’énergie ( nous en avons !). Cela vaut la peine . Et cette dynamique fait boule de neige . Elle se répercute sur tout le travail d’équipe . »
Danièle Hallet et Florence Vanderstichelen , Univers santé, pour l’équipe de coordination
Adresse des auteurs : Univers santé, Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél. : 010 47 28 28. Internet : https://www.univers-sante.ucl.ac.be . (1) Décret de la Communauté française relatif à la promotion de la santé dans l’enseignement supérieur hors université, 16 mai 2002
(2) Fédération des Centres médico-sociaux libres du Brabant wallon, 119 Montagne d’Aisemont- 1300 Wavre
(0032) 10 22 45 51 pse.wavre@skynet.be
Univers santé, 6 place Galilée – 1348 Louvain-la-Neuve (0032) 10 47 28 28. Asbl créée par l’UCL afin de développer des actions de prévention en santé en milieu étudiant.Internet : https://www.univers-sante.ucl.ac.be
(3) Une dynamique en santé en milieu étudiant , PSE libre du Brabant wallon, Univers santé, Louvain-la-Neuve, 2006, 36p. Disponible gratuitement pour les équipes PSE, 5 euros pour les autres.
(4) https://www.santedesetudiants.be

Sida: ne comptez pas sur la chance

Le 30 Déc 20

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La Plate-Forme Prévention Sida est une asbl créée depuis 2000. Sa mission est de soutenir la concertation des acteurs de la prévention du sida dans le cadre de la mise sur pied de programmes de prévention à l’intention du public général et d’assurer la réalisation concrète de ces programmes. Financée par le Ministère de la Santé de la Communauté française, la Plate-Forme Prévention Sida a pour mission:
• le soutien de la concertation des acteurs de la prévention du sida autour des axes à développer dans les campagnes de prévention;
• la mise en oeuvre de la réalisation de ces campagnes.
Chaque année, cela se traduit par deux temps forts:
• une campagne été, ciblée sur les jeunes. Les objectifs de cette campagne sont de sensibiliser les jeunes aux modes de transmission du sida et des MST, de promouvoir et de banaliser l’usage du préservatif, et de valoriser l’attitude de protection lors des relations sexuelles;
• la Journée mondiale de lutte contre le sida: cette journée a pour but de sensibiliser tout un chacun à la problématique de la séropositivité, du sida. Une journée pour montrer notre solidarité envers les personnes séropositives. Diverses activités sont organisées chaque année, comme par exemple, une marche dans les rues de Bruxelles, un événement de sensibilisation autour de la question du sida, le lancement d’une campagne de solidarité envers les personnes séropositives et les malades du sida.

La chance, un thème positif pour parler du sida

Trop souvent encore, les jeunes ne se sentent pas concernés par le sida. Ils n’utilisent pas souvent le préservatif lors de relations sexuelles à risques, en misant sur la «chance» de ne pas être contaminés par une maladie sexuellement transmissible (MST).
Afin de lutter contre ce phénomène, la Plate-Forme Prévention Sida lance une campagne basée sur ce concept de chance. Au moyen de divers symboles représentant la chance, cette campagne veut attirer l’attention des jeunes sur le fait que seul le préservatif est efficace pour se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles (MST). Rien ne sert de collectionner trèfle à quatre feuilles, fer à cheval ou patte de lapin, ils sont inutiles pour se protéger du sida.
Cette campagne prend chaque année son envol au début des vacances scolaires. En effet, la Plate-Forme pense que les vacances d’été sont davantage propices aux rencontres plus libérées qu’en période scolaire et dès lors ouvrent la possibilité d’une augmentation de rapports sexuels non protégés.

Public cible

La campagne s’adresse de manière générale aux jeunes âgés de 15 à 25 ans. Cependant, trois sous-publics ont été définis: les jeunes hétérosexuels belges, les jeunes hétérosexuels d’origine étrangère et les jeunes homosexuels.
Pour chacun de ces sous-publics, sont plus particulièrement visés:
– les jeunes qui croient qu’il ne leur arrivera jamais rien et qui comptent donc sur la chance pour ne pas être infectés;
– les jeunes qui ne se sentent pas concernés par le sida et les MST;
– les jeunes qui se protègent afin de les conforter et les pousser à continuer de se préoccuper du sida et des MST.
La Plate-Forme a choisi les jeunes pour cible de ses campagnes d’été car il s’agit d’une catégorie de la population particulièrement vulnérable par rapport au sida et aux MST. En effet, des études montrent que les jeunes ont un niveau d’information insuffisant quant aux modes de transmission des MST, que l’âge moyen du premier rapport sexuel est de 14 ans et qu’en plus les jeunes changent fréquemment de partenaire.
Au niveau statistique on constate depuis 2003, une recrudescence des nouveaux cas d’infection par le VIH dans la tranche d’âge des 15-24 ans, garçons ou filles, avec une stabilisation à un haut niveau: 123 cas en 2003, 117 en 2004 et 121 en 2005.

Objectifs

Objectifs de santé

A long terme: réduire l’incidence du sida et des autres MST en prévenant leur transmission par voie sexuelle.
A court terme: contribuer à une augmentation du nombre de jeunes utilisant un préservatif pour se protéger.

Objectifs éducatifs

Améliorer les capacités de négociation et de dialogue des jeunes au sujet de la protection.
Encourager les jeunes à maintenir ou à développer un comportement responsable par rapport au sida et aux autres MST.
Améliorer les connaissances quant aux modes de transmission des MST.

Objectifs de communication

Sensibiliser les jeunes au fait que le sida les concerne toujours et qu’il ne faut pas compter sur la chance pour ne pas être contaminés.
Valoriser l’attitude de vigilance vis-à-vis du sida et des MST.
Rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif.
Faire prendre conscience aux jeunes que nous sommes tous concernés par le sida.

Outils réalisés

La campagne été 2006 comporte les éléments suivants.
• Un spot TV présentant dans un premier temps la chance comme efficace pour se protéger du sida avant de casser cette idée absurde. Le spot emploie un ton humoristique et est réalisé à la fois en vidéo et en animation.
• Un spot radio reprenant la bande sonore du spot TV.
• Quatre affiches reprenant le concept et le slogan de la campagne: une affiche visant les jeunes hétérosexuels belges, une autre visant les jeunes hétérosexuels d’origine étrangère, une troisième visant les jeunes homosexuels et une dernière reprenant le visuel des autocollants.
• Une planche de trois autocollants présentant un trèfle à quatre feuilles dans un rond rouge barré.
• Image à transférer sur un t-shirt: réutilisation des visuels des autocollants.
• Cartes Boomerang inspirée des jeux à gratter de la Loterie nationale. Il s’agit du «MSTO» suivi de «Ouf, vous avez perdu».
• Un dépliant informatif reprenant les informations de base concernant la transmission et la protection par rapport au sida et aux MST.
• Réutilisation des pochettes «In Ze Pocket» et des «Permis de séduire» réalisés les années précédentes.

Diffusion

La campagne a été relayée via divers canaux.
• Diffusion des spots TV/radio visant à rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif lors des relations sexuelles, que l’on soit hétérosexuel, homosexuel, belge ou d’origine étrangère, sur les chaînes de la Communauté française et certaines chaînes locales.
• Diffusion d’affiches dans le monde associatif, les écoles, les lieux de sorties, via les Centres locaux de promotion de la santé et les organismes de prévention du sida et des MST.
• Diffusion des quatre visuels dans la presse locale, régionale et thématique.
• Diffusion de cartes «Boomerang», d’autocollants et d’un dépliant informatif sur le sida et les MST.
• La Plate-Forme Prévention Sida a aussi profité des grands événements estivaux tels que concerts et festivals pour distribuer ses outils de prévention.

La méthodologie

Pour réaliser cette campagne, un groupe de jeunes représentant le public cible a été impliqué dans le processus de création des actions de prévention.
Ce choix est né de la question de base: «qui, mieux que les jeunes eux-mêmes, peut définir les besoins, attentes et questions des jeunes par rapport à la problématique du sida?»
Partant de ce principe, la Plate-Forme Prévention Sida s’est entourée d’une quinzaine de jeunes intéressés par le sujet et désireux de s’investir dans la conceptualisation d’un outil de prévention. Il s’agit donc de réunir régulièrement les jeunes afin qu’ils expriment ce qu’ils pensent être le plus pertinent et efficace lorsqu’on parle de prévention sida à un public jeune.

Concertation

La Plate-Forme Prévention Sida a pour mission de mettre en place un processus de concertation avec les acteurs particulièrement sensibles à la prévention sida. Les partenaires sont nombreux et variés: Ex Aequo, Siréas, Centre de planning familial Séverine, Centre de planning familial Aimer à l’ULB, Question santé, Modus Vivendi, Sid’action Liège, Univers Santé, CLPS de Bruxelles, CLPS de Huy, CLPS Luxembourg, Aide Info Sida, Service Education Santé Huy, Sida-IST Charleroi-Mons, Centre Ener’j Charleroi.
Ensemble, ils travaillent à la réflexion, la conception et la mise en place d’outils et de campagnes de prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles à l’attention du grand public. Ces associations se sont rassemblées en groupe de travail qui s’est réuni à chaque phase d’évolution du projet.

Dans un souci de représentativité du public cible, le recrutement s’est fait de sorte qu’un maximum de jeunes d’âges, d’origines, de cultures et de provenances différentes participent au groupe. Ainsi, ce sont donc 15 jeunes entre 15 et 21 ans, belges, africains, hispaniques, de la ville ou de la campagne qui se sont attelés à créer une nouvelle campagne pour cet été.
Cette méthodologie participative a déjà été utilisée les années précédentes et a porté ses fruits. En effet, les campagnes «Sans latex, t’es déjà mon ex» (2004) et «Sans latex, sous aucun prétexte» (2005) sont nées de la réflexion et des échanges menés avec les jeunes (1).
C’est donc ce groupe, en concertation avec le Siréas pour la représentation du public des jeunes étrangers et Ex Aequo représentant les homosexuels, qui a déterminé le contenu mais aussi la forme de ces campagnes. Cette démarche a permis de mieux cerner les attentes des jeunes et les questions qu’ils se posent en termes de prévention.
Lors de ces rencontres, les jeunes ont pointé du doigt une série de freins liés à l’utilisation du préservatif. Parmi ceux-ci, on retrouvait notamment le fait qu’utiliser un préservatif casse l’ambiance, diminue le plaisir ou peut faire planer des soupçons sur celui qui le propose. Ces divers freins ont été présentés dans la dernière pochette «In Ze Pocket» diffusée l’été passé. Pour donner suite à ce travail, le groupe a décidé de se focaliser sur un de ces freins afin de s’y attaquer en profondeur. «Le sida ne me concerne pas» est ressorti comme le frein partagé par le plus grand nombre.
Pourtant, la réalité des chiffres montre que le nombre de jeunes entre 15 et 25 ans contaminés par le VIH est en augmentation ces dernières années. Dans ce contexte, la prise de risque devient une question de «chance» et non pas une décision prise en connaissance de cause.
La campagne a donc pour objectif de rappeler que tout le monde est susceptible de rencontrer le VIH dans ses relations quel que soit son âge, ses origines ou son statut social. Le sida n’est donc pas une question de chance mais bien une réalité présente au quotidien. Il est donc impératif de se protéger en utilisant le préservatif.
D’après le dossier de presse de la Plate-forme
Plate-Forme Prévention Sida, Avenue Emile de Béco, 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02/ 733 72 99. Fax: 02/ 646 89 68 Courriel: preventionsida@skynet.be. Internet: https://www.preventionsida.org
(1) Pour une description plus détaillée de cette méthode, voir l’article de Cécile Duvivier, ‘Sans latex sous aucun prétexte. Une campagne conçue pour et par les jeunes’ , dans Education Santé n° 208, janvier 2006.

Vieillir est un verbe actif’

Le 30 Déc 20

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À l’occasion de la célébration de son 50e anniversaire, l’Union chrétienne des pensionnés (mouvement social des aînés) a souhaité donner la parole aux aînés lors de rencontres animées par deux chercheuses, au cours desquelles ses membres ont été interrogés sur leurs «représentations sociales» et la signification de leur affiliation à un mouvement d’éducation permanente.
Quatre groupes d’une dizaine de membres de l’UCP ont ainsi accepté de se rassembler autour d’une table, pour offrir leurs témoignages au cours d’un entretien collectif. Une fois ces premières rencontres analysées, les chercheuses ont offert à ces mêmes personnes la possibilité de réentendre, de rectifier ou de compléter leurs propos.
Il en résulte aujourd’hui une étude «Vieillir est un verbe actif» qui nous propose une analyse des témoignages des personnes rencontrées sur un ensemble de thématiques, et notamment, sur ce que signifie «être aîné». En voici les grandes lignes.
Contrairement à la méthodologie d’une enquête par questionnaire (de type quantitatif), la rencontre sociologique (sous forme de groupes focalisés) ne permet pas d’obtenir des résultats pouvant prétendre à l’exhaustivité, ainsi qu’à l’unanimité. Mais elle offre la possibilité d’aborder en détails un ensemble de thématiques et d’accéder à une richesse d’informations parfois très personnelles, qui contribue à donner à cette méthode toute sa profondeur.
La trentaine d’aînés rencontrés dans le cadre de cette enquête ne représente ainsi qu’un échantillon minime du groupe d’âge concerné. Mais la richesse de leurs témoignages est immense. Constituées par presque autant d’hommes que de femmes, les rencontres ont permis de dégager un ensemble d’éclairages pertinents et interpellants, sur la manière dont les aînés se définissent, se ressentent, se qualifient, ainsi que sur leur vision de la société actuelle, du rôle qu’ils pensent y jouer ou qu’ils imagineraient devoir jouer. Les interviewés ont également témoigné de l’apport positif d’un mouvement d’aînés comme l’UCP, ainsi que du bienfait résultant de leur participation aux activités proposées par le mouvement.
Participants volontaires et (très) patients, les interviewés ont su jongler avec brio entre le témoignage de leur ressenti personnel et la prise de parole au nom des aînés en général.

Définition de soi: ressenti individuel et définition collective

Se définir

La définition de soi est généralement plurielle et se négocie entre plusieurs types de statuts et d’activités. Si certains interviewés s’identifient directement à un statut ou à une identité plus concrète comme celle d’être grand-mère/grand-père, d’autres revendiquent par contre l’absence d’étiquette, par refus de «s’enfermer dans une formule». Ces derniers peuvent donc se définir comme des individus ou des personnes «à part entière», et donc dans un premier temps refuser leur catégorisation, quelle qu’elle soit, mais par la suite parler d’eux comme pensionnés, retraités actifs, grands-parents, etc.
On ne parle en tout cas pas de soi en tant que «personne âgée», même si on n’hésite pas à dire son âge. L’âge n’est pour beaucoup «qu’une caractéristique parmi d’autres» qui constitue la personne, mais qui ne la définit pas, en tout cas pas dans son ressenti.
C’est le fait «d’être actif», par contre, qui unifie toutes les définitions de soi exprimées par les interviewés. «C’est vrai que professionnellement, on est hors-circuit, mais je trouve qu’on est encore fort actif!» Outre le but de l’activité en elle-même, celle-ci permet de «rester actif» et par là, de «garder la santé» ainsi que de «rester dans le coup». Mais être actif c’est aussi «être utile». Et «se sentir utile» devient primordial pour beaucoup de participants rencontrés dont certains retrouveront ainsi un sens à leur vie.

Etre aîné

A entendre les témoignages d’une majorité de participants, le terme d’aîné serait moins une définition individuelle de soi (contrairement au fait d’être grand-mère/grand-père, individu, pensionné, etc.) qu’une définition collective de soi-même, en tant que membre d’un groupe. Loin de lui ôter de sa valeur, cette dimension collective conférerait à la notion d’aîné une force valorisante et bénéfique, chargée de représenter au mieux le groupe qu’elle constitue.
Etre aîné n’est pas une question d’âge , puisqu’«on est toujours l’aîné de quelqu’un», insistent les interviewés. Est mis en exergue ici le caractère relatif de l’âge et du fait d’être aîné. L’âge ne paraît donc pas être le critère essentiel pour définir l’aîné.
Etre aîné , pour la majorité des participants, c’est incarner une expérience de vie , un savoir acquis et un devoir de transmission, même si cette transmission ne va pas toujours de soi. En effet, l’aîné n’ose pas toujours donner son avis car il est conscient qu’il diffère du courant actuel, ou bien parce qu’il a l’impression de ne pas être entendu ou reconnu.
Etre aîné , c’est aussi la fin d’une étape de vie et le début d’une autre , marquée pour beaucoup par le passage symbolique de la pension. C’est la perte d’un état financier, professionnel, etc., mais c’est aussi l’entrée dans une période de découverte, de temps libre pour soi-même et pour les autres. Si la pension coïncide avec le début des difficultés financières pour certains, elle permet à tous de dégager du temps libre et d’envisager de nouvelles occupations.
Etre aîné , ça n’est pas « être vieux ». En opposition au fait que l’aîné reste actif, car «l’occupation ne fait pas vieillir… au contraire, elle préserve», le «vieux» est symbole d’inertie, d’immobilisme, de passivité et d’un manque d’envie ou de curiosité.
Mais tout est une question d’esprit, et de mentalité, car immobilisme n’est pas immobilité. C’est ainsi avant tout l’esprit, «l’état d’esprit», et non le physique, qui peut rendre compte du fait qu’une personne est aînée ou vieille, «parce qu’on peut vieillir en âge, mais pas en esprit.» Car il y a bien des «jeunes vieux», «des jeunes de 20 ans qui sont plus vieux que des gens de 80».
L’aîné actif semble se reconnaître par son désir de conserver la place qu’il mérite, de rester intégré à la société en rebondissant sur les opportunités que lui offre cette nouvelle étape de vie, et ce, quelle que soit la manière dont il décide de le faire. Car toutes les possibilités ne sont pas non plus offertes à chacun. Les difficultés de santé, de mobilité ou la précarité financière qui accompagnent le passage à la pension ne permettent pas de vivre pleinement le temps libre, comme on aurait pu le souhaiter. Les participants ont ainsi insisté pour témoigner aussi des difficultés que des «aînés plus malchanceux» qu’eux rencontrent au quotidien.
Certains aînés suscitent l’admiration, particulièrement ceux qui savent créer la surprise dans le regard de l’autre parce qu’ils ne semblent rien prendre pour acquis ou définitif, et surtout pas les limites ou les restrictions stéréotypées associées généralement au grand âge. Il peut s’agir de ces aînés de 90 ans, qui conservent leur autonomie et créent la surprise: en apprenant l’informatique, en prenant des cours de langue, en étant assidus à une émission télévisée très intellectuelle…
Car le regard de l’autre n’est pas sans conséquence. La société, les médias peuvent renvoyer à l’aîné une identité, une image de lui-même, qui ne lui correspond pas, et qui ne fait pas écho à son sentiment intérieur. «C’est là qu’on se sent vieux», alors même qu’on ne ressent pas la différence en soi-même. Le regard de l’autre, c’est également la crainte que l’image communément dépeinte des aînés en tant que «profiteurs», riches et «public cible de la société de loisirs» vienne alimenter un conflit intergénérationnel. Et ce, à l’heure où il n’existe plus pour les jeunes, ni sécurité professionnelle, ni sécurité financière sur le long terme.

Action individuelle et collective: dynamique d’intégration des aînés

Comment «rester bien ancré dans la société», prendre sa place en tant qu’aîné dans une société où les rôles ont changé, où les droits et devoirs liés à l’âge sont moins fixes et où les possibilités d’être et d’agir se sont multipliées?

Rôle et place de l’aîné

En ce qui concerne leur rôle en tant qu’aînés, les interviewés partagent l’idée traditionnelle d’être porteurs d’expériences et d’avoir un devoir de mémoire, aux niveaux familial et historique, même s’ils appellent au discernement, car tous les aînés ne sont pas forcément des exemples à suivre.
Mais en règle générale, les interviewés constatent que le rôle et la place de l’aîné dans la société et dans la famille ont changé. Ils pensent ainsi que l’aîné était souvent plus pris en charge par sa famille dans le passé que maintenant. De plus, les modes d’apprentissage se seraient parfois inversés et les petits-enfants ont aujourd’hui aussi un rôle de transmission de savoir envers leurs grands-parents (par exemple par rapport aux nouvelles technologies). Par ailleurs, les membres rencontrés évoquent la chance de vivre une période «charnière» où plusieurs générations d’ascendants et de descendants, parfois 5, se rencontrent pour faire un bout de chemin ensemble.
Mais l’aîné évoque aussi parfois la crainte d’entrer en conflit avec ses enfants ou ses petits-enfants et la peur de devenir un poids pour son entourage.
Quant à la place des aînés dans la société, elle ne serait, selon leurs propos, pas facile à prendre. Certains facteurs, que ce soit le handicap physique ou mental, la restriction de la mobilité ou des difficultés financières, contribuent à l’exclusion des aînés de la société. Il en va de même pour la solitude et la dépression, qu’on dit aussi très fortes chez les aînés. Et puis le fait qu’on «n’ose pas pleinement s’exprimer» par peur de se voir «taxés de vieux machin», d’être pris pour des ringards, car les propos exprimés sont parfois à contre-courant des mœurs actuelles.
Les aînés regrettent ainsi d’avoir parfois le sentiment «qu’on n’a pas forcément besoin de l’expérience des aînés aujourd’hui» et qu’elle n’est pas valorisée.

L’adaptation: nouveau rôle, nouvelles possibilités d’être

«S’adapter» semble être la clé de voûte de l’intégration de l’aîné dans la société actuelle. S’adapter, c’est savoir prendre en compte «le fait que la société évolue» et que ces changements sont rapides. Pour les aînés rencontrés, devoir s’adapter est une chance, la possibilité d’aller à l’encontre du déterminisme des frontières de l’âge, des catégories strictes fixées par l’extérieur et le regard de l’autre. Cette chance, c’est également la possibilité d’apprendre et de continuer à «être dans le coup». Mais pour d’autres aînés, cette nécessité de s’adapter est vécue comme une contrainte, une obligation, «qui ne passionne pas tout le monde». Par ailleurs, les inégalités entre les aînés liées à la santé, à l’âge, à la motivation, à l’argent, etc. constituent autant de facteurs d’exclusion dans la dynamique d’intégration des aînés.

Etre membre d’un mouvement d’aînés

Rester actif, s’intégrer, s’adapter, rechercher le contact et ne pas s’isoler… Toutes ces caractéristiques mises en valeur par les interviewés pour parler des aînés d’aujourd’hui semblent trouver un écho dans leur affiliation à un mouvement d’aînés, dans leur participation aux activités de loisirs ou au sein de leur engagement dans des actions plus militantes.
Si les dénominations reprises par l’UCP (aînés, chrétiens, mouvement social) ne représentent pas un critère d’adhésion prioritaire pour une grande partie des membres, ces derniers n’en sont pas moins sensibles au fait qu’elles correspondent aux valeurs qu’ils portent. Seuls certains membres rencontrés, souvent les plus engagés, disent avoir attaché une importance particulière au fait que ce soit un mouvement social.
L’apport positif de ce mouvement d’aînés dans leur vie est unanime car la participation aux activités permet de développer un réseau de sociabilité, de se créer des amitiés. Beaucoup parlent également du plaisir de se retrouver entre personnes du même âge ou de la même génération.
Cette association donne ou redonne également la possibilité aux aînés de prendre une place dans la société, de s’intégrer et de contrer différents facteurs d’exclusion (comme par exemple, l’accès aux nouvelles technologies). En permettant aux aînés d’être utiles et solidaires, elle les aide à reprendre confiance en eux. Pour certains même, le mouvement aide à ne pas devenir vieux (puisque l’activité préserverait) et pour certains qui le devenaient, «le contact à l’UCP a fait qu’ils ont retrouvé la vie». Il semblerait qu’elle en aide même certains à retrouver un nouveau sens à leur vie, sens parfois perdu lors de la mise à la retraite.
Plusieurs participants ont évoqué le fait que ce mouvement, en les confrontant à d’autres aînés, vivant parfois dans une grande insécurité financière, leur a permis de porter un regard rétrospectif sur leur vie et de se sentir chanceux et «bien lotis». Le mouvement aurait ainsi développé la gratitude chez eux, ainsi que le sentiment de devoir être solidaire pour aider les aînés en difficultés.
Enfin, certains des interviewés évoquent aussi le fait que l’UCP, devenu «Mouvement social des aînés» depuis 2001, permet de sensibiliser les aînés qui le souhaitent à un changement de société par le biais de l’éducation permanente. Et même si «tous ne mordent pas là-dedans», selon une expression de l’un d’eux, les jeunes générations d’aînés risquent de se sentir plus concernées. Pour les membres en tout cas, l’UCP permet d’offrir une écoute aux aînés qu’on ne retrouve pas toujours ailleurs.

Regards et constats

Au cours des rencontres, certaines thématiques ont été développées de manière transversale par les aînés qui offrent ainsi leurs regards sur la société actuelle et expriment leurs craintes et leurs espoirs en termes de condition des aînés, de mobilité, de dynamique intergénérationnelle, de regard sur le groupe des jeunes, etc.
Les aînés ont en tout cas insisté sur le fait qu’ils apportaient des constats, plus que des comparaisons, parce qu’ils se refusent à dire que «c’était mieux du temps de ma grand-mère». Cependant face à ces constats, certains aînés parlent tout de même d’une difficulté à comprendre ou à ne pas réagir, lorsqu’ils se retrouvent dans une situation en trop grand décalage par rapport à leurs propres valeurs ou conceptions.
En réponse à des questions qui leur ont été posées par écrit, lors de la seconde rencontre, les aînés rendent également compte de leurs difficultés personnelles, de leurs peurs plus intimes, ainsi que de «leurs plus grandes joies».
Pour conclure, citons les caractéristiques de ces «plus grandes joies». Elles sont diversifiées: quelques-unes concernent l’UCP, et d’autres le fait «d’être en bonne santé». Cependant, la grande majorité des réponses données par les aînés vient confirmer l’importance de la famille, du clan: la plus grande joie est procurée par le fait de «vivre à deux» ou par la présence des enfants et des petits-enfants, par «la solidarité et la connivence entre les grands-parents et les jeunes».
Charlotte Royen , UCP – Sports Seniors et Anne Gaudot , Fondation Travail Université
Pour de plus amples informations concernant cette étude, vous pouvez contacter Charlotte Royen, tél.: 02 246 46 78, courriel: charlotte.royen@mc.be.

Le tabac totalement banni de l’école

Le 30 Déc 20

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Depuis le 1er septembre 2006, le tabac est interdit à l’école. Pas nouveau ou pas tout à fait nouveau, direz-vous… Il est vrai que l’école était déjà concernée par différentes dispositions légales concernant le tabac:
– il y avait l’interdiction de fumer dans les lieux publics (AR du 15 mai 1990). Dans le cadre de cet arrêté royal, les élèves sont en effet considérés comme fréquentant un lieu public, si bien que tous les espaces clos auxquels les élèves ont accès dans l’école devenaient des espaces non-fumeurs;
– il y avait la loi sur l’interdiction de fumer sur les lieux de travail, d’application depuis janvier 2006 (AR du 19 janvier 2005). Cette loi concerne les espaces auxquels les élèves n’ont pas accès et qui font partie des espaces de travail des membres du personnel (par exemple une salle des professeurs ou le local de la direction).
Que restait-il comme espace ‘fumeurs’ dans l’école ? Un éventuel fumoir mis à disposition des membres du personnel ainsi que les espaces non clos (cour de récréation, jardin, parc ou autre espace ouvert se trouvant dans l’enceinte de l’école).
Les institutions scolaires avaient évidemment la possibilité d’élargir l’interdiction de fumer à l’ensemble de l’espace scolaire via le règlement d’ordre intérieur. Ce qu’une partie d’entre elles avaient déjà fait.

Que change le nouveau décret?

(1)

« Art . 2 . Dans les établissements scolaires visés à l’article 1er ( 2 ), il est interdit de fumer dans les locaux fréquentés par les élèves , que ceux ci y soient présents ou non .
Cette interdiction s’étend à tous les lieux ouverts situés dans l’enceinte de l’établissement ou en dehors de celle ci et qui en dépendent . Elle pourrait encore s’étendre selon les modalités fixées par le règlement d’ordre intérieur .» Le nouveau décret définit une norme claire: en interdisant de fumer dans les espaces fréquentés par les élèves (espaces clos ou non), en date du 1er septembre 2006, plus aucun élève ne pourra fumer à l’école. Quant aux membres du personnel, ils ne peuvent plus fumer sauf, éventuellement, dans un local qui est réservé à cet effet (fumoir) et qui n’est pas accessible aux élèves.

Un décret à appliquer…

Pour les écoles ayant déjà intégré auparavant cette interdiction dans leur règlement d’ordre intérieur, rien de neuf. Mais ce n’est pas le cas pour les autres; les directions sont confrontées à la mise en application et aux questions soulevées au quotidien: comment communiquer cette interdiction, qui impliquer, que faire en cas de non-respect de la règle, où trouver de l’aide, quelle attitude adopter vis-à-vis des élèves fumeurs, faut-il leur proposer une aide…

Pratiquement, les réactions vont dans des sens divers et témoignent de l’importance d’un accompagnement de tous les acteurs concernés: «Les responsables de l’enseignement dans notre commune disent qu’il n’y a pas de problème, que le tabac n’existe plus dans nos écoles mais, sur le terrain, dans certaines écoles, la règle n’est pas respectée», «Comment voulez-vous interdire le tabac dans notre école, la majorité des élèves et des enseignants fument!», «Chez nous, cela ne change rien car l’interdiction du tabac était déjà complète dans notre école».

Un volet préventif

Au-delà de l’interdiction, le nouveau décret définit également un volet ‘information’ et ‘prévention’: par exemple, l’organisation annuelle pour tous les élèves et membres du personnel d’une information sur les dangers de l’usage du tabac avec l’aide des centres PMS et services PSE. Ce volet préventif est plus concrètement développé dans une circulaire envoyée par la Ministre chargée de l’enseignement, Marie Arena , co-signée par la Ministre chargée de la santé, Catherine Fonck , en date du 27/06/06. Cette circulaire explicite la stratégie voulue dans le décret et présente quelques outils de prévention et d’information (charte ‘Ecole sans fumée’– «slide kit» de la Société belge de pneumologie – film ‘Arme de destruction massive’ réalisé par le GSARA, rubrique sur https://www.enseignement.be ). Elle aborde également la question des organismes et associations ressources en annonçant un répertoire des ressources locales ainsi que la création de points d’appui aux écoles en matière d’assuétudes.

Quelques ressources déjà

Sans vouloir être exhaustif, voici en plus quelques pistes pour ceux qui veulent réfléchir et agir sur le terrain.
Des outils pédagogiques existent. Citons-en trois parmi d’autres:
«Paroles d’ados, paroles d’acteurs de terrain au sujet du tabac». Ce document gratuit est destiné à servir de base de réflexion et de débat autour des usages, de la consommation et de la dépendance. Il est à commander auprès du FARES ( https://www.fares.be ou 02 512 29 36).
« Le tabac à l’école secondaire – pistes pour l’action au premier cycle» guide ressource pour agir, pour comprendre, pour approfondir, mai 2006 par G.Houioux, E.Caspers et D.Piette, unité PROMES, Ecole de santé publique ULB. Ce document est téléchargeable sur le site https://www.ulb.ac.be/esp/promes (cliquer sur Bienvenue).
«Arme de destruction massive» un film de Philippe Cornet accompagné d’un dossier écrit à partir de réflexions des jeunes sur leur relation au tabac. Cet outil réalisé par le GSARA est diffusé auprès des PSE, PMS, CLPS et de lieux culturels divers. Il est aussi disponible gratuitement sur demande au GSARA (Sandra Demal: 02 250 13 10). Des accompagnements méthodologiques peuvent être demandés:
– auprès du service PSE ou centre PMS dont dépend l’école;
– auprès du Centre local de Promotion de la santé du territoire sur lequel se situe l’école concernée (pour connaître ses coordonnées, https://www.sante.cfwb.be );
– auprès du Fonds des affections respiratoires (FARES): le Service Prévention Tabac du FARES se situe à la fois dans le cadre de la promotion de la santé et de la coordination du sevrage tabagique. Il est soutenu par la Communauté française de Belgique, la Région wallonne, le Fédéral et la Communauté européenne. Il accompagne sous diverses formes les professionnels de la santé, la communauté éducative, les étudiants, le grand public.

Un décret voté mais pas un problème résolu

A travers les dispositions légales successives réduisant le terrain du tabagisme, la volonté d’éradiquer un facteur de risque majeur pour la santé de la population s’affirme. Peut-être faudrait-il s’interroger sur les questions et difficultés rencontrées dans la mise en application de ces interdictions dans les différents lieux de vie (réseau ‘hôpitaux sans tabac’, milieu du travail, écoles…), et croiser les expériences des uns et des autres? Parce que le tabac est de plus en plus exclu des lieux collectifs, il ne faudrait pas ignorer l’existence des fumeurs. Peut-être faudrait-il les écouter, écouter ce qu’ils ont à nous dire sur ces exclusions successives?

Et si en repoussant les fumeurs, on accentuait les inégalités sociales?
Toutes les études épidémiologiques le confirment: le tabagisme est significativement plus important dans les catégories sociales les plus fragilisées. Citons-en deux: l’étude sur les comportements de santé des jeunes « La différence entre types d’enseignement est assez marquée pour les comportements liés au tabac . C’est dans l’enseignement général que le fait d’avoir déjà fumé du tabac , d’être un fumeur régulier ou un grand fumeur est le plus faible par rapport aux élèves de l’enseignement technique et à ceux de l’enseignement professionnel . » (3)et l’enquête de santé par interview de 2004 « La dépendance est plus forte dans les couches de population les moins scolarisées . Ainsi , 20 % des fumeurs du groupe ayant un diplôme de l’enseignement primaire ont une dépendance tabagique qualifiée de forte à très forte , contre 9 % seulement chez les diplômés du supérieur .» (4)
Peut-être faudrait-il veiller à ne pas creuser le fossé fumeur/non-fumeur car ce fossé risque de se superposer à d’autres clivages et renforcer d’autres inégalités.
L’application du décret, en effet, pourrait avoir des implications sur le parcours scolaire d’un jeune: si fumer à l’école est sanctionné d’un jour de renvoi, voire de plusieurs jours s’il y a récidive, le tabagisme pourrait altérer la scolarisation déjà précaire de certains. Tout en ne remettant aucunement les effets nocifs du tabac en doute, n’oublions pas que nous ne sommes pas égaux devant les risques et que l’interdiction doit être accompagnée d’une démarche éducative positive pour ne pas se transformer en répression et exclusion. Dans ce sens, la charte ‘Ecole sans fumée’ propose d’inscrire la question du tabac dans une démarche globale et positive de promotion de la santé à l’école.
Bernadette Taeymans , pour le SCPS – Question Santé asbl
Si vous voulez réagir à cet article , vous pouvez nous faire part de vos commentaires en nous adressant un courriel à l’adresse suivante : info @ questionsante . org
(1) Voir le texte complet dans la rubrique ‘Officiel’ de ce numéro.
(2) Tous les établissements d’enseignement maternel, primaire, fondamental, spécialisé, artistique et secondaire de plein exercice et de promotion sociale organisés ou subventionnés par la Communauté française.
(3) in «La santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire; quoi de neuf depuis 1994?», p.51, ULB – Promes, ESP, 2003.
(4) Enquête de santé par interview, Belgique, 2004, Institut Scientifique de la Santé publique

Les collations saines à l’école

Le 30 Déc 20

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Le débat pour supprimer les collations de matinée a été lancé en France, alors que chez nous, les programmes développés par les écoles pour proposer des collations saines prennent un élan important. Dès lors, qui a raison et qui a tort? Et les deux positions sont-elles inconciliables?
La collation de milieu de matinée dans l’enseignement maternel et primaire soulève de multiples questions qui concernent tant la qualité que l’opportunité de celle-ci. Pourtant, autour de nous, les écoles sont de plus en plus nombreuses à instaurer des programmes de collations saines, avec plus ou moins de réflexion sur ce concept.
Les défenseurs de ces programmes avancent le fait que bien qu’une majorité des enfants prennent un petit-déjeuner rendant cette collation inutile, ce premier repas essentiel n’est équilibré que dans 1 cas sur 10 (produit laitier, céréales et fruits). Ils avancent également le fait que certains enfants mangent très tôt le matin, avant de rejoindre la garderie, ce qui rend l’attente du repas de midi très longue, avec les répercussions négatives que l’on imagine sur leurs performances intellectuelles et physiques.
Enfin, ils insistent sur le fait que le fractionnement des repas au cours de la journée présente un impact positif sur le risque d’obésité. Ils préconisent donc des collations que l’on pourrait qualifier de «saines»… Toutefois, on le verra plus tard, ce terme reste flou pour de nombreux intervenants…
Les détracteurs, pour leur part, affirment que les collations sont très souvent grasses, sucrées, en tout cas déséquilibrées; ils poursuivent en fustigeant l’apport énergétique non pas complémentaire à celui des autres repas, mais supplémentaire, conduisant à des quantités énergétiques journalières trop importantes. Et, élément essentiel, ils insistent sur le fait qu’une grande majorité des enfants prenant un petit-déjeuner, cette collation ne serait alors bénéfique que pour la minorité qui saute ce repas pourtant indispensable.
Au sein de l’APES-Ulg (1), Service communautaire de Promotion de la santé intégré dans l’Ecole de Santé publique de l’Université de Liège, ce débat a été documenté bien avant l’engouement récent pour les «collations saines». « Depuis un certain temps , des programmes développés à l’école abordent la question de la santé et du bien être sous l’angle de l’alimentation et , entre autres , des collations , car cela permet d’aborder la santé de façon plus concrète , et peut éventuellement se prolonger dans d’autres domaines , comme l’activité physique , par exemple », explique Emmanuelle Caspers , membre de l’équipe pluridisciplinaire de l’APES-ULg.
Le thème des collations saines a ainsi une portée éducative: il est facile à circonscrire et permet l’apprentissage d’une certaine autonomie de l’enfant dès la maternelle. Chantal Vandoorne , directrice de l’APES-ULg, revient alors sur la polémique: «collations ou pas collations?», abordée du point de vue de la santé publique.
«La première question à se poser est de savoir si l’enfant, pris individuellement, a besoin de cette collation. Faut-il nécessairement intégrer tous les enfants dans les programmes nutritionnels? L’élément essentiel est le temps qui s’écoule entre le moment du petit-déjeuner pris par l’enfant et celui du repas de midi: l’enfant qui mange à 8 heures et déjeune à 11h45 n’a pas besoin de collation; par contre, pour celui qui se lève tôt, mange à 7h et doit attendre le service de 12h30, une collation peut être nécessaire. Il faudrait idéalement que chaque école mène une petite enquête auprès de chaque enfant pour déterminer ses besoins nutritionnels réels (prend-il un petit-déjeuner, à quelle heure et que mange-t-il à cette occasion?). En France, des circulaires administratives récentes proposent l’interdiction des collations: la collation étant un phénomène nettement plus récent en France qu’en Belgique où le «dix heures» est un classique depuis plusieurs dizaines d’années, interdire les collations est plus facilement et largement accepté chez nos voisins.»

Vous avez dit «saine»?

Pour en revenir aux collations auxquelles on accole facilement le qualificatif de «saines», force est de constater que cette notion ne fait pas l’unanimité…
« Quelle définition donneriez vous d’une collation saine ? En réalité , il n’y en a pas dans la pratique . Tout le monde a évidemment en tête le phénomène à éviter : l’accumulation de barres chocolatées et autres paquets de chips au fil des récréations et de la semaine . En théorie , on pourrait parler de fruits , de légumes , de certains laitages , de certaines céréales et exceptionnellement d’une « douceur chocolatée ou salée ». Mais , dans les faits , une collation n’est vraiment saine que si elle s’intègre harmonieusement dans l’alimentation habituelle de chaque enfant , contribuant à l’équilibre journalier ou hebdomadaire entre les différents apports recommandés . Par exemple , il n’est pas utile de donner des fruits en collation à des enfants qui en mangent beaucoup durant le reste de la journée ; par contre , un fruit en collation sera utile pour des enfants qui n’en consomment pas suffisamment …», poursuit Chantal Vandoorne.
Ceci dit, la question qui se pose est donc de savoir s’il faut des collations à la carte, à l’heure où les écoles contrôlent de plus en plus ce moment ou l’exploitent comme une occasion idéale d’aborder l’alimentation équilibrée et de donner des clés pour manger sain, en favorisant les bonnes habitudes chez les enfants.
« Certains programmes en milieu scolaire essayent d’amener les enfants à réfléchir sur leur propre consommation . Ainsi , les enfants disposent de collations différentes , leur laissant la liberté de choix , mais en faisant toujours référence à leurs connaissances sur l’alimentation . En primaire , des programmes plus élaborés complètent cette réflexion individuelle : l’enfant classe ce qu’il a consommé au petit déjeuner dans les trois grands groupes alimentaires et est ensuite incité à choisir une collation en fonction du groupe lésé », évoque Chantal Vandoorne. « Il est indispensable de donner à l’enfant les clefs pour être acteur de sa santé , de son alimentation , et donc de sa collation . Il pourra ainsi prendre conscience que la collation possède une double signification : le plaisir du goût associé à celui d’un moment d’arrêt dans le rythme scolaire mais aussi l’utilité ou le danger de certains aliments pour le bien être de son corps …».
« Ce soutien à la réflexion et de nombreux supports peuvent être utilisés dès que les enfants sont en maternelle , mais il est important de poursuivre la démarche en l’adaptant à l’âge , à l’intérêt de l’enfant , puis du jeune », prolonge Emmanuelle Caspers, évoquant la notion de «curriculum en spirale». Par ailleurs, ce travail d’éducation et les projets de promotion de la santé doivent, pour viser l’efficacité, intégrer la gestion personnelle de ses besoins par l’enfant, et considérer l’environnement proche de l’école, comme les épiceries, les snacks et autres fast-food… « Si l’enfant a appris dès son plus jeune âge à gérer l’offre alimentaire , on peut espérer que cette réflexion laissera des traces lors de ses premiers achats autonomes , puisque , classiquement , c’est vers les friandises que se tournent les enfants pour leurs premières utilisations de l’argent de poche », poursuit Chantal Vandoorne.

Enseignants: piliers du savoir, des apprentissages et du développement des enfants

Le rôle des enseignants est donc essentiel: en plus d’enseigner des connaissances en français, en calcul et mathématiques, géographie et autres sciences de l’environnement, ils peuvent faire un lien avec d’autres objectifs, notamment de santé, et y sensibiliser les enfants… « Dans les programmes d’alimentation saine , les enseignants doivent pouvoir préalablement s’informer et réfléchir en profondeur à ce qu’ils vont faire . Sinon , ils risquent de se baser exclusivement sur leurs propres stéréotypes et préjugés à propos de l’alimentation . Car l’alimentation est un sujet courant qui intègre des apports profanes et culturels d’un côté , des apports scientifiques , de l’autre . Il faut permettre aux enfants , aux enseignants et aux parents d’analyser comment ces différents aspects influencent leurs choix », précise Chantal Vandoorne. Une étape considérée comme importante par nos deux interlocutrices.

Un programme complet sur l’alimentation

A Berchem-Ste-Agathe, commune bruxelloise, l’école communale mise sur l’alimentation saine. Toute l’année, l’alimentation est déclinée dans son projet éducatif, dans différentes matières, dès la maternelle.
Voilà déjà 15 ans qu’un programme pour une alimentation saine est organisé par cette école, la positionnant parmi les pionniers en la matière.
Au départ, c’est avec l’apport d’une diététicienne de ce que l’on appelait encore l’IMS. « Elle est venue me voir , nous avons réfléchi à la question et durant une année , elle est passée dans les classes pour réaliser des animations sur le thème d’une alimentation saine avec les enfants . Ensuite , ce sont les instituteurs qui ont pris la relève », se souvient Danielle Lelubre, directrice.
Aujourd’hui, en ce qui concerne les collations, l’école a choisi d’être plus directive: « Dès l’inscription , les parents doivent s’engager à apporter une collation selon le programme établi par l’école et obligatoire , à savoir une collation qui entre dans une famille d’aliments selon les jours : laitages , céréales , fruits , produits de la boulangerie , et , le vendredi , ils ont le choix entre ces 4 familles .» Pour s’assurer de la bonne collaboration des parents, une collation diététique a été organisée le matin, au moment où les parents viennent conduire leurs enfants, afin qu’ils voient ce que les enfants vont recevoir. L’accueil a été plus que positif, puisque tous les parents ont pris le temps de cette collation, même s’ils étaient pressés, assure Mme Lelubre…
Mais pour que les enfants comprennent bien les raisons d’être de ces collations, cette contrainte s’inscrit dans un programme plus vaste qui part du principe que les bonnes habitudes s’acquièrent dès le plus jeune âge.
«Notre école se divise en 3 sites qui abordent, chacun à sa manière, la découverte des aliments. Dans les trois cas, la pyramide alimentaire est un point de départ vers d’autres découvertes. Ainsi, celle des cinq sens, notamment le goût évidemment, mais aussi des ateliers pour découvrir d’où viennent les aliments et comment les préparer, l’hygiène, etc. Et, depuis cette année, nous avons également mis en place un goûter diététique, en collaboration avec l’équipe éducative de la garderie. Pour couronner le tout, la fête scolaire de fin d’année intègre ce projet, avec les autres menés durant l’année.»
Pour établir ce programme, la directrice puise son inspiration dans différentes sources, depuis les programmes «clé sur porte» de sociétés privées qui viennent proposer leurs jeux et autres activités pour promouvoir leurs produits en prenant le prétexte de l’alimentation saine, aux ouvrages plus sérieux sur la qualité de l’alimentation en milieu scolaire, édités par la Communauté française. Car un bon programme n’est certainement pas un programme tout prêt à l’utilisation, mais bien celui qui a été pensé en fonction des élèves qui fréquentent l’école et les ressources de celle-ci…
CM

Reste alors à déterminer comment préparer ces programmes de sensibilisation.
Le support le plus fréquent des différents projets éducatifs est la fameuse pyramide alimentaire. Mais il ne suffit pas de l’étudier durant deux ou trois leçons, de l’afficher sur un mur de la classe pour l’oublier le restant de l’année… « Si les outils ne sont pas inscrits dans la durée , ils seront inutiles . Par ailleurs , ils doivent intégrer non seulement l’aspect santé , mais aussi le plaisir de manger et d’apprendre . La convivialité , l’interactivité et le caractère ludique doivent être au rendez vous de l’éducation alimentaire , même s’il faut les situer dans un cadre et des informations plus objectives . Le plaisir est un moteur d’apprentissage : il est essentiel de dispenser un savoir de manière positive , sans commencer par des interdits », renchérit Emmanuelle Caspers.

La participation active des parents, un «plus»

A propos de la question des collations, on peut aussi s’interroger sur le rôle de la famille, notamment des parents. Les collations imposées peuvent-elles être refusées par les parents qui n’adhèreraient pas? Les collations distribuées par les enseignants, et payées par les parents peuvent-elles induire une discrimination financière?
«Les programmes instaurés ne doivent pas renforcer ces discriminations qui peuvent toujours survenir, et impliquer de manière plus large la participation des parents, en tenant compte des habitudes alimentaires de la famille ou la fonction de la nourriture dans cette famille, sans porter de jugement. Si les parents ne sont pas impliqués dans ces programmes, on va droit dans le mur, et les programmes peuvent même être contre-productifs.
Par exemple , lorsque des enfants demandent des aliments qualifiés de sains à l’école mais que ceux ci n’ont pas leur place dans les habitudes de la famille , l’enfant peut être rabroué , avec l’impression que , pour exagérer un peu , ses parents ne lui donnent pas d’aliments favorables à sa santé . Cette difficulté d’impliquer les parents est une réalité , mais cela peut se faire par des rencontres à l’occasion de fêtes , de l’organisation de petits déjeuners sains le matin , etc .», poursuivent Chantal Vandoorne et Emmanuelle Caspers.
Les initiatives des écoles pour proposer des collations saines peuvent être très variées: les enseignants se chargent des achats et distribuent aux élèves des classes d’aliments différents selon les jours, avec participation financière des parents; l’école propose ou impose chaque jour des collations déterminées aux parents; des parents se chargent des courses à tour de rôle pour donner les collations contre rétribution des autres parents; des écoliers vendent des collations saines de différentes sortes.
« Très souvent , les écoles sont dans le « formatage » des collations : la même pour tous . Si les systèmes où il existe une gestion collective des collations sont souvent intéressants , ils n’intègrent pas suffisamment la notion de choix , donc de réflexion par l’enfant sur ce qu’il va manger et sur la nécessité même de manger telle ou telle collation . Si la collation est payée à l’avance , l’enfant est quasiment obligé de la consommer , même s’il n’a pas faim et que manifestement , elle ne se justifie pas Ecueil évité si le paiement se fait a posteriori comme dans les initiatives de petits magasins gérés par les élèves », explique Chantal Vandoorne.
D’autres difficultés peuvent se poser en matière de collations, notamment le problème du cadre: les enfants disposent-ils des infrastructures pour prendre leur collation? « Généralement , en maternelle , les enfants se mettent à table pour manger . Par contre , en primaire , ils sont bien souvent dans la cour de récréation et la pomme distribuée finit régulièrement par terre ou à peine entamée dans la poubelle , histoire de jouer plus rapidement C’est pourquoi , les programmes les plus efficaces intègrent un temps où la collation est prise à table , assis , afin que manger soit aussi chez les enfants , un acte réfléchi , contrairement au grignotage Par ailleurs , ce moment , pris sur la récréation ou sur les cours , est aussi un temps d’échange , d’information sur l’alimentation . Dans les classes qui ont instauré ce moment , il y a bien eu ici et là quelque tollé , mais après avoir donné une explication sur le sens de la collation , de la convivialité qu’elle nécessite et la possibilité d’en parler , les critiques se sont tues », poursuit Chantal Vandoorne.

Pas trop de normes!

Une autre question qu’on est en droit de se poser porte sur l’efficacité de ces programmes d’alimentation saine, notamment à travers les collations, si l’entourage familial ne respecte pas les «consignes» apprises à l’école.
«Je vais être peut-être un peu brutale, mais cette question est moins importante qu’on ne le laisse entendre. On cherche toujours la cohérence entre la maison et l’école. Ce pourrait être un idéal en termes de santé publique. Toutefois, il faut apprendre aussi aux enfants à gérer les incohérences. Cela fait partie du rôle démocratique de l’école: elle peut apprendre aux enfants à découvrir ce qui ne se pratique pas à la maison, notamment à travers l’offre alimentaire. Le rôle de l’école n’est pas d’éduquer les parents, elle ne doit pas tout contrôler. Même si le projet n’est pas relayé à la maison, mais bien réalisé à l’école, celle-ci a rempli sa mission; et si les parents participent, c’est un plus!
Evidemment , il faut garder une juste mesure et l’école doit éviter de faire miroiter des idéaux impossibles à atteindre , notamment par les populations les plus défavorisées . L’école ne doit pas être normative au point que l’enfant se dise que ce qui est pratiqué chez lui n’est pas bien . Si l’école applique une approche non normative et respectueuse , l’enfant peut apprendre que l’on vit d’une telle manière à tel endroit , et autrement ailleurs . Un peu comme quand il sait que chez ses grands parents , il peut regarder telle série télévisée qu’il ne le peut pas regarder à la maison . Plus tard , en fonction de la multitude et de la force des expériences rencontrées sur son parcours , il adoptera un mode de vie qui lui sera propre . Restons toutefois vigilants quant à cette tendance excessive à la normativité , qui imprègne de plus en plus fréquemment les programmes d’éducation à la santé relatifs aux modes de vie ( tabac , alimentation , activité physique )», conclut Chantal Vandoorne.
Carine Maillard

(1) APES, pour Appui en Promotion et Education pour la Santé: l’APES-ULg a pour mission d’apporter une assistance logistique et méthodologique permanente à tout organisme ou personne qui développe des actions de prévention, d’éducation pour la santé et de promotion de la santé ainsi qu’aux acteurs associatifs, administratifs et politiques qui oeuvrent dans le cadre du décret du 14 juillet 1997 (adapté le 14 juillet 2003) organisant la promotion de la santé et la médecine préventive en Communauté française de Belgique. Dernièrement, l’APES-ULg a été plus particulièrement chargé, comme Service Communautaire, d’une mission d’appui aux services PSE (ex-IMS), dans le cadre de la réforme et de la réorganisation de leurs missions et activités auprès des publics scolaires.

Le programme ‘mammotest’ après quatre ans de fonctionnement

Le 30 Déc 20

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En 2003-2004, 56% des femmes âgées de 50 à 69 ans ont réalisé une mammographie. Ce sont surtout les femmes qui réalisaient peu de dépistage spontané auparavant qui ont été sensibilisées: les femmes résidant en Flandre, les femmes plus âgées et les femmes précarisées.
Le Programme national de dépistage du cancer du sein donne tous les 2 ans, à toutes les femmes de 50 à 69 ans l’occasion d’être dépistées gratuitement par un mammotest. Celui-ci répond aux normes de qualité de l’Europe contre le cancer : l’équipement est soumis à des contrôles stricts et le mammotest fait l’objet d’une deuxième lecture par un radiologue indépendant.
L’objectif du Programme est d’alléger le traitement des tumeurs diagnostiquées à un stade précoce et, bien sûr, de diminuer la mortalité par cancer du sein.
L’Agence Intermutualiste fait, chaque année, une évaluation de ce programme de dépistage du cancer du sein. Elle vient de publier son quatrième rapport.
Sur base des mammographies réalisées entre 1999 et 2004, l’Agence étudie un premier «tour» complet du programme de dépistage en Wallonie et à Bruxelles et presque deux «tours» de dépistage en Flandre. Elle peut également les comparer avec la période «avant programme», où seul le dépistage spontané existait.

Peu d’augmentation dans la participation et faible «fidélisation» au programme

Couverture par mammotest Couverture par mammographie diagnostique Couverture totale
1999-2000 / 2001-2002 / 2003-2004 1999-2000 / 2001-2002 / 2003-2004 1999-2000 / 2001-2002 / 2003-2004
Région Bruxelles-Capitale 0% / 1,40% / 5,40% 47% / 48% / 46% 47% / 50% / 51%
Région Flamande 0% / 23% / 35% 33% / 27% / 21% 33% / 50% / 56%
Région Wallonne 0% / 1,20% / 9,80% 45% / 49% / 46% 45% / 50% / 56%
Belgique 0% / 14% / 25% 38% / 35% / 31% 38% / 50% / 56%

En Flandre

En 1999-2000, avant le programme organisé, le dépistage spontané par mammographies diagnostiques était le plus bas du pays. Après un premier tour de dépistage organisé, la Flandre rattrape son retard. 50% des femmes ont été examinées et 23% l’ont été grâce au mammotest.
En 2003-2004, au deuxième tour, la couverture totale n’augmente que de 6%, tandis que la couverture par mammotest augmente de 12%. Au second tour, un grand nombre de ‘nouvelles’ femmes, qui n’avaient donc pas été examinées au premier tour, entrent encore dans le programme. Seules 19% des femmes sont fidélisées au programme: elles se sont fait examiner par un mammotest au premier et au second tour.

En Wallonie et à Bruxelles

En 1999-2000, l’habitude de dépistage spontané par mammographie diagnostique était déjà bien ancrée avec une couverture de 45% et de 47%. En 2003-2004, lors du premier tour du programme, plus de 50% des femmes réalisent une mammographie, soit une augmentation d’à peine 1 à 6% par rapport à la période 2001-2002. 10% des femmes en Wallonie et 5% à Bruxelles participent au programme de dépistage organisé par mammotest gratuit.
Ce sont surtout les femmes qui n’avaient pas réalisé de mammographie en 2001-2002 qui ont été sensibilisées au programme. En effet, très peu de femmes déjà suivies auparavant par la mammographie diagnostique ont changé leurs «habitudes» pour passer au mammotest.
Soulignons que suite à des problèmes techniques, il n’a pas été possible d’inviter une partie importante de la population-cible de Bruxelles et en Wallonie. Ce qui nous invite à interpréter les taux de couverture avec prudence. Ces problèmes ont été résolus depuis lors.

De «nouvelles» femmes ont été sensibilisées

Le programme de dépistage organisé avec mammotest gratuit a surtout sensibilisé des femmes qui réalisaient peu de dépistage spontané auparavant: les femmes résidant en Flandre, les femmes plus âgées et les femmes défavorisées socialement.
Avant le programme, c’étaient surtout les femmes jeunes et favorisées socialement qui réalisaient un dépistage spontané. Aujourd’hui, dans chaque région, le mammotest touche de façon égale les femmes de tout âge au sein de la population cible. De plus, on observe au deuxième tour, en Flandre, que les femmes plus âgées sont plus «fidélisées» au programme organisé.
La couverture en mammotest reste encore un peu inférieure chez les femmes précarisées. Pourtant, elles sont plus nombreuses à entrer dans le programme. Et, en Flandre, au deuxième tour, elles sont également plus «fidélisées» au programme organisé.

Peu d’augmentation de la couverture totale

Malgré l’évolution favorable, la couverture totale n’a pas beaucoup progressé depuis la période 2001-2002. Plusieurs actions sont mises en place par les Communautés et le Gouvernement fédéral pour tenter de re-dynamiser le programme. Dans ce but, l’Agence Intermutualiste a collaboré avec le Centre fédéral d’expertise des soins de santé et l’INAMI à la création d’informations rétroactives envoyées aux médecins généralistes, gynécologues et radiologues.
L’Agence Intermutualiste souligne, elle aussi, l’importance et l’intérêt du dépistage organisé.
Il ne s’agit pas seulement de proposer au groupe cible un dépistage gratuit et de qualité mais également d’éviter des examens inutiles pour les femmes et des dépenses injustifiées pour la société. Il y a, en effet, une différence entre l’examen à visée diagnostique pour la femme se présentant avec des symptômes ou plaintes et le mammotest de dépistage qui s’adresse à des femmes ne présentant aucun symptôme.
Suivant les recommandations de l’Europe contre le cancer , en moyenne seulement 6% des mammotests devraient être complétés par une échographie. En Belgique, plus de 80% des examens mammographiques diagnostiques, en grande majorité réalisés dans un cadre de dépistage spontané, sont suivis par une échographie réalisée le plus souvent le jour même.
La collectivité paie ici un coût élevé souvent injustifié. En effet, la combinaison d’une mammographie diagnostique et d’une échographie coûte deux fois plus cher qu’un mammotest et génère en outre un nombre plus élevé de fausses présomptions de cancer, sources d’angoisses et de mises au point inutiles.
Il est donc important de tout mettre en œuvre pour convaincre les femmes de 50 à 69 ans de se faire dépister gratuitement à l’aide du mammotest.
Il est tout aussi essentiel de convaincre les médecins des avantages du programme organisé, dans le but de mener à un meilleur dépistage, tout en réduisant le nombre d’examens complémentaires inutiles, angoissants pour la femme et chers pour la société.
Le rapport complet de l’Agence est publié sur le site https://www.cin-aim.be .
D’après un communiqué de presse de l’Agence Intermutualiste, 20 septembre 2006

L’ABC du risque cardio-vasculaire local

Le 30 Déc 20

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Qu’est-ce que le «risque cardio-vasculaire global» (1)?
C’est une seule mesure qui regroupe les principaux facteurs de risque de l’athérosclérose. Cette démarche, nouvelle en médecine, permet de prendre en compte simultanément les 8 principaux facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires, en relativisant l’impact du cholestérol par rapport au tabac, à l’hypertension artérielle ou à l’excès de poids, et vice-versa…
En médecine générale, cette nouvelle approche nous semble particulièrement pertinente pour deux raisons:
-elle nous permet de relativiser et de globaliser l’impact de tous ces facteurs sur la santé cardio-vasculaire d’un patient en particulier, et de pouvoir négocier avec lui ce qui est réaliste, aujourd’hui, de vouloir modifier si nécessaire.
-cette démarche nous permet également de renforcer notre approche globale de la santé. Car le tabac, le poids ou l’alimentation déséquilibrée sont également utiles à prendre en compte dans beaucoup d’autres situations que le contexte cardio-vasculaire: la prévention des cancers, les douleurs de gonarthrose, etc.

Trois étapes: dépistage, détermination du risque et prise en charge

La première étape est de rassembler l’information sur les huit facteurs de risque cardio-vasculaires principaux, classiquement reconnus comme intervenant dans les maladies ischémiques.
Cette étape est purement clinique; le généraliste regroupe les informations suivantes:

A (âge) Le patient est-il âgé de plus de 50 ans?
B (briquet) Fume-t-il au moins une cigarette chaque jour?
C (cholestérol) A-t-il des antécédents de cholestérol perturbé?
D (diabète de type 2) A-t-il un diabète de type 2 connu (glycémies à jeun > à 126 mg/ml à deux moments)?
E (événement) A-t-il des antécédents d’événement personnel ischémique?
F (familial) A-t-il des antécédents familiaux cardio-vasculaires, chez les proches au premier degré (avant 55 ans chez le père ou un frère; avant 65 ans chez la mère ou une sœur)?
G (graisse) Présente-t-il un excès de graisse (BMI > à 30 kg/m2 et/ou tour de taille supérieur à 102 cm chez l’homme et à 88 cm chez la femme)?
H (hypertension) A-t-il une hypertension artérielle traitée ou mesurée supérieure à 140 / 90 mm Hg à plusieurs reprises?

La deuxième étape consiste à déterminer le risque cardio vasculaire global .
Les informations recueillies permettent de classer immédiatement le patient dans l’un des 4 groupes à risque suivants.
Risque d’emblée élevé: facteur de risque E et/ou D (Rouge)
Risque d’emblée bas: aucun facteur de risque clinique (Vert)
Risque lié au tabac uniquement: facteur de risque B (Brun). Le sevrage est associé à un risque bas après 2 ans.
Risque à déterminer: un (A, C, F, G, H) ou plusieurs (A, B, C, F, G, H) facteurs de risque (Mauve).
Un patient sur deux fera d’emblée partie de l’un des trois premiers groupes (rouge, vert, brun).
L’autre moitié se retrouve dans le groupe des patients à risque indéterminé (2) (mauve). C’est uniquement dans ce groupe-là qu’un profil lipidique associé à une glycémie est nécessaire, pour déterminer le risque cardio-vasculaire global grâce aux tables de risque selon le projet SCORE ou l’étude de Framingham: la table précise si le patient est à risque élevé (rouge), moyen (orange) ou bas (vert).

Cette recherche-action est conçue et réalisée par et pour des généralistes rassemblés au sein de l’asbl Promotion Santé et Médecine Générale, née d’un partenariat entre la Société Scientifique de Médecine Générale et la Fédération des maisons médicales et créée à la suite du projet.
Elle continue toujours en 2006: affiche prévue pour la salle d’attente, documents pour les patients, cadastre des ressources locales pour l’accompagnement des patients présentant un risque cardio-vasculaire, formation et discussion de cas de suivi de patients à risque cardio-vasculaire identifié.
Des intervisions et les prémisses d’un travail en partenariat sont prévues pour 2007.

La troisième étape est une prise en charge prioritaire des patients à risque cardio-vasculaire global élevé (rouge) ou moyen (orange) et des patients fumeurs (brun).
Douze cibles thérapeutiques sont définies dont 6 ont un niveau de preuve EBM élevé I (essais randomisés) à II (études de cohorte).
0 ( zéro ): absence de tabagisme (EBM II).
M: alimentation de type m éditerranéen (EBM I).
E: e xercices physiques: 3 X 30 minutes par semaine (EBM II).
P: inhibition p laquettaire: acide acétylsalicylique (EBM I).
C: inhibition du c holestérol: une statine essentiellement pour son rôle de stabilisateur de plaque, même en cas de cholestérol normal (EBM I).
A: inhibition de l’ a ngiotensine: un IEC (ou sartan en cas d’intolérance) pour son rôle protecteur au niveau des artères, même en cas de pression artérielle normale (EBM I).
Ces 6 cibles principales se retiennent sous forme d’une plaque minéralogique: OMEPCA Les autres cibles thérapeutiques sont les suivantes:
HbA1c (3) < 7% (si diabète de type 2) (EBM II)
Cholestérol total < 190 mg/dl
LDL-Cholestérol < 115 mg/dl
Tension artérielle systolique < 130 mm Hg
Tension artérielle diastolique < 85 mm Hg
BMI (indice de masse corporelle) < 25
Les cinq dernières cibles thérapeutiques ont un niveau de preuve EBM IV (opinions d’experts).
Il existe une plaquette présentant ces trois étapes, elle est consultable sur le site https://www.ssmg.be En conclusion, nous pouvons affirmer que le risque cardio-vasculaire global peut être facilement déterminé par le médecin généraliste en consultation courante pour les patients de 30 à 75 ans.
Nous présenterons, dans une prochaine rubrique, comment, pas à pas, le généraliste peut accompagner ce patient à risque vers une ou plusieurs de ces cibles. Tout un programme!
D’après un article de Patricia Eeckeleers , commenté par Jean Laperche , médecin généraliste, Fédération des maisons médicales
Adresse de l’auteur: Fédération des maisons médicales, Boulevard du midi 25/5, 1000 Bruxelles. Tél. : 02/514 40 14. Fax : 02 514 40 04
Cette série d’articles est également publiée par la Revue de médecine générale de la Société scientifique de médecine générale. (1) De Muylder R., Jeanjean M., Paulus D., Descamps O., Selvais P., Chenu P., Boland B.: Un algorithme pour la prévention cardio-vasculaire en médecine générale, Louvain Med. 2004; 123: S235-S240.
(2) Résultats extraits d’une étude pilote réalisée en Communauté française de Belgique en 2004 auprès de 3200 patients avec 80 généralistes. Ces résultats seront détaillés dans un prochain numéro de cette revue.
(3) Dosage de l’hémoglobine glycosylée, qui permet de surveiller l’équilibre glycémique chez les diabétiques.

Médiateurs interculturels en milieu hospitalier

Le 30 Déc 20

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Le projet pilote de médiateurs interculturels en milieu hospitalier est aujourd’hui en extension. Le CHU Brugmann a consacré une matinée de réflexion au sujet. Assez logique, selon son Directeur, le Dr Daniel Désir , que la matinée de réflexion sur l’interculturalité en milieu hospitalier se déroule au CHU Brugmann. « Il faut rappeler , explique t il que Brugmann était le banquier de Léopold II . A la fin de sa vie , il n’était pas particulièrement fier de la manière dont il avait fait fortune . Il a donc légué de l’argent et l’hôpital qui porte son nom a pu se développer . Hors la tradition de coopération avec l’Afrique Centrale et du Nord qui y existe , il est intéressant de cerner à travers quelques chiffres la réalité de la diversité culturelle sur ses deux sites . Jusqu’à 30 % des patients sont depuis moins d’une génération en Belgique . Personnellement , je me souviens très bien du caractère pédagogique , quant aux différences culturelles de mon expérience à l’Hôpital Ambroise Paré , à Mons , dans mon propre pays . Je me suis rendu compte que le nombre de jours de congé y était plus important qu’ailleurs . J’ai donc annoncé au personnel , comme il fallait redresser la situation , que les jours associés à la fameuse fête du Doudou seraient supprimés . J’entends encore le silence qui a envahi la salle . Il disait vraiment ce gars vient de Bruxelles il ne va pas tarder à y retourner . »

Devinette

Une devinette interpellante est évoquée par Philippe Woitchik , ethnopsychiatre à l’Hôpital Brugmann. Une devinette dont personne n’aurait jamais trouvé la réponse.
«On a demandé au monde entier S’il vous plaît , quelle est votre opinion sur le manque d’aliments dans le reste du monde ? Et savez-vous pourquoi personne n’a pu répondre? Personne n’a compris la question. En effet, les uns ignorent ce que veut dire le manque, les autres ne connaissent pas le sens du mot opinion (à l’Est), les troisièmes le sens du terme aliment (en Afrique), pour les quatrièmes l’expression s’il vous plaît est du charabia et les derniers, les Américains, ne savent pas ce qu’est le reste du monde

Un autre exemple donné par le Dr Désir concerne son travail sur le diabète sucré. « Nous avons , explique t il , rencontré des femmes d’origine marocaine qui ne rapportaient pas un apport calorique important à la diététicienne . Intrigant . Nous avons creusé la chose , pour réaliser que ces femmes consommaient chaque matin un verre d’huile , persuadées que le produit avait le pouvoir de réduire le taux de sucre dans le sang . Ce verre n’était pas comptabilisé dans l’alimentation , puisqu’il était considéré comme un traitement

Du structurel

L’idée de médiation interculturelle est née dans les années 70. Il s’agissait d’abord d’un projet de formation d’interprètes en milieu médico-social. Il faudra attendre les années 90 pour qu’un projet pilote se développe. « Si l’argent était disponible pour les formations , commente le Dr Aldo Perissino , à l’origine du projet pilote au Ministère de la Santé Publique, il n’était pas prévu d’enveloppe pour engager , ce qui est un fameux paradoxe ! On est heureusement loin de ces contradictions . Une vingtaine d’hôpitaux ont été impliqués sur base volontaire dans le projet pilote , aujourd’hui étendu . On peut dire que la médiation interculturelle en hôpital est maintenant structurelle , même si la demande risque de croître et que les budgets ne sont pas extensibles

Etat des lieux

Pour 2005, environ 66.000 interventions ont eu lieu (dans un hôpital sur deux en fait). Les bénéficiaires en sont des personnes de tout âge, particulièrement marocaines et turques. La médiation concerne davantage les femmes que les hommes. L’initiative de la médiation est prise à 22 % par les médecins, à 20 % par les infirmières, à 20 % par les patients, à 13 % par les médiateurs, à 10 % par les travailleurs sociaux. Au fil du temps, les demandes émanant de médecins croissent.
L’occasion de la médiation? Un peu plus d’une fois sur deux lors d’une hospitalisation, lors d’une consultation (36%), d’une hospitalisation de jour (5%) et dans le service des urgences (3%).
Le contenu de ces interventions est essentiellement l’interprétariat (40 % des médiations). Arrivent ensuite le soutien, des messages à faire passer de soignant à patient et de patient à soignant, la négociation sur le traitement, une information sur le fonctionnement de l’hôpital ou encore une information donnée à la famille. Plus de la moitié des médiations se réalisent en triade (pour un tiers seulement en début de projet). Un indice que la médiation s’implante en milieu hospitalier.

Les Belges aussi

« La nationalité n’est pas un critère d’évaluation de la demande , nuance le Dr Perissino. Des personnes qui ont gardé la nationalité d’origine peuvent être acculturées , et d’autres , naturalisées , être très proches de leur culture d’origine . Certaines personnes d’origine étrangère , et résidant en Belgique depuis longtemps , retournent en vieillissant vers leur langue d’origine . On remarque , par exemple , une demande de médiation pour des personnes d’origine italienne ancrées depuis longtemps en Limbourg . Il faut aussi ajouter que la moitié des interventions se déroulent en français ou en néerlandais . Les autochtones aussi ont donc besoin de s’adresser à quelqu’un qui fasse tiers . C’est un élément qui montre que la question de la qualité de la communication dans les hôpitaux devrait être explorée . La médiation ne règle pas tout . Je pense d’ailleurs que la différence culturelle , et de culture sanitaire , marque toute relation thérapeutique . J’ajouterai que la médiation ne doit pas conduire , ce serait un comble , à ce que les autres professionnels se sentent déchargés de la responsabilité d’être le plus à l’écoute possible d’autrui
Véronique Janzyk

Thank you for smoking

Le 30 Déc 20

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Lobbyiste séduisant et ambitieux, Nick Naylor (Aaron Eckhart, parfait) met son charme, son talent et son sourire carnassier au service de la société Big Tobacco pour contrer les ravages de la politique de prévention contre le tabagisme. De conférence de presse en talk-show télévisé, il défend l’indéfendable avec brio et efficacité, mais, dans sa vie privée, il a du mal à convaincre son ex-femme qu’il peut être un père modèle pour son fils.
Sur le thème des manœuvres diaboliques de l’industrie du tabac, on se souvient du film de Michael Mann, ‘The Insider’ (‘Revelations’), qui jouait la carte dramatique.
Ici on est dans un registre plus léger, puisque le réalisateur Jason Reitman (le fils d’Ivan, célèbre pour ‘Ghostbusters’) a choisi la comédie pour évoquer les ruses que déploie l’industrie pour atténuer dans l’opinion et le milieu politique une image de plus en plus désastreuse, surtout depuis qu’elle a dû rendre publics des documents internes ne laissant guère de doute quant à ses objectifs et mensonges.
Cela dit, n’attendez pas ici un procès en règle des marchands de cigarette, mais plutôt une gentille étude de caractère dont le héros s’avère être un lobbyiste, une profession rarement montrée au cinéma. Et que ceux qui croient que c’est une spécificité nord-américaine se détrompent : il suffit de se promener dans le quartier européen de Bruxelles pour se rendre compte de l’omniprésence des lobbys (dont celui du tabac) chez nous aussi !
On appréciera au passage un très beau générique, et les rencontres régulières de Nick avec ses collègues du lobby de l’alcool et de celui des armes à feu, qui se disputent pour savoir qui des trois à le plus de morts sur la conscience! Là le film devient enfin un brin corrosif, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
Thank You for Smoking, USA, 2005, 92’, couleurs , 35 mm,SRD
Merci à la Coalition nationale contre le tabac et à B&S;

Equilibre, un nouveau venu dans le créneau de l’info santé

Le 30 Déc 20

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Il est apparu en librairie fin septembre, et vient compléter l’offre spécifiquement belge en la matière, aux côtés de Test Santé (6 numéros par an, 11,40 euros le numéro) et Ma santé (mensuel, 2,90 euros le numéro). Sa ligne éditoriale le place plus près du premier que du second : prix élevé au numéro, absence totale de publicité, contenu moins ‘glamour’. Voici ce qu’en dit son éditeur, Biblo, une filiale à 100% du puissant groupe Roularta. Il s’appelle Equilibre et il porte bien son nom . Parce qu’en matière de santé , tout est toujours question d’équilibre : entre corps et esprit , entre un peu et pas trop , entre bien être et mal être
Quatre couleurs pour quatre sections : santé , bien manger , bouger , psycho . Aucune publicité : ses 48 pages sont exclusivement rédactionnelles . Equilibre s’adresse à un public intéressé par tout ce qui touche à sa santé , en lui fournissant une info sérieuse mais accessible , rigoureuse sans être ennuyeuse , honnête et critique , le tout emballé dans une mise en page sympathique et colorée .
La rédaction en chef est confiée à Karin Rondia , dont le public se souviendra qu’elle animait l’émission santé « Pulsations » sur la RTBF .
Avant de lancer ce nouveau magazine , nous avons mené parmi nos lecteurs une enquête d’opinion qui a montré que ceux ci considéraient l’information concernant leur santé comme prioritaire , mais qu’ils souhaitent généralement qu’elle soit un peu plus critique D’où ce choix de tenter l’aventure d’un mensuel qui affiche clairement son indépendance .
Biblo cultive déjà depuis longtemps cette pratique de l’information . En effet , depuis le début des années 90 , cette maison d’édition publie chaque mois trois lettres d’information indépendantes , réalisées en collaboration avec les universités de Bruxelles , Gent et Leuven .
La Lettre de la santé , BodyTalk et De Eetbrief ( en néerlandais uniquement ) étaient des publications qui avaient un public fidèle et exigeant , principalement des professionnels du monde médical et paramédical .
Ces trois lettres d’info laissent désormais la place à un mensuel unique , orienté vers un plus large public , mais qui bénéficiera toujours du soutien d’un réseau éprouvé de scientifiques de haut niveau . En lisant les déclarations de Karin Rondia page suivante, on se dit que cette démarche mérite d’être encouragée. Les kiosques et les pharmacies sont remplis de publications qui n’ont pas le même respect du consommateur-lecteur, c’est le moins qu’on puisse dire. Et quel repos pour les yeux que l’absence de pub!
Et pour cette nouvelle aventure, elle a su s’entourer de collègues journalistes de santé qu’elle côtoie au sein de l’Association belge des journalistes scientifiques. Un petit monde bien sympa…

Ce qu’en dit la rédactrice en chef

C’est un mensuel qui s’adresse à tous ceux qui attachent de l’importance à leur santé, aussi bien physique que mentale, et qui ont la volonté de s’informer de manière un peu active sur le sujet.
Je veux dire par là qu’il s’agit d’aller au-delà des banalités d’usage dans les magazines qui vendent du rêve.
Par exemple, nous ne promettrons pas de «maigrir du bas» ou de tester un régime miraculeux! Comme nous n’avons rien à vendre, nous ne sommes pas tenus par des promesses fallacieuses. Notre objectif est différent: inciter les lecteurs à prendre eux-mêmes leurs responsabilités face à leur santé, en se basant sur une information fiable.
Ce ne sera pas austère pour autant! Nous avons eu la chance de pouvoir rallier au projet les meilleures plumes du pays en la matière, et je vous assure qu’on peut concilier rigueur et humour.
Nous avons aussi pu compter sur une équipe de graphistes qui ont conçu une présentation sympa, pleine de couleurs et de petits encadrés faciles à lire, etc. Enfin nous attachons beaucoup d’importance à ce que les photos des spécialistes que nous interviewons soient très soignées.
Comme dans Pulsations , j’ai à coeur de prendre le public pour des gens intelligents, qui sont capables de comprendre des fonctionnements un peu complexes comme ceux du corps et de l’esprit humain, pour peu qu’on prenne la peine de les leur expliquer convenablement.
Je trouve aussi qu’on a de plus en plus tendance à déresponsabiliser les gens en «médicalisant» la vie quotidienne et en leur laissant croire qu’il faut trouver les solutions «à l’extérieur» d’eux-mêmes. J’ai envie de rendre aux gens la volonté d’être acteurs de leur santé et non de se comporter en consommateurs passifs. D’éveiller l’esprit critique. Et bien sûr de mettre l’accent sur la prévention.
Par rapport à un tel projet éditorial, l’indépendance du magazine est cruciale. C’est l’argument qui m’a décidée à tenter l’aventure. Nous livrons un véritable travail journalistique, sur base de sources fiables de la littérature scientifique et d’avis d’experts, parfois contradictoires. En santé comme ailleurs, il y a des controverses et des débats d’idées. Nous serons loin de toute pensée unique. Question d’équilibre!

Equilibre est en vente en librairie (7,95 euros le numéro) et sur abonnement ([L]htpp://www.abonnements.be[/L]). L’abonnement annuel revient à 84 euros.

Rwanda: tabous sur le sexe, danger pour les jeunes

Le 30 Déc 20

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Butaré – L’éducation sexuelle reste un sujet tabou dans les familles rwandaises. Mais les mœurs se libéralisent… et les grossesses non désirées se multiplient chez les étudiantes. Pour les éviter, le premier cours de l’université du Rwanda porte désormais sur la santé de la reproduction.
A l’université nationale du Rwanda, à Butaré dans le sud du pays, les études commencent désormais par un cours sur la santé de la reproduction. Une mesure prise par les autorités académiques pour tenter de limiter le nombre de grossesses non désirées chez les étudiantes: environ cinq cents d’entre elles sont tombées enceintes au cours de l’année universitaire 2005. Selon le centre Dushishoze, tenu par Population services international, une ONG américaine impliquée dans la lutte contre le sida, la plupart viennent d’arriver à l’université. De nombreux bébés abandonnés ont ainsi été retrouvés dans les parages des écoles ou internats des filles.
Autre mesure prise cette rentrée 2006, l’université pourvoit les étudiants en préservatifs. Une boîte de condoms a été placée dans les toilettes. ‘ En cas d’épuisement des stocks , les étudiants réclament un ré approvisionnement rapide ‘, confie Chantal Uwambaza , Commissaire chargée du genre et de la promotion de la femme au sein de l’Association générale de l’université du Rwanda.
L’Union des femmes de l’université a de son côté mis en place la stratégie de paires éducatrices. Les filles se réunissent en petits groupe en vue d’échanger sur les changements physiques des jeunes filles et les comportements à adopter. On trouve aussi des clubs de ce genre dans certaines villes.

Les bébés sortent par le nombril

La Commission du genre et de la promotion de la femme de l’université et l’Union des femmes étudiantes (UWSA) attribuent, en effet, cette situation au manque d’éducation sexuelle des jeunes. ‘ La santé reproductive demeure un tabou dans la culture rwandaise . Aussi , malgré la libéralisation des mœurs , les filles rwandaises ne sont pas suffisamment éduquées sur leurs propres prises de décision sur les relations sexuelles ‘, constate C. Uwambaza. À l’heure actuelle, certains jeunes ayant atteint l’âge de la puberté croient toujours que les bébés sortent par le nombril. C’est la réponse que donnent encore de nombreux parents aux questions de leurs enfants.
Peu de parents ou d’éducateurs osent leur expliquer le corps humain. Dans les régions rurales, ils pensent que parler de cela aux jeunes encourage les mauvaises mœurs. ‘ Je le laisse au soin des enseignants , car je ne peux en aucun cas dévoiler ces obscénités à mes enfants ‘, affirme une mère de famille, résumant un avis courant.
Les enseignants sont dans la même situation et ne disposent pas de documentation pédagogique appropriée à chaque niveau de formation. ‘ C’est auprès de mes camarades que j’ai appris les noms et la fonction des organes génitaux . Personne à la maison ou à l’école ne pouvait les prononcer ‘, témoigne Émile, 17 ans, élève en sixième secondaire à Butaré.
Dans les écoles mixtes et même dans les villages, les conséquences de cette ignorance sont flagrantes. ‘ Au cours de l’année 2005 , nous avons enregistré une dizaine de cas de filles qui affirment avoir conçu avant leurs premières règles ‘, témoigne une infirmière de la maternité de l’hôpital Gahini, province de l’Est.

Liberté mal comprise

Les adolescents sont ainsi livrés à eux-mêmes pour découvrir la sexualité. Cependant, bon nombre de jeunes instruits sont en contact avec la culture moderne via les journaux, la télé ou Internet. ‘ Les parents devraient expliquer clairement à leurs enfants comment s’y prendre afin de contrer la mauvaise interprétation ou imitation des modernités ‘, suggère un communicateur de santé. Car il leur manque des avis critiques nécessaires pour juger de ce qu’ils voient ou entendent ‘ J’ai eu ma première couche après avoir vu ‘la porno’ à l’Internet ‘, révèle ainsi Y. T, 14 ans, de Butaré. ‘ Mes copines me poussaient à faire des relations sexuelles . Selon les connaissances de bien des adolescents , les relations améliorent la taille des jeunes filles . Mais , au premier contact , j’ai attrapé la grossesse !’, regrette M. D, après avoir suspendu ses études universitaires à cause d’un ‘ bébé inopportun ‘.
Le problème est particulièrement délicat à l’université. Les jeunes ne sont plus soumis à la rigueur de leurs parents ou éducateurs et logent dans les quartiers populaires de Butaré. Libres et responsables de leurs ‘maisons’, ils sortent et rentrent quand ils veulent. Très vite, c’est le ‘copinage estudiantin’, de jeunes couples se forment… et les grossesses non désirées se multiplient. La situation est la même dans diverses régions du pays où vont étudier des externes.
Auparavant, une étudiante enceinte était exclue d’office des études. Mais les militants de la promotion de la femme ont obtenu que les étudiantes mamans soient réintégrées dans leur établissement. Toutefois,’ une grossesse non planifiée reste onéreuse pour les étudiantes ‘, constate le directeur d’une école secondaire de Kigali. La jeune fille est obligée de suspendre ses études et ensuite de jongler entre les cours et les soins au bébé.
Albert-Baudouin Twizeyimana , InfoSud – Syfia Grands Lacs