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Une nouvelle pyramide alimentaire pour la Flandre

Le 30 Déc 20

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Une nouvelle pyramide alimentaire pour la Flandre

La Flandre se dote d’une nouvelle pyramide alimentaire. Elle surprend de par sa position. Reposant sur sa pointe, elle fait la part belle aux fruits et légumes qui occupent une place privilégiée. Néanmoins, elle soulève beaucoup de questions tant au niveau de son contenu que de sa structure. Contrairement aux outils précédents, la pyramide alimentaire s’adresse directement au grand public. La pyramide flamande est innovante. Les aliments recommandés se retrouvent tout en haut. Son agencement présente quatre niveaux distincts avec un code couleur bien défini. L’eau (en bleu) chapeaute la structure suivie par les produits végétaux (en vert foncé). Ces derniers comprennent principalement les fruits et les légumes, les légumineuses, les noix et les céréales complètes. Ensuite, on observe les produits animaliers (en vert clair) tels que les œufs, les poissons, les viandes blanches et les produits laitiers. Enfin, à la pointe (en orange), on retrouve le beurre et les viandes rouges. La pyramide illustre aussi les aliments à exclure, notamment l’alcool, le chocolat et la charcuterie, qui se retrouvent dans un cercle rouge en dehors de celle-ci.La pyramide flamande met davantage l’accent sur l’environnement et la production alimentaire, contrairement à la version wallonne. Inchangée depuis deux décennies, cette dernière présente six niveaux différents, sans couleur distincte et sans exclusion. La plus grande différence réside dans le choix du classement des aliments. Par exemple, ceux-ci sont disposés en fonction des nutriments qu’ils procurent, d’où le regroupement des produits comme les viandes, les poissons, les œufs, les légumineuses et les noix, rassemblés en tant que sources de protéines dans cette ancienne version.Qu’en pensent les professionnels? Entretien avec Nicolas Guggenbühl, professeur de nutrition à l’Institut Paul Lambin et diététicien.ES : Avant toute chose, pourriez-vous définir une alimentation saine ? NG : Il y a quelques années, j’aurais dit qu’une alimentation saine permet de fournir les différents nutriments dont notre corps a besoin, de les fournir tous et dans les bonnes proportions. Cela correspond à l’approche nutritionnelle classique.Aujourd’hui, elle désigne une alimentation qui apporte plus ou moins d’aliments, éventuellement des boissons, et qui ont été identifiés pour leur relation avec la santé. Si je prends le cas des fruits et légumes, on sait que les gens qui en consomment beaucoup ont des bénéfices santé. Il s’agit d’une des relations les plus fortes en nutrition. Néanmoins, on ne peut pas traduire cette relation santé en termes de « nutriments ».Il existe donc deux approches parallèles et complémentaires. D’une part, le corps a besoin quotidiennement d’une trentaine de nutriments comme des vitamines, des minéraux, des acides aminés, des fibres, etc. D’autre part, il existe des relations établies entre certains aliments et la santé. Une alimentation équilibrée doit tenir compte de ces deux critères.Par exemple, rien ne dit que manger des noix ou des graines est indispensable. Parce qu’on pourrait réaliser une formule nutritionnelle avec la trentaine de nutriments dans les proportions correspondants aux besoins. Nous pourrions vivre avec cela. Mais nous vivons mieux en y ajoutant des aliments identifiés comme protecteurs (c’est-à-dire associés à une réduction du risque de différentes maladies) et en limitant la consommation d’autres aliments associés à une augmentation du risque de certaines pathologies.ES : Pensez-vous qu’une alimentation équilibrée est synonyme d’ « interdiction » ? NG : Manger, c’est aussi du plaisir. Il s’agit d’une dimension qu’on ne peut pas ignorer. En nutrition, je pense qu’une interdiction n’est pas constructive. Par exemple, un enfant à qui on a interdit de manger des bonbons sera nettement plus attiré par ceux-ci lorsqu’il sera autonome, qu’un enfant à qui on a permis d’en consommer avec modération. Personnellement, je pense qu’ « interdire » n’est pas la solution. Néanmoins, ce n’est pas pour autant qu’il faut rester passif.Je crois plus en l’éducation pour amener les gens vers un comportement alimentaire équilibré qu’en l’introduction de directives, d’interdits, ou encore d’obligations. Cela construit des schémas de valeur qui vont être maintenu longtemps et qui influenceront le comportement alimentaire futur.De plus, le plaisir procuré par l’alimentation n’est pas lié à la fréquence ou à la quantité. En effet, la première bouchée est toujours la meilleure, par conséquent, l’intensité du plaisir diminue au fur et à mesure de la consommation. C’est le rôle des phénomènes biologiques qui amènent la diminution du plaisir avec la quantité. Il vaut mieux savourer quelque chose de sucré que de le dévorer en grande quantité.ES : Dans un premier temps, à quoi cette pyramide vous fait-elle penser ?NG : Cette pyramide, qui est en réalité un triangle, me rappelle davantage la forme d’un signal attention de la circulation routière que celle d’une pyramide alimentaire. C’est perturbant, car elle a la tête en bas. Normalement une pyramide, qui est le modèle le plus utilisé dans le monde, doit reposer sur une base, dont l’équilibre est assimilé au socle solide. Pour que l’édifice tienne, il faut que tous les étages soient bien représentés… Ici, on a une autre notion d’équilibre, qui semble instable puisque la pyramide est sur la pointe.ES : Pourquoi adopter ce type de structure ? NG : Les scientifiques flamands estiment, en fonction de leur échelle de valeur, que la population pense que ce qui est en haut de la pyramide est le meilleur. En effet, des biologistes flamands utilisent une pyramide de la vie avec des différents stades de prédation où l’Homme est tout en haut de la chaine alimentaire. Il mange tout et personne ne le mange. Ce qui est en haut représente donc le plus fort, l’idéal, ou le plus évolué. C’est pourquoi, l’idée d’avoir une pyramide qui a la même forme mais où on retrouve en haut ce qui est le « moins bon » pour la santé les perturbe. Ceci n’est qu’une explication personnelle, reste à savoir si elle est valable…ES : Cette pyramide est destinée au grand public, pensez-vous qu’elle est facilement compréhensible pour tous ? NG : Dans les grandes lignes, elle est facile à comprendre et constitue une lame de fond dans les objectifs nutritionnels. Mais je ne pense pas qu’elle puisse aider à construire une alimentation qui soit à la fois équilibrée, et correspondant aux préférences alimentaires, à la culture, ainsi qu’aux habitudes des belges.En effet, on est clairement dans une alimentation beaucoup plus végétale. La viande est devenue synonyme de mauvais, et se retrouve à la « pointe » de cette pyramide, tout en bas.De plus, je ne suis pas d’accord de placer sur le même pied d’égalité, l’intérêt de consommer plus de végétaux (fruits et légumes, céréales complètes, légumineuses, noix et graines, etc…) qui constitue un objectif nutritionnel valable, et la diminution de la consommation de viande.En effet, le bénéfice santé attendu d’une réduction de la consommation de viande est très faible par rapport au bénéfice santé lié à la majoration de la consommation de céréales complètes, de fruits et légumes, de légumineuses… Cela est clairement défini dans le projet Global Burden Diseases où sont identifiées les priorités nutritionnelles.ES : Du côté francophone, est-ce qu’il y a une raison à adopter cette pyramide ou à modifier celle utilisée aujourd’hui?NG : Cette pyramide est un modèle développé pour la Flandre, qui remplace le modèle précédent devenu obsolète. Elle a été conçue par le Vlaams Instituut Gezond LevenNote bas de page qui est en charge de ces matières.Le fait que les modèles évoluent est tout à fait logique et sain. En effet, les connaissances évoluent et les objectifs doivent s’adapter, les représentations également. Par exemple, il s’agit déjà de la quatrième version de la pyramide alimentaire développée à l’Institut Paul Lambin depuis ses débuts. Parce que la traduction des objectifs nutritionnels en un modèle visuel, n’est pas une science exacte mais une sorte d’art.De mon point de vue personnel, je ne pense pas que ce modèle soit plus pertinent en tant que support pour faire passer les messages principaux. Cependant, il a le mérite de donner le ton, même si ce modèle est trop loin des habitudes de consommation. Quand on met la barre trop haut en nutrition, on perd l’objectif. Ce sera probablement un modèle qui va davantage servir à ceux qui mangent déjà des fruits et légumes qu’à ceux qui n’en mangent pas du tout. Or, le plus important est d’inciter ceux qui n’en mangent pas à en consommer. C’est pareil avec le problème de la consommation de viande. Ce n’est pas d’en manger le moins possible qui est bon pour la santé, c’est de ne pas être dans un excès. Ce qui n’est pas du tout la même chose.ES : Pensez-vous que la Flandre a précipité la publication de sa pyramide avant que les recommandations du fédéral soient publiques ?NG : Au niveau fédéral, un groupe d’experts, dans lequel je suis également impliqué, a été nommé par le Conseil Supérieur de la Santé. L’objectif est de développer des recommandations communes pour l’ensemble du territoire belge. Dans ce comité, on retrouve des scientifiques qui ont participé à la création du modèle flamand et également d’autres personnes qui ont contribué au développement de la pyramide alimentaire Food in Action de l’Institut Paul Lambin. Ils travaillent tous ensemble selon un procédé scientifique dont le but est de fournir des recommandations basées sur les aliments.Ce qui est extrêmement dommage, c’est que la Flandre a diffusé sa version avant les recommandations du fédéral. Cela va générer un contexte particulièrement chaotique le jour où ce dernier va les publier.C’est pourquoi, à l’Institut Paul Lambin, nous allons attendre les conseils du fédéral, et les intégrer dans notre modèle alimentaire. Pour le moment, on ne sait pas si notre structure sera toujours une pyramide. Mais d’un autre côté, il ne faut pas forcément faire table rase de tout. En effet, la pyramide alimentaire est un outil utilisé depuis longtemps par les professionnels de la santé, et que les citoyens comprennent relativement bien.Donc, la forme pyramidale est une forme que l’on peut critiquer, qui n’est peut-être pas optimale, mais qui a fait ses preuves. De plus, il s’agit d’une vision liée à nos habitudes.ES : En bannissant certains aliments, pensez-vous que ce schéma favorise une stigmatisation des mangeurs de viande ou des « non végétariens » ? En d’autres mots, quelle est la place du plaisir et à qui pourrait-il plaire ? NG : Cette pyramide va plaire aux vegans et aux végétaliens, ce qui est très tendance aujourd’hui. Mais le problème, c’est que les légumes ne fournissent pas assez de protéines, de B12, de fer et d’autres nutriments. On peut vivre sans viande mais pas uniquement avec des légumes. Le message véhiculé dans le schéma n’est pas clair. Aussi, je pense que le belge moyen ne s’y retrouvera pas, car l’objectif est trop éloigné de ses habitudes.En conclusion, il n’est pas évident de changer les comportements et les habitudes alimentaires, même en sachant que c’est bénéfique pour la santé. La Flandre nous offre aujourd’hui un nouvel outil pour réfléchir à notre consommation. Un outil intéressant certes, mais qui semble trop éloigné des habitudes de la plupart des belges.


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Organisme qui dépend de la Région flamande et qui applique sa politique de santé dans sa Région.

Campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… » Parce que le fardeau de l’AVC n’est pas une fatalité…

Le 30 Déc 20

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Claire était bizarre… Elle ne pouvait plus tenir sa tasse… Des difficultés à parler ; sa bouche était déformée…
Elle ne pouvait plus bouger son bras ni sa jambe…

Campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… » Parce que le fardeau de l’AVC n’est pas une fatalité…

Vingt-six secondes… pour rappeler les signes d’un AVC et motiver celui qui les constate à faire appel.. C’est court… Et pourtant des médecins en témoignent : ces patients sont venus parce qu’une voix leur rappelait inlassablement « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… ».

Pour la deuxième année consécutive, le Centre d’Éducation du Patient asbl et Question Santé asbl inscrivent à leur agenda une campagne de communication portant sur l’importance de diminuer les délais d’attente face aux signes pouvant évoquer un AVC.L’objectif de la campagne « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… » est d’amener le public à repérer ces signes et à adopter des réactions rapides et adéquates en présence de ceux-ci. Car du temps gagné représente pour la victime des possibilités de récupération en supplémentaires.

Cette campagne 2017 est réalisée en étroit partenariat avec la SSMG et le Belgian Stroke Council ; elle bénéficie du soutien du Fonds A.B géré par la Fondation Roi Baudouin.Cette année encore, les spots tv et radio, pilier de la campagne, concourent à la diffusion du message clé « Faire appel – sans attendre ». Une attitude qui va à l’encontre de croyances encore bien ancrées « de toute façon, les médecins ne savent rien faire » ; « A l’hôpital, ils vont s’acharner » ou encore opinion contraire, « ils vous laissent dans un lit alors autant rester chez soi … » Ces croyances prennent racine dans des pratiques et des faits du passé mais il convient d’expliquer et de persuader tous les publics, qu’aujourd’hui, avec l’évolution des traitements et des pratiques médicales des interventions qui vont permettent aux personnes touchées de garder des capacités sont possibles.

La campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté » …

La stratégie de communication repose dans un premier temps, sur une sensibilisation des professionnels avec une mise à disposition de supports d’information et dans un second temps, sur une information du public.Comme en 2016, la campagne s’ancre sur

  • la diffusion de spots TV et radio dans des lieux publics et sur les chaines nationales ;
  • la mise à disposition de supports de communication standardisés et personnalisés (spots, affiches, feuillets, bannières…);
  • l’organisation d’une conférence de presse.

Nouveautés et objectifs pour 2017 : « Susciter et renforcer les initiatives du terrain »

  • une invitation aux initiatives et à la mobilisation de tous les acteurs (professionnels, associations de patients…),
  • la participation à la diffusion du rapport européen présenté ce 11 mai 2017 au Parlement Européen, « Le Fardeau de l’AVC en Europe »Note bas de page
  • et enfin, une actualisation du site internet www.DelaiAVC.eu.

Plan média 2017 – Campagne « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… »

  • Du 24 04 2017 au 14 05 2017
  • Du 18 09 2017 au 01 10 2017
  • Du 04 12 2017 au 10 12 2017

AVC, d’un problème de santé majeur à un tsunami

Comme le rappelle le Professeur Laloux, chef de service associé au CHU UCL Namur, l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) est une maladie dont il faut se préoccuper car c’est une pathologie fréquente – une personne sur six dans le monde subira au court de sa vie un AVC ; cela représente 19 000 nouveaux cas par an en Belgique -, grave -deuxième cause de mortalité chez les personnes de plus de 60 ans dans notre pays -, aux conséquences pouvant être invalidantes -1/3 des personnes vont avoir besoin d’une aide extérieure.Les projections doivent aussi retenir toute notre attention.

Ce 11 mai 2017, a été présenté au Parlement européen le rapport de recherche « The burden of stroke in EuropeNote bas de page » que l’on peut traduire par « Le fardeau de l’AVC en Europe Note bas de page». Ce rapport très détaillé a été réalisé à la demande de l’association européenne SAFENote bas de page (Stroke Alliance For Europe) qui rassemble des groupes de patients atteints d’AVC de différents pays européens.Comme en témoigne le Docteur André Peeters, représentant le Belgian Stroke Council auprès du SAFE, le rapport se termine avec un avertissement : « Entre 2015-2035, le nombre d’AVC va augmenter de 34%, surtout suite au vieillissement de la population. Les systèmes de soins doivent se préparer à ce ‘tsunami d’AVC’ ».

Pourquoi reconnaître les symptômes représente-t-il une urgence ?

Les accidents vasculaires cérébraux sont de deux sortes : les hémorragies cérébrales dues à une rupture d’une artère cérébrale (20% des cas) et les infarctus cérébraux liés à une artère qui se bouche (80 % des cas).

Comme le souligne encore le Pr Laloux, aujourd’hui, il est possible de réduire les conséquences de l’AVC par des traitements administrés très précocement : la thrombolyse intraveineuse doit être administrée dans les 4 h30 (injection d’un produit qui dissout le caillot obstruant l’artère du cerveau) et la thrombectomie (aspirer le caillot par un fin cathéter introduit jusqu’au caillot) dans les 6 heures.

Une prise en charge rapide dans une unité clinique permettra d’effectuer un bilan et un suivi correct de la personne.

En comparant les deux périodes 1992-1993 et 2010 -2011, la thrombolyse et les traitements en unité spécialisée ont permis d’augmenter de 30 % le nombre de patients autonomes et de réduire de 40 % le taux de mortalité.

Des avancées dont il faut se féliciter.

Une campagne 2017 aux accents de participation et de solidarité

La conférence de presse de lancement de la campagne et des actions en 2017 s’est tenue ce 1er juin à Namur. Elle a rassemblé les partenaires du projet, les représentants politiques et des représentants des associations de patients, unis dans cette même optique d’une lutte contre l’AVC et d’optimaliser le soutien aux victimes et aux familles.

Les représentantes des Ministres de la Santé, Anne Boucquiau, Cheffe de cabinet du Ministre Maxime Prévot et Pascale Pensis, Directrice de cabinet adjointe de la Ministre Cécile Jodogne ont tenu à rappeler combien lutter contre cette pathologie est importante, doit rassembler les efforts et mobiliser l’ensemble des acteurs tant au niveau de la détection précoce que de la prise en charge après l’accident. Lutter contre l’AVC est donc bien l’affaire de tous.

Les Ministres de la santé, Cécile Jodogne pour le Gouvernement francophone Bruxellois et Maxime Prévot pour le Gouvernement wallon soutiennent la campagne par l’octroi des espaces gratuits en télévision et en radio. Les spots TV et radio seront diffusés, sur les chaines nationales, en trois vagues durant l’année 2017. Ce focus représente une formidable invitation au dialogue et à l’initiative tant pour le public que pour les professionnels.

Comme le rappelle Anne Boucquiau, deux axes du Plan prévention santé Horizon 2030 pour la Wallonie ciblent particulièrement la lutte contre les AVC. Il s’agit de la Promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé – promotion d’une alimentation équilibrée, lutte contre la consommation excessive d’alcool et contre le tabagisme et promotion de l’activité physique et lutte contre la sédentarité ainsi que la prévention des maladies chroniques avec la prévention des maladies de l’appareil circulatoire et du diabète de type II.

L’importance de la prévention se retrouve aussi dans le cadre du futur plan de promotion de la santé du Gouvernement francophone bruxellois. Une place sera faite, le souligne Mme Pensis, pour encourager les personnes les plus fragiles à adopter des comportements favorables pour prévenir les risques cérébrovasculaires (bouger ; arrêter de fumer ; traiter l’hypertension artérielle, combattre le diabète et le cholestérol).

Des supports pour vos initiatives et projets…

Vous pouvez découvrir et commander les affiches et supports de communication de la campagne 2017 sur le site www.delaiAVC.eu Le Centre d’Éducation du Patient souhaite aussi soutenir vos projets et initiatives en répondant au mieux à vos attentes par la mise à disposition de supports et de moyens « personnalisés ». N’hésitez pas à le contacter.Prochain événement mobilisateur : Journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux – dimanche 29 octobre 2017.

Burden of stroke report in Europe. Recherche réalisée par le King’s College (London) à la demande de l’association européenne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

Burden of stroke report in Europe. Recherche réalisée par le King’s College (London) à la demande de l’association européenne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

Burden of stroke report in Europe. Recherche réalisée par le King’s College (London) à la demande de l’association européenne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

SAFE est une organisation à but non lucratif qui représente des groupes de patients atteints d’AVC de toute l’Europe.

« Préservatif. Dépistage. Traitement.

Le 30 Déc 20

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Les bons réflexes pour se protéger du VIH/sida et des IST Note bas de page. La prévention évolue. Renseignez-vous »

A l’occasion de l’été 2017, la Plate-Forme Prévention Sida relance sa campagne sur la prévention combinée du VIH/sida et des autres Infections Sexuellement Transmissibles. Celle-ci vise le grand public de la région de Bruxelles-Capitale et de la Wallonie. Découvrez-la sur www.les-bons-reflexes.org

La prévention combinée

Cette campagne, soutenue par la Cocof et la Wallonie, aborde la notion de prévention combinée. Le directeur de la Plate-Forme Prévention Sida, Thierry Martin, rappelle que ce concept, validé par le Plan National de lutte contre le VIH, est devenu le cadre de référence des actions de prévention.

Mais de quoi s’agit-il ? Tout simplement, pour se protéger efficacement de l’infection par le VIH et des autres IST (Infections Sexuellement Transmissibles), de la possibilité de combiner l’usage du préservatif et du lubrifiant, avec la connaissance de son statut sérologique par le dépistage répété et le recours au traitement anti-VIH, tant pour les personnes séropositives dans le but de rendre leur charge virale indétectable, ce qui permet d’empêcher la transmission du VIH vers d’autres personnes, que pour des personnes séronégatives à haut risque d’acquisition du VIH pour éviter l’infection grâce à des traitements pris de manière préventive (PrEP, TPE).

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Ainsi, à côté du préservatif, qui reste un moyen incontournable pour se protéger, le dépistage et les traitements jouent aussi un rôle capital dans la prévention du VIH/sida et des IST et présentent de nombreux avantages. Maxime PREVOT, Ministre wallon de la Santé, rappelle que le VIH reste une maladie qui ne se guérit pas. On constate à tort une banalisation du sujet. Le travail de prévention réalisé sur le terrain reste donc essentiel pour rappeler les bons réflexes à prendre et éviter la contamination d’autres personnes. Il souligne ainsi que « l’efficacité du traitement par antirétroviraux rend la charge virale des patients (quasi-)indétectable, ce qui contribue à réduire considérablement le risque pour leur(s) partenaire(s) et, in fine, le nombre de nouvelles contaminations diagnostiquées. Ceci doit encourager au dépistage car des solutions existent ! ».

Le Ministre wallon de la Santé se réjouit par ailleurs des avancées médicales importantes et des évolutions majeures dans la lutte contre le VIH : « le paradigme de cette infection/maladie a complètement changé depuis le début de l’épidémie puisqu’il évolue vers des traitements beaucoup plus efficaces avec des perspectives de vie qui sont bien plus positives qu’elles ne le furent… Ceci ne réduisant évidemment pas la nécessité d’un accompagnement que ce soit dès le dépistage ou des publics cibles en termes de prévention.»

Selon la Ministre Jodogne, en charge de la politique de la santé à la Cocof, la prévention combinée est un moyen efficace pour empêcher de nouvelles contaminations : « Afin de lutter efficacement contre le VIH, nous devons mobiliser de multiples leviers. Préservatif, dépistage et traitement : ce sont les trois outils qui, combinés de manière adéquate, doivent permettre d’inverser la courbe de l’épidémie ». Et d’ajouter que les interventions de proximité sont plus que jamais d’actualité. « C’est pourquoi j’ai décidé de soutenir dès 2016 un dispositif de dépistage du VIH décentralisé, complémentaire aux actions de prévention existantes, afin d’être au plus proche des publics les plus exposés au risque d’infection », explique-t-elle.

La charge virale : une notion essentielle dans la prévention combinée

La charge virale désigne la quantité de virus présente dans le sang et les sécrétions sexuelles. Pourquoi est-ce primordial de la réduire ? D’une part, pour rester en meilleure santé et garder une meilleure qualité de vie ; d’autre part, pour réduire le risque de transmission du VIH. Car plus la charge virale est faible, moins on est contaminant(e)! La charge virale est dite indétectable lorsqu’elle est tellement réduite qu’on n’arrive plus à détecter le VIH dans le sang. La personne reste toutefois séropositive et donc porteuse du virus (en quantité négligeable). C’est en ayant un suivi médical régulier et en prenant bien son traitement selon les prescriptions du médecin que les personnes vivant avec le VIH peuvent atteindre une charge virale indétectable.

Donc, grâce à une prise efficace des traitements, une personne vivant avec le VIH obtiendra une charge virale indétectable, ce qui permettra d’empêcher la transmission du virus vers d’autres personnes lors de relations sexuelles non protégées.

Le concept de la campagne

La notion de prévention combinée est abordée avec une approche décalée, originale et positive à travers tous les outils de la campagne. Concrètement, des personnages « prévention », composés des trois éléments de la prévention combinée (tête en préservatif, corps en éprouvette de dépistage et bras et jambes en médicaments), sont mis en situation afin de bien insister sur la combinaison de ces trois éléments pour se protéger efficacement.

Cette accroche visuelle forte, suggestive et colorée permet d’accroître l’impact de la campagne ; et l’utilisation d’icônes permet une plus grande identification du public puisqu’on ne sait pas si les personnages mis en scène sont des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, des hétérosexuels, des homosexuels, des belges, des non belges, …

Le slogan « Préservatif. Dépistage. Traitement. Les bons réflexes pour se protéger du VIH/sida et des IST (Infections Sexuellement Transmissibles). La prévention évolue. Renseignez-vous. » se veut positif et valorisant. Le concept de bons réflexes permet d’aborder la prévention comme une bonne habitude que l’on pratique au quotidien, comme un automatisme.

La notion d’évolution montre qu’il y a du nouveau et permet d’interpeller à nouveau le grand public qui souvent ne se sent pas vraiment concerné par les messages de prévention, pensant déjà connaître le nécessaire. Les trois éléments de la prévention combinée sont repris sous forme de pictogrammes dans 3 post-it de couleur afin de favoriser leur mémorisation. De plus, l’idée est d’insister sur le fait que ces trois outils de prévention ne s’opposent pas mutuellement mais doivent être combinés en les adaptant à chaque situation individuelle pour empêcher la transmission du virus.

Une campagne à l’attention du grand public et des publics spécifiques

La campagne vise, de manière globale, le grand public y compris les jeunes. Il est en effet important d’informer le plus grand nombre sur les nouvelles stratégies de la prévention combinée afin que chacun puisse connaître et choisir les moyens de prévention qui lui sont le plus adaptés. C’est d’autant plus important que bon nombre de personnes sont peu au courant des évolutions récentes en matière de prévention du VIH/sida et gardent une image erronée de cette maladie.

Par ailleurs, la campagne tend aussi à toucher certains publics cibles plus vulnérables, notamment les HSH (Hommes ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes) et les personnes migrantes. Les données épidémiologiques montrent en effet que ces groupes clé sont particulièrement exposés au risque d’infection par le VIH. C’est pourquoi la campagne propose une variété de visuels adaptés à ces différents publics.

Concertation autour de la campagne

Afin de réaliser une campagne de grande qualité, la Plate-Forme Prévention Sida s’est entourée de nombreux acteurs du secteur de la promotion de la santé de manière large.

  • Un groupe d’experts ayant défini les grandes lignes du projet : le cadre de travail, les objectifs généraux, le message global et les publics cibles.
  • Un groupe de travail composé d’une vingtaine d’associations, travaillant dans le secteur de la promotion de la santé et/ou de la prévention du VIH/sida, dont notamment les services actifs auprès des populations clé de la lutte contre le sida. Ce groupe s’est réuni à 8 reprises afin de contribuer et d’échanger autour des grandes étapes de la conception de la campagne.
  • L’Observatoire du sida et des sexualités.
  • Plusieurs médecins des centres de référence sida afin de garantir la diffusion d’informations scientifiques et médicales de qualité.

La Plate-Forme Prévention Sida a également fait participer le public cible de la campagne à sa création en organisant de nombreux focus groupes de pré test des idées et outils à développer. Au total, 122 personnes aux profils divers ont été sondées : hommes, femmes, parents, jeunes, hétérosexuels, homosexuels, séropositifs, séronégatifs, belges, migrants, de Bruxelles et de la Wallonie.

Une campagne évaluée

Suite à sa première édition, la campagne a été évaluée afin de mettre en avant ses forces et ses faiblesses. Globalement la campagne plaît, les visuels sont appréciés, même si certains sont jugés parfois un peu osés, et les différents outils sont pertinents, particulièrement le spot radio et la vidéo pédagogiques pour leur côté très informatif. Des points faibles ont été identifiés et ont été traduits en pistes d’actions à travailler en priorité pour l’édition 2016 :

  • Informer et former les relais de terrain sur les outils de la campagne et sur la prévention combinée;
  • Donner des pistes d’utilisation et de diffusion de la campagne pour les relais;
  • Favoriser la visibilité et la diffusion de la vidéo pédagogique;
  • Mettre bien en avant les nouveautés de la prévention combinée.

Dès lors, un visuel plus explicatif et un guide d’accompagnement pour favoriser l’appropriation et l’utilisation de la campagne par les relais de terrain ont été créés. De plus, une actualisation des outils informatifs a été réalisée (brochure et site internet).Le rapport est disponible sur www.preventionsida.org/2016/03/evaluation-ete-2015.

Les outils

  • Un spot TV.
  • Un spot radio.
  • Une vidéo pédagogique, directement téléchargeable sur le site de la campagne.
  • 8 visuels existant en format affiches, cartes postales et autocollants.
  • 400 000 pochettes « préservatifs » diffusées via les partenaires et lors des festivals de musique.
  • Une brochure explicative sur la prévention combinée
  • Un site internet de la campagne, www.les-bons-reflexes.org, dont l’objectif est de donner un maximum d’informations sur la prévention combinée mais aussi d’offrir un outil de recherche des lieux de dépistage ainsi qu’un « Mur des bons réflexes » sur lequel les internautes sont invités à poster un message de prévention.
  • Un guide d’accompagnement à l’attention des relais de terrain.

Les outils sont disponibles sur www.les-bons-reflexes.org/obtenir-du-materiel

Contacts

Plate-Forme Prévention Sida Directeur : Thierry Martin – th.martin@preventionsida.org – 0476/630 631Responsable de projet : Mary Stevens – m.stevens@preventionsida.orgRue Jourdan, 151 à 1060 Bruxelles 02/ 733 72 99 – https://www.preventionsida.orgwww.les-bons-reflexes.org

Lancement du serious game « Lord of Condoms »

ImageLe 11 juillet prochain aura lieu le lancement de « Lord of Condoms », une application pour smartphone abordant la prévention des IST de manière ludique et décalée. Fruit d’un partenariat entre la Plate-Forme Prévention Sida et L’Art-Chétype, ce jeu a été développé à destination des jeunes pour pouvoir les informer et les sensibiliser via un support qui fait partie de leur quotidien : leur téléphone mobile. Cette manière innovante et inédite de les toucher se veut donc en phase avec les évolutions actuelles des technologies de communication.

*Infections Sexuellement Transmissibles

Parce que le fardeau de l’AVC ne peut être une fatalité ni en Europe ni en Belgique… Regards sur des associations européennes actives

Le 30 Déc 20

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« The burden of stroke in Europe », un rapport européen interpellant et les perspectives d’organisation des soins de l’AVC en Belgique

Le 9 mai 2017 était consacré « Journée européenne de sensibilisation aux AVC (Europe Stroke Awareness day) ». Cette journée était organisée par l’association européenne SAFENote bas de page, association sans but lucratif qui rassemble des groupes de patients atteints d’AVC de différents pays européens.

Parce que le fardeau de l’AVC ne peut être une fatalité ni en Europe ni en Belgique… Regards sur des associations européennes actives

SAFE est particulièrement active au niveau politique.La Belgique est représentée au sein de SAFE par la société scientifique, le Belgian Stroke Council (BSC) et plus précisément par son « Patient board », le conseil des patients.Le Belgian Stroke Council est composé de différents conseils. Afin de pouvoir relayer les préoccupations des patients, un de ses conseils est « le Patient board » qui rassemble des représentants de différentes associations de patients.

Le but d’avoir un Patient board est de recueillir l’avis des patients, les premiers concernés et de les répercuter. Ces avis influent sur les décisions prises par la société scientifique.Les organisations de patients jouent un rôle croissant et cela est intéressant car le patient est l’expert de son vécu ; le modèle hiérarchique médecin –> patient se redessine en pilote<–>copilote et enfin, on assiste à une augmentation de l’implication des patients à tous les niveaux y compris au niveau politique.

Missions de la société scientifique, Belgian Stroke Council

  • Optimiser l’organisation des soins de l’AVC afin que chaque personne qui est victime d’un AVC en Belgique puisse bénéficier du meilleur traitement
  • Élaborer ou adopter des recommandations pour la prévention et le traitement de l’AVC
  • Organiser des réunions scientifiques et la formation les médecins et les paramédicaux
  • Promouvoir la recherche scientifique et les études cliniques sur l’AVC
  • Informer le public sur les AVC
  • Soutenir les associations de patients victimes d’un AVC
  • Travailler avec l’industrie pharmaceutique d’une manière indépendante pour améliorer le traitement des AVC
  • Coopérer avec les associations internationales impliquées dans l’AVC

The burden of stroke in Europe

ImageLa journée européenne a été l’occasion de diffuser le rapport « The burden of stroke in EuropeNote bas de page » que l’on peut traduire par « Le fardeau de l’AVC en Europe » ; rapport réalisé par la Division of Health and Social Research for SAFE et présenté ce 11 mai 2017 au Parlement Européen.

Ce rapport est intégralement disponible via le lien https://strokeeurope.eu/« The burden of stroke in Europe » donne un état des lieux détaillé de l’organisation des systèmes de soins, de l’épidémiologie de l’AVC, des facteurs de risque et de leur prise en charge, de la réponse des services de recours, de l’organisation hospitalière à la phase aiguë de l’AVC, notamment des stroke units, du pourcentage des différents traitements disponibles (thrombolyseNote bas de page/thrombectomieNote bas de page), de la réadaptation fonctionnelle et de l’encadrement du patient après son retour au domicile. Ce rapport sera suivi d’un plan d’action prévu pour mars 2018.

Que dit le rapport « The burden of stroke in Europe » de la situation en Belgique ?

Les points forts pour la Belgique, sont l’existence de campagnes régulières de sensibilisation du grand public quant aux facteurs de risque cardiovasculaire et à leur traitement, aux signes de l’AVC aigu et à la réponse à adopter, ainsi qu’à la présence de stroke units et d’unités de réadaptation fonctionnelle dans la plupart des grands hôpitaux.

Les points faibles sont l’absence d’un registre national pour les AVC (données épidémiologiques, % des patients admis en stroke unit, traités par thrombolyseNote bas de page et thrombectomiesNote bas de page) ; l’absence d’un système d’accréditation/certification des stroke units ; un manque de suivi (multidisciplinaire) bien organisé après le retour au domicile.Le rapport termine avec un avertissement : entre 2015-2035, le nombre d’AVC va augmenter de 34%, surtout suite au vieillissement de la population. Les systèmes de soins doivent se préparer à ce « Tsunami d’AVC ».Les résultats du rapport européen cité plus haut doivent être complétés par l’enquête menée par l’association scientifique européenne, ESO (European Stroke Organisation).

Cette enquête a été menée parmi les représentants nationaux et même locaux pour connaître l’accessibilité à une stroke unit et à un traitement thrombolytique et/ou endovasculaire (thrombectomie). La Belgique se situe dans la moyenne européenne, toutefois, l’enquête met en évidence des différences importantes au sein du pays.

Un regard sur ESO (European Stroke Organisation)

  • ESO est une société paneuropéenne de chercheurs et de médecins d’AVC, d’associations nationales et régionales d’AVC et d’organisations laïques qui a été fondée en décembre 2007. L’ESO est une ONG composée de membres individuels et d’organisation.
  • L’objectif de l’ESO est de réduire le fardeau de l’accident vasculaire cérébral en modifiant la façon dont l’AVC est considéré et traité. Cela ne peut être réalisé que par l’éducation professionnelle et publique et par des changements institutionnels.
  • ESO vise à améliorer les soins de l’AVC en dispensant une formation médicale aux professionnels de la santé et au public laïc. En proposant des approches de meilleures pratiques, l’objectif de l’ESO est d’harmoniser la gestion des AVC en Europe. ESO fonctionne comme la voix de l’AVC en Europe pour provoquer des changements politiques. L’ESO se concentre sur les projets au niveau européen tout en travaillant vers des solutions globales.

Les AR publiés le 08/08/2014 dans le Moniteur Belge ont clairement défini l’organisation des soins de l’AVC (hôpitaux sans programme de soins de l’AVC (S0), avec un programme de soins de base (S1), avec un programme de soins spécialisé (S2), la collaboration en réseau). Bien que l’approche en Flandre et Bruxelles/Wallonie soit différente, la situation est actuellement bloquée pour les 2 communautés, en attendant la programmation du nombre de centres S2 par la Ministre de Santé publique.

Soulignons l’impulsion donnés par ces deux organisations européennes SAFE et ESO dont les actions se complètent.Pointons le travail effectué dans chaque pays par les associations de professionnels et les groupes de patients.Beaucoup de conditions pour réussir sont déjà remplies, les éléments clés sont la volonté de collaborer en réseau et un système d’audit/accréditation.

Dr André Peeters,

Belgian stroke Council

Unité neuro-vasculaire. Service de Neurologie

Site de l’association européenne SAFE (Stroke Alliance For Europe) www.safestroke.eu

The full BofS Report « The burden of stroke in Europe » https://strokeeurope.eu/

La thrombolyse consiste à lyser (désagréger) par médicament les thrombus (caillots sanguins) obstruant les vaisseaux sanguins

La thrombectomie mécanique consiste à retirer le caillot sanguin en introduisant un cathéter dans l’artère.

La thrombectomie mécanique consiste à retirer le caillot sanguin en introduisant un cathéter dans l’artère.

La thrombolyse consiste à lyser (désagréger) par médicament les thrombus (caillots sanguins) obstruant les vaisseaux sanguins.

Bruxelles se fédère autour de la promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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Un secteur, depuis toujours, mobilisé

L’engagement sociétal est l’une des composantes essentielles de l’ADN de la promotion de la santé. Dès ses débuts, avec le décret fondateur de 1997, le secteur de la promotion de la santé s’est positionné comme un secteur engagé. Son action repose en cela sur les valeurs et les principes qui sont énoncés dans la Charte d’Ottawa (OMS, 1986).

Bruxelles se fédère autour de la promotion de la santé

À l’instar d’autres politiques publiques, la promotion de la santé a été traversée par d’importants changements ces dernières années. La sixième réforme de l’État n’y est pas étrangère ; elle a entraîné dans son sillage la régionalisation de la compétence « promotion de la santé ». Rendue effective en juillet 2014, la régionalisation s’est traduite à Bruxelles par l’émergence d’un nouveau cadre législatif (décret de promotion de la santé, février 2016) et programmatique (plan de promotion de la santé, juin 2017), porté par la Commission communautaire française (Cocof).

Ces étapes-clés d’une politique bruxelloisedavantage territorialisée, n’ont pas échappé aux acteurs du secteur de la promotion de la santé. Une plate-forme bruxelloise de promotion de la santé s’était ainsi créée à la fin de l’année 2013, en vue de suivre le processus de régionalisation et l’élaboration de la nouvelle politique portée par la Cocof.

Les acteurs de promotion de la santé avaient alors identifié la pertinence et la valeur ajoutée d’une lecture et d’une réflexion menées en commun sur ces changements.

Une étape incontournable : la Fédération

Forts de la dynamique collective et constructive née des échanges menés au sein de la plateforme, les différents acteurs du secteur se sont positionnés à la fin 2015 en faveur de la création d’une fédération bruxelloise de promotion de la santé. Sa plus-value à Bruxelles résidait dans :

  • La représentation d’associations actives dans le domaine de la promotion de la santé sur le territoire bruxellois ;
  • La mise sur pied d’une interface avec d’autres secteurs que la santé, en vue de faire connaître et reconnaître la promotion de la santé de manière transversale ;
  • L’existence d’un interlocuteur privilégié pour les pouvoirs publics, légitimé par le secteur et porteur d’un travail de consensus élaboré avec ses membres.

La Fédération bruxelloise de Promotion de la Santé (FBPSanté) a ainsi été fondée le 21 novembre 2016, 30 ans jour pour jour après la signature de la Charte d’Ottawa.

La carte d’identité de la FBPSanté La FBPSanté regroupe aujourd’hui 40 institutions membres. Elle a pour but de « valoriser la promotion de la santé au sein des politiques actuelles et futures en Région bruxelloise ». À ce titre, elle se positionne comme le porte-voix de la promotion de la santé et du secteur à Bruxelles. Quant à ses objectifs, ils sont au nombre de trois :

  • Faire connaître, reconnaître et défendre l’existence structurelle et financière des membres dans leurs missions de promotion de la santé ;
  • Assurer la représentation de la promotion de la santé dans les organes de concertation et de décision qu’ils soient institutionnalisés ou non ;
  • Soutenir un plaidoyer et valoriser l’action de ses membres en matière de promotion de la santé.

Outre les rencontres régulières de ses membres, la FBPSanté met en place des groupes de travail pour réaliser ses missions, soutenir une politique bruxelloise de promotion de la santé et s’en faire l’écho, afin de contribuer à inscrire la santé dans toutes les politiques. À ce titre, un bureau politique agit comme soutien et interface entre l’administration, le Cabinet et le secteur de la promotion de la santé.

Enfin, la FBPSanté ne travaille pas seule à l’échelle de la fédération Wallonie-Bruxelles. Elle entretient ainsi des liens forts avec la Fédération wallonne de promotion de la Santé qui représente les acteurs wallons de promotion de la santé et assure le travail de plaidoyer pour la Wallonie.

La spécificité bruxelloise…

Rappelons que Bruxelles se caractérise par une dualisation socioéconomique qui recoupe largement une dualisation géographique selon les communes, voire les quartiers. Les plus pauvres voient leur situation se détériorer encore plus. Ces disparités entre groupes sociaux et entre territoires se traduisent en inégalités en matière de santé (mortalité, morbidité, prévalence, styles de vie).

À ce propos, la FBPSanté offre la possibilité de s’appuyer sur un secteur organisé qui met en place des stratégies concertées et définit des stratégies ayant un impact sur la santé pour Bruxelles. La FBPSanté souhaite en ce sens participer à relever 5 défis de taille à Bruxelles :

  1. Collaborer à inclure la santé dans toutes les politiques.
  2. Contribuer à ce que la santé, comme droit fondamental, mobilise tant les citoyens que les élus.
  3. Œuvrer pour une politique de santé allant au-delà du soin et s’appuyant sur le secteur associatif est incontournable pour faire de Bruxelles, Capitale de l’Europe, une Région en santé.
  4. Favoriser un accès à la santé équitable.
  5. Faciliter une vision cohérente de la promotion de la santé en veillant à une articulation notamment avec la Fédération wallonne de promotion de la santé.

Contacts : Fédération bruxelloise de promotion de la santé : 151 rue Jourdan, 1060 Bruxelles, fbpsante.brussels@gmail.com

Enfants et écrans, des pistes pour s’y retrouver

Le 30 Déc 20

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Un projet local à destination des parents

Apprivoiser les écrans au quotidien, c’est possible ! C’est le message positif que la Mutualité chrétienne de la Province de Luxembourg et les centres de planning familial d’Arlon, Bastogne et Virton font passer aux parents en leur apportant des informations et des pistes concrètes. Aujourd’hui, la question n’est plus de se prononcer pour ou contre les écrans mais plutôt de savoir comment faire avec.
Télévision, tablette, console de jeux, ordinateur, smartphone… les écrans font partie de notre quotidien et de celui des enfants, dès le plus jeune âge ! À raison de 6 à 10 écrans par foyer, la cohabitation n’est pas toujours simple.

Enfants et écrans, des pistes pour s’y retrouver

Les recommandations des experts semblent parfois très difficiles à atteindre au quotidien. Cependant, il est important d’en tenir compte pour protéger les enfants de l’impact d’une surconsommation ou d’une mauvaise consommation des écrans. De leur côté, les professionnels de l’enfance observent des changements de comportement et se sentent de plus en plus souvent démunis, voire impuissants. Ils s’interrogent et souhaitent associer les parents à la réflexion.

Une réalité

Les écrans sont partout ! Rares sont les familles qui résistent encore à « l’envahisseur ». Si les adolescents et les adultes sont les plus gros utilisateurs, les enfants réclament à leur tour ces outils numériques et de plus, ils les manient avec une aisance innée. Il faut dire que tout est fait pour attirer les plus jeunes vers ces outils « high-tech » qui proposent, au nom du développement de l’enfant, des applications et des programmes souvent imaginatifs, créatifs, ludiques et interactifs.

Ces nouvelles technologies, en constante évolution, révolutionnent la société actuelle, la culture, l’enseignement, l’éducation, l’économie, la vie des foyers, et aussi la façon de communiquer. On assiste à la naissance d’une génération de « digital natives » ou « enfants du numérique » avec de nouveaux comportements qui suscitent l’inquiétude des parents et des éducateurs.

Entre optimisme et pessimisme

Les risques d’utilisation des écrans par les enfants ne sont plus à démontrer : sédentarité, addiction, surpoids, obésité, comportements agressifs, passivité, difficultés de langage, manque de temps, isolement, perturbations du sommeil, appauvrissement de l’imaginaire, troubles de l’attention et de la concentration… Mais par ailleurs, certains affirment que les écrans offrent des avantages supérieurs aux aspects négatifs, dont la possibilité d’être plus informé, d’acquérir de nouvelles connaissances, l’ouverture à de nouveaux horizons, le développement de nouvelles aptitudes…

On comprend dès lors qu’il n’est pas aisé de se forger une opinion éclairée. D’autant que les parents, eux-mêmes consommateurs d’écrans, souhaitent que leurs enfants « ne ratent pas le TGV » sous peine d’être hors-jeu pour le futur.

Les recommandations des experts

Depuis plusieurs années, les experts de l’enfance s’entendent sur une série de recommandations qui visent à protéger les enfants de l’impact d’une surconsommation ou d’une mauvaise consommation des écrans. Notons principalement la règle des « 3-6-9-12 » du psychiatre et docteur en psychologie Serge Tisseron. Cette règle évoque les quatre étapes essentielles de la vie des enfants (admission en maternelle à 3 ans, entrée en primaire à 6 ans, l’accès à la maîtrise de la lecture et de l’écriture à 9 ans et l’âge de 12 ans, lorsque l’enfant trouve ses repères en secondaire) et l’âge d’introduction des différents écrans dans la vie de ceux-ci. Ils s’accordent sur une balise de 30 minutes par jour tous écrans confondus entre 3 et 12 ans.

Des constats et des besoins communs

Depuis plusieurs années, le service Infor Santé de la Mutualité chrétienne de la Province de Luxembourg et les centres de planning familial d’Arlon, Bastogne et le centre pluraliste familial de Virton sont régulièrement en contact avec les enfants et les enseignants. Ensemble, ils font état de différents constats tant au niveau des comportements des enfants que des nouvelles demandes et besoins des parents et enseignants : consultations pour jeunes accros aux écrans, parents d’enfants et d’adolescents dépassés et en manque de repères, difficultés à établir des règles à la maison, demandes d’animation dans les écoles maternelles et primaires sur le thème des écrans, questionnements sur les liens entre hypersexualisation et écrans, comportements agressifs des enfants.

Au départ de ces constats et de ces besoins, ces services ont rassemblé leurs forces et leurs compétences pour avancer sur la thématique et s’inscrire dans une démarche d’accompagnement de la parentalité. Le choix du public cible s’est très vite dirigé vers les parents d’enfants de 5 à 8 ans, période d’apprentissage pour l’enfant durant laquelle il va acquérir de nouvelles habitudes.

Les objectifs de la démarche

Le but est de susciter le questionnement des parents quant à la place occupée par les écrans au sein du quotidien familial tout en les encourageant à se positionner en fonction de leurs représentations et de leurs réalités, de développer l’esprit critique en matière de choix en ce qui concerne le type d’écrans, le temps de consommation, le lieu, le choix des programmes afin de susciter de nouveaux comportements dans l’utilisation des écrans à la maison.
La démarche vise à stimuler les capacités des parents à faire des choix éclairés plutôt que de les culpabiliser sur ce qu’ils ne font pas ou devraient faire pour être de « bons parents ».

S’enrichir sur le sujet

Si tout processus de promotion de santé naît d’un relevé de besoins de terrain, il nécessite également un temps de recul pour se documenter et apprivoiser les réalités du sujet. Malgré l’omniprésence des écrans, le sujet reste encore mal connu pour de nombreux professionnels. C’est la raison qui a poussé le groupe de travail à réaliser une analyse plus approfondie basée sur un état des lieux de la littérature en la matière, sur l’existence des outils à disposition des professionnels et des parents mais également sur l’utilisation des écrans et son impact émotionnel chez les 5 à 8 ans.

À la rencontre des enfants

Pour ce faire, les partenaires sont partis à la rencontre de 47 enfants âgés de 5 à 8 ans issus de 6 écoles différentes de la province de Luxembourg : Attert, Arlon, Ruette, Virton, Bastogne et Compogne. Une rencontre qui aura permis d’en savoir plus sur le contexte d’utilisation des écrans à la maison, les codes et les règles d’utilisation, la qualité du sommeil, l’aspect émotionnel face aux images, les activités et les jeux sur écrans et hors écrans.
Une démarche originale et unique rythmée par un guide d’entretien imagé adapté à la tranche d’âge 5/8 ans.

Quelques résultats interpellants

  • 50 % des enfants interrogés ont de 6 à 10 écrans à la maison
  • La télévision est l’écran le plus utilisé
  • 8 enfants sur 47 disent avoir un écran dans leur chambre
  • 50 % regardent la télévision avant d’aller à l’école
  • 70 % regardent la télévision après l’école
  • 51 % regardent la télévision avant de se coucher
  • 70 % regardent la télévision sans la présence d’un adulte
  • 32 % choisissent le programme seul
  • 45 % changent le programme seul
  • 85 % des enfants jouent régulièrement sur console de jeux ; un quart possède sa propre console et certains disent jouer à des jeux réservés aux plus de 18 ans.

Ces résultats permettent entre autres de pointer le fait que les enfants sont régulièrement exposés à toutes sortes de contenus sans avoir
le décodeur pour les comprendre. En effet, de 2 à 7 ans, images et réalité se confondent.
Exposés aux images dès le lever, les enfants arrivent chargés d’émotions le matin à l’école et n’ont pas toujours la possibilité d’exprimer celles-ci. La concentration et l’attention en seront d’autant plus perturbées.

Rien ne remplace le monde réel

Si les écrans ont changé le quotidien des enfants, ceux-ci conservent les mêmes besoins pour se construire, à savoir découvrir le monde qui les entoure avec leur corps et expérimenter tous leurs sens : bouger, sauter, explorer, toucher, goûter, sentir, mesurer sa force physique, avoir des interactions avec sa famille et d’autres enfants, sans oublier l’apprentissage de l’ennui, facteur de créativité. Pour tout cela, rien ne remplace l’expérience du réel, que le monde virtuel ne permet pas.

La prévention avant tout

Positionner les parents dans un rôle de médiateur est essentiel afin de sensibiliser le plus tôt possible les enfants à l’utilisation des écrans. Pas de recette toute faite à diffuser. Il s’agit d’abord d’inviter ceux-ci à se questionner sur la place que prennent les écrans dans le quotidien de leurs enfants et de leur proposer des pistes qu’ils pourront mettre en pratique en fonction de leurs réalités. Tout cela passe par des informations simplifiées sur les repères mais surtout par l’écoute et le partage d’expériences.

Sensibiliser, rappeler, accompagner…

Parmi les moyens imaginés par le groupe pour agir préventivement sur l’utilisation des écrans à la maison, le groupe a souhaité rencontrer les parents en proposant un temps de rencontresous forme de conférence tout public, un livret sur le sujet et une page web.

 

Image

En toute simplicité, avec pédagogie, humour et sans discours culpabilisant, les partenaires ont proposé à cinq reprises une conférence « Enfants et écrans, des pistes pour s’y retrouver ». La conférence revisite les recommandations en apportant des pistes concrètes. Elle apporte un éclairage sur le développement de l’enfant et ses besoins au regard des résultats du sondage et invite les parents à partager leurs idées, astuces et questionnements. Un livret a également vu le jour. Il s’inscrit dans une démarche d’encouragement du parent pour lui faciliter l’accompagnement des écrans au quotidien. Dans ce guide illustré, le parent peut piocher des idées pour tester de nouvelles pratiques.

Le contenu passe en revue le « comment faire » pour accompagner au mieux l’enfant et rappelle les balises. Le livret est en lien étroit avec les différents âges de l’enfant et propose surtout des pistes concrètes.


Poursuivre le projet, partager les expériences, créer du lien et de l’entraide entre parents sur ces questions, tels sont les objectifs de la page web conçue pour l’occasion. On y retrouve plusieurs supports téléchargeables : le livret, le tableau des repères « le bon dosage pour chaque âge », une planche de tickets pour gérer le temps et une liste de trucs et astuces alimentée par les nombreux parents venus aux conférences.


Vous pouvez télécharger le livret et les autres outils sur www.mc.be/parents-lux 

Ensemble pour la santé

Le 30 Déc 20

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La Plate-forme d’action santé et solidarité (PASS) est née dans la foulée du Forum social belge de 2006. Elle s’inspire aussi de la déclaration d’Alma-Ata sur les soins de santé primaire (1978) qui précéda de quelques années la Charte d’Ottawa sur la promotion de la santé.

Ensemble pour la santé

Aujourd’hui, elle regroupe une bonne trentaine d’organisations flamandes, bruxelloises et wallonnes qui partagent une même vision du droit à la santé. Ces organisations sont issues de secteurs aussi variés que la santé, le logement, l’alimentation, le développement durable, la mobilité, l’éducation permanente, le monde du travail, l’économie alternative… Cette richesse fait en même temps la spécificité de la PASS, qui oriente ses activités sur les déterminants de la santé.

Ses principaux objectifs sont :

  • faire une analyse critique des politiques de santé menées dans notre pays ;
  • informer, sensibiliser et mobiliser la population et les professionnels de santé sur les conséquences des attaques des politiques néolibérales à l’encontre de la protection sociale et des services publics de soins de santé ;
  • soutenir les changements concrets sur le terrain en proposant des alternatives, en influençant les décideurs et en menant des actions concrètes.

Ses activités s’articulent de la manière suivante :

  • la Plate-forme est un lieu de rencontre des expertises d’acteurs du droit à la santé. Elle leur offre la possibilité de partager leurs expériences et connaissances, d’échanger leurs points de vue et d’enrichir leurs lectures critiques de la politique de santé, en donnant priorité aux contributions issues du terrain ;
  • elle s’inscrit dans une culture du débat. La mise en commun d’expertises multiples nourrit un débat vivant, orienté vers la recherche d’un consensus pour formuler des avis et revendications constructifs et les faire connaître sous différentes formes (conférences, dossiers thématiques, manifestes, cartes blanches…) ;
  • elle entend être un acteur de changement. La PASS appelle aussi à l’action via des mobilisations citoyennes.

La Plate-forme est aussi membre du People’s Health Movement et du Réseau européen contre la commercialisation de la santé et de la protection sociale.

Première biennale nationale de la santé et du bien-être

Depuis quelques mois, la PASS est passée à la vitesse supérieure. S’inspirant des journées organisées depuis de nombreuses années par l’Institut Renaudot (France), elle prépare activement une première rencontre de deux jours à l’ambition forte : contribuer à réduire les inégalités de santé (en augmentation dans notre pays comme dans beaucoup d’autres) et renforcer la dynamique en faveur de la promotion de la santé et du bien-être de tous.

La Plate-forme a mis en place plusieurs comités de préparation de l’événement : pilotage, organisation, ressources, pédagogique, communication. La tâche est considérable, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.

Nous retiendrons, d’ores et déjà, la forte implication du secteur francophone de la promotion de la santé dans la mise en route des deux journées dont l’ambition coïncide parfaitement avec les valeurs qu’entendent défendre les deux fédérations wallonne et bruxelloise de promotion de la santé.

Ces premières Rencontres « Ensemble pour la santé » auront lieu à Bruxelles les 1er et 2 décembre 2017. Nous vous en reparlerons certainement !

Plate-forme d’action santé et solidarité asbl / Actieplatform gezondheid en solidariteit vzw, chaussée de Haecht 53, 1210 Bruxelles. Courriel : info@sante-solidarite.be . Internet : www.sante-solidarite.be

Les produits alimentaires « responsables » perçus comme ayant meilleur goût

Le 30 Déc 20

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Les considérations environnementales et éthiques jouent un rôle croissant dans les choix des consommateurs, en particulier pour les produits alimentaires. Dans une série d’études, des chercheurs de la Louvain School of Management (UCL), de l’ULB et de l’Université de St Andrews ont investigué l’impact des caractéristiques éthiques des marques alimentaires sur l’expérience gustative des consommateurs. Les résultats montrent que les produits dits éthiques sont perçus comme ayant meilleur goût que les produits standards.

L’équipe de recherche a analysé les données d’une étude conduite auprès de plus de 4000 citoyens de 8 pays européens et organisé une série d’études expérimentales en Belgique et au Royaume-Uni afin de mesurer l’expérience gustative de produits alimentaires présentés comme éthique ou non.Ces études ont utilisé une variété de catégories de produits (sauce tomate, jus de fruit, biscuit, chocolat), avec différentes caractéristiques éthiques (bio, écologique, de production locale, issus du commerce équitable). Les participants lisaient une présentation d’une marque fictive présentée comme envisageant de s’implanter dans leur pays. Cette marque était décrite comme ayant des caractéristiques éthiques pour la moitié des participants et de façon standard pour l’autre moitié.

Lors de la dégustation du produit, tous les participants goûtaient le même produit quelle que soit leur condition expérimentale. Même pour les caractéristiques sans lien avec la qualité du produit (production locale, commerce équitable), les participants dans la « condition éthique » rapportaient une meilleure expérience gustative que ceux dans la « condition contrôle ». La consommation du produit était jugée plus agréable, savoureuse et délicieuse. Cette perception d’un meilleur goût menait à une augmentation de l’intention d’achat et du prix jugé comme acceptable pour le produit.

Le mécanisme responsable de cet effet est la satisfaction morale ressentie par les consommateurs de produits éthiques. Cette satisfaction morale mène à des attentes gustatives supérieures et ces attentes sont confirmées lors de la consommation du produit. Cette satisfaction morale est ressentie d’autant plus que les participants sont sensibles aux questions environnementales et de justice sociale. Dans l’étude européenne, ce sont les pays du nord de l’Europe dans lesquels les résultats sont les plus probants.

À propos de Fairtrade Belgium

Fairtrade Belgium (appelé autrefois Max Havelaar) fait partie de Fairtrade International. Des associations de producteurs collaborent avec des entreprises pour promouvoir une méthode de commerce plus équitable et permettre aux agriculteurs et travailleurs du sud de prendre leur avenir en main. Outre une production socialement et écologiquement durable, Fairtrade propose plusieurs garanties économiques assurant le progrès. Renseignements sur www.fairtradebelgium.be

Le goût et le prix des aliments restent les deux critères principaux que les consommateurs utilisent pour guider leurs décisions d’achat. Néanmoins les résultats obtenus montrent que le goût n’est pas uniquement une expérience objective mais est aussi en partie une construction subjective qui dépend des préoccupations morales du consommateur. Cette subjectivité de l’expérience gustative offre donc le moyen aux marques éthiques de donner un avantage à leurs produits alimentaires.

Le commentaire de Nicolas Lambert, Directeur de Fairtrade Belgium : « Cette étude est remarquable et confirme de manière scientifique ce que l’on peut observer sur le terrain ainsi que dans nos propres études de marché. Même si la première raison d’acheter et de vendre des produits du commerce équitable doit rester éthique, il est intéressant de voir que le bénéfice pour le consommateur est bien plus large que cette simple notion.Cela peut aussi contribuer à expliquer la forte croissance des produits issus du commerce équitable ces dernières années, ceux-ci étant sortis d’une niche uniquement militante. Cela montre également que les labels éthiques ou écologiques peuvent venir renforcer un nombre assez large de positionnements produit. Tout bénéfice pour les agriculteurs, l’environnement mais aussi le consommateur qui y trouve manifestement son plaisir. Il est réjouissant de voir que la bonne conscience a aussi bon goût ! »

Commentaire

On peut certainement se réjouir que de nobles considérations influencent de plus en plus nos choix de consommateurs.Toutefois, une autre lecture de ces études pourrait être moins positive. En effet, elles témoignent aussi, comme nombre de recherches antérieures à celles-ci, de la facilité avec laquelle il est possible de nous manipuler.On se consolera en pensant qu’ici c’est pour la bonne cause du développement durable, sans oublier néanmoins que la qualité des labels éthiques elle-même peut malheureusement parfois être contestable…

Tabacstop, bilan et nouvelle campagne

Le 30 Déc 20

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Rapport annuel Tabacstop : les chiffres-clés

20.000 contacts téléphoniques ont été enregistrés en 2016. Si ce nombre reste stable (à un niveau élevé, le nombre des appels a triplé quand en 2011 la mention du numéro d’appel a été rendue obligatoire sur les paquets de cigarette), nous avons assisté par contre à une explosion du nombre de visiteurs sur le site internet (+ 34%). Ceci nous a permis de dépasser le cap des 281.000 visiteurs uniques sur le site de Tabacstop.

Tabacstop, bilan et nouvelle campagne

Quel est le profil des appelants ?

Durant les heures de permanence, les hommes sont plus nombreux à nous contacter que les femmes. Par contre, ces dernières sont majoritaires dans le programme de coaching par téléphone (composé de 6 entretiens programmés avec un même tabacologue, qui accompagne tout le processus d’arrêt).72 % des appelants et 83 % des personnes qui suivent le programme de coaching par téléphone ont plus de 35 ans.75 % des appelants spontanés fument des cigarettes classiques et 29 % du tabac à rouler (certains fumeurs consomment les deux formes de tabac, ce qui explique le total supérieur à 100 %).

La proportion de fumeurs de tabac à rouler est plus élevée dans le cadre du programme de coaching (42 %).39% des appelants fument entre 11 et 20 cigarettes par jour, 24% plus de 20, 18% plus de 30 et seulement 18% moins de 10.18 % des appelants spontanés en sont à leur première tentative d’arrêt. En 2013, ils ne représentaient que 11 % des appelants. Cela montre que le public trouve plus rapidement qu’auparavant son chemin vers la ligne Tabacstop.

Plus de visiteurs sur le site d’année en année

Plus de 281.000 visiteurs uniques se sont rendus sur le site internet de Tabacstop en 2016. Au niveau de la répartition linguistique, on compte 144.797 visiteurs néerlandophones et 134.340 visiteurs francophones. La version allemande du site a pour sa part reçu 2.089 visites uniques.Il est intéressant de constater que les pics de fréquentation ont lieu le lundi, et que la fréquentation faiblit en fin de semaine. Cela est sans doute dû à un effet « bonne résolution » en fin de week-end similaire à celui qu’on observe en début d’année.

Taux de réussite

Pour mesurer l’efficacité du programme d’accompagnement, les participants sont recontactés 6 mois et 1 an après la date d’arrêt (ou de fin d’accompagnement).45% ont arrêté de fumer à la fin de l’accompagnement. À moyen terme, le taux de réussite est de 26% et à long terme de 23%.

Nouvelle campagne : envoyez une carte postale avec un message personnalisé à un fumeur

C’est le 14 février, à l’occasion de la Saint-Valentin que Tabacstop a lancé sa nouvelle campagne de cartes postales. Elle permet d’envoyer une vraie carte postale à une personne proche qui fume (ami, collègue, membre de la famille, etc.) afin de la convaincre qu’elle a tout à gagner à arrêter.Pour envoyer gratuitement une carte, il suffit de se rendre sur www.tabacstop.be, dans la rubrique Soutenir un proche.

L’outil propose des cartes « prêtes à envoyer » avec une photo à choisir et un message standard. Il sera aussi possible de personnaliser entièrement les cartes. Différents thèmes sont proposés : anniversaire, grossesse, départ à la retraite…Pour envoyer une carte, il suffit donc de quelques clics, et le facteur se charge du reste ! (lien direct vers la module web: https://lcc.mpostcard.be/fr ).

Spot TV et brochure Tabacstop

En 2016, la Fondation contre le Cancer a produit et diffuse un nouveau spot de promotion de son service d’accompagnement au sevrage. Elle met aussi à la disposition du public une brochure d’une quarantaine de pages « Je me sens tellement mieux sans tabac ! » en quatre parties :

  • « J’aimerais arrêter de fumer »
  • « Je me prépare à arrêter de fumer »
  • « Maintenant j’arrête vraiment »
  • « J’ai arrêté, je tiens bon ! »

Un soin particulier a été apporté à la lisibilité de ce document, avec l’appui de l’asbl Cultures&Santé, de façon à ce que son message puisse être entendu par un large public de fumeurs.

À propos de Tabacstop

Tabacstop est un service gratuit d’aide à l’arrêt tabagique. Son équipe est constituée de tabacologues. Ce sont des professionnels de la santé : médecins, psychologues, infirmiers… ayant obtenu un diplôme complémentaire en tabacologie et accompagnement à l’arrêt tabagique. Tabacstop est une initiative de la Fondation contre le Cancer, avec le soutien des autorités flamande, wallonne et bruxelloise.

Ligne téléphonique: 0800 111 00 – Internet: www.tabacstop.be

À propos de la Fondation contre le Cancer

La Fondation contre le Cancer rassemble les forces engagées dans la lutte contre le cancer et est active dans toute la Belgique. Dans notre pays, le cancer touche chaque année plus de 65 000 personnes. La Fondation finance des recherches scientifiques et renforce l’information et l’aide sociale pour les personnes atteintes d’un cancer ainsi que pour leurs proches. Elle est également active dans la prévention, la détection et la promotion d’un mode de vie sain.Les actions de la Fondation sont financées en quasi-totalité par la générosité du public. En 2015, moins de 5% des revenus provenaient de subsides, pour le service d’aide à l’arrêt tabagique Tabacstop.

Des clés pour mieux «concevoir» et accompagner les adolescents

Le 30 Déc 20

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« L’absence de murs, cela se construit » (Bruno Humbeeck)Dans le cadre d’un vaste programme éducatif « Et toi, t’en penses quoi ? », les Mutualités chrétiennes (MC) ont développé un outil pédagogique de mise en débats pour favoriser l’esprit critique des jeunes de 14 à 18 ans par rapport à leurs choix en matière de santé et de bien-être.

Des clés pour mieux «concevoir» et accompagner les adolescents

Depuis la rentrée de septembre, les services Infor Santé de promotion de la santé de la MC ont invité les professionnels de l’éducation et de l’animation à des journées décentralisées de conférences, tables rondes et débats d’atelier en Wallonie et à Bruxelles. Le 31 janvier 2017, c’était au tour des locaux de la faculté de médecine de l’UCL à Woluwe-Saint-Lambert d’accueillir près de 200 professionnels de l’enseignement, de la PSE (Promotion de la Santé à l’École), de l’Aide en Milieu Ouvert (AMO), des Services d’Aide et d’Intervention Éducative (SAIE)… pour une journée déclinée en deux temps, plénière le matin, ateliers thématiques l’après-midi.Le contenu devait faire mentir le caractère un peu réducteur de l’intitulé de cette initiative « L’ado, le décoder pour mieux l’accompagner ».

Comme l’indiquait le conférencier du jour, Bruno HumbeeckNote bas de page , il s’agissait plutôt d’aborder « L’adolescence : entre métamorphose et besoin d’expression, des clés pour mieux concevoir et accompagner ».Dans un exposé passionnant, à la fois riche en balises théoriques et par moment aussi très concret, il invitait les adultes à dépasser une vision stéréotypée de l’adolescence et de ses « problèmes » et à éviter le piège de nourrir à l’égard de ces êtres en pleine métamorphose des attentes démesurées. De ses affirmations percutantes, sur le règne de l’émocratie, sur le rapport entre journaux intimes et temps qui passe, sur le rire convivial opposé au rictus menaçant, sur les attentes démesurées des « hélicoptères », des « drones », des « frotteurs de curling », nous retiendrons en particulier son décentrage culturel et géographique au Bénin.

Son expérience d’une société qui n’a même pas de mot spécifique pour désigner l’adolescent lui fait dire que pour le comprendre, il faut avoir l’humilité d’un ethnologue. On l’aurait écouté des heures et cela tombait bien car la table ronde qui suivait lui permit de préciser d’autres aspects de son approche de l’adolescence, en particulier dans le domaine de la communication.Modéré avec sa bienveillance habituelle par Bernadette Taeymans (directrice de l’asbl Question Santé), alimenté par quelques questions écrites des participants (très bonne idée), l’échange porta entre autres sur deux compétences importantes : le développement de l’estime de soi et la stimulation de l’esprit critique.

Bernard De Vos, Délégué général aux droits de l’Enfant de la Fédération Wallonie Bruxelles eut l’occasion de nous rappeler combien l’école francophone belge est inégalitaire : les meilleurs élèves rivalisant avec les vedettes du classement PISA ; les moins bons occupant la queue du classement aux côtés d’élèves de sociétés dictatoriales et rétrogrades. Stigmatisant la logique délétère de l’école de la relégation, il plaida (une fois de plus) pour le formidable travail des acteurs de l’éducation informelle, exercé avec des budgets 60 fois inférieurs…

Claire-Anne Sevrin (Yapaka) expliqua la philosophie de travail de prévention primaire de la maltraitance mise en place par ce programme à l’initiative du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles mis en place en 2006 (www.yapaka.be).Elle montra aussi comment cette philosophie peut se traduire à travers le blog de Sandrine (www.100drine.be), un personnage fictif dans lequel de nombreuses filles de 12 à 15 ans peuvent se reconnaître. Cette jolie initiative m’a fait songer aux délicieux «Cahiers d’Esther» de Riad Sattouf, cette série de bande dessinée en cours de publication qui suit la vie quotidienne d’une fille de 10 jusqu’à 18 ans (elle en a onze pour le moment). L’après-midi était consacré à 7 ateliers de haut vol : être acteur du changement dans un monde radicalisé ;

  • travailler l’accès aux informations de santé avec un public primo-arrivant ;
  • aborder les représentations dans le cadre de l’Éducation à la vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) ;
  • travailler les compétences de santé avec les ados malades ;
  • renforcer l’esprit critique et l’estime de soi ;
  • faire face au harcèlement ;
  • travailler les compétences émotionnelles.

Ajoutons à cela une très riche et judicieuse sélection d’outils pédagogiques, des échanges nourris entre participants et une organisation sans faille du service Infor Santé de la Mutualité de Bruxelles bâtie sur un partenariat exemplaire avec le RESO UCL, Question Santé et le Centre bruxellois de promotion de la santé. Que demander de plus ?

Nous laisserons le mot de la fin à un des jeunes interrogés dans la capsule vidéo présentée en tout début de matinée qui comparait la cour de récréation de son école à un préau de prison, ce qui faisait remarquablement écho à un propos entendu deux heures plus tard de Bruno Humbeeck, à savoir que transformer l’espace en territoire s’avère souvent catastrophique !

Un outil pédagogique dédié aux adolescents

Le site www.et-toi.beNote bas de page s’adresse aux professionnels qui souhaitent que les adolescents puissent développer leur esprit critique sur des thématiques qui les concernent et les intéressent, en valorisant les échanges entre eux. Ils peuvent y trouver des fiches théoriques et pratiques, des dossiers d’animation personnalisés et des supports prêts à l’emploi sur les sujets suivants : alcool, boissons énergétiques et énergisantes, consommation durable, décodage des médias, drogues et addictions, eau et sodas, fastfood, light, régimes, réseaux sociaux, bouger, stress, tabac, vie relationnelle et affective.Cet outil a obtenu la mention « coup de cœur » de la Cellule d’experts de PIPSa en décembre 2013.

La philosophie du projet d’Infor Santé

Adopter une démarche de promotion de la santé dans sa pratique de terrain avec les adolescents…

  • C’est avoir une vision positive et globale de la santé du jeune.
  • C’est agir sur les divers déterminants de la santé, en portant une attention particulière aux déterminants positifs.
  • C’est soutenir le jeune pour qu’il puisse mettre en valeur ses aspirations, ressources et aptitudes.
  • C’est reconnaître les inégalités sociales de santé dans notre société et mener des actions visant leur réduction et/ou la réduction de leur impact.
  • C’est s’inscrire dans une dynamique de partenariat pour développer des projets interdisciplinaires et intersectoriels incluant les jeunes.
  • C’est insister pour que la santé soit une préoccupation de toutes les politiques et à tous les niveaux de décision.

Bruno Humbeeck est à la fois actif sur le terrain en tant que psychodépagogue et aussi directeur de recherche au sein du service des Sciences de la famille de l’Université de Mons. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la question, dont récemment « De Blanche-Neige à Harry Potter : des histoires pour rebondir ».

Voir l’article d’Infor Santé « Parler santé aux ados », Éducation Santé n° 298, mars 2014, https://educationsante.be/article/parler-sante-aux-ados/

La littératie en santé sous le feu des projecteurs

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

En octobre 2016, Cultures&Santé publiait un guide d’animation sur la littératie en santé. Depuis, l’association organise régulièrement des ateliers d’échanges et de réflexion sur ce sujet. Un moyen pour les professionnels-relaisNote bas de page de s’approprier plus facilement le guide, mais aussi ce concept qui peut sembler nébuleux au premier abordNote bas de page.

La littératie en santé sous le feu des projecteurs

« La littéra… quoi ? »« Il n’y a pas une faute dans ce mot ?», voilà une question qu’il n’est pas rare d’entendre lorsque nous distribuons le guide d’animation à nos relais. Si certains professionnels ne connaissent pas l’expression ‘littératie en santé’, ils se rendent rapidement compte qu’elle recouvre une réalité familière.

D’autres ont déjà entendu ce mot et souhaitent en savoir plus, c’est ce qui les pousse notamment à s’inscrire à nos ateliers :« J’ai eu l’occasion d’entendre parler de la littératie en santé dans ma formation d’assistante sociale. L’approche était très théorique, on n’a pas reçu d’outils concrets pour savoir comment faire dans la pratique. C’est ce que j’espère trouver dans cet atelier ».

Nous commençons l’atelier en demandant aux participants s’ils ont déjà rencontré des difficultés pour trouver et comprendre une information qui serait favorable à leur santé. La réponse affirmative est unanime et les exemples donnés sont nombreux et variés: des difficultés pour comprendre le système de sécurité sociale belge quand on vient de France, pour se dépatouiller entre les informations contradictoires que l’on reçoit de la part de professionnels de santé, pour déchiffrer les remboursements auxquels on a droit, pour comprendre les infos par téléphone quand le français n’est pas notre langue maternelle, pour faire face à la brutalité des informations transmises, pour trouver une information fiable sur le net…

La littératie en santé est définie comme la capacité d’accéder, de comprendre, d’évaluer et d’appliquer l’information de manière à promouvoir, à maintenir et à améliorer sa santé et celle de son entourage, dans divers milieux, au cours de la vieNote bas de page. Par ‘capacité’Note bas de page, nous entendons, par exemple, lire, écrire et calculer, mais aussi communiquer, résoudre des problèmes, évaluer les renseignements trouvés, appliquer une information en fonction de sa réalité quotidienne…Les exemples cités par les participants de l’atelier illustrent bien cette multitude de capacités dont il est question. Lorsque nous les décortiquons, ces exemples révèlent que ces capacités personnelles s’inscrivent en réalité dans des contextes marqués par la profusion d’informations disponibles sur la santé et leurs éventuelles contradictionsNote bas de page par la complexité même des systèmes sociaux et de santé, par les possibilités parfois limitées de choix…

Voyons voir ce qui se passe dans la suite de l’atelier. Ce petit exercice qui consiste à mettre ses difficultés personnelles sur la table permet de se rendre compte que la littératie en santé concerne tout le monde. Toutefois, nous ne sommes pas égaux face au développement et à l’exercice de ces capacités. Les personnes peu scolarisées, en situation de précarité, âgées ou immigrées sont davantage concernées par ces difficultésNote bas de page. Cette distribution inégale de la littératie en santé fournit une part de l’explication des écarts de santé qui existent entre les groupes sociaux. En effet, des chercheurs observent, par exemple, parmi ces populations, une moins grande participation aux activités de prévention telles que les dépistages, un nombre accru d’hospitalisations, une moindre confiance dans leurs choixNote bas de page

Les discussions qui se poursuivent avec les participants s’orientent vers les enjeux d’équité et de justice sociale que soulève la littératie en santé. À ce stade de l’atelier, nous convenons qu’elle est un levier possible pour promouvoir et améliorer la santé de toutes et tous et ainsi atténuer l’influence des inégalités sociales de santé.

Un regard ‘promotion de la santé’Lorsque Cultures&Santé s’est intéressée au concept de littératie en santé, elle l’a fait en l’analysant à travers ses lunettes ‘promotion de la santé’. Celles-ci ont permis de formuler des pistes d’action qui s’inscrivent réellement dans une perspective de promotion de la santé et de souligner certains éléments-clés propres au concept qui font sens dans notre champ d’action.

Premièrement, la promotion de la santé repose sur une vision multifactorielle de la santé qui prend en compte tous les facteurs sociaux, économiques et environnementaux qui influencent la santé. La santé ne se joue pas uniquement dans le secteur des soins. Suivant cette approche, nous considérons que la littératie en santé concerne toute information ayant un impact sur la santé ou le bien-être. C’est-à-dire aussi bien les informations portant sur les soins de santé que celles portant sur les facteurs de risque ou sur les liens entre la santé et les déterminants sociaux (le logement, l’école, les droits…).

En élargissant ainsi le type d’information visé par la littératie en santé, nous sortons de la sphère purement médicale et nous élargissons le spectre d’acteurs pouvant agir en sa faveur (acteurs du logement, associations de patients, médias, maisons communautaires, universités, enseignants, élus, mutuelles…). La littératie en santé n’est pas réservée aux seuls professionnels des soins de santé.

Guide d’animation ‘La littératie en santé, d’un concept à la pratique

Quelques repères

  • Littéra… quoi ?
  • Notre approche
  • L’influence du niveau de littératie en santé d’une personne sur son état de santé
  • Les facteurs qui influencent le niveau de littératie en santé d’une personne
  • Un levier pour plus d’équité en santé
  • Quelques chiffres
  • Agir à plusieurs niveaux

Pistes d’animation

  • Préalables
  • 11 pistes d’animation pour construire des ateliers sur la littératie en santé
    • La santé c’est aussi
    • L’information pour la santé, c’est quoi ?
    • Ils l’ont dit
    • Trouver et comprendre des informations : leviers et freins
    • Les sources de l’information pour la santé
    • Un bon support d’information pour la santé, c’est quoi ?
    • Les messages santé véhiculés dans la presse
    • Les informations pour la santé sur la toile en débat
    • Mettre en application une information pour la santé
    • Communiquer avec un professionnel médical
    • Créer ou adapter un support d’information pour la santé
    • L’évaluation
  • Boîte à outils
  • Bibliographie

Deuxièmement, notre attention s’est portée sur ‘l’application de l’information’, la quatrième dimension de la littératie en santé telle qu’elle a été définie plus haut. Celle-ci rappelle que l’information, si elle est accessible et compréhensible, n’est pas pour autant facile à mettre en œuvre et que cela dépendra fortement de l’histoire et des conditions de vie de la personne.

En termes de pistes d’action, cela passe par la création d’environnements plus favorables à l’exercice des capacités individuelles et par un accompagnement des personnes dans l’application des informations diffusées en prenant en compte leur situation, leur parcours de vie mais aussi leur choix personnel.Cette attention portée sur le contexte de vie des personnes permet de contrer le risque – parfois présent dans certaines conceptions de la littératie en santé – de se centrer exclusivement sur les comportements individuels, que ce soit ceux des personnes à appréhender l’information de manière attendue ou ceux des professionnels à bien communiquer.

Troisièmement, en tant qu’acteurs de promotion de la santé, nous travaillons souvent avec des groupes d’adultes. Il nous est donc apparu nécessaire d’imaginer une approche collective de la littératie en santéNote bas de page.Travailler la littératie en santé avec un groupe, c’est aller au-delà de la seule transmission d’informations ‘santé’. C’est renforcer les capacités des personnes à se saisir de ces informations et à porter une réflexion sur celles-ci en les reliant au contexte dans lequel nous vivons. Cela passe notamment par des projets collectifs spécifiques (par exemple l’adaptation par un groupe de citoyennes d’une brochure d’information en langage clair sur base de leurs préoccupations).

Travailler la littératie en santé avec un groupe c’est aussi réfléchir ensemble aux conditions et aux environnements qui facilitent l’application d’une information et pourquoi pas, à les modifier (par exemple en participant à la réflexion d’un hôpital qui souhaite devenir ‘prolittératie’Note bas de page ou en sensibilisant les commerces d’un quartier au diabète de type 2, pour qu’ils adaptent leur offre). Nous rejoignons ici le courant de ‘l’alphabétisation-conscientisation’ issu principalement des travaux de Paulo FreireNote bas de page qui vise la libération de la personne et son épanouissement en s’appuyant sur ses ressources propres et en s’engageant dans la transformation de la réalité matérielle et sociale environnante.

Fidèle aux démarches de promotion de la santé, cette approche de la littératie en santé vise, dès lors, le renforcement du pouvoir d’agir des personnes sur leur santé, autrement dit l’empowerment et poursuit comme objectif un changement social.

De l’utilité de parler de la littératie en santé…La littératie en santé fait l’objet d’un intérêt croissant. C’est pourtant un concept qui peut faire peur à certains : « On en entend beaucoup parler mais parfois on a l’impression que c’est un langage d’initié et que ça ne s’adresse pas à nous ». On peut donc pertinemment s’interroger sur l’utilité d’y faire référence.

Néanmoins, c’est aussi un concept intriguant qui pousse certains professionnels-relais à s’inscrire à nos ateliers ou à commander le guide. Nous observons également que ces personnes trouvent des éléments de réponse dans ce concept, leur permettant d’interroger leurs pratiques et de les faire évoluer.… aux dangers de sa récupération. Actuellement, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre les dérives et les dangers de l’utilisation à tout va de ce concept. La littératie en santé bénéficie d’une forte visibilité, d’un effet de mode pourrions-nous dire. Cela pousse de plus en plus d’acteurs (élus, professionnels de santé, chercheurs ou acteurs de l’industrie pharmaceutique) à s’y référer mais parfois dans une acception très (voire trop) étroite.

Selon cette acception, elle vise uniquement le renforcement des capacités individuelles en vue d’adopter mécaniquement les comportements de santé attendus, c’est-à-dire sans prendre en compte l’environnement qui sous-tend ces capacités. Cette vision étroite est dangereuse à plusieurs égards. D’abord, parce qu’en centrant les efforts et les actions uniquement sur les individus, elle déresponsabilise l’action publique et désinvestit les changements structurels qui sont, il est vrai, plus difficiles à mettre en œuvre. Ensuite, parce que l’amélioration du niveau de littératie en santé des personnes vise, pour ces acteurs, une plus grande complianceNote bas de page à un traitement et correspond à une vision médicale de gestion de la maladie et des risques. Cette approche de la littératie en santé et donc de la santé ‘médicale’ se fait beaucoup entendre et gagne en visibilité, ce qui a pour effet d’occulter d’autres approches plus complexes.

En conclusion, la littératie en santé n’a pas fini de faire parler d’elle et est plus que jamais sous le feu des projecteurs. Bien entendu cette visibilité ne doit pas se faire au détriment de celle d’autres actions complémentaires et plus structurelles. Pour Cultures&Santé, elle est un levier de promotion de la santé parmi d’autres et permet justement, à travers la porte d’entrée « information », d’agir avec les personnes sur une multitude de déterminants de santé.

Sur la littératie en santé dans Éducation Santé

Gérer sa santé: rêve ou réalité?, C. De Bock, n° 325, septembre 2016, https://educationsante.be/article/gerer-sa-sante-reve-ou-realite/Bilan des connaissances des Belges en matière de santé, H. Avalosse, n° 315, octobre 2015, https://educationsante.be/article/bilan-des-connaissances-des-belges-en-matiere-de-sante/La littératie en santé, P. Dupuis, n° 309, mars 2015, https://educationsante.be/article/la-litteratie-en-sante-comprendre-lincomprehension/Un regard d’intervenants sur les indicateurs de performance en promotion de la santé, Centres locaux de promotion de la santé, n° 307, janvier 2015, https://educationsante.be/article/un-regard-dintervenants-sur-les-indicateurs-de-performance-en-promotion-de-la-sante/

Nous profitons donc de ces dernières lignes et de l’intérêt qui aura amené le lecteur à parcourir cet article pour énoncer quelques exemples de pistes d’actions en matière de littératie en santé : rendre les institutions ‘prolittératie’, former les professionnels à la communication claire, développer des supports d’information simples et visuels, lutter contre la pollution informationnelle qui occulte l’information de qualité, investir dans les formations d’alphabétisation et de français… Mais aussi, continuer à investir dans l’amélioration des conditions dans lesquelles les personnes naissent, vivent, travaillent, vieillissent…

Comment se procurer le guide ‘La littératie en santé: d’un concept à la pratique’?En le téléchargeant sur le site internet de Cultures&Santé: www.cultures-sante.be.

En le commandant gratuitement en version papier auprès du centre de documentation: 02 558 88 11 ou par courriel à cdoc@cultures-sante.be.En participant à des ateliers d’échanges sur ce thème, organisés tout au long de l’année à Bruxelles et en Wallonie.

Voir https://cultures-sante.be/accompagnement/agenda-de-l-asbl.html

Par professionnels-relais nous entendons les travailleurs ou les bénévoles intervenant directement auprès de groupes d’adultes dans les secteurs de l’insertion socioprofessionnelle, de l’éducation permanente, de l’alphabétisation, de l’aide sociale et des soins de santé, notamment, et à qui nous venons en soutien à travers nos activités.

Nous remercions Chantal Vandoorne (APES ULg) pour sa relecture avisée de cet article et le partage de ses réflexions qui l’ont alimenté.

Il existe de nombreuses définitions de ce concept. Celle que nous proposons est largement inspirée de la définition du Groupe canadien d’experts sur la littératie en santé: Rootman I. & Gordon-Elbihbety D., Vision d’une culture de la santé au Canada: Rapport du Groupe d’experts sur la littératie en matière de santé, Ottawa, Association canadienne de santé publique, 2008, p.13.

Nous avons choisi d’utiliser le terme ‘capacité’ car c’est celui utilisé dans la plupart des définitions de la littératie en santé. Toutefois, le terme de ‘compétence’ pourrait être mieux approprié car il désigne l’action de mobiliser des savoirs, d’exercer des opérations en lien avec un contexte particulier.

Selon les émetteurs d’une information-santé, les objectifs poursuivis (informer, vendre, conseiller) ne sont pas les mêmes et peuvent même s’opposer. Citons par exemple les arguments santé qui sont utilisés dans les publicités pour faire vendre certains produits.

C’est dans les catégories de populations les plus défavorisées socio-économiquement que l’on rencontre les niveaux de littératie en santé les plus faibles (Van Den Broucke S. & Renwart A., La littératie en santé en Belgique: un médiateur des inégalités sociales et des comportements de santé, Louvain-la-Neuve, UCL, 2014, p.5). L’enquête européenne (2012) a montré que la littératie en santé suit un gradient social concernant l’éducation: elle augmente avec le niveau d’éducation (Kickbush I., Jürgen M. & alii, Health literacy. The solid facts, Copenhagen, OMS, 2013, p.7.).

Kickbush I., Jürgen M. & alii, Health literacy. The solid facts, Copenhagen, WHO, 2013, p.7.

Jusqu’à présent, dans la littérature, la littératie en santé est souvent abordée sous le prisme de la relation interindividuelle.

Un environnement prolittératie est un environnement favorable à la littératie en santé qui soutient le développement et la mise en application des capacités de littératie en santé. Le terme a été trouvé dans: Lemieux V., Pour qu’on se comprenne. Guide de littératie en santé, Montréal, Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 2014, p.7.

Pédagogue brésilien, Paulo Freire est surtout connu pour ses efforts d’alphabétisation visant les personnes adultes de milieux pauvres, une alphabétisation militante, conçue comme un moyen de lutter contre l’oppression. Plus d’information sur l’alphabétisation-conscientisation dans le Focus Santé ‘Alphabétisation et santé’, Cultures&Santé, 2012.

Par compliance, nous entendons le fait de suivre scrupuleusement le traitement ou des recommandations médicales.

L’éducation par les pairs, un enjeu pour la participation des jeunes

Le 30 Déc 20

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L'éducation par les pairs, un enjeu pour la participation des jeunes

Le 1er décembre 2016, le FARES, Question Santé et Éducation Santé organisaient une journée d’étude et de débat consacrée à l’éducation à la santé par les pairs. Lors de cette journée, Éric Le Grand, sociologue français et consultant en promotion de la santé, est revenu sur les raisons de miser sur cette formule.

L’éducation par les pairs n’est pas une idée nouvelle: elle s’ancre dans les principes de l’éducation populaire «Une éducation de tous, par tous, et pour tous», initiés au 19e siècle. Il s’agit d’un processus mettant en avant les jeunes comme acteurs et auteurs de leur santé. L’éducation par les pairs repose sur un principe inaliénable: celui de la participation des jeunes, comme un processus et non comme un moyen. Elle s’installe en tant que complément aux stratégies d’éducation à la santé traditionnelles. Par ailleurs, l’éducation par les pairs permet d’inverser la représentation négative d’une ‘jeunesse à risque’ en la positionnant comme ‘jeunesse ressource’.

Les bénéfices de l’éducation par les pairs dans le domaine de la promotion de la santé sont multiples, tant pour les professionnels que pour les jeunes impliqués dans les projets. Cette approche, souvent dynamique et créative, peut être envisagée lorsque les professionnels constatent que leurs outils, leurs propositions ou leurs projets ne rencontrent pas l’impact espéré et/ou parce que l’on est convaincu que l’engagement des jeunes est une plus-value pour la société.

«L’objectif d’un projet d’éducation par les pairs, c’est l’éducation, pas forcément le résultat, d’ailleurs difficile à évaluer» prévient Éric Le Grand. C’est pourquoi, les premiers effets positifs sont d’abord perçus par les jeunes pairs eux-mêmes au travers de leur participation. Parmi ceux-ci on retrouve: l’acquisition de connaissances sur la santé, le développement de compétences sociales, scolaires et professionnelles, le développement de l’estime de soi et l’amélioration des rapports avec les adultes.

Ce dialogue créé entre jeunes et adultes permet de faire remonter des difficultés rencontrées sur le terrain, par exemple en raison des représentations liées à certains sujets, et d’adapter les messages à des réalités pas toujours perçues par les professionnels.

Les jeunes pairs deviennent une source d’informations pour les autres jeunes de leur âge. Ils sont à même de comprendre leurs problèmes et d’y apporter des informations qui permettront à ces jeunes d’adopter des comportements favorables. En effet, les messages de prévention que les pairs transmettent ne sont pas aussi moralisateurs que ceux véhiculés par les adultes, souvent jugés ‘stigmatisants’ et ‘nuls’. Les thématiques qu’ils abordent (tabac, alcool, sexualité, violence, précarité, etc.) répondent aux préoccupations ou réalités observées chez les jeunes d’une façon non culpabilisante et interactive.

Pas des ‘pair-oquets’

Parallèlement, la mise en place d’une démarche d’éducation pour la santé par les pairs est très complexe à mettre en œuvre et demande de clarifier ses intentions dès le départ. Il ne faut pas traiter le jeune comme un ‘pair-oquet’, mais préciser les objectifs ainsi que les implications et les liens respectifs. Même si le rôle des adultes n’est pas central, ceux-ci ne doivent pas pour autant se déresponsabiliser. Au contraire, ils doivent accompagner, former et soutenir les jeunes dans leur démarche et ce, tout au long du processus. En apprenant à collaborer ensemble, pairs et professionnels contribuent à réduire les écarts intergénérationnels.

Il convient aussi de s’interroger sur la stratégie de recrutement des jeunes. Dans un groupe, la mixité tient une place importante. Le recrutement de pairs demande donc de s’organiser. Si l’on se contente des volontaires, on risque de se retrouver avec 80% de filles. «L’utilisation des réseaux sociaux est une des pistes à envisager» précisait Modus Vivendi lors de l’atelier d’échange de pratiques.

Si l’on sait que l’implication des jeunes est éphémère, on l’estime à plus ou moins un an. Cela s’explique par différents facteurs: un changement de priorités, la volonté de ne pas devenir pro, de ne pas s’encroûter, etc. Il faut donc anticiper le turn-over et réfléchir, dès le début, sur les moyens d’instaurer un passage de relais, pour assurer la pérennité des projets. Par exemple, via un système de tutorat, on facilite la transmission des connaissances et expériences entre pairs.

L’un des moyens de stimuler la motivation et de rendre les jeunes porteurs de projets est de les impliquer dans le processus décisionnel. La question de la reconnaissance sociale joue, et valoriser les jeunes dans leur engagement est essentiel. Il faut garder à l’esprit que les jeunes s’engagent avant tout pour le plaisir, pour se faire de nouveaux potes. Et bien que cet engagement soit de courte durée, il génère une sorte de capital social dont les effets positifs rejaillissent sur d’autres jeunes.

Prêts à tenter l’expérience?

Santé et promotion de la santé en milieu carcéral

Le 30 Déc 20

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Santé et promotion de la santé en milieu carcéral

Le mercredi 9 novembre dernier, la députée Véronique Salvi remettait officiellement à Maxime Prévot, Ministre de la Santé en Région wallonne, son rapport parlementaire sur la santé et la promotion de la santé en milieu carcéral. Retour sur sa genèse, points d’attention et perspectives.

En 2015, la députée Véronique Salvi est interpellée par le rapport de la Concertation des Associations Actives en Prison (CAAP asbl) présentant un état des lieux de l’offre de services faite aux personnes incarcéréesNote bas de page. Marquée par les constats émis, elle interpelle le Ministre Prévot au Parlement wallon et relaye l’échec de la politique pénitentiaire décrite par les associations actives en prison: ces dernières pointent un désinvestissement notable du monde politique concernant les enjeux pénitentiaires. Suite à cette interpellation, le Ministre de la Santé en Région wallonne a chargé la députée de rédiger un rapport sur l’état de santé des personnes détenues et les politiques de promotion de la santé en milieu carcéral.

L’état de santé des personnes détenues

La santé est peut-être l’un des aspects les plus préoccupants de la vie intramuros. En effet, le milieu carcéral est un environnement peu favorable à la qualité de vie et à la santé (physique, mentale et sociale) de la personne incarcérée. Plusieurs facteurs expliquent cela: le manque d’hygiène corporelle et environnementale, la promiscuité, le manque d’accessibilité au matériel de prévention et de réduction des risques ainsi qu’à certains soins, le manque d’accès à une nourriture saine, la sédentarité, la consommation de substances psychotropes, la violence…

Dans ces conditions, de nombreuses problématiques de santé sont davantage présentes au sein de cette population fragilisée par rapport à l’extramuros: prévalence accrue de certaines infections transmissibles (sida, hépatites, tuberculose…), problèmes de santé mentale (dépression pouvant parfois mener au suicide, automutilations, psychoses, stress…), surpoids…

Les besoins des personnes incarcérées en matière de santé sont donc grands et nécessitent une attention particulière. Il s’agit d’une question de santé publique étant donné que ces dernières seront amenées à rejoindre la société.

La santé en prison, sujet aussi préoccupant soit-il, manque cruellement de données scientifiques récentes au niveau belgeNote bas de page, bien que de nombreuses observations sur les pratiques de santé soient recensées dans des rapports notamment émis par des associations actives dans ce milieu. Dans ces conditions, la députée Véronique Salvi a donc été confrontée à la difficulté d’établir un état des lieux de la santé des personnes détenues en Wallonie.

Des lectures aux visites

Afin de rédiger son rapport, Madame Salvi a pris contact avec différents acteurs liés à la santé en milieu carcéral, dont le Service Éducation pour la Santé asbl (SES). Lors de notre échange, elle nous a exprimé son envie d’être accompagnée d’acteurs du terrain pour effectuer ses visites en prison afin de faciliter les rencontres.

Nous avons organisé celles-ci au sein de différents établissements pénitentiaires grâce au soutien de leurs directions avec au programme: découvertes des infrastructures, rencontres avec la direction locale et les services infirmiers, temps d’échange avec les Relais SantéNote bas de page formés par l’équipe du SES.

Certaines de ces entrevues se sont déroulées avec l’asbl Modus Vivendi qui, par ailleurs, a organisé une visite de la prison de Champ-Dollon, en Suisse, ce qui a permis une mise en perspective internationale.

Cette immersion dans ce milieu fermé, pour lequel les a priori sont nombreux, a permis à la députée d’aller au-delà des lectures et de s’imprégner des réalités du monde carcéral. Malgré cette volonté de s’appuyer sur des contacts de terrain, l’appropriation des spécificités du monde carcéral reste compliquée. Il nous faut toutefois déplorer certaines imprécisions qui subsistent dans ce rapport.

Des visites aux recommandations

À la lecture des recommandations de la députée, nous sommes marqués par la difficulté de se restreindre aux seules compétences wallonnes. Cependant, cela peut s’expliquer aisément.

Premièrement, la prison, institution totaleNote bas de page par excellence, est très difficile à ‘fragmenter’ et ce d’autant plus au regard de la définition de la santé. Il est évident que tous les aspects de la détention ont un impact sur la santé et sa promotion.

Deuxièmement, notre pays connaît un niveau de complexité institutionnel qui n’a que peu d’égal alors qu’en essence la santé ne se préoccupe pas de ces découpages institutionnels. Ainsi, bien que la Région wallonne soit relativement impuissante par rapport à des recommandations tels que le transfert des soins de santé des personnes détenues du SPF Justice vers le SPF Santé publiqueNote bas de page ou la publication des arrêtés d’application concernant la santé de la loi DupontNote bas de page, celles-ci restent incontournables.

Parmi les 27 recommandations que propose le rapport, 8 concernent directement la prévention et la promotion de la santé. À l’heure où le secteur se rassemble en fédérations, nous ne pouvons qu’appuyer la volonté de la députée de légitimer les associations de promotion de la santé dans les prisons.

Par contre, si nous accueillons avec enthousiasme ces 8 recommandations, il nous paraît important d’attirer l’attention sur la nécessité de ne pas confondre et réduire la promotion de la santé à la prévention et l’information. En effet, les recommandations insistent beaucoup sur la nécessité d’informer et d’éduquer les personnes détenues, notamment aux risques liés aux infections transmissibles. Or, la promotion de la santé en milieu carcéral doit permettre, et ce peut-être plus qu’ailleurs, des espaces d’échanges, de réflexions, de débats et d’actions. Il est fondamental que les personnes détenues et le personnel pénitentiaire soient au cœur des processus et non pas de simples publics cible d’éducation à la santé.

L’importance des collaborations est également apparue comme étant essentielle à Madame Salvi. En effet, elle met en avant l’importance des relations entre le personnel médical et les associations. Ajoutons qu’il nous semble nécessaire de veiller à ce que des collaborations se créent également entre les différents acteurs du milieu associatif actifs en prison ou à la sortie. De petits espaces de concertation existent déjà mais ont tendance à disparaître faute de temps ou d’implication des personnes concernées (tels que des groupes de pilotage locaux sur les questions d’assuétudes). Il nous paraît donc primordial de veiller au maintien de ces initiatives qui sont souvent porteuses de nouveaux projets et de collaborations.

Et après?

Il reste maintenant à suivre de près l’utilisation effective de ce rapport. L’objectif de ce travail parlementaire était de proposer des recommandations à débattre en commission parlementaire pour obtenir in fine des dispositions ‘traduisibles’ en décret. Il faut désormais que les acteurs wallons de santé en milieu carcéral se mobilisent afin que la publication de ce rapport ne soit que le début d’un processus plus concret, processus que ces acteurs devront suivre de près.

Sans conteste, l’équipe du Service Éducation pour la Santé asbl, active en prison depuis plus de 15 ans, s’engage à profiter de cette occasion pour contribuer à améliorer la qualité de vie en milieu carcéral.

CAAP (2015). ‘L’offre de services faite aux personnes détenues dans les établissements pénitentiaires de Wallonie et de Bruxelles’, 271 pages. Disponible sur https://www.caap.be/index.php/document/caap

Cela se traduit d’ailleurs en recommandations: ‘Établir un état des lieux de la santé des personnes détenues’.

Module de prévention des pairs par les pairs du Service Éducation pour la Santé (SES): c’est par la formation de Relais Santé que le SES vise l’instauration d’une dynamique de promotion de la santé et de prévention des comportements à risque en prison. Les Agents Relais Santé (ARS) et les Détenus Contacts Santé (DCS), volontaires, reçoivent une formation sur la santé adaptée aux réalités carcérales. Les relais sont préparés pour la construction et la mise en place de projets spécifiques au sein de leur établissement. Pour favoriser la mise œuvre de campagnes de prévention et de projets variés, le SES assure un suivi méthodologique mensuel de ces groupes de Relais.

Nous en référons ici à la définition de E. Goffman (Asile, 1968, p.41) «lieu de résidence et de travail où un grand nombre d’individus [les reclus], placés dans la même situation, coupés du monde extérieur pour une période relativement longue, mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont explicitement et minutieusement réglées». Les caractéristiques de tels lieux sont: coupure du monde extérieur; prise en charge de tous les aspects de l’existence des reclus par l’institution; mode de fonctionnement défini strictement et bureaucratique; représentations stéréotypées hostiles et réciproques entre reclus et surveillants; changement de la temporalité.

Suite à l’accord gouvernemental de 2014, il a été décidé d’étudier, via le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE), la faisabilité et le coût d’un transfert des soins de santé des personnes détenues du SPF Justice au SPF Santé publique. Les résultats de cette étude devraient théoriquement être publiés en mars 2017.

La loi Dupont ou loi «de principes du 12 janvier 2005 concernant l’administration pénitentiaire ainsi que le statut juridique des détenus» est la loi qui est censée organiser la peine de privation de liberté (catégories de détenus, organes de surveillance, règles de planification de la détention, énumérations des droits des personnes détenues – conditions matérielles, contacts avec l’extérieur, travail, formation et soins de santé -, règles de sécurité particulières, le régime et la procédure disciplinaires ainsi que le droit de plainte des personnes détenues). Publiée le 2 février 2005 au Moniteur belge, cette loi attend toujours ses arrêtés d’application pour toute la section sur la santé.

La ‘p’tite boîte’, pour une écoute des enfants

Le 30 Déc 20

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La ‘p’tite boîte’, pour une écoute des enfants

 «S’asseoir ça fait déjà du bien» 

Je suis infirmière scolaire depuis 27 ans. J’ai toujours été passionnée par tout ce qui touche à la relation humaine. J’ai réalisé des milliers d’entretiens avec des jeunes en souffrance, des parents désemparés, des enseignants démunis…

Confrontée au mal-être des élèves même très jeunes, j’ai constaté qu’aucune structure n’existe dans les écoles primaires pour permettre aux enfants de parler de leurs problèmes, contrairement au collège où il existe des lieux et de nombreux interlocuteurs (conseiller principal d’éducation, enseignant, assistante sociale, infirmière…).

J’ai donc décidé de mettre en place une cellule d’écoute dans une des écoles primaires de mon secteur. L’objet de cet article est de présenter cette cellule que j’ai appelée la ‘p’tite boîte » et que j’ai animée pendant cinq ans.

Trois thèmes récurrents

Ma rencontre avec un directeur d’école primaire très sensibilisé à la problématique des droits de l’enfant a été le déclencheur de mon expérimentation. Je lui ai proposé que son école mette en place une permanence que j’animerais tous les jeudis matin. Après avoir  exposé mon projet et recueilli l’accord de l’équipe enseignante ainsi que des délégués de parents, j’ai expliqué aux enfants ce qu’était la ‘p’tite boîte’. Les parents d’élèves ont également été informés du projet par courrier.

Une boîte aux lettres a été mise à disposition des enfants pour qu’ils puissent y déposer un petit billet avec leur nom afin d’obtenir un rendez-vous. Une salle de l’école a été réservée pour les entretiens.

Voici des exemples de billets (j’ai gardé l’orthographe d’origine):

  • Bonjour, je me san un peut triste.
  • Très chère Elen, j’ai un petit problème.
  • Problème de famille. Viens me chercher le plus tôt sera le mieux.
  • J’ai besoin de vous.
  • Depuis l’an dernier, j’ai des petits problèmes et j’ai besoin de conseils. Tu peux m’en donner?
  • Quand je veux dormir, je n’arrive pas.
  • Tous les matins, je me sens triste.
  • Cher iffermière, je voudrais vous voir.
  • Bonjour, mon problème c’est la récréation.

Les enfants se sont tout de suite appropriés l’outil et ils ont montré qu’ils avaient un réel besoin de parler. Je recevais une dizaine d’enfants par matinée, certains revenant plusieurs semaines de suite. Trois thèmes principaux étaient abordés dans les entretiens: la famille, la santé et l’école.

J’ai choisi pour chacun d’entre eux quelques phrases d’enfants ainsi qu’une histoire.

Le thème de la famille

  • Tout le monde peut se disputer, papa et maman se disputent aussi. Il faut quand même se marier…
  • J’ai peur pour mon frère, il dit des fois qu’il va sauter par la fenêtre…
  • Mon père est à l’hôpital, je m’inquiète…
  • Mes parents ne sont pas assez avec moi, j’aimerais passer plus de temps avec eux…
  • J’aurai bientôt une petite soeur demain ou après-demain, mon père est parti ce matin en Bosnie.
  • Mon père me frappe souvent avec la ceinture ou une sandalette sur les fesses. C’est tout le temps dans la tête d’avoir peur.
  • Je voudrais vivre avec des parents qui tapent pas. Je crois que je devrai quitter la maison. Je suis déjà triste.
  • Papa et maman, on dirait qu’ils ne m’aiment pas.

Le thème de la santé

  • J’ai l’impression que je vois pas bien…
  • Je suis trop grosse…
  • Qu’est que c’est les règles?
  • Je voudrais parler à la classe de mon handicap.
  • Je fais pipi au lit, je veux pas aller en classe verte.

Le thème de l’école et des copains

  • J’ai le coeur brisé parce que je me suis disputée avec ma copine.
  • Quand j’ai des soucis, je ne peux en parler qu’avec moi-même…
  • Je suis comme les autres mais un peu plus méchante.
  • Je passe toute la récré aux toilettes tellement j’ai peur.
  • J’ai peur de lui, j’ai peur d’être avec lui jusqu’au lycée. (un élève de CE2).
  • J’ai très peur de la maitresse.
  • Je n’arrive pas avec les mots, ils arrivent tout mélangés. Je ne sais pas lire…
  • J’écris toutes les insultes que l’on me dit et vous me direz si c’est normal qu’on me traite comme ça…

Enfants lucides

Lors des entretiens les enfants montraient une très grande capacité d’analyse et une grande compréhension de ce qui leur arrivait. J’étais loin d’imaginer tout ce que les enfants peuvent amener lors d’une rencontre: réflexion, pertinence, sensibilité, émotion (même ceux décrits comme perturbateurs). Je mettais à leur disposition des outils (dessin, marionnettes, théâtre) pour les guider et ils trouvaient en général eux-mêmes les solutions à leurs problèmes.

Après avoir expérimenté une piste discutée en entretien, ils revenaient très souvent me dire tout sourire: «Ca a marché!». Ou encore «L’orage est passé!», «Je vais mieux sur le chemin du deuil!», «Mes parents m’ont écouté!». Ils étaient passés à travers leur difficulté et avaient retrouvé du bien être en étant acteurs de leur vie.

Certains n’avaient pas de demande particulière en venant à la ‘p’tite boîte’. Par exemple un enfant est venu pour discuter de son quotidien au sein du foyer social où il vivait. Trois petites filles d’origine étrangère sont venues me montrer des danses folkloriques de leur pays. Un petit garçon me disait: «Mon papa est en prison, je vais le voir ce week-end. Je lui ai fait un joli dessin, regarde…».

Les enfants venaient parfois poser des questions existentielles:

  • C’est quoi l’amitié? C’est quoi l’amour? Dieu? Et la mort?
  • Pourquoi on est amoureux, comment on le sait?
  • Pourquoi a-t-il tué ses enfants?
  • Pourquoi y-a-t-il des enfants qui ont faim?

Et je me rappelle également de cette petite fille de 10 ans qui disait: «À quoi ça sert d’aimer si l’autre ne nous aime pas?»

Lorsque j’ai interrogé les enfants au sujet de la ‘p’tite boîte’, ils m’ont confirmé l’importance d’une permanence d’écoute à l’école en disant:

  • On peut parler des soucis qu’on a, des problèmes. Si on n’a pas envie d’en parler à la famille, ça nous soulage.
  • On pense plus tout le temps à ça et on travaille mieux.
  • Je me sens plus tranquille.
  • On relâche la pression.
  • Je n’ai plus peur, je suis en sécurisation avec vous.
  • J’en avais assez d’être triste dans ma tête.

De riches enseignements

Dès le départ, l’équipe éducative a encouragé les élèves à venir à la ‘p’tite boîte’. Si un enseignant remarquait qu’un enfant n’allait pas bien, il lui rappelait son existence mais c’est toujours (sauf en cas d’urgence) l’élève qui décidait en dernier lieu de venir ou pas. Pour un enfant timide ou en difficulté relationnelle il y avait souvent un gros travail de persuasion de la part de l’enseignant. Il est arrivé qu’une jeune fille arrive en pleurs à l’école le matin et que le maître lui suggère de venir à la ‘p’tite boîte’. Cette élève a accepté de venir me parler. Elle avait vécu une scène difficile (un décès dans la famille) et je l’ai reçue en urgence. Une autre avait été agressée en chemin, je l’ai rencontrée après son passage chez le directeur.

Lors d’un conseil des maitres, des enseignants m’ont dit: «c’est un soulagement pour nous de savoir qu’un enfant que l’on sait en souffrance vient te voir». Ils me disaient aussi que les élèves qui revenaient de la ‘p’tite boîte’ étaient plus détendus. Personnellement je le constatais souvent dans leur sourire quand ils me disaient au revoir à la fin d’un entretien.

Il m’arrivait de solliciter une rencontre avec les parents avec l’accord des enfants. Les parents acceptaient volontiers de me parler ou de me rencontrer. Nos relations se sont toujours passées dans un climat de confiance et la plupart du temps, les parents ont été des partenaires bienveillants dans l’aide à apporter à leur enfant. Les situations se résolvaient plus facilement qu’au collège où les relations sont souvent plus tendues entre parents et adolescents.

Quelques clés pour réussir

La mise en place d’une ‘p’tite boîte’ suppose que soient réunies un certain nombre de conditions.

Tout d’abord l’accord de toute l’équipe éducative de l’école est indispensable. Il s’agit d’un travail d’équipe au service des enfants, ce qui suppose une bonne communication entre les différents acteurs.

Ensuite l’intervenant devra s’entourer d’un réseau de personnes (médecins, assistantes sociales, psychologues…), la ‘p’tite boîte’ se voulant un lieu d’écoute et de mise en lien mais en aucun cas un lieu de thérapie.

L’intervenant devra de plus ne pas rester seul face à certaines situations difficiles amenées par l’enfant (maltraitance, idées suicidaires…) et n’hésitera pas à se faire superviser.

Le but de ces entretiens étant de faciliter la libération de la parole, leur réussite nécessite l’établissement d’une relation de confiance avec l’enfant. Celui-ci doit être assuré de la confidentialité des sujets abordés (le travail scolaire, l’école, la famille, les copains, la santé). La confidentialité peut toutefois être levée dans le cas où l’intervenant estime que l’enfant est en danger.

L’originalité de cette action réside dans le fait que les enfants sont considérés comme acteurs de leur santé. Ils ne sont pas adressés par l’enseignant ou un autre adulte mais la demande vient d’eux-mêmes. L’enfant ne doit jamais être forcé à venir à la ‘p’tite boîte’.

Une évaluation qualitative et quantitative respectant la confidentialité des entretiens doit être réalisée régulièrement et toute l’équipe éducative doit être informée des résultats.

J’ai ouvert ce lieu d’écoute pour essayer de répondre à un manque que j’avais identifié à l’école primaire. J’ai réalisé plus de mille entretiens d’élèves en cinq ans et tous les moments partagés avec eux ont été d’une grande richesse. Cette expérience d’écoute m’a montré que les enfants possèdent souvent en eux les ressources suffisantes pour gérer au mieux les problèmes qu’ils rencontrent. Ils ont juste besoin qu’on les accompagne dans leur cheminement. La célèbre maxime de la pédagogue Maria Montessori «Aide-moi à faire seul», pourrait être la devise de la ‘p’tite boîte’.

Pour finir voici la réponse qu’une petite fille m’avait donnée quand je lui demandais ce que lui apportait la p’tite boîte: «S’asseoir, ça fait déjà du bien.»

Alors, à quand une ‘p’tite boîte’ dans chaque école primaire?

Éric Breton: “Nous sommes moins naïfs qu’il y a 30 ans”

Le 30 Déc 20

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Propos recueillis par Anne Le Pennec

Éric Breton est enseignant-chercheur, titulaire de la chaire INPES «Promotion de la santé» à l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP) à Rennes (France). Nous ne pouvions manquer de faire appel à lui pour ce numéro spécial d’Éducation Santé. Nous lui avons posé quatre questions.

Éducation Santé: Selon vous, il y aurait un malentendu autour de la Charte d’Ottawa. Quel est-il?

Éric Breton: Ce n’est pas un grand malentendu mais tout de même. On parle de la Charte d’Ottawa depuis des années et en particulier de ses cinq leviers d’action. En réalité, ces leviers ne disent pas grand chose de concret aux acteurs de la promotion de la santé.

Il faut se souvenir que ce texte a été rédigé dans l’idée qu’après une dérive vers la biomédicalisation, il fallait réorienter l’action en santé. Au fond, il dit que ce n’est pas en mettant tous les moyens dans les soins que l’on parviendra à améliorer la santé des populations.

Ma lecture de la charte n’est pas opérationnelle. J’y vois une carte des déterminants de santé des populations. C’est une affirmation importante et un guide essentiel pour l’action mais sans cap opérationnel.

Elle pose aussi des principes pour l’action, un cadre de valeurs qui au fond sont des valeurs démocratiques et humanistes. Mais elle ne va pas au-delà et laisse les gens quelque peu sur leur faim, désarmés.

ES: Quels outils vous paraissent pertinents pour agir en accord avec ces principes et valeurs?

EB: Ils sont nombreux, de même que les actions déployées sur le terrain, dans les quartiers, au plus près des populations pour améliorer leur santé. Mais il y a eu, je crois, beaucoup d’interventions fondées sur des intuitions qui, tout en s’avérant aujourd’hui tout à fait justes, n’étaient pas confirmées par la science.

Je pense par exemple au principe de participation des populations dans la définition et le déploiement des projets. Nous avons aujourd’hui les preuves que cela renforce l’efficacité des actions et favorise la persistance des effets dans le temps.

Pourtant, la science a peu suivi pour éclairer les pratiques. Je pense que nous devons maintenant mettre l’accent sur la compréhension des mécanismes capables de changer les politiques publiques, créer des environnements favorables ou renforcer l’action communautaire, pour ne citer que ces trois axes de la charte. Nous devons développer des approches plus rigoureuses.

L’action communautaire comme elle se pratiquait à l’époque d’Alma Ata, à la fin des années 70, reste un levier pertinent, surtout si on y met de la science et que l’on convoque des approches qui s’émancipent d’une perspective de causalité linéaire pour mieux comprendre les rouages de la mobilisation de la population et comment celle-ci peut produire des améliorations de la santé.

Il nous faut des modèles pour être en capacité de répliquer les expériences positives. Pour cela, nous devons aller au-delà de la description par le récit pour aller chercher le ou les ingrédients actifs, qui génèrent les effets, et comprendre comment transposer les expériences heureuses dans d’autres contextes et à d’autres populations. Cela implique de disposer de nouveaux modèles et devis d’évaluation, autres que ceux du modèle biomédical. Des travaux en sciences de l’évaluation vont dans ce sens et méritent d’être soutenus.

ES: La promotion de la santé n’en a donc pas terminé avec le modèle biomédical?

EB: Effectivement. Nous avons toujours une lecture biomédicale des actions, qui nous pousse à la simplification. Cela ne peut pas marcher, entre autres parce que nos actions visent des populations, pas des individus. Heureusement, les formations en santé publique commencent à s’émanciper des facultés de médecine.

Les fonds de recherche, eux, restent encore dominés par les sciences biomédicales, où la promotion de la santé est soit invisible, soit jugée négativement. La composante sociale de nos approches suscite toujours beaucoup d’incompréhension dans les instances qui allouent les budgets. Récemment encore, j’ai entendu un chercheur se demander à quoi bon financer un projet dont un des volets consiste à organiser des réunions avec des habitants…

ES: À votre avis, où se situe l’avenir de la promotion de la santé?

EB: Grâce au développement des connaissances sur les déterminants de santé, nous sommes aujourd’hui moins naïfs qu’il y a 30 ans. On sait notamment le poids du logement, du transport, de la solitude, etc. Le monde de la santé voudrait que les autres secteurs viennent à elle, incluent cette préoccupation dans leurs projets. Mais nous devons nous aussi nous intéresser à leurs domaines, participer à leurs réunions, faire connaissance avec leurs outils. La promotion de la santé a tout à y gagner.

Par ailleurs, nous vivons une période de transformation des modèles de gouvernance pour relever les défis de notre époque. Travailler en silos comme nous en avions l’habitude jusqu’ici n’est plus opérant. Face au réchauffement climatique ou au chômage persistant par exemple, l’intersectorialité à tous les niveaux – national, territorial, local – s’impose. Cet objectif est l’un de ceux que poursuit l’Organisation des Nations Unies en matière de développement durable. La déclaration de Shanghai, signée en novembre 2016 à l’issue de la neuvième Conférence mondiale sur la promotion de la santé, fait le pont en affirmant que la santé et le bien-être sont essentiels pour réaliser son ambition de développement durable à l’horizon 2030.

Jean-Pierre Deschamps: «Tout n’a pas commencé en 1986»

Le 30 Déc 20

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Jean-Pierre Deschamps: «Tout n'a pas commencé en 1986»

Jean-Pierre Deschamps est un homme âgé. Pédiatre et médecin de santé publique français, il a dirigé l’École de santé publique de Nancy. Il revient pour nous sur une série d’événements grands et petits qui, l’air de rien, ont contribué à tracer le sillon de la promotion de la santé dans les vingt années qui ont précédé la signature de la Charte d’Ottawa.

De la Seconde Guerre mondiale à Woodstock

Nous sommes en 1964. En France, l’Institut National d’Hygiène (INH) créé 23 ans plus tôt en pleine Seconde Guerre mondiale, vit ses derniers jours. Le pays a besoin d’une institution capable de créer des laboratoires et de mobiliser des fonds et des personnels pour la recherche publique. Ce sera l’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, dotée dès sa création de différentes divisions.

Une de ces divisions est baptisée ‘division de la recherche médico-sociale’ et découle d’une volonté inédite: développer une recherche autre que biomédicale. Sa principale mission consiste à assurer l’information et la recherche en santé publique.

«À cette occasion, le terme de promotion de la santé était cité pour la première fois, rapporte Jean-Pierre Deschamps. Jusqu’alors, l’hygiène occupait tout le champ de la santé publique. À la même époque, la santé communautaire se développait dans d’autres pays, notamment en Amérique du Sud puis au Québec. L’idée que c’est aux gens de choisir leurs modes de vie et aux professionnels de les y aider et non de dicter leurs consignes se répandait. Sans oublier le climat social et politique de ces années-là fortement marqué par l’aspiration à la liberté et à l’autonomie des peuples, qui s’est traduit, entre autres, par les mouvements de décolonisation.’T

rois idées force animent les esprits des quelques pionniers français, issus pour beaucoup du monde médical et en particulier de la pédiatrie. «Ils voulaient aller au-delà de l’hygiène mais aussi considérer les politiques de santé comme des politiques sociales qui s’exercent sur le terrain, dans les départements et dans les quartiers et enfin s’inspirer des expériences de santé communautaires dont ils commençaient à avoir vent, où les personnes ont leur mot à dire et où le travail se fait avec des groupes plus ou moins formels.»

En 1969, tandis que le festival de Woodstock bat son plein, les décideurs réunis à Genève au sein de l’Organisation mondiale de la santé jettent les bases de l’éducation pour la santé et en définissent les objectifs. Parmi ceux-là, on peut lire: «développer chez les individus le sens des responsabilités pour ce qui est de leur propre santé et celle de la collectivité, et leur aptitude à participer de manière constructive à la vie de la collectivité».

Participer à la vie de la collectivité, voilà qui donne la bonne direction aux yeux du Pr Deschamps et de ses collègues en faveur d’un nouvel exercice de la santé publique ancré sur le terrain.

«Lorsque l’Assemblée mondiale de la Santé, sous l’égide de l’OMS là encore, se réunit en 1973, un large mécontentement est exprimé à l’égard des services de santé accusés de faire le lit des inégalités de santé», poursuit le pédiatre. «En 1973!»

Est-ce cette année-là ou la suivante que le terme ‘promotion de la santé’, traduction littérale de l’expression anglaise ‘health promotion’ forgée par l’OMS, a fait son apparition? Jean-Pierre Deschamps n’en est plus tout à fait certain. «En tout cas, se désole-t-il, c’était difficilement traduisible en français et ce terme, promotion de la santé, n’est ni attirant, ni facile à comprendre. Mais nous n’avons hélas jamais été fichus de trouver un mot capable de rassembler et de traduire tout ce qu’il y a dans cette notion. Cela a contribué au mouvement de retrait d’un certain nombre d’institutions à l’égard de cette approche.»

Réchauffement diplomatique et balises théoriques

Fin de l’été 1978. Des dignitaires soviétiques et américains, entre autres, sont réunis au Kazakhstan pour la conférence internationale sur les soins de santé primaires d’Alma Ata. En pleine Guerre froide, le simple fait de cette rencontre est déjà incroyable’, souligne Jean-Pierre Deschamps, qui s’empresse d’ajouter: ‘On a surtout retenu les engagements pris en faveur des soins primaires mais ce n’était pas le seul enjeu. La déclaration pose également deux principes clés, à savoir la participation des différents secteurs socio-économiques à la santé et le droit individuel à prendre part à sa santé.’

En 1980 est publié l’ouvrage collectif Santé publique, santé de la communauté.

Le premier ouvrage moderne de santé publique’, estime Jean-Pierre Deschamps, qui en est l’un des auteurs avec Jacques Monnier, Jacques Fabry, Michel Manciaux et d’autres.

Puis un premier colloque international sur la promotion de la santé s’est tenu à Nancy en 1985. Le Professeur Bernard Pissaro y était. Un an plus tard, il participait à la rédaction de la Charte d’Ottawa. ‘Quand ce texte est arrivé, j’ai fait partie de ceux qui se sont enthousiasmés car c’était le texte que nous attendions, qui couchait enfin sur le papier ce à quoi nous pensions depuis des années sans réussir à le formuler de manière claire. Des pays comme la Belgique, le Québec ou l’Espagne ont fait de réels efforts pour appliquer ses principes. Mais en France, les responsables des institutions de santé de l’époque n’ont rien voulu comprendre. Certains y voyaient même un concept subversif. Personne n’avait vraiment envie de bouger… sauf les acteurs de terrain.’

La suite est sans doute mieux connue…

La promotion de la santé qui marche bien, épisode 2

Le 30 Déc 20

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Dans Locomotiv’ il y a loco comme locomotive, celle par qui avance le train, et motiv’ comme motivation celle qui souvent fait défaut et dont l’absence empêche d’avancer. Locomotiv’ est aussi le nom d’un groupe d’échange solidaire singulier, qui a vu le jour en 2012 à Saint-Étienne à l’initiative de plusieurs relais emploi de centres sociaux et l’équipe mobile de psychiatrie du Centre hospitalier universitaire (CHU) soutenus par la Ville.

‘Les professionnels de ces structures rencontraient des personnes ne relevant ni des soins en santé mentale, ni de l’insertion par l’emploi encore trop difficile à envisager. Pour autant, elles avaient besoin d’un accompagnement. Nous avons imaginé ce groupe comme une réponse intermédiaire entre le soin et le social’, résume Marie Denisot, chargée de mission santé publique à la mairie de Saint-Étienne.

Objectif affiché : enrayer les mécanismes de souffrance psychosociale. Car se réapproprier une place au sein d’un groupe, c’est déjà s’accepter soi-même en tant qu’individu et retrouver un peu son identité.

Le groupe se réunit deux jeudi après-midi par mois. Jamais plus de trois fois au même endroit pour ne pas peser sur une structure plus que sur les autres et pour aller au-devant d’un maximum de personnes. Le groupe lui-même est à géométrie variable. On y vient si on veut une fois, deux fois, plus souvent ou plus jamais. Ni groupe de parole, ni groupe thérapeutique, on ne sait pas en venant de quoi il sera question. On est sûr en revanche de trouver des personnes avec lesquelles échanger, partager des idées et des paroles sans jugement et dans le respect.

Autre particularité du groupe, la participation des professionnels des structures impliquées, notamment de celle qui accueille. ‘Ils font partie du groupe comme les autres, sans hiérarchie. C’est avant tout un groupe d’humains’, ajoute Marie Denisot, qui se souvient avoir dû batailler ferme pour faire comprendre et accepter ce projet aux contours flous de prime abord, sans obligation de résultat par ses financeurs, à commencer par la Ville et la direction départementale de la cohésion sociale dans le cadre d’un contrat urbain de cohésion sociale.

«Un tel projet alternatif demande beaucoup d’investissement de la part de gens et d’organismes dont ce n’est pas la mission première et qui néanmoins acceptent d’y consacrer du temps» , reconnaît-elle. Au fil des rencontres, des liens se tissent, des compétences sortent de l’ombre. L’un commence une histoire, son histoire qui devient un livre, l’autre lance une discussion sur un fait d’actualité, un troisième organise une sortie pour le groupe.

«Puisque rien n’est prédéfini, tout est possible» conclut joliment Marie Denisot.

Comment la Charte d’Ottawa s’est implantée en Belgique francophone

Le 30 Déc 20

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Comment la Charte d’Ottawa s’est implantée en Belgique francophone

Texte d’après une conférence introductive donnée à Toulouse le 16 juin 2016,dans le cadre d’une Journée d’échanges régionale (JER) organisée à l’occasion du 30e anniversaire de la Charte d’Ottawa. Cette journée était organisée par l’Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé d’Occitanie (www.ireps-occitanie.fr) et la Fédération nationale d’éducation et de promotion de la santé (www.fnes.fr).

On a observé en Belgique francophone un mouvement de professionnalisation et d’organisation de l’éducation pour la santé: une série d’acteurs professionnels se sont impliqués et se sont progressivement structurés dans des associations.

Au début des années 1980, les enjeux pour ces acteurs sont la qualité, l’amélioration des pratiques et des services, ainsi que l’ancrage local. On parle d’éducation pour la santé mais les prémisses de la Charte d’Ottawa sont déjà présentes, puisque l’on parle aussi de promouvoir la santé, d’éthique, de santé globale, d’émancipation sociale, d’amélioration des cadres de vie et de la qualité de vie.

En 1997, le décret sur la promotion de la santé est voté par le parlement francophone belge. Il prévoit de définir des priorités de promotion de la santé sur cinq ans et encadre l’agrément de structures ayant pour but de développer des synergies locales. Ces structures, les centres locaux de promotion de la santé, ont des missions similaires à celles des comités départementaux d’éducation pour la santé en France (CODES).

Le décret prévoit un financement pluriannuel pour ces activités et marque la volonté d’intégrer dans un même cadre la médecine préventive, la promotion de la santé et l’éducation pour la santé.

Bilan en demi-teintes

Le bilan que l’on peut dresser du décret de 1997 permet de retenir tout d’abord la diversité d’acteurs qui ont appliqué des objectifs et des méthodes d’intervention communs, des cadres de référence communs, basés sur des textes internationaux et des connaissances scientifiques, dans des interventions qui dépassent le champ de la santé. L’esprit est celui de l’empowerment, de l’action sur les milieux de vie, de l’action intersectorielle, de la réduction des inégalités sociales de santé et du plaidoyer pour des politiques publiques saines. En créant cette culture commune d’intervention, les acteurs de promotion de la santé se sont professionnalisés en se formant dans les universités, mais aussi en confrontant leurs pratiques dans des démarches collectives afin d’en définir les critères de qualité. Cette conception de la qualité était largement partagée par l’administration de tutelle, qui les appliquait à la conception des programmes et politiques de prévention.

Un autre élément positif est la présence de déclinaisons locales des programmes, d’un appui méthodologique et stratégique, et une véritable articulation entre les stratégies de médecine préventive et de promotion de la santé.

En revanche, certains points négatifs ne peuvent être ignorés. Bien qu’une toile de fond ait été tissée, il n’y a pas encore de réelle planification stratégique des actions mises en place. Par ailleurs, alors qu’a émergé une identité sectorielle forte pour les acteurs de la promotion de la santé, le manque de visibilité persiste, notamment auprès des acteurs politiques.

On se heurte également à la difficulté de diffuser le concept de promotion de la santé de manière durable en dehors du secteur, car les partenariats manquent parfois de stabilité.

Enfin, le sous-financement persistant, le manque d’investissement des politiques publiques dans la prévention, la promotion de la santé et l’éducation pour la santé, en comparaison avec le secteur curatif, sont des freins majeurs pour le développement des actions en promotion de la santé en Belgique francophone.

Espoirs et défis

Les espoirs

  • Les valeurs de la Charte d’Ottawa offrent des occasions d’alliances avec d’autres secteurs ayant des valeurs identiques. D’autres branches valorisent en effet l’action complexe, l’intelligence collective, traitent de la question des inégalités sociales et de la cohésion sociale. Le secteur du développement durable en est un exemple.
  • Des alliances sont aussi possibles avec la première ligne de soins, en particulier  le secteur de la prévention des maladies chroniques, des grands plans de prévention et de suivi de ces maladies. La promotion de la santé pénètre de plus en plus dans le secteur du soin et dans la médecine générale.
  • L’accès facilité aux connaissances et aux informations, et les outils pour l’action politique intersectorielle, tels que l’évaluation de l’impact sur la santé (EIS), représentent des perspectives prometteuses pour la promotion de la santé.

Les défis

Appliquer la «Santé dans toutes les politiques »

• Favoriser les programmes transversaux, tout en conservant la professionnalisation et l’organisation du secteur spécifique de la promotion de la santé;

• Augmenter les compétences pour l’action intersectorielle aux différents paliers, notamment adapter le vocabulaire, les méthodologies aux mondes des autres secteurs tout en conservant le focus ‘santé’.

Développer de nouveaux modes de construction et de diffusion des connaissances propres à la promotion de la santé

• Croiser les expertises des publics concernés, des professionnels et des scientifiques;

• Articuler les connaissances issues de la recherche et des expériences internationales avec les savoirs issus de la pratique des professionnels et des populations locales.

Contribuer à la lutte contre les inégalités sociales

• Renforcer le continuum ‘promotion de la santé-prévention-soins’, c’est-à-dire l’accompagnement dans et en-dehors du système de santé, tout au long du parcours de vie des individus;

• Conserver l’enfance comme cible prioritaire;

• Accroître l’universalisme proportionné dans les programmes et politiques;

• Prendre en compte la dimension territoriale des inégalités;

• Agir globalement sur les facteurs individuels, collectifs et contextuels.