Articles de la catégorie : Initiatives

Plaidoyer en faveur de l’allaitement maternel

Le 30 Déc 20

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Chaque année, la Semaine mondiale de l’allaitement maternel (SMAM) est l’occasion pour des organisations, des associations, des individus, dans le monde entier, de soutenir, d’encourager et de protéger l’allaitement maternel.

D’où vient cette initiative?

En février 1991, les organisations et personnes souhaitant protéger, soutenir et encourager l’allaitement maternel créèrent un réseau mondial dénommé WABA (1) (World Alliance for Breastfeeding Action, en français Alliance mondiale pour l’allaitement maternel), avec le soutien de l’UNICEF.
L’une des actions principales de ce réseau est l’organisation d’une semaine mondiale annuelle consacrée à l’allaitement maternel, dans le but de donner une visibilité à l’allaitement, et de permettre à chacun dans le monde d’exprimer son soutien à ce qui est aujourd’hui une cause internationale.
Dans un premier temps, la date retenue a été la première semaine du mois d’août. Mais dans le monde industrialisé cette semaine située en période de congé annuel ne convenait pas pour une mobilisation et une sensibilisation du public.
De nombreux pays (en Europe particulièrement) ont alors décidé de fêter la SMAM durant la 40e semaine de l’année, ce qui correspond à la durée habituelle d’une grossesse. En France, depuis 1999, la SMAM se déroule chaque année du 1er au 7 octobre. En Communauté française de Belgique, en octobre 2001, s’est tenue la Semaine de promotion de la santé du nourrisson et de sa famille , à l’initiative du Centre d’éducation du patient (CEP). Cette année, faute de subside, aucune activité particulière n’a été mise en place.

Allaiter, c’est bon pour la santé!

Chaque année un thème est retenu, qui permet de cibler l’information, de mobiliser les énergies et de montrer la richesse de l’allaitement maternel et ses multiples bienfaits dans la vie quotidienne.
Le thème de 2002, Allaiter, c’est bon pour la santé , couvre la santé reproductive de la femme en soulignant l’importance du soutien, de l’éducation et des soins avant, pendant et après la naissance pour que l’allaitement soit une expérience réussie et gratifiante pour la mère comme pour l’enfant. WABA pense qu’une future ou nouvelle mère qui est correctement alimentée, informée et soutenue par sa famille, sa communauté, son milieu professionnel et le système de soins de santé, sera capable de fournir les meilleurs soins et la meilleure alimentation à son nouveau-né.
Il est important de souligner une nouvelle fois les qualités particulières du lait maternel et de l’allaitement maternel ainsi que l’importance de l’allaitement exclusif tout particulièrement dans les situations d’urgence, d’épidémie et de catastrophe, et également pour les prématurés.

L’allaitement, c’est bon pour le bébé, mais aussi pour sa maman

(2)
L’allaitement maternel présente de nombreux bénéfices pour la santé de l’enfant comme pour celle de sa mère. « Les études récentes démontrent que la promotion de l’allaitement maternel dans les pays industrialisés s’accompagne d’une baisse sensible de la mortalité et de la morbidité . L’allaitement maternel permet de réduire la fréquence et d’atténuer la gravité de certaines maladies infectieuses » affirme le Dr Irène Loras Duclaux (3). D’après cette spécialiste de la nutrition infantile, le rôle protecteur de l’allaitement est fortement établi pour:
– les diarrhées, avec un risque diminué de 2 à 3 fois;
– les otites, avec un risque diminué de 2 à 4 fois;
– les infections à Haemophilus;
– les septicémies;
– les méningites;
– les infections urinaires.
Ce pédiatre hospitalier souligne également les bénéfices pour la mère: suites de couches facilitées, peu de risque esthétique, perte de poids plus rapide, espacement des naissances, moins de risque de décalcification. L’effet protecteur de l’allaitement sur le cancer du sein et des ovaires est évoqué, mais encore controversé.
Les effets bénéfiques chez l’enfant concernent également la prévention de l’obésité et la prévention des allergies. Le professeur Messer (4) explique quant à lui le rôle préventif de l’allaitement maternel vis-à-vis de la mort subite du nourrisson de plusieurs façons: par son rôle anti-infectieux, mais aussi par la proximité mère-enfant qu’il favorise. « Ainsi l’enfant est davantage sous la protection et la surveillance de sa mère, et n’est pas isolé seul dans une chambre pendant plusieurs heures, limitant ainsi le risque essentiel qu’est l’isolement ».
Mais l’effet bénéfique de l’allaitement s’étend au-delà de la santé, et concerne également le bien-être de l’enfant comme de sa mère. Ainsi le professeur Messer souligne que « l’allaitement maternel, par la spirale d’interactions physiques, psychiques et affectives qu’il génère entre mère et enfant est une réponse naturelle au besoin d’attachement et représente un facteur de développement structurant probablement très bénéfique pour l’enfant ».

Le Comité fédéral de l’allaitement maternel

C’est en avril 1999 que la constitution d’un Comité fédéral de l’allaitement maternel a été votée par le parlement belge. Le Comité a pour mission d’émettre des avis sur toutes mesures relatives à la politique de l’allaitement maternel, d’évaluer la manière dont l’allaitement est soutenu dans les maternités, de rassembler des statistiques sur l’allaitement, de mettre en œuvre le processus d’attribution du label «Hôpital, ami des bébés», de susciter et d’encourager les initiatives scientifiques ou autres susceptibles d’améliorer la promotion de l’allaitement maternel. Malheureusement, il ne dispose encore d’aucun budget qui lui permette de mettre en œuvre les diverses actions envisagées.

Guide à l’usage des professionnels de la santé, «L’allaitement maternel»

Sur une initiative du Centre d’éducation du patient (CEP) (5), et avec la collaboration de médecins, pédiatres, accoucheuses, infirmières, formateurs et responsables d’associations, un guide sur l’allaitement maternel a été réalisé. Il cherche à améliorer la compréhension de la physiologie de la lactation, met aussi l’accent sur l’importance d’un bon démarrage, du respect des rythmes évolutifs et évoque des situations particulières. Les auteurs espèrent encourager les professionnels à mieux reconnaître et favoriser les compétences de la jeune mère et de son bébé. Ce guide est gratuit et disponible auprès du CEP.

Soutenir l’allaitement maternel

En Communauté française, diverses associations d’information et de soutien en matière d’allaitement maternel existent:
– Allaitement-Infos (Charleroi-Naissance) assure une permanence téléphonique bénévole (071-31 61 16) à l’intention des mères et de toute personne intéressée par l’allaitement maternel, offre un lieu de réflexion et de formation pour les professionnels, et cherche à propager des messages corrects sur l’allaitement maternel en participant à des salons, émissions de radio et de télévision, etc. Ses actions se développent essentiellement dans la région de Charleroi. Contact: Catherine Bourgeois, rue de la Brasserie 2, 6061 Montignies-sur-Sambre (071-30 40 46).
– Infor-Allaitement est une asbl qui a pour objet de promouvoir l’information et d’assurer le soutien dans le domaine de l’allaitement auprès des futurs parents, des mères allaitantes et du personnel de santé. Une permanence téléphonique est assurée pendant la journée. Le répondeur au 02-242 99 33 indique à qui téléphoner dans toute la Communauté française. Plusieurs publications destinées aux femmes enceintes et allaitantes ont été réalisées. Un guide de l’allaitement sous la forme d’un ficher est proposé aux professionnels. Coordonnées: rue de Braives 11, 4210 Vissoul (Burdinne). Fax: 085-71 29 37. Courriel: liliane.schaner@softhome.net.
– La Leche League Belgique fournit bénévolement information et soutien aux mères, par téléphone et par l’organisation de réunions mensuelles (actuellement une douzaine de groupes se réunissent à travers le pays). Le répondeur national permet aux mamans de discuter avec une autre mère qui a allaité ses enfants, de résoudre un problème d’allaitement et de connaître l’horaire et le lieu des réunions. Contact: répondeur national au 02-268 85 80.
– Le Réseau allaitement maternel, enfin, est une asbl qui réunit des professionnels de santé et des membres d’associations soucieux de promouvoir, en Communauté française de Belgique, des initiatives en faveur de l’allaitement maternel. Coordonnées: Avenue Bois Williame 32, 5101 Erpent-Namur. Tél.: 081-31 04 39, fax 081-31 01 76. Courriel: f.moyersoen@wanadoo.be.
Emilie Goffin, Liliane Schanner, Françoise Moyersoen et Maurice Dickstein
(1) https://www.waba.org.br/
(2) Article extrait du Dossier de Presse de la CoFAM (Coordination Française pour l’Allaitement Maternel), site web: [L]http.//www.coordination-allaitement.org[/L].
(3) Lyon, Hôpital Edouard Herriot, Département de pédiatrie
(4) CHU Strasbourg, Hautepierre.
(5) Centre d’Education du Patient asbl, téléphone 082-61 46 11, Courriel: cep_godinne@skynet.be

Redonner le goût de l’école

Le 30 Déc 20

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Depuis 2001, huit projets-pilotes de ‘rééducation à l’école’ ont été mis en place en Communauté française par les ministres Maréchal et Hazette , respectivement en charge de l’Aide à la jeunesse et de l’Enseignement.
Leur collaboration permet d’aborder de manière complémentaire le décrochage scolaire, l’exclusion et l’absentéisme en prenant en compte les problèmes spécifiques des élèves, de leurs établissements scolaires et des services d’Aide à la jeunesse.
Huit services répartis à Bruxelles, Charleroi, Huy, Namur, Mons, Arlon et Liège assurent la concrétisation du projet. Ils accueillent, à leur demande, des jeunes entre 12 et 18 ans en décrochage scolaire ou en situation d’exclusion. Des ateliers individuels et collectifs permettent d’une part la poursuite de leur scolarité et d’autre part l’apprentissage des règles de vie en société.
Chaque service développe son propre programme tout en recherchant le même but, celui de redonner aux jeunes qui le souhaitent le goût à l’école et de les aider à retrouver confiance en eux.
A Liège, l’asbl ‘Rebonds’ donne la possibilité aux jeunes de s’exprimer à travers diverses activités comme le travail scolaire, le sport, l’expression verbale, artistique… Son travail s’articule autour de trois axes: social, familial et scolaire. Les jeunes participent, seuls ou en groupe, à des ateliers ou à des entretiens avec un éducateur, un psychologue ou encore avec leur famille. Il y a également une place pour l’évaluation hebdomadaire, mensuelle et en fin de parcours avec le jeune. Intéressant à plus d’un titre, un travail de prévention comme celui effectué par ‘Rebonds’ pourrait permettre à certains jeunes d’éviter le décrochage et de se retrouver dans une logique d’exclusion. Un projet à suivre.
Renseignements : asbl Rebonds, rue Montagne Sainte-Walburge 333, 4000 Liège. Tél. : 04-225 95 96 Fax : 04-225 95 98. Courriel : rebonds.asbl@swing.be

Vaccination des 60/65 ans et plus

Le 30 Déc 20

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Les personnes âgées de plus de 60 ans sont plus souvent susceptibles de faire des complications, suite à une grippe ou à une infection invasive à pneumocoques. C’est pour cette raison que, depuis déjà bien longtemps, la vaccination annuelle contre la grippe est recommandée dès l’âge de 65 ans. En outre, depuis quelques années, une attention a été portée également à la vaccination contre le pneumocoque (que l’on recommande de faire dès 60 ans et que l’on répète éventuellement après 5 ans).
De nombreuses personnes ne bénéficient pourtant pas de ces vaccinations. On estime en effet entre 50 et 70%, selon les études, le pourcentage des personnes de plus de 65 ans vaccinées annuellement contre la grippe, et entre 20 et 60% selon les régions (ce vaccin rencontre beaucoup moins de succès en Flandre qu’en Communauté française), le pourcentage de celles vaccinées contre le pneumocoque.
En outre, les adultes et plus particulièrement les plus âgés d’entre eux négligent trop souvent l’entretien de leur protection contre la diphtérie et le tétanos (après une vaccination de base complète, un rappel de vaccination tous les 10 ans). Le tétanos est pourtant une maladie grave et souvent mortelle. Elle peut toujours être évitée par une vaccination adéquate et très bon marché. Elle devrait donc, en toute logique, avoir totalement disparu dans notre pays. Une étude récente menée par l’Université d’Anvers montre pourtant la persistance de cas de tétanos dans notre pays (durant l’année 2000, en Flandre, 14 cas de tétanos sont probablement survenus).
Une action de sensibilisation, qui s’adresse plus particulièrement aux personnes de 60/65 ans et plus, est menée conjointement par l’asbl Question Santé, la SSMG, Provac, l’APB, l’OPHACO et le Journal du Médecin, avec le soutien de la Communauté française. Affiches et brochures au graphisme renouvelé sont diffusées entre autres vers les pharmaciens, les médecins, les CPAS, les communes, les mutualités, les services de soins à domicile, les services destinés aux seniors, etc. En outre, un nouveau spot télévisé et radiophonique est diffusé au cours de l’automne.
L’objectif est évidemment d’inciter tous les individus, dès 60 ans, à pratiquer chaque automne, avec leur médecin ou leur pharmacien, un bilan de leur vaccination.
Ainsi, chacun pourra bénéficier en connaissance de cause d’une protection susceptible d’éviter bien des hospitalisations et des décès.
D’après le communiqué de presse de l’Association pharmaceutique belge

L’Autre temps : parler après le suicide d’un proche

Le 30 Déc 20

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Beatrix Lekeux, psychothérapeute au Centre de prévention du suicide anime ‘L’Autre temps’, un projet de groupes de parole qui réunissent à Bruxelles, dans le Brabant wallon et dans le Hainaut des personnes ayant vécu le suicide d’un proche. En janvier prochain, un réseau de services d’accompagnement du deuil après suicide couvrira les autres provinces de la Communauté française. Pour mieux comprendre ce que vivent ces personnes et l’importance de ces groupes de parole, nous lui avons demandé de partager son expérience avec nous.
Education Santé: Comment les personnes endeuillées arrivent-elles dans un groupe de parole ‘L’Autre temps’?
Beatrix Lekeux : C’est la troisième année que nous lançons des avis à travers tous les médias. Nous envoyons également un dépliant qui dit quelques mots du deuil et qui explique le travail que nous faisons lors des réunions en groupes. Ces dépliants sont distribués chez les médecins généralistes, dans les centres de planning familial, les centres de guidance, les CPAS… Les personnes nous arrivent par ce biais-là ou parfois via la ligne d’écoute téléphonique du Centre.
ES: Selon quels critères choisissez-vous les personnes qui entrent dans un groupe?
B.L .: Tout d’abord, il faut que la personne soit capable d’en parler en groupe, qu’elle ne soit pas trop timide ou trop affectée. Une des conditions aussi, c’est qu’il y ait 5 mois d’intervalle entre le suicide et le début du groupe. Pour ceux qui arrivent avant ce délai, on propose des entretiens individuels afin que ces personnes trouvent quelqu’un qui va les écouter en attendant d’entrer dans un groupe.
ES: Pourquoi ces 5 mois?
B.L .: Quand une personne veut faire un mouvement juste après le décès, elle est encore sous le choc. Souvent, elle n’y reste pas parce qu’il y autre chose qui se passe en elle. Elle est prise dans une tourmente assez forte. Le groupe peut être associé au traumatisme du suicide.
ES: Juste après le suicide, que se passe-t-il?
B.L .: Après, c’est le choc. La personne endeuillée est dans un état de sidération mais elle est obligée de se garder en mouvement pour les exécutions testamentaires, financières et tous les remaniements. Souvent, les proches sont là et soutiennent. Puis, dans une période qui varie du 3e au 4e mois, tout le monde reprend sa vie: le soutien est moins efficace, les formalités sont en route… C’est à ce moment que la personne entre dans l’intériorité de son deuil.
Et c’est aussi à ce moment que nous sommes prêts à l’intégrer dans un groupe. Nous constatons aussi que pas mal de personnes qui nous arrivent ont des deuils beaucoup plus anciens. Elles viennent parce qu’elles ont essayé de se débrouiller toutes seules et qu’elles se rendent compte qu’il y a encore quelque chose qui les tire vers ce suicide. Elles sentent qu’elles ont besoin d’en parler avec des personnes qui l’ont vécu.
E.S.: Ça leur apporte quoi de parler de ce deuil avec d’autres?
B.L .: De ne pas se sentir jugés. Puisque les autres ont connu quelque chose de semblable, ils ne doivent pas se justifier. Même s’ils ont une culpabilité incommensurable, ils n’ont pas ce phénomène de honte. Ils sentent que dans l’esprit de celui qui est là dans le groupe, il n’y aura pas tous les a priori qu’il y a dans le public en général, des a priori qui peuvent glisser vers du jugement. Ils se retrouvent avec des pairs. Le courant passe très vite. Le respect est là d’emblée. Ils savent aussi que dire ‘allez, ça va passer’ ou bien ‘ne t’en fais pas tu vas quand même retrouver un mari’ sont des phrases bidons. Ils ne vont même pas se les dire entre eux. Tout ça est éliminé et ils peuvent aller directement dans des échanges très profonds.
E.S.: Que ressentent-ils?
B.L .: La culpabilité est vraiment l’élément qui les écrase. Progressivement, ils récupèrent un peu d’estime d’eux-mêmes et ils vont pouvoir accepter que quelque chose s’est fait indépendamment d’eux. Bien sûr, on pourra toujours dire: ‘si j’avais fait ceci et j’avais vu ça, et si j’avais dit ça’… A un certain moment, ça peut s’arrêter parce qu’ils vont reconnaître leurs limites, qu’ils n’ont pas tout pouvoir sur l’autre ni même sur eux. Ils vont pouvoir accepter aussi que l’autre dirigeait sa vie du mieux qu’il pouvait et que eux sont intervenus avec leurs moyens. Quand ils arrivent à voir ce suicide avec moins de culpabilité, tout doucement, ils peuvent se réapproprier leur existence. Nous avons chacun la responsabilité de notre vie. Nous pouvons proposer un soutien à l’autre, mais cela reste du soutien. Nous ne pourrons jamais faire vivre quelqu’un qui dit ‘j’arrête’. C’est ce processus qui peut s’enclencher à partir des échanges.
Les personnes endeuillées se disent aussi très fidèles à celui qui est parti. Certains pensent que tant qu’ils sont malheureux, ils sont fidèles. S’apercevoir qu’ils peuvent intérioriser ce lien avec la personne qui s’est suicidée et vivre ‘normalement’ est un passage important qui prend du temps.
E.S.: Concrètement comment se passent les réunions?
B.L .: Il y a 12 réunions étalées sur 6 mois. Les rencontres durent 2 heures. Nous avons toujours eu des personnes endeuillées par le suicide d’un membre de leur famille. Si lors de la constitution d’un groupe, quelqu’un venait pour le décès d’un collègue, ce serait vraiment à examiner parce qu’il ne faut pas qu’il se sente un élément à part. Après ces 12 réunions, pour nous, c’est fini. Nous donnons le petit coup de pouce et puis à eux de chercher un autre endroit ou d’arrêter.
E.S.: Quelles sont les difficultés rencontrées pour gérer de tels groupes?
B.L .: Il faut soi-même être assez fluide, avoir fait un travail personnel par rapport à la mort, au suicide, au deuil, pouvoir écouter ces personnes, vibrer mais ne pas prendre tout sur nous parce qu’il faut pouvoir rester à l’écoute, voir ce qui se passe, garder l’attention parce que les choses qui s’échangent sont terribles. Eux peuvent glisser dans l’émotion, nous pas. Je peux être touchée mais pas submergée par l’émotion.
E.S.: Il arrive quand même que soyez submergée?
B.L .: Non, parce qu’on a du travail à faire avant et après. Si au cours des deux heures, je sors de là touchée par ce que quelqu’un a dit, je vais voir une co-animatrice pour en parler. Il faut que j’ajuste très rapidement pour que ce ne soit pas mon histoire, mais que ça reste la sienne.
[ES: Avec l’expérience, vous pensez que ‘ l’Autre temps’ est une bonne initiative?
B.L .: J’en suis persuadée, et le Centre en est persuadé. Quand on les entend à la fin du groupe dire que c’était un moment important pour eux de trouver des personnes qui ont vécu la même chose, nous nous disons que cette aide est vraiment fondamentale.
Mais la formule des groupes ne convient pas à tout le monde. A partir de janvier, nous lançons un réseau sur toute la Communauté française avec toutes les associations qui s’occupent déjà de deuil et qui vont intégrer dans leurs activités des personnes endeuillées après un suicide.
Dans ce réseau, il y aura des accompagnements individuels ou de groupe, des groupes généralistes où il y aura toutes sortes de décès et des groupes spécifiques. Chacun pourra vraiment trouver la forme d’aide qui lui convient le mieux.
E.S.: Avez-vous l’impression que vos services touchent tous les milieux?
B.L .: Il faut savoir parler et certains milieux n’ont pas développé le langage dans une conversation, ils n’ont pas développé une capacité de juste se regarder. Au niveau du langage, il y a d’énormes différences culturelles entre les gens. Certains ne peuvent parler qu’au niveau des faits.
E.S.: Selon vous, que faut-il faire aujourd’hui?
B.L .: D’abord déclarer le suicide comme un problème de santé publique. Ensuite, donner les moyens de faire une prévention du suicide à la base. Qu’on se donne aussi les moyens de faire de la recherche au niveau du suicide, pas un euro n’est consacré à la recherche. Il y a 5 ans, l’ULB a reçu des subsides de la Cocof (Région de Bruxelles-Capitale) pour faire une recherche sur les jeunes et le suicide à Bruxelles mais il faudrait des recherches quasi en permanence, qu’on puisse interroger les gens, voir où sont les difficultés, réfléchir à ça pour proposer quelque chose qui améliore leur qualité de vie.
E.S.: Quel est l’aspect de votre travail qui vous plaît le plus?
B.L .: Conjuguer mon expérience de vie ou de travail avec celles de partenaires psycho-médico-sociaux pour proposer quelque chose pour que cette société vive le mieux possible. On travaille beaucoup dans la frustration parce qu’ici on ne peut pas dire: ‘j’ai sauvé telle personne’ ou ‘j’ai réparé telle personne qui s’était déchirée’, on n’a pas ce retour. Cela veut dire qu’on doit développer quelque chose intérieurement pour continuer à croire que ça peut être utile d’être là, d’inciter des personnes à être là, de travailler tout le temps cette relation. Nous sommes vraiment au cœur de l’existence, de la relation.
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon
Pour en savoir plus: Centre de prévention du suicide, place du Châtelain 46, 1050 Bruxelles. Ligne d’écoute: 0800 32 123 Tél.: 02-640 51 56. Fax: 02-640 65 92 Courriel: cps@preventionsuicide.be, Site: https://www.preventionsuicide.be .

Des mots pour guérir

Le 30 Déc 20

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Les mots aident. Ceux par lesquels on formule un vécu douloureux. Ceux de personnes confrontées aux mêmes problèmes que soi. Les mots qui tissent les contes créés ou entendus. Sans oublier un certain langage imagé, parfois plus éloquent qu’un long discours.
L’asbl Parole d’enfants a consacré un colloque à tous ces mots, outils au service du changement. En voici quelques moments choisis.

Psychiatre, ancien interne des hôpitaux de Paris, directeur de recherches honoraire à l’INSERM et psychothérapeute, Stanislas Tomkiewicz pose la question de la relation d’aide. Faut-il s’y impliquer ? La réponse au fil de l’histoire de la psychiatrie a plus souvent été non que oui. «J’ai connu le temps où on disait que la relation d’aide doit exister du patient à nous et pas l’inverse. Aujourd’hui, je crois que l’implication est à nouveau mal considérée, à tort. Il faut que nous sachions pourquoi nous pratiquons un métier d’aide. C’est une garantie pour la qualité du travail. Bien sûr la relation peut apporter des choses narcissiques, du plaisir, combler un manque d’amour. On peut être tordus, mais dans le bon sens!» . La neutralité bienveillante, il n’y croit pas : «Un mur ce n’est peut-être pas méchant, mais ça restera toujours un mur!» Il stigmatise aussi cette pseudo–relation d’aide qui voudrait « faire intégrer la loi aux pauvres, à ceux qu’on plaint quand ils sont petits, mais qu’on veut mettre en prison quand ils sont grands» . Et de proposer d’aller faire un tour (critique) du côté de certaines écoles (de santé publique) qui forment des directeurs de maisons de jeunes.

Le patient et les autres

Il est indispensable, pour Edith Tilmans-Ostyn , formatrice en thérapie familiale au Centre Chapelle-aux-Champs de prendre en compte le système de relations du patient. « On pourrait se limiter à la demande d’aide, explique-t-elle. Mais il ne faut pas oublier que le patient peut être écartelé entre son désir d’être aidé et puis le souvenir d’un membre de la famille qui a échoué dans une telle demande ou la présence de quelqu’un qui le persuade que ça ne fonctionnera pas. Une approche systémique permet de ne pas se mettre en concurrence avec l’entourage, parce qu’alors on est perdant à tous les coups. Cet entourage favorable ou pas à la démarche peut être abordé avec la question de savoir qui autour du patient peut être surpris de le voir ici. »
Autre certitude pour Edith Timans-Ostyn :les parents essaient d’éduquer leurs enfants et les enfants «essaient» de guérir leurs parents. Un enfant est incapable de vivre avec l’idée que ses parents sont indignes. Ils font ce qu’ils peuvent, en fonction de ce qu’elle nomme «leurs mécanismes de survie».
Le thérapeute contribue à un processus de maturation réciproque. La présence des enfants dans les entretiens familiaux aide les parents à se connecter avec des aspects qu’ils ont tendance à occulter. Ainsi de cet enfant qui en séance élabore des constructions qui reposent toujours sur deux blocs, au lieu de faire des pyramides plus traditionnelles. La thérapeute apprendra des parents que l’enfant n’était pas seul in utero, mais qu’ils ont dû choisir de mener une seule grossesse à terme. «Il faut être dans le gain avec les familles, pointe encore la thérapeute. Il faut partir de ce qui marche. Quand je dis aux personnes, voilà vous avez une baguette magique, que voulez-vous changer, je dis bien qu’aucune faute n’a été commise, mais qu’on peut rêver de changer une chose en quelque chose d’autre. Il faut utiliser autrement toute cette énergie dépensée par exemple dans des disputes.» Outil privilégié par Edith Tilmans-Ostyn : les dessins. Parce qu’ils permettent ensuite à l’enfant de parler, de raconter une histoire, de dramatiser. «Un enfant avait dessiné quelques poissons voraces. Et aussi deux poissons rouges dans un bocal. J’ai demandé qui étaient ces prédateurs. C’était tous les gens qui intervenaient normalement pour le bien de la famille: les assistants sociaux, les éducateurs, le juge. Moi, j’étais représentée comme un poisson qui faisait un peu barrage entre les gros poissons et les poissons rouges (c’est ainsi que l’enfant avait représenté ses parents). Quand j’ai demandé à l’enfant où il était il m’a dit qu’il était le bocal. Vous vous rendez compte de ce que ça représente, un bocal, transparent, immobile!»

Les mots des autres

Un patient en souffrance peut tirer de grands bénéfices en côtoyant des personnes traversant la même épreuve. Bernard Fohn (La Citadelle) travaille avec des parents ayant perdu un enfant. Il anime en milieu hospitalier un groupe de soutien (donc sans visées thérapeutiques) mixte parents-professionnels de la santé.
«Pour des parents traumatisés, quel sens peut avoir l’encouragement déplacé d’un psychologue ou d’un médecin? Au contraire, dans un groupe, quand on est soi-même endeuillé, voir comment sont d’autres parents un an ou deux après le drame, c’est mille fois plus parlant et audible. Là, le message passe. Le travail a aussi une dimension de prévention transgénérationnelle par rapport à la problématique de l’enfant de remplacement. Les parents y restaurent de plus le lien avec la médecine et la santé.»
Psychologue et experte près les Tribunaux, Marie-Christine Gryson rencontre des enfants victimes de violences. Pour lutter contre leur perte de repères, les souvenirs et les images envahissantes (la psychotisation de l’imaginaire), elle a recours aux contes que les enfants créent collectivement. «On agit en créant» , dit-elle. Là, on contrôle les personnages. Les fées n’aident que les gentils. Elle veille à intervenir pour le rappeler à des enfants qui ont tendance à transformer abruptement les gentils en méchants et à faire ressusciter les méchants qu’ils viennent pourtant de faire disparaître. Heureusement, dans le conte créé par le groupe, le loup finit brûlé et découpé en morceaux. Il est hors de question qu’il prenne tout à coup les traits de l’agneau. «Dans le conte, tout est clair, tout s’explique, tout a un sens. Il y a une solution. On retrouve son autonomie mentale. L’identification à l’agresseur est mise à mal.»

Les métaphores pédagogiques

Certaines personnes sont figées dans des conflits. Elles parviennent à raconter ce qu’elles vivent, mais pas à l’analyser. Recourir à une histoire peut les aider. L’histoire permet de penser à soi sans se sentir sur la sellette. Elle devient levier de changement. Ainsi cette famille catholique divisée par les conflits avec laquelle Jean Van Hemelrijk (psychologue, psychothérapeute et formateur à l’approche systémique) revisite le destin de Caïn et Abel.
Il est des situations moins dramatiques où la «métaphore pédagogique» est fort utile. C’est ce qu’explique Pierre-Paul Delvaux (assistant pédagogique à l’ULg). «A la différence d’une métaphore littéraire comme «la terre est bleue comme une orange» qui provoque un sentiment d’insolite, la métaphore pédagogique recourt à du connu pour ouvrir à la connaissance de l’inconnu. Une célèbre métaphore pédagogique, c’est la pyramide alimentaire. Une pyramide, chacun voit de quoi il s’agit. Ce connu permet d’ouvrir à la connaissance des grands principes de l’équilibre alimentaire. La métaphore est une fusée éclairante utilisée en terrain inconnu voire hostile. Elle donne confiance. Elle permet de toucher l’autre positivement, dans son identité parfois.» Ainsi à des jeunes souffrant d’un déficit d’estime de soi, doutant de leurs capacités, Pierre-Paul Delvaux raconte-t-il l’histoire de la jarre fêlée qui se lamente de faire perdre de l’eau à son propriétaire. Mais sa fragilité justement permet au porteur d’arroser quotidiennement un serpentin de plantes le long de sa route.
Partir de ce que les personnes connaissent et de leurs compétences, c’est l’essentiel de la démarche de la Québécoise Josée Lamarre . «Je demande aux gens qui viennent me voir avec un problème ce qu’ils aiment, où ils se sentent bien et on essaie de transférer cette compétence dans la zone de problème. Un homme absent dans sa famille, effacé, à qui même le chien n’obéissait pas a pu construire une passerelle entre cette situation et sa pratique de planche à voile, là où il parvenait à tenir tête à la force du vent. »
Propos recueillis par Véronique Janzyk
Parole d’enfants asbl, rue Lambert le Bègue 14, 4000 Liège. Tél.: 04-223 10 99. Fondée en 1996, cette association est composée essentiellement de psychologues mandatés par le Service d’aide à la jeunesse et le Service de protection de la jeunesse pour rencontrer des enfants ayant une plainte de maltraitance et/ou d’abus, ou signalés à risques, ainsi que des membres de leur entourage. Elle organise des formations et des colloques.

Le dépistage prénatal en questions

Le 30 Déc 20

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Aujourd’hui, dans nos pays, les grossesses sont suivies médicalement de très près. Le dépistage prénatal d’éventuels handicaps par prise de sang et échographie est devenu routinier. Les Mutualités chrétiennes se sont penchées sur la pratique de ces tests et sur les conséquences que leurs résultats peuvent avoir sur les parents. Sept documents sur le dépistage prénatal et sur la consultation préventive avant la grossesse ont été réalisés pour enrichir le dialogue médecin-parents et mettre le choix des parents de ‘savoir ou ne pas savoir’ au cœur de la réflexion. Nous avons interviewé Caroline Gaussin, chargée d’études aux Mutualités Chrétiennes et responsable de la réalisation de ces brochures.
Education Santé: Pourquoi avoir réalisé des documents sur le dépistage prénatal
Caroline Gaussin
: Des généralistes flamands nous avaient demandé des données sur la fréquence de prescription de certains tests sanguins pendant la grossesse. En les examinant, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait de grandes différences de dépistage selon les maladies recherchées et qu’on ne dépistait pas du tout de la même façon d’une province à l’autre.
C’était surprenant. J’ai cherché dans la littérature médicale quels étaient les standards recommandés en matière de dépistage sanguin pendant la grossesse, quels étaient les objectifs poursuivis, les maladies recherchées, les traitements disponibles, la fréquence des maladies, les conséquences pour le bébé, etc.
Une série de questions ont émergé. Nous avons constaté que différents acteurs se posaient les mêmes questions mais qu’il n’y avait pas d’échos de ces préoccupations dans la pratique et surtout pas d’informations structurées pour les futurs parents.
Prenons l’exemple de la trisomie 21, maladie pour laquelle il n’existe pas de traitement. Au dépistage, on fait un triple test (simple prise de sang) qui indique le taux d’hormones dans le sang de la mère. Le test doit être assez sensible pour détecter le plus de cas possible et en même tant assez spécifique pour ne pas inquiéter à tort trop de femmes: il ne fait que calculer un risque. Par conséquent, à cette étape, il n’y a aucune certitude. Le triple test détecte beaucoup de cas réels mais inquiète aussi de nombreuses femmes porteuses d’un enfant sain: 5% des femmes enceintes testées reçoivent, à tort, un résultat positif. A cela il faut rajouter 3 à 5% de faux positif pour le cytomégalovirus, soit 8 à 10% en tout. C’est énorme! En dehors du dialogue que ces femmes ont avec leur médecin, qui reste leur premier interlocuteur, il n’y avait pas d’information structurée disponible pour elles. C’est une des choses que nous avons voulu apporter.
E.S.: Vous avez produit 7 documents. Pouvez-vous les présenter?
C.G.
: Les deux dépliants ‘Informer mon médecin de mon projet de grossesse ‘ et ‘Le dépistage prénatal’ sont largement diffusés via les mutualités, le site internet de la mutualité, des cabinets de gynécologues, des plannings familiaux, des maisons médicales, l’équivalent de l’ONE flamand, certaines cliniques…
Cinq autres documents plus détaillés sont disponibles sur demande au secrétariat de la cellule Responsabilité financière de la Mutualité chrétienne.
Deux premières fiches abordent le dépistage prénatal de la trisomie 21 et de l’infection à cytomégalovirus. Nous présentons ces deux maladies incurables, les options et attitudes que les parents peuvent prendre (tester, ne pas tester?). Nous renvoyons toujours au dialogue avec le médecin.
Les trois autres fiches abordent les cas où les parents reçoivent un résultat positif pour la trisomie 21, l’infection à cytomégalovirus ou la toxoplasmose. Nous faisons le tour des questions qui se posent: la mère est-elle vraiment infectée? Qu’est-ce que la maladie fait risquer à l’enfant?… C’est aussi le moment de rappeler à la mère qui fait une amniocentèse, qu’elle a encore toutes ses chances d’avoir un enfant en bonne santé. Si elle a un résultat positif à l’amniocentèse, l’enfant est infecté. Nous renseignons sur les probabilités qu’a l’enfant de souffrir d’un handicap lourd. Les informations sont rassemblées pour aider les parents à se forger une opinion. Si le handicap se confirme, nous renseignons des services d’aide précoce qui informent sur ce que représente la prise en charge du handicap.
Nous ne pouvons pas aller plus loin. Le reste est une question de cheminement personnel. Nous ne nous positionnons à aucun moment sur la question de l’avortement parce nous trouvons que la question doit être abordée dans le cadre d’un colloque avec un travailleur social ou un médecin. Nous ne donnons que des informations de nature épidémiologique vulgarisée. Je crois que nous ne pouvons pas faire plus.
E.S.: Vous dites que d’une province à l’autre, les pratiques de dépistage diffèrent. Vous avez une volonté d’homogénéiser la pratique des tests de grossesse?
C.G
.: Au niveau de la mutualité, tout ce que nous pouvons faire, c’est de regarder objectivement les données, faire le constat des différences observées dans les pratiques de tests et poser les questions. A partir de ce moment-là, les acteurs de terrain, les sociétés scientifiques de médecine générale ou de gynécologie ont leur mot à dire sur les pratiques. Ce que nous observons est un pur reflet non pas de mauvaises pratiques mais de manque de clarté dans les recommandations scientifiques qui existent.
Nous observons des différences surtout pour la trisomie 21, la toxoplasmose et le cytomégalovirus qui sont les trois maladies les plus fréquentes. En France, on dit que le cytomégalovirus est une maladie fréquente et par conséquent, qu’il y a un intérêt épidémiologique à tester.
Pourtant, les praticiens ne savent pas du tout si c’est un avantage de tester ou non parce que des tas de conséquences découlent de la pratique du dépistage à grande échelle. De plus, il existe différentes écoles. Quand on regarde la littérature médicale ou les notes de cours de médecine, on observe des différences dans ce qu’il est recommandé de faire.
Au niveau de la toxoplasmose, côté anglo-saxon, on préconise de dépister, une, deux ou trois fois pendant la grossesse. En France, on dépiste tous les mois. La Wallonie se rattache plus à l’école française et la Flandre plus à l’anglo-saxonne. A l’heure actuelle, les gynécologues ne savent pas si c’est un plus en termes de santé publique de donner aux gens des résultats dont ils ne savent pas toujours que faire. Par exemple, quand on découvre qu’un enfant est infecté au cytomégalovirus, on ne sait pas dire nécessairement s’il est handicapé. C’est pour apporter des informations claires et alimenter la réflexion que les Mutualités ont produit ces documents. Nous disons: ‘Avant de vous faire tester, réfléchissez. Est-ce que vous voulez ou non savoir?’ Tester est une question de choix individuel et ne devrait pas être une question de routine pour les maladies incurables.
E.S.: Votre position est de briser cette routine et de demander chaque fois aux parents s’ils souhaitent faire les tests?
C.G.
: La routine n’est pas présente partout dans le pays mais elle est bien ancrée. En France, on est obligé de faire signer un consentement écrit avant de faire le triple test. En Belgique, il n’y a pas d’obligation légale. Il y a des praticiens qui informent les parents sur les avantages et les inconvénients du test. D’autres font les tests sans le demander. Certains parents se retrouvent alors dans la nécessité de faire une amniocentèse dans la semaine sans y être préparés. Nous voudrions que ça ne se produise plus.
Nous trouvons que la même démarche s’applique au cytomégalovirus car il n’y a pas de traitement non plus pour cette maladie. Quand l’enfant est infecté, quand on a passé tous les problèmes de faux positifs, de dangers liés à l’amniocentèse, il y a encore le problème de se trouver confronté à un diagnostic qui n’est pas pour autant un pronostic. L’enfant sera-t-il sourd ou pas? Sera-t-il handicapé mental ou non? 75% des enfants infectés, à 2 ans, se développent tout à fait normalement. Nous ne remettons pas du tout en cause les tests qui dépistent les maladies curables, même si le traitement n’est pas efficace à 100%. Dans ce cas, le consentement des parents n’est pas nécessaire sinon, lors des consultations, on ne s’en sort plus. Il y a une utilité en terme de santé publique s’il est possible d’engendrer une action constructive, un traitement plus ou moins efficace.
C’est uniquement pour les maladies pour lesquelles il n’existe pas de traitement que nous trouvons que le test ‘routinier’, appliqué à toute une population, pose problème.
E.S.: Les brochures sont directement destinées au grand public, n’êtes-vous pas en train de prendre le rôle du médecin?
C.G.
: Nous nous sommes posé la question. Avec la brochure ‘Informer mon médecin de mon projet de grossesse’, nous jouons un rôle de prévention que nous pouvons nous attribuer sans ambiguïté. En conseillant de consulter son médecin avant d’arrêter la contraception, je crois que nous ne débordons pas de notre rôle de mutualité.
Concernant la brochure grand public sur les tests prénatals, je pense que là aussi nous renvoyons au dialogue avec le médecin. Nous essayons de le soutenir là où il existe et de le susciter là où il n’existe pas. A ce niveau, c’est vrai qu’on donne un petit coup de pouce au patient qui se sent assez assertif pour rentrer dans la discussion. Cette brochure ne rentre pas dans le détail, elle ne fait rien de plus que tous les autres documents que la femme enceinte reçoit.
Là où nous nous avançons beaucoup plus, c’est dans les fiches détaillées. La volonté n’est pas de tuer le dialogue mais de l’enrichir. Les parents qui reçoivent un résultat positif sont envoyés chez un échographiste spécialisé, chez un pédiatre, éventuellement chez un psychothérapeute, chez un autre gynécologue… Les parents vont peut-être réunir eux-mêmes l’information qui se trouve dans nos dépliants mais ça leur prendra du temps. Parfois, ils reçoivent des informations contradictoires et entre-temps, il y a une pression à prendre une décision sur le déroulement de la grossesse.
Dans nos dépliants détaillés, nous n’allons pas plus loin que ce qui est dit dans les articles médicaux. Nous rassemblons l’information pour permettre aux parents de poser plus rapidement les bonnes questions au médecin. La volonté n’est pas de casser ce dialogue mais de le soutenir. Manifestement, le secteur embraie: la société scientifique de gynécologie soutient notre démarche. En tant que mutualité, une de nos missions est d’encourager les gens à être assertifs par rapport à ce qui leur arrive.
E.S.: Le monde médical vous paraît opaque?
C.G.
: Là n’est pas la volonté des documents. Peut-être que certains médecins pourraient réagir en disant: ‘De quoi ils se mêlent, ils parlent de choses que je suis sensé dire à mon patient!’. Je ne vois pas ce qui nous empêcherait de le faire. Dans mes recherches, je n’ai pas trouvé d’informations structurées ni en Belgique, ni ailleurs. Il y a un besoin d’information. Si les médecins la prennent en charge lors de la consultation, tant mieux mais je pense que nous ne débordons pas de nos missions en systématisant cette information.
E.S.: La brochure ‘Informer mon médecin de mon projet de grossesse’ semble délicate. Pour les femmes qui ont le projet de fonder une famille sans ‘planifier’ leur grossesse, la situation est inconfortable: il y a la barrière psychologique de passer des tests sans être sûre d’être enceinte dans les prochains mois, l’angoisse de ne pas consulter un médecin et d’avoir un problème lors de la grossesse ou dans le cas où la femme passe une visite, l’angoisse de connaître les résultats…
C.G.
: Au départ, nous étions mal pris parce que d’un côté, nous voulons démédicaliser le processus en proposant aux parents de ne pas accepter tous les tests en bloc et d’un autre côté, nous conseillons d’aller voir un médecin avant même d’être enceinte. Pour jouer notre rôle de prévention, je ne vois pas d’autres options que de pousser à prendre ce contact. Le but n’est pas de faire une violence mentale sur les femmes qui ne souhaitent pas planifier leur grossesse, ni la médicaliser.

Risquer de naître

Les Presses Universitaires de Namur sortent une nouvelle collection, Epistémologie et éthique du vivant, dont le premier volume s’inscrit dans la même problématique. Il s’intitule Risquer de naître: médecine prénatale et tests génétiques, sous la direction de Chantal Tilmans-Cabiaux (docteur en sciences biologiques aux Facultés Universitaires de Namur) et Joseph Duchêne (professeur de morale à la Faculté de Médecine de Namur).
La procréation et la naissance ne se vivent plus aujourd’hui comme des événements dont nous serions les acteurs inconscients et impuissants.
Le développement du savoir en matière de diagnostic anténatal a élargi de façon considérable le champ de notre connaissance et aussi celui de nos responsabilités. L’ouvrage prend précisément pour thème central la question de l’articulation du savoir et de la responsabilité.
Il puise son inspiration dans une intuition largement répandue selon laquelle la logique scientifique obéirait à son insu à un fantasme de toute-puissance alimenté par un déni de la mort et de la vulnérabilité de l’être humain. Les auteurs interrogent ce concept de toute-puissance de la médecine scientifique en le confrontant, par des témoignages, des analyses et des débats, au concept de la maladie génétique et du handicap.
Dans cette perspective, des questions importantes qui traversent actuellement la médecine prénatale sont traitées dans une approche interdisciplinaire et pluraliste, attentive aux dimensions pratiques et théoriques des problématiques: droit de savoir et droit de ne pas savoir, aspiration à la santé parfaite et prise en considération de la finitude, appréhension du risque, articulation de la vie privée et de la vie publique, rapport entre éthique et droit, place du commerce et du don dans la pratique médicale, qualité de la relation médecin-patiente.
TILMANS-CABIAUX C., DUCHENE J., Risquer de naître: médecine prénatale et tests génétiques, Presses Universitaires de Namur, Collection Epistémologie et éthique du vivant, 2002, 216 p., 19 € + frais d’envoi. Informations et commandes: Presses Universitaires de Namur, Rempart de la Vierge 8, 5000 Namur. Tél. +32 81-72 48 84. Fax : +32 81-72 49 12. Courriel: pun@fundp.ac.be . Internet: https://www.pun.be .

Les infections existent. Elles ne sont pas toutes curables mais il y en a qui le sont et dont on peut se protéger. Personne n’est obligé de réfléchir à ça avant de concevoir un enfant mais si c’est suffisamment planifié, la mère réduit une série de risques potentiellement dangereux pour l’enfant quasiment à zéro par des mesures simples, peu coûteuses et une bonne information.
Le début de la grossesse est la période la plus fragile, c’est à ce moment-là qu’il faut être le mieux protégé. Chacun est libre de ne pas se poser de question et tant mieux si toute se passe bien, ce qui est quand même la règle. Chez nous, 98% des enfants naissent en bonne santé: les pourcentages de maladies ne sont pas si importants qu’il faille en faire un monde ! Mais voici un simple exemple: il ne reste que très peu de femmes qui ne sont pas immunisées contre la rubéole mais si une femme ne l’est pas et qu’elle planifie sa grossesse, elle a un intérêt évident à faire ce vaccin avant d’être enceinte. Ce ne sont pas des actes que tout le monde a envie de programmer, une grossesse doit pouvoir aller de soi.
Par contre, en parlant des tests génétiques, mon discours est tout à fait différent. Personnellement, je ne suis pas spécialement d’avis d’effectuer absolument des tests génétiques avant une grossesse parce que ces connaissances peuvent être bloquantes ou paralysantes pour le couple par rapport à son projet parental. Connaître des probabilités n’est pas toujours jojo. Mais si on est décidé de passer ce genre de test, autant le faire avant de concevoir. Une fois encore c’est une affaire de démarche personnelle.
E.S.: Ces questions touchent à l’éthique…
C.G
.: Je n’ai lu aucun article d’éthique parce que je n’avais pas envie de m’embarquer dans les théories. J’ai plutôt essayé d’utiliser le bon sens, les données qu’on observait et de mettre chaque fois en balance, sans jugement de valeur, les risques associés à chaque stratégie.
E.S.: Vous vous êtes beaucoup investie dans ce travail. Qu’est-ce que ça vous a apporté personnellement?
C.G.
: Ce travail m’a passionnée parce que le thème de la grossesse est touchant. J’ai trouvé intéressant de mettre les informations à plat. J’ai pris conscience du plaisir que l’on peut avoir, même en tant que non-médecin, à se plonger dans la littérature médicale. Moyennant la constitution d’un petit bagage intellectuel qui prend un peu de temps à mettre en place, elle peut devenir accessible à celui qui veut. Je n’ai pas de formation médicale, j’ai découvert cet univers. Chaque domaine des soins de santé est assez intéressant en soi. J’ai retiré de ce travail des informations utiles à titre personnel et aussi la conscience de se dire que c’est un domaine où on ne peut pas se positionner avec des normes. La grossesse appartient avant tout aux parents et il faut être respectueux de l’attitude de chacun. J’ai entendu différentes positions et chacune me semble justifiée.
Les dépliants ‘Informer mon médecin de mon projet de grossesse’ et ‘Le dépistage prénatal’ sont disponibles dans la plupart des secrétariats locaux des mutualités chrétiennes. Les fiches détaillées sont disponibles sur simple demande au 02-246 44 72. Ces documents ont été produits en collaboration avec Infor Santé.
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon

Promouvoir la santé à l’école secondaire: tout un programme!

Le 30 Déc 20

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Pendant cette année scolaire 2002-2003, le service Education pour la santé de la Croix-Rouge développe une démarche de sensibilisation visant l’enseignement secondaire. Le projet ‘Promouvoir la santé à l’école secondaire’ s’adresse plus particulièrement aux chefs d’établissements et se concrétisera par l’organisation de trois journées d’échanges. Au-delà des journées elles-mêmes, il s’agit véritablement d’initier ou de renforcer l’articulation entre éducation et santé, objectifs d’enseignement et objectifs de bien-être. Il est aussi question d’entamer et d’approfondir le dialogue avec cet acteur aux compétences sans cesse démultipliées, mais ô combien central, qu’est le directeur d’école.

Un point sur le service Education pour la santé

Depuis 1998, le service Education pour la santé est reconnu, dans le cadre d’un programme quinquennal, pour disséminer les concepts et méthodes de l’ ‘Ecole en santé’ en Communauté française. Pour ce faire, les stratégies privilégiées sont la sensibilisation, la formation et la réalisation d’outils pédagogiques. Conçu conjointement par l’OMS, la Commission européenne et le Conseil de l’Europe, le programme ‘Ecole en santé’ a été expérimenté dans plus de 40 pays et dans une vingtaine d’écoles (tous types, niveaux et réseaux) en Belgique francophone. Il propose une approche globale et intégrée de la santé et repose sur les ’12 Critères d’une école en santé’. Ceux-ci mettent successivement en évidence des éléments tels que les besoins des élèves, la qualité des relations et de l’environnement, l’estime de soi ou le projet d’école.
Les fondements du programme sont par ailleurs intégrés aux lignes directrices du récent Décret de Promotion de la Santé à l’Ecole (PSE) auquel ils offrent un cadre éprouvé. De plus, le service Education pour la santé a été désigné par la Ministre de la Santé et l’Aide à la jeunesse pour coordonner la formation des équipes PSE (ex-IMS). Si le présent projet de sensibilisation des directeurs constitue un axe prioritaire du programme quinquennal du service, il est évident qu’il s’inscrit pleinement dans l’actualité de la réforme de la médecine scolaire, en accordant une attention particulière aux personnes qui accueilleront cette réforme non depuis le Centre de santé, mais bien depuis les classes et l’agitation des couloirs d’écoles, et particulièrement, depuis leur poste de directeurs.

Petite histoire du projet

Le secondaire, parent pauvre de la promotion de la santé?

La nécessité d’accorder une attention particulière à l’école secondaire s’est imposée au fil des contacts avec les acteurs éducatifs et suite au constat général d’une dissémination moins efficace de la promotion de la santé dans l’enseignement secondaire. Cela, alors même que les directions et les équipes éducatives interpellent les acteurs de santé à propos de comportements ‘inquiétants’ ou de ‘problèmes de santé’ chez les adolescents.
Il est vrai que les programmes de prévention et de promotion de la santé, par leur légitime volonté de situer leurs interventions en amont des problèmes, s’adressent plus naturellement aux publics jeunes, chez qui les habitudes de vie et de santé ne sont pas encore (ou moins) ‘fixées’. Il est vrai également que le fonctionnement (un professeur pour une classe), la taille (moins de gros ‘bahuts’) et les rythmes (plus de temps avec un groupe classe) offrent a priori un contexte plus favorable au développement d’une approche intégrée de la santé dans le fondamental.

Construire une sensibilisation adaptée

L’ensemble de ces réflexions et constatations ont motivé la mise en place d’un groupe de travail réunissant à la fois des directeurs de tous les types et réseaux de l’enseignement secondaire, un représentant du service de médiation de l’enseignement officiel, et des acteurs de promotion de la santé (Prospective Jeunesse, un CLPS, des agents PMS). Nous avons fait appel à l’APES pour superviser la construction des contenus pédagogiques et la méthodologie de la démarche, de même que pour élaborer les processus d’évaluation. Avec l’aide de ce groupe de travail, nous souhaitions identifier des stratégies et un langage de sensibilisation adaptés aux réalités des chefs d’établissement, premiers destinataires du projet. Nous remercions en passant tous les membres du groupe de travail pour leur investissement.

Coup d’œil sur une enquête auprès des chefs d’établissement

Pour garantir l’adéquation du projet aux préoccupations des directeurs, nous avons également fait parvenir un questionnaire à 130 établissements secondaires. Intitulé ‘les priorités santé du directeur’, il balise tant les ‘thématiques’, les partenaires, que les contraintes rencontrées en matière de santé à l’école. Nous consacrerons un prochain article aux résultats de cette enquête dont nous devons encore finaliser l’analyse. Nous pouvons d’ores et déjà annoncer que le taux de réponse a pratiquement atteint les 40%, ce qui laisse présager d’un intérêt certain des directeurs pour la santé. Sans donner de résultats définitifs et à titre d’illustrations, voici quelques aperçus des réponses données (questions fermées):
– thématiques santé prioritaires: les assuétudes, la violence, la santé affective et sexuelle,…
– éléments prioritaires en matière de santé vécue à l’école: la qualité des relations professeurs-élèves, l’hygiène, la propreté et l’embellissement des lieux,…
– partenaires avec lesquels ils collaborent pour ce qui a trait à la santé: l’éducateur, le centre PMS/IMS, le professeur d’éducation physique,…
– ressources favorisant le développement de projets santé: des moyens humains supplémentaires, des carrefours d’échanges dans l’école, le travail en réseaux,…
Avec le groupe de travail, l’enquête fournit une base solide à la démarche de sensibilisation et à la construction du contenu des journées.

Renforcer les liens entre Ecole (secondaire) et santé

Le sujet était au centre de la dernière Conférence internationale de promotion de la santé à l’école organisée fin septembre (Egmond, Pays-Bas): pour améliorer de manière durable la qualité de vie à l’école, un partenariat s’impose entre Santé et Education. Notre projet de sensibilisation veut éclairer et renforcer ce lien intersectoriel de différentes manières:
– en montrant la complémentarité des objectifs et des méthodes: tant l’enseignant que l’acteur de PSE veulent développer la confiance en soi de l’élève, la participation des acteurs scolaires à la construction de projets cohérents, les savoir-être, savoir et savoir-faire permettant l’autonomie de l’élève;
– en relevant la cohérence des dispositifs institutionnels: tant le Décret-Missions que les Décrets de Promotion de la santé insistent sur les notions de projet d’école, de Conseil de participation ou d’égalité des chances (populations prioritaires);
– en répétant les rencontres entre décideurs de l’enseignement et décideurs de la santé: dès l’entame du projet, les représentants des différents pouvoirs organisateurs de l’Enseignement ont été informés. Tant la Ministre de la Promotion de la santé que les Ministres en charge de l’Enseignement sont invités aux journées.
Sur ce dernier point, précisons qu’un dossier de présentation a été adressé tout spécialement à Monsieur Hazette , Ministre de l’Enseignement secondaire et de l’Enseignement spécial. La réponse a été rapide et positive, le Ministre souhaite entre autres être présent aux journées. Une Circulaire ministérielle sera envoyée aux établissements secondaires de l’enseignement officiel organisé par la Communauté française, cela en même temps que l’invitation aux journées. Monsieur Hazette a également inscrit la ‘promotion de la santé à l’école’ dans ses perspectives 2002-2004 pour l’enseignement secondaire. Autant d’éléments positifs et ‘renforçants’ qui, à notre sens, convergent vers une rencontre des pratiques et un mieux-être à l’école.

Sensibiliser les directeurs…à quoi?

Le directeur, incontournable

Pour appréhender la complexité de l’école secondaire, nous devions identifier un premier interlocuteur capable d’avoir une vision globale de l’école, une vision de l’intérieur mais aussi distanciée. Le directeur s’imposait en ses qualités de coordinateur du projet d’école, gestionnaire des ressources humaines, garant des valeurs, responsable des personnes et du bâtiment… bref, comme figure centrale avec un rôle et une vision pluriels.
C’est le directeur qui peut impulser une philosophie de travail, encourager des pratiques cohérentes. C’est encore lui qui renforce l’inscription d’un projet dans la durée, dans une certaine mesure, garantit l’obtention de moyens et valorise le travail de l’équipe éducative. Dernier élément et non des moindres, le directeur constitue l’interlocuteur privilégié des futurs agents de Promotion de la Santé à l’Ecole (PSE, ex-IMS).
A voir la description du rôle des directeurs, à les entendre décrier notamment la démultiplication de leurs tâches administratives, on peut se poser la question suivante: que leur demander encore? Idéalement nous voulons les voir ‘acteurs’ intégrant la promotion de la santé dans leurs pratiques quotidiennes pour les impulser ensuite à leur équipe. Avant toute chose et plus réalistement, le directeur sera abordé comme un ‘facilitateur’. Si ce n’est déjà le cas, les écoles vont disposer d’agents PSE compétents pour initier et soutenir la mise en œuvre de projets santé visant à améliorer la qualité de vie à l’école. Ces projets sont construits avec l’équipe éducative et reçoivent l’aval du Conseil de participation et du Chef d’établissement. Actuellement se déroule la formation des agents PSE, par conséquent, sensibiliser les directeurs aux liens entre éducation et bien-être doit faciliter la collaboration future avec les équipes PSE.

Renforcer la disposition du directeur à être acteur ou ‘facilitateur’

Lors des journées, nous souhaitons favoriser le recours – par le directeur et les acteurs scolaires – à des repères et des partenaires les plus pertinents pour promouvoir la santé à l’école. Nous travaillerons sur la sensibilité ou la disposition à agir du directeur afin de permettre à chacun un temps de recul par rapport aux idées et aux méthodes présentées (et éprouvées).
On pourrait résumer en ces quelques phrases clés les messages que les participants entendront et seront invités à travailler en ateliers:
– ‘la promotion de la santé peut servir les missions de l’école, tout comme l’école est un lieu privilégié pour promouvoir le bien-être’, les objectifs, méthodes et concepts de la promotion de la santé et de l’éducation sont complémentaires et cohérents;
– ‘il est possible d’intégrer la santé (repères et acteurs) dans une série de tâches et de domaines d’action du directeur’, par exemple dans le projet d’école, au sein des structures participatives (Conseil de Participation, Association de parents, Délégués de classe) ou dans les différentes facettes de la gestion quotidienne (les bâtiments, le règlement, les relations avec l’extérieur, les ressources humaines,…);
– ‘la santé est un concept positif que chacun expérimente, vit au quotidien’, la santé ne s’exprime pas qu’en termes de problèmes et chacun à des expériences à valoriser.

De l’interactivité avant tout

Peu de bla-bla, des ateliers

Dès les premières réunions du groupe de travail, les principes moteurs envisagés pour les journées de sensibilisation ont été la rencontre, l’interaction et la valorisation des compétences existantes dans les champs de la Santé et de l’Education. Pas question de se poser en ‘donneurs de leçons’ et de considérer les participants comme des cires vierges à modeler.
Le programme des journées s’articule donc en trois temps spécifiques dont le plus large est consacré aux ateliers:
– temps 1: une plénière pour introduire la journée, en fixer le cadre et les objectifs. Elle doit déjà établir les premières connexions entre Décrets de l’Enseignement et Décrets organisant la Promotion de la Santé et la PSE;
– temps 2: cinq ateliers pour permettre de croiser des préoccupations thématiques (assuétudes, hygiène, sécurité,…) avec des concepts et méthodes de PSE (les Critères d’une école en santé, les étapes du projet santé, la confiance en soi, la participation,…);
– temps 3: une exposition interactive des travaux réalisés en ateliers avec une possibilité d’échanger entre participants d’ateliers différents.
Chaque atelier sera pris en charge par un animateur extérieur au secteur de la promotion de la santé, appuyé par une personne ressource du secteur (membre du groupe de travail, CLPS, agent PSE,…). Un observateur est prévu dans chaque atelier. Les participants seront invités à cerner le contour de la participation, du projet santé, de la qualité de vie,… pour construire des activités concrètes relatives à un domaine ‘visible’ de la santé à l’école secondaire (l’environnement, les relations sociales, la vie affective et sexuelle,…).

Des journées à suivre

Nous souhaitons laisser le temps à l’émergence et à la convivialité, ne sont-ce pas là des bases de la motivation? En tout cas, des points de départ positifs pour aller plus loin et permettre, en fonction des besoins recueillis après les journées de mettre en place et animer des espaces-temps de rencontre sur la santé entre directeurs du secondaire; d’ouvrir (davantage) les lieux où se rencontrent les directeurs aux acteurs, projets et outils de PSE; de créer/renforcer une dynamique de réseau entre les acteurs d’une région (directeurs, équipes PSE, promoteurs de santé, travailleurs en milieu ouvert,…) préoccupés par une même problématique et/ou souhaitant s’accorder sur des pratiques cohérentes dans les domaines de la santé et de l’éducation;…
Ces journées constituent donc autant de petits pas, nous voulons qu’elles s’inscrivent dans la dynamique portée par de nombreux acteurs, programmes et services en Communauté française et rendue encore plus durablement prioritaire par le récent Décret de Promotion de la Santé à l’Ecole.

Concrètement

Trois journées sont prévues dans trois villes en 2002-2003. Elles visent les chefs d’établissement de tous types et réseaux de l’enseignement secondaire. Ceux-ci recevront une invitation officielle dans le courant du mois d’octobre. Les trois dates sont:
1. Le mercredi 13/11/2002 à Namur.
2. Le mercredi 19/02/2003 à Bruxelles.
3. Le mercredi 21/05/2003 à Liège.
La synthèse des journées, de même que le document relatif à l’enquête menée auprès des directeurs et portant sur leurs ‘priorités santé’ seront diffusés auprès des acteurs de promotion de la santé en milieu scolaire et serviront de base à la construction des pistes de suivi.
Emmanuelle Caspers , Service Education pour la santé, Croix-Rouge de Belgique
Pour tout renseignement complémentaire, vous pouvez vous adresser à Emmanuelle Caspers, Service Education pour la santé, Croix-Rouge de Belgique. Tél. 02-349 55 18. Courriel: emmanuelle.caspers@redcross-fr.be.

L’Afrique, cendrier de l’Occident?

Le 30 Déc 20

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Les jeunes Africains sont dans le collimateur des multinationales du tabac, qui associent cigarette et activités culturelles et ludiques. La même logique qu’à Francorchamps. Les gouvernements ferment les yeux et refusent de dénoncer le lien entre tabac et mortalité. Pourtant 2 millions d’Africains en meurent par an.
C’est fête au village! De tous les hameaux, les jeunes ont accouru, vêtus de leurs plus beaux habits. Devant l’écran géant qui rediffuse le dernier match de la Coupe du monde, un présentateur affublé d’une casquette aux couleurs Marlboro fait gagner des GSM. Dans la foule enthousiaste, de jolies filles distribuent gratuitement des cigarettes allumées. Des centaines de mains se tendent…
À quelques nuances près, cette scène se répète tous les jours en Afrique subsaharienne, offerte par les multinationales du tabac qui tentent de convaincre les Africains, en particulier les jeunes, que ‘fumer, c’est cool!’ . Et ça marche: en dix ans, le nombre de fumeurs, notamment chez les jeunes et les citadins, y a progressé de 33 %, le taux le plus élevé du monde!
Malmenées en Occident par des réglementations anti-tabac de plus en plus restrictives, les grandes firmes se rabattent sur l’Afrique, un marché de 700 millions de consommateurs potentiels, constitué pour moitié de jeunes de moins de 20 ans. “ Pour elles, l’Afrique est un territoire vierge , affirme Mahamane Ibrahima Cissé , président de SOS Tabagisme-Mali, qui a dénoncé les manœuvres des multinationales du tabac en Afrique lors de la 1ère Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac, en septembre à Montréal. Il n’y a pratiquement pas de règlements et très peu de programmes publics de lutte anti-tabac. En Afrique francophone par exemple, seuls le Sénégal et le Mali ont adopté des lois, peu respectées. Les jeunes, victimes d’une forte exposition médiatique, succombent de plus en plus. Le quart d’entre eux fume déjà au Niger et au Burkina Faso, près du tiers au Mali et en Mauritanie .”

L’art de se faire des amis

Les compagnies de tabac mènent une politique agressive de parrainage d’activités culturelles et ludiques, facilitée par le plan d’ajustement structurel imposé par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui force les États à pratiquer des coupes claires dans leur budget. “ Les manifestations culturelles et sportives ont besoin de sponsors mais les ministères n’ont pas d’argent , dit Elhadj Adam Daouda , secrétaire général de l’Association de défense des consommateurs du Tchad. Elles se tournent vers les fabricants de cigarettes!”
Les gouvernements ferment les yeux. Et empochent, justifiant leur peu d’empressement à s’engager dans la lutte anti-tabac par le fait que les cigarettiers donnent du travail à beaucoup de monde: cultivateurs, employés de manufacture, vendeurs à la criée, etc. Ces emplois, qui aident à résorber un chômage endémique, n’expliquent pas tout, selon Inoussa Saouna , président de SOS Tabagisme-Niger, lui-même victime d’intimidation pour avoir osé assigner cinq multinationales du tabac en justice en février dernier. “ Il y a beaucoup d’affinités entre les compagnies de tabac et les politiciens, dit-il. Avec les brasseries, elles sont les plus importants bailleurs de fonds des partis politiques en Afrique. Elles exercent aussi une forte influence sur l’administration publique.”
Les pratiques de l’industrie sont à la base d’un florissant trafic. Ainsi le Togo, qui ne compte aucune manufacture de cigarettes, est bizarrement l’un des grands exportateurs de produits du tabac de la région, signe que le pays exporte des marchandises entrées illégalement. Au Mali, où plus de 70% du marché est dominé par la contrebande, c’est par camions entiers que les cigarettes sont acheminées illégalement vers l’Algérie. “ La contrebande est très importante , confirme Mahamane Cissé, qui refuse de se laisser entraîner sur le terrain glissant de la corruption des élus. Au Mali, l’industrie du tabac approche tout le monde, y compris les responsables politiques. Ils se font des amis… Est-ce pourquoi ceux-ci sont si souples avec l’industrie du tabac?”

Les devises avant la santé

La santé des populations est rarement prise en compte. Pourtant, tous les indices sont au rouge: l’OMS estime que près de 2 millions d’Africains meurent chaque année à cause du tabac! “ Les gouvernements ne se préoccupent que des entrées fiscales , accuse Elhadj Adam Daouda. Au Tchad, le tabac rapporte à l’État 4 milliards de francs cfa par an (ndlr : environ 6 millions d’euros), soit pas grand-chose si on compare au coût des soins de santé imputables au tabac. Mais il n’y a bien sûr aucune étude. Jusqu’à tout récemment, il n’y avait même aucune mention du caractère dangereux de la cigarette sur les paquets…”
Quand elle existe, cette mention reste sans effet puisque la grande majorité de la population est illettrée. Pire, les médecins n’y voient rien de mal. “ En RDC, bien des médecins ne savent même pas que le tabagisme est un problème ”, affirme le Dr Anik Mulwane , qui a exercé 15 ans à Kinshasa avant de s’établir au Québec.
Beaucoup de fumeurs sont fatalistes. “ Après tout, on doit bien mourir de quelque chose ”, disent-ils. Le cow-boy américain de Malboro risque de galoper longtemps dans les plaines calcinées du Sahel.
André Lachance , InfoSud-Syfia

1ère conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac

Le 30 Déc 20

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La 1ère Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac s’est tenue à Montréal du 15 au 18 septembre 2002 (la Déclaration finale est reproduite ici).
Que dire de ces 3 journées qui réunirent 323 participants francophones du monde entier?
La 1ère journée a tenté de faire le portrait hyperréaliste de l’industrie du tabac et de ses moyens. Des experts ont analysé les nombreux aspects du comportement de l’industrie du tabac et ont témoigné des conséquences qui en résultent.

Facultés de médecine: par ici la monnaie

Un atelier animé par le Professeur Fernand Turcotte (Québec) a démontré avec une étude fouillée les largesses des compagnies du tabac. Toute ressemblance avec les personnes ou les faits similaires en Belgique serait purement fortuite!
En trois ans l’industrie a investi 2,4 millions de dollars canadiens (environ 3 millions d’euros) en dons et subventions de recherche universitaires, surtout dans les facultés de médecine… Apparemment, les universités n’ont aucune politique pour encadrer cette pratique et elles se posent peu de questions à ce sujet.
Les liens entre le monde universitaire et les fabricants de cigarettes ne sont pas uniquement financiers. Ainsi de nombreux cadres de l’industrie du tabac siègent à des comités universitaires. Cela les place potentiellement en conflit d’intérêt, a affirmé le Professeur Turcotte.
L’étude a été dirigée par l’unité de recherche sur le tabac de l’Ontario. Les chercheurs ont examiné les liens ayant existé entre l’industrie du tabac et les universités canadiennes de 1996 à 1999, ce qui représente 90 institutions et 16 facultés de médecine.
C’est la première fois que les universités sont consultées de la sorte et le diagnostic est troublant à plusieurs égards.
Ainsi 28 universités reconnaissent avoir reçu des dons totalisant 3 millions d’euros! Ces sommes ont servi surtout à financer des bourses d’études, des chaires et des congrès.
Les subventions de recherche concernent des montants moins importants: huit universités affirment avoir reçu au total un peu plus de 920.000 euros. Mais ces universités représentent le quart des facultés de médecine.
Le Professeur Turcotte n’en revient pas et se demande sur quelle planète ces facultés vivent pour profiter de «l’argent du crime» (je le cite).
Les universités ont répondu au questionnaire à condition de pouvoir garder l’anonymat et elles ne sont jamais nommées dans l’étude mais Monsieur Turcotte précise que 15 universités de l’Ontario et du Québec ont bénéficié de dons tandis que 6 universités dans les mêmes provinces ont reçu des subventions à la recherche.
Les dons de l’industrie du tabac sont acceptés sans trop de scrupules et aucune des universités ayant répondu au questionnaire n’a de politique pour évaluer cette pratique.
Les auteurs de l’étude constatent également qu’en 1999, 26 cadres de l’industrie occupaient des fonctions de « gouvernance » dans les universités dont 6 dans des hôpitaux universitaires!
Est-il pertinent d’ouvrir les organes de direction des universités à des représentants de l’industrie du tabac? Le débat est quasi inexistant, à peine 2 universités affirment que la question a été soulevée par les dirigeants.
Cette question a pourtant fait l’objet d’une controverse publique il y a 3 ans lorsqu’un journal spécialisé a révélé que l’ancien recteur de l’Université de Toronto, Monsieur Richard Prichard siégeait au Conseil d’administration d’IMASCO, holding comprenant Imperial Tobacco.
Les auteurs de l’article paru dans une publication du British Medical Journal soutenaient que les hôpitaux et les universités devraient couper tous liens avec le monde du tabac. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pas été entendus!
Les auteurs de l’article se sont penchés également sur les placements faits par les universités. Au total 19% de celles qui ont répondu à la question, soit 13 sur 70 détenaient des actions ou des obligations du secteur tabac en 1999! Une seule université s’était interdit d’investir dans ce secteur.
Ce n’est pas un hasard si les compagnies de tabac font preuve d’une générosité particulière envers les facultés de médecine, avance le Professeur Turcotte, elles se servent des universités pour se redonner une crédibilité. Selon lui, les fabricants de cigarettes se servent de l’existence même des projets de recherche sur l’impact du tabac pour soutenir que le caractère nocif de leur produit fait encore l’objet d’une controverse.
Monsieur Turcotte reconnaît cependant que les universités canadiennes ne sont pas les seules à frayer avec les fabricants de cigarettes et que les liens entre le monde du tabac et celui de la connaissance existent dans d’autres pays.
On avait beau s’en douter, cette étude a de quoi laisser perplexe, à tout le moins…

Echange d’expertises francophones

La 2ème journée a été consacrée aux foyers de résistance au tabagisme et à l’industrie du tabac.
La 3ème journée a porté sur les perspectives d’avenir. Epinglons notamment ce débat très animé sur la réduction des risques, qui divise la communauté médicale et les groupes anti-tabac.
Peut-on conseiller à un fumeur irréductible de diminuer sa consommation de cigarette?
Doit-on accepter qu’un ex-fumeur prenne des timbres à la nicotine pour le reste de sa vie?
Il manque des recherches sur les effets d’une diminution de consommation, expliquait le Professeur Gérard Dubois qui a présidé en France un groupe de travail interministériel sur la réduction des risques.On ne sait pas si cela aide à arrêter de fumer totalement. Et on ignore les effets précis sur la santé.
Soulignons enfin que cette 1ère Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac répondait à un besoin important, ‘celui d’offrir aux acteurs francophones l’occasion d’enrichir leur compréhension du phénomène tabagisme, de partager les différentes formes d’expertise et d’influencer le cours de leurs interventions. Elle illustre également une ouverture du monde francophone aux grands défis internationaux’ , rappelait le Ministre Roger Bertrand lors de la séance d’ouverture. ‘ On connaît , a-t-il ajouté, les efforts considérables qu’il faut déployer pour réduire le taux du tabagisme dans nos collectivités et pour prévenir le tabagisme chez les jeunes .
Il est donc très intéressant de pouvoir discuter des pratiques respectives ‘ a-t-il conclu.
Rappelons que, en plus de l’adoption de la loi sur le tabac en 1997, le Québec dispose d’un plan de lutte contre le tabagisme pour lequel le gouvernement a réservé un budget de 25 millions d’euros pour 2002-2003.
De plus le gouvernement québécois a offert un soutien financier de 200.000$ pour permettre la tenue à Montréal de cette 1ère Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac.
Soulignons enfin la présence active d’une parlementaire fédérale belge, Madame Gilkinet , et de la représentante de la Ministre francophone de la Santé, Nicole Maréchal, ainsi que l’aide apportée par cette dernière aux organisations belges actives dans le domaine, qui leur a permis de participer à cet événement et de présenter les résultats de leurs travaux et recherches.
Michel Pettiaux , FARES

Déclaration de Montréal sur le contrôle du tabac

Montréal, 18 septembre 2002
Nous, spécialistes du contrôle du tabagisme du monde francophone, réunis à Montréal, avons conclu que la lutte contre le tabagisme passe obligatoirement par une solution politique. L’industrie du tabac, en propageant la dépendance au tabac à travers le monde, constitue le vecteur de cette épidémie qui tue 4 millions de personnes par année. Nous réclamons la mise en place d’une politique globale qui inclut un encadrement rigoureux de l’industrie du tabac.
L’Etat a la responsabilité de modifier les éléments de l’environnement social, créés en grande partie par l’industrie du tabac, qui rendent nos concitoyens vulnérables à l’épidémie tabagique. Les gouvernements doivent de toute urgence mettre en place un ensemble efficace de mesures, notamment réglementaires et fiscales, soutenu par un financement public permettant de contrôler l’épidémie et ses effets.
Il faut avant tout:
– mettre fin à toute forme de promotion directe et indirecte de ce produit mortel, y compris le parrainage;
– rendre le tabac moins accessible en augmentant les taxes et en maîtrisant la contrebande;
– protéger les non-fumeurs de toute exposition à la fumée du tabac;
– favoriser l’arrêt du tabagisme et rendre accessibles les aides au sevrage;
– informer le public du contenu et des effets des produits du tabac.
Le tabagisme étant la source de l’enrichissement mondial des fabricants de cigarettes, leur opposition à ces mesures est avérée et en fait l’adversaire principal à combattre. La solidarité des pays de la francophonie est d’autant plus importante que les pays en voie de développement sont les nouvelles cibles des multinationales du tabac.
Le Comité scientifique
Première Conférence internationale francophone sur le contrôle du tabac, Montréal – Québec – Canada
Renseignements: CIFCOT, 3535 avenue Papineau, bureau 2102, Montréal (Québec) H2K 4J9 Canada. Internet: https://www.cifcot.com . Courriel: info@cifcot.com.

Accro, moi non plus’

Le 30 Déc 20

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Conçu par le secteur Enfance et Jeunesse des Mutualités socialistes, ‘Accro, moi non plus’ est un programme constitué d’une expo interactive, d’un cédérom et d’un site Internet pour les jeunes à partir de 14 ans. Basé sur le principe du ‘jeu dont vous êtes le héros’, cet outil permet aux ados mais aussi aux adultes de se plonger dans le quotidien de 7 personnages, de vivre leur vie, leurs amours, leurs emmerdes et leurs dépendances… Nous avons interviewé Pierre Baldewyns, médecin et cheville ouvrière de cette opération de sensibilisation aux assuétudes.
Education Santé: Qu’est-ce qui vous a amené à travailler sur les assuétudes?
Pierre Baldewyns : Dans les mouvements de jeunesse des mutualités socialistes, nous avons des relais qui sont directement en contact avec les jeunes. Ils organisent des vacances, des stages, des soirées… Dans leur vécu, le problème de la consommation de produits interdits ou permis comme l’alcool revient souvent. En centre de vacances, il arrive régulièrement que des animateurs voient des jeunes fumer, essentiellement des joints. C’est vraiment un problème sur lequel ils demandaient de travailler.
Voilà le point de départ. Dans la façon de traiter le sujet, j’estime que c’est plus de la promotion de la santé que de la prévention: on part de problèmes quotidiens vécus par les jeunes et on essaie de contextualiser le recours à des produits aussi bien dans des circonstances de loisirs que de consommation de ‘fuite’. Il y a une vision systémique du problème. Nous trouvons important de lier la consommation de produits à des problèmes comme le décrochage scolaire, les difficultés avec les parents ou dans la vie affective.
E.S.: L’approche globale ne risque-t-elle pas de ‘noyer le poisson’?
P.B .: Oui mais nous avons pesé le pour et le contre. Lors d’animations, nous avons souvent entendu des réactions de jeunes qui disent: ‘Vous allez encore nous parler de cannabis, d’ecstasy… On connaît et on en a marre!’. C’est aussi un danger que les jeunes soient présents mais n’écoutent plus et ne participent pas.
A mon avis, l’avantage d’’Accro’ est d’aller repêcher des gens qui n’auraient pas été intéressés au départ. Ce jeu offre beaucoup de portes d’entrée, le joueur peut se sentir intéressé à différents niveaux: parce qu’on parle de problèmes relationnels avec les parents, avec les amis ou parce qu’on va parler de produits. C’est vrai qu’il y a un danger. Je pense que certains animateurs ou enseignants vont dire: ‘finalement, ça parle de quoi ce truc, c’est trop touffu, il y a trop de choses’. Mais je pense qu’au niveau du jeune, le message passera plus facilement.
E.S.: Pourquoi s’adresser aux jeunes alors que les assuétudes touchent également les adultes? Ne craignez-vous pas que ce soit à nouveau cette image des jeunes en tant que consommateurs de drogues qui ressorte?
P.B .: J’espère que ça n’aura pas cette conséquence parce que c’est tout le contraire qu’on essaie de faire. Quand on pense aux consommations exagérées des jeunes, on pense plus aux drogues qu’à l’alcool, qui lui est plus associé à l’adulte. Pourtant, l’alcool a vraiment sa place dans le projet.
Les 7 héros croisent des adultes dans leur famille ou à l’extérieur qui ont eux-mêmes des problèmes et consomment des produits comme l’alcool ou les médicaments. Pour le moment, nous proposons l’expo et le cédérom à des associations de parents. On pourrait imaginer que les adultes jouent, le temps d’une expo, le rôle d’un jeune et entrent dans sa peau. Cela leur permettrait de regarder les problèmes différemment, sans dire que leur vision est mauvaise mais juste de manière à l’enrichir et à leur permettre de rétablir la communication avec les jeunes avec lesquels ils ont des problèmes.
E.S.: Quel était l’esprit de travail pendant la conception d’Accro?
P.B .: Nous avons eu de grandes discussions avec les responsables des différentes régionales. Notamment sur la façon dont les animateurs réagissent quand un enfant ne se sent pas bien en séjour de vacances. Nous avons vu que pas mal de responsables avaient le réflexe de donner quelque chose au jeune, un médicament, une aspirine… alors que lui parler aurait parfois suffi.
On est parti de cette banalisation de consommation de produits. Il y a eu toute une réflexion sur pourquoi on consomme et ce qu’on attend de nous dans la société, comment on accepte d’avoir un minimum de faiblesse, de ne pas être nécessairement performants à tout point de vue, sexuellement, professionnellement, physiquement, mentalement… Dans le contenu sur le stress, la dépression et le suicide, nous essayons de dire qu’avoir des coups de pompes, être découragé ou triste fait aussi partie de notre vie. Nous ne disons pas non plus que le médicament n’est pas bon. Il est bon quand il est pris à bon escient.
L’autre aspect très développé dans le projet, c’est l’aspect relationnel. L’idée que quand on a un problème, plutôt que de rester dans son coin, il est vraiment important de pouvoir parler à une personne de confiance. Il y a la famille mais pas uniquement. Nous abordons la famille en parlant de tribus pour dire qu’on peut se sentir écouté et accepté dans ses problèmes avec des amis, des adultes, des profs…
E.S.: Le jeu s’adresse directement à l’individu alors que pas mal de problèmes sont liés aux problèmes de société comme la difficulté de trouver un emploi…
P.B .: Tous les thèmes abordés dans ‘Accro’ doivent être travaillés à différents niveaux. Au sujet des drogues, il faut travailler au niveau législatif. Pour l’emploi, il faut travailler à la création d’emplois mais aussi à la manière d’envisager le chômage. Notre société n’est plus une société de plein emploi et il faut commencer à se dire que ce n’est pas si grave que ça. Je pense qu’on va tous passer par des périodes sans boulot. Pour le moment, le chômage reste quelque chose de dramatique, de financièrement intenable et de honteux. ‘Accro’ travaille au niveau de l’action individuelle. C’est un projet pour aider au développement de la personne, qu’elle puisse remonter la pente même si une tuile lui tombe sur la tête.
E.S.: Qu’attendez-vous comme répercussions?
P.B .: On veut qu’à la fin de l’expo, chaque jeune parte avec un cédérom. Même s’il y a des familles qui n’ont pas d’ordinateur, il y a au moins un voisin, un centre de jeunes, une école, un endroit où ils pourront aller avec leur CD et le regarder. Nous travaillons aussi sur une version papier qui reprendrait tous les textes et la liste d’associations.
Alors, qu’est-ce qu’on attend? Pour moi, l’objectif principal est qu’après l’expo ou le jeu, le jeune ne sépare plus ses consommations de ce qu’il ressent en lui. Qu’il se rende compte que s’il a tel comportement de consommation, ça a un rapport avec ce qu’il vit. Ce n’est pas séparé. J’espère aussi que le jeune verra la richesse des infos et des associations renseignées. Je voudrais que ça devienne aussi une espèce de document de référence.
E.S.: Vous n’avez pas de regret ou l’impression d’avoir loupé un sujet?
P.B .: Pas encore. Nous avons reçu un mail de 2 jeunes qui disent qu’ils ne trouvent pas notre jeu très amusant parce qu’il y a beaucoup à lire. La remarque est intéressante et je vais leur répondre. C’est vrai que ce n’est pas un jeu où on tue, où on saute. C’est une forme ludique mais avant tout, c’est éducatif.
Il y a aussi un article dans Le Vif – ’Express qui dit que les scénarios sont un peu gnan-gnan. Je comprends et je suis d’accord mais quand quelqu’un nous parle de ses problèmes qui lui semblent énormes, on peut trouver ça gnan-gnan. Nous avons voulu que les histoires ne soient pas extraordinaires ou catastrophiques. Les problèmes représentés peuvent paraître anodins mais la personne qui les vit les trouve importants et en souffre vraiment.
Nous avons voulu garder des situations dans lesquelles les jeunes peuvent facilement se retrouver. Si un toxicomane visite l’expo, c’est vrai qu’il va rigoler, parce qu’il ne se sentira pas concerné. Il sera dans un autre registre. Mais nous, on parle de la vie de tous les jours. Est-ce qu’on ne s’est pas trompé? Oui, sûrement parce qu’on aborde des sujets qui demanderaient des développements énormes et on a dû les synthétiser. Nous nous plaçons vraiment en généralistes de l’éducation, de la promotion de la santé. S’il y a des questions plus précises, nous renvoyons aux spécialistes, aux associations…
.: Qu’est-ce qui vous a plu dans la réalisation de ce projet?
P.B. .: Je suis médecin généraliste au départ. J’ai envie de dire que la médecine générale n’était pas encore assez générale pour moi. Même si on voit le patient dans sa globalité, on n’a pas toujours le temps de connaître les gens dans leur vie de tous les jours. Ici, ce qui m’a plu, c’est d’envisager les personnes jeunes dans leur globalité. Pouvoir être plus généraliste qu’un médecin généraliste en somme.
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon
Renseignements et commandes: FESC et MJT Espaces jeunes, 1-2 Place Saint-Jean, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-515 04 02. Fax: 02-512 27 62. Courriel: accro@mutsoc.be. Site: https://www.mutsoc.be/accro . Calendrier et itinéraire de l’expo disponible sur le site.

Incitation publique à la consommation de cocaïne

Le 30 Déc 20

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Une publicité pour une boisson énergisante, actuellement exposée dans les abribus bruxellois, se réfère très explicitement à un «sniff» de cocaïne. Le caractère provocant de cette image s’insère dans un contexte publicitaire qui n’a de cesse de repousser toujours un peu plus loin les limites de l’acceptable. Mais comment combattre ce type de message, constituant un réel danger en termes de santé publique et en termes pédagogiques, sans faire le jeu des publicitaires en en parlant tant et plus? Il suffit à ce propos de se rappeler les innombrables débats autour des pubs Benetton. Alors que faire?

Que fait la police?

Tout d’abord, ces images constituent, par leur code, par leur multiplication aux endroits stratégiques de la ville, par leur message, une véritable incitation publique à la «défonce». La coke est ainsi présentée comme LA référence en matière de substance énergisante. Une telle incitation est pourtant interdite clairement par la loi sur les stupéfiants. Alors que fait la police? D’autant que ce motif valut à certains de solides ennuis pour bien moins que ça. Ainsi, par exemple, la vente de «pipes à cannabis» a parfois été jugée comme incitative. Notons aussi que la consommation de cocaïne connaît depuis quelques années une augmentation importante et nous doutons que ce type de messages puisse enrayer cette évolution…

Que fait la pub?

Plus fondamentalement, la pub se doit de propager des messages qui «frappent», qui «font parler d’eux», qui font «l’actualité» et cela par n’importe quels moyens, on l’a vu. Les appels à l’incivisme, à la violence sexuelle, au nationalisme primaire, au mépris du lien social, s’étalent complaisamment sous nos yeux dans une parfaite indifférence.
Pourtant ces messages sont très loin d’être sans effets. Ils créent et entretiennent une importante confusion (voire inversion) des valeurs, ce qui est particulièrement sensible en ce qui concerne les jeunes en train de construire leur identité. D’autant que ces publicités très provocantes s’adressent à eux en priorité!
Mais, au fond, quel est le but que les publicitaires recherchent en augmentant ainsi la confusion des valeurs? Par la perte de points de repères fondamentaux (permis ou non, dangereux ou non, éthique ou non…) l’individu est laissé démuni face à l’idéologie du tout-marchand. Le but ultime est pourtant transparent, mais nous ne savons plus le lire: nous rendre pareils à ce jeune couché par terre devant son produit, faire en sorte que nos préoccupations se concentrent sur notre consommation, nous rendre dépendants de la consommation en général comme le toxicomane de sa drogue. Infor-Drogues se doit de constater, à cet égard, la multiplication des phénomènes de dépendances (jeu, travail, sexe, TV…).

Que fait le politique?

Bien sûr, heureusement, la publicité n’est pas le seul facteur qui influence nos comportements. Il n’en reste pas moins que les effets d’un tel matraquage (2500 impacts par personne et par jour – tous types de réclames confondus – dans les pays développés) sont loin d’être négligeables. Face à cette violence, est-on condamné à attendre les prochaines outrances publicitaires, déjà mises en œuvre dans les pays plus «avancés»?

Plainte au JEP

La publicité incriminée montre le contenu d’une canette renversée, qui s’écoule sous la forme d’une ligne de couleur blanchâtre. A l’extrémité de la ligne, un jeune homme aspire le produit par la bouche à l’aide d’une paille qu’il tient d’une main. De l’autre, il se pince une narine. Sur le site internet du produit, cette annonce est présentée comme la «sniff ad».
La couleur et le texture du produit, la forme de l’écoulement, la paille, la posture et les gestes du jeune homme, sont autant d’éléments qui contribuent à évoquer la consommation de cocaïne.
Cette image assimile les effets de cette boisson énergisante à ceux recherchés par les usagers de cocaïne. Cette confusion est d’ailleurs évoquée par le producteur lui-même sur son site, qui s’en excuse auprès de ceux que l’annonce pourrait choquer!
La Ministre de la Santé de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, Nicole Maréchal , estime que cette publicité est contraire à l’éthique du secteur: elle n’est pas loyale, elle n’est pas décente, elle élude le sens de la responsabilité sociale de l’annonceur. Elle peut enfin entraîner une banalisation de la consommation de drogues auprès du public visé. En conséquence, Nicole Maréchal a introduit une plainte auprès du Jury d’éthique publicitaire demandant l’arrêt de la campagne.

Doit-on se contenter d’avaler ce qui s’affiche partout et sur tous les tons, sous l’argument qu’il s’agirait toujours de subtils «clins d’œil», où seuls des esprits indécrottablement chagrins refusent d’apercevoir le «vrai message», porté au sommet de l’intelligence créative par la pétillante innocence du «second degré»? Ceux qui tiennent l’humour et la liberté d’expression en grande estime seraient-ils sommés de ne jamais pouvoir montrer du doigt le cynisme, le mépris, la manipulation? Bref, pour la majorité des esprits critiques, n’y a-t-il rien d’autre à faire que de continuer à laisser la responsabilité et le contrôle des messages au seul secteur publicitaire? Pour Infor-Drogues (et sûrement beaucoup d’autres) il est urgent de se poser la question.
Pour tous renseignements concernant ce dossier: Antoine Boucher, Infor-Drogues, tél. 02-227 52 60.

Le Centre de prévention du suicide diversifie son aide

Le 30 Déc 20

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En Belgique, chaque année, plus de 2000 personnes se donnent la mort. Le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes adultes et la deuxième chez les adolescents. Depuis 1970, le Centre de prévention du suicide aide les personnes suicidaires et leurs proches à traverser un moment difficile, notamment grâce au plus connu de ses services, la ligne 0800 32 123. L’action du Centre ne se limite pas là. Axel Geeraerts, directeur, et Beatrix Lekeux, psychothérapeute, nous font découvrir les différents visages de ce lieu de réflexion et de parole.
Le Centre de prévention du suicide reçoit plus de 20.000 appels par an. Ce service, accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 est assuré par une soixantaine de bénévoles qui se relaient au téléphone. Une telle permanence exige la recherche constante de nouveaux répondants. Face à l’ampleur de la problématique du suicide, le Centre développe également d’autres outils destinés aux personnes qui ont fait une tentative de suicide, aux personnes endeuillées et aux intervenants psycho-médico-sociaux confrontés aux suicidants. Le directeur Axel Geeraerts , assistant social et sociologue de formation, nous présente les différents services proposés et les projets en cours.
«La principale activité du Centre reste le service d’aide par téléphone , assuré exclusivement par des bénévoles. Le service est entièrement anonyme, gratuit et accessible pour toute la Belgique. Tous les bénévoles qui répondent sont formés et encadrés par une équipe de spécialistes, de psychologues.
Ils reçoivent d’abord une première formation à l’écoute qui dure à peu près 3 mois. Ensuite, ils font un stage comme co-écoutant en assistant des personnes qui sont dans la maison depuis longtemps et puis seulement, ils commencent à prendre des appels. Durant leur formation, il y a toute une série de séances de travail prévues, notamment des jeux de rôle avec des faux appels pour essayer de leur faire vivre des situations qu’ils peuvent rencontrer et de leur apprendre à répondre de la manière la plus adéquate.
La formation est vraiment centrée sur l’écoute. On les forme à faire le moins d’intervention possible, à ne pas commencer à distribuer la bonne parole ou de bons conseils. Le but est d’être là, être une présence pour quelqu’un qui traverse une période difficile. Apprendre les limites de ce type d’intervention est un vrai travail. Nous avons parfois des gens au téléphone qui sont dans une grande détresse et c’est vrai que nous ne pouvons que les écouter. Mais des études montrent que les écouter, c’est déjà énorme. Le nombre d’appels reçus confirme que c’est un service bien utilisé.
A côté de ça, nous développons un pôle de formation-prévention .
Jusqu’à présent, quand des intervenants de terrain ou des écoles nous téléphonaient suite à un suicide en disant: ‘Qu’est-ce qu’on peut faire?’, le Centre répondait au cas par cas. A présent, nous lançons un axe de formation-prévention destiné aux acteurs de terrain qui sont confrontés à la problématique de la tentative de suicide, comme les pompiers, les ambulanciers, la police… Deux personnes ont été engagées pour développer cette activité. Nous souhaitons continuer à réagir en fonction des demandes mais aussi pouvoir proposer des modules de formation axés sur un public ou sur une problématique. Nous avons déjà commencé à travailler avec les pompiers. Dans l’ensemble, ça marche bien. Les premières expériences montrent qu’il y a une réelle demande.
Depuis quelques mois, le Centre met également en place une cellule d’intervention psychologique (CIP). Il faut savoir que le taux de récidive après une tentative de suicide est important. Parmi les gens qui sont amenés à l’hôpital après une tentative de suicide, beaucoup repartent chez eux sans accompagnement.
Au mieux, ils ont un rendez-vous chez le psy ou une consultation programmée dans les jours suivants mais il n’y a pas vraiment de suivi. Nous voulons intervenir à ce moment-là, les rencontrer pour pouvoir les accompagner dans la crise. On peut travailler avec eux la demande d’une prise en charge thérapeutique et donc les réorienter vers un thérapeute privé ou un centre de guidance en santé mentale.
Il ne s’agit pas de prendre en charge ces gens de manière thérapeutique mais d’être là au moment de la crise. Nous avons cherché des hôpitaux avec lesquels faire des partenariats. L’idée est que quelqu’un qui fait une tentative de suicide est amené à l’hôpital et que l’infirmier ou le médecin qui le voit lui demande s’il est d’accord pour transmettre ses coordonnées au Centre de prévention du suicide. Si la personne est d’accord, nous la recontactons dans les 48 heures. Nous avons des premiers partenariats avec les hôpitaux d’Iris Sud (Bruxelles) et nous rencontrons des équipes de soignants pour leur expliquer ce que nous faisons.
Autre activité du Centre, le Groupe d’accompagnement au deuil après suicide . Trois groupes se sont mis en place dans le Hainaut, le Brabant wallon et à Bruxelles. Ces groupes sont fermés, une fois formés plus personne n’y entre. Il y a 12 rencontres en 6 mois animées par des professionnels. Ce n’est pas du self-help, ce ne sont pas des gens qui ont vécu la même situation qui animent et ce ne sont pas non plus des groupes thérapeutiques. Une première expérience est terminée. Nous avons relancé une campagne pour former de nouveaux groupes. D’après nos informations, il y a une réelle demande de la part des gens qui vivent un suicide. En même temps, arriver dans ces groupes-là reste quelque chose de difficile.
Au-delà de ces groupes, on va créer, en janvier 2003, un réseau de service d’accompagnement du deuil après un suicide dans toute la Communauté française. Nous avons pris contact avec une série d’associations qui travaillent sur ce sujet mais aussi certains plannings. L’idée est de pouvoir offrir aux gens un service proche de chez eux. Le réseau sera pluraliste: il y aura des groupes de self-help, des groupes encadrés par des professionnels, des accompagnements individuels… Les gens pourront choisir la formule qui leur convient le mieux. Chaque association gardera sa spécificité. Minimum une fois par an, les différents acteurs du réseau se retrouveront lors d’une journée de travail. Cela permettra de confronter les différentes approches.
Nous allons éditer une brochure avec quelques pistes de réflexion sur le suicide ainsi que toutes les adresses des gens qui font partie du réseau, qui ont eu une formation spécifique à l’accompagnement lié au suicide et qui ont signé une Charte éthique.
Il y a encore un autre projet. Nous avons un centre de documentation en ‘suicidologie’ mis en place par notre bibliothécaire. Ce service est accessible à tous. Il est là et il ne demande qu’à s’étendre, ce qui pose un problème de place. Nous allons réfléchir sur la manière de le développer. Le but est d’avoir un centre de documentation spécialisé connu et ouvert au grand public.’

Un congrès à ne pas manquer

Du 18 au 22 novembre prochain , se tient le ‘2e Congrès international de la francophonie en prévention du suicide’ au Palais des Congrès de Liège . Face à l’évolution du taux de suicide dans les sociétés industrialisées et au caractère complexe de cette problématique, ce deuxième congrès abordera principalement quatre questions:
‘Quelle prévention pour quelle population?’
‘Quels acteurs pour quelles ressources et quels réseaux?’
‘Pertinence des pratiques?’
‘Réseaux de communication, réseaux de relation?’
Au programme de ces 5 journées: alternance de séances plénières, symposiums, ateliers et communications libres durant lesquels l’accent sera mis sur le travail des intervenants et des associations de terrain.
Le grand public est également invité lors de deux manifestations animées par Thomas Van Hamme (présentateur de L’écran témoin à la RTBF): le 19/11, soirée débat sur la prévention du suicide et le réseau et le 22/11, table ronde de clôture avec des interventions de professionnels ayant participé au congrès, des animateurs scientifiques et des invités (l’écrivain Caroline Lamarche, Julos Beaucarne, Gabriel Ringlet, Edouard Delruelle et Jean-Jacques Verdickt).
Programmes et infos: Maison du social de la Province de Liège, Boulevard d’Avroy 28/30, 4000 Liège. Tél: 04-232 31 53. Fax: 04-232 31 77. Courriel : jean-claude.davis@prov-liege.be

Et quand nous demandons à M. Geeraerts ce qui anime son travail, pas de surprise:
«Se dire que par rapport à une problématique, à une question de départ, on va réfléchir à comment développer toute une série d’outils différents.
Exemple, pour le moment, nous devons réfléchir à la question de la réponse aux mails. Le Centre a un site internet informatif avec une adresse de courrier électronique. Nous précisons que ce mail sert à demander des informations mais en aucune manière à répondre à des demandes d’aide. Or, des demandes d’aide arrivent. Pour le moment, nous répondons en renvoyant au 0800. Le mail devient un moyen de communication de plus en plus répandu et il y a peut-être même des gens qui utilisent plus le mail que le téléphone. Alors, que faire avec ça? Nous avons pris contact avec d’autres services, notamment SOS Amitiés en France qui a développé un outil pour répondre au courrier électronique. Chez nous, un groupe s’est mis en place pour y réfléchir. Quelque chose de nouveau émerge et on met en route de nouvelles pratiques.»

La santé, priorité des jeunes

Le 30 Déc 20

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Martin Wauthy est conseiller marketing aux Mutualités socialistes. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle de l’enquête ‘La santé et les jeunes’ (ULB/UNMS janvier 2002) et du ‘Safe Kit’. Deux manières de générer une prévention qui colle à la réalité et aux préoccupations des jeunes.
L’UNMS a réalisé deux études sur le thème de la santé et du bien-être: une vaste enquête menée auprès de 2450 personnes en Belgique francophone et une enquête plus restreinte réalisée en avril-mai 2002 auprès de 350 jeunes de moins de 25 ans. Ces deux études n’ont pas la même valeur statistique ni le même objectif. ‘La plus petite étude avait pour objectif de valider des hypothèses en termes de représentations des risques santé’ explique Martin Wauthy, ‘parce que quand on est jeune, on n’a pas les mêmes représentations de ce qui nous pend au nez. Nous connaissons les causes de morbidité chez les 18-25 ans: les suicides et les accidents de voiture sont les premières causes. Ce qui est passé sous silence, ce sont les comportements à risque qui vont avoir un impact sur la santé à 40 ou 50 ans comme la consommation de tabac, d’alcool, de drogues… ’.
Premier constat de l’enquête: la santé est la priorité des priorités, même pour les jeunes. Ici, la santé est envisagée d’un point de vue global, elle n’est pas associée à la maladie mais au bien-être. Pour l’UNMS, les choses sont claires: c’est dans ce domaine que l’Etat et la collectivité doivent investir.
Autre constat qui peut sembler étonnant: les jeunes manquent cruellement d’informations. ‘En lisant le courrier des lecteurs de magazines pour jeunes’, poursuit-il, ‘on se rend compte qu’ils sont très mal informés sur les risques. On voit des questions comme: j’ai embrassé un garçon, est-ce que je risque d’être enceinte? Parallèlement à ça, il y a pléthore de sources d’informations en matière de soins de santé et de prévention.’
Alors, comment expliquer qu’il y ait autant d’informations sur la santé et qu’elles soient si peu reçues? ‘C’est tout le problème de la communication de masse par rapport à une cible qui n’écoute que ce qui lui est directement adressé’, répond-t-il. ‘On n’a pas toujours envie de poser des questions sur la santé à ses amis ou à ses parents ni d’aller chez le médecin pour ça. Internet permet cet anonymat. D’ailleurs, la santé est le deuxième domaine de recherche sur Internet chez les moins de 30 ans, le premier étant la musique. Le choix d’Internet n’est pas anodin. Nous avons mis en place un site uniquement dédié aux jeunes, https://www.ifeelgood.be . Nous avons la prétention de dire que sur ce site, ils peuvent trouver des informations santé crédibles.’
Les divers enseignements de cette étude ont poussé l’UNMS à faire une action de sensibilisation qui à la fois informait et mêlait l’action concrète: le Safe Kit. Le Safe Kit serait donc une application de l’enquête? ‘C’est une application à partir d’une question que nous nous posons: comment être le plus efficace dans le domaine de la prévention? Nous sommes convaincus qu’en tant que gestionnaire logique et cohérent des soins de santé, nous avons une responsabilité dans le domaine de la prévention. Les mutualités sont un intervenant parmi d’autres. Nous avons des moyens énormes. Si nous ne les mettions pas au profit de cette thématique, nous n’aurions pas de quoi être très fiers.’

La petite boîte métallique

Cet été, entre fin juin et le 15 août, 130.000 exemplaires du Safe Kit ont été distribués là où se trouvent les jeunes: les festivals, les fêtes populaires, les campus mais aussi via le site Internet et les SMS… Au fil du temps, la distribution s’est étendue à des associations, des écoles qui comptent développer des activités avec un lien santé…
Dans le Safe Kit, on trouve des préservatifs et un mini-livre sur un de ces 5 thèmes: route, contraception, dépendances, bien-être ou mutualité. ‘Le mini livre n’a pas été conçu comme un long discours sur ce qu’il y a lieu de faire. Il vise plutôt à briser les idées reçues et à donner des infos scientifiques. Exemple: qu’est-ce que c’est que l’alcoolémie, comment ça se développe, comment ça s’élimine… Idem pour chacun des thèmes. On donne des infos mais on sait qu’on ne répond pas à tous les besoins. Si je prends le thème de la contraception, on va parler du sida, de toutes les MST, de la pilule du lendemain et on va resituer la capote dans la problématique de la contraception. Nous donnons de l’info, des références mais il y a un besoin derrière d’être plus informé et nous voulons aiguiller jusqu’au bout.’

Évaluation

En attendant un bilan plus fouillé en janvier 2003, une évaluation rapide du Safe Kit a été réalisée auprès de 300 personnes.
Ce que les jeunes en retiennent? Première chose citée: la capote puis vient ensuite le petit livre. Dans 30% des cas, les jeunes l’ont lu ou parcouru en moyenne deux semaines après l’avoir reçu. Martin Wauthy commente: ‘Nous sommes extrêmement satisfaits dans la mesure où l’objectif de l’opération était de laisser de l’info, de la rendre disponible et de casser les idées reçues.’
Casser les idées reçues et peut-être changer les comportements d’un public qui, plus que les autres, prend des risques: ‘Pour moi, ce qu’on appelle la culture du risque est vraiment le problème fondamental. La société nous dit qu’il faut devenir quelqu’un, gagner sa vie – ça veut dire que si on ne la gagne pas, on l’a perdue…-, les termes sont d’une cruauté abominable.
Dans le parcours d’une vie, entre 18 et 30 ans, il y a une concentration d’étapes très complexes à franchir. C’est affolant ce qu’il faut arriver à faire pour être considéré socialement. Tant que ces étapes ne sont pas franchies, la société dit: ‘Tu n’existes pas encore’. Le prolongement de cette réflexion est que si je n’existe pas c’est que je suis mort. Les jeunes vont donc flirter avec la mort, prendre des risques en espérant que la mort ne sera pas là. Personne n’échappe à ça mais il y a des degrés divers.’
Alors, le Safe Kit, c’est rebelote pour l’année prochaine? ‘Que le Safe Kit ait plu est une chose mais si on se rend compte, lors de l’évaluation finale, que le public n’a rien retenu du contenu des livres, je pense qu’on ne le refera pas. Cette action a coûté plus de 250.000 €. Ce n’est pas négligeable.’
Et quand on demande au conseiller s’il se rend compte que la boîte est parfaite pour garder son cannabis: ‘Nous savons que la plupart des jeunes ont gardé la boîte et qu’aujourd’hui, elle est remplie de leurs préservatifs, de tabac, de cannabis… Peu importe. Mon point de vue sur le cannabis est le même que sur l’alcool, il faut faire très attention… Cette boîte a été conçue plus courte qu’une cigarette parce qu’on ne voulait quand même pas que ça devienne une boîte à cigarettes!’
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon

La promotion de la santé à l’école: entre utopie et réalité

Le 30 Déc 20

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Le 23 octobre dernier, le service Infor Santé de la Mutualité chrétienne du Brabant wallon et le PSE libre de Wavre organisaient avec la collaboration du Centre local de promotion de la santé du Brabant wallon une après-midi de rencontre et d’échanges à destination des enseignants, directeurs d’écoles, étudiants des écoles normales, travailleurs PSE ou PMS. Le but: leur expliquer les nouvelles missions des équipes Promotion santé à l’école (ex-IMS) et montrer comment intégrer un projet santé dans le programme éducatif global.
Une centaine de participants avaient répondu présent.
Après une introduction de Jean-Marc Dieu (direction de la Mutualité chrétienne du Brabant wallon), Marie Ledoux , consultante à la Croix-Rouge de Belgique, expliqua de façon assez vivante en quoi la promotion de la santé et la question du bien-être de l’enfant pouvaient être intégrées dans le programme éducatif.
Jacqueline Valange (PSE libre de Wavre) présenta en détail les nouvelles missions des services Promotion santé à l’école, en mettant en avant les changements directs pour les écoles.
Deux expériences concrètes furent ensuite présentées par leurs promotrices: un projet ‘L’enfant et son environnement’ mené en 2001-2202 à l’école communale de Perwez par Chantal Marchand (PSE libre de Wavre) et Marie-Thérèse Hannay (PMS de la Communauté française de Wavre), ainsi qu’un projet ‘alimentation’ mené dans les écoles communales de Tubize par Angela Popolo (asbl Enfance et diététique ). Deux expériences pour lesquelles le point commun était l’implication de la communauté éducative dans les actions menées.
L’après-midi s’est clôturée par une foire aux outils pédagogiques durant laquelle Infor Santé, Education Santé , le CLPS du Brabant wallon, la Croix-Rouge de Belgique, Ampli-Junior (Mutualités socialistes) ou encore le Réseau Idée exposèrent leurs productions et purent répondre aux questions des participants.
On sait bien qu’une telle initiative isolée ne changera pas les mentalités ou les habitudes bien ancrées dans les pratiques. Mais c’est toujours sympathique de se rencontrer et d’échanger… et les petits ruisseaux ne font-ils pas les grandes rivières?
MVA

La promotion de la santé à Liège

Le 30 Déc 20

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Nous avons présenté récemment (1) le projet de conférences locales, qui fait partie des priorités stratégiques de la Communauté française en matière de prévention pour les prochaines années. C’est déjà du concret, puisque la première Journée liégeoise de promotion de la santé vient de se dérouler au Palais des Congrès de Liège le 18 octobre dernier.
Les Liégeois ont essuyé les plâtres avec brio. Les nombreux participants (près de 300 personnes, on a dû refuser du monde) ont eu droit à un programme diversifié: interventions des ‘politiques’; présentation plus technique d’un outil d’observation de la réalité socio-sanitaire (2); un important moment pour permettre au public présent de se familiariser avec une quarantaine de projets concrets; un travail en ateliers sur les sujets clés que sont l’intersectorialité, la participation, les réseaux et les politiques locales de santé. Vu le succès, il a fallu ajouter un atelier pour échanger avec les nombreux participants venus de l’ ‘extérieur’ du territoire du CLPS.
Last but not least, la troupe d’improvisation La maison éphémère a ponctué la journée d’un spectacle percutant basé sur les ‘prescriptions’ des spectateurs. Ce fut une salutaire leçon de modestie pour des professionnels parfois trop présents dans la vie des gens, ou cruellement absents quand on a vraiment besoin d’eux. Caricatural mais stimulant.
CDB
Centre Liégeois de Promotion de la Santé (CLPS), En Hors-Château 7, 4000 Liège. Tél.: 04 237 05 35. Fax: 04 237 05 95. Courriel : promotion.sante@clps.be. Site: https://www.clps.be
(1) Des conférences locales pour une politique dynamique de promotion de la santé, par Carine Lafontaine et Chantal Vandoorne, Education Santé n°172, septembre 2002.
(2) Voir l’article de Jean-Marie Delvoye, Mobilisation sur le territoire de Seraing, Education Santé n°159, mai 2001, pp. 1-5.

Somnifères et calmants

Le 30 Déc 20

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Les plus de 65 ans et les femmes jeunes consomment trop de tranquillisants et somnifères. Sur l’initiative du Ministre fédéral de la Santé publique, Jef Tavernier , une campagne de communication médiatique sur ce problème est en cours dans notre pays.
S’appuyant sur un avis du Conseil supérieur d’hygiène, cette campagne s’inscrit dans le cadre de la politique du gouvernement en matière de drogues.
Assez radicale, l’approche part du principe que beaucoup de personnes trouvent dans ces produits une solution simple à leurs problèmes. Les risques de dépendance à ces médicaments sont bien réels et peuvent apparaître très rapidement, après quelques jours d’utilisation. Pour de nombreux patients, la consommation de somnifères et calmants devient alors elle-même un problème plutôt qu’une solution.
La campagne vise à sensibiliser tant le grand public que les professionnels. Elle porte sur trois axes: sensibilisation à travers les médias, informations vulgarisées plus précises via des dépliants disponibles auprès des généralistes, des hôpitaux et des pharmaciens (notamment), informations détaillées pour les prescripteurs sur les produits concernés, sur leurs indications dans le traitement de l’insomnie et de l’anxiété, sur l’arrêt progressif des benzodiazépines et sur les traitements alternatifs possibles.
Cette campagne aura-t-elle un effet sur le comportement des médecins et de leurs patients? Son ton quelque peu comminatoire (‘demandez de l’aide’, ‘n’en faites pas une habitude’) et le peu de réflexion quant aux raisons profondes du recours aux anxiolytiques et à la construction d’alternatives valables et acceptables nous laissent sur notre faim.
Une chose est certaine: on ne pourra pas faire le reproche au ministre d’être motivé par des économies à réaliser dans le secteur du médicament, vu que ces produits sur prescription ne sont pas remboursés en Belgique…
Site web: https://www.health.fgov.be/benzo

La vie devant nous’

Le 30 Déc 20

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Une publication destinée aux invalides: évaluation concluante

Les nouveaux invalides représentent, parmi les affiliés des mutualités, un public fragilisé. La Mutualité chrétienne a le souci d’améliorer l’information de ce public prioritaire, et ce dans les premiers mois du passage à ce nouveau statut souvent mal vécu.
Lancé en 1999, un outil d’information spécifique de ce public, le trimestriel intitulé La vie devant nous a fait l’objet d’une évaluation après deux ans de diffusion.

Bref rappel

Nous avons évoqué ici ce projet lors de son démarrage voici près de trois ans (1).
Cette publication vise plusieurs objectifs:
– témoigner concrètement de l’intérêt que la Mutualité chrétienne porte à ses nouveaux invalides;
– donner aux nouveaux invalides une information complète, claire et précise concernant leur statut, leurs droits, leurs revenus, les possibilités de réadaptation professionnelle,…
– leur fournir des informations utiles sur leur santé en fonction de leurs pathologies;
– leur apporter un soutien ‘moral’ durant une période difficile à vivre;
– leur permettre de se resituer dans la vie sociale et leur proposer des lieux de participation et d’engagement, notamment dans les mouvements proches de la Mutualité chrétienne.
Nous avons choisi un découpage de l’information inspiré du Journal de votre enfant de la Ligue des familles. En clair, il y a au total quatre numéros de La vie devant nous , contenant des informations pratiques, légales, administratives sur l’invalidité, complétées de témoignages d’invalides et d’interviews de professionnels en contact avec eux.
Qui reçoit la publication? Les affiliés à partir du dixième mois d’incapacité primaire et pendant la première année d’invalidité. Cela représente chaque année environ 2500 à 3000 personnes pour la Mutualité chrétienne en Communauté française de Belgique.

Un témoignage

J’ai apprécié votre article sur la dépression. Beaucoup de gens, s’ils veulent comprendre, devraient le lire. Suite à des difficultés personnelles nombreuses (maladies incurables de proches morts depuis, de suicides d’amis chers, de difficultés professionnelles diverses), après avoir lutté, supporté, tenu bon pendant quatre ans, j’ai senti que le monde s’écroulait sous moi. Maintenant, je ne me sens plus capable de reprendre des relations amicales ‘comme avant’ et encore moins mon travail dans le paramédical.
Les relations amicales antérieures ont fui comme si j’étais un pestiféré… Je n’y ai trouvé que des ‘conseils moraux’ (bouge-toi, fais ceci, ne te laisse pas aller, etc.): quand vous n’attendez plus rien de la vie, cela n’a aucun effet positif sinon que j’étais plus moche après leur passage qu’avant! Jamais aucun ‘ami’ ne m’a laissé parler librement, trop enclin à ‘me trouver une solution’ ou ce qu’il estimait en être une… La solitude est venue avec des bottes de sept lieux!
Grand lecteur avant ma dépression, mon manque de concentration ne me permet pas certains jours de suivre quatre lignes d’affilée même d’un ‘bête bouquin’: je dois relire trois, quatre, voire cinq fois le même passage. Tout le charme est rompu!
Et le reste est du même tonneau: un manque de plaisir total (en termes psy: l’anhédonie).
Au début de ma dépression, je prenais un verre pour me sentir mieux, rapidement j’ai pris des verres pour m’étourdir, pour quitter ce monde absurde où je vivais et dont je ne comprenais plus rien…
A 50 ans, en arriver là! Qui peut comprendre ce que 1’on ressent comme douleurs, comme souffrances, comme impuissance aussi d’autant que j’ai toujours exercé une carrière fort indépendante et sujette à responsabilité accompagnée d’horaires pas toujours à la carte, loin de là, avec de nombreux séminaires pour ‘être dans le coup’ au sein de mes différentes fonctions…
J’ai eu la chance de trouver un médecin qui a pu m’écouter, chercher avec moi les médicaments qui semblaient les plus efficaces dans mon cas, et aussi un psychothérapeute attentif mais insuffisamment là (préparation d’un doctorat, voyages, colloques, etc.).
Quand vous en êtes là, on pense souvent au suicide, d’une manière ou d’une autre, on n’a plus tellement d’espoir, étant le plus souvent considéré comme un profiteur, un tire-au-flanc, avec des remarques du genre: ‘Eh bien, c’est la pleine forme, je vois…’, ‘Secoue-toi un peu mon vieux!’, ‘Retravaille, tu verras, ça va aller…’
Quand on aligne des chiffres toute une journée, qu’on répare des moteurs, qu’on s’occupe de son petit ménage ou de ses prochaines vacances au soleil, l’autre doit ‘bien aller’… Quand on travaille soi-même avec des gens à ‘problèmes’, c’est une toute autre paire de manches. Comment comprendraient-ils mes difficultés à me lever le matin après une nuit blanche suivant une autre nuit blanche…
Et ce combat épuisant que l’on mène, jour après jour, heure après heure: pour sortir de son lit, prendre en charge les tâches ménagères du moment, essayer de trouver les mots que l’on cherche en vain et qui ne viennent plus à l’esprit; pour éviter des fautes d’orthographe en rédigeant parce qu’on ne maîtrise plus l’orthographe qu’au prix de gros efforts… Et ce tas de petites choses qui semblent vous échapper, vous faire la nique, vous empoisonner la vie…
Et cet inévitable et terrifiant ‘Pourtant tu as bonne mine’ que vos connaissances vous servent à chaque fois. Mais quelle mine, celle de se sentir décomposé, d’avoir perdu le goût des choses, de la vie même… D’essayer de survivre? Au prix d’efforts dont personne ne se doute.
Pourtant, cela peut arriver à tout le monde, même au médecin conseil de la mutuelle qui prodigue de si bons conseils lors de ses consultations. Cela on ne devrait jamais le perdre de vue: les ‘clashs’ n’arrivent pas qu’aux autres, nous sommes tous des ‘clashés’ en puissance. Un peu d’attention, de compréhension seraient le plus grand des réconforts que nous puissions trouver chez nos contemporains. Il faudrait que beaucoup de personnes relisent le beau livre d’Albert Cohen, Vous frères humains et surtout le dernier paragraphe de ce livre. Cela ferait le plus grand bien à l’humanité tout entière!
C’est pour tout cela que j’ai tenu à répondre à votre article, concis, précis mais parfois un peu trop ‘encourageant’.
Nom et adresse de l’auteur connus de la rédaction

Qu’en pensent les lecteurs?

Le test d’un numéro zéro nous avait renforcés dans notre conviction que ce type de publication répond à un besoin.
Nous avons eu l’occasion de vérifier cette hypothèse.
L’évaluation du projet a eu lieu en deux temps: d’abord envoi postal d’un questionnaire écrit auto-administré, ensuite enquête par téléphone, vu le faible taux de réponse à la première enquête.
Pour l’enquête par courrier , le questionnaire a été envoyé aux invalides ayant reçu les 4 revues, deux mois après l’envoi du quatrième numéro.
Les résultats de 76 questionnaires ont été traités. Le taux de réponse: 76/582 soit 13%, est assez faible.
Pour l’enquête par téléphone , sur base d’un listing des 533 personnes ayant reçu le quatrième numéro lors d’un autre trimestre, le centre d’appel de la Mutualité chrétienne a recherché les numéros de téléphone et contacté les personnes. Au total, 87 personnes ont répondu à l’enquête. Sur ces 87 personnes, 5 personnes concernées étaient absentes mais la famille a répondu aux questions.

Résultats

Les résultats complets de ces deux démarches d’évaluation gérées par Bernadette Taeymans sont disponibles à Infor Santé.

Profil des répondants

Sexe

%
Homme 51
Femme 49
Age %
Moins de 25 ans 0
De 26 à 35 ans 13,5
De 36 à 45 ans 27
De 46 à 55 ans 34
Plus de 55 ans 24
Pas de réponse 1,5

Il n’est pas facile d’obtenir des réponses de la part de ce public. En s’y reprenant à deux fois, on obtient quand même 163 répondants.
Le taux de réponse à la question ‘Avez-vous reçu les 4 numéros?’ est d’environ 70%, ce qui peut sembler un peu faible. Plusieurs explications sont possibles: le n° 1 est théoriquement remis en mains propres lors d’un contact personnalisé avec l’affilié, alors que les trois suivants sont envoyés par la poste, les envois s’étalent sur un an (risque d’oubli probablement plus fort pour ce type de public), nous ne maîtrisons pas la fiabilité des données fournies sur étiquettes.
L’initiative de la Mutualité chrétienne est jugée importante (89 %) et est fort appréciée (91 %).
Les répondants ont lu tout ou partie des documents (88 %), et six personnes sur dix ont conservé la publication.
La vie devant nous est jugée intéressante (83 % ), compréhensible (80 %), facile à lire (86 %), utile (78% ), complète (76%) et attrayante (80%). La publication mérite d’être prolongée (88,5 %).
La revue a aidé un quart des invalides à prendre contact avec un service ou mouvement de la mutualité (surtout le Service social), beaucoup moins avec un organisme extérieur à la mutualité (5,5%).

Les gens derrière le statut

Le plus impressionnant quand on se livre à une enquête de ce type, ce n’est pas seulement d’avoir le sentiment que le public visé a apprécié et compris la démarche; c’est surtout l’idée d’avoir pu, ne fût-ce qu’un instant, briser la solitude, soulager la souffrance des gens qui galèrent, sur le plan financier bien sûr, mais qui sont aussi dans un grand désarroi moral. Les nombreux témoignages, écrits souvent dans un français aussi approximatif que touchant, nous encouragent à continuer à leur témoigner une forme de solidarité, même symbolique, même limitée.
Christian De Bock , Infor Santé ANMC
Pour tout renseignement: Infor Santé – ANMC, chaussée de Haecht 579 boîte postale 40, 1031 Bruxelles. Courriel: infor.sante@mc.be
(1) Bernadette Taeymans, ‘La vie devant nous’, Education Santé n° 144, décembre 1999

Opération stadiers: pour que la fête reste la fête…

Le 30 Déc 20

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Univers Santé , asbl de prévention et de promotion de la santé en milieu étudiant, a réalisé une publication sur le déroulement de ‘l’Opération stadiers’ aux 24h vélo de Louvain-la-Neuve. But: laisser une trace de l’action menée mais surtout provoquer une réflexion menant éventuellement à adapter le concept à d’autres manifestations. Avis aux amateurs!
En 1997, les 24h vélo s’interrompent brusquement à l’annonce du décès d’un étudiant. Dans les années 90, cette ‘guindaille’ était devenue la plus grosse manifestation étudiante de Belgique drainant quelque 100.000 participants. Au niveau de la sécurité, la situation était devenue ingérable.
En 1999, après une année d’arrêt, les 24h reprennent mais après avoir subi un fameux remaniement. Deux impératifs s’imposent: redonner un visage humain à la manifestation et assurer la sécurité de tous. Les étudiants organisateurs, les autorités (la commune et l’Université), l’asbl Univers Santé et les permanents des services d’aide de l’Université se réunissent pour définir et organiser ces nouvelles 24h vélo. Au cours des discussions de travail, l’idée de groupes de ‘stewards’ un peu à la manière des stadiers opérant lors des matchs de football est avancée. Ces stewards seraient omniprésents sur le site, assureraient l’accueil et veilleraient à ce que la fête se passe bien. L’ Opération stadiers était ébauchée…

Les stadiers…

Les premières réflexions concernaient ces fameux stadiers. Qui seraient-ils? Quelles seraient leurs missions? Comment allait-on les recruter?… Si la sécurité apparaissait comme une mission importante, il n’était pas question qu’ils endossent le rôle de ‘gendarme’. Leur présence sur les divers lieux de l’événement festif devait être accueillante plutôt que dissuasive. Le stadier serait une sorte de guide qui pourrait orienter les participants et éviter les problèmes.
L’étudiant s’est vite imposé comme le stadier idéal car qui mieux que lui pouvait accueillir, parler et veiller sur les autres étudiants. Les 24h devaient rester une fête estudiantine même si la manifestation, au fil des ans, s’est de plus en plus ouverte au public familial et aux habitants de Louvain-la-Neuve.
Ces étudiants, il fallait les choisir. Une sélection et une formation se sont avérées nécessaires. Devant l’ampleur de la tâche, un ‘groupe porteur’ constitué de personnes ressources s’est mis sur pied: deux membres du Centre sportif étudiant, un permanent des 24h vélo et plusieurs permanents du Service d’aide et d’ Univers Santé ainsi que divers représentants des organisations étudiantes. Leurs missions: réfléchir à la sélection et la mettre en œuvre, former et encadrer les stadiers, organiser et coordonner l’opération.

Le souci du détail

Le groupe porteur a estimé à une centaine le nombre de stadiers nécessaires sur le site le jour ‘J’. Ces stadiers sont répartis en équipe, chacune dirigée par deux responsables. Les équipes sont réparties sur quatre quartiers du site et en trois tranches horaires correspondant à trois moments distincts de la fête: l’après-midi et le début de soirée qui correspondent à l’accueil des participants; le milieu de soirée et la nuit où il faut porter une vigilance particulière aux risques d’accidents et enfin la matinée du second jour où la fête doit être relancée. Les stadiers travaillent toujours par deux. Une équipe ‘hébergement’ est également constituée afin de recevoir ceux qui auraient un coup de pompe ou la gueule de bois.
Chaque année, en mai, le groupe porteur met au point la finalisation du programme de formation et la création d’un plan de recrutement qui doit être lancé à la rentrée, soit 5 semaines avant l’événement. Il leur faut également réserver l’emplacement des 4 tentes qui servent de point de repère et d’accueil dans les 4 quartiers du site, commander des talkies-walkies ainsi que demander des fréquences d’émission. Pour leur visibilité, les stadiers sont habillés de coupe-vent jaunes au slogan ‘Vas-y mollo’. Il faut également prévoir les pique-niques préparés par le restaurant universitaire. Les divers postes doivent être pensés avec soin.

Engagement et motivation: les clés du succès

Les stadiers reçoivent une formation spécifique mais ils doivent également avoir certaines aptitudes dès le départ. Leur sélection a été confiée à des psychologues en fonction au Service d’aide de l’UCL qui ont élaboré une ‘feuille de route’ permettant d’évaluer quelques critères dont l’expérience et la connaissance du site, la sociabilité, la débrouillardise, la capacité d’empathie mais aussi la motivation des étudiants autre que financière.
La rétribution est ici justifiée par le fait que cet engagement demande un travail, un investissement dans la formation (qui elle, n’est pas rémunérée) importants. De plus, trouver une centaine d’étudiants bénévoles n’est pas chose acquise.
Le recrutement se fait par le bouche-à-oreille et par les campagnes d’affichage. Dès l’inscription, le postulant mentionne s’il préfère un poste de responsable ou de stadier, il détaille également son expérience et sa motivation. Lorsqu’il va déposer son inscription, il prend rendez-vous pour un entretien individuel mené par 2 psychologues. Cette première rencontre lui permet de prendre conscience de ce à quoi il s’engage.

Former

Ce sont les formateurs du Centre de formation et d’intervention psychosociologique (CFIP) et les permanents du Service d’aide et d’ Univers santé qui définissent et organisent la formation: une formation de 3 jours destinée aux responsables, et une plus restreinte d’une seule journée pour les stadiers. Parmi les objectifs des formations: comprendre la mission et le rôle, accueillir le public, poser un bon diagnostic d’une situation en se basant sur l’observation, apprendre à découvrir ses propres ressources pour gérer les difficultés sur le terrain ou gérer une équipe quand on est responsable. La formule choisie est une formule participative: jeux de rôle et mises en situations basés sur des scénarios ‘probables’. A la fin du jeu, le debriefing permet d’analyser ce qui a été vécu, les manières de réagir de chaque participant, les techniques d’intervention et de communication. Ce qui permet à chacun de situer ses propres réactions.
Outre les jeux de rôle, la formation est divisée en différents ateliers ‘accueil’, ‘vigilance’, ‘relance’ et ‘hébergement’. Tous les stadiers y participent. Au cours de l’atelier ‘Croix-Rouge’ par exemple, les stadiers apprennent à faire un appel efficace aux secours ou à sécuriser les lieux. Toute cette préparation permet également de nouer des liens étroits et de créer une solidarité entre les divers partenaires. Cette formation est aussi l’occasion de voir comment le quartier général fonctionne. Ce QG se situe au lycée Martin V au même endroit que ceux de la Croix-Rouge, de la police, des pompiers, du Centre sportif étudiants (CSE). Le jour ‘J’, trois permanents sont à l’écoute des conversations par talkie-walkie entre les stadiers et leurs responsables et n’interviennent qu’à la demande de ces derniers. Trois fois au long de la nuit, les forces de police réunissent les responsables des différents QG pour un grand briefing. La circulation des informations et la coordination sont ainsi assurées.

Des 24 heures ‘en santé’

Les organisateurs ont voulu recentrer les 24h sur l’aspect sportif, culturel et humanitaire mais aussi de manière moins apparente sur l’aspect ‘santé’. On le sait, le cocktail alcool-fatigue augmente les risques d’accidents pendant et après la fête. Si dans les années 90, parler ‘santé’ aux jeunes guindailleurs paraissait bien difficile, la réflexion qui a mené aux nouvelles 24h a permis de travailler la thématique. Cette refonte donnait l’occasion de conscientiser les jeunes sur la possibilité de faire la fête sans se mettre en danger.
Le groupe porteur et les étudiants ont travaillé à l’élaboration de stratégies de prévention des risques au travers des campagnes ‘vas-y mollo’ et ‘fête ça bien’ relayées par les stadiers et l’ensemble des organisateurs étudiants. La possibilité de faire un tour dans la ‘voiture- tonneau’ et les messages ‘Bob’ ont également contribué à la diffusion d’un message de prévention en matière de sécurité routière. Pour décourager la consommation excessive d’alcool, les organisateurs ont choisi de promouvoir les boissons non-alcoolisées en distribuant de l’eau gratuitement et des sodas à prix coûtant dans les tentes stadiers. Des accords avec les étudiants ont également permis que les boissons non-alcoolisées soient toujours vendues moins cher que les alcoolisées. Une ordonnance de police interdit par ailleurs la vente des boissons à plus de 22° et des ‘cocktails surprises’ dont on ne peut vérifier la teneur. Elle régit aussi le nombre de débits de boissons.
Mais plus qu’un coup, les actions ‘en santé’ sont appelées à se développer.

Evaluation

Après chaque édition, l’évaluation offre la possibilité de discuter de l’opération, et de penser à la suivante. La sélection des stadiers, la formation, le nombre et la répartition des stadiers, les tranches horaires ainsi que ce qui s’est passé sur le terrain sont passés au peigne fin.
Pour les autorités de l’UCL, l’opération est positive et utile. Cette action conditionne la survie de la manifestation et la revalorise, il est donc impensable de la supprimer malgré son coût (l’UCL a débloqué 21.000 € pour couvrir la rémunération des stadiers, le coût de leur formation et celui de la phonie).
De son côté, la Croix-Rouge constate que le nombre d’interventions a diminué de moitié depuis la refonte de l’événement. De plus, elle souligne que les appels des stadiers permettent des interventions rapides.
D’une manière générale, l’ensemble des intervenants sont satisfaits de l’opération. Ce qui n’empêche pas qu’elle doive toujours faire l’objet d’une remise en question et évoluer au fil des ans.
Ce qui fait le succès de cette opération tient à plusieurs facteurs: au fait que le Centre sportif étudiant ait complètement intégré l’opération dans son projet d’animation (les stadiers ne sont pas perçus comme des personnes qui n’ont rien à voir avec la fête), la collaboration des différents mouvements étudiants, des autorités de l’UCL, des forces de l’ordre, du Service d’aide de l’université et de l’asbl Univers Santé ont également largement contribué à la réussite en donnant légitimité, moyens et cohérence à l’initiative. La sélection et la formation de stadiers-étudiants se révèlent également être un bon moyen pour approcher ce public dont ils sont si proches.
L’opération semble bien remplir la mission difficile qui lui était fixée. Après 4 nouvelles éditions avec les stadiers, les 24h ont retrouvé un visage humain. Que la fête continue!
Sylvie Bourguignon
Univers Santé, place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010-47 28 28. Fax: 010-47 26 00. Courriel: univers-sante@univers-sante.ucl.ac.be

Gros plan sur Univers Santé

Licenciée en communication, Florence Vanderstichelen travaille au sein de l’équipe d’ Univers Santé . Elle suit l’’Opération stadiers’ depuis ses débuts. Elle parle de cette expérience et des nombreux projets de l’asbl en cours sur le site…

Éducation Santé: Qu’avez-vous retenu de l’ambiance des dernières 24 heures?
Florence Vanderstichelen: Je me suis promenée en rue au moment du feu d’artifice vers 10-11 h du soir. J’ai senti deux ambiances différentes. La première, ‘Grand Place’, animée par les kots-à-projets autour de concerts. On voyait très peu d’étudiants avec une chope en main, ils n’étaient pas là pour ça. Il ne pleuvait plus, il y avait beaucoup de monde. J’ai trouvé l’ambiance vraiment bon enfant, culturellement intéressante. Puis, dans d’autres lieux de la ville, on retrouve les guindailleurs en tabliers avec les chopes à la main, vraiment l’ambiance ‘guindaille-guindaille’.
Au quartier général, on n’a pas eu d’appels urgents de situations qui se dégradaient. Une anecdote: je suis au QG et j’entends un appel d’un stadier qui était à la Lux (cercle des étudiants luxembourgeois) et qui voyait une dizaine d’étudiants danser sur une plate-forme sans protection. Les responsables disent qu’ils se rendent sur place et demandent au stadier de calmer le jeu et de les faire descendre. Le temps que l’équipe de stadiers arrive sur place, il y avait déjà des responsables du cercle qui étaient intervenus.
L’impression que ça m’a donné c’est que les étudiants se prennent en charge eux-mêmes. C’est un très bon signe. Il n’y a eu aucun accident majeur.
Lors du debriefing, tous les partenaires se sont félicités de l’efficacité. C’était une très bonne année.
E.S.: Pourquoi souhaitez-vous faire connaître cette opération à d’autres organisateurs d’événements?
F.V.: Ça nous semble important. Depuis qu’on travaille à cette refonte des 24h vélo et à l’’Opération stadiers’ qui en est l’élément visible, il semble que nous ayons acquis avec toute une série de partenaires – tant les étudiants organisateurs que les autorités de la commune (forces de l’ordre, pompiers…) et de l’université, la Croix-rouge, Univers Santé et le Service d’aide aux étudiants – une expérience, on pourrait même dire une expertise dont nous aimerions faire profiter d’autres personnes.
E.S.: Est-ce que cette ‘Opération stadiers ‘ a des répercussions sur les autres manifestations estudiantines qui ont lieu pendant l’année?
F.V.: L’opération et les 24h vélo ne sont qu’une partie de la politique de l’UCL pour essayer d’un peu changer cet esprit ‘guindaille’ et les accidents qui vont de pair. Il y a d’autres actions qui sont menées, plus souterraines et moins perceptibles pour le grand public. Par exemple: il y a des concertations très fréquentes entre les étudiants, les autorités de l’UCL et le Service d’aide pour essayer que les cercles ne soient pas qu’un lieu de guindaille mais aussi un lieu de développement d’activités culturelles, sociales et surtout pour que le cercle vive bien sa mission première qui est de créer des liens entre les étudiants de la faculté. C’est un travail souterrain qui se fait depuis 96-97 et qui se poursuit.
Par ailleurs Univers Santé et le Service d’aide, toujours en partenariat avec les étudiants, mettent sur pied depuis février et jusqu’en mai, une formation ‘Vas-y pro’. Elle invite les responsables d’un cercle, d’une régionale, d’une animation étudiante à se donner des outils pour gérer cette animation. Nous proposons 7 modules de formation:
– un brevet européen de premiers secours;
– un autre qui montre comment réagir sans violence mais avec efficacité et assertivité à des situations de violences souvent liées à des problèmes d’alcool;
– un troisième propose une recherche-action avec les organisateurs des 5 grandes manifestations de Louvain-la-Neuve en vue de faire un mode d’emploi, un vade-mecum de tout ce qui est utile d’organiser en amont de la manifestation pour que celle-ci se passe bien;
– il va aussi y avoir un module ‘conjuguer alcool et santé’ parce qu’un petit nombre d’étudiants, moins d’1%, se disent en difficultés avec l’alcool. C’est très peu mais ça vaut la peine de s’intéresser à cette situation;
– le module ‘se former pour mieux communiquer’ aidera les étudiants à communiquer avec efficacité, pour par exemple, faire mieux respecter l’environnement, débuter les soirées plus tôt pour qu’elles se terminent plus tôt…;
– le dernier module plus général traite de la gestion et de l’intérêt d’une asbl.
Ces modules sont gérés par Univers Santé et le Service d’aide aux étudiants.
Vous voyez, il y a là un ensemble d’initiatives pour essayer de travailler en prise avec les étudiants pour d’abord changer les mentalités, essayer de limiter les risques liés à une consommation d’alcool et in fine interroger l’étudiant sur pourquoi guindailler au fond…
E.S.: Vous n’avez pas peur d’aller un peu loin dans ce souci de ‘façonner les esprits’, de définir ce que doit être une fête… Vous risquez d’être rejetés.
F.V.: On doit être attentif à toujours présenter Univers Santé comme un partenaire. Univers Santé n’a aucun pouvoir sur toutes ces questions-là. On se situe toujours comme accompagnant ou comme proposant. La formation est proposée, pas imposée. Je pense que c’est une bonne parade à ce que vous soulignez.
E.S.: Vous travaillez encore sur d’autres projets?
F.V.: L’asbl a été créée par l’UCL mais nous travaillons avec toute une série de partenaires extérieurs, dont les étudiants. Notre objectif est de mener des campagnes collectives de prévention et de promotion de la santé. Nous n’avons pas d’accompagnement individuel d’étudiants.
Nous menons une politique d’information sur des questions de santé à travers une publication qui s’appelle ‘Les atouts santé’, à travers aussi ‘les midis de la santé’ axés sur des thèmes qui intéressent les étudiants (cette année, ils ont trait à la vie affective et à la sexualité). Nous menons aussi des campagnes contre le tabac dans les halls d’auditoire depuis 3 ans. Nous travaillons également sur le stress des premiers blocus en lien avec Infor Santé de Nivelles.
Enfin, nous avons ce projet de créer une plate-forme ‘les jeunes et l’alcool’ en Communauté française parce que la consommation d’alcool commence bien avant l’université. Il y a une série de stratégies commerciales qui tendent à normaliser cette consommation des très jeunes notamment avec des alcools présentés comme des limonades. Nous pensons qu’en multi-partenariat, il faudrait pouvoir créer un pôle de référence sur les jeunes et l’alcool qui servirait notamment de groupe de pression pour dénoncer ces stratégies mais aussi plus positivement pour développer des actions de prévention. Voilà un peu les dossiers sur lesquels nous travaillons…
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon