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Journal intime d’un groupe de femmes

Le 28 Juin 23

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C’est à la mi-mai qu’Education Santé a poussé la porte des Pissenlits, au cœur de Cureghem à Bruxelles, pour rencontrer Fatima, Joëlle, Loubna, Naïma et une partie de l’équipe. Le but de notre rencontre : présenter l’ouvrage récemment paru, le Journal intime d’un groupe de femmes – Une mise en œuvre de la démarche communautaire en santé. D’emblée, le titre nous a questionné. Pourquoi avoir assemblé ces termes qui ne se rejoignent pas au premier regard ? Attablées avec le groupe de femmes porteuses du projet, celles-ci nous racontent comment, au travers de cet ouvrage, elles ont lié l’intime, le groupe et le collectif.

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crédit image: Raquel Santana de Morais

Le groupe de paroles

« Il faut remonter assez loin dans le temps », démarre Vérane Vanexem, co-coordinatrice des Pissenlits et une des deux responsables du projet, « mais comme tous les projets des Pissenlits, celui-ci est né d’une demande des participantes ». Au départ, un groupe « santé et bien-être » alliait séances de sport et discussion autour de thématiques santé. Progressivement a émané un groupe « santé au féminin » pour aborder des questions plus spécifiques telles que le dépistage du cancer du sein, la nutrition, les allergies… C’est à la suite de leurs rencontres avec Catherine Markstein, fondatrice de Femmes et Santé, pour aborder la ménopause que le groupe est devenu « Femmes, hormones et société ». Un groupe qui souhaitait se rassembler pour aborder les différentes étapes de la vie d’une femme. « Dès le départ, l’idée était d’enregistrer les échanges pour en faire un recueil, sans avoir une idée plus précise de la forme que cela prendrait », avance déjà Vérane.

Ce sont au total 19 femmes qui ont participé aux échanges durant les 4 années où le groupe s’est rencontré, d’âges différents, d’origines ou de cultures différentes, certaines mamans ou épouses, d’autres non, des femmes sourdes et des femmes entendantes. « Certaines sont venues du début à la fin à toutes les réunions, d’autres ne sont pas restées jusqu’au bout. Mais chacune, d’une façon ou d’une autre a contribué à cet ouvrage », complète Joëlle.  

Un cadre pour partager l’intime

Démarrer le groupe de parole impliquait dès le départ de poser un cadre bienveillant, respectueux, et surtout la nécessité de taire à l’extérieur ce qui se partageait à l’intérieur. « C’est un endroit où on pouvait s’exprimer en toute confiance, raconte Naïma. On avait une charte de confidentialité qui nous a mises à l’aise, on a pu raconter des histoires intimes sans s’inquiéter que ça sorte des murs. » L’engagement, oral au départ, a pris la forme d’une charte écrite plus formelle (et collectivement construite) après que l’équipe des Pissenlits ait été conseillée par une psychologue spécialisée dans les récits de vie et un avocat.

« Je n’arrivais plus à m’arrêter de parler »

Au cours de notre conversation, une participante mentionne plusieurs fois à quel point les échanges du groupe de parole lui ont « fait du bien ». Avant de revenir sur le processus de création du journal intime, nous questionnons les femmes présentes : en quoi participer au groupe de parole vous a fait du bien ?

« Ça m’a permis d’extérioriser des choses que je n’osais pas exprimer dans ma communauté, dans mon couple ou avec mes enfants, explique tout de suite l’une d’entre elles. On a pu rencontrer des professionnelles (une sexologue, une anthropologue, une psychologue…). J’ai pu comprendre des choses, me libérer et dire des choses que je ne pouvais pas dire à mes proches. Ici j’ai trouvé un endroit où j’ai pu m’exprimer librement, je portais un poids à l’intérieur qui a pu sortir… ça m’a soulagée, libérée. Et du coup, le débit ne s’arrêtait plus avec moi ! ”, ajoute-t-elle en riant.

Loubna raconte qu’au départ elle ne s’attendait pas à grand-chose et pensait venir sans a priori. “Je réalise qu’en fait j’arrivais avec des idées, mais je repartais avec d’autres (rires). On a parlé, on a débattu chaque idée. Pour moi, c’était une forme de bien-être de venir au groupe.” Et Fatima renchérit : “Je n’avais jamais vraiment osé parler et m’exprimer dans un groupe, j’en ai peu l’occasion dans ma vie. J’ai changé ici, j’ai pu m’ouvrir”. Joëlle confirme : “l’ouverture. (…) Au premier abord, tout nous différenciait, et je ne suis pas sûre que nous nous serions rencontrées sans ce groupe de paroles… pendant des années !  Pourtant, la puberté, les règles, nous sommes toutes passées par là.

La rencontre de la théorie et du vécu

Occasionnellement, à la demande du groupe, une professionnelle (ce ne sont que des femmes qui ont participé, bien que ça n’ait pas été un critère) était invitée à rencontrer le groupe. Pas question ici de déverser un savoir et de tourner les talons, mais de participer à une dynamique d’échange. “Ces professionnelles arrivent avec un savoir parfois théorique qui rencontre ici le vécu des personnes. C’est un contact dont la plupart n’ont pas l’habitude. Elles nous ont toutes dit être reparties nourries des échanges, avoir pris conscience d’aménagements possibles dans leur consultation (pour l’accueil des personnes sourdes et malentendantes, par exemple), etc. », ajoute Frédérique Dejou, co-coordinatrice des Pissenlits et aussi responsable du projet.

Un savoir collectif, sujet après sujet

Joëlle insiste par ailleurs sur un autre aspect clé de la démarche communautaire : « nous prenions le temps qu’il fallait. Chaque sujet pouvait durer plusieurs séances. Quand nous avions l’impression d’avoir fait le tour, nous décidions ensemble de passer à un autre sujet. »

Mais un fil rouge a relié toutes les thématiques entre elles : les questions autour de ce qui est inné, naturel, acquis ou culturel dans chaque étape de la vie des femmes. “Ce sont ces réflexions collectives qui ont fait que ce travail intime est devenu un travail de groupe. Nous ne sommes pas restées au niveau des histoires individuelles et intimes, mais nous avons construit un savoir collectif”, appuie Vérane.

Du groupes de paroles à l’écriture d’un journal intime

Pour passer d’un groupe de paroles de l’intime à un groupe de co-rédactrices d’un journal collectif, il y eut tout un processus à vivre, tant pour les participantes que pour les chargées de projet. En effet, toutes témoignent que, prises dans les échanges au fil des rencontres, elles avaient jusqu’à oublié l’idée du recueil. « Il y a donc eu une phase où les participantes ont vécu pleinement les apports d’un groupe de paroles, puis ce temps charnière où des questions nous ont occupées durant plusieurs mois : comment passer de la parole intime vers un récit à rendre public ? » (Frédérique).

Un petit groupe plus restreint – cinq femmes et des responsables de projet dont les deux avec lesquelles nous discutons ce matin- s’est alors engagé dans le long processus de rédaction et d’anonymisation des récits. Un personnage du livre peut cacher plusieurs femmes, ou plusieurs personnages ne sont en fait qu’un même témoignage, les lieux ont été changés, etc. L’enjeu a été à la fois de rendre compte du réel, garder l’essence de ce qui a été partagé sans dénaturer le récit, tout en garantissant l’anonymat (et l’intime). Même les illustrations du Journal ont fait l’objet d’un choix collectif et d’un travail de co-création.

« C’est un journal intime car chacune de nous a raconté sa propre histoire. Mais le fait de pouvoir échanger et partager a fait de nous un groupe » – « Comme ça nous avait fait vraiment du bien et permis de comprendre les différentes cultures ou traditions, pourquoi ne pas le transmettre à d’autres personnes ? Ce journal intime d’un groupe allait devenir collectif ».

Loubna et Naïma

Ce travail d’écriture a lui aussi laissé des traces auprès des femmes qui y ont participé. « En relisant une histoire que j’avais racontée, nous explique Naïma, je me suis mise à pleurer, je voulais même retirer cette histoire du Journal. Je me suis rendu compte que je n’étais plus d’accord avec la manière dont j’avais agi à l’époque, que j’aurais pu réagir autrement, dire autrement… Finalement, j’ai accepté qu’on laisse cette histoire, elle pourra servir aux autres. Et moi, je sais que si je revis ça, ce sera différent cette fois. » Joëlle ajoute : « Quand j’ai relu certains passages près de 10 ans plus tard, ça m’a donné une grande confiance en moi ! En fait, je savais déjà plein de choses, je n’étais pas naïve, ça a apaisé des peurs que j’avais d’être ignorante. Je ne m’attendais pas du tout à ressentir ça. »

La deuxième partie du livre : la méthodologie

Le livre ne s’arrête pas au Journal intime mais comprend une seconde partie sur tout le processus méthodologique. Bien que le Journal en lui seul soit déjà un riche outil, il permet également d’illustrer la démarche communautaire telle qu’elle est pensée et pratiquée aux Pissenlits. Cette seconde partie a d’ailleurs été rédigée par l’équipe et engage sa vision institutionnelle.

Bien que plusieurs éléments de la démarche communautaire en santé aient été amenés tout au long de cet article (la participation, la co-construction, le temps…), Frédérique revient sur la notion de « communautaire », entendue au-delà d’un territoire, d’un quartier « géographique ». « La démarche communautaire fait appel, chez nous, à une méthodologie de projet et au fait de faire communauté et de créer du lien. Notre porte d’entrée n’est pas non plus identitaire (être issu.es de la migration ou d’une communauté ethnique spécifique, être sourd.es, etc.), tous nos projets sont en mixité inclusive au niveau des âges, des cultures… sauf celui-ci qui est réservé aux femmes. Ce sont des communautés d’intérêt qui se rassemblent autour d’un sujet ou d’une thématique. »

Un message pour les suivant.es ?

« On sait quand on commence, mais on ne sait pas quand on finit ! » lance Loubna, accompagnée des rires de tout le monde. Toutes s’accordent à souligner à quel point ce fut riche en termes d’apprentissage et de connaissance de soi et des autres, mais un travail fastidieux pour aboutir à une restitution écrite collective en respectant ce que chacune avait déposé dans la confiance.

« Lancez-vous, vous en ressortirez changé.es ! »

A découvrir en version imprimée (livre) ou traduit en langue des signes (vidéos)

Auto-édité par l’asbl les Pissenlits, le Journal intime d’un groupe de femmes – Une mise en œuvre de la démarche communautaire en santé est disponible sous forme de livre sur demande auprès de l’équipe. La première partie du livre (le Journal intime) est également disponible en langue des signes francophones de Belgique (LFSB) sous forme de capsules vidéo. Retrouvez-les sur le site www.lespissenlits.be ou via Youtube (sous le compte @asbllespissenlits1336), ou encore en scannant le QR code imprimé dans le livre/en le demandant à l’équipe.

Contact

Site web : www.lespissenlits.be

Courriel : asbl@lespissenlits.be

Téléphone : 0479/24 22 79 ou 0470/56 88 24

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Nos Oignons, promouvoir la santé au rythme de la terre et du vivant

Le 2 Juil 23

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L’asbl Nos Oignons a récemment été reconnue comme opérateur en promotion de la santé et a rejoint la Fédération bruxelloise de promotion de la santé (FBPSanté), l’occasion toute trouvée de vous en dire plus dans la revue Education Santé ! Nos Oignons met en lien des agriculteur·ices et des personnes désireuses de mettre les mains dans la terre. Parmi un panel d’activités, les journées collectives s’adressent en priorité aux personnes que la vie a amenées à fréquenter des services de santé mentale, addictions et aide sociale. Ces journées sont placées sous le signe de l’entraide et du rétablissement.

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crédit photo: Nos Oignons asbl

De projet pilote à opérateur en promotion de la santé

Cette année 2023, notre asbl a reçu une reconnaissance en tant qu’opérateur en promotion de la santé des Bruxellois·es, après quatre années de subsides en initiative pour son projet-pilote « Sème qui peut » et dix années d’existence en Wallonie. Désormais, le projet-pilote se rallie derrière le nom Nos Oignons, pour plus de lisibilité ; mais sur le terrain, rien ne change.

La formule de base – qui a fait l’objet d’une démarche de recherche-action participative – consiste en l’organisation de journées de volontariat collectif, libre, accompagné et défrayé, auprès de fermes partenaires. Les fermes avec lesquelles nous avons établi un partenariat sont reconnues pour leur fonction d’accueil et de transmission de savoir. Concrètement, les partenaires agricoles ouvrent leurs fermes, mettent à disposition leurs infrastructures et partagent leur savoir-faire à un groupe de volontaires libres de venir ou pas, d’accorder leur mode de présence à leur énergie du jour, en présence d’un.e chargé.e de projet qui veille à accompagner la dynamique de groupe et les cheminements individuels.

A cette formule hebdomadaire s’ajoutent des expériences résidentielles (stages de partage de savoir-faire paysans), des actions ponctuelles (mobilisations) et un ensemble de temps de rencontre axés sur la prise de décisions (assemblées locales), l’évaluation continue (focus group via la méthode d’analyse de groupe) et la création collective (dépliants, calendrier, fanzines…).

Cette offre portée par Nos Oignons est le fruit d’un riche processus co-porté et participatif. A Bruxelles, 4 co-porteurs initiaux (La Trace, Nos Oignons, Commune Racine et le Début des Haricots) se sont impliqués activement, mais également des volontaires qui ont co-construit les balises du projet (telles que la liberté d’aller et venir, l’écoute des rythmes de chacun·e, la non-consommation de drogues et d’alcool articulée à un intérêt pour la mise en débat de tout ce qui fait addiction et consommation au sens large ; la co-existence du défraiement des volontaires et de l’accès pour elleux aux légumes du champ – via un abonnement aux paniers souscrit par le projet…).

Des finalités qui traversent les découpages sectoriels

Les finalités générales de Nos Oignons sont intersectorielles :

  • soutenir la résilience alimentaire, écologique et sociale de nos régions et favoriser l’accès à une alimentation locale, paysanne et durable pour tous·tes ;
  • soutenir l’émancipation et le rétablissement du vivant et des vivant·es en valorisant les ressources individuelles et collectives ; participer à déconstruire les dynamiques d’exclusions et de stigmatisations ;
  • soutenir l’agriculture paysanne rurale et urbaine, et valoriser leurs apports sociaux et écologiques.

Ainsi, nos actions agissent sur plusieurs déterminants de la santé de l’humain et du vivant que sont le lien social, l’accès à l’alimentation de qualité et à des environnements naturels, l’activité physique, etc.

Les volontaires, inscrit.es dans une démarche participative

Le public auquel Nos Oignons s’adresse a été défini, à l’issue d’un processus participatif, comme tel : « toute personne qui souhaite mettre les mains dans la terre, respirer au grand air et se faire du bien. Le projet s’adresse prioritairement aux personnes que la vie a amenées à fréquenter des services actifs en santé mentale, addictions ou aide sociale ». 

Les personnes qui rejoignent le projet sont désignées comme « volontaires ». La plupart d’entre elles arrivent initialement avec un besoin de

  • retrouver un rythme et des repères après une hospitalisation, une cure, une incarcération, un exil, un burn-out ou toute autre expérience qui appelle un temps de rétablissement;
  • sortir de la solitude et de l’isolement, renouer contact avec son corps, apaiser l’angoisse existentielle ;
  • partager des moments de convivialité, en particulier grâce au repas partagé du midi ;
  • être dehors en faisant quelque chose (pas seulement être dans un parc à « tourner en rond »), participer à une activité « réelle », inscrite dans la vie du quartier, faire partie d’un projet ;
  • être valorisé pour son travail, sa participation, sa présence ;
  • découvrir le travail de la terre, retrouver des pratiques anciennes, partager des savoir-faire.

Ce qui rassemble, c’est l’élan de mettre les mains dans la terre, pas l’enjeu diagnostique ou toute autre qualification porteuse de stigmate. Mais notre vigilance partagée est que soient largement majoritaires (en termes de nombre et d’occupation de la parole et de l’espace) celles et ceux qui, dans notre société, sont plus facilement amené·es à être en situation d’exclusion sociale et de marginalisation par leur parcours en santé mentale, addiction ou aide sociale.

A Nos Oignons, les volontaires font partie de la gouvernance à plusieurs niveaux de la structure : il y a des réunions décisionnelles, des rencontres d’évaluation et des rencontres de création.

L’accès à l’alimentation local, paysanne et durable pour les volontaires ?

Cette question est centrale pour nous, et la manière dont Nos Oignons vise à y contribuer est assez spécifique. Comme expliqué plus tôt, les personnes qui nous rejoignent ont souvent au départ une autre demande et d’autres besoins. Mais notre action favorise l’accès à l’alimentation durable parce qu’elle permet d’y arriver par des chemins variés. Par exemple, l’asbl souscrit à des paniers de légumes au bénéfice des volontaires pour que soit garantie la possibilité de repartir avec des légumes comme les autres « mangeur·euses de paniers ».

Mais ce n’est parfois qu’au bout de quelques mois que certain·es s’intéressent aux légumes produits et repartent avec un panier. Parce que les repas partagés ont permis de les goûter et de les cuisiner. Parce qu’iels ont accès entre-temps à une cuisine personnelle. Parce que les conversations ont amené à découvrir d’autres pratiques de consommation (l’abonnement à un panier de légumes ou l’achat commun des produits secs via le projet VRAC [1] par exemple). Même si la consommation alimentaire n’est pas nécessairement une préoccupation initialement, favoriser la participation à des lieux de production agricole permet d’en faire un objet de débats et d’améliorer concrètement les conditions d’accès à cette alimentation dite « durable ».

Témoignages de volontaires

Pour moi travailler la terre c’est un bien-être. Comme je dis souvent, pour moi c’est une forme de méditation. Je vis le moment présent, je suis au contact avec la terre et elle me procure un bien-être. Au niveau collectif aussi c’est bien. On rencontre beaucoup de gens, on participe à des réunions, et les réunions en dehors du maraîchage m’apportent aussi. Au niveau émotionnel, au niveau savoirs et au niveau du partage, c’est très important de le dire parce qu’il y a un contexte aussi en dehors du maraîchage. Cela je voulais le souligner quand même parce que je trouve que c’est très important. Maraîchage, Amour et Partage ! (rire) »

« Quand je suis arrivée dans le projet la première fois, j’ai vu un lieu vivant, souriant, où on m’a directement ouvert les bras. Peu importe ce que j’étais. J’ai découvert un lieu super sain. A savoir que pendant deux ans ce sont les hôpitaux qui ont fait à manger pour moi. Et là je rencontrais un monde où les légumes étaient valorisés, où les tisanes étaient valorisées, où ce qu’on consomme est bon pour nous et bon pour la nature aussi. J’avais besoin d’un environnement comme cela où je pouvais m’épanouir, un environnement où il n’y avait pas de consommation d’alcool durant les journées de travail, où la non-consommation est demandée pour tous. Et malgré cette absence d’alcool, tout le midi c’est la fête. Parce qu’on mange bien, on se fait des soupes avec les légumes du champ. Cela m’a permis de me rendre compte qu’on peut être dans un repas festif où la boisson n’a pas sa place et on s’amuse tout autant. C’est quelque chose que je savais déjà, mais là je l’ai vécu et pouvoir le revivre chaque semaine je trouve cela vraiment très très chouette. Cela me fait du bien.

Pour plus d’informations

Les journées collectives ont lieu de 9h30 à 16h tous les mercredis au Champ du Chaudron à Anderlecht (rue du Chaudron 62) et tous les vendredis au Courtileke à Bruxelles-Haren (rue de Verdun 145).

Des journées « portes ouvertes » ont lieu environ tous les deux mois pour des visites groupées d’institution du secteur social-santé. Car, parfois, venir en groupe avec des référents d’institutions du secteur social-santé facilite la découverte. Si vous souhaitez venir ou si vous avez des questions sur le projet, vous pouvez contacter Bryce pour les mercredis (0470/48.43.27) et Aurélie pour les vendredis (0488/588.981), mais également nous suivre sur la page Facebook de Nos Oignons, ou sur notre site internet : www.nosoignons.org.

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PIPSa, une nouvelle ère de jeux

Le 30 Mai 23

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On ne présente plus PIPSa, le service de Pédagogie Interactive en Promotion de la Santé, son outilthèque pipsa.be et ses fameux ‘coup de cœur’ qu’on relaye au fil de nos numéros. Mais connaissez-vous the new PIPSa ?

En 2023, le projet se réinvente et prend un nouveau virage, pour coller toujours plus aux besoins des acteurs de terrain. En marge des journées La Santé en Jeu(x) qui se sont déroulées fin mars, Lucie Hubinon et Catherine Spièce nous dévoilent la nouvelle silhouette de PIPSa.

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Coup d’œil dans le rétroviseur

L’histoire de l’outilthèque PIPSa remonte au crépuscule du siècle dernier, nous raconte avec malice Catherine Spièce. C’est en effet en 1999, au moment où la Fédération Wallonie-Bruxelles a publié son décret relatif à la promotion de la santé et organise le paysage sur son territoire, que le service de promotion de la santé des Mutualités socialistes – désormais Solidaris – propose un programme autour des outils pédagogiques en promotion de la santé. L’idée est audacieuse et novatrice pour l’époque : un site internet qui recenserait le matériel pédagogique existant et donnerait un avis sur la qualité de chaque outil et son apport à la promotion de la santé. Une grille d’évaluation est alors élaborée avec le soutien de l’APES (devenu ESPRiST entre-temps), des cellules d’évaluateurs avec des experts du terrain sont mises sur pied. Le projet est lancé ! L’analyse des outils pédagogiques existants continue, et ce fut le cas sans discontinuer jusqu’à ce jour.

Au fil des ans, le projet se déploie et PIPSa ajoute à son offre l’accompagnement méthodologique pour créer des outils en promotion de la santé : formations, coaching individuel et en équipe, site www.creerunoutil.be. Accompagnée par la COCOF, l’équipe mène ensuite une enquête portant sur les besoins des acteurs bruxellois en matière d’outils. Elle interroge, au-delà des membres reconnus du secteur de la PS, d’autres associations issues de la médiation scolaire, des services d’alphabétisation, des maisons médicales, etc. Le besoin le plus fortement exprimé par tous : connaître des outils et des processus ludiques (comprenez « relatifs au jeu [1]»). PIPSa fait alors appel à l’asbl LUDO pour dispenser des formations destinées à enrichir la culture ludique des opérateurs afin que les jeux créés dans le cadre de la PS aient un potentiel ludique et de plaisir.  

Un autre constat paradoxal est tiré de cette enquête : d’après les acteurs eux-mêmes, le temps leur manque pour aller emprunter un support pédagogique, qui existe mais qui n’est pas toujours parfaitement adapté à leurs besoins ou leurs publics ; par contre, ils sont plus enclins à créer leurs propres supports pédagogiques. Concevoir un outil prend énormément de temps mais les acteurs estiment que le temps investi dans la création leur permet de s’approprier la matière et l’outil, et de se sentir plus légitimes auprès de leurs publics.

Face au double besoin exprimé par les opérateurs d’enrichir leur culture ludique d’une part, et de créer leurs propres outils d’autre part, PIPSa et LUDO s’associent pour créer le Ludovortex (voir encadré ci-dessous).

Aujourd’hui, à la faveur des agréments et nouveaux programmes en Wallonie et à Bruxelles, PIPSa propose de se donner pour ligne conductrice de favoriser et faciliter l’utilisation du ludique dans la pédagogie en promotion de la santé.

Le jeu, un outil puissant pour parler santé

« Le jeu n’est pas le contraire du sérieux, mais le contraire de la réalité »

Sigmund Freud

Comme l’explique Lucie Hubinon, «le jeu offre la possibilité de vivre des expériences qui sont semblables à celles de la vie réelle, mais en ayant le droit à l’erreur. C’est un lieu où on peut venir interroger et titiller nos représentations. ». Avant d’ajouter : « parler de santé touche à l’ordre de l’intime, voire du très intime avec les thématiques de l’EVRAS, des addictions, de nos comportements et nos habitudes de vie… Quand on est dans un jeu, dans une réalité ‘qui n’est pas le réel’, on peut venir tester, s’interroger et même se tromper».

De plus, le jeu a la capacité de favoriser la motivation et l’engagement, tant des enfants que des adultes, de manière individuelle et collective. Il a aussi la formidable possibilité de (re)créer du lien, d’inciter des démarches participatives… Le jeu est ainsi un outil précieux en promotion de la santé pour augmenter le pouvoir de dire et d’agir des personnes.

Pour autant qu’il utilise à bon escient les ressorts de la ludopédagogie…

Ludopédagogie, vous avez dit ?

Qu’entend-t-on par-là ? Comme l’explique Michel Van Langedonckt [2], la ludopédagogie combine à la fois la pédagogie du jeu, mais aussi la pédagogie des jeux. La pédagogie du jeu fait appel à l’attitude de l’animateur, qu’on appelle l’attitude ludique, et au fait d’appliquer des mécanismes ludiques (« la ludification ») aux apprentissages. Quant à la pédagogie des jeux, elle renvoie à la conception, à l’adaptation et à l’utilisation de jeux à des fins pédagogiques.

En faisant appel au concept de la ludopédagogie, PIPSa entend soutenir les acteurs de terrain sur ces différents axes

« Tous les jeux ne sont pas ludiques »

Cette affirmation va à l’encontre de la définition proposée dans les dictionnaires, mais comme nous l’expliquent Catherine Spièce et Lucie Hubinon : « notre postulat de départ est qu’on apprend mieux avec le plaisir. Certains jeux sont des ‘faux jeux’. C’est une stratégie qui utilise le jeu en pédagogie… mais qui n’a de jeu que le nom. Tandis qu’il existe des jeux, parfois très simples, à fort potentiel ludique. Nous souhaitons partir de ces jeux pour que les acteurs et animateurs puissent se les approprier et développer des contenus liés aux thématiques de santé ».

C’est donc lié au premier axe de la pédagogie des jeux : la création, l’adaptation et l’utilisation de jeux existants à des fins pédagogiques.

Une question d’attitude aussi

Le second axe quant à lui porte sur l’attitude et les mécanismes ludiques. « Même si on est convaincu de la puissance du jeu comme outil de prévention et de promotion de la santé, ça ne signifie pas qu’on soit à l’aise avec la posture ludique », renchérit Lucie Hubinon. Le développement de l’attitude ludique renvoie tant à l’animateur qu’à l’environnement qui soient suffisamment accueillant et bienveillant pour inviter le plaisir.

Le plaisir du jeu et dans le jeu

Le plaisir : voici justement un élément qui est revenu dans la bouche de tous les intervenants lors des deux matinées La Santé en Jeu(x). Olivier Grégoire (Ludeo) l’exprime ainsi : « Ce n’est pas parce qu’un outil a des cartes ou un dé que c’est un jeu. En tant que professionnels du jeu, l’idée est plutôt de ramener le tout à la notion de plaisir. S’il n’y a pas de plaisir, il n’y a pas de jeu. Notre outil, ce n’est pas le jeu, c’est le plaisir de jouer ! ».

Et d’ajouter ensuite « pour le dire de manière provocante : on peut détruire un groupe avec un jeu coopératif, tout comme on peut souder un groupe avec un jeu compétitif. La compétition peut être porteuse si elle est amenée dans un but de plaisir, de décalage, si elle est bien encadrée.»

Les recommandations d’experts du jeu

Quels sont les freins et les leviers pour augmenter le pouvoir de dire et d’agir des personnes par l’entremise du jeu ? Voici la question substantielle qui était posée aux intervenants de La Santé en Jeu(x). Voici un florilège de recommandations tirées de l’expérience de professionnels du jeu.

« Partir des questionnements et des envies du public », commence Mathieu Blairon, de l’AMO TTC Accueil. « Mon retour de la pratique, quand on veut construire un instrument de prévention par le jeu comme en EVRAS avec des adolescents, est avant tout de partir d’expériences positives et de leurs envies plutôt que de partir des peurs des animateurs ». D’ailleurs, c’est important « la manière d’entrer en jeu pour un animateur : ne pas adopter une posture d’expert mais se mettre à la hauteur des personnes avec lesquelles on travaille », renchérit Véronique Joris de l’asbl Le Grain.

« Avant de jouer pour apprendre, il faut réapprendre à jouer. »

Quentin Daspremont , Ludo-Social

Trouver l’équilibre entre l’objectif pédagogique et le plaisir est un frein important à lever, selon Thibaut Quintens (Seriously Fun et Acting Games). Ne pas rester braqué sur le message qu’on veut faire passer, mais se focaliser sur un seul objectif, un message simple… le reste suivra, et beaucoup plus de choses se diront et se vivront qu’anticipé au départ. « Au-delà même du plaisir, cherchez à maximiser l’expérience humaine, favorisez le relationnel et créez un souvenir ! », insiste enfin Quentin Daspremont (Ludo-Social).

PIPSa dans l’avenir

Forte de ces notions et de ces recommandations, PIPSa a désormais comme objectif, d’une part, de « faire sortir les jeux de l’enceinte de notre outilthèque », explique Catherine Spièce, et aller les présenter davantage auprès des intervenants de première ligne qui les utilisent ou pourraient les utiliser. « Ceci nous permettra aussi de proposer ce qui touche au développement de l’attitude ludique ».

D’autre part, un autre objectif est d’aller (re)créer du lien social et du collectif, de favoriser et promouvoir l’intersectorialité. Regrouper différents acteurs autour d’outils ou de thématiques particulières permettra de les rassembler, de favoriser les échanges et les pratiques. PIPSa souhaite davantage encore devenir un point de liaison entre les acteurs de première ligne, mais aussi un acteur de liaison entre le ludique, le pédagogique et la santé.

Ludovortex: Vingt mille jeux sous les mers

Créé par l’asbl LUDO, en partenariat avec PIPSa, le Ludovortex est un jeu de cartes « couteau suisse » destiné à concevoir, adapter, analyser, animer ou encore débriefer des jeux ! Il est composé de 8 catégories de cartes correspondant aux différents éléments constitutifs d’un jeu :

  • Matériel (« Ce avec quoi on joue »)
  • Animation (le processus de mise en jeu),
  • Déterminants (les notions incontournables),
  • Mécanismes (les actions qui se répètent en cours de jeu),
  • Compétences (les aptitudes sollicitées dans le jeu),
  • Structures relationnelles (« ce qui conditionne les interactions ») ,
  • Expérience (le vécu du joueur),
  • Débriefing (la mise en commun faisant suite au jeu).

Le Ludovortex facilite l’articulation des mécaniques ludiques et des compétences à mobiliser pour atteindre les objectifs de prévention et de promotion de la santé.

Pour le découvrir, le tester, apporter des suggestions pour le faire évoluer ou l’acquérir, rendez-vous sur : www.ludovortex.games.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur https://www.pipsa.be

[1] Définition le Robert

[2] Michel Van Langedonckt,

« La ludopédagogie au cœur des apprentissages des secteurs éducatif, social et de la santé », revue Eduquer n°175, La Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente, janvier 2023

woman hand rejecting more alcohol from wine bottle in bar

SATRAQ – Pour une réduction de la consommation d’alcool au quotidien

Le 28 Mar 23

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SATRAQ est un projet Interreg de 3 ans, lancé en 2020 et clos fin 2022. Son but ? Interroger nos habitudes de consommation d’alcool et agir en territoire transfrontalier pour une meilleure santé.

woman hand rejecting more alcohol from wine bottle in bar

Une initiative transfrontalière

Le projet SATRAQ (signifiant Sensibilisation et Action Transfrontalière pour une Réduction de la Consommation de l’Alcool au Quotidien) a pour objectif de sensibiliser la population de part et d’autre de la frontière franco-belge à propos de sa consommation journalière d’alcool grâce à un message de santé identique en France et en Belgique, d’informer sur des accompagnements possibles en cas de consommation excessive et de renforcer les réseaux de professionnels présents sur le territoire transfrontalier. Il s’inscrit dans le programme transfrontalier Interreg V de coopération territoriale européenne (France-Wallonie-Vlaanderen).

En matière de coopération transfrontalière dans le domaine de la santé et des addictions, les acteurs locaux utilisent déjà les possibilités de prise en charge sanitaire tels que les SMUR (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation) ou les ZOAST (Zones Organisées d’Accès aux Soins Transfrontaliers) pour les coopérations inter hospitalières. Avec SATRAQ, l’enjeu était d’aller plus loin que les dispositifs actifs dans la prise en charge des addictions, en les complétant par une dynamique transfrontalière en prévention et en promotion de la santé. Le projet s’inscrit de part et d’autre de la frontière dans des politiques régionales: le WAPPS en Wallonie, la prévention des conduites addictives du Projet Régional de Santé 2018-2028 de l’Agence Régionale de Santé Grand-Est (sans parler de la relance par le gouvernement belge du « plan alcool »)

La population frontalière est en partie composée de travailleurs frontaliers (80% des travailleurs français entrants en Belgique travaillent en province du Hainaut, Luxembourg et Namur, qui, elles, drainent 81% des travailleurs belges frontaliers allant en France [1]). Cette population est moins susceptible de bénéficier des messages de prévention et des prises en charges organisées au niveau national, en raison de leur statut et de leurs habitudes transfrontalières notamment au niveau des soins de santé. Ces habitudes rejoignent le besoin de messages uniformes et de ressources pensées dans un espace de vie commun transfrontalier.

Les partenaires du projet

Le projet a ciblé les provinces du Hainaut, de Namur et de Luxembourg (Belgique) et en France, le département des Ardennes, les arrondissements de Reims (département de la Marne), d’Avesnes-sur-Helpe (département du Nord) et de Vervins (département de l’Aisne). Les opérateurs belges ont été le Centre d’Éducation du Patient asbl (CEP) et la Mutualité Chrétienne (MC). En France, les pendants ont été la Caisse Primaire d’Assurance Maladie des Ardennes (CPAM) et Addiction Champagne-Ardenne (ADDICA). Les partenaires associés ont été l’Agence pour une Vie de Qualité (AviQ) (B), l’Hôpital psychiatrique de Bertrix (B) et l’Agence Régionale de Santé Grand-Est (ARS GE) (FR). La CPAM, la MC et le CEP avaient déjà travaillé ensemble sur un précédent projet Interreg encourageant une meilleure santé cardiovasculaire : le projet ICAPROS (Instance de Coordination des Actions pour la Promotion en Santé franco-belge) [2].

Les constats à l’origine de SATRAQ

La France et la Belgique font partie des pays où la morbidité liée aux consommations d’alcool est très élevée. Ainsi, en 2016, si l’Europe affiche une consommation de 9,8 litres d’alcool pur par habitant, en Belgique la consommation est de 12,1 litres contre 12,6 litres en France [3].

Responsable de 5% et 7% des décès en Belgique et en France, la consommation d’alcool y est la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac. L’alcool a également un impact délétère sur 200 pathologies, atteintes et traumatismes (cancers, maladies cardiovasculaires, accidents, actes de violence…). Or, c’est aussi un produit socialement valorisé dans nos deux pays, ancré dans les habitudes de vie et associé à des moments de vie festifs (pot entre collègues, naissance, bon repas…). Ainsi, en Belgique comme en France, 10% de la population boit de l’alcool tous les jours de la semaine et 40% consomme une boisson alcoolisée au moins une fois par semaine.

La situation sanitaire est préoccupante en zone frontalière couverte par SATRAQ. L’espérance de vie à la naissance y est plus basse que dans les autres régions de France et de Belgique. Cette mortalité prématurée est en partie imputable à l’alcool et au tabac. En effet, un certain nombre de pathologies ou accidents (liés à la consommation d’alcool) y sont fortement prévalents (cancer colorectal, des voies aérodigestives ou encore du sein, les maladies cardio-neurovasculaires, les suicides, les accidents de la circulation). La santé de la population pourrait donc être améliorée grâce à de meilleures habitudes de vie, dont la réduction des consommations de boissons alcoolisées.

En effet, les risques et les dommages sur la santé liés à cette consommation ne sont pas obligatoirement liés à la dépendance. On parle de « mésusage » (voir encadré). En Belgique, selon la SSMG (Société scientifique de médecine générale), près de 25% des patients vus en consultation sont concernés par ce mésusage et 50% des morts prématurées liées à l’alcool touchent des personnes non dépendantes. La population active et les plus de 65 ans sont particulièrement à risque. Dans la pratique, les consommations excessives ne concernent pas uniquement les jeunes, qui sont souvent le public cible en matière de prévention concernant l’alcool. Leurs ainés boivent aussi parfois en excès, mais différemment. Plus on avance en âge, plus on trouve de consommateurs quotidiens et moins de consommation excessive répartie sur un à deux jours de la semaine. Ainsi, moins de 4% des Wallons de 31 à 45 ans boivent quotidiennement alors qu’ils sont plus de 14% parmi les 46-60 ans [4].

Selon les estimations de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), « … quatre consommateurs d’alcool sur cinq réduiraient leur risque de décès, quelle qu’en soit la cause, s’ils réduisaient leur consommation d’alcool d’une unité par semaine. Il est donc largement possible d’améliorer le bien-être des consommateurs et de la société de façon générale, d’autant qu’on n’a jamais disposé de données aussi nombreuses ni aussi détaillées qu’aujourd’hui montrant l’ampleur des risques liés à l’usage nocif de l’alcool et l’efficacité des multiples mesures que les pouvoirs publics peuvent prendre pour en corriger les méfaits. … » [5].

Les repères de consommation 10/2/0

10 unités standards au maximum par semaine
2 verres standards par jour au maximum
Plusieurs jours d’abstinence par semaine.

Le mésusage débute quand on dépasse les repères 10/2/0 et/ou lors de n’importe quelle consommation dans certaines circonstances (enfance, grossesse, conduite de véhicule, maladie…).

Ces repères – ainsi que la définition du mésusage – ont fait l’objet d’une concertation des experts du comité scientifique du projet afin d’avoir un message unique sur l’espace transfrontalier.  

Un projet innovant

Le projet SATRAQ cible les habitudes qui s’installent souvent insidieusement et représentent autant de facteurs de risque pour la santé (consommation d’alcool de plus en plus importante ou régulière, sédentarité…) chez les personnes chez qui une dépendance n’est pas encore installée. Par la sensibilisation, la formation, l’information, la mise à disposition d’outils, le projet vise à accompagner le changement de comportement, afin de favoriser la mise en place d’habitudes positives pour la santé.

Plus précisément, le projet s’est déployé sur plusieurs axes, présentés ci-dessous. Chacun d’entre eux a bénéficié de l’implication des acteurs locaux tels que les communes et provinces (BE), les mairies, communautés de communes (FR), les professionnels de santé (médecins généralistes principalement), les centres sociaux de proximité, les entreprises…

En se penchant sur le mésusage de consommation de boissons alcoolisées chez les personnes « en emploi », SATRAQ met en évidence des comportements de consommation courants, voire valorisés, à l’origine de problèmes réels mais qui sont « occultés », relégués par une banalisation culturelle des consommations. En réponse, le projet a développé une méthodologie et des outils mis à disposition en libre accès, à l’ensemble des acteurs professionnels et locaux, de part et d’autre de la frontière franco-belge.

Sensibiliser le public en améliorant la connaissance des risques pour la santé de la consommation d’alcool

Une campagne grand public et un slogan pour faire connaitre les repères de consommation

Une campagne grand public a été menée autour d’un slogan : « Après 2 verres c’est…Non merci ! ». L’objectif principal de cette campagne est de faire connaitre au plus grand nombre les repères de consommation d’alcool (10/2/0) entrainant un moindre risque pour la santé.

La communication de masse représente un climat anonyme, où chacun peut ou non se reconnaître. En diffusant un même message par divers canaux (radios et TV locales, réseaux sociaux, affichage…) tant sur le versant français que belge, les opérateurs ont souhaité toucher le plus grand nombre via une communication cohérente et répétée. Des affichages sur des bus ont eu lieu en France. Des affiches, flyers et outils de prévention ont été conçus et distribués (près de 10 000 exemplaires) dans le cadre des diverses activités du projet.

Des animations en entreprise et en stands

Pour sensibiliser les personnes dans leurs lieux de vie, des animations en entreprises ont été mises en œuvre avec des services de médecine du travail. Les obligations liées à la situation sanitaire Covid lors du déploiement des actions du projet ont nécessité des adaptations : les animations sont devenues des expositions, moins contraignantes pour la vie et le rythme des entreprises. Pour être sur le terrain au plus proche des publics (jeunes, travailleurs ou seniors), les opérateurs ont aussi investi des forums, stands de prévention… L’important était d’être là : dans un marché à Revin (FR), lors d’animations vers les travailleurs de la Délégation territoriale des Ardennes (Agence régionale de santé) et d’entreprises privées à Charleville… Du côté belge, à Arlon, Libramont, Bastogne, Marche, Bertrix… les partenaires ont rencontré, toujours en animations, des bénévoles de la Mutualité chrétienne (MC), des étudiants de haute école et des collaborateurs du CESI [6]. Les interventions ont privilégié des formules interactives et ludiques favorisant le dialogue et la réflexion, via un jeu de questions-réponses autour de l’alcool et des fausses croyances, des exercices de mesure des unités standards ou des lunettes de simulation [7]. Des réglettes ou des verres doseurs ont été également distribués. Au total, 39 animations (23 en ateliers et 6 via des stands prévention) ont été organisées, touchant environ 1223 personnes.

Former les professionnels de la santé et du social à la question de la consommation d’alcool

Le problème est connu mais peu de professionnels, y compris les médecins généralistes, se sentent légitimes et compétents pour aborder le mésusage de l’alcool. Comment ouvrir le dialogue sur cette question « sensible », et, plus encore, que faire des réponses, vers qui référer au besoin ? Pour répondre à ces difficultés, des formations transfrontalières à la méthode du Repérage Précoce et de l’Intervention Brève (RPIB) mêlant formateurs français et belges, ont été initiées. Elles ont permis de faire connaître les relais de proximité de part et d’autre de la frontière, en créant aussi de nouveaux contacts. 15 professionnels de santé français et belges, formés en addictologie et à la méthode du RPIB, ont animé la partie théorique de ces formations. Le contenu des formations a aussi tenu compte des différents freins relevés lors de précédents déploiements du RPIB notamment en France. Pour renforcer la légitimé des professionnels à aborder la question des consommations, le projet SATRAQ a développé un micro-trottoir diffusé lors des formations. Pour permettre une appropriation de la méthode, des mises en situations et jeux de rôle ont été mis sur pied, avec un comédien formé en addictologie, qui adaptait son intervention en fonction de la situation professionnelle de son interlocuteur, avec un débriefing collégial. Cette méthode a permis aux participants d’expérimenter les concepts présentés et de partager leurs connaissances. 35 formations ont été ainsi réalisées en Belgique et en France, avec des groupes aux profils professionnels multiples : médecins généralistes, médecins du travail, infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens, assistants sociaux, éducateurs, aides-soignants, encadrants d’équipe, aides à domicile…. Cette pluridisciplinarité permet des échanges fructueux de ressources et de bonnes pratiques. Pour les formations, une évaluation à 6 mois montre que 80% des répondants ont utilisé la méthode depuis leur formation, 60% abordent plus régulièrement les consommations d’alcool avec leurs interlocuteurs et 58% se sentent plus à l’aise pour aborder le sujet. Le projet SATRAQ démontre ainsi que les formations qu’il a déployées ont un réel impact dans la durée, sur la pratique de la plupart des professionnels qui y ont participé.

Les perspectives

A l’issue du projet, sur base de la littérature scientifique, d’entretiens avec les acteurs de terrain et des évaluations des actions du projet, les partenaires ont créé une fiche thématique dans laquelle ils formulent trois grandes recommandations pour une politique de prévention plus efficace : sensibiliser le public, former les professionnels et adopter une stratégie européenne autour de l’alcool déclinable à l’échelle de chaque pays et qui ne soit pas que pour les jeunes. Bien que le projet soit clôturé, ADDICA continue à former les professionnels en France, et, en Wallonie, les animations en entreprise, les formations de professionnels se poursuivent en 2023 par le CEP et les synergies avec les référents hospitaliers (CHU UCL Namur, EpiCURA, Grand-Hôpital de Charleroi) permettent de continuer le travail de formation des professionnels.  

Les outils de communication et de sensibilisation développés par SATRAQ sont disponibles en téléchargement gratuit sur le site www.preventionsante.eu.

[1] Source INAMI-chiffres de 2019. https://www.riziv.fgov.be/SiteCollectionDocuments/statistiques_travailleurs_frontaliers_2019.pdf

[2] Voir « ICAPROS, prévenir les maladies cardiovasculaires en zone transfrontalière», Education Santé n°294 novembre 2013.

[3] Source : World Health Organization, Global status report on alcohol and health, sept. 2018.

[4] Source : L. Gisle. S. Demarest. S Drieskens . Enquête de santé 2018 : Consommation d’alcool. Bruxelles, Belgique : Sciensano.

[5] OCDE, Lutter contre la consommation nocive d’alcool : Politiques économiques et de santé publique, 2015, p.15.

[6] Le CESI, Service externe de prévention et de protection au travail belge, veille au bien-être des travailleurs des entreprises affiliées.

[7] Ces lunettes permettent de sensibiliser, de manière ludique et pédagogique, aux effets néfastes de l’alcool en reproduisant les effets visuels perçus sous divers taux d’alcoolémie, de jour ou de nuit.  Perte d’équilibre, vision floue… au moyen d’exercices d’habilité, les lunettes de simulation alcoolémie mettent en difficulté les utilisateurs en rendant leurs déplacements et leurs mouvements plus difficiles ou maladroits.

garçon rue orphelin seul solitude pull fugue adolescent

Matilda, un réseau pour la santé mentale des jeunes

Le 14 Fév 23

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La santé mentale ne se réduit pas qu’au trouble psychique, bien au contraire ! C’est en tout cas la philosophie mise en avant par le Réseau Matilda, le Réseau de santé mentale intersectoriel et collaboratif pour enfants et adolescents en province de Luxembourg. Découverte dans cet article.

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« On dit souvent qu’il n’y a pas de santé sans santé mentale, mais l’inverse est aussi vrai » explique Katalijne van Diest, coordinatrice du Réseau Matilda, le réseau de santé mentale pour jeunes en province de Luxembourg et qui promeut une vision globale et positive de la santé mentale. « La santé mentale n’englobe pas seulement la santé psychique, c’est aussi notre bien-être au sens large. La santé mentale couvre bien des domaines et c’est par conséquence l’affaire de tous ! »

Cette approche globale de la santé mentale implique la reconnaissance de la multitude de facteurs qui impactent notre bien-être de manière positive ou négative, comme par exemple une relation familiale ou sociale, les passe-temps, un événement, l’alimentation… « Cette vision globale est aussi plus positive, car elle permet certes de mettre le doigt sur ce qui ne va pas, mais aussi sur ce qui fonctionne, nos ressources, nos forces » ajoute Katalijne van Diest.

Pour étayer cette philosophie, le Réseau Matilda a d’ailleurs créé avec ses partenaires le modèle 6 facettes qui met en évidence 6 facteurs qui impactent notre santé mentale et donc notre bien-être :

  • Fun – les activités qui nous amusent, dans lesquelles on éprouve du plaisir.
  • Famille – les relations avec les personnes que l’on considère comme notre famille.
  • Forme physique – ce que nous faisons pour être en bonne santé, mais aussi notre état de santé général, comme une maladie, un handicap ou une allergie…
  • Forces et faiblesses – les domaines où l’on se sent fort et ceux où l’on se sent moins doué.
  • Fraternité – les relations avec les amis et amies, nos pairs, les professeurs et les personnes qui sont importantes, ainsi que les relations amoureuses.
  • Futur – nos attentes, nos rêves pour l’avenir, pour évoluer.

Des facettes interdépendantes  

La prise en compte de ces six éléments qui impactent notre bien-être permet d’aborder autrement la santé mentale, c’est-à-dire de manière plus globale. Tous ces facteurs étant interconnectés, une facette peut impacter de manière positive ou négative une autre facette. Tous ces éléments gravitent en nous et autour de nous et impactent positivement ou négativement notre santé mentale tout au long de notre vie.

Ajuster les facettes et préserver notre santé mentale

La mise en évidence de ces facteurs est une première étape, ensuite, il faut aller plus loin. « Il est en effet important d’être attentif à l’état de nos facettes, d’en prendre soin chaque jour, de les comprendre, de les ajuster, avec de l’aide si nécessaire, et ce, pour améliorer, préserver, renforcer notre bien-être. C’est aussi le message de notre vidéo didactique intitulée  « Envolée au cœur de notre santé mentale » qui met en évidence les facteurs influant notre bien-être. »

La santé mentale s’observe donc dans sa globalité. « Nous avons également créé un outil d’observation du bien-être chez les jeunes, intitulé « Mes 6 facettes du bien-être ». L’outil permet de considérer le bien-être des jeunes dans sa globalité avec un focus sur leurs forces et leurs ressources. L’outil, à destination des professionnels, favorise la discussion avec le jeune sur les différentes facettes de sa vie qui impactent de manière positive et/ou négative son bien-être. »

Une nouvelle politique en marche depuis 2014

Cette prise en compte de l’ensemble des déterminants de la santé fait partie intégrante de la nouvelle politique de santé mentale pour les enfants et adolescents mis en place par la conférence interministérielle de Santé publique de 2014. « Notre mission en tant que réseau est de mobiliser nos partenaires (professionnels, jeunes et leurs proches) en faveur de l’amélioration de la santé mentale et du bien-être des 0-23 ans prenant en compte l’ensemble des déterminants de la santé. »  

Le réseau est une collaboration entre des partenaires de différents secteurs – les soins spécialisés en santé mentale, les soins de santé, l’aide aux personnes, l’action sociale, et la société.

L’amélioration de la santé mentale passe notamment par la promotion de la santé et la prévention, la détection et l’intervention précoce ou encore par des soins spécialisés plus accessibles. « En effet, en plus de nos équipes mobiles Odyssée, nous travaillons, en collaboration avec nos partenaires, sur différents projets, comme actuellement l’âge de transition, la déficience intellectuelle, la participation ou encore les soins psychologiques avec des psychologues conventionnés permettant une meilleure accessibilité financière et géographique aux patients », ajoute Katalijne van Diest. Le Réseau organise aussi des activités pour ses partenaires tout au long de l’année.

Santé mentale et participation des jeunes

Cette vision globale de la santé mentale est également indissociable de la participation des jeunes et de leurs proches. « Le Réseau Matilda souhaite à la fois soutenir et renforcer les pratiques participatives des professionnels et donner aux jeunes un espace d’expression et d’action. Participer, ce n’est pas uniquement être informé ou donner son avis. Nous souhaitons que le jeune, s’il le souhaite, puisse prendre part activement aux projets qui concernent son bien-être », explique Géraldine Henneaux, Coach Participation au Réseau Matilda. Elle poursuit : « actuellement, nous travaillons avec différents partenaires sur la création d’un espace participatif en santé mentale pour et par les jeunes. L’objectif est de donner l’opportunité aux jeunes de se positionner en tant qu’acteurs de changement dans des activités, projets, associations concernant leur santé mentale. »

Plus d’infos

www.matilda-lux.be

www.facebook.com/reseaumatilda

Pour visionner la vidéo « Envolée au cœur de notre santé mentale » : https://www.youtube.com/watch?v=zd-08rUyOOY Pour commander l’outil d’observation Mes 6 facettes du bien-être : https://matilda-lux.be/outil-dobservation-mes-six-facettes-du-bien-etre

young people friends bump their elbows instead of greeting with

Stratégies concertées Covid: des priorités d’actions en Wallonie

Le 31 Jan 23

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La pandémie de COVID-19 a contribué à l’accentuation des inégalités sociales déjà existantes en matière de santé, en atteignant de manière disproportionnée les groupes de population les plus fragilisés. Dans ce contexte, les Stratégies concertées Covid ont été initiées en mai 2021 par le cabinet de la Ministre Christie Morreale et l’Agence wallonne pour une Vie de Qualité (AViQ) – avec le soutien du secteur de la promotion de la santé – dans le but de lutter contre les conséquences de la pandémie sur la santé globale et ses déterminants, et d’anticiper des épidémies futures.

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Le rapport détaillé de cette année de concertation a été transmis fin septembre aux autorités wallonnes. Depuis quelques semaines, sa synthèse est diffusée auprès des acteurs du social et de la santé en Wallonie, afin qu’ils puissent y trouver matière à réflexion pour la mise en place de leurs projets futurs. La synthèse s’accompagne en effet d’une série de pistes d’actions qui ont été coconstruites avec les opérateurs de terrain au cours du dispositif des Stratégies concertées. Ces constats et propositions d’actions sont par ailleurs intégrés dans le cadre plus large du WAPPS et de la programmation 2023-2027.

Les 4 axes de travail des Stratégies concertées Covid

AXE 1 : Elaborer des repères pour les politiques et les pratiques futures.

AXE 2 : Stimuler l’enrichissement réciproque de pratiques par l’accompagnement de projets.

AXE 3 : Evaluer les plus-values du dispositif.

AXE 4 : Valoriser et augmenter la visibilité des actions de terrain.

Un travail collaboratif misant sur l’intersectorialité

Aux commandes du volet opérationnel du dispositif des Stratégies concertées, cinq acteurs du secteur de la promotion de la santé wallon, à savoir : la Fédération Wallonne de Promotion de la Santé (FWPSanté) et l’Observatoire du sida et des sexualités pour la coordination opérationnelle et méthodologique, les 9 Centres Locaux de Promotion de la Santé (CLPS) pour assurer un ancrage local du dispositif grâce au déploiement de Points d’Appui Covid (PAC), Question Santé asbl pour la stratégie de communication et ESPRIst-ULiège pour la mise en place d’une démarche d’évaluation. Le dispositif a également bénéficié du soutien du Service universitaire de promotion de la santé de l’UCLouvain/IRSS/RESO en matière de partage de connaissances sur les inégalités sociales de santé au prisme de la pandémie de COVID-19.

Le processus de concertation était chapeauté par un comité de coordination général et transversal, regroupant des représentants du cabinet de Mme la Ministre Morreale, de l’AViQ, du SPW Intérieur et Action sociale, des secteurs de la santé mentale, de l’action sociale, de la première ligne de soins et de la promotion de la santé.

L’ouverture aux autres secteurs était également de mise dans le déploiement du dispositif, basé notamment sur un diagnostic participatif intersectoriel. Différents secteurs particulièrement exposés à l’impact de la crise sur la santé (promotion de la santé, action sociale, cohésion sociale, santé mentale) ont en effet été mobilisés lors des concertations. D’une part, au niveau local, une centaine d’entretiens a permis de rendre compte du vécu et des attentes des professionnels interrogés et de celui de leurs publics cibles. D’autre part, deux ateliers participatifs intersectoriels régionaux ont été organisés afin de définir ensemble les principaux enseignements et les priorités d’actions liés à la gestion de crise.

Un ensemble de repères stratégiques

Cette mise en réseau d’acteurs de terrain a permis, après analyse des données récoltées, d’établir des repères stratégiques pour la pratique professionnelle et les politiques publiques futures. Ceux-ci pourront servir à orienter les actions destinées à lutter contre les impacts à long terme de la COVID-19 sur les déterminants de la santé, mais aussi à instaurer plus globalement une meilleure gestion des risques liés aux maladies infectieuses.

Pour consulter le rapport des Stratégies concertées Covid Wallonie, la synthèse et le résumé des pistes d’actions, rendez-vous sur www.fwpsante.be/strategies-concertees-covid-19.

Un focus sur l’importance de mobiliser la promotion de la santé en temps de crise

Le rapport des Stratégies concertées met notamment en lumière l’effet conjoint, sur la santé et ses déterminants, de la pandémie elle-même et de mesures de gestion au caractère universel, trop largement basées sur un modèle hygiéniste biomédical. Les exemples de vécus recueillis montrent bien l’importance d’inscrire les mesures de réponses à la crise dans une démarche de promotion de la santé. Dans cette optique, ce rapport peut également soutenir un plaidoyer auprès des décideurs politiques. C’est pourquoi la synthèse du rapport a été envoyée à divers acteurs politiques wallons, accompagnée d’un document spécifique axé sur les perspectives (également disponible en ligne, à l’adresse citée plus haut).

Qu’en est-il des autres axes de travail ?

Parallèlement à ce travail de concertation et d’analyse, deux appels à projets ont été lancés à l’automne 2021 par le Gouvernement wallon, sur base des premiers diagnostics élaborés par la coordination des Stratégies concertées et ses partenaires. 34 projets ont été retenus et financés par l’AViQ afin de renforcer le travail de terrain. Les porteurs de projets lauréats pouvaient bénéficier d’un accompagnement par les Points d’Appui Covid mis en place au sein des Centres Locaux de Promotion de la Santé (CLPS).

Retrouvez un descriptif de chacun des projets sur  www.fwpsante.be/strategies-concertees-covid-19.

Augmenter la visibilité des actions de terrain était également un axe de travail des Stratégies concertées. Dans ce cadre, 7 reportages vidéo ont été réalisés par l’asbl Question Santé afin de présenter le travail d’opérateurs lauréats des appels à projets :

  • L’Observatoire de la Santé du Hainaut : « Après la Covid-19, osons la santé en Hainaut »
  • L’asbl De Bouche à Oreille : « Ensemble, bien vivre avec l’épidémie de Covid »
  • La Maison médicale La Passerelle : « Passerelles et résiliences : ensemble pour un mieux-être »
  • La Maison médicale Espace Santé : « L’Éducation à la santé digitale »
  • L’asbl Le Monde des Possibles : « Prévention multilingue en santé »
  • L’asbl Cultures et Santé : « Covid’Anim »
  • L’asbl Comme chez Nous : « Vivre en Santé dans un monde post-Covid »

Vous pouvez visionner ces reportages sur la chaîne Youtube ou le site web de la FWPSanté.

Le financement du dispositif des Stratégies concertées s’étant clôturé fin décembre 2022, une évaluation globale est maintenant en cours. Elle est réalisée par ESPRIst-ULiège avec la participation de l’ensemble du groupe de coordination. Cette évaluation permettra d’apporter des réponses aux questions identifiées comme particulièrement importantes par les parties prenantes du dispositif : le dispositif peut-il permettre de donner une réponse adéquate et rapide aux besoins des publics cibles ? Quels apports et quels processus du dispositif peuvent être remobilisés dans un contexte hors COVID-19 ? Quelle est la plus-value des nouveaux partenariats ? Etc.

Il est déjà possible d’affirmer que les Stratégies concertées Covid en Wallonie ont constitué une expérience pertinente de concertation intra- et intersectorielle. Elles ont pu mettre en avant l’importance, en cas de crise sanitaire, de moduler les mesures en tenant compte de la réalité de vie des différents groupes de la population. Une concertation des opérateurs de première et deuxième ligne – en ce compris les opérateurs du secteur de la promotion de la santé – et des publics fragilisés est en ce sens cruciale dès les premiers moments d’une épidémie.

L’asbl Question Santé propose cet article pour la coordination des Stratégies concertées Covid en Région wallonne.

female volunteers working in community food center

Le Kotidien, une épicerie solidaire pour les étudiants liégeois

Le 31 Jan 23

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À Liège, une épicerie solidaire a ouvert ses portes en février 2022 afin de venir en aide aux étudiants en situation de précarité alimentaire. Elle propose des produits à petits prix, notamment frais, en vrac et en circuit court, dans une optique qui allie solidarité et durabilité.

female volunteers working in community food center

Selon l’étude sur les conditions de vie des étudiants de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles BDO-Sonecom (2019), commandée par le Ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt, un étudiant sur trois est en situation de précarité et plus d’un étudiant sur quatre doit travailler pour payer ses études. Le covid n’a fait qu’accentuer ce phénomène, non seulement parce que certains étudiants ne pouvaient plus exercer leur job (par exemple dans l’Horeca), mais aussi parce que certains ont connu des reports de stage et par conséquent un allongement de la durée de leur cursus. Sans compter ceux dont les parents indépendants ont vu leurs revenus diminuer pendant la pandémie… L’étude de 2019 faisait par ailleurs ressortir deux préoccupations émergentes au sein de la population étudiante : la santé mentale et l’alimentation. « L’alimentation, c’est la valeur ajustable sur un budget. Donc il y a des étudiants qui se privent, des étudiants qui me contactent et qui parfois n’ont plus mangé depuis deux jours », raconte Isabelle Jardon, coordinatrice de Kotidien, l’épicerie solidaire mise sur pied par le Pôle académique Liège-Luxembourg, dans le prolongement de cette étude et des « paniers solidaires » proposés pendant le confinement.

Accès simplifié

Située rue des Clarisses, non loin de la Place du XX août qui accueille une partie des locaux de l’ULiège, le Kotidien, avec sa vitrine opaque, se fait volontairement discrète depuis la rue. À l’intérieur, on pourrait se croire dans une épicerie bio de quartier, avec les légumes frais disposés dans les cageots, les produits de consommation courante alignés sur des étagères en bois, les frigos à porte vitrée où ne se repère que peu de marques industrielles. « Nous sommes fournis par la Banque alimentaire et le Carrefour d’Ans. Nous complétons nous-mêmes, à hauteur de 30 % environ, avec des produits plus locaux, plus bios, venus du circuit court, et notamment d’un maraîcher de la région, grâce à des subsides. Nous recevons aussi des dons de certaines entreprises, parfois des one shots », explique Isabelle Jardon. Ce jour-là, Kotidien propose par exemple du gel douche, des savons solides et des chutes de savon qui lui ont été donnés. Bientôt, un vélo cargo permettra aussi à des étudiants bénévoles d’aller chercher des invendus à différents endroits de la ville pour remplir les rayons.  

« L’épicerie est accessible à tous les étudiants du supérieur et il n’existe pas d’enquête préliminaire, précise la coordinatrice. Un revenu d’étudiants est lié aux revenus des parents or celui-ci n’est pas toujours représentatif de la situation des jeunes. » En raison des revenus de leurs parents, beaucoup d’étudiants ne rentrent en effet pas dans les conditions qui leur permettraient de recevoir une aide alimentaire « classique » alors que certains, dans les faits, ne reçoivent pas d’aide de cette famille elle-même en difficulté ou avec qui ils sont parfois en conflit ou en rupture. « C’est pour cette raison que nous avons voulu un accès simplifié, sur simple présentation de la carte d’étudiant, assortie d’une déclaration sur l’honneur attestant qu’ils sont en situation délicate. » 

L’accueil et le choix

Ouverte deux heures en fin de journée, trois jours par semaine, l’épicerie connaît depuis son ouverture un vif succès. « 600 étudiants sont inscrits mais ils ne passent pas toutes les semaines. À chaque moment d’ouverture, nous accueillons entre 40 et 50 personnes. Il y a toujours un vrai respect et une très bonne ambiance : aucune tendance à l’exagération comme on pouvait le craindre au début et à tort », résume Isabelle Jardon. Ce sont des étudiants jobistes qui tiennent la caisse, pour favoriser la convivialité et l’échange. Certains produits sont vendus à petits prix : le prix du marché est alors indiqué sur l’étiquette, pour que chacun puisse se faire une idée du coût « réel » des denrées. D’autres produits sont gratuits car ils proviennent de dons. Seule une participation pour la logistique est alors demandée. Chaque étudiant est invité à repartir avec une dizaine de produits maximum pour un montant de quatre euros en moyenne. « Chacun est conscient qu’il faut être solidaire avec les autres et on se rend compte que certains étudiants qui en auraient vraiment besoin n’osent pas passer la porte… À la fin du mois, certaines personnes m’appellent pour me dire qu’il ne leur reste qu’un euro, mais il est évident qu’elles peuvent aussi venir… Et chacun compte ses cents. On ne vient pas du tout ici pour faire une bonne affaire ! » 

Les fruits, les légumes et la viande sont les produits les plus recherchés par les étudiants, de même que les produits en vrac comme les lentilles. « On voulait vraiment que les étudiants puissent avoir le choix, que ce ne soit pas des paniers tout faits. » Nombre de jeunes, conscients des enjeux de santé liés à l’alimentation comme des enjeux écologiques, ont en effet à cœur de manger « sain » et « durable », malgré leurs faibles moyens. « Ce n’est pas parce qu’on a peu de moyens qu’on doit mal manger… Le secteur de l’aide alimentaire est d’ailleurs de plus en plus conscient de cela, commente Isabelle Jardon. Mais notre but premier, ça reste de lutter contre la précarité, de permettre aux étudiants de manger, tout simplement. Bien manger vient en plus. »  

Précarité et conscience écologique

Les produits d’entretiens proposés par Kotidien sont eux aussi écoresponsables.  Bicarbonate de soude, vinaigre… : beaucoup de jeunes savent faire leurs produits eux-mêmes et connaissent les bons gestes pour la planète. Désormais bien identifiée, la précarité menstruelle fait aussi partie des situations à laquelle l’épicerie solidaire tente de répondre. « Certaines jeunes femmes viennent exclusivement chez Kotidien pour se procurer des protections hygiéniques », remarque Isabelle Jardon. Les femmes sont d’ailleurs nettement majoritaires parmi les inscrits, peut-être en raison de leur plus grande préoccupation concernant l’équilibre alimentaire mais peut-être aussi parce que les hommes éprouvent davantage de réticences à solliciter ce type d’aide. On retrouve aussi une majorité d’étudiants autour de la vingtaine et davantage. « Les parcours ne sont pas toujours linéaires : ce sont souvent des jeunes qui veulent absolument continuer leurs études même si leurs parents ne les financent plus et qui se débrouillent donc par leurs propres moyens », commente la coordinatrice. On rencontre aussi parmi les inscrits beaucoup d’étudiants étrangers, français notamment, qui n’ont droit à aucune aide et ne bénéficient pas sur place de réseaux de solidarité.

Préoccupés par l’environnement, la plupart des étudiants reviennent chaque semaine avec leur boîte à œufs et n’oublient pas non plus d’amener des sachets réutilisables pour leurs légumes et leurs fruits. Car la solidarité et le respect se pense à tous les niveaux : envers la nature, les producteurs et soi-même. « On essaie aussi d’être un endroit où les étudiants peuvent se rencontrer, discuter, où l’on peut aussi avoir une réflexion autour de la précarité et de la durabilité, par exemple à travers des ateliers d’écriture, etc. C’est une génération plus consciente », conclut Isabelle Jardon. Et donc la précarité n’empêche pas, au contraire, l’engagement.  

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Le diabète en Réseau, une approche qui porte ses fruits

Le 31 Jan 23

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Depuis sa création en 2003, le Réseau Santé Diabète Bruxelles (RSD-B) œuvre pour favoriser l’accès à une alimentation équilibrée et à l’activité physique tout en développant une approche globale de la santé en mettant l’accent sur les déterminants sociaux de la santé, ses inégalités qui en découlent ainsi que sur la prise en charge pluridisciplinaire et intersectorielle du diabète et de ses facteurs de risques.

Thomas Deschepper est diététicien chargé de projets dans l’équipe du Réseau Santé Diabète. Bénédicte Hanot est chargée de projets à la Maison Médicale des Marolles. Les auteurs de l’article sont tous deux porte-paroles de l’équipe et des membres du Réseau Santé Diabète. L’article original est paru dans la revue Santé Conjuguée, Maladies chroniques, tous concernés !, n°97, décembre 2021. La version publiée ici a été légèrement remaniée par les auteurs.

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Le diabète est un enjeu de santé publique majeur. La prévalence de cette pathologie n’a fait que croitre au cours des dernières décennies. Le diabète peut entraîner de lourdes complications ayant un impact sur la qualité de vie et le risque de décès prématuré. Ces complications sont multiples, comprenant notamment l’infarctus du myocarde, l’accident vasculaire cérébral, l’insuffisance rénale, l’amputation des jambes, la perte de vision et des lésions nerveuses.

En effet, cette maladie dite « silencieuse » à cause de son évolution lente et son diagnostic tardif touche 6,5% de la population en Belgique (soit 1 personne sur 15). Cependant, on estime que le pourcentage de cas de diabète non diagnostiqué varie entre 30 et 50% et pourrait donc toucher en réalité jusqu’à 1 personne sur 10 dans certaines régions du pays. A Bruxelles, un adulte de plus de 40 ans sur quatre est diabétique. Outre la génétique (présence de diabète dans sa famille) et l’âge (au-delà de 40 ans), les autres facteurs de risques sont principalement comportementaux et donc modifiables : surpoids et obésité, sédentarité, alimentation et tabagisme.

Une réponse, un réseau

Cette maladie chronique est donc fortement liée aux modes de vies. La relation entre le mode de vie du patient et l’évolution de son état de santé nous plonge dans une prise en charge complexe qui nous invite à considérer l’intégralité des déterminants sociaux de la santé qui caractérisent le patient. Cela est essentiel afin d’adapter au mieux cette prise en charge en fonction de ses caractéristiques sociales, économiques et culturelles, ses motivations et sa capacité à devenir acteur de sa propre santé.

Le Réseau est né dans le quartier des Marolles, un quartier multiculturel présentant une précarité importante, grâce à une opportunité de la COCOF en novembre 2003. Suite à une impuissance médicale face à la complexité de la prise en charge du diabète de type II, des intervenants de différents champs (médical, social, aide alimentaire, éducation permanente, démarche communautaire, promotion de la santé, documentation) se sont associés en multidisciplinarité et intersectorialité pour tenter d’apporter une réponse plus adéquate aux besoins des personnes en difficulté socio-économique, tout en veillant à promouvoir la qualité des soins, à développer des actions de prévention, et assurer une prise en charge efficace et globale de la santé. Cette mise en Réseau combinée au développement de l’approche communautaire au sein du projet permet de lever les principales barrières présentes dans la plupart des structures de soins classiques, ce qui entraîne un accompagnement du patient au plus proche de sa réalité de vie.

Actuellement 11 associations font partie du Réseau et une équipe de 5 travailleurs en est le cœur : deux diététicien(ne)s-chargé(e)s de projet, une chargée de projet, un coach sportif et une coordinatrice.

Les membres du réseau

Les Capucines Epicerie Sociale, le CARIA, le Centre de Santé du Miroir, le Comité de la Samaritaine, Cultures & Santé, L’Entraide des Marolles, la Fédération des Services sociaux, la Maison Médicale Enseignement, la Maison Médicale des Marolles, Nativitas, Les Pissenlits.

Un réseau de professionnels

Le Réseau favorise un travail de communication et de liens entre ses membres (maison médicale, épicerie sociale, restaurant social, centre d’alphabétisation, etc.). L’un de ses objectifs est de dynamiser et d’augmenter les ressources et les compétences professionnelles et communautaires par la création, dans le quartier, d’un espace d’expression, d’échanges, de constitution de partenariats et d’élaboration de projets entre ces différents professionnels.

Par ailleurs, plusieurs groupes de travail existent sur des thématiques variées : alimentation, activité physique, participation communautaire, douleur chronique, etc. Ces groupes de travail sont constitués de professionnels issus de différentes associations du quartier. Le soignant n’est pas seul, il collabore avec d’autres disciplines de soin et au-delà avec d’autres champs de prévention et promotion de la santé pour un travail sur les déterminants de la santé et les facteurs influençant le diabète. Le professionnel démultiplie ses ressources, bénéficie d’autres points de vue (du patient /habitant aussi) et améliore sa prise en charge, la réoriente, l’enrichit de manière multiple et globale. Il apprend également à revoir sa posture et à mieux envisager l’expertise du patient et son libre-arbitre.

Le groupe « activité physique » est composé du coach sportif, d’une animatrice en éducation permanente, d’une accueillante en maison médicale et d’une infirmière en santé communautaire. Ensemble, ils concrétisent et encadrent diverses activités (apprentissage du vélo, marche nordique, …) qui s’ajoutent aux ressources disponibles dans le quartier.

Actuellement, dans le cadre d’un nouveau projet « On bouge dans les Marolles », des agrès ont été installés dans le quartier par la Ville mais sont sous-exploités. Suite à un diagnostic communautaire, des actions facilitatrices seront mises en place : fiches explicatives pour l’utilisation des appareils, accompagnement des utilisateurs à des horaires précis, parcours reliant les différents sites d’agrès dans le quartier.

Des ressources accessibles

Pour le patient, le point de départ est très souvent médical. Que le patient soit diagnostiqué (pré-)diabétique à la suite d’une prise de sang ou qu’il présente des facteurs de risques de développer un diabète de type II, il est fréquent que ce soit le médecin qui recommande la prise en charge (préventive ou curative) du patient. Il encouragera notamment, et ce la plupart du temps, à une adaptation du mode de vie, notamment en ce qui concerne les comportements liés à l’alimentation et à l’activité physique, aussi cliniquement appelés « mesures hygiéno-diététiques ».

C’est à ce moment que le rôle du Réseau Santé Diabète prend sens. Adopter un comportement dit « santé » dépend de la volonté personnelle mais est également tributaire des conditions de vie. La responsabilité n’est donc pas uniquement individuelle. Le Réseau souhaite alors identifier et lever des barrières afin de favoriser l’accès et la mise à disposition d’une multitude de ressources « santé » pour les habitants dans leur environnement de vie sur le long terme. Tout cela passe par un travail sur l’accessibilité aux ressources, qu’elle soit financière, psychosociale, culturelle, politique, d’information, de compréhension, etc. L’objectif est que les patients et habitants puissent aisément adapter leur mode de vie selon leurs souhaits, leurs besoins et leur bien-être.

Au cours des dernières années, le quartier des Marolles a vu l’offre de l’activité physique s’élargir. Les habitants ont désormais le choix entre des activités vélo, des cours de gymnastique et gymnastique douce, de la natation, de la marche nordique, du yoga, etc. Ces ressources sont répertoriées dans un « agenda santé » mensuel.

Lors d’une Assemblée plénière entre professionnels et habitants, ces derniers ont exprimé l’envie d’aller à la piscine mais certains freins en bloquaient la pratique : peur, ne savent pas nager, coût financier, ne veulent pas y aller seules… En collaboration avec l’échevinat des sports et la direction de la piscine, un créneau horaire hebdomadaire a été réservé aux habitants leur permettant de bénéficier de l’entrée à prix réduit et de cours de natation. Le résultat à terme fut pour eux la  satisfaction d’une compétence acquise (savoir nager en cas de danger), de voir leur estime de soi augmentée et la joie de pouvoir aller nager en famille, avec leurs enfants. Dans la foulée, des membres du Réseau ont proposé des cours d’aquagym, et la piscine a aussi ouvert une tranche-horaire réservée aux femmes.

Parcours du patient diabétique, exemple autour de l’alimentation

Le patient diabétique (ou à risques) se rend à la consultation de la diététicienne. Débute ici un dialogue, un temps d’écoute et de compréhension. Bien vite, sont repérées des difficultés ou barrières au changement alimentaire : faible revenu, absence d’équipement voire de cuisine à la maison, manque de connaissances et savoir-faire culinaires, habitudes culturelles et religieuses dont il faut tenir compte. Vient alors un véritable exercice d’adaptation et de gestion qui balisera le cheminement du patient.

Il commence par fréquenter l’un ou l’autre restaurant social du quartier, pour un repas ou pour un colis. Il va faire ses courses à l’épicerie sociale. Mais il arrive que les menus, les produits ne soient pas toujours adaptés à ses besoins. En Réseau, une réflexion s’enclenche alors sur l’offre alimentaire dans le quartier. Les restaurants sociaux revoient la qualité et diversité des menus. L’épicerie va chercher à varier ses sources, elle mène des combats, et après plusieurs années, obtient un achalandage beaucoup plus varié avec des fruits et des légumes frais. La diététicienne est appelée à réfléchir avec la Fédération des Services Sociaux et la Croix-Rouge sur le contenu des colis alimentaires, une formation voit le jour.

Pour augmenter les compétences du patient, la diététicienne met en place avec l’épicerie sociale une plage horaire hebdomadaire où elle sera présente pour le conseiller lors de ses achats.  Elle proposera aussi de petites dégustations réalisées avec les aliments du magasin et fournira la fiche-recette.

Les associations du quartier développent d’autres ressources ; certaines invitent à la culture (champignons, chicons), à l’élaboration de potager, organisent des ateliers cuisine où plaisir, santé, petit prix sont de mise. Le patient peut venir expérimenter, ramener et peut-être reproduire chez lui. D’autres offrent la possibilité aux habitants de se retrouver pour déposer leurs préoccupations, s’exprimer, discuter, échanger et aiguiser leur esprit critique autour de l’alimentation dans tous ses aspects : qualitative, découverte (épices), stratégies commerciales, environnementale (production, pesticides), santé mentale, contexte familial, etc. La diététicienne circule parmi ces différentes activités pour écouter, apprendre des habitants et transmettre son expertise. Ce contact privilégié avec le public dans cette diversité de lieux, moments et activités favorise le climat de confiance entre le professionnel et son public. Cette continuité relationnelle combinée à une prise en charge « globale » du patient dans son quotidien et son environnement de vie sont des critères de qualité des soins bien ancrés dans le travail et dans les valeurs du Réseau.

Un évènement particulier, la JMD

A l’occasion de la Journée Mondiale du Diabète, le Réseau organise un événement chaque année dans le quartier. Cet événement consiste en une mobilisation collective ayant pour objectif de mieux faire connaître le diabète, sa prise en charge et surtout les moyens de prévenir son apparition. C’est l’occasion de mélanger le grand public, les personnes diabétiques ou à risques, les membres du Réseau mais aussi les partenaires du quartier. Le but est aussi de partager l’information sur les ressources disponibles et accessibles au sein du quartier liées au soin, à l’alimentation saine et à la pratique d’activité physique, et de faire émerger les besoins.

Cet événement met en avant la multidisciplinarité et l’intersectorialité au sein du Réseau. Différents professionnels (médecins généralistes, infirmières, kinésithérapeutes, diététiciennes, podologues, acteurs médico-sociaux et animateurs) et patients/habitants proposent aux diabétiques et au grand public des stands d’informations, de dépistage, des ateliers d’échanges et animations tout au long de la journée sur tous les aspects du diabète. C’est un moment privilégié entre public et professionnels.

Conclusion

Le Réseau adopte une approche visant à renforcer la capacité d’un quartier à mener des actions de promotion de la santé intégrées à la réalité locale en assurant la cohérence et la pertinence des actions sur les thématiques de l’alimentation et de l’activité physique dans le quartier.

Le Réseau travaille en amont, en douceur et sur du long terme, en position de facilitateur. Il impulse des réflexions qui donnent envie aux associations de travailler à leur niveau sur des changements structurels. Il veut développer les compétences, la littératie en santé et mettre en action professionnels et publics dans une dynamique de co-construction de la démarche de soin. Sa forme est souple, permettant diverses façons de participer suivant les questions, activités, intérêts, les besoins.

Au-delà de son approche par quartier qui est au cœur du projet, le Réseau partage avec de nombreuses associations bruxelloises du secteur social-santé sa démarche en santé, son expertise d’intersectorialité, d’interdisciplinarité et d’articulation entre le domaine de l’ambulatoire et celui de la promotion de la santé.

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Le Projet Nomade. Un travail en réseau autour de jeunes en décrochage

Le 4 Jan 23

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Il est reconnu que la période « covid » a eu un impact négatif sur la santé mentale de la population en général et sur les jeunes en particulier. En province de Namur, le Réseau Santé Kirikou [1] et l’ensemble de ses partenaires n’a pu faire que le malheureux constat de cette détérioration de la santé mentale des jeunes : isolement social, décrochage scolaire, désenchantement, dépression, passages à l’acte, … Lors d’une réunion mensuelle entre les professionnels de la santé prenant en charge des situations de « crise », nous avons été informés que la commune de Namur débloquait un subside à l’attention des jeunes. Il n’en fallait pas plus pour que la réflexion et la concertation se lancent…

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crédit: Projet Nomade

Angélique Vrancken est Chargée de projets transversaux au Réseau Santé Kirikou et coordinatrice du Projet Nomade.

La première réunion du groupe de travail autour de la mise en place du Projet Nomade regroupait des pédiatres, des pédopsychiatres, des psychologues et des éducateurs du secteur hospitalier. Au départ de leurs constats quotidiens, le champ d’action possible était immense ! Le souhait d’aider un maximum de jeunes nous animait. Mais il fallait être réaliste et nous nous sommes vite rendu compte que nous ne pourrions pas agir sur tous les facteurs, ni toucher la totalité des jeunes de Namur.

A force d’échanges, de réflexion, de partages d’expériences, nous avons donc choisi d’élaborer un projet visant à lutter contre le décrochage social et/ou scolaire.

Le lancement du projet

L’objectif étant fixé, il nous fallait déterminer comment l’atteindre. La nécessité d’une approche plurisectorielle a rapidement été une évidence.

Certains membres du groupe de travail collaboraient avec des associations actives auprès des jeunes (Infor-jeune Namur, Action Média Jeune et Jeune Et Citoyen). Des représentants de ces services ont été invités à rejoindre le groupe de travail. La machine « partenariale » était lancée ! Au fur et à mesure de nos réunions, chacun a invité ses partenaires à se joindre au projet et à alimenter notre réflexion de ses expériences, expertises et constats.

Lors du lancement du projet, nous comptions parmi les partenaires la Maison des Jeunes de Basse-Enhaive, la Maison des Jeunes des Balances, l’AMO Passages, la MADO de Namur, le service de pédiatrie du CHR de Namur, l’Athanor (du CNP Saint Martin), l’@tribu Mobile, Action Média Jeunes, Jeune et Citoyen, Infor Jeunes Namur. Le Réseau Santé Kirikou a été désigné comme coordinateur du projet.

Chacun des partenaires avaient un panel d’animations à proposer : expression créative, atelier de sensibilisation, expression des émotions, etc. Chacune des animations proposées était un outil pour atteindre notre objectif et, par l’intersectorialité des partenaires, le panel était complémentaire.

Il a vite semblé évident que pour lutter contre le décrochage social et/ou scolaire, il fallait faire sortir les jeunes de chez eux. Mais comment ? En allant dans leur milieu de vie, à savoir…leur quartier ! L’idée de base était de voyager dans les différents quartiers namurois et d’organiser les animations chez un service « hôte », le projet étant « nomade ».

La Ville de Namur compte 46 quartiers. Il était ambitieux de vouloir passer dans chacun d’eux. Afin d’objectiver nos choix et d’être au plus proche du public qui nous souhaitions toucher, nous nous sommes basés sur le Diagnostic Local de Cohésion Sociale de Namur et avons choisi de cibler les 8 quartiers diagnostiqués sensibles à savoir Les Balances, Basse-Enhaive, Plomcot, Germinal, Hastedon, Petit-Rhy, Amée et Saint-Nicolas.

Chacun de ces quartiers a une réalité qui lui est propre et pour atteindre notre objectif, il était nécessaire que notre action corresponde au mieux à leur réalité, leur population et, bien évidemment, leurs jeunes.

Nous avons élaboré la stratégie suivante : pour chacun des quartiers ciblés, un « stratège » a été désigné au sein des partenaires. Le rôle de ce stratège était de contacter les associations locales présentes dans les quartiers afin de co-construire avec eux le projet d’animation. Les Maisons de quartier, le Service de Santé Mentale, les Maisons médicales, les écoles de devoirs, les Maisons de Jeunes étaient autant de ressources locales que de nouveaux partenaires. En plus d’étoffer le partenariat du Projet Nomade, cela permettait de cibler au mieux les actions à mettre en place dans chacun des quartiers, en adéquation avec les besoins, souhaits et centre d’intérêts des jeunes.

Chaque animation organisée dans les quartiers faisait l’objet de réunions préparatoires avec les partenaires locaux. Des réunions de débriefing afin d’évaluer les actions étaient également organisées après chaque animation. Ces réunions de débriefing permettaient également, le cas échéant, de revoir l’adéquation de notre stratégie pour l’animation suivante.

Cette méthodologie a permis d’étoffer le partenariat et ainsi l’offre d’animation : sont venues s’ajouter les ASBL Initiation cirque, Spray Art, Excepté Jeunes et Scan-R.

Parallèlement aux animations par quartier, le Projet Nomade a développé d’autres axes d’action : des propositions de séances de cinéma suivies de moments d’échanges, des animations dans les écoles (atelier animation/parole durant les jours « blancs » et ateliers de sensibilisation aux pairs dans les situations de harcèlement), la collaboration avec les services provinciaux autours de deux expositions durant l’été ainsi qu’un appel à projet à l’attention des jeunes de Namur. Toutes ces initiatives ont été réfléchies et mises en œuvre avec les partenaires du projet.

Et la santé mentale dans tout cela ?

Dés ses prémisses, le Projet Nomade était empreint du désir de renforcer les initiatives déjà existantes sur le territoire. Bien que l’organisation des animations dans les quartiers semblait davantage relever de l’événementiel que d’une réelle action de prévention, la plus-value amenée par ce projet résidait en la présence, dans chacune des animations, d’un binôme de travailleurs du secteur de la santé mentale. Mêlés aux autres animateurs, leur expertise leur a permis de détecter des signes de fragilités chez les jeunes présents et, le cas échéant, de les informer, orienter ou simplement écouter. Il est difficile de chiffrer exactement le nombre de jeunes ayant bénéficié de cette expertise mais certains suivis ou accompagnements ont débuté lors d’une action du projet Nomade.

La présence de travailleurs du secteur de la santé mentale a également eu un impact sur les partenaires présents lors des animations. Le secteur de la santé mentale fait encore l’objet de nombreux a priori, les échanges intersectoriels ont permis de le démystifier.

Et après ?

Le Projet Nomade s’est clôturé le 31 décembre 2022 après 18 mois d’action. Durant toute sa durée, adaptativité, évolution et flexibilité ont été les maîtres-mots.

Nous avons eu à cœur que les actions soient bénéfiques pour les jeunes mais également pour les professionnels. Bien que l’objectif principal soit la lutte contre le décrochage social et/ou scolaire, il est ressorti que, pour l’atteindre, d’autres objectifs devaient être atteints : faire connaître les services, travailler sur les représentations que peuvent avoir les jeunes de ces services, mutualiser les moyens existants et favoriser l’intersectorialité.

Les services et associations travaillant avec les jeunes ont chacun leur réalité, leurs limites institutionnelles et leur champ de compétences. Or, les besoins des jeunes sont souvent transversaux et nous avons pu constater, tout au long du Projet Nomade, que le fait de faire « tomber les barrières » entre les secteurs est favorable aux prises en charge et aux accompagnements globaux de ces jeunes.

Les réunions de débriefing ont permis de mettre l’accent sur l’importance d’avoir des actions régulières pour lutter contre le décrochage social et/ou scolaire des jeunes. Cependant, les moyens dont disposent les acteurs locaux ne sont pas suffisants au vu de l’ampleur de la tâche. Une piste de solution se dégage néanmoins : mutualiser les moyens des différents quartiers permettrait d’organiser des actions plus régulières et plus complètes.

A cette fin, une rencontre entre tous les professionnels impliqués, de près ou de loin, dans les actions du projet Nomade sera initiée début 2023. Cette rencontre sera l’occasion de partager les différentes expériences vécues durant le projet, de mettre l’accent sur les freins et leviers identifiés tout au long du projet et de réfléchir aux perspectives.

En conclusion…

Le projet Nomade fut une merveilleuse expérience tant pour les jeunes que pour les professionnels impliqués. Riche de cette expérience, il y a un réel souhait de continuer ce qui a été amorcé : les collaborations intersectorielles, la mutualisation des moyens et ressources et la multiplication des moyens d’expression mis à la disposition des jeunes (que ce soit par le graff, l’écriture, l’activité physique ou simplement, la parole).

Les jeunes ont des choses à dire et des besoins à exprimer. N’est-ce pas notre rôle, à nous, adultes et professionnels, d’essayer de favoriser cette expression, de les guider ou simplement, d’être là quand ils en ont besoin ?

Les partenaires du Projet Nomade continueront à appliquer les enseignements de cette expérience…

food rising concept

L’éducation populaire, pour réinventer un système alimentaire plus juste et durable

Le 1 Déc 22

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Rencontre des Continents (RdC) est une association d’éducation permanente, se reconnaissant dans le courant pédagogique de l’éducation populaire, qui propose d’accompagner les citoyens et citoyennes à comprendre les multiples enjeux qui entourent notre assiette par une approche systémique et émancipatrice. Une invitation à s’embarquer ensemble vers les horizons des possibles et la construction des alternatives pour réinventer un système alimentaire plus juste et durable. Nous avons rencontré Sébastien Kennes [1] qui nous a expliqué comment RdC propose d’articuler les clivages entre le social, l’écologie et l’alimentation durable. Cap sur la transition donc, avec l’éducation populaire comme levier.

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Une préoccupation devenue sociétale

L’alimentation, c’est un thème qui nous lie toutes et tous. Déjà, il faut manger pour vivre. Mais c’est aussi par l’alimentation que se jouent des enjeux sociaux, culturels, économiques, politiques – à toutes les échelles, du plus global… à notre assiette. « Ce n’est pas un thème qu’on a choisi, il s’est progressivement imposé à nous », nous explique Sébastien K. RdC promeut une approche systémique en tentant de penser chaque fois les liens « entre ce qu’on trouve dans notre assiette et les questions de justice sociale et internationale, qui obligent des personnes à migrer, les questions environnementales et écologiques, etc. On ne peut pas délier la question de l’alimentation et notre manière de consommer, de tous les impacts que cela a sur les autres peuples et les autres écosystèmes. »

« Même si cela fait plus de 30 ans que certains alertent sur les dérèglements du système alimentaire, ça fait une dizaine d’années qu’on voit apparaître de plus en plus d’initiatives dans le monde associatif : des circuits-courts, des groupes d’achat, etc. La préoccupation s’est étendue à d’autres, avec notamment la production de documentaires qui ont rendu le sujet moins ‘anecdotique’. Cette dernière décennie, les politiques publiques s’emparent davantage du sujet, des associations bénéficient de financement pour construire des alternatives, la préoccupation est  devenue sociétale, mais fait face à bon nombre d’obstacles »

Un tournant semble aussi s’opérer depuis quelques années chez nous dans la considération des publics concernés : ce n’est plus tant la préoccupation seule d’une classe moyenne, privilégiée, et plutôt urbaine. Les liens avec la santé se sont faits plus évident avec le boom des maladies chroniques liées à nos modes de vie et dont l’alimentation est un déterminant important La question de l’inclusion et des accessibilités de tous les publics a grandi et est centrale aujourd’hui auprès des acteurs et actrices de terrain et des pouvoirs publics impliqués. Parallèlement, une réflexion s’est amorcée entre les secteurs de l’alimentation durable et de l’aide alimentaire sur la qualité des produits distribués notamment.

L’alimentation durable est une thématique qui appelle forcément à travailler de manière décloisonnée. Depuis qu’on a commencé, on y retrouve des environnementalistes-écologistes, des personnes du monde paysan, des ONG qui travaillent sur le niveau international, des associations agissant au niveau plus local, celles de la souveraineté alimentaire, de l’aide alimentaire… et de plus en plus, des acteurs et actrices de la promotion de la santé. 

A la rencontre des personnes

L’association propose des animations à destination “du public de la diversité sociale et culturelle”, comme le désigne ses membres. Pour les rencontrer, les animateur.trices passent par des organisations intermédiaires comme des CPAS ou des structures associatives d’aide sociale ou socioculturelles, comme des associations de femmes, des asbl de lutte contre la précarité… qui font appel à eux pour construire un processus de réflexion, avec leurs publics. Les projets et les demandes sont multiples et variées : que ce soit accompagner des usager.es d’un CPAS avec le supermarché alternatif de la BEES coop [2] qui souhaite devenir plus inclusif ; ou encore un centre culturel qui s’associe avec un CPAS pour entamer une réflexion sur l’alimentation, débouchant sur des projections filmées de ces ateliers et ouvrant la voie à une ébauche de projet sur la sécurité sociale de l’alimentation au niveau des pouvoirs publics locaux…

Bien entendu, tous ces processus demandent du temps. Qu’il soit question d’arriver à des finalités pratiques ou juste d’énoncer/dénoncer les enjeux, le temps (prendre le temps) est nécessaire et demande des moyens. C’est pourquoi, en parallèle aux animations, RdC propose des formations qui s’adressent davantage à des publics plus avertis sur la thématique, que ce soient des professionnel.les, des acteur.rices-relais ou des citoyen.nes en questionnement sur leur alimentation et ses nombreux enjeux connexes. Ces formations vers les acteur.rices-relais ont notamment comme objectif de les outiller concrètement et de leur permettre de poursuivre le travail entamé lors des animations auprès des publics en trajets à plus long terme, pour dépasser la sensibilisation et faire bouger les lignes, y compris dans les structures demandeuses.

L’éducation populaire comme levier

Nous ne sommes pas là pour apprendre aux gens comment mieux manger. Notre but est que s’amorce chez les individus qu’on accompagne, une réflexion à partir de leur vécu sur l’alimentation et sur le monde qui les entoure.” Les prescrits et les injonctions surtout individuelles (de l’éco-consommation et du langage dominant, comme ils les citent) ne sont pas prioritaires dans la démarche d’éducation populaire de l’association.

La mise en pratique d’une démarche d’éducation populaire est essentielle pour RdC. C’est-à-dire essayer que le point de départ des échanges soit toujours défini à partir du regard de chacun et chacune sur le monde qui les entoure et sur leurs propres réalités en lien avec l’alimentation. Il n’est pas question ici pour un.e animateur.trice de donner d’emblée de l’information descendante, d’imposer sa propre lecture du monde… mais de laisser la place aux vécus, aux ressentis, aux expériences et aux savoirs de chaque participant.es. Et chemin faisant, de déplier les facettes et les enjeux qui entourent notre alimentation, d’amener chacun et chacune à s’interroger et, dans l’idéal, proposer (poser) les ébauches de ses propres solutions.

Pour mettre en place ces dispositifs, une panoplie d’outils pédagogiques existe pour soutenir l’animateur.trice, allant du photolangage (souvent utilisé en première instance pour travailler davantage par le visuel) à l’atelier cuisine, en passant par les jeux de rôles… Les outils varient en fonction des groupes, de leur maîtrise de la langue ou de l’écrit, etc. “Un atelier cuisine n’est pas pensé ici comme un cours ou comme un exposé pour découvrir tel ou tel légume de saison et dire comment il faut faire. C’est un outil de revalorisation des savoirs, qui nous permet de plonger dans les pratiques respectives, d’échanger, de découvrir, de se mettre en situation de questionnement. Mais l’essentiel, c’est ce qui s’amorce en termes de récit, ce que les gens racontent, ce qu’il se passe dans un groupe quand on cuisine, collectivement et socialement.”

Toujours en partant des vécus et des repères de chacun.e, liés à leur histoire, leur culture… l’animateur.trice tente d’inviter les participant.es à questionner et déconstruire ce qui se cache derrière certains aliments, les impacts positifs et négatifs, ou encore par la visite de supermarchés, des choix de tel ou tel produit, etc. Le thème de la viande est souvent plébiscité, car il recoupe tant les enjeux culturels, qu’écologiques ou de santé. « On démarre avec des outils les plus simples à appréhender par toutes et tous. L’éducation populaire permet de libérer la parole. Et progressivement, c’est collectivement qu’on va complexifier le propos ».

Si on a plus de questions à la fin d’un processus que de réponses, on considère que c’est tant mieux ! Ce qui fait que les gens bougent, c’est le fait qu’ils se questionnent en premier lieu. L’éducation populaire vise à émanciper les personnes… mais personne ne s’émancipe tout seul, on s’émancipe collectivement (pour paraphraser Paulo Freire [3]).

De l’individuel au collectif

Libérer la parole, laisser la place aux questions, permettre aux personnes de déposer des mots sur leur propre vécu et, en résonance avec leurs réalités, ajouter des éléments d’information amène petit à petit à politiser le propos et réfléchir ensemble à des pistes de solution collectives. « Les pistes d’action seront nécessairement plus impactantes si elles sont collectives que si elles sont individuelles », ajoute Sébastien K.

Mais d’emblée, il précise aussi : « se poser des questions, interroger sa consommation, c’est déjà une grande étape. On est très attentifs à éviter l’écueil des injonctions et de dire aux personnes comment elles doivent manger. On rencontre un public qui fait face à un tas de défis au quotidien et qui croule sous les injonctions (« trouver du travail », « s’occuper des enfants »…). » On a aussi posé la question des préoccupations récurrentes que Sébastien K. décèle auprès des groupes accompagnés, de leur état d’esprit ou des réactions fréquentes. Parmi elles, il relève d’une part l’aspect financier (le prix juste, et le prix à payer d’une alimentation de piètre qualité), la question de l’accessibilité pratique et matérielle, et enfin une perte de confiance dans le monde politique (sur leur capacité d’agir sur notre situation ; ou inversement notre capacité à agir sur le monde politique).

« Nous souhaitons créer un cadre sécurisant pour prendre le temps de se poser, se questionner et avancer ensemble. Ce sont les personnes elles-mêmes qui définissent leurs leviers d’action. » RdC les accompagne, et tente de renforcer les ponts avec d’autres luttes et acteur.rices, peut-être plus portés sur la construction de plaidoyers pour la justice sociale comme le Réseau de lutte contre la pauvreté ou la Fédération des Services Sociaux par exemple.

Parfois, les personnes se mettent rapidement en action, comme ce groupe de femmes que RdC a accompagné il y a quelques années et qui a décidé de faire les courses en groupe dans des lieux d’approvisionnement plus éthique du point de vue de la qualité de l’alimentation. Mais souvent, ça peut prendre plus de temps, et souvent, celui-ci manque cruellement aux animateur.trices de RdC ou des structures partenaires. « En parler, poser les mots permet d’avoir une prise sur ce qu’on peut mettre en place. Partir de l’individuel et rendre le propos collectif contribue in fine à reprendre du pouvoir sur son assiette et son alimentation. »

Pour en savoir plus

Rencontre des Continents
Rue van Elewyck, 35 à 1050 Bruxelles
02/734.23.24
https://rencontredescontinents.be/

[1] Animateur et formateur, chargé du réseautage

[2] https://bees-coop.be/

[3] Dans son ouvrage « Pédagogie des opprimés » (1968), Paulo Freire écrit : « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde. »

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Cuisiner ensemble pour le quotidien

Le 1 Déc 22

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Le droit à une alimentation suffisante et saine devrait être acquis pour tous. Pourtant, face aux possibilités réelles de bien remplir son assiette, nous ne sommes clairement pas tous logés à la même enseigne. En cuisinant ensemble pour le quotidien, les Cuisines de quartier agissent en faveur d’un système alimentaire juste, durable et… savoureux !

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Crédit photo: Cuisines de quartier

On le sait, fuir les préparations industrielles et cuisiner « maison » est le meilleur moyen de manger bien et sain à moindre frais. Connaissant le lien déterminant qui relie habitudes alimentaires et état de santé, favoriser le “fait maison” semble une évidence. Mais entre horaires et budgets (ultra) compressés, logements exigus, mal équipés voire inexistants, solitude, manque d’inspiration, de motivation ou de savoir-faire, cuisiner « maison » au quotidien relève parfois d’un véritable défi. De ce constat, issu d’une recherche-action participative menée entre 2015 et 2018 — la recherche Falcoop [1] — est né le projet « Cuisines de quartier».

Identifiant les freins (financiers, temporels, géographiques, techniques, symboliques) qui entravent l’accès des publics en situation de précarité à une alimentation saine et durable [2], les chercheuses et chercheurs (coopérateurs.trices du supermarché Bees coop, experts universitaires et bénévoles des associations de quartier) ont imaginé des manières d’en tenir compte et, surtout, de contribuer à les lever. En matière d’alimentation, les initiatives collectives foisonnent depuis quelques années. La plupart sont liées à la production (potagers collectifs, agriculture urbaine, etc.) ou à la distribution (achats groupés, circuits courts, magasins coopératifs, frigos solidaires etc.). Avec un chaînon manquant : celui de la transformation au sens le plus ordinaire du terme. La cuisine de tous les jours. Sur cette thématique-là, rien de plus que des ateliers culinaires occasionnels. Depuis fin 2019, c’est ce manque que l’initiative Cuisines de quartier veut combler.

Les Cuisines de quartier sont des groupes de citoyennes et de citoyens qui se retrouvent régulièrement dans des cuisines équipées et y préparent ensemble des repas qu’ils aiment, pour eux-mêmes et leur entourage. En cuisinant ensemble pour le quotidien, ces groupes mettent en commun leur temps, leur savoir-faire, leurs connaissances (diététiques notamment) et leurs bons plans. En résultent des économies d’argent, de temps et d’efforts. En cuisinant en grandes quantités dans des espaces bien équipés, ils mutualisent les coûts des matières premières et de l’énergie, denrées de base dont les prix explosent en ces temps de crise. La cuisine collective ne se limite pas à contribuer à une meilleure alimentation et à des économies. Elle favorise les contacts, permet les échanges, les rencontres. Cuisiner ensemble donne l’occasion de se raconter, et par le biais des recettes, de raconter sa famille, son parcours, son pays ou ses origines. L’occasion de rire et, parfois, de confier ses difficultés. Les moments de cuisine collective agissent ainsi à plusieurs titres sur la santé. Sur la santé physique, mais aussi sur le bien-être mental en reposant sur un principe précieux : l’entraide.

Des projets similaires existent ailleurs dans le monde, et ce depuis la nuit des temps. Ils sont notamment très populaires aujourd’hui au Mali, au Pérou (les comedores populares) et au Québec où le RCCQ (Regroupement des Cuisines Collectives du Québec), né il y a plus de 30 ans, rassemble aujourd’hui plus de 1 200 groupes et prépare plus d’un million de portions par an ! Toutes ces expériences sont pour nous des sources d’inspiration. En presque trois ans, les Cuisines de quartier bruxelloises rassemblent déjà 17 groupes, 61 cuistot.e.s aux bagages culturels et culinaires variés répartis sur 7 communes bruxelloises. A l’heure qu’il est, 11 nouveaux groupes sont en cours de démarrage et près de 6000 portions ont été cuisinées!

Concrètement, comment ça fonctionne une cuisine de quartier ?

Le principe est simple : cuisiner en groupe des plats en grande quantité et se les partager en portions à ramener à la maison. Chaque groupe de cuisine (en général entre 4 et 6 “cuistot.es”), choisit ses recettes, son mode d’approvisionnement (achats au marché, dans des magasins, achats individuels ou groupés, récupération d’invendus, etc.), les quantités cuisinées, le moment et la fréquence des rendez-vous (d’une fois par mois à une fois par semaine). Le groupe s’organise en fonction de ses besoins, de ses contraintes, de ses envies en renforçant et valorisant les compétences présentes. Que l’on soit totalement novice ou cuisinier.e expérimenté.e, il y a une place pour chacun.e !  Certains groupes sont initiés ou soutenus par une asbl ou une organisation de terrain (par exemple, la maison de quartier Bouillon de cultures, l’Espace Social Télé-Service, l’épicerie solidaire Caba Jette, le logement inclusif Riga, le Samu social et.), d’autres se lancent de manière autonome et rassemblent un groupe d’ami.es ou de voisin.es. Les cuisines sont toutes “de quartier” car la proximité géographique est un levier essentiel : il s’agit bien d’alléger la charge du quotidien, non de l’alourdir.

L’asbl Cuisines de quartier cherche des espaces cuisines adaptés pour accueillir les sessions collectives, propose un accompagnement au démarrage, notamment en suggérant un fonctionnement de base en 4 étapes (planification, approvisionnement, cuisson et évaluation) qui a été élaboré avec les groupes “pionniers” lancés dès 2019 (voir « Cycle de cuisine – les 4 étapes » ) et se veut flexible et appropriable. L’initiative Cuisines de quartier s’adresse à toutes et tous les Bruxellois·es quelle que soit leur situation socio-économique. Le mélange des parcours, profils et situations est d’ailleurs une des grandes forces de l’initiative. Par le choix de ses partenaires privilégiés (maisons médicales, centres communautaires, lieux d’hébergement temporaire, centres d’alphabétisation, centres d’aide alimentaire, épiceries sociales, etc.) l’asbl Cuisines de quartier entend toutefois répondre prioritairement aux besoins et contraintes des personnes qui vivent, de façon durable ou ponctuelle, une situation fragilisante, de précarité ou d’insécurité alimentaire.

fiche 4 etapes 1
crédit: Cuisines de quartier

La force du collectif

Cuisiner régulièrement en groupe permet d’échanger entre pairs sur l’alimentation qu’on aimerait pour soi et sa famille. Lorsque les cuistot.es se retrouvent et choisissent ensemble les plats qu’ils vont préparer, on discute saisonnalité des produits, filières d’approvisionnement, recettes adaptées aux régimes spécifiques, habitudes culturelles et familiales. Le fonctionnement horizontal inscrit dans l’ADN des Cuisines de quartier permet aux membres de s’entraider et, petit à petit, de trouver des réponses communes à leurs interrogations en matière d’alimentation. S’ils souhaitent approfondir certains sujets (santé, finances, gestion, nutrition…), des visites et ou ateliers avec des intervenants susceptibles de les faire avancer sont organisés. A l’initiative de plusieurs groupes, des activités autour de la conservation des aliments et de la constitution d’un fond de cuisine économique et qualitatif ont par exemple eu lieu.

L’équipe de l’asbl Cuisines de quartier offre un soutien au démarrage et au fonctionnement des groupes. Progressivement, ce sont aussi les groupes plus rodés qui transmettent leur expérience aux novices. L’objectif est de faciliter, par tous les moyens possibles, l’expérience collective en cuisine, de manière non dogmatique et très ouverte. Avec les groupes en activité, des ressources qui peuvent être utiles à tou.te.s sont élaborées telles des fiches pratiques pour faciliter le fonctionnement et la dynamique interne, un catalogue de recettes savoureuses adaptées à la cuisine en grande quantité à moindre coût, des capsules vidéos, une cartographie des espaces de cuisine disponibles et des groupes dans Bruxelles. L’asbl Cuisines de quartier fournit aussi une aide à la recherche de soutiens financiers, propose un éventail de visites et ateliers autour de l’alimentation. De plus en plus régulièrement, elle initie aussi des moments de rencontre entre les groupes.

Allier plaisir et santé

Les témoignages des cuistot.es montrent que leur expérience collective en cuisine a pour enjeu principal d’allier plaisir et santé. Lors des sessions collectives, les échanges de connaissances à ce sujet sont nombreux. Autant que les interrogations, d’ailleurs : « J’ai entendu que le sucre blanc n’était pas bon pour la santé, mais comment l’éviter… », « Les tomates que j’ai achetées en décembre n’avaient pas de goût, pourtant elles étaient bio. J’ai pas confiance ». Les sessions de cuisine sont l’occasion de discuter des habitudes et de se donner des conseils. « Tu as des difficultés à digérer les légumineuses ? Ajoute du cumin à ton plat, tu verras, ça ira bien mieux ! » conseillait par exemple Maria, d’origine syrienne, à une des membres de son groupe.

Le fonctionnement horizontal, allié au plaisir d’être ensemble et à la confiance réciproque constitue un mélange heureux, à la fois déculpabilisant et motivant. Il permet de dépasser la solitude ressentie face aux nombreuses injonctions en matière de santé et d’alimentation, de trouver un soutien et des conseils près de soi. Les groupes de cuisine font preuve d’inventivité face aux aléas de la vie : devant la fatigue ou la maladie d’un·e membre, le reste du groupe lui mettra de côté des portions ; des solutions collectives (et variées) sont trouvées pour répondre à l’augmentation du prix des denrées ; des groupes se créent autour d’un régime adapté à un problème de santé spécifique (intolérances, maladie auto-immune, diabète, etc.), etc.

Le rôle de l’asbl Cuisines de quartier est aussi de tisser ou renforcer le lien entre les groupes et différents acteurs experts et de terrain liés au secteur de la santé, tels les maisons médicales ou encore le Réseau Santé Diabète. Dans les groupes, l’approche de la santé dépasse de loin le seul volet médical. La qualité de l’alimentation et la question environnementale ont une place dans leurs préoccupations. Ainsi, le thème prioritaire défini cette année par les groupes est l’approvisionnement. Avec l’augmentation du prix des denrées, compte tenu des crises environnementales et économiques qui s’enchaînent, ce travail collectif de recherche et de réseautage est devenu urgent.

Afin de faciliter l’accès à des produits bruts de qualité, les Cuisines de quartier ont mis en place des partenariats avec des acteurs de terrain liés à l’approvisionnement au sens large comme VRAC (Vers un Réseau d’Achats en Commun), les instances communales avec des projets tels l’initiative schaerbeekoise « Invendus ? Pas perdus ! », des initiatives citoyennes de récupération d’invendus, le lien direct avec des petits producteurs locaux etc. Renforcer et stimuler de tels partenariats permet de conjuguer les défis de la sécurité alimentaire à celui de l’écologie en soutenant, au sein des quartiers, des dynamiques collectives en faveur d’une alimentation durable accessible à tou.te.s. Par le biais de la pratique collective de la cuisine quotidienne, c’est ainsi un autre pouvoir d’action sur son alimentation et, plus largement, sur la société qui se déploie.

Au-delà des groupes, le Mouvement citoyen des Cuisines de quartier

A Bruxelles, les groupes sont de plus en plus nombreux et l’asbl multiplie les occasions de rencontres. En soutenant l’émergence du Mouvement des Cuisines de quartier, c’est un véritable réseau d’entraide entre les groupes de cuisines qui voit progressivement le jour, facilitant les synergies et le partage d’expériences au sujet de thématiques communes. Chemin faisant, c’est aussi une force citoyenne de représentation des mangeuses et des mangeurs qui se dessine. Une force citoyenne susceptible de porter leur voix au niveau politique et de participer ainsi au plaidoyer pour la mise en place d’un système alimentaire enfin juste et, dès lors, réellement durable.

Que vous soyez professionnel.le.s de la santé ou habitant.e de Bruxelles, si l’expérience Cuisine de Quartier vous tente ou vous intrigue, faites-nous signe. Nous nous ferons un plaisir de vous en dire plus et d’accompagner vos premiers pas dans l’aventure de la cuisine collective !

Le projet Cuisines de quartier est soutenu par Bruxelles Environnement dans le cadre de la stratégie Good Food, par la COCOF dans le cadre des politiques de Promotion de la santé et par la fondation 4 Wings.

info@cuisinesdequartier.be ou 0471 52 09 03.

www.cuisinesdequartier.be

Ressources 

  • Web doc « Tous à la même enseigne ? » issu de la recherche-action Falcoop à l’origine du projet Cuisines de quartier : www.falcoop.ulb.be
  • Filières locales de qualité et accessibilité pour tous. Équation impossible?, Fédération Inter-Environnement Wallonie, Espace Environnement, FdSS dans le cadre du RAWAD, 2022
  • Mongrain M., Cuisines collectives, modèle alternatif d’organisation sociale et économique, 1997
  • Fréchette L., Entraides et services de proximité. L’expérience des cuisines collectives., Presse de l’Université de Québec, 2000
  • Thieffry M., Partager cuisine et recettes pour mieux manger, Le Soir, 3 août 2021

couple working in a bulk food store

Les premiers pas de la MAdiL

Le 1 Déc 22

Publié dans la catégorie :

Le développement d’un système alimentaire durable est un enjeu central pour la Wallonie. Dans le cadre des objectifs stratégiques du référentiel « Vers un système alimentaire durable en Wallonie » [1], la région a lancé en septembre 2020 un appel à projets, initiative conjointe des Ministres de l’agriculture, de l’environnement et de la santé, afin de soutenir des dynamiques territoriales innovantes et variées qui contribuent, de manière durable, à la relocalisation du système alimentaire.

couple working in a bulk food store

Cet appel pose deux questions : « Comment répondre à la demande croissante des consommateurs de s’approvisionner localement et d’avoir des produits de qualité et diversifiés ? » ; « Comment faire évoluer le système alimentaire pour qu’il réponde aux enjeux sociaux et environnementaux ? »

La Maison de l’alimentation durable et inclusive de Liège (MAdiL) s’inscrit dans ce deuxième enjeu d’une transition alimentaire durable et socialement juste avec une approche territoriale et un système de gouvernance participatif. Rencontre avec sa coordinatrice Émilie Farcy.

Naissance de l’initiative

La MAdiL est un projet introduit par le Plan de Cohésion Sociale de la Ville de Liège en étroite collaboration avec l’échevinat de l’écologie de la transition de la ville de Liège, la Ceinture Aliment-Terre Liégeoise (CATL), la plateforme interfacultaire ESPRIst-ULiège.

Il a été initié à la suite du travail réalisé dans le cadre du programme « Alimentation saine pour tous » mis en œuvre par le Plan de Cohésion Sociale de la Ville de Liège. Le projet est né de deux constats comme l’explique Emilie Farcy : « D’une part, en terrain liégeois, il y a énormément d’initiatives en lien avec la transition vers une alimentation plus saine et plus durable ; mais, celles-ci ne sont pas nécessairement coordonnées et sont parfois méconnues du public. D’autre part, ces initiatives sont potentiellement inaccessibles pour toute une partie de la population ».

Ces constats ont été le fil conducteur de la mise sur pied de l’initiative qui se veut un « laboratoire d’innovations sociales et inclusives et une vitrine socio-économique d’expérimentation et de déploiement de l’alimentation équilibrée, locale et durable accessible à tous [3]».

Le Plan de cohésion Sociale a également travaillé en étroite collaboration avec l’échevinat de la transition écologique de la Ville de Liège dans le cadre d’un groupe inter-échevinats plus large (incluant notamment le développement économique et l’instruction publique) pour introduire le projet auprès de la Région Wallonne.

« Ensuite, très rapidement, complète Emilie Farcy, des partenaires privilégiés ont été identifiés et se sont engagés à contribuer au plein déploiement de la MAdiL ». Il s’agit du CPAS de Liège, la Ferme des Enfants, Liège Ville Santé, Intradel, Vaincre la Pauvreté, le Centre Liégeois de Promotion Santé (CLPS) et la Province de Liège.

Approche systémique avec une gouvernance participative

La MAdiL vise à opérer comme une interface entre la population, les acteurs du secteur agroalimentaire et les initiatives déjà existantes visant une alimentation plus durable et inclusive.

De fait, l’initiative propose une approche systémique en associant une multitude d’acteurs avec une forme de gouvernance participative autour de la co-construction d’actions de sensibilisation et de promotion de l’alimentation équilibrée, durable et inclusive.

Dès le lancement du projet en juin 2021, deux démarches ont été menées en parallèle. D’une part, la co-construction d’une vision commune de la MAdiL avec l’ensemble des partenaires. D’autre part, la prise de contact avec le public en lui proposant des activités grâce à la collaboration entre partenaires. Chaque partenaire apportant ses savoir-faire, ressources et expertises au projet.

Construction d’une vision commune

« On a travaillé sur la vision commune afin d’identifier les valeurs et les missions que nous visons. » explique Emilie Farcy. « La MAdiL s’est fixé l’objectif de permettre à l’ensemble de la population d’améliorer progressivement la qualité de son alimentation ». La coordinatrice précise : « Pour y arriver, la MAdiL se donne 4 missions :

  • lever les freins et favoriser l’accès pour tous à une alimentation de qualité ;
  • favoriser l’apprentissage de l’alimentation saine et durable par la pratique ;
  • valoriser les compétences et renforcer le pouvoir d’agir par elles-mêmes des personnes ;
  • aller au contact des publics plus éloignés a priori de l’alimentation saine et durable ».

La MAdiL a pris le parti de ne pas construire de définition d’une « alimentation durable inclusive ». Elle a préféré réunir les partenaires autour d’axes communs de santé, de développement durable, et d’inclusion. La coordinatrice précise : « L’idée est de pouvoir dire :  c’est une activité MAdiL dans ce sens qu’on favorise d’une part l’accessibilité, le non-jugement, et d’autre part le développement durable et la promotion de la santé. La MAdiL, c’est un processus où chacun apporte sa contribution propre et converge vers un idéal partagé.  Elle a vocation à s’élargir et à faire réseau. »

La MAdiL a également développé une « Charte MAdiL » dédiée plus spécifiquement aux animations qui sont proposées. « C’est une forme de « label qualité » explique Emilie Farcy. Trois volets ont été identifiés comme essentiels dans la démarche de la MAdiL, développe la coordinatrice. 

  • Le premier volet est de favoriser des apprentissages par la pratique. « Cela a été un élément mis en avant par l’ensemble des partenaires dès le début. Il s’agit d’inviter très rapidement les participants à mettre la main à la pâte et à être dans du concret. »
  • Le second volet est celui du « caractère de non-jugement ». « Il s’agit d’éviter les injonctions morales « il faut absolument manger que du bio ou que du local » mais plutôt de permettre aux gens d’y aller progressivement et de s’approprier petit à petit les différents outils qu’on leur propose. »
  • Le dernier volet concerne la valorisation des savoir-faire existants et le renforcement des compétences et du pouvoir d’agir des personnes. « C’est de se dire que les infos qu’on transmet, on permet qu’elles soient remobilisables dans le contexte privé de la personne et surtout on essaye de rendre la personne capable d’aller elle-même rechercher l’information. »

Démarche d’évaluation

La démarche d’évaluation mise en place par ESPRIst-ULiège est participative et négociée. Les différentes parties prenantes sont associées aux étapes de construction de la démarche d’évaluation. Ainsi, les partenaires ont défini un ensemble de questions auxquelles ils souhaitaient que l’évaluation réponde en fin de projet.« Le souhait des partenaires était de pouvoir mesurer « l’effet MAdiL » auprès des participants aux activités, et également, d’évaluer la dynamique partenariale de la MadiL. Afin de pouvoir porter un jugement évaluatif sur ces questions, la MadiL et ses partenaires ont décliné ces questions en critères et en indicateurs. »

Concernant la participation aux activités de la MadiL, trois éléments sont questionnés : le fait que les participants aient retenus certains savoirs et savoir-faire, qu’ils les mettent en pratique au quotidien et qu’ils continuent à prendre part aux activités proposées. Cette évaluation prend la forme d’un sondage, récemment finalisé, qui sera désormais systématiquement transmis à toutes les personnes qui participent aux activités. Des entretiens seront également menés avec les participants.

Mise en place d’activités

Dans la mise en place de ses actions, la MAdiL cible la découverte et l’appropriation des « bonnes pratiques de la filière alimentaire, de la production à l’assiette, en ce compris la protection de l’environnement et la lutte contre le gaspillage alimentaire avec une attention particulière aux personnes les plus vulnérables. » [4]

Dès le départ, la MAdiL a proposé des activités à trois publics cibles :

  • le public scolaire pour lequel la MAdiL a déployé un programme d’animation qui est testé dans 5 écoles communales à destination des 3e et 4e primaires ;
  • le public adulte ou « grand public » : la MAdiL a rapidement proposé, chaque mois, un programme d’activités variées comme un atelier culinaire sur la lactofermentation, une balade nature sur les fruits comestibles de chez nous ou une table d’hôtes sublimant des produits locaux ;

le public vulnérable, en veillant à lever les freins financiers, sociaux ou culturels.  La MAdiL se veut inclusive en ayant une démarche proactive avec le public vulnérable, qu’elle définit comme en situation de précarité. « La volonté est de pouvoir inclure dans la dynamique ces personnes qui, a priori, sont éloignées de l’alimentation durable » explique Emilie Farcy « On mobilise toute une série de partenaires associatifs qui travaillent avec ce public et qui sont des relais pour nous permettre d’entrer en contact avec ces personnes. Cela intervient tant sur le terrain que dans les réflexions de co-construction des stratégies d‘actions de la MAdiL. « C’est la richesse de l’initiative qui réunit différents partenaires dont le Plan de Cohésion sociale, le CPAS ou l’asbl Vaincre la Pauvreté. »

En octobre dernier, la MAdiL a organisé une journée de l’alimentation durable et inclusive . Pour cette journée, la MAdiL a pris son rôle de vitrine des initiatives existantes et a réuni une quarantaine de partenaires. En posant la question « Quelle place pour l’alimentation durable dans les cuisines d’ici et d’ailleurs ? », elle a souhaité mettre au défi les différents acteurs en croisant les thèmes de l’alimentation durable et de la multiculturalité. D’un petit déjeuner à un souper « banquet du monde, solidaire et durable », des activités et des stands de découvertes ont été proposés toute la journée. La conférence de clôture a par ailleurs permis d’explorer les liens entre alimentation et migrations et des enjeux communs face aux défis de demain.

Vers un système alimentaire durable à Liège

Après un peu plus d’un an d’existence, la MAdiL apparait comme un dispositif utile pour renforcer les synergies entre les acteurs locaux d’une part et les autorités locales d’autre part puisque le projet est intégré au sein de la Ville de Liège.

Le projet avance mais avec certains défis. L’un deux est l’absence de lieu propre. « C’est un frein pour permettre aux personnes intéressées de nous trouver » explique la coordinatrice « C’est l’une des prochaines priorités d’action. » A cela, s’ajoute des capacités d’animation limitées. En effet, le financement obtenu permet l’activité d’une coordinatrice à temps plein et d’une animatrice à mi-temps. Or, « quand on a introduit le projet, il y avait le souhait qu’il cible « l’agglomération liégeoise » et donc les 24 communes de la métropole. Et là, on n’a pas encore eu l’occasion d’essaimer significativement au-delà de la ville » explique Emilie Farcy. La volonté est que le projet puisse se déployer pleinement tant dans l’agglomération mais aussi dans la temporalité. En effet, le souhait est d’éviter de réaliser uniquement une initiative ponctuelle mais d’inscrire la MAdiL comme une dynamique pérenne. C’est un autre défi étant donné que le financement est actuellement obtenu pour une durée de 3 ans (jusqu’en 2024).

Malgré ces défis, la MAdiL se réjouit de son succès. « Les activités affichent rapidement complet, parfois même sans qu’une communication ait été lancée. » souligne Emilie Farcy « On communique principalement notre programme à une mailing list (+/- 600 personnes), et cela suffit à ce que les activités soient remplies. Par ailleurs, on est de plus en plus sollicités par les acteurs qui travaillent avec les publics vulnérables, que ce soit des organismes d’insertion professionnelle ou des professionnels qui travaillent avec des primo-arrivants. Alors c’est un peu frustrant parce que notre capacité d’animation étant limitée, on ne sait pas répondre à tout. Mais pour autant, c’est rassurant sur le fait qu’on est attendu là-dessus pour pouvoir proposer des choses à ces publics. »

Face à ces défis, la MAdiL souhaite « inventer de nouvelles approches et justifier son ambition d‘être un laboratoire d’innovations sociales et inclusives de la transition alimentaire à Liège en s’appuyant sur les expertises existantes au niveau wallon et bruxellois comme par exemple l’autre projet de Maison de l’alimentation durable de Charleroi, sans oublier les Maisons de l’alimentation durable créées en France ou en Suisse ».

Pour en savoir plus

Site internet de la MAdiL : https://www.madil.be/

Page facebook de la MAdiL :  https://www.facebook.com/MADILiege/

Ressources 

Référentiel »Vers un système alimentaire durable en Wallonie » : https://developpementdurable.wallonie.be/sites/dd/files/2022-07/Referentiel_AD_WEB_compressed.pdf

Site web de la stratégie wallonne « Manger demain » : https://www.mangerdemain.be/strategie/

group of senior friends at dinner party at home, cooking. close

Kom à la maison

Le 1 Déc 22

Publié dans la catégorie :

À Etterbeek, le restaurant participatif et solidaire Kom à la maison réunit autour de sa table deux valeurs qui peinent encore trop souvent à se rencontrer : durabilité et solidarité. Sans oublier la santé. Entretien avec Christina Lescot, cofondatrice aux côtés d’Alix Rijckaert, de ce concept encore unique en Belgique.

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Une jeune femme concentrée au-dessus d’une pâte à gâteau, un jeune homme qui épluche en face d’elle des carottes, et plus loin des marmites qui frétillent déjà sous l’œil avisé d’Alix… Il est onze heures ce mardi et dans une heure, ce sera le coup de feu dans ce restaurant aux allures de salle à manger de famille, banquettes de bois, coussins et petites loupiotes. Bienvenue au Kom à la maison, le concept solidaire qui décloisonne la cuisine…

D’où est né le projet Kom à la maison ?

Kom à la maison est né en 2018 de l’envie de plusieurs citoyens d’avoir un lieu où se retrouver autour de la cuisine. Tout a commencé quand j’ai lu un article dans un magazine de cuisine sur les « petites cantines » en France (voir encadré), qui fonctionnent quasi sur le même modèle. J’ai téléphoné pour avoir des renseignements et ils m’ont mis en lien avec Alix qui avait déjà, avec un groupe de citoyens, émis l’idée d’un restaurant participatif. On a commencé avec des banquets de quartier, c’est-à-dire des lunchs ponctuels, qu’on organisait par exemple au cercle paroissial d’Etterbeek. On s’est rendu compte que ça marchait super bien. Une quinzaine de personnes venait cuisiner à chaque fois pour une quarantaine de mangeurs environ : on s’est dit qu’il y avait vraiment un sens à ouvrir un restaurant. À partir de là, on s’est mises en quête d’un local. Puis il y a eu le covid… Mais on s’est quand même lancées ! On a commencé par du take-away solidaire : les gens faisaient la file avec leur tupperwares et on faisait des portions à emporter.

Un restaurant n’est pas seulement un lieu où l’on mange. C’est aussi un lieu de rencontre, de plaisir, de conversation… Que diriez-vous de l’objectif principal de Kom à la maison ?

Je dirais que l’objectif principal est de créer du lien entre des gens qui ne se seraient peut-être pas rencontrés autrement, autour de ce prétexte de la cuisine qui rassemble et rapproche… En général, tout le monde aime bien manger ! Créer de la mixité, de la différence, voilà ce que je voulais… On vient ici pour se faire du bien, lutter contre l’isolement. J’ai fait des études de gestion hôtelière et je me suis toujours intéressée à la cuisine… J’ai toujours travaillé en lien avec l’alimentation, que ce soit dans le commerce, la restauration, etc. Mais je trouvais qu’il y avait un manque de lien social. À travers mes boulots et certaines rencontres, j’ai aussi été très sensibilisée au problème du gaspillage alimentaire. Cela me posait beaucoup question… Réduire ce gaspillage mais aussi utiliser davantage de produits locaux, c’étaient des choses qui me semblaient importantes. Mais ce que j’aime plus que tout, c’est cuisiner avec d’autres, c’est l’entraide. Il y a aussi l’accessibilité car bien manger est encore trop souvent réservé à des gens qui en ont les moyens. Et il y a beaucoup de gens qui n’ont tout simplement jamais l’occasion d’aller au restaurant…

Ici, tout le monde met la main à la pâte. Pas besoin d’être un cordon-bleu pour participer ?  

Chacun participe selon ses compétences. On est un collectif et beaucoup de gens donnent de leur temps sans compter. On a clairement plus de femmes et plus de personnes âgées, même s’il y aussi des jeunes, qui font leur service civique par exemple. Il y a une équipe qui s’occupe des invendus alimentaires, une autre équipe qui s’occupe de tout ce qui est communication, un groupe qui s’occupe de la compta. Le côté participatif qu’on veut transmettre ici, on l’applique à notre collectif avec une gouvernance assez horizontale et des décisions prises en commun. Tout le monde peut nous rejoindre à tout moment.

Comment se déroule une journée type ?

Une journée type, c’est arriver vers 9 heures, se poser, prendre un café, manger le dessert de la veille s’il y en a… Ensuite, on désigne quelqu’un comme « cuistot du jour » et on décide ensemble du repas. On sort les légumes qu’il faut faire en priorité. Le maraîcher nous livre le mardi. Une autre partie de ce que nous cuisinons provient des invendus d’un supermarché bio qui se trouve à proximité. On achète aussi certains aliments en vrac à un supermarché collaboratif non loin d’ici. De 9h30 à 12h30, le but est de préparer un repas qui sera servi à 25 personnes environ. On fait un plat, une entrée, un dessert. Tout est végétarien par facilité, écologie, pour des raisons culturelles aussi. L’objectif, c’est un service unique, de grandes tablées : on met la soupière sur la table et on se sert soi-même, on sert son voisin. On n’est pas obligés de venir cuisiner pour venir manger. Si les gens ont le temps, ils peuvent aussi faire la vaisselle à la fin mais là encore, ce n’est pas obligatoire. Au moment de l’addition, chaque personne paie en fonction de ses moyens : il s’agit d’un prix libre et solidaire. Chacun met ce qu’il peut mettre et ça permet parfois de payer pour le voisin. On se contente de donner des indications : 10 euros, c’est plus ou moins ce qui permet de couvrir nos frais mais avec l’augmentation des prix, ce n’est peut-être même plus tout à fait juste…  Car nous avons le statut d’un vrai resto : on est assujetti à la TVA, on a une boîte noire etc.

Comment décidez-vous du menu ?

On est là pour encadrer, mais on demande aussi aux gens ce qu’ils ont envie de faire. Chacun apprend. Ce côté « faire ensemble » – convivial, bienveillant – est vraiment important. Parfois, les gens viennent avec des idées, des idées de plats qu’ils affectionnent. Dans ce cas, on prévoit à l’avance. On peut même faire des menus à thème. Aujourd’hui, le menu c’est une soupe de pois cassés, des tomates à la provençale, des carottes entières rôties au four, des céleris raves poêlés, un couscous aux tomates cerises et des gâteaux à l’orange en dessert.

Qui sont vos clients ?

On a un noyau d’habitués qui vient régulièrement, des gens du quartier mais ça ne leur est pas réservé. Il y a des travailleurs qui prennent leur pause de midi mais aussi beaucoup de gens qui ne travaillent pas, des retraités, des gens au chômage ou en situation de burn-out… Beaucoup de gens viennent seuls mais les grandes tables aident pas mal à entrer en contact, à papoter. On accueille souvent des groupes aussi, des personnes qui viennent des associations implantées aux alentours… Pendant les périodes scolaires, on a aussi des groupes d’enfants.

Pendant longtemps, concernant l’alimentation, « durable » et « solidaire » semblaient deux qualificatifs en tension… Car manger sainement, éthiquement, a un coût.

On sait que les personnes qui ont besoin d’une aide alimentaire reçoivent souvent des produits transformés… Mais ce n’est pas correct : ce n’est pas parce qu’on n’a pas les moyens qu’on doit manger mal. Les gens ne devraient pas choisir entre payer leurs factures d’électricité et manger…  C’est pourquoi nous voulons proposer des repas hyper abordables, en espérant avoir assez de moyens pour continuer. Ici, nous essayons aussi de mettre en lien les producteurs et les consommateurs. Notre maraîcher passe ici lui-même, il peut parler de ses produits, etc. Les gens n’ont plus toujours conscience aujourd’hui de combien ça coûte de bien manger… Et puis on composte, on jette le moins possible, on essaie d’être au maximum dans le local, le circuit-court, davantage que dans le bio. Après, le riz ne vient pas nécessairement d’ici ni les bananes… Et le beurre, c’est tellement cher qu’on va l’acheter en grande surface, même si ce n’est pas top. L’idée c’est aussi de découvrir, de pouvoir refaire à la maison, de partager des savoirs, des pratiques. Ici, on peut ressortir avec deux trois recettes et en se disant j’ai bien mangé ET c’était de la qualité.

Pensez-vous que votre projet pourrait faire des émules ?

Oui : l’objectif, c’est de mettre en place des fiches-outils accessibles à tous pour expliquer comment on a monté le projet et permettre l’émergence d’autres collectifs citoyens et de restaurants comme le nôtre. Le but, c’est vraiment de mettre à disposition toutes nos données, pour participer au développement d’autres modèles économiques…

Certaines personnes viennent-elles pour des raisons de santé, pour essayer de « manger mieux » ?

Je sais que certaines personnes sont venues sur conseil de leur médecin, mais surtout pour des raisons de santé mentale. Leur médecin leur a dit : « ça va te faire du bien ». Des logopèdes, des kinés ont aussi relayé vers nous des personnes qui avaient besoin de s’investir dans une activité concrète. Beaucoup de personnes nous ont dit que cela avait pas mal changé leur quotidien de venir ici… On le voit nous-mêmes : avec le temps, des personnes qui au début n’osaient pas faire grand-chose prennent des initiatives, deviennent beaucoup plus autonomes.

À votre avis, pourquoi les personnes reviennent-elles chez Kom à la maison ?

Pour le lien social, le désir d’être avec d’autres, l’aspect solidaire. Ici, il n’y a pas de bénévoles qui viennent « pour aider les autres ». C’est un travail qu’on fait d’abord pour s’aider soi : on ne vient pas pour cuisiner pour d’autres mais avec d’autres et aussi pour soi-même. Certaines personnes n’osent pas pousser la porte parce qu’elles pensent que le lieu est réservé à des personnes qui n’ont pas les moyens, mais ce n’est pas le cas. C’est ouvert à tout le monde. Bien sûr, les gens qui viennent de manière régulière ont souvent moins de moyens mais beaucoup viennent aussi parce qu’ils vivent seuls et qu’ils n’ont pas envie de manger seuls. Ici, il y a un aspect « on joue au restaurant » qui est vraiment agréable : chacun peut expliquer aux autres comment a été confectionné le plat, etc. Il y a un côté valorisant à être le chef du jour.

Êtes-vous inquiète par rapport à l’actuelle flambée des prix ?

Un peu. Après, on a de la chance par rapport à d’autres parce qu’on n’a pas de chambre froide mais des frigos. Mais on voit que dans le prix des denrées, ça augmente aussi beaucoup…

Les « petites cantines » et la solitude des grandes villes

En 2013, à la suite du décès de son mari, Diane Dupré la Tour, une Lyonnaise trentenaire, découvre la solitude des habitants des grandes villes… Rapidement, elle se rend aussi compte que dans les moments difficiles, le soutien social est primordial. Elle quitte alors son emploi de journaliste dans la presse économique pour créer, en 2016, une première « petite cantine » dans un quartier populaire du 9e arrondissement de Lyon. Manger bien et bon pour un prix libre et en faisant connaissance avec son voisin : la formule séduit, le succès est immédiat. Suivront l’ouverture de trois autres « petites cantines » à Lyon, puis à Lille, Strasbourg, Paris… Aujourd’hui, le projet qui associe convivialité, solidarité et durabilité, est présent dans de nombreuses villes de France… et passe même les frontières. 

www.lespetitescantines.org

Pour en savoir plus…

komalamaison.be

businesswoman smiling during a meeting in office

Li Cramignon, au plus près des publics fragilisés

Le 30 Nov 22

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Li Cramignon : son nom fait référence à un chant populaire traditionnel qui, à l’image d’une farandole, entraîne dans la danse tous les citoyens et citoyennes, s’étire et tisse un lien entre toutes et tous. Education Santé a rencontré Martine Motte dit Falisse, pour le volet « Promotion de la santé » de cette association du secteur, discrète mais forte d’une expérience longue et au plus proche des publics dits fragilisés.

L’association

Nichée au cœur du pays de Herve, Li Cramignon déploie ses activités depuis trois décennies. Elle se constitue à l’origine comme groupe d’animation, d’éducation permanente, de réflexion et d’information autour de thèmes qui animent ses membres tels que l’environnement, l’économie sociale, la justice Nord-Sud, la santé globale…

Engagée dans ces thématiques et résolument implantée dans sa région, l’association met en place rapidement un second pôle d’activité : un groupement d’achats en circuit-court, devenu l’épicerie et point de collecte Nos Racines, à Herve. L’alimentation, point de convergence de nombreuses thématiques, permet une approche transversale. « Mais il manquait encore une branche pour toucher un public autre que les militants de l’association, de personnes qui ne pousseraient pas la porte des activités de débats et de réflexions« , nous raconte Martine M., animatrice et formatrice. C’est ainsi qu’est né, il y a une petite douzaine d’années, le projet de promotion de la santé par l’alimentation, troisième pôle d’activité de Li Cramignon.

Ajoutons enfin que l’association fait partie d’un réseau associatif plus large, qui la chapeaute : le réseau De Bouche à Oreille. « On peut se le représenter comme des poupées russes, qui donnent la main à d’autres poupées russes. » Le tout donne l’impression, pour un œil extérieur, d’un joyeux groupement aux multiples ramifications, déployé dans son fief d’origine… et cohérent avec sa mission de « veilleurs sociétaux [1]».

L’objectif général de Li Cramignon en promotion de la santé est de promouvoir la santé globale de publics fragilisés en prenant comme angle d’approche l’alimentation.

« Nous guidons et encourageons nos publics à développer une alimentation équilibrée et durable en leur facilitant l’accès à l’information, en apportant et en échangeant des connaissances, en réveillant, en soutenant, en ancrant des comportements et pratiques alimentaires favorables à la santé. Nous impliquons et responsabilisons le public bénéficiaire, en partenariat avec les relais et les réseaux locaux, tout en apportant une attention particulière au bien-être du public et à l’accessibilité culturelle.»

La Charte d’Ottawa comme point d’ancrage

Via l’alimentation, c’est dans une démarche de promotion de la santé que s’inscrivent les activités proposées. Pour appuyer son propos, Martine M. relit cette charte fondatrice et met l’emphase sur chaque notion importante : la santé globale, la capacitation des individus, la santé comme ressource, etc. « Loin de nous l’idée de dire « vous devez manger 5 fruits et légumes par jour » ou encore « les fast-foods, c’est mauvais pour la santé ». Notre approche se veut collective et participative. Nous travaillons avec des groupes, sur un temps long. Et enfin, une de nos missions est aussi de créer des dynamiques locales (c’est dans l’ADN de l’association). »

Les partenariats « sur mesure »

Pour rencontrer son public (« les publics dits fragilisés »), l’association passe par l’intermédiaire de partenaires qui les sollicitent. La plupart sont des CPAS, mais on retrouve également des plans de cohésion sociale, des régies de quartier, des groupes de loisir, des groupes d’alphabétisation, des groupes de personnes porteuses de handicaps légers. Ensemble, ils s’accordent sur le cycle qui sera proposé et la durée de celui-ci (entre 6 mois et… pas de limite. Certains partenariats remontent à plus de 10 ans !), avec, dans l’idéal, un minimum de 3 rencontres. Le maximum des rencontres, il n’y en a pas en soi… mais la disponibilité des animatrices de Li Cramignon est calibrée entre les différents groupes à accompagner, le fonctionnement mis en place par chaque partenaire, le temps de travail de chacune, etc. « Les personnes qu’on rencontre lors des animations seraient partantes pour se voir tous les jours, dit en riant Martine M. On jongle avec les contraintes pour accompagner au mieux. » Un cycle et un programme pensés sur mesure donc.  

Accompagnements et animations

Dans leurs bagages, les animatrices ont plus d’une trentaine d’animations à décliner à l’envi, suivant la demande du partenaire ou du groupe des participants. Une thématique en appelant une autre, et ainsi de suite. C’est pour le moment le volet qui a été le plus développé par le projet de Promotion de la santé.

Depuis quelques années toutefois, au-delà des animations proprement dites, l’accompagnement de projets collectifs se développe de plus en plus, le nouvel agrément en cours d’approbation [2] en fera d’ailleurs un de ses deux axes prioritaires. Il s’agit par exemple d’accompagner la création d’un potager collectif dans un CPAS (projet pilote) : participer à la mise en route, favoriser le réseautage, les parties-prenantes, donner des formations pratiques suivant les besoins du groupe et du projet, etc.

Rencontre conviviale autour d’un petit déjeuner

Quand on l’interroge sur le « comment » et sa façon de développer un atelier collectif et participatif, Martine M. nous explique que bien souvent, la rencontre démarre autour d’un petit déjeuner (végétarien, par principe et par souci budgétaire, et présenté sur des sets de table regroupant chacune des familles d’aliments). Ce moment de convivialité permet de créer de la cohésion dans le groupe. « Je propose souvent à chacun de faire appel à un souvenir d’enfance lié au petit déjeuner. Chacun ramène alors quelque chose de constructif, et c’est de là que va partir l’animation. Souvent reviennent le porridge, l’odeur du pain grillé ou celle du café… ». Progressivement émergent toute une série de questions. Quelques éléments théoriques sont dispensés en fonction des besoins ou demandes (« pour répondre à des questions sur l’importance du petit déjeuner ou la glycémie, par exemple »), mais une attention est portée à ce que ce soient les membres du groupe qui apportent des propositions, des alternatives et des idées. Les animatrices adoptent donc une posture de facilitatrices « pour faire circuler les échanges dans le groupe, rebondir sur les vécus, les expériences et les savoirs de chaque participant ». Plusieurs aspects sont toutefois préconisés : le « faire soi-même » tant que possible, les aliments les moins transformés, le local et de saison.

Précarité, isolement et défiance

Avant de la quitter, nous avons demandé à Martine M. si les personnes fragilisées qu’elle rencontrait hier font face aux mêmes difficultés qu’aujourd’hui. Quels sont les constats qu’elle pose ? « Très certainement, une précarité qui augmente ! » s’exclame-t-elle en premier lieu.

 « Je rencontre désormais dans les groupes que j’accompagne des personnes qui, même si elles ont travaillé toute leur vie et ont une maison, émargent au CPAS car elles ne peuvent joindre les deux bouts (notamment des femmes seules). Ce n’était pas le cas quand j’ai commencé il y a 11 ans. Avec l’inflation, ce seront de plus en plus des personnes concernées. » Le coût de l’alimentation est ainsi devenu un thème incontournable lors des animations. Des réactions de colère ou de désabusement aussi, plus fréquentes. « « Mais pourquoi autorise-t-on toute cette alimentation qui fait du mal à la santé ? » quand on parle des céréales ultra-transformées, ou « on nous prend pour des c*** » ». Elle poursuit enfin en évoquant l’isolement social et la fragilité psychologique des personnes, des femmes surtout : « des participants qui ont les larmes aux yeux… ou d’autres auxquels je demande leurs attentes et qui me répondent : « juste voir des gens », ça revient très souvent ».

Aussi, via le prisme de l’assiette, avec détermination, engagée au plus près des gens et dans une démarche émancipatrice, Li Cramignon poursuit-elle sa chanson, en tentant d’emmener dans la danse toutes celles et ceux qui seraient laissés de côté.

Li Cramignon, ASBL De Bouche à Oreille : 087 44 65 05 – info@dbao.bewww.dbao.be/li-cramignon

[1] https://www.dbao.be/missions/

[2] A ce jour (novembre 2022), les opérateurs en promotion de la santé en Wallonie qui souhaitent introduire une demande de subvention auprès l’AViQ doivent au préalable recevoir un agrément. Les premières demandes d’agrément sont en cours.

portrait of senior female pottery artist in her art studio

La santé de l’entrepreneur: un socle solide pour l’entreprise

Le 3 Nov 22

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Les entrepreneurs sont-ils des supermen ou superwomen ? Entreprendre, est-ce vraiment bon pour la santé ? Faut-il oublier de prendre soin de soi pour réussir son projet d’entreprise ? Faut-il attendre de réussir son projet professionnel pour être attentif à soi ?

portrait of senior female pottery artist in her art studio

Depuis 10 ans, le programme 7 Jours Santé, initié par l’asbl Question Santé, tente de répondre à ces questions, en proposant aux indépendants et chefs de Très Petites Entreprises (TPE) un large éventail de ressources et outils. Démarche préventive, inspirée par ce principe fondamental : la santé de l’entreprise repose en grande partie sur celle de l’entrepreneur. Or, celle-ci est souvent mise à mal, tant pour des raisons personnelles que sociétales.

« Un indépendant sur deux considère que son travail a un impact négatif sur sa santé. [1] »

Parmi les facteurs externes qui influencent le rythme de vie – et a fortiori, la santé – de l’entrepreneur, on peut citer le statut social de l’indépendant [2] et son cortège d’obligations administratives et fiscales. Aussi, le système de sécurité sociale des indépendants qui est moins avantageux que celui des salariés, notamment, en cas de maladie [3] et en termes d’équilibre vie professionnelle- vie privée [4]. On peut cependant se réjouir que des améliorations pointent leur nez, telles que l’obtention d’un congé de paternité [5].

Sur le plan individuel, la frénésie qui règne dans la période de création ou de développement d’une entreprise est compréhensible. Il s’agit d’un projet personnel et l’entrepreneur y met toute son énergie. Le plus souvent, il affronte seul ce défi et sans compter ses heures. Pressé par l’objectif de résultats à court terme, il relègue sa santé au second plan et néglige des déterminants tels que l’alimentation, le sommeil, l’activité physique, la gestion du stress, la mobilité, l’équilibre des différentes sphères de vie.

Or, l’enjeu est de taille : « Quand on a un projet entrepreneurial, on doit garder en tête qu’on fait partie du projet. Il y a un lien réel entre la gestion de soi et la gestion du projet : si l’entrepreneur ne gère que son projet, la balance penche d’un côté et cela devient dangereux. Le risque est de tout perdre. »[6]

Pistes pour garder le cap

En tant que pôle bruxellois dédié à la santé des entrepreneurs, 7 Jours Santé propose des pistes d’actions concrètes, des outils et des ressources. Ceux-ci sont diffusés via trois canaux principaux :

  • un site internet ;
  • l’organisation d’ateliers et webinaires thématiques ;
  • une collaboration étroite avec les réseaux de soutien aux entrepreneurs, en pré et post-création.

Site internet

Les contenus du site reposent sur un équilibre entre informations validées (enquêtes, études, interviews d’experts), pistes d’actions concrètes et paroles de terrain (entrepreneurs et professionnels de l’accompagnement).

  • Les actualités rendent compte de l’évolution de la situation des entrepreneurs, au fil des événements auxquels ils sont confrontés. Elles annoncent aussi les ateliers et webinaires.
  • La rubrique Santé de l’entrepreneur développe les thématiques inhérentes à la démarche préventive du projet : gestion du temps, gestion du stress, alimentation, sommeil, activité physique, mobilité, équilibre vie privée-professionnelle, confiance en soi…
  • Chaque article renvoie à une série de ressources et outils spécifiques. Ceux-ci sont ventilés, selon qu’ils s’adressent aux entrepreneurs ou à leurs accompagnateurs.
  • Les témoignages permettent aux entrepreneurs de se reconnaître à travers le vécu de pairs, créant ainsi un sentiment de communauté. Ils sont aussi un moyen de mettre en lumière leur réalité quotidienne.

Les ateliers et webinaires thématiques

7 Jours Santé propose plusieurs ateliers à destination des entrepreneurs et ce, en partenariat avec des structures d’aide à la création et au développement d’entreprise. Organisés plusieurs fois par an, les ateliers déclinent les différentes thématiques du projet. La crise sanitaire de 2020-22 a nécessité leur adaptation en webinaires. Ces derniers ont été maintenus en « post-crise » car ils présentent deux avantages : une plus large visibilité du projet et un gain de temps pour les entrepreneurs en développement.

La collaboration avec les réseaux de soutien aux entrepreneurs, en pré et post-création

Le public des entrepreneurs recouvre une grande variété de situations et de secteurs, qui le rend parfois difficile à atteindre. Il est apparu rapidement que la meilleure façon de les toucher était de collaborer avec les services qui leur sont directement dédiés. C’est pourquoi 7 Jours Santé soutient et accompagne les réseaux d’aide à la création d’entreprise, qui souhaitent intégrer une approche de promotion de la santé dans leurs pratiques. Les principaux partenaires sont repris dans la rubrique A propos du site.

Outils pour l’équilibre

Parmi les outils proposés aux professionnels de l’accompagnement, ceux visant le diagnostic-santé, la gestion du temps et la gestion du stress répondent à des besoins prioritaires. Stress et temps ayant un impact direct sur les autres déterminants-santé, tels que l’alimentation, l’activité physique, le sommeil…

En voici un florilège…

• Le tableau de bord « santé de l’entrepreneur »

« Ma vie professionnelle est intimement mélangée à ma vie privée. Il n’y a pas de limite claire. Mes journées n’ont pas de début et de fin. Quand je suis très occupée par ma vie professionnelle, j’y pense tout le temps. Même la nuit, ça continue à turbiner. »

Marie Verwarcht

Le tableau de bord de 7 Jours santé propose aux entrepreneurs de faire le point sur leur bien-être grâce à un test simple qui révèle les déséquilibres dans l’organisation quotidienne de cinq sphères d’épanouissement : santé, vie privée, vie professionnelle, évaluation du projet et environnement. Ensuite, sur base des résultats obtenus, ils peuvent lister et appliquer les actions-ressources pour maintenir ou améliorer l’équilibre.

• L’agenda de l’entrepreneur

« Mon temps est rythmé par la garde alternée de mon fils. Les semaines où il est avec moi, je suis plus limité le soir et ralenti les week-ends. »

Renaud David

L’agenda de l’entrepreneur influence l’équilibre entre les différentes sphères de sa vie. Présenté comme un « Bullet Journal », l’agenda de 7 Jours Santé permet d’analyser ses habitudes en matière de gestion du temps et de définir des objectifs concrets pour maintenir l’équilibre.

• Le thermomètre du stress

« Même si, avec le recul, je prends conscience de l’effet du stress sur mon humeur et que je me promets de faire des efforts pour éviter le débordement, au moment-même, je n’y arrive pas toujours. »

Christelle Chemakou

Le thermomètre du stress aide l’entrepreneur à comprendre sa situation, à évaluer son niveau de stress et à trouver des solutions pour le réduire. La technique proposée a pour but de l’aider à surmonter les tensions du quotidien et à retrouver un équilibre satisfaisant.

La présentation de chacun de ces outils comprend un manuel d’utilisation détaillé pour les entrepreneurs eux-mêmes mais aussi une démarche d’accompagnement pour les professionnels qui les suivent.

Pour en savoir plus

7 Jours Santé, Question Santé asbl

Rue du Viaduc 72

1050 Bruxelles

02/ 512 41 74

Sites internet :

https://questionsante.org/

https://www.7jsante.be/

[1] Rapport de recherche sur les petits commerces bruxellois, Céline Mahieu et Isabelle Godin, École de santé publique de ULB, 2015 https://petitscommercesbruxellois.ulb.ac.be/

[2] Le statut social des indépendants, INASTI, 2002. https://www.inasti.be/sites/rsvz.be/files/publication/brochure_droits_et_obligations_07_2015.pdf

[3] Santé et entreprise, 7 Jours santé. https://www.7jsante.be/thematiques/sante-et-entreprise/

[4] Equilibre vie professionnelle – vie privée, 7 Jours Santé. https://www.7jsante.be/thematiques/equilibre-vie-professionnelle-et-vie-privee/

[5] Congé de paternité pour les indépendants, 7 Jours Santé, Août 2019. https://www.7jsante.be/conge-de-paternite-pour-les-independants/

[6] Mathieu Seron, https://www.7jsante.be/mathieu-seron-il-y-a-urgence-pour-les-entrepreneurs-a-se-deconnecter/

hombre senior utilizando un movil, concepto de la brecha digital

Renforcer l’accessibilité aux données de santé numériques

Le 3 Nov 22

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L’exclusion numérique n’est pas une préoccupation nouvelle. Cependant, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, la digitalisation de notre société et de ses services essentiels s’est accélérée. Au travers de son Baromètre de l’Inclusion numérique, la Fondation Roi Baudouin a souhaité objectiver ce phénomène et attire notre attention sur les personnes en situation de vulnérabilité numérique, problématique qui concerne près d’un Belge sur deux (46% de la population âgée entre 16 et 74 ans), et – sans surprise – ce sont les personnes défavorisées sur le plan socio-économique et culturel qui sont le plus touchées par ces difficultés.

hombre senior utilizando un movil, concepto de la brecha digital

Quelques constats en 2021

De manière générale, la connectivité des Belges augmente (l’accès à internet et aux outils numériques tels que les ordinateurs portables). Notons toutefois que davantage de ménages à faible revenu ne disposent pas d’une connexion à domicile (18% d’entre eux) en comparaison aux ménages à haut revenu (dont 98% bénéficient d’une connexion à domicile).

Ensuite, l’utilisation des services essentiels a augmenté auprès de l’ensemble de la population entre 2019 et 2021, comme l’e-santé (qui a augmenté de 11%) par exemple. Le niveau d’éducation reste cependant un facteur déterminant car il existe une différence d’environ 30% suivant que l’on ait un faible ou un haut niveau de diplôme.

En termes de compétences numériques, 46% de la population belge âgée entre 16 et 74 ans est en situation de vulnérabilité numérique. Parmi eux :

  • 7% de la population n’utilise pas internet ;
  • 39% de la population ont des faibles compétences numériques en 2021 (contre 32% en 2019). Cette augmentation de la vulnérabilité est observée dans tous les groupes, mais elle est plus marquée auprès des personnes ayant un faible niveau d’éducation (18% d’entre elles, contre 9% des personnes ayant un haut niveau de diplôme).

La Fondation Roi Baudouin souligne enfin que les principaux publics à risque de décrochage numérique sont les personnes avec un faible niveau de revenu ou de diplôme, les personnes à la recherche d’un emploi et les personnes de plus de 55 ans. Attention toutefois à ne pas considérer les jeunes (entre 16 et 24 ans) comme égaux face aux compétences numériques : 45% des jeunes peu diplômés ont des faibles compétences numériques (contre 22% des jeunes ayant un diplôme de l’enseignement supérieur).

Le niveau de formation devient de plus en plus déterminant quant à l’utilisation des services essentiels et les compétences numériques. (…) Réduire la fracture numérique implique de continuer à investir dans la digitalisation pour toutes et tous et de conserver, à côté des canaux numériques, le bon vieux téléphone et les contacts physiques. L’inclusion doit être au cœur de la conception des outils numériques, afin que les personnes peu à l’aise avec le numérique puissent facilement les utiliser. 

Baromètre de l’Inclusion numérique, Fondation Roi Baudouin

Le projet de la Maison médicale Espace Santé

Au sein de cette maison médicale, située à Ottignies, les constats sur la digitalisation des données de santé, accélérée durant la pandémie et creusant davantage le fossé des inégalités, sont les mêmes. Pour y répondre, l’équipe a mis en place des ateliers numériques pour leurs patients, en partenariat avec l’Espace public numérique d’Ottignies. Ce projet est soutenu dans le cadre des Stratégies concertées Covid en Wallonie. Ludivine Teller (FWPSanté) a rencontré Christine Sbolgi, coordinatrice du projet et Martine Verhelst, médecin à la maison médicale :

Ludivine Teller : Pendant la pandémie, certains de vos patients éprouvaient des difficultés face au numérique. C’est ce qui a inspiré votre projet ?

Christine Sbolgi : « Lors de la pandémie du coronavirus, le public avait besoin d’accéder à des documents digitaux pour pouvoir continuer à vivre ou répondre aux difficultés liées à la Covid. Notre projet part d’un constat : cette situation était très angoissante et compliquée pour certains. Nous rencontrions des patients angoissés, épuisés, avec une incompréhension totale de ce qu’ils devaient faire. Comment alors prendre en main sa propre santé face à toutes ces exigences numériques ?
Des membres de notre comité de patients nous ont également interpelés au sujet de cette fracture numérique, et nous avons réfléchi à une manière d’améliorer l’accessibilité aux données de santé numériques. »

Dr. Martine Verhelst : « De là est née l’idée d’apporter cette compétence aux gens pour qu’ils puissent le faire eux-mêmes. Pour réduire la surcharge administrative à la maison médicale, mais aussi pour permettre au patient d’être autonome dans ses démarches. Cela renforce son estime de lui-même. »

Ludivine Teller : Vos ateliers numériques dépassent le cadre de la Covid…

Christine Sbolgi : « La pandémie nous a donné l’impulsion des ateliers, parce qu’il y avait un besoin d’accéder à des documents assez rapidement. Mais maintenant, on se rend compte qu’il y a toute une digitalisation de la santé qui s’est mise en place. Il y a un boum numérique partout.

C’est arrivé comme ça, sans qu’on ne soit vraiment au courant. Tout le monde, aujourd’hui, a une page sur masanté.be avec des données de santé. Tout le monde est censé donner un consentement éclairé pour permettre l’accès à ces données.

Notre objectif n’est pas de convaincre du bien-fondé de cette digitalisation. On essaie surtout d’aider le patient à s’en rendre compte et à se faire une opinion, à comprendre ce que sont la santé digitale et le consentement éclairé. Et de le préparer, dans l’éventualité d’une nouvelle crise, à pouvoir utiliser tous ces outils. Parce qu’en cas de pandémie, ces outils ont été utiles. »

Ludivine Teller : Quel lien entre digitalisation et augmentation des inégalités en santé ?

Christine Sbolgi : « La solitude, l’isolement, c’est justement ce qui fait grandir les inégalités sociales en santé. Alors si l’on ne peut pas accéder au numérique, par exemple au CST pendant la pandémie, on ne fait que s’isoler encore plus. En facilitant cet accès, on œuvre pour la diminution des inégalités sociales en santé.

Et puis la digitalisation de la santé, ce sont aussi des données personnelles sensibles dont on ne se rend pas compte. Sur masante.be, il y a des données de santé qui pourraient être mal utilisées. Dans les violences intrafamiliales ou conjugales, il y a beaucoup de jeu autour de ces données sensibles : pouvoir savoir que son conjoint a été voir tel médecin, ou que sa fille adolescente a été voir un gynécologue… C’est délicat.

Mais cette numérisation a aussi des avantages : les gens ont la possibilité d’avoir un meilleur accès à leur santé. Le fait de pouvoir gérer sa santé, retrouver ses résultats, comprendre les documents, avoir une autonomie sur son dossier, comprendre ce qu’est le consentement éclairé ou le don d’organes… peut accroître l’autonomie et la confiance en soi, sortir de l’isolement, aider à être proactif. C’est l’empowerment, donc être dans le pouvoir d’agir sur sa santé. »

Ludivine Teller : Il y a donc encore du travail pour améliorer l’accès aux données de santé digitales et la compréhension de tous leurs enjeux…

Christine Sbolgi : « Bien sûr, on ne peut pas arrêter le progrès, mais il faut se rendre compte que les inégalités ne font que grandir avec cette digitalisation. Et que l’accès à la santé doit être pour tous de manière égale. Si tout est digitalisé, plein de gens ne peuvent pas s’impliquer. »

Dr Martine Verhelst : « Cette digitalisation est une machine à renforcer les inégalités. Et ce constat-là est horrible. C’est pour ça que l’on fait les ateliers, et que l’on s’investit aussi dans la réflexion des Stratégies concertées. Car il faut mieux tenir compte des publics marginalisés dans cette digitalisation qui est utile. Il y a énormément d’avantages, mais aucun système n’est parfait. Donc c’est perfectible, pour veiller à ne pas renforcer l’exclusion des publics non numérisés. »

L’interview du projet de la Maison médicale Espace Santé à Ottignies a fait l’objet d’un article « Projet à la Une  – L’éducation à la santé digitale », publié sur le site de la Fédération Wallonne de Promotion de la Santé en juin 2022 : https://www.fwpsante.be/projet-a-la-une-leducation-a-la-sante-digitale/. Elle est reproduite avec l’aimable autorisation de l’autrice.

Le projet de la Maison médicale Espace Santé bénéficie du soutien de la Wallonie grâce au dispositif des Stratégies concertées Covid. Petit rappel sur ce dispositif d’ampleur en Wallonie, coordonné par la Fédération Wallonne de Promotion de la Santé (FWPSanté).

Les Stratégies concertées Covid en Wallonie : kesako ? Et où en est-on ?

Le dispositif des Stratégies concertées Covid, soutenu par le Gouvernement wallon, rassemble différents acteurs et actrices qui œuvrent en promotion de la santé. Cette approche intersectorielle vise à identifier des réponses à la gestion de la crise sanitaire et de ses conséquences sur la santé et ses déterminants, tout en tirant des enseignements pour le futur.

Dans ce contexte, plus de 250 professionnels de la santé et du social wallons ont été interrogés au cours d’ateliers participatifs et d’entretiens. Ce travail a permis d’identifier les actions pertinentes et concrètes mises en place durant la crise sanitaire, ainsi que celles qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre pour améliorer la gestion du risque et réduire les impacts négatifs de la crise COVID-19 sur les publics vulnérables. La suite de ce travail de concertation a permis de valider les actions considérées comme prioritaires. À l’issue de l’analyse des données récoltées, les constats et propositions d’actions ont été intégrés dans le cadre du Plan wallon de Prévention et de Promotion de la Santé (WAPPS) et de la programmation 2023-2027.

Au terme d’une année de concertation et d’analyse, le rapport complet vient d’être transmis aux autorités. Un travail de résumé des pistes d’actions opérationnelles est à présent en cours et sera communiqué prochainement. Celui-ci servira notamment un objectif de plaidoyer en promotion de la santé. Nous vous en parlerons plus en détail dans notre numéro de janvier.

Tout savoir sur les Stratégies concertées Covid : www.fwpsante.be/strategies-concertees-covid-19

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Promouvoir la santé à Bruxelles: deux nouvelles publications

Le 3 Nov 22

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La Fédération bruxelloise de promotion de la santé publie une toute nouvelle brochure consacrée à la promotion de la santé à Bruxelles, « Promouvoir la santé en Région bruxelloise : Concepts, principes et méthodologie », ainsi qu’un dépliant de présentation de la Fédération et du secteur de promotion de la santé bruxellois.

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Fédération bruxelloise de Promotion de la santé (FBPSanté)

Pourquoi une brochure ?

Aujourd’hui encore, en Belgique, le secteur de la promotion de la santé reste largement méconnu. Travailler en promotion de la santé signifie pour beaucoup, faire de la publicité pour rester en bonne santé. Pourtant, la promotion de la santé est très loin de se limiter à de l’éducation à la santé.

Face à ce constat, la Fédération bruxelloise de promotion de la santé (FBPSanté) a souhaité concevoir une brochure qui permette à tout un chacun·e, étudiant·e·s, professionnel·le·s du secteur social-santé ou autre, bénévoles ou encore politiques, de mieux comprendre les différentes facettes de ce secteur, ses champs d’action, ses publics, ses stratégies et ses enjeux.

De nombreuses institutions nationales, européennes et internationales s’accordent sur l’importance de prendre en considération, non pas uniquement les soins curatifs, mais aussi les conditions de vie, les milieux de vie, les compétences des acteur·trices, c’est-à-dire tout ce qui détermine et impacte la santé de la population bruxelloise. Ce sont précisément les disparités entre ces conditions de vie qui créent des inégalités sociales de santé et désavantagent les populations proportionnellement à leurs statuts socio-économiques.

Depuis plus de 30 ans, les acteur·trices expérimenté·es du secteur de la promotion de la santé luttent contre les inégalités sociales de santé et accompagnent les Bruxellois·es afin de renforcer leur pouvoir d’agir sur leurs propres conditions de vie et sur leur santé. Ce travail est rendu possible par des actions continues de sensibilisation, de prévention, de dépistage, de démarches communautaires, de formations, d’accompagnements, de collectes de données, de communication… sur des thèmes variés tels que l’alimentation, les assuétudes, l’activité physique, la question du genre, la sexualité, les maladies non-transmissibles…

Au vu de la situation de pandémie qui nous a toutes et tous affecté·e·s et de la montée criante des inégalités sociales de santé, la rédaction de cette brochure a semblé essentielle. Un des objectifs qui a guidé son élaboration est de permettre aux acteur·trices des autres secteurs du social-santé d’envisager des ponts, des collaborations et partenariats avec les acteur·trices du secteur de promotion de la santé.

Le contenu de la brochure

La première partie présente les principes et concepts qui guident les actions et démarches propres aux organismes de promotion de la santé. On y découvre des définitions essentielles au travail du secteur qui sont illustrées par différents exemples propres à la Région bruxelloise.

La seconde partie, quant à elle, se penche davantage sur les aspects méthodologiques. C’est à travers des projets concrets menés par certain·es membres de la FBPSanté que nous proposons une visite de différents champs d’intervention, des méthodes et des thématiques du secteur. C’est également l’occasion de découvrir la place qu’occupe, ou tout du moins, devrait occuper, le secteur dans une perspective de santé globale.

Finalement, cette brochure permet d’envisager le futur du secteur qui est au cœur du dispositif social-santé bruxellois et qui contribue à la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé.

Cette brochure, ainsi que le dépliant qui l’accompagne, sont le fruit de nombreuses interviews avec des membres du secteur, d’un travail de rédaction du groupe communication de la FBPSanté et finalement d’un travail de relecture de plusieurs de ses membres.

Comment se procurer la brochure et le dépliant?

Rendez-vous sur le site www.fbpsante.brussels. Vous y trouverez également les actualités des membres de la FBPSanté, différentes ressources et informations relatives à la promotion de la santé. N’hésitez pas à vous inscrire à la newsletter de la Fédération sur la page d’accueil du site.

Pour commander des exemplaires papier de la brochure et/ou du dépliant, et pour toutes questions ou suggestions : coordination@fbpsante.brussels.

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Aînés confinés, mais connectés!

Le 29 Sep 22

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La crise de la Covid 19 a eu pour l’ensemble des aînés des conséquences insoupçonnables : nombreux décès, privation de contacts familiaux et sociaux, perte d’autonomie… Beaucoup se sont souvent demandé « pourquoi encore vivre ? ». En tant que mouvement d’éducation permanente, Énéo a mis sur pied de nombreux projets afin de permettre à ses membres de traverser au mieux cette pandémie : communications téléphoniques avec les aînés isolés, visites dans les maisons de repos, envois de cartes postales, crieuses publiques ou « colporteuses de bonheur » distributions de produits locaux et de saison, confections de masques…

De son côté, l’atelier VIDénéo, en raison de l’impossibilité de se rencontrer en présentiel, a organisé un cycle de 4 webinaires « Aînés confinés, mais connectés ! ». Par le biais de l’outil virtuel, ils ont proposé d’interagir sur différents sujets de société et d’actualité.

Retour sur l’expérience de VIDénéo

Dès le départ du projet, nous avons été attentifs au processus d’évaluation et fixer leurs critères. Nous avons veillé tout au long du processus à recueillir les avis à la fois des intervenants, des bénévoles et permanents d’Énéo impliqués dans le projet ainsi que des participants.

Les intervenants ont tous apprécié l’organisation des webinaires. Pour eux, il est préférable d’animer l’intervention sous forme de questions et réponses qui fixent l’attention davantage qu’un exposé magistral parfois long et sans réaction. Les participants ont également apprécié l’excellente initiative qui a permis de rester en contact les uns avec les autres.

Lorsque Vidénéo nous a proposé, lors de la commission sociale, son projet d’organiser des webinaires sur des thèmes sociaux, de santé et d’actualité, j’ai tout de suite été ravie. C’était une façon concrète de garder le contact avec nos membres et de leurs proposer des sujets de réflexion. 

Claudine Ally, présidente d’EnéoSport Tournai

Les avantages des conférences en ligne ont été relevés : pas de déplacement, on peut y participer même si on habite loin, confort, nombre illimité de participants… 

Les inconvénients d’une conférence en ligne suivant ont été relevés : manque de convivialité, prise de parole plus difficile, problèmes techniques de connexion. 

Leurs motivations à suivre les webinaires étaient en lien avec le sujet débattu et les intervenants:

Climat, inégalités sociales et lutte contre la pauvreté

Ces trois thématiques sont des priorités du mouvement Énéo. Jean-Jacques Viseur, Président fédéral à Énéo, était le premier intervenant.

Au sujet du climat, il nous a fait prendre conscience que ce n’est pas l’affaire des autres, mais l’affaire de tous, jeunes et moins jeunes ! Le regard sur les 30 années après la guerre, époque connue de nous tous, évoque bien l’évolution rapide de notre société ! Tout semblait être sur de bonnes voies ! Etions- nous conscients de notre chance ? Sans doute pas, car la vie nous était facile ! Faut-il faire marche arrière maintenant, ce serait peine perdue, mais agir avec conscience, c’est une des voies à suivre, et sur ce point, Mr. Viseur a bien raison d’insister, chacun de nous doit participer à cette « action » et que le moindre petit geste que l’on fera pour la planète n’est pas vain ! Tout comme cette belle image du colibri qui éteint le feu avec son petit apport en eau, nos efforts de chaque jour mis bout à bout finiront par améliorer la situation actuelle ! La Nature » est tellement belle et indispensable à notre vie qu’on ne peut pas rester inactif !

Claudine Ally, présidente d’EnéoSport Tournai

Pour visionner ce webinair (12 février 2021): https://www.youtube.com/watch?v=4m6u9-TGZcg&t=2106s

Vaccin Covid-19 : est-ce un remède ?

Le Covid-19 a été au centre de l’attention du monde entier. Le vaccin a commencé à être utilisé pour des publics spécifiques. « Mais est-ce un remède durable ? ». Le Docteur Jan Vandermeiren, médecin conseil retraité de la MC, était le deuxième conférencier.

Tant d’infos sont données sur les médias, tant d’articles s’invitent à la lecture dans des journaux, revues, pas toujours spécialisées, tant de commentaires passent d’une oreille à l’autre que pour finir je n’arrivais plus à extraire le vrai du faux ! La présentation du montage visuel et les explications du Docteur m’ont vraiment aidée à mieux gérer ce virus et me rassurer quant à la façon de faire !

Claudine Ally, présidente d’EnéoSport Tournai

Pour visionner ce webinair (05 mars 2021) : https://www.youtube.com/watch?v=VTbQ0LQpXT8&t=1962s

La vieillesse, qu’en pense-t-on ?

Quel regard pose la société sur le vieillissement de la population ? « La vieillesse n’est que « maux » ! ». Comment revoir la manière de penser la vieillesse aujourd’hui dans notre société ? Violaine Wathelet, secrétaire politique d’Énéo, était la troisième oratrice.

La vieillesse… ? Cela concerne qui ? Lui… ? Elle … ? Moi… ? Nous… ? Ce mot « vieillesse » et ses dérivés n’est pas réservé qu’aux séniors et pourtant la société fait tout pour nous « catégoriser » et là je rejoins Violaine, en gardant un maximum notre autonomie et notre indépendance tant que cela nous est possible ! A nous « séniors » de continuer à mettre les valeurs qui ont guidé notre vie en évidence, en osant être « audacieux » dans nos choix et en mettant en avant les points « positifs » de notre âge !

Claudine Ally, présidente d’EnéoSport Tournai

Pour visionner ce webinair (30 avril 2021): https://youtu.be/hWYVSFpI31k

Notre capacité de résilience face au Covid-19

 » Depuis mars 2020, ma vie s’est-elle profondément modifiée ? Une horreur ou une opportunité ? Comment la pandémie questionne-t-elle aujourd’hui, ma vie personnelle, sociale et citoyenne ?  » Anne Jaumotte, chargée de projets à Énéo secrétariat fédéral, était notre quatrième invitée.

Ces longs mois de pandémie, ces longues semaines à vivre presque seul, tout cela a bien bouleversé et bousculé nos petites « habitudes » ! Tout à coup, il a fallu faire autrement, agir autrement, s’organiser autrement…même si cela n’a pas été facile ni agréable, nous en sommes tous sortis avec des déceptions, des douleurs, mais aussi avec un autre regard sur la vie ! Toute situation compliquée, imposée ne peut être que négative ! Grâce à ces échanges, Anne nous a montré qu’il était possible de changer notre regard sur le monde et que les lueurs d’espoir n’étaient pas loin de nous ! Que chacun la verrait différemment, l’un dans le sport, l’autre dans une belle rencontre, l’autre encore dans un petit coin de nature…

Claudine Ally, présidente d’EnéoSport Tournai

Pour visionner ce webinair (28 mai 2021): https://youtu.be/Igmohp1M7iE

Enfin, plusieurs thèmes sont également proposés pour des prochains webinaires : la question du climat, les relations familiales, les inégalités sociales et la rupture numérique…

Une collaboration précieuse entre bénévoles et permanents

Si l’on peut affirmer que la mise sur pied de ces quatre webinaires a été l’œuvre principale de bénévoles, l’on doit aussi reconnaître le rôle essentiel des permanents régionaux et nationaux d’Énéo et de la Mutualité chrétienne, principalement toute la campagne de communication organisée autour de ces webinaires pour les annoncer et les relater, l’intervention des responsables nationaux comme invités et leur collaboration lors du processus d’évaluation.