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Leur savoir s’autorégule-t-il avec sagesse?

Le 30 Déc 20

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Bien que des dérives soient déplorées dans leurs pratiques commerciales, les alcooliers ont généralement conscience des exigences légales de la protection des consommateurs. Mais la législation sur la question est très floue, peu connue et donc peu respectée. Aujourd’hui, la pression des lobbies «alcool» freine considérablement la mise en place d’une législation claire et contraignante, principalement en matière de pratiques commerciales. Ils ont privilégié la piste de l’autorégulation. Mais est-elle efficace? Protège-t-elle réellement le jeune consommateur?
Dans les pays voisins, la publicité pour l’alcool est souvent encadrée, la Belgique se caractérisant par une absence quasi totale de réglementation. Seule la loi du 24 janvier 1977, modifiée en 1997, habilite le Roi à prendre des mesures limitant ou interdisant la publicité pour l’alcool. C’est pourquoi en 2005 le Ministre fédéral de la santé publique a souhaité, en collaboration étroite avec les secteurs concernés, réfléchir à la question. Depuis mai 2005, une convention privée (voir encadré) est conclue entre les fédérations (bières, vins et spiritueux), le secteur de la distribution, le secteur Horeca, les consommateurs et le Jury d’éthique publicitaire.

Que dit la convention?

Concrètement, le texte, dont le contrôle de l’application se fait par le Jury d’éthique publicitaire, comprend une série de dispositions relatives aux jeunes mineurs d’âge:
-la publicité pour les boissons alcoolisées ne peut cibler les mineurs d’âge, ni par son contenu ni par son mode de communication;
-elle ne peut, en particulier, représenter des personnes qui sont ou qui semblent être des mineurs d’âge consommant ces boissons;
-elle ne peut inciter les mineurs d’âge à acheter ou à consommer des boissons alcoolisées en abusant de leur manque d’expérience ou de leur crédulité; ni mettre en scène des mineurs ou toute personne en ayant l’apparence;
-elle ne peut établir de lien permettant de croire que la consommation de boissons alcoolisées est une preuve de maturité;
-il est interdit de distribuer (ou de faire distribuer) ou d’offrir gratuitement, ou à un prix symbolique des boissons contenant de l’alcool à des mineurs d’âge, ou encore de procéder à des dégustations destinées spécialement aux mineurs d’âge.
De façon générale, le texte dispose que la publicité pour les boissons alcoolisées ne peut pas:
-inciter ou encourager une consommation irréfléchie, exagérée ou illégale;
-donner une image négative de l’abstinence ou de la sobriété;
-développer d’argument qui fait état d’un effet favorable de la consommation d’alcool pour prévenir ou combattre des problèmes physiques, psychologiques ou sociaux;
-suggérer que la consommation d’alcool mène à la réussite sociale ou sexuelle – bien qu’elle puisse évoquer une ambiance agréable ou conviviale associée à la consommation de l’alcool;
-susciter l’impression que la consommation de ces boissons permet d’affronter le danger avec succès;
-suggérer que la consommation de boissons contenant de l’alcool influence positivement les performances sportives.
Par ailleurs, des mesures en matière de distribution sont prises:
-les boissons contenant de l’alcool doivent clairement être commercialisées comme des produits alcoolisés et éviter toute confusion, notamment dans le chef du consommateur mineur d’âge, si possible par une séparation physique;
-la vente de boissons contenant de l’alcool ne peut pas s’effectuer via des distributeurs automatiques dans ou à proximité des écoles primaires et secondaires, des locaux de clubs de jeunes et de mouvements de jeunesse ainsi que des endroits où les mineurs se réunissent. Il peut être dérogé à ce principe si des moyens technologiques empêchent les mineurs d’acheter des boissons contenant de l’alcool.

La convention propose une série de mesures intéressantes, mais elles restent floues et peuvent donc être facilement contournées ou réinterprétées. Des exemples de détournement, voire de non-respect de la convention, restent encore très fréquents.
Mais la principale dérive réside dans le système même de convention privée. En effet, la manœuvre stratégique qui consiste, pour les secteurs de la production, de la distribution et de la publicité, à élaborer des codes de bonne conduite de manière à éviter, sciemment, l’adoption d’une loi permet finalement de contourner facilement ce qui ne sont que des recommandations dénuées de force contraignante.
Et qu’en est-il de l’indépendance de l’organe de contrôle? Le Jury d’éthique publicitaire (JEP) est constitué lui-même des annonceurs, des publicitaires et des médias. Il est donc juge et partie.
Comme le souligne le CRIOC (1), « consommateurs , producteurs et distributeurs doivent être conscientisés à l’importance du contrôle social ‘ (et donc public) sur la vente et la consommation des produits alcoolisés . Croire que le marché pourra mieux s’organiser par l’autorégulation relève de l’utopie ou de la mauvaise foi . Tous les systèmes économiques montrent qu’en absence de régulation par les pouvoirs publics , les intérêts individuels entrent en conflit et que des distorsions se créent entre les acteurs . Ainsi , les codes de conduite ( ou conventions privées ) ont montré plus d’une fois leurs limites ».

Le jeune mineur est-il une cible directe?

La Convention indique que la publicité pour les produits alcoolisés ne peut s’adresser aux mineurs ni présenter des mineurs consommant ces produits. La compréhension de la fonction publicitaire dépend en effet des capacités de perception et de l’âge. Les plus jeunes distinguent mal l’information et la publicité et ils s’attachent aux éléments d’exécution (visuel, couleur, animation). Ils se projettent dans le monde des adultes auxquels ils veulent ressembler et qu’ils imitent. Comme les mineurs ont accès à l’ensemble des messages publicitaires en dehors des émissions qui leur sont destinées, c’est toute la publicité qui doit être réfléchie en fonction du souci de protection des mineurs.
Faut-il interdire toute publicité pour les boissons alcoolisées?
Le problème n’est pas la publicité en soi, mais ses excès (de forme ou de contenu) qui incitent à la surconsommation ou heurtent l’éthique. De plus, la quantité et les fréquences excessives des messages publicitaires dans notre société en général constituent une pression constante sur les jeunes.
Selon Lian Verhoeven , responsable de la communication extérieure chez Inbev (premier producteur mondial de bières), « il ne faut pas légiférer davantage parce que cela aurait un effet contre productif . L’opinion publique y est opposée , des expériences à l’étranger montrent ces effets négatifs , l’autorégulation du secteur suffit ». Mais force est de constater que les codes ont leurs limites, que le contrôle est assuré par un organe partisan, que les dérapages restent très fréquents, et que les caractéristiques du produit et ses effets sur la santé relèvent aussi du domaine public.
Pour le CRIOC, comme pour le Groupe porteur «Les jeunes et l’alcool», une solution (parmi d’autres) serait de réguler la publicité à travers la création d’un observatoire de la publicité qui serait totalement indépendant et dont les activités feraient indirectement pression sur les producteurs, et de légiférer en matière de pratiques commerciales.
Pour réguler la communication commerciale, il faut appliquer une législation précise qui identifie toute communication publicitaire ou marketing et la sépare d’un contenu éditorial. Les règles en matière d’exposition et de durée devraient être précisées et simplifiées. Plutôt que de ne réglementer que le contenu de la publicité, ne serait-il pas plus efficace d’autoriser la publicité en fonction des lieux de diffusion? Seuls les lieux interdits aux mineurs diffuseraient de la publicité pour des produits et services réservés aux adultes et les lieux «enfants admis» ne pourraient diffuser que les publicités dont la vente des produits est autorisée aux mineurs.
Enfin, la régulation des techniques publicitaires doit s’élargir à l’ensemble des médias. La créativité publicitaire et le marketing ne peuvent plus aujourd’hui faire l’impasse sur l’éthique, le développement durable et le respect d’autrui. Le modèle scandinave l’a bien compris en supprimant la publicité à destination des jeunes enfants. La régulation devrait dès lors porter sur les éléments d’exécution de la publicité en ajoutant aux interdictions des contraintes complémentaires. Et si le secteur ne change pas de politique commerciale, une mesure d’interdiction de publicité, à l’instar du tabac, devrait être envisagée.
Donner aux messages commerciaux un caractère vrai, vérifiable, non manipulable: un mode opératoire officiel devrait être respecté de façon à standardiser les messages afin de limiter l’influence de la publicité et du marketing sur la consommation.
Plus de contrôle public est nécessaire, mais les enjeux se situent également au niveau européen, il ne faut pas le perdre de vue. Par ailleurs, l’adoption de règles trop strictes pourrait apporter des effets contre-productifs: rejet des mesures par l’opinion publique; apparition de stratégies de détournement par le secteur et déplacement de la problématique vers le sud (à l’instar des cigarettiers); affaiblissement des petites marques mais renforcement des marques bien implantées sur le marché. Il faut dès lors anticiper ces phénomènes.
Aujourd’hui, alors que l’éthique revient au premier plan dans le monde économique, ne parle-t-on pas de Corporate Social Responsability (responsabilité sociale de l’entreprise), ne conviendrait-il pas de s’interroger sur l’autorégulation et ses limites, sur la volonté du monde de la publicité de s’octroyer un permis de créer sans réserve, sans règles autres que celles qu’il se donne lui-même, au nom de la liberté?

La co-régulation, voie vers la sagesse?

L’autorégulation a ses limites, tout comme la régulation publique. La solution se trouve probablement à la croisée des chemins: la co-régulation. Il s’agit d’un système moderne du contrôle public, souple, participatif mais rigoureux où l’on retrouve tant les experts du secteur que les politiques et les acteurs de la société civile.
Le champ de la co-régulation ne doit pas se limiter à la publicité mais bien s’étendre à l’ensemble des pratiques commerciales. Cet organe de co-régulation devrait être structurel. Ses procédures de fonctionnement devraient être claires, précises et transparentes. Elles devraient produire des résultats effectifs et mesurables. De plus, à contrario du contrôle actuel, l’analyse et la régulation des pratiques commerciales devraient être faites en amont, avec l’approbation de l’organe de co-régulation comme condition sine qua non pour la diffusion.
Autorégulation, régulation publique, co-régulation? Si la question était simple, elle aurait été résolue depuis longtemps… Il nous semble cependant que la co-régulation pourrait être la voie vers une solution moderne, dynamique et efficace.
Martin de Duve , Univers santé, avec la collaboration de Nadine Fraselle , Centre Entreprise-Environnement de l’Institut d’Administration et de Gestion de l’UCL, et de Marc Vandercammen , directeur du CRIOC
Extrait de Les publicitaires savent pourquoi Les jeunes , cibles des publicités pour l’alcool’ , Les Dossiers de l’éducation aux médias n ° 3 , Média Animations , 2007 .

Les limites de l’autorégulation et le rôle des pouvoirs publics

La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) prend en compte les questions adressées à celle-ci par les acteurs externes. L’entreprise doit participer au développement durable de la planète aux côtés d’autres acteurs (pouvoirs publics, consommateurs, citoyens) par des actions de prévention et de précaution à l’égard des dommages environnementaux et des problèmes sociaux, et par des actions positives envers la société civile.
L’éthique de la responsabilité est associée au devoir de s’intégrer et d’être responsable dans le contexte de société dans lequel elle mène ses activités. En apportant des réponses aux exigences du marché, l’entreprise se redéfinit dans sa légitimité citoyenne et dans son efficacité économique. Cet engagement social et environnemental est devenu inévitable face aux pressions sociales. Il se traduit le plus souvent par l’adoption d’un code de conduite.
Les entreprises sont appelées à répondre de leurs actes auprès des actionnaires (les shareholders) mais aussi auprès des employés, des clients, des représentants de la société civile (les stakeholders ou parties prenantes).
Dans les années 90, cette «culture de l’intégrité» s’est généralisée à tous les secteurs d’activité car les entreprises y ont trouvé plusieurs avantages substantiels: devancer et désamorcer de nouvelles réglementations, s’adapter en souplesse aux exigences du marché, bénéficier des fruits de la mondialisation contre quelques engagements envers la société.
Mais peut-on parler de responsabilité lorsque les bases institutionnelles des actions menées par les entreprises sont faibles ou inexistantes? L’absence de politique globale et coordonnée handicape le mouvement de la RSE car les actions mises en œuvre ou proposées sont prises au cas par cas et elles agissent isolément plutôt que sur des processus et sur des fonctions collectives.
Pour les organisations de consommateurs, l’intervention des pouvoirs publics est un gage de reconnaissance de normes de protection harmonisées, élevées et ayant une portée large. Les codes de conduite ne sont pas adaptés lorsque des droits fondamentaux comme la protection de la santé sont en jeu.
Les codes prennent en compte les seules questions pour lesquelles les entreprises acceptent d’agir, ce qui rend l’action publique dépendante de celles-ci et réduit considérablement les ambitions d’une approche globale et intégrée des problèmes que rencontrent les consommateurs. En outre, la disposition des entreprises à agir est mince si les pouvoirs publics réservent peu d’attention à ces problèmes.
Les codes de conduite sont nécessaires pour faire valoir les valeurs que les entreprises entendent respecter et pour que les parties prenantes puissent s’y référer. Mais ils présentent certains problèmes d’efficacité juridique dont les principaux sont la diversité des moyens de contrôle et très souvent l’absence de sanctions.
Enfin, la grande hétérogénéité des positions selon les alcooliers rend difficile toute tentative de dégager une vue cohérente.
Nadine Fraselle

(1) CRIOC, 2004, Réglementer la publicité pour les alcools: une demande des organisations de consommateurs, Du Côté des Consommateurs, n° 166.

Voyagez toute l’année…sur le thème des fruits et légumes!

Le 30 Déc 20

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Entre «Toto, mange ta soupe!» hier et «Manger 5 portions de fruits et légumes par jour, c’est bon pour la santé!» aujourd’hui, qu’il y a-t-il de changé? Les liens entre la consommation de fruits et de légumes et la prévention de cancers et de maladies cardio-vasculaires ont été largement démontrés. Pourtant, les messages éducatifs pour promouvoir une alimentation équilibrée gagnent sans doute à être moins directifs auprès des enfants et des jeunes: ils méritent parfois des détours qui suscitent l’intérêt plutôt que l’adoption de comportements prescrits. C’est ce que propose le nouvel outil «En rang d’oignons» édité par la Coordination Education & Santé – Cordes asbl dans le cadre de son programme «Carnet de voyages – Ma classe part en projet santé!»
« En rang d’oignons » est un kit pédagogique destiné aux enfants à partir de 5 ans. Composé d’une affiche calendrier illustrée (60 x 84 cm), d’un jeu de 81 cartes prédécoupées illustrées d’un fruit ou d’un légume (sauf 5 cartes qui en donnent la liste alphabétique) et d’un carnet pédagogique (24 pages), il offre des pistes à l’enseignant(e) pour mener tout au long de l’année des activités ludiques et de découverte sur le thème des fruits et des légumes selon les possibilités et les objectifs de chacun(e). Il a pour objectif «santé» de mettre les enfants en appétit de fruits et de légumes en éveillant leur curiosité, leur imagination et leur gourmandise.
L’ affiche calendrier propose – sous forme d’une phrase un peu mystérieuse – une idée par semaine de l’année scolaire; elle est développée dans le carnet pédagogique. Les activités tiennent compte des saisons et des fêtes à partir de septembre.
Le jeu de cartes sert de support à différents petits jeux inspirés parfois d’exemples connus. Les illustrations sont volontairement fantaisistes pour inviter les enfants à regarder autrement les fruits et les légumes.
Le carnet pédagogique propose des activités à faire avec la classe, au départ de l’affiche et du jeu de cartes. Celles-ci permettent d’approcher ces aliments de mille et une manières tout en développant des savoirs et en exerçant des compétences. Les démarches favorisent la participation des élèves, l’utilisation des cinq sens, la créativité, le travail collectif et les échanges avec l’entourage familial et les ressources locales.

Une démarche pédagogique au service de la promotion de la santé et des apprentissages scolaires

Avez-vous déjà dressé l’inventaire de ce qu’on peut apprendre – que ce soit dès la maternelle ou avec des grands de 5e, 6e primaires – en faisant, par exemple, de la soupe de légumes ou une macédoine de fruits à l’école?
On identifie ses propres goûts, on découvre des choses sur les autres et leurs habitudes de repas en famille ou à l’école, on explore la provenance des légumes ou des fruits, on acquiert des savoirs sur leur production et sur le cycle des saisons, sur les métiers agricoles et de la distribution. On s’intéresse aux régions, aux pays producteurs et aux relations entre le Nord et le Sud de la planète. On achète, on compare les prix, on pèse, on parle d’emballages, de déchets, de compost et d’environnement…
On fait germer des graines, pousser des légumes, on les regarde grandir, on entretient une parcelle, on fait des cueillettes, on visite un verger. On pèle, on coupe, on observe l’intérieur des fruits, on dessine les couleurs et les formes des légumes; on déchiffre une recette et on expérimente une séquence de gestes culinaires, on goûte, on raconte les saveurs et les mets qu’on aime… et la liste peut s’allonger!
Les plus grands s’interrogeront sur les repas de la journée, le plaisir de manger, les besoins du corps lors d’activités physiques ou au repos. Avec eux, on amorce le débat sur le regard des autres, sur l’importance d’une image positive de soi; on décortique les pub télévisées, on entrevoit les mécanismes du marché, le regard critique s’affine (1)… Le thème des fruits et des légumes est propice à ces voyages didactiques et à ces explorations à la fois ludiques et savantes. C’est aussi un sujet qu’on peut mettre en relation avec la santé des élèves et le bien-être à l’école.
En effet, que ce soit au niveau communautaire ou au niveau fédéral, la priorité est donnée à la promotion d’une alimentation saine. Le Plan national nutrition santé belge recommande de consommer 400 grammes de fruits et légumes par jour et pour les enfants d’en manger à chacun des repas et au moins 5 fois par jour. En Communauté française, le Plan «Attitudes saines» (2) mis en place par le Gouvernement et les ministres de l’Education, de la Santé et du Sport vise à promouvoir l’exercice physique et encourager une alimentation équilibrée. Tout particulièrement il vise à augmenter la consommation de fruits et de légumes par les enfants et les jeunes.

La consommation des fruits et des légumes chez les jeunes – résultats 2006

Le kit contribue à cet objectif «santé» en amenant les enfants à s’intéresser davantage à ces aliments qu’ils consomment souvent trop peu par rapport à leurs besoins.
Les toutes récentes données de consommation issues de l’enquête «Santé et bien-être des jeunes d’âge scolaire» (3) montrent que la proportion de jeunes du secondaire de 13,15 et 17 ans rapportant une consommation au moins quotidienne de fruits a augmenté significativement entre 2002 et 2006 passant de 34,1 à 41,1 %. Il y a donc progrès.
On observe toutefois une variation entre la consommation de fruits déclarée des garçons ou des filles de 5e et de 6e primaire et celle durant les études secondaires qui décroît nettement, pour remonter chez les filles en 6e secondaire tant dans l’enseignement général (SG) (4) que technique (ST) ou professionnel (SP), mais pas chez les garçons chez qui les fruits semblent moins à l’honneur. En fin de secondaire, plus de la moitié des filles de l’enseignement général déclare manger un fruit au moins une fois par jour, pour moins de 4 garçons sur 10.

Consommation quotidienne de fruits (plus d’une fois par jour)

Année

Garçons Filles
5e primaire 48,6 52,7
6e primaire 44,1 50,6
5e secondaire général 38,8 44,5
5e secondaire technique 34,3 37,8
5e secondaire professionnel 26,1 29,1
6e secondaire général 36,3 53,1
6e secondaire technique 26,1 42,3
6e secondaire professionnel 22,0 39,8

Source: HBSC – SIPES (ULB-PROMES) 2006

Toujours d’après la même enquête, la proportion de jeunes de 13,15 et 17 ans de l’enseignement secondaire rapportant une consommation au moins quotidienne de légumes n’a pas significativement changé entre 2002 et 2006, passant de 47,3 à 49,6 %.
Cela veut dire quand même que près d’un jeune sur deux du secondaire déclare manger des légumes au moins une fois par jour. Les légumes semblent plus appréciés en secondaire qu’en primaire par les élèves du général et par les filles de l’enseignement technique.

Consommation quotidienne de légumes (plus d’une fois par jour)

Année

Garçons Filles
5e primaire 39,7 47,7
6e primaire 43,3 52,9
5e secondaire général 56,0 60,8
5e secondaire technique 44,7 50,7
5e secondaire professionnel 40,8 38,2
6e secondaire général 53,7 69,4
6e secondaire technique 34,4 53,2
6e secondaire professionnel 38,2 45,7

Source: HBSC – SIPES (ULB-PROMES) 2006

La consommation quotidienne déclarée par les garçons est significativement inférieure à celle des filles: en fin de secondaire, près de 7/10 des filles de l’enseignement général consomment des légumes au moins une fois par jour, alors que ce n’est le cas que pour la moitié des garçons.
Si pour les garçons, on peut supposer que le sport a la préférence pour compenser une alimentation moins équilibrée, les filles, elles, consomment peut-être plus de fruits par souci de santé ou pour leur ligne.
Comme le remarque Damien Favresse (ULB- PROMES) (5) « D’un point de vue global , les filles se différencient des garçons par un rapport au corps plus problématique ‘, ‘ négatif tant au niveau physique que psychique ( plus de régimes même si pas nécessaires , moins bonne estime de soi , plus de plaintes psychosomatiques , etc .). Elles adoptent davantage de comportements de protection alors que les garçons se caractérisent plus volontiers par les conduites à risque ».
Il souligne aussi que « l’école joue également toujours un rôle de reproduction des inégalités sociales à travers notamment la réorientation dans les différentes filières de formation : la population des études primaires mélange toutes les catégories socio économiques alors que dans le secondaire et notamment dans l’enseignement général entre la première et dernière année , le profil socio économique des jeunes se modifie fortement , au profit , notamment , des catégories plus favorisées . Bien entendu , toute réalité est complexe et tout comportement s’explique par de multiples dimensions , de multiples facteurs ».

Si tout le monde s’y met…

Ces pistes d’explication des données de consommation ouvrent également d’autres perspectives d’action pour promouvoir la santé alimentaire. Celles-ci mettent en scène des acteurs de secteurs différents qui se concerteraient dans le but de donner aux enfants et aux jeunes les moyens de mettre en œuvre les «prescrits» alimentaires (5 fruits et légumes par jour par exemple); si sur le plan éducatif, des outils comme « En rang d’oignons » peuvent mettre en appétit, l’efficacité peut être multipliée par des interventions sur d’autres terrains. On pourrait imaginer, par exemple, une politique des prix et de la distribution favorisant l’accessibilité aux fruits et aux légumes – que ce soit à l’école, à la maison, sur le lieu de travail – et privilégiant les filières locales.
A ce sujet, la Commission européenne (6), dans son secteur ‘agriculture et développement rural’ lance une reforme de l’organisation commune des marchés dans le secteur des fruits et légumes.
Un des objectifs fixés par le Livre blanc sur l’alimentation publié par la Commission en mai 2008 est effectivement d’encourager la consommation des fruits et des légumes. Des études de faisabilité sont en cours pour envisager des distributions gratuites de fruits et de légumes au profit des écoles, des hôpitaux et des organisations caritatives (pourquoi ne pas y ajouter les maisons de repos pour personnes âgées par exemple et les lieux de résidence des enfants et des jeunes).
Ces propositions européennes devenant réalité illustreraient (une fois n’est pas coutume!) un moyen d’associer intérêts économiques et intérêts «santé», le tout dans une réforme qui vise avant tout à réguler le marché des fruits et des légumes et à encourager les regroupements de producteurs.
D’autre modes d’intervention permettraient d’avoir un impact sur l’adoption de comportements de santé plutôt que de conduites à risque. Ce pourrait être par exemple dans le secteur socio-éducatif cette fois: la mise en place de mesures valorisant les différentes filières d’enseignement et, de manière générale, renforçant chez les élèves et les enseignants l’estime de soi, le respect et la confiance en soi et positivant ainsi le rapport au corps et aux autres.
Bien évidemment, ces interventions auraient des retentissements non seulement sur le terrain de la santé mais aussi sur celui des apprentissages. A chaque secteur d’imaginer comment interagir au service des objectifs santé, selon son public et les intervenants en jeu.
Pour notre part, l’outil « En rang d’oignons » constitue la contribution de la Coordination Education & Santé – Cordes asbl dans le but de soutenir les enseignants en particulier, dès les classes maternelles, souvent en recherche d’outils ludiques et didactiques à la fois qui leur permettent d’agir en faveur de la santé.
L’intention est de mobiliser les acteurs éducatifs et de santé dans des «voyages de 365 jours» non pas en ballon mais avec les élèves, autour du thème des fruits et des légumes. Il s’agit d’encourager des choix plus sains en matière d’alimentation mais aussi et surtout d’inviter chacun à se mêler de nos oignons à tous… Bon appétit!
Cristine Deliens , Coordinatrice CORDES
Adresse de l’auteur: Cordes asbl, avenue Maréchal Joffre 75, 1190 Bruxelles. Tél.: 02 538 23 73. Courriel: cordes@cordes-asbl.be

(1) Le marketing est particulièrement créatif ces dernières années dans ce créneau. Tous les mois, la rédaction d’ Education Santé reçoit des dossiers de presse vantant les mérites de nouveaux produits à base de fruits et/ou de légumes censés conjuguer alimentation saine et plaisir gustatif. L’enjeu commercial est de taille!
(2) Voir le site https://www.mangerbouger.be
(3) Etude internationale HBSC, SIPES (ULB-PROMES), Bruxelles, 2006.
(4) Dans des proportions sensiblement supérieures dans le général.
(5) Communication personnelle au départ des données de l’étude internationale HBSC citée précédemment.
(6) Réforme de la PAC, Agriculture et développement rural, Commission européenne, https://www.europa.org .

Appel à la construction d’un partenariat avec la médecine générale

Le 30 Déc 20

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Nous vous proposons une rencontre avec notre jeune asbl Promotion Santé et Médecine Générale dont les associations fondatrices sont la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et la Fédération des Maisons Médicales (FMM). Notre objet social est de développer, à partir de la médecine générale, les programmes de médecine préventive tels que définis par les programmes quinquennaux de la Communauté française, en encourageant la participation des patients, et en étant attentif à la manière dont le grand public est informé de ces questions de santé, afin de ne pas exclure davantage les personnes précarisées.
Depuis notre création en juin 2005, nous avons abordé la promotion de la santé cardio-vasculaire. Vous trouverez sur notre site https://www.promosante-mg.be nos premières réalisations dans ce domaine.
Notre souhaitons à moyen terme dépasser cette thématique particulière et construire une approche horizontale et globale, une approche pertinente en médecine générale, et qui rencontre les principes de la promotion de la santé.
Notre premier public est bien entendu celui des médecins généralistes mais nous voudrions construire un partenariat durable avec ceux d’entre vous qui partagent notre vision et qui, dans les stratégies de la promotion de la santé, collaborent avec les médecins généralistes ou ont des attentes à leur égard.
Pour cela, nous vous invitons le samedi 13 octobre 2007 de 14 à 17 heures à la SSMG, rue de Suisse 8 1060 Bruxelles .
Afin de préparer au mieux cette rencontre (une première!), nous vous demandons de préciser les attentes que vous pourriez avoir envers les généralistes et leur vision de la promotion de la santé.
N’oubliez pas non plus de lire dans ce numéro l’article de Jean Laperche ‘La promotion de la santé cardio-vasculaire, mais encore?’, qui trace quelques contours du ‘bon usage’ de la promotion de la santé en médecine générale.
Merci de répondre au questionnaire ci-joint et de nous le renvoyer pour le 15 septembre 2007.
André Dufour , Pascale Jonckheer , Pierre Legat , pour la SSMG, Jean Laperche , Marianne Prévost , Thierry Wathelet , pour la FMM, Valérie Hubens pour Promotion Santé et Médecine Générale

Le questionnaire préparatoire

Vous êtes
Nom de l’association:
Adresse:
Personne de contact:
Courriel:
Téléphone:
Fax:
Objet social de l’association:
Financement:
Nos questions, vos réponses

1. A partir de votre position dans le champ de la promotion de la santé, comment voyez-vous l’existence et le développement de la promotion de la santé en médecine générale?
§§
§§
§§2. Que pouvez-vous apporter à la médecine générale pour initier ou consolider des stratégies, des principes, des valeurs, des actions en promotion de la santé?
§§
§§
§§3. Que pensez-vous que la médecine générale puisse apporter à vos réalisations, à vos projets en promotion de la santé?
§§
§§
§§4. Quelles difficultés potentielles pouvez-vous dès à présent identifier pour le développement de la promotion de la santé en médecine générale?
§§
§§
§§5. Quelles interrogations, craintes, réserves, doutes pouvez-vous dès à présent exprimer envers les généralistes qui s’intéressent au développement de la promotion de la santé?
§§
§§
§§6. Quels rêves, souhaits, espoirs, bonheurs pouvez-vous dès à présent formuler pour de pareils projets?
§§
§§
§§7. Quelles seraient, selon vous, les premières étapes à mettre en place pour réussir le démarrage d’un partenariat entre des associations de promotion de la santé et la médecine générale dans notre Communauté française de Belgique?
§§
§§
§§8. Autres remarques à formuler:
§§
§§

Merci d’envoyer le questionnaire complété à Danielle Pianet, Promotion Santé et Médecine Générale asbl c/o SSMG, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles

France : du PNNS 1 aux propositions de PNNS …

Le 30 Déc 20

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En janvier 2001, le Ministère de la Santé a mis en place, en France, avec le soutien de tous les ministères et institutions concernés, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) dont l’objectif général était (et reste) d’améliorer l’état de santé de la population en agissant sur le déterminant majeur que représente la nutrition.
Un rapport remis l’an dernier au ministre de la santé donne des éléments de bilan tant quantitatif que qualitatif du PNNS 2001-2005, et propose un certain nombre de recommandations pour la mise en place de nouvelles stratégies pour la suite du PNNS2 (2006-2008).

Grands principes positifs

Pour la période 2001-2005, le PNNS1 prévoyait un ensemble d’actions et de mesures ayant comme finalité de promouvoir, dans l’alimentation (et l’hygiène de vie en rapport avec l’alimentation) les facteurs de protection, et de réduire l’exposition aux facteurs de risque vis-à-vis des maladies chroniques et, aux niveaux des groupes à risque, de diminuer l’exposition aux problèmes spécifiques.
Neuf objectifs nutritionnels prioritaires chiffrés (sur l’alimentation, l’activité physique et le statut nutritionnel) ont été retenus pour cette période par un comité d’experts en nutrition et santé publique. Ces objectifs pragmatiques ne visaient pas à couvrir de façon optimale l’ensemble des problèmes nutritionnels de la population française. Il s’agissait de propositions «raisonnables» et ciblées, suffisantes pour permettre une amélioration significative de la situation nutritionnelle en France.
Dans l’esprit des concepteurs du programme, le fait d’atteindre ces objectifs chiffrés ne constituait pas une fin en soi, mais le niveau de réduction des facteurs de risque ou de promotion des facteurs de protection, tels qu’ils ont été retenus paraissait suffisamment raisonnable sur la période de temps considéré, pour permettre un impact réel significatif à plus long terme sur la morbidité et la mortalité. A côté des 9 objectifs visant l’ensemble de la population, neuf objectifs nutritionnels spécifiques ont également été définis visant des populations particulières.
Sur un plan opérationnel, pour atteindre les objectifs définis, le PNNS 2001-2005 proposait de développer un ensemble d’actions, de mesures, voire de réglementations autour d’axes stratégiques orientés vers la communication, l’information, l’environnement nutritionnel et l’offre alimentaire. La base conceptuelle et les stratégies mises en place se sont appuyées sur les conclusions du rapport du Haut Comité de la Santé Publique (HCSP) «Pour une politique nutritionnelle de santé publique en France: enjeux et proposition» publié en septembre 2000.
Véritable plan de santé publique, ce programme associait également la formation, la recherche, la surveillance et l’évaluation multisectorielle. Le PNNS associe, depuis son lancement, tous les acteurs concernés dans son Comité de pilotage: l’ensemble des ministères (santé, agriculture, consommation, éducation nationale, jeunesse et sport, lutte contre l’exclusion et la précarité, sujets âgés, intérieur, recherche), les agences sanitaires (INPES, InVS, AFSSA), la CNAM, la Mutualité française, le Conseil national de l’alimentation, l’INSERM, l’INRA, l’Association nationale des industries alimentaires, les associations de consommateurs, les associations des Maires de France et des Départements de France et divers experts scientifiques (la grande distribution et la restauration collective ont été associés plus récemment).
Les actions mises en place ont été orientées vers différentes cibles: population générale, groupes à risque, professionnels de santé, professionnels de l’éducation, travailleurs sociaux, collectivités locales et territoriales, monde associatif et acteurs économiques.
Toutes les actions mises en place depuis 2001 ont toujours reposé sur un ensemble de grands principes fondamentaux: le respect du plaisir, de la convivialité, et de la gastronomie; une approche positive, fortement orientée vers la promotion des facteurs de protection, ne se situant jamais dans le champ de l’interdit; le développement de messages toujours adaptés aux modes de vie; la synergie, la complémentarité et la cohérence des messages et de l’ensemble des actions développées. Ceci tout en respectant la liberté et le plaisir que représente, notamment dans notre pays, l’acte alimentaire.
Bien qu’imparfait, le PNNS a le mérite d’être un vrai plan de santé publique, agissant sur l’ensemble des secteurs concernés et ayant visé différentes cibles: consommateurs/usagers/citoyens, professionnels relais (santé, éducation, travailleurs sociaux…), les opérateurs économiques (production, transformation, distribution, restauration collective…). Il a montré l’articulation entre le niveau national (développant le cadre de référence et jouant un rôle incitatif) et le niveau loco-régional avec une implication forte des collectivités territoriales (régions, départements, villes) et du monde associatif. Il a fait appel à la complémentarité des approches: communication, information, éducation, sensibilisation, actions sur l’offre alimentaire et l’environnement nutritionnel (incluant alimentation et activité physique).

Les éléments de bilan du PNNS1

Les éléments d’évaluation concernant les actions développées, les mesures mises en place et les outils conçus dans le cadre du PNNS 2001-2005 présentés dans le rapport ne sont en aucun cas une évaluation globale du PNNS permettant de juger de l’impact de l’ensemble des moyens mis en oeuvre sur les objectifs nutritionnels fixés en 2001.
Cette évaluation objective (prévue lors de la mise en place du PNNS) est programmée pour 2007 et s’appuiera principalement sur les résultats de l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) qui fournira des données sur les indicateurs des objectifs du PNNS, au niveau d’un échantillon de 6000 personnes représentatif de la population française. L’évaluation réelle sera réalisée par un évaluateur externe (Inspection générale des affaires sociales, IGAS) qui aura la charge d’évaluer l’état d’avancement des objectifs fixés et d’évaluer l’ensemble des processus mis en œuvre dans le cadre du PNNS.
Cependant les éléments disponibles en termes quantitatifs montrent que plus de trois-quarts des actions prévues ont été réalisées, notamment en ce qui concerne les axes portant sur la communication / information / éducation, le développement de la recherche et la mise en place de moyens de surveillance nutritionnelle. Les scores d’adéquation sont moins bons pour les axes impliquant le système de soins et les acteurs économiques et surtout celui visant à développer des mesures et actions destinées à des groupes spécifiques de population.
Par contre, il faut noter que de très nombreuses actions non prévues initialement dans le PNNS ont été également ajoutées en cours de développement du programme.
Ce rapide bilan met en évidence que, loin d’être dispersé (comme cela lui est parfois reproché), le PNNS, pour atteindre ses objectifs, a agi de façon complémentaire et cohérente sur l’ensemble des leviers nécessaires et au niveau des multiples professions, lieux et terrains d’actions qui, dans le champ de la nutrition, sont particulièrement nombreux. Des éléments peuvent être considérés comme positifs (mise en place de la plupart des actions programmées, mise au point d’un cadre référentiel reconnu et aujourd’hui incontournable), mais des points négatifs existent (retards dans la programmation des actions, insuffisance des moyens, faible mobilisation de certains acteurs…). Finalement on peut reconnaître que le PNNS 2001-2005 a permis de développer un cadre référentiel et de créer une dynamique qui a touché l’ensemble des acteurs concernés par le champ de la nutrition.
Cependant la conception et le développement des outils nécessaires à l’établissement du cadre référentiel et la mise en oeuvre des actions et des mesures proposées en 2001 ont nécessité une large et longue concertation que justifiait la nécessité de l’appropriation, par chaque acteur, d’une nouvelle démarche de santé publique novatrice. Ceci explique, en partie, le retard observé dans l’avancement pratique du PNNS. Certes, une grande majorité des actions et mesures prévues dans le programme en 2001 ont été mises en place aux niveaux national et local. Cependant, pour la plupart, leur plein développement n’est cependant intervenu que tardivement (notamment à partir de 2003), et leur impact, même s’il a déjà pu avoir certains effets, ne s’est vraisemblablement pas encore manifesté de façon optimale.
D’autre part, la loi relative à la politique de santé publique et son rapport annexé, qui fixe des objectifs de santé pour l’horizon 2008, reprennent les niveaux des objectifs majeurs du PNNS tels qu’initialement prévus pour 2005.
Ces différentes raisons et notamment le calendrier fixé par la loi justifient pleinement le maintien pour le PNNS 2 du chiffrage à atteindre pour les 9 objectifs spécifiques du PNNS. De plus, aucun élément suffisamment objectif et global ne permet de connaître la situation à la fin de l’année 2005. Les résultats de l’étude ENNS initiée sur le terrain en janvier 2006 et destinée à cette mesure ne seront pas connus avant 2007.

Les 3 plans d’actions du PNNS 2

Ils comprennent un total de 26 actions concrètes dans le cadre d’une grande mobilisation nationale pour la promotion de la nutrition.
Les propositions faites en vue de prolonger le PNNS et d’inscrire la nutrition comme une politique de santé publique à long terme, s’inscrivent dans la ligne directe des acquis des cinq premières années. Elles s’appuient sur le cadre référentiel déjà développé, sur la dynamique mise en place au niveau de l’ensemble des acteurs impliqués, et sur les grands principes fondamentaux du PNNS.
Ceux-ci associent, dans une finalité d’objectifs de santé scientifiquement validés, les dimensions de plaisir, de gastronomie, de convivialité, de partage et de culture. Les propositions poursuivent l’option affirmée dans le PNNS de recherche permanente de cohérence des messages, de complémentarité et de synergie des différentes actions. Elles s’appuient également sur l’expérience acquise au cours du fonctionnement du premier PNNS, sur les analyses faites et l’évaluation des actions pilotes ou études-actions mises en place depuis 2001 (par exemple en termes de communication, de mise en place de réseaux, de relations avec les opérateurs économiques…).
Ces propositions ne sont plus des recommandations générales mais des propositions d’actions concrètes et pragmatiques visant à se donner les moyens d’atteindre les objectifs nutritionnels de santé publique fixés dans le PNNS. Elles doivent être organisées selon un calendrier adéquat, qui devra vraisemblablement se prolonger au delà de 2008.
Ces propositions se veulent résolument efficaces et visent à réduire les inégalités en terme d’accès à une alimentation favorable à la santé (réduction de la fracture nutritionnelle qui se développe en France avec un écart qui se creuse avec les populations défavorisées sur le plan économique, qui apparaissent particulièrement vulnérables sur le plan nutritionnel, associant risque élevé d’obésité et de carences).
Les propositions pour le PNNS 2 sont organisées autour de 3 axes correspondant à 3 plans d’actions donnant lieu, pour chacun, à des stratégies complémentaires regroupant diverses modalités d’action. Depuis 2001, le PNNS a montré la nécessité absolue d’un travail permettant d’agir conjointement sur la promotion de la nutrition dans une finalité de prévention globale, le dépistage précoce et la prise en charge des troubles nutritionnels et de leurs conséquences sur la santé. Ceci nécessite un travail impliquant de multiples acteurs, qui débordent largement les seuls professionnels du champ de la santé, du domaine social ou de l’éducation. Il est indispensable d’associer le secteur public, seul en charge de l’orientation des politiques et des stratégies nationales, les collectivités territoriales qui agissent avec les compétences que la loi leur confère en faveur des populations qu’elles représentent, les multiples professionnels relais, les usagers, et le secteur privé dont le soutien à la cause de la santé publique et l’implication dans le domaine d’activité qui lui est propre sont essentiels à l’atteinte des objectifs fixés.
C’est pourquoi ces propositions d’actions doivent être replacées dans le cadre de la mise en place d’une grande mobilisation nationale pour la promotion de la nutrition.
Plan d’actions 1 – «Prévention nutritionnelle globale : offrir à tous les conditions d’une alimentation et d’une activité physique favorable à la santé. Rendre réellement réalisables les repères de consommation du PNNS».
Ce plan comprend un ensemble d’actions et de mesures destinées à promouvoir une alimentation et des comportements, qui, tout en respectant le plaisir et en étant adaptés aux différents modes de vie, participent à la prévention des grandes maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, ostéoporose), diminuent les risques d’obésité (et ses co-morbidités associées) et de dénutrition. Il est orienté autour de deux stratégies majeures.
Améliorer l’offre alimentaire et la pratique d’une activité physique suffisante :
-faciliter l’accessibilité pour tous et donner du plaisir à consommer les aliments de bonne valeur nutritionnelle et dont la consommation doit être accrue. Cette stratégie qui vise la population générale développe plus particulièrement des actions ciblées spécifiquement vers les enfants et les populations les plus vulnérables économiquement;
-optimiser la qualité nutritionnelle des aliments mis sur le marché tout en respectant leur qualité gastronomique, sans nuire à leur accessibilité pour tous;
-faciliter l’accès, sur les lieux de vie, à une activité physique quotidienne, partie intégrante du mode de vie, facile et plaisante.
Orienter la demande des consommateurs :
-renforcer une communication (nationale et de proximité) très orientée sur la mise en pratique et la facilité à tendre vers les repères de consommation et leur faisabilité quels que soient les modes de vie, les goûts ou les moyens économiques;
-donner une information pratique et simple pour orienter les choix des consommateurs au moment de l’acte d’achat;
-étendre les actions d’éducation nutritionnelle accessibles à tous, particulièrement à destination de populations à faible niveau d’éducation;
-garantir une cohérence des messages.
Plan d’actions 2 – «Prendre en charge l’obésité de l’enfant et de l’adulte»
Ce plan s’appuie sur un système intégré dans le bassin de vie permettant de garantir une prise en charge adaptée de l’obésité (infantile et adulte), décloisonnée, concertée et multidisciplinaire. Ce système devra prendre en compte les dimensions somatique, psychologique et sociale de l’obésité, assurant une cohérence de la prise en charge des personnes et luttant contre la stigmatisation. Ce plan s’appuie sur plusieurs stratégies:
-mettre en place des systèmes de prise en charge de l’obésité des enfants et des adultes avec des professionnels formés sur des bases valides, travaillant en réseaux au niveau régional, et dont les réseaux sont coordonnés au niveau national et articulés sur un dépistage efficace en amont;
-positionner l’enjeu de santé de l’obésité et lutter contre la stigmatisation des obèses à tous les niveaux de la société.
Plan d’actions 3 – «Améliorer la prise en charge transversale de la dénutrition ou de son risque, notamment chez le sujet âgé (en ville et dans les établissement de santé et médico-social)»
Ce plan met en oeuvre une prise en charge transversale de la dénutrition ou de son risque, notamment des sujets âgés, avant, pendant et après l’hospitalisation, en s’appuyant sur diverses stratégies:
-actualiser la formation de l’ensemble des professionnels de santé et les professions relais (travailleurs sociaux, conseillères en éducation familiale et sociale, encadrants d’activités de loisirs, aidants de sujets âgés dépendants…);
-développer les outils et les moyens utiles à la reconnaissance, dans les lieux de vie des sujets âgés, des risques de dénutrition;
-mettre en place un système d’alerte et de prise en charge de la dénutrition en ville et à l’hôpital.
La finalité de ces trois plans est de développer conjointement des actions pragmatiques et efficaces dans les domaines de la promotion de la nutrition (prévention globale) et de la prise en charge des problèmes nutritionnels destinées à l’ensemble de la population avec des actions spécifiques orientées vers des groupes vulnérables. Il est certain que les populations défavorisées (au delà des seules populations en situation de précarité) constituent un groupe particulièrement vulnérable. Il s’agit donc de réduire les différences en termes d’accès à une alimentation et à une activité physique favorables à la santé entre les populations les plus favorisées et celles moins favorisées économiquement, de lutter contre les inégalités en termes d’accès à la prise en charge et aux soins des populations les plus affectées (jeunes, défavorisés…) et de limiter les différences régionales.

Quels moyens pour quelles fins

Les moyens à mettre en oeuvre doivent permettre:
-d’articuler les différentes politiques publiques (santé, alimentation, éducation, économique, sociales, jeunesse et sports, ville, recherche…) tant au niveau national que loco-régional. Ceci implique de disposer des moyens de coupler une gestion technique et une gestion politique du PNNS2;
-de disposer des moyens financiers et humains à la hauteur des enjeux de santé publique (et de lutte contre les «inégalités alimentaires»), notamment par la mise en place d’un Fonds national de promotion de la nutrition (FNPN);
-d’instaurer un nouveau dialogue et une participation active des opérateurs économiques du champ de la nutrition par l’adhésion, sur une base volontaire, à des chartes d’engagement formalisées;
-de créer un véritable élan national mobilisant l’ensemble des acteurs concernés pour atteindre les objectifs fixés (professionnels de santé, monde de l’éducation, travailleurs sociaux, associations, villes et autres collectivités locales et territoriales, entreprises…).
Les 26 actions concrètes préconisées dans le rapport et les mesures proposées pour les réaliser constituent un ensemble de stratégies qui permettent de prendre en compte les diverses dimensions de la nutrition.
La mise en place et le succès de ces actions nécessitent une volonté ferme des divers intervenants concernés (sous la coordination des pouvoirs publics) de s’impliquer fortement dans une finalité de santé publique. Il est indispensable d’agir à divers niveaux, au même moment, et dans une cohérence globale si l’on souhaite relever le défi d’atteindre les objectifs fixés et obtenir une amélioration de la santé des Français.
Chaque segment de la société doit être partie prenante de l’effort, tant l’alimentation et l’activité physique constituent des éléments du quotidien discutés en permanence par chacun.
A l’issue du PNNS 2001-2005, nous avons vu que des frémissements existent au niveau des objectifs nutritionnels fixés. Il est nécessaire de prolonger, multiplier sur le territoire national entier et renforcer l’effort engagé. La mise en place de nouvelles actions et mesures au cours des trois années à venir permettra de mesurer d’ici trois ans (2009-2010) les effets globaux sur des indicateurs précis dont les mesures de base seront disponibles lors de la publication des résultats ENNS (2006-2007). Les mesures d’indicateurs économiques de l’offre alimentaire pourront également fournir des éléments d’évaluation pertinents.
Enfin une évaluation spécifique des principales mesures mises en place, et de leur effet sur les objectifs fixés, devrait permettre de juger de la nécessité de maintenir ou de réorienter ces mesures dans le futur.
Serge Hercberg , Professeur de Nutrition Faculté de Médecine Paris 13, Directeur de l’U 557 Inserm/U1125 Inra/Cnam et de l’USEN (InVS/Cnam/Paris13), Directeur du CRNH Ile-de-France, Vice-président du Comité Stratégique et Président du Comité de pilotage du PNNS
Article publié dans le n° 96 (juillet-août 2006) de Cholé-doc, bimestriel édité par le Centre de recherche et d’information nutritionnelles. Avec l’aimable autorisation du CERIN.

Les Belges inégaux face à la santé

Le 30 Déc 20

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La Fondation Roi Baudouin a mis en place un groupe de travail sur les inégalités en matière de santé. Ce groupe vient de commencer ses activités, notamment en collectant un maximum de données statistiques.
Mais la Fondation est tellement interloquée par l’ampleur des inégalités que révèlent ces chiffres qu’elle a décidé d’en faire part au grand public et aux décideurs quelques jours avant les élections législatives, avant même d’approfondir la recherche ou de songer aux éventuelles solutions qui pourraient être proposées.

Tous les Belges sont égaux devant la loi. Le sont-ils également en ce qui concerne leur santé? La réponse est non. Et l’ampleur de ces inégalités est choquante.
Quelques données concrètes suffisent à prendre la mesure de ces inégalités.
Une personne avec un faible niveau d’études meurt trois à cinq ans plus tôt qu’une personne ayant un niveau d’étude supérieur. Elle peut s’attendre à vivre en bonne santé de 18 à 25 années de moins qu’une personne avec un haut niveau d’étude (1).
Dans les couches sociales les plus basses, seules 60% des personnes estiment être en bonne santé, contre 87% dans les couches sociales les plus hautes (2).
Un enfant dont les deux parents sont chômeurs court presque 2 fois plus de risques d’être prématuré et d’avoir un faible poids à la naissance. Il court 2 fois plus de risques d’être mort-né qu’un enfant dont au moins un des parents travaille comme fonctionnaire (3).
Tous les Belges ne sont donc pas égaux en matière de santé. La santé se répartit inéquitablement, plus inéquitablement encore que la Fondation ne s’y attendait. De plus, cette répartition se fait systématiquement au désavantage des couches sociales les plus basses: elle suit de près celles de l’argent, de l’éducation, du statut social; couche par couche, classe par classe. La pyramide de la santé se révèle être une copie conforme de la pyramide des inégalités de la société.
Le nombre d’années de vie en bonne santé (espérance de vie en bonne santé) des personnes ayant un faible niveau d’études diminue principalement à cause des maladies suivantes: arthrite, maux de dos, maladies cardiaques, attaques, asthme et maladies chroniques des poumons (4).
La réduction de l’espérance de vie est principalement à attribuer à des causes de décès sur lesquelles la prévention a une influence importante, notamment la cirrhose du foie, le cancer de l’intestin, le suicide et les accidents (5).

La prévention, parent pauvre de notre système de santé

Les hommes âgés de 40 à 49 ans et n’ayant qu’un faible niveau d’études courent environ 2 fois plus de risques de mourir d’un cancer du poumon que les hommes possédant un diplôme plus élevé (6).
Dans les quartiers les plus défavorisés, plus du double de personnes meurent de cirrhose du foie que dans les quartiers plus aisés(7).
L’espérance de vie n’est donc pas uniquement liée au niveau d’étude mais également au quartier d’habitation, à la profession exercée, etc. Les hommes qui, à la cinquantaine, sont locataires de leur logement ont un risque de décès près de 2 fois supérieur à celui des hommes de la même catégorie d’âge qui sont propriétaires de leur logement(8).
Et on pourrait multiplier les exemples.
Ces grandes inégalités en matière de santé ne peuvent que nous interpeller. La Belgique ne s’est-elle pas toujours vantée d’avoir un système de santé accessible et abordable? N’était-ce pas là justement un point qui différenciait la Belgique des autres pays? C’est ce que nous pensions jusqu’ici.
Depuis des décennies, “des soins de santé accessibles et abordables pour tous” a été le slogan de tous les gouvernements, de tous les partis politiques, de tous les groupes qui sont concernés par la gestion des soins de santé.
De nombreuses mesures ont été mises en place pour les personnes ayant un faible revenu; par exemple l’extension de l’intervention majorée avec le statut Omnio ou le Maximum à facturer qui veille à ce que les frais de santé ne dépassent pas un certain montant par an.
Les efforts réalisés comme les budgets qui y sont consacrés sont importants. Le but poursuivi est-il pour autant atteint?
Notre système de santé si renommé garantit effectivement une large offre de médecins et d’hôpitaux, dispensant des soins de haute qualité, sans délais d’attente, pas trop chers comparativement à d’autres pays et avec une série de mesures spéciales pour les groupes disposant d’un faible revenu. Pourtant, notre système de soins de santé ne parvient pas à réduire les inégalités en matière de santé.
La Belgique n’a pas l’espérance de vie la plus élevée au monde. Selon le Rapport mondial de la santé (2006), 25 pays font mieux qu’elle.
Certaines indications montrent qu’en matière d’égalité de santé, nous faisons également moins bien que nos voisins. Une illustration de ce point peut se trouver une récente étude sur l’obésité, l’un des problèmes les plus importants actuellement en Europe tant en matière de santé qu’en matière d’inégalités socio-économiques (9). Ainsi, en 1997, en Belgique, les femmes issues des classes sociales les plus basses avaient 14% plus de risque de devenir obèses.
La Fondation Roi Baudouin souhaite étudier le sujet plus avant. Elle croit aux atouts de notre système de santé. Ce système est-il trop centré sur le traitement des maladies au détriment de leur prévention? Cette dernière n’est-elle pas trop peu orientée vers des groupes spécifiques? D’innombrables questions sont à éclaircir. C’est pour en savoir plus que la Fondation Roi Baudouin a mis en place un groupe de travail réunissant les acteurs concernés, qui va approfondir la problématique des inégalités de santé au cours des prochains mois.
La Fondation encourage d’ores et déjà les différents niveaux de pouvoirs politiques et tous les acteurs de la société civile à placer les inégalités de santé plus haut sur leur agenda. Avec eux, elle souhaite chercher de nouvelles mesures qui influenceront effectivement et positivement le niveau de la santé en Belgique.
Les deux équipes scientifiques qui appuient la Fondation sont pour l’UGent le Vakgroep Huisartsgeneeskunde en Eerstelijnsgezondheidszorg ( Prof. Jan De Maeseneer ), et pour l’ULB le Département de Médecine Générale ( Prof. Michel Roland ).
D’après un communiqué de la Fondation Roi Baudouin

(1) Bossuyt N. en H. Van Oyen, (2000), Gezondheidsverwachting volgens socio-economische gradiënt in België , IPH/EPI Reports Nr. 2000-003, Bruxelles: Institut Scientifique de Santé Publique. Département Epidémiologie.
(2) ISSP, (2002), Enquête de Santé par interview Belgique 2001 , IPH/EPI Reports Nr. 2002-22, Bruxelles: Institut Scientifique de Santé Publique. Département Epidémiologie.
(3) Centrum voor operationeel onderzoek in volksgezondheid, (2001), Geboorte, perinatale sterfte en kindersterfte, 1993-1995, Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap: Administratie Gezondheidszorg en Wetenschappelijk Instituut Volksgezondheid: Afdeling Epidemiologie, https://www.iph.fgov.be/epidemio/epinl/crospnl/inf9395nl.pdf .
Drieskens S., J. Tafforeau, H. Van Oyen, H. Cloots en S. Van den Broucke (2000), Geboorte, perinatale sterfte en kindersterfte, 1993-1995, Centrum voor operationeel onderzoek in volksgezondheid.
(4) Nusselder W.J., C.W. Looman, J.P. Mackenbach, M. Huisman, H. Van Oyen, P. Deboosere, S. Gadeyne en A.E. Kunst (2005), The contribution of specific diseases to educational disparities in disability-free life expectancy , American Journal of Public Health, 95(11), 2035-41.
(5) Bossuyt N. en H. Van Oyen, (2001), Rapport de santé: différences socio-économiques en santé, IPH/EPI Reports Nr. 2001-013, Bruxelles: Institut Scientifique de Santé Publique. Département Epidémiologie.
(6) Mackenbach J., (2004), “Inequalities in lung cancer mortality by the educational level in 10 European populations”, European Journal of Cancer, 40(1), 126-35.
(7) Lorant V., (2000), “Mortality socio-economic inequalities for small-areas in Belgium: assessing concentration”, Revue d’Epidémiologie et de Santé Publique, 48(3), 239-247.
(8) Huisman M., A.E. Kunst, O. Andersen, M. Bopp, J.K. Borgan, C. Borell, G. Costa, P. Deboosere, G. Desplanques, A. Donkin, S. Gadeyne, C. Minder, E. Regidor, T. Spadea, T. Valkonen en K.P. Mackenbach, (2004), “Socioeconomic inequalities in mortality among elderly people in 11 European populations”, Journal of Epidemiology and Community Health, 58(6), 468-475.
(9) Robertson Aileen, Public Health Nutritionist Suhr’s University College, Denmark, Obesity and Socio-economic groups in Europe: Evidence and implications for action, presentation for the Expert Group on social determinants and health Inequalities, 7 May 2007

Etude ‘Jeunes et drogues’, un travail contre-productif et réducteur

Le 30 Déc 20

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L’étude Jeunes et Drogues ‘ ( 1 ) publiée en octobre 2006 par le CRIOC et la Fondation Rodin plonge les professionnels des domaines de la prévention et des soins des dépendances aux drogues dans la perplexité . Ce ne sont pas les liens financiers , maintes fois dénoncés , liant la Fondation Rodin aux géants de l’industrie du tabac qui posent cette fois problème .
Dans le cas présent, les contrevérités émaillant le document incriminé, certaines définitions fantaisistes, la dramatisation du sujet et ses conclusions orientées et réductrices révèlent une ignorance coupable dans ce domaine sensible et complexe. Elles soulèvent de nombreuses questions sur les objectifs de cette étude destinée avant tout aux décideurs politiques (2). Et obligent les professionnels des domaines de la prévention et des soins des dépendances à réagir. Les enquêtes tendancieuses font plus de mal que de bien et les travailleurs de terrain trouvent important que les données soient correctes et restituées de manière neutre et scientifique.
L’étude porte sur la consommation de cannabis chez les jeunes. En premier lieu certains termes de base, mal définis ou utilisés de manière hasardeuse, portent préjudice à la crédibilité de ce travail. La définition de la dépendance, tronquée et lourde de sous-entendus, illustre le mieux ces approximations. Serait dépendante toute personne qui: ‘ consomme au moins 1 produit ; non dépendante = ne consomme aucun produit ( tabac , drogue , jeu , alcool , etc )( 3 ). Cette définition ne permet pas de distinguer l’essai expérimental d’un produit, l’usage, l’abus ou le développement d’une dépendance.
Dans la littérature, la notion de dépendance inclut automatiquement celle de sujétion au produit consommé, et le malaise psychique ou physique qui découle de l’arrêt de cette consommation (4). Assimiler la dépendance à la consommation revient à exclure toute possibilité de gérer l’usage d’un produit psychoactif (cannabis, alcool, café…). Cela réduit l’ensemble des consommateurs de produits à des malades, et efface le fait que la majorité d’entre eux ne franchira jamais ce seuil.
Ces contrevérités alimentent certains clichés tenaces en matière de drogues, où le ‘drogué’ est forcément dépendant, voire systématiquement assimilé à un criminel. Ces représentations tronquées rendent plus ardues l’approche, la compréhension et une gestion responsable et adaptée de ces problématiques.
Les erreurs de terminologie ne constituent pas l’unique motif de réserve, ni le plus important. Les conclusions tirées sont hâtives et orientées. A propos de la perception du cannabis, en réponse aux questions posées (5), les auteurs de l’étude concluent d’un trait: ‘ Si les jeunes sont majoritairement conscients de l’engrenage de la dépendance et du caractère dangereux du produit , un sur trois pense qu’il peut réduire le danger en faisant preuve de prudence . Un jeune sur trois sous estime le danger et estime qu’il peut contrôler le risque ‘ ( 6 ).
Le verdict est sans appel: le cannabis est dangereux, provoque l’engrenage de la dépendance et celui qui pense pouvoir développer une habileté à diminuer les risques liés à sa consommation sous-estime les dangers du produit.
De quels dangers parle-t-on ici? La dispute familiale? Les ennuis judiciaires? Les complications de santé? Il est évident, en particulier chez les jeunes encore en évolution au plan psychique et physique, que les consommations précoces comportent des dangers accrus et doivent être évitées. Sous une perspective de santé la priorité chez les jeunes est de prévenir l’usage. De là à dire que toute forme d’usage est dangereuse, il y a un pas à ne pas franchir.
On lit également que ‘ Plus d’un jeune sur deux estime recevoir assez d’information sur le cannabis . Toutefois , moins d’une famille sur quatre aborde , à la maison , la thématique du cannabis . Si c’est le cas , c’est plus souvent à l’initiative des parents , plus rarement des jeunes . Les jeunes surestiment leurs connaissances sur le cannabis .’ ( 7 ) Cette affirmation n’est basée sur aucune question précise. Scientifiquement, peut-on déduire une surestimation de leurs connaissances du fait que peu de jeunes prennent l’initiative d’en parler en famille? Bien sûr que non. Doit-on alors déduire que seul le dialogue en famille et l’information parentale sont pertinents dans ce domaine? Non plus.
Si les parents ont un rôle essentiel à jouer, les jeunes consommateurs sont en règle générale mieux informés sur les produits. Même si cette connaissance reste imparfaite, le contact, l’utilisation et les rites associés à la consommation de cannabis constituent un savoir que beaucoup de parents sont loin de posséder. D’où l’importance d’informer les adultes pour qu’ils reprennent leur rôle d’éducation également dans ce domaine.
En tout état de cause, au fil des pages, le consommateur ressort infantilisé, dépossédé de toute capacité de gestion d’un produit menant automatiquement à l’engrenage de la dépendance… Le message transmis joue sur l’angoisse et stigmatise les consommateurs. Cette orientation ne correspond pas à la réalité et aux objectifs des programmes de prévention ciblant nos plus jeunes. Ceux-ci visent à développer chez eux une attitude responsable concernant l’utilisation des drogues dans leur entourage et dans la société. Cela semble plus constructif que de jouer sur la peur des personnes et la stigmatisation des jeunes et de leur famille (8).
Certains résultats de l’étude sont uniques au monde, tels que la consommation plus importante chez les filles (20%) que chez les garçons (9%) (9)! Cela signifierait une augmentation spectaculaire de la consommation chez les filles qui passeraient de 3 à 20 % en une année, simultanément à une baisse de la consommation drastique chez les garçons en un an, de 17% à 9%. Le manque de transparence sur le cadre et les méthodes de l’enquête expliquent probablement ces résultats aberrants et mettent sérieusement en doute la fiabilité des résultats présentés. Ceux-ci sont en contradiction avec une série d’études sérieuses et fiables tels ESPAD, HBSC, au niveau européen, ou pour la Flandre les enquêtes du VAD réalisées en milieu scolaire et de ‘De Sleutel’.
Manque de structure et de lisibilité, chiffres non justifiés, manque d’information sur la méthode suivie, questions orientées, concepts mal définis, interprétations hâtives… Parce que l’objectif secondaire est également de ‘ permettre aux décideurs fédéraux , communautaires , régionaux et au monde de l’enseignement de disposer d’informations en matière de notoriété , perception , motivation et comportement des jeunes vis à vis de la consommation de cannabis et d’ecstasy ‘, il est de notre responsabilité de souligner les insuffisances graves et l’effet contre-productif de cette étude basée sur la dramatisation, la déresponsabilisation et la perte de crédibilité des premiers acteurs concernés, parents et jeunes.
L’étude comprend aussi une recommandation: la mise en place d’une grande campagne d’information sur le cannabis… L’analyse critique de cette étude devrait inciter nos responsables politiques à examiner avec une rigueur sans faille et la plus grande prudence tout projet de campagne d’information ou de prévention que pourraient introduire la Fondation Rodin ou son satellite, le Centre d’études et de recherche sur les assuétudes (CREEA). Pour les professionnels actifs dans ces domaines, il est clair que cette étude révèle une incompétence et la méconnaissance complète du domaine abordé.
Communiqué par les Fédérations des Institutions pour Toxicomanes (FEDITO) bruxelloise et wallonne, et la Vereniging voor Alcohol en andere Drugproblemen (VAD) (1) 25 octobre 2006, ‘Jeunes et Drogues’: https://www.oivo-crioc.org/textes/pdf/1814fr.pdf
(2) Son objectif est de ‘ permettre aux décideurs fédéraux, communautaires, régionaux et au monde de l’enseignement de disposer d’informations en matière de notoriété, perception, motivation et comportement des jeunes vis-à-vis de la consommation de cannabis et d’ecstasy ‘, page 3.
(3) Jeunes et Drogues, p.29
(4) Richard D., Senon J-L, Valleur M., Dictionnaire des drogues et des dépendances , Ed. Larousse, 2004, p. 199-219.
(5) Jeunes et Drogues, p.34: ‘1° Il est préférable de ne pas commencer le cannabis car la dépendance s’installe très rapidement. 2° Prendre du cannabis est dangereux. 3° Le cannabis bouleverse la vie et engendre des problèmes. 4° Le cannabis n’est pas dangereux si on est prudent avec la quantité et qu’on fait attention à la qualité’.
(6) Ibidem
(7) Op. cit p.55.
(8) Le 25/10/06 via un communiqué Belga, La Ligue des familles se déclarait ‘consternée par l’enquête publiée par la Fondation Rodin en association avec le CRIOC sur la consommation de cannabis chez les jeunes’… Elle remet en cause ‘l’objectivité de la Fondation Rodin et regrette la culpabilisation des parents faite par cette enquête’. Pour la Ligue des familles, «il est regrettable que ce type d’enquête soit commanditée par une structure telle que la Fondation Rodin, financée par l’industrie du tabac».
En outre, la Ligue des familles déplore ‘le manque de nuances et le ton’ adoptés par cette enquête. ‘Il est révoltant de constater que, là où les familles ont grandement besoin de soutien et de réponses constructives, la présentation de telles enquêtes induit, au contraire, la culpabilisation des parents’, dénonce la ligue. ‘Pointer leur malheureuse méconnaissance du sujet voire leur responsabilité dans la consommation de substances illicites par les ados revient à livrer un message stigmatisant et contreproductif’. Pour la Ligue des familles, il faut absolument dédramatiser la situation auprès des familles et globaliser la réflexion pour l’ensemble des consommations à risque au lieu de se centrer uniquement sur un produit.
(9) ‘Jeunes et Drogues’, Fondation Rodin & Crioc., p.9.

La ‘promotion’ de la santé cardio-vasculaire, mais encore?

Le 30 Déc 20

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Prévention des maladies ou promotion de la santé? Y a-t-il des différences? Quelle importance en médecine générale?

La prévention des maladies cardio-vasculaires , tout le monde le sait, est un premier travail en amont pour tenter d’éviter ces maladies ou d’en diminuer la morbidité. La «prévention» est le dépistage et le suivi des risques des maladies cardio-vasculaires. Tous ces risques sont bien connus et regroupés actuellement dans une seule approche commune, le risque cardio-vasculaire global, à mesurer chez tous les patients de 30 à 75 ans. Les articles précédents en ont abondamment parlé (voir Education Santé n° 218, 219 et 220).
La promotion de la santé (1) cardio-vasculaire , c’est la suite de ce travail en amont qui s’intéresse cette fois à un cran plus éloigné des facteurs de risque, les déterminants de la santé : l’insertion sociale, le niveau d’éducation, l’emploi, les conditions de vie, etc. Bien en amont des maladies et influençant considérablement la santé des individus et des populations, ces déterminants de la santé sont à ce jour bien connus et communs pour beaucoup de maladies chroniques ou de souffrances humaines (2). Ce sont les sciences humaines et les sciences sociales qui ont apporté ces éléments à la médecine.
Dans nos expériences cliniques, nous savons tous que les conditions de la vie quotidienne des patients influencent considérablement leur santé: précarités, conditions de (non) travail, ruptures familiales et sociales provoquant des sentiments d’insécurité ou de perte d’identité fortement corrélés aux facteurs de risque plus médicaux: stress, tabac, obésité, alcoolisme problématique, alimentation déséquilibrée, HTA, etc.
Dit autrement, la promotion de la santé cardio-vasculaire, c’est passer du registre des maladies (à prévenir, à éviter) à celui de la santé (à promouvoir, à augmenter) d’un individu et d’un groupe social, comme par exemple la patientèle d’un généraliste.
En médecine générale, nous nous intéressons non seulement à l’une ou l’autre maladie, mais surtout à ce patient (malade ou non), à toute sa personne et à son contexte de vie.
Cette approche humaniste est familière et gratifiante pour le généraliste (3). Utile aussi pour le patient et tout aussi gratifiante pour lui (4),(5).

Un projet concret en Communauté française

Dans l’actuel projet qui se développe depuis 2004 en Communauté française, nous avons tenté de concrétiser la promotion de la santé par deux démarches:
1. Rencontrer le monde subjectif du patient avec un «guide d’entretien», à disposition du généraliste, pour l’accompagnement des patients à risque cardio-vasculaire identifié. Ce guide propose des pistes pour faciliter une négociation réaliste et efficace entre le généraliste et le patient, vers une amélioration progressive de ses comportements de santé. Il est disponible sur le site spécifique de ce projet: https://www.promosante-mg.be . Les premiers résultats de l’utilisation de ce guide pour l’accompagnement des patients à risque ont été présentés dans l’article précédent (n° 220, février 2007, pages 4 et 5).
2. Faire réaliser un répertoire des ressources locales proches du cabinet du généraliste par un groupe de généralistes. Les premiers généralistes volontaires qui ont réalisé ce cadastre en 2006 ont découvert des ressources inattendues au service du patient: une consultation-conseil gratuite à la permanence de l’antenne locale de l’Association belge du diabète, un club de fitness, une consultation de tabacologie, etc. Ces généralistes ont découvert aussi d’autres acteurs de la santé, professionnels ou non. Un réseau de collaborations peut se construire. L’agenda du généraliste peut s’étoffer. Ces ressources aident le généraliste à motiver les patients vers un changement possible. Le travail en réseau, en partenariat, est une dimension fondamentale de la promotion de la santé.
Les généralistes sous-estiment l’impact qu’ils peuvent avoir auprès de leurs patients (6). Parfois, à leur insu, les généralistes peuvent influencer fortement la motivation du patient (50/50) à changer son mode de vie pour devenir davantage capable de vivre autrement sa santé.

La promotion de la santé selon l’OMS

L’OMS a balisé ces concepts (santé subjective, santé globale, travail en réseau et en partenariat) et plusieurs auteurs (7) ont défini deux pôles caricaturaux entre lesquels les généralistes oscillent au fil de leurs contacts, du déroulement de la journée, de leurs réflexions pour comprendre et accompagner au mieux les patients qui leur font confiance.

Approche centrée sur la maladie

Approche centrée sur le patient et la communauté
Modèle biomédical. Modèle global.
Modèle fermé. Modèle ouvert.
La maladie est principalement organique. La maladie résulte de facteurs complexes, organiques, humains et sociaux.
Elle affecte l’individu. Elle affecte l’individu, la famille et l’environnement (contexte social).
Elle doit être diagnostiquée et traitée. Elle demande une approche continue, de la prévention à la réadaptation, qui tienne compte des facteurs organiques, psychologiques et sociaux.
Par des médecins. Par des professionnels de la santé travaillant en collaboration.
Dans un système autonome, centré autour d‘hôpitaux dirigés par des médecins. Dans un système ouvert et interdépendant avec la communauté.

Tableau 1: les deux modèles de santé – Bury J. and all, Les deux modèles de santé, p.31 in Education pour la santé, De Boeck, 1988.

Pour l’OMS, la promotion de la santé, ce sont des stratégies pour maintenir ou augmenter le niveau de santé (bien-être) de tout ou une partie d’une population.
Dit autrement, c’est une manière particulière d’envisager la santé, de porter un regard, d’entendre, de soigner…
Ces stratégies, ces manières de faire, nous incitent à prendre aussi en compte le point de vue du patient, sa santé subjective telle qu’il la vit, et à réfléchir avec lui, et parfois agir, sur les déterminants de la santé des personnes concernées: conditions de vie, habitat, accès aux soins, insertion sociale, etc.
L’OMS a défini il y a 20 ans (Charte d’Ottawa, 1986) cinq stratégies principales:
-élaborer une politique publique saine;
-créer des milieux favorables (à la santé);
-renforcer l\’action communautaire (= de la communauté locale des usagers, habitants, citoyens, patients ou non);
-acquérir des aptitudes individuelles (= éducation pour la santé, accompagnement thérapeutique du patient à risque (8));
-réorienter les services de santé (e.a. la médecine générale).
Les professionnels de la santé, dont les généralistes, sont particulièrement concernés par les quatrième et cinquième stratégies proposées par l’OMS: l’éducation thérapeutique et la réorientation des services de santé.
En quoi les principes de la promotion de la santé sont utiles dans le travail quotidien des généralistes (9)
Se référer à la Charte d’Ottawa, c’est vouloir rester global, approche pertinente en médecine générale. C’est dire que l’accompagnement des patients est inscrit dans tout projet thérapeutique et n’est pas dissociable des quatre autres axes de travail que cette Charte préconise.
Concrètement, quand il s’agit d’éducation du patient, c’est:
– au plan politique: concevoir des programmes qui prennent en compte et au besoin interpellent les politiques institutionnelles;
– au plan de l’environnement: aménager notre cadre d’exercice pour qu’il contribue non seulement à la qualité des soins mais aussi à l’autonomie des personnes qui viennent nous consulter (10);
– au plan de la démocratie: associer les patients à la conception, à la mise en œuvre et à l’évaluation des programmes;
– en ce qui concerne les services de santé: ne pas déléguer l’activité éducative à une catégorie de soignants mais au contraire favoriser l’implication de chacun dans une démarche éducative conçue collectivement.
En respectant ces principes, il semble que l’on évite de tomber dans les pièges d’une éducation thérapeutique focalisée:
– sur l’observance : le but de l’accompagnement thérapeutique des patients à risque n’est pas de rendre les patients plus obéissants;
– sur les apprentissages : «Le danger pour l’éducation thérapeutique, c’est de croire ou d’espérer que tout peut être objet d’un apprentissage alors que la mort, la souffrance ou l’échec sont simplement le lieu de l’accompagnement et de l’écoute.» (11) C’est aussi une façon de lutter contre notre désir ou notre illusion de toute-puissance;
– sur la responsabilité individuelle : quel que soit leur comportement vis-à-vis des soins, quelles que soient leurs habitudes de vie, les personnes malades ne peuvent être tenues pour responsables de leur état de santé. Arrêtons de vouloir «responsabiliser» les patients: soyez responsable, faites ce que je vous dis! C’est contraire aux principes affichés dans la Charte d’Ottawa. (12)

Le généraliste et la promotion de la santé

Dans sa définition européenne, la médecine générale entend «favoriser la promotion et l’éducation pour la santé par une intervention appropriée et efficace» (WONCA, Europe, 2002).
La promotion de la santé est également une des sept compétences attendues pour l’excellence de la pratique médicale, suivant le Cadre des Compétences CanMeds 2005 (13), tant pour les médecins spécialistes que pour les médecins généralistes:
«Les médecins reconnaissent qu’ils doivent et peuvent améliorer l’état de santé global de leurs patients et de la société qu’ils servent. Les médecins estiment que les activités de promotion de la santé sont importantes pour le patient en particulier, pour des populations de patients et pour des collectivités. Les patients ont besoin que les médecins les aident à s’y retrouver dans le système de soins de santé, et à avoir accès aux personnes appropriées en temps opportun.»
«La promotion de la santé met en jeu des efforts qui visent à modifier des pratiques ou des politiques en particulier pour le compte des populations servies. Défini de cette façon à niveaux multiples, ce rôle constitue un élément essentiel et fondamental de la promotion de la santé, qui s’exprime de la façon appropriée par les interventions à la fois individuelles et collectives des médecins qui cherchent à influencer la santé publique et les politiques en la matière».

Des structures officielles publiques

Les compétences de la Communauté française de Belgique en matière de santé concernent essentiellement la médecine préventive, la petite enfance, et la promotion de la santé. La ministre de la santé, Catherine Fonck, peut appuyer ses décisions sur les avis d’un organe consultatif composé des principaux acteurs de la promotion de la santé, le Conseil supérieur de promotion de la santé (14). La SSMG, la Fédération des maisons médicales, l’Observatoire de la Santé du Hainaut de même que les écoles de santé publique des universités, les mutualités, les usagers de la santé , l’ONE, la médecine scolaire, etc., en font partie.
Quatre services communautaires (les trois universités francophones et l’asbl Question Santé), ainsi que neuf centres locaux de promotion de la santé (Bruxelles et toutes les provinces wallonnes sauf Namur pour le moment) sont des structures d’appui permanentes à la réalisation d’actions ou de programmes de promotion de la santé.
Malheureusement, le budget de la promotion de la santé dans notre pays est ridicule à côté de celui de l’INAMI:1 pour 1.800!

En conclusion

Mais alors, la promotion de la santé semble à première vue bien intriquée dans le quotidien des médecins généralistes?
Oui, la promotion de la santé est déjà présente dans la manière de faire la médecine, dans les questions que nous nous posons, dans la place que nous accordons à la santé, au travail en partenariat avec d’autres, à une approche de santé publique, à une priorité aux plus démunis, à un travail en amont sur ce qui détermine des souffrances communes de beaucoup de patients.
Au quotidien, le généraliste a une approche globale, tant médicale que sociale. Il situe le patient dans son contexte de vie. Bien que débordé par les soins curatifs, il est particulièrement concerné par les maladies chroniques pointées par l’OMS dans la charte de Bangkok en 2005: « les cardiopathies , les accidents vasculaires cérébraux , le cancer et le diabète
Le généraliste aborde aussi les questions de tabac, d’alimentation, d’exercice physique.
A partir d’un patient en particulier vers la santé de tous ses patients, le généraliste peut témoigner, en scientifique de proximité, envers les autorités publiques de beaucoup de situations concrètes vécues par les patients.
Quand nous écoutons les patients, avec respect, pour construire une relation vraie. Quand nous prenons le temps nécessaire, quand nous valorisons les initiatives, quand nous soutenons les démarches de ce patient – qui peut avoir des valeurs et des priorités différentes des nôtres – nous sommes déjà, parfois sans le savoir, dans des démarches de promotion de la santé.
Si nous cherchons à décoder le sens ou le pourquoi des comportements apparemment aberrants des patients, avec une réflexion partagée entre collègues, nous sommes encore dans des démarches de promotion de la santé.
Ces exigences améliorent nos compétences cliniques pour les patients directement concernés et aussi pour tous les autres…
La promotion de la santé, dans son approche conceptuelle, en amont des soins préventifs, en interrogeant les déterminants de la santé, peut sembler bien éloignée de nos préoccupations cliniques quotidiennes. Cependant, à y regarder d’un peu plus près, elle porte en elle les ferments d’une médecine humaine et performante, au bénéfice d’une amélioration de la santé de tous…
Jean Laperche , médecin généraliste
Adresses de l’auteur :
Fédération des maisons médicales , Boulevard du midi 25 / 5 , 1000 Bruxelles . Tél .: 02 514 40 14 . Fax : 02 514 40 04 . Internet : [L]www.maisonmedicale.org[/L]
Asbl Promotion Santé et Médecine Générale , c / o SSMG , rue de Suisse 8 , 1060 Bruxelles . Tél .: 02 533 09 82 . Internet : [L]www.promosante-mg.be[/L]
Cette série d’articles est également publiée par la Revue de médecine générale de la Société scientifique de médecine générale .

Cette recherche-action est conçue et réalisée par et pour des généralistes rassemblés au sein de l’asbl Promotion Santé et Médecine générale, née d’un partenariat entre la SSMG et la Fédération des maisons médicales et créée à la suite du projet.
Elle continue toujours en 2007: affiche pour la salle d’attente, documents pour les patients, cadastre des ressources locales pour l’accompagnement des patients présentant un risque cardio-vasculaire, formation et discussion de cas de suivi de patients à risque cardio-vasculaire identifié.
Des intervisions et les prémisses d’un travail en partenariat avec des associations actives en promotion de la santé sont prévues pour 2007.

(1) Voir le site canadien fort bien fait: https://www.canadian-health-network.ca/servlet/ContentServer?cid=1044313071295&pagename;=CHN-RCS%2FPage%2FGTPageTemplate&c;=Page⟨=Fr
(2) EVANS, Etre ou ne pas être en bonne santé, Ed. Libbey, 1996.
(3) FAIRBURST K, MAY C., What General Practioners find satisfying in their work: implications for health care system reform, Ann. Fam. Med 2006; 4: 500 -505.
(4) WELSCHEN I, KUYVENHOVEN M, HOES A, VERHEIJ T. Antibiotics for acute respiratory tract symptoms : patients’ expectations, GP’s management and patient satisfaction. Family Practice, mai 2004; vol. 21: 234-7.
(5) LAPERCHE J., PREVOST M. Enquête de participation sur un échantillon de la patientèle de la maison médicale de Barvaux – Santé Conjuguée n° 28, 2004.
(6) LEVEQUE A, BERGHMANS L, LAGASSE R, LAPERCHE J, PIETTE D, Style de pratique en médecine générale et activités préventives en Communauté française de Belgique, Arch Public Health , 55, 1997: 145-158.
(7) BURY J. and all, Les deux modèles de santé, p.31 in Education pour la santé, De Boeck, 1988.
(8) LAPERCHE J., Faut-il éduquer les patients en médecine générale? Education du Patient et Enjeux de Santé, vol. 21, n° 4, 2002: https://www.educationdupatient.be/cep/pages/epes/EPES_2002_4.htm
(9) SANDRIN B., Promotion de la santé: de la théorie à la pratique… ou à quoi servent les déclarations solennelles de l\’OMS? , Education Santé, n° 216, octobre 2006.
(10) GIRARD A. (généraliste suisse), Ma formation en éducation thérapeutique des patients atteints de maladie chronique: à quoi me sert-elle? Education du Patient et Enjeux de Santé, Vol. 22, n°1, 2004.
(11) LONGNEAUX JM. Bien gérer sa santé? Education santé, 1994, n° 90, pp. 4-6.
(12) SANDRIN-BERTHON B. Le regard d’une éducatrice pour la santé. In Comité régional d’éducation pour la santé du Languedoc-Roussillon. Développer les offres régionales de formation en éducation du patient. Actes du séminaire. 2004, pp. 41-46.
(13) FRANK J., Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, 2005.
(14) https://www.sante.cfwb.be/pg001.htm

Vers une concertation entre formateurs en promotion de la santé?

Le 30 Déc 20

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Depuis juin 2006 des organismes formateurs en promotion de la santé échangent sur leurs pratiques. Leurs objectifs? Se rencontrer et échanger sur des questions liées à l’offre de formation (cohérence, complémentarité, synergies…) en Communauté française.

Chronique d’une concertation

Cultures & Santé – PromoSanté développe des projets de promotion de la santé et soutenant les intervenants. En 2005, il s’interroge sur la manière de définir les besoins de formation des relais. L’asbl ne désire pas entamer seule cette réflexion. Avec l’appui méthodologique du CLPS de Bruxelles, elle lance une enquête auprès de 55 organismes actifs dans la formation en promotion de la santé. 15 organismes sont prêts à se rencontrer.
En juin 2006, Cultures & Santé – PromoSanté invite les organismes potentiellement intéressés, dont les CLPS, à une première réunion au cours de laquelle la pertinence d’un renforcement des échanges est mise en évidence. Il reste à définir les objectifs qui seront poursuivis: mieux se connaître, pouvoir réorienter certains demandeurs, mieux organiser les complémentarités des formations, réfléchir à l’approche et à la place de la promotion de la santé dans les formations organisées…
Quatre réunions se succèdent, avec l’aide d’un animateur extérieur, Walter Pierre de l’asbl Trigone. Au fil des rencontres, les contenus, le sens et les modalités de cette concertation en construction se modifient avec l’avis des différents participants, et les objectifs se précisent.
Janvier 2007. Un groupe de travail composé de Cultures & Santé –PromoSanté, de la Fédération des maisons médicales, de Prospective Jeunesse, de Magenta et du CLPS du Brabant wallon rédige une proposition pour prolonger les échanges et les réflexions, et favoriser l’émergence d’une concertation entre les formateurs en promotion de la santé.
L’APES-ULg est sollicité pour assurer le soutien méthodologique et logistique de ce groupe. L’engagement de l’APES-ULg devrait aussi permettre de faire le lien avec la concertation des appuis aux équipes PSE (CAP PSE).

Perspectives pour 2007

Se rencontrer, mieux se connaître, renforcer les échanges, les complémentarités. Des options sont prises sur le contenu des échanges. Le groupe de travail propose dans un premier temps de s’attacher à trois aspects:
-la place de la formation dans les institutions: apprendre à se connaître entre institutions participantes. Quels sont les contextes de formation et méthodes générales? Les différences et points communs;
-l’offre de formation: découvrir les offres pratiques de formation dans le but de réorienter certaines demandes;
-la complémentarité des formations: souligner les points de convergences entre les processus de formation en vue de travailler ces complémentarités et les renforcer (cohérence, bénéfices mutuels, efficience…).
Dans un deuxième temps, il serait peut-être question de mettre en évidence des besoins de formation continue à notre niveau, au sein de ce groupe de réflexion.

Pratiquement, comment cette réflexion s’organise-t-elle?

Quatre moments de rencontre sont programmés en 2007. Deux réunions ont eu lieu les 26 avril et 25 juin, les suivantes sont prévues les 20 septembre et 15 novembre prochains. Ces réunions ont été ouvertes à toutes les personnes ayant pris part à au moins une des rencontres de 2006. La condition était de s’engager pour les 4 réunions.
Dans un souci de gestion participative, chaque organisme sera invité à prendre à tour de rôle une place dans la préparation et l’animation de ces réunions.
Après cette première phase de travail, en groupe fermé, le groupe de réflexion de formateurs proposera le 18 décembre 2007 une séance de restitution aux 55 organismes conviés au début de l’initiative. Les réflexions élaborées par ce groupe restreint y seront présentées et discutées dans le but de préparer les questions à travailler en 2008. Le groupe de réflexion entre formateurs en promotion de la santé s’ouvrira alors à tout organisme intéressé.
Pour plus de renseignements sur ce groupe de réflexion entre organismes actifs en formation en promotion de la santé, n’hésitez pas à contacter Anne-France Hubaux (CLPS BW), Yves Gosselain (Fédération des Maisons médicales), Christelle Versluys (Prospective Jeunesse), Farida Belbachir (Cultures et Santé – Promosanté), Rosine Horincq (Magenta), Ariane Close (Modus Vivendi), Catherine Vanesse (Fédération laïque des centres de planning familial) ou Chantal Vandoorne et Catherine Giot (APES-ULg).

Invitation au voyage en promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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La Coordination Education & Santé (Cordes asbl de son petit nom) propose aux classes de la 3e à la 6e primaire de partir en projet pour améliorer la santé dans l’école, et aussi à la maison. Ce programme, subsidié par la Communauté française, s’intitule «Carnet de voyage – Ma classe part en projet santé».
A la veille de la rentrée, il se rappelle à notre bon souvenir. Vous trouverez à l’intérieur de ce numéro la brochure «Mise en route» vous invitant de façon très colorée et ludique à ce voyage éducatif et créatif.
Pour rappel, voici les lignes de force de «Carnet de voyage»:
-faire participer les élèves à la conception d’un projet à partir des besoins de la classe;
-mener un projet à la manière d’un voyage;
-s’entourer de partenaires;
-entretenir une correspondance sur le projet avec Cordes;
-faire le récit du projet dans un carnet, à la manière des ‘vrais’ voyageurs;
-bénéficier d’une animation pour découvrir les techniques d’expression proposées par le programme;
-éventuellement discuter du projet et de son déroulement avec Cordes asbl.
N’hésitez pas à vous laisser séduire!
Pour toute information, vous pouvez contacter Cordes, av. Maréchal Joffre 75, 1190 Bruxelles. Tél.: 02 538 23 73, courriel cordes@cordes-asbl.be.

Une charte du bien-être dans les milieux festifs bruxellois

Le 30 Déc 20

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Afin de garantir la santé et la sécurité des personnes dans les lieux de fête de la capitale, une charte du bien-être y sera lancée en septembre prochain. Mise au point par l’asbl Modus Vivendi, l’Administration de la Commission communautaire française (Cocof), le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles (CLPS) et douze organisateurs de soirées, cette charte définit des critères spécifiques et obligatoires qui donneront droit à un label de qualité aux établissements faisant le choix d’y adhérer.
En 2001, l’asbl Modus Vivendi réalisait une recherche-action sur la pertinence d’une action de réduction des risques en milieux festifs. « A cet effet , nous avons interrogé des personnes qui travaillent en boîte et des sorteurs », raconte Catherine Van Huyck , coordinatrice de «Modus Fiesta», nom du projet qui porte l’élaboration et la coordination de la charte du bien-être en milieu festif. « La recherche a montré qu’il était indispensable d’intervenir en milieu festif et cela pour plusieurs raisons : une formation du personnel travaillant dans les boîtes de nuit s’avérait nécessaire , une partie du public ne possédait pas d’informations sur les risques liés à la consommation de drogues et d’alcool , il y avait le problème du retour à domicile sous l’effet de l’alcool et des produits psychotropes , l’accès gratuit à l’eau potable et à des préservatifs était inexistant et la question des nuisances sonores devait être travaillée . Par ailleurs , la recherche a révélé qu’une partie de la population à risque n’avait aucun contact avec les institutions médicales
Suite à cette recherche menée sous la législature précédente, le Ministre Didier Gosuin décidait de la création de Modus Fiesta, qui fut d’abord un lieu d’accueil et d’information pour usagers de drogues liées aux milieux festifs. Dans un deuxième temps, toujours sous l’impulsion du Ministre Gosuin et de l’asbl Modus Vivendi, un projet de charte du bien-être en milieu festif voyait le jour. « Pour mener à bien une action à long terme , nous avons pensé qu’il serait intéressant d’élaborer un projet de réglementation , de respect de certaines normes en milieu festif », se souvient Catherine Van Huyck.
C’est dans cette perspective qu’un premier projet de charte a été lancé en 2003, mais uniquement avec les discothèques. Le projet n’a cependant pas rencontré les objectifs visés et Modus Vivendi a remis une deuxième fois l’ouvrage sur le métier. « Nous avons alors soumis le projet à Benoît Cerexhe – Président actuel du Collège de la Cocof en charge de la Santé et de la Fonction publique – qui a décidé de soutenir activement le projet , explique Catherine Van Huyck. Le Ministre Cerexhe a alors organisé une concertation avec les patrons de discothèques et les organisateurs de soirées , afin d’aboutir à quelque chose de cohérent . Par rapport à la première charte , nous ne nous sommes donc pas contentés de travailler uniquement avec les patrons de discothèques , nous avons également rencontré les organisateurs de soirées et les patrons de salles . D’autre part , nous avons compris qu’il était inefficace d’apporter un projet ficelé aux organisateurs de soirées , mais qu’il était , au contraire , indispensable de construire la charte avec leur collaboration , en tenant compte de leur expérience et de leurs questionnements

Promotion de la santé et bien-être

Le projet se déroulant, il est devenu évident pour l’asbl Modus Vivendi que le fait de travailler exclusivement dans le domaine de l’usage de drogues en milieu festif n’avait pas de sens, étant donné qu’il existe d’autres types de risques, notamment en ce qui concerne les nuisances sonores, la conduite automobile, les informations relatives à la vie sexuelle… « Nous avons donc décidé de diriger le projet vers l’idée de bien être en milieu festif , poursuit Catherine Van Huyck. C’est à ce moment là que nous avons rencontré le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles pour qu’il nous aide à intégrer la notion de promotion de la santé dans la charte

Modus Vivendi et le CLPS: des voisins proches

Créée en 1993, l’asbl Modus Vivendi a pour but la prévention du sida et autres maladies sexuellement transmissibles, des hépatites et des risques liés à l’usage de drogues (overdoses, «bad trips»). Au moyen de brochures et d’actions sur le terrain, l’association diffuse des informations sur les produits, ainsi que sur les manières de les consommer à moindre risque.
Le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles est une asbl agréée par la Communauté française pour organiser la promotion de la santé dans la région de Bruxelles-Capitale. Le CLPS est chargé de coordonner, sur le plan local, la mise en œuvre du programme quinquennal et des plans communautaires de promotion de la santé. Concrètement, le CLPS accompagne les organismes et les acteurs de terrain dans la réflexion et la conception de projets, et met à leur disposition de la documentation, des formations et des outils adaptés.

La charte vise donc à promouvoir des nuits de qualité à Bruxelles qui tiennent compte du public et veillent à son bien-être. Comme le souligne Begonia Montilla , responsable de projets au CLPS, « il est important de dire au public que les risques en milieu festif existent , qu’il s’agisse de risques liés au bruit , à la prise de produits , au retour à la maison , mais avec l’idée de réduire ces risques , et ceci sans juger la consommation du public

Un label de qualité soumis à des critères

Jusqu’à présent, douze organisateurs de nuits festives ont collaboré à l’élaboration de la charte: cinq discothèques (You, Mirano Continental, Fuse, Jeux d’Hiver, Louise Gallery), quatre organisateurs de soirées (Bulex, Magasin 4, Structure Béton, NEMO) et trois salles (Recyclart, Ric’s Art Boat, les Halles de Schaerbeek). Les organisateurs de soirées qui adhèrent à la charte recevront un label de qualité. Pour obtenir ce label, six critères devront obligatoirement être respectés.
1. Formation du personnel à la réduction des risques liés aux milieux festifs
Cette formation, dont les frais sont pris en charge par un subside spécifique accordé à Modus Vivendi, permettra à chaque lieu de réagir avec sérénité face aux difficultés ayant trait à la santé en général. Les signataires de la charte s’engagent à former au minimum 50 % de leur personnel en contact avec le public (barmen, ouvreuses, sorteurs, dames de cour). Chaque formation est adaptée à l’établissement représenté, en fonction de ses besoins et disponibilités. Avant la formation, les membres du personnel en contact avec le public sont invités à remplir une fiche relatant les problèmes rencontrés et leurs questionnements.
La formation, d’une durée de huit heures, est assurée par Modus Vivendi et un médecin. Elle aborde:
-une présentation de la Charte du bien-être en milieu festif;
-un échange sur les problèmes rencontrés par le personnel en ce qui concerne la santé et le bien-être du public;
-une présentation des drogues existantes (légales et illégales), leurs effets et les risques associés à leur consommation;
-la prévention et la réduction des risques liés à l’usage de drogues;
-la gestion des consommateurs, les abus, les «bad trips»;
-les techniques de communication non-violente;
-un rappel de la loi concernant les stupéfiants;
-les nuisances sonores;
-et une initiation aux premiers secours.
2. Mise à disposition d’informations sur la santé
Cette information se fera par la diffusion de brochures, dépliants et affiches dans les lieux de fête, à des endroits visibles et accessibles (à l’entrée, au bar, au vestiaire…). Ces brochures traiteront des maladies sexuellement transmissibles, du sida, de la contraception, de la prévention relative à la sécurité routière, aux nuisances sonores, aux drogues légales (alcool, tabac, médicaments psycho-actifs), aux drogues illégales (XTC, cocaïne, speed, cannabis…). Elles mentionneront également les coordonnées des services de garde et d’urgence des environs.
3. Mise à disposition de matériel de réduction des risques
Ce matériel comprend notamment des préservatifs et des bouchons d’oreilles.
4. Mise à disposition d’eau gratuite et accessible
Afin d’éviter la déshydratation et d’offrir une alternative aux boissons alcoolisées, la mise à disposition d’eau doit être clairement signalée au public, soit par le placement d’une fontaine d’eau, soit au bar.
5. Niveau sonore
Le but est d’agir pour limiter les risques de nuisances sonores au moyen, soit de la mise à disposition de bouchons d’oreilles, soit d’un avertissement au public du niveau sonore émis, ou encore par le placement d’un limiteur de bruit respectant les normes sonores européennes.
6. Alertes précoces
Les établissements devront s’engager à transmettre au public et au personnel les alertes précoces diffusées par Modus Fiesta (par exemple, une alerte concernant un produit particulièrement nocif pour la santé).

Et des étoiles en plus…

A côté de ces six critères obligatoires, les organisateurs pourront obtenir un bonus, sous forme d’étoiles, en remplissant un ou plusieurs critères facultatifs. Ces critères, en cours d’élaboration (toujours en concertation avec les organisateurs de soirées), concerneront entre autres la participation à un système de gestion du retour à domicile, l’installation d’une salle de repos, la présence d’un système d’urgence médicale (soit par la présence d’un médecin ou d’un infirmier sur place, soit par l’établissement d’un contact privilégié avec un médecin de garde), la mise à disposition d’au moins une salle festive non-fumeur, l’organisation périodique – en collaboration avec Modus Fiesta ou un de ses partenaires – de la présence d’un stand de réduction des risques, la participation à une plate-forme de concertation entre les responsables de lieux festifs.

Lancement ce mois-ci

Cette charte prend son envol en septembre. Les critères seront mis en œuvre dans les lieux de fête qui auront fait le choix d’y adhérer. Ces lieux de fête seront donc labellisés et deviendront, du même coup, plus incontournables que jamais…
Notons encore que la charte fera l’objet d’une valorisation des partenaires auprès du public: une campagne d’information sera lancée avec l’ensemble des acteurs présents sur le terrain de la vie nocturne. Cette valorisation se fera également via l’édition d’un plan de Bruxelles indiquant les lieux de sorties signataires de la charte, de cartes postales reprenant les logos des lieux participants, ainsi qu’une promotion sur internet, par les acteurs du tourisme, les guides touristiques, etc.
Colette Barbier
Pour en savoir plus:
Modus Vivendi, Catherine Van Huyck, Avenue Emile de Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 0479 82 96 08.
Centre local de promotion de la santé (CLPS), Begonia Montilla et Dominique Werbrouck, Avenue Emile de Béco 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 639 66 88.
Cabinet du Ministre Benoît Cerexhe, Béatrice van Schendel, Rue Capitaine Crespel 35, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 508 79 11.

La consommation de médicaments en maisons de repos

Le 30 Déc 20

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Une étude de la Mutualité chrétienne confirme qu’il existe une grande variabilité dans la consommation de médicaments dans les maisons de repos et les maisons de repos et de soins de notre pays.
Fin 2006, le Centre fédéral d’expertise (KCE) démontrait, sur base de chiffres datant de 2004, qu’il existe une grande variabilité en matière de consommation de médicaments entre les maisons de repos (MR) et maisons de repos et de soins (MRS) et ce, tant au niveau du choix que de la quantité des médicaments prescrits. Une étude de la Mutualité chrétienne, basée sur des données 2005, confirme ces résultats. Cette étude porte sur plus de 53.000 personnes (il fallait au moins 20 membres de la Mutualité chrétienne ayant séjourné au moins 30 jours dans la MR ou MRS pour que celle-ci soit intégrée dans l’étude).

Résultats

Sur l’année, un résident d’une MR ou d’une MRS recevait en moyenne dix médicaments différents. Et il consommait en moyenne quatre médicaments différents tous les jours .
La quantité de psychotropes consommée pose question: en moyenne, pas moins de 44% des résidents ont reçu des antidépresseurs durant minimum 30 jours. En outre, quasi un résident sur quatre (23,3%) a reçu des antipsychotiques, des médicaments utilisés dans le traitement de graves pathologies psychiatriques, comme la schizophrénie.
En moyenne, 31% des patients ont reçu au minimum un médicament de la liste de Beers (1).
Ce qui frappe surtout, c’est la grande variabilité entre les différents établissements. On trouve ainsi des institutions où quasi 75% des patients consomment des antidépresseurs, alors que ce taux n’est que de 14% dans d’autres institutions. Pour les antibiotiques, les différences sont encore plus frappantes: les pourcentages de patients recevant au minimum une dose par jour varient de 11% à 96%…
Un élément positif concerne l’administration du vaccin contre la grippe puisque les établissements atteignent, en moyenne, un taux de couverture de plus de 90%.
L’étude de la Mutualité chrétienne s’est également concentrée sur les médicaments moins chers. En 2005, 25% des médicaments prescrits étaient soit des produits génériques, soit des médicaments moins chers. 15% étaient des spécialités (chères) avec surcoût pour le patient et 60% étaient des spécialités encore sous brevet, donc sans alternative générique. La variabilité est, ici encore, importante puisque certains établissements ne consommaient que 5% de médicaments moins chers, tandis que dans d’autres, les médicaments moins chers représentaient 59% du volume total de médicaments consommés.

Recommandations

L’étude de la Mutualité chrétienne a produit une cartographie de la quantité, de la qualité et du coût des médicaments dans les maisons de repos. C’est une première étape.
La Mutualité chrétienne souhaite fournir aux maisons de repos un feed-back individuel relatif à leur consommation de médicaments, au moyen d’un module interactif sur internet (accès limité aux directions et aux médecins conseillers). Chaque institution pourra se situer vis-à-vis des autres établissements. Il n’est donc pas question ici de désigner les ‘bonnes’ et ‘mauvaises’ MR et MRS selon la consommation de leurs résidents, mais de les aider à optimaliser la prise en charge de ceux-ci.
La Mutualité chrétienne désire aussi entamer avec les maison de repos un dialogue constructif sur la consommation de leurs résidents, en mettant l’accent sur les recommandations suivantes:
-utilisation du formulaire pharmaceutique;
-renforcement du rôle du médecin coordinateur Plan national nutrition santé
et conseiller (MCC), en particulier dans le domaine des médicaments;
-davantage de soins (care) et moins de médicaments (cure): aborder la question de la surconsommation en antidépresseurs et en antipsychotiques;
-plus d’attention aux médicaments moins chers;
-renforcement du rôle central du pharmacien dans le cadre de l’exécution de la prescription en DCI (par nom de molécule) et de l’accompagnement dans le traitement médicamenteux (information sur la prise concrète des médicaments, utilisation, coût…).
D’après un communiqué de presse des Mutualités chrétiennes. Les résultats de l’étude sont disponibles sur https://www.mc.be . Vous trouverez aussi sur ce site un module de calcul des économies réalisables en ayant recours aux médicaments génériques.
(1) Cette liste comporte des produits considérés comme étant moins recommandés pour une population âgée car ils peuvent potentiellement faire plus de mal que de bien, principalement en raison des effets secondaires liés à l’âge. Il existe aussi une liste ‘positive’, le Formulaire pharmaceutique pour les MRS, une réalisation remarquable mais sous-utilisée sur le terrain, qui fut présenté par le Dr Michel Jehaes de l’Association francophone des médecins coordinateurs et conseillers en MRS lors de la conférence de presse. Voir le site https://www.formularium.be .

Le Plan national nutrition santé. Demandez le logo!

Le 30 Déc 20

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Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan national nutrition santé, il est possible pour les acteurs du secteur public comme du secteur privé commercial et non-marchand de bénéficier d’un label de qualité indiquant que leurs projets en relation avec l’alimentation saine et l’activité physique s’inscrivent dans les objectifs défendus dans les sept axes stratégiques du PNNS.
Un comité d’évaluation des demandes a été mis en place voici un an, présidé par le Prof. Paul Tobback (KU Leuven). Contrairement à l’habitude qui veut que les experts remettent un avis au ministre qui décide en dernier ressort, ce comité a le pouvoir d’attribuer lui-même le logo en toute indépendance. C’est dire qu’il doit endosser une véritable responsabilité.

Qui peut introduire une demande?

Tout le monde, ou presque:
-les services publics fédéraux et les organisations qui y sont liées;
-les autorités régionales et communautaires ainsi que les organisations qui y sont liées;
-les organisations et organismes publics ou privés qui font la promotion d’habitudes alimentaires et d’un mode de vie sains, pour autant que l’objet et les autres activités de ces organisations ne soient pas contraires aux principes du PNNS B. C’est la raison pour laquelle les producteurs et négociants de produits de tabac et de boissons alcoolisées sont exclus du dispositif.

Pour quelles activités?

Des campagnes d’information, des brochures et dépliants, des sessions de formation, des actions de promotion d’habitudes alimentaires saines et d’activité physique, des outils de communication… Le choix est vaste, pour autant que ces initiatives respectent un ou plusieurs objectifs du Plan national (par exemple, réduire la consommation de sel tout en favorisant l’usage du sel iodé, limiter l’apport en matières grasses à moins de 35% de l’apport énergétique total recommandé…).
Le logo ne peut pas être attribué à des actions à caractère commercial, ni pour promouvoir directement ou indirectement un aliment ou une marque déterminés.

Comment faire?

Le label a déjà été accordé à l’Observatoire de la Santé du Hainaut, à une charte de ‘bonne pratique’ de Sodexho (1), aux associations professionnelles flamande et francophone de diététiciens, aux Mutualités chrétiennes (francophones)… Et le comité ne demande pas mieux que d’avoir d’autres candidatures à examiner!
Pour introduire une demande, il suffit de télécharger le formulaire ad hoc, qui se trouve sur le site https://www.monplannutrition.be (rubrique Qu’est-ce que le PNNS? Demande d’utilisation du logo).
Le demandeur peut espérer une réponse assez rapide, puisque le comité se réunit tous les mois, et qu’il doit communiquer au demandeur sa décision motivée dans les 40 jours de l’introduction du dossier complet. L’absence de décision à l’expiration de ce délai vaut d’ailleurs autorisation.

Pour réussir l’implantation du Plan national, il ne suffit pas d’organiser une bonne communication publicitaire vers le grand public. Il est important aussi de permettre à un maximum d’actions visant le même objectif de promotion de la santé de renforcer l’impact et la visibilité de cette ambitieuse initiative.
En d’autres termes, le PNNS a autant à gagner d’une bonne diffusion du logo via des initiatives de valeur que les organisations à se voir attribuer un label de qualité qui reconnaît le sérieux de leur travail.
Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire…
Christian De Bock , membre du comité logo
Adresse de contact: Olivier Christiaens, S.P.F. Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, D.G. Animaux, Végétaux et Alimentation, Service Denrées alimentaires, aliments pour animaux et autres produits de consommation, Eurostation, bloc II, 7e étage, Place Victor Horta 40 bte 10, 1060 Bruxelles. Courriel: nvgp-pnns@health.fgov.be
(1) La firme en a d’ailleurs fait une exploitation jugée excessive en terme d’image, comme si le label de qualité du PNNS était attribué à toutes ses activités! Ce genre de dérapage, sans doute inévitable quand le ‘partenaire’ est privé, impose au Comité logo une vigilance renforcée dans le suivi de ses décisions.

Suivre les traitements contre le sida au Cameroun

Le 30 Déc 20

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(Douala) Pour les sidéens sous antirétroviraux, suivre rigoureusement les prescriptions médicales est un facteur clé de la réussite du traitement et limite les risques de résistance du virus. Au Cameroun, un programme d’éducation thérapeutique d’aide à l’observance fait ainsi ses preuves.
Hôpital Laquintinie de Douala au Cameroun. La salle du centre spécialisé dans la prise en charge et le traitement des personnes vivant avec le virus du sida est pleine à craquer. Les malades participent à une séance d’information sur les antirétroviraux (ARV).
L’exposante du jour, Chantal Bian , une pharmacienne, membre de l’association Programme d’éducation thérapeutique d’aide à l’observance, créée en 2004 par une dizaine de pharmaciens du privé exerçant à Douala, parle le langage des patients. ‘ Je suis là pour vous expliquer comment bien prendre votre traitement qui est très particulier . Le VIH est malin : il change ses caractéristiques . Le traitement ne le tue pas , il l’empêche simplement de changer . Quand on avale un médicament , une partie va dans le sang et c’est elle qui agit sur le VIH . Si la quantité n’est pas suffisante , elle ne pourra pas contenir le virus en prison et s’il sort , il va se multiplier et tuer les petits soldats qui sont dans le corps …’
Pas question donc de sauter une prise de médicaments ou de la différer sans l’avis du médecin. Car ne pas suivre scrupuleusement son traitement fait courir un grand risque: ‘ Lorsque le virus est devenu résistant , le médicament ne lui fait plus rien . Il faut changer le traitement ‘, ce qui est actuellement très difficile au Cameroun et coûte cher. S’en suivent des échanges avec les participants et une série de consultations individuelles ou en couple dans des box aménagés.

Difficultés de suivi

L’observance, qui est l’adéquation entre la prescription médicale et l’application qu’en fait le malade, doit être rigoureuse (à 95 % au moins) pour les sidéens afin que les malades puissent non pas guérir, mais vivre avec le virus en empêchant sa prolifération et le développement de maladies opportunistes. L’échec répété de traitements réputés efficaces en a montré l’importance au Cameroun.
Selon Éveline Mahop , vice-présidente d’Afsupes, une association qui encadre des personnes qui vivent avec le VIH, les antirétroviraux ont des effets secondaires qui poussent souvent les séropositifs à interrompre leur traitement: nausées, vertiges, prise de poids… ‘ L’oubli , la honte , la peur de l’entourage , les préjugés liés au sida et le manque de moyens financiers poussent de nombreuses personnes à rompre le traitement ou à différer la prise de leurs médicaments ‘, complète Rose Nguekeng , responsable à Sun Aids .
Pour Béatrice Kom , médecin au centre de prise en charge de la Swaa, une Ong femmes et sida, ‘ le non respect des prescriptions médicales contribue non seulement à l’aggravation de l’état de santé du malade avec réapparition des infections opportunistes , mais également à l’apparition des résistances virales ‘. Il est alors nécessaire de changer de traitement et de prendre des molécules de nouvelle génération qui ne sont pas disponibles actuellement au Cameroun. Selon l’OMS, ‘ résoudre le problème de la non observance thérapeutique serait plus efficace que l’avènement de n’importe quel nouveau progrès biomédical ‘.

Des résultats probants

Ceux qui suivent régulièrement leur traitement en témoignent. ‘ C’est grâce aux conseils des conseillers à l’observance que j’ai retrouvé ma silhouette actuelle ‘, avoue Martine sous traitement ARV depuis deux ans. Peu rigoureuse dans ses prises de médicaments, elle n’arrivait pas non plus à gérer les effets secondaires du traitement. Conseillée en consultation d’observance, elle s’est mise au sport et en récolte aujourd’hui les résultats.
Même changement chez cette autre jeune dame qui préfère taire son nom. À force de se culpabiliser, elle violait systématiquement les conseils des médecins: ‘ J’étais quelquefois malade et depuis que je suis observante , tout a disparu . En plus , le fait de trouver pendant ces séances d’observance des jeunes et moins jeunes tous concernés par la maladie apaise beaucoup ‘, confie-t-elle. Âgé de 34 ans et fils unique, Karim avait perdu goût à la vie. Il l’a retrouvé depuis que les conseillers l’ont assuré qu’il pouvait procréer et vivre longtemps s’il suit bien son traitement.
Au Cameroun, l’aide à l’observance a été lancée en 2002 par une pharmacienne de l’hôpital Laquintinie de Douala où a été créée ensuite une unité d’observance. En 2004, débordée, elle sollicite l’appui des pharmaciens du privé. Moins de deux ans plus tard, la dizaine de pionniers revendiquent déjà près de 3.000 consultations individuelles. L’initiative a été copiée dans la plupart des 91 centres de prise en charge et de traitement des malades du sida du pays et relayée par les associations de lutte contre le sida.
Le nombre de séropositifs qui viennent régulièrement chercher leur traitement à la pharmacie de l’hôpital Laquintinie progresse tous les mois. On y a enregistré environ un millier de consultants de plus entre janvier et décembre 2006. ‘ Les consultations d’observance sont certainement pour quelque chose dans cette avancée ‘, estime-t-on dans cet hôpital. Reste qu’en dépit de tous les conseils, des séropositifs continuent de cacher leur état. ‘ Je suis parfois très gênée et courroucée de recevoir des porteurs du virus , sous traitement , parfois mariés à plusieurs femmes , mais qui n’ont jamais révélé leur statut sérologique ‘, déplore une animatrice des séances d’observance.
Charles Nforgang , InfoSud – Syfia

Pour des traitements gratuits

Actuellement, deux lignes de traitement – des combinaisons de différents médicaments – sont proposées aux malades camerounais. ‘Le pays dispose d’une très faible marge de manœuvre au vu des possibilités existantes dans le monde. Les médicaments de deuxième ligne coûtent très cher et limitent les capacités des pays africains à soigner correctement les malades’, dénonce Calice Talom Yomgne , responsable du programme Ethique de la recherche au Réseau sur l’éthique, le droit et le sida (REDS).
Les ARV de deuxième génération type Kaletra ne seront eux disponibles, selon le ministère de la santé, qu’à la fin de l’année sous le nom d’Aluvia. En attendant, les malades résistants doivent s’expatrier pour continuer les soins ou commander ces molécules à prix fort à l’étranger.
Les moins nantis sollicitent les associations locales de lutte qui, grâce à des partenariats avec des associations occidentales, ont déjà réussi à faire bénéficier quelques-uns de soins en Europe. ‘Avant d’envisager des actions de plaidoyer pour l’accès à une large gamme des ARV, la priorité aujourd’hui est de tout mettre en œuvre pour que les malades qui répondent aux indications thérapeutiques puissent déjà accéder aux médicaments existants’, plaide le REDS. Les dernières statistiques officielles indiquent que moins de 35.000 personnes sont sous traitement ARV au Cameroun sur environ 75.000 qui en auraient besoin.
Pour en faciliter l’accès, le ministère de la santé vient de diviser par six le prix du test de dépistage (500 Fcfa – 0,76 €) et par sept celui du bilan pré-thérapeutique (3000 Fcfa – 4,5 €). Selon le protocole de traitement, les médicaments coûtent eux 3.000 Fcfa (4,5 €) ou 7.000 Fcfa (10,5 €) par mois, ce qui est encore trop cher pour de nombreux malades, estiment les associations.
CN

Tuberculose ici, tuberculose partout

Le 30 Déc 20

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En cette année particulière qui célèbre les 125 ans de la découverte du bacille de la tuberculose par Robert Koch, l’heure est au bilan. Certes la tuberculose a régressé au cours du siècle passé, mais en ce début du deuxième millénaire elle reste un fléau mondial qui n’épargne aucun pays, ni aucune population. Avec 1,6 million de décès en 2005, elle reste actuellement une des maladies infectieuses qui tue le plus… alors qu’elle est pourtant curable.
Au cours des dernières décennies la résistance aux antituberculeux s’est également développée. La multiplication de bacilles devenus résistants aux médicaments majeurs du traitement classique (multirésistance) a mis le monde médical devant un véritable défi. La découverte de nouvelles molécules est un défi pour l’avenir d’autant que des souches «ultrarésistantes» apparaissent et grèvent les chances de guérison des malades.
Si la tuberculose est présente partout, elle se concentre toutefois dans les pays les plus pauvres, les plus touchés par l’épidémie de sida ou incapables de contrôler la maladie par manque de moyens ou de stratégie adéquate: l’Afrique, l’Asie, l’Amérique centrale et du sud ainsi que, plus proches de nous, les pays de l’Europe de l’Est. En 2005, 80% des 8,8 millions de nouveaux cas déclarés dans le monde ont été recensés dans 22 pays seulement.
Mais les bacilles tuberculeux ne connaissent pas de frontières. Les migrations sont responsables de leur dissémination notamment dans les pays dits ‘à basse prévalence’ où l’on a pu constater, depuis une vingtaine d’années, un changement dans l’évolution de la tuberculose (ralentissement de la décroissance, augmentation du nombre de cas…).
La lutte contre la tuberculose est donc un défi à l’échelle nationale mais aussi mondiale. L’OMS l’a bien compris en lançant son plan «Halte à la tuberculose» dont les objectifs visent à réduire de moitié d’ici 2015 les taux de prévalence et de mortalité enregistrés en 1990.
En Belgique, le registre belge de la tuberculose fait état de 1.144 cas déclarés en 2005, ce qui équivaut à 11 nouveaux malades pour 100.000 habitants. En 2006, un chiffre provisoire de 1.169 patients tuberculeux a été enregistré (11,1/100.000). Ils se répartissent de manière inégale entre les trois régions du pays avec une fréquence de la tuberculose par habitants nettement plus importante à Bruxelles.

/100.000

2005 2006 (chiffres provisoires)
Nombre de patients Incidence
Nombre de patients [ Incidence
/ 100.000
Région bruxelloise 343 34,1 398 39,1
Région wallonne 299 8,8 313 9,2
Région flamande 502 8,3 458 7,5
Belgique 1.144 11,0 1.169 11,1

En termes d’évolution, une relative stabilisation de l’incidence de la maladie est observée depuis 1993. L’immigration est certainement le facteur qui influence le plus notre situation épidémiologique. En une quinzaine d’années la proportion de malades d’origine étrangère est passée de 19% à plus de 50%.
La tuberculose à bacilles multirésistants (MR) est encore un phénomène limité en Belgique; le nombre de nouveaux cas oscille autour de 20 par an. Parmi les 90 patients MR enregistrés depuis 2001, deux peuvent être classés comme ‘ultra résistants’.
Ces différents constats doivent nous amener à adapter notre stratégie de contrôle de la tuberculose. Celle-ci est basée essentiellement sur le diagnostic précoce et le traitement adéquat des malades ainsi que sur l’organisation de dépistages ciblés parmi des groupes de population à haut risque de tuberculose (primo-arrivants, prisonniers, personnes précarisées, contacts de patients tuberculeux…).
Consciente de la priorité que constitue le diagnostic précoce et le traitement adéquat des malades en Communauté française, cette dernière attribue un financement substantiel (près de 1,4 million d’euro en 2007) à l’appui aux activités de dépistage et au FARES (Fonds des Affections respiratoires) avec pour mission de contrôler l’épidémie.
Quelle que soit la stratégie appliquée, il sera impossible d’arriver à une éradication de la maladie en Belgique sans qu’il y ait concomitamment des efforts qui soient réalisés pour mieux contrôler la tuberculose dans les pays à haute prévalence. Une solidarité à tous les niveaux doit donc être développée impérativement.
D’après un communiqué du FARES à l’occasion de la Journée mondiale de la tuberculose, le 24 mars 2007

Les Belges et la grippe

Le 30 Déc 20

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Le Comité de coordination interministériel influenza et la Fondation Roi Baudouin ont réalisé une enquête pour mieux comprendre ce que les citoyens belges savent de la grippe saisonnière et de la grippe aviaire, d’une éventuelle pandémie de grippe, et dans quelle mesure ils en ont peur et pensent pouvoir s’y préparer. Ils ont également profité de cet exercice pour évaluer plusieurs outils de communication et formuler quelques recommandations dans ce domaine.
Les résultats de cette enquête montrent que les Belges en savent encore trop peu sur la grippe saisonnière, la grippe aviaire et une éventuelle pandémie de grippe. Autre constat important: tant le citoyen que le médecin souhaitent être informés, mais seulement lorsque la menace se concrétise.

La grippe saisonnière: le Belge sait quoi faire

79% de la population belge connaît la grippe saisonnière, mais n’en a pas peur et ne cherche donc pas spontanément d’informations à ce sujet. Du fait de son expérience, le Belge se considère compétent, il essaie dans un premier temps de surmonter lui-même la grippe et prend des médicaments antipyrétiques pour se sentir moins malade (64%). La moitié de la population pense que les médicaments aident peu dans ce cas et qu’il faut simplement laisser la grippe suivre son cours (50%). Seules 49% des personnes interviewées savent que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre la grippe. A peine 48% estiment qu’un vaccin contre la grippe est le meilleur moyen de prévention. Une visite chez le médecin et une médication sont donc souvent reportés.
Les autorités peuvent améliorer leur communication en apportant des informations qui permettront au citoyen d’encore accroître son expertise et de garder le contrôle de la situation. On peut donner davantage d’informations concernant la prévention, les symptômes correspondant à chaque type de grippe, les mesures à prendre en cas de grippe, la manière de la gérer de manière responsable. Les autorités doivent jouer un rôle actif en matière de communication pendant les moments difficiles, sans pour autant adopter une attitude infantilisante.

Estimation du risque d’être confronté à la grippe aviaire: très faible

La grippe aviaire n’est pas considérée comme une menace ou une maladie. Le risque d’entrer en contact avec la grippe aviaire est estimé comme très faible et le rôle du citoyen dans ce domaine est considéré comme quasi nul. Le fait que la grippe aviaire n’ait pas atteint notre pays l’année passée procure un sentiment d’apaisement. En matière de communication, le citoyen veut des informations sur l’importance de la maladie, la manière de la détecter chez l’homme ou l’animal et le meilleur moyen de s’en prémunir. Lors de la crise de la grippe aviaire de l’année passée, 57% de la population a trouvé que les médias ont diffusé des informations claires et 66% a trouvé que les autorités en ont donné assez. En cas de crise semblable, le Belge ne veut pas être submergé d’informations. Il donne la préférence à un nombre limité de canaux et les autorités constituent à cet égard la source la mieux placée pour donner des informations objectives. Les mutualités sont également jugées de bons vecteurs d’informations fiables.

La pandémie: en quoi cela me concerne-t-il?

La pandémie de grippe est un concept connu de 47% de la population. Les citoyens trouvent qu’une pandémie ne mérite en fait pas beaucoup d’attention. La maladie est certes importante, mais est considérée plutôt comme quelque chose qui peut représenter un danger dans le futur, une affaire qui ne les concerne pas vraiment. Cette relativisation de la maladie résulte d’un manque de connaissances. On se fie pour cela aux autorités et à la science. Ici aussi, on ne veut être informé qu’une fois la menace réelle.
Attendre pour communiquer qu’une situation d’urgence se présente peut provoquer une angoisse collective, ce qui met les autorités dans une situation difficile. Si la menace se concrétisait, les gens auraient tout à coup besoin de beaucoup d’informations et se demanderaient pourquoi ils n’ont pas été mis au courant plus tôt. Les médecins aussi seront submergés de questions de patients inquiets. Il est important que les médecins sachent bien à l’avance ce qu’implique une pandémie et ce qu’on attend d’eux, de manière à bien savoir ce qui va se passer et pouvoir aider leurs patients le plus efficacement possible. En ce qui concerne le contenu, on peut conclure que la population a besoin de directives explicites. En cas d’apparition d’une pandémie, le Belge souhaite des informations actualisées et très claires sur ce qu’on attend et sur la meilleure manière de se prémunir et de protéger sa famille. Le Belge veut se forger une meilleure idée du phénomène. Une présentation visuelle est particulièrement intéressante dans ce cas-ci, mais pas d’images exagérées ou peu pertinentes comme lors de la précédente crise de grippe aviaire.

Le but de l’enquête

Cette enquête a été réalisée par InSites Consulting, leader sur le marché belge des études de marché en ligne, à la demande du Comité de coordination interministériel influenza (CCII) et de la Fondation Roi Baudouin.
L’enquête comportait deux volets. Le volet qualitatif consistait en 10 groupes de discussion correspondant à cinq profils (pour chaque région linguistique): des allochtones, des personnes défavorisées, des personnes âgées, des ‘Belges moyens’ et des médecins généralistes.
Le volet quantitatif consistait en une enquête en ligne menée auprès d’un millier de citoyens, l’échantillon tenant compte de l’âge, de la langue, du sexe et de l’activité professionnelle.
L’enquête a été réalisée en novembre et décembre 2006.
L’objectif était de vérifier ce que les gens savent de la grippe, de la grippe aviaire et d’une éventuelle pandémie et dans quelle mesure ils pensent pouvoir se protéger contre ces variantes de la grippe. Les moyens de communication des autorités concernées ont été évalués dans le but de formuler des recommandations, en particulier à l’intention des groupes cibles difficiles à atteindre.
Cette démarche a aussi l’avantage d’impliquer davantage les citoyens dans le processus décisionnel et la mise au point de la communication des autorités, ce qui est au cœur de la philosophie de travail de la Fondation Roi Baudouin.
Pour plus d’information sur la grippe, la grippe aviaire et une éventuelle pandémie: https://www.influenza.be
D’après un communiqué de la Fondation Roi Baudouin

Antibiotiques, le journal des efforts déçus

Le 30 Déc 20

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Nous sommes les hôtes d’une planète où règnent les bactéries. Elles occupent le terrain depuis 3 milliards d’années et elles nous survivront. Pour continuer à grouiller dans les sédiments terrestres et marins, elles doivent rester sur leurs gardes. Notre élégante méthode de susciter par la vaccination la production d’anticorps très spécifiques contre le tétanos, la coqueluche, la diphtérie, des méningocoques et pneumocoques, vise à débarrasser la race humaine de ces hôtes, mais laisse indifférente la vaste population des bactéries, qui vivent en autonomes. Leur véritable ennemi, ce sont des voisins bactériens envahissants. Pour les tenir en respect, la bactérie diffuse des produits moins spécialisés que les anticorps, mais leur large spectre d’action fait leur force. Une revue scientifique américaine consacre 68 pages à la révision de tous les efforts de recherche sur les antibiotiques. ( Nature Biotechnology , 24 , 1551-1554, 2006).

Un peu d’histoire

Aujourd’hui, le problème de la résistance aux antibiotiques est devenu tel que, médicalement, nous sommes presque retournés au 19e siècle. La période dorée des découvertes se situe de 1940 à 1960, où l’on exploita surtout l’étonnante imagination des microbes pour produire des armes biologiques – faisant ainsi la nique aux chimistes. Mais à partir de 1960, les nombreux échantillons de sédiments criblés ont cessé de fournir d’heureuses découvertes. Lorsque l’on exhumait un antibiotique, on s’apercevait qu’il était déjà répertorié!
Les chimistes entrèrent alors en jeu pour modifier des antibiotiques connus. Il s’agissait de profiter des qualités de la molécule naturelle tout en lui en conférant d’autres. Ces recherches vinrent aussi à s’essouffler, tandis que l’emploi répandu des antibiotiques en médecine et en agriculture laissait le champ libre à des souches résistantes. Au milieu de 1980, la confiance fut ranimée par la découverte des quinones, résultant de la modification d’un vieil agent antibactérien, l’acide nalidixique. Elles eurent leurs deux décennies de gloire mais il apparaît que cette source est aujourd’hui tarie.
Parallèlement, on se souvenait qu’une substance purement synthétique, le colorant azoté prontosil, – testé au départ en 1935!- possédait des propriétés remarquables et la piste des sulfamides fut ainsi poursuivie avec succès.

Les pistes actuelles

Aujourd’hui, la recherche prend une allure affolée, fonçant avidement dans plusieurs directions. Des antibiotiques très efficaces en médecine vétérinaire sont maintenant remodelés, dans l’espoir d’être acceptés en clinique humaine. On retourne aussi vers des molécules qui gisent abandonnées dans les «librairies» des laboratoires. Conçues pour combattre telle ou telle dysfonction hormonale ou métabolique, ces molécules avaient déçu. Au moins a-t-on déjà une connaissance de base sur leurs propriétés. Pourquoi ne pas leur donner une nouvelle chance? Celle de cibler une fonction de ces sacrées bactéries devenues multirésistantes. Il faut s’accrocher à l’idée que les multirésistants ne sont pas invulnérables. Ce ne sont pas des êtres à part. Ils ont profité de la bonne occasion lorsque l’homme a fait un usage injustifié des antibiotiques, s’adonnant à des doses faibles ou interrompues, qui sélectionnent des résistants. Le comble de l’illogique résida dans le traitement des animaux d’élevage par de faibles doses d’antibiotiques, sous prétexte que ceci accélère la croissance. On ne voit pas de justification scientifique à ceci… mais on constate un résultat palpable: cette généralisation d’antibiotiques engendra une flore intestinale résistante, qui a pu passer à l’homme par l’alimentation, voire au cours des manipulations des animaux.
Autre piste: une bactérie devient résistante à un antibiotique parce qu’elle s’est mise à fabriquer une enzyme qui détruit l’antibiotique. Et bien, renvoyons la balle, recherchons une molécule qui inactive l’enzyme destructrice d’antibiotique. Autre piste encore: miser sur le fait que des antibiotiques naturels pourraient être trouvés ailleurs que chez les bactéries elles-mêmes.
Chez les animaux, la production d’antibactériens paraît exceptionnelle. Le pingouin royal y réussit pourtant. Le mâle couve les œufs jusqu’à l’éclosion tandis que sa femme vaque à trouver la rare nourriture. Pour faire des provisions, le futur père conserve des aliments dans son estomac, grâce à un produit antibactérien qu’il secrète lui-même.
En Australie, une fourmi spéciale, et une abeille, produisent des substances antibactériennes. On a plus de chances de trouver de tels produits chez des insectes qui vivent en société: l’entraide, les échanges de bons procédés, suscitent des risques de contagion, contre lesquels l’évolution a opéré en sélectionnant ceux qui sont capables de se protéger en fabriquant des antibiotiques. Cette piste paraît toutefois peu prometteuse car l’insecte fabrique une dose d’antibiotique faible, suffisante pour le protéger lui-même. Des bactéries, tels les streptomycètes, produisent des antibiotiques plus puissants car elles visent une dense population de voisins, qui se multiplient très rapidement. Leur cible est évidemment d’autres espèces de bactéries, car celles-ci ne se livrent pas entre elles de guerre fratricide. L’écorce de certains arbres contient des substances actives contre le staphylocoque. Il en est ainsi chez 25% des pins d’Ecosse. Mais le produit provient en fait de moisissures contaminant l’arbre. Cultiver hygiéniquement des pins à des fins médicales tarirait sans doute la source du produit actif.

Se défendre avec des défensines ?

Les antibactériens, chez les animaux vertébrés, ce sont les anticorps. Nous vivons en bonne entente avec les bactéries qui peuplent notre intestin, mais l’introduction de toute autre entité étrangère mobilise des lymphocytes qui vont fabriquer d’urgence l’arme biochimique bien appropriée à la caractéristique de l’envahisseur (bacille du tétanos, virus des oreillons…). C’est un processus naturel développé au cours de l’évolution, et plus écologique que le traitement par certains antibiotiques semi-synthétiques. Mais c’est lent: il faut plusieurs jours pour que les anticorps (car c’est d’eux qu’il s’agit) se fabriquent. Et sur ce temps-là, le microbe a déjà eu le loisir de faire du chemin et de causer des dégâts. D’où l’intérêt de renverser le cours des choses, et d’inviter l’enfant à produire des anticorps à l’avance, en lui présentant des microbes bénins, qui ont par ailleurs gardé la personnalité chimique du bacille du tétanos, du virus des oreillons. Bref, en les vaccinant.
Mais nous possédons par ailleurs un niveau de base, d’immunité innée, qui procure quand même une certaine résistance aux bébés non atteints par des campagnes de vaccination. L’immunité innée résulte de la production, par certains lymphocytes, de petites molécules, des peptides cationiques . Toujours sur place pour combattre un intrus quelconque, ils ont l’avantage supplémentaire d’avoir un large spectre d’action . Pas besoin de savoir quel microbe va venir nous visiter. Il est étranger, voilà tout, et ces peptides vont lui faire passer un mauvais quart d’heure.
C’est une invention qui remonte bien avant l’arrivée de l’homme. Le ver de terre fabrique des peptides microbicides. Vacciner ne lui servirait à rien, car l’évolution ne lui a pas appris à fabriquer des anticorps. Par ailleurs, l’immunité innée, par un autre bras de son action, suscite une réaction inflammatoire, qui consiste en un afflux de lymphocytes vers le site infecté. Malheureusement, ceux-ci, parfois, font de l’excès de zèle et vont jusqu’à déclencher le redoutable choc septique.
Malgré cela, les peptides cationiques attirent maintenant l’attention, à cause du large spectre d’action, et du fait qu’ils ont déjà été sélectionnés par l’évolution. Sans nous attendre, la sélection a déjà pratiqué beaucoup d’essais cliniques!
Une famille de ces peptides cationiques porte le joli nom de défensines . Un terme général de «host-defense peptides» est employé, mais je ne puis résister ici à l’attrait de défensines. Il se révèle maintenant que cette catégorie de peptides cationiques, outre leur action antibactérienne, atténuent la réaction proinflammatoire. Presque trop beau pour être vrai! Il y a pourtant un caveat. Nos cellules sont riches en protéases, des enzymes destinées à faire le ménage dans la cellule en digérant des protéines mal fichues. Il ne faudrait pas qu’elles se mettent à digérer les défensines-médicaments. Car, à vrai dire, ce ne seront pas des produits purement naturels, mais bien un peu modifiés par les chercheurs.
Les défensines se sont révélées très différentes d’un animal à l’autre, et on a recherché, pour chaque situation, la défensine animale qui se révélait être plus active que la forme humaine.
Par précaution, les essais cliniques chez l’homme se sont d’abord adressés à des lésions externes.
Premier essai: l’application d’une «défensine» de crapaud sur des lésions d’impetigo (la peau de la grenouille contient une substance qui protège contre les infections de la peau).
Deuxième essai: le même produit sur les ulcères des diabétiques.
Troisième essai: une défensine porcine dans des inflammations buccales.
Et le quatrième: en chirurgie, une défensine bovine contre les biofilms de bactéries qui se développent sur les cathéters mis en place à longue durée.
Les résultats ont grappillé quelques espoirs, dont le plus net concerne, heureusement, le problème qui gâche les nuits des chirurgiens: celui de l’infection des cathéters. Mais, par cet exemple, on est loin d’une répercussion sur le bien-être de notre planète.

Retour aux sources

D’autres tactiques ingénieuses ayant échoué, on en revient aux actinomycètes, de loin les meilleurs producteurs d’antibiotiques: de 1942 à 1995, ils nous en ont révélé environ 3000. Et puis, on s’est endormi sur ses lauriers. Si l’on reprenait maintenant la tâche avec le même enthousiasme (la même foi), 1000 nouvelles molécules seraient découvertes dans les 50 ans à venir, dont 20 à 40 nouveaux antibiotiques utilisables en clinique. Mais cette projection est trop faible pour être économiquement viable, compte tenu que plusieurs grandes firmes pharmaceutiques ont fermé leur section antibiotique. Un autre auteur estime que la fouille pour des antibiotiques n’a jusqu’ici concerné qu’une partie infime du sol. Que manque-t-il le plus? La foi dans la recherche, ou la perspective d’un profit?

Affronter les risques

Quoiqu’il en soit, la hantise majeure des chercheurs, c’est de se voir acculés trop tôt à des essais cliniques chez l’homme, avec le traquenard des risques. Supputer des effets secondaires qui surviendraient chez l’homme, sans avoir été observés chez la souris, c’est l’une des étapes importantes de la recherche. Le risque zéro est un mythe. Lorsque la maladie est très grave, il est difficile de faire la limite entre la prudence… et une certaine lâcheté devant la prise de risque. Interrogez le malade atteint d’abcès staphylococciques multiples, il vous dira souvent: vu mon état, j’aspire à prendre des risques. Mais pour une firme productrice de médicament, poursuivre un long chemin jusqu’à un échec potentiel peut être pire que de s’abstenir.
Lise Thiry

Les ateliers du blocus

Le 30 Déc 20

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Une animation pour et par les étudiants pour mieux vivre le premier blocus

Les étudiants le disent: les premiers blocus et examens génèrent des appréhensions et du stress. Depuis plusieurs années, Jeunesse & Santé et Univers santé organisent des «ateliers du blocus» à destination des étudiants de l’Université catholique de Louvain et des écoles supérieures du Brabant wallon. L’idée est simple et elle plaît: créer des groupes de discussion autour des questions que se posent ces étudiants à propos du blocus et des examens.
Le pari, c’est qu’ils ont les réponses, les ressources pour bien gérer cette période de leur vie d’étudiant, du moins collectivement. Ce temps d’échanges fait émerger les différentes manières de bloquer, permet aux étudiants de leur donner confiance, les aide à mieux se connaître, parce qu’il n’existe pas de réponses miraculeuses, même si quelques balises sont parfois nécessaires.

Reportage-interview

Une vingtaine d’étudiants papotent, assis derrière leurs tables disposées en carré. Ils attendent, curieux, le début des ateliers du blocus. « C’est mon premier blocus , explique Anne , je ne sais pas très bien comment m’organiser , alors je suis venue en discuter .» Pour Greg , c’est le lieu d’étude pour lequel il est hésitant. « A la maison , au kot , seul , avec des copains ?» Quant à Amélie , elle a peur de perdre tous ses moyens à cause du stress et de toute cette pression.
Un animateur ouvre la séance par une courte présentation de l’atelier du blocus. « Malheureusement on ne vous apporte pas encore LA potion magique pour réussir vos examens . On va partir de vos questions et surtout de vos réponses .» Il invite ensuite les étudiants à exprimer les questions qu’évoque pour eux ce premier blocus en études supérieures ou à l’université. Quelques instants de silence. Une première idée est lancée. Les autres fusent alors et se font écho: temps d’étude, fêtes, fatigue, famille, méthode de travail… Un autre animateur note ces questions au tableau et les classe par rubrique: organisation du temps, stress, sommeil, alimentation, détente, relations… L’attention est réelle, des dialogues s’ébauchent.

Matos

Jeunesse & Santé et la Mutualité chrétienne offrent aux étudiants le «Starting bloque», un outil qui vient en soutien aux ateliers du blocus.
Le kit «Starting Bloque» a été créé par des jeunes pour les jeunes qui démarrent leurs études. Son ambition est d’aider les étudiants pendant cette période parfois difficile d’étude intensive et d’examens stressants… Le kit est un bon compagnon d’étude sur qui on peut compter et qui regorge de trucs et astuces pour traverser le blocus le plus sereinement possible. Il se compose de cinq éléments:
Le planning d’étude à afficher et… à remplir! Parsemé d’humour, de conseils et de techniques de relaxation. Il permet d’organiser son effort en déstressant sympa.
Le livret ‘Ta bloque, mode d’emploi’: une mine d’or de principes faciles qui rendent le travail efficace et agréable: que faire ou ne pas faire pendant la bloque, comment étudier, comment s’alimenter, comment gérer son stress.
Le ‘ Bloque Post-it ®’, illustré de slogans d’encouragement, pour jeter des idées, pour noter une définition ou les choses à ne pas oublier…
Un ‘ dialogueur’ , un panneau pour communiquer avec ses supporters, leur dire ses envies, ses besoins, ses coups de gueule. C’est aussi le moyen pour l’entourage d’encourager et soutenir l’étudiant, de se comprendre dans une période difficile.
Un carton à accrocher à la porte: d’un côté ‘Je bloque’ et de l’autre ‘Je débloque’, histoire de prévenir les éventuels visiteurs de son état d’esprit!
Info et renseignements sur l’outil et les ateliers en Wallonie: Jeunesse et Santé, François Galand, 02 246 49 85 ou sur le site https://www.startingbloque.be

La séance se poursuit par un échange autour de chacune de ces questions. « Comment envisages tu , cette journée d’étude , le rythme étude / détente / pauses ?» Chacun y va de son avis, tente une réponse. « Moi je suis du matin , alors je vais me lever tôt , commencer à 8 heures . Mais le soir , c’est terminé j’arrête avant le souper .» « Moi au contraire , je m’y mets à partir du milieu d’après midi , il fait plus calme le soir , une partie de la nuit . Je suis un lève tard .» Des étudiants plus âgés apportent leur expérience, non comme des modèles, mais comme des témoignages. Les animateurs adultes sont là pour animer le débat, rappeler des balises lorsque celles-ci n’ont pas émergé à partir de la discussion. « Travailler la nuit , oui , mais attention , en période d’examen il faut retrouver le rythme diurne parce que les examens se passent le jour

Articuler études et bien-être

Il ne s’agit pas d’un atelier centré sur la méthodologie. Pour cela les étudiants sont renvoyés vers leur faculté, leur école. L’accent est mis sur la gestion saine du blocus. Comment bien vivre son blocus pour être mieux dans sa peau d’étudiant, moins stressé et donc plus efficace.
Plusieurs années de collaboration autour de ce projet ont permis aux animateurs de se créer une «culture commune», des balises qui semblent pertinentes à faire émerger de ce temps d’échange.
Beaucoup de questions se posent sur la gestion du temps, du planning. Articuler le temps d’étude avec les pauses, la détente, le mouvement, le maintien des relations sociales indispensables au soutien moral. Les questions d’hygiène de vie sont abordées: préserver un sommeil de qualité et suffisant, adopter une alimentation équilibrée, éviter l’automédication (la pilule magique du copain), souvent très mauvaise conseillère.
Une brève évaluation au terme de ces ateliers conforte les deux partenaires de leur pertinence. Tous les étudiants participants apprécient la méthode. Plus des trois-quarts affirment trouver réponse à leur questions. Quant à l’aide que leur apporte l’atelier à long terme, nous n’avons pas encore eu la possibilité de l’évaluer. Cette étape est encore dans nos cartons pour les prochaines années!
Pierre Squifflet , Infor Santé Brabant wallon, Florence Vanderstichelen , Univers santé

Jeunes et alcool: les publicitaires savent pourquoi!

Le 30 Déc 20

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Depuis quelques années, le comportement des jeunes face à la consommation d’alcool se modifie. Il se rajeunit, il se féminise. Le binge drinking (tendance à boire jusqu’à l’ivresse) est en nette augmentation. Les stratégies marketing des alcooliers (producteurs de boissons alcoolisées), entre autres celles visant les jeunes, ne sont pas étrangères à ces phénomènes.
Le premier contact de l’enfant avec l’alcool s’effectue généralement en famille. C’est le doigt dans le verre des parents, le premier vrai verre à l’occasion d’une fête. Le groupe des copains de l’école, les mouvements de jeunesse, les clubs sportifs, l’enseignement supérieur prennent ensuite le relais.
Les jeunes boivent pour faire comme les autres, faire la fête et bien rigoler, se changer les idées, se détendre, être moins timides et, pour certains, dépasser leurs limites.
Les stratégies marketing des alcooliers, visant spécifiquement les jeunes, contribuent largement à ces évolutions. Alcopops aux couleurs et aux goûts de limonade, ligue de football de division 1 portant le nom d’une bière blonde, offensives marketing en milieu étudiant, multiplication de la publicité sur le net et au cinéma… Ajoutez à cela une forme de banalisation, de normalisation par la société et par les jeunes eux-mêmes. En témoigne le nombre impressionnant de blogs mettant en scène des jeunes ivres.
Le secteur éducatif tente de promouvoir une consommation responsable et moins risquée, sans diaboliser ni banaliser la consommation d’alcool. Cependant, pour comprendre, et, le cas échéant, essayer de freiner ces évolutions, il apparaît également nécessaire de jeter un coup de projecteur sur les producteurs et non pas uniquement sur les jeunes consommateurs. Les alcooliers ont des responsabilités à prendre.
Aujourd’hui, il est clair qu’en matière de publicité et de marketing, le secteur développe de nouvelles pratiques commerciales plus agressives et très ciblées. Le Groupe porteur Les jeunes et l’alcool a dès lors mis en place un Observatoire des pratiques commerciales afin d’objectiver ces pratiques, d’aiguiser le regard critique et d’interpeller le monde politique.
En effet, le secteur s’est doté d’une convention réglementant la publicité, mais force est de constater que ce mécanisme est insuffisant pour protéger le jeune consommateur. De nouveaux produits formatés pour les jeunes, colorés, sucrés, branchés, colonisent le marché. Les alcooliers sont largement présents sur la toile. Les salles obscures ne sont pas en reste avec une convention No kids qui ne protège pas efficacement les mineurs. Le monde sportif est également largement envahi par les alcooliers.
Tout cela contribue à banaliser la consommation excessive d’alcool. Les blogs personnels des jeunes en sont le reflet. On y retrouve une banalisation de comportements inadéquats et une présence massive de la culture alcool.
Bref, les dérapages sont variés et nombreux. Il est temps de réagir, d’éduquer les adolescents et de mieux réguler ces pratiques. Les pouvoirs publics ainsi que les consommateurs doivent être acteurs de cette régulation et ce sur toutes les pratiques commerciales. Le jeune consommateur doit être protégé, mais aussi recevoir les informations adéquates lui permettant d’être pleinement acteur de santé.

Un outil aux multiples facettes

Média Animation (1), en partenariat avec les neuf associations membres du Groupe Les jeunes et l’alcool (2) et le CRIOC (3) publient aujourd’hui «Les publicitaires savent pourquoi», un outil de sensibilisation aux pratiques commerciales des alcooliers.
La prévention doit être centrée sur le jeune mais elle doit être structurelle également. La brochure participe à ces deux objectifs. Il s’agit d’un outil d’éducation centré sur le jeune via les relais éducatifs, et d’un outil de sensibilisation politique pour une meilleure régulation publique et transparente de ces pratiques parfois douteuses.
«Les publicitaires savent pourquoi» se décline en 11 chapitres brefs mais denses.
La publicité, un cocktail aux mille recettes (Yves Collard, Média Animation)
La publicité n’est pas une entreprise de salubrité publique. Si ses partisans en font un art, ses objectifs sont rarement désintéressés. Et le savoir-faire publicitaire, essentiel à l’essor des entreprises, ne s’improvise pas. C’est au contraire un métier qui ne cesse de se spécialiser au fil du temps. L’auteur nous rappelle ce qu’est exactement la publicité, les objectifs des annonceurs, les tactiques employées pour atteindre la cible jeune, les ingrédients des messages.
Le marketing nous tourne-t-il tous en barrique? (Martin de Duve, Univers santé, Nadine Fraselle, UCL, Marc Vandercammen, CRIOC)
L’alcool fait l’objet de dérives fréquentes parmi les adolescents. Ce phénomène est lié au développement du marché des boissons alcoolisées, à l’élargissement des gammes de produits et aux nouvelles formes de communication commerciale. Des pratiques qui mettent en place une véritable culture de l’alcool. Les auteurs nous rappellent combien la clientèle des jeunes est essentielle à un marché en lente érosion sur le long terme. Ils expliquent aussi les ressources du marketing actuel: mise au point de produits spécifiques, techniques de persuasion, fidélité à la marque, marketing viral et tribal, volonté de ‘rassurer’ les parents et les éducateurs ou plutôt de se dédouaner sur eux de la responsabilité sociale des entreprises…
L’alcool a bonne presse (Yves Collard)
Dans le milieu de la pub, la presse est le deuxième support en termes d’investissements. Elle présente divers avantages pour les alcooliers: segmentation, souplesse d’insertion, implication de la cible.
Y a-t-il des enfants dans la salle? (Steven Goffaux et Emilie Moreau, Univers santé)
Au cinéma, 10% des publicités vantent les mérites de l’alcool, qu’il s’agisse de bières légères, d’apéritifs ou de boissons fortes. Tombent-elles sous les yeux des enfants et adolescents qui fréquentent les salles obscures? En principe non, grâce au service No Kids de Screenvision, qui permet aux annonceurs d’ôter leurs annonces des écrans publicitaires précédant les films pour enfants quand ils les estiment inadaptées à ce public. Le nombre très important de films ‘enfants admis’ visant un large public et pas seulement les plus jeunes rend ce souci d’auto-régulation un peu vain.
Ricard nous ensoleille (Emilie Moreau et Florence Vanderstichelen, Univers santé)
Une étude de cas. Il est loin le temps où ce pastis pratiquait la réclame à l’ancienne. Aujourd’hui, le puissant groupe alcoolier tente de faire croire que dans sa bouteille, il y a avant tout de la fête et de la convivialité. En espérant convaincre les consommateurs de boire du pastis non seulement en été, quand le soleil est au rendez-vous, mais aussi en hiver, lorsque le froid les oblige à se mettre à l’abri et à se ‘réchauffer’…
Sobres, les sites web des alcooliers? (Geoffrey Dormal, licencié en communication)
Internet est un média relativement peu contrôlé et son utilisation est en augmentation constante. Les alcooliers ne pouvaient manquer d’investir ce puissant moyen de communication. Ils le font d’une façon relativement discrète et neutre, en utilisant parfois un ‘contrôle d’accès’ remarquablement hypocrite, qui refuse l’accès à l’internaute tapant une date de naissance trop récente. Il suffit évidemment d’en introduire une d’adulte pour pouvoir consulter les pages…
Et glou et glou et blog (Anne-Claire Orban, Blogmag.net et Steven Goffaux)
Il est impossible d’évoquer les jeunes sans aborder ce phénomène très populaire parmi eux. Selon les chiffres récents de l’étude Mediapro, 38% des jeunes Belges de 12 à 18 ans déclarent posséder au moins un blog! L’alcool et l’ivresse y tiennent souvent la vedette.
Quand la prévention part en campagne (Florence Vanderstichelen)
La publicité sociale recouvre l’ensemble des messages qui ont pour but de sensibiliser les individus à des problématiques telles que la santé, l’environnement, l’humanitaire. C’est dans ce champ que prennent place les campagnes de sensibilisation à l’usage responsable d’alcool par les jeunes. L’auteur précise que la communication éducative joue la carte du choix autonome de sa cible plutôt que la contrainte ou la manipulation, tout en analysant avec lucidité les arrière-pensées des discours de modération portés par l’industrie ou ses partenaires (dont la campagne récurrente Bob, financée pour partie par l’industrie brassicole, est un exemple parlant).
Quelques campagnes à la loupe (Xavier Scheuer, Secshop, Florence Vanderstichelen)
Ce chapitre aborde quelques campagnes de prévention au Québec, en France et en Belgique, au sud («Qu’est-ce que tu bois?») comme au nord («A Cool World»).
Leur savoir s’autorégule-t-il avec sagesse? (Martin de Duve, avec la collaboration de Nadine Fraselle et Marc Vandercammen)
Bien que des dérives soient régulièrement constatées dans leurs pratiques commerciales, on ne peut nier que les alcooliers ont généralement conscience des exigences légales de la protection des consommateurs. Mais la législation sur la question est très floue, peu connue, peu respectée. Le secteur est arrivé ces dernières années à convaincre les autorités de l’efficacité de l’auto-régulation en la matière, ce qui lui permet d’échapper à une législation plus claire et contraignante. L’efficacité du dispositif en termes de ‘consommation sage’ des jeunes est mise en doute, et certains plaident pour une démarche plus stricte qui n’excluerait toutefois pas les alcooliers, la co-régulation, que Nadine Fraselle définit ainsi: «un système moderne de contrôle public, souple, participatif, mais rigoureux où l’on retrouve tant les experts du secteur que les politiques et les acteurs de la société civile».
La publicité pour l’alcool en Communauté française (Conseil supérieur de l’audiovisuel)
En Communauté française, la publicité pour les alcools ne peut s’adresser aux enfants ou mettre des mineurs en scène. De plus, en contrepartie des espaces achetés pour promouvoir les boissons alcooliques, les médias concernés (TV et radio) doivent diffuser gratuitement des campagnes de promotion de la santé (mais pas spécifiquement sur le thème de la consommation responsable d’alcool).

A destination des jeunes mais pas seulement

«Les publicitaires savent pourquoi» est un outil d’animation parfaitement calibré pour aider les éducateurs à faire prendre conscience aux adolescents des risques d’une consommation erratique, et des dérapages de la communication publicitaire malgré le souci affiché des annonceurs de respecter les règles qu’ils se sont imposées librement.
Le but n’est pas évidemment pas de partir en croisade contre l’alcool, ce qui serait d’ailleurs la meilleure manière d’accroître sa séduction aux yeux des jeunes, mais de favoriser une prise de distance critique de leur part.
Un autre objectif est aussi de rappeler aux politiques que le secteur éducatif a tout à fait sa place dans ce débat, qui ne devrait pas être monopolisé par les intérêts sectoriels.
Le dossier témoigne d’un véritable ‘savoir-faire’, et est en outre très agréable à lire. ‘A consommer sans modération’ en quelque sorte!
Christian De Bock
Les publicitaires savent pourquoi – Les jeunes, cibles des publicités pour l’alcool. Les dossiers de l’éducation aux médias n°3, Média Animation, 2007, 50p.
Renseignements: Univers santé, Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 28 28. Courriel: univers-sante@univers-sante.ucl.ac.be.

(1) Média Animation est une asbl qui a pour but le développement d’une citoyenneté responsable face à une société de la communication médiatisée. Pour ce faire, elle organise les services et moyens nécessaires à la réalisation de son but: recherche, information, sensibilisation, formation, publications, réalisations audio-scripto-visuelles et multimédia. Elle s’adresse principalement aux adultes, animateurs, éducateurs et intervenants sociaux et culturels.
(2) Le Groupe porteur Les jeunes et l’alcool , lancé en 2003 et piloté par Univers santé asbl, mène en Communauté française réflexions et actions pour une consommation plus responsable et moins risquée d’alcool par les jeunes. Il réunit les associations suivantes: Fédération des centres de jeunes en milieu populaire – Fédération des étudiant(e)s francophones – Groupe RAPID – Infor-Drogues – Jeunesse et Santé – Ligue des familles – Mutualité socialiste – Prospective Jeunesse – Univers santé.
(3) Le CRIOC a pour but de fournir une aide technique aux organisations de consommateurs, de valoriser la fonction de consommation et de promouvoir la protection des consommateurs; il participe à la représentation des consommateurs tant au niveau fédéral qu’aux niveaux communautaires, régionaux qu’européen, il répond aux demandes d’information et aux demandes de documentation des organisations de consommateurs et du SPF Economie, PME, Classes moyennes et Energie, il effectue des recherches et réalise les études nécessaires à la bonne exécution de ses obligations.