Articles de la catégorie : Initiatives

Le gène du cancer du sein : monopole abusif

Le 30 Déc 20

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Un laboratoire américain, Myriad Genetics , a déposé une demande de brevet sur des gènes de prédisposition au cancer du sein. Ce laboratoire exige le monopole des méthodes diagnostiques et des recherches basées sur ces gènes.
Le Gouvernement belge et les Centres de génétique humaine belges ont introduit une démarche d’opposition contre cette firme.

Non aux dérives marchandes en santé publique

Le cancer du sein reste une des causes majeures de mortalité féminine . A ce titre, il fait l’objet notamment en Belgique d’un important programme de prévention et de dépistage.
Sur l’ensemble des cancers du sein et de l’ovaire, on estime que 5 à 10% relèvent d’une prédisposition familiale . Pour la Belgique, cela représente environ 500 femmes par an. Pour ces femmes, ces tests de diagnostic sont essentiels d’un point de vue préventif.
Actuellement, la société américaine Myriad Genetics renouvelle ses démarches pour obtenir un brevet européen qui couvre toutes les méthodes diagnostiques ainsi que la recherche effectuée sur certains gènes de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire. Le brevet accorderait à la société américaine le monopole de l’utilisation de ce type de tests génétiques.
Pour les patientes et pour la sécurité sociale, une telle mesure représente une augmentation énorme du coût.
Aujourd’hui, ces tests sont effectués par les Centres de génétique humaine. Le prix d’un test est de
292 €. La quote-part de la patiente est de 9 €; l’INAMI prend en charge le reste soit 283 € par test. Si le laboratoire américain devait obtenir le brevet exclusif, alors les tests belges devraient obligatoirement être faits aux Etats-Unis. Or, rien que le prix du test effectué par le laboratoire Myriad Genetics s’élève à près de 3000 €. Sans parler des frais de transport.

Patrimoine en péril

A côté du problème de surcoût, il est évident que l’attribution de tels brevets à des entreprises à vocation exclusivement commerciale représente un énorme danger pour l’avenir de la recherche scientifique et des politiques de santé publique.
Les nombreuses possibilités qu’offre – et qu’offrira encore plus demain – la recherche effectuée sur les gènes ne peuvent appartenir à un secteur de l’industrie marchande. Le gène humain ne peut pas devenir une marchandise exploitable commercialement .
A l’initiative des Mutualités socialistes, une série d’organisations se sont associées à la démarche d’opposition. Elles s’insurgent contre toute tentative de privatisation du gène humain, qui est et doit rester patrimoine de l’humanité, de la santé publique et de la recherche désintéressée.
Elles ont communiqué leur point de vue à l’Office européen des brevets (OEB).
Les organisations et institutions désirant se joindre à cette action sont invitées à prendre contact avec l’Union nationale des mutualités socialistes, Unité Consumérisme, rue Saint-Jean 32-38, 1000 Bruxelles.Courriel: dominique.plasman@mutsoc.be. Tél : 02 515 04 89.

Liste des signataires par ordre alphabétique (à la date du 04/04/2002

)
Alliance nationale des mutualités chrétiennes
Association chrétienne des invalides et des handicapés (ACIH)
Association socialiste de la personne handicapée (ASPH)
Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC)
Conseil supérieur de promotion de la santé de la Communauté française Wallonie-Bruxelles
Ecole de santé publique de l’ULB
Espace Seniors
Fédération Belge contre le Cancer
Fédération des centrales de services à domicile (CSD)
Fédération générale du travail de Belgique (FGTB)
Fédération des maisons médicales et collectifs de santé francophones (FMMCSF)
Femmes prévoyantes socialistes
Ligue des familles
Mouvement ouvrier chrétien (MOC)
Le Piment
Union nationale des mutualités libérales
Union nationale des mutualités libres
Union nationale des mutualités neutres
Union nationale des mutualités socialistes
Vie féminine

Saparlipapote, un projet ‘ langage ‘ dans les écoles

Le 30 Déc 20

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Avec une équipe de bénévoles, Infor Santé Liège pilote un projet expérimental de «bain de langage» dans une dizaine d’écoles en milieu populaire. Objectif: procurer aux enfants une stimulation au niveau du langage. L’initiative est lauréate du Prix 2001 de l’asbl Pirogue.
Des enfants des classes maternelles, un choix de livres, de belles histoires, voilà une matinée de bonheur orchestrée par «Saparlipapote». L’objectif de cette action, orchestrée par Infor Santé Liège, est d’offrir aux jeunes enfants un bain de langage, dans une relation privilégiée avec l’adulte et un cadre ludique. C’est ainsi que régulièrement une équipe de bénévoles investit l’une des dix-neuf classes de première ou deuxième maternelles qui participent à l’opération. Ils s’installent, choisissent un livre, le racontent.
Le livre, support essentiel, permet à l’enfant un repérage stable et constant du texte et de la durée de l’histoire. Le petit groupe d’enfants manipule les livres, les retourne, les feuillette, se raconte les histoires à sa manière.

Deux types de langage enfantin

«Saparlipapote» est né suite au constat d’un médecin conseil inquiet de l’augmentation constante des dossiers logopédiques décrivant un retard de langage d’origine articulatoire. Infor Santé a jugé utile d’envisager ce problème par la prévention pour éviter de le médicaliser, alors qu’un peu de stimulation, pourrait aider à le résoudre spontanément. Ainsi est née l’action «bain de langage» dans une dizaine d’écoles de la région implantées dans des quartiers populaires: Liège, Ans, Bressoux, Herstal, Seraing, Ougrée, Tilleur, Jemeppe, Huy et Comblain-au-Pont.
Infor Santé veut aussi sensibiliser les parents pour qu’ils prennent conscience de l’importance des activités ludiques partagées avec leurs enfants dès le plus jeune âge et, particulièrement, de l’importance des activités privilégiant le langage du récit.
En effet, deux types de langage environnent l’enfant. Le premier, le langage factuel, est lié au déroulement des actes quotidiens. Chacun l’utilise pour accompagner les faits et gestes de la vie: c’est un commentaire continu, sans début ni fin. Il s’agit souvent d’un langage répétitif et lacunaire qui, pour être compris, nécessite la connaissance du contexte: en effet, les phrases sont souvent incomplètes et trouvent leur référent dans une situation concrète, hors langage. Le second est le langage du récit que l’enfant repère très tôt et qui le captive. La langue du récit n’accompagne pas les événements, mais les relate à distance avec le pouvoir de bouleverser leur développement.

Un monde magique et fabuleux

La première caractéristique du langage du récit est le découpage dans le temps: le début fait attendre la fin et, entre les deux, les différents éléments de l’histoire racontée sous sa forme pure alternent tour à tour selon un rythme artificiel. Le texte n’est pas interrompu par un référent extérieur: le récit n’est référent qu’à lui-même. Les répétitions qu’il contient diffèrent des variations autour d’une situation du langage factuel. Elles ont aussi une cohérence interne et apparaissent comme un jeu et une poétique autoférente. On sait d’ailleurs que les enfants sont très exigeants quant à la répétition des termes exacts d’une histoire…
Les observations portant sur les moments que les très petits enfants consacrent aux moments de lecture et aux jeux avec les livres démontrent qu’ils sont véritablement captivés par la langue du récit, avec ses caractères fixes qui s’opposent au langage courant. Ils entrent alors dans un monde magique, littéralement fabuleux. Cet intérêt se constitue sans rupture de continuité lorsqu’ils entendent des comptines ou lorsqu’ils manipulent les feuilles des premiers albums.
Le récit peut être oral. Mais la césure importante en ce qui concerne l’acquisition de la langue et le développement de la pensée s’opère entre la langue factuelle (celle du commentaire) et la langue du récit. C’est le jeu entre ces deux langages qui est constitutif de l’acquisition du langage chez l’enfant et, avec celle-ci, plus largement, de la constitution d’un espace psychique intérieur pour l’imaginaire.

Le livre, le langage et la pensée

La constitution de cet espace intérieur est fondamentale pour le développement de l’enfant: là s’exerce sa capacité à jouer en lui-même avec les situations et les personnes qui l’entourent et sa capacité à jouer seul dans sa pensée. Il peut ainsi acquérir une liberté suffisante pour mieux se dégager de ses conflits intérieurs. L’enfant qui commence à parler ne s’y trompe pas: il va repérer très vite l’importance de deux aspects du langage, leur interaction et ce double monnayage du temps par les mots, à partir des événements et des êtres qui l’entourent. Très tôt, grâce à ses babils, il va jouer mentalement avec cette deuxième forme de langage qui l’enchante. Il va jouer ainsi avec les refrains, les comptines, les historiettes ajoutés au commentaire parlé des actes quotidiens. Tout adulte suffisamment attentif va partager cette soif dévorante de connaissances et particulièrement tout ce qui passe par la parole.
Il faut remarquer ici qu’il n’existe pas de langage du récit – cette ébauche de toute langue littéraire – sans un support institutionnalisé et concret. A l’origine, celui-ci est représenté par les personnes qui racontent, leurs gestes, leurs mimiques, leur regard, le rythme et la mélodie qu’elles donnent au récit. Et puis bien sûr, on l’a dit, l’objet-livre est un support essentiel. Le jeune enfant perçoit très vite et avec une grande acuité qu’il existe des liens entre cet objet et le langage et la pensée: c’est un ensemble très stimulant pour lui. Il perçoit la lecture et l’appropriation des images et du graphisme comme des choses à la fois proches et inaccessibles.

Plaisir de lire et de raconter

Face à cette appropriation si particulière des livres par les enfants qui apprennent à parler, l’adulte se sent parfois découragé: il lui arrive de se demander si cet enfant, qui n’est pas le sien, l’écoute vraiment et s’il sert à quelque chose de continuer l’expérience. Le remède à ce découragement est d’une grande simplicité: il réside dans le plaisir de lire et de raconter une histoire que ressent l’adulte lui-même, dans le plaisir de raconter cette histoire-là plutôt qu’une autre, à tels enfants parmi d’autres.
L’attitude des petits enfants en phase d’acquisition du langage est d’ailleurs une aide précieuse: le plus souvent, en effet, ils choisissent leurs albums avec autorité, contrairement aux plus de cinq ou six ans qui entrent dans la phase conformiste de l’enfance, sont plus inhibés et cherchent à deviner le désir des adultes. Le désir de partager le plaisir du texte avec l’enfant avant qu’il ne parle couramment existe largement aussi quand il s’agit de comptines.
Après avoir pris contact avec divers intervenants, l’équipe de «Saparlipapote» a décidé de cibler les enfants de première maternelle (3 ans) voire de deuxième maternelle quand les classes sont organisées à l’intérieur d’un cycle. Elle a choisi aussi d’agir sur un public régulier, en retournant plusieurs fois dans la même classe durant une année scolaire. L’équipe a accordé la priorité aux écoles situées en milieux populaires. Enfin, elle accorde une grande importance aux contacts avec les parents qui amènent souvent leur enfant jusque dans la classe.

24 bénévoles, 19 classes

Durant l’année scolaire 2000-2001, «Saparlipapote» a fonctionné de manière «pilote» avec deux classes. Une très bonne collaboration s’est établie avec la direction de l’école, les enseignantes et l’association de parents. C’est cette collaboration qui a permis de façonner le projet dans sa forme actuelle: «Saparlipapote» aujourd’hui, ce sont 24 bénévoles qui travaillent avec 19 classes réparties dans une dizaine d’écoles. Pratiquement, les bénévoles se rendent une fois par semaine dans l’école. Les institutrices leur confient les enfants par petits groupes de deux ou trois pour une période de 20 à 30 minutes. L’activité se déroule en dehors de la classe et s’appuie sur le support du livre, de la marionnette, des comptines. Une interaction s’établit ainsi entre l’enfant et l’adulte.
Chaque bénévole travaille avec une classe en lien très étroit avec l’institutrice. C’est elle qui constitue les petits groupes de trois. Le principe est que tous les enfants de la classe puissent bénéficier de cette activité au moins cinq ou six fois sur l’année. Le jour et le moment de l’animation sont choisis en concertation avec l’institutrice, généralement au tout début de la matinée.
Afin d’impliquer le plus possible les parents dans le projet, une rencontre est organisée durant l’année. Elle a lieu un matin, de 8 h. à 10 h. et les parents sont invités à prolonger leur présence au moment où ils amènent leur enfant à l’école. A cette occasion, une responsable de la bibliothèque du quartier est présente dans la classe et elle propose des livres adaptés aux enfants de 3 – 4 ans.

Un projet longuement mûri…

Faut-il le préciser, l’équipe apporte beaucoup de soin au choix des livres. Elle est attentive aux valeurs véhiculées par les albums. Elle a aussi le souci de choisir des ouvrages marqués par l’ouverture d’esprit, des ouvrages qui ne reproduisent pas les inégalités, sont ouverts aux autres cultures, aux autres façons de penser, à d’autres habitudes…
Le projet a été élaboré avec l’aide de plusieurs personnes ressources:
Monsieur Michel Defourny , maître de conférence à l’Université de Liège, spécialiste de la littérature pour la jeunesse. Il participe au projet français ACESS (actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations) et il est l’initiateur avec Madame Christiane Toussaint , responsable du service provincial de la diffusion et de l’animation culturelle de la province du Luxembourg, de Lis avec moi, dit bébé .
Le Docteur Anne Van Hout , neuropédiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc.
Madame Michelle Lateur de l’asbl «A.LI.SE», formatrice et animatrice au service de littérature de la jeunesse de la Ligue des Familles.
Madame Anne-Marie Terwagne de l’asbl «Autrement dit», psychologue, spécialisée en écrit, lecture et littérature. Ce sont ces contacts qui ont incité Infor Santé à privilégier le support «livre».

Lauréat du Prix 2001 de l’asbl Pirogue

Longuement mûri, le projet fait aussi l’objet d’un encadrement vigilant. «Saparlipapote» est suivi par Anne-Marie Terwagne. Elle assure la formation et la supervision des bénévoles: à cette fin, des rencontres d’échanges sont organisées trois à quatre fois par an. Le pilotage du projet est assuré par deux groupes: une équipe de professionnels et une équipe de responsables bénévoles.
Tel quel, «Saparlipapote» fonctionne à la satisfaction générale. Les demandes d’écoles affluent. L’initiative a également retenu l’attention de l’asbl Pirogue qui en a fait un de ses trois lauréats pour 2001. Cette asbl, qui fonctionne depuis 1996, distingue et récompense des actions menées en faveur de la petite enfance à risque. Un jury de six personnes (neuropsychiatre, psychologue et assistants sociaux) distingue des projets qui œuvrent pour la prévention de l’exclusion sociale et contre sa transmission intergénérationnelle. Sont ainsi récompensées tant des recherches théoriques que des actions de terrain.

Formation et évaluation

Le montant de ce prix va permettre à l’équipe de mettre l’accent sur deux points qui lui paraissent essentiels: une sensibilisation des parents par la mise au point de différents moyens et supports à construire et une évaluation plus structurée du projet en cours.
Par ailleurs, le groupe souhaite travailler l’évaluation du projet de manière plus systématique afin de confirmer son bien-fondé. Il est important, par exemple, de traiter les observations relevées par les bénévoles, les institutrices, etc.
En conclusion, il est important de dire que ce projet participe à l’égalité des chances pour tous les enfants en aidant chacun d’eux à grandir, à être capable plus tard de se prendre en charge et de devenir un adulte responsable. Il vise à mettre l’enfant au cœur de l’activité puisqu’il le traite comme un être unique, écouté par un adulte qui lui accorde toute son attention.
Personnes de contact: Nicole Elias, Infor Santé. Tél.: 04 – 230 16 14. Fax: 04 – 221 74 09. Courriel: nicole.elias@mc.be et Docteur Catherine Colle, Médecin conseil. Tél.: 04 – 221 73 74. Fax: 04 – 221 74 09. Courriel: catherine.colle@mc.be

Remboursement de référence des médicaments : qui paie la note ?

Le 30 Déc 20

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Depuis juin 2001, le remboursement des spécialités pharmaceutiques pour lesquelles il existe des alternatives moins chères est plafonné au niveau du remboursement du médicament générique équivalent. Le but de ce système est de générer des économies importantes pour l’assurance-maladie.
Ce qu’on pouvait craindre, c’est qu’une partie de ces économies se fassent au détriment du patient, sauf modification radicale du comportement de prescription des médecins, ou alignement massif du prix des spécialités de référence sur celui des copies génériques.

Ce qui devait arriver…

Les Mutualités chrétiennes ont évalué le système en extrapolant les données concernant leurs membres pour la période de juin à novembre 2001. Le résultat est sans surprise: sur base annuelle, le gain pour la sécurité sociale est de l’ordre de 57 millions d’euros. Mais, comme on pouvait s’y attendre un quart de l’économie s’est faite par un transfert des coûts vers les patients!
Le remplacement de chaque spécialité par son équivalent le moins cher aurait permis une économie supplémentaire de près de 60 millions d’euros, dont 27,5 au profit du patient. On est malheureusement loin du compte.
Médecins et patients ont beau être régulièrement informés de l’existence et du prix des médicaments génériques, cela ne suffit pas.

Que faire

?
Premier élément: prescrire et consommer à bon escient . Ce n’est pas parce qu’une spécialité est moins chère qu’une autre qu’elle est pour autant indispensable voire même simplement utile. Nous sommes dans le peloton de tête en matière de consommation médicamenteuse, et les remboursements de référence n’y ont rien changé.
L’éducation du public au ‘bon usage’ est plus que jamais pertinente, mais n’est pas simple. En effet, cette démarche va à contre-courant des valeurs triomphantes de la consommation, qui font de l’équation ‘bobo = médoc’ une évidence bien difficile à nuancer. Et la détermination de l’industrie pharmaceutique d’obtenir le droit de faire de la publicité grand public pour des spécialités sur prescription donne froid dans le dos…
La mise en place d’éléments de comparaison des profils de prescription pourrait être un bon outil de conscientisation des médecins. Les médecins peuvent trouver ce type de données (seulement celles les concernant, évidemment!) sur le site www.mc.be, avec le module ‘Med-Dial’.
Ensuite, il faut continuer à enfoncer le clou , tant auprès des patients que des médecins, qui sont visés par une campagne de dénigrement systématique des génériques orchestrée par les producteurs des spécialités de référence. De ce point de vue, le système mis en place l’an dernier a quand même eu un effet tangible, puisque la part des produits génériques dans le chiffre d’affaire des médicaments ayant un équivalent générique est passée de 6% en janvier 2000 à plus de 30% en novembre 2001.
Autre piste intéressante, la prescription en DCI (dénomination commune internationale) doit être fortement encouragée. Dans ce cas, les pharmaciens devraient être tenus de délivrer le médicament le moins cher.

En attendant

La première édition 2002 du guide Les médicaments génériques d’Infor Santé vient de paraître. Les publications des autres organismes assureurs devraient suivre. Et n’oubliez pas non plus que plusieurs sites internet fournissent cette information en la mettant fréquemment à jour.
Les médicaments génériques, brochure de 40 pages disponible à Infor Santé, chée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles. Joindre deux timbres à 0.42 € pour les frais d’envoi.

La vente de cigarettes baisse, mais pas la consommation!

Le 30 Déc 20

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Des chiffres qui donnent à réfléchir

Selon une enquête du CRIOC, réalisée par TNS Dimarso à la demande du Ministère fédéral de la santé publique auprès de 1.982 personnes au mois de décembre 2001, le pourcentage de fumeurs journaliers en Belgique était de 28% (1) et le pourcentage de fumeurs occasionnels était de 3%. Depuis 1991, le pourcentage de fumeurs journaliers oscille autour des 25 à 30% et aucune baisse du pourcentage global de fumeurs n’a été constatée (voir tableau 1).
En 2001, 69% des personnes interrogées étaient des non-fumeurs. Bien que les non-fumeurs représentent plus des deux tiers de la population, un tiers des établissements horeca (de plus de 50m²) ne disposent pas d’une zone non-fumeurs, ce qui est contraire à l’Arrêté royal du 15 mai 1990. (2)
Selon un avis des Académies royales de médecine, la mortalité causée par le tabagisme est élevée en Belgique, aussi bien en chiffres absolus (20.000 morts par an), qu’en comparaison avec d’autres Etats-membres de l’Union européenne. En Belgique, le nombre de décès entraînés par le tabac est treize fois plus élevé que le nombre de morts dues aux accidents de la route (1.500). Les accidents de la route suscitent pour l’instant, et à bon droit, une mobilisation générale dans notre pays. On peut regretter qu’il n’en soit pas de même pour le tabagisme, beaucoup plus redoutable…
En 2000, on a vendu en Belgique 13.030 millions de cigarettes et 8.716 tonnes de tabac à rouler, ce qui représente une baisse respective de 702 millions d’unités et de 699 tonnes par rapport à 2000. La baisse de ces ventes est largement due à la baisse des quantités de cigarettes achetées par les Anglais, du fait des contrôles plus stricts de la douane anglaise qui ont réduit considérablement les achats transfrontaliers.(3)
Les recettes fiscales sur les produits du tabac se sont élevées à 1.712 millions d’euros en 2001 (69.073 millions F) contre 1.793 millions d’euros (72.323 millions F) en 2000.
Jusqu’à présent, aucune recette fiscale sur les produits de tabac n’a été consacrée à la prévention du tabagisme.
L’objectif en matière de santé du Gouvernement flamand dans le domaine du tabagisme, était de réduire le nombre de fumeurs de 10% en Flandre (parmi les hommes, les femmes et tout particulièrement chez les jeunes) dans la période de 1998 à 2002. Il est presque sûr que cet objectif ne sera pas atteint. La Communauté française Wallonie-Bruxelles, de son côté, ne s’était pas assigné d’objectif quantitatif en la matière (voir tableau 2).
Un rapport récent de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) démontre que le nombre de fumeurs ne diminue pas parmi les adultes et a même augmenté parmi les jeunes dans beaucoup de pays européens dans la période 1997-2001.(4)
Bref, il n’y a pas de quoi pavoiser…
D’après un communiqué du CRIOC

L’enquête CRIOC-TNS Dimarso de 2001

Ces vingt dernières années, le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC) a fait mener chaque année une enquête auprès d’un échantilllon d’environ 2.000 personnes.
Dans la période 1982-1993, le pourcentage de fumeurs journaliers a diminué de 40% à 25%. Depuis 1991, le pourcentage de fumeurs journaliers oscille autour des 25-30% et aucune diminution n’a plus été constatée.
Une nouvelle étude du CRIOC, menée en décembre 2001 et basée sur une enquête réalisée par TNS Dimarso auprès de 1.982 personnes (à partir de 15 ans), a montré qu’il y avait en ce moment 28% de fumeurs journaliers en Belgique.
En 2000, 3% des personnes interrogées déclaraient qu’elles fumaient de temps en temps et 69% disaient ne pas fumer.
La répartition selon les régions montre qu’il y avait 28% de fumeurs journaliers en Flandre en 2001, contre 26% à Bruxelles et 29% en Wallonie.

Tableau 1: pourcentage de fumeurs réguliers en Belgique (18 ans et plus)

Hommes Femmes Total
1982 53% 28% 40%
1985 45% 27% 35%
1990 38% 26% 32%
1995 33% 24% 28%
1996 34% 27% 30%
1997 31% 22% 26%
1998 30% 23% 27%
1999 31% 26% 29%
2000 36% 26% 31%
2001 34% 22% 28%

Source: CRIOC – TNS DIMARSO

Tableau 2: le pourcentage de fumeurs réguliers en Flandre et en Wallonie (18 ans et plus)

(5) + (6)

Flandre Wallonie Ecart
1982 39% 42% +3%
1985 35% 36% +1%
1990 28% 32% +4%
1995 27% 29% +2%
1996 30% 31% +1%
1997 25% 27% +2%
1998 27% 26% -1%
1999 26% 32% +6%
2000 28% 33% +5%
2001 28% 29% +1%

Source: CRIOC – TNS DIMARSO

(1) La marge d’erreur dans un échantillon de 2.000 personnes est de 2,2%. Il n’y a pas de différence significative entre le pourcentage de fumeurs journaliers en 2001 et en 2000
(2) Données de l’inspection générale des denrées alimentaires du Ministère de la santé publique sur base de 2.036 visites dans des établissements horeca en 2001.
(3) HM Customs and Excise, Tackling indirect tax fraud, London, novembre 2001, page 13 ( www.hm-treasury.gov.uk )
(4) Conférence ministérielle européenne de l’OMS pour une Europe sans Tabac, Rapport sur la politique de lutte antitabac en Europe, Varsovie 18-19 février 2002. www.who.dk
(5)Les pourcentages pour Bruxelles peuvent varier considérablement d’une année à l’autre, puisque l’échantillon bruxellois n’est que de 180 à 240 personnes. Il n’a pas été repris dans ce tableau.
(6) À partir de 1990, les pourcentages de fumeurs portent sur le groupe d’âge de 15 ans et plus.

Alliage, une autre approche de la toxicomanie

Le 30 Déc 20

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Voici une asbl qui s’occupe de toxicomanes. Une de plus direz-vous… oui mais elle propose une approche assez inhabituelle. Nous avons rencontré Dominique Delvin , directrice de l’asbl, et Jocelyne Vouloir , psychologue, pour découvrir cette structure.
ES : Votre asbl a pour objectif la prise en charge de toxicomanes. Quelle est sa spécificité?
Alliage : Depuis 1994, Alliage organise des séjours de longue durée en famille d’accueil pour toxicomanes sevrés. Ces séjours se déroulent en milieu rural, dans des familles d’agriculteurs ou d’artisans. Cette formule s’adresse aux toxicomanes sevrés âgés de 18 à 35 ans désireux de se réapproprier leur propre vie et de réintégrer la vie sociale.
ES : Quel est l’intérêt d’un séjour en famille d’accueil?
Alliage : Nous travaillons avec des familles chaleureuses, structurées, désireuses d’accueillir une personne en difficulté momentanée et de l’aider à s’en sortir. L’accueilli peut y faire l’expérience de relations affectives authentiques, saines et équilibrées qui lui permettent de trouver des structures, des rythmes de vie, de partager les plaisirs et les responsabilités de la vie familiale, de nouer des relations sociales et affectives, voire d’acquérir une expérience professionnelle et un métier. Tout au long du séjour, famille et accueilli sont épaulés par notre équipe.
Notre travail se base sur les ressources du patient et de la famille. Nous demandons au patient de s’adapter à la famille et non le contraire. Le contexte familial permet à l’accueilli de revivre certaines difficultés comme la rivalité entre enfants, l’intérêt différent porté par les parents aux membres de la famille… Cela suscite des émotions, des réactions chez l’accueilli que nous pouvons retravailler avec lui.
ES : Le travail d’accueil en famille est un mode d’intervention particulier qui ne peut pas concerner tous les toxicomanes; avez-vous d’autres pistes d’intervention?
Alliage : Depuis 1996, nous proposons un groupe de parole « parents-solidarité » qui permet à des parents de jeunes consommateurs de stupéfiants de se rencontrer et de confronter leurs expériences et attitudes. Par le biais de l’échange, ces parents peuvent partager leurs problèmes et acquérir de nouvelles perspectives et comportements leur permettant d’amener leur enfant à réduire et à cesser sa consommation. Ce groupe n’a pas pour but d’entretenir une sinistrose mais de permettre aux parents de prendre du recul, de relativiser, de souffler, de retrouver quelque chose de l’ordre du plaisir dans leur vie personnelle. Au départ, ils sont tellement préoccupés, ils ont peur, toute la vie familiale tourne autour de ce problème. Le groupe leur permet par les échanges entre parents, de découvrir d’autres points de vue, d’autres comportements, de croire à nouveau en leur rôle parental, de casser les phénomènes de co-dépendance.
Nous proposons également des consultations psychothérapeutiques individuelles et familiales. Ces entretiens ont pour but de clarifier pour les consultants les causes profondes d’une toxicomanie afin de trouver une issue à celle-ci. De temps en temps, nous proposons aussi des rencontres-conférences sur des thèmes tels que le rôle parental, la toxicomanie,…
ES : Avez-vous d’autres dimensions d’intervention que vous souhaiteriez développer?
Alliage : Oui, nous avons d’autres projets : constituer un groupe de parole pour jeunes consommateurs de stupéfiants, des groupes d’expression pour enfants de parents toxico-dépendants, des suivis de toxicomanes à domicile, la création de nouvelles antennes itinérantes pour les consommateurs en Wallonie.
Propos recueillis par Bernadette Taeymans
Cette structure est subsidiée par la Cocof et la Région wallonne. Pour en savoir plus, vous pouvez contacter l’asbl Alliage, chaussée d’Alsemberg 488, 1180 Bruxelles, tél. : 02-346 94 08.

Les accidents d’enfants, épidémie du 21e siècle

Le 30 Déc 20

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Dans l’Union européenne, la mort suite à un accident chez les enfants entre 1 et 14 ans est deux fois plus fréquente qu’une mort par cancer et huit fois plus fréquente qu’un décès suite à des problèmes respiratoires. Cela signifie qu’il y a chaque semaine 100 morts évitables parmi les enfants de l’Union européenne, suite à un accident de la route ou un accident à la maison, à l’école ou dans une plaine de jeux. Combien d’enfants mourront encore avant qu’on instaure une approche coordonnée pour remédier à ce problème?
A l’occasion de l’anniversaire de la signature de la Charte sur les Droits des Enfants au sein de l’ONU, qui a eu lieu le 20 novembre 1989, la European Consumer Safety Association (ECOSA) a annoncé l’entrée en action de la European Child Safety Alliance en vue d’améliorer la prévention des blessures chez les enfants. Elle a présenté son Livre blanc, intitulé Priorities for Child Safety in the European Union: agenda for Action . Les résultats de recherche, qui sont dévoilés dans le Livre blanc, montrent clairement que les accidents d’enfants ne reçoivent pas assez d’attention.
La European Child Safety Alliance d’ECOSA lance en même temps un appel d’urgence à toutes les administrations des Etats membres, et plus particulièrement aux départements de la Santé publique et à la Commission européenne, pour un engagement commun renforcé, afin d’aboutir à une réduction du nombre de décès prématurés et de handicaps suite à des accidents concernant des enfants. Dans son rapport, la European Child Safety Alliance donne des détails pour cinq actions concrètes. Chaque Etat membre devrait
– rentrer, tous les deux ans, une fiche d’enregistrement qui décrit la gravité des blessures chez les enfants ainsi que les actions de prévention qui ont été menées;
– dégager des moyens pour la recherche concernant les blessures chez les enfants;
– élaborer des directives européennes, qui seront évaluées, imposées et transposées en droit national;
– organiser des campagnes annuelles sur la sécurité des enfants afin de sensibiliser le public européen;
– développer des plans stratégiques aux niveaux national et européen, qui comprennent des objectifs concrets pour réduire le nombre de blessures chez les enfants. Les enfants ont droit à un environnement sûr. Chaque jour, on pourrait sauver des vies au prix d’un engagement commun en faveur de la prévention des traumatismes de ce public si vulnérable. d’après le communiqué de presse de ECOSA European Child Safety Alliance, ECOSA, PO Box 75169, 1070 AD Amsterdam. Tél.: + 31 20 511 4500. Fax: + 31 20 511 4510. Internet: https://www.ecosa.org .
Les correspondants pour la Belgique sont Kind & Gezin et le CRIOC (Carine Renard, au 02-547 06 82).

La Cellule d’experts de l’Outilthèque-santé

Le 30 Déc 20

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Carte d’identité

Identification: Outilthèque-santé.
Prénom: PIPSa (pour Pédagogie Interactive en Promotion de la Santé).
Nationalité: belge.
Parrain: Union nationale des Mutualités socialistes.
Marraine: Communauté française de Belgique.
Date de naissance: 01/09/99.
Profession: centre de référence des jeux et outils pédagogiques utiles en promotion de la santé.
Activités principales: informer, évaluer, rechercher, former.
Signes distinctifs: attractivité, convivialité, interactivité.
L’Outilthèque-santé est un centre de référence de jeux et d’outils pédagogiques en promotion de la santé. Elle développe un processus d’assurance de qualité autour de ces outils, en vue d’augmenter le nombre et la validité scientifique et pédagogique des outils de prévention. Ces informations sont accessibles aux utilisateurs via le site Internet https://www.pipsa.org .

Mode d’emploi

Depuis janvier 2000, une Cellule pluridisciplinaire d’experts se réunit 4 fois par mois autour des outils pédagogiques disponibles afin d’évaluer les outils et de rendre un avis nuancé sur leurs potentialités d’utilisation.
Pour prendre distance avec la subjectivité individuelle et le «jugement spontané», les experts disposent d’une grille d’analyse à plusieurs critères:
– scientifiques (rigueur et pertinence);
– psycho-pédagogiques (implication individuelle, collective, construction des apprentissages,…);
– formels (esthétique, originalité, solidité,…).
Après un temps d’analyse individuel, les différents avis sont confrontés en vue de produire une appréciation globale qui intègre ces informations. Des critères de qualité supplémentaires (cohérence interne et externe, attractivité, interactivité, disponibilité, présence d’une méthodologie d’exploitation, etc.) permettent d’attribuer ou non, la mention «coup de cœur» de PIPSa à l’outil analysé.
Le «coup de cœur» de PIPSa n’est malheureusement pas un chèque en blanc pour réussir une action en promotion de la santé. Cette mission d’expertise et la production d’un avis nuancé permettent néanmoins d’attirer l’attention du futur utilisateur de l’outil sur ses points forts et ses points faibles, d’en suggérer des pistes d’exploitation, de rendre visible ce qui ne l’est pas au premier abord.
L’outil pédagogique n’est que la pointe visible de l’iceberg. Dessous, il y a un utilisateur, un public, un lieu d’utilisation, un cadre d’utilisation, un projet, des objectifs, des moyens, etc.
L’outil pédagogique n’est qu’un support, il a besoin d’un médiateur pour lui donner une âme, pour le faire vivre et pour en exploiter toutes les potentialités.
C’est dans cet espace de liberté que l’expérience, la créativité, l’interaction avec le public-cible prendront toute leur place.
Catherine Spièce , Service Promotion de la santé de l’UNMS
Voir en page 19 notre appel aux candidats experts.

Imag’in le corps

Le 30 Déc 20

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Un grand concours intitulé «Imag’in le corps» est lancé par le service ESPACE Santé et la Communauté française, secteur promotion de la santé, dans le but de susciter auprès des étudiants de 16 à 28 ans l’envie d’expliquer le corps humain en lien avec les sciences, les mots ou l’art (voir aussi l’annonce en page 20).

Invitation à créer

Il s’agit d’un concours de production «d’œuvres» de vulgarisation ayant pour thème le corps et son fonctionnement naturel. Ces œuvres originales seront scientifiques et/ou littéraires et/ou graphiques et/ou pédagogiques.
Expliquer à qui? Le public auquel les productions s’adresseront est constitué d’enfants et d’adolescents selon 3 tranches d’âge: 5 à 7 ans, 8 à 10 ans et 11 à 15 ans.
Les participants au concours peuvent se former pour des professions très diverses tels que animateur(trice), biologiste, chimiste, comédien(ne), dessinateur(trice), écrivain(e), éducateur(trice), enseignant(e), infirmier(e), kinésithérapeute, logopède, ludothécaire, musicien(ne), parolier(lière), pédagogue, pharmacien(ne), photographe, professeur(e) d’éducation physique, de français, de sciences, de cours techniques, psychologue, psychomotricien(cienne), vidéaste et encore…
Leur point commun est, au travers de leurs cours ou de leurs activités de loisirs, la découverte d’un des aspects du corps humain dans son fonctionnement physique ou mental en santé et le désir de le communiquer à des plus jeunes.
Ils peuvent être de 1 à 4 personnes acteurs(trices) du même projet.

Formes d’expressions multiples

Tous les moyens d’expression et de communication sont les bienvenus: bande dessinée, chanson, conte, démonstration, dessin, explication, expérience, histoire, illustration, maquette, jeu, montage, photo, poème, scénario, schéma, texte.
Le concours s’organisera en 2 temps. Une présélection de 30 projets sera réalisée par le comité du même nom. Celui-ci sera constitué d’acteurs scientifiques, de la santé, de la pédagogie et de créateurs. Un large partenariat interdisciplinaire se met en place.
Le concours se déroulera sur l’année scolaire 2002-2003. La première phase sera clôturée au 15 novembre 2002. La deuxième phase sera clôturée au 15 avril 2003. Les prix seront proclamés avant le 30 juin 2003.
Les prix émanent des sponsors publics et privés. Il y aura un premier prix de 1000 €, mais aussi des voyages, des entrées à des concerts et festivals, des bons d’achat, des prix en espèces et des prix sous forme de soutien à réalisation, le tout pour une valeur de plusieurs milliers d’euros.

Transmettre l’invitation

Vous êtes enseignant, animateur, formateur, ou encore professeur de français, d’éducation physique, de pédagogie, de sciences, d’arts graphiques, d’arts de la parole, de promotion de la santé. Vous recevez des stagiaires dans vos services qui doivent réaliser des travaux pratiques. Les informer, c’est déjà participer.
Jeanne-Marie Delvaux , ESPACE Santé
Le règlement complet du concours et le bulletin d’inscription sont disponibles auprès des centres locaux de promotion de la santé et à ESPACE Santé, rue de l’Université 1, 4000 Liège. Tél.: 04-223 01 50. Télécopie: 04-223 01 80. Courriel: espace.sante@euronet.be. Internet: https://www.espacesante.be .

La sécurité des aliments, comment y parvenir ?

Le 30 Déc 20

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Une exposition interactive destinée aux 10-14 ans apporte des réponses.
L’exposition est une création de la Plate-forme Sécurité Alimentaire. La Plate-forme a été constituée dans le cadre de la campagne d’information sur la sécurité alimentaire de la Commission européenne. Cette campagne est coordonnée pour la Belgique par le Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC). La Plate-forme rassemble des organisations de consommateurs, des représentants du secteur agricole, de l’industrie alimentaire et de la distribution, ainsi que des ministères de la santé publique, des affaires économiques et de l’agriculture.
L’initiative est née d’un sondage réalisé par la Plate-forme. Il montre que les jeunes sont assez bien informés des principes de base de la sécurité des aliments. Mais la médiatisation des crises que le secteur alimentaire a connues a ébranlé leur confiance et leur fait douter de l’importance de leur rôle dans le processus. Seulement un quart des jeunes affirment que la sécurité alimentaire est un sujet discuté à l’école. D’où cette exposition interactive.
Quatre espaces sont proposés à la curiosité et à la sagacité du public: la ferme, la fabrique, le magasin et la maison. Trois bestioles accompagnent les visiteurs d’une zone à l’autre. Elles représentent les trois types de contamination des aliments: microbiologique, chimique et physique. Pour les éliminer, les maillons de la chaîne alimentaire usent du contrôle interne, de normes de stockage, de la maîtrise de la température, de traitements pour prolonger la conservation, de normes d’emballage. Tout cela sous l’œil des autorités publiques qui mettent en place des initiatives de traçabilité.
Des questions relatives à ces zones (agriculture, industrie alimentaire, consommateur, distribution) sont posées en guise d’interpellation. Les réponses apparaissent en un rien de temps.
Un échantillon d’interrogations (gageons qu’elles n’intrigueront pas que les 10-14 ans): qu’y a-t-il de particulier à la technique intégrée du fruiticulteur? Qu’est-ce qui est interdit quand l’animal est en période dite d’attente? Pourquoi l’industrie alimentaire chauffe-t-elle un aliment à une température de 70°C? Quels aliments portent le même numéro de lot? A quelle température la viande fraîche doit-elle être stockée en magasin? A quoi sert le code barres?
Comment s’appelle le processus qui fait que dans la cuisine les microbes passent d’un aliment à l’autre?
Après une année de voyages et de visites guidées proposées par le CRIOC, l’exposition pourra être accueillie par toute institution ou commune en faisant la demande au 02-547 06 93. Le commentaire devra en être assuré par les enseignants (ou autres professionnels) sur base d’un dossier pédagogique, lequel permettra aussi éventuellement d’aller plus loin en classe. Deux affiches (gratuites) résument le contenu de l’exposition.
Véronique Janzyk

Vous avez dit bilan de santé ?

Le 30 Déc 20

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D’où partons-nous?

Plusieurs constats alimentent la réflexion de l’Institut de médecine préventive (IMP) de la Société scientifique de médecine générale (SSMG) depuis quelques années et sont à la base d’un travail permanent de recherche et de formation de certains de ses membres.
Le premier constat tient sans nul doute aux réalisations insuffisantes auprès de la population en matière de santé publique et de promotion de la santé: les couvertures vaccinales ne sont pas satisfaisantes dans bien des cas, le dépistage des cancers est peu efficient, des thèmes spécifiques de prévention laissent à désirer (saturnisme chez les enfants, pollution, etc.) et les axes généraux de la promotion de la santé sont parfois peu appliqués (participation des citoyens, travail des professionnels en réseau, etc.).
La place privilégiée du médecin généraliste est le second constat posé par l’IMP. Les médecins généralistes sont en effet reconnus d’une part par la population comme scientifiques de proximité, librement choisis et nantis d’un capital confiance et d’autre part par les décideurs politiques et les responsables sanitaires, comme le maillon essentiel de la réussite des actions de santé dans la dernière ligne droite: la relation directe et personnalisée avec toute la population.
Il est vrai que la couverture de la population par le réseau des médecins généralistes belges est importante: 90% pour l’ensemble du pays et 80% à Bruxelles. De plus, 80% des Belges ont au moins un contact avec leur médecin de famille chaque année et le nombre moyen de contacts par habitant et par an est de 5,9.
La place privilégiée des médecins généralistes se heurte cependant à un troisième constat: les obstacles et difficultés que les omnipraticiens rencontrent lorsqu’ils s’impliquent en prévention et en promotion de la santé sont nombreux: formation de base inadéquate, consensus flous incitant à l’abstention, concurrence des services spécialisés, absence de demande explicite des patients (alors qu’elle existe bien implicitement), démarches intellectuelles différentes des contacts curatifs habituels, résultats non visibles, absence de logistique, lourdeur administrative, absence de financement, manque de soutien des autorités…
En 2001, ces constats ont mené l’IMP dans une nouvelle recherche: clarifier les bases d’une implantation concrète des priorités de promotion de la santé dans les pratiques quotidiennes des médecins généralistes de la Communauté française. Ce projet fut réalisé avec le soutien de la Communauté française et réunit plusieurs partenaires: la Fédération des maisons médicales, la Fédération Belge Contre le Cancer, le Centre de référence pour le dépistage du cancer du sein et le Service communautaire de promotion de la santé – asbl Question Santé.

Un peu de méthodologie…

La première étape de ce projet consista à réunir un maximum d’experts concernés par l’implantation des priorités préventives en médecine générale. Outre les représentants des partenaires cités ci-dessus, chaque responsable de commission ou de projet au sein de l’IMP fut donc convié à participer à la réflexion. Cela représente une quinzaine de médecins généralistes actifs sur le terrain.
C’est la technique du groupe nominal qui fut utilisée pour définir les priorités sur lesquelles travailler. Chaque expert devait réfléchir en silence aux 5 axes préventifs qu’il considérait comme prioritaires. Un tour de table permit ensuite de lister ces thèmes. On y retrouve:
– le cancer du sein;
– l’alcool;
– l’hypertension artérielle;
– le cholestérol;
– le diabète;
– le BMI;
– l’obésité abdominale;
– le tabac;
– le cancer du col;
– l’ostéoporose;
– la vaccination;
– l’activité physique;
– le cancer de la prostate;
– le cancer du côlon;
– la ménopause (traitement hormonal de substitution, lipidogramme, glycémie, etc.);
– l’examen préconceptuel (sérologie, thyroïde);
– les accidents domestiques;
– les troubles psychosociaux et mentaux;
– la souffrance et la douleur;
– la maltraitance;
– les maladies mentales;
– l’environnement.
La discussion permit un large échange sur les arguments pour et contre chaque thème. Il fut enfin décidé de s’atteler aux 5 thèmes cités le plus fréquemment, en gardant à l’esprit que d’autres sujets mériteraient que l’on s’y attarde même si cela ne se faisait pas dans l’immédiat.
Les 5 thèmes retenus furent donc: les dépistages du cancer du sein et du cancer du col, les vaccinations, l’identification des risques cardiovasculaires (qui regroupe l’HTA, le cholestérol, le diabète, le BMI et l’obésité abdominale), la lutte contre le tabagisme et la lutte contre la consommation excessive d’alcool.
La recherche sur l’implantation de ces priorités en médecine générale pouvait alors commencer. Une grille fut élaborée de manière à objectiver un maximum de critères pouvant intervenir dans la définition des stratégies à mettre en place pour favoriser la participation des médecins généralistes dans la prise en charge des thèmes sélectionnés.
Comme le cancer du sein était le plus souvent cité au cours de la discussion précédente, ce thème fut sélectionné pour tester la grille et affiner celle-ci. Les points considérés systématiquement concernent l’existence d’une stratégie de prévention scientifiquement reconnue, les bénéfices attendus de celle-ci (en tenant compte de son efficacité, de la gravité et de la fréquence de la maladie, etc.), l’acceptabilité de cette stratégie pour les médecins généralistes (en terme de réticences et de motivations), la faisabilité pour les médecins généralistes (et les besoins y afférents) ainsi que l’acceptabilité de la stratégie pour le public-cible.
Un travail de réflexion fut ensuite lancé dans 5 sous-groupes thématiques constitués chacun de 3 à 4 personnes.
Le cahier des charges de chaque sous-groupe était le suivant:
– échanger sur tous les aspects en lien avec la prévention dans le cadre du thème du sous-groupe;
– sur base des grilles élaborées, établir un relevé aussi large que possible des pratiques déjà existantes, des pratiques possibles, des éléments facilitateurs (existants ou à créer), des difficultés rencontrées ainsi que des solutions envisageables.
Pour mener cette tâche à bien, un responsable fut identifié dans chaque sous-groupe. Son rôle consistait à rassembler les contributions de chacun et à fournir à l’IMP un document de synthèse des propositions de son sous-groupe.

Les résultats

Les synthèses des 5 sous-groupes, basées en grande majorité sur les grilles, permirent de développer une analyse approfondie de chaque stratégie. Celles-ci furent présentées à tous lors d’une réunion plénière.
Il restait alors à l’IMP à tirer sa ligne de conduite: quels sont les besoins communs? Sur quoi agir en premier et comment?
Pas moins de 13 pistes furent évoquées au cours de cette réunion. Parmi celles-ci: agir sur les universités de manière à faire de la médecine préventive un objectif d’enseignement à part entière, faire de même en formation continue, informer continuellement et clairement les médecins de terrain sur les consensus existants, apprendre à travailler en réseau (tant à un niveau inter-organisationnel qu’au niveau plus individuel), favoriser l’accès aux informations via un lieu centralisateur de données, élaborer et diffuser des outils rappelant les consensus et recommandations actuels relatifs aux priorités choisies, avec accès aux références bibliographiques, mettre à disposition du matériel d’information pour les patients, permettre l’accès aux informations et outils pour le patient via internet, soutenir certains aspects administratifs tels que l’envoi de lettres de rappel, valoriser le Dossier médical global, faire en sorte que les logiciels médicaux et le dossier médical informatisé intègrent aisément les aspects préventifs dans la gestion des données des patients, valoriser le travail nécessaire pour prendre en charge la santé globale des individus en mettant par exemple en place une consultation périodique uniquement tournée vers la prévention.
Parmi ces pistes, l’une d’entre elles, en l’occurrence la dernière citée, a donné lieu d’emblée à un projet d’action: le bilan de santé. En effet, la mutuelle Partena désireuse d’offrir à ses affiliés de 25 à 69 ans une consultation préventive gratuite bisannuelle, contacta l’IMP pour définir le contenu de cette consultation. Ce projet se présente comme une opportunité, une manière parmi d’autres de lancer un enracinement de la prévention sur le terrain (et ce, au niveau du patient comme au niveau du médecin). Il s’agit donc d’un projet-pilote dont l’évaluation sera primordiale. A ce propos, un formulaire reprenant les différents items proposés par l’IMP est confié au patient. Il est prévu que ce formulaire soit complété (par le patient et par le médecin), une copie restant dans le dossier médical tandis qu’une autre copie, anonymisée, est renvoyée à la SSMG pour l’évaluation. Le contenu du formulaire porte en effet sur la démarche préventive et non sur l’état sanitaire du patient.
Ce projet permet donc à l’IMP de concrétiser sans tarder le fruit de sa réflexion et d’approfondir l’analyse des obstacles aux démarches préventives en médecine générale.
Pascale Jonckheer , Institut de médecine préventive de la SSMG *
Adresse de l’auteur: Société scientifique de médecine générale, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles. .
* Toutes les personnes ayant participé à la réflexion commune sont, en quelque sorte, elles aussi les auteurs de cet article.

Liste des participants à la réflexion

Coulon Juan
Danthine Edmond
Delvoye Pierre
De Muylder Régis
Dor Bernard
Dufour André
Gailly Jeannine
Gourdin Paul
Grivegnée André
Jonckheer Pascale
Laperche Jean
Legat Pierre
Litt Vincent
Mouawad Fadi
Trefois Patrick
Vandenbroucke Anne
Vander Steichel Didier
Vanhalewyn Michel

Le bilan de santé concrètement

La Mutualité libre Partena offre à ses affiliés âgés de 25 à 69 ans l’opportunité de bénéficier tous les deux ans d’une consultation basée sur la prévention, et non sur le traitement d’une maladie. C’est le bilan de santé .
La Mutualité prend en charge le ticket modérateur, ce qui en fait une consultation gratuite si le médecin généraliste applique les tarifs de l’accord médico-mutuelliste.
Les données individuelles collectées à cette occasion seront traitées de manière anonyme et dans le respect du secret médical. Elles alimenteront une enquête consacrée à l’étude des comportements de prévention de la population.

Prévention sida en milieu carcéral

Le 30 Déc 20

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Depuis plus de trois ans, l’A.S.B.L. Service Education pour la Santé (SES) située à Huy, développe un programme de prévention du Sida, des hépatites et des maladies sexuellement transmissibles (MST) essentiellement en milieu carcéral.
Subsidiée par la Communauté Française et bénéficiant de l’aide de la Région Wallonne, l’équipe Prévention Sida-Hépatites-MST du SES travaille avec les établissements pénitentiaires de l’arrondissement de Huy-Waremme, ou qui en sont proches, à savoir les prisons de Huy, Marneffe et Andenne. Soit près de 600 détenus et 460 membres du personnel.
Nous avons rencontré deux collaborateurs du SES Huy, Mark Freyens et Sabine Dewilde.

Education Santé: En quoi consiste votre projet ?
SES Huy
: L’objectif est d’instaurer une dynamique globale de prévention du Sida, des hépatites et des MST en milieu carcéral auprès d’un maximum de personnes (détenus, surveillants et intervenants) afin de réduire le nombre de contaminations et de lever des tabous.
ES: Pourquoi avez-vous choisi d’orienter votre action vers les prisons ?
SES Huy
: Les chiffres sont là : par rapport à la population en Belgique, 15 à 20 fois plus de détenus sont porteurs de l’hépatite C, 10 fois plus du Sida et 4 fois plus de l’hépatite B. La proportion de toxicomanes est importante et représente souvent plus de la moitié des détenus. Ajoutons à cela que bon nombre de détenus sont issus de populations précarisées, ce qui signifie souvent une mauvaise prise en charge de leur santé et une difficulté d’accès à l’information et aux soins. Cette concentration plus importante de personnes porteuses de ces virus ainsi que les comportements à risque adoptés en milieu carcéral exposent les autres détenus mais aussi le personnel carcéral, les familles et autres personnes rencontrées lors des congés pénitentiaires ou libérations.
ES: Vous parlez des comportements à risque dans le milieu carcéral. Qu’en est-il précisément des modes de transmission en prison ?
SES Huy
: Pour le personnel pénitentiaire, il y a les contacts avec les détenus lors des fouilles ou autres interventions. Pour les détenus quant à eux, il y a des pratiques telles que le tatouage, le piercing, … mais le mode de transmission le plus délicat à aborder est celui des relations sexuelles : qu’elles soient consentantes ou non. En prison, c’est un réel problème, les directions ferment souvent les yeux. Cela reste un sujet tabou ou peu abordé.
ES: Concrètement, en quoi consiste votre programme ?
SES Huy
: Notre stratégie est de mettre en place des séances d’information pour les professionnels et pour les détenus concernant la prévention de ces maladies.
Au départ, il n’y avait pas de demande des institutions pénitentiaires. Cela a nécessité un important travail pour l’implantation du programme : analyser les structures formelle et informelle, identifier et prendre en compte les différents acteurs, appréhender la culture institutionnelle, constituer progressivement un réseau par lequel l’information est véhiculée.
Après accord, le travail en milieu carcéral a démarré progressivement dans les prisons de Huy, Marneffe et Andenne. Qu’on soit convaincu ou non du libre arbitre en la matière, la formation doit avoir un caractère obligatoire; en effet, les inscriptions volontaires, cela ne fonctionne pas ! Tous les prétextes d’un coté comme de l’autre sont bons pour éviter les situations qui ne paraissent vraiment pas prioritaires pour les protagonistes en prisons.
ES: Et quelles sont vos collaborations ?
SES Huy
: Hormis les réseaux qui se sont construits dans les prisons, nous collaborons avec le Service de santé pénitentiaire dont la mission est préventive et curative. Ce service soutient notre travail, il fait même l’hypothèse que si ces formations étaient proposées par un service interne, elles seraient moins crédibles!
ES: Et les formations elles-mêmes, comment se déroulent-elles ?
SES Huy
: Nous travaillons par groupes de 8 personnes. Les participants ont ainsi l’occasion de s’exprimer et se sentent en général très concernés. C’est un module de 2 heures qui reprend des informations de base sur le Sida, les hépatites A, B, et C ainsi que d’autres MST. Nous mettons la priorité sur les moyens de protection : les préservatifs, les gants pour la fouille,… Notre souci est également d’avoir une approche globale en termes de bien-être physique, d’hygiène de base. Mais le temps de formation est court !
Le fait d’être animateur extérieur met les participants en confiance. Vis-à-vis de nous, ils veulent se dégager de leur image de détenu, c’est un peu une soupape pour eux. Avec les détenus, nous travaillons toujours à deux pour l’animation. Dans la gestion de la dynamique du groupe, nous installons un climat de confiance permettant de poser des questions, de partager. Mais cela n’empêche pas qu’il y ait des moments critiques à gérer. Il y a de l’énergie, de l’électricité qu’il faut canaliser. Par exemple, certains détenus estiment que les personnes dépistées hépatite C positif, devraient être isolées. Nous ne pouvons pas adhérer à ce type de ségrégation. Nous pouvons entendre et comprendre l’inquiétude de ceux qui l’expriment et tenter de dédramatiser les réactions.
ES: Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
SES Huy
: Tant au niveau du personnel que des détenus, il y a un turn-over important. Cela signifie qu’il faut renouveler régulièrement les séances d’informations ainsi qu’identifier et contacter de nouveaux relais internes.
D’autre part, notre intervention est seulement tolérée et l’information que nous apportons est souvent en contradiction avec les moyens mis à disposition des détenus. Avec Modus Vivendi , nous militons pour la mise à disposition de préservatifs même si la réaction de certains responsables a été de dire «cela va créer un besoin sexuel, ils ne sauront plus se tenir,… ». Même lorsque l’accord est formel, nous ne sommes pas beaucoup soutenus dans les faits ; nous ne faisons pas partie du schéma institutionnel.
Il y a également des difficultés pratiques. Où stocker les préservatifs pour un accès facile ? Comment assurer un minimum de confidentialité ? Nous voudrions qu’ils soient mis à disposition dans chaque section, de manière libre et en quantité suffisante plutôt qu’à l’infirmerie où le détenu doit demander une autorisation pour s’y rendre et où l’anonymat n’est pas assuré. Les prisons de Huy et d’Andenne sont d’accord sur le principe mais n’ont pas encore choisi le lieu.
ES: Vous proposez des formations mais comment pensez-vous assurer la continuité de vos interventions ?
SES Huy
: Théoriquement et dès le début, notre objectif a été de rendre les intervenants autonomes dans ce travail de prévention mais il est difficile de trouver des relais internes stables et convaincus. Parmi les intervenants en milieu carcéral, les infirmiers seraient les mieux placés mais ils ont souvent un statut d’indépendant et de nombreuses tâches administratives à remplir. Nous avons donc dû revoir nos ambitions à la baisse : actuellement nous identifions des personnes-relais qui prennent en charge certaines questions plus pratiques.
La formation des agents pénitentiaires dépend du Ministère de la Justice. Nous espérons obtenir un financement de ce côté pour garantir la pérennité de ce travail de prévention.
Propos recueillis par Bernadette Taeymans
Pour en savoir plus, A.S.B.L. Service Education pour la Santé, Equipe prévention Sida – Hépatites- MST, chaussée de Waremme 139, 4500 Huy. Tél./fax : 085-21 25 76, courriel : ses.hesbayecondroz@wanadoo.be

Le mur qui parle

Le 30 Déc 20

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En mai dernier, le centre scolaire Pierre Paulus à St Gilles (Bruxelles) était sous le feu des projecteurs. Élèves, professeurs, parents, journalistes, sympathisants étaient tous venus inaugurer une fresque de 100m2 réalisée dans le préau de l’école. Trois murs couverts de graffes colorés et éloquents témoignent du travail de réflexion mené par les jeunes sur le thème ‘Dépendances/Autonomies’.
Marianne Dehouck , professeur de math, de sciences et coordinatrice pédagogique, a suivi l’histoire de ce projet de très près. « Depuis plusieurs années, nous travaillons sur des projets de prévention aux assuétudes au sein d’un groupe circulaire, groupe où la parole circule) composé de professeurs de différentes écoles, d’éducateurs, d’Infor-Drogues, de la Cellule de prévention de St Gilles… » nous confie-t-elle. « L’année passée, au centre scolaire Pierre Paulus, nous avons plus particulièrement abordé le thème ‘autonomies-dépendances’ au sens large, pas uniquement par rapport aux drogues. Parler de dépendances au GSM, à l’argent, à la nourriture provoque moins de gêne pour parler d’autres types de dépendances. Il y a eu une exposition à la Maison du Livre à St Gilles et une parodie d’un défilé de mode. Les élèves avaient fabriqué des costumes à partir d’éléments de dépendances. Ces événements ont eu beaucoup de succès. Le sujet était loin d’être épuisé, alors nous l’avons à nouveau proposé cette année
Chapeauté par Infor-Drogues, le Centre scolaire Pierre Paulus réfléchit à un projet qui resterait permanent au sein de l’école et qui impliquerait les différentes classes. Le préau s’impose. L’endroit n’était pas agréable, les bruits s’y amplifiaient et rendaient les récréations peu relaxantes. La section ‘construction métallique-soudage’ a placé des panneaux d’insonorisation sur le plus grand mur avec le projet de le recouvrir d’une immense fresque.
« Nous avons rencontré l’artiste Jihef de la Fondation Jacques Gueux. Il fait des graffes dans Bruxelles» reprend Christiane Dehouck. « Pendant une semain, il a travaillé avec une équipe de 6 jeunes par jour ». Les élèves participant au projet sont tous volontaires. Ce sont leurs profs qui leur ont présenté le projet. Ensemble, ils ont discuté des thèmes qu’ils voulaient exploiter par la peinture. Les jeunes ont d’abord réalisé des croquis sur papier. Puis, ils les ont présentés aux différents partenaires du projet: la direction, le proviseur, l’équipe d’Infor-Drogues et la Cellule de prévention de St Gilles. Certains dessins, comme celui représentant un jeune qui fume du cannabis, ont fait l’objet de débats. Aux enseignants opposés à voir ce graffe bombé dans le préau, les jeunes ont répondu que même pour ceux qui ne fument pas, le cannabis reste un sujet de préoccupation, qu’ils sont face au choix d’en prendre ou de ne pas en prendre.
Ce n’est donc pas un hasard si ce mur a été baptisé ‘Le mur qui génère la parole’.

Cannabis, vitesse et école broyeuse…

« Un seul groupe a choisi d’aborder le thème du cannabis. Les jeunes qui ont réalisé ce graffe ont voulu le mettre en balance avec le sport en inscrivant Faites du sport, puis un mot en arabe qui veut dire c’est bien. Je pense que les jeunes ici ne fument ni plus ni moins qu’ailleurs» , reprend la coordinatrice tout en nous faisant un descriptif visuel de la fresque. « Nous essayons d’être attentifs, de créer un dialogue là-dessus. Un autre graffe représente la notion de vitesse parce qu’en début d’année, deux jeunes dont un de l’école se sont tués en faisant des courses de voiture la nuit… Puis, éparpillés sur les trois murs, on peut lire ces mots en arabe : Tolérance et Egalité ou encore la connaissance est lumière, l’ignorance est obscurité. Autres phrases bombées sur la fresque : Quoi qu’il advienne, l’avenir nous appartient. Là, on voit : Nique les pas contents. Les jeunes ont mis leurs signatures, c’est aussi quelque chose d’important. Sur le plus grand mur, il y a un graffe sur l’école qui est un peu présentée comme une mécanique qui broie. A l’avant-plan, sont représentés des élèves qui ont leur matériel et qui lèvent le doigt. Puis derrière, ceux qui chahutent, qui font voler leurs cahiers …».
Si ces graffes témoignent des préoccupations des jeunes, ils interpellent également les enseignants. Parmi eux, quelques-uns doutaient que le graffe soit un bon moyen pour exprimer les réflexions sur les assuétudes. D’autres insistaient sur l’utilisation du mot graffe et non de celui de tag, souvent associé au vandalisme. D’autres encore se demandaient si les jeunes allaient respecter le travail accompli… Christiane Dehouck témoigne des réactions: « Nous avons écouté les élèves et puis nous leur avons dit que ce préau était leur espace, qu’ils en faisaient quelque chose de bien ou alors que nous le laissions tel quel. Depuis que la fresque est là, il y a moins de crachats, moins de canettes canardées sur le plafond ou sur le mur. Tout ça a diminué. Du côté des profs réticents, quand ils ont vu que le projet se concrétisait, que les élèves s’impliquaient et qu’il y avait une réflexion, alors à ce moment-là, certains ont changé d’avis. Ils ont commencé à s’investir plus, par exemple, en laissant les élèves sortir de leur cours pour aller préparer le travail des graffeurs en peignant les murs en blanc

Ambiance!

Les trois murs graffés auraient-ils changé l’ambiance de l’école? Pour Christiane Dehouck, pas de doute, ce projet artistique a bel et bien apporté une succession de vagues d’ondes positives. « Ce mur suscite beaucoup de dialogue entre les jeunes et nous, du respect et une reconnaissance. Les élèves sont fiers de s’être vus dans les médias. C’est très important aussi qu’on puisse faire connaître le projet à l’extérieur. Je vais d’ailleurs demander que la distribution des prix se fasse dans le préau pour que plus de parents puissent voir la fresque. Ils se sentiront peut-être plus motivés pour rentrer dans l’école
Plus de dialogue, une reconnaissance des jeunes et une meilleure implication des parents dans l’école sont les premiers effets positifs ressentis au sein de l’école. Il y en a d’autres. La coordinatrice apprécie aussi le fait que le projet se soit déroulé à l’intérieur de l’école et qu’il a impliqué les professeurs et des élèves de tous les âges. Et puis, lors du vernissage, cette autre bonne surprise: un éducateur du centre scolaire a fait une démonstration de danse Hip Hop sous les encouragements des élèves.

Vidéo ‘Dépendances/Autonomies’

En collaboration avec le Centre d’enseignement technique et professionnel Pierre Paulus, Infor-Drogues a réalisé une vidéo à partir de l’exposition ‘Dépendances/Autonomies’ qui s’est déroulée à la Maison du livre de St-Gilles en juin 2001. Ce document, bien que de qualité ‘non-professionnelle’, peut s’avérer utile à tous ceux qui s’interrogent sur la forme qu’un projet de prévention pourrait prendre en dehors des clichés les plus courants: prévention = information.
Concrètement, les images relatent les diverses expériences menées par les classes de 5e et 6e années: création de vêtements qui expriment les dépendances et les autonomies choisies par les jeunes (argent, marques, nourriture, préservatifs…); exposition de collages… Les professeurs et les élèves témoignent également de ce que leur a apporté ce projet, qui par la suite a abouti à un autre projet: la fresque murale dans le préau du centre scolaire. Un outil qui peut vous aider à concrétiser vos projets!
Vous pouvez obtenir cette vidéo en vous adressant à: Infor-Drogues, rue du marteau 19, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-227 52 52. Site internet: https://www.infor-drogues.be Courriel: courrier@infor-drogues.be

Il n’en fallait pas plus pour lancer l’idée d’un nouveau projet: l’année prochaine, cet éducateur organisera un atelier Hip Hop sur le temps de midi. Un rendez-vous qui s’annonce fédérateur et qui, espèrent les professeurs, incitera les jeunes à amener leurs tartines et à manger à l’école plutôt que d’acheter des repas avalés sur le pouce dans la rue. On le voit, cette fresque a des répercussions à plusieurs niveaux: relationnel, éducatif et même diététique…
Sa dynamique a entraîné de nombreux changements immédiats ou en devenir. Elle a touché tous les membres de l’école, comme cette assistante sociale du PMS dont Mme Dehouck nous parle: « Elle a travaillé avec la classe des premières. Elle m’a dit que maintenant, par rapport aux élèves, elle a un tout autre contact. Avant, ils ne la connaissaient pas bien et puis ‘psy’, ça fait toujours un peu mystérieux et péjoratif: si on va chez le psy, c’est qu’on est un peu fou! Voilà le raccourci que les élèves font souvent. Depuis la fresque, les élèves l’appellent Fabienne et ils viennent beaucoup plus facilement parler. Elle s’était investie dans ce projet par goût et maintenant elle a ce retour auquel elle ne s’attendait pas. C’est vraiment chouette parce que ce sont des jeunes élèves qui vont grandir dans l’école et qu’elle pourra suivre. Cette expérience lui a donné envie de se réinvestir l’année prochaine .» Les multiples répercussions positives de ce projet donnent également à d’autres écoles l’envie de s’investir avec les jeunes. Le médiateur de l’athénée de St Gilles a d’ailleurs déjà prévu de commencer le même projet dans son école. L’effet boule de neige ne fait que commencer!
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon

Psys et medias une rencontre d’un autre type

Le 30 Déc 20

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Le 14 juin 2001, les Ligues wallonne et bruxelloise francophone pour la santé mentale organisaient une table ronde avec la presse. ‘Table ronde’, et non ‘conférence de presse’. Subtil distinguo? Non, réelle différence, puisque les journalistes présents (assez nombreux, d’ailleurs, et représentant des organes de presse très divers) n’ont pas été placés en position de purs récepteurs de l’information, mais invités à débattre activement à partir de quatre brefs exposés. Nous ne pouvons pas résumer ici la teneur de ceux-ci, qui étaient déjà très synthétiques. Les textes de plusieurs interventions sont d’ailleurs disponibles auprès de la Ligue bruxelloise (1). Bornons-nous à relever quelques points saillants.
Ann d’Alcantara , psychiatre d’adolescents au Service de santé mentale Chapelle-aux-Champs (Woluwe), a entamé son intervention par la question suivante: où s’arrête la santé, où commence la maladie? Elle a insisté sur le fait que plusieurs champs ou disciplines sont concernés par cette question: les sciences de la santé (médecine, psychologie) mais aussi la sociologie, la pédagogie, la philosophie, l’histoire, les sciences politiques, la culture. Car lorsqu’un de ces points de vue prend le pas sur les autres pour définir la limite entre santé et maladie mentales, cela peut entraîner de lourdes conséquences (on peut penser à l’exemple de la psychiatrisation des dissidents en ex-URSS).
Ainsi, les troubles psychiques et les comportements typiques de l’adolescence (provocations, transgressions, prise de risques, passages à l’acte) ne sont pas de l’ordre de la maladie mentale, même s’ils en prennent parfois le visage. Ces ‘symptômes’, révélateurs de ce que le mécanisme psychique de l’adolescence est à l’oeuvre, mettent en question la normalité, la limite, l’ordre social. Mais la réaction ne peut être de les éteindre à tout prix. Si l’on veut se situer dans le domaine de la santé – et non dans le sécuritaire -, on doit oser prendre des risques, évoluer, traverser des crises, accepter qu’il y ait des transgressions. Et donc mobiliser le lien social, la culture, le politique.
Francis Turine , psychologue au Service de pédopsychiatrie Les Goélands (Spy), a souligné la tendance courante à réduire la santé mentale (l’équilibre psychique) à la psychiatrie: ainsi, les Plates-formes de concertation psychiatrique créées en 1991 ont été rebaptisées ‘concertation en santé mentale’ sans que leur composition ne change en rien; et, il y a peu, on parlait encore de ‘maisons de santé’ pour désigner les cliniques psychiatriques… Cette confusion — ou ce va-et-vient constant — entre les troubles et l’harmonie quand on parle de santé mentale amène à penser que la normalité ne peut recevoir de définition absolue dans ce domaine. La frontière entre le normal et le pathologique résiderait plutôt dans la capacité d’une personne à établir des liens sociaux, à se prendre en charge et à maintenir une place dans la société.
Michel Dewez , psychiatre au Service de santé mentale La Gerbe (Schaerbeek), a mis en exergue une conception de la maladie mentale qui se démarque très nettement de la maladie somatique: il la lit non comme un désordre qu’il s’agirait de faire disparaître mais comme ‘une autre façon de penser’, de parcourir la vie, de vivre: car on vit comme on pense, comme on organise son monde intérieur. Il est dès lors à la fois plus réaliste et plus respectueux d’accompagner le malade mental dans son parcours que de vouloir lui imposer notre propre façon de penser.
Au cours du débat, Michel Dewez parlera aussi de l’augmentation de la complexité des situations rencontrées en ambulatoire: les catégories cliniques sont mises à mal quotidiennement par des symptômes qu’il n’est plus possible de mettre dans les grilles diagnostiques classiques; dans certains quartiers, la moitié de la population provient de cultures différentes de la nôtre et présente des expressions cliniques radicalement différentes de celles qui sont propres aux 19e et 20e siècles occidentaux, nécessitant de réinventer des instruments conceptuels; le nombre de personnes concernées augmente, notamment parce que les demandes proviennent souvent de tiers: la police, le juge de paix, le CPAS, les voisins, l’aide familiale, le médecin généraliste, l’école, le centre PMS, le curé ou l’imam… D’où une nécessaire coordination entre de multiples intervenants, chacun ayant sa logique propre.
Paul Jacques , psychologue au Service de santé mentale de Gembloux, a titré son exposé “La santé sociale comme base de la santé mentale?”.
Posant sur la santé mentale un regard plus sociologique et anthropologique que médical, il s’inquiète d’un phénomène de psychiatrisation du social (individualisation des questions et des problèmes sociaux) qui se manifeste notamment par une surconsommation de médicaments psychotropes… et aussi de psys! L’alternative à cette psychiatrisation repose sur la réponse à cette question: qu’est-ce qui peut amener les gens à ne pas consulter? A savoir les ressources non professionnelles, les réseaux et relais communautaires, les lieux informels qui créent du lien social, les échanges non marchands. Et aussi les passerelles qui existent ou sont à créer entre le champ de l’action sociale et celui de la santé mentale.(2)
Dans le décours des échanges, Philippe Hennaux, psychiatre à la communauté thérapeutique La Pièce (Saint-Gilles), dénonça la confusion qui règne trop souvent dans l’emploi indistinct des mots ‘pathologie’, ‘trouble’, ‘problème’ ou autres. Classiquement, dit-il en substance, la mise en évidence d’une ‘maladie’ s’appuie sur trois choses: des symptômes, des signes cliniques objectifs (physiques) et des examens complémentaires. Certes, lorsqu’on discute entre confrères ou lorsqu’on tente de quantifier des phénomènes de santé publique, on peut recourir à des étiquetages à substrat plus hypothétique (‘dépression’, ‘schizophrénie’, etc.), mais ce ne sont pas des vérités intangibles.
En psychiatrie, quand on est face à quelqu’un qu’en d’autres lieux on rangerait dans la catégorie ‘schizophrène’, la première tâche est de lui montrer tout l’écart qu’il peut y avoir entre lui et ce qu’on met généralement dans ce mot. Sinon on s’expose à ce que le nom de la maladie mette une sourdine à ce qu’il dit et à notre disponibilité d’écoute. Ce qui ne va pas chez cette personne, ce qui l’amène, cela s’appelle d’abord son histoire, sa vie, mais pas ‘schizophrénie’.(3)
En conclusion, il faut saluer une initiative originale, dont les promoteurs se présentaient moins comme experts que comme partenaires (puisque l’on parle beaucoup de partenariat et de participation en ce moment, il est assez heureux de les voir mis en pratique). Gageons que l’expérience se renouvellera. Et formulons deux suggestions. Primo, c’est surtout le secteur ambulatoire des soins de santé mentale qui était représenté: pourquoi ne pas s’ouvrir un peu plus à d’autres secteurs? Secundo, ce sont les organisateurs qui ont choisi les thèmes abordés — ce qui était parfaitement logique pour une première fois. A l’avenir, peut-être les journalistes invités pourraient-ils aussi être contactés préalablement pour recueillir les questions qu’ils se posent ou les sujets qui les intéressent plus particulièrement. En tout cas, nous sommes preneurs…
Alain Cherbonnier , avec la collaboration de Thierry Poucet
(1) Tél. 02 511 55 43, fax: 02 511 52 76, courriel: lbfsm@skynet.be
(2) Sur ces questions, voir notamment le numéro spécial 2001 de Bruxelles Santé , pp.40-45 et 59-62.
(3) On pourra prendre connaissance de positions très opposées sur le site présenté dans notre encadré.

Un site ‘hérétique’?

Que ce soit pour des raisons diplomatiques, stratégiques ou autres, il semble que le consensus social a le plus souvent régné en maître durant l’Année de la santé mentale que nous venons de vivre. Certes opportune à nos yeux par divers aspects, l’entreprise généra plus de chorus que de crêpages de chignon. C’est pourquoi, il nous paraît intéressant d’épingler ici – en contrepoint des thématiques et des visions mises le plus souvent à l’honneur – une voix isolée et résolument discordante: celle du Dr Jean Desclin . A l’adresse https://www.mens-sana.be , ce dernier a consacré tout un site internet, de présentation élégante et régulièrement enrichi, à pourfendre l’esprit et la lettre de cette vaste initiative collective à laquelle il est intellectuellement allergique.
Si une partie des arguments qu’il développe peut paraître faible, caricaturale et parfois inutilement blessante pour certains types d’acteurs de terrain, d’autres ne manquent pas d’interpeller sur un mode incisif et solidement charpenté.
L’auteur, en gros (mais ne simplifions pas à notre tour son discours), déplore que la «promotion de la santé mentale» se cantonne dans la mise en relief de malaises à large spectre dont les raisons sont plus économico-politiques que médicales. Pour lui, cet humanitarisme flou rejette dans l’ombre la minorité des personnes les plus lourdement et chroniquement atteintes (schizophrénie, dépression grave…). Croyant aux facteurs biologiques plus qu’environnementaux (ce qui s’induirait de la prévalence stable de certaines pathologies extrêmes au fil des siècles), il dénonce néanmoins le marché psycho-pharmacologique actuel dans sa prétention à répondre adéquatement à des ‘catégories de patients’. Chaque sujet est susceptible de réagir bien ou mal à telle ou telle molécule et seul l’entourage, selon le Dr Desclin, est vraiment bien placé pour évaluer au quotidien l’efficacité d’une médication. Des considérations sur certaines discriminations intolérables dont font l’objet les malades ‘psychiatriques’ par rapport aux malades ‘somatiques’ trouvent également place, parmi d’autres questions, sur ce site atypique qui mérite au moins un détour attentif.
T. P.

La prévention du sida, plus que jamais à l’ordre du jour

Le 30 Déc 20

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Comme chaque année, une campagne de prévention du sida et des MST a été organisée pendant les vacances d’été en Communauté française Wallonie-Bruxelles. Mise en place par la Plate-forme prévention sida , elle réutilise le Permis de séduire, qui avait rencontré un joli succès en 2001, en jouant cette fois la carte positive de la séduction pour promouvoir l’usage du préservatif.
La présentation de la campagne a été l’occasion pour Nicole Maréchal , la Ministre de la Santé, de rappeler les défis que nous pose ce problème majeur de santé publique.
Nul n’ignore plus aujourd’hui l’ampleur de la catastrophe au niveau mondial: 40 millions de porteurs du virus, dont une proportion grandissante de femmes et d’enfants, mortalité en augmentation, les populations les plus touchées n’ayant guère accès aux traitements malgré les déclarations généreuses des pays riches…
En Belgique, la situation est relativement stable, mais on a observé les deux dernières années un nombre de nouveaux diagnostics d’infections VIH proche de celui du début des années 90, qui correspondent à un pic dans notre pays avec près de 1000 nouveaux cas par an.
La vigilance reste donc de mise, notamment pour des actions de prévention dirigées vers les populations les plus vulnérables.
La Communauté française consacre environ 1,5 million d’euros, soit 10% de son budget santé à la prévention du sida. C’est à la fois peu dans l’absolu et beaucoup quand on connaît l’étroitesse du budget communautaire. La lutte contre le sida étant une priorité de la Charte d’avenir de la Communauté française, les moyens devraient augmenter progressivement dans les prochaines années.
Les actions se développent dans quatre domaines:
– information et sensibilisation du grand public, information et éducation des publics spécifiques (prostitution, homosexuels, consommateurs de drogues, immigrés du Sud mais aussi de l’Est, population carcérale);
– information sur le dépistage et accès à celui-ci;
– lutte contre les discriminations (emploi, logement, assurances, école…);
– suivi de l’épidémie sur le plan statistique et épidémiologique, mais aussi sociologique, avec l’appui entre autres de l’Observatoire socio-épidémiologique du sida et des sexualités.
Pour la campagne d’été 2002, deux cibles ont été privilégiées, les 15-24 ans et les 25-35 ans. Le Permis de séduire s’inscrit cette année dans une démarche plus globale de valorisation de la séduction dans les relations affectives et sexuelles. Cette dimension est très présente dans les slogans et ‘visuels’ (‘Donne un plus à ta séduction’, ‘Séduire, ce sont 1000 petits gestes plus1’), ainsi que dans les deux spots radio, qui jouent sur la popularité des Boys Band pour les garçons et des chanteuses ‘à voix’ pour les filles.
De quoi rendre la prescription de relations protégées plus sympathique. Cette démarche a également été renforcée par des animations lors des festivals de musique.
Pour en savoir plus: Plate-forme prévention sida, av. Emile de Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02-733 72 99. Fax: 02-646 89 68. Courriel: preventionsida@skynet.be.

Le financement de la prévention du tabagisme par l’industrie (suite)

Le 30 Déc 20

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Dans notre dernier numéro, nous publiions un article de Danielle Piette1 mettant en question une des stratégies actuelles de l’industrie du tabac, à savoir investir dans des actions de prévention du tabagisme, en particulier à l’égard des adolescents. S’appuyant sur une solide revue de la littérature, son point de vue est de simple bon sens: l’industrie du tabac a intérêt non pas à dissuader les gens de commencer à fumer, mais au contraire à les pousser à expérimenter la cigarette le plus tôt possible, dans l’espoir que la dépendance s’installera rapidement 2.
Devant les innombrables décès prématurés occasionnés par le tabagisme et la perte de clientèle qu’ils représentent, il faut bien renouveler le marché, donc recruter en masse de nouveaux fumeurs dans les jeunes générations.
Ce texte, défendu par d’autres acteurs en promotion de la santé, a aussi été publié dans le quotidien La Libre Belgique et dans l’une ou l’autre publication réservée au corps médical.
L’administrateur délégué de la Fondation Rodin (citée par l’auteur comme financée par Philip Morris), le Dr Luc Joris , a réagi en accusant Danielle Piette de répandre des rumeurs et des demi-vérités. Il précise ainsi que le Ministre des Finances alimentera également un fonds destiné à la prévention du tabagisme, du même montant que la dotation de Philip Morris. Comme si cela changeait quelque chose au caractère contestable de l’initiative du n° 1 mondial du tabac!
Cette polémique aura au moins eu le mérite de mettre à l’agenda une question éthique intéressante: la santé publique et les intérêts commerciaux d’industriels produisant des marchandises dangereuses pour la santé sont-ils compatibles?
En attendant, le secteur du tabac se porte comme un charme en bourse, diversifiant ses activités dans l’agro-alimentaire, et ayant provisionné les dédommagements considérables accordés par les tribunaux aux victimes de la cigarette.
De quoi rassurer pleinement les bénéficiaires de ses largesses dans le domaine de la prévention tabac! Christian De Bock (1) PIETTE D., Pourquoi? Parce que Philip Morris…, Education Santé n° 170, juin 2002, p. 12 et 13.
(2). Un élément de poids à ajouter à la bibliographie: LANDMAN A., LING P.M., GLANTZ S.A., Tobacco industry youth smoking prevention programs: protecting the industry and hurting tobacco control, American Journal of Public Health, june 2002, vol 92, n°6, 917-930. La conclusion des auteurs au terme de l’analyse de documents auparavant tenus secrets de l’industrie du tabac, est que les programmes de prévention de cette dernière destinés aux jeunes font plus de tort que de bien au contrôle du tabagisme, et que l’industrie ne devrait pas été autorisée à mettre en place ou financer ce type de programmes.

Publicité des médicaments sur prescription: danger!

Le 30 Déc 20

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Le médicament n’est pas un produit de consommation banal. Les propositions de directive et de règlement qui vont être discutées au Parlement européen privilégient la compétitivité à court terme des industries du médicament. Le collectif Europe et médicament appelle les parlementaires à la prise en compte de l’intérêt des patients et de la santé publique.
Le collectif Europe et médicament regroupe un grand nombre des associations de malades, des organismes nationaux indépendants, des organismes d’assurance maladie, des producteurs d’information indépendante sur le médicament, de divers pays européens. Il considère que le médicament nécessite une évaluation rigoureuse, une surveillance attentive de ses effets indésirables et une information fiable de tous les acteurs concernés.
Des propositions de la Commission européenne pour une nouvelle directive et un règlement prévoient un assouplissement des procédures d’autorisation de mise sur le marché des médicaments: autorisations plus rapidement délivrées et suppression de la procédure de réévaluation quinquennale des dossiers, sans renforcement réel de la pharmacovigilance. En autorisant par ailleurs les firmes pharmaceutiques à communiquer directement auprès des patients sur les maladies et les médicaments qui nécessitent une prescription médicale, les propositions de directive et de règlement visent à développer, in fine , la publicité pharmaceutique destinée au grand public pour des médicaments de prescription.
Le collectif Europe et médicament plaide pour le maintien de délais raisonnables pour évaluer rigoureusement les dossiers des médicaments avant d’autoriser leur mise sur le marché, sauf dans des cas exceptionnels d’urgence sanitaire où les malades n’ont pas d’alternative. Le collectif demande une réévaluation quinquennale effective des médicaments prenant en compte notamment les données de pharmacovigilance disponibles.
Il rappelle aussi que la communication émanant de firmes qui produisent et vendent des médicaments est par définition de nature promotionnelle. L’information fiable et comparative dont les patients ont besoin ne peut provenir que de sources indépendantes.
Selon le collectif, trois principes sont aujourd’hui à renforcer dans le système européen de régulation du médicament: l’harmonisation entre les pays pour garantir une évaluation et une surveillance de qualité, l’indépendance des institutions chargées du médicament et la transparence du système pour tous, comme le prévoit la Charte des droits fondamentaux dans l’Union Européenne.
Le collectif prépare des propositions d’amendements à la directive et au règlement.
Pour en prendre connaissance vous pouvez contacter: Antoine Vial: + 33 6 73 00 15 40, ou + 33 1 49 23 72 80 .

Première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac

Le 30 Déc 20

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Mobiliser les solidarités francophones contre l’épidémie causée par le tabac

Le Canada sera l’hôte de la Première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac qui se tiendra du 15 au 18 septembre 2002 au Palais des Congrès de Montréal. De 700 à 1.000 participants y sont attendus en provenance de tous les pays et régions francophones du monde: médecins, pharmaciens et autres professionnels de la santé, responsables politiques et administratifs ainsi que des représentants d’organisations locales, régionales, provinciales et nationales qui oeuvrent à la réduction du tabagisme. La Conférence poursuivra un but précis: mobiliser les solidarités francophones contre l’épidémie causée par le tabac.
Depuis quelques années déjà, le Canada fait office de pionnier en matière de lutte antitabac. À la demande des groupes de santé les plus influents, les gouvernements des provinces et celui du Canada se sont dotés de lois et de règlements qualifiés par plusieurs comme étant les plus progressistes au monde. Par ailleurs, le Gouvernement du Québec est l’un des seuls à rembourser les frais des thérapies médicales favorisant la cessation.
Tout le monde sait à quel point le tabac est nocif tant pour la santé de ceux et celles qui le consomment que pour celle de leur entourage, et combien la dépendance tabagique coûte cher, en argent et surtout en vies. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le tabac est responsable d’environ 4 millions de décès annuellement, soit 11.000 décès par jour. La situation est donc inquiétante, d’autant plus que les spécialistes pensent que le tabac fera 10 millions de victimes par an à l’horizon 2030.
À l’occasion de cette grande première internationale pour la francophonie, les participants pourront donc échanger avec leurs collègues concernés par la dépendance nicotinique et par la cessation tabagique et ce, dans la langue de Molière. Des conférenciers experts présenteront, quant à eux, des méthodes d’arrêt tabagique et divers supports dont le fumeur peut bénéficier incluant l’aide du médecin traitant, les conseils des pharmaciens et les substituts nicotiniques. De plus, on y traitera de la protection des non-fumeurs et des programmes de prévention auprès des jeunes.
La Conférence sera aussi l’occasion de jeter un regard approfondi sur de nouvelles approches fondées sur l’action politique et le plaidoyer comme stratégie de prévention et de promotion de la santé. On examinera enfin la responsabilité de l’industrie du tabac dans le développement de l’épidémie tabagique et ses tactiques pour recruter de nouveaux fumeurs parmi les jeunes.
En décembre dernier, les organisateurs de la Conférence ont effectué une tournée de promotion qui les a menés au Canada, en France, en Belgique, en Suisse et au Mali. Partout, les professionnels, militants, fonctionnaires et hommes politiques rencontrés se sont montrés enthousiastes à l’idée de partager, en français, leurs projets et préoccupations concernant la lutte contre le tabac. Il faut dire que les grandes rencontres internationales sur le tabagisme, à l’instar de la quasi-totalité des forums scientifiques de haut niveau, se déroulent exclusivement en anglais. L’idée est donc de créer une plate-forme où les francophones engagés dans la lutte contre le tabac pourront s’exprimer et échanger spontanément.
À plus long terme, on désire renforcer le mouvement antitabac actif dans la francophonie, créer un véritable réseau d’intervenants dans diverses disciplines et lancer des axes de collaboration Est/Ouest et Nord/Sud sur la lutte contre le tabac. Pour ce faire, on souhaite en arriver, à la fin de la conférence, à l’adoption de la Déclaration de Montréal, sorte de charte de la lutte contre le tabac pouvant guider l’action des gouvernements et autres intervenants des pays francophones.
Le site de la Première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac, https://www.cifcot.com (info@cifcot.com), transmet toute l’information utile pour vous inscrire.

Les sujets de la conférence

Les pratiques manipulatrices de l’industrie
La contrebande de tabac
L’industrie et le marketing du tabac
L’industrie du tabac et les jeunes
L’industrie du tabac et les femmes
L’industrie du tabac et les pays en développement
Les tactiques et stratégies de l’industrie du tabac et de ses alliés
La manipulation des milieux scientifiques
L’industrie du tabac et les analyses économiques
Le développement et la manipulation du produit
Les mobiles derrière les actions de l’industrie

Les mesures efficaces ou prometteuses
Le remboursement des substituts nicotiniques
Les programmes gouvernementaux de remboursement des substituts nicotiniques
Les méthodes d’arrêt tabagique
L’évaluation des méthodes d’arrêt tabagique
La formation des professionnels de la santé
La réduction des risques
Les interdictions à la promotion du tabac
Les avertissements sanitaires
Les interventions efficaces auprès des jeunes
Les méthodes d’évaluation des interventions auprès des jeunes
La taxation
Les concours: motivation à l’arrêt tabagique
Les poursuites contre l’industrie du tabac
Système de santé et arrêt tabagique
Les nouveaux courants de dénormalisation
La protection des non-fumeurs
La Convention internationale antitabac
Le développement des solidarités Nord/Sud Les actions publiques
La mobilisation et la formation de coalitions
Les relations avec les gouvernements
Les stratégies de communication
Les relations avec les médias
Neutralisation de l’industrie du tabac et de ses alliés

Public précarisé et secteur médico-social: apprendre l’un de l’autre

Le 30 Déc 20

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Invité récemment par l’ Observatoire de la santé du Hainaut à présenter son travail dans le cadre des Midis santé, Pierre Hendrick, médecin généraliste à la Maison médicale du Vieux Molenbeek et membre d’ATD Quart-Monde, défend l’efficacité d’un partenariat avec le public défavorisé.
Pierre Hendrick affectionne cette histoire, celle de quatre aveugles, pour parler de son travail. Celui qui chemine en tête heurte un obstacle. Les suiveurs sont projetés en avant. L’un pense avoir touché une branche. L’autre, une colonne. Le troisième un tronc et le dernier un drôle d’animal Un passant leur expliquera qu’ils ont rencontré… un éléphant. C’était sa défense, son pied, son ventre et sa queue. « Un récit pour souligner que nous voyons les choses en fonction de nos expériences, de nos sens, de notre position.»

Lieux communs qui séparent

« Des interprétations, des représentations, nous en avons tous. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles conditionnent nos choix en matière d’actions. Il faut le savoir .
On pourrait céder à la facilité de classer en catégories le public avec lequel on travaille. Il y aurait celui qui surmonte les obstacles, celui qui progresse avec l’aide d’un travailleur social, celui qui semble se résigner ». Et Pierre Hendrick d’apporter un autre angle de vue en donnant l’exemple de personnes arrivant à l’hôpital et retournant chez elles sans s’être présentées aux urgences. « Beaucoup de personnes en précarité rencontrent des problèmes avec l’écriture. Leurs capacités de lire et d’écrire se sont émoussées. D’où le rôle primordial d’une signalisation simple et d’un accueil adéquat.»
Les représentations sociales du public en précarité à l’égard des professionnels constituent aussi des obstacles. Les travailleurs médico-sociaux peuvent être perçus comme des contrôleurs.
La valeur incontestée qu’est la santé dans notre société amène parfois à des pratiques qui infantilisent ceux qui ne semblent pas en faire une valeur prioritaire. «Si je vous disais , illustre Pierre Hendrick, faites ceci et cela pour courir le 100 mètres en x secondes, vous me répondriez sans doute que ce n’est pas votre but, que mon discours est sans objet» .
Un langage imagé mis au service de chiffres, mais surtout de personnes. « Tout le monde sait que la mortalité est plus importante chez les personnes précarisées. Les études de morbidité réalisées pour éclairer cette situation sont prises en défaut. Car ce qui sépare l’existence du symptôme et son diagnostic est conditionné par la perception que l’on a de son corps, et par, entre autres, le revenu. L’écart entre riches et pauvres est sous-évalué.»

Travail communautaire

Parmi les critères de qualité qui se sont dégagés au fil du temps figure l’approche communautaire. Elle est moins anxiogène pour la population qu’une approche individuelle centrée sur un problème ou une carence.
Un exemple? Il existait une résistance très forte dans un quartier bruxellois au dépistage de la tuberculose. Les habitants connaissaient leur risque d’être malades et d’être envoyés en traitement, donc séparés des leurs. Le changement est intervenu quand le quartier (la commune, la FARES) s’est mobilisé pour leur assurer que la visite des proches serait organisée.
Cette connaissance des attentes réciproques, la Maison médicale du Vieux Molenbeek l’a organisée. Elle a pris la forme d’un «croisement des savoirs» (1): le savoir des personnes précarisées, celui des intervenants tels que les médecins généralistes, les permanents des consultations ONE et le savoir des chercheurs.
Et ces gens ont des choses à dire. Voici par exemple leurs réponses à la question «que faire pour mettre fin aux inégalités sociales de santé? »:
– développer une approche multisectorielle de la santé, par l’accès à des logements sains, un revenu plus important, l’instruction;
– viser à accroître l’estime de soi et le bien-être des personnes en difficultés;
– rendre les soins plus intelligibles (pourquoi on fait les choses, comment on les réalise);
– harmoniser les règlements d’accès aux soins des CPAS;
– créer un espace de dialogue où la santé pourra grandir;
– prendre le temps de s’apprivoiser, de bâtir, mais aussi d’évaluer.
Autant de propositions nées d’un croisement des savoirs qui donne à Molenbeek naissance à une pratique commune.
Véronique Janzyk

(1) Pour en finir avec les inégalités sociales de santé, Santé-Culture et Observatoire de la Santé de Bruxelles-Capitale. Document disponible à l’Observatoire de la Santé de Bruxelles-Capitale, tél. 02 502 60 01