Articles de la catégorie : Initiatives

Avez-vous fait le bilan de vos vaccinations?

Le 30 Déc 20

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Chaque automne, nous avons droit a une campagne de promotion des vaccins visant les personnes âgées de plus de 60 ans. Depuis une quinzaine d’années que cela dure, le message a évolué: hier, il était vivement recommandé de se faire vacciner contre la grippe. Aujourd’hui, le conseil est de faire avec son médecin un bilan annuel concernant la protection contre la grippe, le pneumocoque, la diphtérie et le tétanos.
La campagne, bien rôdée, implique pas moins de sept partenaires pour le sud du pays: l’Association pharmaceutique belge, l’Office des pharmacies coopérantes de Belgique, Provac, Question Santé, la Société scientifique de médecine générale, le Journal du médecin et la Communauté française Wallonie-Bruxelles. Le tout avec la collaboration discrète de trois producteurs de vaccin, Aventis Pasteur MSD, Glaxo Smith Kline et Solvay Pharma.

Meilleure visibilité à Bruxelles et en Wallonie

La campagne 2002 a été évaluée en décembre au moyen d’une enquête téléphonique auprès de 500 personnes représentatives de la population nationale âgée de 60 ans et plus.
Le soutien de la Communauté française, qui octroie du temps d’antenne gratuit à la campagne en radio et en télévision a un impact évident sur la sensibilisation du public: 69% des personnes interrogées à Bruxelles et en Wallonie ont entendu des conseils pour la vaccination, contre seulement 40% en Flandre.
A la question ‘Selon vous, contre quelles maladies est-il important que l’on soit vacciné à 60 ans et plus?’, la grippe est citée par trois quarts des répondants, le pneumocoque par 17% en Communauté française (11% en Flandre), et le tétanos par seulement 11% à Bruxelles et en Wallonie (9% en Flandre). Ces derniers chiffres sont très faibles, sachant que cette vaccination est recommandée depuis plus d’un demi-siècle. Mais ils sont cohérents avec les études qui montrent une mauvaise protection vaccinale des personnes âgées partout dans les pays développés.
Enfin, quelques chiffres plus encourageants quant à la vaccination effective des seniors, compte tenu du fait que pour le pneumocoque un rappel est conseillé tous les 5 ans, et tous les 10 ans pour le tétanos.

Vous êtes-vous fait vacciner cet automne contre

Communauté française Flandre
grippe 65 62
pneumocoque 20 13
tétanos 8 18

Source: INRA Marketing Unit, décembre 2002

Les cordonniers mal chaussés

Le Prof . Van Ranst , virologue à l’UZ Leuven, a présenté les résultats d’une enquête auprès de 1097 personnes travaillant dans 21 maisons de repos et de soins à Turnhout et Mechelen. Il est bien connu que les professionnels de santé en contact quotidien avec une population âgée et fragile devraient se faire vacciner contre la grippe chaque année, non seulement pour ne pas être malades, mais aussi pour ne pas contaminer des résidents pour qui la maladie peut être fatale.
Qu’en est-il dans la réalité?
Seulement 1 membre du personnel sur 5 se fait vacciner, et ce pourcentage est paradoxalement plus faible encore parmi les gens en contact quotidien avec les patients (19,6%) que parmi les autres travailleurs de ces institutions (27,5%). Dans les MRS qui proposent la vaccination gratuite, 28,9% du personnel se fait vacciner pour seulement 6,8% des collaborateurs des MRS ne prévoyant rien.
Le pire pour la fin: 62% des personnes interrogées croient que le vaccin peut entraîner la maladie!

Unanimité de façade

Le Dr Trefois (Question Santé) rappelle que la vaccination contre la grippe a fait un sacré chemin depuis 1989, puisque les ventes en pharmacie sont passées de 600.000 doses à l’époque à environ 2.000.000 de doses l’an passé.
De quoi réjouir ceux qui croient aux vertus incontestables de cet acte préventif, mais aussi les producteurs du vaccin, qui observent une belle progression du marché dans notre pays. A ce propos, j’ai surpris avant la conférence de presse une conversation intéressante entre les trois représentants des firmes concernées. Deux d’entre eux ont pris le troisième à partie en se plaignant de ce que ses délégués médicaux vantent les mérites de son vaccin auprès du corps médical en dénigrant les leurs. Ambiance, ambiance… Comme quoi derrière l’engagement ‘citoyen’ de façade, il y a toujours la même concurrence féroce où les coups bas ne sont pas interdits!

Christian De Bock

Prévention des maladies cardiovasculaires en médecine générale

Le 30 Déc 20

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La Communauté française lance des projets-pilotes auprès de 6000 patients

La Semaine du cœur , qui s’est tenue du 21 au 27 septembre dernier, présentait une bonne opportunité pour rappeler que la préservation de la santé cardiovasculaire est une des priorités de la Communauté française. Les maladies cardiovasculaires y sont, en effet, la première cause de mortalité: elles sont responsables d’un décès sur trois et touchent les femmes comme les hommes. Mais ce n’est pas une fatalité. Nous pouvons agir afin de diminuer l’incidence des troubles cardiovasculaires. Et en tant que Ministre de la Santé, j’ai décidé de faire de la prévention de ce problème de santé publique, une priorité.

Des moyens modestes

Dans ce contexte, je me dois de souligner, une fois encore, que la prévention reste le principal facteur qui contribue aux gains de santé alors que chez nous, lorsqu’on consacre 1 € pour la prévention en Communauté française, on en dépense plus de 1.000 pour le remboursement des soins de santé au niveau fédéral. Cette disparité des moyens attribués à la prévention par rapport au curatif (12,5 millions € contre 15,5 milliards €) démontre l’intérêt de construire dans la cohérence une politique de santé et pas seulement de soins de santé afin de récolter, à terme, le bénéfice des actions de prévention sur la consommation des soins. C’est la raison pour laquelle je souhaite que les entités fédérale et fédérées travaillent ensemble à l’élaboration d’un accord de coopération cadre en matière de prévention.
Afin de mener une politique de prévention cohérente, coordonnée et efficace, j’ai d’abord tenu à doter la Communauté française d’un arsenal réglementaire et de moyens nouveaux pour mieux prévenir les maladies qui engendrent les plus hauts taux de mortalité . La pratique quotidienne montre, en effet, qu’il est très difficile de prendre en compte de façon harmonieuse et pertinente tant la prévention que la promotion de la santé axée sur la « recherche du bien-être » et donc sur le renforcement des déterminants positifs de la santé comme l’activité physique par exemple.
Désormais, l’extension du décret «Promotion de la santé» à la prévention permet d’une part, d’articuler les différents programmes de prévention et d’autre part, de générer des synergies avec les démarches d’éducation et de promotion de la santé. La prévention en Communauté française dispose donc, enfin, d’un cadre législatif qui permet d’agréer des structures et de financer les programmes.
D’autre part, le Plan d’action pour la charte d’avenir de la Communauté française apportera des moyens supplémentaires pour permettre le développement de différents programmes de médecine préventive: 166.000 € viennent compléter en 2003 le budget global de 5.870.000 € attribué à la médecine préventive. Ces moyens nouveaux atteindront les 2.653.000 € en 2010.

De multiples facteurs de risque

de multiples réponses

La consommation de tabac, d’alcool, l’obésité, le stress et la sédentarité sont les premiers facteurs de risque relevant du style de vie. D’autres facteurs comme l’hypertension, l’hypercholestérolémie et le diabète interviennent également dans l’apparition des troubles cardiovasculaires. En Belgique, selon l’Enquête de santé réalisée en 2001 par l’Institut scientifique de la santé publique:
– 36 % des personnes (de 15 ans et plus) qui ont subi un contrôle ont un taux de cholestérol trop élevé. Ce pourcentage augmente considérablement avec l’âge, passant de 46% dans la tranche des 25-34 ans à près de 90% chez les personnes âgées de 65 à 74 ans;
– 28 % des personnes (de 15 ans et plus) qui ont subi un contrôle ont une tension artérielle trop élevée. Ce pourcentage augmente aussi avec l’âge: 39% pour la tranche 55-64 ans, 41% pour les hommes de 65 à 74 ans, 50% pour les femmes de 65 à 74 ans;
– 13 % des personnes (de 15 ans et plus) qui ont subi un contrôle ont une glycémie trop élevée. Ce pourcentage reste stable autour des 7 % dans les tranches d’âges les plus basses pour augmenter à partir de 55 ans et atteindre 27 % chez les personnes de 75 ans et plus.
A ces chiffres, il convient d’ajouter que la Belgique compte:
– 29 % de fumeurs journaliers avec un pic à 39 % chez les hommes âgés de 15 à 24 ans et chez les femmes de 35 à 44 ans;
entre 60 et 85 % des gens sont sédentaires ou quasi sédentaires;
– 49 % d’hommes et 28 % de femmes qui accusent une surcharge pondérale et 14 % d’hommes et 13 % de femmes qui souffrent d’obésité;
– entre 5 et 10 % d’alcooliques.
Le manque d’exercice physique, à lui seul, double le risque de maladie cardiovasculaire mais aussi d’obésité et d’apparition du diabète gras, tous deux augmentant encore la probabilité que surviennent des problèmes cardiovasculaires.

Le vélo, c’est la santé, en faire un peu tous les jours, c’est la conserver!

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans notre monde moderne, nous ne faisons plus assez d’exercice physique au quotidien. Le progrès a consacré le principe de la loi du moindre effort. L’automobile, l’escalator ou l’ascenseur, c’est tellement facile qu’il est devenu difficile de s’en passer. Et pourtant, ce manque d’activités physiques menace fortement la santé de 7 personnes sur 10 dans les pays dits développés (maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle, cholestérol, surcharge pondérale, voire obésité, diabète, cancer du côlon, ostéoporose, stress, dépression, etc.). D’après les statistiques de l’OMS, cette sédentarité serait responsable de plus de 2 millions de décès prématurés par an dans le monde, soit beaucoup plus que les accidents de la route. Une demi-heure de vélo par jour suffit à prolonger l’espérance de vie de plusieurs années
L’OMS recommande à chacun une dose minimale journalière de 30 minutes d’exercice physique modéré.
Diverses solutions sont possibles: certains prendront leur voiture et paieront fort cher pour aller s’enfermer tous les jours dans une salle de sport le soir après leur travail, et y pédaler sur place; d’autres préféreront prendre le vélo pour effectuer les déplacements quotidiens vers le travail ou vers l’école et effectuer gratuitement et naturellement cet exercice physique quotidien avec les meilleures chances de pérennisation. La dose minimale recommandée par l’OMS est de 2 x 15 minutes de vélo par jour, à son aise et sans forcer, soit 2 x 4 à 5 km.
Rouler à vélo, c’est gai, chacun le sait. Le vélo, c’est la liberté. Pas de problèmes d’embouteillages ni de stationnement.
Sachant qu’il faut réduire l’usage de l’automobile, que 50% des déplacements en voiture se font sur moins de 5 km et que le vélo est bon marché et tellement bon pour la santé, celui qui choisit de se déplacer à vélo fait preuve d’une bonne dose de bon sens, et sans doute aussi de civisme. Un peu de vélo le week-end, c’est chouette. Mais en faire son moyen de déplacement quotidien, c’est non seulement chouette, bon pour la mobilité et l’environnement, mais aussi très bon pour la santé.
D’où la démarche sympathique de l’asbl GRACQ (les Cyclistes quotidiens) à l‘occasion de la Semaine de la mobilité 2003 , avec le soutien de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, d’une campagne de sensibilisation du grand public aux bienfaits du vélo quotidien pour la santé face aux méfaits de la sédentarité.
Une recommandation que le rédacteur en chef d’ Education Santé suit d’ailleurs scrupuleusement depuis plusieurs années, ayant la chance d’habiter à moins de 5 km de son boulot. Et non, qui dit rouler en ville ne signifie pas automatiquement tempérament suicidaire, et non, il ne pleut pas tout le temps en Belgique, loin de là. En observant le ciel, on peut toujours trouver une éclaircie d’un quart d’heure, même les journées pourries!
Notons aussi que la même asbl va également sensibiliser les professionnels de santé à la ‘prescription médicale de la pratique du vélo’ d’ici la fin de l’année.
GRACQ asbl, rue de Londres 15, 1050 Bruxelles.
Tél.: 02 – 502 61 30.
Internet: [L=https://www.gracq.org]www.gracq.org[/L]
C.D.B.

Ces différents éléments doivent, de toute évidence, être pris en considération dans une approche globale et intégrée de prévention. Le problème est complexe, il appelle de multiples réponses.
Il est donc nécessaire d’une part de modifier certains comportements et d’autre part, de proposer un dépistage adapté et ciblé. Ces objectifs sont également poursuivis, de façon complémentaire, par des campagnes d’information et d’éducation. Certaines sont en cours actuellement, comme celle prônant l’activité physique menée avec l’Observatoire de santé du Hainaut ou celle des Cyclistes quotidiens (voir encadré) qui encourage à prendre son vélo le plus souvent possible. D’autres campagnes sont d’ores et déjà prévues: en novembre, des spots audiovisuels sous la forme de dessins animés seront diffusés afin de sensibiliser les enfants de 8 à 10 ans à une alimentation équilibrée, à un bon rythme de sommeil et au plaisir de se bouger.

Le rôle crucial des généralistes

Dans ce combat d’envergure, j’ai tenu à associer les généralistes qui développent des contacts réguliers avec leurs patients. En moyenne, il faut savoir qu’un médecin traitant voit 75 % de sa patientèle chaque année et que le patient lui rend visite entre quatre et cinq fois par an. Il est ainsi évident qu’une relation de proximité et de confiance peut facilement s’installer.
Depuis deux ans, je finance une étude menée par la Fédération des maisons médicales et l’Institut de médecine préventive de la Société scientifique de médecine générale sur le développement potentiel de la prévention en médecine générale. Cette étude fait le constat de la place privilégiée occupée par les médecins généralistes dans les actions de santé publique et de promotion de la santé. Le rôle du médecin traitant est reconnu à la fois par la population qui voit en lui un scientifique de proximité librement choisi et par les décideurs politiques et les responsables sanitaires qui le considèrent comme le maillon essentiel de la réussite des actions de santé …: c’est la relation directe et personnalisée avec toute la population .
De plus, plusieurs enquêtes envers le grand public ou les patientèles montrent clairement que les patients attendent implicitement de leur docteur qu’il leur propose des actions de prévention pour rester en bonne santé.
D’autre part, les généralistes se déclarent prêts à participer activement aux programmes de santé publique qui doivent s’inscrire dans une approche organisée et réfléchie du praticien pour favoriser la santé de son patient . L’étude insiste, dès lors, sur la nécessité d’une législation facilitant ces approches, tout en prévoyant la participation des médecins à l’élaboration de ces programmes. C’est ce que j’ai tenu à réaliser avec l’extension du décret «Promotion de la santé» au champ de la prévention.
Cependant, il apparaît très clairement que si les généralistes souhaitent s’investir dans la prévention, leur cursus universitaire ne leur permet pas d’acquérir une véritable culture de la prévention. Leur formation les pousse naturellement à devenir des «fournisseurs de soins». Il est donc utile aujourd’hui de réfléchir à l’intégration de la dimension «prévention» dans leur formation initiale.
La phase préparatoire de mon projet de développement d’un programme de prévention cardiovasculaire en médecine générale vient d’être clôturée. Elle a comporté plusieurs étapes: concertation, état des lieux des actions de prévention menées en Communauté française, définition des fonctions nécessaires à un programme de prévention cardiovasculaire, identification des intervenants potentiels.
Il s’agit à présent de mettre en place les éléments favorables à ce programme de prévention qui repose sur l’identification et le suivi du risque cardiovasculaire global. Nous entamons donc la phase expérimentale avec le lancement de projets-pilotes d’envergure qui impliqueront 60 médecins et 6000 patients.

Les projets-pilotes

Pour une question d’efficacité, j’ai sollicité la candidature, pour ces projets expérimentaux, de groupes préexistants de médecins disposant déjà d’une forme de structuration. Chacun de ces groupes est composé de dix généralistes. Chaque médecin s’engage à:
– participer aux séances de formations;
– sensibiliser cent patients «réguliers» avec leur accord. Au total, ce sont ainsi 6000 patients âgés de 30 à 70 ans qui se verront proposer une offre de prévention cardiovasculaire;
– recueillir, sur base d’un protocole consensuel, les données sanitaires des patients, les éléments de facilitation vue d’une amélioration des pratiques.
Suite à cet appel à projets, dix groupes ont déposé leur candidature: associations de médecins, GLEMS, associations de maisons médicales, dodécagroupes. Six groupes répondant aux critères sont sélectionnés et seront réunis, pour la première fois, le 18 octobre. Dans la sélection, nous veillons, également, à retenir des groupes exerçant dans des zones rurales et citadines. Pour son fonctionnement, chaque groupe recevra 7.500 €, ce qui porte le budget global à 45.000 €.
Constitué d’un groupe de pilotage, d’un comité d’accompagnement et d’un observateur, un centre expérimental de référence a été mis en place en juillet 2003. Ce centre de référence a défini un consensus sur les recommandations en prévention cardiovasculaire en médecine générale. Sur cette base, un protocole détaillé a été établi afin de préciser les paramètres de prévention à relever et à enregistrer en terme de dépistage (tension artérielle, poids, indice de masse corporelle, risque cardiovasculaire global, cholestérol et glycémie). Il comporte également le relevé de données comme le tabagisme, la sédentarité, l’alimentation.
Le centre de référence établira et coordonnera les formations destinées aux généralistes participants. Il est également chargé de développer des outils d’information à destination des patients, des cardiologues, des diététiciens et des acteurs-relais en éducation pour la santé en matière de tabac, alimentation, stress… C’est le centre de référence qui centralisera toutes les données recueillies, que ce soient celles relevées auprès des 6000 patients ou celles définies par les généralistes comme étant des freins ou des éléments favorables à la prévention. Le centre a aussi une mission d’évaluation au bout de deux années d’expérimentation. Une évaluation intermédiaire aura déjà lieu en mars-avril 2004.

Conclusion

L’installation de ces projets-pilotes est la première concrétisation du cadre législatif dont dispose, depuis peu, la prévention en Communauté française. A long terme, il s’agit de diminuer l’apparition de troubles cardiovasculaires en Communauté française et de ce fait, prolonger l’espérance de vie: l’infarctus, par exemple, entraîne une perte de plus de sept années potentielles de vie chez les hommes. C’est loin d’être négligeable!
Pour ce faire, il faut mettre toutes les chances de notre côté, c’est-à-dire créer les conditions optimales de prévention. Les expériences-pilotes qui débutent aujourd’hui, et qui se dérouleront pendant 18 mois, poursuivent clairement cet objectif.
A moyen terme, il faudra également implanter le dépistage des facteurs de risque et la promotion de la santé cardiovasculaire en médecine générale. Ces expériences serviront ainsi de base à l’élaboration d’arrêtés d’exécution concernant la prévention des facteurs de risque et la promotion de la santé cardiovasculaire.
Concrètement, les généralistes sélectionnés vont entamer leur formation dès octobre et les patients seront informés directement par leur médecin traitant à partir de janvier 2004. A noter encore, que le protocole élaboré par le centre de référence est sans précédent: c’est la première fois qu’un tel consensus a été obtenu.
Enfin, avec le programme ‘mammotest’ de dépistage du cancer du sein lancé il y a deux ans, ce sont deux initiatives spécifiques qui rencontrent aujourd’hui les deux plus importantes causes de mortalité en Communauté française. Mon souhait est en tout cas de donner l’impulsion nécessaire à la réalisation complète de ce vaste plan de lutte contre les maladies cardiovasculaires. Le calendrier que je me suis fixé devrait permettre le lancement du programme à l’échelle de la Communauté française en septembre 2005.

Nicole Maréchal , Ministre de la Santé

Un programme alimentaire pour handicapés mentaux

Le 30 Déc 20

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Un nouveau projet visant l’amélioration de la santé et de la qualité de vie de personnes adultes trisomiques 21

Créé par l’APEM (Association de parents et de personnes trisomiques 21) en 1982 dans la région verviétoise, le service d’accueil de jour La fermette ouvre quotidiennement ses portes à une cinquantaine de personnes adultes trisomiques 21 des deux sexes, atteints de déficience mentale modérée et sévère.
En septembre 2000, à la suite d’une étude et d’une analyse détaillée, il apparaît que la moitié de ces personnes souffrent d’obésité et plus d’une dizaine de surcharge pondérale.
Ces problèmes entraînent une série de conséquences extrêmement négatives pour leur santé. Du point de vue strictement physique, il existe une relation entre l’obésité et certaines maladies ou affections, certains de ces troubles étant déjà présents très précocement chez la personne trisomique 21 et associés au handicap.
Désireux de lutter efficacement et avec énergie contre l’excès de poids, nous avons mis en place au sein de La fermette un nouveau programme alimentaire.

Développement du programme alimentaire

Période 2000-2001

Devant les échecs soldant nos différentes tentatives isolées réalisées depuis plus de 10 ans quant à la limitation de la prise de poids chez nos adultes, nous avons décidé de modifier radicalement dès novembre 2000 la politique en matière d’alimentation et de développer un programme ancré sur 4 axes:
-celui du suivi médical et alimentaire des adultes et particulièrement de ceux appartenant à un groupe pilote constitué à l’intérieur de l’institution et composé au départ de 10 adultes, 5 hommes et 5 femmes, souffrant tous d’une importante surcharge pondérale, voire d’obésité, et vivant des réalités différentes au niveau de leur contexte de vie en ‘après-journée’, retour en famille pour 4 de ces personnes, retour dans une institution privée pour 4 autres, retour dans notre Service résidentiel pour les deux dernières). Les garants de cet axe sont le médecin de l’institution et la cuisinière;
-celui des activités physiques adaptées et organisées plus spécialement pour les adultes du groupe-pilote. La garante de cet axe est la kinésithérapeute de La fermette ;
-celui du suivi du milieu de vie en ‘après-journée’ de ces adultes (famille ou institution). Les garants de cet axe sont la psychologue de l’institution avec les responsables de la vie en ‘après-journée’;
-celui enfin du suivi psychopédagogique et du soutien de ce même petit groupe. La garante de cet axe est la psychologue de l’institution.
En septembre 2001, les deux premiers axes ont déjà pris un bel essor.
Concernant le suivi médical et alimentaire:
-anamnèse alimentaire en début de programme pour chaque personne;
-récolte de données objectives (courbe de poids des 10 personnes du groupe-pilote remise à jour par quinzaine);
-contacts individuels entre le médecin généraliste de l’institution, la famille de la personne et un médecin nutritionniste extérieur (avis, conseils…);
-contacts entre le médecin généraliste, la cuisinière de l’institution et le médecin nutritionniste débouchant sur d’importantes modifications des repas de midi et des collations dans l’institution (composition des menus, modes de cuisson…), au bénéfice de tous les adultes fréquentant La fermette .
Concernant les activités physiques adaptées:
-intégration dans le planning individuel des 10 personnes du groupe-pilote d’activités sportives adaptées (aquagym ou natation une fois par semaine et fitness 2 fois par semaine pour chacun);
-récolte de données objectives (mensurations corporelles comme tour de thorax, taille, cuisse…).
A l’époque, les deux autres axes, c’est-à-dire celui du suivi du milieu de vie en ‘après-journée’ des membres du groupe-pilote et du soutien psychopédagogique de ceux-ci, sont nettement à la traîne, faute de moyens en personnel pour consacrer du temps au développement de ces aspects.

Période 2001-2002

En novembre 2001 le Ministère de la Communauté Française octroie à notre institution une subvention portant sur les aspects pilotes du projet, à savoir la coordination des garants (médecin, kinésithérapeute, cuisinière, psychologue, responsables de vie en ‘après-journée’), la mise en place d’outils didactiques et donc du suivi psychopédagogique du groupe-pilote et d’un partenariat avec d’autres institutions et enfin l’évaluation du programme (aspects novateurs et perte de poids).
D’emblée, afin de développer ces différents points, la psychologue bénéficie d’un quart temps supplémentaire.
En octobre 2001, deux nouvelles personnes rejoignent le groupe-pilote de départ, deux autres ont déjà atteint un «poids de croisière» et sont maintenues dans le programme afin de stabiliser ce poids, et une autre personne a quitté le groupe.
C’est pourquoi il est question de 11 adultes dans la suite de cet article.

La coordination des garants du programme
Les réunions et contacts entre la cuisinière, le médecin, la kinésithérapeute et la psychologue de l’institution ont constitué des moments privilégiés et indispensables de dialogue et de collaborations entre ces différents «spécialistes».
Ils ont permis le développement harmonieux et concerté des 4 axes du programme et mis en lumière l’importance et la complémentarité des rôles joués par chacun non seulement dans un projet comme celui-ci mais dans la vie de l’institution en général.
La coordination entre les garants institutionnels et les partenaires de vie en ‘après-journée’ par le biais de réunions (en moyenne tous les 2 mois) et de contacts écrits rapportant l’évolution bi-mensuelle du poids des adultes via les carnets de communication s’est bien orchestrée.
Les réunions ont connu un taux élevé de participation des familles et des éducateurs des services résidentiels.
Tous ont trouvé enrichissants et encourageants les moments de rencontre et apprécié d’être tenus régulièrement au courant de l’évolution des courbes de poids des adultes, ce qui leur permettait d’évaluer leur action et leurs attitudes vis-à-vis des intéressés et éventuellement de les réajuster. La mise au point d’outils didactiques et le suivi psychopédagogique du groupe-pilote
Dès le mois d’octobre 2001, la psychologue va rencontrer les 11 adultes à raison d’une fois par semaine, par demi-groupe, durant 1h30 environ.
Les objectifs poursuivis lors de ces rencontres sont multiples.
Le premier est de permettre à chaque personne de s’approprier personnellement le programme, qu’elle l’investisse en tant qu’acteur, qu’elle en comprenne l’utilité et l’intérêt, autrement dit qu’elle soit motivée à perdre du poids ou à le stabiliser et que cette motivation soit entretenue.
Les autres objectifs, qui découlent directement du premier, sont de valoriser les efforts de chacun réalisés dans le sens d’un amaigrissement ou d’une stabilisation de son poids, et de donner des connaissances en matière de choix et de bons comportements alimentaires qui, dans la mesure du possible, seront transférées dans les autres milieux de vie des adultes concernés.
Pour tendre à la réalisation de ces objectifs, différentes stratégies ont été utilisées, des outils didactiques adaptés ont été construits:
-grille de courbe de poids gérée par les adultes eux-mêmes;
-contrat d’engagement de l’adulte dans le programme alimentaire;
-jeux divers sur base d’images de nourriture découpées dans des publicités, de photos d’aliments à identifier, à classer…
-syllabus de synthèse reprenant sous forme de dessins, de photos et de textes simples les grands thèmes abordés pendant les rencontres.
Les stratégies didactiques mises en place lors des cours reposent sur l’alternance de temps d’apprentissage sous forme de jeux, de travail sur la courbe de poids personnelle, de discussions et de mises en situation.
Celles contribuant à entretenir la motivation des intéressés et à valoriser leurs efforts passent par la création d’un système de renforçateurs primaires et secondaires (gratifications «matérielles», sociales… comme remise de médaille ou de certificat en présence des familles…). La mise en place de partenariats avec d’autres institutions
Les collaborations créées avec 2 institutions partenaires, accueillant elles aussi des personnes handicapées mentales et amenées à réagir par rapport à des problèmes d’obésité vécus au sein de leur population ont été utiles et nous ont mutuellement enrichis:
-échange d’informations générales et d’outils didactiques et contacts entre les cuisinières des différentes institutions,
-rencontre de nos adultes du groupe-pilote avec les résidentes d’une des deux autres institution (valorisation des personnes, renforcement de l’intérêt des participants pour le « bien-manger »…).
Ces partenariats vont se prolonger en 2003.

Evaluation des résultats du programme

Le tableau ci-dessous reprend les principaux enseignements de ce projet.

Tableau de synthèse de différentes données se rapportant aux personnes du groupe-pilote

Sujet modéré-sévère

Sexe Niveau de déficience mentale Milieu de vie Date entrée Poids nov. 2000 Poids nov. 2001 Poids sept. 2002 Perte de poids depuis nov. 2001 Résultat moyen à l’épreuve de classement des aliments max =10) Soutien apporté par le milieu familial (de 1 à 5) Motivation de la personne à maigrir (de 1 à 3)
1 M Modéré F Nov. 2000 83,800 80,500 79,500 4,300 8,6 3 1
2 F Sévère F Nov. 2000 91,500 Personne sortie du groupe-pilote en octobre 2001.
3 F Limite modéré-sévère IM Nov. 2000 63,150 60,850 61,450 1,700 7,3 4 1
4 F Modéré F Nov. 2000 64,750 55,700 51,300 13,450 9,6 5 3
5 H Modéré IM Nov. 2000 73,750 67,600 68,800 4,950 9,6 3 2
6 F Limite
F Nov. 2000 85,950 83,500 75,550 10,400 6,6 5 3
7 M Limite léger-modéré IG Nov. 2000 76,550 63,600 62,950 13,600 9,3 5 3
8 F Modéré IM Nov. 2000 60,650 52,500 51,200 9,450 9,6 5 3
9 M Limite modéré-sévère IG Nov. 2000 86,250 78,000 75,850 10,400 7,3 5 3
10 M Modéré IM Nov. 2000 70,300 68,200 66,700 3,600 10 1 2
11 M Modéré F Oct. 2001 85,450 77,900 7,550 8,6 5 1
12 F Sévère IG Oct. 2001 60,350 60,450 Gain de 0,100 6,6 4 1

Explication de certaines cotations.
Niveau intellectuel :
– importance de la déficience intellectuelle établie d’après la valeur du QI (donnée conservée dans le dossier psychopédagogique de la personne).
Type de milieu de vie en après journée :
– F:retour en famille.
– IM: retour en institution (home privé).
– IG: retour en institution (glanée).
Résultat moyen à l’épreuve de classement des aliments :
– moyenne des 3 épreuves de classement d’aliments proposées aux membres du groupe en décembre 2001, mars 2002 et septembre 2002.
Soutien apporté par le milieu familial :
5 . existence dans l’entourage de la personne d’au moins 1 membre de sa famille (père, mère, frère, sœur…) qui participe aux réunions et encadre activement et régulièrement la personne au cours du programme (encouragements verbaux, valorisation des efforts, intérêt manifesté pour le programme par de nombreuses questions posées en cours de réunions, témoignages verbaux d’initiatives et suivi de la personne dans le sens d’une meilleure diététique et d’une perte de poids quand l’occasion se présente…).
4 . même définition que 5 avec toutefois une intensité moindre dans l’encadrement de la personne (parce que les contacts avec elle sont moins nombreux et/ou que l’entourage dispose de moins de ressources de différentes origines pour assurer ce suivi…).
3 . participation d’au moins un membre de la famille de la personne aux réunions mais peu d’encadrement régulier réalisé par lui au niveau de la personne dans le sens d’une meilleure diététique ou d’une perte de poids ( peu de contacts et/ou peu de moyens à disposition pour réaliser un encadrement actif et/ou difficultés à mobiliser ces moyens vu la situation familiale…
2 . participation occasionnelle d’un membre de la famille aux réunions mais pas d’encadrement de la personne réalisé par ce membre de la famille dans le sens d’une meilleure diététique ou d’une perte de poids.
1 . pas de participation aux réunions ni de suivi réalisé par au moins un membre de la famille de la personne.
Motivation de la personne à maigrir :
3 . existence chez la personne dès le 2e mois de fonctionnement du soutien psychopédagogique d’une motivation spontanément déclarée, stable et personnelle à perdre du poids.
2 . existence chez la personne d’un intérêt pour le programme diététique portant sur d’autres aspects que l’amaigrissement sans qu’une motivation personnelle et stable à perdre du poids ne soit spontanément déclarée et explicitée.
1 . pas de motivation spontanée et personnelle déclarée par rapport à l’amaigrissement, peu d’intérêt manifesté pour le programme diététique.

Discussion

Si l’on considère l’évolution des poids des adultes du groupe-pilote sur les deux dernières années, c’est-à-dire depuis le démarrage du programme, tous, à part une personne entrée plus récemment dans le groupe et connaissant des problèmes de santé particuliers (12), ont perdu du poids.
Sur les dix adultes qui ont maigri, cinq ont perdu entre 9,450 et 13,600 kg, un autre plus nouvellement intégré dans le groupe en a perdu 7,500; les quatre autres ont perdu sur deux ans entre 1,700 et 5 kg.
Si l’on envisage maintenant les six adultes pour lesquels on peut parler de «réussite», on constate qu’ils sont de niveaux intellectuels très divers mais par contre que cinq d’entre eux ont identifié rapidement une motivation claire et personnelle à perdre du poids et qu’ils ont tous les six bénéficié d’un intérêt et d’un soutien accru au niveau de leur famille qui a relayé les informations reçues et accompagné véritablement dans les mots et dans les actes les efforts de leur enfant, de leur frère ou sœur, et cela indépendamment de leur éventuel hébergement durant la semaine.
En conclusion, on peut avancer l’hypothèse que le soutien apporté par le milieu familial couplé à une motivation personnelle et bien ancrée de la personne à perdre du poids sont des facteurs de réussite dans le domaine de l’amaigrissement de nos adultes bien plus déterminants qu’un facteur comme le bon niveau cognitif. Ce dernier est sûrement «facilitant» mais en l’absence des 2 autres facteurs précédemment cités, il semble n’avoir que peu d’influence sur le résultat espéré.
Ceci nous encourage à maintenir notre coordination avec les milieux de vie en ‘après-journée’ et notre soutien psychopédagogique dans le sens d’une plus grande compréhension du programme et de son utilité par chacun, de la recherche et/ou de l’entretien de la motivation profonde de la personne.
L’analyse des données spécifiques récoltées par la kinésithérapeute, notamment celle du tableau des mesures des plis cutanés pendant une période de 3 mois, met en évidence une diminution du pourcentage de graisse corporelle chez tous les adultes du groupe , y compris ceux n’ayant perdu que peu de poids.
Cet aspect souligne une nouvelle fois l’importance de coupler l’exercice physique à une bonne hygiène alimentaire, et aussi de tenir compte d’autres données que la simple diminution de poids si l’on veut évaluer l’impact d’un programme comme celui que nous développons sur la santé des personnes (dans ce cas, amélioration de celle-ci par la diminution de la masse graisseuse et le « tonus » insufflé aux membres du groupe par leur participation plus intensive à des activités physiques et observé quotidiennement par la kinésithérapeute).

La suite du programme en 2003

Il est évident que le programme se poursuit en 2003!
Les personnes ont toujours dans toute la mesure du possible au minimum deux activités physiques adaptées programmées dans leur semaine.
Le soutien psychopédagogique des adultes du groupe continue également, à un rythme moins soutenu (une fois par quinzaine), avec le maintien de la gestion par les adultes de leur courbe de poids personnelle, l’entretien des connaissances et bons réflexes en matière d’alimentation sur base du mini-syllabus qui formalise par des photos, des dessins et des textes simples toutes les notions abordées pendant l’année 2002, et surtout la recherche et/ou l’entretien de la motivation personnelle de chaque adulte à maigrir en mangeant mieux et en bougeant.
Quatre autres adultes ont en outre intégré le programme début février 2003.
Le contact écrit avec les intervenants de vie en ‘après-journée’ est maintenu et des réunions sont organisées avec eux trimestriellement (réunions d’échange et à thème).
Les partenariats avec les 2 institutions de départ vont certainement se prolonger et d’autres institutions ou écoles sont déjà venues dans le courant de cette année frapper à notre porte afin de pouvoir échanger sur les thèmes de l’alimentation adaptée, de la diététique en institution, du développement d’un programme tel que le nôtre etc.
On peut dire qu’aujourd’hui le programme alimentaire fait partie intégrante du projet d’accompagnement de l’institution.

Isabelle Lejeune , Psychologue au S.A.J.A. La fermette Adresse de l’auteur:
La fermette, rue Victor Close 41, 4800 Verviers (Polleur).
Tél.: 087-22 33 55.
Courriel: fermette@yucom.be

Mon cartable poids plume

Le 30 Déc 20

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Les trois mots-clés de la campagne

Trier : de quoi-je besoin aujourd’hui? J’emporte uniquement ce qui est nécessaire.
Ranger : j’organise correctement le contenu de mon cartable, je répartis les objets pour l’équilibrer, les objets les plus lourds seront contre mon dos.
Ajuster les sangles : je porte mon cartable ‘tout’ contre mon dos.

Dans le courant de l’année 2003, Jean-Marc Nollet , Ministre de la Petite enfance et de l’Enseignement fondamental, a réuni un groupe d’experts et intervenants, essentiellement du monde de l’éducation, et pour certains du secteur de la santé, afin de réfléchir au problème récurrent du poids du cartable sur les épaules des jeunes écoliers.
L’idée était d’impliquer les enseignants, les parents et les enfants dans la réflexion et la gestion de cette problématique, dans l’optique d’un meilleur bien-être des enfants, avec à l’arrière-plan la prévention des maux de dos. D’après l’Ecole des sports de l’ULB, qui développe depuis quatre ans des animations dans les écoles primaires de Wallonie et de Bruxelles, des enquêtes indiquent que 20 % des enfants du primaire et 60 % des élèves du secondaire se plaignent déjà de maux de dos. Le port inadéquat du cartable est un des facteurs à l’origine de ces plaintes, avec le manque d’exercice et le mauvais maintien.
La campagne a démarré en octobre dernier, par l’envoi dans les écoles primaires d’un courrier du Ministre, de dépliants, d’affichettes et de signets pour les enfants, ainsi que par le lancement d’un site sur lequel les trois publics visés, et particulièrement les enfants, sont appelés à l’action. Son adresse: [[L=https://www.moncartable.be]www.moncartable.be[/L]
La rubrique qui s’adresse plus particulièrement aux enfants s’intitule ‘Cartable à malices’: ils y trouveront une série de jeux, d’informations et de témoignages d’autres enfants.
Une rubrique ‘Cartable pratique’ pourra servir de lien entre les classes et les écoles, afin d’échanger les trucs et astuces utilisés par chacun.
La rubrique ‘La plume des enseignants’ fournit une série de pistes pédagogiques et d’idées d’animations dans différentes matières scolaires: français, mathématique, exercice physique, éveil scientifique, technologie…
Une série de textes de référence et une liste de ressources complémentaires sont aussi disponibles sur le site. Enfin, le dépliant et les signets avec les visuels de la campagne peuvent être téléchargés.
N’hésitez pas à le visiter!
Renseignements complémentaires : Cabinet du Ministre de l’Enfance , tél . 02 213 35 11 .
Maryse Van Audenhaege

Les partenaires L’Union des fédérations des associations des parents de l’enseignement catholique – UFAPEC

L’A.G.E.R.S. – Service général des affaires pédagogiques et du pilotage du réseau d’enseignement organisé par la Communauté française
La Fédération des associations de parents d’élèves de l’enseignement officiel – FAPEO
La Ligue des familles
L’Ecole des sports de l’ULB
Ampli Junior – Mutualités socialistes de Charleroi
Infor Santé – Alliance nationale des mutualités chrétiennes

Un plan offensif du cdH pour une stratégie globale de lutte contre le tabac

Le 30 Déc 20

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La lutte contre le tabagisme doit être une priorité politique absolue. Il y va de la vie de près de 20.000 personnes par an. Le cdH et sa députée Catherine Doyen-Fonck proposent un plan global de lutte contre le tabagisme. Celui-ci se décline autour de 5 axes et se concrétise par des propositions législatives (propositions de loi, de résolution, interpellations parlementaires) que la Députée cdH soumettra à la discussion parlementaire durant cette législature.

Limiter l’accès aux produits de tabac

Interdire la vente aux mineurs

Si une politique d’interdiction n’est a priori pas adéquate si l’on veut responsabiliser les citoyens à l’égard de leur santé, elle s’avère néanmoins nécessaire pour freiner un tabagisme ravageur chez les jeunes. La proposition de loi se veut donc un moyen de protection des jeunes contre le tabagisme.
Ce ne sont pas les mineurs d’âge qui seront sanctionnés mais bien ceux qui leur vendront des cigarettes, des produits à base de tabac ou des accessoires pour consommer le tabac.

Interdire les distributeurs automatiques

II y a en Belgique plus de 70.000 points de vente, dont 30.000 distributeurs automatiques. Par comparaison, la France avec une population et une superficie nettement plus grandes, ne dispose que de 35.000 points de vente.
La première mesure de limitation des points de vente proposée par le cdH est d’interdire la vente de tabac par distributeurs automatiques.

Interdire la distribution gratuite de tabac

La proposition de loi complète la loi du 10 décembre 1997 pour interdire toute distribution gratuite, dans le cadre de fêtes, d’actions de promotion, … de tabac, de produits du tabac mais aussi d’accessoires liés à la consommation de tabac (papier à cigarettes, étuis pour pour cacher les paquets, tubes…).

Augmenter le prix du paquet

Les expériences et la littérature internationales montrent clairement que majorer le prix du tabac et des produits dérivés constitue le moyen le plus efficace pour réduire la consommation à condition qu’il s’agisse d’une augmentation importante.
II y a lieu d’accentuer cette politique tarifaire volontariste notamment par une augmentation significative d’au moins 20%, soit pour le paquet de 25 cigarettes, un passage de 4 à 5 €, qui aura un effet dissuasif plus important que les augmentations progressives qui ont été faites au cours des dernières années.
Par ailleurs, en vue d’aboutir à une harmonisation européenne et de régler les problèmes d’achats transfrontaliers, une seconde augmentation visant à s’aligner sur les prix français doit également être programmée à moyen terme.

Dénormaliser le tabac dans la société

Actuellement, la législation relative à l’interdiction de fumer est relativement réduite. II est interdit de fumer dans les lieux fermés et accessibles au public. Des exceptions sont prévues notamment dans le secteur de l’HORECA. On constate que ces dispositions légales sont trop peu respectées et que la plupart des plaintes n’aboutissent pas.
Sur base des données de 2002 de l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (AFSCA), 40% des lieux de consommation visités n’étaient pas conformes à la réglementation. Selon une étude du CRIOC, 59% des non-fumeurs éprouvent des difficultés à trouver un espace sain dans un restaurant.
Par ailleurs, il y a manifestement trop peu d’inspecteurs pour contrôler toutes les infractions, et les agents de la force publique ne sont pas suffisamment responsabilisés. Ils considèrent que ce n’est pas leur rôle de signaler de telles infractions.
Toutes ces compétences relèvent de l’Exécutif, c’est pourquoi, par une résolution, la Députée Catherine Doyen-Fonck demande au Gouvernement de renforcer les moyens de l’administration chargée de surveiller l’application de la loi relative à l’interdiction de fumer dans les lieux publics.
Aucune loi ne prévoit la possibilité d’interdire de fumer sur le lieu de travail. La consommation de tabac sur le lieu de travail est réglementée par le RGPT. Celui-ci part du principe qu’il est permis de fumer sur les lieux du travail mais prévoit que l’employeur doit prendre les mesures nécessaires en vue d’établir un environnement de travail respectant les attentes tant des fumeurs que des non-fumeurs.
Le cdH estime qu’il faut inverser le principe: sur les lieux de travail, la règle de base doit être l’interdiction de fumer, à laquelle certaines exceptions peuvent être apportées au nom de la tolérance et de la courtoisie mais dans des circonstances de loisirs qui préservent les droits à la santé des non-fumeurs.
Actuellement, selon la réglementation en vigueur, il est interdit de fumer dans les écoles. Cette réglementation n’est pas respectée, et dans certaines écoles, les « grands » élèves sont autorisés à fumer.
Il est nécessaire de délivrer un message clair quant à l’interdiction de fumer à l’école. Le cdH propose une résolution en ce sens.

Aider et encourager à l’arrêt du tabac

La députée proposera aussi une loi organisant la prise en charge des substituts nicotiniques par l’INAMI. Le remboursement de ces médicaments par l’assurance soins de santé est cependant conditionné par un suivi médical du sevrage tabagique. Dans un premier temps, le remboursement sera limité aux mineurs d’âge.
Le cdH propose en outre la création d’un numéro vert ‘Tabac info service’. Cette ligne téléphonique, ouverte 7 jours sur 7 en journée et en soirée est destinée à informer, soutenir et accompagner les fumeurs dans leur démarche d’arrêt.

Mettre en œuvre le principe du

«

pollueur

payeur

»
Par sa nocivité, la consommation de tabac suscite des coûts considérables pour la collectivité. En Belgique, les dépenses de soins médicaux liées à la consommation de tabac, dans le cadre de l’assurance soins de santé, sont estimées à 1.441 millions pour 2002, ce qui représente près de 10% du budget des soins de santé.
Les producteurs dégagent des profits considérables grâce à la vente de ces produits.
Selon le principe du « pollueur-payeur », il y a lieu de faire supporter une partie des coûts de santé engendrés par la consommation de ces produits par ceux qui les suscitent.
La proposition de loi vise à créer un Fonds financé par une contribution, proportionnelle au chiffre d’affaires des sociétés, qui produisent et commercialisent le produit.
Ce Fonds permettrait d’assurer une forme de remboursement des dépenses consenties collectivement par le biais de l’assurance maladie invalidité pour couvrir les coûts liés aux dommages provoqués par la consommation de produits.
Dans le cadre du vote de la loi du 30 juillet 2003 relative à la publicité pour le tabac, autorisant le parrainage du Grand Prix de Francorchamps (1) , le Gouvernement s’est engagé à mettre sur pied un Fonds de lutte contre le tabagisme. Aujourd’hui, ce Fonds n’existe pas mais par contre il existe une Fondation financée et gérée par l’industrie du tabac.
Anne-Marie Corbisier , Chef de groupe à la Communauté française, a interrogé la Ministre de la Santé sur la mise en œuvre du Fonds anti-tabac. La Ministre Maréchal a renvoyé la balle dans le camp du Gouvernement fédéral et du Ministre de la Santé en particulier. La Députée Catherine Doyen-Fonck a déposé sur la table du Parlement une proposition d’interpellation au Ministre Demotte, relative à la mise en œuvre du Fonds de lutte contre le tabagisme et à la confusion que crée l’action de la Fondation Rodin (2) .

Signer et ratifier la Convention OMS de lutte anti

tabac

Le 21 mai 2003, l’OMS a réussi après plusieurs années de négociation, à mettre au point une convention internationale relative à la lutte anti-tabac (3) .
Il s’agit d’un accord entre les représentants scientifiques des différents pays-membres sur les moyens minimums à mettre en œuvre dans tous ces pays pour aboutir à une lutte efficace, coordonnée et à long terme contre le tabagisme. Cet accord est construit sur 4 axes:
– la limitation de la publicité en faveur des produits du tabac et le parrainage;
– le conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac;
– la protection contre l’exposition à la fumée de tabac;
– la lutte contre le commerce illicite de tabac.
Cette convention-cadre est une réalisation remarquable qui constitue le premier instrument juridique conçu pour faire diminuer la mortalité due au tabac dans le monde. L’enjeu actuel est que cette convention soit signée et ratifiée aussi vite que possible. Pour que le traité entre en vigueur, 40 pays doivent le signer puis le ratifier. Actuellement, 72 pays ont signé la convention et seulement 3 pays l’ont ratifiée. La Belgique n’a ni signé, ni ratifié la convention OMS.
Par une résolution, la Députée Catherine Doyen-Fonck demande au Gouvernement fédéral et au Ministre de la Santé publique en particulier de signer et de ratifier immédiatement cette convention. Notre pays, qui obtient au niveau mondial les meilleurs résultats quant à l’efficacité de son système de soins de santé, doit dans cette matière montrer l’exemple.
D’après un dossier fourni par Madame Doyen -Fonck
(1) On se rappellera que le cdH a voté, avec d’autres, à la veille des vacances parlementaires, cette loi autorisant à nouveau sur le territoire belge la publicité tabac lors d’événements d’importance mondiale. Evidemment, on sait ce que le courage politique a coûté aux écologistes du Nord et du Sud du pays (qui se sont abstenus lors du vote) dans cette affaire…
(2) D’après le Ministre fédéral de la Santé, le fonds public de lutte contre le tabac sera bien opérationnel en 2004, sur une base de 2.000.000 € par an, un ‘Comité de lutte contre le tabagisme’ étant créé pour assurer la cohérence des actions fédérales, régionales et communautaires. A suivre, donc…
(3) Voir à ce sujet Education Santé n°
180 , 181 et 185
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Les filles consomment (presque) autant de tabac que les garçons

Le 30 Déc 20

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Selon un nouveau rapport publié à l’occasion de la Conférence mondiale sur le tabac ou la santé d’Helsinki, les jeunes filles fument presque autant de cigarettes que les garçons. Les résultats montrent aussi que les filles consomment autant que les garçons les autres produits dérivés du tabac: tabac à chiquer, bidis (1) , narguilé. Souvent, la consommation de ces produits est encore plus fréquente que celle des cigarettes.
Ces constatations proviennent d’une grande enquête internationale, qui a étudié la consommation de tabac chez plus d’un million d’adolescents dans plus de 150 pays.
“Ces informations auront des conséquences majeures pour la lutte antitabac, affirme Charles W . Warren , spécialiste scientifique principal des CDC (Centers for Disease Control and Prevention) pour cette enquête. Il faut premièrement mettre au point des programmes prenant en compte les préoccupations des femmes et soulignant les graves risques qu’entraîne la consommation de tabac pour la santé, notamment au niveau de la santé génésique et des nourrissons qui ont été exposés pendant la grossesse aux toxines du tabac. Deuxièmement, la fréquence de consommation des produits du tabac autres que la cigarette impose d’élargir le plus possible les programmes de lutte.”

L’enquête en pratique

Elle est réalisée auprès des élèves des écoles publiques et privées. Les classes sont choisies au hasard dans les écoles sélectionnées et tous les élèves des classes retenues participent à l’étude. Ils répondent seuls à un questionnaire anonyme et confidentiel, comportant les mêmes questions dans tous les pays.
Chaque pays peut cependant en ajouter d’autres en fonction de sa situation ou de ses intérêts spécifiques. L’enquête a été menée dans 25 sites de la région africaine, 42 site des Amériques, 14 de la Méditerranée orientale, 8 en Europe, 22 en Asie du Sud-Est et 10 dans la Région du Pacifique occidental.
L’OMS et les CDC veulent augmenter le nombre des pays participants, de façon à pouvoir disposer d’un outil standardisé pour contrôler les divers éléments de leurs programmes de lutte antitabac, mesurer les tendances et évaluer l’efficacité des programmes d’intervention conçus pour réduire la consommation de tabac chez les jeunes.

Ces constatations donnent également à penser que les projections de la mortalité due au tabac pour l’avenir sont une sous-estimation de ce qui se produira, car elles se basent sur les tendances actuelles de la consommation chez l’adulte, avec environ seulement une femme qui fume pour quatre hommes. La nouvelle étude n’a trouvé aucune différence entre les sexes chez les jeunes de 13 à 15 ans dans plus de la moitié des régions pour la consommation de cigarettes (61 sur 120) et dans plus de 70 % des régions pour les autres produits du tabac (82 sur 117).
“Ces constatations pourraient amener à réviser sensiblement à la hausse les projections de la mortalité annuelle due au tabac. Elles aideront les gouvernements nationaux à s’attaquer au problème en lançant des campagnes de communication, d’éducation et de sensibilisation qui s’adressent plus particulièrement aux femmes ou aux hommes”, a déclaré le Dr Vera da Costa e Silva , administrateur de projet Pour un monde sans tabac à l’OMS.

Variations régionales

Cette nouvelle enquête a également montré de grandes variations dans la consommation des cigarettes et des produits du tabac chez les jeunes en fonction des différents régions. Par exemple, la consommation de cigarettes chez les garçons varie entre 0,5 % à Delhi et à Goa et 41,8 % à Bamako (Mali). Chez les filles, la consommation des autres produits du tabac varie entre 0,4 % à Macao (Chine) et 62,2 % dans les Iles Mariannes du Nord (Océanie).
Bien qu’il soit difficile de faire des comparaisons entre jeunes et adultes en raison des différences de méthode et d’époque, le tableau ci-dessous montre que les différences entre hommes et femmes sont partout plus faibles dans la nouvelle étude par rapport aux enquêtes antérieures.

Rapport hommes/femmes pour le tabagisme en fonction de la Région OMS

Adultes Jeunes Afrique 7.2 : 1 2.2 : 1 Amérique 1.6 : 1 1.2 : 1 Méditerranée orientale 8.8 : 1 4.3 : 1 Europe 1.8 : 1 1.2 : 1 Asie du Sud-Est 11.0 : 1 4.2 : 1 Pacifique occidental 7.5 : 1 1.7 : 1
Dans cinq des six régions de l’OMS, on n’a observé aucune différence dans la consommation de cigarettes entre les sexes. De plus, il n’y a pas de différence significative pour les autres produits du tabac dans plus de la moitié des sites des mêmes régions. Seule la Méditerranée orientale compte une majorité de sites où les garçons fument et consomment davantage de produits du tabac.
La consommation de tabac est la première cause évitable de mortalité dans le monde. L’OMS lui attribue actuellement 4,9 millions de décès par an et l’on s’attend à ce que ce chiffre double dans les vingt prochaines années. L’OMS et les CDC ont mis au point cette enquête pour établir la consommation de tabac chez les jeunes dans les différents pays à l’aide d’une méthode et d’un questionnaire communs. Ce système de surveillance a pour but de renforcer la capacité des pays à concevoir, mettre en œuvre et évaluer les programmes de lutte antitabac et de prévention.
“Cette enquête constituera l’un des principaux systèmes de surveillance à la disposition des pays lorsqu’ils commenceront à élaborer, mettre en œuvre et évaluer leurs programmes de lutte antitabac pour faire diminuer la consommation. De tels systèmes de surveillance deviendront indispensables aux pays pour contrôler que leurs stratégies et programmes concrétisent les objectifs et les cibles fixés dans la convention-cadre pour la lutte antitabac”, explique le Dr da Costa e Silva.

Pour de plus amples informations sur l’enquête mondiale sur les jeunes et le tabac, consulter le site [L=https://www.cdc.gov/tobacco/global/GYTS.htm]www.cdc.gov/tobacco/global/GYTS.htm[/L]
(1) Ici le texte de la première note.
(2) Et le texte de la deuxième note

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Des organisations de jeunesse en santé

Le 30 Déc 20

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Echos d’un projet de formation

Le contexte

C’est le 28 mai 1999 que s’est tenu à Mons, à l’initiative de l’Observatoire de la Santé du Hainaut et dans le cadre du programme Interreg II, le forum «La santé au cœur des jeunes», réunissant des jeunes, des acteurs de la promotion de la santé en Communauté française et des partenaires du Réseau santé du cœur en francophonie, venus de France, du Québec, de Tunisie et de Suisse (1) .
Fondé sur les conclusions d’une enquête sur la santé des jeunes (2) d’une part et sur le cadre de référence que constitue le modèle socio-écologique d’autre part, le forum a été orienté vers quatre ateliers, impliquant directement les participants.
Les ateliers invitaient le public à réfléchir aux rapports entre la promotion de la santé et quatre axes:
-la participation des jeunes;
-le rôle des adultes;
-le cadre et les conditions de vie;
-et enfin les médias.
Chaque atelier était chargé de formuler des recommandations stratégiques à l’adresse des responsables politico-administratifs et des propositions de projets et d’outils à développer.
A l’issue du forum, cinq groupes de travail ont été constitués, dont un en particulier traitait de la promotion de la santé en milieu extrascolaire. Avec le soutien d’un groupe de pilotage, leur mission était de donner corps aux recommandations sous forme d’outils et de programmes et d’aboutir à des actions concrètes de promotion de la santé des jeunes.

Le groupe de travail «promotion de la santé en milieu extrascolaire»

La réflexion du groupe de travail s’est amorcée sur deux constats faits lors du forum:
-le manque de formation spécifique en promotion de la santé à différents niveaux d’intervention en milieu extrascolaire;
-la nécessité de prendre en charge la santé globale de l’enfant dans le cadre de leurs activités extrascolaires.
C’est en décembre 1999 que sept partenaires parmi les membres du groupe de travail émettent le projet de s’associer et formulent le projet «Organisation de jeunesse en santé – OJS».
Celui-ci a pour but d’élaborer des programmes de formation en promotion de la santé destinés aux animateurs et aux formateurs d’animateurs de centres de vacances. Le groupe obtient un subside de la Communauté française pour le projet (avril 2001-31 octobre 2002).
La coordination et la gestion scientifique du projet sont assurées par l’Observatoire de la Santé du Hainaut (OSH) (3) .
L’ASBL CEMEA-Hainaut (Centre d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active) antenne de Soignies, l’asbl Ampli-Juniors Centre et Soignies et l’asbl Mouvement des jeunes travailleurs – Espace Jeunes Centre et Soignies, l’asbl Mouvement des jeunes travailleurs – Espace Jeunes Mons Borinage sont les partenaires de terrain.
Le CERES et le CLPS Mons – Soignies (4) assurent le soutien méthodologique.

Le projet «Organisations de jeunesse en santé»

L’ensemble du projet s’articule en cinq phases, dont le but est de proposer un contenu et des méthodes de formation en promotion de la santé à destination des animateurs de centres de vacances et de mesurer l’impact de la formation sur la capacité de l’animateur à prendre en compte la dimension «promotion de la santé» dans le cadre de sa pratique d’animation. Le tout préparé, développé, testé, évalué et débouchant sur la formulation de recommandations en matière de formation d’animateurs en promotion de la santé.
Les cinq étapes retenues sont:
-la préparation d’un module de formation de formateurs;
-la formation des formateurs;
-la préparation d’un module de formation d’animateurs;
-la formation des animateurs;
-le suivi du travail des animateurs sur le terrain (centres de vacances).

La préparation d’un module de formation de formateurs

L’objectif était de définir un contenu et une méthodologie pour la formation des formateurs d’animateurs.
La méthode consistait en une enquête auprès des animateurs (CERES et OSH en juin 2001). La technique retenue était celle des groupes focalisés.
Résultats : cette démarche nous a permis de recueillir des informations auprès de chaque organisation de jeunesse partenaire, soit 24 animateurs de 17 à 34 ans.
Parmi les éléments recueillis, on retiendra en particulier les éléments suivants.
Concernant la santé des enfants et des jeunes, les participants relèvent que le mal-être des enfants est le problème majeur à gérer dans le cadre des animations; que l’hygiène pose souvent problème; que l’alimentation est une thématique importante mais aussi souvent traitée; que la consommation de produits (tels que tabac ou alcool) semble plus facile à gérer par les animateurs, même si cela les renvoie de manière plus directe à leur propre comportement; que les relations entre garçons et filles ont un impact sur la gestion des groupes (principalement chez les ados) et demandent une prise en compte et une définition de règles en fonction des situations.
Concernant le rôle des animateurs par rapport à la santé, les participants relèvent que leur rôle d’animation est primordial et dans ce cadre ils doivent «montrer l’exemple» sans devenir des «moralisateurs, des surveillants»; que le lien entre la prise en compte de la santé des enfants et des jeunes et leur rôle d’animateur n’est pas toujours évident; qu’habituellement la préoccupation par rapport à la santé se fait jour lorsqu’une problématique précise apparaît; que les implications et les possibilités d’actions varient selon la nature du centre de vacances; et qu’une des difficultés réside dans le manque de communication entre l’animateur et les parents.
Concernant les besoins en formation, les participants déclarent qu’ils souhaitent acquérir davantage de compétences dans la prise en charge de la santé de l’enfant (en mettant l’accent sur la santé mentale); que l’aspect participatif est à mettre en évidence dans ce cadre; qu’ils souhaitent pouvoir disposer de ressources pour gérer les situations difficiles; que la dimension «outil» doit faire partie du renforcement mais de façon appropriée à la pratique de l’animation.
Après analyse et en concertation, un «profil de l’animateur compétent en promotion de la santé» est défini (liste de compétences établie dans le cadre d’un «remue-méninges»). C’est ce même profil qui nous a permis de définir les objectifs, les contenus et les méthodes de la formation de formateurs.
Ceux-ci sont présentés aux organisations de jeunesse fin décembre 2001.

La formation des formateurs

Les objectifs ont été définis suivant cinq axes:
-un axe individuel relatif aux perceptions, aux opinions et à la prise de conscience personnelle;
-un axe «enfant et adolescent» relatif à la compréhension des besoins de santé les concernant;
-un axe intervention (mise en œuvre et mobilisation des ressources);
-un axe environnement (analyser, comprendre et agir sur les conditions de vie des enfants et des jeunes en centre de vacances);
– un axe formation relatif à la mise en capacité des formateurs à intervenir auprès des animateurs et dans le cadre de la promotion de la santé.
Les méthodes participatives, interactives et inductives ont été privilégiées (travaux en sous-groupes, mises en situation, exposés…).
Résultat : la formation encadrée par trois personnes (OSH et CERES) a réuni 10 formateurs des quatre organisations de jeunesse concernées.

La préparation et l’organisation des modules de formation des animateurs

L’objectif était de mettre sur pied un «module» de formation en promotion de la santé à destination des animateurs, spécifique pour chaque organisation de jeunesse (organisation, modalités, contenus, méthodes, objectifs…).
Comme soutien méthodologique , un suivi spécifique et collectif des organisations de jeunesse était proposé. Cinq séances de travail spécifiques et deux rencontres de «partage» collectives ont été organisées.
Résultat : les trois modules de formation d’animateurs sont élaborés.

La formation des animateurs

Chaque organisation de jeunesse a organisé un module de formation d’animateurs. Cependant, cette phase ayant connu quelques rebondissements, les délais fixés initialement (peut-être trop ambitieux) n’ont pu être tenus par tous.
Nous reprenons ci-après les éléments de présentation des trois projets de formation.
Le projet «Ampli juniors et MJT- Espace Jeunes Centre et Soignies» est intitulé «identification des conditions favorables au bien-être global de chaque enfant».
Objectif : «faire vivre» un séjour «santé» au terme duquel chaque animateur est capable de définir le terme de «santé globale», a pris conscience que la santé doit se vivre dans toute activité, a compris ce que représentent une alimentation saine et un temps de repas agréable, est capable de mettre en place des activités en conformité avec les préceptes précités dans le cadre de sa pratique d’animation.
Méthode : la formule retenue est celle d’un séjour de trois jours en résidentiel, prévu initialement en avril 2002, qui s’est finalement organisé en septembre 2003.
Résultat : 25 animateurs brevetés ont suivi la formation.
Le projet «CEMEA Hainaut» est intitulé «Action pour la santé en collectivité d’enfants et de jeunes».
Objectif : permettre aux participants de développer des capacités permettant d’écouter, d’observer, de dépister et de reconnaître certains problèmes, mettre en place des outils de mobilisation pour la santé des enfants et des jeunes en collectivité, réfléchir aux attitudes à adopter et à l’attention à apporter aux questions liées au rythme de vie, à l’hygiène, à l’aménagement de l’environnement…
Méthode : organisation d’un séjour résidentiel en avril 2002.
Résultat : 15 professionnels du champ socio-éducatif ont participé à la formation.
Le projet «MJT- Espace Jeunes Mons Borinage» est intitulé «formation santé, comprendre la santé, promouvoir la santé, éduquer pour la santé».
Objectif : permettre aux participants de se sensibiliser à la santé au sens large, se sensibiliser à leur rôle en matière de santé, découvrir des outils et des documents pédagogiques.
Méthode : organisation d’un séjour résidentiel en novembre 2002.
Résultat : 25 animateurs brevetés et éducateurs ont participé à la formation.

Le suivi des animateurs sur le terrain

Cette étape, dans le temps imparti par la convention pour le projet, n’a pu se concrétiser réellement qu’auprès des animateurs «CEMEA», qui était la seule institution à ce moment-là à avoir organisé la formation (été 2002).
Le suivi-évaluation des animateurs formés par le CEMEA a été réalisé via un questionnement orienté vers les difficultés et/ou les facilités qu’ils ont rencontrées dans l’application de leurs nouvelles compétences de même qu’en ce qui concerne les changements estimés ou perçus dans le cadre de leur pratique d’animation. Six personnes ont complété le questionnaire.

L’évaluation globale

Cette étape du projet, réalisée en octobre 2002, nous a permis de reprendre l’ensemble du projet point par point, avec chaque institution partenaire. L’idée était de répertorier l’ensemble des éléments qui ont eu un impact sur le déroulement du projet, ce qui facilite les choses, ce qui les rend difficiles…
Les éléments recueillis dans ce cadre et mis en parallèle avec les temps d’évaluation qui ont suivi chacune des phases du projet sont présentés ci-après.

L’analyse des besoins et des attentes (groupes focalisés)

Cette étape n’est pas remise en cause. Elle apparaît cependant comme lourde, mais chacun reconnaît qu’une discussion informelle ne suffit pas. Une méthode s’impose donc et elle seule permet de collecter une information exploitable de qualité. Il paraît important de confier à un intervenant extérieur la conduite et la gestion des débats (qui demandent non seulement de la neutralité mais aussi des compétences spécifiques).
Pour faciliter l’exploitation des résultats, la nécessité est apparue d’être encore plus vigilant par rapport à la représentativité des membres des groupes de discussion au sein de l’organisation de jeunesse et à l’homogénéité des participants (âge, expérience…).

La formation des formateurs

Globalement, la formation a répondu aux attentes des uns et des autres, elle a également permis de mettre l’accent sur quatre éléments.
Le premier concerne l’organisation de la formation. La formule résidentielle apporte une réelle plus-value à la dynamique de groupe (pour autant que les conditions d’hébergement soient en cohérence avec l’esprit de la formation).
Le deuxième a trait à la constitution d’un groupe pluraliste, qui semble également apporter une dynamique particulière favorisant l’ouverture et le partage constructif, permettant aux organisations de jeunesse de dépasser les éventuels clivages institutionnels.
Le troisième concerne le formateur. Celui-ci doit être «spécialisé» en promotion de la santé. C’est le croisement des expertises «promotion de la santé» et «animation jeunes» qui permet de se projeter dans la démarche d’élaboration d’une formation appropriée qui répond aux exigences de qualité des deux secteurs et aux besoins des organisations de jeunesse.
Le quatrième concerne le contenu et les méthodes. L’équilibre est à trouver entre un renforcement de compétences techniques (outils, modèles…) et un renforcement de compétences ayant trait à la «mise en démarche» institutionnelle (réflexion).
L’intégration de la promotion de la santé dans les pratiques d’animation permet de l’aborder de façon créative et interactive (évitant ainsi des attitudes uniquement consommatrices à l’égard d’outils, par exemple).
Enfin, les méthodes participatives et actives permettent de mettre en valeur l’expérience des participants et donnent alors toute la mesure au contenu proposé.

La formation des animateurs

Dans la présentation de la formation aux animateurs, le terme «santé» est très peu accrocheur, certaines organisations de jeunesse ont dû différer l’organisation du module de formation faute de participants (cela ne semble pas être systématiquement le cas pour d’autres modules de formation spécifique).
Parmi les propositions à retenir, on pourrait opter pour une organisation transversale de la formation en promotion de la santé, dans laquelle on intégrerait la thématique «promotion de la santé» dans différents modules de formation (spécifiques ou généraux).
La «gradation» dans l’approche de la santé au sens large et de la promotion de la santé en particulier apparaît comme une évidence et est liée à l’âge et à l’expérience des participants à la formation. C’est donc dans l’ensemble du cycle de formation de l’animateur qu’il faut envisager l’intégration du volet «santé» et «promotion de la santé».
Enfin, là encore, les méthodes seront participatives et créatives, directement basées sur les compétences et la pratique des participants. L’aspect ludique paraît incontournable et particulièrement adapté au public.
Globalement, sur l’ensemble du processus, les avis étaient unanimes sur l’impact positif de la formation qui se situe plus au niveau personnel (formateur, animateur) que collectif (organisation) ou à l’échelle d’une plaine. Il n’y a pas eu en effet de résultat visible ou observable, si ce n’est que la santé est mise à l’ordre du jour dans la plaine et qu’une dynamique de réflexion s’instaure par la présence de l’animateur «spécialisé» en plaine.
Enfin, certains animateurs estiment avoir acquis des compétences supplémentaires et se sentent capables de mettre en place des actions. La plupart désirent poursuivre la démarche et continuer à investir dans le domaine.

Les recommandations générales

Il s’agit d’un projet pilote qui outre son caractère exploratoire a fait l’objet de nombreux rebondissements tant sur le plan de la coordination générale qu’au niveau de l’évolution des projets spécifiques aux organisations de jeunesse. Les conclusions que l’on peut en tirer sont plutôt des orientations que des résultats directement généralisables.
L’ensemble des recommandations formulées sont le fruit de la réflexion qu’ont eue les partenaires de ce projet par rapport à l’ensemble du processus.
Ces recommandations constituent la plus-value apportée par ce projet pour éclairer les choix et les décisions de celui qui désire mettre en place une formation en promotion de la santé pour des animateurs ou des organisateurs de centres de vacances.
Outre les éléments plus spécifiques que l’on retrouve dans la partie « évaluation », nous relevons quatre recommandations générales.
Favoriser le croisement des expertises . L’intervention d’un expert en promotion de la santé dans la phase de formation de formateurs est à privilégier pour crédibiliser et enrichir les échanges avec les experts de l’animation en centres de vacances.
Favoriser la cohérence de la formation . L’organisation de jeunesse a intérêt à structurer et à organiser la formation des formateurs au niveau le plus large possible (régional, provincial voire national). Cela permet certainement de faire des économies d’échelle, mais plus encore d’atteindre un niveau de cohérence important en terme de diffusion des messages.
Favoriser «l’existant» . L’intégration de la promotion de la santé dans le cadre global des moments de formation déjà organisés est à privilégier. Même si l’organisation d’un module spécifique peut être utile dans une phase de lancement, la formule «diluée» semble plus propice à l’appropriation et à la mise en pratique par l’animateur dans le cadre de son travail.
Favoriser la transversalité dans l’approche de la formation . Dans les étapes de réflexion et de conception de formations de formateurs en promotion de la santé, il est pertinent de favoriser l’élargissement du débat en y associant des intervenants d’horizons et de réseaux variés (idéologique, social…).

Des pistes concrètes pour poursuivre

Outre les recommandations, le projet nous permet d’envisager une série de pistes de travail pour poursuivre l’action. Elles nous conduisent à continuer l’action, à l’étendre et à approfondir certains aspects du sujet.

Continuer

Soutien des institutions à l’intégration de la promotion de la santé à différents niveaux (animateurs, formateurs, coordinateurs de centres, directeurs de plaines…).
Mise sur pied d’un processus de suivi des formateurs dans leurs nouvelles fonctions de formateurs d’animateurs en promotion de la santé.

Etendre

Elargissement de la sensibilisation des institutions (centres de vacances) à la promotion de la santé, à l’échelle de la province de Hainaut.
Offre d’une formule «soutien – partage» pluraliste sur la promotion de la santé, visant la mise en démarche des institutions (échanges sur base d’actions, de projets, de réflexions…).
Offre d’une formation spécifique à l’échelle provinciale. Elle serait destinée aux formateurs et/ou animateurs qui souhaitent investir le thème du bien-être et de la santé, et permettrait de développer et de renforcer les compétences internes.

Approfondir

Développer une réflexion sur «l’instrumentation» de l’animateur spécialisé en promotion de la santé.
Etablir des critères de choix d’outils à mettre à disposition pour l’animateur (pertinence…).
Répertorier les outils disponibles, transférables, transformables…
Développer la réflexion sur la création d’outils d’animation en santé.

Le mot de la fin…

Pour terminer, quelques constatations, pas pour tourner la page, mais plutôt pour rédiger un nouveau chapitre.
Le secteur des loisirs en général et celui des centres de vacances en particulier est couvert de façon très irrégulière sur le plan de la promotion de la santé. Malgré les initiatives visant à renforcer la qualité de l’encadrement et à harmoniser les curriculums de formation, les paramètres «santé» et «bien-être» n’y sont pas encore suffisamment mis en avant et ne font pas encore l’objet d’une approche harmonieuse, quelle que soit la filière de formation.
Le secteur des organisations de jeunesse est cependant particulièrement propice et réceptif à la diffusion des valeurs proches de la promotion de la santé tant la participation, la motivation et l’interactivité font partie intégrante de leurs modes de fonctionnement.
Travailler avec des jeunes, miser sur eux, les responsabiliser par rapport à leur santé mais aussi par rapport à celle d’autres jeunes, en faire de véritables relais dans le champ de l’animation et du loisir est un formidable pari sur l’avenir.
Vincent Huyghebaert , Michel Demarteau , Bérengère Lens , Karine Spinette , Observatoire de la santé du Hainaut, Michel Andrien , Véronique Halbardier , CERES
Nous adressons nos remerciements aux responsables des groupes de travail des organisations de jeunesse partenaires du projet:
Sylvia Marozzi pour Ampli Junior et MJT Centre et Soignies, Geoffroy Carly pour CEMEA Hainaut – Antenne de Soignies, Salvatore Nuovo pour MJT Mons Borinage.


(1) La santé au coeur des jeunes en Hainaut, de l’analyse à l’action, Observatoire de la santé du Hainaut, novembre 2000.
(2) Isabelle Godin, Alain Levêque, Luc Berghmans, Tableau de bord de la santé des jeunes, Santé en Hainaut n°2, Observatoire de la santé du Hainaut, 1998.
(3) Dont la direction du Service éducation pour la santé était assurée à l’époque par Geneviève Houioux.
(4) Le CLPS Mons-Soignies était dirigé à l’époque par Véronique Boutin.

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Les jeunes, l’alcool et le tabac

Le 30 Déc 20

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Le CRIOC présente les résultats d’une enquête auprès des jeunes, évaluant leurs comportements en matière de consommation de tabac et d’alcool.

Méthodologie

550 interviews quantitatives ont été réalisées en Belgique de mars à mai 2003: interviews en face à face et sans la présence des parents, auprès de 200 jeunes de 11 à 12 ans, 200 jeunes de 15 à 16 ans et 150 jeunes de 17 à 18 ans.
Les résultats ont fait l’objet des traitements statistiques adéquats. La marge d’erreur totale maximale sur l’échantillon est de 3,0 %.
Seuls les résultats significatifs sont présentés. Toutefois, chaque donnée a été analysée – selon les profils – en fonction de la localisation (province), du sexe, de l’âge, du groupe social, du régime linguistique et du type de formation.

Jeunes et boissons alcoolisées

Près de 9 jeunes sur 10 ont déjà consommé de l’alcool. A 11-12 ans, ils ont déjà bu leur premier verre. Avec l’âge, la consommation augmente. Si à 11-12 ans, 2 jeunes sur 3 ont consommé de l’alcool, ils sont presque 9 sur 10 à en avoir consommé à 15-16 ans.
Le type de boisson préférée varie avec l’âge: vers 11-12 ans, le vin et la bière sont les boissons alcoolisées les plus consommées. Viennent ensuite les breezers, apéritifs et cocktails. A partir de 15 ans, la bière mène la danse, suivie des breezers, des apéritifs, des cocktails et ensuite du vin.
En vieillissant, le jeune achète plus souvent ces boissons avec son argent de poche, il diversifie ses goûts et consomme plus de boissons alcoolisées.
L’apprentissage de la dégustation du vin correspond à un rite initiatique d’intégration familiale: au départ, l’enfant, à l’occasion d’une cérémonie familiale est invité à tester le vin (ex. un blanc liquoreux). Progressivement, le jeune s’intègre au banquet familial en dégustant un verre de vin, de mousseux, d’apéritif… La consommation festive de vin devient régulière après 18 ans, notamment lors des sorties familiales au restaurant.

Le tabac

Un jeune sur quatre a déjà essayé de fumer des cigarettes: un sur 10 à 11-12 ans, un sur 4 à 15-16 ans, un sur 3 à 17-18 ans.
La première cigarette provient, pour les 11-12 ans d’un membre de la famille ou des copains, plus rarement des parents ou payée par l’argent de poche. A 15-16 ans, les cigarettes viennent des copains ou de la fratrie. A 17-18 ans, elles viennent de la fratrie, des copains ou sont payées par l’argent de poche. Dans l’enseignement secondaire, 7 jeunes sur 10 déclarent qu’on fume dans leur école.
L’apprentissage de la consommation est un processus complexe qui s ‘organise autour de différentes étapes:
Préparation : information passive dès la naissance.
Initiation : à partir de 8 ans parfois, l’enfant va tester l’interdit.
Consommation occasionnelle : à l’adolescence, le jeune devient fumeur occasionnel et le taux de consommation augmente sensiblement, d’autant plus si les milieux fréquentés (école, copains, famille) l’y autorisent. Les effets sur la santé sont relativisés.
Consommation régulière : dès 16 ans, la dépendance à la nicotine conduit à la consommation régulière de tabac.

A 11 ans

,

un jeune sur dix a déjà consommé de l’alcool ou de tabac

Ce qui au départ, n’est qu’un essai, se transforme au fil du temps en consommation régulière: la quantité consommée augmente, la fréquence aussi. Pour l’alcool, la variété des produits augmente. La consommation précoce d’alcool ou de tabac, souvent encouragée et rarement découragée, conduit rapidement à l ‘instauration de dépendances.
Les politiques de prévention doivent viser autant les enfants et les jeunes que leurs parents. Consommateurs, producteurs et distributeurs doivent être conscientisés à l’importance du ‘contrôle social’ sur la vente et la consommation de ces produits. A terme, l’augmentation de la dépendance aux assuétudes va entraîner des coûts de santé élevés. D’où la nécessité de lutter contre les assuétudes des enfants et des jeunes.

Informations:
CRIOC, rue des Chevaliers 18, 1050 Bruxelles.
Courriel: info@crioc.be

1,8 million de fumeurs en moins en France!

Le 30 Déc 20

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La guerre contre le tabac s’inscrit dans la perspective de la priorité présidentielle de mobilisation nationale contre le cancer. Le 27 mai 2003, Jean-François Mattei , Ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, s’est engagé à faire diminuer le tabagisme des jeunes de 30 % et celui des adultes de 20 %, sur cinq ans.
La première enquête barométrique INPES/IPSOS menée depuis l’annonce du plan gouvernemental, confirme la diminution sans précédent de la consommation de tabac en France. Cette enquête a été menée, courant novembre 2003, auprès d’un échantillon national représentatif de plus de 3 000 personnes âgées de 15 à 75 ans.

Forte baisse de la consommation tabagique

Entre 1999 et 2003, on compte 1,8 million de fumeurs déclarés de moins au moment de l’enquête (15,3 millions en 1999 et 13,5 millions en 2003) . La proportion de fumeurs dans la population est passée de 34,5% en 1999 à 30,4% en 2003 soit une chute de 12%.
Cette baisse de la prévalence est parallèle avec la diminution constatée des ventes de cigarettes, particulièrement jusqu’à 2003 (- 13,5%).
Chez les ex-fumeurs, 14,2% déclarent s’être arrêtés dans l’année écoulée. Ils étaient seulement 9,2% en 1999 (+54%).
De surcroît, ceux qui continuent à fumer ont réduit significativement leur consommation: alors qu’ils fumaient 14 cigarettes en moyenne par jour en 1995, ils n’en fument plus que 11,6 en 2003.

Les femmes et les jeunes premiers bénéficiaires

Les femmes et les 15/25 ans constituent les populations les plus résistantes au phénomène de baisse. Or, ces populations sont particulièrement exposées car il existe d’une part des risques spécifiquement féminins et d’autre part une corrélation entre l’âge d’entrée dans le tabagisme et les risques encourus. Aujourd’hui, on constate pour la première fois que ces deux populations prioritaires sont les plus concernées par la baisse de la consommation.
La diminution du tabagisme féminin en France atteint 18%. Elle est deux fois plus élevée que celle des hommes.
De même, la diminution tabagique chez les 15/25 ans s’élève à 18,3%. Elle est deux fois plus forte que celle des 25/75 ans.

Une motivation à l’arrêt extrêmement forte

On observe un nombre croissant de fumeurs déclarant avoir envie d’arrêter de fumer (58% des fumeurs en 1999 pour 66% en 2003). Aujourd’hui, près de deux fois plus de fumeurs déclarent avoir envie d’arrêter de fumer dans le mois à venir (12% en 1999 contre 22% en 2003). C’est encourageant, puisqu’on sait que plus le délai projeté est court, plus la motivation est grande.
Enfin, le prix devient une motivation primordiale pour arrêter de fumer puisque il est la 2e raison invoquée (4e place en 1999), la première restant les conséquences sur la santé. Chez les fumeurs qui veulent arrêter dans le mois, 68,3 % citent le prix comme principale motivation à l’arrêt. De plus, le prix est cité par près de la moitié des fumeurs ayant arrêté depuis moins d’un an contre 11% pour ceux ayant arrêté depuis plus d’un an.
Les résultats de cette enquête confirment que la baisse importante des ventes de cigarettes (-13,5% entre 2002 et 2003) traduit une réelle diminution de la consommation. La très forte augmentation des personnes sous traitement de sevrage tabagique (+44%) et la multiplication par deux du nombre d’appels quotidiens à la ligne Tabac Info Service pour la même période conforte également la très nette hausse des personnes ayant arrêté depuis un an.
D’après un communiqué de presse de l’INPES, 1er février 2004
Vous pouvez télécharger le dossier de 10 pages ‘Enquête sur la prévalence du tabagisme en décembre 2003’ sur le site https://www.inpes.sante.fr .

Légère diminution du nombre de fumeurs

Le 30 Déc 20

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Début 2004, le CRIOC a effectué son enquête annuelle sur le tabagisme en Belgique.
La population belge compte 27% de fumeurs . Parmi les 1022 personnes interrogées, 27,4% ont en effet déclaré fumer tous les jours. Elles étaient 29% en 2002 et 28% en 2001. Cette faible diminution montre une relative stabilité du nombre de fumeurs quotidiens. Outre ceux-ci, 5,8% ont déclaré fumer de temps en temps, et 66,7% ne jamais fumer. Les différences entre la Flandre et la Wallonie, variables selon les années, se sont à présent estompées (27% de part et d’autre). On constate toujours des écarts importants d’une province à l’autre.
Plus de la moitié des Belges considèrent qu’une interdiction de la vente de tabac aux mineurs serait une très bonne (51,6%) ou assez bonne (20,6%) mesure . Seuls 4,3% sont d’avis contraire; 16,5% n’ont pas d’opinion. Ces résultats ne laissent pas transparaître de différence significative selon l’âge, le sexe ou le groupe linguistique des personnes sondées. Par contre le niveau d’étude induit des différences d’opinion sur l’opportunité d’une telle mesure.
Selon cette même enquête, 12,8% des fumeurs interrogés déclarent qu’ils s’arrêteraient de fumer si des photos alarmantes étaient apposées sur l’emballage . 23,2% disent qu’ils fumeraient moins; 63,7% déclarent qu’ils ne se laisseraient pas influencer par de tels avertissements. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à déclarer que de telles photos les influenceraient pour arrêter de fumer. L’impact est également déterminé par l’âge et le niveau d’étude.
La différence entre les genres se réduit , même si les hommes sont toujours plus nombreux que les femmes à consommer du tabac: en 1980 cette différence était presque du simple au double. Elle s’est progressivement réduite jusqu’à un écart de 5% en 2004: les 27% de fumeurs belges se départagent en effet entre 30% d’hommes et 25% de femmes.
La première cigarette est expérimentée à un âge de plus en plus précoce : selon les jeunes interrogés par le CRIOC en 2003, un jeune sur 10 essaie sa première cigarette à 11 ou 12 ans. A 15-16 ans, un jeune sur 4 effectue son premier essai; c’est le cas d’un jeune sur 3 à 17-18 ans. Cette première expérience est stimulée par de proches amis ou membres de la famille. Le milieu de vie exerce donc une influence importante ; en particulier l’attitude des parents est pointée comme facteur de dissuasion ou au contraire d’acceptation. En outre 7 jeunes sur 10 déclarent qu’on fume dans leur école, ce qui est pourtant interdit.
Quant aux non-fumeurs, ils gagnent du terrain! En effet, petit à petit les lieux où il est interdit de fumer se multiplient. Ainsi depuis le 1er janvier 2004, la SNCB interdit la consommation de tabac dans tout son réseau, trains et gares compris.
Les ventes de cigarettes stagnent, les recettes fiscales augmentent : parallèlement à cette légère diminution du pourcentage de fumeurs dans la population, en 2003 la vente de tabac en Belgique a connu un léger tassement. Et ce aussi bien en nombre total de cigarettes vendues (14,287 milliards d’unités en 2003 – 14,314 milliards d’unités en 2002), que de cigares et de tabac à rouler. Quant aux recettes fiscales, elles ont augmenté de 1.785 millions d’euros en 2002 à 2.164 millions en 2003. Elles devraient être utilisées au moins partiellement pour des mesures préventives…

Quelques précisions

Depuis 20 ans, le CRIOC fait réaliser chaque année une enquête auprès d’un échantillon représentatif de la population belge. En 2004, l’échantillon était de 1.022 personnes. Les résultats de cette enquête sont téléchargeables sur le site du CRIOC ( https://www.oivo-crioc.org/textes/pdf/953.pps )
Ils ont également été insérés dans le dossier documentaire sur le tabac , également téléchargeable sur ce site ( https://www.oivo-crioc.org/textes/pdf/371.pdf ). Actualisé pour l’occasion, ce dossier reprend toute une série d’autres informations sur les risques de la consommation de tabac pour la santé, l’incidence du tabagisme actif et passif sur la mortalité, la législation, l’étiquetage des produits, etc.

Tableau 1 – Pourcentage de fumeurs réguliers/quotidiens en Belgique (de 15 ans et plus)

Hommes

Femmes Total
1990 38% 26% 32%
1991 33% 24% 29%
1992 31% 21% 26%
1993 31% 19% 25%
1994 33% 19% 26%
1995 33% 24% 28%
1996 34% 27% 30%
1997 31% 22% 26%
1998 30% 23% 27%
1999 31% 26% 29%
2000 36% 26% 31%
2001 34% 22% 28%
2002 33% 25% 29%
2004 30% 25% 27%

Source: CRIOC

Tableau 2 – Pourcentage de fumeurs réguliers/quotidiens en Flandre et en Wallonie (15 ans et plus)

(1)
Flandre

Wallonie Ecart
1990 28% 32% 4%
1991 25% 33% 8%
1992 23% 29% 6%
1993 23% 26% 3%
1994 23% 30% 7%
1995 27% 29% 2%
1996 30% 31% 1%
1997 25% 27% 2%
1998 27% 26% -1%
1999 26% 32% 6%
2000 28% 33% 5%
2001 28% 29% 1%
2002 26% 35% 9%
2004 27% 27% 0

Source: CRIOC
(1) Les pourcentages pour Bruxelles peuvent montrer de grandes différences d’année en année. Puisque l’échantillon ne porte que sur 180 à 240 personnes, celles-ci n’ont pas été reprises dans ce tableau.

Tableau 3 – Répartition par province

Province

Non-fumeurs
Anvers 67
Brabant flamand 67%
Brabant wallon 79%
Bruxelles 64%
Flandre occidentale 60%
Flandre orientale 75%
Hainaut 72%
Liège 58%
Limbourg 60%
Luxembourg 52%
Namur 63%

Source: CRIOC

Tableau 4 – Recettes fiscales

Année

Montant (en euros)
1990 916
1991 979
1992 1.040
1993 1.155
1994 1.240
1995 1.318
1996 1.403
1997 1.426
1998 1.557
1999 1.691
2000 1.793
2001 1.712
2002 1.979
2003 2.164

Source: Service public fédéral finances

Le Plan fédéral de lutte contre le tabagisme

Le 30 Déc 20

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Le Ministre fédéral de la Santé publique, Rudy Demotte , propose un ensemble d’initiatives concertées pour combattre ce ‘véritable fléau’, considérant que ‘seule la combinaison de mesures prises dans le cadre d’un plan global de lutte contre le tabac est en mesure de produire des effets significatifs et d’inverser la tendance’.
Il ajoute qu’ ‘un plan global permet en outre de mieux maîtriser les effets pervers découlant de certaines mesures prises isolément, d’inclure tous les acteurs de la lutte antitabac, de hiérarchiser les mesures dans le temps et de piloter au niveau fédéral un ensemble cohérent de mesures’.
Ce plan prévoit six dispositions.

Ratification de la Convention-cadre de l’OMS

La Belgique a signé le 22/01/2004, mais n’a pas encore ratifié la Convention-cadre. Actuellement, une centaine de pays l’ont signée et 10 l’ont ratifiée , mais il faut que quarante pays signataires la ratifient pour qu’elle entre en vigueur et ait force obligatoire (90 jours après le dépôt du 40e instrument de ratification).
Pour rappel, la Convention comprend des dispositions qui énoncent les normes internationales minimales se ra pportant à la publicité, la promotion et le parrainage, les mesures financières et fiscales, le conditionnement et l’étiquetage, le commerce illicite et la protection face au tabagisme passif. Ces dispositions constituent des lignes directrices, mais n’empêchent pas les Etats parties à la Convention d’édicter des lois plus contraignantes!

Fabrication et mise dans le commerce des produits du tabac

Les messages sanitaires sur les emballages seront complétés par des photos en couleurs dissuasives, auxquelles certains experts attribuent un fort impact émotionnel.
Conséquence logique, les étuis destinés à contenir les paquets de cigarettes et à masquer les mises en garde (‘fun box’) seront interdits.
La vente aux mineurs de moins de 16 ans sera interdite.
L’accès aux distributeurs automatiques (il y en a 20.000 dans notre pays, sur un total de 70.000 points de vente) sera limité de façon à les rendre inutilisables par les jeunes de moins de 16 ans.

Droit à un environnement sans fumée, protection contre le tabagisme passif

La réglementation actuelle limitant l’usage du tabac dans les établissements Horeca est peu suivie. Les contrôles effectués par l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) seront renforcés, et la zone réservée aux non-fumeurs passera à 75% de la superficie totale du lieu et des places disponibles.
Certains pays interdisent totalement de fumer sur les lieux de travail. Ce sera aussi le cas de la Belgique à partir du 1er janvier 2006, à l’exception des fumoirs.

Aide au sevrage

L’objectif est d’améliorer l’accessibilité financière et géographique des méthodes de sevrage tout en ne limitant pas ces dernières aux seuls médicaments.
Les compétences des professionnels de santé en la matière seront renforcées par des stratégies et programmes de formation adaptés.

Création d’un ‘Fonds antitabac’

Ce fonds, dont on parle depuis plusieurs années, devrait être opérationnel au 1er juillet 2004. Le but est de soutenir les actions de lutte contre le tabagisme, qu’elles émanent du niveau fédéral, des Régions ou des Communautés.
Un ‘Comité de lutte contre le tabagisme’ permettant aux différents niveaux de pouvoir d’échanger des informations et de veiller à la cohérence de leurs actions respectives dans le cadre d’une approche globale est également prévu.
A propos de financement de la lutte antitabac, il y a eu récemment une petite poussée de fièvre dans le milieu de la prévention quand on a appris que le Gouvernement fédéral envisageait de reconnaître la Fondation Rodin comme d’utilité publique, alors que cette fondation est largement financée par l’industrie du tabac. La Ministre de la Santé de la Communauté française s’en est également émue.

Augmentation de la fiscalité du tabac

Une augmentation forte et brutale du prix du paquet de cigarette est plus efficace que des augmentations légères et étalées dans le temps. Ceci devra faire l’objet d’un groupe de travail présidé par le Ministre des Finances.Il reste à espérer une rapide concrétisation du plan, et une mobilisation collective digne de ce formidable défi!
Christian De Bock
Vous pouvez consulter l’intégralité du plan fédéral (28 pages) sur le site https://www.rudydemotte.be .
(1) Le 20/04, il y avait 102 signataires, et 10 ratifications. Voir le site https://www.who.int/tobacco/areas/framework/signing_ceremony/countrylist/en/
(2) Voir à ce sujet l’article de Marleen Teugels ‘Rodin: pas de fumée sans feu’ , n° 181, août 2003.
Signalons à ce propos que Philip Morris a rompu en début d’année le contrat qui liait la multinationale à la Fondation Rodin. Cette dernière, pour qui cette décision représente un manque à gagner considérable a saisi le juge des référés, qui a estimé sa requête non fondée. La Fondation va faire appel.

Prévention des traumatismes survenant chez des jeunes enfants

Le 30 Déc 20

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Evaluation d’un processus d’implantation d’une trousse de sécurité

Situation épidémiologique des traumatismes en Belgique

En Belgique, les accidents sont la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 15 ans (1). De ce point de vue la situation est comparable avec celle des autres pays industrialisés.
En 1997, le pourcentage de décès par accidents non liés au transport était de 26% chez les enfants entre 1 et 4 ans, 19% chez les enfants de 5 à 9 ans et 10% chez les 10-14 ans (2).
Les accidents mortels chez les bébés sont surtout dus aux suffocations. Chez les enfants de 1 à 4 ans, un tiers des décès est causé par les noyades et le reste par les incendies, les inhalations d’objet, les intoxications et les chutes.
Au-delà de 5 ans, les noyades comptent pour la moitié des décès, l’autre moitié concerne les chutes et les incendies (3).
Il n’est pas facile d’intervenir pour faire diminuer l’incidence des traumatismes chez les enfants, en particulier l’incidence de ceux qui surviennent à domicile. Le seul fait d’augmenter les connaissances des parents sur la sécurité domestique n’est pas suffisant pour modifier les comportements. Il est nécessaire d’envisager une stratégie multifactorielle mettant en place plusieurs actions complémentaires.
Une intervention de prévention des traumatismes à domicile a été réalisée en Belgique, intervention s’intégrant dans une coopération France – Belgique – Québec. En effet, une action similaire était menée en France et au Québec.

Intervention pilote dans la commune de Fontaine-l’Evêque

Objectif

L’objectif général du projet était de diminuer l’incidence des accidents domestiques chez les enfants de 6 à 18 mois. Plus spécifiquement, le projet visait à amener les parents à modifier leurs comportements et à adapter la maison à des normes d’environnement plus sûr. Le second objectif était de permettre aux travailleurs médico-sociaux d’aborder plus concrètement la prévention des accidents chez les enfants.

Public visé

Familles de faible niveau socio-économique ayant des enfants de moins de 2 ans.

Description de l’intervention

Cinq actions conjointes font partie de l’intervention:
– réalisation de visites à domiciles;
– remise d’une trousse de sécurité aux familles;
– délivrance de conseils sur la sécurité des enfants;
– remise de brochures sur les thèmes de sécurité domestique;
– évaluation quantitative et qualitative.
Deux visites à domicile espacées de 6 à 8 semaines ont été organisées dans 46 familles de la localité de Forchie-la-Marche, une des trois localités qui composent la commune de Fontaine-l’Evêque. Lors de la première visite, ces familles ont reçu une trousse de sécurité contenant du matériel de sécurité et des brochures.
Le matériel, d’une valeur de 30 euros, a été donné gracieusement aux familles par l’administration communale. La trousse comprenait un détecteur de fumée; un bloque porte; des bloque-tiroirs; une bande de fermeture pour le réfrigérateur; un tapis de bain antidérapant; un bloque électroménager; un protège-bec de robinet; un bloque-poignée; des crochets bloque-placards, tiroirs, fenêtres et portes; des coins de protection à poser sur les meubles et 6 brochures sur l’enfant et la sécurité domestique.
La démarche de conseil et de remise des trousses aux familles a été réalisée par les travailleuses médico-sociales de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE), par le Service de gardiennes encadrées ‘Le Cerf -volant’, par la Cellule Prévention et le Service santé de l’administration communale.
Lors d’une première visite, le personnel aidait les familles à identifier les situations à risque au domicile à l’aide d’un questionnaire, remettait la trousse de sécurité en fournissant des explications sur l’installation du matériel contenu dans celle-ci et enfin précisait les changements à apporter aux situations à risque relevées.
Au cours de la seconde visite, les situations à risque ont été à nouveau évaluées à l’aide du même questionnaire.
Un travail similaire a été conduit en parallèle dans 25 autres familles durant la même période. Ces familles ont également été visitées mais sans recevoir la trousse de sécurité. Elles ont simplement reçu les brochures sur l’enfant et la sécurité domestique ainsi que des conseils sur la prévention des traumatismes. Une évaluation des situations à risque a aussi été réalisée à l’aide du même questionnaire, lors de la première visite afin d’amener les familles à identifier les situations à risque et lors de la seconde visite afin d’observer les modifications éventuellement apportées. Ce deuxième groupe jouait donc le rôle de ‘groupe témoin’
Au total 71 familles ont donc participé à cette recherche.

Evaluation de l’intervention

L’évaluation comprenait deux volet: une évaluation quantitative visant à objectiver l’effet de la trousse sur les comportements sécuritaires des familles et une évaluation qualitative visant à mettre en évidence la satisfaction des familles et des travailleurs médico-sociaux.

Evaluation quantitative

La comparaison entre les deux groupes montre essentiellement qu’entre les deux visites il y a eu globalement plus d’améliorations des situations considérées à risque dans le groupe qui a reçu la trousse que dans le groupe témoin, sans trousse. Plus particulièrement, pour les situations à risque de chute, de brûlure et de blessure il y a une différence statistiquement significative de changements entre les deux groupes.
Les améliorations apportées concernaient aussi bien les situations à risque pouvant être modifiées par les matériels contenus dans la trousse que les situations qui n’ont rien à voir avec ces matériels (rangement des allumettes et briquets par exemple).
La remise d’une trousse de sécurité domestique permet donc non seulement de renforcer la prévention passive des accidents domestiques mais aussi d’induire un comportement de sécurité significativement plus important que par la seule délivrance de conseils et l’appui pédagogique de brochures remises à l’occasion d’une visite à domicile.
L’évaluation quantitative a donc montré un ‘effet trousse’.

Evaluation qualitative

Auprès des familles
L’initiative a été très appréciée par les familles. Elles ont reçu du matériel efficace et de bonne qualité. Le fait que cette démarche soit communale est très satisfaisant pour les familles. Ces dernières avaient le sentiment que l’administration communale s’intéresse à leur sécurité. De plus les familles se sentaient valorisées par le fait qu’on leur demande leur avis sur le projet et le matériel fourni. Elles ont relevé, entre autres, quelques problèmes techniques: les objets de la trousse ne sont pas tous adaptés, certains sont difficiles à placer (les crochets) et d’autres détériorent le mobilier (le vissage des taquets anti-chute de tiroir).
Auprès des intervenantes à domicile
Deux groupes focalisés ont été réalisés avec les intervenantes à domicile. Il en ressort que cette intervention a des effets à trois niveaux: sur l’institution, sur les pratiques professionnelles et s la mobilisation communautaire.
Concernant l’institution, l’intervention donne une autre image des services. Par exemple le personnel de l’ONE n’est plus perçu comme ‘contrôleur’ mais comme ‘soutenant’. Elle permet aussi un repositionnement des missions de chacun.
Par rapport aux pratiques professionnelles, du temps a été rendu disponible pour approfondir un sujet; une réflexion commune a été élaborée entre professionnelles sur une démarche: son sens, ses objectifs, le rôle et les moyens de chaque service; enfin, on a observé une relation modifiée, plus positive, avec les familles.
Quant à la mobilisation communautaire, les acquis sont un questionnement des autres professionnels, un partenariat durable entre les services, une valorisation des familles par la participation au processus.
L’évaluation qualitative montre que l’ ‘effet trousse’ est dû à l’intérêt que le matériel de sécurité suscite parmi les familles, à l’image positive que l’apport du matériel a suscité vis-à-vis des intervenantes, à la motivation que cet apport concret aux familles a induit parmi elles et au travail de préparation du projet mené en commun.

Conditions de réussite de l’intervention

Un certain nombre de facteurs facilitants ont été identifiés:
– l’information de la communauté et la participation des familles;
– l’aide au placement des matériels dans la maison;
– la rétro-information de l’analyse des résultats des évaluations.
Les conditions de réussite de la mise en œuvre permettant d’atteindre les objectifs concernant l’organisation elle-même, le matériel mis à disposition des familles et l’action des intervenantes.
L’ organisation doit disposer d’un service ayant un programme de visites à domicile, d’un coordonnateur de projet, d’un budget pour financer les trousses, avoir une capacité de gestion des matériels contenus dans la trousse et mener l’intervention de manière ciblée, préférentiellement lorsque les enfants ont entre 6 mois et 1 an, c’est-à-dire une période durant laquelle les parents sont interpellés par la problématique des accidents.
Le matériel doit être gratuit, facile à installer et solide, sûr et adapté aux meubles et aux éléments de constructions des habitations.
Les intervenants doivent avoir une bonne connaissance de la promotion de la sécurité et de la prévention des traumatismes, une bonne connaissance du matériel proposé et des conditions de son utilisation, une attitude de dialogue, une motivation personnelle pour l’intervention.

Perspectives d’avenir

Cette recherche a montré l’intérêt de fournir gratuitement du matériel de sécurité aux familles ayant des jeunes enfants. Un ‘effet trousse’ a en effet pu être mis en évidence: les parents ayant reçu la trousse ont adopté davantage de comportements de sécurité. Ces résultats plaident en faveur de l’extension de l’implantation de la trousse de sécurité. Les conditions de faisabilité d’une telle entreprise devraient être alors explorées.
Martine Bantuelle , Educa-Santé, Marc Sznajder , Hôpital Ambroise Paré, Marie Christine Van Bastelaer , Educa-Santé
Adresses des auteurs:
Educa-Santé, avenue Général Michel 1b, 6000 Charleroi
Hôpital Ambroise Paré, Service de santé publique et information médicale, 9 av. Charles de Gaulle, 92100 Boulogne (France)
(1) PROMES – Université libre de Bruxelles – Educa-Santé, ‘Accidents domestiques, la situation épidémiologqie en Belgique’, Santé Pluriel, 1992, 7&8.
(2) Institut de Santé Publique, Standardized Procedures for Mortality Analysis, [L]htpp://www.iph.fgov.be/sasweb/spma/spma.htm[/L]
(3) Prévention et petite enfance, ONE; 1997, p 266-267
D’après les données du système EHLASS 1998

Usages de psychotropes et prévention en ‘Prospective’

Le 30 Déc 20

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L’asbl Prospective Jeunesse en quelques mots…

Subsidiée conjointement par la Communauté française et la Commission communautaire francophone (Région de Bruxelles-Capitale, l’asbl Prospective Jeunesse est active depuis 1978 dans le champ de la prévention des assuétudes et des risques liés aux usages de psychotropes, qu’elle inscrit aujourd’hui dans une perspective de promotion de la santé. Contrairement à ce que son nom indique, Prospective Jeunesse ne travaille pas directement auprès des jeunes mais privilégie l’information, la sensibilisation, la formation et l’accompagnement des adultes ayant des responsabilités vis-à-vis des jeunes. En toute cohérence avec les critères de qualité et d’efficacité de la prévention, Prospective invite les relais à développer une réflexion dans les moyen et long termes et attire leur attention sur la nécessité d’intégrer les différents facteurs déterminant les consommations et notamment ceux liés au contexte (social, culturel, philosophique, économique, institutionnel…) tout en ne perdant pas de vue les interrogations immédiates des acteurs (entre autres, et c’est un grand classique, sur les produits et leur «dangerosité»).

Des repères philosophiques et conceptuels

L’équipe pluridisciplinaire de Prospective Jeunesse (anthropologue, sociologue, psychologue, spécialiste en promotion de la santé) pose un regard systémique et anthropologique sur la question des consommations, s’articulant autour des trois axes de réflexion que sont «le produit», «la personne» et «le contexte». Sont considérées autant la nature et les spécificités de chaque axe que les interactions entre les trois pôles. Dès lors, si l’on peut pointer quelques stratégies d’intervention liées au contexte, à la personne ou au produit, on se devra de ne jamais perdre de vue que la consommation coïncide avec «la rencontre d’un individu particulier avec un produit particulier dans un contexte particulier » (1).
Néanmoins, on peut, à titre d’exemples citer quelques points d’ancrage de notre travail de prévention:
– l’analyse de l’institution (école, association, lieu de travail…), c’est-à-dire du cadre d’où émerge la demande et dans lequel va se développer la réflexion (voire l’action): quelles sont les représentations de la problématique? Quelles sont les attentes en matière de prévention et par rapport à Prospective Jeunesse? Quelles sont les habitudes de fonctionnement? Quels sont les partenariats existants ou les partenaires habituels? Qu’est-ce que l’institution est prête à investir? Jusqu’où est-elle prête à induire/porter des changements?…;
– l’identification de l’estime de soi, des compétences sociales, de l’accès à une information objective (notamment sur les risques et les usages) comme des éléments à développer/renforcer pour permettre à la personne (vis-à-vis de laquelle intervient le relais) de faire des choix et d’avoir des attitudes responsables dans sa consommation comme en matière de bien-être en général;
– un discours le plus objectif possible sur les produits, leurs effets, leur toxicité… Un refus de la diabolisation, et la réinscription des produits dans une approche géo-politique, de même que des usages dans une perspective historique et sociale;
– enfin, la sensibilisation des acteurs aux différents types et niveaux de discours tenus sur les produits et leur consommation : du politique à la santé (et à la promotion de la santé), en passant par le juridique il y a des incohérences qu’il est judicieux de relever afin que le relais (éducateur, parent, enseignant, assistant social…) puisse se positionner en tant que partenaire de prévention. De manière synthétique, nous pouvons dire que nous cherchons véritablement à ré-introduire (ou ré-éclairer) la complexité dans le regard porté sur les usages de psychotropes, tout en invitant les relais à rester «modestes» dans la définition de leur rôle d’acteurs de prévention.
Prospective Jeunesse, comme d’autres partenaires abordant les consommations (et la santé), privilégie une approche positive et non culpabilisante tout en désignant une série d’attitudes et de savoir-faire favorables à la prévention, notamment la nécessité de poser des repères et des balises clairs dans les interventions des relais auprès des jeunes.

Une volonté d’interface entre terrain et recherche, projets concrets et espaces de réflexion

En partenariat avec Modus Vivendi et Infor-Drogues, Prospective Jeunesse est active, dans le cadre d’Eurotox, au sein de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Un tel investissement nous permet d’être au fait des «tendances» européennes en matière de consommations, principalement des types de produits et des modes de consommation.
En croisant les données d’Eurotox avec d’autres recherches plus globales, comme les enquêtes sur les comportements de santé des jeunes (HBSC) menées par l’Ecole de santé publique de l’ULB (PROMES), nous pouvons relier des notions telles que types, fréquences de consommation et confiance en soi, motivation scolaire… Ce matériel de recherche favorise une certaine objectivation des représentations et croyances lors de séances de sensibilisation ou de formation auprès des relais.

Les activités de Prospective Jeunesse

La formation

L’objectif global de nos activités de formation (mais aussi d’accompagnement et de communication) est la sensibilisation des relais et le développement de savoir-être et de savoir-faire appropriés en matière de prévention des assuétudes. Il est vrai que nous consacrons beaucoup de temps à la phase de sensibilisation tant il nous apparaît, aujourd’hui encore, que la question des consommations reste taboue et induit bon nombre de préjugés (moraux, sociaux). Comme nous l’évoquions précédemment, cette question est débattue dans plusieurs sphères (sociale, éducative, judiciaire, sanitaire…) et se voit par conséquent «brouillée» par des discours quelquefois antagonistes.
Un module interdisciplinaire
Prospective Jeunesse propose un module de trois journées aux relais issus de différents secteurs et rassemblés autour d’un intérêt commun pour la question des consommations et/ou qui côtoient des usagers. Le contenu s’articule véritablement autour des axes «produit-personne-contexte» que nous développons ci-dessus.
Les participants sont invités à débattre de leurs représentations des termes tels que «santé», «prévention», «toxicomanies», «assuétudes» pour en proposer leurs propres définitions. Dès l’entame du processus de formation, nous confrontons, à travers les paroles des participants, les différentes dimensions que peut recouvrir la santé, de même que les stratégies (parfois contradictoires et même contre-productives) de prévention et les regards portés sur usages et toxicomanies.
A titre d’illustrations, nous citons ici quelques croyances ou opinions qui s’expriment régulièrement en formation: l’équivalence entre consommation de psychotropes et assuétude ou toxicomanie, la vision d’une «bonne» santé s’opposant à la «mauvaise» santé induisant l’existence de «bons» et de «mauvais» comportements, la survivance d’une véritable «théorie de l’escalade» (celui qui consomme un joint en viendra irrémédiablement à d’autres produits), la certitude que la peur peut jouer un rôle en prévention, une certaine confusion entre prévention et répression, la difficulté de cerner distinctement le rôle de différents acteurs tels que l’enseignant, le policier, l’assistant social…
Dans un deuxième temps, nous recadrons les concepts de santé et de prévention en retraçant leur évolution progressive vers les paradigmes de bien-être global, de promotion de la santé et de réduction des risques. Aidés des éclairages de l’histoire, de la sociologie et de la systémique, nous amenons les notions d’«espaces d’usages», de motivations à consommer, de même que la distinction entre «usage», «abus» et «dépendance».
Enfin, lors du troisième jour, nous invitons les participants qui le souhaitent à replacer les consommations dans le cadre de leurs pratiques professionnelles et, le cas échéant, nous amenons le groupe à travailler sur différents projets institutionnels en présence.
Des formations «à la carte»
Ces formations ont les mêmes objectifs de départ que ceux du module interdisciplinaire: acquérir de nouvelles connaissances et porter un regard critique sur les drogues en général, leur consommation, les contextes sociologique, juridique, historique, anthropologique, géopolitique et institutionnel, l’adolescence, la jeunesse, les addictions. La différence est qu’elles abordent une thématique spécifique définie ensemble avec l’institution demandeuse. A travers les questions posées, les sujets abordés et les activités réalisées en sous-groupes, les formations permettent de construire un discours commun entre des acteurs qui se côtoient mais qui n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble sur un projet commun.
Prospective Jeunesse collabore par exemple avec un CPAS bruxellois. Il s’agit d’après-midi de formation-information qui s’intègrent dans un cycle plus général destiné aux demandeurs d’emploi remplissant les conditions de l’Article 60 (2). Le public a un niveau socio-économique très varié. Ces séances de formation tentent de questionner les différentes conceptions se cachant derrière les mots «prévention», «santé», «drogues», «toxicomanie».
Nous clarifions (si cela est encore possible actuellement!) les aspects législatifs liés aux drogues. De nombreuses questions émergent lors de ces séances: quels comportements adopter face à «un drogué»? Quelles sont les raisons qui poussent à consommer? Peut-on fumer un joint en rue? Le cannabis est-il dangereux pour la santé? Pourquoi laisse–t-on les jeunes «s’enivrer» dans les cafés? Comment «protéger» les mineurs? Doit-on tout interdire à nos enfants? Le but de la formation ici est de rassembler un groupe de personnes différentes autour de réflexions communes, de créer un espace de parole où chacun peut témoigner (ou non!) de son expérience ou de son point de vue. A chaque groupe, le contenu de la formation se teinte des centres d’intérêts et des origines culturelles propres aux participants. Ces formations sont aussi pour nous un moyen de nous enrichir des différentes pratiques de consommation et des mécanismes variés mis spontanément en œuvre dans des sociétés diverses.

L’accompagnement

Les accompagnements individuels
En ce qui concerne les accompagnements individuels et familiaux, nos objectifs visent une autonomie des personnes dans la gestion de leur questionnement par rapport à leurs consommations ou celles de quelqu’un de leur entourage (privé ou professionnel). Les objectifs particuliers sont moins structurés dans la mesure où chaque «demandeur individuel» ou chaque famille se présente avec une demande éminemment personnelle à laquelle nous devons nous adapter et non l’inverse.
Le cadre de référence théorique privilégié pour mener ces entretiens est inspiré de l’approche systémique, et, entre autres du modèle de thérapie brève de Palo Alto. Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de ce que l’on pourrait qualifier comme une approche «thérapeutique» mais bien d’une démarche d’éclaircissement, de dédramatisation, d’accompagnement…
Il s’agit, tenant compte des croyances et des valeurs des personnes qui «consultent», de faire émerger les «solutions» qu’ils privilégient. Ces entretiens ne visent pas un retour à l’abstinence mais bien de pouvoir «vivre le mieux possible» dans le contexte de vie qu’ils traversent.
Le public se compose pour moitié de parents et pour moitié d’usagers/ex-usagers.
Les demandes se répartissent comme suit:
Usages problématiques 79 %
Usages récréatifs 12 %
Usages réguliers 9 %
Et concernent principalement le cannabis (94%), l’ecstasy (3%) et la cocaïne (3%).
Des demandes plus importantes nous sont adressées, mais nous n’avons pas pu y répondre systématiquement par manque de personnel. Nous les réorientons vers d’autres services, dont principalement la permanence téléphonique d’Infor-Drogues.
Les accompagnements collectifs
Nos accompagnements collectifs répondent au questionnement qu’une institution nous adresse par rapport à un sujet qui suscite fréquemment peur et incompréhension. Ces accompagnements débutent par une analyse de la situation qui met l’accent sur les objectifs à long terme: la gestion d’une situation «problématique» et/ou le développement d’un projet mettant davantage l’accent sur des compétences et des ressources plutôt que sur les aspects négatifs. Il s’agit bien souvent de démarrer un projet propre à une institution.
Nous concevons notre rôle dans ce travail comme celui d’un ‘tiers’, révélateur et catalyseur en gardant en vue la question de l’autonomie et de la responsabilisation du public. L’originalité est ici de rassembler des personnes faisant partie d’une même organisation mais n’y occupant pas forcément la même place et/ou fonction. Par exemple, s’il s’agit d’une école, les membres du groupe peuvent être professeurs, parents, directeurs, membres du pouvoir organisateur, éducateurs, membres du personnel de cuisine… Bien souvent, le programme débute par une formation «à la carte» qui permet à chacun de se situer face à ses propres représentations mais qui donne aussi l’occasion au groupe de se construire un langage commun.
A la suite de cette formation, nous constatons souvent le désir de construire un groupe d’adultes relais, une «cellule assuétudes» et la mise en œuvre d’actions de prévention adaptées au contexte et situations particuliers de l’institution. Prospective Jeunesse accompagne l’institution lors des différentes étapes de son projet. Ce suivi dans le temps assure une cohérence dans les actions déterminée par les objectifs à long terme et permet de construire l’évaluation.
Comme c’est le cas dans tous nos axes de travail, les institutions demandeuses sont inscrites dans des secteurs tels que l’enseignement, l’insertion socioprofessionnelle, le travail de rue, l’aide à la jeunesse…
En guise d’illustration, l’équipe de Prospective Jeunesse a réalisé un projet d’accompagnement dans une école secondaire du Brabant wallon. Ce projet a débuté par une intervention lors d’une journée pédagogique en 2001, suivie d’une série de formations «à la carte» adressées aux enseignants, aux éducateurs et à la direction.
Par la suite et à la demande de l’école, deux séances de supervision en collaboration avec une AMO du quartier ont été utilisées pour consolider concrètement la ‘cellule assuétudes’ au sein de l’école. Il faut souligner que celle-ci est intervenue entre temps pour informer les élèves et recueillir leurs questions de manière anonyme.
Ce matériel très intéressant a été analysé avec notre aide. La mise en place de la ‘cellule assuétudes’ a également soulevé des questions pertinentes au sein du groupe mais aussi dans toute l’école: ne faut-il pas laisser plus de place à ‘l’informel’ en identifiant auprès des élèves une liste de professeurs-ressources, en faisant confiance au ‘travail de couloir’ plutôt qu’en créant un bureau avec des permanences éventuellement inaccessibles et stigmatisantes pour les élèves? N’est-il pas également utile de rédiger une charte éthique permettant au groupe «assuétudes» de communiquer sa philosophie? Cette charte clarifierait également la position de l’école sur les thèmes délicats de la confidentialité et des limites de l’intervention. Notons que chaque décision prise au sein de la cellule a été négociée avec la direction dont un représentant était présent lors de nos réunions.
En 2002, des supervisions ont été effectuées afin de clarifier les questions sensibles autour du rôle et des limites de la cellule. Comme dans chaque institution, des personnes quittent leur lieu de travail et de nouvelles l’investissent. L’année 2002 à donc été pour nous l’occasion de rencontrer d’autres personnes de cet établissement qui désiraient participer à une formation.
En 2003, le groupe «assuétudes» a identifié les professeurs-ressources auprès des élèves, des parents et de leurs collègues. Une charte concernant leurs positions et leur type d’intervention (ou non-intervention) a été distribuée et expliquée aux différents acteurs de l’école.

La communication

Les différentes missions de Prospective Jeunesse sont complémentaires et s’enrichissent mutuellement. Dès lors, elles permettent de se situer dans une approche complexe du phénomène et d’éviter par là même une approche linéaire et réductrice de type sécuritaire ou stigmatisant le consommateur comme malade et/ou délinquant.
Pour mener à bien ces actions et réflexions, il faut les situer dans une rencontre continue reliant les savoirs pratiques des différents acteurs et des repères théoriques. C’est pourquoi, dans le cadre de nos missions de prévention des assuétudes et des toxicomanies et d’étude des politiques et pratiques sociales en matière de jeunesse, nous mettons en avant une politique de diffusion, de communication et de publication .
Ce projet est une continuité des actions de Prospective Jeunesse qui, depuis ses débuts, favorise une politique d’édition et de diffusion d’outils à l’intention de son public.
Parallèlement, les publications par le biais d’articles, d’exposés lors de journées d’études, séminaires, colloques, ou via notre site internet, nous semblent constituer le complément et la suite logique à nos réflexions et axes de travail multiples.
«Les Cahiers de Prospective Jeunesse»
La conception de la prévention développée à Prospective Jeunesse se situe du côté de la promotion de la santé, de la citoyenneté responsable, aussi essayons-nous, dans les sujets abordés au sein de la revue, de dépasser le cadre strict de la toxicomanie.
Dans ce but, nous souhaitons ‘mettre ensemble’, au sein des dossiers, des pratiques, des réflexions, des approches de différents acteurs, services, institutions, tous ‘observatoires’ privilégiés et partenaires potentiels dans le cadre des approches de prévention et de promotion de la santé. Nous tentons de mettre en évidence la richesse et la diversité de ces réseaux et de montrer que les différents ‘lieux’ peuvent s’ouvrir, augmenter les interactions en prenant conscience des différents acteurs présents autour de leur public.
Après avoir abordé entre autres des thèmes tels que les pratiques judiciaires en matière de consommation de produits illicites, l’école et la prévention, l’exclusion, les drogues de synthèse, la dépénalisation du cannabis et autres psychotropes, la famille, le secret professionnel, le monde du travail et les psychotropes… la dernière édition des Cahiers consacre non pas un mais bien deux tomes à cette approche relativement récente, relativement controversée et relativement novatrice qu’est la réduction des risques (RdR). Ce dossier interroge la RdR et les valeurs qui la sous-tendent en donnant la parole à divers intervenants pour que chacun, de sa place et de là où il parle, s’exprime par rapport aux notions de «risques» (une société sans risque est-elle possible/souhaitable?), de «bien-être» (existe-t-il sous une seule forme vers laquelle les individus devraient tendre?) et de «prévention» (quand commence et quand s’arrête le rôle de l’acteur de prévention?).

Trois Cahiers récents sur les drogues

Cahier n° 27 – Drogues et réduction des risques – Tome 1 – 2e trimestre 2003

Drogues et prévention: pour une réduction des risques… de confusion, H.P. Ceusters
Y a-t-il une issue entre le risque zéro et la catastrophe?, M. Bantuelle
Limites et enjeux de la prévention participative, C. Van Huyck
Maximiser les risques?, J.P. Jacques
La récupération politique des stratégies de réduction des méfaits en contexte prohibitionniste, L. Beauchesne
Des Assises de la réduction des risques?, Maryse Degraen

Cahier n°28 – Drogues et réduction des risques – Tome 2 – 3e trimestre 2003

La réduction des risques: une forme de prévention comme les autres?, D. Kamiski
La réduction des risques, approche hygiéniste ou humaniste?, G. Van der Straten
L’échange de seringues à Charleroi: une expérience pratique de réduction des risques, L. Przylucki
Vers la diversification de l’offre d’aide et de soins, Alex Neybuch

Cahier n°30 – Contextes et consommations – 1er trimestre 2004

Consommer pour exister ? Comment, quels produits et au nom de quelles valeurs ? Image de soi, reconnaissance sociale, appartenance au groupe, inscription culturelle,… Faut-il avoir pour être ?
Que signifie pour les jeunes « bien » consommer ? Jeunes, consommation et initiation
Le rôle des médias, un produit pour chaque problème : hyper dépendance ou toute puissance/existence?
Peut-on encore parler de société de consommation ?
La sécurité, un nouvel objet de consommation ?
Consommation et espaces d’usages : entre abstinence et abus
Consommer, à quels risques ?
La position de l’éducateur, quel apprentissage des consommations ?
Consommation de psychotropes et contexte prohibitionniste : enlisement ou pragmatisme ?
Pour commander l’un ou l’autre Cahier paru, contactez Claire Haesaerts, Secrétaire de Rédaction à Prospective Jeunesse, tél: 02 512 17 66, fax: 02 513 24 02, courriel: claire.haesaerts@prospective-jeunesse.be). Le somaire de tous les Cahiers parus peut être consulté sur le site https://www.prospective-jeunesse.be

Autres publications
Outre «Les Cahiers…», nous étendons sans cesse les lieux, espaces de communication et de transfert de nos réflexions et pratiques vers l’extérieur. Il s’agit toujours d’informer et de sensibiliser un public sans cesse plus large et de partager des modèles d’action mais également de susciter débats et controverses.
A titre d’exemples, quelques ouvrages publiés ou auxquels nous avons collaboré:
L’ouvrage de Michel Rozensweig «Les drogues dans l’histoire entre remède et poison, archéologie d’un savoir oublié», qui retranscrit en l’approfondissant le contenu des modules de formation;
La brochure «assuétudes» réalisée par les élèves et professeurs de l’Institut Saint-Dominique de Schaerbeek (3e degré de l’enseignement général secondaire): ce document illustre l’intégration de la problématique des assuétudes dans une démarche éducative interdisciplinaire;
Le livre de Gilles Hacourt, «Ecstasy, pilules sans ordonnances, usage et usagers de nouvelles drogues de synthèse », réalisé dans le cadre d’une recherche financée par l’asbl Eurotox, qui décrit le monde peu ou mal connu des usagers des nouvelles drogues de synthèse (3).
Enfin, nous travaillons actuellement à la réalisation d’autres outils destinés aux relais, tels qu’une brochure concernant l’accueil des parents en milieu scolaire (niveau fondamental) issue du projet Relations Ecole-Famille mené dans le cadre d’une subvention du Fonds Houtman (prévention de la violence à l’école); ou encore les brochures de «réduction des risques» réalisées en collaboration avec Infor-Drogues, Modus Vivendi, Citadelle, Liaison Anti-prohibitionniste, Alfa…).
Internet
Internet est devenu un canal médiatique qu’on ne peut plus négliger. Grâce à notre site www.prospective-jeunesse.be, nous disposons aujourd’hui d’un espace destiné à présenter et à promouvoir nos services et publications, à mettre des informations à disposition d’un public toujours plus important.

Le centre de documentation

Dans un souci permanent d’actualisation et d’information, notre asbl dispose d’une bibliothèque spécialisée ouverte au public (généralement des étudiants, professionnels de l’éducation ou du social). Le centre de documentation est accessible trois jours par semaine, le lundi et mercredi de 14 à 16 heures et le vendredi de 10 à 12 heures ou sur rendez-vous avec notre documentaliste, Danielle Dombret . Les ouvrages rassemblés et «empruntables» concernent bien évidemment le domaine des toxicomanies vues tant sous l’angle «produit» que «personne» ou «contexte». D’autre part, le centre propose une documentation sur les thèmes connexes à la réflexion sur les consommations, tels l’adolescence, la prévention, la santé, l’école…
Enfin, des revues de presse sont réalisées tous les quinze jours sur base de la consultation de journaux et revues généralistes, elles réunissent des articles sur des questions comme la dépénalisation du cannabis, la toxicomanie et le sida…

En conclusion

Dans un souci d’efficacité et pour éviter tant que faire se peut les effets contre-productifs, nous nous adressons généralement à un public relais « volontaire ». Cela nous semble pertinent dans la mesure où la problématique des consommations et des assuétudes reste un sujet tabou suscitant pas mal de controverses et d’a priori. Si les méthodes d’approche et certaines questions sont transférables à l’ensemble des secteurs de la prévention et de la promotion de la santé, la pratique et notre expertise (de même que celles de nos partenaires) renforcent notre conviction que nous n’abordons pas un sujet anodin.
D’autre part ce «volontariat» nous apparaît comme un préalable nécessaire à la mise en place d’une démarche de prévention dans une optique de promotion de la santé.
Néanmoins, à l’instar d’autres acteurs du secteur, nous questionnons sans cesse la qualité de nos interventions et notamment l’appropriation des concepts et des méthodes par les relais de terrain. Actuellement, les interrogations qui retiennent notre attention et qui articuleront l’évaluation de notre programme sont entre autres les suivantes: nos interventions en milieu scolaire n’ont-elles pas parfois pour effet pervers de stigmatiser certains public jeunes? Comment augmenter notre visibilité auprès des relais potentiels sans pour autant susciter des demandes, qui, faute de temps et de moyens, ne pourraient être rencontrées? Afin d’être cohérent, comment augmenter notre action sur les «contextes» institutionnel, décisionnel, juridique, notamment à travers la sensibilisation des décideurs ou des politiques? Comment favoriser la diffusion des idées et méthodes à travers la «formation de formateurs»? Comment contribuer efficacement à l’«empowerment» des relais, mais aussi du public cible final par rapport aux consommations?
Autant de questions qui ne laisseront certainement pas indifférents les lecteurs d’ Education Santé et à propos desquelles nous serions heureux d’échanger…
Isabelle Boquet , Emmanuelle Caspers et Henri Patrick Ceusters pour Prospective Jeunesse
Adresse des auteurs: Prospective Jeunesse, rue Mercelis 27, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 512 17 66. Fax: 02 513 24 02. Site: https://www.prospective-jeunesse.be . Courriel: info@prospective-jeunesse.be
(1) C. OLIEVENSTEIN, médecin psychiatre connu pour ses travaux sur la toxicomanie, qui créa le Centre médical Marmottan à Paris en 1971. Ce centre, dont le travail est basé sur l’accueil, l’orientation et les soins aux toxicomanes a fait longtemps figure de référence en France.
(2) L’aide par la mise au travail constitue un type d’aide sociale permettant à terme aux personnes de réintégrer le circuit de la sécurité sociale. En effet, selon l’article 60, §7, de la loi organique du 8/7/1976 relative aux CPAS, ‘lorsqu’une personne doit justifier d’une période de travail pour obtenir le bénéfice complet de certaines allocations sociales, le centre public d’aide sociale prend toutes dispositions de nature à lui procurer un emploi. Le cas échéant, il fournit cette forme d’aide sociale en agissant lui-même comme employeur’.
(3) Voir l’article ‘Ecstasy, pilules sans ordonnance’ , n°175, décembre 2002.

L’obésité de l’enfant vue par un service PSE

Le 30 Déc 20

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Toutes les personnes qui ont été des enfants ronds ou gros se souviennent certainement avec amertume des douloureux passages à la visite médicale où l’infirmière semblait vociférer votre poids sous les regards indignés et railleurs des copains.
Le cliché des visites médicales impersonnelles et parfois indélicates a heureusement évolué: le personnel plus spécialisé, mieux formé, les années d’expériences et de remises en question nous ont appris à être plus discrets qu’il y a 30 ans et respectueux du vécu des enfants.

Rôle du service PSE

Notre premier rôle est avant tout le dépistage .
Nous sommes, avec l’ONE les premiers à pouvoir repérer une évolution pondérale anormale et évaluer les risques possibles surtout si d’autres anomalies de santé sont présentes en plus de l’excès de poids.
Nous sommes particulièrement attentifs à deux périodes critiques: dans la petite enfance lorsque l’enfant rentre à l’école gardienne, il maigrit normalement après avoir passé le stade du bébé dodu (voir grille d’indice de Quételet) et à la puberté (âge où les réserves de masse grasse emmagasinées pendant la croissance doivent être terminées).
Notre travail de dépistage et d’analyse ne peut être vraiment efficace qu’en collaboration avec l’ONE, l’école, le médecin traitant et la famille pour comprendre dans quel environnement l’enfant évolue.
Nous avons ensuite un rôle d’ éducation . Notre mission est d’informer et dans ce cas précis d’éduquer ou de rééduquer à la bonne alimentation, de promouvoir l’exercice physique et d’essayer entre autres de combattre les pièges de la publicité manipulatrice.

Dépistage de l’obésité à la visite médicale

Voici quelques constatations de nos services PSE.
Lors du bilan de santé, un enfant sur deux présente un petit problème de santé que nous signalons aux parents, un enfant sur 10 présente un problème plus important qui nécessite une visite chez le médecin ou le spécialiste.
Nous disposons de très peu de données épidémiologiques en Belgique. A notre modeste niveau de PSE libres du Brabant wallon, nous avons toujours tenu des statistiques relevant les anomalies de notre population scolaire dépistées à la visite médicale et nous avons créé en 1994 avec l’aide d’un informaticien un programme «maison» adapté à nos besoins.
Ce programme prévoit entre autres de relever toutes les anomalies de santé dépistées lors des bilans de santé.
Bien que personne en dehors de nos équipes ne se soit jamais intéressé à ces chiffres, nous persistons à vouloir faire ce relevé, car c’est un peu pour nous l’aboutissement et le reflet de l’utilité de notre travail et cela nous a toujours aidé à orienter notre action de promotion de la santé.
Ainsi, l’année scolaire dernière, sur 12.507 bilans de santé de nos services de Wavre et Nivelles, nous avons dépisté 7% d’enfants souffrant d’obésité importante.

Dépistage de l’obésité au cours de l’année scolaire 2002 – 2003

Section

Nombre visites médicales Nombre de cas d’obésité %
Maternelles 2691 45 1,7%
Primaires 4984 298 6%
Rénové 3179 238 8%
Technique 244 35 15%
Professionnel 644 124 20%
Sup. non univ. 484 72 15%
Spécial primaire 281 40 15%
Total 12507 852 7%

Source: PSE libres Nivelles et Wavre

Nous disposons de plusieurs moyens en médecine préventive pour déterminer un excès de poids:
– le type morphologique déterminé par le coup d’œil du médecin scolaire qui donne la première indication;
– les abaques qui calculent pour tous de façon très rapide les courbes de la taille selon l’âge et du poids selon la taille;
– la courbe d’indice de Quételet qui évalue l’évolution de la masse grasse.
Nous employons cette courbe pour les enfants souffrant d’excès de poids de façon à pouvoir comparer les grilles de visites en visites.
Notre attention est accrue lorsqu’en plus de l’excès de poids, l’enfant présente un autre problème de santé: hypertension, diabète…
Pour rappel, nous pesons et mesurons les enfants des écoles environ tous les deux ans depuis l’âge de 3 ans et les dossiers des services PSE suivent l’enfant durant toute sa scolarité même s’il change plusieurs fois d’école, quel qu’en soit le réseau et la région et même le pays, c’est une exigence de notre ministère. Malheureusement, il n’est pas encore prévu que le dossier ONE soit transmis au PSE.

Suivi des conseils

Les conseils que nous donnons aux enfants, le suivi que nous demandons aux parents via la fiche de liaison que nous leur remettons pour transmettre au médecin traitant sont rarement suivis.
La plupart des médecins ou spécialistes sont conscients du problème de leur patient, mais il semble que personne n’ait vraiment envie de s’y investir à long terme.
Voici un exemple de réponse du médecin à notre fiche de liaison: «Enfant pris en charge».
Lorsque nous interrogeons l’enfant sur la manière dont il est pris en charge, on nous répond invariablement: «Le docteur m’a dit de faire attention à ce que je mange!».
Ce genre de prise en charge est en effet souvent considéré comme peu gratifiant.
Le problème est souvent chronique, le traitement de l’obésité nécessite une prise en charge longue, pluridisciplinaire, qui représente une lourde charge financière et un aménagement compliqué de la gestion quotidienne du temps.
Même pour les personnes motivées, il y a peu d’endroits où cette prise en charge est possible, par exemple pour les personnes habitant à la campagne, où dans des villes qui ne prévoient rien pour ce genre de problème: au PSE de Wavre, nous pouvons renseigner «Les Clairs Vallons» à Louvain-La-Neuve, au PSE de Nivelles, nous pouvons renseigner le service «Les Petits Pois» de la clinique de Nivelles, mais pour les régions de Jodoigne, Perwez, Tubize, Braine L’Alleud et Waterloo, il n’existe rien à notre connaissance.
Sans oublier aussi l’agressivité des parents de l’enfant qui se sentent souvent culpabilisés et jugés parce que nous mettons le doigt sur un problème délicat qu’on préférerait souvent ne pas soulever.
Je citerai quelques exemples de remarques que les parents nous font parvenir avant le passage au PSE: «Veuillez ne pas peser mon enfant», «Veuillez ne pas prononcer son poids», «Veuillez ne pas faire de remarques à mon enfant sur son excès de poids », «Obésité familiale, il n’y a rien à faire», «Mon enfant est devenu anorexique après une remarque à la visite médicale», «Mon enfant est bien suivi, il ne se présentera pas à la visite médicale»…

Que pensent les enseignants de ce problème à l’école?

L’avis est presque général: les parents ont peu de temps à consacrer à leurs enfants.
Les deux parents travaillent souvent, beaucoup de familles sont monoparentales, ce qui entraîne souvent faute de temps et d’aide une manière de s’alimenter très rapide: plats achetés préparés, hamburgers, pizzas, frites le soir et, pour le midi, il est plus simple de donner quelques euros pour acheter un sandwich à la mayonnaise que de préparer un pique-nique équilibré.
Les mauvaises habitudes alimentaires sont aussi invoquées: beaucoup d’élèves ne prennent pas de petit déjeuner, et préfèrent sodas et sucreries aux fruits et légumes.
Les enfants se sont habitués à avoir tout tout de suite, ils ne supportent plus les frustrations, ils manquent souvent de maturité, sont aussi surprotégés et les parents leur donnent souvent tous les droits.
La publicité, les médias sont également cités par les enseignants.
Les jeunes sont les cibles rêvées de stratégies de marketing qui ont pour but d’orienter la consommation. On en vient tout naturellement à incriminer la télévision et les jeux vidéo qui rendent les enfants de moins en moins actifs physiquement, de plus en plus passifs intellectuellement et remplacent souvent le dialogue.
C’est en plus le domaine privilégié du grignotage (voir schéma de la pyramide). Les médias ont cet autre travers du culte de la minceur qui renvoie une image inconfortable au jeune souffrant d’excès de poids.
Il ne faut pas non plus passer sous silence le vécu inconfortable de l’enfant gros parmi ses condisciples: victime de moqueries, il est taxé de paresseux, laid, idiot, maladroit et est souvent mis à l’écart.

Comment pouvons-nous intervenir?

L’excès de poids est toujours abordé en médecine préventive par la fiche de liaison avec le médecin traitant.
Lorsqu’une obésité est détectée à l’examen, nous avertissons les parents et joignons au résultat de l’examen une lettre avec talon-réponse adressée au médecin de famille ou à l’endocrinologue si le problème nous semble plus grave.
Pour les parents, nous joignons également des conseils alimentaires et une fiche explicative de la maladie «obésité» ceci afin d’éviter un effet opposé à celui recherché.
En cas d’obésité sévère ou aggravée, nous prenons contact avec les parents. Notre intervention vis-à-vis du jeune lui-même, de ses parents, de l’école s’articule selon 4 axes:

Education à de bonnes habitudes alimentaires

Lors de l’entretien individuel avec l’élève, nous insistons surtout sur l’effet néfaste d’abus de boissons gazeuses et sucrées, des fast-foods, des chips, frites, barres chocolatées, etc. et sur l’importance de boire beaucoup d’eau, de manger plusieurs fruits et légumes chaque jour, de prendre 3 repas complets par jour et un goûter.

Promotion de l’exercice physique

Nous insistons aussi sur l’importance de l’exercice physique: marcher, aller à pied à l’école, faire du vélo, du roller, aller promener le chien, jouer simplement, ne pas être trop «scotché» à la télévision.
Nous avons édité un dossier et des fiches sur le sport, organisé différents concours dans les écoles et participons à des projets d’école qui mettent en valeur l’exercice physique.

Restauration de l’estime de soi

Les enfants sont pris seuls dans le local de l’infirmière dès la 4e primaire.
Les avantages, outre le fait que seul l’enfant prend connaissance de son poids et de sa taille, c’est le contact individuel qui permet un échange éducatif en matière d’alimentation.
Nous essayons de donner une vision positive de la santé, plus qu’obéir aux conseils des adultes, nous essayons que le jeune trouve lui-même son autonomie, qu’il donne lui-même un sens à ses choix, qu’il arrive à se respecter lui-même.
Il n’est nullement question de culpabiliser l’enfant ou de lui donner une image négative de lui-même.
Ce contact est malheureusement bref, l’infirmière a en effet peu de temps pour réaliser cet échange (le ministère prévoit 8 bilans de santé à l’heure) et ne peut se continuer qu’en signalant à l’élève qu’il peut, s’il le souhaite, reprendre contact avec nous ou en envoyant l’élève au PMS.
Mais le malaise de ces enfants se remarque toujours. En effet, les enfants plus gros retardent le moment de la pesée et s’arrangent toujours pour se présenter les derniers à l’examen.
Ce moment du bilan de santé où l’infirmière ou le médecin scolaire aborde le problème de l’excès de poids est souvent vécu par l’élève comme une agression: nous essayons de l’aborder en disant par exemple: «Ton poids te pose-t-il problème?».
Si la réponse est oui, le dialogue est ouvert, si la réponse est non, on peut alors aborder les dangers d’un surpoids sur la santé.
Ce que nous faisions également et que nous avons abandonné, ce sont les examens sélectifs pour cause d’excès de poids.
L’intérêt de cet examen était de vérifier la courbe de poids chaque année pour définir l’aggravation ou l’amélioration, mais nous nous sommes aperçus que cela ne faisait qu’accentuer la souffrance et la marginalisation de ces enfants; nous prenons à présent plus volontiers contact avec les parents.
Il y a aussi les nombreux jeunes qui spontanément en rentrant dans le local demandent de ne pas dire ou de ne pas connaître leur poids, il y a ceux qui racontent la multitude de régimes auxquels ils se sont déjà soumis, ceux qui disent que tout le monde est gros dans la famille, ceux qui demandent des adresses de cliniques ou centres traitant l’obésité.

Promotion de la santé à l’école

Pour essayer d’enrayer cette maladie devenue presque épidémique, diverses actions, grandes ou petites, ont été menées par nos services PSE.
Des exemples: tenue de stands «apéro santé» lors de fancy-fairs, semaines de la santé dans beaucoup d’écoles avec une place importante pour le «dix heures», différents concours avec remises de diplômes des «bonnes collations», des concours sur la réorientation des boutiques scolaires avec l’aide du journal «Vers l’Avenir», des actions «petits déjeuners sains» avec les élèves en plusieurs modules théoriques et pratiques.
Pour les actions auprès des élèves plus jeunes nous invitons les parents et même les grands-parents à participer, nous avons des échanges avec le gérant de la boutique scolaire ou avec le responsable de la cuisine. Il y a aussi des essais de vente de yaourts et fruits frais lors des récréations, des tentatives auprès des pouvoirs organisateurs d’écoles pour multiplier les points d’eau ou aménager des fontaines, le développement du sens critique face aux médias publicitaires dans le domaine de l’alimentation…
Nous avons aussi édité différents dossiers sur l’importance de l’exercice physique et sur la bonne alimentation. Nous avons créé pour le journal scolaire toute une série de tracts santé.
Nous nous formons également à différents outils destinés à améliorer l’estime de soi: le DECE (dispositif d’expression collective des enfants), SANCORRES (santé, corps, respect), Clefs pour l’adolescence… Nous espérons dans l’avenir pouvoir disposer de moyens suffisants pour mettre ces programmes en pratique.

En conclusion

La médecine scolaire n’est résolument pas prête à passer sous silence les constatations d’excès de poids lors du bilan de santé même si nous savons que cette déclaration aux parents ne nous rend pas toujours très populaires.
Elle estime être son devoir de le signaler aux enfants et à leurs parents en s’interrogeant sans cesse sur la manière la plus adéquate de faire passer le message.
Passés le moment de gêne, de mécontentement ou de vexation, une prise de conscience apparaît souvent et porte parfois ses fruits. Nous sommes régulièrement l’élément déclencheur de cette prise de conscience. Notre rôle à ce moment peut être une assistance à la famille pour aménager la mise en route de la prise en charge.
Jacqueline Valange , Assistante sociale, Directrice des PSE libres du Brabant Wallon.
Adresse de l’auteur: PSE libre de Wavre, Montagne d’Aisemont 119, 1300 Wavre.

Ouvrages de référence

«L’enfant et l’obésité», W. Burniat – A. Callens – C. Van Aelst – A. Verstraete, Traces de doigts – Rue des Chartreux, 19 bte35, 1000 Bruxelles
«L’excès de poids ne pèse pas que sur votre esthétique», Fondation Hodie Vivere pour l’étude et la prévention des maladies de civilisation
«A l’école d’une alimentation saine», Coordination Education/Santé, rue de la Rhétorique 19, 1060 Bruxelles
«L’école Ensantée», André Lufin, Croix-Rouge de Belgique
«L’alimentation – document de travail destiné à l’enseignant», CRIOC
«Si manger m’était animé», Service Social Maison Médicale Norman Bethune, rue Piers 68, 1080 Bruxelles
«La santé et le bien-être des jeunes d’âge scolaire – Quoi de neuf depuis 1994? » ULB – PROMES, 2003

Un instinct de survie?

Le 30 Déc 20

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S’il est un domaine où les mentalités évoluent, c’est bien celui de l’obésité. Récemment reconnue comme une maladie, sa dimension psychologique est peu à peu prise en compte.
Le discours tenu encore aujourd’hui, jusque dans le corps médical, consiste à fustiger les obèses, à les culpabiliser de manger trop et à les accuser de ne pas être capables de corriger leurs mauvaises habitudes alimentaires.
Heureusement, une dimension essentielle de l’obésité commence à être reconnue: la dimension psychologique, très pesante, sans mauvais jeu de mots, sur les obèses. Elle est présente tant dans le processus de prise de poids que dans le vécu de l’obésité au quotidien et même après la perte de poids.
Comme l’explique Elda Guzmàn , psychologue à la Clinique des Clairs Vallons, un centre médical pédiatrique brabançon qui prend en charge les enfants obèses, la nourriture revêt un caractère symbolique fort de plaisir: « Beaucoup de gens considèrent qu’un enfant qui mange beaucoup est un enfant heureux , comblé . Ces personnes ne veulent donc pas revoir cette valeur et manger moins . De plus , elles refusent tout changement qui pourrait diminuer ce plaisir , comme une alimentation plus équilibrée
Chacun sait que les enfants veulent d’abord satisfaire leur plaisir, notamment par la nourriture: les sucreries donnent plus de plaisir que les légumes, hélas… « Donc les parents doivent mettre des barrières , frustrer . Or , si les parents trouvent triste de dire non , l’enfant va vivre mal toute frustration . Il n’aura pas de limites et croira qu’il peut avoir tout ce dont il a envie , sans se poser de questions . Aussi , notre travail consiste à lui faire comprendre qu’il doit aussi penser à l’avenir et aux conséquences . De même , nous prouvons aux parents que c’est positif pour l’enfant de ne pas recevoir tout ce qu’il veut
Autre élément qui revient, la démission de certains parents face aux caprices de leurs enfants: « Les parents craquent de plus en plus . Nous sommes dans une période de grands chamboulements : travail des deux parents , stress , tiraillements , fatigue Souvent nous voyons des parents dépassés parce qu’ils ont mal commencé l’éducation de leur enfant , sont trop fatigués pour affronter ses cris et ses pleurs face à un refus , finissent par céder et laissent l’enfant devenir un enfant roi qui n’accepte pas que la vie soit aussi faite de frustrations . Ensuite , ces enfants ne veulent pas grandir et deviennent des adolescents qui restent dans ce schéma plus « enfant » de la satisfaction du plaisir immédiat , notamment par la nourriture

Gaver l’enfant pour combler le manque des parents

Le rôle des parents peut aussi être beaucoup plus insidieux. « Je vois parfois des parents qui donnent à leur enfant des sucreries , des gaufres à longueur de journée . Il faut dès lors se poser la question de savoir pourquoi ils sont contents de voir leur enfant manger en permanence . Donc s’interroger sur leur propre fragilité en tant qu’adultes . Beaucoup de parents d’enfants obèses ou en surpoids , et surtout des mamans , vivent avec une grande anxiété , voire dépression face à une réalité difficile ou des traumatismes très importants . Il s’agit de parents qui n’ont pas affronté leur fragilité , la cachent mais s’écroulent parfois devant leurs enfants ; ceux là attendent inconsciemment beaucoup de l’enfant , qu’il porte avec eux leur tristesse . Dans des cas de grande obésité , je constate souvent que les parents traînent derrière eux un passé très lourd , avec des deuils qui n’ont pas été faits , des chagrins très importants auxquels ils ne font pas face , contre lesquels ils luttent , et l’enfant prend trop de place comme consolateur
C’est le cas aussi des parents qui ne voient de raison de vivre que dans leurs enfants. « Certains vont laisser passer , implicitement , vers l’enfant des messages contradictoires , comme tu dois maigrir , mais tu ne peux pas me blesser en refusant de manger ce que je te prépare avec amour’ , ou tu dois grandir , mais surtout ne me quitte pas , je pourrais déprimer’ . Les parents vont donc donner à leur enfant un rôle qui n’est pas le sien , il peut même devenir leur confident . C’est l’enfant pris en otage ou l’enfant bouclier

S’autonomiser, pour se détacher

Les enfants sont des êtres à part entière et progressivement, ils doivent acquérir leur autonomie par l’éducation. Or, de telles attitudes des parents compromettent ce processus et l’enfant joue un rôle trop lourd dans la famille et se demande souvent ce qui arriverait s’il n’était pas là…
Ce refus des parents de voir les enfants leur échapper peut prendre deux formes opposées: « soit c’est l’hyperprotection , avec un enfant qui ne peut rien expérimenter , se sent bon à rien ; soit c’est la négligence , l’enfant s’occupant seul , se nourrissant seul , regardant la TV de longues heures , et qui va perdre confiance en lui , croyant qu’il ne mérite pas l’intérêt de ses parents . Dans les deux cas , ces enfants ne sont pas aidés à vivre des expériences , à être curieux et prendre confiance
Face à ce manque de confiance, l’enfant aura donc tendance à rester dans un schéma qu’il connaît, parce qu’il s’y sent sécurisé. Il va éviter les activités à l’extérieur et les parents ne vont pas l’y encourager, le laissant dans un monde d’enfant avec ses avantages. « L’enfant va régresser , ne va pas trop se tracasser , va éviter les conflits de relations puisqu’il n’a pas de relations sociales , ne va pas risquer d’être mauvais en musique ou en sport puisqu’il ne pratique pas . Bref , il ne va plus rien investir , et les parents non plus . Il va trouver un réconfort dans le fait de rester un éternel enfant avec moins de tensions liées au monde de l’adulte ou de l’adolescent , avec la sexualisation , les chagrins d’amour . Il postpose , évite , s’amuse avec des plaisirs très immédiats , en masquant au fond de lui même une grande insécurité , une grande souffrance
L’enfant obèse trouve les plaisirs immédiats dans la nourriture. Certains, nous confie Elda Guzmàn, avouent que le fait de manger beaucoup, à un moment donné, les coupe de tout: ils ne pensent plus à la souffrance de leur mère, se sentent apaisés. Leurs kilos en trop sont comme un rempart qui les protège de tout.

Altruisme et auto

violence

Dans des familles où l’autonomie est refusée aux enfants ou dans lesquelles ils sont impliqués dans un rôle qui n’est pas le leur, des frères et sœurs peuvent réagir différemment. Certains vont rejeter cette famille, d’autres se prouver leur valeur par exemple en brillant en classe. Et puis il y a ceux qui vont se consoler par la nourriture. Alors peut-on prévoir l’attitude d’un enfant? Probablement pas, mais les spécialistes ont constaté des traits de caractère récurrents chez les enfants obèses: « Je constate qu’ils pensent beaucoup à l’autre , sont très généreux . Même en famille , ils subissent , s’occupent des autres , les font rire . Ce qui est frappant aussi , c’est qu’ils ne cherchent pas à identifier leurs affects , leurs idées , leurs émotions , leurs opinions . C’est donc difficile pour eux de s’occuper d’eux mêmes . De plus , ils ont souvent une estime très basse d’eux mêmes .
Je me souviens d’un enfant qui me disait que lorsqu’il mangeait, il se remplissait comme un sac poubelle. Dans sa logique, pourquoi s’occuper de son corps? Son corps ne vaut pas grand chose, donc il ne vaut pas grand chose… Ce sont aussi des enfants très peu agressifs vers l’extérieur. Pourtant, nous avons tous une agressivité, parfois, à exprimer… Toute la tension, la colère qu’ils ressentent et ne sortent pas, ils vont les calmer en mangeant. Donc, inconsciemment, ils la retournent contre eux. Et puis ils se dénigrent, pensent qu’ils ne valent rien. C’est le cercle vicieux: ils se remplissent encore plus parce qu’ils craquent.»

Choisir le moment pour maigrir

L’aspect psychologique va aussi jouer au moment de chercher une solution pour perdre ce poids qui peut faire si mal. Et l’enfant a besoin de beaucoup d’aide… « C’est difficile de se faire du mal : un régime , même s’il ne prône pas les restrictions drastiques , est une grande frustration . Il faut être dans un état psychologique optimal pour être courageux . Pour peu qu’il soit fatigué physiquement ou émotionnellement , l’enfant éprouvera beaucoup de difficulté . Aussi , avant de se lancer dans un régime alimentaire , il doit d’abord trouver d’autres sources de plaisir , s’y investir pour augmenter sa confiance en lui , établir des relations avec les autres , se donner des chances de se sentir mieux dans sa peau , être plus en paix au niveau de ses émotions , s’apprécier un peu plus lui même et se dire maintenant je suis plus fort et j’y vais doucement’ . Les parents doivent l’y aider en le poussant à se socialiser , à pratiquer des activités pour lesquelles il a des aptitudes , à lui laisser un espace individuel où il arrive à avoir une relation positive avec les autres . Quand il aura plus confiance en lui , il sera capable d’entamer un régime pour perdre du poids
Parallèlement, les parents doivent accepter de changer le mode de fonctionnement de la famille. Malheureusement, bon nombre d’entre eux considèrent encore que l’obésité de leur enfant est son problème personnel et qu’il doit s’en sortir seul. « Je suis régulièrement confrontée à un rejet des parents qui n’ont pas envie de remettre en question leur façon de manger à la maison ou leur manière de considérer l’enfant . Or , s’ils ne veulent pas revoir leur attitude , l’enfant qui a perdu du poids ici risque d’en reprendre dès son retour à la maison

Perdre une carapace protectrice

Si l’enfant parvient à maigrir, curieusement, il n’en sera pas nécessairement plus heureux… Car les kilos en trop peuvent constituer un rempart contre les sentiments de frustration, de tristesse, d’angoisse. Et perdre ce rempart, c’est être plus fragile. « Les enfants qui commencent à perdre du poids me parlent de l’instabilité que cela provoque , parce qu’ils perdent leurs défenses », confirme Elda Guzmàn. « Ensuite , quand le corps perd de nombreux kilos , il n’est pas nécessairement plus beau . Ces enfants doivent donc gérer la frustration de ne pas atteindre le corps idéal qu’ils imaginaient . Enfin , ils peuvent devenir différents en famille , manger moins , ce qui provoquera des changements dans la relation parents enfant , voire provoquer des conflits .
Certains parents avouent en effet avoir du mal à accepter que leur enfant refuse d’être resservi. L’enfant qui perd du poids va aussi commencer à attirer les regards. Du coup, il va prendre plus d’autonomie, va commencer à sortir plus, et les parents vont peut-être ne pas aimer. Ils vont voir que leur enfant, en étant plus autonome, non seulement leur échappe, mais qu’il apporte un peu plus de problèmes, avec les flirts, les sorties, etc. Voyant toutes les tensions que ces changements peuvent induire, l’enfant peut être bloqué dans son évolution.»
Curieusement, les enfants obèses ont une relation très paradoxale avec la nourriture: ils l’aiment parce qu’elle leur fait du bien, leur donne un sentiment de protection, et en même temps ils la détestent car elle induit un sentiment de culpabilité très fort. Faut-il dès lors réconcilier les jeunes avec la nourriture?
«Il est vrai que je vois des enfants qui ne goûtent pas ce qu’ils mangent: ils mâchent à peine et avalent sans apprécier le goût. Je crois effectivement qu’il faut les réconcilier avec la nourriture et le plaisir qu’elle peut leur procurer. Mais d’abord, il faut les déculpabiliser, les aider à comprendre pourquoi ils mangent autant. Les enfants sont accusés d’être incapables de se contrôler, ils subissent une pression énorme de l’entourage, ils se méprisent. Il s’agit donc de leur donner une lecture plus simple sur ce qui les pousse à manger autant, de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas responsables de quelque chose qui s’est construit autour d’eux.»
Pour conclure, Elda Guzmàn explique: « L’obésité n’est pas une réalité dépourvue de sens , elle représente une tentative d’adaptation du jeune à une situation relationnelle complexe . Elle va donc l’aider à maintenir l’équilibre familial ( en rassurant la mère sur le fait qu’elle est une bonne mère , en rassemblant le couple , en détournant l’attention des sources de tension …) et individuel par l’acte de manger
L’obésité peut dès lors être considérée comme un moyen de survie de l’enfant, face à une situation qu’il ne peut changer seul. Qui dira encore que les gros sont gros parce qu’ils le veulent?
Carine Maillard

L’obésité chez les jeunes: il y a urgence

Le 30 Déc 20

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Le 9 mars dernier, au Waux Hall de Nivelles, avait lieu une conférence intermutualiste (Mutualité chrétienne – Mutualité socialiste) consacrée à l’obésité chez jeunes. Et il est vrai que les synergies sont à présent indispensables tant le problème est à prendre à bras le corps. C’est ce qui a poussé les deux mutualités a prendre cette initiative suivie par près de 300 personnes.
Après le mot d’accueil de M. Cheniaux , Secrétaire général des Mutualités socialistes du Brabant wallon, le Dr Myriam Vandeweyer , pédiatre, et Mme Bolterys , diététicienne, ont précisé l’ampleur du problème: la prévalence de l’obésité est en constante augmentation, elle a été multipliée par 4 ou 5 depuis les années 60. Chez nous, le chiffre de 16% d’enfants obèses est maintenant avancé. Ce constat est alarmant d’autant que les traitements actuels n’ont que peu de résultats et que l’obésité chez l’enfant peut entraîner de graves complications à l’âge adulte. Il convient donc de privilégier la prévention par le recours à une alimentation équilibrée. A cet égard, un outil de sensibilisation est maintenant largement répandu: la fameuse pyramide alimentaire.

La prévention à l’école…

Un des lieux de prévention de l’obésité est le milieu scolaire. C’est ce qu’a expliqué Mme Houioux , du Cabinet de la Ministre Maréchal en présentant le projet des “Motivés” développé au niveau de la Communauté francaise. Cette campagne de sensibilisation tourne autour de trois axes: l’alimentation (prendre 4 repas par jour), l’activité physique (se dérouiller les jambes toutes les deux heures) et le sommeil (dormir 10h par nuit).
Comme l’a précisé également Mme Valange directrice des PSE libres du Brabant wallon, la prévention, qui est une des missions fondamentales des Services de Promotion de la santé à l’Ecole, est primordiale. Ainsi, avec l’ONE, ce sont les PSE qui, grâce à leur dépistage lors des visites médicales, peuvent repérer une évolution pondérale anormale et informer les parents et le médecin traitant. Au delà du dépistage, les PSE ont aussi une mission éducative au sein des écoles (voir le texte de son intervention).

… et au sein de la famille

Si l’école est un lieu important pour prévenir l’obésité, le cercle familial n’est pas à négliger. C’est ce que prônait Mme Chauvaux . En effet, il ne faudrait pas oublier le rôle important des parents en matière d’éducation et d’habitudes nutritionnelles. Un petit déjeuner correct évite la fringale à 10h, si l’enfant mange à la cantine de l’école il est inutile de lui donner à nouveau un repas complet le soir, etc.
Enfin, l’exposé de Mme Guzman , abordant plus spécifiquement l’aspect psychologique de l’obésité, fut particulièrement remarqué (voir l’article de Carine Maillard dans ce numéro).
Comme l’a souligné M. Detienne , directeur régional de la Mutualité chrétienne du Brabant wallon, s’il est important de sensibiliser les parents et les enseignants à leur rôle d’éducateur, il est aussi primordial de développer les initiatives convergentes, comme cette soirée, qui peuvent réellement mobiliser autour d’une thématique aussi vitale. Les deux mutualités n’en resteront évidemment pas là: d’autres initiatives seront prises prochainement.
Eric Jauniaux , Infor Santé Mutualité chrétienne du Brabant wallon

La place du médecin généraliste dans la prévention des accidents domestiques chez les jeunes enfants

Le 30 Déc 20

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Quelques points de repère

En Belgique, les accidents sont la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 15 ans (1) . De ce point de vue, la situation est comparable avec celle des autres pays industrialisés. En 1997, pour l’ensemble de nos Régions et Communautés, le pourcentage de décès par accidents non liés au transport était de 26% chez les enfants entre 1 et 4 ans, 19% chez les enfants de 5 à 9 ans et de 10% chez les enfants de 10 à 14 ans (2) .
Les accidents mortels chez les bébés sont surtout dus aux suffocations (entre des barreaux, par une cordelette, par inhalation d’objet ou par enfouissement sous les couvertures). Chez les enfants de 1 à 4 ans, 1/3 des décès est dû aux noyades et le reste aux incendies, à l’inhalation d’objets, aux intoxications et aux chutes. Au-delà de 5 ans, les noyades comptent pour la moitié des décès, l’autre moitié concerne les chutes et les incendies (3) .
Selon l’enquête nationale de santé 2001, 10% des enfants de moins de 14 ans ont été victimes d’un accident dans les 12 mois qui précèdent l’interview (4) .
En 1996, les 136 médecins vigies ont enregistré 3 039 cas d’accidents domestiques pour une population estimée à 141 086 habitants (5) . Selon ces données, l’incidence annuelle des accidents domestiques nécessitant l’intervention du médecin généraliste a été estimée à 2,2 par an (2.194/100.000 habitants), c’est-à-dire 220.000 personnes pour l’ensemble de la Belgique, par an, dont 45.353 enfants de moins de 14 ans.
Chez les enfants, la nature des accidents était:
autres intoxications, étouffement,
noyade, électrocution)

Chute 42
Coup, frappement, collision 21
Glissement et trébuchage 16
Pénétration corps étranger 12
Brûlure 3
Autres (intoxication au CO,
6

Qu’en pensent les médecins généralistes

?
Une enquête menée en 2001 auprès des médecins généralistes et des pédiatres en Communauté française (6) a montré combien les praticiens de première ligne sont fortement impliqués dans la prise en charge des traumatismes. C’est surtout à cette occasion qu’ils donnent les conseils préventifs, question d’opportunité. En dehors de ces occasions, les médecins généralistes et les pédiatres n’ont pas l’habitude de faire des démarches proactives systématiques vis-à-vis des parents pour la prévention des accidents domestiques. Ils estiment manquer de temps, manquer de connaissance des techniques de prévention efficaces dans ce domaine et manquer d’outils qui leur permettent d’appuyer leurs conseils aux parents. Ceci dit, les médecins estiment quasi tous qu’ils ont un rôle à jouer dans la prévention des traumatismes. Ils font des propositions très concrètes de formation et d’information qui leur seraient destinées aussi bien qu’à leurs patients.

Comprendre la prévention des traumatismes

(7)

Cadre

Au terme d’accident, on préfère celui de traumatisme ou de blessure. Ces termes mettent l’accent sur les atteintes corporelles ou psychologiques et ils englobent l’événement et ses conséquences. Au contraire du terme accident, le terme traumatisme permet une recherche non fataliste de solutions.
Pour mieux comprendre les possibilités de prévention d’un type de traumatisme, on utilise en général la matrice de Haddon. une application aux traumatismes du modèle épidémiologique des maladies transmissibles. Elle conçoit la relation agent – hôte en trois temps (pré-événement, événement et post-événement) et trois groupes de facteurs (l’hôte, le vecteur et/ou le véhicule et l’environnement physique et/ou socio-économique).

Matrice de Haddon: exemples de facteurs

Phases Hôte (homme) Vecteur (véhicule) Envir. physique Envir. socio-écon.
Pré-évènement alcool Phares défectueux météo Installation bricolée
Evènement Maladie chronique Surface anguleuse Matériaux inflammables Coût protections
Post-évènement Type de lésion Rapidité SAMU Accessibilité soins

Evidence scientifique

La prévention des traumatismes fait l’objet de recherches, de publications et de recommandations basées sur des principes d’évidence scientifique. Ainsi, selon les recommandations du Guide canadien de médecine clinique préventive (8) , les actions qui ont un niveau de preuve suffisant (recommandation A) pour pouvoir être menées de façon systématique en pratique quotidienne sont:
-la connaissance du numéro de téléphone du centre antipoison;
-l’identification des sources de danger à la maison afin de prévenir les chutes et les brûlures;
-le «counselling» au sujet des chutes et des brûlures à la maison;
-la promotion de l’installation de matériel de protection à la maison: garde-corps aux fenêtres et barrières aux escaliers;
-la suppression des trotteurs;
-la promotion du détecteur de fumée, des vêtements de nuit ininflammables et des couvertures anti-feu (pour friteuses);
– les conseils aux parents de ne jamais laisser un enfant seul dans sa baignoire;
– l’abaissement de la température de l’eau chaude sanitaire en dessous de 50°;
-et quand l’enfant est plus grand, le conseil du port du casque à vélo.

Quelles préventions

?
La prévention des traumatismes peut se développer de manière passive et de manière active.
En prévention passive, on parlera de promotion des mesures de protection et renforcement de la législation et de protections. Par exemple, limitation de la température des chauffe-eau, port du casque obligatoire, pistes cyclables, barrières aux escaliers et aux fenêtres.
En prévention active, on parlera d’éducation individuelle et collective: changement de comportement, amélioration de la vigilance des parents, prise de conscience des risques.
Les stratégies actives et passives peuvent être combinées dans une approche qui ne se fonde pas uniquement sur les relations linéaires de cause à effet, mais qui repose sur une approche systémique, impliquant différents niveaux de prévention et différents professionnels de santé ou du secteur social.
La prévention passive prend une place de plus en plus importante dans les programmes. En effet, les stratégies de prévention passive qui utilisent des mesures universelles de réduction des traumatismes se sont révélées plus efficaces pour réduire l’écart entre les groupes sociaux que les stratégies visant spécifiquement les groupes à risque (9) .
Dans les programmes «Communauté sûre» en France, en Belgique et au Québec, des trousses contenant du matériel de sécurité domestique – de prévention passive – ont été déposées dans les familles. Là où ces trousses ont été déposées, il a été prouvé que le comportement sécuritaire des parents était renforcé de manière plus importante que là où on n’avait délivré que des conseils (prévention active).

Qu’en pensent les parents

?
Lors d’une enquête menée dans 14 pays européens, en 2001 (10) , 95% des parents européens signalent qu’ils prennent personnellement des mesures pour éviter les traumatismes accidentels chez leurs enfants. En matière de sécurité, la crainte majeure des parents est que leur enfant soit renversé par une voiture. Les parents signalent aussi leurs difficultés de surveiller les enfants en permanence.
Les parents ont une demande très forte pour que les produits destinés aux enfants soient conçus en tenant compte de la sécurité et que les produits qui peuvent prévenir les traumatismes chez les enfants soient bon marché pour que tout le monde puisse les acheter. Les trois quarts des parents sont d’accord pour dire que la plupart des accidents d’enfants peuvent être évités.

L’action du médecin généraliste

Une collaboration avec la SSMG a été mise en place en ce début 2003 pour mettre au point une démarche faisable par le généraliste lors de ses consultations et de ses visites à domicile. Le médecin généraliste bénéficie d’un crédit tout à fait particulier auprès de la majorité de la population et ses démarches proactives systématiques de prévention sont appréciées par les patients (11,12) . Des démarches préventives ont été mises au point par la SSMG sur d’autres thèmes prioritaires et une pédagogie qui prend en compte les difficultés de la prévention est utilisée régulièrement en formation continue.

Objectifs

En attendant l’aboutissement de ce travail de concertation, certains éléments de la démarche peuvent être précisés. Concernant les objectifs de la prévention des accidents domestiques, par exemple, l’ONE les définit pour les consultations médicales comme suit (13) :
-améliorer la connaissance des parents par rapport au développement psychomoteur de leur(s) enfant(s) et aux risques liés à chaque âge et à chaque stade de développement;
-améliorer les connaissances des parents par rapport aux mesures préventives efficaces;
-rendre accessibles aux parents les moyens utiles au renforcement de la sécurité de l’environnement de l’enfant;
-favoriser chez les parents et les enfants l’acquisition des capacités nécessaires à la gestion des situations à risque.

Stratégie

Lors de ses consultations et surtout de ses visites, le médecin généraliste qui désire prévenir efficacement les accidents domestiques des jeunes enfants peut intervenir auprès des parents:
– en donnant des conseils ciblés en fonction de l’âge de (des) l’enfant(s);
– en faisant la promotion du matériel de prévention passive;
– en identifiant les risques spécifiques dans la famille.
Le fait de cibler les messages en fonction de l’âge, du matériel essentiel de prévention passive et d’une liste de risques spécifiques à la famille permet d’agir rapidement et de manière progressivement intégrée à l’ensemble des visites et des consultations.
Donner des conseils systématiques, ciblés
Le médecin généraliste peut donner des conseils généraux, mais ciblés en fonction de l’âge de l’enfant, c’est-à-dire en fonction de son développement psychomoteur. Ces conseils (14) en fonction de l’âge sont repris dans certaines brochures, comme celles de l’ONE (‘Grandir en toute sécurité’, quatre documents en fonction de l’âge de l’enfant disponible au 02 – 542 15 71). Les trois conseils essentiels sont:
(1) ne jamais laisser un enfant seul , dans son bain, sur la table à langer, dans la cuisine, au jardin ne fût-ce que quelques minutes;
(2) mettre hors de portée les produits dangereux, les médicaments et les objets brûlants (attention aux manches de casserole au bord de la cuisinière!);
(3) pour les plus grands le port du casque de vélo .
Promouvoir le matériel de prévention passive
Une gamme assez étendue de produits existe sur le marché. Certains équipements sont plus essentiels que d’autres, sachant que les chutes, les intoxications, les noyades et les brûlures sont les accidents les plus fréquents. Les équipements prioritaires sont:
(1) le détecteur de fumée ;
(2) les barrières de protection (escalier, fenêtre, piscine);
(3) les systèmes de blocage (armoires à produits d’entretien ou à médicaments, fenêtres, portes dangereuses).
(4) Dans les maisons pourvues d’installations électriques anciennes, on conseillera en outre les caches pour prises électriques .
Ces matériels sont disponibles dans les magasins d’équipement pour enfant ( Natalys, Prémaman, Baby-Hall, Baby-Rose, Tout pour l’enfant), dans certaines grandes surfaces (Cora, Central-Park) et dans les magasins Ikea. Une étude comparative de la qualité et de la facilité d’utilisation de ces matériels est prévue. Les détecteurs de fumée First Alert ® se trouvent dans les grandes surfaces telles que Brico, Gamma, Hubo et Makro. D’autres détecteurs de fumée de marque BRK et EI sont disponibles chez des grossistes de matériel électrique et d’électro-ménager.
Identifier les risques spécifiques dans la famille et en partager l’analyse avec les parents
Les risques spécifiques concernent trois domaines distincts:
(1) le contexte éducatif: attitude autoritaire ou laxiste des parents;
(2) les défauts d’aménagement du domicile et de ses alentours: installation électrique, température de l’eau chaude sanitaire, rangement des produits dangereux, des objets coupants, accès aux objets brûlants, accès aux escaliers;
(3) les situations psychoaffectives difficiles: deuil, séparation, déménagement, maladie.

Epilogue

Une démarche de ce type répond en plusieurs points aux préoccupations et aux difficultés exprimées par les généralistes et les pédiatres lors des enquêtes menées sur les thématiques de prévention systématique, entre autres l’enquête de 2001 sur les accidents domestiques.
La démarche est brève et elle s’appuie sur des évidences scientifiques. Comme c’est le cas pour d’autres thématiques préventives, la démarche proactive peut étonner la famille, surtout si le motif de la consultation ne s’y prête a priori pas, mais elle sera appréciée dans la plupart des cas.

Martine Bantuelle , Educa-Santé,
Dr Alain Levêque , Ecole de Santé Publique ULB,
d’après un exposé donné au Centre Hospitalier de l’Ardenne le 17 mai 2003

Bibliographie

(1) PROMES – Université Libre de Bruxelles – Educa-santé, Accidents domestiques, la situation épidémiologique en Belgique, Santé Pluriel, 7 & 8, 1992. retour
(2) Institut de Santé Publique, Standardized Procédures for Mortality Analysis, [L=https://www.iph.fgov.be/sasweb/spma/spma.htm]www.iph.fgov.be/sasweb/spma/spma.htm[/L] retour
(3) Prévention et petite enfance, ONE, 1997, p. 266 – 267. retour
(4) Institut de Santé Publique, Enquête de Santé par interview 2001, [L=https://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index4.htm]www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index4.htm[/L] retour
(5) Dirk Devroey, Viviane Van Casteren, Denise Walckiers, Institut de Santé Publique, Section Epidémiologie, Accidents domestiques nécessitant l’intervention du médecin généraliste, enregistrement du réseau des médecins vigies en 1995 et 1996, avril 2001.[L=https://www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index0000.htm]www.iph.fgov.be/epidemio/epifr/index0000.htm[/L] retour
(6) Dr Alain Levêque, Dr Michel Moreau, Prof Danielle Piette, Résultats de l’enquête menée auprès des médecins généralistes et des pédiatres de la Communauté française de Belgique, ULB-PROMES, octobre 2001. retour
(7) Dr Alain Levêque, Traumatismes et Epidémiologie Thèse de Doctorat en Santé Publique, Université Libre de Bruxelles, 2001. retour
(8) Groupe d’étude canadien sur l’examen médical périodique, Guide canadien de médecine préventive, Editions du Gouvernement du Canada, 1994. retour
(9) Diane Sergerie, Céline Farley, Un biais positif en faveur de stratégies populationnelles versus de groupe à risque pour diminuer les inégalités sociales liées aux traumatismes non intentionnels illustré à l’aide de trois mesures: le casque de vélo, le détecteur de fumée et les aires de jeu, European Consumer Safety Association, Colloque International, Inégalités socio-économiques et prévention des risques, Paris, septembre 2001 retour
(10) Alliance européenne pour la sécurité des enfants, La perception par les parents de la sécurité des enfants, Enquête dans 14 pays européens, 2001. retour
(11) Levêque A., Berghmans L., Lagasse R., Laperche J., Piette D., Style de pratique en médecine générale et activités préventives en Communauté française de Belgique, Archives of Public Health, volume 55, number 5-6, p145-158, 1997. retour
(12) Berghmans L., Boutsen M., Swennen B., Wanlin M., La prévention en médecine générale, rapport de recherche inédit, Ecole de Santé publique, ULB, Bruxelles, 1990. retour
(13) Prévention et petite enfance, ONE, 1997, p. 263.
retour

(13) Vous trouverez un ‘Aide-mémoire de prévention des accidents domestiques de l’enfant entre 0 et 5 ans’ à l’adresse [L=https://www.pipades.ch/pdf/aide-memoire.pdf]www.pipades.ch/pdf/aide-mémoire.pdf[/L]
retour

Charte de la réduction des risques

Le 30 Déc 20

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Préambule

Cette charte a pour objectif de constituer le socle conceptuel de toute démarche pouvant se réclamer de la réduction des risques liés à l’usage de drogues en Communauté française de Belgique. A ce titre, les signataires de la présente s’engagent à en respecter l’esprit et les termes dans leurs interventions relatives à l’usage de drogues. Cette charte a été élaborée sur l’initiative de Modus Vivendi asbl, dont l’objet social est la prévention du sida et la réduction des autres risques liés à l’usage de drogues en Communauté française. Elle a fait l’objet d’une concertation avec l’ensemble des acteurs du secteur socio-sanitaire concernés par la problématique.

Définition

La réduction des risques est une stratégie de santé publique qui vise à prévenir les dommages liés à l’utilisation de « drogues ». La réduction des risques concerne tous les usages, qu’ils soient expérimentaux, récréatifs, ponctuels, abusifs ou inscrits dans une dépendance. La réduction des risques peut également s’adresser aux personnes qui s’apprêtent à consommer une drogue pour la première fois. Les risques principalement associés aux drogues sont les risques de dépendance, de lésions somatiques et les risques psychosociaux. Ils peuvent avoir pour conséquences une morbidité, une mortalité et une exclusion sociale que les stratégies de réduction des risques se proposent de réduire.
Cette approche s’inscrit dans une démarche de promotion de la santé physique, mentale et sociale. La réduction des risques se distingue de la prévention de l’usage et des traitements, dont elle se veut complémentaire. En effet si les traitements ont pour objectif un changement d’ordre sanitaire et / ou psychosocial, si la prévention a pour objectif de diminuer l’incidence de l’usage de drogues dans la population, la réduction des risques, quant à elle, a pour objet de réduire les risques et de prévenir les dommages que l’usage de drogues peut occasionner chez les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas s’abstenir d’en consommer.

Enjeux de la réduction des risques

Les épidémies du sida et des hépatites ont démontré qu’il était urgent d’aborder l’usage de drogues en termes de santé. En conséquence, la réduction des risques se propose de promouvoir la santé, le bien-être, la dignité et la citoyenneté des usagers de drogues. Cette approche socio-sanitaire de l’usage de drogues est parfois en tension avec d’autres enjeux, notamment sécuritaires.

Les constats

Une société sans drogues n’existe pas

On ne connaît pas d’exemple d’une seule société humaine qui n’ait pas eu recours à une drogue ou à un psychotrope quelconque. Il y a et il y aura toujours des personnes qui expérimentent, usent, voire abusent de drogues. Néanmoins l’usage abusif de masse semble être typique du monde contemporain, ce qui soulève des questions légitimes de santé publique. Ce constat, sans écarter le débat sur la causalité de l’usage et de l’abus de drogues, doit inspirer des stratégies de réduction de risques conçues dans une logique de santé publique.

Le risque zéro n’existe pas

Toutes les activités humaines comportent des risques qu’il est possible de réduire mais non de supprimer. La prise de risque fait partie intégrante de l’existence. Une vie sans risques est impossible. Personne ne peut s’y soustraire, ni l’usager de drogues, ni les intervenants.

La notion de risque est relative

Même s’ils adoptent certains comportements à risque (consommer une drogue, se l’injecter au risque de contracter une infection virale, s’exposer à une overdose,…), les usagers de drogues ne sont pas prêts à tout risquer. La plupart des usagers de drogues témoignent d’un intérêt pour les modes de consommation à moindre risque.

La prohibition des drogues maximalise les risques

La prohibition contraint l’usager de drogues à la clandestinité, créant ainsi les conditions d’une consommation risquée. Il faut donc prendre acte du fait que la prohibition maximalise les risques liés à l’usage de drogues. Un accès légalisé et contrôlé aux drogues contribuerait à réduire les risques.

Une information objective n’est pas incitatrice

Une information claire, crédible, objective et accessible sur les risques associés à l’usage de drogues n’a pas pour effet une incitation à l’usage de drogues, quand elle s’adresse à des personnes en situation de consommation. Il en va de même pour la mise à disposition de moyens de consommer des drogues à moindres risques.

Les valeurs

Reconnaître l’usager de drogues comme une personne à part entière

La réduction des risques reconnaît l’usager de drogues avant tout comme une personne, avec sa dignité, son humanité. L’usage de drogues et la prise de risques associée peuvent avoir un sens pour la personne, même si ce sens lui échappe.

Ne pas juger la consommation de drogues

En tant que professionnels de l’aide sociale et de la santé, nous respectons l’usager de drogues dans ses choix et décisions en ce qui concerne la consommation de drogues. Il ne nous appartient pas de poser un jugement moral sur la consommation des personnes.

Reconnaître des finalités propres à la réduction des risques

Les objectifs de la réduction des risques liés à l’usage des drogues, et en particulier la prévention du sida et des hépatites, ne doivent être confondus avec la prévention de l’usage de drogues. La prévention, le traitement et la réduction des risques concourent ensemble à la promotion de la santé de la population en général et des usagers de drogues en particulier. Pragmatique, la réduction des risques intervient auprès des usagers de drogues, à tous les stades de leur consommation, de ses pratiques et de son insertion sociale. Les objectifs de la réduction des risques ne sont pas subordonnés à ceux de l’abstinence, du traitement ou de la répression de la criminalité.

Affirmer le droit de l’usager de drogues à la participation sociale

En dépit du statut illégal de certains de ses comportements, comme tout individu, l’usager de drogues a droit à la participation sociale, à la santé, à l’éducation, au travail, au respect. Pour autant que les moyens leur en soient donnés, la plupart des usagers de drogues sont capables d’agir de manière responsable vis-à-vis d’eux-mêmes et d’autrui, peuvent être acteurs de la société et de la réduction des risques liés à l’usage de drogues. Il n’y aurait, par exemple, pas d’échange de seringues sans la participation responsable des usagers de drogues.

Principes d’intervention

Ne pas banaliser l’usage de drogues

Les interventions de réduction des risques ne visent ni à encourager ni à décourager l’usage de drogues. La réduction des risques se préoccupe de ne pas banaliser le recours aux drogues.

Donner aux usagers de drogues les moyens de réduire les risques

La réduction des risques s’attache à rendre accessible l’information sur les risques et les manières de les réduire et, au-delà, à procurer des outils pratiques tels que matériel stérile d’injection, préservatifs, analyse scientifique de substances, traitements de substitution etc.

Encourager les prises de responsabilité des usagers de drogues

Les interventions de réduction des risques visent à permettre aux usagers de drogues de s’approprier les moyens et outils de réduire les risques pour eux-mêmes, leur entourage et la société. Elles soutiennent la création et le développement d’associations d’auto-support.

Aller à la rencontre de l’usager de drogues dans son milieu de vie

La rencontre des usagers de drogues est activement recherchée par les intervenants de réduction des risques. Ils privilégient l’approche « de proximité » c’est à dire l’intervention dans les lieux de vie mêmes des usagers de drogues, en rue, en prison, au travail, en milieu festif, etc.

Faire participer les usagers de drogues

Les interventions de réduction des risques se développent sur base de l’articulation entre le savoir scientifique, les connaissances tirées de l’expérience des usagers de drogues et leurs préoccupations. Ainsi, nous considérons comme essentiel le partenariat avec des usagers de drogues à tous les stades des interventions, depuis leur élaboration jusqu’à leur évaluation.

Faire évoluer les représentations sociales sur les usagers de drogues

L’usager de drogues véhicule généralement une image négative, relayée, entretenue, amplifiée voire générée par certains médias et discours politiques: asocial, dangereux, hors-la-loi, malade, etc. Ces représentations sociales négatives entretiennent la stigmatisation et l’exclusion des usagers de drogues. Renforçant ainsi les pratiques clandestines de ces derniers, elles restreignent l’accessibilité aux dispositifs socio-sanitaires et donc contribuent à augmenter les risques. Au défi de ces représentations sociales dominantes, la réduction des risques fait valoir la dignité des usagers de drogues tant auprès de publics spécifiques, tels que le monde politique, le monde associatif, les pharmaciens, les médecins, etc. qu’auprès du grand public.

Sensibiliser les professionnels de différents horizons aux interventions

Les interventions de réduction des risques visent à associer dans nos interventions toutes les personnes en contact ou susceptibles d’être en contact avec des usagers de drogues (pharmaciens, employés communaux, agents pénitentiaires, agents de protection de l’environnement, agents de police,…).

Développer une réflexion et une évaluation constantes

La dimension expérimentale du champ de la réduction des risques et les questions éthiques qu’elle soulève, imposent une évaluation constante des interventions, des pratiques et des besoins ainsi qu’une recherche sur les objectifs et les méthodes.

Modus Vivendi, avenue de Béco 67, 1050 Bruxelles.
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