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La vente de cigarettes baisse, mais pas la consommation!

Le 30 Déc 20

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Des chiffres qui donnent à réfléchir

Selon une enquête du CRIOC, réalisée par TNS Dimarso à la demande du Ministère fédéral de la santé publique auprès de 1.982 personnes au mois de décembre 2001, le pourcentage de fumeurs journaliers en Belgique était de 28% (1) et le pourcentage de fumeurs occasionnels était de 3%. Depuis 1991, le pourcentage de fumeurs journaliers oscille autour des 25 à 30% et aucune baisse du pourcentage global de fumeurs n’a été constatée (voir tableau 1).
En 2001, 69% des personnes interrogées étaient des non-fumeurs. Bien que les non-fumeurs représentent plus des deux tiers de la population, un tiers des établissements horeca (de plus de 50m²) ne disposent pas d’une zone non-fumeurs, ce qui est contraire à l’Arrêté royal du 15 mai 1990. (2)
Selon un avis des Académies royales de médecine, la mortalité causée par le tabagisme est élevée en Belgique, aussi bien en chiffres absolus (20.000 morts par an), qu’en comparaison avec d’autres Etats-membres de l’Union européenne. En Belgique, le nombre de décès entraînés par le tabac est treize fois plus élevé que le nombre de morts dues aux accidents de la route (1.500). Les accidents de la route suscitent pour l’instant, et à bon droit, une mobilisation générale dans notre pays. On peut regretter qu’il n’en soit pas de même pour le tabagisme, beaucoup plus redoutable…
En 2000, on a vendu en Belgique 13.030 millions de cigarettes et 8.716 tonnes de tabac à rouler, ce qui représente une baisse respective de 702 millions d’unités et de 699 tonnes par rapport à 2000. La baisse de ces ventes est largement due à la baisse des quantités de cigarettes achetées par les Anglais, du fait des contrôles plus stricts de la douane anglaise qui ont réduit considérablement les achats transfrontaliers.(3)
Les recettes fiscales sur les produits du tabac se sont élevées à 1.712 millions d’euros en 2001 (69.073 millions F) contre 1.793 millions d’euros (72.323 millions F) en 2000.
Jusqu’à présent, aucune recette fiscale sur les produits de tabac n’a été consacrée à la prévention du tabagisme.
L’objectif en matière de santé du Gouvernement flamand dans le domaine du tabagisme, était de réduire le nombre de fumeurs de 10% en Flandre (parmi les hommes, les femmes et tout particulièrement chez les jeunes) dans la période de 1998 à 2002. Il est presque sûr que cet objectif ne sera pas atteint. La Communauté française Wallonie-Bruxelles, de son côté, ne s’était pas assigné d’objectif quantitatif en la matière (voir tableau 2).
Un rapport récent de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) démontre que le nombre de fumeurs ne diminue pas parmi les adultes et a même augmenté parmi les jeunes dans beaucoup de pays européens dans la période 1997-2001.(4)
Bref, il n’y a pas de quoi pavoiser…
D’après un communiqué du CRIOC

L’enquête CRIOC-TNS Dimarso de 2001

Ces vingt dernières années, le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC) a fait mener chaque année une enquête auprès d’un échantilllon d’environ 2.000 personnes.
Dans la période 1982-1993, le pourcentage de fumeurs journaliers a diminué de 40% à 25%. Depuis 1991, le pourcentage de fumeurs journaliers oscille autour des 25-30% et aucune diminution n’a plus été constatée.
Une nouvelle étude du CRIOC, menée en décembre 2001 et basée sur une enquête réalisée par TNS Dimarso auprès de 1.982 personnes (à partir de 15 ans), a montré qu’il y avait en ce moment 28% de fumeurs journaliers en Belgique.
En 2000, 3% des personnes interrogées déclaraient qu’elles fumaient de temps en temps et 69% disaient ne pas fumer.
La répartition selon les régions montre qu’il y avait 28% de fumeurs journaliers en Flandre en 2001, contre 26% à Bruxelles et 29% en Wallonie.

Tableau 1: pourcentage de fumeurs réguliers en Belgique (18 ans et plus)

Hommes Femmes Total
1982 53% 28% 40%
1985 45% 27% 35%
1990 38% 26% 32%
1995 33% 24% 28%
1996 34% 27% 30%
1997 31% 22% 26%
1998 30% 23% 27%
1999 31% 26% 29%
2000 36% 26% 31%
2001 34% 22% 28%

Source: CRIOC – TNS DIMARSO

Tableau 2: le pourcentage de fumeurs réguliers en Flandre et en Wallonie (18 ans et plus)

(5) + (6)

Flandre Wallonie Ecart
1982 39% 42% +3%
1985 35% 36% +1%
1990 28% 32% +4%
1995 27% 29% +2%
1996 30% 31% +1%
1997 25% 27% +2%
1998 27% 26% -1%
1999 26% 32% +6%
2000 28% 33% +5%
2001 28% 29% +1%

Source: CRIOC – TNS DIMARSO

(1) La marge d’erreur dans un échantillon de 2.000 personnes est de 2,2%. Il n’y a pas de différence significative entre le pourcentage de fumeurs journaliers en 2001 et en 2000
(2) Données de l’inspection générale des denrées alimentaires du Ministère de la santé publique sur base de 2.036 visites dans des établissements horeca en 2001.
(3) HM Customs and Excise, Tackling indirect tax fraud, London, novembre 2001, page 13 ( www.hm-treasury.gov.uk )
(4) Conférence ministérielle européenne de l’OMS pour une Europe sans Tabac, Rapport sur la politique de lutte antitabac en Europe, Varsovie 18-19 février 2002. www.who.dk
(5)Les pourcentages pour Bruxelles peuvent varier considérablement d’une année à l’autre, puisque l’échantillon bruxellois n’est que de 180 à 240 personnes. Il n’a pas été repris dans ce tableau.
(6) À partir de 1990, les pourcentages de fumeurs portent sur le groupe d’âge de 15 ans et plus.

Alliage, une autre approche de la toxicomanie

Le 30 Déc 20

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Voici une asbl qui s’occupe de toxicomanes. Une de plus direz-vous… oui mais elle propose une approche assez inhabituelle. Nous avons rencontré Dominique Delvin , directrice de l’asbl, et Jocelyne Vouloir , psychologue, pour découvrir cette structure.
ES : Votre asbl a pour objectif la prise en charge de toxicomanes. Quelle est sa spécificité?
Alliage : Depuis 1994, Alliage organise des séjours de longue durée en famille d’accueil pour toxicomanes sevrés. Ces séjours se déroulent en milieu rural, dans des familles d’agriculteurs ou d’artisans. Cette formule s’adresse aux toxicomanes sevrés âgés de 18 à 35 ans désireux de se réapproprier leur propre vie et de réintégrer la vie sociale.
ES : Quel est l’intérêt d’un séjour en famille d’accueil?
Alliage : Nous travaillons avec des familles chaleureuses, structurées, désireuses d’accueillir une personne en difficulté momentanée et de l’aider à s’en sortir. L’accueilli peut y faire l’expérience de relations affectives authentiques, saines et équilibrées qui lui permettent de trouver des structures, des rythmes de vie, de partager les plaisirs et les responsabilités de la vie familiale, de nouer des relations sociales et affectives, voire d’acquérir une expérience professionnelle et un métier. Tout au long du séjour, famille et accueilli sont épaulés par notre équipe.
Notre travail se base sur les ressources du patient et de la famille. Nous demandons au patient de s’adapter à la famille et non le contraire. Le contexte familial permet à l’accueilli de revivre certaines difficultés comme la rivalité entre enfants, l’intérêt différent porté par les parents aux membres de la famille… Cela suscite des émotions, des réactions chez l’accueilli que nous pouvons retravailler avec lui.
ES : Le travail d’accueil en famille est un mode d’intervention particulier qui ne peut pas concerner tous les toxicomanes; avez-vous d’autres pistes d’intervention?
Alliage : Depuis 1996, nous proposons un groupe de parole « parents-solidarité » qui permet à des parents de jeunes consommateurs de stupéfiants de se rencontrer et de confronter leurs expériences et attitudes. Par le biais de l’échange, ces parents peuvent partager leurs problèmes et acquérir de nouvelles perspectives et comportements leur permettant d’amener leur enfant à réduire et à cesser sa consommation. Ce groupe n’a pas pour but d’entretenir une sinistrose mais de permettre aux parents de prendre du recul, de relativiser, de souffler, de retrouver quelque chose de l’ordre du plaisir dans leur vie personnelle. Au départ, ils sont tellement préoccupés, ils ont peur, toute la vie familiale tourne autour de ce problème. Le groupe leur permet par les échanges entre parents, de découvrir d’autres points de vue, d’autres comportements, de croire à nouveau en leur rôle parental, de casser les phénomènes de co-dépendance.
Nous proposons également des consultations psychothérapeutiques individuelles et familiales. Ces entretiens ont pour but de clarifier pour les consultants les causes profondes d’une toxicomanie afin de trouver une issue à celle-ci. De temps en temps, nous proposons aussi des rencontres-conférences sur des thèmes tels que le rôle parental, la toxicomanie,…
ES : Avez-vous d’autres dimensions d’intervention que vous souhaiteriez développer?
Alliage : Oui, nous avons d’autres projets : constituer un groupe de parole pour jeunes consommateurs de stupéfiants, des groupes d’expression pour enfants de parents toxico-dépendants, des suivis de toxicomanes à domicile, la création de nouvelles antennes itinérantes pour les consommateurs en Wallonie.
Propos recueillis par Bernadette Taeymans
Cette structure est subsidiée par la Cocof et la Région wallonne. Pour en savoir plus, vous pouvez contacter l’asbl Alliage, chaussée d’Alsemberg 488, 1180 Bruxelles, tél. : 02-346 94 08.

Les accidents d’enfants, épidémie du 21e siècle

Le 30 Déc 20

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Dans l’Union européenne, la mort suite à un accident chez les enfants entre 1 et 14 ans est deux fois plus fréquente qu’une mort par cancer et huit fois plus fréquente qu’un décès suite à des problèmes respiratoires. Cela signifie qu’il y a chaque semaine 100 morts évitables parmi les enfants de l’Union européenne, suite à un accident de la route ou un accident à la maison, à l’école ou dans une plaine de jeux. Combien d’enfants mourront encore avant qu’on instaure une approche coordonnée pour remédier à ce problème?
A l’occasion de l’anniversaire de la signature de la Charte sur les Droits des Enfants au sein de l’ONU, qui a eu lieu le 20 novembre 1989, la European Consumer Safety Association (ECOSA) a annoncé l’entrée en action de la European Child Safety Alliance en vue d’améliorer la prévention des blessures chez les enfants. Elle a présenté son Livre blanc, intitulé Priorities for Child Safety in the European Union: agenda for Action . Les résultats de recherche, qui sont dévoilés dans le Livre blanc, montrent clairement que les accidents d’enfants ne reçoivent pas assez d’attention.
La European Child Safety Alliance d’ECOSA lance en même temps un appel d’urgence à toutes les administrations des Etats membres, et plus particulièrement aux départements de la Santé publique et à la Commission européenne, pour un engagement commun renforcé, afin d’aboutir à une réduction du nombre de décès prématurés et de handicaps suite à des accidents concernant des enfants. Dans son rapport, la European Child Safety Alliance donne des détails pour cinq actions concrètes. Chaque Etat membre devrait
– rentrer, tous les deux ans, une fiche d’enregistrement qui décrit la gravité des blessures chez les enfants ainsi que les actions de prévention qui ont été menées;
– dégager des moyens pour la recherche concernant les blessures chez les enfants;
– élaborer des directives européennes, qui seront évaluées, imposées et transposées en droit national;
– organiser des campagnes annuelles sur la sécurité des enfants afin de sensibiliser le public européen;
– développer des plans stratégiques aux niveaux national et européen, qui comprennent des objectifs concrets pour réduire le nombre de blessures chez les enfants. Les enfants ont droit à un environnement sûr. Chaque jour, on pourrait sauver des vies au prix d’un engagement commun en faveur de la prévention des traumatismes de ce public si vulnérable. d’après le communiqué de presse de ECOSA European Child Safety Alliance, ECOSA, PO Box 75169, 1070 AD Amsterdam. Tél.: + 31 20 511 4500. Fax: + 31 20 511 4510. Internet: https://www.ecosa.org .
Les correspondants pour la Belgique sont Kind & Gezin et le CRIOC (Carine Renard, au 02-547 06 82).

La Cellule d’experts de l’Outilthèque-santé

Le 30 Déc 20

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Carte d’identité

Identification: Outilthèque-santé.
Prénom: PIPSa (pour Pédagogie Interactive en Promotion de la Santé).
Nationalité: belge.
Parrain: Union nationale des Mutualités socialistes.
Marraine: Communauté française de Belgique.
Date de naissance: 01/09/99.
Profession: centre de référence des jeux et outils pédagogiques utiles en promotion de la santé.
Activités principales: informer, évaluer, rechercher, former.
Signes distinctifs: attractivité, convivialité, interactivité.
L’Outilthèque-santé est un centre de référence de jeux et d’outils pédagogiques en promotion de la santé. Elle développe un processus d’assurance de qualité autour de ces outils, en vue d’augmenter le nombre et la validité scientifique et pédagogique des outils de prévention. Ces informations sont accessibles aux utilisateurs via le site Internet https://www.pipsa.org .

Mode d’emploi

Depuis janvier 2000, une Cellule pluridisciplinaire d’experts se réunit 4 fois par mois autour des outils pédagogiques disponibles afin d’évaluer les outils et de rendre un avis nuancé sur leurs potentialités d’utilisation.
Pour prendre distance avec la subjectivité individuelle et le «jugement spontané», les experts disposent d’une grille d’analyse à plusieurs critères:
– scientifiques (rigueur et pertinence);
– psycho-pédagogiques (implication individuelle, collective, construction des apprentissages,…);
– formels (esthétique, originalité, solidité,…).
Après un temps d’analyse individuel, les différents avis sont confrontés en vue de produire une appréciation globale qui intègre ces informations. Des critères de qualité supplémentaires (cohérence interne et externe, attractivité, interactivité, disponibilité, présence d’une méthodologie d’exploitation, etc.) permettent d’attribuer ou non, la mention «coup de cœur» de PIPSa à l’outil analysé.
Le «coup de cœur» de PIPSa n’est malheureusement pas un chèque en blanc pour réussir une action en promotion de la santé. Cette mission d’expertise et la production d’un avis nuancé permettent néanmoins d’attirer l’attention du futur utilisateur de l’outil sur ses points forts et ses points faibles, d’en suggérer des pistes d’exploitation, de rendre visible ce qui ne l’est pas au premier abord.
L’outil pédagogique n’est que la pointe visible de l’iceberg. Dessous, il y a un utilisateur, un public, un lieu d’utilisation, un cadre d’utilisation, un projet, des objectifs, des moyens, etc.
L’outil pédagogique n’est qu’un support, il a besoin d’un médiateur pour lui donner une âme, pour le faire vivre et pour en exploiter toutes les potentialités.
C’est dans cet espace de liberté que l’expérience, la créativité, l’interaction avec le public-cible prendront toute leur place.
Catherine Spièce , Service Promotion de la santé de l’UNMS
Voir en page 19 notre appel aux candidats experts.

Imag’in le corps

Le 30 Déc 20

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Un grand concours intitulé «Imag’in le corps» est lancé par le service ESPACE Santé et la Communauté française, secteur promotion de la santé, dans le but de susciter auprès des étudiants de 16 à 28 ans l’envie d’expliquer le corps humain en lien avec les sciences, les mots ou l’art (voir aussi l’annonce en page 20).

Invitation à créer

Il s’agit d’un concours de production «d’œuvres» de vulgarisation ayant pour thème le corps et son fonctionnement naturel. Ces œuvres originales seront scientifiques et/ou littéraires et/ou graphiques et/ou pédagogiques.
Expliquer à qui? Le public auquel les productions s’adresseront est constitué d’enfants et d’adolescents selon 3 tranches d’âge: 5 à 7 ans, 8 à 10 ans et 11 à 15 ans.
Les participants au concours peuvent se former pour des professions très diverses tels que animateur(trice), biologiste, chimiste, comédien(ne), dessinateur(trice), écrivain(e), éducateur(trice), enseignant(e), infirmier(e), kinésithérapeute, logopède, ludothécaire, musicien(ne), parolier(lière), pédagogue, pharmacien(ne), photographe, professeur(e) d’éducation physique, de français, de sciences, de cours techniques, psychologue, psychomotricien(cienne), vidéaste et encore…
Leur point commun est, au travers de leurs cours ou de leurs activités de loisirs, la découverte d’un des aspects du corps humain dans son fonctionnement physique ou mental en santé et le désir de le communiquer à des plus jeunes.
Ils peuvent être de 1 à 4 personnes acteurs(trices) du même projet.

Formes d’expressions multiples

Tous les moyens d’expression et de communication sont les bienvenus: bande dessinée, chanson, conte, démonstration, dessin, explication, expérience, histoire, illustration, maquette, jeu, montage, photo, poème, scénario, schéma, texte.
Le concours s’organisera en 2 temps. Une présélection de 30 projets sera réalisée par le comité du même nom. Celui-ci sera constitué d’acteurs scientifiques, de la santé, de la pédagogie et de créateurs. Un large partenariat interdisciplinaire se met en place.
Le concours se déroulera sur l’année scolaire 2002-2003. La première phase sera clôturée au 15 novembre 2002. La deuxième phase sera clôturée au 15 avril 2003. Les prix seront proclamés avant le 30 juin 2003.
Les prix émanent des sponsors publics et privés. Il y aura un premier prix de 1000 €, mais aussi des voyages, des entrées à des concerts et festivals, des bons d’achat, des prix en espèces et des prix sous forme de soutien à réalisation, le tout pour une valeur de plusieurs milliers d’euros.

Transmettre l’invitation

Vous êtes enseignant, animateur, formateur, ou encore professeur de français, d’éducation physique, de pédagogie, de sciences, d’arts graphiques, d’arts de la parole, de promotion de la santé. Vous recevez des stagiaires dans vos services qui doivent réaliser des travaux pratiques. Les informer, c’est déjà participer.
Jeanne-Marie Delvaux , ESPACE Santé
Le règlement complet du concours et le bulletin d’inscription sont disponibles auprès des centres locaux de promotion de la santé et à ESPACE Santé, rue de l’Université 1, 4000 Liège. Tél.: 04-223 01 50. Télécopie: 04-223 01 80. Courriel: espace.sante@euronet.be. Internet: https://www.espacesante.be .

La sécurité des aliments, comment y parvenir ?

Le 30 Déc 20

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Une exposition interactive destinée aux 10-14 ans apporte des réponses.
L’exposition est une création de la Plate-forme Sécurité Alimentaire. La Plate-forme a été constituée dans le cadre de la campagne d’information sur la sécurité alimentaire de la Commission européenne. Cette campagne est coordonnée pour la Belgique par le Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC). La Plate-forme rassemble des organisations de consommateurs, des représentants du secteur agricole, de l’industrie alimentaire et de la distribution, ainsi que des ministères de la santé publique, des affaires économiques et de l’agriculture.
L’initiative est née d’un sondage réalisé par la Plate-forme. Il montre que les jeunes sont assez bien informés des principes de base de la sécurité des aliments. Mais la médiatisation des crises que le secteur alimentaire a connues a ébranlé leur confiance et leur fait douter de l’importance de leur rôle dans le processus. Seulement un quart des jeunes affirment que la sécurité alimentaire est un sujet discuté à l’école. D’où cette exposition interactive.
Quatre espaces sont proposés à la curiosité et à la sagacité du public: la ferme, la fabrique, le magasin et la maison. Trois bestioles accompagnent les visiteurs d’une zone à l’autre. Elles représentent les trois types de contamination des aliments: microbiologique, chimique et physique. Pour les éliminer, les maillons de la chaîne alimentaire usent du contrôle interne, de normes de stockage, de la maîtrise de la température, de traitements pour prolonger la conservation, de normes d’emballage. Tout cela sous l’œil des autorités publiques qui mettent en place des initiatives de traçabilité.
Des questions relatives à ces zones (agriculture, industrie alimentaire, consommateur, distribution) sont posées en guise d’interpellation. Les réponses apparaissent en un rien de temps.
Un échantillon d’interrogations (gageons qu’elles n’intrigueront pas que les 10-14 ans): qu’y a-t-il de particulier à la technique intégrée du fruiticulteur? Qu’est-ce qui est interdit quand l’animal est en période dite d’attente? Pourquoi l’industrie alimentaire chauffe-t-elle un aliment à une température de 70°C? Quels aliments portent le même numéro de lot? A quelle température la viande fraîche doit-elle être stockée en magasin? A quoi sert le code barres?
Comment s’appelle le processus qui fait que dans la cuisine les microbes passent d’un aliment à l’autre?
Après une année de voyages et de visites guidées proposées par le CRIOC, l’exposition pourra être accueillie par toute institution ou commune en faisant la demande au 02-547 06 93. Le commentaire devra en être assuré par les enseignants (ou autres professionnels) sur base d’un dossier pédagogique, lequel permettra aussi éventuellement d’aller plus loin en classe. Deux affiches (gratuites) résument le contenu de l’exposition.
Véronique Janzyk

Vous avez dit bilan de santé ?

Le 30 Déc 20

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D’où partons-nous?

Plusieurs constats alimentent la réflexion de l’Institut de médecine préventive (IMP) de la Société scientifique de médecine générale (SSMG) depuis quelques années et sont à la base d’un travail permanent de recherche et de formation de certains de ses membres.
Le premier constat tient sans nul doute aux réalisations insuffisantes auprès de la population en matière de santé publique et de promotion de la santé: les couvertures vaccinales ne sont pas satisfaisantes dans bien des cas, le dépistage des cancers est peu efficient, des thèmes spécifiques de prévention laissent à désirer (saturnisme chez les enfants, pollution, etc.) et les axes généraux de la promotion de la santé sont parfois peu appliqués (participation des citoyens, travail des professionnels en réseau, etc.).
La place privilégiée du médecin généraliste est le second constat posé par l’IMP. Les médecins généralistes sont en effet reconnus d’une part par la population comme scientifiques de proximité, librement choisis et nantis d’un capital confiance et d’autre part par les décideurs politiques et les responsables sanitaires, comme le maillon essentiel de la réussite des actions de santé dans la dernière ligne droite: la relation directe et personnalisée avec toute la population.
Il est vrai que la couverture de la population par le réseau des médecins généralistes belges est importante: 90% pour l’ensemble du pays et 80% à Bruxelles. De plus, 80% des Belges ont au moins un contact avec leur médecin de famille chaque année et le nombre moyen de contacts par habitant et par an est de 5,9.
La place privilégiée des médecins généralistes se heurte cependant à un troisième constat: les obstacles et difficultés que les omnipraticiens rencontrent lorsqu’ils s’impliquent en prévention et en promotion de la santé sont nombreux: formation de base inadéquate, consensus flous incitant à l’abstention, concurrence des services spécialisés, absence de demande explicite des patients (alors qu’elle existe bien implicitement), démarches intellectuelles différentes des contacts curatifs habituels, résultats non visibles, absence de logistique, lourdeur administrative, absence de financement, manque de soutien des autorités…
En 2001, ces constats ont mené l’IMP dans une nouvelle recherche: clarifier les bases d’une implantation concrète des priorités de promotion de la santé dans les pratiques quotidiennes des médecins généralistes de la Communauté française. Ce projet fut réalisé avec le soutien de la Communauté française et réunit plusieurs partenaires: la Fédération des maisons médicales, la Fédération Belge Contre le Cancer, le Centre de référence pour le dépistage du cancer du sein et le Service communautaire de promotion de la santé – asbl Question Santé.

Un peu de méthodologie…

La première étape de ce projet consista à réunir un maximum d’experts concernés par l’implantation des priorités préventives en médecine générale. Outre les représentants des partenaires cités ci-dessus, chaque responsable de commission ou de projet au sein de l’IMP fut donc convié à participer à la réflexion. Cela représente une quinzaine de médecins généralistes actifs sur le terrain.
C’est la technique du groupe nominal qui fut utilisée pour définir les priorités sur lesquelles travailler. Chaque expert devait réfléchir en silence aux 5 axes préventifs qu’il considérait comme prioritaires. Un tour de table permit ensuite de lister ces thèmes. On y retrouve:
– le cancer du sein;
– l’alcool;
– l’hypertension artérielle;
– le cholestérol;
– le diabète;
– le BMI;
– l’obésité abdominale;
– le tabac;
– le cancer du col;
– l’ostéoporose;
– la vaccination;
– l’activité physique;
– le cancer de la prostate;
– le cancer du côlon;
– la ménopause (traitement hormonal de substitution, lipidogramme, glycémie, etc.);
– l’examen préconceptuel (sérologie, thyroïde);
– les accidents domestiques;
– les troubles psychosociaux et mentaux;
– la souffrance et la douleur;
– la maltraitance;
– les maladies mentales;
– l’environnement.
La discussion permit un large échange sur les arguments pour et contre chaque thème. Il fut enfin décidé de s’atteler aux 5 thèmes cités le plus fréquemment, en gardant à l’esprit que d’autres sujets mériteraient que l’on s’y attarde même si cela ne se faisait pas dans l’immédiat.
Les 5 thèmes retenus furent donc: les dépistages du cancer du sein et du cancer du col, les vaccinations, l’identification des risques cardiovasculaires (qui regroupe l’HTA, le cholestérol, le diabète, le BMI et l’obésité abdominale), la lutte contre le tabagisme et la lutte contre la consommation excessive d’alcool.
La recherche sur l’implantation de ces priorités en médecine générale pouvait alors commencer. Une grille fut élaborée de manière à objectiver un maximum de critères pouvant intervenir dans la définition des stratégies à mettre en place pour favoriser la participation des médecins généralistes dans la prise en charge des thèmes sélectionnés.
Comme le cancer du sein était le plus souvent cité au cours de la discussion précédente, ce thème fut sélectionné pour tester la grille et affiner celle-ci. Les points considérés systématiquement concernent l’existence d’une stratégie de prévention scientifiquement reconnue, les bénéfices attendus de celle-ci (en tenant compte de son efficacité, de la gravité et de la fréquence de la maladie, etc.), l’acceptabilité de cette stratégie pour les médecins généralistes (en terme de réticences et de motivations), la faisabilité pour les médecins généralistes (et les besoins y afférents) ainsi que l’acceptabilité de la stratégie pour le public-cible.
Un travail de réflexion fut ensuite lancé dans 5 sous-groupes thématiques constitués chacun de 3 à 4 personnes.
Le cahier des charges de chaque sous-groupe était le suivant:
– échanger sur tous les aspects en lien avec la prévention dans le cadre du thème du sous-groupe;
– sur base des grilles élaborées, établir un relevé aussi large que possible des pratiques déjà existantes, des pratiques possibles, des éléments facilitateurs (existants ou à créer), des difficultés rencontrées ainsi que des solutions envisageables.
Pour mener cette tâche à bien, un responsable fut identifié dans chaque sous-groupe. Son rôle consistait à rassembler les contributions de chacun et à fournir à l’IMP un document de synthèse des propositions de son sous-groupe.

Les résultats

Les synthèses des 5 sous-groupes, basées en grande majorité sur les grilles, permirent de développer une analyse approfondie de chaque stratégie. Celles-ci furent présentées à tous lors d’une réunion plénière.
Il restait alors à l’IMP à tirer sa ligne de conduite: quels sont les besoins communs? Sur quoi agir en premier et comment?
Pas moins de 13 pistes furent évoquées au cours de cette réunion. Parmi celles-ci: agir sur les universités de manière à faire de la médecine préventive un objectif d’enseignement à part entière, faire de même en formation continue, informer continuellement et clairement les médecins de terrain sur les consensus existants, apprendre à travailler en réseau (tant à un niveau inter-organisationnel qu’au niveau plus individuel), favoriser l’accès aux informations via un lieu centralisateur de données, élaborer et diffuser des outils rappelant les consensus et recommandations actuels relatifs aux priorités choisies, avec accès aux références bibliographiques, mettre à disposition du matériel d’information pour les patients, permettre l’accès aux informations et outils pour le patient via internet, soutenir certains aspects administratifs tels que l’envoi de lettres de rappel, valoriser le Dossier médical global, faire en sorte que les logiciels médicaux et le dossier médical informatisé intègrent aisément les aspects préventifs dans la gestion des données des patients, valoriser le travail nécessaire pour prendre en charge la santé globale des individus en mettant par exemple en place une consultation périodique uniquement tournée vers la prévention.
Parmi ces pistes, l’une d’entre elles, en l’occurrence la dernière citée, a donné lieu d’emblée à un projet d’action: le bilan de santé. En effet, la mutuelle Partena désireuse d’offrir à ses affiliés de 25 à 69 ans une consultation préventive gratuite bisannuelle, contacta l’IMP pour définir le contenu de cette consultation. Ce projet se présente comme une opportunité, une manière parmi d’autres de lancer un enracinement de la prévention sur le terrain (et ce, au niveau du patient comme au niveau du médecin). Il s’agit donc d’un projet-pilote dont l’évaluation sera primordiale. A ce propos, un formulaire reprenant les différents items proposés par l’IMP est confié au patient. Il est prévu que ce formulaire soit complété (par le patient et par le médecin), une copie restant dans le dossier médical tandis qu’une autre copie, anonymisée, est renvoyée à la SSMG pour l’évaluation. Le contenu du formulaire porte en effet sur la démarche préventive et non sur l’état sanitaire du patient.
Ce projet permet donc à l’IMP de concrétiser sans tarder le fruit de sa réflexion et d’approfondir l’analyse des obstacles aux démarches préventives en médecine générale.
Pascale Jonckheer , Institut de médecine préventive de la SSMG *
Adresse de l’auteur: Société scientifique de médecine générale, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles. .
* Toutes les personnes ayant participé à la réflexion commune sont, en quelque sorte, elles aussi les auteurs de cet article.

Liste des participants à la réflexion

Coulon Juan
Danthine Edmond
Delvoye Pierre
De Muylder Régis
Dor Bernard
Dufour André
Gailly Jeannine
Gourdin Paul
Grivegnée André
Jonckheer Pascale
Laperche Jean
Legat Pierre
Litt Vincent
Mouawad Fadi
Trefois Patrick
Vandenbroucke Anne
Vander Steichel Didier
Vanhalewyn Michel

Le bilan de santé concrètement

La Mutualité libre Partena offre à ses affiliés âgés de 25 à 69 ans l’opportunité de bénéficier tous les deux ans d’une consultation basée sur la prévention, et non sur le traitement d’une maladie. C’est le bilan de santé .
La Mutualité prend en charge le ticket modérateur, ce qui en fait une consultation gratuite si le médecin généraliste applique les tarifs de l’accord médico-mutuelliste.
Les données individuelles collectées à cette occasion seront traitées de manière anonyme et dans le respect du secret médical. Elles alimenteront une enquête consacrée à l’étude des comportements de prévention de la population.

Prévention sida en milieu carcéral

Le 30 Déc 20

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Depuis plus de trois ans, l’A.S.B.L. Service Education pour la Santé (SES) située à Huy, développe un programme de prévention du Sida, des hépatites et des maladies sexuellement transmissibles (MST) essentiellement en milieu carcéral.
Subsidiée par la Communauté Française et bénéficiant de l’aide de la Région Wallonne, l’équipe Prévention Sida-Hépatites-MST du SES travaille avec les établissements pénitentiaires de l’arrondissement de Huy-Waremme, ou qui en sont proches, à savoir les prisons de Huy, Marneffe et Andenne. Soit près de 600 détenus et 460 membres du personnel.
Nous avons rencontré deux collaborateurs du SES Huy, Mark Freyens et Sabine Dewilde.

Education Santé: En quoi consiste votre projet ?
SES Huy
: L’objectif est d’instaurer une dynamique globale de prévention du Sida, des hépatites et des MST en milieu carcéral auprès d’un maximum de personnes (détenus, surveillants et intervenants) afin de réduire le nombre de contaminations et de lever des tabous.
ES: Pourquoi avez-vous choisi d’orienter votre action vers les prisons ?
SES Huy
: Les chiffres sont là : par rapport à la population en Belgique, 15 à 20 fois plus de détenus sont porteurs de l’hépatite C, 10 fois plus du Sida et 4 fois plus de l’hépatite B. La proportion de toxicomanes est importante et représente souvent plus de la moitié des détenus. Ajoutons à cela que bon nombre de détenus sont issus de populations précarisées, ce qui signifie souvent une mauvaise prise en charge de leur santé et une difficulté d’accès à l’information et aux soins. Cette concentration plus importante de personnes porteuses de ces virus ainsi que les comportements à risque adoptés en milieu carcéral exposent les autres détenus mais aussi le personnel carcéral, les familles et autres personnes rencontrées lors des congés pénitentiaires ou libérations.
ES: Vous parlez des comportements à risque dans le milieu carcéral. Qu’en est-il précisément des modes de transmission en prison ?
SES Huy
: Pour le personnel pénitentiaire, il y a les contacts avec les détenus lors des fouilles ou autres interventions. Pour les détenus quant à eux, il y a des pratiques telles que le tatouage, le piercing, … mais le mode de transmission le plus délicat à aborder est celui des relations sexuelles : qu’elles soient consentantes ou non. En prison, c’est un réel problème, les directions ferment souvent les yeux. Cela reste un sujet tabou ou peu abordé.
ES: Concrètement, en quoi consiste votre programme ?
SES Huy
: Notre stratégie est de mettre en place des séances d’information pour les professionnels et pour les détenus concernant la prévention de ces maladies.
Au départ, il n’y avait pas de demande des institutions pénitentiaires. Cela a nécessité un important travail pour l’implantation du programme : analyser les structures formelle et informelle, identifier et prendre en compte les différents acteurs, appréhender la culture institutionnelle, constituer progressivement un réseau par lequel l’information est véhiculée.
Après accord, le travail en milieu carcéral a démarré progressivement dans les prisons de Huy, Marneffe et Andenne. Qu’on soit convaincu ou non du libre arbitre en la matière, la formation doit avoir un caractère obligatoire; en effet, les inscriptions volontaires, cela ne fonctionne pas ! Tous les prétextes d’un coté comme de l’autre sont bons pour éviter les situations qui ne paraissent vraiment pas prioritaires pour les protagonistes en prisons.
ES: Et quelles sont vos collaborations ?
SES Huy
: Hormis les réseaux qui se sont construits dans les prisons, nous collaborons avec le Service de santé pénitentiaire dont la mission est préventive et curative. Ce service soutient notre travail, il fait même l’hypothèse que si ces formations étaient proposées par un service interne, elles seraient moins crédibles!
ES: Et les formations elles-mêmes, comment se déroulent-elles ?
SES Huy
: Nous travaillons par groupes de 8 personnes. Les participants ont ainsi l’occasion de s’exprimer et se sentent en général très concernés. C’est un module de 2 heures qui reprend des informations de base sur le Sida, les hépatites A, B, et C ainsi que d’autres MST. Nous mettons la priorité sur les moyens de protection : les préservatifs, les gants pour la fouille,… Notre souci est également d’avoir une approche globale en termes de bien-être physique, d’hygiène de base. Mais le temps de formation est court !
Le fait d’être animateur extérieur met les participants en confiance. Vis-à-vis de nous, ils veulent se dégager de leur image de détenu, c’est un peu une soupape pour eux. Avec les détenus, nous travaillons toujours à deux pour l’animation. Dans la gestion de la dynamique du groupe, nous installons un climat de confiance permettant de poser des questions, de partager. Mais cela n’empêche pas qu’il y ait des moments critiques à gérer. Il y a de l’énergie, de l’électricité qu’il faut canaliser. Par exemple, certains détenus estiment que les personnes dépistées hépatite C positif, devraient être isolées. Nous ne pouvons pas adhérer à ce type de ségrégation. Nous pouvons entendre et comprendre l’inquiétude de ceux qui l’expriment et tenter de dédramatiser les réactions.
ES: Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
SES Huy
: Tant au niveau du personnel que des détenus, il y a un turn-over important. Cela signifie qu’il faut renouveler régulièrement les séances d’informations ainsi qu’identifier et contacter de nouveaux relais internes.
D’autre part, notre intervention est seulement tolérée et l’information que nous apportons est souvent en contradiction avec les moyens mis à disposition des détenus. Avec Modus Vivendi , nous militons pour la mise à disposition de préservatifs même si la réaction de certains responsables a été de dire «cela va créer un besoin sexuel, ils ne sauront plus se tenir,… ». Même lorsque l’accord est formel, nous ne sommes pas beaucoup soutenus dans les faits ; nous ne faisons pas partie du schéma institutionnel.
Il y a également des difficultés pratiques. Où stocker les préservatifs pour un accès facile ? Comment assurer un minimum de confidentialité ? Nous voudrions qu’ils soient mis à disposition dans chaque section, de manière libre et en quantité suffisante plutôt qu’à l’infirmerie où le détenu doit demander une autorisation pour s’y rendre et où l’anonymat n’est pas assuré. Les prisons de Huy et d’Andenne sont d’accord sur le principe mais n’ont pas encore choisi le lieu.
ES: Vous proposez des formations mais comment pensez-vous assurer la continuité de vos interventions ?
SES Huy
: Théoriquement et dès le début, notre objectif a été de rendre les intervenants autonomes dans ce travail de prévention mais il est difficile de trouver des relais internes stables et convaincus. Parmi les intervenants en milieu carcéral, les infirmiers seraient les mieux placés mais ils ont souvent un statut d’indépendant et de nombreuses tâches administratives à remplir. Nous avons donc dû revoir nos ambitions à la baisse : actuellement nous identifions des personnes-relais qui prennent en charge certaines questions plus pratiques.
La formation des agents pénitentiaires dépend du Ministère de la Justice. Nous espérons obtenir un financement de ce côté pour garantir la pérennité de ce travail de prévention.
Propos recueillis par Bernadette Taeymans
Pour en savoir plus, A.S.B.L. Service Education pour la Santé, Equipe prévention Sida – Hépatites- MST, chaussée de Waremme 139, 4500 Huy. Tél./fax : 085-21 25 76, courriel : ses.hesbayecondroz@wanadoo.be

Le mur qui parle

Le 30 Déc 20

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En mai dernier, le centre scolaire Pierre Paulus à St Gilles (Bruxelles) était sous le feu des projecteurs. Élèves, professeurs, parents, journalistes, sympathisants étaient tous venus inaugurer une fresque de 100m2 réalisée dans le préau de l’école. Trois murs couverts de graffes colorés et éloquents témoignent du travail de réflexion mené par les jeunes sur le thème ‘Dépendances/Autonomies’.
Marianne Dehouck , professeur de math, de sciences et coordinatrice pédagogique, a suivi l’histoire de ce projet de très près. « Depuis plusieurs années, nous travaillons sur des projets de prévention aux assuétudes au sein d’un groupe circulaire, groupe où la parole circule) composé de professeurs de différentes écoles, d’éducateurs, d’Infor-Drogues, de la Cellule de prévention de St Gilles… » nous confie-t-elle. « L’année passée, au centre scolaire Pierre Paulus, nous avons plus particulièrement abordé le thème ‘autonomies-dépendances’ au sens large, pas uniquement par rapport aux drogues. Parler de dépendances au GSM, à l’argent, à la nourriture provoque moins de gêne pour parler d’autres types de dépendances. Il y a eu une exposition à la Maison du Livre à St Gilles et une parodie d’un défilé de mode. Les élèves avaient fabriqué des costumes à partir d’éléments de dépendances. Ces événements ont eu beaucoup de succès. Le sujet était loin d’être épuisé, alors nous l’avons à nouveau proposé cette année
Chapeauté par Infor-Drogues, le Centre scolaire Pierre Paulus réfléchit à un projet qui resterait permanent au sein de l’école et qui impliquerait les différentes classes. Le préau s’impose. L’endroit n’était pas agréable, les bruits s’y amplifiaient et rendaient les récréations peu relaxantes. La section ‘construction métallique-soudage’ a placé des panneaux d’insonorisation sur le plus grand mur avec le projet de le recouvrir d’une immense fresque.
« Nous avons rencontré l’artiste Jihef de la Fondation Jacques Gueux. Il fait des graffes dans Bruxelles» reprend Christiane Dehouck. « Pendant une semain, il a travaillé avec une équipe de 6 jeunes par jour ». Les élèves participant au projet sont tous volontaires. Ce sont leurs profs qui leur ont présenté le projet. Ensemble, ils ont discuté des thèmes qu’ils voulaient exploiter par la peinture. Les jeunes ont d’abord réalisé des croquis sur papier. Puis, ils les ont présentés aux différents partenaires du projet: la direction, le proviseur, l’équipe d’Infor-Drogues et la Cellule de prévention de St Gilles. Certains dessins, comme celui représentant un jeune qui fume du cannabis, ont fait l’objet de débats. Aux enseignants opposés à voir ce graffe bombé dans le préau, les jeunes ont répondu que même pour ceux qui ne fument pas, le cannabis reste un sujet de préoccupation, qu’ils sont face au choix d’en prendre ou de ne pas en prendre.
Ce n’est donc pas un hasard si ce mur a été baptisé ‘Le mur qui génère la parole’.

Cannabis, vitesse et école broyeuse…

« Un seul groupe a choisi d’aborder le thème du cannabis. Les jeunes qui ont réalisé ce graffe ont voulu le mettre en balance avec le sport en inscrivant Faites du sport, puis un mot en arabe qui veut dire c’est bien. Je pense que les jeunes ici ne fument ni plus ni moins qu’ailleurs» , reprend la coordinatrice tout en nous faisant un descriptif visuel de la fresque. « Nous essayons d’être attentifs, de créer un dialogue là-dessus. Un autre graffe représente la notion de vitesse parce qu’en début d’année, deux jeunes dont un de l’école se sont tués en faisant des courses de voiture la nuit… Puis, éparpillés sur les trois murs, on peut lire ces mots en arabe : Tolérance et Egalité ou encore la connaissance est lumière, l’ignorance est obscurité. Autres phrases bombées sur la fresque : Quoi qu’il advienne, l’avenir nous appartient. Là, on voit : Nique les pas contents. Les jeunes ont mis leurs signatures, c’est aussi quelque chose d’important. Sur le plus grand mur, il y a un graffe sur l’école qui est un peu présentée comme une mécanique qui broie. A l’avant-plan, sont représentés des élèves qui ont leur matériel et qui lèvent le doigt. Puis derrière, ceux qui chahutent, qui font voler leurs cahiers …».
Si ces graffes témoignent des préoccupations des jeunes, ils interpellent également les enseignants. Parmi eux, quelques-uns doutaient que le graffe soit un bon moyen pour exprimer les réflexions sur les assuétudes. D’autres insistaient sur l’utilisation du mot graffe et non de celui de tag, souvent associé au vandalisme. D’autres encore se demandaient si les jeunes allaient respecter le travail accompli… Christiane Dehouck témoigne des réactions: « Nous avons écouté les élèves et puis nous leur avons dit que ce préau était leur espace, qu’ils en faisaient quelque chose de bien ou alors que nous le laissions tel quel. Depuis que la fresque est là, il y a moins de crachats, moins de canettes canardées sur le plafond ou sur le mur. Tout ça a diminué. Du côté des profs réticents, quand ils ont vu que le projet se concrétisait, que les élèves s’impliquaient et qu’il y avait une réflexion, alors à ce moment-là, certains ont changé d’avis. Ils ont commencé à s’investir plus, par exemple, en laissant les élèves sortir de leur cours pour aller préparer le travail des graffeurs en peignant les murs en blanc

Ambiance!

Les trois murs graffés auraient-ils changé l’ambiance de l’école? Pour Christiane Dehouck, pas de doute, ce projet artistique a bel et bien apporté une succession de vagues d’ondes positives. « Ce mur suscite beaucoup de dialogue entre les jeunes et nous, du respect et une reconnaissance. Les élèves sont fiers de s’être vus dans les médias. C’est très important aussi qu’on puisse faire connaître le projet à l’extérieur. Je vais d’ailleurs demander que la distribution des prix se fasse dans le préau pour que plus de parents puissent voir la fresque. Ils se sentiront peut-être plus motivés pour rentrer dans l’école
Plus de dialogue, une reconnaissance des jeunes et une meilleure implication des parents dans l’école sont les premiers effets positifs ressentis au sein de l’école. Il y en a d’autres. La coordinatrice apprécie aussi le fait que le projet se soit déroulé à l’intérieur de l’école et qu’il a impliqué les professeurs et des élèves de tous les âges. Et puis, lors du vernissage, cette autre bonne surprise: un éducateur du centre scolaire a fait une démonstration de danse Hip Hop sous les encouragements des élèves.

Vidéo ‘Dépendances/Autonomies’

En collaboration avec le Centre d’enseignement technique et professionnel Pierre Paulus, Infor-Drogues a réalisé une vidéo à partir de l’exposition ‘Dépendances/Autonomies’ qui s’est déroulée à la Maison du livre de St-Gilles en juin 2001. Ce document, bien que de qualité ‘non-professionnelle’, peut s’avérer utile à tous ceux qui s’interrogent sur la forme qu’un projet de prévention pourrait prendre en dehors des clichés les plus courants: prévention = information.
Concrètement, les images relatent les diverses expériences menées par les classes de 5e et 6e années: création de vêtements qui expriment les dépendances et les autonomies choisies par les jeunes (argent, marques, nourriture, préservatifs…); exposition de collages… Les professeurs et les élèves témoignent également de ce que leur a apporté ce projet, qui par la suite a abouti à un autre projet: la fresque murale dans le préau du centre scolaire. Un outil qui peut vous aider à concrétiser vos projets!
Vous pouvez obtenir cette vidéo en vous adressant à: Infor-Drogues, rue du marteau 19, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-227 52 52. Site internet: https://www.infor-drogues.be Courriel: courrier@infor-drogues.be

Il n’en fallait pas plus pour lancer l’idée d’un nouveau projet: l’année prochaine, cet éducateur organisera un atelier Hip Hop sur le temps de midi. Un rendez-vous qui s’annonce fédérateur et qui, espèrent les professeurs, incitera les jeunes à amener leurs tartines et à manger à l’école plutôt que d’acheter des repas avalés sur le pouce dans la rue. On le voit, cette fresque a des répercussions à plusieurs niveaux: relationnel, éducatif et même diététique…
Sa dynamique a entraîné de nombreux changements immédiats ou en devenir. Elle a touché tous les membres de l’école, comme cette assistante sociale du PMS dont Mme Dehouck nous parle: « Elle a travaillé avec la classe des premières. Elle m’a dit que maintenant, par rapport aux élèves, elle a un tout autre contact. Avant, ils ne la connaissaient pas bien et puis ‘psy’, ça fait toujours un peu mystérieux et péjoratif: si on va chez le psy, c’est qu’on est un peu fou! Voilà le raccourci que les élèves font souvent. Depuis la fresque, les élèves l’appellent Fabienne et ils viennent beaucoup plus facilement parler. Elle s’était investie dans ce projet par goût et maintenant elle a ce retour auquel elle ne s’attendait pas. C’est vraiment chouette parce que ce sont des jeunes élèves qui vont grandir dans l’école et qu’elle pourra suivre. Cette expérience lui a donné envie de se réinvestir l’année prochaine .» Les multiples répercussions positives de ce projet donnent également à d’autres écoles l’envie de s’investir avec les jeunes. Le médiateur de l’athénée de St Gilles a d’ailleurs déjà prévu de commencer le même projet dans son école. L’effet boule de neige ne fait que commencer!
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon

Psys et medias une rencontre d’un autre type

Le 30 Déc 20

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Le 14 juin 2001, les Ligues wallonne et bruxelloise francophone pour la santé mentale organisaient une table ronde avec la presse. ‘Table ronde’, et non ‘conférence de presse’. Subtil distinguo? Non, réelle différence, puisque les journalistes présents (assez nombreux, d’ailleurs, et représentant des organes de presse très divers) n’ont pas été placés en position de purs récepteurs de l’information, mais invités à débattre activement à partir de quatre brefs exposés. Nous ne pouvons pas résumer ici la teneur de ceux-ci, qui étaient déjà très synthétiques. Les textes de plusieurs interventions sont d’ailleurs disponibles auprès de la Ligue bruxelloise (1). Bornons-nous à relever quelques points saillants.
Ann d’Alcantara , psychiatre d’adolescents au Service de santé mentale Chapelle-aux-Champs (Woluwe), a entamé son intervention par la question suivante: où s’arrête la santé, où commence la maladie? Elle a insisté sur le fait que plusieurs champs ou disciplines sont concernés par cette question: les sciences de la santé (médecine, psychologie) mais aussi la sociologie, la pédagogie, la philosophie, l’histoire, les sciences politiques, la culture. Car lorsqu’un de ces points de vue prend le pas sur les autres pour définir la limite entre santé et maladie mentales, cela peut entraîner de lourdes conséquences (on peut penser à l’exemple de la psychiatrisation des dissidents en ex-URSS).
Ainsi, les troubles psychiques et les comportements typiques de l’adolescence (provocations, transgressions, prise de risques, passages à l’acte) ne sont pas de l’ordre de la maladie mentale, même s’ils en prennent parfois le visage. Ces ‘symptômes’, révélateurs de ce que le mécanisme psychique de l’adolescence est à l’oeuvre, mettent en question la normalité, la limite, l’ordre social. Mais la réaction ne peut être de les éteindre à tout prix. Si l’on veut se situer dans le domaine de la santé – et non dans le sécuritaire -, on doit oser prendre des risques, évoluer, traverser des crises, accepter qu’il y ait des transgressions. Et donc mobiliser le lien social, la culture, le politique.
Francis Turine , psychologue au Service de pédopsychiatrie Les Goélands (Spy), a souligné la tendance courante à réduire la santé mentale (l’équilibre psychique) à la psychiatrie: ainsi, les Plates-formes de concertation psychiatrique créées en 1991 ont été rebaptisées ‘concertation en santé mentale’ sans que leur composition ne change en rien; et, il y a peu, on parlait encore de ‘maisons de santé’ pour désigner les cliniques psychiatriques… Cette confusion — ou ce va-et-vient constant — entre les troubles et l’harmonie quand on parle de santé mentale amène à penser que la normalité ne peut recevoir de définition absolue dans ce domaine. La frontière entre le normal et le pathologique résiderait plutôt dans la capacité d’une personne à établir des liens sociaux, à se prendre en charge et à maintenir une place dans la société.
Michel Dewez , psychiatre au Service de santé mentale La Gerbe (Schaerbeek), a mis en exergue une conception de la maladie mentale qui se démarque très nettement de la maladie somatique: il la lit non comme un désordre qu’il s’agirait de faire disparaître mais comme ‘une autre façon de penser’, de parcourir la vie, de vivre: car on vit comme on pense, comme on organise son monde intérieur. Il est dès lors à la fois plus réaliste et plus respectueux d’accompagner le malade mental dans son parcours que de vouloir lui imposer notre propre façon de penser.
Au cours du débat, Michel Dewez parlera aussi de l’augmentation de la complexité des situations rencontrées en ambulatoire: les catégories cliniques sont mises à mal quotidiennement par des symptômes qu’il n’est plus possible de mettre dans les grilles diagnostiques classiques; dans certains quartiers, la moitié de la population provient de cultures différentes de la nôtre et présente des expressions cliniques radicalement différentes de celles qui sont propres aux 19e et 20e siècles occidentaux, nécessitant de réinventer des instruments conceptuels; le nombre de personnes concernées augmente, notamment parce que les demandes proviennent souvent de tiers: la police, le juge de paix, le CPAS, les voisins, l’aide familiale, le médecin généraliste, l’école, le centre PMS, le curé ou l’imam… D’où une nécessaire coordination entre de multiples intervenants, chacun ayant sa logique propre.
Paul Jacques , psychologue au Service de santé mentale de Gembloux, a titré son exposé “La santé sociale comme base de la santé mentale?”.
Posant sur la santé mentale un regard plus sociologique et anthropologique que médical, il s’inquiète d’un phénomène de psychiatrisation du social (individualisation des questions et des problèmes sociaux) qui se manifeste notamment par une surconsommation de médicaments psychotropes… et aussi de psys! L’alternative à cette psychiatrisation repose sur la réponse à cette question: qu’est-ce qui peut amener les gens à ne pas consulter? A savoir les ressources non professionnelles, les réseaux et relais communautaires, les lieux informels qui créent du lien social, les échanges non marchands. Et aussi les passerelles qui existent ou sont à créer entre le champ de l’action sociale et celui de la santé mentale.(2)
Dans le décours des échanges, Philippe Hennaux, psychiatre à la communauté thérapeutique La Pièce (Saint-Gilles), dénonça la confusion qui règne trop souvent dans l’emploi indistinct des mots ‘pathologie’, ‘trouble’, ‘problème’ ou autres. Classiquement, dit-il en substance, la mise en évidence d’une ‘maladie’ s’appuie sur trois choses: des symptômes, des signes cliniques objectifs (physiques) et des examens complémentaires. Certes, lorsqu’on discute entre confrères ou lorsqu’on tente de quantifier des phénomènes de santé publique, on peut recourir à des étiquetages à substrat plus hypothétique (‘dépression’, ‘schizophrénie’, etc.), mais ce ne sont pas des vérités intangibles.
En psychiatrie, quand on est face à quelqu’un qu’en d’autres lieux on rangerait dans la catégorie ‘schizophrène’, la première tâche est de lui montrer tout l’écart qu’il peut y avoir entre lui et ce qu’on met généralement dans ce mot. Sinon on s’expose à ce que le nom de la maladie mette une sourdine à ce qu’il dit et à notre disponibilité d’écoute. Ce qui ne va pas chez cette personne, ce qui l’amène, cela s’appelle d’abord son histoire, sa vie, mais pas ‘schizophrénie’.(3)
En conclusion, il faut saluer une initiative originale, dont les promoteurs se présentaient moins comme experts que comme partenaires (puisque l’on parle beaucoup de partenariat et de participation en ce moment, il est assez heureux de les voir mis en pratique). Gageons que l’expérience se renouvellera. Et formulons deux suggestions. Primo, c’est surtout le secteur ambulatoire des soins de santé mentale qui était représenté: pourquoi ne pas s’ouvrir un peu plus à d’autres secteurs? Secundo, ce sont les organisateurs qui ont choisi les thèmes abordés — ce qui était parfaitement logique pour une première fois. A l’avenir, peut-être les journalistes invités pourraient-ils aussi être contactés préalablement pour recueillir les questions qu’ils se posent ou les sujets qui les intéressent plus particulièrement. En tout cas, nous sommes preneurs…
Alain Cherbonnier , avec la collaboration de Thierry Poucet
(1) Tél. 02 511 55 43, fax: 02 511 52 76, courriel: lbfsm@skynet.be
(2) Sur ces questions, voir notamment le numéro spécial 2001 de Bruxelles Santé , pp.40-45 et 59-62.
(3) On pourra prendre connaissance de positions très opposées sur le site présenté dans notre encadré.

Un site ‘hérétique’?

Que ce soit pour des raisons diplomatiques, stratégiques ou autres, il semble que le consensus social a le plus souvent régné en maître durant l’Année de la santé mentale que nous venons de vivre. Certes opportune à nos yeux par divers aspects, l’entreprise généra plus de chorus que de crêpages de chignon. C’est pourquoi, il nous paraît intéressant d’épingler ici – en contrepoint des thématiques et des visions mises le plus souvent à l’honneur – une voix isolée et résolument discordante: celle du Dr Jean Desclin . A l’adresse https://www.mens-sana.be , ce dernier a consacré tout un site internet, de présentation élégante et régulièrement enrichi, à pourfendre l’esprit et la lettre de cette vaste initiative collective à laquelle il est intellectuellement allergique.
Si une partie des arguments qu’il développe peut paraître faible, caricaturale et parfois inutilement blessante pour certains types d’acteurs de terrain, d’autres ne manquent pas d’interpeller sur un mode incisif et solidement charpenté.
L’auteur, en gros (mais ne simplifions pas à notre tour son discours), déplore que la «promotion de la santé mentale» se cantonne dans la mise en relief de malaises à large spectre dont les raisons sont plus économico-politiques que médicales. Pour lui, cet humanitarisme flou rejette dans l’ombre la minorité des personnes les plus lourdement et chroniquement atteintes (schizophrénie, dépression grave…). Croyant aux facteurs biologiques plus qu’environnementaux (ce qui s’induirait de la prévalence stable de certaines pathologies extrêmes au fil des siècles), il dénonce néanmoins le marché psycho-pharmacologique actuel dans sa prétention à répondre adéquatement à des ‘catégories de patients’. Chaque sujet est susceptible de réagir bien ou mal à telle ou telle molécule et seul l’entourage, selon le Dr Desclin, est vraiment bien placé pour évaluer au quotidien l’efficacité d’une médication. Des considérations sur certaines discriminations intolérables dont font l’objet les malades ‘psychiatriques’ par rapport aux malades ‘somatiques’ trouvent également place, parmi d’autres questions, sur ce site atypique qui mérite au moins un détour attentif.
T. P.

La prévention du sida, plus que jamais à l’ordre du jour

Le 30 Déc 20

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Comme chaque année, une campagne de prévention du sida et des MST a été organisée pendant les vacances d’été en Communauté française Wallonie-Bruxelles. Mise en place par la Plate-forme prévention sida , elle réutilise le Permis de séduire, qui avait rencontré un joli succès en 2001, en jouant cette fois la carte positive de la séduction pour promouvoir l’usage du préservatif.
La présentation de la campagne a été l’occasion pour Nicole Maréchal , la Ministre de la Santé, de rappeler les défis que nous pose ce problème majeur de santé publique.
Nul n’ignore plus aujourd’hui l’ampleur de la catastrophe au niveau mondial: 40 millions de porteurs du virus, dont une proportion grandissante de femmes et d’enfants, mortalité en augmentation, les populations les plus touchées n’ayant guère accès aux traitements malgré les déclarations généreuses des pays riches…
En Belgique, la situation est relativement stable, mais on a observé les deux dernières années un nombre de nouveaux diagnostics d’infections VIH proche de celui du début des années 90, qui correspondent à un pic dans notre pays avec près de 1000 nouveaux cas par an.
La vigilance reste donc de mise, notamment pour des actions de prévention dirigées vers les populations les plus vulnérables.
La Communauté française consacre environ 1,5 million d’euros, soit 10% de son budget santé à la prévention du sida. C’est à la fois peu dans l’absolu et beaucoup quand on connaît l’étroitesse du budget communautaire. La lutte contre le sida étant une priorité de la Charte d’avenir de la Communauté française, les moyens devraient augmenter progressivement dans les prochaines années.
Les actions se développent dans quatre domaines:
– information et sensibilisation du grand public, information et éducation des publics spécifiques (prostitution, homosexuels, consommateurs de drogues, immigrés du Sud mais aussi de l’Est, population carcérale);
– information sur le dépistage et accès à celui-ci;
– lutte contre les discriminations (emploi, logement, assurances, école…);
– suivi de l’épidémie sur le plan statistique et épidémiologique, mais aussi sociologique, avec l’appui entre autres de l’Observatoire socio-épidémiologique du sida et des sexualités.
Pour la campagne d’été 2002, deux cibles ont été privilégiées, les 15-24 ans et les 25-35 ans. Le Permis de séduire s’inscrit cette année dans une démarche plus globale de valorisation de la séduction dans les relations affectives et sexuelles. Cette dimension est très présente dans les slogans et ‘visuels’ (‘Donne un plus à ta séduction’, ‘Séduire, ce sont 1000 petits gestes plus1’), ainsi que dans les deux spots radio, qui jouent sur la popularité des Boys Band pour les garçons et des chanteuses ‘à voix’ pour les filles.
De quoi rendre la prescription de relations protégées plus sympathique. Cette démarche a également été renforcée par des animations lors des festivals de musique.
Pour en savoir plus: Plate-forme prévention sida, av. Emile de Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02-733 72 99. Fax: 02-646 89 68. Courriel: preventionsida@skynet.be.

Le financement de la prévention du tabagisme par l’industrie (suite)

Le 30 Déc 20

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Dans notre dernier numéro, nous publiions un article de Danielle Piette1 mettant en question une des stratégies actuelles de l’industrie du tabac, à savoir investir dans des actions de prévention du tabagisme, en particulier à l’égard des adolescents. S’appuyant sur une solide revue de la littérature, son point de vue est de simple bon sens: l’industrie du tabac a intérêt non pas à dissuader les gens de commencer à fumer, mais au contraire à les pousser à expérimenter la cigarette le plus tôt possible, dans l’espoir que la dépendance s’installera rapidement 2.
Devant les innombrables décès prématurés occasionnés par le tabagisme et la perte de clientèle qu’ils représentent, il faut bien renouveler le marché, donc recruter en masse de nouveaux fumeurs dans les jeunes générations.
Ce texte, défendu par d’autres acteurs en promotion de la santé, a aussi été publié dans le quotidien La Libre Belgique et dans l’une ou l’autre publication réservée au corps médical.
L’administrateur délégué de la Fondation Rodin (citée par l’auteur comme financée par Philip Morris), le Dr Luc Joris , a réagi en accusant Danielle Piette de répandre des rumeurs et des demi-vérités. Il précise ainsi que le Ministre des Finances alimentera également un fonds destiné à la prévention du tabagisme, du même montant que la dotation de Philip Morris. Comme si cela changeait quelque chose au caractère contestable de l’initiative du n° 1 mondial du tabac!
Cette polémique aura au moins eu le mérite de mettre à l’agenda une question éthique intéressante: la santé publique et les intérêts commerciaux d’industriels produisant des marchandises dangereuses pour la santé sont-ils compatibles?
En attendant, le secteur du tabac se porte comme un charme en bourse, diversifiant ses activités dans l’agro-alimentaire, et ayant provisionné les dédommagements considérables accordés par les tribunaux aux victimes de la cigarette.
De quoi rassurer pleinement les bénéficiaires de ses largesses dans le domaine de la prévention tabac! Christian De Bock (1) PIETTE D., Pourquoi? Parce que Philip Morris…, Education Santé n° 170, juin 2002, p. 12 et 13.
(2). Un élément de poids à ajouter à la bibliographie: LANDMAN A., LING P.M., GLANTZ S.A., Tobacco industry youth smoking prevention programs: protecting the industry and hurting tobacco control, American Journal of Public Health, june 2002, vol 92, n°6, 917-930. La conclusion des auteurs au terme de l’analyse de documents auparavant tenus secrets de l’industrie du tabac, est que les programmes de prévention de cette dernière destinés aux jeunes font plus de tort que de bien au contrôle du tabagisme, et que l’industrie ne devrait pas été autorisée à mettre en place ou financer ce type de programmes.

Publicité des médicaments sur prescription: danger!

Le 30 Déc 20

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Le médicament n’est pas un produit de consommation banal. Les propositions de directive et de règlement qui vont être discutées au Parlement européen privilégient la compétitivité à court terme des industries du médicament. Le collectif Europe et médicament appelle les parlementaires à la prise en compte de l’intérêt des patients et de la santé publique.
Le collectif Europe et médicament regroupe un grand nombre des associations de malades, des organismes nationaux indépendants, des organismes d’assurance maladie, des producteurs d’information indépendante sur le médicament, de divers pays européens. Il considère que le médicament nécessite une évaluation rigoureuse, une surveillance attentive de ses effets indésirables et une information fiable de tous les acteurs concernés.
Des propositions de la Commission européenne pour une nouvelle directive et un règlement prévoient un assouplissement des procédures d’autorisation de mise sur le marché des médicaments: autorisations plus rapidement délivrées et suppression de la procédure de réévaluation quinquennale des dossiers, sans renforcement réel de la pharmacovigilance. En autorisant par ailleurs les firmes pharmaceutiques à communiquer directement auprès des patients sur les maladies et les médicaments qui nécessitent une prescription médicale, les propositions de directive et de règlement visent à développer, in fine , la publicité pharmaceutique destinée au grand public pour des médicaments de prescription.
Le collectif Europe et médicament plaide pour le maintien de délais raisonnables pour évaluer rigoureusement les dossiers des médicaments avant d’autoriser leur mise sur le marché, sauf dans des cas exceptionnels d’urgence sanitaire où les malades n’ont pas d’alternative. Le collectif demande une réévaluation quinquennale effective des médicaments prenant en compte notamment les données de pharmacovigilance disponibles.
Il rappelle aussi que la communication émanant de firmes qui produisent et vendent des médicaments est par définition de nature promotionnelle. L’information fiable et comparative dont les patients ont besoin ne peut provenir que de sources indépendantes.
Selon le collectif, trois principes sont aujourd’hui à renforcer dans le système européen de régulation du médicament: l’harmonisation entre les pays pour garantir une évaluation et une surveillance de qualité, l’indépendance des institutions chargées du médicament et la transparence du système pour tous, comme le prévoit la Charte des droits fondamentaux dans l’Union Européenne.
Le collectif prépare des propositions d’amendements à la directive et au règlement.
Pour en prendre connaissance vous pouvez contacter: Antoine Vial: + 33 6 73 00 15 40, ou + 33 1 49 23 72 80 .

Première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac

Le 30 Déc 20

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Mobiliser les solidarités francophones contre l’épidémie causée par le tabac

Le Canada sera l’hôte de la Première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac qui se tiendra du 15 au 18 septembre 2002 au Palais des Congrès de Montréal. De 700 à 1.000 participants y sont attendus en provenance de tous les pays et régions francophones du monde: médecins, pharmaciens et autres professionnels de la santé, responsables politiques et administratifs ainsi que des représentants d’organisations locales, régionales, provinciales et nationales qui oeuvrent à la réduction du tabagisme. La Conférence poursuivra un but précis: mobiliser les solidarités francophones contre l’épidémie causée par le tabac.
Depuis quelques années déjà, le Canada fait office de pionnier en matière de lutte antitabac. À la demande des groupes de santé les plus influents, les gouvernements des provinces et celui du Canada se sont dotés de lois et de règlements qualifiés par plusieurs comme étant les plus progressistes au monde. Par ailleurs, le Gouvernement du Québec est l’un des seuls à rembourser les frais des thérapies médicales favorisant la cessation.
Tout le monde sait à quel point le tabac est nocif tant pour la santé de ceux et celles qui le consomment que pour celle de leur entourage, et combien la dépendance tabagique coûte cher, en argent et surtout en vies. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le tabac est responsable d’environ 4 millions de décès annuellement, soit 11.000 décès par jour. La situation est donc inquiétante, d’autant plus que les spécialistes pensent que le tabac fera 10 millions de victimes par an à l’horizon 2030.
À l’occasion de cette grande première internationale pour la francophonie, les participants pourront donc échanger avec leurs collègues concernés par la dépendance nicotinique et par la cessation tabagique et ce, dans la langue de Molière. Des conférenciers experts présenteront, quant à eux, des méthodes d’arrêt tabagique et divers supports dont le fumeur peut bénéficier incluant l’aide du médecin traitant, les conseils des pharmaciens et les substituts nicotiniques. De plus, on y traitera de la protection des non-fumeurs et des programmes de prévention auprès des jeunes.
La Conférence sera aussi l’occasion de jeter un regard approfondi sur de nouvelles approches fondées sur l’action politique et le plaidoyer comme stratégie de prévention et de promotion de la santé. On examinera enfin la responsabilité de l’industrie du tabac dans le développement de l’épidémie tabagique et ses tactiques pour recruter de nouveaux fumeurs parmi les jeunes.
En décembre dernier, les organisateurs de la Conférence ont effectué une tournée de promotion qui les a menés au Canada, en France, en Belgique, en Suisse et au Mali. Partout, les professionnels, militants, fonctionnaires et hommes politiques rencontrés se sont montrés enthousiastes à l’idée de partager, en français, leurs projets et préoccupations concernant la lutte contre le tabac. Il faut dire que les grandes rencontres internationales sur le tabagisme, à l’instar de la quasi-totalité des forums scientifiques de haut niveau, se déroulent exclusivement en anglais. L’idée est donc de créer une plate-forme où les francophones engagés dans la lutte contre le tabac pourront s’exprimer et échanger spontanément.
À plus long terme, on désire renforcer le mouvement antitabac actif dans la francophonie, créer un véritable réseau d’intervenants dans diverses disciplines et lancer des axes de collaboration Est/Ouest et Nord/Sud sur la lutte contre le tabac. Pour ce faire, on souhaite en arriver, à la fin de la conférence, à l’adoption de la Déclaration de Montréal, sorte de charte de la lutte contre le tabac pouvant guider l’action des gouvernements et autres intervenants des pays francophones.
Le site de la Première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac, https://www.cifcot.com (info@cifcot.com), transmet toute l’information utile pour vous inscrire.

Les sujets de la conférence

Les pratiques manipulatrices de l’industrie
La contrebande de tabac
L’industrie et le marketing du tabac
L’industrie du tabac et les jeunes
L’industrie du tabac et les femmes
L’industrie du tabac et les pays en développement
Les tactiques et stratégies de l’industrie du tabac et de ses alliés
La manipulation des milieux scientifiques
L’industrie du tabac et les analyses économiques
Le développement et la manipulation du produit
Les mobiles derrière les actions de l’industrie

Les mesures efficaces ou prometteuses
Le remboursement des substituts nicotiniques
Les programmes gouvernementaux de remboursement des substituts nicotiniques
Les méthodes d’arrêt tabagique
L’évaluation des méthodes d’arrêt tabagique
La formation des professionnels de la santé
La réduction des risques
Les interdictions à la promotion du tabac
Les avertissements sanitaires
Les interventions efficaces auprès des jeunes
Les méthodes d’évaluation des interventions auprès des jeunes
La taxation
Les concours: motivation à l’arrêt tabagique
Les poursuites contre l’industrie du tabac
Système de santé et arrêt tabagique
Les nouveaux courants de dénormalisation
La protection des non-fumeurs
La Convention internationale antitabac
Le développement des solidarités Nord/Sud Les actions publiques
La mobilisation et la formation de coalitions
Les relations avec les gouvernements
Les stratégies de communication
Les relations avec les médias
Neutralisation de l’industrie du tabac et de ses alliés

Public précarisé et secteur médico-social: apprendre l’un de l’autre

Le 30 Déc 20

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Invité récemment par l’ Observatoire de la santé du Hainaut à présenter son travail dans le cadre des Midis santé, Pierre Hendrick, médecin généraliste à la Maison médicale du Vieux Molenbeek et membre d’ATD Quart-Monde, défend l’efficacité d’un partenariat avec le public défavorisé.
Pierre Hendrick affectionne cette histoire, celle de quatre aveugles, pour parler de son travail. Celui qui chemine en tête heurte un obstacle. Les suiveurs sont projetés en avant. L’un pense avoir touché une branche. L’autre, une colonne. Le troisième un tronc et le dernier un drôle d’animal Un passant leur expliquera qu’ils ont rencontré… un éléphant. C’était sa défense, son pied, son ventre et sa queue. « Un récit pour souligner que nous voyons les choses en fonction de nos expériences, de nos sens, de notre position.»

Lieux communs qui séparent

« Des interprétations, des représentations, nous en avons tous. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles conditionnent nos choix en matière d’actions. Il faut le savoir .
On pourrait céder à la facilité de classer en catégories le public avec lequel on travaille. Il y aurait celui qui surmonte les obstacles, celui qui progresse avec l’aide d’un travailleur social, celui qui semble se résigner ». Et Pierre Hendrick d’apporter un autre angle de vue en donnant l’exemple de personnes arrivant à l’hôpital et retournant chez elles sans s’être présentées aux urgences. « Beaucoup de personnes en précarité rencontrent des problèmes avec l’écriture. Leurs capacités de lire et d’écrire se sont émoussées. D’où le rôle primordial d’une signalisation simple et d’un accueil adéquat.»
Les représentations sociales du public en précarité à l’égard des professionnels constituent aussi des obstacles. Les travailleurs médico-sociaux peuvent être perçus comme des contrôleurs.
La valeur incontestée qu’est la santé dans notre société amène parfois à des pratiques qui infantilisent ceux qui ne semblent pas en faire une valeur prioritaire. «Si je vous disais , illustre Pierre Hendrick, faites ceci et cela pour courir le 100 mètres en x secondes, vous me répondriez sans doute que ce n’est pas votre but, que mon discours est sans objet» .
Un langage imagé mis au service de chiffres, mais surtout de personnes. « Tout le monde sait que la mortalité est plus importante chez les personnes précarisées. Les études de morbidité réalisées pour éclairer cette situation sont prises en défaut. Car ce qui sépare l’existence du symptôme et son diagnostic est conditionné par la perception que l’on a de son corps, et par, entre autres, le revenu. L’écart entre riches et pauvres est sous-évalué.»

Travail communautaire

Parmi les critères de qualité qui se sont dégagés au fil du temps figure l’approche communautaire. Elle est moins anxiogène pour la population qu’une approche individuelle centrée sur un problème ou une carence.
Un exemple? Il existait une résistance très forte dans un quartier bruxellois au dépistage de la tuberculose. Les habitants connaissaient leur risque d’être malades et d’être envoyés en traitement, donc séparés des leurs. Le changement est intervenu quand le quartier (la commune, la FARES) s’est mobilisé pour leur assurer que la visite des proches serait organisée.
Cette connaissance des attentes réciproques, la Maison médicale du Vieux Molenbeek l’a organisée. Elle a pris la forme d’un «croisement des savoirs» (1): le savoir des personnes précarisées, celui des intervenants tels que les médecins généralistes, les permanents des consultations ONE et le savoir des chercheurs.
Et ces gens ont des choses à dire. Voici par exemple leurs réponses à la question «que faire pour mettre fin aux inégalités sociales de santé? »:
– développer une approche multisectorielle de la santé, par l’accès à des logements sains, un revenu plus important, l’instruction;
– viser à accroître l’estime de soi et le bien-être des personnes en difficultés;
– rendre les soins plus intelligibles (pourquoi on fait les choses, comment on les réalise);
– harmoniser les règlements d’accès aux soins des CPAS;
– créer un espace de dialogue où la santé pourra grandir;
– prendre le temps de s’apprivoiser, de bâtir, mais aussi d’évaluer.
Autant de propositions nées d’un croisement des savoirs qui donne à Molenbeek naissance à une pratique commune.
Véronique Janzyk

(1) Pour en finir avec les inégalités sociales de santé, Santé-Culture et Observatoire de la Santé de Bruxelles-Capitale. Document disponible à l’Observatoire de la Santé de Bruxelles-Capitale, tél. 02 502 60 01

Mammotest : c’est parti !

Le 30 Déc 20

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Le programme de dépistage du cancer du sein démarre enfin en Communauté française. Début août, les premières invitations aux femmes âgées de 50 à 69 ans pour passer gratuitement un mammotest parviendront à leurs destinataires.
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Une femme sur douze sera touchée dont 70% de plus de 50 ans. Une sur vingt en meurt. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, ce cancer touche des femmes encore jeunes avec une espérance de vie importante. Un dépistage précoce permet d’envisager une thérapeutique efficace qui réduit la mortalité de façon significative. Le programme de dépistage du cancer du sein poursuit plusieurs objectifs: réduire la mortalité de 30%, prolonger la vie et la qualité de vie des femmes ciblées et diminuer les coûts globaux des traitements.
En Communauté française, 450.000 femmes âgées entre 50 et 69 ans sont concernées par cette vaste opération.

Concrètement

Chaque femme recevra un courrier personnalisé accompagné d’un dépliant d’information sur le mammotest et de la liste des unités de mammographie agréées. En plus de l’information, un rappel est prévu si, dans les 6 mois, la femme n’a pas répondu à l’invitation. En parallèle, le médecin traitant peut également prescrire un mammotest. Les résultats de la première lecture sont enregistrés dans un fichier. Si le résultat est positif, un autre radiologue fait une deuxième lecture. Si les avis des deux radiologues divergent, une troisième lecture est organisée. Le premier radiologue transmet les résultats au médecin traitant choisi par la patiente. Les unités de mammographie doivent répondre à des critères de qualité européens très exigeants concernant l’examen radiologique, la double incidence, la deuxième lecture des clichés et le contrôle de la qualité technique des appareils.

Beaucoup de retard

Il aura fallu attendre un an et demi après la signature d’un accord entre l’Etat fédéral, les Communautés et les Régions pour que la Communauté française Wallonie-Bruxelles lance le programme ‘mammotest’. En Flandre, il a débuté il y a un an.
Pourquoi un tel retard? Une des raisons invoquées est qu’il a fallu rendre conforme les unités de mammographie: au départ, seules 3 unités sur 97 répondaient aux critères de qualité européens! L’opération d’agrément a impliqué de gros efforts de la part des radiologues pour adapter leur matériel. Un état qui, apparemment, avait été sous-estimé. Aujourd’hui, une centaine de radiologues et une cinquantaine d’unités de mammographie sont agréés. Un des soucis était évidemment de disposer d’un nombre suffisant d’unités et de radiologues, dispersés sur la Communauté française. Il fallait que le déplacement vers ces lieux ne soit pas un obstacle à la participation des femmes.
Autre obstacle qui a retardé le lancement du programme: la qualité du fichier de population transmis par la Banque Carrefour de la sécurité sociale. Il contenait de nombreuses erreurs de données ou d’actualisation. Le fichier actualisé est arrivé fin mai 2002!

Qui fait quoi

?
Le fédéral organise le remboursement des prestations par l’ouverture d’une nomenclature INAMI spécifique couvrant la mammographie de dépistage et la deuxième lecture des clichés.
La Communauté française est responsable: de la sensibilisation et de l’information des femmes et du corps médical; de l’invitation des femmes de 50 à 69 ans à pratiquer cet examen de dépistage tous les deux ans; de l’agrément des radiologues et des unités de mammographie; de la participation à un enregistrement des données pour la gestion et l’évaluation du programme en collaboration avec le Registre national du cancer; de la garantie de la transmission des résultats auprès des médecins traitants et des femmes; de la mise en place d’un consensus avec la Communauté flamande et la Région de Bruxelles-Capitale pour développer le programme sur le territoire de cette entité.
La coordination de l’ensemble du programme en Communauté française est assurée par le Centre de référence communautaire.
En partenariat avec la Communauté française, chaque province est chargée de mettre en place un centre de coordination provincial . Dans chacun de ces centres, on forme un comité de pilotage composé de représentants des médecins traitants, généralistes et gynécologues, radiologues et spécialistes de la communication et d’un coordinateur. Un représentant de ces comités de pilotage participera au comité de pilotage du Centre de référence communautaire. Les centres de coordination provinciaux ont pour missions: de sensibiliser les femmes, de faire les invitations à partir des listes de population, d’enregistrer les résultats des premières lectures des mammotests, d’organiser la double lecture, de transmettre les résultats aux médecins, d’enregistrer les résultats de mises au point et enfin de réaliser une analyse et une évaluation au niveau local.
Tout semble donc prêt pour le véritable lancement de ce programme, le premier du genre en Communauté française. Les efforts pour le réaliser sont considérables. Reste à voir si les objectifs seront atteints et si, sur le terrain, les différentes étapes du programme se dérouleront comme prévu. Le mammotest est le seul moyen qui permet de déceler très tôt une petite anomalie. Espérons que les femmes ciblées, tous milieux confondus mesureront toute l’importance de l’enjeu et répondront massivement à l’invitation!
Renseignements: Centre communautaire de référence pour le dépistage du cancer du sein, 479 chaussée de Louvain, 1030 Bruxelles. Tél. 02-742 21 34. Fax: 02-742 21 35. Courriel: CCR@skynet.be
Centre de coordination de la Province du Brabant wallon, 25 chaussée des Nerviens, 1300 Wavre. Tél.: 010-23 61 88. Fax: 010-23 61 90.
Observatoire de la santé de la Province du Hainaut, 1 rue St-Antoine, 7021 Havré. Tél.: 065-87 96 70. Fax: 065-87 96 78. Courriel: osh.mammo@hainaut.be

Dépistage mobile de la Province de Liège, 28 rue de Wallonie, 4460 Grâce-Hollogne. Tél.: 04-24763 40. Fax: 04-263 63 41. Courriel: jean-marie.delleuze@prov-liege.be
Centre de coordination provincial de la Province de Luxembourg, 49 rue de la Station, 6900 Marloie. Tél.: 084-31 05 01. Fax: 084-34 57 90. Courriel: obs.sante@province.luxembourg.be
Institut provincial d’hygiène sociale de la Province de Namur, 3bis rue Château des Balances, 5000 Namur. Tél.: 081-72 37 43. Fax: 081-72 37 53. Courriel: philippe.daumerie@province.namur.be

Sensibiliser les relais à l’information des enfants

Le 30 Déc 20

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Bénédicte Minguet est psychologue et coordinatrice ‘Humanisation des soins’ à la Clinique de l’Espérance à Montegnée. Auteur de la partie théorique du dossier pédagogique d’ ‘Ensemble, découvrons l’hôpital’ , elle nous parle de son cheval de bataille: créer des outils et former soignants, enseignants et parents à l’information des petits patients. Education Santé: Pourquoi avoir collaboré avec les Mutualités chrétiennes pour réaliser ce dossier pédagogique?
Bénédicte Minguet: Il y a trois ans, j’ai écrit un dossier pédagogique sur le sujet de l’enfant et l’hôpital à l’intention des enseignants. J’en avais parlé à Nicole Elias d’Infor Santé à Liège. Elle m’a proposé d’associer mon expertise du sujet avec l’expérience des Mutualités en matière de promotion de la santé, de campagnes scolaires. Ce partenariat a permis d’aboutir à un produit aussi fini.
E.S.: Dans le dossier, vous ciblez les enseignants avant les enfants. Pourquoi?
B.M.: Parce que dans une classe, ils sont vecteurs du message. L’objectif est de les accompagner dans le fait d’aborder la notion d’hôpital. Pour ce faire, il est important de leur donner une représentation adaptée de l’hôpital, d’une part en les interpellant sur leurs propres représentations et d’autre part, en insistant sur la dimension émotionnelle de celles-ci. En effet, l’hôpital réveille en nous des souvenirs souvent désagréables liés à la douleur, la séparation, la non reconnaissance de la souffrance…
Au moment où je créais ce dossier pédagogique, j’avais été dans les écoles et je me suis rendu compte que quand on aborde la notion d’hôpital avec les enfants, ils vous donnent dans l’instant des exemples impressionnants tels que: ‘ma mère y est allée, elle a eu fort mal!’ ou ‘moi, j’y suis déjà allé quand ma petite sœur est morte’…
Les enfants sont plus spontanés que les adultes, ils témoignent de souvenirs pénibles et il n’est pas facile de faire abstraction de ses propres souvenirs en les écoutant. On peut aisément comprendre la difficulté des instituteurs face à ces propos directement liés à la notion d’hospitalisation. Ils souhaitent en général pouvoir disposer de ressources pour aborder ce thème.
E.S.: Quel est le but de ce dossier, de cette campagne?
B.M.: En matière d’information à donner à l’enfant sur l’hôpital, chacun a un rôle à jouer. L’objectif est de distribuer ce rôle entre tous les intervenants autour de l’enfant dans une cohérence à propos du contenu. Quand un enfant est malade, chacun l’informe selon sa fonction, à sa manière: les parents, le médecin traitant, l’école et l’hôpital aussi.
Ces rôles sont complémentaires et se respectent. Si le médecin explique à l’enfant les gestes qu’il fait, ce sont quand même les parents qui vont expliquer l’enjeu de l’opération ou de la visite avec leurs propres mots. A mon sens, l’école est là pour expliquer ce qu’est un hôpital. Le but est de rassembler tout le monde autour de cette nécessité d’informer et d’accorder chacun sur le type d’information à donner en valorisant les compétences de chaque partenaire. Si un instituteur informe un enfant de ce qu’est l’hôpital (comment il fonctionne…), le parent va-t-il aussi avoir une approche ouverte et parler de l’hospitalisation à son enfant?
Nous avons eu beaucoup de parents qui n’osaient pas informer leur enfant par rapport à son éventuelle venue à l’hôpital tout simplement parce qu’ils sont démunis. Ils se disaient qu’il valait mieux qu’il ne le sache pas, afin qu’il ne se tracasse pas à l’avance. Mais au moment où l’enfant arrive, cela peut être un choc très important qui laisse des traces dans le souvenir de l’enfant et dans son comportement envers le milieu médical. A cela s’ajoute bien sûr une perte de confiance vis-à-vis du monde adulte qui l’entoure. Moins il a d’information, plus l’enfant imagine des choses effrayantes. Les 5-8 ans sortent à peine de cette dimension plus magique où ils peuvent donner un pouvoir aux choses et imaginer des choses qui ne sont pas réelles.
E.S.: Quelles étaient les expériences déjà menées à Montegnée?
B.M.: Nous sommes depuis quelques années en contact avec les hôpitaux pédiatriques de Montréal. Nous avons eu l’occasion d’étudier la manière dont ils informaient les enfants et nous avons rapporté des outils d’information adaptés à ce public: il y avait entre autres, les marionnettes chirurgicales, la poupée oncologique… Nous avons appliqué le concept de préparation des enfants à l’opération sur la base du jeu médical. Ce projet s’est étendu à la préparation des enfants aux soins douloureux mais aussi à l’explication de la maladie grave telle que le cancer et finalement à l’ensemble des pathologies rencontrées dans le département pédiatrique. Informer l’enfant, c’est aussi informer ses parents, ses frères et sœurs, et même dans certains cas, sa classe, faire en sorte que l’enfant soit considéré comme un sujet et non comme un objet, qu’il soit acteur de son hospitalisation.
Nous avons ensuite créé des formations à l’intention du personnel soignant sur l’utilisation du jeu comme outil d’information dans la pratique soignante. Grâce au jeu, l’enfant peut reproduire les gestes de l’infirmière et manipuler le matériel médical. Il acquiert un certain contrôle sur ce qu’il vit, il peut aussi expliquer à ses frères et sœurs ce dont il souffre. Bref, il parvient à communiquer autour de sa maladie, tant avec les soignants qu’avec sa famille.
E.S.: Comment est venue l’idée de vous adresser au monde scolaire?
B.M.: Quand l’enfant est prévenu de son hospitalisation, on peut l’y préparer mais il y a aussi tous ces enfants qu’on ne sait pas prévenir parce qu’ils viennent par le circuit des urgences. Nous avons eu envie de développer un programme avec les soignants des urgences pour faire découvrir l’hôpital aux enfants par le circuit qu’ils feraient si un jour ils y étaient amenés. C’est ainsi que l’idée de la prévention scolaire a été créée. On aurait pu faire cette prévention de manière tout à fait extérieure à l’hôpital, par exemple, en réalisant une vidéo mais je pense qu’il est bien plus intéressant que ce soient les soignants qui invitent les enfants à l’hôpital. De cette manière, on touche directement à ce qui va être essentiel quand l’enfant va venir, c’est-à-dire la relation in situ.
Il faut qu’il y ait un contact, un dialogue et que les enfants comprennent que les soignants sont là pour les aider. C’est important aussi que les soignants voient les enfants avant qu’ils soient soignés, qu’il y ait une occasion d’exprimer toute leur motivation en dehors des moments stressants. L’année dernière, une cinquantaine de classes à partir de la 2e maternelle jusqu’à la 6e primaire sont venues et ont fait tout un circuit à l’hôpital en passant par les urgences, la cuisine, la salle de jeu, la chambre d’hospitalisation, la radio, l’école à l’hôpital… L’enfant est amené à rencontrer tous les intervenants.
On demande aux classes d’amener deux poupées. La classe va aux urgences et les infirmières réalisent les soins sur les poupées. Les soins sont réels. Les enfants voient, par exemple, la pause d’un cathéter. Au-delà de l’aspect didactique, il y a toute cette approche à la souffrance et à la douleur. En montrant une aiguille qui rentre sous la peau, on recrée des conditions similaires à celles que l’enfant pourrait vivre. Et en les créant de manière non angoissante, on a accès à un discours, un dialogue émotionnel au sujet de la douleur et de la souffrance qui peut être tout à fait préventif et qui peut anticiper de manière positive le moment où l’enfant viendra se faire soigner. C’est important parce que je crois que des conditions comme ça, on n’en crée pas souvent.
E.S.: Comment ont réagi les enseignants qui accompagnaient les classes?
B.M.: Ils étaient autant intéressés que les élèves. Certains disaient: ‘je ne savais pas qu’à l’hôpital, il y avait des infirmières qui souriaient’ ou ‘je ne savais pas qu’il y avait une salle de jeu à l’hôpital’ ou encore ‘c’est la première fois que j’ai osé regarder la pose d’un cathéter’. Trouver une information assez simplifiée, accessible et compréhensible leur a plu. On s’est rendu compte qu’il y avait un réel intérêt, qu’eux-mêmes étaient mal informés à ce sujet.
E.S.: A long terme, ce ne seront plus les mêmes patients que ceux d’aujourd’hui…
B.M.: Tout à fait. Investissons dans cette sensibilisation-là et on aura des adultes qui pourront se positionner de manière beaucoup plus claire vis-à-vis du soignant pour ouvrir un dialogue et arriver à être au plus près des besoins. Actuellement, il y a un écart entre les soignants et les patients qu’il faut diminuer. Il n’y a pas assez d’écoute, de compréhension, d’information. Le langage n’est pas adapté. Si l’écart diminue, ça veut dire que le patient va aussi pouvoir remettre en questions les soins. Il faut avancer judicieusement. Révolutionner tout ça portera ses fruits à terme mais il faut que ce soit constructif. Nous devons sensibiliser les nouveaux patients mais sensibiliser aussi les soignants à être à l’écoute et à pouvoir répondre. Ils vont devoir tenir peut-être un discours différent de ce qu’ils disaient auparavant. On ne peut pas être extrêmement performant techniquement et puis ne jamais répondre aux interpellations des patients. Je crois qu’il faut mettre une priorité aussi grande à l’aspect relationnel qu’à l’aspect technique.
E.S.: On voit que des efforts sont faits dans les hôpitaux pour humaniser les soins, qu’il y ait plus de dialogue. Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous semble prioritaire, dans quel sens faut-il aller?
B.M.: C’est vrai qu’il y a un courant d’humanisation des soins mais qui n’est pas bien défini. Les nombreuses initiatives sont souvent des projets pilotes qui n’ont pas toujours la même cohérence parce qu’ils naissent d’un soignant, d’un médecin, d’une association de parents… Ils ont leur valeur en tant qu’initiatives de terrain parce qu’ils partent d’un problème identifié mais la manière d’y répondre n’est peut-être pas aussi cohérente que ce qu’il faudrait.
Est-ce que tous les acteurs de terrain se sont mis autour de la table pour améliorer en général l’accueil, la prise en charge de la personne à l’hôpital? Il faut que tout le monde soit d’accord, que l’administration mette les moyens, que les médecins soient d’accord, qu’ils revoient un peu leur manière d’envisager la médecine, qu’elle ne soit pas uniquement scientifiquement au point mais qu’elle soit humaine aussi. Il faut voir aussi les familles, l’entourage…
Il faut qu’il y ait une concertation et je ne sais pas s’il y a des structures qui permettent que cette concertation existe. Par ailleurs, il ne faut pas négliger le problème des normes d’encadrement, du nombre de soignants. Le premier combat à mener, c’est peut être pour avoir plus de soignants autour des patients. Humaniser les soins est une démarche de qualité qui vise à l’optimisation de la prise en charge sur un long terme. On ne peut plus se permettre d’additionner des petites initiatives même si ce sont elles qui donnent l’énergie. Il faut aussi qu’elles soient cohérentes, reconnues, intégrées. Cela demande des évaluations. D’un autre côté, pour qu’une sensibilisation fonctionne, il faut former le personnel soignant, avoir des actions à l’extérieur pour faire en sorte que les attentes du grand public et de l’hôpital se rencontrent. Tout ça est en train de se mettre en place, petit à petit.
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon
Contact: Bénédicte Minguet, psychologue, coordinatrice Humanisation des soins, Clinique de l’Espérance, rue Saint-Nicolas, 447-449, 4420 Montegnée.

Faire découvrir l’hôpital aux enfants

Le 30 Déc 20

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Un enfant sur deux est hospitalisé au moins une fois avant l’âge de 15 ans. C’est sur base de ce constat qu’ Ensemble, découvrons l’hôpital s’est imposé comme nouveau thème de travail de la Mutualité chrétienne et de ses partenaires. Pour en parler, désamorcer les angoisses des plus jeunes, un dossier pédagogique à l’intention des enseignants et une brochure pour les enfants entre 5 et 8 ans ont été réalisés en collaboration avec la Clinique de l’Espérance à Montegnée. Nous avons rencontré Nicole Elias d’Infor Santé à Liège, Muriel van der Heyden du secrétariat national de ‘Jeunesse & Santé’ et Bénédicte Minguet, psychologue à Montegnée, les principales chevilles ouvrières de ce programme qui débute en septembre. Elles nous expliquent comment elles en sont venues à unir leurs forces pour élaborer ce projet.
Nicole Elias est responsable d’Infor Santé à Liège. Dynamique et passionnée par le travail de terrain, c’est elle qui est à l’initiative du projet Ensemble, découvrons l’hôpital . Elle explique comment elle a choisi de travailler sur ce thème: ‘ Depuis 1995, je travaille sur les préoccupations des parents, des enfants, des enfants malades et des enfants handicapés. En circulant dans les écoles pour faire la promotion d’autres programmes, je me suis rendu compte que l’hôpital était un thème qui intéressait les enseignants et qu’il n’existait pas énormément de supports qui leur étaient destinés. Pour une mutualité, c’est un thème primordial’ . Il y a deux ans, elle est interpellée par un article parlant de La semaine de l’enfant et l’hôpital (semaine durant laquelle sont organisées des animations et des visites de l’hôpital), initiative de la Clinique de l’Espérance. Elle entre en contact avec Bénédicte Minguet , psychologue et coordinatrice ‘Humanisation des soins’ à Montegnée. La collaboration porte rapidement ses fruits.
Ensemble, elles lancent l’opération ‘carte postale’. Via le personnel de la mutualité, les écoles des enfants du personnel et le journal ‘En Marche’, près de 3000 cartes sont envoyées aux petits malades de Montegnée durant ‘la semaine de l’enfant et l’hôpital’. La démarche remporte un vif succès. ‘Les conseillers mutualistes tiennent beaucoup à cette opération’ , insiste Nicole Elias, ‘ c’est autre chose que de venir pour se faire rembourser ou de demander des renseignements. Il y a un côté humain. On ne doit pas donner de l’argent. Le geste reste spontané’ . Ce succès les pousse à poursuivre le partenariat: ‘ Cette année on a recommencé l’opération carte postale. En plus, dans les locaux de la mutuelle, nous avons monté une exposition réalisée par les ados hospitalisés de longue durée à Montegnée. Elle a très bien marché’ .

Cibler les écoles

A ces opérations, s’ajoute le lancement d’ Ensemble, découvrons l’hôpital , un projet ambitieux destiné au public scolaire. L’outil se décline en deux supports, un dossier pédagogique pour les enseignants et un livret ludique et interactif destiné aux petits et à leurs parents. Ici, on ne parle que d’hospitalisation de courte durée, de situations d’urgence, pas de cas lourds. ‘ Le but est de donner une autre image de l’hôpital à l’enfant’ explique Nicole Elias. ‘ Nous travaillons beaucoup à partir des représentations, des peurs. L’hôpital est abordé comme un lieu de vie avec des gens qui y travaillent. On voit ce qu’est soigner et on parle de la douleur parce qu’en dehors de l’hôpital, on a mal aussi. On fait le lien avec ce que l’enfant connaît à la maison quand maman soigne un bobo ou quand le médecin fait un soin.’
Dans le dossier, 22 fiches pédagogiques réalisées principalement par Muriel van der Heyden , permanente ‘promotion santé’ à l’asbl Jeunesse & Santé et coordinatrice nationale du projet, permettent aux enseignants d’utiliser leurs propres ressources tout en restant encadrés, soutenus: ‘ Nous avons essayé de faire vivre les notions développées dans la partie théorique du dossier. Certaines fiches par exemple, permettent d’aborder le monde de l’hôpital: les lieux, les personnes… A cet égard, l’image est toujours porteuse de sens: une porte fermée ou ouverte, l’expression faciale, la présence des parents… Rien n’est anodin. Celà a demandé beaucoup d’analyses, de réflexions. Au niveau du contenu, la difficulté était de proposer des fiches accessibles aux enfants de 5 à 8 ans. A 5 ans, l’enfant ne lit pas et à 8, il lit bien’ , observe-t-elle, ‘ il fallait aussi qu’à travers les diverses activités, les enfants puissent acquérir de nouvelles compétences. Nous ne voulions pas nous limiter à de la connaissance. Nous voulions permettre à l’enfant d’aller plus loin, de réfléchir. Il y a chaque fois une extension possible aux fiches, elles ouvrent le débat au-delà de la notion d’hôpital. Nous y abordons notamment le rôle d’acteur que l’enfant peut avoir au niveau des soins ou encore ce qu’est un médicament. Nous avons travaillé dans une véritable approche de promotion de la santé.’ De la théorie en lien avec le vécu et l’expérience du milieu hospitalier, beaucoup d’exploitations pédagogiques et des jeux pour s’approprier le sujet: l’outil fait appel aux diverses compétences de l’enfant et touche un large public. Mission accomplie pour les auteurs. Mais qu’en pensent les enseignants, premiers visés par la campagne?

Réactions à chaud

Si les instituteurs n’exploiteront le thème qu’à partir de septembre, ils ont déjà pu prendre connaissance du dossier. Marianne Goffette est institutrice à l’École libre de Fraipont en 1ère et 2ème années. Comme dans tous les établissements scolaires, il arrive qu’on doive appeler une ambulance. L’hôpital, la douleur sont des sujets récurrents qu’elle a envie d’aborder avec ses élèves en se servant du dossier: ‘ Je trouve que ce dossier est drôlement bien fait. Il est complet parce qu’il va toucher pas mal de domaines pédagogiques comme les activités d’éveil mathématique, les activités de lecture… J’apprécie aussi qu’il y ait des activités artistiques, ce qui est assez rare avec ce genre d’outil. C’est bien structuré, ce qui facilite notre travail. Je trouve également bien qu’on travaille sur la notion de douleur parce qu’on dit vite qu’on a mal et même très mal. Nous-mêmes paniquons assez vite quand un enfant hurle dans la cour. L’hôpital n’est pas un domaine qu’on aborde directement si on n’est pas un peu soutenu. J’ai envie de travailler sur ce sujet dès la rentrée. Je pense commencer par une visite dans un hôpital parce que c’est plus percutant!’ . La qualité des illustrations de Zack , le choix du graphisme et des couleurs sont également beaucoup appréciés par les enseignants rencontrés.

Pistes

A ce stade du programme, peu de critiques. Il faudra sans doute attendre l’évaluation qui aura lieu au cours de l’année 2003 pour mesurer l’impact de la campagne et éventuellement ajuster le tir. Nicole Elias a déjà pu faire quelques premières observations lors de ses visites dans les écoles: ‘ J’ai constaté que dans les milieux très défavorisés, les enfants parlent beaucoup de l’hôpital parce qu’ils y vont régulièrement. A la place du généraliste, ils vont aux urgences parce que ça coûte moins cher et que les parents peuvent payer plus tard. Pour eux, le monde de l’hôpital, le vocabulaire médical fait partie de la vie courante. C’est quelque chose qui m’a vraiment frappée parce que ce n’est pas le cas dans l’ensemble du monde scolaire. Dans ce milieu, certains parents ne savent pas lire ou ne connaissent pas le français. Là, il y aura probablement un problème avec la partie de la brochure destinée aux parents’ .
Les visites sur le terrain lui donnent aussi l’occasion de rencontrer des enseignants qui ont déjà travaillé sur le sujet, de récolter leurs témoignages, de prendre conscience des spécificités liées aux divers milieux sociaux et d’affiner les démarches de prévention. ‘J’ai rencontré une institutrice qui travaille en milieu populaire et qui a déjà fonctionné dans une école d’hôpital’ poursuit-elle, ‘ quand elle a abordé l’hôpital avec les enfants, les parents étaient enchantés parce qu’ils avaient peur d’en parler, qu’ils ne savaient pas comment s’y prendre. On voit que ce sujet est important dans les familles. Avec ce nouveau programme, je pense que nous faisons un véritable travail préventif qui va toucher un large public . Un public qui devrait encore s’élargir dans les années à venir puisqu’il serait question de réaliser des documents spécifiques pour les soignants et les parents. Une affaire à suivre…
Sylvie Bourguignon
Ensemble, découvrons l’hôpital , un programme de sensibilisation à destination des enfants de 5 à 8 ans proposé par Infor Santé (Mutualité chrétienne), Jeunesse et Santé asbl et le C.H.C. asbl, site Clinique de l’Espérance (Montegnée). Matériel disponible: dossier pédagogique (84 pages), livret pour enfants et parents (20 pages), carte postale. Diffusion assurée par les 10 mutualités chrétiennes francophones.
Renseignements: Anne Avaux (Infor Santé), tél.: 02-246 48 54, courriel: anne.avaux@mc.be.