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Alcool et autres drogues, le vrai et le faux

Le 30 Déc 20

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«Pour arrêter la drogue, il suffit de vouloir», «Le cannabis n’est pas dangereux car il n’entraîne pas de dépendance», «L’alcool, c’est bon contre le stress»…
Alors, vrai ou faux? Et est-il important de connaître la réponse adéquate? De s’informer sur les drogues, d’en parler? L’asbl information sur les Drogues et l’Alcool (iDA) en est persuadée. Car chacun peut à un moment de sa vie être confronté aux conséquences négatives de la consommation d’alcool ou d’autres drogues.

iDA asbl est le fruit de la collaboration entre les fédérations des secteurs spécialisés dans le domaine des dépendances: la VAD flamande (Vereniging voor Alcohol en Drugsproblemen vzw), et les Fédérations des institutions pour Toxicomanes (FEDITO) wallonne et bruxelloise.
Le 29 janvier dernier, iDA a démarré la campagne multimédia «Alcool et autres drogues: le vrai et le faux» sur l’ensemble du pays. Cette campagne, soutenue par la Ministre fédérale de la santé publique Laurette Onkelinx , est une première en Belgique.
Le lieu de lancement était particulièrement bien choisi, puisqu’il s’agissait du ‘Wiels’, les anciennes brasseries Wielemans-Ceuppens, situées près de la Gare du Midi à Bruxelles, reconverties depuis quelques mois en centre d’art contemporain, et dont la rénovation est quasi terminée.

Alcool et autres drogues

Le point de départ de cette action est on ne peut plus simple. L’alcool et les autres drogues sont une réalité que l’on ne peut plus occulter dans notre société: nous vivons dans une drug taking society . Par ailleurs, consommer de l’alcool ou d’autres drogues génère certains risques pour la santé et le bien-être des personnes, risque qu’il importe de gérer avec bon sens et intelligence.

Le problème numéro 1: l’alcool

On estime que la Belgique compte 500.000 personnes ayant une consommation d’alcool problématique. Il faut y ajouter 180.000 enfants et 300.000 proches de personnes alcooliques, qui sont confrontés aux conséquences de l’abus d’alcool (violence familiale, problèmes relationnels…). Sur les lieux de travail, sur la route, les conséquences de la consommation d’alcool se font aussi ressentir. Le Dr. Frieda Matthys , présidente de la VAD l’explique: « Chez les jeunes aussi , la consommation abusive d’alcool constitue une préoccupation vu certains comportements à risque comme le bingedrinking et le jeune âge du début de consommation . Car plus l’âge du début de consommation est précoce , plus les risques de voir se développer une consommation nocive pour la santé sont élevés » ( 1 ).
Les coûts annuels liés à la consommation d’alcool en Belgique sont estimés entre 4,5 et 6 milliards d’euros.

Le Fonds fédéral de lutte contre les assuétudes

Les problèmes liés à l’alcool et aux drogues illégales constituent avant tout une question de santé publique même s’ils sont souvent considérés par le public et les médias comme un enjeu de sécurité et de criminalité. Pour bien appréhender ces enjeux de santé, le précédent Ministre fédéral des affaires sociales et de la santé publique a mis en place fin 2006 le Fonds de lutte contre les assuétudes, qui finance à hauteur de 5 millions d’euros par an des projets et des campagnes liés aux drogues et aux dépendances.
Ce fonds est destiné à soutenir les actions visant à:
– informer des dangers liés à la consommation et l’accoutumance aux produits pouvant engendrer une assuétude;
– réduire la consommation de ces produits;
– réduire les risques liés à l’usage;
– favoriser la compréhension et le respect de la réglementation relative aux produits pouvant engendrer une assuétude;
– favoriser l’accueil ainsi que l’accompagnement médical, psychologique et social des usagers.
Dans ce budget, deux millions sont prévus annuellement pour des projets et une campagne d’information sur le tabac.
Les trois millions restants sont alloués à des projets et une campagne d’information en lien avec l’alcool et les autres drogues.
Cette première campagne fédérale bénéficie d’un budget appréciable (1 million). Les Communautés et les Régions ont été informées de sa mise en place et de son contenu via la Cellule Politique de Santé Drogues.

Les drogues illégales: un enjeu complexe

En comparaison avec l’alcool, peu de personnes consomment des drogues illégales. Notamment à cause de l’illégalité de ces produits, les problèmes liés à leur consommation sont plus complexes.
Le cannabis est la drogue illégale la plus consommée, en particulier chez les jeunes, un groupe sensible dans ce domaine. Les jeunes se cherchent encore, explorent et testent leurs limites. Plus l’âge de consommation de cannabis est précoce, plus la probabilité de dépendance est élevée à terme.
Les drogues de synthèse (ecstasy, speed) exposent à des risques spécifiques liés à l’utilisation de ces stimulants dans des contextes propices (boîtes de nuit) à générer une surchauffe et la déshydratation. Leur composition est en outre assez aléatoire.

Réflexion, discussion, information et aide

Comme tout le monde est concerné, au moins indirectement, à un niveau ou l’autre, iDA se fixe trois objectifs:
-susciter la réflexion sur l’usage et le mauvais usage d’alcool et d’autres drogues;
-faciliter la discussion sur ces sujets;
-faire connaître les possibilités pour obtenir de l’information sur les drogues ou un soutien adapté.

Campagne nationale pour tous, grand public et professionnels

«Alcool et autres drogues. Le vrai et le faux» veut faciliter une réflexion sur les consommations d’alcool et d’autres drogues. Un volet de la campagne s’adresse au grand public, un autre aux professionnels pour lesquels des supports liés au thème de la campagne ont été réalisés.
Il s’agit, avec un ton légèrement décalé et interpellant, de rétablir «la vérité» au sujet de certaines idées reçues tenaces à propos de l’alcool et d’autres drogues.
Cette information a été largement diffusée en février au moyen d’affiches dans les rues, de spots TV, d’encarts dans les quotidiens et de cartes postales dans les établissements Horeca. Une dizaine de «vraies fausses» idées différentes ont été largement diffusées. Elles abordent les différents produits et s’adressent à tous les publics via la presse quotidienne, la télévision (sur les chaînes privées et publiques, flamandes et francophones), par affichage (550 points), et via des cartes Boomerang (235.000 cartes postales dans 1240 points de diffusion).
Pour les professionnels, d’autres supports sont mis à disposition gratuitement. C’est le second volet de la campagne, qui sera plus discret, mais tout à fait essentiel car tous ces acteurs de terrain ont un rôle irremplaçable de relais et de levier à jouer.
Il s’agit d’abord d’affiches A3, faciles à mettre sur le mur d’un local de réunion, d’un cabinet médical… Quatre affiches sont disponibles (voir les illustrations de cet article).
Une brochure didactique «Alcool et autres drogues: le vrai et le faux» avec une vingtaine de vraies fausses idées est également disponible, qui peut être utilisée comme support pour entamer une conversation ou être laissée dans un local.
Il y a aussi la brochure «Drogues, assuétudes, quelle prévention?» avec un répertoire des acteurs en prévention, et des petites brochures d’information destinées spécifiquement aux usagers, qui détaillent les risques liés aux consommations de produits et le moyen de les réduire.
Enfin, une plate-forme interactive web pour professionnels sera créée. Elle permettra d’obtenir des informations sur les services et les formations, et contiendra une rubrique d’actualités.

A partir d’une perspective de santé

L’alcool est légal. Le cannabis, la cocaïne et encore d’autres drogues sont illégales. « Mais peu importe ces statuts juridiques différents , tous ces produits peuvent être mal utilisés et avoir des effets préjudiciables pour la santé » selon Frieda Matthys.
Pour Ludovic Henrard , directeur de la FEDITO bruxelloise, « les mécanismes qui mènent à la dépendance sont largement comparables , quelle que soit la drogue ». Depuis une perspective de santé, le statut juridique des produits importe peu et une approche commune des dépendances et des produits est appropriée.
Il ajoute: « Au préalable , rappelons que changer les comportements des personnes est un travail d’éducation permanent et à long terme . L’action que nous lançons joue un rôle positif mais d’autres acteurs sont tout autant essentiels pour influencer les comportements .
Je pense notamment aux parents , aux professeurs et aux professionnels de la santé qui peuvent agir , sensibiliser et éduquer au quotidien . Quand on réalise un premier exercice comme celui ci , il faut donc rester modeste dans ses objectifs et considérer cette action comme une base sur laquelle des actions plus ciblées se construiront .
Cette mise sur le même pied des drogues légales et illégales étonnera certains . Il y a encore une grande divergence entre la réalité des consommations et la perception qu’en a le public . Les drogues illégales , malgré leur consommation relativement restreinte et un impact limité en termes de santé publique , provoquent une grande inquiétude .
D’un autre côté, la consommation d’alcool reste sous-estimée et même, souvent, valorisée socialement. Nous avons beau être passés de l’époque du «petit dernier pour la route» à «C’est la fête quand Bob conduit», ce dernier slogan si populaire est révélateur du rôle de lubrifiant que joue l’alcool dans notre société.
Notre premier objectif est de fournir une information crédible sur les drogues, les dépendances et les risques liés aux consommations de produits psycho-actifs. Nous présentons l’information de manière adaptée, sans tabou, sans vouloir faire peur, mais de manière à susciter la réflexion.
On est parti du constat de ces perceptions tronquées et de ces mythes tenaces dans le domaine des drogues. L’idée a été de diffuser par différents canaux certaines idées très répandues dans l’opinion publique, comme par exemple «l’alcool ce n’est pas de la drogue» ou encore «le cannabis n’est pas dangereux car il n’entraîne pas de dépendance»…
Après ces mythes viennent les ‘vraies’ réponses, qui permettent à chacun d’en savoir un peu plus. Nous voulons casser les mythes pour arriver à une approche plus nuancée, plus proche de la réalité de ces phénomènes complexes.
Le dialogue a des effets bénéfiques. Parler de ses problèmes de consommation, de la dépendance, et ce dans un climat serein, c’est un premier pas, une prise de conscience indispensable avant de modifier son comportement.
Certaines situations nécessitent l’aide de professionnels. Les sites web et les lignes téléphoniques d’Infor-Drogues et de Druglijn sont clairement indiqués sur tous les supports utilisés. Pour ceux qui entameront une recherche via le web ou contacteront les permanences téléphoniques, le service le plus proche adapté à la demande est renseigné».

Avec le soutien du Fonds de lutte contre les assuétudes

Le Fonds de lutte contre les assuétudes a été mis en place voici quelques mois (voir encadré). « Nous soutenons avec ce fonds les projets visant à informer , à réduire la consommation de produits psychoactifs , la réduction des risques , à favoriser la compréhension et le respect de la réglementation relative aux produits ou à favoriser l’accueil et l’accompagnement médical , psychologique et social des usagers » explique Laurette Onkelinx.
C’est dans ce contexte qu’il a été demandé aux trois fédérations sectorielles actives dans la thématique des drogues de constituer une asbl coupole pour organiser annuellement une campagne nationale d’information. iDA asbl, information sur les drogues et l’alcool, qui réunit la VAD et les FEDITO bruxelloise et wallonne était née.
Les responsables de ces fédérations se connaissent de longue date et ont déjà travaillé ensemble de façon ponctuelle dans le passé. Ils avaient notamment rédigé ensemble le “mémorandum pour une politique drogues cohérente” en prévision des dernières élections législatives (2).
Cette demande d’organiser une campagne nationale offre une opportunité de renforcer cette collaboration entre communautés. Par les temps qui courent, cela mérite d’être souligné.
Avec cette nouvelle asbl, la prévention alcool – drogues dispose de moyens importants pour organiser une campagne nationale; il est possible de relier l’expertise existante dans les entités fédérées et d’utiliser les réseaux, canaux de communication et plates-formes de concertation existants.

En collaboration avec de nombreuses organisations

Autre atout, via les fédérations qui la composent, iDA s’intègre dans un large réseau de professionnels qui peuvent soutenir la campagne et l’intégrer dans leurs pratiques. Dans ce type de projets qui sont une étape dans le processus complexe d’évolution des comportements, la collaboration et la coordination sont importants. Près de 14.300 professionnels (médecins, éducateurs, travailleurs en prévention…) ont la possibilité de commander gratuitement le matériel créé à leur attention.

Druglijn et Infor-Drogues comme points de contact et d’aide

Les lignes d’Infor-Drogues (02 227 52 52) et De Druglijn (078 15 10 20) jouent un rôle central dans cette campagne. Ces deux lignes téléphoniques ont une grande expérience dans le domaine de l’information au public. Elles ont aussi l’expertise nécessaire pour orienter de façon adaptée les demandes d’aide et de soutien.

Evaluation

Pour terminer, une évaluation universitaire complète et indépendante est programmée. Elle sera menée par l’Unité « Promotion éducation santé » de l’ULB, et l’Universitair wetenschappelijk Instituut voor Drugproblemen (Anvers).
Cette évaluation aura pour objectifs de mesurer les impacts quantitatifs et qualitatifs de la campagne sur base des objectifs fixés et fournira des pistes pour orienter les messages et les publics dans le futur.
Toujours à propos d’évaluation, subjective celle-là, la nôtre est vraiment positive. Nous avons ici une initiative avec un budget sérieux, un message construit au départ de l’expertise incontestable d’un secteur, une invitation au dialogue, une approche commune entre Flamands et francophones d’un problème de santé publique qu’ils partagent, un ton sobre qui nous épargne la vulgarité ou le catastrophisme auxquels le sujet donne souvent lieu quand les médias de masse s’en mêlent, n’en jetez plus la coupe est pleine!
Christian De Bock , d’après le dossier de presse de la campagne
iDA vzw – asbl, rue Vanderlinden 15, 1030 Bruxelles. Tél.: 02 423 03 33. Courriel: info@ida-web.be. Internet: https://www.druglijn.be et https://www.infordrogues.be

(1) Voir l’article ‘La consommation d’alcool en milieu étudiant’ de Colette Barbier dans ce numéro.
(2) Voir Vanhex M.,Van Russelt J., Zombek S., Pour une politique de santé ‘drogues’ cohérente , n° 224, juin 2007.

Le programme de dépistage du cancer du sein patine. Cinquième rapport de l’Agence intermutualiste

Le 30 Déc 20

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En Belgique, durant la période 2004-2005, 56% des femmes âgées de 50 à 69 ans ont réalisé une mammographie: 31% par mammographie diagnostique et 25% par mammotest dans le cadre du programme organisé. Après une forte progression lors du 1er tour du programme national, le nombre de femmes dépistées évolue lentement. Les écarts entre les groupes d’âge et entre les catégories socio-économiques se réduisent.
Le Programme national de dépistage du cancer du sein donne, tous les 2 ans, à toutes les femmes de 50 à 69 ans l’occasion d’être dépistées gratuitement par un mammotest. Celui-ci répond aux normes de qualité de l’Europe contre le cancer : l’équipement est soumis à des contrôles stricts de qualité et le mammotest fait l’objet d’une deuxième lecture par un radiologue indépendant.
L’objectif du programme est d’alléger le traitement des tumeurs diagnostiquées à un stade précoce et, bien sûr, de diminuer la mortalité par cancer du sein.
L’Agence intermutualiste fait, chaque année, une évaluation de ce programme de dépistage (1). Elle vient de publier son cinquième rapport.

Lente amélioration de la couverture

L’étude porte sur les périodes 2002-2003 et 2004-2005, qui représentent les premier et deuxième tours complets en Flandre, où le programme a débuté en juin 2001 et le premier tour complet et le deuxième tour partiel en Wallonie et à Bruxelles, où le programme a débuté en été 2002. La participation au cours de ces deux périodes est également confrontée à la situation belge avant dépistage (2000-2001) où prévalait une pratique de dépistage «spontané» via mammographie diagnostique.
Après une forte progression de 43% à 54% au cours du premier tour du programme, le pourcentage de femmes examinées par mammotest ou par mammographie diagnostique évolue plus lentement lors du second tour et atteint 56% en 2004-2005. A l’issue du second tour, 25% des femmes sont dépistées par mammotest en Belgique. La participation au programme de dépistage par mammotest: est donc encore trop loin de l’objectif de 75% de couverture.
Toutefois, comme le montre le tableau ci-dessous, la situation belge est loin d’être homogène et diffère d’une région à l’autre, au vu de la culture de dépistage spontané préexistante au programme.

A Couverture par mammotest – B Couverture par mammographie diagnostique – C Couverture totale

A 2000 2001 A 2002 – 2003 A 2004 – 2005 B 2000 – 2001 B 2002 – 2003 B 2004 – 2005 C 2000 – 2001 C 2002 – 2003 C 2004 – 2005
Bruxelles 0,3% 3,3% 6,6% 48% 47% 45% 48% 50% 52%
Flandre 7,5% 33% 37% 33% 22% 21% 40% 54% 58%
Wallonie 0,0% 6,5% 8,8% 47% 47% 46% 47% 54% 55%
Belgique 4,5% 22% 25% 39% 32% 31% 43% 54% 56%

Source: AIM, septembre 2007

En Flandre, après une implantation rapide du programme au premier tour, la progression est ralentie au second. La participation au programme atteint 37%. La moitié des femmes régulièrement examinées au premier et au second tour le sont grâce au mammotest et sont fidélisées au programme.
En Wallonie et à Bruxelles, la couverture totale reste essentiellement due au dépistage spontané. Le programme connaît une implantation difficile, avec au second tour une participation de 8,8% en Wallonie et 6,6% à Bruxelles.
Ce lent démarrage du programme s’explique entre autres par le fait que près de la moitié des femmes âgées de 50 à 69 ans pratiquaient déjà auparavant le dépistage spontané par mammographie diagnostique. Des problèmes techniques empêchant l’envoi des invitations en Wallonie et à Bruxelles ainsi qu’un manque d’adhésion au programme de certains médecins peuvent également expliquer pour une part cette faible couverture par mammotest.

Bilan en demi-teinte

Au rayon des bonnes nouvelles, un meilleur accès à la mammographie. Le programme de dépistage sensibilise les catégories de femmes qui se soumettaient peu au dépistage spontané avant le programme: les femmes plus âgées et les femmes précarisées.
Le nombre de mises au point complémentaires après mammotest suit les recommandations européennes. Le pourcentage de mammotests suivis d’au moins un examen sénologique complémentaire passe de 7,4% en 2004 à 5,5% en 2005.
Les délais de mise au point du mammotest s’améliorent mais restent trop longs. En 2005, 25% des mammographies diagnostiques complémentaires au mammotest sont effectuées dans le délai acceptable de 20 jours ouvrables. La moitié le sont dans les 37 jours.
Beaucoup trop de mammographies diagnostiques sont suivies d’une échographie. Le pourcentage d’examens mammographiques diagnostiques suivis d’examens d’imagerie médicale reste excessivement élevé: 83%. La question de l’avantage financier dont pourraient bénéficier les médecins en optant pour le bilan sénologique plutôt que pour le dépistage organisé est posée. En effet, il persiste un écart important entre les honoraires pour un bilan sénologique et les honoraires liés au mammotest, écart défavorable à ce dernier.

Du pain sur la planche

Une étude approfondie des freins à la participation au programme est nécessaire. La substitution de la mammographie diagnostique par le mammotest rencontre de nombreux freins. Il en est de même pour la sensibilisation et le recrutement des femmes qui ne sont pas encore examinées. Méconnaissance du programme et de ses avantages, habitudes et réticences des prescripteurs et des femmes, freins organisationnels et pécuniaires n’y sont pas étrangers.
Il faut continuer à améliorer la performance du programme. Cela peut se faire par l’augmentation de la couverture et notamment par la réduction des délais pour les rendez-vous, pour la communication des résultats et des éventuelles mises au point qui s’imposent.
Le défi majeur du programme reste de convaincre l’ensemble des femmes de 50 à 69 ans de l’intérêt de bénéficier du dépistage (2) mais également d’en persuader le corps médical.
D’après un communiqué de l’Agence intermutualiste
Le rapport complet ‘Programme de dépistage du cancer du sein – périodes 2002-2003 et 2004-2005’ (42 pages) est disponible sur le site https://www.cin-aim.be .

(1)Voir Education Santé n° 193 (septembre 2004), 205 (octobre 2005) et 217 (novembre 2006). Articles consultables sur notre site https://www.educationsante.be
(2)La campagne radiodiffusée de promotion du programme repasse en radio et en TV d’octobre 2007 à avril 2008 pour la Communauté française.

Après le cancer du sein, le cancer colorectal

Le 30 Déc 20

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Le 9 novembre dernier, à l’occasion du symposium annuel de la Fondation contre le Cancer, consacré cette année aux cancers du gros intestin, la Ministre de la Santé de la Communauté française, Catherine Fonck a annoncé l’organisation prochaine d’un programme de dépistage systématique de ces cancers.
La fondation, en la personne du Dr Didier Vander Steichel , son directeur scientifique, s’en réjouit à plus d’un titre.
Tout d’abord, ce dépistage systématique fait l’objet de plusieurs recommandations scientifiques et enregistre un consensus quant à sa nécessité et à son utilité.
Comme la ministre l’a rappelé lors du symposium, une étude récente du Centre fédéral d’expertise des soins de santé estime que le dépistage systématique des cancers du gros intestin peut diminuer de 15% la mortalité due à ce cancer en Belgique. Comme il s’agit d’un des cancers les plus fréquents chez l’homme comme chez la femme, la pertinence d’un programme de qualité semble évidente.
D’autre part, la manière dont l’organisation de ce dépistage est envisagée tient compte des expériences antérieures en la matière (dépistage du cancer du sein). Nous savons en effet que pour fonctionner, une campagne de dépistage suppose préalablement un consensus entre les différents médecins concernés afin qu’ils parlent d’une seule et même voix.

Quelle prévention?

Face aux cancers du gros intestin (second cancer le plus fréquent chez la femme et troisième chez l’homme), une série de facteurs de risque ont été identifiés. Le rôle de l’alimentation, que le grand public associe spontanément à la prévention de ce cancer, est encore relativement mal connu. Toutefois, le Fonds mondial de recherche contre le cancer et l’Institut américain pour la recherche sur le cancer viennent de publier un état des connaissances scientifiques sur les liens alimentation – cancers.

Quoi de nouveau du côté de la prévention?

La priorité est clairement donnée à la lutte contre l’obésité et la sédentarité.
Avant même de parler de ce que nous mangeons et buvons, le premier conseil qui nous est donné est d’être et de rester aussi minces que possible (en évitant toutefois l’insuffisance pondérale).
Seconde recommandation: pratiquer minimum 30 minutes d’activité physique par jour!
Troisième conseil, également destiné à lutter contre les kilos superflus: éviter les boissons sucrées et les aliments à haute densité calorique (très gras ou très sucrés).
Suivent la confirmation de conseils déjà connus comme de manger davantage de fruits et légumes aussi variés que possible (minimum 400gr par jour), de limiter sa consommation de viande rouge (maximum 300gr par semaine), de boire très modérément de l’alcool (maximum 2 verres par jour pour l’homme et 1 verre par jour pour la femme) et de limiter sa consommation de sel (maximum 5gr par jour).
D’autres recommandations intéressantes sont encore prodiguées:
– ne pas prendre de compléments alimentaires et autres vitamines pour se protéger du cancer mais privilégier une alimentation variée et équilibrée;
– pour les jeunes mamans, nourrir exclusivement leur enfant au sein pendant six mois. C’est tout bénéfice pour la mère et pour l’enfant;
– pour les personnes qui ont déjà eu un cancer, appliquer, elles aussi, ces conseils de prévention.
Promouvoir la minceur, lutter contre les sodas, les suppléments vitaminiques et le tout en voiture ou devant la télévision… Cela démontre un bel esprit d’indépendance quand on sait que ce rapport a été rendu public aux USA!

Facteurs de risque des cancers du gros intestin

Un facteur de risque est une circonstance qui favorise le développement d’une maladie. Certaines personnes ont en effet beaucoup plus de probabilités que d’autres d’être atteintes par un cancer colorectal (gros intestin). Mais cela ne signifie pas que la maladie se développera automatiquement lorsque certains facteurs de risque sont présents. Cela ne signifie pas non plus qu’elle sera toujours absente chez ceux qui n’ont aucun facteur prédisposant.
L’âge . La plupart des cancers du gros intestin atteignent des personnes de plus de 50 ans, même s’ils peuvent parfois se manifester plus tôt.
Les polypes de l’intestin . Un polype est une excroissance bénigne (non cancéreuse) de la paroi intestinale. Certains d’entre eux peuvent ultérieurement se transformer en cancer, d’où l’importance de les enlever préventivement.
Le tabac . Fumer augmente – aussi – le risque de cancer du gros intestin.
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin . Les formes chroniques de la maladie de Crohn et de la rectocolite ulcéro-hémorragique (deux maladies inflammatoires de l’intestin) s’accompagnent d’un risque augmenté de cancer colorectal.
Les antécédents familiaux . Le risque de développer un cancer du gros intestin est plus important que la moyenne en présence d’un ou plusieurs cas de ce type de cancer dans la famille. Certaines formes relativement rares de cancer colorectal sont même fortement influencées par l’hérédité.
L’obésité et la sédentarité . Les kilos superflus et le manque d’activité physique sont fortement soupçonnés de favoriser le développement de ce cancer.

Et l’alimentation?

Différentes études épidémiologiques ont montré que l’on meurt moins de cancers du gros intestin dans les régions où l’on consomme peu de graisses animales et beaucoup de fruits et légumes. Reste à savoir ce qui, dans une telle alimentation, offrirait une protection contre ces cancers. Les recherches portant sur le rôle de tel ou tel autre composant alimentaire particulier (les graisses, les protéines, les calories…) ont abouti à des résultats contradictoires. Même l’effet bénéfique des fibres alimentaires, longtemps considéré comme probable, ne s’est pas vérifié dans des études récentes.
Signalons aussi que certaines recherches évoquent un rôle néfaste de l’alcool dans l’augmentation du risque de cancer du gros intestin.

Médicaments préventifs?

Chez la femme, le traitement hormonal substitutif de la ménopause s’accompagne d’une diminution du risque de cancer colorectal. Mais rappelons que ce même traitement hormonal augmente la fréquence des cancers du sein…
La prise au long cours de médicaments anti-inflammatoires (aspirine…) pourrait réduire le risque de développement de nouveaux polypes chez des personnes qui en ont déjà présenté ou ont déjà été atteintes par un cancer du gros intestin. Mais attention, la prise chronique de ce type de médicaments n’est pas dépourvue d’un risque d’effets secondaires graves (saignements intestinaux, hémorragie cérébrale, problèmes cardiaques).
Des suppléments d’acide folique et le calcium pourraient réduire le risque de cancer du gros intestin.
De sérieux points d’interrogation persistent donc à ce niveau, notamment en raison des effets indésirables ou potentiellement graves de tels traitements préventifs.
Dr D. Vander Steichel , Directeur scientifique Fondation contre le cancer
Pour plus d’informations: https://www.wcrf.org (en français).

Ce travail de concertation entre médecins est en cours et précède le lancement effectif du dépistage auprès du grand public. La concertation a notamment pour but de déterminer avec précision le public cible du dépistage, le type d’examen à proposer et à quel rythme. La ministre tient également compte des expériences similaires dans les pays voisins de la Belgique.
Enfin, une campagne de communication destinée au grand public sera réalisée le moment venu en concertation avec tous les acteurs concernés.
Ce travail de préparation et d’organisation en profondeur va certes demander encore un peu de patience puisque le test sera disponible en 2009. Mais ceci est une condition indispensable au succès d’une telle campagne de dépistage.
Extrait du discours de Catherine Fonck
«Jusqu’à présent, ce dépistage n’est pas organisé de manière généralisée en Belgique, mais seulement sporadiquement ou lorsque l’on soupçonne un problème de cancer. Des exemples provenant de l’étranger, de France notamment, ont montré qu’un dépistage organisé, avec un bon enregistrement des participants, conduit à une diminution de la mortalité liée au cancer colorectal et ceci de manière intéressante en termes de coût-efficacité. Le KCE a chiffré le coût de l’introduction d’un tel programme de dépistage à 20 à 35 millions d’euros par an, selon le mode d’organisation.
Le KCE estimait en 2006 qu’il existait encore de nombreux points d’interrogation quant à la pertinence en termes de coût-efficacité d’un dépistage généralisé.
L’incertitude la plus importante concerne le taux de participation au dépistage organisé. Compte tenu des frais fixes importants, une participation minimale est nécessaire pour justifier le coût du dépistage et pour observer son effet sur la population. Il faut également examiner comment les participants seront invités et comment le test sera perçu: ces deux aspects peuvent influencer fortement la participation.
C’est dans ce cadre que j’ai chargé un groupe de travail scientifique, sous la houlette du Professeur Coche , expert au sein de mon cabinet, de travailler sur la faisabilité d’un programme de dépistage du cancer colorectal. Les travaux ont progressé dans un excellent climat. Ce groupe comprenait des représentants des médecins généralistes, des gastroentérologues, de la Direction générale de la Santé en Communauté française, des mutualités, de Question Santé et de mon Cabinet.
Le groupe de travail scientifique a abouti à une proposition de programme de dépistage systématique qui sera débattue dans les prochains jours au sein du Gouvernement de la Communauté française (1).
Il est important de rappeler ici que les programmes de dépistage mis en place dans le cadre d’un programme de santé publique doivent répondre à une série de critères qui ont été définis par l’OMS:
-les répercussions de la maladie sur l’individu et la société doivent avoir été mesurées (en termes de morbidité/mortalité et d’impact socio-économique);
-l’épidémiologie et l’histoire naturelle de la maladie doivent être suffisamment identifiées;
-un test de dépistage simple à mettre en œuvre, fiable, reproductible et valide doit être disponible. Le test doit être acceptable par la population;
-un accord est nécessaire dans la communauté scientifique sur les investigations diagnostiques à poursuivre chez les personnes dont le test est positif et sur les choix disponibles pour ces individus;
-une intervention doit être efficace pour les patients identifiés précocement, avec la preuve que l’intervention précoce apporte de meilleurs résultats qu’une intervention plus tardive;
-en dessous d’un certain taux de participation, le programme de dépistage n’est plus efficace, d’un point de vue collectif;
-le dépistage organisé se justifie lorsqu’il offre un rapport coût-efficacité avantageux relativement à une situation de référence (absence de dépistage ou dépistage individuel) et au regard de ce que le financeur est disposé à payer pour privilégier cette intervention de santé;
-si un dépistage peut être systématiquement proposé, afin de garantir l’équité dans l’accès à celui-ci, les individus doivent rester libres d’accepter ou de refuser le test. Le consentement doit être obtenu après information sur les avantages et inconvénients du dépistage.
C’est sur ces bases que le groupe de travail scientifique m’a remis voici quelques temps ses recommandations.
Selon les recommandations, le programme de dépistage devrait s’adresser aux personnes à risque moyen c’est-à-dire âgées de 50 à 74 ans, asymptomatiques et sans antécédents particuliers. Ce risque moyen de souffrir d’un cancer colorectal peut être estimé à 3,5%. Il ne concerne donc pas les personnes avant 50 ans et celles qui ont un risque élevé (ayant un antécédent familial de cancer colorectal) ou très élevé (dans les cas de cancer colorectal héréditaire non polyposique ou d’une polypose héréditaire).
Le groupe de travail a recommandé une phase préparatoire d’information et de formation des médecins généralistes de terrain au cours de l’année 2008 avant d’envisager l’information du grand public et de la mise en place du programme au début de l’année 2009.
Les médecins généralistes, en parfait accord avec les confrères gastroentérologues, seront la pierre angulaire de ce programme. Le programme de formation a été élaboré par des représentants de ces deux spécialités et la formation dispensée au cours de l’année 2008 le sera par un couple gastroentérologue-médecin généraliste de proximité.
Pour le programme de dépistage du cancer colorectal, la seule méthode dont la validité a été démontrée, est la recherche de sang occulte dans les selles par la méthode de Gaïac. Pour qu’une méthode de dépistage de masse soit retenue, il est indispensable que la sensibilité soit satisfaisante et la spécificité très élevée. Il faut aussi que la méthode soit d’une utilisation simple, reproductible, bien acceptée par les personnes concernées et de coût raisonnable. D’après les données disponibles en France où ce programme existe depuis quelque temps, la spécificité de l’«Hemoccult II» est de 98%, la sensibilité est de l’ordre de 20% pour un adénome dont le diamètre est de 1 à 2 cm et entre 30 à 75 % pour un adénome de plus de 2 cm.
Il faut avoir à l’esprit qu’un adénome de moins d’1 cm va prendre environ 10 ans pour se transformer en cancer. Par ailleurs, sur 1.000 adénomes de moins d’1 cm, seulement 100 dépasseront la taille d’1 cm et seuls 25 deviendront des cancers. La sensibilité relativement faible est compensée par la répétition de l’examen de dépistage tous les 2 ans.
Ce programme de dépistage ne peut occulter les nécessaires actions de prévention auxquelles doivent participer tous les acteurs de terrain.
C’est dans ce sens que la Communauté française s’est engagée dans un Plan stratégique attitudes saines qui se base sur des recommandations simples mais essentielles telles que la consommation de fruits et de légumes, la lutte contre la surcharge pondérale et la pratique régulière d’une activité physique.
C’est un défi de taille qui nous attend: d’abord car l’enjeu est important, puisque l’objectif est de réduire la mortalité due au cancer colorectal, mais défi de taille aussi pour le programme de dépistage dont l’organisation est déjà fort élaborée mais pour lequel il faut être attentif à ne pas brûler les étapes sous peine d’en réduire l’efficacité.» D’après un communiqué de la Fondation contre le Cancer
(1) Ce débat n’avait pas encore eu lieu au moment de la mise en forme de cet article (ndlr).

La prévention tabac s’invite aux 24h de Spa-Francorchamps

Le 30 Déc 20

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S’il y a un ‘sport’ qui s’est appuyé pendant des années sur l’argent des fabricants de cigarettes pour se développer, c’est bien le sport automobile. De façon ironique, le programme européen ‘Help – pour une vie sans tabac’ était présent lors des dernières 24 h, discret sponsor d’une Maserati qui a terminé 4e de l’épreuve, et aussi avec un stand qui permettait aux spectateurs de l’épreuve, fumeurs ou non, de tester la teneur de leurs poumons en monoxyde de carbone. Un des animateurs du stand nous fait le récit de cette expérience inhabituelle et qui eut un joli succès. J’ai troqué mon feutre et son fin tracé noir contre un stylo-bille flashy qui me ferait passer, de loin déjà, pour un supporter hollandais: mais cet orange intense est aussi, désormais, celui du logo familier de la campagne Help, un appel au secours, un aveu qui traduit justement le désarroi de nos amis fumeurs, ambivalents…
Car 7 fois sur 10, éclairé sur les dangers du tabac, plus conscient de sa dépendance ou désenchanté, le consommateur nicotino-dépendant nourrit le projet d’en finir avec la cigarette le plus vite possible; même les fumeurs adolescents sont déjà pour moitié dans ce schéma. C’est dire que nombreux sont les consommateurs insatisfaits mais qui cherchent un déclic, en vain parfois, tant l’inertie du comportement tabagique est phénoménale… On sait que la dénormalisation que soutiennent à présent, de façon très consistante, en Europe ainsi qu’aux Etats-Unis, des mesures politiques, a pour effet d’augmenter la dissonance évoquée chez le fumeur et de contracter les délais de sa mise en projet. Notre stand sur la course et son capital sympathie sont pour lui l’occasion de poser un premier jalon. Par ici, les amis…

Soufflez, soufflez

Fumeur ou non fumeur? Je vous propose un test. Il s’agit d’évaluer le niveau de CO auquel vous soumet la pollution… tabagique, essentiellement. Ce gaz inodore qu’on appelle parfois dans les journaux le tueur silencieux – pour un malheureux fait divers, un méfait d’hiver (le refoulement d’un poêle ou d’un chauffe-eau déréglé) – le CO donc possède une affinité remarquable avec l’hémoglobine, en tout cas deux cents fois supérieure à l’oxygène, et va, une fois inhalé, se fixer de façon problématique aux globules rouges. Au lieu d’assurer la diffusion de l’oxygène, ils charrient dès lors un poison, de façon durable et vont rendre inutilement visqueux le sang dans les vaisseaux, du cœur jusqu’à vos capillaires étranglés, soit dit en passant, par l’action de la nicotine!
Inspirez… Bloquez! … Dix secondes encore… Voilà. Soufflez. Soufflez, soufflez… Très bien.
Théâtral et soutenant, Mister Philip (1) est devenu soudain le Docteur Beat, amusant, disponible et convaincant, solennel, autant que le sera demain Geneviève Hotermans … Et, dans les travées, silencieuses encore, du plus beau circuit du monde, au pied du raidillon qu’on voit d’ici lever le coude, on bosse autant que des mécanos au sein de l’équipe Help.
Le moral est au beau fixe. Au fil des heures, cependant que monte un courant d’excitation jusqu’à l’emballage orageux des Viper, Aston Martin ou Vertigo, des Corvettes ennemies, de nos Maserati; au fil des heures, disais-je, à trois, sans répit, nous verrons deux cents personnes au moins défiler sous le crachin morose et, dans la bonne humeur, s’arrêter, fumeuses ou pas, jeunes ou moins jeunes, au stand. Accueil, mesure et commentaire, encodage; entretien, gros ou petit; cadeaux… Bonne route, Amigo, songez-y!
L’enjeu, l’intérêt de l’expérience est bien la mesure instantanée , le reflet d’une invalidation récurrente ou constante et l’occasion d’évoquer les milliers d’agents qui font la fumée bleue. Rien à voir avec le cancer qui monopolise indûment l’imaginaire du fumeur quand le traverse et repart la peur; la peur d’en mourir…
La chance alors, nous est donnée, dans ce cadre étonnant, d’esquisser la continuité qui lie cette hypothèque à la maladie; ce phénomène en tout point réversible, aux dommages organiques. Et de mettre en évidence également ces filières et les temps mûris qui vont de la vague intention d’arrêt jusqu’au sevrage, et d’une assuétude à l’enivrant parfum des victoires…
Un chemin balisé, qui pourra passer par le coaching et l’accompagnement d’un professionnel ou s’appuyer sur les ressources émises à la faveur du site… Il nous appartenait de valoriser le réseau des CAF (2) au recours desquels se conjuguent un numéro vert, les médications validées, le travail du médecin généraliste…

Un stand qui cartonne

Nous passons de la sensibilisation du fumeur à la mise en projet, presqu’aussitôt, quand nous pouvons lui proposer des premiers jalons, ces relais, matérialiser le conseil ou l’indication, laisser la trace et pérenniser d’un dépliant aide-mémoire ce coup de pouce, ne sachant que trop la vanité, la mensongère ambition des actions one shot .
Notons que l’animation, que l’information profite en outre aux jeunes, et que la prévention primaire est également considérable au détour de cet immense investissement de l’UE. Car au-delà des objets moissonnés par les petits, nous pouvons compter sur un échange, un questionnement, la valorisation de l’arrêt, la valorisation des parents devenus (parfois même à l’arraché) d’anciens fumeurs, comme, au fond, le sont déjà les enfants… Cet échange est permis dans la situation de briefing, au stand, où souvent les visiteurs nous arrivent en groupe, en couple, en famille…
Voilà qui de facto peut déplacer les bornes évoquées (de 15 à 34 ans), vers la maturité certes (en sachant l’égale attraction qu’a l’initiative et le succès rencontré parmi les quadragénaires, auprès des plus âgés), mais non moins vers l’enfance à laquelle nous savons que l’industrie du tabac vouait ses campagnes et son imagerie, dès avant le pivot pubertaire.
J’ai lu, parfois, dans les yeux de nos visiteurs, cet éclat furtif, celui d’un bonheur ajouté, quand nous soulignions le mérite et pouvions consolider la démarche entamée des personnes ayant pris congé de la cigarette. Et la fierté qu’ont les enfants quand nous trouvons les mots pour les féliciter, quand nous parlons de choix, de maturité…
Nous aurons fait mouche encore, s’agissant de l’information des jeunes, abusés par la chicha «sans danger», maîtrisée, nouveau leurre, et des consommateurs de «cigarettes améliorées», de «pétards» ou de joints…
Vous avouerais-je, enfin, que j’étais sceptique (eurosceptique?) au moment de m’engager parmi les tabacologues enrôlés par nos amis du FARES?
J’avais tenu déjà, quant à moi, dans les allées d’un Salon, ces permanences, avec des collaborateurs condamnés, pour la circonstance, au bénévolat: je me souvenais des heures interminables, assis comme sur un tabouret d’un bar lugubre à saluer des passants frileux, quand je pensais pouvoir, à mon échelle, accompagner la dénormalisation, médiatiser nos services auprès du grand public… C’est au cours de Journées de médecine préventive ou de promotion de la santé que j’avais cru mesurer le faible impact et la déperdition de notre investissement de préventeurs : nous sortions parfois moulus, défaits de ces weekends où la satisfaction tenait davantage aux contacts avec un réseau de professionnels, ou serait-ce un politicien rencontré… Nous pouvions, de façon claire, objectiver chez nos amis fumeurs, chez «les «intéressés», la réticence et le malaise (dont rend compte, avec une étonnante économie de moyens, la théorie de la dissonance cognitive)…
A quoi tient alors, le succès de la recette Help? Aux gadgets, assurément, convoités sagement par les jeunes et par des parents non moins dociles… Mais sans doute encore davantage au caractère à la fois désinvolte (ou festif) et professionnel de la rencontre; au testing, évidemment, judicieux pour engager la démarche. Il suffit parfois, pour libérer la parole, d’un prétexte… Et la campagne a posé des choix lucides à cet égard.
Nous avons apprécié le sourire et l’efficacité, le dévouement des hôtesses et des animateurs que nous avons rejoints plusieurs fois, sous le riant soleil de Pecq ou de Beloeil… ou parés de la veste orange à Francorchamps, sous l’averse hélas. Accueil charmant, impressionnant multilinguisme (Helena, d’où vient cette énergie?!), formation d’un niveau certain…
Certes, on peut critiquer l’initiative ou la folle ambition du pari, le ‘matos’ inégal (3) ou suggérer que la prochaine édition des campagnes européennes, inspirées par la dynamique Help (ou qui porterait sa griffe, encore) aide à mieux poser la question qui touche à l’invalidation de la fonction pulmonaire ou systématise une ambassade aussi pointue, pour l’animation du stand (avec le concours de cliniciens, tabacologues), au profit de relais proximaux… Certes, on peut jalouser des moyens qui nous échappent au cours de missions régulières et non moins sérieuses. Au demeurant, l’aventure était belle et vaudra l’évaluation paramétrée que ma réflexion n’anticipe aucunement…
A Francorchamps, comme a pu le répercuter Le Soir sous la plume intransigeante et lettrée de Frédéric Soumois , ne s’agissait-il pas d’occuper le terrain, là-même où l’invicible armada pouvait naguère déployer ses logos, son fric ou les retombées philosophales de cet argent «qui part en fumée», tous ses mensonges et son argumentaire: l’intrépide élan vers la mort et la puissance, à l’aune (ici comme ailleurs) des chevaux, des montures…
Stéphane Lémeret (quatrième au final) portait, sans doute avec la discrétion d’un patch, orange et bleu, nos couleurs… Mais il emportait ce jour-là, tous nos rêves, au passage, et la Maserati – qui tournait comme une horloge – aura pu nous donner, jusqu’au drapeau trempé, le frisson des revanches et l’espoir qu’on remporte, avec lui, dûment, ces 24 heures, là-même où nous avons subi trop longtemps l’arrogance et la loi… du plus fort?
François Dekeyser (SEPT) (1), avec l’aimable collaboration de Michel Pettiaux (FARES)

(1) A ces réflexions, j’associe volontiers mes équipiers tabacologues, au Ravel comme à Francorchamps, les Docteurs Geneviève Hotermans (pneumologue), Philippe Brognon (médecin du travail et précieux collaborateur au SEPT) et Christina Gallez , psychologue, également ma collègue au SEPT.
(2) Les fameux Centres d’Aides aux Fumeurs , agréés par le FARES
(3) Je crois qu’on pouvait mieux figurer l’hémoglobine ou laisser le goudron «parler» dans ce bocal sans qu’y poissonne un banc de mégots…
(4) Le Service d’Etude et de Prévention du Tabagisme asbl.

Les consommations à risque: émergence du changement

Le 30 Déc 20

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«Je trouve que ce n’est pas spécialement intéressant d’aller dire aux gens d’arrêter.
Ils savent très bien que c’est mauvais pour la santé.»
«Ça ne sert à rien de parler d’abstinence à quelqu’un qui n’a pas envie d’arrêter.»
«Face à la rechute d’un patient, je voudrais proposer une réponse différente de la sanction.»
«Je voudrais mettre un cadre dans mes entretiens, les construire de manière concrète.»
«Pour les jeunes, ce qui compte, c’est vivre maintenant. Quand on leur dit que, dans 30 ou 40 ans, ils risquent un cancer, ça ne représente rien pour eux. Ils ne voient pas le futur, ça ne les intéresse pas.»
«Comment aider les patients à parler de leurs problèmes d’addiction?»
«Comme je suis fumeuse, je n’ai pas beaucoup d’arguments pour motiver le stop.»
«De l’écoute, toujours de l’écoute. Qu’est-ce que je peux faire en plus?»

Autant de questionnements exprimés par des intervenants qui se sentent souvent démunis face à la nécessité de «faire quelque chose» vis-à-vis des comportements à risque parmi le public qu’ils côtoient…
De quelle façon l’entretien motivationnel peut-il répondre à ces demandes de pistes d’action?
Ce modèle d’intervention thérapeutique propose une série de principes et de stratégies de communication pour aider les personnes à changer leurs comportements, notamment par rapport aux conduites d’addiction. D’abord, l’entretien motivationnel identifie plusieurs stades dans les processus de changement vis-à-vis desquels il propose des interventions précises et différenciées.
Car s’il est vrai que «ça ne sert à rien de parler d’abstinence à quelqu’un qui n’a pas envie d’arrêter», l’intervenant pourrait par exemple, dans le cas du tabagisme, essayer de faire apparaître un doute chez le fumeur satisfait. Ou bien, si le sujet commence à manifester une envie de modifier sa consommation, augmenter sa confiance en sa propre capacité de changer de comportement. Ou encore, en considérant la rechute comme faisant partie du processus, proposer des réponses qui la dédramatisent et permettent au patient de s’engager à nouveau dans le changement.
Ces éléments permettent déjà de mettre un cadre dans les entretiens, mais un cadre qui est fonction des intérêts actuels des patients, au lieu de se centrer sur des informations importantes du point de vue de l’intervenant, mais qui «ne représentent rien pour eux.»

L’esprit de l’entretien motivationnel

Pour «aider les patients à parler de leurs problèmes», les professionnels peuvent trouver, au cœur de l’entretien motivationnel, des principes de communication qui souvent vont à l’encontre de certaines pratiques traditionnelles dans le domaine de la prévention et du traitement des comportements à risque. Par exemple, vis-à-vis de personnes ayant des conduites d’addiction, il peut paraître inhabituel d’éviter l’affrontement ou de leur reconnaître la liberté de choisir.
«De l’écoute, toujours de l’écoute. Qu’est-ce que je peux faire en plus?».
Face à cette inquiétude légitime, que propose l’entretien motivationnel? D’abord, de l’écoute, oui, mais d’un certain type. Le modèle reprend un principe déjà proposé par les approches humanistes en psychologie, celui de l’écoute empathique. Cependant, comme tout le monde – ou presque – croit savoir écouter, il faut être attentif à ne pas confondre empathie et sympathie. « Percevoir avec justesse le cadre de référence interne de son interlocuteur ainsi que les raisonnements et émotions qui en résultent …[ i ] en perdant tout désir de l’évaluer ou de le juger[/ i ]», comme disait Carl Rogers , c’est un défi formidable.
Or l’entretien motivationnel nous offre des stratégies précises pour s’approcher de cette écoute empathique et nous aide à identifier les pièges les plus fréquents, comme celui de l’expert qui croit avoir les réponses et essaie d’imposer ses arguments pour le changement. Car ce qui compte finalement n’est pas l’abondance ou le manque d’arguments de l’intervenant. Le plus important est la qualité de la relation, permettant l’émergence de la motivation et du sentiment d’efficacité personnelle chez le patient afin qu’il puisse gérer ses propres changements.

Se former à l’entretien motivationnel

Le Service Prévention Tabac du FARES (Fonds des affections respiratoires) a découvert cette approche lors d’échanges avec des partenaires européens à propos de la prévention du tabagisme chez la femme enceinte. L’équipe s’est formée au Portugal pour ensuite construire une formation de base à l’entretien motivationnel, à l’intention des professionnels de santé travaillant auprès des femmes enceintes et des jeunes parents, tels que gynécologues, TMS des consultations prénatales, sages-femmes, pédiatres…
Le succès grandissant et le bouche à oreille ont fait émerger d’autres demandes. Nous avons alors créé un module de base de 3 journées pour les professionnels intéressés par la problématique de la dépendance au tabac chez leurs patients: généralistes, pneumologues, ORL, psychologues, infirmières, travaillant en milieu hospitalier ou non.
C’est ainsi que, depuis 2004, le FARES a animé pas moins de 25 groupes de formation, totalisant environ 300 personnes. Médecins et infirmières qui s’autorisent une remise en question et la recherche de stratégies alternatives viennent enrichir leur formation par des aspects liés à la psychologie du fumeur et à la dynamique thérapeutique. Car un des objectifs premiers de cette formation est bien de favoriser le questionnement de chaque participant quant à ses propres représentations et comportements vis-à-vis du fumeur et de sa consommation.
Une étape préliminaire, mais essentielle, est ainsi consacrée à des jeux et des exercices qui l’amènent à s’interroger sur son propre comportement face au tabac, sur ce qu’il ressent et ce qu’il dégage comme attitude face au fumeur. Rassurez-vous, il ne s’agit en aucun cas du jeu de la vérité au cours duquel chacun, tour à tour, est soumis à une confession publique! C’est un processus évolutif permettant d’y voir plus clair sur ce qu’on éprouve et ce qu’on en laisse paraître dans la relation thérapeutique.
«Comprendre le fumeur» est un leitmotiv pour bon nombre de participants. La présentation des étapes de changement de comportement (1) répond en partie à cette demande. Comprendre que, même si le changement de comportement – ici, l’arrêt du tabac – nous semble prioritaire, il ne l’est pas nécessairement pour le fumeur ou pas au même moment. La motivation au changement étant mouvante et dynamique, elle ne s’improvise pas d’un claquement de doigts. Le professionnel devra user de bien d’autres outils que l’injonction pour parvenir à faire évoluer le comportement de son patient…
Une fois ces pré-requis passés en revue, le participant à la formation peut progressivement se glisser dans un climat propice à une relation clinique entre partenaires, en intégrant les principes de base de la philosophie de l’entretien motivationnel (2).
Ensuite, les formateurs proposeront de s’exercer aux techniques et aux outils. Ceux-ci aident les participants à poursuivre leurs objectifs, à savoir l’émergence et la construction de la motivation au changement chez leur interlocuteur. Ici, le jeu de rôle – tant redouté en début de formation – devient un exercice qui permet à chacun de tester ses acquis et de sentir ce qui convient le mieux à son style et s’inscrit dans son contexte professionnel. Un groupe et des formateurs «soutenants» aident généralement les plus sceptiques à s’y investir.
Plus récemment, un projet-pilote, en partenariat avec le Service PSE provincial du Brabant wallon a permis d’aboutir à un nouveau module de formation dont la problématique visée est plus large. En effet, il s’agit d’un module spécifiquement adapté aux acteurs scolaires qui souhaitent favoriser une communication non-jugeante et positive avec les adolescents, dans le cadre de leur mission de prévention des comportements à risque.
L’entretien motivationnel offre aux acteurs de terrain des pistes de travail, tant lors d’échanges individuels avec le jeune qu’en animation de groupes. Tout au long de la formation, les participants sont invités à faire le lien avec leurs stratégies de promotion de la santé. Il s’agit ainsi de s’interroger sur son propre rôle face à des jeunes souvent peu demandeurs et d’adopter dans l’entretien une démarche participative visant à aider le jeune à prendre conscience de ses comportements et du sens qu’il leur donne.
Que reste-t-il de ces trois journées une fois que les participants retournent dans leur cadre de travail? Comment parviennent-ils à appliquer les techniques et outils proposés en formation? Comment peuvent-ils en faire bénéficier leurs collègues?
Autant de questions auxquelles notre service propose de répondre ensemble une à deux fois par an lors de journées d’échange d’expériences autour de l’entretien motivationnel. C’est l’occasion de faire le point sur sa pratique, de se ressourcer et de se rafraîchir la mémoire concernant cette méthodologie, mais aussi de forger de nouvelles clés pour s’évaluer et progresser vers des entretiens de plus en plus efficaces.
Vous avez envie de vous lancer dans l’aventure? Voici les informations relatives aux prochaines formations:
-journée d’échange d’expériences le 13 novembre 2007 (35€);
-journée d’échange d’expériences pour acteurs scolaires le 20 novembre 2007 (35€);
-module de base entretien motivationnel et tabac avec public cible adultes (150€) les 24, 25 janvier et 15 février 2008;
-module de base pour acteurs scolaires (150€) les 19, 26 février et 6 mars 2008;
-module de base entretien motivationnel et tabac avec public cible femmes enceintes et/ou jeunes parents (150€) les 14, 15 et 28 avril 2008.
Bérengère Janssen , Hernando Rebolledo , Service Prévention Tabac, FARES asbl
Toutes les formations se donnent au FARES, rue de la Concorde 56 à Ixelles. Plus d’info: https://www.fares.be ou berengere.janssen@fares.be. Tél.: 02 518 18 69.

(1) Cf. Prochaska, J.O. Di Clemente, C.C (1982). Transtheoretical therapy: toward a more integrative modele of change. Psychotherapy: Theory, research and Practice, 19, 276-288.
(2) Miller, W. Rollnick, S. (2006). L’entretien motivationnel . Paris: Intereditions-Dunod.

Ne prenez pas l’hiver en grippe. Une campagne ciblée sur le grand public et les professionnels

Le 30 Déc 20

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Comme chacun sait, cette vaccination est recommandée prioritairement à des personnes ayant un risque plus élevé de complications (hospitalisation et décès) suite à une grippe: il s’agit des personnes âgées de 65 ans et plus et des personnes, quel que soit leur âge, atteintes d’une maladie chronique (voir encadré). Par ailleurs, les professionnels de santé au contact de ces personnes à risque accru devraient être vaccinés annuellement, ce qui est loin d’être le cas.

Il y a grippe et grippe

Rappelons d’abord rapidement qu’il ne faut pas confondre la grippe saisonnière avec la grippe aviaire (qui est un problème surtout vétérinaire) ou avec la grippe pandémique.
La grippe saisonnière est une infection respiratoire aiguë provoquée par différents virus grippaux. Les symptômes les plus courants d’une grippe sans complication sont: déclenchement soudain avec de la fièvre, des frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires et une toux sèche. La toux peut durer assez longtemps, les autres symptômes disparaissent généralement après 2 à 7 jours. La grippe est une maladie qui sévit chaque année dans notre pays. Il existe un vaccin contre cette grippe.
La grippe aviaire de type influenza A/H5N1 est une maladie virale animale très contagieuse à laquelle la plupart des espèces d’oiseaux sont sensibles. La maladie a déjà été constatée chez différentes espèces de volailles (canards, oies, poulets, dindes, faisans, cailles et perdrix). Le risque pour un humain d’être infecté par le virus de la grippe aviaire est extrêmement faible; jusqu’à présent, seules des personnes ayant eu des contacts étroits avec leurs oiseaux ont pu développer la maladie.
Une pandémie est une épidémie à l’échelle continentale ou mondiale, durant laquelle une grande partie de la population est infectée, provoquant une morbidité et une mortalité élevées (voir https://www.influenza.be/fr/home_fr.asp pour plus d’informations).
Lors du lancement de la campagne de vaccination 2007-2008, Catherine Fonck , Ministre de la Santé de la Communauté française s’est plu à souligner la progression régulière et continue de la couverture vaccinale dans notre pays (sensiblement la même au Nord et au Sud). Ainsi, on est passé de 600.000 doses vendues en 1990 à 2.500.000 de prévisions de ventes pour cet hiver. Dans le groupe-cible prioritaire des + de 65 ans, 6 personnes sur 10 se font vacciner chaque automne. C’est appréciable, mais l’objectif de l’OMS (80%) n’est pas encore atteint.

Un nouveau dossier technique du RESO-UCL

Vaccination contre la grippe des professionnels de santé

Le risque de contagion et de dissémination du virus de la grippe par le personnel soignant est important. La transmission de ce virus à un patient engendre bien souvent des problèmes de santé supplémentaires pour celui-ci et peut parfois mener jusqu’au décès. De nombreuses études ont permis de démontrer que l’amélioration de la couverture vaccinale des professionnels de santé entraîne une diminution de la ‘grippe nosocomiale’.
Cependant, en Europe, la couverture vaccinale influenza des professionnels de soins reste encore faible, la moyenne se situant entre 15 et 25%, et ce en dépit des recommandations de différentes autorités de santé publique (OMS, 1997; Center for Disease Control and Prevention, 1981; Conseil supérieur de la santé belge, etc.) et des nombreux efforts déjà consentis par les institutions de soins.
Ce dossier technique se propose d’une part d’identifier les déterminants qui influencent les comportements de vaccination des soignants (connaissances, valeurs, croyances, attitudes, etc.) et d’autre part de pointer les stratégies mises en place pour promouvoir la vaccination des professionnels de la santé (réalisation d’actions conjointes: organisation de séances d’information dans les institutions de soins, gratuité du vaccin, vaccination sur les lieux de travail, envoi de courrier personnalisé, développement d’activités éducatives et de stratégies motivationnelles, etc.).
Enfin, les auteurs proposent une série de pistes: formuler des recommandations simples et claires, faciliter les procédures de vaccination, améliorer les messages éducatifs trop généraux, faire prendre conscience aux soignants qu’ils sont des ‘modèles’ pour la population et les faire réfléchir sur la continuité des soins en cas de non-vaccination, montrer l’intérêt de ‘se protéger’ mais également de protéger ‘l’autre’ dans une optique de santé publique, etc.
DOUMONT D ., LIBION F ., Vaccination contre la grippe auprès des professionnels de santé : tour d’horizon des pays développés , quelles recommandations pour quelle efficacité ?, UCL RESO , mai 2007 , ( Série de dossiers techniques ; réf . 07 44 ), 28 pages .
Les dossiers techniques du RESO sont consultables sur le site https://www.md.ucl.ac.be/entites/esp/reso .
Ils peuvent aussi être commandés à l’adresse
:
Université catholique de Louvain , Faculté de médecine Ecole de santé publique , Unité d’éducation pour la santé RESO , avenue Mounier 50 , 1200 Bruxelles . Contact : Dominique Doumont , tél . 02 764 50 76 ou dominique.doumont@reso.ucl.ac.be

Le bilan annuel

Le moment de la vaccination contre la grippe offre au patient l’occasion de faire un bilan général de ses vaccinations.
Un rappel de vaccin contre la diphtérie et le tétanos est recommandé tous les 10 ans. L’enquête de santé par interview menée en 2004 par l’Institut scientifique de santé publique montre que 60% seulement des Belges déclarent avoir été vaccinés au cours des 10 dernières années.
Dès 65 ans, une vaccination contre le pneumocoque est recommandée à tous. Un rappel unique est conseillé cinq ans après la première dose de vaccin. La même enquête montre que 15% environ des Bruxellois et 22% des Wallons âgés de 65 à 74 ans déclarent avoir été vaccinés au cours des 5 dernières années. Les personnes atteintes d’une maladie chronique devraient être vaccinées, elles, dès 45 ans.

Mais pourquoi donc ne sont-ils pas vaccinés?

Depuis quelques années, la Communauté française fait des efforts pour que le message passe aussi efficacement auprès des professionnels de santé que du grand public. Cela n’est pas si simple!
Vis-à-vis de la vaccination contre la grippe, que ce soit chez les personnes âgées de 65 ans et plus, chez les adultes fragilisés par une maladie chronique ou chez les professionnels de la santé, on identifie les mêmes types de réactions.
Une majorité de la population visée adhère à la stratégie de prévention qu’elle considère pertinente. D’autres sont réticents, refusent la vaccination ou l’acceptent avec beaucoup d’hésitations.
Etonnamment, on retrouve chez les professionnels et les profanes le même type de réticences. Quels sont les portraits types des personnes qui n’adhèrent pas à la vaccination contre la grippe?
En caricaturant, on peut en identifier cinq (dont les caractéristiques sont d’ailleurs parfois mêlées).
Il y a l’ insouciant : cela ne le concerne pas, il n’y pense pas, il n’a pas le temps, il y pensera l’année prochaine… Les ennuis, c’est bien connu, c’est pour les autres.
Il y a le superman et la superwoman : leur santé, c’est un roc. La muraille de Chine est une babiole à côté de leur barrière immunitaire. Ils sont invulnérables. La grippe, ils ne connaissent pas, ils ne l’ont jamais eue ou alors si peu (une plaisanterie). De toute façon, ils l’attendent de pied ferme.
Il y a le malin : il connaît une manière infaillible de terrasser le virus de la grippe. Une tisane, une formule homéopathique, un bon grog, de la vitamine C, 5 citrons par jour, quelques gouttes d’oligoéléments… Les formules sont aussi nombreuses que scientifiquement non fondées…
Il y a le dubitatif . Le vaccin? Bof, ça ne sert à rien. Il est inefficace, il n’est jamais adapté aux virus qui circulent, etc. Il suspecte même le vaccin de la pire des perversions: la rumeur dit qu’il pourrait transmettre la grippe…
Il y a enfin le craintif . Certains redoutent la piqûre. D’autres sont persuadés que les effets indésirables du vaccin sont considérables, qu’ils courent beaucoup plus de risque à se faire vacciner qu’à subir une grippe. Quelques-uns évoquent même le grand complot, le vaccin ne servirait que des intérêts privés: les producteurs, les employeurs, etc.
Face à ces réticences, il apparaît utile de rappeler quelques bases fondamentales sur lesquelles repose la recommandation de santé publique.
D’abord, on ne recommande pas à toute la population de se faire vacciner contre la grippe. Ce ne serait pas pertinent dans l’état actuel des connaissances scientifiques et de l’épidémiologie de la maladie, avec la génération actuelle de vaccins, etc. On recommande la vaccination annuelle contre la grippe à certains groupes de population, parce que les études scientifiques ont montré un bénéfice en terme de santé pour ces groupes précis. Pour eux, les bénéfices surpassent les éventuels inconvénients.
Ensuite, le vaccin est efficace: il permet de réduire la mortalité liée à la grippe, ce qui est in fine l’essentiel de ce qu’on lui demande. Le vaccin ne peut pas transmettre la grippe, puisqu’il appartient à la catégorie des vaccins dits «tués». Le vaccin peut être qualifié de sûr, en fonction de l’expérience passée.
Enfin, personne n’échappera, au cours de sa vie, à l’infection par le virus influenza.
A travers les documents destinés aux professionnels de la santé , les responsables de la campagne ont voulu s’adresser
– à la raison:
Mon métier , c’est la santé . Pas question de me croire invulnérable . Le virus de la grippe , c’est pour tout le monde .
– à l’esprit d’équipe:
Mon boulot , c’est un travail d’équipe . Pas question que la grippe m’attrape , mes collègues comptent sur moi .
– au sentiment de responsabilité professionnelle et au souci de prendre soin des autres:
Mon travail , c’est prendre soin des autres . Pas question de transmettre la grippe aux personnes que je soigne .
Dans mon métier , je rencontre souvent la grippe . Pas question de transmettre la grippe à mon entourage .
Aux personnes âgées de 65 ans et +, ou atteintes d’une maladie chronique , ils lancent le message: Ne prenez pas l’hiver en grippe . Vaccinez vous !
La campagne de sensibilisation 2007 est coordonnée par le SCPS – asbl Question Santé, avec la participation de la Société scientifique de médecine générale, de la Plate-forme «Grippe» (voir encadré) et de Provac.
La campagne bénéficie du soutien de la Communauté française et de la collaboration, pour sa diffusion, de l’Ophaco, de l’Association pharmaceutique belge, du Journal du Médecin, de l’UCP mouvement social des aînés asbl, des Mutualités chrétiennes, des Mutualités socialistes, des Mutualités libres, des Mutualités neutres et de la Mutualité libérale. Elle est aussi soutenue par des spots radiodiffusés de promotion de la santé.
D’après un texte de Patrick Trefois , SCPS – asbl Question Santé

Recommandations du Conseil supérieur de la santé

Les recommandations du Conseil supérieur de la santé (anciennement CSH) pour la vaccination contre la grippe saisonnière 2007-2008 énoncent, par ordre de priorité, les groupes de sujets suivants:
• Groupe 1 – les personnes à risque de complications à savoir: toute personne au-delà de 65 ans; les personnes institutionnalisées; tout patient à partir de l’âge de 6 mois avec une affection chronique sous-jacente, même stabilisée, d’origine pulmonaire, cardiaque, hépatique, rénale, métabolique ou des troubles immunitaires (naturels ou induits); les enfants de 6 mois à 18 ans sous thérapie à l’aspirine au long cours.
• Groupe 2 – le personnel du secteur de la santé en contact direct avec les personnes du groupe 1.
• Groupe 3 – les femmes enceintes qui seront au deuxième ou troisième trimestre de grossesse au moment de la vaccination.
• Groupe 4 – les personnes de 50 à 64 ans, même si elles ne sont pas identifiées comme à risque car il y a une chance sur trois qu’elles présentent au moins un facteur de complications (tout particulièrement les fumeurs, les buveurs excessifs et les obèses).
Dans l’éventualité de la co-circulation possible en Belgique des virus aviaires et des virus humains saisonniers, la vaccination saisonnière sera proposée à certains groupes professionnels pour éviter le risque de réassortiment viral. Ces groupes sont: les éleveurs professionnels de volailles et de porcs ainsi que les membres de leurs familles vivant sous le même toit, et les personnes qui, du fait de leur profession, sont au contact de volailles ou de porcs vivants. Il est bon de rappeler que le vaccin contre la grippe saisonnière ne protège toutefois pas contre les virus aviaires.
L’avis complet et son argumentaire peuvent être consultés via le portail https://www.health.fgov.be voir Institutions apparentées – Conseil supérieur de la santé, avis et recommandations.

Présentation de la Plate-forme grippe

Une plate-forme s’est mise en place en 2006, avec un objectif partagé de réflexion pour améliorer la couverture vaccinale des professionnels de la santé contre la grippe. Elle appuie son action sur les recommandations du Conseil supérieur de la santé.
La recommandation de vacciner contre la grippe les personnes en contact avec des groupes à risque pour cette maladie, est par ailleurs d’application dans de nombreux pays.
Cette plate-forme regroupe des responsables issus des diverses structures concernées (hôpitaux, MR et MRS, services d’aide et de soins à domicile, médecine du travail) et des experts.
En 2006, la plate-forme a coordonné en Communauté française plusieurs initiatives: organisation d’une journée de rencontre le 24 mai 2006, envoi d’un cédérom aux responsables de structures concernées par la vaccination du personnel soignant, etc.
Elle a décidé de continuer des actions pour 2007 en menant, entre autre, une campagne de sensibilisation sur l’importance de la vaccination des professionnels de la santé.

Le Réseau ‘Mieux manger à l’école’. Un projet de la Fondation Roi Baudouin

Le 30 Déc 20

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A l’heure actuelle, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut adopter un comportement alimentaire équilibré et sain. Manger sainement s’apprend jeune, dès l’âge de l’école. Même si des initiatives intéressantes se multiplient dans ce sens, force est de constater qu’il reste beaucoup à faire, d’autant que ces initiatives sont souvent trop limitées et trop peu connues. Pour pallier ce manque, la Fondation Roi Baudouin a développé un projet sur trois ans, ciblé sur la question suivante: comment concilier qualité nutritionnelle, préférences des jeunes, rentabilité, logistique, faisabilité technique? Education Santé a rencontré les deux initiatrices de ce programme, Pascale Taminiaux (Fondation Roi Baudouin) et Bettina Cerisier (Question Santé).
Pascale Taminiaux ne se laisse pas prier et explique de manière enthousiaste que la Fondation, dans le cadre de ses activités autour de l’alimentation, a souhaité démarrer un programme santé sur le thème ‘comment promouvoir l’offre de nourriture saine dans les collectivités’.
«Quand l’idée a germé de promouvoir l’offre alimentaire saine dans les collectivités, nous nous sommes assez vite tournés vers les écoles. Le milieu scolaire peut être considéré comme un lieu privilégié pour adopter des comportements alimentaires sains. Une rapide consultation du terrain a montré qu’il existait déjà des projets isolés concrets mais qu’il n’y avait aucun échange réel entre les acteurs de ces projets et qu’ils ne recevaient pas de soutien extérieur.
En 2006 nous avons lancé un appel à projets ‘écoles’. Une série de projets pilotes furent sélectionnés et fin 2007 nous ferons une évaluation. Parallèlement nous avons développé l’idée du réseau.»

Pourquoi un réseau?

« Nous avons constaté » poursuit Pascale Taminiaux « que les acteurs concernés sont fréquemment confrontés aux mêmes défis quand il s’agit de mettre sur pied un projet ciblé sur l’offre alimentaire . Une alimentation saine et équilibrée est cruciale pour la croissance et le développement des enfants et des adolescents , personne ne le conteste . Mais tous ces acteurs font face à la même question : ‘ Comment concilier une alimentation plus saine avec les préférences alimentaires des jeunes ? ’ Nous savons tous que nos chers enfants préfèrent de loin les aliments et les boissons sucrés , les en cas sucrés et gras , à des fruits et légumes . En outre , ces mêmes acteurs bien intentionnés doivent tenir compte du fonctionnement et de la rentabilité de la cantine scolaire , du coût , de l’accessibilité pour tous , de la logistique etc . Que prendre en compte pour mettre un projet alimentaire en œuvre ? Par où et comment commencer ? Où trouver les personnes prêtes à aider ? Existe il des projets dont on peut s’inspirer ?
La Fondation a donc invité ceux qui souhaitaient explorer plus à fond ces questions et échanger des expériences à travers des projets concrets et des visites de terrain, à rejoindre le réseau ‘Mieux manger à l’école’. En parallèle à des soutiens de projets concrets, la Fondation a voulu mettre en réseau des personnes concernées par le sujet. Il s’agit de cuisiniers scolaires, de gestionnaires de cantines, de fournisseurs de cantines scolaires, de médecins scolaires, de services PSE, de même que les asbl qui s’occupent de la surveillance des repas, des échevins, des directions d’écoles, des responsables des différents réseaux scolaires.»

Quel rôle la Fondation Roi Baudouin joue-t-elle?

« Notre rôle est de donner une impulsion pour que le projet continue ensuite de manière autonome . Nous ne voulons pas arriver avec une méthodologie toute faite mais au contraire être complémentaires à ce qui se fait déjà . Notre but est de promouvoir des solutions accessibles à tous tant au niveau culturel qu’au niveau du prix ou des infrastructures existantes » précise Pascale Taminiaux.
Dans un premier temps, nous avons donc lancé un appel à projet qui vise à soutenir des initiatives qui améliorent l’offre alimentaire proposée aux jeunes dans le cadre scolaire. Il s’agit autant de la qualité des repas chauds, froids, collations et boissons. Nous souhaitions y contribuer de manière active en soutenant des projets concrets et innovants. En Communauté française, cet appel s’est inscrit dans le cadre du plan d’action ‘Politique de promotion des attitudes saines sur le plan alimentaire et physique pour les enfants et les adolescents en Communauté française’ proposé par les ministres de l’Enseignement, de la Santé et des Sports. Un appel similaire a été lancé en Communauté flamande.
Les écoles, les internats, les organismes ayant en charge la promotion de la santé, et des organisations non commerciales pouvaient introduire un dossier.

Il n’y a pas de recette unique pour améliorer l’offre alimentaire en milieu scolaire » ajoute Pascale Taminiaux. « C’est justement la diversité des situations et des solutions qui est enrichissante . D’où cette idée du réseau . Pour aider d’autres initiateurs dans la mise en route de leur projet actuel ou futur , nous leur proposons de rencontrer des personnes qui ont déjà élaboré un projet et de discuter avec elles de la faisabilité du projet , des difficultés que l’on peut rencontrer sur le terrain . Nous organisons ces visites dans le but de favoriser les échanges de bonnes pratiques , d’expériences et d’informations . Les participants ont l’occasion de discuter autour de projets concrets et variés ( type de repas , contexte et public scolaire , gestion et fonctionnement de la cantine …), de dégager des messages clés , des trucs et des astuces . Un projet peut être adapté à d’autres écoles dans d’autres provinces , pour d’autres réseaux et d’autres niveaux d’enseignement . Cela doit donner l’envie aux participants de se lancer à leur tour dans des projets similaires . Les personnes invitées à présenter leur projet peuvent être mises sur la sellette
Bettina Cerisier (asbl Question Santé) est la coordinatrice francophone du réseau «Mieux manger à l’école». Elle s’occupe de l’organisation concrète des visites.
« C’est vraiment une expérience enrichissante » commente-t-elle. « Au total nous avons épinglé sept projets en Communauté française et en Communauté germanophone . Je prends connaissance du projet , je prépare la visite et l’anime sur place . Il s’agit de rencontres informelles .
Pendant une demi journée nous vivons en live’ le projet en question et nous partageons le repas ainsi préparé . Pendant nos visites , un rédacteur prend note des échanges , car après chaque rencontre nous remettons un compte rendu de la réunion . En outre , nous comptons éditer un guide pratique reprenant nos échanges . Ce guide , basé sur les expériences et les discussions , proposera des pistes concrètes pour mettre de tels projets en route dans d’autres écoles ou collectivités . Le but est de le diffuser à une large échelle en 2008

Quelques projets épinglés

Les visites ont commencé à l’automne 2006 et se poursuivent jusqu’en décembre 2007. Pour chacun des projets déjà visités nos interlocutrices nous ont donné une brève description. Dans nos prochaines éditions nous les commenterons plus en détail en insistant sur les résultats obtenus.
Des bons grammages aux produits bios!
C’est un projet lancé par la commune d’Ottignies Louvain-la-Neuve. Avant, les plats étaient commandés chez un traiteur de collectivité et arrivaient chauds et prêts à être consommés dans les écoles. Si les quantités étaient suffisantes, la qualité laissait à désirer. Les changements ont été amorcés voici 10 ans quand la commune a décidé de travailler avec un autre traiteur et a négocié l’installation de cuisines de finition dans toutes les implantations. La sécurité alimentaire était assurée et la qualité des repas s’améliorait.
En 2002 la commune a décidé d’améliorer aussi la qualité nutritionnelle des repas. Elle inclut dans le cahier des charges la liant à un traiteur local, le respect de grammages idéaux des aliments pour les élèves. Chaque mois l’ensemble des acteurs évalue le bon déroulement du projet. A l’heure actuelle, et avec l’aide de Bioforum, ce sont des produits biologiques qui sont progressivement introduits. Le prochain défi sera d’apporter plus de convivialité et d’améliorer l’environnement, pour transformer les cantines en véritables restaurants scolaires.
De la soupe à 10 h aux tartines à 4 h
Un projet de la commune de Woluwé-Saint-Lambert. Il vise à améliorer les habitudes alimentaires des enfants en modifiant l’offre. La collation de 10h est particulièrement remise en question. L’objectif poursuivi est d’influencer favorablement la corpulence.
Un projet pilote a été lancé dans une classe de 3e année maternelle. Une diététicienne pédiatrique motivée a réussi à convaincre la commune de mener une recherche sur l’effet que pourrait avoir un changement d’alimentation sur le poids des enfants et leur comportement en classe. C’est ainsi que le petit en-cas sucré de 10h a été remplacé par la soupe de midi, et que le 4h a été donné sous forme de tartines. Les résultats après deux mois d’expérience étaient étonnants.
A l’instar de ce projet pilote, d’autres écoles primaires de la commune ont pratiqué, durant la quinzaine de la santé , la distribution de la soupe de 10h. Le but de l’opération est double: faire consommer des légumes sous forme de potage et éviter une prise énergétique superflue lors de la collation matinale.
Refaire la cuisine en interne: quel investissement pour quels résultats?
Un projet des écoles communales d’Ath. Si autrefois, les enfants mangeaient couramment à la maison à midi, les temps ont changé, ils sont désormais plus nombreux à manger à l’école le midi, mais aussi le soir. Fort de ce constat, la commune décidait en 2005 pour quelques écoles de revenir à une cuisine réalisée en interne. Du personnel de l’école (voire des bénévoles) s’est vu proposer de prendre en charge la préparation des repas dans un climat convivial et familial. La commune de son côté a investi dans des infrastructures conformes aux normes de l’AFSCA et dans l’engagement de personnel. Les parents sont ravis, la fréquentation des repas chauds ne cesse d’augmenter et les directions ne voudraient plus revenir en arrière.
Cuisine en interne, légumes produits en partie sur place, internat avec un vrai souper, participation des élèves
Un projet global de l’Athénée Royal d’Izel-sur-Semois. Il repose sur deux piliers, le respect du professeur et de l’élève et l’ouverture sur la vie.
Le public cible du projet est constitué de 800 élèves de l’enseignement général, technique et professionnel tant en internat qu’en externat et aussi de quelques classes de maternelles. Suite à la publication des résultats désastreux sur l’obésité de l’enfant en province de Luxembourg, il y a eu une prise de conscience de l’importance du phénomène et une forte volonté d’agir. Ce projet s’inscrit aussi dans la lignée d’autres initiatives de promotion de la santé prises dans la province de Luxembourg.
L’objectif était d’améliorer la qualité de l’alimentation des repas servis à l’école par une cuisine interne et en y intégrant plus de fruits et de légumes. Les légumes sont cultivés par la section horticulture, les menus sont élaborés au cours de diététique et l’établissement offre gratuitement tous les jours 3 sortes de crudités ainsi qu’une large variété de fruits aux élèves. Les élèves participent aussi à l’évolution de l’offre alimentaire. On tient compte de leur avis, de leur goût et de leurs préférences.
Manger sain sans croquer la planète
Ce projet de l’Institut Robert Schuman à Eupen s’inscrit dans le concept du développement durable. Les critères de durabilité sont intégrés dans le restaurant (produits issus du commerce équitable), dans l’éducation et dans la formation des jeunes. L’introduction de produits issus du commerce équitable dans la cantine amène par exemple à s’interroger sur l’alimentation à l’école, sur la santé, sur la citoyenneté, à la façon dont les aliments sont produits dans le monde…
L’approche est donc progressive. En 2006 il a été décidé de remplacer les distributeurs de boissons et d’ouvrir un magasin qui propose des jus de fruits et une distribution gratuite d’eau. D’autres projets concernant l’offre alimentaire sont en gestation comme remplacer à terme les viennoiseries par des tartines fromage ciboulette!
Emy Brichot
Réseau ‘Mieux manger à l’école’, Fondation Roi Baudouin, rue Bréderode 21, 1000 Bruxelles. Courriel : reseau.fondation@questionsante.org. Internet: https://www.kbs-frb.be .

La campagne d’été de prévention du sida, version 2007

Le 30 Déc 20

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Face au sida, faites le bon choix. Ne comptez pas sur la chance. Mettez un préservatif , était le slogan de la campagne d’été de prévention du sida 2007 à destination des jeunes. Si les messages et les outils diffusés par la Plate-forme prévention sida restent globalement inchangés par rapport à 2006, ils ont toutefois fait l’objet de quelques adaptations et améliorations. Le but était de sensibiliser le plus efficacement possible les jeunes, tout en répondant de manière plus adéquate aux besoins des acteurs qui assurent la transmission des messages de prévention.
En 2006, 995 nouvelles infections au VIH ont été diagnostiquées en Belgique. Cela représente pratiquement trois personnes infectées quotidiennement. Ce constat, même s’il est légèrement plus positif que celui de l’année 2005 pour laquelle 1072 infections ont été recensées, montre que la prévention doit encore et toujours être renforcée.
Chaque année, la Plate-forme prévention sida lance sa campagne d’été en ciblant les jeunes qui représentent une catégorie de la population particulièrement vulnérable au sida et aux MST. De fait, on assiste, depuis 2003, à une recrudescence de nouveaux cas d’infection par le VIH dans la tranche d’âge des 15-24 ans: 123 cas ont été diagnostiqués en 2003, 121 en 2004, 121 en 2005 et 114 en 2006. Considérant que les vacances d’été sont davantage propices aux rencontres plus libérées qu’en période scolaire et voient un risque d’augmentation des rapports sexuels non protégés, la campagne a donc une nouvelle fois pris son envol au début des vacances scolaires.
Cette campagne d’été s’adressait aux jeunes de 15 à 25 ans, avec trois publics cibles: les jeunes hétérosexuels belges, les jeunes hétérosexuels d’origine étrangère et les jeunes homosexuel(le)s de toutes origines et orientations sexuelles. Pour chacun de ces sous-publics, les jeunes qui croient qu’il ne leur arrivera jamais rien et qui comptent sur la chance pour ne pas être infectés par le sida et les jeunes qui ne sentent pas concernés par le sida et les MST étaient plus particulièrement visés.
Les jeunes qui se protègent déjà n’étaient pas oubliés non plus, afin de les conforter et de les pousser à continuer à se préoccuper du sida et des MST.

Construction de la campagne

La méthodologie était grosso modo la même que celle de 2006:
-concertation avec les acteurs de la prévention du sida et de la promotion de la santé (Ex Aequo, Siréas, Centre de planning familial Séverine, Question Santé, Modus Vivendi, Sid’action Liège, Univers santé, CLPS de Bruxelles, CLPS de Huy-Waremme, Service Education Santé de Huy, CLPS du Luxembourg, CLPS du Brabant wallon, Centre de planning familial Aimer à l’ULB, Ener’J). Ces acteurs – qui travaillent ensemble à la réflexion, à la conception et à la mise en place d’outils et de campagnes de prévention du sida et des MST à l’attention du grand public – se sont rassemblés en un groupe de travail et se sont concertés à chaque phase de l’évolution de la campagne 2007;
-les jeunes étant les mieux placés pour définir leurs besoins, attentes et questions par rapport à la problématique du sida, un groupe de jeunes âgés de 15 à 21 ans représentatif du public cible a été impliqué dans le processus de création des actions de prévention. Ce groupe englobait des jeunes d’âges, d’origines, de cultures et de provenances différentes. Les réflexions et échanges menés avec les jeunes ont permis de mieux cerner leurs attentes et les questions qu’ils se posent en terme de prévention, tout en prenant en compte leurs préférences graphiques. Les freins principaux pointés par les jeunes lors des rencontres ayant eu lieu les années précédentes restent d’actualité et continuent à faire l’objet d’une sensibilisation. Ces freins concernent, d’une part, l’utilisation du préservatif (selon les jeunes, le fait d’utiliser un préservatif casse l’ambiance, diminue le plaisir ou peut faire planer des soupçons sur celui qui le propose), et d’autre part, de nombreux jeunes ne se sentent pas concernés par le sida. Dans ce contexte, le fait d’être infecté par une MST lors d’un rapport non protégé devient une question de chance. Depuis la campagne d’été 2006, la Plate-forme prévention sida rappelle donc avec insistance que chacun est susceptible de rencontrer le VIH dans ses relations, quels que soient l’âge, l’origine ou le statut social. Le sida n’est pas une question de chance, mais bien une réalité présente au quotidien. Il est donc impératif de se protéger en utilisant le préservatif;
-les relais (centres de planning familial, PMS, écoles, maisons médicales…) qui utilisent le matériel de la campagne sur le terrain ont cette fois également été intégrés dans le processus de construction de la campagne. Il semble effectivement important de prendre en considération leurs besoins et leurs attentes en ce qui concerne les outils de prévention de sorte qu’ils puissent assurer une information, ainsi que des animations pertinentes et de qualité.

Evaluer pour améliorer la qualité des actions

La campagne 2006 a fait l’objet d’une évaluation en collaboration avec l’Observatoire du sida et des sexualités, ainsi qu’avec les différents acteurs concernés par la problématique du sida. Pour ce faire, le groupe de travail, les relais, le groupe de jeunes ayant participé à la construction de la campagne, mais aussi d’autres jeunes ont été sondés.
Globalement, la campagne a été appréciée. Les relais sont plutôt ou très satisfaits en ce qui concerne sa lisibilité, son adéquation au public et son originalité. Les jeunes qui n’ont pas participé à la construction de la campagne lui octroient une note de 3,8 sur 5. Quelques lacunes en terme de visibilité ont été pointées.
A côté de cette satisfaction d’ensemble, une certaine disparité a été notée au niveau de l’appréciation des différents outils ainsi que, pour chaque outil, des avis parfois très divergents, notamment en qui concerne les affiches. Ainsi, les jeunes se sentent plus interpellés par les affiches mettant en scène des couples (hétéros, africains et homos) dans des situations de prémisses sexuelles que par les outils présentant un visuel relativement neutre (le trèfle à quatre feuilles, symbole de la chance). Par contre, la majorité des relais se reconnaît davantage dans ce visuel neutre et un certain nombre d’entre eux souligne le caractère potentiellement choquant des autres affiches mettant en scène des couples. Le caractère sexuel et direct des outils a vraisemblablement pu constituer un frein à une large diffusion des messages de prévention de la campagne 2006.

La création concertée en 2007

Le projet 2007 consistait donc en une relance de la campagne éditée en 2006 mais en l’améliorant en fonction des remarques et suggestions recueillies lors de l’évaluation. Pour ce faire, plusieurs stratégies ont été mises en place. Premièrement, la Plate-forme prévention sida a tenté de tenir compte le mieux possible des remarques émises par les différents groupes impliqués dans le processus de création de la campagne: les échanges entre le public cible et les relais ont été renforcés, notamment par l’organisation de groupes communs au sein desquels les uns et les autres ont eu l’occasion d’essayer de mieux se comprendre.
Deuxièmement, le thème de la chance a été abordé de manière différente: en 2006, le slogan «Face au sida, ne comptez pas sur la chance. Protégez-vous» rappelait qu’il ne faut pas compter sur la chance pour se protéger du sida. Les créations de 2007 veillaient à interpeller le public sur le même thème mais, à la demande des jeunes et des partenaires, en faisant un lien plus clair et évident entre la chance et le sida, afin de faciliter la compréhension du message. En conséquence, le nouveau slogan «Face au sida, faites le bon choix. Ne comptez pas sur la chance. Mettez un préservatif» retravaillé par les jeunes, souligne le fait que compter sur la chance n’est pas une solution adéquate. Le slogan pose cette fois la question sous forme de choix, tout en proposant une solution efficace. Cette manière, plus claire et percutante, de présenter le message vise à impliquer et à responsabiliser davantage le public qui est invité à faire lui-même un choix pertinent et réfléchi en connaissance de cause.
De plus, pour que ce choix soit bien perceptible et présenté de manière légère et humoristique et non pas sur un ton moralisateur, les jeunes ont souhaité que la chance et la protection par le préservatif soient traduites visuellement par deux personnages: Mister Trèfle et Mister Préservatif. Ensuite, la double présence du préservatif dans le visuel, une fois sous la forme d’un personnage et une fois sous la forme de l’objet réel, permet aux jeunes de le visualiser, de s’y familiariser et donc de banaliser son usage.
Enfin, l’évaluation a également montré que certains relais ne sont pas suffisamment informés en matière de prévention des MST et du sida. Ces relais ne savent pas toujours comment, avec qui et quand sensibiliser, motiver, définir les objectifs à atteindre, ni comment utiliser les divers outils de la campagne. Ceci peut constituer un obstacle à une diffusion adéquate et pertinente du matériel de prévention. Pour tenter de remédier à ce problème, il a semblé important d’accompagner la construction et le lancement de la campagne par un moment de sensibilisation des relais à la prévention du sida et des outils produits dans ce cadre. C’est pourquoi, Siréas (Service international de recherche, d’éducation et d’action sociale) et la Plate-forme prévention sida proposent dorénavant un module de formation/sensibilisation permettant de répondre à la demande des divers relais qui assurent la diffusion des messages véhiculés par la campagne. Concrètement, en une matinée, les objectifs du module sont les suivants:
-actualisation des connaissances en matière de sida;
-mise en situation d’utilisation des outils de prévention;
-présentation des principaux outils de prévention du sida en Communauté française.
Afin de toucher au maximum les associations de terrain par cette formation, celle-ci est organisée en collaboration avec les Centre locaux de promotion de la santé présents dans les différentes régions de la Communauté française.

Les outils de la campagne

La nouvelle campagne comportait les éléments suivants:
-trois des quatre affiches créées en 2006 et mettant en scène des couples (hétéros, africains, homos) dans des situations de prémisses amoureuses ont été réutilisées cette année. La quatrième affiche, qui présentait un visuel neutre (le trèfle à quatre feuilles), a fait l’objet d’un nouveau travail de réflexion afin de mieux intégrer les remarques reçues lors de l’évaluation par les relais. Le slogan «Face au sida, faites le bon choix. Ne comptez pas sur la chance. Mettez un préservatif» est mis en image par deux personnages, Mister Trèfle et Mister Préservatif, surplombant un lit dans lequel un couple est en situation amoureuse. Le visuel et le slogan permettent de rappeler qu’il ne faut pas jouer à la roulette russe lors de relations sexuelles;
-une carte postale et des autocollants destinés à être diffusés dans les lieux festifs et visant à toucher les jeunes dans un cadre différent avec des supports appropriés;
-le dépliant informatif, fort apprécié par les jeunes car il donne une information claire et simplifiée sur le sida, a été retravaillé de sorte qu’il soit plus interactif et permette une meilleure identification par les jeunes. Des témoignages et un quiz offrant aux jeunes l’occasion de tester leurs connaissances personnelles sur le sida ont été insérés. La ligne graphique du dépliant est plus dynamique et fait le lien avec le nouveau visuel;
-cette année encore, la Plate-forme prévention sida a distribué ses pochettes «In Ze Pocket». Depuis plus de trois ans, cet outil a la préférence des jeunes du fait de la présence du préservatif, ainsi que du côté coloré et solide des pochettes en plastique;
-le spot TV réalisé en 2006, qui a fait l’objet d’une bonne appréciation lors de l’évaluation (surtout par les jeunes), a été à nouveau diffusé en 2007, avec toutefois quelques modifications de texte et d’images dans le but de le rendre plus compréhensible;
-cette année, le spot radio a joué sur le concept de l’horoscope afin de rester dans le registre de la chance et du porte-bonheur. L’horoscope présente l’intérêt de comporter les volets «amour» et «santé», ça tombe bien. Le texte proposé montre avec humour que l’on peut trouver l’amour et perdre la santé. Le spot mélange de cette façon un message astrologique fictif et un message réel de promotion de la santé;
-Internet étant devenu un outil incontournable en terme de communication, la Plate-forme prévention sida a décidé de lancer un jeu interactif via son site. Le jeu invite les jeunes et les moins jeunes à télécharger leur photo afin de se mettre dans la peau de Mister Préservatif (fréquentable) et de Mister Trèfle (moins fréquentable), tous deux issus de la nouvelle affiche de la campagne actuelle. Les internautes peuvent également s’exprimer dans les phylactères des deux personnages et développer des arguments pour ou contre le préservatif. Ils sont, par la suite, invités à envoyer leur œuvre à tout leur répertoire d’amis pour qu’ils fassent de même;
-une fresque animée utilisée lors des événements estivaux proposait au public le même jeu sous forme réelle. Le public était invité à se faire tirer le portrait dans la peau des deux Misters via une fresque en bois percée au niveau des visages. Les participants étaient ensuite encouragés à visiter le site de la Plate-forme à partir duquel ils pouvaient, moyennant quelques connaissances au sujet des MST, télécharger leur photo et leur message de prévention en vue de les envoyer à leurs connaissances.

La diffusion des outils

Les affiches, cartes postales, autocollants, brochures et préservatifs ont été relayés auprès des jeunes via le monde associatif, les écoles, les lieux de sortie, les Centres locaux de promotion de la santé, les organismes de prévention du sida et des MST, ainsi que le secteur de la promotion de la santé.
Comme de coutume, la Plate-forme a profité des grands événements estivaux tels que les concerts et festivals pour distribuer ses divers outils d’information et de prévention. La fresque animée est utilisée afin d’attirer les jeunes à réfléchir, de manière ludique et participative, à la question du sida et au port du préservatif.
Les spots TV et radio ont été diffusés sur les chaînes généralistes et locales de la Communauté française.
Les quatre affiches ont quant à elles fait l’objet d’une diffusion dans la presse locale, régionale et thématique, tandis que les cartes postales ont été distribuées dans le réseau «Boomerang» en Wallonie, à Bruxelles et à la côte belge.
Colette Barbier
Informations complémentaires et commande des outils de la campagne: Plate-forme prévention sida, Avenue Emile de Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 733 72 99. Fax: 02 646 89 68. Mél: preventionsida@skynet.be. Site: https://www.preventionsida.org

L’alcool, un dangereux membre de la famille

Le 30 Déc 20

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A l’occasion de son monitoring du phénomène des drogues en Communauté française (1), Eurotox dresse le constat inquiétant selon lequel l’alcool est un produit si familier que son usage, et dans une mesure très large son mésusage semblent occuper une place dans notre société (voire «remplir une fonction») dont seuls certains acteurs du champ socio-sanitaire semblent réellement s’émouvoir.
C’est un fait reconnu par la plupart des acteurs et des bilans: le mésusage d’alcool suscite bien moins de réaction, d’intérêt et d’interventionnisme que l’usage de drogues illicites.

Il faut dire que le produit «alcool» fait partie depuis toujours de notre culture, de nos traditions et de notre quotidien. Et ce en dépit du fait qu’il cause environ 4.000 des 100.000 décès annuels en Belgique, qu’il induirait des pertes évaluées à 1% du PNB (en raison du travail sous influence de l’alcool), et entraînerait dans son sillage une consommation excessive chez 12% des hommes et 8% des femmes (2).
Mais comment expliquer une familiarité qui confine presque à l’indifférence?

Statu quo politique, lois lacunaires

Le programme quinquennal de promotion de la santé en Communauté française 2004-2008 dresse le même constat que son «prédécesseur» (1998-2003): l’attention accordée aux drogues illicites prévaut sur l’intérêt porté à l’accoutumance à l’alcool. En soi, cette conclusion est déjà un aveu de carence: les cinq années précédentes, malgré la volonté politique affichée en ce sens, n’ont pas vu l’écart se réduire.
Les experts chargés du rapport en vue d’un plan concerté dans le domaine des assuétudes (3) ont eux aussi mis en garde contre le déséquilibre persistant entre drogues légales et illégales. Or, ce rapport a été remis un an après le début du deuxième plan quinquennal, signe qu’entre-temps les choses n’ont pas changé du tout au tout.
Quant aux textes légaux, ils interdisent assez mollement l’incitation (via la publicité) à boire des spiritueux. Cette interdiction ne s’applique qu’aux débits de boissons eux-mêmes, et encore ne concerne-t-elle pas les bières et les vins…
La délivrance d’alcool à des mineurs n’est, elle, abordée que dans des textes légaux qui en parlent à la marge de leur objet principal (en l’occurrence le contrôle et les autorisations de patente, et la répression de l’ivresse). Elles ne protègent d’ailleurs d’une délivrance de «boissons enivrantes» dans les débits de boissons que les seuls mineurs de moins de 16 ans. Quid des autres?
Quant à l’interdiction de vendre des spiritueux à tous les mineurs, elle souffre de tels écarts (interdiction dans les débits – quid des magasins?) que l’accès aux premix/alcopops/limonades alcoolisées est devenu un débat national.
Il faut savoir à ce sujet qu’une interdiction totale (pas seulement dans les débits de boissons) de la vente d’alcool aux mineurs de moins de 16 ans entraînerait le retrait de toutes les boissons alcoolisées des distributeurs automatiques non surveillés, en ce compris les bières. Cette limitation deviendrait dès lors très délicate, les lois dans le domaine résultant d’un compromis entre tous les acteurs en jeu. Ce tous inclut bien évidemment les alcooliers et les «finances» via les droits d’accises perçus.

Les lois en cours ne semblent donc pas constituer un recours suffisant dans la gestion du phénomène. Qu’en est-il alors des messages aux consommateurs? Tenons-nous en ceux-ci (messages des alcooliers / messages de promotion de la santé) la clé d’une approche qui réconcilierait toutes les parties (par le contrôle et l’interdiction des messages incitant à une consommation irresponsable / par la création et la diffusion de messages incitant à une consommation responsable)?

Publicité pour les boissons alcoolisées: efficacité d’une convention avec le secteur privé?

Le cadre fixé pour assurer que les stratégies de diffusion des boissons alcoolisées respectent la santé des consommateurs est contenu tout entier dans un code de bonne conduite (une convention, en fait) autour de la publicité, avalisé par le Ministre de la Santé et signé par les alcooliers, les professionnels de l’Horeca et ceux de la distribution.
Le code vise toute communication favorisant la vente de produits contenant plus de 1,2% d’alcool: il interdit d’ associer la consommation d’alcool à la réussite sociale, sexuelle ou professionnelle , (ou de) viser ou utiliser des moyens qui aboutissent à viser spécifiquement les mineurs ; il impose dans les média (sauf spot radio de moins de 10 secondes) que toute publicité pour une boisson alcoolisée soit accompagnée de la mention «Notre savoir-faire se déguste avec sagesse»; il bannit ce genre de publicité des publications enfantines, des salles de cinéma proposant des films pour enfants, mais aussi 5 minutes avant, pendant, et après les émissions s’adressant aux enfants; enfin il interdit la vente de boissons alcoolisées dans les écoles ou leur voisinage, tout comme la confusion (par proximité physique) entre «alcopops» et limonades dans les rayons des commerces.
Le groupe porteur «Les Jeunes et l’alcool» (4), s’est élevé contre la signature de cette convention. En effet, les codes de bonne conduite sont limités: d’abord, ils ne sont pas applicables aux producteurs non signataires, et même pas toujours appliqués par les signataires eux-mêmes.
Secundo, les producteurs montrent aujourd’hui patte blanche en déclarant que les alcopops ou «prémix» sont destinés au public adulte consommateur d’alcool, mais tout indique qu’ils s’adressent plutôt aux jeunes (goût, design…).
Tertio, l’explosion de ce nouveau marché n’a pas provoqué une nouvelle chute des ventes des alcools plus classiques (vin, bière, spiritueux).
Enfin, l’arbitre de cette auto-régulation des professionnels est le JEP (Jury d’éthique publicitaire). Or, ce dernier est financé par les annonceurs et les publicitaires eux-mêmes. Certes, y furent associées des organisations de défense des consommateurs (le CRIOC – qui l’a quitté aujourd’hui – et Test Achats). Mais cela peut-il être suffisant, quand tant de signataires de la convention en sont à la fois juges et parties?
De plus, le Ministre Demotte avait annoncé un article spécial dans la loi de 1977 sur les denrées alimentaires, qui rendrait cette convention contraignante . Cet article existe enfin (5), mais à bien y regarder il précise seulement que le Roi peut approuver ce type de conventions (nommément des conventions qui visent à encourager une consommation raisonnable des boissons contenant de l’alcool – Art. 7bis. § 1er.). On ne perçoit pas bien où est la contrainte, ce qui provoque d’ores et déjà le branle-bas de combat au sein du groupe porteur.
L’adoption de cette convention semble d’autant plus «cosmétique» que le mécanisme régulateur (une plainte auprès du JEP, suivie du retrait de la pub ou éventuellement d’astreinte), se déroule en un temps plus long que le temps habituel d’une campagne de pub. Même si le JEP donne raison au plaignant, le mal est fait et la pub a déjà disparu.
Et que dire de l’«incitation» à une consommation modérée: «notre savoir-faire se déguste avec sagesse»? Les alcooliers qui ont signé la convention remplaceraient-ils sans broncher cette phrase par un message de prévention plus compréhensible, comme de ne pas dépasser 3 ou 4 verres quotidiens en moyenne pour les hommes, et 2 verres pour les femmes (seuil de la consommation à risque selon l’Organisation mondiale de la santé)?
Les publicités filmées pour apéritifs ou spiritueux de grandes marques sont par ailleurs très clairement et régulièrement connotées sexuellement. Rhum des caraïbes, apéritif italien, crème de café… provoquent le même déferlement de (beaux) corps dansants et luisants de sueur, d’amants dans le placard, de baisers sur les lèvres de l’heureux consommateur… Les plaintes n’affluent pas pour autant au JEP, aux dernières nouvelles en tout cas.
Résumons nous: lois lacunaires et mal appliquées, publicités préférant – bien sûr – le commerce aux messages de modération, convention d’auto-régulation non-contraignante et à l’application hasardeuse et, finalement, manque de réaction de la société civile devant les divers messages de réussite véhiculés par les pubs pour l’alcool. Que reste-t-il dans l’arsenal préventif, si ce n’est d’éventuelles campagnes d’information largement diffusées, comme les prônait une résolution de la chambre sur les alcopops (6)?

Campagnes médiatiques, espaces de radiodiffusion gratuits: la dernière chance?

Il faut savoir ou se rappeler que des espaces de radiodiffusion gratuits sont mis à disposition du Gouvernement de la Communauté française chaque année par les organismes de radiodiffusion, en contrepartie des espaces occupés par des pubs pour alcools ou médicaments (et en volume ou temps identique à ces espaces de pub). Or, ces espaces gratuits ne furent consacrés entre 1998 et 2002 qu’à 6,9% aux assuétudes. Ces 6,9%, selon les «Eléments de bilan du plan quinquennal 1998-2003 et réflexions», étaient entièrement dédiés au tabac.
Pour mémoire, en 2004, sur les 11 avis positifs remis par le Conseil supérieur de promotion santé sur les demandes de diffusion, il y avait 2 campagnes «tabac», et aucune autre demande portant sur un autre produit pouvant entraîner une accoutumance.
A la longue liste des textes/instances/lieux/champs d’action ne montrant qu’un intérêt très marginal pour l’alcool, on peut donc rajouter les campagnes médiatiques sur les espaces pourtant gratuits, mis à disposition de la Communauté française par les organismes de radiodiffusion en vertu de l’Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 18 janvier 1995.

Conclusions

On ne voit pas bien qui, en dehors peut-être de certains acteurs du secteur socio-sanitaire, veut ou va réellement s’occuper de l’alcool, ou en tout cas de la prévention spécifique de son mésusage, en termes de consommation récréative et responsable, d’apprentissage cadré pour les jeunes, de réel contrôle des stratégies de marché agressives dirigées vers ces jeunes, etc.
Encore faut-il que ces acteurs socio-sanitaires, qui commencent à gagner enfin un peu de liberté après 35 années d’un «tout au répressif» qui a lourdement grevé la mise en place de leurs structures de prévention, s’accordent la latitude d’enfin prêter à cette drogue licite aux abus ravageurs toute l’attention qu’elle mérite (7).
Alors les constats (concernant l’alcool) du rapport d’experts aux ministres en charge de la santé en Communauté française, en Région wallonne et en Région bruxelloise, préalable à un plan concerté de prévention, d’aide et de soins en matière d’assuétudes ne resteront peut-être pas lettre morte.
Alors peut-être, des recommandations comme la globalité de l’approche (promotion du choix et de la consommation responsable, que ce soit des drogues licites ou illicites), la spécificité (promotion de projets dédiés exclusivement à l’alcool et son mésusage), le partage de savoir entre acteurs dédiés (intervenants du champ socio-sanitaire) et non dédiés (enseignants, éducateurs, etc.), la réduction des risques (à appliquer enfin à l’alcool – et aux drogues licites – comme à l’ensemble des drogues illicites), peut-être enfin, disions-nous, ces recommandations – parmi d’autres – s’incarneraient-elles en actes qui les sortiraient d’un monde de fantasmes pour les faire entrer dans le réel (8).
Peut-être…
Miguel Rwubusisi , Eurotox, Observatoire socio-épidémiologique Alcool-Drogues en Communauté française
Adresse de l’auteur: Eurotox, avenue Emile de Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 644 22 00 – Fax: 02 644 21 81. Courriel: eurotox@skynet.be, site: https://www.eurotox.org

(1) Eurotox asbl, L’usage de drogues en Communauté française, rapport Communauté française 2004-2005, juin 2006.
(2) Voir Degreef T., Pacolet J. & Bouten R. Sociale kosten-batenanalyse van alcoholgebruik en -misbruik in België, 2003, mais aussi Cattaert G. & Pacolet J., Alcoholgebruik en -misbruik naar leeftijd in België
Analyse op basis van de gezondheidsenquête en het huishoudbudgetonderzoek, 2004
(3) Constats et recommandations en vue d’un plan concerté en matière d’assuétudes (RW/CF/CCF), Collège d’experts Région Wallonne, Communauté française, COCOF, juin 2005.
(4) Fédération des centres de jeunes en milieu populaire – Fédération des Etudiant(e)s Francophones – Groupe RAPID – Infor-Drogues – Jeunesse et Santé – Ligue des Familles – Mutualité socialiste – Prospective Jeunesse – Univers santé
(5) 17 novembre 2006. – Loi modifiant la loi du 24 janvier 1977 relative à la protection de la santé des consommateurs en ce qui concerne les denrées alimentaires et les autres produits.
(6) Proposition de résolution relative à la consommation d’alcool par les mineurs. Doc. Parl., Chambre des représentants de Belgique, 3 mars 2005, p5.
(7) Voir ou revoir: Les jeunes et l’alcool, vers un réseau, Les actes du colloque 18 mai 2004 , in Les Cahiers de Prospective Jeunesse , n° 32, Bruxelles.
(8) Op. Cit.

Réduction des émissions de CO2. L’industrie automobile fait du surplace

Le 30 Déc 20

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Les constructeurs automobiles européens ne respectent pas les objectifs de réduction des émissions de CO2 auxquels ils se sont engagés vis-à-vis de la Commission européenne (1): c’est ce qui ressort d’une étude réalisée par Transport and Environment – T&E;, fédération européenne active en matière de transport durable (2) – portant sur les émissions moyennes des voitures neuves vendues en 2006.
Pour Inter-Environnement Wallonie et Greenpeace, ces données démontrent, s’il en était encore besoin, que les accords volontaires sont inefficaces et que des normes contraignantes sont indispensables pour obtenir des résultats tangibles dans un secteur détenteur d’une grande partie de la solution aux changements climatiques.
Selon les données publiées par T&E;, les émissions moyennes des voitures neuves vendues en 2006 par les constructeurs européens (ACEA) sur le territoire de l’Union furent de 160 gCO2/km, soit une réduction de moins d’un demi gramme – ou 0,2% – par rapport à l’année précédente. L’ACEA, qui a «pesé» 81% des ventes en Europe lors de cet exercice, s’était engagée à atteindre 140 gCO2/km en 2008. Il est aujourd’hui quasiment certain qu’elle ne respectera pas cet engagement.
Les constructeurs japonais (JAMA) et coréens (KAMA) affichent des progrès un peu plus conséquents (- 5 et – 3 grammes) mais les émissions moyennes de leurs véhicules – respectivement 161 gCO2/km et 164 gCO2/km – restent supérieures à celles des européens.
Pour Pierre Courbe , chargé de mission «Mobilité» chez IEW, « les résultats parlent d’eux mêmes Depuis leur engagement volontaire , les constructeurs automobiles n’ont cessé de développer des véhicules plus grands , plus lourds et consommant plus de carburant . On peut aujourd’hui affirmer que cet engagement volontaire ne valait pas le papier sur lequel il était écrit ! Il apparaît donc plus que jamais évident qu’il faut mettre en place une législation contraignante et des objectifs à long terme
Les chiffres montrent que le poids moyen des véhicules a augmenté de 18 kg en 2006, prolongeant une tendance à la hausse inscrite dans le long terme. Ceci alors même que la réduction de poids est l’une principales techniques pour améliorer l’efficacité énergétique et donc réduire les émissions de CO2 (qui sont proportionnelles à la consommation)…
Ce n’est pas pour rien que l’ACEA mène actuellement un lobbying très actif auprès des instances européennes afin d’obtenir des normes CO2 plus élevées pour les véhicules lourds, tels les 4X4 (ou SUV pour Sport Utility Vehicle). Pourtant, par-delà la nuisance environnementale, un autre rapport publié par T&E; suite à une série d’études démontre que des voitures plus lourdes sont également plus dangereuses (3)!
Depuis que la Commission européenne a dévoilé son intention de mettre en place des objectifs de réduction contraignants (4), les constructeurs automobiles ont annoncé un nombre impressionnant d’initiatives de «marketing vert»: Efficient Dynamics (BMW), ECOnetic (Ford), eciFLEW (Opel), eco2 (Renault), BlueMotion (VW), etc. Ce qui fait dire à Joeri Thijs , chargé de la campagne Climat-Transport pour Greenpeace: « Durant ces derniers mois , les constructeurs automobiles européens ont inventé suffisamment de labels verts pour remplir un dictionnaire . C’est maintenant le rôle de l’Europe de faire en sorte que ce fourmillement se traduise en réductions d’émissions effectives . Ceci en mettant en place un premier objectif contraignant de 120 gCO2 / km à l’horizon 2012 et d’autres objectifs intermédiaires pour arriver , in fine , à 80 gCO2 / km en 2020
De fait, les constructeurs ont gardé dans leurs tiroirs des développements technologiques permettant d’améliorer l’efficacité énergétique des véhicules et ils commencent à les sortir maintenant que le «risque» d’une régulation contraignante se précise. Ainsi Thomas Weber, directeur Recherche & Développement chez DaimlerChrysler, déclara en juillet à «Automotive News Europe» que Mercedes aurait pu équiper la seconde version de sa classe A d’une technologie stop-start (réduisant les consommations) dès sa mise sur le marché, il y a trois ans. « Nous l’avions prête dans un tiroir , mais il n’y avait pas de demande pour cela nous l’avons donc gardé de côté » a-t-il déclaré. « Maintenant , les conditions ont changé .» ( 5 )
Le Comité Environnement du Parlement européen a voté récemment un «avis» sur les réglementations CO2 des voitures neuves, en préliminaire à une proposition législative de la Commission européenne. Inter-Environnement Wallonie et Greenpeace demandent aux autorités belges compétentes d’user de toute leur influence pour que les mesures proposées soient à la hauteur des enjeux…
Le rapport de T&E; sur les émissions de CO2 des voitures neuves pour l’année 2006
peut être téléchargé sur le site:
https://www.transportenvironment.org/docs/Publications/2007/2007-09_progress_voluntary_commitment_2006.pdf
(1) En 1998, l’Association des Constructeurs Automobiles Européens (ACEA) s’est engagée vis-à-vis de l’Union européenne, sur base volontaire, à réduire les émissions de CO2 des voitures neuves à 140 g/km à l’horizon 2008, partant de 186 g/km en 1995. Un an plus tard, les constructeurs japonais (JAMA) et coréens (KAMA) ont pris le même engagement pour l’échéance 2009.
(2) T&E; est la principale organisation environnementale travaillant spécifiquement sur les transports au niveau européen. En collaboration avec ses 49 organisations membres issues de 21 pays, T&E; promeut une approche des transports et de la mobilité respectueuse de l’environnement. https://www.transportenvironment.org
(3) Pour plus d’informations sur les normes basées sur le poids, voir le communiqué de presse de T&E; du 29/08/07: https://www.transportenvironment.org/Article457.html
(4) La Commission européenne a annoncé une première fois, dans un rapport publié en août 2006, que l’industrie automobile pourrait être soumise à des mesures contraignantes si elle échouait à améliorer ses performances en termes de réduction des émissions de CO2 ( https://www.transportenvironment.org/Article212.html ). Ceci a été confirmé dans une communication sur les voitures et le CO2 publiée en février 2007. Une proposition de législation n’est pas attendue avant fin 2007 ou début 2008.
(5) «Mercedes vows to out-green rivals», article publié dans Automotive News Europe, 23 juillet 2007.

Le Chat-Accueil, des bénévoles à l’écoute sur le net

Le 30 Déc 20

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Active depuis 1959, l’association Télé-Accueil Bruxelles propose une écoute à toute personne en difficulté sur le plan moral, social ou psychologique et qui souhaite en parler dans l’anonymat et la confidentialité.
Effectuée par une équipe de bénévoles spécialement formés à cet effet, cette écoute se faisait jusqu’il y a peu exclusivement par téléphone grâce à un numéro gratuit, le 107 . Consciente de l’évolution des technologies de communication et soucieuse d’offrir son aide à un public plus large, Télé-Accueil Bruxelles propose, depuis le 11 octobre 2005, une prise en charge par «chat» sur Internet.

Pourquoi?

Télé-Accueil Bruxelles est la première association d’écoute en Belgique francophone à proposer un tel service. Sans but lucratif, entièrement gratuite, l’écoute par téléphone, au vu de ses 51.180 entretiens recensés au cours de l’année 2006, correspond à un besoin réel auquel Télé-Accueil Bruxelles tente de répondre le mieux possible. Il n’en reste pas moins qu’elle laisse sur le carreau un certain nombre de personnes en grande difficulté d’expression orale ou d’audition. D’où l’intérêt de développer parallèlement d’autres techniques gratuites d’écoute permettant de toucher un public différent, composé également d’individus plus jeunes puisque plus à l’aise avec l’utilisation d’un ordinateur.

Année

Moyenne d’appels par an Moyenne d’appels/jour
60-64 5.340 14
65-69 3.605 10
70-74 4.780 13
80-84 21.039 57
85-89 27.392 75
90-94 33.685 92
94-99 40.858 112
2000-2004 43.460 119
2005-2006 48.758 133

Un projet, une philosophie, une équipe de bénévoles

L’équipe

Forte de 90 écoutants liés par un engagement libre et gratuit (deux traits essentiels du volontariat), l’équipe des bénévoles de Télé-Accueil Bruxelles est mue par la conviction que chaque personne mais aussi chaque parole a de la valeur. Pouvoir parler et être écouté peut redonner confiance à l’appelant qui est ici considéré comme un être à la place duquel il n’y a pas à décider.
Lors de la conversation, l’écoutant s’efforcera donc de mettre en place un «espace d’écoute» au sein duquel il n’émettra pas de jugement sur ce qui convient de faire face au problème de l’appelant. L’important est d’écouter… La conversation restera toujours anonyme et confidentielle. L’anonymat favorisera, du côté de l’appelant, la prise de parole. L’espace de discussion sera ainsi le plus dégagé possible de toute forme de représentation sociale et permettra à l’appelant une communication moins bridée. Pour ce qui est de l’écoutant, l’anonymat participe au maintien d’une certaine distance. L’écoutant se tient en retrait, ce qui est bien sûr nécessaire à une position d’écoute.
Il nous tient également particulièrement à cœur de souligner le caractère bénévole de l’engagement des écoutants de Télé-Accueil Bruxelles. A une époque où les choses bougent vite et où le profit tient une place particulièrement importante, il est bon de constater que des personnes sont prêtes à s’engager dans une démarche altruiste, complètement gratuite et ce pour une période de temps relativement longue (chaque écoutant reste, en moyenne, 5 ans et demi à Télé-Accueil Bruxelles). Le profil des écoutants étant varié, ceci induit également une réelle richesse permettant une pluralité dans les sensibilités qui seront à l’œuvre lors de l’écoute.
Ainsi, René, écoutant pendant 24 ans à Télé-Accueil, nous dit: « A 18 ans , j’avais une devise , « servir ». J’ai eu besoin de gens qui m’ont aidé et après ma vie professionnelle , par solidarité , j’ai voulu aider aussi
Tandis que Marie-Hélène témoigne:
«J’étais femme au foyer, j’ai été aussi traductrice et je suis venue à Télé-Accueil au moment où mes enfants sont allés à l’école. J’étais plus libre et je voulais faire quelque chose d’autre.
J’ai vécu aussi avec des personnes difficiles qui ne m’écoutaient jamais. Une expérience très douloureuse pour moi et mes enfants. Et c’est certainement pour cela que l’écoute est très importante pour moi. C’est ce qui m’importe et je me rends compte que c’est une chose essentielle dans la vie. Je ne me suis pas rendu compte de cela au début de mon engagement. C’est à travers la formation continue que j’en ai pris le plus conscience.»

Toutefois, le bénéfice que les écoutants retirent à long terme de cette activité les conforte dans leur démarche et explique aussi la durée relativement longue de leur engagement à Télé-Accueil Bruxelles. Philippe l’exprime à sa manière en disant que « Tout ce qui se passe à Télé Accueil Bruxelles m’aide profondément à garder les pieds sur terre . Je suis partie prenante du monde tel qu’il est . Chaque coup de fil me le rappelle et j’en suis reconnaissant ».

La recherche de bénévoles, un secteur clef…

Si en 2006 ce sont plus de 50 000 appels qui ont été pris en charge, il est important de signaler qu’un nombre bien plus important d’appels est resté sans réponse. Télé-Accueil Bruxelles est en effet loin de pouvoir répondre à la demande qui lui est adressée. Un plus grand nombre de bénévoles permettrait de pouvoir y faire face de manière encore plus efficace. Par ailleurs, Télé-Accueil Bruxelles connaîtun certain «turnover» au niveau de son équipe d’écoutants bénévoles. La fluctuation générale à ce niveau est d’environ 12 écoutants à renouveler tous les ans. Il va sans dire que ceci constitue un véritable défi pour Télé-Accueil Bruxelles et nécessite de notre part un travail continu afin de nous faire connaître par de futurs bénévoles. Nous sommes donc en recherche permanente de candidats bénévoles.

Principaux thèmes en 2006 Hommes Femmes Total
1 Difficultés relationnelles 1.414 2.784 4.198
2 Etat de dépression 1.239 2.905 4.144
3 Anxiété/angoisse 1.162 2.799 3.961
4 Sentiment de solitude 1.334 2.360 3.694
5 Relations parents/enfants 818 1.740 2.558
6 Tristesse 665 1.878 2.543
7 Problèmes familiaux 511 1.884 2.395
8 Isolement 788 1.486 2.274
9 Etat de confusion 810 1.285 2.095
10 Maladie 646 1.197 1.843
11 Alcool 655 390 1.045

La formation: écouter, cela s’apprend

Les aspirants bénévoles sont amenés à suivre, avant leur «engagement», une formation à l’écoute de 25 heures au terme de laquelle ils seront retenus ou non. Une fois impliqués dans le projet de Télé-Accueil Bruxelles, ils devront assurer 4 heures de permanences par semaine, que ce soit par téléphone ou sur le Chat Accueil . Un travail de formation continue est également requis sous la forme d’une participation, 2 heures par mois, à un groupe de supervision animé par une personne extérieure à l’association. Ce groupe de supervision permet à l’écoutant de confronter son expérience d’écoute à celle des autres écoutants et de réfléchir ainsi à ses propres aptitudes, ressources, limites, émotions. Parallèlement à la démarche individuelle de chaque écoutant, le groupe soutient ainsi une dimension collective, souligne que chaque écoutant s’insère dans un projet collectif.
Les écoutants participant au Chat Accueil suivent, en plus des 25 heures mentionnées ci-dessus, une formation en vue de se familiariser avec la communication écrite ainsi qu’avec l’outil qu’ils seront amenés à utiliser. Ils doivent également posséder une année d’expérience dans l’écoute par téléphone avant de pouvoir se lancer dans le Chat Accueil .

Chat-Accueil, les chiffres

Le Chat Accueil est en fonction depuis le 11 octobre 2005.
2 permanences par semaine sont assurées.
12 bénévoles sont affectés au Chat Accueil . Ceux-ci, comme tous les bénévoles de Télé-Accueil Bruxelles, suivent une formation à l’écoute de 25 heures.
En outre, ils suivent 2 séances de 3 heures au cours desquelles ils sont initiés à la communication écrite. Ils se familiarisent également avec l’outil utilisé.
D’octobre 2005 à septembre 2006, le site Chat Accueil a reçu 5418 visites soit 15,4 connections par jour.
Le but du Chat-Accueil étant, entres autres, de toucher un public plus jeune, il est peut être intéressant de comparer les chiffres avec ceux des appels téléphoniques. Sur le graphique ci-dessous, la répartition des appels forme une courbe en cloche comme au téléphone mais, pour le Chat , le sommet se déplace vers les générations les plus jeunes (les moins de 40 ans rassemblent 73,6 % des appels contre 48,9 au téléphone). La tranche d’âge la plus représentée est celle des 20-29 ans (32,4 %), ce qui confirme l’hypothèse que le Chat Accueil permet de toucher un public plus jeune.

Les appelants

Il serait bien sûr facile, d’après les chiffres dont nous disposons, de dresser un portrait robot de l’appelant «type». Globalement plus jeune que l’appelant au téléphone, l’appelant « chat » serait une femme sans emploi et seule, se connectant la plupart du temps pour des problèmes liés à la solitude, au relationnel ou à des troubles psychologiques. Cependant, si nous disons «facile», c’est bien évidemment à dessein tant il semble illusoire de vouloir généraliser des situations qui sont toutes bien spécifiques, différentes dans leur vécu et leur ressenti. Il y a en fait autant d’appelants qu’il y a d’individus composant la population bruxelloise d’aujourd’hui. Chacun avec son genre, sa situation familiale, professionnelle, son vécu. Et avec surtout, en filigrane, ce besoin de parler qui, à lui seul, transcende des profils bien plus diversifiés que ce que les chiffres laissent imaginer.

Chat-Accueil, c’est quoi?

Chat-Accueil propose un échange écrit et instantané par «chat» avec un écoutant bénévole de Télé-Accueil Bruxelles au moyen d’un site Internet sécurisé. Projet pilote, Chat Accueil ne peut pas encore se permettre de fonctionner 24h/24h comme le système d’écoute par téléphone. Disponible à l’adresse https://www.chat-accueil.be , il est actuellement «on-line» pour deux sessions par semaine. Une de celles-ci est fixe (le mardi) et l’autre variable (mercredi ou jeudi). Toutes les informations sur les permanences du Chat Accueil sont disponibles sur le site https://www.chat-accueil.be ou sur https://www.tele-accueil-bruxelles.be . Les horaires sont les suivants: mardi de 20h00 à minuit (fixe), mercredi de 11h00 à 14h00 (en alternance avec le jeudi), le jeudi de 20h00 à minuit (en alternance avec le mercredi).
A l’heure actuelle, 12 bénévoles sont affectés au Chat Accueil . Il est à noter que ceux-ci ne forment pas une équipe parallèle par rapport à celle de l’écoute téléphonique. Ils sont partie intégrante des 100 écoutants cités plus haut et sont donc également amenés à pratiquer l’écoute par téléphone.
Le but du Chat Accueil est d’augmenter l’accessibilité de Télé-Accueil Bruxelles et de l’ouvrir à un public plus large. Les jeunes et les personnes ayant des difficultés d’expression orale ou d’audition sont ainsi principalement ciblés. L’utilisation de l’écrit permet également l’instauration d’un échange plus lent, centré sur une plus grande réflexion.
Celui-ci sera aussi bien souvent plus direct et donnera l’occasion d’exprimer des émotions qu’il aurait été trop difficile d’exprimer de vive voix. S’entendre dire les choses au téléphone est en effet quelque fois trop douloureux… Les thématiques abordées sont globalement les mêmes que celles que l’on peut rencontrer lors des écoutes téléphoniques. Les difficultés relationnelles, la dépression, le sentiment de solitude, l’anxiété ou les problèmes liés à l’alcool sont ainsi le plus souvent mentionnés.
Julien Winkel , responsable communication Télé-Accueil
Pour toute information complémentaire, vous pouvez contacter le secrétariat de Télé-Accueil Bruxelles, au 02 538 49 21.

Vaccination généralisée contre le rotavirus: fort chère pour un bénéfice-santé limité

Le 30 Déc 20

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Une analyse coût bénéfice de la généralisation de cette vaccination a été effectuée à la demande du Centre fédéral d’expertise des soins de santé ( KCE ) par le Centre d’évaluation des vaccinations ( Université d’Anvers ), en collaboration avec le service Recherche & Développement des Mutualités chrétiennes , de l’Institut de santé publique et de la KULeuven . La conclusion du rapport est que les avantages de la généralisation de cette vaccination sont limités par rapport à son coût élevé pour la collectivité . Toutefois , ce coût reste inférieur au coût supporté actuellement dans une situation où les vaccins sont remboursés sur prescription et largement administrés .
Pendant leurs premières années, les enfants entrent en contact avec de nombreux virus et bactéries qui peuvent les rendre malades. Ainsi par exemple, une infection par rotavirus peut provoquer un symptôme important de diarrhée. Celle-ci peut entraîner une déshydratation qui nécessite parfois une hospitalisation de quelques jours.
La vaccination peut sauver des vies d’enfants surtout dans les pays en voie de développement. En Belgique, les décès de nourrissons en bonne santé suite à une infection par rotavirus sont rarissimes voire inexistants.
Deux vaccins oraux ont été récemment mis au point et largement testés. Ils sont administrés aux nourrissons de moins de 6 mois (en deux ou trois prises selon le type de vaccin, avec une première dose administrée à 2 mois).
Le Conseil supérieur de la santé a confirmé leur innocuité et leur efficacité mais précise qu’il conviendrait de collecter des données plus complètes et de les traiter dans le cadre d’une analyse coût-efficacité.
Entre-temps, l’INAMI a décidé de rembourser les deux vaccins sur prescription, comme un médicament classique mais ces vaccins ne sont pas encore repris dans le calendrier des vaccinations gratuites des Communautés (1).
Les chercheurs ont calculé le prix de la vaccination, de la diminution du nombre d’hospitalisations et de consultations, et le gain en termes de qualité de vie des enfants et de leurs parents.
Le bénéfice-santé et l’économie sur les traitements épargnés restent faibles en comparaison avec le prix élevé de la vaccination. Le rapport coût-bénéfice évalué pour les deux vaccins à respectivement 50.000 € et 68.000 € par année de vie gagnée en bonne santé n’est pas très favorable. On peut le comparer à ce qui avait été calculé dans une étude antérieure du KCE au sujet du vaccin anti-pneumococcique, dont le coût par année de vie gagnée en bonne santé ne s’élevait qu’à 10.000 €.
Actuellement, de 60 à 80% des nourrissons belges sont vaccinés contre le rotavirus sur prescription médicale. L’assurance-maladie rembourse de 134 à 140 € sur un montant total d’environ 155€. En organisant une vaccination généralisée, les pouvoirs publics pourraient obtenir une réduction de prix par unité de vaccin, du fait de l’achat en grandes quantités. Ceci permettrait de diminuer le coût unitaire de la vaccination, et surtout de vacciner plus d’enfants (ce qui accroît l’efficience et l’équité du programme). Il n’en reste pas moins que, par rapport à la situation antérieure à l’introduction du vaccin, cela demeure une mesure de santé publique très coûteuse par rapport au peu de bénéfice qu’elle entraîne.
Le texte intégral de cette recommandation (220 pages) est disponible sur le site internet du KCE: https://www.kce.fgov.be (rubrique «publications») sous la référence KCE Reports vol 54B. (1) Le vaccin contre le rotavirus est néanmoins repris dans le calendrier vaccinal de base recommandé par le Conseil supérieur de la santé, version 2007 (ndlr)

Alicademy

Le 30 Déc 20

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Face à nos 200 petits chefs coqs, les restaurants du Brabant wallon n’ont qu’à bien se tenir…

«En Belgique, 11% des jeunes de 2 à 18 ans ont un excès de poids. C’est surtout le cas dans le groupe d’âge de 5 à 10 ans (14%). De plus, 40% des jeunes obèses deviennent des adultes obèses!» Institut Scientifique de Santé Publique ( 2004 ).

D’où est venu le projet Alicademy?

Depuis plusieurs années, Infor Santé, le service de promotion de la santé de la Mutualité chrétienne, s’est attaqué à la «mal bouffe» dans les écoles en proposant différents types d’actions (animations, conférences, distribution de fruits…). Fort de cette expérience, Infor Santé a décidé de sensibiliser les enfants à l’équilibre alimentaire en organisant un concours de cuisine pour les écoles du Brabant wallon. Nous avons contacté toutes les classes de 4e primaire pour les inviter à participer à un concours de recettes inter-école, ‘Alicademy’.
Ce concours a pour but de susciter la création de projets autour de l’alimentation dans les écoles du Brabant wallon. De nombreuses écoles ont pu intégrer à leur programme pédagogique l’équilibre alimentaire. Des petits et grands projets ont vu le jour, comme apprendre l’impératif avec des verbes utilisés en cuisine, organiser des collations collectives équilibrées, apprendre à cuisiner, savoir équilibrer son assiette sur un repas, une journée, une semaine…
Par le jeu, par la pratique de la cuisine et grâce aux cinq sens, les enfants ont pu découvrir ou redécouvrir l’agréable importance de manger équilibré.

Les étapes d’Alicademy

Dans un premier temps une animation sur l’alimentation équilibrée était proposée par les animateurs du service Infor Santé aux classes participantes. En partant de ce que les enfants avaient mangé la veille, l’animateur a fait découvrir les groupes et la pyramide alimentaires. Cette animation de deux heures s’appuyait sur les connaissances des enfants et détaillait les rôles des différentes familles d’aliments. Le but de l’animation n’était pas de stigmatiser les «bons» et les «mauvais» mangeurs, mais bien d’amener l’enfant à avoir une réflexion sur tout ce qu’il mange. L’animation s’est terminée par un grand ‘trivial poursuite’ alimentaire avec toute la classe.
Suite à cette animation, les élèves ont été amenés à concocter un menu équilibré (théorique) pour tous les repas d’une journée (déjeuner, collation, dîner, goûter, souper).
Ensuite, nous leur avons demandé de cuisiner le plat principal en classe . Et il faut avouer que les enfants et leurs enseignants se sont énormément investis dans cette étape du projet. Au menu, à côté des «ravis au lit», on pouvait partir «à la conquête de l’océan» à bord de «bateaux à manger» et être revenu à temps grâce à «l’horloge magique» pour déguster des «Tians de coucou de Malines aux légumes d’été». Mmmmmh!
Etape suivante, l’envoi du dossier de participation au service Infor Santé. Ce dossier devait contenir le menu de la journée (théorique), la fiche recette détaillée et des photos représentatives de la préparation de la recette.
Un jury composé d’un médecin, d’une diététicienne, d’Infor Santé et de Jeunesse et Santé (le service jeunesse de la Mutualité chrétienne) a eu la dure tâche de départager toutes ces magnifiques recettes. Elles ont été évaluées sur base des critères suivants:
-respect de l’équilibre alimentaire: quantités et portions respectées selon l’âge des enfants, variété des produits choisis;
-photos de la recette: esthétique, présentation, ambiance, folklore des cuistots;
-coût du menu et de la recette choisie;
-accessibilité et facilité de réalisation par les enfants (facilement reproductible à la maison);
-enfin, originalité de la recette.
Le concours, évaluant les recettes équilibrées réalisées en classe, a sacré les trois classes suivantes:
Ecole communale de la Maillebotte (Nivelles) avec la classe de Mme Vermeyen;
Ecole Christian Merveille ( Folx-les-caves) avec la classe de Mme Doucet;
Ecole communale de Dion-Valmont avec la classe de Mr Pronce.
Pour remercier tous nos petits chefs coqs, nous avons organisé une journée ludique et festive à Nivelles le samedi 17 mars 2007. Au menu:
-une grande exposition de toutes les recettes des classes participantes (photos, recettes, commentaires du jury…);
-un grand jeu autour de l’alimentation pour les petits et les grands organisé par Jeunesse et Santé;
-un goûter équilibré (salade de fruits réalisée par les enfants);
-la très attendue remise des prix aux trois meilleures recettes; les classes gagnantes ont reçu des chèques cadeaux de 300, 200 et 100 euros pour acheter du matériel de sport;
-un sac à dos de sport a été offert à tous les enfants présents.
Cette journée fut un franc succès. Via cet article nous tenions une nouvelle fois à remercier tous les enseignants, enfants et parents pour leur investissement dans ce magnifique projet. Nous savons qu’il a demandé beaucoup de temps aux classes qui ont participé, alors, encore une fois, bravo!
Vous désirez voir les recettes des classes, les photos du projet, les photos du 17 mars… ou tout simplement avoir plus d’infos: rendez vous sur https://www.alicademy.be
Vous pouvez aussi prendre contact avec le service Infor Santé Brabant wallon, boulevard des Archers 54, 1400 Nivelles. Tél.: 067 89 36 87 ou mél: pierre.squifflet@mc.be ou Jeunesse et Santé (067 89 36 51).
On vous attend pour Alicademy 2007-2008!
Pierre Squifflet , Infor Santé Brabant wallon

Le risque cardio-vasculaire global: des outils pour chaque étape

Le 30 Déc 20

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Dans son précédent article (1) sur la promotion de la santé cardio-vasculaire, le Dr Jean Laperche rappelait le rôle central du médecin généraliste. Il est un «scientifique de proximité» qui peut conseiller son patient dans cette démarche de promotion d’une meilleure santé cardio-vasculaire. Mais comment aborder le patient dans ce côté préventif alors que le médecin généraliste est déjà débordé par les soins curatifs?
Au quotidien, le médecin généraliste a déjà une approche globale du patient, tant médicale que sociale. Il connaît le contexte de vie de celui-ci. C’est un premier point. Il peut aussi aborder les autres questions (tabac, alimentation, exercice physique…) qui lui permettront de mesurer avec le patient son risque cardio-vasculaire global.
Cela peut se faire en 3 étapes (2): dépistage, détermination du risque et prise en charge. Mais comment insérer cette démarche préventive dans un quotidien fait surtout de consultations à visée curative? Pour ce faire, nous vous proposons un petit mode d’emploi d’outils de communication faits par des généralistes pour des généralistes.

Proposer le dépistage!

«Je suis convaincu de l’utilité du dépistage cardio-vasculaire, mais est-ce que je ne risque pas de l’ennuyer, ce patient qui vient pour tout autre chose que sa santé cardio-vasculaire?» «Pas toujours le temps d’expliquer l’utilité du dépistage cardio-vasculaire alors que la salle d’attente est bondée!».
Ce sont donc toujours les mêmes raisons qui expliquent la difficulté de faire de la prévention en médecine générale. Et pourtant de nombreuses études nous apprennent que les patients apprécient que leur médecin se préoccupe de leur santé en abordant la prévention avec eux (3)! Dur dur d’appliquer ces principes!

Cette recherche-action est conçue et réalisée par et pour des généralistes rassemblés au sein de l’asbl Promotion Santé et Médecine générale, née d’un partenariat entre la SSMG et la Fédération des maisons médicales et créée à la suite du projet.
Elle continue toujours en 2007: affiche pour la salle d’attente, documents pour les patients, cadastre des ressources locales pour l’accompagnement des patients présentant un risque cardio-vasculaire, formation et discussion de cas de suivi de patients à risque cardio-vasculaire identifié.
Des intervisions et les prémisses d’un travail en partenariat avec des associations actives en promotion de la santé sont prévues aussi cette année.
Le présent article s’adresse aux médecins généralistes, mais toute personne appréciant l’effort de la première ligne pour changer de paradigme le lira aussi avec profit!

Qu’est-ce qui pourrait bien nous aider à proposer le dépistage du risque cardio-vasculaire global en l’absence de symptômes d’alerte? Et qu’est-ce qui pourrait pousser le patient à en parler à son médecin? Une première réponse pourrait être un outil pour la salle d’attente.
L’asbl Promotion santé et médecine générale a conçu «L’ABC du coeur» qui se décline sous deux formes: une affiche et un carnet à feuillets détachables destinés au patient. Testés auprès d’un groupe de patients, ces outils ont été bien accueillis.

L’ABC du cœur, quel message?

ABCDEFGH: les 8 facteurs de risque décrits dans l’article «L’ABC du risque cardio-vasculaire global» sont repris sous forme de phrase courte et à la première personne : «J’ai plus de 50 ans», «Je suis fumeur/fumeuse»…
Concerné par au moins une des 8 propositions, le patient apprend qu’il risque peut-être d’avoir une maladie du coeur ou des artères dans les 10 prochaines années; il est invité à en parler à son médecin pour envisager avec lui ce qu’il y a de mieux à faire dans son cas.

La détermination du risque

Comme décrit plus haut, le temps nous est souvent compté. Il fallait donc également un outil permettant de proposer aux patients qui le désirent une détermination de leur risque cardio-vasculaire. Pour cela, nous vous proposons la plaquette «Comment déterminer le risque cardio-vasculaire global?» inspirée d’une recherche menée par le Prof. Boland et collaborateurs (ESP-UCL) et ayant fait l’objet d’un consensus en 2003 entre le FAG, la FMM, la SSMG, le DMG de l’ULB, le DUMG de l’ULg, l’OSH, le CUMG de l’UCL et Question Santé.
En effet, 88% des généralistes volontaires ayant participé à la recherche-action en 2004 (4) et ayant utilisé cette plaquette ont estimé cette stratégie réaliste et faisable dans leur pratique quotidienne. Cela leur a pris en moyenne 5 minutes.
Dans cette plaquette, toutes les étapes de la détermination du risque se retrouvent:
• les 8 facteurs de risque à prendre en compte pour le dépistage du risque cardio-vasculaire global;
• l’ algorithme permettant de catégoriser d’emblée les patients dans l’un des 4 groupes suivants: patient à risque élevé, patient à risque bas, patient dont le seul facteur de risque est le tabagisme et patients dont le risque reste à préciser suite à une prise de sang (vous pouvez ainsi, très rapidement, classer 1 patient sur 2 parmi vos patients âgés de 30 à 75 ans);
• les tables Score Belgium qui vous permettent de classer les patients en différentes catégories de risque en fonction des résultats de leur prise de sang;
• une série de questions issues du guide d’entretien mentionné ci-dessous vous permettant d’entrer dans le monde du patient pour un accompagnement centré sur son contexte de vie, ses habitudes, ses projets…
• les cibles thérapeutiques prioritaires avec leur niveau EBM.

Pour terminer: la prise en charge des patients à risque

L’outil proposé aux médecins généralistes ayant participé à la phase pilote en 2004 pour l’accompagnement des patients à risque (5) (6) était un guide d’entretien (7).
La philosophie de ce guide est de se centrer sur le monde du patient. Ce guide d’entretien ne sert pas au dépistage mais plutôt à l’accompagnement. Le point de départ de la réflexion commune du patient et du médecin est donc la vie quotidienne et la santé du patient et, seulement ensuite, les maladies ou les risques de maladie encourus par le patient.
Ce guide d’entretien suggère au médecin qui revoit le patient à risque quelques questions lui permettant de rencontrer le monde du patient, de parler avec lui de ses projets de vie, ses envies et ses possibilités de changement. Il identifie les préférences du patient dans le choix des sujets à aborder (tabac, alimentation, activité physique, excès de poids…). L’objectif est bien entendu de trouver des pistes permettant de travailler avec le patient autour des facteurs de risque qui le concernent et sur lesquels il se sent capable d’agir, dans une négociation commune et une confiance réciproque.

Vous êtes preneurs?

Affiches et carnets ont été envoyés en septembre 2006 à 510 médecins généralistes francophones qui avaient été préalablement formés au dépistage du risque cardio-vasculaire global.
Une nouvelle version papier et informatique de la plaquette ‘Comment déterminer le risque cardio-vasculaire global ?’ est en cours d’élaboration.
La version 2005 est toujours disponible sur les sites Promosanté et SSMG et peut être envoyée sur demande.
Le guide d’entretien vous intéresse? Il est disponible sur le site www.promosante-mg.be dans la rubrique outils.

Conclusion

Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité en Belgique et le médecin généraliste a une place centrale dans le dépistage de celles-ci. Il dispose d’outils adaptés pour le seconder dans sa démarche, le dépistage des patients à risque peut ne prendre que quelques minutes lors d’une consultation, et nous savons que le patient est demandeur de ce type d’action préventive. Pourquoi hésiter?
Valérie Hubens , Chercheur en santé publique, asbl Promotion Santé et Médecine Générale, et Luc Pineux , médecin généraliste

(1) Laperche Jean. La «promotion» de la santé cardio-vasculaire, mais encore? RMG 2007; 242: 163-5 et Education Santé 225 , août 2007
(2) Laperche Jean. L’ABC du risque cardio-vasculaire global. RMG 2006; 236: 395-6 et Education Santé 218 , décembre 2006
(3) Gosselain Yves, Laperche Jean, Prévost Marianne. Les obstacles à la prévention en médecine générale. Santé Conjuguée 1999, 10: 42-45.
(4) Legat Pierre. Les nouvelles recommandations européennes en prévention cardio-vasculaire: qu’est-ce que cela change dans ma pratique? RMG 2004; 212: 164-9.
(5) Laperche Jean, Hubens Valérie. Dépistage du risque cardio-vasculaire global: un projet pilote en médecine générale. RMG 2006; 237: 451-2 et Education Santé n° 219 , janvier 2007
(6) Laperche Jean, Hubens Valérie. Dépistage du risque cardio-vasculaire global: que deviennent les patients dépistés à risque? RMG 2006; 238: 504-5 et Education Santé 220 , février 2007
(7) UCL-RESO (collectif). Guides d’entretien et de suivi pour maladies chroniques. UCL-RESO, Bruxelles, 2002, 2 pages.

Le dopage en Communauté française

Le 30 Déc 20

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La lutte contre le dopage en Communauté française a son «décret du 8 mars 2001 relatif à la promotion de la santé dans la pratique du sport, à l’interdiction du dopage et à sa prévention en Communauté française».
Ce décret se voulait un outil permettant de jeter les bases d’une prévention du dopage en amont du phénomène pointu et circonscrit de la pratique sportive professionnelle. Ainsi, il prévoyait non seulement des contrôles lors de toute manifestation sportive (y compris les séances d’entraînement), mais aussi de pouvoir contrôler toute personne amenée à faire du sport, les amateurs comme les professionnels.
Si cette pratique pouvait ressembler à un «flicage» des amateurs (un joggeur du dimanche était susceptible de se faire contrôler inopinément, au même titre qu’un sportif professionnel), il faut se rappeler que la précédente législature avait assorti cet aspect d’une autre approche: la distribution de brochures de prévention du dopage aux fédérations sportives, aux organismes responsables de la formation des kinésithérapeutes, médecins du sport et professeurs d’éducation physique ou encore dans les établissements de sport-école.

Tableau 1 – Substances détectées en Communauté française

Substance

2004 2005 2006
Stimulants 16 6 11
Narcotiques 1 2 0
Cannabis 39 19 27
Stéroïdes anabolisants 16 7 5
Corticostéroïdes 5 12 1
Hormones 1 0 2
Bêtabloquants 2 3 0
Bêta-2-agonistes 3 6 7
Diurétiques 1 1 1
Refus 13 8 2

Aujourd’hui, ces pratiques sont abandonnées. Le ratio des contrôles amateurs/professionnels a été inversé dès mai 2005 (de 85% – 15% à 15% – 85% a minima ) car le ministre des sports de l’époque (1), Claude Eerdekens a estimé devoir se concentrer sur les professionnels, beaucoup plus exposés selon lui à la pratique du dopage (2). Par ailleurs, on ne distribue plus non plus de brochures de prévention dans les organismes pré-cités.
Le ministre des sports disait rechercher une valeur d’exemple en contrôlant presque exclusivement les professionnels. De fait, ceux-ci sont beaucoup plus «en vue» (ou faut-il dire «au pilori») que les amateurs. Cependant, les sportifs professionnels sont bien plus informés en matière de contrôles que les amateurs: entourés d’un staff de professionnels parfois aveuglés par le profit, ils sont aussi plus à même de «biaiser» les tests.
Quant au mode d’intervention précédent (la distribution de brochures de prévention du dopage), n’eût-il pas gagné à être évalué sur le moyen terme? En effet, ces brochures n’ont été distribuées que durant une petite année (en 2004). Or, leur action s’apparente plus à une course de demi-fond qu’à un 100 mètres…

Quatre ministres dans les starting blocks!

Il faut dire que les compétences des ministres impliqués dans la lutte contre le dopage ont été redistribuées depuis le décret du 8 mars 2001. En effet, lors de la précédente législature, la ministre en charge de la santé était également responsable des contrôles. Or, suite au changement de gouvernement de la Communauté française, les nouveaux arrêtés de compétence des ministres ont attribué la responsabilité de la «prévention du dopage» (brochures…) et des contrôles au seul ministre des sports, tandis que la «promotion de la santé dans la pratique du sport» est l’apanage de la ministre de la santé, Catherine Fonck . Celle-ci, par le biais de la «Cellule dopage» de la Communauté française, a mis en chantier la compilation des réglementations médicales des différentes fédérations sportives. Les indications et contre-indications à la pratique d’un sport sont également de son ressort.
On dirait donc que la ministre de la santé s’éloigne du dopage, qui tombe dans l’escarcelle du ministre des sports (3). Ce dernier semble avoir mis le cap sur des mesures répressives plutôt que préventives au sens où l’entend habituellement le secteur socio-sanitaire.
Qu’en est-il de la région bruxelloise? Ne possédant pas de législation propre, celle-ci s’est dotée, via ses ministres compétents, d’un projet d’ordonnance déléguant les contrôles à effectuer sur son territoire aux communautés flamande et française. Ce même projet d’ordonnance vise à créer un cadre pour des campagnes éducatives, d’information et de prévention pour une pratique saine du sport. En effet, selon les ministres compétents à Bruxelles ( Vanhengel et Cerexhe ), il faut envisager la possibilité d’organiser des campagnes afin de déconseiller aux sportifs amateurs la consommation de produits visant à améliorer leurs performances.
Cela dit, à l’heure de la rédaction de ces lignes, l’ordonnance n’a toujours pas été proposée au parlement de la Région bruxelloise, et les campagnes envisagées n’ont pas vu le jour.
Est-il suffisant de se limiter aux contrôles (en «aval» du processus qui mène à se doper) sans trop se préoccuper en apparence de la promotion de pratiques saines (en «amont» du même processus)? C’est ce qui semble se profiler en Communauté française et en Région bruxelloise.
Les contrôles en eux-mêmes ont sans doute valeur de garde-fou, de garant de l’interdit. Mais si on élargit le débat à d’autres drogues, on peut citer le constat évoqué par la FEDITO bruxelloise à l’occasion de la journée «cannapistes»: la dernière enquête ESPAD (European School Survey on Alcohol and Other Drugs) concluait à l’inefficacité de la seule répression aux fins de réduire la demande de drogues, certains pays plus répressifs (France) connaissant même une demande plus forte (dans l’exemple du cannabis) que les pays plus libéraux (comme les Pays-Bas) (4). Il vaut donc mieux éduquer, en plus de réprimer.
Relevons enfin un étrange mélange des genres auquel on assiste lors des contrôles anti-dopage, puisque l’Association Mondiale Anti-dopage a inscrit le cannabis sur la liste des substances interdites dans le sport. Du coup, la majorité des contrôles anti-dopage positifs en Communauté française le sont au carboxy-THT, substance qui révèle l’usage de cannabis. Outre le fait que la tentation peut exister pour certaines autorités de profiter de cette zone de repérage possible de consommateurs de cannabis, on peut s’interroger sur la pertinence de l’inclusion de ce dépresseur (plutôt calmant, relaxant) dans la liste des produits dopants (plutôt stimulants). Question que n’a d’ailleurs pas manqué de se poser explicitement le Ministre Eerdekens (5)…
Miguel Rwubusisi , Eurotox, Observatoire socio-épidémiologique Alcool-Drogues en Communauté française
Adresse de l’auteur: Eurotox, avenue Emile de Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 644 22 00 – Fax: 02 644 21 81. Courriel: eurotox@skynet.be, site: https://www.eurotox.org

(1) Remplacé en juillet 2007 par Michel Daerden
(2) La Cellule dopage déclare que cette proportion est allée jusqu’à 90% de contrôles chez les pros pour 10% chez les amateurs, mais sans jamais supprimer entièrement ces derniers, contrairement à ce qu’a annoncé la presse (voir à ce sujet «La Meuse» du 07 juillet 2006).
(3) La ministre n’a d’ailleurs pas pris de mesure spécifique en termes de promotion d’une pratique sportive saine et de lutte contre le dopage.
(4) ESPAD (European School Survey on Alcohol and Other Drugs): enquête transversale en milieu scolaire dans 30 pays européens. Il en ressort que des pays appliquant une politique de tolérance présentent des taux de consommation moindres que ceux de pays appliquant un politique plus répressive. Cité in Actes de la journée Cannapistes. FEDITO bruxelloise, janvier 2005, p8.
(5) «La Meuse» du 07 juillet 2006.

Leur savoir s’autorégule-t-il avec sagesse?

Le 30 Déc 20

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Bien que des dérives soient déplorées dans leurs pratiques commerciales, les alcooliers ont généralement conscience des exigences légales de la protection des consommateurs. Mais la législation sur la question est très floue, peu connue et donc peu respectée. Aujourd’hui, la pression des lobbies «alcool» freine considérablement la mise en place d’une législation claire et contraignante, principalement en matière de pratiques commerciales. Ils ont privilégié la piste de l’autorégulation. Mais est-elle efficace? Protège-t-elle réellement le jeune consommateur?
Dans les pays voisins, la publicité pour l’alcool est souvent encadrée, la Belgique se caractérisant par une absence quasi totale de réglementation. Seule la loi du 24 janvier 1977, modifiée en 1997, habilite le Roi à prendre des mesures limitant ou interdisant la publicité pour l’alcool. C’est pourquoi en 2005 le Ministre fédéral de la santé publique a souhaité, en collaboration étroite avec les secteurs concernés, réfléchir à la question. Depuis mai 2005, une convention privée (voir encadré) est conclue entre les fédérations (bières, vins et spiritueux), le secteur de la distribution, le secteur Horeca, les consommateurs et le Jury d’éthique publicitaire.

Que dit la convention?

Concrètement, le texte, dont le contrôle de l’application se fait par le Jury d’éthique publicitaire, comprend une série de dispositions relatives aux jeunes mineurs d’âge:
-la publicité pour les boissons alcoolisées ne peut cibler les mineurs d’âge, ni par son contenu ni par son mode de communication;
-elle ne peut, en particulier, représenter des personnes qui sont ou qui semblent être des mineurs d’âge consommant ces boissons;
-elle ne peut inciter les mineurs d’âge à acheter ou à consommer des boissons alcoolisées en abusant de leur manque d’expérience ou de leur crédulité; ni mettre en scène des mineurs ou toute personne en ayant l’apparence;
-elle ne peut établir de lien permettant de croire que la consommation de boissons alcoolisées est une preuve de maturité;
-il est interdit de distribuer (ou de faire distribuer) ou d’offrir gratuitement, ou à un prix symbolique des boissons contenant de l’alcool à des mineurs d’âge, ou encore de procéder à des dégustations destinées spécialement aux mineurs d’âge.
De façon générale, le texte dispose que la publicité pour les boissons alcoolisées ne peut pas:
-inciter ou encourager une consommation irréfléchie, exagérée ou illégale;
-donner une image négative de l’abstinence ou de la sobriété;
-développer d’argument qui fait état d’un effet favorable de la consommation d’alcool pour prévenir ou combattre des problèmes physiques, psychologiques ou sociaux;
-suggérer que la consommation d’alcool mène à la réussite sociale ou sexuelle – bien qu’elle puisse évoquer une ambiance agréable ou conviviale associée à la consommation de l’alcool;
-susciter l’impression que la consommation de ces boissons permet d’affronter le danger avec succès;
-suggérer que la consommation de boissons contenant de l’alcool influence positivement les performances sportives.
Par ailleurs, des mesures en matière de distribution sont prises:
-les boissons contenant de l’alcool doivent clairement être commercialisées comme des produits alcoolisés et éviter toute confusion, notamment dans le chef du consommateur mineur d’âge, si possible par une séparation physique;
-la vente de boissons contenant de l’alcool ne peut pas s’effectuer via des distributeurs automatiques dans ou à proximité des écoles primaires et secondaires, des locaux de clubs de jeunes et de mouvements de jeunesse ainsi que des endroits où les mineurs se réunissent. Il peut être dérogé à ce principe si des moyens technologiques empêchent les mineurs d’acheter des boissons contenant de l’alcool.

La convention propose une série de mesures intéressantes, mais elles restent floues et peuvent donc être facilement contournées ou réinterprétées. Des exemples de détournement, voire de non-respect de la convention, restent encore très fréquents.
Mais la principale dérive réside dans le système même de convention privée. En effet, la manœuvre stratégique qui consiste, pour les secteurs de la production, de la distribution et de la publicité, à élaborer des codes de bonne conduite de manière à éviter, sciemment, l’adoption d’une loi permet finalement de contourner facilement ce qui ne sont que des recommandations dénuées de force contraignante.
Et qu’en est-il de l’indépendance de l’organe de contrôle? Le Jury d’éthique publicitaire (JEP) est constitué lui-même des annonceurs, des publicitaires et des médias. Il est donc juge et partie.
Comme le souligne le CRIOC (1), « consommateurs , producteurs et distributeurs doivent être conscientisés à l’importance du contrôle social ‘ (et donc public) sur la vente et la consommation des produits alcoolisés . Croire que le marché pourra mieux s’organiser par l’autorégulation relève de l’utopie ou de la mauvaise foi . Tous les systèmes économiques montrent qu’en absence de régulation par les pouvoirs publics , les intérêts individuels entrent en conflit et que des distorsions se créent entre les acteurs . Ainsi , les codes de conduite ( ou conventions privées ) ont montré plus d’une fois leurs limites ».

Le jeune mineur est-il une cible directe?

La Convention indique que la publicité pour les produits alcoolisés ne peut s’adresser aux mineurs ni présenter des mineurs consommant ces produits. La compréhension de la fonction publicitaire dépend en effet des capacités de perception et de l’âge. Les plus jeunes distinguent mal l’information et la publicité et ils s’attachent aux éléments d’exécution (visuel, couleur, animation). Ils se projettent dans le monde des adultes auxquels ils veulent ressembler et qu’ils imitent. Comme les mineurs ont accès à l’ensemble des messages publicitaires en dehors des émissions qui leur sont destinées, c’est toute la publicité qui doit être réfléchie en fonction du souci de protection des mineurs.
Faut-il interdire toute publicité pour les boissons alcoolisées?
Le problème n’est pas la publicité en soi, mais ses excès (de forme ou de contenu) qui incitent à la surconsommation ou heurtent l’éthique. De plus, la quantité et les fréquences excessives des messages publicitaires dans notre société en général constituent une pression constante sur les jeunes.
Selon Lian Verhoeven , responsable de la communication extérieure chez Inbev (premier producteur mondial de bières), « il ne faut pas légiférer davantage parce que cela aurait un effet contre productif . L’opinion publique y est opposée , des expériences à l’étranger montrent ces effets négatifs , l’autorégulation du secteur suffit ». Mais force est de constater que les codes ont leurs limites, que le contrôle est assuré par un organe partisan, que les dérapages restent très fréquents, et que les caractéristiques du produit et ses effets sur la santé relèvent aussi du domaine public.
Pour le CRIOC, comme pour le Groupe porteur «Les jeunes et l’alcool», une solution (parmi d’autres) serait de réguler la publicité à travers la création d’un observatoire de la publicité qui serait totalement indépendant et dont les activités feraient indirectement pression sur les producteurs, et de légiférer en matière de pratiques commerciales.
Pour réguler la communication commerciale, il faut appliquer une législation précise qui identifie toute communication publicitaire ou marketing et la sépare d’un contenu éditorial. Les règles en matière d’exposition et de durée devraient être précisées et simplifiées. Plutôt que de ne réglementer que le contenu de la publicité, ne serait-il pas plus efficace d’autoriser la publicité en fonction des lieux de diffusion? Seuls les lieux interdits aux mineurs diffuseraient de la publicité pour des produits et services réservés aux adultes et les lieux «enfants admis» ne pourraient diffuser que les publicités dont la vente des produits est autorisée aux mineurs.
Enfin, la régulation des techniques publicitaires doit s’élargir à l’ensemble des médias. La créativité publicitaire et le marketing ne peuvent plus aujourd’hui faire l’impasse sur l’éthique, le développement durable et le respect d’autrui. Le modèle scandinave l’a bien compris en supprimant la publicité à destination des jeunes enfants. La régulation devrait dès lors porter sur les éléments d’exécution de la publicité en ajoutant aux interdictions des contraintes complémentaires. Et si le secteur ne change pas de politique commerciale, une mesure d’interdiction de publicité, à l’instar du tabac, devrait être envisagée.
Donner aux messages commerciaux un caractère vrai, vérifiable, non manipulable: un mode opératoire officiel devrait être respecté de façon à standardiser les messages afin de limiter l’influence de la publicité et du marketing sur la consommation.
Plus de contrôle public est nécessaire, mais les enjeux se situent également au niveau européen, il ne faut pas le perdre de vue. Par ailleurs, l’adoption de règles trop strictes pourrait apporter des effets contre-productifs: rejet des mesures par l’opinion publique; apparition de stratégies de détournement par le secteur et déplacement de la problématique vers le sud (à l’instar des cigarettiers); affaiblissement des petites marques mais renforcement des marques bien implantées sur le marché. Il faut dès lors anticiper ces phénomènes.
Aujourd’hui, alors que l’éthique revient au premier plan dans le monde économique, ne parle-t-on pas de Corporate Social Responsability (responsabilité sociale de l’entreprise), ne conviendrait-il pas de s’interroger sur l’autorégulation et ses limites, sur la volonté du monde de la publicité de s’octroyer un permis de créer sans réserve, sans règles autres que celles qu’il se donne lui-même, au nom de la liberté?

La co-régulation, voie vers la sagesse?

L’autorégulation a ses limites, tout comme la régulation publique. La solution se trouve probablement à la croisée des chemins: la co-régulation. Il s’agit d’un système moderne du contrôle public, souple, participatif mais rigoureux où l’on retrouve tant les experts du secteur que les politiques et les acteurs de la société civile.
Le champ de la co-régulation ne doit pas se limiter à la publicité mais bien s’étendre à l’ensemble des pratiques commerciales. Cet organe de co-régulation devrait être structurel. Ses procédures de fonctionnement devraient être claires, précises et transparentes. Elles devraient produire des résultats effectifs et mesurables. De plus, à contrario du contrôle actuel, l’analyse et la régulation des pratiques commerciales devraient être faites en amont, avec l’approbation de l’organe de co-régulation comme condition sine qua non pour la diffusion.
Autorégulation, régulation publique, co-régulation? Si la question était simple, elle aurait été résolue depuis longtemps… Il nous semble cependant que la co-régulation pourrait être la voie vers une solution moderne, dynamique et efficace.
Martin de Duve , Univers santé, avec la collaboration de Nadine Fraselle , Centre Entreprise-Environnement de l’Institut d’Administration et de Gestion de l’UCL, et de Marc Vandercammen , directeur du CRIOC
Extrait de Les publicitaires savent pourquoi Les jeunes , cibles des publicités pour l’alcool’ , Les Dossiers de l’éducation aux médias n ° 3 , Média Animations , 2007 .

Les limites de l’autorégulation et le rôle des pouvoirs publics

La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) prend en compte les questions adressées à celle-ci par les acteurs externes. L’entreprise doit participer au développement durable de la planète aux côtés d’autres acteurs (pouvoirs publics, consommateurs, citoyens) par des actions de prévention et de précaution à l’égard des dommages environnementaux et des problèmes sociaux, et par des actions positives envers la société civile.
L’éthique de la responsabilité est associée au devoir de s’intégrer et d’être responsable dans le contexte de société dans lequel elle mène ses activités. En apportant des réponses aux exigences du marché, l’entreprise se redéfinit dans sa légitimité citoyenne et dans son efficacité économique. Cet engagement social et environnemental est devenu inévitable face aux pressions sociales. Il se traduit le plus souvent par l’adoption d’un code de conduite.
Les entreprises sont appelées à répondre de leurs actes auprès des actionnaires (les shareholders) mais aussi auprès des employés, des clients, des représentants de la société civile (les stakeholders ou parties prenantes).
Dans les années 90, cette «culture de l’intégrité» s’est généralisée à tous les secteurs d’activité car les entreprises y ont trouvé plusieurs avantages substantiels: devancer et désamorcer de nouvelles réglementations, s’adapter en souplesse aux exigences du marché, bénéficier des fruits de la mondialisation contre quelques engagements envers la société.
Mais peut-on parler de responsabilité lorsque les bases institutionnelles des actions menées par les entreprises sont faibles ou inexistantes? L’absence de politique globale et coordonnée handicape le mouvement de la RSE car les actions mises en œuvre ou proposées sont prises au cas par cas et elles agissent isolément plutôt que sur des processus et sur des fonctions collectives.
Pour les organisations de consommateurs, l’intervention des pouvoirs publics est un gage de reconnaissance de normes de protection harmonisées, élevées et ayant une portée large. Les codes de conduite ne sont pas adaptés lorsque des droits fondamentaux comme la protection de la santé sont en jeu.
Les codes prennent en compte les seules questions pour lesquelles les entreprises acceptent d’agir, ce qui rend l’action publique dépendante de celles-ci et réduit considérablement les ambitions d’une approche globale et intégrée des problèmes que rencontrent les consommateurs. En outre, la disposition des entreprises à agir est mince si les pouvoirs publics réservent peu d’attention à ces problèmes.
Les codes de conduite sont nécessaires pour faire valoir les valeurs que les entreprises entendent respecter et pour que les parties prenantes puissent s’y référer. Mais ils présentent certains problèmes d’efficacité juridique dont les principaux sont la diversité des moyens de contrôle et très souvent l’absence de sanctions.
Enfin, la grande hétérogénéité des positions selon les alcooliers rend difficile toute tentative de dégager une vue cohérente.
Nadine Fraselle

(1) CRIOC, 2004, Réglementer la publicité pour les alcools: une demande des organisations de consommateurs, Du Côté des Consommateurs, n° 166.

Voyagez toute l’année…sur le thème des fruits et légumes!

Le 30 Déc 20

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Entre «Toto, mange ta soupe!» hier et «Manger 5 portions de fruits et légumes par jour, c’est bon pour la santé!» aujourd’hui, qu’il y a-t-il de changé? Les liens entre la consommation de fruits et de légumes et la prévention de cancers et de maladies cardio-vasculaires ont été largement démontrés. Pourtant, les messages éducatifs pour promouvoir une alimentation équilibrée gagnent sans doute à être moins directifs auprès des enfants et des jeunes: ils méritent parfois des détours qui suscitent l’intérêt plutôt que l’adoption de comportements prescrits. C’est ce que propose le nouvel outil «En rang d’oignons» édité par la Coordination Education & Santé – Cordes asbl dans le cadre de son programme «Carnet de voyages – Ma classe part en projet santé!»
« En rang d’oignons » est un kit pédagogique destiné aux enfants à partir de 5 ans. Composé d’une affiche calendrier illustrée (60 x 84 cm), d’un jeu de 81 cartes prédécoupées illustrées d’un fruit ou d’un légume (sauf 5 cartes qui en donnent la liste alphabétique) et d’un carnet pédagogique (24 pages), il offre des pistes à l’enseignant(e) pour mener tout au long de l’année des activités ludiques et de découverte sur le thème des fruits et des légumes selon les possibilités et les objectifs de chacun(e). Il a pour objectif «santé» de mettre les enfants en appétit de fruits et de légumes en éveillant leur curiosité, leur imagination et leur gourmandise.
L’ affiche calendrier propose – sous forme d’une phrase un peu mystérieuse – une idée par semaine de l’année scolaire; elle est développée dans le carnet pédagogique. Les activités tiennent compte des saisons et des fêtes à partir de septembre.
Le jeu de cartes sert de support à différents petits jeux inspirés parfois d’exemples connus. Les illustrations sont volontairement fantaisistes pour inviter les enfants à regarder autrement les fruits et les légumes.
Le carnet pédagogique propose des activités à faire avec la classe, au départ de l’affiche et du jeu de cartes. Celles-ci permettent d’approcher ces aliments de mille et une manières tout en développant des savoirs et en exerçant des compétences. Les démarches favorisent la participation des élèves, l’utilisation des cinq sens, la créativité, le travail collectif et les échanges avec l’entourage familial et les ressources locales.

Une démarche pédagogique au service de la promotion de la santé et des apprentissages scolaires

Avez-vous déjà dressé l’inventaire de ce qu’on peut apprendre – que ce soit dès la maternelle ou avec des grands de 5e, 6e primaires – en faisant, par exemple, de la soupe de légumes ou une macédoine de fruits à l’école?
On identifie ses propres goûts, on découvre des choses sur les autres et leurs habitudes de repas en famille ou à l’école, on explore la provenance des légumes ou des fruits, on acquiert des savoirs sur leur production et sur le cycle des saisons, sur les métiers agricoles et de la distribution. On s’intéresse aux régions, aux pays producteurs et aux relations entre le Nord et le Sud de la planète. On achète, on compare les prix, on pèse, on parle d’emballages, de déchets, de compost et d’environnement…
On fait germer des graines, pousser des légumes, on les regarde grandir, on entretient une parcelle, on fait des cueillettes, on visite un verger. On pèle, on coupe, on observe l’intérieur des fruits, on dessine les couleurs et les formes des légumes; on déchiffre une recette et on expérimente une séquence de gestes culinaires, on goûte, on raconte les saveurs et les mets qu’on aime… et la liste peut s’allonger!
Les plus grands s’interrogeront sur les repas de la journée, le plaisir de manger, les besoins du corps lors d’activités physiques ou au repos. Avec eux, on amorce le débat sur le regard des autres, sur l’importance d’une image positive de soi; on décortique les pub télévisées, on entrevoit les mécanismes du marché, le regard critique s’affine (1)… Le thème des fruits et des légumes est propice à ces voyages didactiques et à ces explorations à la fois ludiques et savantes. C’est aussi un sujet qu’on peut mettre en relation avec la santé des élèves et le bien-être à l’école.
En effet, que ce soit au niveau communautaire ou au niveau fédéral, la priorité est donnée à la promotion d’une alimentation saine. Le Plan national nutrition santé belge recommande de consommer 400 grammes de fruits et légumes par jour et pour les enfants d’en manger à chacun des repas et au moins 5 fois par jour. En Communauté française, le Plan «Attitudes saines» (2) mis en place par le Gouvernement et les ministres de l’Education, de la Santé et du Sport vise à promouvoir l’exercice physique et encourager une alimentation équilibrée. Tout particulièrement il vise à augmenter la consommation de fruits et de légumes par les enfants et les jeunes.

La consommation des fruits et des légumes chez les jeunes – résultats 2006

Le kit contribue à cet objectif «santé» en amenant les enfants à s’intéresser davantage à ces aliments qu’ils consomment souvent trop peu par rapport à leurs besoins.
Les toutes récentes données de consommation issues de l’enquête «Santé et bien-être des jeunes d’âge scolaire» (3) montrent que la proportion de jeunes du secondaire de 13,15 et 17 ans rapportant une consommation au moins quotidienne de fruits a augmenté significativement entre 2002 et 2006 passant de 34,1 à 41,1 %. Il y a donc progrès.
On observe toutefois une variation entre la consommation de fruits déclarée des garçons ou des filles de 5e et de 6e primaire et celle durant les études secondaires qui décroît nettement, pour remonter chez les filles en 6e secondaire tant dans l’enseignement général (SG) (4) que technique (ST) ou professionnel (SP), mais pas chez les garçons chez qui les fruits semblent moins à l’honneur. En fin de secondaire, plus de la moitié des filles de l’enseignement général déclare manger un fruit au moins une fois par jour, pour moins de 4 garçons sur 10.

Consommation quotidienne de fruits (plus d’une fois par jour)

Année

Garçons Filles
5e primaire 48,6 52,7
6e primaire 44,1 50,6
5e secondaire général 38,8 44,5
5e secondaire technique 34,3 37,8
5e secondaire professionnel 26,1 29,1
6e secondaire général 36,3 53,1
6e secondaire technique 26,1 42,3
6e secondaire professionnel 22,0 39,8

Source: HBSC – SIPES (ULB-PROMES) 2006

Toujours d’après la même enquête, la proportion de jeunes de 13,15 et 17 ans de l’enseignement secondaire rapportant une consommation au moins quotidienne de légumes n’a pas significativement changé entre 2002 et 2006, passant de 47,3 à 49,6 %.
Cela veut dire quand même que près d’un jeune sur deux du secondaire déclare manger des légumes au moins une fois par jour. Les légumes semblent plus appréciés en secondaire qu’en primaire par les élèves du général et par les filles de l’enseignement technique.

Consommation quotidienne de légumes (plus d’une fois par jour)

Année

Garçons Filles
5e primaire 39,7 47,7
6e primaire 43,3 52,9
5e secondaire général 56,0 60,8
5e secondaire technique 44,7 50,7
5e secondaire professionnel 40,8 38,2
6e secondaire général 53,7 69,4
6e secondaire technique 34,4 53,2
6e secondaire professionnel 38,2 45,7

Source: HBSC – SIPES (ULB-PROMES) 2006

La consommation quotidienne déclarée par les garçons est significativement inférieure à celle des filles: en fin de secondaire, près de 7/10 des filles de l’enseignement général consomment des légumes au moins une fois par jour, alors que ce n’est le cas que pour la moitié des garçons.
Si pour les garçons, on peut supposer que le sport a la préférence pour compenser une alimentation moins équilibrée, les filles, elles, consomment peut-être plus de fruits par souci de santé ou pour leur ligne.
Comme le remarque Damien Favresse (ULB- PROMES) (5) « D’un point de vue global , les filles se différencient des garçons par un rapport au corps plus problématique ‘, ‘ négatif tant au niveau physique que psychique ( plus de régimes même si pas nécessaires , moins bonne estime de soi , plus de plaintes psychosomatiques , etc .). Elles adoptent davantage de comportements de protection alors que les garçons se caractérisent plus volontiers par les conduites à risque ».
Il souligne aussi que « l’école joue également toujours un rôle de reproduction des inégalités sociales à travers notamment la réorientation dans les différentes filières de formation : la population des études primaires mélange toutes les catégories socio économiques alors que dans le secondaire et notamment dans l’enseignement général entre la première et dernière année , le profil socio économique des jeunes se modifie fortement , au profit , notamment , des catégories plus favorisées . Bien entendu , toute réalité est complexe et tout comportement s’explique par de multiples dimensions , de multiples facteurs ».

Si tout le monde s’y met…

Ces pistes d’explication des données de consommation ouvrent également d’autres perspectives d’action pour promouvoir la santé alimentaire. Celles-ci mettent en scène des acteurs de secteurs différents qui se concerteraient dans le but de donner aux enfants et aux jeunes les moyens de mettre en œuvre les «prescrits» alimentaires (5 fruits et légumes par jour par exemple); si sur le plan éducatif, des outils comme « En rang d’oignons » peuvent mettre en appétit, l’efficacité peut être multipliée par des interventions sur d’autres terrains. On pourrait imaginer, par exemple, une politique des prix et de la distribution favorisant l’accessibilité aux fruits et aux légumes – que ce soit à l’école, à la maison, sur le lieu de travail – et privilégiant les filières locales.
A ce sujet, la Commission européenne (6), dans son secteur ‘agriculture et développement rural’ lance une reforme de l’organisation commune des marchés dans le secteur des fruits et légumes.
Un des objectifs fixés par le Livre blanc sur l’alimentation publié par la Commission en mai 2008 est effectivement d’encourager la consommation des fruits et des légumes. Des études de faisabilité sont en cours pour envisager des distributions gratuites de fruits et de légumes au profit des écoles, des hôpitaux et des organisations caritatives (pourquoi ne pas y ajouter les maisons de repos pour personnes âgées par exemple et les lieux de résidence des enfants et des jeunes).
Ces propositions européennes devenant réalité illustreraient (une fois n’est pas coutume!) un moyen d’associer intérêts économiques et intérêts «santé», le tout dans une réforme qui vise avant tout à réguler le marché des fruits et des légumes et à encourager les regroupements de producteurs.
D’autre modes d’intervention permettraient d’avoir un impact sur l’adoption de comportements de santé plutôt que de conduites à risque. Ce pourrait être par exemple dans le secteur socio-éducatif cette fois: la mise en place de mesures valorisant les différentes filières d’enseignement et, de manière générale, renforçant chez les élèves et les enseignants l’estime de soi, le respect et la confiance en soi et positivant ainsi le rapport au corps et aux autres.
Bien évidemment, ces interventions auraient des retentissements non seulement sur le terrain de la santé mais aussi sur celui des apprentissages. A chaque secteur d’imaginer comment interagir au service des objectifs santé, selon son public et les intervenants en jeu.
Pour notre part, l’outil « En rang d’oignons » constitue la contribution de la Coordination Education & Santé – Cordes asbl dans le but de soutenir les enseignants en particulier, dès les classes maternelles, souvent en recherche d’outils ludiques et didactiques à la fois qui leur permettent d’agir en faveur de la santé.
L’intention est de mobiliser les acteurs éducatifs et de santé dans des «voyages de 365 jours» non pas en ballon mais avec les élèves, autour du thème des fruits et des légumes. Il s’agit d’encourager des choix plus sains en matière d’alimentation mais aussi et surtout d’inviter chacun à se mêler de nos oignons à tous… Bon appétit!
Cristine Deliens , Coordinatrice CORDES
Adresse de l’auteur: Cordes asbl, avenue Maréchal Joffre 75, 1190 Bruxelles. Tél.: 02 538 23 73. Courriel: cordes@cordes-asbl.be

(1) Le marketing est particulièrement créatif ces dernières années dans ce créneau. Tous les mois, la rédaction d’ Education Santé reçoit des dossiers de presse vantant les mérites de nouveaux produits à base de fruits et/ou de légumes censés conjuguer alimentation saine et plaisir gustatif. L’enjeu commercial est de taille!
(2) Voir le site https://www.mangerbouger.be
(3) Etude internationale HBSC, SIPES (ULB-PROMES), Bruxelles, 2006.
(4) Dans des proportions sensiblement supérieures dans le général.
(5) Communication personnelle au départ des données de l’étude internationale HBSC citée précédemment.
(6) Réforme de la PAC, Agriculture et développement rural, Commission européenne, https://www.europa.org .

Appel à la construction d’un partenariat avec la médecine générale

Le 30 Déc 20

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Nous vous proposons une rencontre avec notre jeune asbl Promotion Santé et Médecine Générale dont les associations fondatrices sont la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et la Fédération des Maisons Médicales (FMM). Notre objet social est de développer, à partir de la médecine générale, les programmes de médecine préventive tels que définis par les programmes quinquennaux de la Communauté française, en encourageant la participation des patients, et en étant attentif à la manière dont le grand public est informé de ces questions de santé, afin de ne pas exclure davantage les personnes précarisées.
Depuis notre création en juin 2005, nous avons abordé la promotion de la santé cardio-vasculaire. Vous trouverez sur notre site https://www.promosante-mg.be nos premières réalisations dans ce domaine.
Notre souhaitons à moyen terme dépasser cette thématique particulière et construire une approche horizontale et globale, une approche pertinente en médecine générale, et qui rencontre les principes de la promotion de la santé.
Notre premier public est bien entendu celui des médecins généralistes mais nous voudrions construire un partenariat durable avec ceux d’entre vous qui partagent notre vision et qui, dans les stratégies de la promotion de la santé, collaborent avec les médecins généralistes ou ont des attentes à leur égard.
Pour cela, nous vous invitons le samedi 13 octobre 2007 de 14 à 17 heures à la SSMG, rue de Suisse 8 1060 Bruxelles .
Afin de préparer au mieux cette rencontre (une première!), nous vous demandons de préciser les attentes que vous pourriez avoir envers les généralistes et leur vision de la promotion de la santé.
N’oubliez pas non plus de lire dans ce numéro l’article de Jean Laperche ‘La promotion de la santé cardio-vasculaire, mais encore?’, qui trace quelques contours du ‘bon usage’ de la promotion de la santé en médecine générale.
Merci de répondre au questionnaire ci-joint et de nous le renvoyer pour le 15 septembre 2007.
André Dufour , Pascale Jonckheer , Pierre Legat , pour la SSMG, Jean Laperche , Marianne Prévost , Thierry Wathelet , pour la FMM, Valérie Hubens pour Promotion Santé et Médecine Générale

Le questionnaire préparatoire

Vous êtes
Nom de l’association:
Adresse:
Personne de contact:
Courriel:
Téléphone:
Fax:
Objet social de l’association:
Financement:
Nos questions, vos réponses

1. A partir de votre position dans le champ de la promotion de la santé, comment voyez-vous l’existence et le développement de la promotion de la santé en médecine générale?
§§
§§
§§2. Que pouvez-vous apporter à la médecine générale pour initier ou consolider des stratégies, des principes, des valeurs, des actions en promotion de la santé?
§§
§§
§§3. Que pensez-vous que la médecine générale puisse apporter à vos réalisations, à vos projets en promotion de la santé?
§§
§§
§§4. Quelles difficultés potentielles pouvez-vous dès à présent identifier pour le développement de la promotion de la santé en médecine générale?
§§
§§
§§5. Quelles interrogations, craintes, réserves, doutes pouvez-vous dès à présent exprimer envers les généralistes qui s’intéressent au développement de la promotion de la santé?
§§
§§
§§6. Quels rêves, souhaits, espoirs, bonheurs pouvez-vous dès à présent formuler pour de pareils projets?
§§
§§
§§7. Quelles seraient, selon vous, les premières étapes à mettre en place pour réussir le démarrage d’un partenariat entre des associations de promotion de la santé et la médecine générale dans notre Communauté française de Belgique?
§§
§§
§§8. Autres remarques à formuler:
§§
§§

Merci d’envoyer le questionnaire complété à Danielle Pianet, Promotion Santé et Médecine Générale asbl c/o SSMG, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles