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portrait of a teen african woman facing the camera with serious expression

FABSS : femmes actrices de leur bien-être et de leur santé sexuelle

Le 24 Sep 22

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En 2022, la Plateforme Prévention Sida a lancé un nouveau projet participatif dans le but d’améliorer la santé sexuelle des femmes afro-latino-caribéennes en Belgique francophone. Ce projet est le résultat de constats récurrents concernant l’irrégularité de la fréquentation des lieux et des services de santé sexuelle (planning familiaux, associations de prévention…) par les femmes afro-latino-caribéennes.  Les acteurs de terrain constatent également une certaine difficulté dans le fait d’aborder la sexualité avec ces femmes. Ce projet s’inscrit dans une volonté de tenir compte des violences de genre dont elles sont victimes dans la prise en charge de leur santé sexuelle.[1]

portrait of a teen african woman facing the camera with serious expression

Avec ce projet nous avons voulu renverser la question fréquemment posée à savoir : “Pourquoi les femmes afro-latino-caribéennes ne fréquentent-elles pas les lieux de prévention et de promotion de la santé sexuelle ?”, et nous interroger sur ce dont les femmes ont réellement besoin (en termes de lieux, de ressources, de personnes de contact, de sujets à aborder…) pour prendre soin de leur santé sexuelle.   

Ce projet, initié par la Plateforme Prévention Sida, est participatif et regroupe un ensemble de partenaires actifs auprès des femmes afro-latino-caribéennes, d’associations communautaires et de femmes “relais” issues du public concerné : Culture et Santé, Free Clinic, Entr’Aide des Marolles, Gams, Siempre, Woman Now, GFAIA, Croix Rouge (centre Jette), Muso Yiriwaton, Collectif des femmes sans papier, Mandela.

Où sont les femmes migrantes ?

Les femmes représentent plus de la moitié des personnes qui migrent [2], pourtant elles sont peu représentées parmi les personnes qui ont accès aux services de santé sexuelle. En effet, il n’est pas rare d’entendre les professionnel·les de la santé et de de la promotion de la santé évoquer leurs difficultés à aborder les questions relatives à la santé sexuelle avec les femmes migrantes. Pour certain·es, s’ajoute aussi la difficulté de les mobiliser autour de ces questions ou encore le fait qu’elles ne se déplacent pas en consultation. Par exemple, lors de nos actions de dépistage, nous recevons une majorité d’hommes. En effet, pour l’année 2021, nous avons dépisté 274 hommes pour 159 femmes. [3]  

Cependant, lors de certaines de nos activités, nous avons déjà pu constater une demande de la part des femmes d’avoir un meilleur accès à l’information. Nous constatons aussi une grande réceptivité de leur part lorsque des actions de prévention à leur intention leur sont proposées.  

Au sein du projet FABSS, nous avons donc souhaité questionner cette invisibilité des femmes afro-latino-caribéennes et en comprendre les mécanismes afin de dépasser les arguments, souvent entendus, de type « les femmes migrantes ne sont pas intéressées par la santé sexuelle » ou encore « elles ne veulent pas en parler ». 

Les objectifs du projet FABSS

Le projet consiste à réaliser une recherche-action auprès et avec des femmes afro-latino-caribéennes en leur donnant la parole afin de déterminer ce qui correspond le mieux à leurs besoins et attentes en termes de services de prévention et d’accompagnement de la santé sexuelle (en termes de lieu, d’action, de personnes ressources et d’accueil…). L’objectif final étant de définir avec les femmes des recommandations dans ce domaine qui tiennent compte de leurs besoins. Le projet a pour objectif de favoriser l’empowerment des femmes impliquées dans le projet, et plus largement, de toutes les femmes. Les attentes et besoins des groupes cibles sont pris en compte dès le début du projet pour assurer l’adéquation entre les besoins et les réalisations, communications comprises. Nous avons également souhaité, par l’intermédiaire de ce projet, offrir une visibilité et une reconnaissance au travail fourni par les associations communautaires auprès des femmes afro-latino-caribéennes.

La participation au cœur du projet

Dès le départ, nous avons souhaité placer la participation active du public cible au cœur de nos réflexions sur la mise en place du projet. Nous souhaitions en effet faire participer ce public au maximum et le plus rapidement possible dans le processus. La participation des publics a été envisagée afin d’atteindre deux objectifs : d’un côté, augmenter l’adéquation entre les besoins réels du public et les réponses mises en place ; et de l’autre, favoriser l’empowerment des participantes en leur offrant une expérience transformatrice qui leur permette d’acquérir des compétences utiles pour prendre en charge leur santé sexuelle et celle de leur(s) communauté(s). 

Bien qu’il s’agisse d’une « participation invitée » [4] puisque la Plateforme Prévention Sida est à la base de la création du projet, nous avons voulu laisser la place aux participantes pour donner leur avis sur les étapes à mettre en place et la façon de les réaliser. Nous pouvons donc parler d’une « participation-action » telle que définie par Charbonnier [5], dans le sens où le public a pu s’exprimer et s’investir tout au long du projet à partir du moment de sa mobilisation. Concrètement, un groupe de travail composé de femmes relais issues du public et formées à la mobilisation a été amené à s’exprimer et s’engager à chaque étape du projet (rédaction des grilles d’entretien, mobilisation, focus group, analyse des résultats, préparation de la journée de mobilisation…). Il en a été de même pour un comité d’accompagnement qui regroupait à la fois des professionnel·les de la santé en lien avec le public et des associations communautaires (soutien à la méthodologie, mobilisation, préparation de la journée et implication dans sa mise en place…).  

Afin de nous assurer une large participation et de permettre également à des publics vulnérables de participer aux différentes étapes, nous avons mis en place un ensemble de mesures pour éviter les freins à la mobilisation du public. Lors de notre journée de mobilisation du 25 juin, par exemple, nous avons insisté sur la convivialité en alternant les moments formels et informels, en favorisant un lieu facile d’accès, en assurant la gratuité et le remboursement des frais de transports, en mettant une garderie à disposition, en assurant la présence de traduct·rice·eurs, etc. 

Au-delà de la participation, nous souhaitions valoriser et faire reconnaître l’expertise des publics impliqués dans le projet, non seulement en rémunérant au juste prix leur participation aux focus groups mais également en leur offrant un espace pour promouvoir leur savoir et construire ensemble les recommandations en matière de prévention en santé sexuelle.

Résultats préalables et perspectives

Le projet a permis de mettre en avant un certain nombre de recommandations afin d’améliorer la santé sexuelle des femmes afro-latino-caribéennes. Ces recommandations ont été validées lors de la journée de mobilisation et regroupées en quatre catégories, en fonction des différents niveaux auxquels elles se référent : le niveau individuel, le niveau relationnel, le niveau institutionnel et le niveau sociétal/communautaire. Elles ont ensuite été priorisées et des actions pour les mettre en œuvre ont été envisagées pour certaines d’entre elles. Le rapport final reprenant toutes ces recommandations sera disponible sur www.cool-and-safe.org à partir d’octobre 2022. 

Nous pouvons déjà mettre en avant l’importance, au niveau individuel, d’augmenter les connaissances des femmes concernant leur corps afin qu’elles puissent se le réapproprier et ainsi augmenter leur autonomie dans la prise en charge de leur santé sexuelle. Au niveau relationnel, les femmes ont mis en avant l’importance d’ouvrir le dialogue sur les questions liées à la sexualité et les représentations de genre entre hommes et femmes mais également entre générations au sein des familles. Elles demandent notamment à être renforcées et soutenues dans cette démarche. Au niveau institutionnel, les femmes sont demandeuses d’être d’accompagnées dans la prise en charge de leur santé sexuelle dans des lieux adaptés et sécurisants, avec des professionnel·les formé·es et avec qui elles peuvent établir un lien de confiance. Elles demandent que les professionnel·les créent l’opportunité d’aborder les questions de santé sexuelle. Enfin, au niveau sociétal, il est important de travailler la question des violences et des inégalités basées sur le genre dont sont victimes les femmes afro-latino-caribéennes, et ce, dans une perspective intersectionnelle. Il s’agit de proposer des solutions concrètes qui tiennent compte de leurs réalités de vie.  

La grande mobilisation autour de ce projet, avec pour exemple la mobilisation de 60 femmes lors de la journée du 25 juin et l’accueil plus que favorable qu’il a reçu auprès des femmes, nous confortent dans l’idée que le projet FABSS répond à un besoin réel des femmes. Notamment celui d’être non seulement sollicitées, mais également impliquées dans la prise en charge de leur santé sexuelle, ainsi que leur besoin d’informations et de renforcement de capacités dans ce domaine. Cela nous encourage à poursuivre ce projet et à maintenir la mobilisation pour permettre la mise en application des recommandations.

Contact 

Plateforme Prévention Sida, Place de la Vieille Halle aux blés 29-28, 1000 Bruxelles.  
+32 (0)2 733 72 99 – info@preventionsida.org 
https://preventionsida.org/fr/

Références

[1] Florquin, Stéphanie (2021). Besoins et demandes en matière de santé et droits sexuels et reproductifs des femmes concernées par les mutilations génitales féminines en Région de Bruxelles-Capitale, Rapport du diagnostic communautaire mené dans le cadre du Réseau bruxellois contre les MGF. Bruxelles, Ed : GAMS Belgique. 

[2] HCR. https://www.unhcr.org/fr/femmes.html 

[3] Rapport Activité Projet Action Test (2022), Plateforme Prévention Sida.  

[4] Cornwall A. Unpacking « Participation » : model, meanings and practices. Community Development Journal 2008 ; 43(3) : 269-83 

[5] SCHEEN B. Promotion de la santé et démarche participatives : Décryptage et point d’attention, Woluwe-Saint-Lambert : RESO, 2018

Lever du rideau sur le burn-out

Le 24 Sep 22

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Né de la rencontre d’un groupe de patients réunis par leur thérapeute, le spectacle de théâtre-action « Brûlés de l’intérieur » raconte l’expérience du burn-out qu’ils et elles ont traversée. Soutenue par la Compagnie Maritime, cette création originale témoigne de leur vécu pour sensibiliser et mieux comprendre les ressorts de cette autre épidémie du moment.

À travers une série de saynètes et de déclamations inspirées par leurs parcours personnels, cinq patients et leur thérapeute ont mis en scène l’épreuve du burn-out qu’ils et elles ont surmontée grâce à l’accompagnement d’une psychothérapeute œuvrant dans le centre de rééducation fonctionnelle La Charnière, à Namur, qui accueille de nombreuses personnes touchées par ce syndrome. Leur point commun ? Toutes et tous se sont entretemps reconvertis sur le plan professionnel pour redonner du sens à leur travail. « Ils ont été au bout du processus, rapporte leur thérapeute. Ils ont tiré des leçons de cette expérience et s’en sont servis pour vivre autrement et changer leur rapport au travail. »

Le théâtre-action, un levier

Né au lendemain des évènements de Mai 1968, dans un mouvement émancipateur qui visait à supprimer les inégalités entre les expressions culturelles populaires et celles réservées aux élites, le théâtre-action s’appuie sur quelques principes fondateurs : « un processus de création collective (chacun participe à l’écriture) ; des thématiques de « l’ici et maintenant » ; des décors minimalistes et mobiles (voire naturels) ; une part d’improvisation ; une présence dans les lieux de vie et de luttes ; des saynètes courtes avec une dimension symbolique lisible par tous. » (1) 

Au contraire du théâtre « classique », les visées du théâtre-action ne sont ni distractives ni esthétiques. C’est un théâtre en résistance qui cherche à rendre à la culture sa fonction d’intégration et de contestation et qui se donne pour ambition l’analyse et la transformation des rapports sociaux.  Il s’inspire du vécu d’un groupe de personnes confrontées à des situations sociales, économiques ou culturelles difficiles. « Nous sommes partis de situations individuelles pour tendre vers l’universel », explique la metteuse en scène de la Compagnie Maritime. Ce faisant, l’objectif est de « pousser les spectateurs à s’associer à la réflexion théâtralisée et à se préoccuper d’en faire un appui pour provoquer les changements nécessaires ». (2) C’est la raison pour laquelle le « langage [du spectacle] doit rencontrer l’actualité, la culture, les préoccupations du public visé et susciter en lui l’envie d’une prise de parole lors de l’animation qui suit nécessairement le spectacle ». (3) 

Bien qu’elle ne relève pas des ambitions du théâtre-action, la dimension thérapeutique de la démarche est appréciée par l’une des comédiennes : « Outre le fait que le théâtre nous a aidés à délier nos langues, il nous a aussi permis de revivre de l’intérieur une partie de cette aventure et de la réexplorer sous un autre angle, en nous demandant comment la colporter vers l’extérieur. » Et de préciser : « Ce projet collectif m’a également aidée à accepter la réalité. Aujourd’hui, j’arrive à dire aux gens que j’ai vécu un épisode de burn-out alors que j’en étais incapable auparavant. » 

Une notion aux contours mal définis

Une des difficultés dans l’appréhension du burn-out réside dans le flou de cette notion qui ne fait l’objet ni d’une définition unanime ni de critères diagnostiques officiels. Les soignants pâtissent d’un manque de connaissances sur les aspects organisationnels du travail et se trouvent souvent démunis face aux patients, sans parler de la tendance selon laquelle « de plus en plus d’intervenants (coachs, thérapeutes, etc.) se déclarent professionnels de la problématique sans avoir les compétences nécessaires. » (4)  

Introduit en 1974 par le psychiatre américain Herbert Freudenberger pour qualifier l’épuisement au travail des professionnels de l’aide et du soin, le concept de burn-out s’est progressivement étendu à tous les milieux professionnels. À la suite des travaux de la psychologue américaine Christina Maslach, ce syndrome est souvent décrit comme un processus multifactoriel inscrit dans la durée et caractérisé par trois composantes principales. (5) Dans un premier temps, la personne ressent un épuisement émotionnel qui influe sur sa vitalité physique. Elle se sent littéralement « vidée » de ses ressources et ressent une fatigue extrême que le repos habituel ne suffit plus à soulager. « Cet épuisement peut aussi avoir un impact sur le contrôle de ses émotions (irritabilité, colère, pleurs…) et de ses cognitions (attention, mémoire, concentration) et peut à son tour provoquer des changements dans les comportements et les attitudes. » (6) Dans un deuxième temps, un état de dépersonnalisation, caractérisé par une attitude négative et détachée vis-à-vis de l’entourage, se manifeste. Enfin, le burn-out se traduit par une diminution du sens de l’accomplissement et de la réalisation de soi. À ce stade, l’individu porte un regard dévalorisant sur la plupart de ses réalisations personnelles et professionnelles. Cette perte de confiance peut s’accompagner d’un état dépressif profond et d’une incapacité à faire face à ses obligations professionnelles. 

Prévalence et coût du burn-out

Parmi les enjeux majeurs de santé publique, les maladies psychosociales constituent l’une des principales causes d’absence de longue durée au travail en Belgique. (7) Ces pathologies, dont la fréquence s’est accrue au cours des dernières années, participent à la croissance spectaculaire du nombre de personnes en invalidité et entrainent souvent de longues périodes d’incapacité de travail et un risque de rechute important. (8) Selon l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami), au 31 décembre 2018, plus d’un tiers des travailleurs salariés du secteur privé (demandeurs d’emploi compris) et près d’un quart des travailleurs indépendants reconnus en invalidité souffraient d’un trouble mental ou du comportement, une catégorie regroupant notamment la dépression, le burn-out, le stress et les dépendances. (9) 

Lorsqu’on cible la problématique du burn-out, la tendance n’est pas différente à en croire les dernières données de l’Inami qui, en décembre 2020, dénombrait quelque 33 402 personnes en incapacité de travail de longue durée en raison d’un burnout (professionnel ou autre) et constatait une augmentation de 33 % des cas entre 2016 et 2020. (10) Cependant, selon les sociologues Thomas Périlleux et Patricia Vendramin, ces chiffres ne représentent que les seuls cas reconnus par les médecins. (11) 

Les personnes âgées de 50 à 59 ans forment la tranche d’âge la plus touchée par le burn-out et plus de deux tiers des patients qui en souffrent sont des femmes. En revanche, l’Inami ne communique pas la proportion d’employés et d’ouvriers concernés. Or, si les professions intellectuelles et relationnelles semblent les plus à risque, les métiers manuels ne sont pas épargnés par des formes d’épuisement physique et psychique qui « se manifeste[nt] souvent de manière somatique par des accidents du travail, dont on ne comprend pas toujours l’origine », explique le journaliste Thomas Chenel dans un article dédié à l’invisibilité du burn-out dans ce type de professions. (12) 

Outre le coût de la souffrance humaine liée au burn-out, ces incapacités de travail de longue durée ont généré plus de 418 millions d’euros de dépenses en 2019, soit environ 6% des dépenses totales de l’invalidité. (13) 

Une société malade?

Surmenage, manque de contrôle et de reconnaissance, dégradation de l’esprit de groupe, manque d’équité, conflit entre des valeurs contradictoires… Selon la plupart des recherches, les évolutions observées dans le monde du travail et à l’échelle de la société sont des déterminants bien plus importants dans l’émergence du burn-out que ne le sont les facteurs individuels (vulnérabilité au stress, âge, genre, etc.) (14)  

Selon Th. Périlleux et P. Vendramin, l’augmentation alarmante de la prévalence du burn-out doit être analysée au regard du modèle de performance qui depuis les années 1980 s’est progressivement répandu dans les entreprises marchandes et les organisations non-marchandes. Ce modèle se caractérise par : 

  • L’intensification de la production qui s’accompagne de l’exigence d’intensifier son implication dans l’activité aux dépens de la frontière qui sépare les sphères professionnelles et privées. 
  • Le pouvoir de la mesure et le développement du « gouvernement par l’objectif » qui misent sur la quantité plutôt que la qualité et visent à standardiser de nouvelles manières de faire en édictant des procédures rigides auxquelles les travailleurs doivent se conformer.  De ces exigences découle une perte de sens du travail. 
  • La diffusion d’une idéologie de l’entreprise de soi qui pousse les salariés à la prise de risques dans la gestion de leur carrière. « Mobilité, adaptabilité et employabilité deviennent les maitres-mots de la révolution managériale », estime le sociologue Vincent de Gaulejac. (15) 
  • Une fragilisation des inscriptions collectives de métiers. « L’intensification de la production et les évaluations individualisées concourent à la destruction des formes de solidarité proche par lesquelles les professionnels se liaient pour résister à l’oppression », expliquent Thomas Périlleux et Patricia Vendramin. (16) 

Pistes d’action

Après la représentation, le public est invité à interagir avec les comédiens et comédiennes qui souhaitent susciter la réflexion collective sur ce mal du siècle et participer à la prise de conscience de son caractère sociétal. (17) 

En témoigne l’échange au cours duquel une spectatrice réagit à des propos sur la responsabilité qui incomberait aux personnes en burn-out : « Des individus ont plus de risques que d’autres de développer un burn-out en raison de leur engagement personnel, de leur difficulté à poser des limites, de leur propension au perfectionnisme… Mais il ne faut pas oublier que la société et les organisations dans lesquelles nous travaillons sont organisées d’une telle manière qu’elles empêchent les individus de poser leurs propres limites. La société engrange ce phénomène et rend l’individu responsable de sa propre maladie et de ce qui lui arrive, ce qui est extrêmement inquiétant. » 

Par ailleurs, des pistes d’action et des revendications émergent des débats. Face au constat du manque de professionnels formés sur le burn-out et aux propos désastreux que des soignants ou des responsables d’entreprise tiennent parfois à l’égard de leurs patients ou de leurs employés (voir l’encadré), des spectateurs invitent la troupe à jouer la pièce devant des médecins, dans des entreprises et des universités afin de favoriser une meilleure compréhension et prise en charge des personnes souffrant de ce syndrome. 

Plusieurs participants vantent aussi les mérites des groupes de parole et de soutien qui participent à la prise de conscience collective des contextes propices au développement du burn-out et offrent la possibilité aux personnes concernées de sortir de leur isolement en côtoyant des pairs-aidants qui comprennent sans juger. 

Enfin, à plus grande échelle – celle de la transformation sociale et politique –, des spectateurs suggèrent d’éliminer les pratiques managériales qui instaurent un climat de compétition entre les travailleurs et de généraliser la réduction collective du temps de travail pour mieux concilier parcours professionnel et vie privée.

Extrait d’une scène de la pièce « Brûlés de l’intérieur » 

Patient : Je me sens vraiment très fatigué. Ma vie n’a plus de sens. 

Docteur : Qu’avez-vous fait de spécial pour être aussi fatigué ? 

Patient : Je travaille beaucoup. 

Docteur : Combien d’heures ? 8, 10, 12 ?  

Patient : Plutôt 10 que 8. Même 12, je dirais. 

Docteur :  Oh ! Mais ça va ! … Regardez mon agenda ! Mon carnet de consultations est complet. Regardez ! Consultation, consultation, consultation. Je passe moins de huit minutes par patient. Anamnèse. Diagnostic. Prescriptions. Rentabilité. Performance. Vous voulez connaitre mon secret ? Ce sont les activités-récré. Vous connaissez les activités-récré ? 

Patient : Non. 

Docteur : Ce sont des activités pour se vider l’esprit. Ça va aller, j’en suis sûre, un peu de courage ! Regardez-moi ! J’y arrive, moi !  

Patient : Du courage, j’en ai. C’est l’énergie qui me fait défaut et puis… il y a aussi… 

Docteur : Le mal de dos, je parie ! Regardez ! Moi, en vous écoutant, je fais quelques petits squats. Ça me détend les lombaires. Je combine travail et détente. Moi, je cherche des combinaisons efficaces !

Cet article est paru initialement dans la revue Santé Conjuguée, Dossier ” La culture, c’est bon pour la santé!”, n°99, juin 2022. Il est reproduit avec l’aimable autorisation de l’autrice. 

Références 

(1) M. Frans, Le théâtre-action aujourd’hui : comment naviguer entre utopies et nécessités ?, Université de Liège, 2017-2018. 

(2) Centre du théâtre action, La démarche, https://www.theatre-action.be/le-theatre-action/la-demarche/  

(3) G. Mourin, « Le théâtre-action », Pensée plurielle, 2002/1, n°4, https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2002-1-page-21.htm  

(4) Conseil supérieur de la santé, Burnout et travail, septembre 2017.  

(5) C. Maslach et M. Leiter, Burn-out. Des solutions pour se préserver et pour agir, Éd. des Arènes, 2016. 

(6) Conseil supérieur de la santé, op. cit. 

(7) Ibidem 

(8) Après un an, on parle d’invalidité. De 2004 à 2020, le nombre de personnes en invalidité a doublé, passant à plus de 470 000 (Mutualité chrétienne, « En bref : Incapacité de travail – chiffres et indicateurs », MC Informations n° 284, juin 2021). 

(9) Les fonctionnaires statutaires n’étant pas couverts par le volet indemnités de l’Assurance soins de santé et indemnités, ils n’apparaissent pas dans ces chiffres (Mutualité chrétienne, op. cit.). 

(10) Inami, Incapacité de travail de longue durée : Combien de burnouts et de dépressions de longue durée ? Quel coût pour l’assurance indemnités ?, https://www.inami.fgov.be/fr/statistiques/indemnites/Pages/incapacite-travail-longue-duree-combien-burn-outs-depressions.aspx  

(11) T. Périlleux et P. Vendramin, « Le travail est-il devenu insoutenable ? », Sociétés en changement, vol. 1, mars 2017. 

(12) T. Chenel, « Métiers manuels : le burn-out invisible », Changer le travail/Sciences humaines, https://www.changerletravail.fr/m%C3%A9tiers-manuels-le-burn-out-invisible  

(13) Inami, op. cit. 

(14) Conseil supérieur de la santé, op. cit. 

(15) V. De Gaulejac, Travail, les raisons de la colère, Éditions du Seuil, 2011. 

(16) T. Périlleux et P. Vendramin, op.cit. 

(17) Agenda des prochaines représentations sur www.maisonmedicale.org  

rear view shot of a woman pushing a wheelchair with a patient sitting on it with the metropolitan city in background health care and disability concept

Comment élaborer un diagnostic social-santé à l’échelon local ?

Le 23 Août 22

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A l’invitation de l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, se tenait ce 12 mai dernier la matinée de présentation du Guide d’élaboration d’un diagnostic social santé local. Ce guide, fruit d’un travail d’intenses collaborations et mené sous la bannière de la co-construction, voyait environ 170 personnes se rassembler à l’occasion de cette présentation : acteur-rice-s de terrain, expert-e-s et chercheur-e-s issu-e-s des secteurs du social, de la santé, de l’analyse du territoire…

rear view shot of a woman pushing a wheelchair with a patient sitting on it with the metropolitan city in background health care and disability concept

Une matinée de présentation du guide et quelques points de suspension

La matinée de présentation fut découpée en trois temps. Une première série de prises de parole fut consacrée à la présentation de chaque segment du guide : qu’y trouver ? A quel(s) usage(s) ?  Nous y revenons plus spécifiquement dans la section suivante. Ces prises de parole, opérées en binôme d’auteurs et co-auteurs du guide, visaient à refléter la combinaison d’expertises qui a été mobilisée dans ce processus de production. La table ronde, rassemblant Nazira El Maoufik (PCS Akarova), Olivia Vanmechelen (Kenniscentrum WWZ), Karin Van Zele (Logo Brussel) et Inge Verhaegen (Odisee Hogeschool), fut quant à elle l’occasion de croiser des témoignages de personnes ayant soit une expérience directe dans la réalisation de diagnostic(s), soit dans celle d’accompagnement d’acteur-rice-s à la réalisation de tels diagnostics. Un temps riche de réflexions, questions et échanges fut aussi opéré avec la salle, laissant entrevoir les potentiels mais aussi les limites inhérentes à ce type d’outil, comme tout outil quel qu’il soit…

Objet et contenus du guide

C’est à la question du « Comment faire ?« , en forme de poupées russes, que s’attèle à répondre le « Guide d’élaboration d’un diagnostic social-santé local ». Publié au mois de mai 2022 par la Commission communautaire commune [1], le guide est la co-production d’un consortium d’acteurs issus de divers centres de recherche, associations et institutions issus du secteur social-santé bruxellois.

Ces acteurs sont : le Centre de recherche de Bruxelles sur les inégalités sociales (Crébis – Le Forum-Bruxelles contre les inégalités et le Conseil bruxellois de coordination sociopolitique (CBCS)) ; le Centre de recherche interdisciplinaire en Approches sociales de la santé (CRISS) de l’École de santé publique de l’ULB ; l’Institut de gestion de l’environnement et de l’Aménagement du territoire (IGEAT) et le Réseau des études bruxelloises (EBxl) de l’ULB ; le Centre de diffusion de la culture sanitaire (CDCS asbl) et le Centre interdisciplinaire de recherche Travail, État et Société (Cirtes) de l’UCLouvain.

A l’origine de ce projet, un cahier des charges lancé par l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale en collaboration avec Pespective.Brussels et le Centre de Documentation et Coordination Sociale (CDCS-CMDC). Ce projet s’est esquissé au départ du constat d’un besoin de divers professionnels des secteurs du social et de la santé d’être mieux outillés pour observer, comprendre et analyser leur territoire, mais aussi leur cadre d’intervention et les attentes de leur(s) public(s). En ce sens, le besoin de diagnostic fait écho à la nécessité de s’adapter pour répondre aux défis nombreux et complexes qui se posent dans ces secteurs d’activités. A ce constat de terrain est venu se greffer la dynamique du réseau interdisciplinaire Care in the City [2], porté par Perspective.Brussels. Care in the City constitue depuis 2017 un espace de réflexion commune entre plusieurs acteurs régionaux bruxellois autour d’une meilleure intégration du bien-être et de la santé dans la planification urbaine.

On l’a évoqué en tête de cet article, le guide est le fruit d’une démarche de co-construction. Afin de proposer un outil à destination des professionnels de terrain qui tienne compte de leurs besoins, attentes et conditions de travail, le consortium s’est adjoint un groupe de personnes-ressources (GPR). Ce groupe était composé de 21 professionnels de terrain issus d’associations/institutions diverses et aux missions complémentaires parmi les secteurs social-santé bruxellois [3]. Leurs apports ont été essentiels pour mettre en exergue les questionnements concrets qui animent le terrain et ainsi guider progressivement le consortium de recherche dans la co-construction du guide. A ce GPR se sont adjoints quatre partenaires-testeurs [4] qui ont accepté de tester des sections de l’outil, en conditions réelles, sous l’angle de son niveau de cohérence et de praticabilité sur le terrain.

A l’arrivée, le guide se compose de deux volets qui communiquent naturellement l’un avec l’autre. On retrouve d’une part le guide principal qui fournit des balises conceptuelles et méthodologiques en vue de s’orienter tout au long d’un parcours de diagnostic social santé et, d’autre part, le guide de ressources locales qui propose une série d’éléments d’approfondissements, de récits d’expériences locales et de pistes en matière d’accompagnement. Voyons plus en détails ces deux documents complémentaires.

Le Guide d’élaboration d’un diagnostic social-santé local se déploie au travers de six cahiers également complémentaires. Le fil rouge de ces cahiers est celui de la temporalité des questions et des enjeux posés avant, pendant et après la réalisation d’un diagnostic. Leur lecture s’opérera, selon les besoins et connaissances de chacun-e, en tout ou en partie, dans l’ordre ou le désordre. Des liens entre cahiers sont également faits, ce qui permet à chacun-e de naviguer entre ceux-ci, en fonction de ses zones d’intérêt spécifiques.

  • Le cahier introductif permet au(x) porteur(s) de diagnostic d’opérer un bilan de leur situation avant de débuter la démarche de diagnostic et d’identifier les ressources nécessaires et disponibles à cette fin avant de se lancer. Ce cahier constitue donc un point de repère en démarrage de dynamique, tout particulièrement utile pour des personnes n’ayant aucune expérience préalable en réalisation de diagnostic. Dans cette optique de bilan initial, un « questionnaire d’entrée » figure en fin de cahier en vue de guider le(s) porteur(s) de diagnostic dans leur démarche.
  • Le cahier Statistiques et comptages axe l’essentiel de son propos sur la mobilisation de données préexistantes. Ainsi, il présente et balise l’utilisation de ressources librement accessibles en matière de données statistiques et de recensement de l’offre socio-sanitaire en Région bruxelloise, notamment à l’échelle communale et du quartier. Il passe également en revue une sélection de données statistiques dont les caractéristiques principales sont synthétisées. Afin de compléter ce tableau, le cahier se clôture sur une série de suggestions s’adressant au(x) porteur(s) de diagnostic qui souhaiteraient collecter quelques données quantitatives.
  • Le cahier Méthodes qualitatives pose, quant à lui, les balises pratiques, méthodologiques et éthiques pour véritablement déployer une démarche qualitative dans le cadre du processus de production d’une démarche diagnostique. La collecte, l’analyse et l’exploitation d’un matériau qualitatif est ainsi décrite en étapes, et en reconnaissance des contraintes que peut poser un travail de diagnostic mené en dehors du contexte scientifique. La lecture de ce cahier pourra tout particulièrement s’articuler avec celle du cahier ‘Statistiques et comptages’ en vue de combiner les approches qualitatives et quantitatives dans la démarche de diagnostic.
  • Le cahier Mise en forme et diffusion aborde et invite à anticiper l’étape de diffusion du diagnostic, en regard notamment des partenaires à mobiliser ou de la temporalité induite par les choix qui seront posés en la matière. Différents supports ainsi que canaux de diffusion sont envisageables dans le cadre d’une diffusion de diagnostic ; ces options et leurs points positifs et/ou négatifs sont présentés.
  • Le cahier Recommandations et/ou Pistes d’action amorce la phase succédant au diagnostic, en abordant deux modes distincts mais souvent complémentaires d’utilisation du diagnostic. Le cahier développe en ce sens des points de repère et des conseils pour faire émerger des pistes d’action ainsi que pour rédiger et diffuser des recommandations.
  • Le cahier Co-construction se positionne, lui, en tant qu’approche spécifique et transversale à la démarche de diagnostic. Afin de mieux appréhender ce que constitue et apporte la démarche de co-construction, ce cahier présente des balises théoriques et pratiques. Celles-ci passe en revue plusieurs questions-clé dans cette démarche : quelle posture adopter ? Quels niveaux d’implication envisager pour les parties prenantes, habitants, usagers des services ? Quels défis sont posés ? Comment y faire face ?

Le Guide des ressources bruxelloises pour construire un diagnostic social-santé a, pour sa part, été conçu comme une « boîte à outils », complémentaire aux six cahiers précédemment décrits. Des liens viennent en ce sens égrener la lecture des six cahiers et inviter chacun-e à approfondir l’un ou l’autre aspect via ce guide de ressources. Le guide n’ambitionne pas le relevé exhaustif de ressources mais plutôt un set de ressources librement accessibles et pertinentes pour des acteurs engagés dans la construction d’un diagnostic santé-social en contexte bruxellois. Diverses initiatives inspirantes menées dans des communes bruxelloises sont décrites, et quelques organismes dédiés à l’accompagnement de démarches diagnostiques et notamment actifs en région de Bruxelles-Capitale sont présentés. A ces deux catégories de ressources viennent s’ajouter références d’outils de diagnostics publiés en France et en Belgique.

Quelles suites?

Les échanges avec la salle lors de la présentation du guide ont remis en lumière la tension fondamentale à laquelle sont confrontés les acteurs des secteurs social-santé : une paucité de moyens et des ambitions conséquentes. A ce titre, le guide invite à la modestie dès l’entame du processus de démarche diagnostique. En effet, la démarche de diagnostic ne peut s’opérer sans un minimum de ressources présentes au départ. Des données sont toutefois déjà régulièrement en partie collectées, ici ou là, et souvent potentiellement très utiles pour venir enrichir le diagnostic. Mais elles sont pour partie peu disponibles en première intention ; il peut s’avérer utile de les rechercher et de s’y intéresser. Parmi ces données riches et déjà collectées, mais peu visibles, figure – comme cela a été soulevé lors de la matinée du 12 mai – la multitude de diagnostics déjà réalisés par les professionnel-le-s des secteurs social-santé bruxellois…  A qui et à quand d’en assurer l’accès dans une logique de capitalisation des savoirs en matière de diagnostics social-santé bruxellois ?

Le Guide d’élaboration d’un diagnostic social-santé local et son Guide des ressources bruxelloises sont librement téléchargeables sur le site de l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, en français et en néerlandais : https://www.ccc-ggc.brussels/fr/observatbru/publications/guide-delaboration-dun-diagnostic-social-sante-local

 Ils peuvent également être obtenus en format papier via l’envoi d’un mail à l’adresse suivante : observat@ccc.brussels

[1] Téléchargeable gratuitement sur la page : https://www.ccc-ggc.brussels/fr/observatbru/publications/guide-delaboration-dun-diagnostic-social-sante-local

[2] Le réseau est composé : CDCS-CMDC ; OBSS ; Kenniscentrum WWZ ; Huis voor Gezondheid ; Brusano ; CBCS et coordonnée par Perspective.Brussels – https://perspective.brussels/fr/enjeux-urbains/social-sante

[3] Ces professionnels sont issus des services suivants: les CPAS de Saint-Gilles et de Forest; le SSM Le Méridien; Brusano; Maison BilobaHuis; le KennisCentrumWWZ vzw; asbl Aidants proches; le projet LAMA; l’ONE; le SMES; le Foyer du Sud; la mutualité chrétienne; Infirmiers de rue; la Febul; le CAFA asbl; Medikuregem; asbl Connivence; Foyer vzw – Interculturele Bemiddeling.

[4] Le SESO; le contrat local social-santé (CLSS) du CPAS de Forest; le SSM Le Méridien et le contrat local social-santé (CLSS) du CPAS de Schaerbeek.

happy young family with newborn baby and little girl enjoying time together at home.

Le site web Born in Brussels est né !

Le 23 Août 22

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Born in Brussels est un site abordant la naissance et la petite enfance en Région bruxelloise. Mis en ligne fin avril, il continue chaque jour de s’étoffer avec toujours plus d’actualités, de témoignages et de bons plans. Grand public et professionnels y trouveront de nombreuses informations et un carnet d’adresses bien fourni.

Historique

L’idée de ce site vient d’une réflexion faite, en 2014, entre plusieurs acteurs de la santé bruxelloise : le Centre d’Expertise et de Ressources pour l’Enfance, l’Observatoire de la Santé et du Social et Hospichild. Ensemble, ils imaginent lancer un projet afin d’informer et de soutenir la parentalité, la naissance et l’épanouissement du jeune enfant en Région bruxelloise. Les années passant, d’autres associations et acteurs ont rejoint le mouvement : Brusano, Bruss’help, Volle Maan Expertisecentrum Kraamzorg, Droits Quotidiens et même des stagiaires pleines d’idées ! Les phases de conception du projet sont soutenues financièrement depuis 2019 par la Commission communautaire commune de Bruxelles-Capitale. Fin 2021, un subside a été accordé au CDCS-CMDC asbl pour donner vie à ce qui est aujourd’hui Born in Brussels.

Un long moment créatif

Pour concevoir un contenu de qualité, de nombreuses têtes se sont penchées sur le site. Tout d’abord, il y a eu l’équipe d’Hospichild (CDCS-CMDC) qui possède une expérience de plus de 15 ans dans les thématiques liées à l’enfance gravement malade et hospitalisée. C’est cette équipe, accompagnée de deux étudiantes en santé publique, qui a rédigé la plupart des textes du site. Une fois créés, ceux-ci ont également été soumis à divers professionnels pour validation. Ensuite, pour les répertoires d’adresses utiles à Bruxelles, c’est l’équipe de Bruxelles Social (CDCS-CMDC) qui s’est attelée à la tâche. En effet, les bonnes adresses qu’on retrouve sur le site Born in Bruxelles sont directement liées à la base de données de Bruxelles Social et elles sont, de ce fait, automatiquement remises à jour. Après cela, il a fallu s’attaquer à la partie juridique qui se situe sous l’onglet « Droits et démarches ». Pour cela, le CDCS-CMDC a collaboré avec l’asbl Droits quotidiens pour importer du contenu sur le site Born in Brussels. Celui-ci sera donc automatiquement actualisé en cas de mise à jour. Enfin, une nouvelle collègue a rejoint l’équipe du CDCS-CMDC pour venir en renfort et soutenir le projet. Aujourd’hui, trois personnes sont ainsi aux commandes du site Born in Brussels : Emmanuelle Van Besien, coordinatrice et initiatrice du projet, Rebecca Lévêque, coordinatrice adjointe et Sofia Douieb, attachée à Hospichild, en soutien.

Le site

En perpétuel développement, le site comprend de nombreuses pages informatives sur le désir d’enfant, la grossesse, l’accouchement et la petite enfance de 0 à 2,5 ans. Il dispose également de deux répertoires d’adresses utiles à Bruxelles. L’un permet de trouver des associations en lien avec les thématiques abordées sur le site, l’autre, appelé “SOS”, permet d’obtenir des adresses en lien avec l’aide d’urgence. Le site comporte aussi une large rubrique sur les droits des parents et les démarches administratives à accomplir à Bruxelles. Créée en collaboration avec Droits Quotidiens asbl, elle offre des informations juridiques en langage clair, rédigées par des juristes spécialisés et bénéficie d’une mise à jour automatisée. Enfin, le site comprend des actualités, des témoignages, un agenda d’événements liés à la périnatalité à Bruxelles et une liste de bons plans. Il est complété par une newsletter, une page Facebook, un compte Twitter et LinkedIn.

Un plus pour les citoyens bruxellois

Lorsqu’un futur ou jeune parent bruxellois se pose des questions sur la naissance et la petite enfance et qu’il effectue quelques recherches sur le web, une myriade d’informations lui sera proposée par de nombreux sites commerciaux, institutionnels et étrangers. Avant Born in Brussels, rien n’était spécifique à Bruxelles. La population bruxelloise possède pourtant ses particularités. Une frange de la population vit malheureusement dans la pauvreté (en 2019, 41 % des enfants et adolescents se trouvaient dans un ménage dont le revenu se situait sous le seuil de risque de pauvreté. C’était pire encore pour les familles comportant plusieurs enfants. Avec trois enfants le taux grimpait à 46 %, avec plus de trois enfants, il était de 56 % (1)), l’interculturalité est omniprésente, le bilinguisme est une nécessité et les acteurs, services et règlementations sont parfois bien différents du reste de la Belgique. D’où l’importance d’un site neutre avec un contenu identique en français et en néerlandais, un carnet d’adresse bruxellois, un accent sur les familles précarisées et des témoignages de vrais locaux. Tout ce qu’offre aujourd’hui Born in Brussels ! Et puis, les familles représentent tout de même une belle part de la population (en 2021, la Région bruxelloise comptait 559 260 ménages dont 30 % comportait 3 personnes ou plus (2). Elle comptait également 38 990 petites filles de 0 à 4 ans et 41 048 petits garçons (3). En outre, près de 65 000 familles monoparentales vivent en Région bruxelloise (4). Il est donc primordial d’en tenir compte et de leur offrir les informations dont elles ont besoin. Enfin, environ 22 000 naissances sont enregistrées chaque année à Bruxelles (5), ce qui prouve bien que la naissance et la petite enfance sont des éléments importants de la vie bruxelloise.

Un soutien pour les professionnels

Outre les informations et adresses qui pourront soutenir le travail des professionnels du secteur périnatal, Born in Brussels se veut être un acteur phare de la périnatalité en Région bruxelloise en favorisant l’émergence d’un réseau collaboratif entre eux. Ils pourront, par exemple, promouvoir leurs activités (atelier portage, groupe de parole, workshop diabète de grossesse ou grossesse gémellaire, entraide entre mamans solos, etc.) via l’agenda ou un article sur le site. Des annonces pourront aussi être faites via la newsletter. Born in Brussels est prêt également à mettre son énergie au service de projets divers, toutes les idées sont donc les bienvenues ! En ce moment, une collaboration a déjà débuté avec “Docteur Coquelicot” (Société Scientifique de Médecine Générale) en vue de créer un e-book rempli de recommandations sur la santé environnementale avant, pendant et après la conception d’un enfant. Affaire à suivre, donc !

En conclusion

Le site Born in Brussels est accessible via www.bornin.brussels. Il compte plus de 550 pages et, comme tout bébé en pleine forme, il poursuivra encore sa croissance durant de belles et longues années. Un évènement de lancement et une large communication grand public sont prévues pour la rentrée !

Coordonnées

Coordinatrice : Emmanuelle Van Besien
www.bornin.brussels
info@bornin.brussels
02 639 60 29

CDCS-CMDC
https://www.cdcs-cmdc.be/

Rue de l’Association 15
1000 Bruxelles

gluten free food. two healthy loaves of bread with grain and ears on dark table. gluten free rye bread

“Le pain santé. Quel pain choisir ? ” :  
une démarche communautaire

Le 22 Juin 22

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“Le pain santé. Quel pain choisir ? ” est une brochure de savoirs coconstruits à destination de tous, sur un aliment de tous les jours. Cet article revient sur l’expérience de création de l’outil avec le groupe des personnes diabétiques de l’asbl Les Pissenlits.

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Une asbl de démarche communautaire  

L’asbl Les Pissenlits se situe à Cureghem, un quartier d’Anderlecht, une des communes de la Région bruxelloise. Elle s’ancre dans une démarche communautaire de promotion de la santé. Elle valorise l’importance du réseau social, de l’expertise du vécu et vise le développement des compétences psychosociales de chacun. L’asbl invite des personnes de différents horizons, cultures, âges, mais aussi des personnes sourdes et des personnes entendantes à faire lien afin de construire ensemble des actions visant un mieux-être tant avec soi-même et les autres mais aussi avec son quartier et sa société. Dans le cadre de ses activités de proximité, l’asbl travaille sur diverses thématiques : connaissance et accessibilité aux ressources, activité physique, échanges de savoirs créatifs, soutien à la parentalité, santé au féminin, mobilité… Le diabète est une de ces thématiques.

Le groupe des personnes diabétiques

En 2003, l’asbl Les Pissenlits a ouvert le groupe des personnes diabétiques. Un vendredi matin par mois, des personnes concernées par ce problème de santé se retrouvent autour d’un petit-déjeuner équilibré. Les participants discutent de leur vécu de la maladie, de leurs difficultés et échangent librement astuces et conseils. Les réunions sont ponctuées de rencontres avec un professionnel (éducateur en diabétologie, diététicien, médecin…) pour discuter d’un sujet plus spécifique.

La réunion est habituellement animée par l’asbl en facilitation visuelle et un interprète en langue des signes est présent. L’intention est que chacun puisse participer.

« Ça fait déjà plus de 15 ans que je suis avec eux. Les Pissenlits, c’est un lieu qui dépasse les conseils de santé. C’est un lieu entre nous où on peut vider son sac de problèmes et commencer à réagir. C’est une famille. »

Fatima, membre du groupe des personnes diabétiques 

Création d’outils, diffusion et évaluation

Avec le soutien de l’asbl Les Pissenlits, le groupe des personnes diabétiques mène de nombreuses actions qui se construisent collectivement.

Amélie Plateau, responsable de projets au sein de l’asbl explique : « Depuis le début et la naissance du groupe, il y a un double objectif pour les participants. D’une part, c’est d’accumuler des savoirs sur le diabète, sur le mieux vivre avec la maladie et sur la santé de manière globale. Mais, un autre grand souhait est de diffuser les savoirs acquis parce que les membres du groupe sont conscients du désarroi que peuvent rencontrer les personnes qui apprennent avoir le diabète, pour l’avoir vécu eux-mêmes ».

Le groupe s’implique donc dans des activités comme la sensibilisation au diabète sur le marché des Abattoirs d’Anderlecht ou la diffusion de la démarche communautaire auprès d’étudiants de hautes écoles et d’universités.

Le groupe contribue également à la réalisation d’outils. Il y a d’abord eu un petit feuillet explicatif sur les premiers symptômes du diabète qui a été distribué à grande échelle dans les pharmacies, maisons médicales et quartiers. Puis, il y a eu un DVD sur la question de vivre avec le diabète qui a été récemment complété par une traduction en langue des signes et mis en ligne sur le site internet de l’association. La brochure « Le pain santé. Quel pain choisir ? » est le troisième outil créé par le groupe.

« Le pain santé. Quel pain choisir ? »

Une accumulation de savoirs et savoir-faire

Fatima, membre du groupe des personnes diabétiques explique le commencement du projet : « Tout a commencé par un questionnement lors de réunions : comment choisir un pain bon pour sa santé ? » Jean, un autre participant du groupe complète : « Le pain est un aliment que nous mangeons tout le temps. Nous souhaitions comprendre l’impact sur notre santé de cet aliment si souvent consommé ».  

Le groupe a donc commencé à rassembler des informations et savoir-faire : diététicien, boulanger, meunier… sont autant d’experts que le groupe a rencontrés pour comprendre le pain sous tous ses aspects.

De la coconstruction pour une brochure accessible

Après avoir accumulé autant de connaissances et de savoir-faire, le groupe a souhaité en faire profiter un plus large public. Un groupe de travail s’est constitué avec des participants du groupe des personnes diabétiques et  les responsables de projets de l’asbl Les Pissenlits afin de proposer un outil qui reprendrait tout le savoir coconstruit.

L’accessibilité de l’outil était un enjeu important du projet. Le choix s’est porté sur une brochure, pas trop épaisse, avec des informations simples. L’idée était que l’outil puisse être aussi utile aux personnes qui ne sont pas à l’aise avec le français ou l’écrit. La brochure a donc été réalisée en facilitation visuelle, avec des phrases simples et des illustrations pour faciliter la compréhension.

De même, il fallait que les conseils sur le choix d’un pain bon pour sa santé puissent être facilement mis en pratique. Vérane Vanexem, co-coordinatrice et responsable de projets aux Pissenlits précise : « on cite dans la brochure le fait que le pain peut être fait avec de la levure ou du levain ; que l’idéal c’est avec du levain mais c’est déjà pas mal si les personnes consomment de préférence du pain complet. Il y a eu un travail non seulement sur l’accessibilité en termes de compréhension mais aussi l’accessibilité de mise en pratique. Il faut que les personnes puissent adapter leur consommation aux informations qu’ils ont reçues. Si c’est trop compliqué, c’est décourageant. »

Le travail en coconstruction a apporté beaucoup à l’outil ; les membres du groupe de personnes diabétiques partageaient les points d’attention et les aspects prioritaires, d’après leurs expériences. Vérane Vanexem raconte un exemple : « une proposition du groupe a concerné la quantité de pain à manger par jour. Le groupe a dit que cela ne suffisait pas de parler uniquement en termes de tranches de pain car cela dépend de l’épaisseur. » La brochure reprend donc également des informations sur le poids et l’épaisseur des tartines.

Vérane Vanexem souligne : « on voulait vraiment qu’il y ait des interactions avec le groupe de personnes diabétiques, qu’ils donnent leur avis et fassent des propositions. C’est pour cela qu’il y a eu plusieurs allers-retours et des réunions régulières du groupe de travail. Cela aussi prend du temps. Mais le bénéfice qu’on en retire est tellement grand qu’on n’envisageait absolument pas de travailler autrement. »

Les enjeux des démarches communautaires

Amélie Plateau souligne l’importance d’une participation libre dans la philosophie des Pissenlits : « il y a beaucoup de liberté et de latitude quant à la participation : vient qui peut, qui veut, avec l’énergie que la personne porte à ce moment-là. On prend les énergies et les volontés qui sont là sur le moment. Et évidemment, il y a des personnes qui ont participé à presque tout le processus mais notre politique est de laisser venir les personnes. »

Pour la réalisation de la brochure sur le pain santé, l’enjeu a été de maintenir la participation sur un long terme. Pour les chargées de projet de l’asbl, c’est justement cette ouverture et cette souplesse par rapport à la participation qui permet de tenir sur un long terme. « J’ai l’impression que le fait de ne pas demander d’engagement encourage les personnes justement à participer. Puisqu’elles se sentent libres et n’ont pas de soucis à être absentes une ou deux fois, elles ne se sentent pas mal à l’aise si elles ne viennent pas à toutes les réunions. Mais elles restent impliquées dans le projet » explique Vérane Vanexem.

Elle souligne également l’importance de donner les outils et ressources aux participants pour que leur implication soit réellement possible, dans toutes les étapes de la réalisation : dans la réflexion sur les objectifs de l’outil et la relecture, l’avis et l’évaluation de l’outil pour encourager la motivation des participants. Amélie Plateau poursuit : « il est important d’accepter le savoir des personnes. On peut donner beaucoup de conseils sur la santé, mais ceux-ci doivent être mis dans la réalité des personnes avec les différences culturelles, familiales… On sait que les injonctions à la santé ne suffisent pas à améliorer la santé. Tous les témoignages dans la brochure sont également présentés pour cette raison : les savoirs expérientiels sont tout aussi valables. »

Une double richesse : processus et résultats

Outre la richesse de l’outil réalisé dans cette démarche participative, le processus a été particulièrement enrichissant pour les acteurs impliqués. Amélie Plateau mentionne : « les participants, en venant sur place et en vivant le projet, font des expériences qui sont bénéfiques au-delà de la thématique qu’on est en train de travailler ; le fait de donner son avis, de participer à l’évaluation, de voir que l’avis donné a été pris en compte, de voir que dans l’évaluation, ce qu’on a dit est pertinent, que d’autres pensent la même chose… tout cela est très valorisant pour les participants ».

Vérane Vanexem précise : « Tout ce qui est fait aux Pissenlits respecte les balises méthodologiques de coconstruction, d’échanges de savoirs, de déhiérarchisation des savoirs. Chacun·e apporte son expérience, son vécu, ses opinions et avis. Cela a un impact multiplié sur les personnes qui contribuent. L’objectif n’est pas uniquement le résultat mais l’objectif est surtout basé sur le processus. »

C’est le grand atout des outils créés dans des démarches communautaires qui ont des effets aussi bien à court, moyen et long terme tant pour les participants que pour les personnes qui pourront bénéficier de l’outil créé, porteur de savoir expérientiel.

La brochure, destinée à tous, est disponible sur demande auprès de l’asbl Les Pissenlits.

Contact :

Site Web : https://www.lespissenlits.be/

Tel : 0032 (0)2 521 77 28

Mobile : 0032 (0)479 24 22 79

Courriel : asbl@lespissenlits.be

round table discussion at business and entrepreneurship convention.

Coconstruction du Diagnostic communautaire
à Saint-Josse et Schaerbeek

Le 22 Juin 22

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Pour l’équipe communautaire du SSM Le Méridien

Le 9 mai dernier, le service de santé mentale Le Méridien et le comité de pilotage du diagnostic communautaire réalisé sur les communes de Saint-Josse et de Schaerbeek conviaient un public large et varié pour la présentation du rapport final et la mise en débat des recommandations et pistes d’action issues de celui-ci. Nous vous proposons de revenir sur cette journée, ouverte par Mme Barbara Trachte, Ministre-Présidente du Collège de la Commission communautaire française (COCOF), en charge de la Promotion de la Santé, ainsi que sur le processus qui a abouti à celle-ci. Le caractère innovant de ce projet, reposant sur une démarche participative de coconstruction d’expertise autour des problématiques et ressources d’une population, pourra en effet intéresser d’autres acteurs.trices du champ de la promotion de la santé.

Après plus de 3 années d’un travail soutenu, le rendez-vous était donné aux Halles de Schaerbeek le lundi 9 mai à 9h. Près de 200 personnes – parmi lesquelles de nombreux.ses habitant.es – sont venues entendre les conclusions de ce travail, fruit d’une collaboration minutieusement tissée entre des acteurs.trices – associations, habitants et acteurs publics et politiques – qui partagent un même territoire : la commune de Saint-Josse ainsi que les quartiers limitrophes Brabant et Josaphat de la commune de Schaerbeek.

Le Méridien

Ce Service de Santé Mentale agréé par la COCOF intervient sur le territoire de la commune de Saint-Josse et Schaerbeek. Il est accessible à toute personne en difficultés psychiatriques, psychologiques ou sociales, quels que soient son âge, son statut social et ses origines. Les équipes offrent un lieu d’écoute et d’intervention qui tient compte des dimensions sociales, psychologiques, culturelles et administratives de chaque situation rencontrée.

Le pôle communautaire est porté par une équipe spécifique qui a acquis une expertise dans ce domaine. Les pratiques communautaires visent notamment à renforcer le lien social, la confiance en soi et les ressources des personnes. L’équipe développe aussi un travail de formation continue, d’évaluation participative et d’intervision à destination de professionnels ayant des pratiques de santé mentale communautaire.

Pour tout renseignement : www.ssmlemeridien.be

Un diagnostic au plus près des expériences des habitants

Il y a une vingtaine d’années, l’équipe communautaire du service de santé mentale Le Méridien, situé à Saint-Josse-ten-Noode, avait déjà réalisé un premier diagnostic sur les quartiers de son champ d’action. Vu l’évolution des réalités économiques, sociales et politiques de ces quartiers, le Méridien a souhaité réinitier la démarche afin d’actualiser les données et pouvoir, au besoin, réajuster ses pratiques. Ce projet s’est déroulé de 2018 à 2021, et a été soutenu et financé par la Commission communautaire française dans le cadre des Initiatives en Promotion de la santé.

Ce diagnostic vise à mieux comprendre les besoins de la population au travers d’analyses fines et qualitatives des contextes et réalités socio-économiques vécues par les personnes vivant sur les territoires concernés. Les recherches quantitatives et les statistiques existantes offrent un regard éclairant sur ces réalités mais le processus de recherche envisagé dans le cadre de ce diagnostic communautaire permet une tout autre approche qui se veut au plus près des expériences des habitants, de leurs perceptions des réalités, de leurs vécus, s’appuyant sur la conviction que ce sont les personnes vivant des réalités sociales particulières qui sont les mieux à même d’en parler et que leurs propositions peuvent alimenter avec pertinence une réflexion collective.

Nous ne sommes donc pas partis d’« hypothèses préalables à tester », mais plutôt de questions très larges, ouvrant sur toutes les thématiques et questions possibles : « qu’est-ce qui, selon vous, permet de bien vivre dans votre commune ? Qu’est-ce qui rend la vie difficile ? De quoi auriez-vous besoin pour vivre mieux ? » Et à partir de là, nous avons fait émerger des thématiques récurrentes, à savoir : la santé et ce qui fait soin, l’enfance et la jeunesse, les rapports aux institutions et citoyenneté, les rapports aux autres. Thématiques qui ont ensuite servi de fil conducteur pour nos analyses et recommandations.

Ce diagnostic émanant d’un service de santé mentale, la thématique de la santé et de la santé mentale occupe certainement une place prépondérante dans notre recherche. Néanmoins, l’ouverture sur d’autres thématiques et l’intégration d’acteurs.trices des différents secteurs du champ social dans le comité de pilotage constituent sans nul doute un atout non négligeable dans le cadre d’une approche globale de la santé et de ses déterminants sociaux.

Une démarche communautaire et participative incluant habitant.es, professionnel.les de la santé et du social et responsables politiques locaux

Le processus initié fin 2018 a permis de réunir, autour d’un même projet, différents acteurs sociaux locaux : des habitant.es, des professionnel.les issus d’institutions et d’associations travaillant sur le territoire, des élu.es. Une quarantaine de partenaires, tant professionnels qu’habitants, se sont montrés intéressés et se sont impliqués tout au long de la démarche, ce qui a facilité la participation communautaire et la mise sur pied d’un comité de pilotage mensuel, élément organisateur et central de notre démarche.

Ce travail s’appuie sur le modèle de la « participation active » et notamment celui du « cercle vertueux de la participation ». Celui-ci préconise la participation active citoyenne – en particulier celle des populations vulnérables ou marginalisées – et la considère comme un déterminant social de la santé. Cet engagement aurait un impact positif sur la santé des personnes, sur la maîtrise de leur vie (empowerment), ainsi que sur les liens de solidarité, d’empathie, de cohésion sociale au sein d’une communauté. On a en effet pu constater, tout au long de ce diagnostic, la pertinence de ces espaces réguliers de dialogue dans lesquels les membres d’une communauté, d’un quartier, d’une commune peuvent s’engager dans une « gouvernance de proximité ». La valorisation des savoirs, y compris « expérientiels », et des compétences de la population a été un parti pris dès le départ.

Il existe peu de processus de participation incluant habitants, professionnels et élus dans une relation de coconstruction, d’expertise réciproque, de partenariat et de mise en place d’actions sur un territoire. Le caractère innovant de ce projet réside certainement dans cette démarche participative, incluant ces différentes catégories d’acteurs, et ce tout au long du travail, depuis le choix des méthodes, la récolte des données, l’analyse de celles-ci et l’élaboration des recommandations.

Nous avons constamment été attentifs à viser une certaine « symétrie du pouvoir », une attribution égale de valeur aux paroles échangées, qu’elles émanent des professionnel.les ou des habitant.es. Ce ne fût pas toujours facile et la question de la légitimité s’est souvent invitée au sein de nos débats : savoirs expérienciels versus savoirs professionnels mais aussi savoirs de ceux qui habitent le territoire versus savoirs de ceux qui n’y habitent pas (ce qui était le cas de la plupart des professionnel.les). En effet, certains habitants participant aux comités de pilotage ont parfois renvoyé que les professionnels qui n’habitaient pas le territoire n’avaient pas une « vraie connaissance » des réalités des quartiers, contrairement à ceux qui y habitaient. Nous avons également pu constater, et certains partenaires nous l’ont également renvoyé, que les professionnel.les ne se sentaient pas toujours «légitimes » à apporter un autre point de vue que celui des habitants, dont la parole a alors parfois pris beaucoup de place au sein des réunions du comité de pilotage. Afin d’aider à avancer en collectif et à apaiser les tensions, divers supports méthodologiques participatifs ont été utilisés et une charte a été rédigée par l’ensemble des participant.es.

Une méthodologie soutenant l’auto-analyse des participant.es

Le diagnostic communautaire a été envisagé à partir de récoltes et d’analyse de données venant d’une « large palette » de dispositifs : plus de 35 entretiens individuels, 25 focus groupes (avec une moyenne de 20 participants), 15 marches exploratoires, 5 « maraudes » (balades spontanées), des séances d’analyse selon la méthode MAG (méthode d’analyse en groupe), une animation dans l’espace public intitulée « Les porteurs de paroles », etc.

Tout au long du processus, nous avons fait le choix de privilégier les ressources, savoirs et interprétations venant des participant.es.

Nous avons ensuite retranscrit et capitalisé toutes les paroles, témoignages, échanges, observations, etc., dans un document ethnographique de 350 pages. Toutes ces données ont été regroupées selon différentes thématiques :

  • « La santé et ce qui fait soin » concerne l’accès aux soins de santé, les réseaux informels « qui font soin », le rapport des habitants et des professionnels autour du corps et de l’intime, les liens entre soins et interculturalité, les pratiques communautaires ou religieuses, etc.
  • « L’enfance et la jeunesse » se propose de rendre compte des réalités vécues par les jeunes enfants et les adolescents, les rapports intergénérationnels, les relations parents-enfants, la scolarité (et le sens de l’école), les activités extra-scolaires, etc.
  • La partie sur « Les rapports aux institutions et la citoyenneté » entend analyser les relations entre les citoyens et les associations du territoire, la manière dont les habitants se perçoivent en tant que citoyens, les rapports qu’ils entretiennent avec les politiques et les élus locaux, les forces de l’ordre et les différentes structures de prévention au service de la sécurité de la population, la participation citoyenne et la solidarité, la notion d’émancipation au sein des quartiers.
  • La partie consacrée aux « Rapports aux autres » se propose d’aborder les appartenances identitaires, les regards que les uns portent sur les autres, les dynamiques interculturelles, le contrôle social et, son versant, la liberté individuelle, la mixité sociale et le vivre ensemble, les rapports de genre.

Chaque thématique a regroupé des membres du comité de pilotage, habitant.es et professionnel.les, autour de tables rondes (2 à 3 par thématique, soit plus de 12 tables rondes), puis de groupes de travail pour approfondir les analyses issues des tables rondes. Les analyses, convergences et divergences entre les interprétations des participants ont été reprises dans un écrit synthétique, qui évoluait au fur et à mesure des relectures et des réajustements, et était in fine validé par le comité de pilotage.

Il nous est difficile de relater ici ces résultats, tant ceux-ci sont nombreux et nécessiteraient un développement nuancé. Nous invitons les lecteurs/trices intéressé.es à se référer au rapport complet qui est disponible sur simple demande au SSM Le Méridien (via un mail à l’adresse communautaire@ssmlemeridien.be ).

Un diagnostic pour mettre en place des projets qui répondent aux besoins de la population

L’objectif de tout diagnostic communautaire est de parvenir à des changements et des projets adaptés aux réalités de la population. Il s’agit donc de rendre possible de nouvelles collaborations et de renforcer celles qui existent déjà en vue de développer des projets qui pourront s’appuyer sur les constats et les recommandations émanant du diagnostic. Ces projets, imaginés et coconstruits avec les partenaires du diagnostic, pourront être soit des projets existants « améliorés », soit de nouveaux projets.

Outre la présentation des résultats, la journée du 9 mai aux Halles de Schaerbeek avait justement pour objectif de passer à cette étape plus concrète. L’après-midi était en effet consacrée à des tables rondes thématiques autour des recommandations et pistes d’actions formulées dans le rapport. Nous en citerons quelques-unes :

  • Créer des lieux d’échanges pour aider à mieux se connaître et porter ensemble des actions collectives (entre habitants, professionnels et pouvoirs locaux). Mettre en place des lieux de rencontre accessibles (plateforme, panel, forum) et reconnaître davantage les actions citoyennes portées par les citoyen.es et les réseaux informels.
  • Engager des connecteurs de proximité, des référents de quartiers. Développer une fonction de « relais-habitants » entre les différentes ressources existantes, formelles et informelles, en vue de favoriser la cohésion sociale et l’accessibilité des services. 
  • Faciliter l’accès à l’information et aux services pour la population (en particulier les publics les plus en marge). Renforcer les « points information/contact » de quartier, portés de manière mixte (commune et associatif). Multiplier les canaux de diffusion de l’information.
  • Favoriser l’accès à un logement digne et de qualité et lutter contre les discriminations au logement. Créer des services pour prendre en charge ces demandes (les services existants sont débordés), créer une structure de défense des locataires. Renforcer l’accompagnement juridique dans les conflits locatifs et s’assurer que les services généralistes soient mieux outillés pour accompagner les locataires.
  • Développer une vision globale de la santé. Renforcer les services de soins de proximité ou en créer davantage. Faire en sorte que les communes s’impliquent dans des programmes de promotion de la santé.
  • Favoriser les relations entre parents et écoles/enseignants. Renforcer ou réactiver des espaces de dialogue « parents-école » où diverses problématiques pourraient être abordées. Favoriser l’ouverture des écoles sur le quartier.

Cette journée ne sonne pas la fin du travail collaboratif et participatif autour du diagnostic communautaire. Un comité d’actions, organe opérationnel des changements proposés au travers du diagnostic, s’est rapidement mis en place avec pour mission le développement de projets ou actions pouvant répondre aux recommandations qui auront été jugées prioritaires (un vote a d’ailleurs eu lieu à la fin de la journée du 9 mai au cours duquel les participant.es étaient invité.es à donner leur voix à l’une ou l’autre des recommandations proposées). Et, comme l’a suggéré une habitante participant à la journée, « rendez-vous dans un an », pour évaluer ensemble ce qui aura pu être mis en place. Défi relevé !

Le portail CAPS pour la capitalisation des expériences en promotion de la santé

Le 30 Juin 22

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Le projet de Capitalisation des expériences en promotion de la santé, mené depuis 2017 par un Groupe de travail national Capitalisation[1] coordonné par la Fédération Nationale d’Éducation et de Promotion de la Santé (FNES) et la Société Française de Santé Publique (SFSP), s’inscrit dans l’ile cadre d’InSPIRe-ID (Initiative en Santé Publique pour l’Interaction entre la Recherche, l’Intervention et la Décision) dont l’objectif est d’élaborer un dispositif national de partage de connaissances en santé publique.

La capitalisation d’expériences, c’est « transformer le savoir en connaissances partageables ». Elle produit des connaissances dont les acteurs pensent qu’elles sont utiles à partager à d’autres. Grâce à un procédé qui s’inspire de méthodes de recherche en sciences sociales, la structuration synthétique du récit du porteur de projet éclaire et illustre une pratique. Elle ne débouche pas sur des recommandations mais tire des enseignements pour comprendre comment se déroulent les interventions et les rend tangibles et accessibles pour d’autres.

Le Portail CAPS

Afin de partager les capitalisations d’expérience en promotion de la santé, le Groupe de travail national Capitalisation a œuvré pour l’ouverture du Portail CAPS.

Ce Portail vise à remplir trois grandes fonctions :

1 – Partager avec l’ensemble des actrices et acteurs de la santé publique :

  • Les fiches de capitalisation produites sur diverses thématiques, mettant en avant différentes stratégies, décrivant différents contextes d’information et mettant en lumière les enseignements tirés de ces expériences par les porteurs de projets
  • Les analyses transversales réalisées sur la base de plusieurs capitalisations

2 – Diffuser la méthode de capitalisation afin de permettre à chacun·e de se l’approprier et de contribuer à la production de récits d’expérience

Vous trouverez dans ce sens sur le Portail CAPS :

  • Toutes les informations concernant la formation à la capitalisation – un module a été développé par le Groupe de travail national CAPS, en partenariat avec l’EHESP
  • Des guides et des outils pour vous approprier les enjeux, les objectifs et la méthode de capitalisation

3 – Développer une Communauté de pratiques autour de la capitalisation des expériences en promotion de la santé.

Pour aller plus loin

[1] Le Groupe de travail national Capitalisation est composé de représentant.e.s d’institutions, d’associations, de chercheurs et de personnes qualifiées. Sont notamment membres : Aides, ARS Haute Normandie, Collège de Médecine Générale, EHESP, Fabrique Territoires Santé, France Assos Santé, FNES, Institut Renaudot, IREPS Auvergne Rhône Alpes, IREPS Bourgogne Franche Comté, Le Réverbère, Promotion Santé Normandie, Promo Santé Ile de France, Santé Publique France, Société Française de Santé Publique, Université de Lorraine, Université Côte d’Azur.

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Les Pâtes au beurre :
un nouveau lieu d’accueil pour les familles à Bruxelles

Le 27 Avr 22

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Le 19 novembre dernier a eu lieu le lancement officiel de l’antenne belge Les Pâtes au Beurre Bruxelles. Education Santé vous présente ce projet de soutien à la parentalité et ses spécificités. Un projet au plus proche des familles et des quartiers.

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Au départ, des parents, un réseau, une rencontre…

Le Groupe Santé Josaphat est un centre de planning familial situé à Schaerbeek. Depuis plusieurs années, l’équipe mène un projet de soutien à la parentalité, avec la double volonté de territorialiser son action et de travailler en réseau avec des partenaires hors du champ médico-social. L’équipe propose ainsi aux parents concernés un accueil collectif avec une prise en charge globale et davantage psycho-sociale. En effet, l’aspect collectif permet d’éviter l’individualisation des difficultés et de tenir compte, entre autres, de la dimension culturelle du public. L’équipe a ainsi mené de nombreuses animations de soutien à la parentalité au sein des institutions partenaires, ce qui lui a permis d’élaborer une série de constats et de lancer le projet Atouts Parents en 20161 : des groupes de soutien à la parentalité, un comité de pilotage et un travail en réseau lors de séminaires et de journées de réflexion.


Depuis 2019, le projet a évolué : en plus des groupes de soutien pour les parents, une permanence complémentaire a été mise en place avec un accueil sans rendez-vous, gratuit et anonyme. Encadrées par deux accueillants soucieux de partir des ressources des parents, cet espace se veut plus convivial, plus « contenant » et sécurisant. L’équipe, attentive à l’évolution du projet, ses atouts et ses limites, a poursuivi sa réflexion et a eu la chance de croiser la route de Sophie Marinopoulos, fondatrice du dispositif Les Pâtes au Beurre, en 1999, à Nantes. Ce nouveau lieu d’accueil des parents et familles Les Pâtes au beurre répondant aux attentes et questionnements du Groupe Santé Josaphat, un nouveau chapitre s’ouvre pour l’équipe du planning.

Les premiers pas du lieu d’accueil Les Pâtes au Beurre

Inspirée des travaux de Selma Fraiberg2 , pour qui prendre soin de l’enfant, c’est d’abord soigner la parentalité, Sophie Marinoupoulos crée le premier lieu d’accueil Les pâtes au beurre en 1999 à Nantes. Psychologue, psychanalyste, spécialisée dans les questions de l’enfance et de la famille, elle est également présidente de la Fédération Nationale (française) pour la Prévention et Promotion de la Santé Psychique3 . Intervenant dans un centre médico-psychopédagogique à l’époque, elle est interpellée par les listes d’attente et les demandes de soutien importantes de la part des familles. Un lieu d’accueil pour toutes les familles lui semblait plus que nécessaire : un espace où les familles peuvent trouver écoute, soutien et pouvoir y déposer leurs préoccupations en toute confiance avec des professionnels.

A ce jour, le lieu d’accueil Les Pâtes au beurre  est présent dans 14 villes françaises, et sa première antenne belge vient d’être inaugurée à Bruxelles.

Le concept Pâtes au beurre 

Les Pâtes au beurre  est un lieu d’accueil collectif de prévention où les familles peuvent venir gratuitement, de manière anonyme, avec ou sans enfant (sans limite d’âge) et sans rendez-vous. C’est un lieu favorisant l’échange et prenant en compte la personne dans son devenir et son être parent.

Le lieu d’accueil est composé de trois pièces : l’espace cuisine, l’entre deux et la pièce pour les enfants. Les parents sont accueillis par des professionnels dans un espace cuisine autour d’un café et d’une collation. Le choix du lieu et sa symbolique ne sont pas anodins : la cuisine est une pièce familière, remplie d’objets du quotidien. Comme l’explique Sophie Marinopoulos, elle joue un rôle important dans l’appui aux parents.  « C’est un espace d’accueil où l’on peut exercer une éthique du care : être disponible à la vulnérabilité de l’autre. Cette pièce familière permet une présence à la dimension relationnelle, une disponibilité psychique et une ouverture ».

Pendant ce temps, les enfants peuvent circuler d’une pièce à l’autre. L’espace enfants n’est pas surveillé. Cela peut être une source d’anxiété pour certains parents, mais aussi une occasion de se séparer de son enfant, de le découvrir dans un autre environnement.

Une “santé du lien” avant tout

Pour Sophie Marinopoulos, l’attention est accordée à la restauration des liens parents-enfants et au soutien aux parents pour qu’ils prennent un temps de qualité avec leur enfant. Chaque parent qui pousse la porte du lieu vient chercher à comprendre ce qu’il vit dans la relation à son enfant : ses doutes, ses crises, ses conflits, ses problèmes de communication, pour améliorer la qualité de leurs relations. Dans ces lieux, on parle de vulnérabilités, de bouleversements (celui de devenir parent, d’être envahi…)

Quand on perd la capacité d’agir sur son histoire personnelle, on perd l’espérance. Nous sommes des sociétés un peu désespérées. On a besoin de comprendre ce que l’on vit sinon on ne sait plus où on en est. 

Sophie Marinopoulos

C’est d’autant plus important, insiste Sophie Marinopoulos, que cette part “relationnelle” de la santé a été fortement estompée par une vision sanitaire dominante.

Les lieux d’accueils Les Pâtes au beurre ont retenu de Selma Fraiberg les notions d’ « étayage » et de valorisation des ressources parentales, au travers de l’empathie mais aussi de la fonction “contenante”. Il s’agit de « restaurer les parents dans leur capacité de penser, à distance de tout modèle parental normatif et disqualifiant et en contact avec les ressources singulières de leur parentalité en devenir »4

L’étayage peut prendre plusieurs formes. Etre présent, à côté, c’est déjà de l’étayage. Montrer plusieurs fois, répéter, c’est de l’étayage. Il faut emmener son enfant un peu au-delà de ce qu’il sait faire mais pas trop, l’aider à se dépasser dans sa zone d’apprentissage, dans sa « zone proximale de développement ». C’est à dire qu’il faut l’amener un peu plus loin mais en lui proposant toujours des choses accessibles”5

La place des professionnels

Les professionnels qui encadrent cet accueil aux parents et familles sont des psychologues et des psychomotriciens. Ils exercent un rôle de « reliance » : prendre soin par une disponibilité psychique.

Leur rôle est de rendre le parent acteur : « nous aidons à mettre des mots, sans parler à la place du parent » pour aider celui-ci à faire face à certaines situations compliquées, des attitudes, des réflexions, etc. Le professionnel est là en soutien, pour décoder la situation et permettre une ouverture. En effet, les interventions des parents visent à créer les conditions pour que les adultes en position parentale trouvent par eux-mêmes des solutions aux difficultés qu’ils rencontrent et comprennent les effets de leur comportement sur celui de leur enfant. Elles visent à créer un contexte de changement en travaillant sur les perceptions et croyances qui concernent leur rôle parental (forces et faiblesses) et les comportements parentaux.

L’intervention du professionnel a pour objectif d’amener « la personne à prendre conscience de son potentiel d’action pour se voir davantage comme un agent de transformation et, par ce biais, permettre la manifestation de ses compétences »6

Les premiers pas des Pâtes au beurre Belgique 

L’équipe du Groupe Santé Josaphat a ainsi rejoint la Fédération Nationale française Les Pâtes au beurre7 et ouvert son lieu d’accueil sur la commune de Saint-Josse-Ten-Noode à Bruxelles.

Cette commune fait partie du « croissant pauvre » de la capitale, cette zone où se concentrent les groupes de population les plus défavorisés et formant un croissant autour du centre-ville. C’est dans cette zone d’ailleurs que l’on retrouve un nombre relativement plus important de familles avec enfants8.

La permanence parentalité du Groupe Santé Josaphat, devenue ensuite le lieu d’accueil Les Pâtes au beurre, a accueilli à ce jour un public composé de deux tiers de parents présentant une configuration familiale monoparentale et un tiers de parents avec une configuration familiale en couple. La majorité des familles étaient accompagnées de leur(s) adolescent(s), âgé(s) (entre 11 et 16 ans), et un tiers étaient accompagnées de leur(s) enfant(s) (entre 3 et 8 ans).

Les questions soulevées par ces parents concernent souvent l’épuisement maternel, la question des limites, de l’autorité, l’équilibre dans les relations conjugales et familiales, les violences intrafamiliales et conjugales. Ces violences étant exacerbées par la promiscuité, la précarité économique notamment. Mais d’autres questions apparaissent aussi, touchant aux relations avec leur(s) adolescent(s), leurs difficultés liées au décrochage scolaire, aux faits de primo-délinquance, etc. Les accueillants ont également relevé l’anxiété que vivaient ces parents durant la crise sanitaire.

Enfin, la place du réseau d’acteurs tissé au fil du temps par le Groupe Santé Josaphat autour du soutien à la parentalité reste primordiale. Les partenaires (médiateurs scolaires, AMO, ONE, centre d’alphabétisations, SSM, centre d’hébergements, planning familial etc.) orientent certains parents vers le lieu d’accueil mais l’équipe oriente également les parents en fonction des problématiques soulevées vers des acteurs susceptibles de leur fournir un soutien.

Les professionnels des Pâtes au Beurre accueillent à La Maison de la Famille de Saint-Josse, Rue de la Poste 51-53, 1210 Saint-Josse-ten-Noode.

Renseignements : 0499 38 75 44 – bruxelles@lespatesaubeurre.fr – www.lespatesaubeurre.fr

Découvrez le lieu en images :  https://www.youtube.com/watch?v=EpzWJQ-Dl4g

[1] Le projet “Atout Parents” a été financé dans le cadre de l’appel à projet de la Ministre Frémault sur le burn-out parental

[2] https://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-adolescence-2003-2-page-75.htm

[3] https://www.lespatesaubeurre.fr/la-federation-missions-actions/

[4] https://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-adolescence-2003-2-page-75.htm

[5] https://www.gynger.fr/le-jeu-et-la-motricite-dans-le-developpement-de-lenfant/

[6] Promouvoir la santé dès la petite enfance, p.96 https://www.santepubliquefrance.fr/docs/promouvoir-la-sante-des-la-petite-enfance-accompagner-la-parentalite

[7] https://www.lespatesaubeurre.fr/la-federation-missions-actions/

[8] https://www.ccc-ggc.brussels/sites/default/files/documents/graphics/tableaux-de-bord-de-la-sante-/etat_des_lieux_sante_mentale_bruxelles_fevrier_2020.pdf

Campagne « Ecoles Futées au Soleil »

Le 7 Avr 22

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La Fondation contre le Cancer relance la campagne de prévention «  Écoles Futées au Soleil « . 

En Belgique, le nombre de cas de cancer de la peau continue d’augmenter. Mais saviez-vous que 75% des cancers de la peau peuvent être évités grâce à une protection solaire adéquate dès le plus jeune âge ?  

Vous aussi, vous vous souciez de la santé et du bien-être de chaque enfant. C’est pourquoi nous souhaitons vous faire connaître notre action pour qu’un maximum d’écoles adoptent une politique « Ecoles Futées au Soleil ».

Pourquoi les « Écoles Futées au Soleil » sont-elles si importantes ?
Les enfants passent beaucoup de temps à l’école, mais aussi en plein air, à l’heure du déjeuner, lors d’excursions et d’activités physiques.  Les écoles peuvent également jouer un rôle important pour diminuer le risque de cancer de la peau.

Comment une école peut-elle devenir une « Ecole Futée au Soleil ?


Une école peut obtenir gratuitement des informations et du matériel pédagogique sur notre site web www.cancer.be/devenez-une-ecole-futee-au-soleil :

  • Une boîte d’outils reprenant des conseils et astuces sur les crèmes solaires, les structures d’ombrage, une liste pour une politique Futé au Soleil,
  • Un coffret pédagogique pour la classe (uniquement pour l’école primaire) pour informer et former les enfants
  • Du matériel de communication tels que des affiches, des dépliants pour les parents, etc.

Tous les documents peuvent être téléchargés, commandés et empruntés gratuitement.

La campagne commence maintenant et se poursuit tout au long de l’année scolaire.

Elle est destinée aux écoles primaires et utilise une approche basée sur les politiques et le slogan « Ombre, vêtements et crème solaire ».

Vous pouvez faire connaître notre campagne de prévention grâce à :

  • La distribution du matériel
  • La publication du lien de notre campagne dans vos supports de communication (newsletter, site internet, …)
  • L’encouragement active des écoles de se rendre sur notre site internet

Des questions ou des suggestions ? Contactez-nous via : futeausoleil@cancer.be.

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Ensemble vers un nouveau souffle :
naissance d’une nouvelle campagne

Le 24 Mar 22

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« Ensemble Vers Un Nouveau Souffle » est une campagne de prévention et de gestion du tabagisme à l’initiative du Plan Wallon Sans Tabac (PWST) coordonné par le FARES asbl. Cette campagne est lancée avec le soutien de l’Agence pour une Vie de Qualité (AVIQ) dans le but de mettre en valeur les aides et les ressources disponibles pour initier un changement et une réflexion sur la consommation du tabac. Elle prendra place du 11 avril 2022 au 12 juin 2022 en Wallonie et à Bruxelles, à la fois en présentiel et en virtuel. La campagne se structure en 3 temps : un mois d’action entouré de 3 semaines de préparation en amont et de 2 semaines de bilan en aval.

ensemble vers un nouveau souffle visuel

« Ensemble Vers Un Nouveau Souffle » (EVUNS) est à la fois une campagne de sensibilisation au tabagisme et aussi une opportunité pour les professionnel.les et le grand public de se rassembler autour de priorités partagées, comme le besoin de retisser des liens sociaux et de découvrir des activités qui contribuent à la santé et au bien-être. L’article va vous partager la philosophie promotion de la santé dans laquelle cette campagne s’inscrit ainsi que les axes d’appui proposés aux professionnel.les en vue de faciliter leur mobilisation : formations, accompagnement, outils, inspirations d’actions locales.

Origine de la campagne

Chaque année la Journée mondiale sans tabac se tient le 31 mai à l’initiative de l’Organisation Mondiale de la Santé. A cette occasion, les partenaires du Plan Wallon Sans Tabac (PWST), soutenus par l’Agence pour une vie de qualité (AVIQ), orchestrent différentes activités destinées à former, outiller et accompagner des professionnel.les relais et à mobiliser le grand public.

Le PWST et ses actions reposent sur la collaboration des partenaires, le travail en réseau, les ressources existantes et la complémentarité des interventions. Au départ, ces activités se cantonnaient autour de la journée du 31 mai. Progressivement, une journée est devenue une succession de plusieurs jours, pour évoluer vers une semaine et enfin s’étendre à un mois d’action entouré de 3 semaines de préparation en amont et de 2 semaines de bilan en aval.

Pour enrichir la réflexion autour de la préparation du projet, les partenaires du PWST ont entrepris des démarches exploratoires autour du concept « Mois Sans Tabac » dans les pays voisins. Ces recherches ont mené à une rencontre avec Santé Publique France ainsi qu’avec l’équipe des Hauts-De-France Addictions. Ces fructueux échanges ont enrichi la planification et la structuration de la campagne en différents axes de travail ainsi que la production des outils (kit, affiches personnalisables, guide…).

Un intitulé plein de sens

Ce nom est né d’un processus collaboratif, nourri par la concertation entre partenaires et par plusieurs sondages réalisés auprès du grand public et des professionnel.les. Le nom de la campagne devait refléter la philosophie dans laquelle elle s’inscrit. Tout en invitant à la réflexion et au changement, celle-ci se veut bienveillante, inclusive et encourageante. Elle ne se limite pas à un challenge incitant à l’arrêt du tabagisme mais propose un temps axé sur les alternatives ou encore les bénéfices à l’arrêt ou à la réduction de la consommation, et ce dans la perspective d’un bien-être au sens large.

« Ensemble vers un nouveau souffle » est synonyme de mouvement… Ce nom souligne le cheminement, à la fois individuel et collectif, que chacun.e parcourt à son rythme par rapport au tabagisme. Le souffle renvoie à la vie, au vécu, à l’expérience, aux ressources, à l’élan vers un changement mais il est aussi un clin d’œil à l’un des bénéfices à l’arrêt du tabac, lequel permet de faire du lien avec la thématique tout en l’inscrivant dans une démarche défocalisée ; il n’est en effet pas nécessaire de parler du produit pour faire de la prévention concernant les assuétudes.

L’arbre, logo de la campagne, symbolise quant à lui l’enracinement de l’individu, ses capacités d’épanouissement mais aussi la diversité des choix et chemins possibles accompagnant changements et évolutions tout au long de son existence.

Une structure en 3 temps (je me prépare, j’agis, je me maintiens)

Le tabagisme de chaque fumeur.se est unique, il résulte de la rencontre entre une personne et un produit qui a un sens particulier dans son contexte de vie. De ce fait, pour vivre les étapes du processus allant de la préparation à un changement de comportement, chaque fumeur.se cheminera à sa mesure, avec ses besoins propres, et depuis le point où il se situe. D’où l’optique de la campagne « Ensemble vers un nouveau souffle » de proposer une participation rythmée par les étapes de ce processus naturel de changement.

structure de la campagne

Pour envisager de changer sa consommation, la première étape est de préparer son projet : observer sa consommation (fréquence, contexte, humeur…), faire la balance des avantages et inconvénients du fait de continuer/arrêter de fumer, identifier les bénéfices d’une vie sans tabac, réfléchir à ses attentes en termes de santé et de bien-être… Cette première phase de préparation et de réflexion permet à la personne de comprendre ses motivations et d’identifier les ressources nécessaires pour entreprendre son voyage vers une “destination sans fumée”.

La seconde étape est celle de l’action et de l’expérience. La personne peut tester un changement de consommation pour lequel elle se sent prête : diminution, réduction des risques, substituts, arrêt… La personne a la possibilité d’élaborer son projet avec des professionnel.les de soutien, capables de la guider dans la démarche entreprise. L’entourage peut aussi accompagner la personne fumeuse et participer aux activités alternatives de recherche de bien-être.

Dans la troisième étape du processus, il s’agit de prendre le temps de faire le bilan de l’expérience d’une modification de sa consommation :  quels ont été les freins et les bénéfices dans le changement testé, quels sont les apprentissages faits à partir de ses besoins et de son fonctionnement personnel. L’idée est de repérer ce qui peut consolider les changements amorcés, de maintenir les motivations identifiées, de prévenir la re-consommation, voire d’envisager d’autres petits pas possibles vers les différentes dimensions de la santé qui participent au bien-être.

EVUNS, c’est justement l’occasion pour les professionnel.les, pour les fumeur.euses et pour l’entourage de s’appuyer sur un canevas structuré qui respecte le rythme propre à chacun.e pour lui permettre de vivre son voyage du changement et une expérience de la santé qui lui correspond.

Une campagne ancrée dans la promotion de la santé

Une approche globale et systémique

Construit autour de la philosophie de la promotion de la santé, le projet cible les déterminants sociaux de la santé par ses actions dans des milieux de vie variés (milieu familial, éducatif, extra-scolaire, professionnel, hospitalier, résidentiel, communautaire…) et en s’adressant à des personnes de tout âge ayant des besoins spécifiques ou non.La diversité des actions permet de toucher différents axes comme la création d’environnements favorables à la santé, l’influence du milieu politique et la mobilisation de la communauté. 

La phase d’action est articulée autour de quatre dimensions de la santé : physique, mentale, sociale et environnementale. Cette structure souligne la globalité de l’individu et l’importance d’adopter une approche qui va au-delà d’une vision strictement sanitaire pour intégrer l’environnement de la personne, ses relations sociales, sa santé mentale. En valorisant les ressources individuelles et collectives, les actions locales visent à renforcer la capacité d’agir et les compétences psychosociales des individus par des activités ludiques et créatives, des webinaires informatifs, des ateliers sur la gestion du stress, la méditation pleine conscience… qui agissent comme facteurs de protection vis-à-vis des assuétudes.

Une campagne inclusive et accessible 

La réflexion autour de l’inclusivité amenée dès le départ et portée tout au long du processus de conception a pour objectif que toute personne ait une place au sein de la campagne. Que cette dernière tende à répondre aux besoins de tou.tes et soit une opportunité de participation sociale, d’inclusion, d’accessibilité et d’adaptation. Plus concrètement, un point d’attention a été porté à l’usage de l’écriture et d’illustrations inclusives, à la diffusion de kit de sensibilisation en version papier pour pallier la fracture numérique, à l’ajout sur le site web d’un onglet « accessibilité » permettant de garantir une navigation confortable facilitant la compréhension du plus grand nombre. De plus, l’un des projets donne la parole aux professionnel.les de première ligne comme les tabacologues sous la forme de capsules vidéo : cela permet de lever le voile sur la profession, de démystifier certaines informations et d’encourager à aller consulter en toute confiance.

Une démarche participative, plusieurs angles possibles

La campagne s’est inscrite dans une démarche participative dès le départ. A titre d’illustration, lors du processus de sélection du nom de la campagne, les partenaires ont consulté l’avis des particuliers via les réseaux sociaux sous forme de sondages. Ceci a permis de s’assurer d’un choix concerté, parlant à la majorité des répondant.es. Par la suite, les compétences artistiques de jeunes du secondaire ont été mises en valeur par le biais d’un concours de dessin. Ce dessin a ensuite été glissé dans les kits de sensibilisation afin d’y proposer une activité créative propice à la gestion du stress. Enfin, pour mettre à l’honneur la parole du grand public vis-à-vis de la thématique, les partenaires ont récolté des témoignages sous différentes formes (écrites, orales et en vidéo) à diffuser dans le but de revaloriser la parole des citoyen.nes, de leur expérience, leur vécu et leur expertise.

Le travail en partenariat et concertation  

Grâce au travail collaboratif, les membres du PWST ont mis en commun leurs ressources et leurs expériences pour lancer ensemble une campagne de grande envergure, conçue autour d’objectifs communs, comme la prévention/gestion du tabagisme et le renforcement des dimensions de la santé de la population. Des origines de la campagne jusqu’à sa mise en route, les partenaires ont organisé des temps de réflexion en grand groupe, alternant avec des moments de rencontres en sous-groupes auxquels étaient attribués des tâches thématiques, afin d’orchestrer la maturation et la naissance du projet. Pour assurer la cohérence autour d’une philosophie d’action et d’une déontologie partagées, mais aussi avec une attention toute particulière portée à la complémentarité des différentes associations au service d’une perspective commune, une charte d’engagement a été co-construite par les partenaires du PWST. Dans le même esprit, tout.e professionnel.le souhaitant prendre part à la campagne est amené.e à adhérer à une charte, proposée sur le site.

Un processus d’évaluation et de valorisation

Au terme des actions du mois de mai, une évaluation sera proposée aux différents supporters de la campagne. Afin de faciliter cette étape, un mémo est d’ores et déjà disponible sur le site web afin que chaque supporter puisse connaitre à l’avance les indicateurs auxquels être attentif.

Ce processus d’évaluation a son importance pour tous les acteurs de la campagne. Cela permettra aux membres du Plan Wallon Sans Tabac de mesurer la pertinence des actions menées, la qualité des collaborations ou encore l’incidence sur les publics. Mais ce sera également l’occasion pour les supporters de faire le point sur leur implication et les démarches mises en place ainsi que d’en évaluer l’intérêt par rapport à leur propre réalité de terrain en vue d’une éventuelle pérennisation de celles-ci.

Une offre de services pour les professionnel.les de tout secteur

Se mobiliser autour de la campagne, c’est aussi l’opportunité, pour les acteur.trices de terrain de renforcer leurs connaissances et leurs compétences autour de la thématique du tabagisme et pour certain.es, l’occasion de se mettre en mouvement avec le soutien des partenaires du Plan Wallon Sans Tabac (PWST). En effet, depuis mi-février de nombreux modules de formations, webinaires, outils, supports de communication sont mis à disposition afin de soutenir les professionnel.les relais dans leur démarche de prévention avec leurs patient.es/bénéficiaires/citoyen.nes, et ce quel que soit le niveau d’action.

  • Les acteurs de terrain, les moteurs de la campagne et de ses actions locales !

Les structures ayant manifesté, jusqu’à présent, un intérêt pour cette campagne sont nombreuses et variées : communes, CPAS, maisons médicales, CAF®, Plans de Cohésion Sociale des communes, pharmaciens, médecins…. Selon leurs ressources (temps, ressources humaines, budget, matériel), elles participent chacune à leur niveau soit en communiquant en masse, soit en se formant, soit en accompagnant une personne dans sa démarche de changement via la distribution d’un kit de sensibilisation ou encore en organisant une action locale.

Ces actions locales (en présentiel ou en virtuel) permettent de proposer à tout un chacun de se mettre en mouvement quel que soit son statut tabagique, en valorisant les bénéfices à l’arrêt du tabac, en proposant des alternatives au tabagisme ou encore en s’ouvrant à la notion de bien-être global (ex : ramassage de mégots, séance de yoga, escape game, marche, groupe de parole, stand de sensibilisation…). Dans le respect de la charte des supporters locaux, les professionnel.les ont ainsi eu l’occasion, en s’inspirant de la boite à idées, de valoriser leurs actions dans l’agenda en ligne des actions locales (désormais accessible au grand public) après avoir complété une fiche descriptive de leur activité.

  • Les outils de communication – le mot d’ordre : faire un maximum de bruit ! 

Le site web https://ensembleversunnouveausouffle.be/ est la première interface virtuelle où les supporters locaux peuvent trouver tous les renseignements nécessaires. Sur celui-ci, ils pourront notamment retrouver l’intégralité de l’offre de services ainsi que l’agenda des actions locales à destination du grand-public.

Pour communiquer en masse autour de cette campagne, différentes affiches sont téléchargeables et donc imprimables. Pour celles/ceux qui souhaitent promotionner leurs actions locales, des affiches à personnaliser sont également libres d’accès.

Enfin, un bandeau de signature mail a également été conçu pour compléter le panel d’outils de communication.

  • Les partenaires du PWST, aux côtés des professionnel.les 

Les partenaires du PWST peuvent bien entendu accompagner les professionnel.les qui souhaitent se mobiliser lors de cette campagne. Il est également possible de poursuivre la collaboration sur du plus long terme, la campagne étant une porte d’entrée pour travailler la thématique avec l’ensemble des parties prenantes.

Un guide à destination des supporters locauxreprenant toutes les informations clés et les étapes pour participer à la campagne a été réalisé. Les professionnel.les sont invité.es à en prendre connaissance pour s’imprégner de la dynamique. Un module de formation « philosophie d’action »présentant la campagne et sa philosophie a également été animé à plusieurs reprises. Ceci constituait un lieu d’échanges, de réseautage et de ressources qui se voulait adapté aux besoins des relais de terrain. Des repères de communication et d’informations concrètes pour pouvoir s’engager à différents niveaux dans l’action y étaient aussi partagés. Pour aller plus loin, un kit de sensibilisation (brochures, dépliants, dessin de différents partenaires du PWST) est à disposition des professionnel.les qui souhaitent impulser une discussion avec leur public demandeur d’entamer une réflexion et un éventuel processus de changement.

  • Des formations disponibles en continu

Transversalement et afin de répondre aux besoins de terrain, différents modules et webinaires sont proposés jusqu’à la mi-juin. Pour rencontrer la diversité des profils, certaines formations sont ouvertes à tout.e professionnel.le souhaitant aborder la thématique et/ou mettre en place une action de prévention/gestion du tabagisme, alors que d’autres  formations font davantage écho à la tabacologie, accessibles quant à elles aux professionnel.les de santé et aux tabacologues.

L’approche multidimensionnelle du tabagisme (physique, sociale, mentale, environnementale, psychologique…) sous-tend la diversité des sujets des formations proposés : la découverte d’outils pédagogiques/ludiques et de guides pratiques, des repères de communication motivationnelle, la mise à jour de connaissances autour des produits du tabac et ses produits dérivés/associés (e-cigarette, joint, chicha…), des webinaires relatifs à la question de l’environnement, du CBD, du genre, etc. Optant pour une proposition de formations, la plupart gratuites, en format court et en virtuel, le PWST a veillé à favoriser l’accessibilité de celles-ci.

En bref, comment s’impliquer concrètement ?

  • Venez découvrir le site internet de la campagne et ses multiples facettes https://ensembleversunnouveausouffle.be/ 
  • Retrouvez le calendrier des formations/webinaires et inscrivez-vous !
  • Communiquez en masse autour de la campagne en relayant les différents supports mis à votre disposition (affiches, signature mail, site internet, calendrier des actions locales à destination du grand public…)
  • Bloquez déjà l’édition 2023 dans votre agenda et réfléchissez à vos possibilités d’action

Prenez contact avec le FARES asbl, coordinateur du Plan Wallon Sans Tabac pour toutes questions (info@fares.be)

Le Plan Wallon Sans Tabac

Le Plan Wallon Sans Tabac (PWST) développe une approche globale du tabagisme, depuis la promotion de lieux de vie sans tabac jusqu’à la prise en charge des fumeurs. Ses actions, dans l’esprit de la promotion de la santé telle que définie par la Charte d’Ottawa, s’articulent autour de trois objectifs : la prévention, la cessation/réduction tabagique et la diminution de l’exposition à la fumée du tabac. Les stratégies utilisées sont : la formation des professionnels, un travail ciblé sur les personnes les moins favorisées au niveau socio-économique, une approche globale des assuétudes et l’évaluation de l’efficacité des actions.

Les membres du PWST sont :

  • le Fonds des Affections RESpiratoires (coordination)
  • l’Agence pour une Vie de Qualité (AVIQ)
  • le service Tabacstop
  • le Centre d’Aide aux Fumeurs – CAF® de l’Institut Bordet
  • la Société scientifique de Médecine Générale
  • la Fédération des Maisons Médicales
  • l’Association des Unions de Pharmaciens
  • le Service d’Étude et de Prévention du Tabagisme – Fedito wallonne
  • l’Observatoire de la Santé du Hainaut
  • le Service Itinérant de la Province de Liège – I PROM’S

Le FARES asbl

Depuis sa création en 1986, le Service Prévention Tabac du FARES est une référence belge en matière de prévention et d’aide à la gestion du tabagisme. Il vise à renforcer la capacité des personnes à prendre des décisions favorables à leur bien-être en permettant à tout un chacun de questionner le tabagisme sans jugement ou parti pris. Le Service Prévention Tabac partage ses compétences avec les professionnel.les-relais des secteurs de l’éducation, de la santé et du social. Toutes ses actions de sensibilisation, de diffusion, de formation et d’animation en matière de prévention et d’aide à la gestion du tabagisme s’inscrivent dans une perspective de promotion de la santé. Enfin, le Service Prévention Tabac du FARES coordonne entre autres le PWST mais également le Plan bruxellois en collaboration avec la VRGT sous l’antenne BELTA.

Agir en prévention des assuétudes,
une campagne en parle…

Le 24 Mar 22

Publié dans la catégorie :

Assuétudes : les services spécialisés vous aident à intervenir auprès de vos publics ». Tel est le message principal de la campagne Agir en prévention que lance un collectif d’associations afin de sensibiliser les professionnel.le.s à leur rôle en tant qu’acteurs.rices de prévention.

agir en prevention

Quand la question des assuétudes vient sur la table et, en corollaire, celle de la prévention, d’autres questions sous-jacentes jaillissent dans le chef de celles et ceux qui l’abordent dans le cadre de leur travail. Suis-je légitime pour parler des dépendances avec les personnes que je rencontre ? Comment en parler ? Quel regard porter sur leurs comportements à risques ? Et surtout comment les accompagner ?

En tant que professionnel.le.s en contact avec des publics (jeunes et/ou adultes), il est légitime de se poser ces questions. Il est même indispensable. Car les travailleur.euse.s de la santé, du social et de l’éducation sont les premier.ère.s acteur.rice.s de la prévention des assuétudes.

Pour sensibiliser à cette évidence une campagne est née. Son objectif : rappeler la place prioritaire que devrait occuper la dimension prévention en matière d’assuétudes et de santé dans nos pratiques professionnelles.

Se former pour mieux prévenir

A travers la campagne Agir en prévention, les services spécialisés en assuétudes tentent de rappeler l’offre de formation et d’accompagnement (entre autres) qui existe pour soutenir les professionnel.le.s désireux.euses de renforcer leurs compétences en la matière.

Le site web www.agirenprevention.be propose un répertoire des services spécialisés dans la prévention des assuétudes en promotion de la santé, actifs sur l’ensemble du territoire de la Belgique francophone.

On y retrouvera également une série de ressources permettant d’aller plus loin dans l’appropriation des notions de prévention des assuétudes et de promotion de la santé.

Des webinaires pour partager les expériences de terrain

Agir en prévention, c’est un site web, une vidéo et surtout une série de webinaires programmés tout au long de l’année 2022 pour partager les bonnes pratiques en matière de prévention des assuétudes au sein de différents secteurs (santé mentale, insertion socioprofessionnelle, aide à la jeunesse, aide sociale, jeunesse, ect.).

Découvrez l’agenda des webinaires sur : https://agirenprevention.be/webinaires/

Pour en savoir plus : https://www.agirenprevention.be/

homeless beggar with young woman listening to his story

Les Community Health Workers

Le 26 Nov 21

Publié dans la catégorie :

Le projet « Community Health Workers” – repris sous l’appellation “CHW” – est un vaste projet en santé communautaire démarré en mars 2021. Le projet a été conçu initialement pour favoriser l’adoption des gestes barrières et faciliter l’accès à de l’information correcte. Il répond à un besoin préexistant et plus profond d’améliorer l’accès aux soins et à la santé des personnes les plus précarisées qui, paradoxalement, en sont les plus éloignées mais qui en ont le plus besoin. Les barrières de l’accès aux soins et à la santé ont été cruellement renforcées par la crise sanitaire et les intempéries qui ont touché la Belgique au cours de l’été.

homeless beggar with young woman listening to his story

Qu’on les appelle « agents de santé communautaire » à Bruxelles, « community health workers » en Flandre ou « facilitateur.trices en santé en Wallonie, ces travailleur.euses ont pour mission d’aller à la rencontre de ces publics, dans leurs lieux de vie, et de les accompagner dans une démarche d’amélioration de l’accès aux soins et à la santé.

Origine du projet

Le constat n’est pas nouveau et le phénomène est tristement familier. Le non-recours aux droits dans le domaine de la santé1 et les barrières dans l’accès aux soins de santé sont des problèmes connus, étudiés et documentés. Il en est de même pour les leviers et les différentes approches recommandées. Ces difficultés se situent à différents niveaux, de manière structurelle, sociétale et pas seulement individuelle. Il existe une corrélation entre le niveau de santé (et de bien-être) d’une population et le niveau socio-économique, d’éducation des personnes… et d’autres déterminants de la santé. La pandémie de Covid-19 n’a fait que renforcer ces problématiques.

C’est dans ce contexte de lutte contre la pandémie que le Cabinet du Ministre fédéral de la santé, Franck Vandenbroucke, a lancé le projet pilote des « Community Health Workers ». La mise en œuvre de ce projet a ainsi été confiée au Collège Intermutualiste National2, et la coordination au niveau fédéral et de la Wallonie a été attribuée à la Mutualité chrétienne (MC). En effet, ce projet est au cœur des missions des mutualités.

Le financement recouvre l’engagement d’environ 50 ETP, répartis sur le territoire de la manière suivante : 12 ETP à Bruxelles, 17 ETP en Wallonie et 21 ETP en Flandre (ainsi que les frais de coordination et de mise en œuvre). Il couvre la période allant de mars à décembre 2021.

Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, les mutualités se regroupent pour mettre en place des projets :

  • Les agents de tracing
  • Les Community Health Workers
  • Les agents de prévention (à Bruxelles)

Ces projets sont distincts et fonctionnent avec des enveloppes budgétaires séparées, mais se gèrent en étroite collaboration entre les mutualités.

« Les projets intermutualistes, pour certains très opérationnels comme celui-ci, sont une partie de l’avenir des mutualités. Nous montrons aux citoyens et aux politiques que nous sommes chacun des acteurs forts et incontournables, mais aussi qu’ensemble, nous pouvons monter des projets solides, d’envergure, avec une visée et une vision partagée. Je pense qu’on a tout intérêt à ce qu’on nous confie des missions comme celle des CHW. Il y a bien sûr toute une série d’autres acteurs qui mènent des projets de santé communautaire mais en tant que mutualité, nous avons notre place dans ce genre de projet et c’est tout à fait légitime au regard de nos missions. » (Julien Demonceau, coordinateur MC)

Développement du projet en Wallonie

En Wallonie, le Collège Intermutualiste National a choisi dès le départ de conclure une convention de partenariat avec le Réseau Wallon de Lutte Contre la Pauvreté (RWLP). « Le RWLP est un partenaire essentiel du projet, par sa connaissance du terrain, son réseau et son travail au sein du comité de pilotage fédéral. Sa compréhension de la réalité vécue sur le terrain par les gens qui subissent l’appauvrissement, la pauvreté et la pauvreté durable, ainsi que le choix des zones à couvrir en priorité, son implication dans le recrutement et l’accompagnement des facilitateur.trices sont des facteurs précieux qui contribuent à la réussite de ce projet. », nous confie Julien Demonceau (MC), coordinateur du projet CHW sur l’ensemble de la Région Wallonne. « Au départ, les mutualités se sont tournées vers nous avec des questions très concrètes concernant le travail avec les personnes qui subissent la pauvreté durable et notre connaissance du réseau actif. Ce n’est pas le public habituel des mutualités car ces personnes n’y ont pas accès ou n’y ont pas nécessairement recours », appuie Antoine Dujardin, en charge de suivre ce partenariat au RWLP. L’autre partenaire du projet est la Fédération des Maisons médicales. Ces deux associations sont à la fois membres du Comité de pilotage fédéral et wallon du projet. Sur le terrain, par exemple, l’équipe prend systématiquement contact avec les maisons médicales de chaque zone.

Délimitation des zones et ciblage des quartiers

La première étape du projet, à l’échelle fédérale, a été de délimiter les zones et les quartiers d’intervention. Sur le papier, le projet s’adresse aux habitant.es des communes et des quartiers les plus précarisés. Mais si on s’en tenait à un classement des communes et quartiers en fonction du niveau de revenu moyen par habitant, tous les moyens auraient été alloués à Bruxelles et en Wallonie. Pour équilibrer la répartition des moyens, d’autres critères démographiques ont été ajoutés dans la balance.

Les régions ont ensuite eu la main sur le choix des zones à couvrir, chacune développant sa propre stratégie. Par exemple, en Flandre, le choix a été de se concentrer sur les 5 grandes zones urbaines (Anvers, Ostende, Tirlemont, Genk et Gand), tandis qu’à Bruxelles, les agents de santé communautaire se sont répartis sur plusieurs zones dans 6 communes.

En Wallonie, « en se tenant uniquement au classement des quartiers avec les revenus les plus faibles par habitant, les moyens risquaient d’être très dispersés, avec certains lieux très éloignés les uns des autres, constate Julien Demonceau. Or « stratégiquement, il fallait aussi démontrer avec cette mission-pilote que le travail en santé communautaire a une réelle plus-value. Donc, il fallait essayer de concentrer l’action de manière plus conséquente dans des zones plus restreintes. ». 3 zones ont finalement été retenues, et des communes au sein de ces zones ont été ciblées : Charleroi – Châtelet, Liège et Verviers-Dison (où opèrent respectivement 7, 7 et 3 facilitateur.trices), ainsi qu’un facilitateur en région germanophone, dans la commune de la Calamine et certains quartiers d’Eupen.

Des pair-aidant.es issus des quartiers d’intervention

Le recrutement des facilitateur.trices en santé constituait la deuxième étape. Il a d’emblée été convenu avec le RWLP d’engager des pair-aidant.es, c’est-à-dire des personnes ayant une situation socio-économique équivalente (ou la plus proche possible) à celle du public-cible et issues de ces quartiers. « L’intérêt d’avoir despersonnes aux conditions socio-économiques équivalentes est qu’elles ont un parcours de vie et ont rencontré des difficultés similaires, et peuvent donc se comprendre, développer un lien, une écoute, un accompagnement d’autant plus soutenant et bien accueilli. L’approche territoriale est un autre facteur très important. Les facilitateur.trices ont une connaissance du tissu social, relationnel, des lieux de vie et du moment de la journée où ces lieux sont animés. Ces compétences et connaissances peuvent aussi s’acquérir au fur et à mesure sur le terrain, en allant à la rencontre des personnes. J’ai par exemple accompagné Annas lors d’une maraude à Verviers. C’est surprenant de voir qu’il est salué dans toutes les rues que nous avons traversées, il est constamment accosté par les gens du quartier, le lien se tisse tellement plus rapidement » nous raconte Antoine Dujardin.

Un autre souhait était de composer une équipe avec des bagages complémentaires pour créer un large éventail de connaissances et de compétences, avec une attention particulière pour l’équilibre de genre, l’accès à certaines communautés et une diversité de langues parlées. « Le RWLP, en lançant un appel à leurs réseaux associatifs, nous a renseigné des personnes candidates. On a travaillé au recrutement avec des expert.es du vécu», complète Julien Demonceau.

 Accompagnement et formation

Au moment du lancement de la mission, toute l’équipe a reçu une formation sur l’accès aux soins, le fonctionnement et le rôle de la sécurité sociale, l’utilisation des outils, la pair-aidance (le statut, le fonctionnement…), la pauvreté (ses origines, ses causes et conséquences), etc. Grâce aux intervisions et en fonction des besoins qui ont émergé au fur et à mesure, d’autres formations se sont ajoutées au parcours, comme par exemple les questions liées au secret professionnel avec l’aide du Comité de Vigilance en Travail Social.

Pour encadrer et soutenir le travail des facilitateur.trices, des coachs sont en charge des différentes zones couvertes. Ces derniers sont issus principalement des secteurs social et de la promotion de la santé, certain.es d’ailleurs issu.es du secteur mutuelliste. Ces coachs peuvent se référer à un comité de pilotage opérationnel (composé de collaborateurs de la MC et de Solidaris). Ils sont les repères directs des facilitateur.trices et sont présents pour permettre à ces dernier.ères de déposer leur vécu.

Une des missions confiées au RWLP (via Antoine Dujardin) est l’organisation d’intervisions régulières, entre les équipes et les différentes zones, grâce à son expertise et son regard externe. Ces intervisions sont avant tout un espace de parole pour permettre aux facilitateur.trices d’appréhender les situations difficiles auxquelles ils.elles sont confrontées. Elles permettent également de travailler la posture des travailleur.euses et trouver la juste proximité  (« ne pas devenir une éponge émotionnelle », « éviter le syndrome du sauveur », par exemple).

Introduire la mission auprès des partenaires

L’équipe de coordination a également veillé à un dernier aspect essentiel avant de démarrer le projet :  l’introduction de la mission et des collègues auprès des partenaires locaux et des acteurs de terrain. Julien Demonceau explique : « C’est particulier de ‘débarquer’ ainsi, il faut veiller à ce que les acteurs déjà en place ne nous voient pas comme des concurrents. Nous sommes vigilants à nous positionner comme complémentaires à leurs actions. En outre, le projet CHW est un projet fédéral qui bénéficie de moyens conséquents, dans un horizon de temps relativement court (ndlr : du moins, au moment du démarrage), face à des acteurs ne disposant pas toujours de moyens suffisants pour réaliser leurs missions. Une fois encore, la collaboration avec le RWLP s’est révélée précieuse pour introduire la mission, ouvrir certaines portes et clarifier notre action. » Plus de 125 partenaires locaux ont ainsi été contactés en amont du lancement de la mission.

Concrètement, l’accompagnement des facilitateurs sur le terrain c’est…

(Re)tisser un lien de confiance avant tout

« Nous l’avions identifié dès le départ mais le travail sur le terrain le confirme : il n’y a jamais une seule barrière à lever pour garantir l’accès aux soins et favoriser la santé des personnes. La majorité des situations rencontrées concerne des problématiques multi-domaines, qui dépassent la question de l’accès aux soins de santé au sens strict du terme », commence par souligner Julien Demonceau. « La mission repose sur un processus long, qui se base avant tout sur le tissage de la confiance. »

Antoine Dujardin appuie ces propos : les personnes auxquelles s’adressent les facilitateur.trices « sont dans la débrouille, dans le ‘trop peu de tout’, et ce souvent depuis des années. Avant tout, l’objectif est de (re)créer un lien de confiance avec ces personnes qui peuvent avoir de la méfiance ou de la défiance envers l’Etat, le service public ou les politiques parce que ça fait des années qu’elles n’ont pas eu droit à un logement, à la mobilité, à un travail décent, à être un citoyen reconnu ‘symboliquement’… Ces droits sont tous liés dans un ensemble et se répondent, se renforcent. »

« La méfiance ou la défiance envers les mesures et la vaccination est plus grande chez les personnes qui ont des années de non-recours aux droits, au-delà même de la santé, et qui ne sont pas rattachées à un.e médecin généraliste ou une maison médicale. Elle est un symptôme de la fracture entre l’Etat, la classe politique et leur vécu. Les inondations ont creusé le fossé, les personnes sinistrées se sont senties complètement abandonnées par les services publics et les politiques. »

Antoine Dujardin, RWLP

Accompagner

Les facilitateur.trices n’ont pas d’impératif de résultat direct dans leur travail. Un.e facilitateur.trice peut être accosté.e dans la rue et discuter avec une personne sans que cela ne donne lieu nécessairement à une intervention. Au fil d’une rencontre, un besoin peut être exprimé. Le.la facilitateur.trice part par exemple d’une problématique de logement ou de mobilité pour – étape par étape, et à l’image d’un entonnoir – arriver progressivement à travailler sur l’accès aux soins de santé, si la personne le souhaite.

Le.la facilitateur.trice en santé joue le rôle de personne-pivot pour amener une personne vers une structure, ou lancer une démarche favorable à sa santé et son bien-être, par exemple. Il.elle propose, accompagne, oriente mais ne fait pas « à la place de ». L’accompagnement peut être plus ou moins long, mais en ligne de mire l’objectif est que les personnes puissent prendre en charge elles-mêmes leur santé et leur accès aux soins. Délimiter l’action de chaque accompagnement est un équilibre à trouver, qui se construit au fur et à mesure et qui est spécifique à chaque situation rencontrée.

Un travail de longue haleine

Tout ce travail de rencontre et de lien à tisser avec les personnes peut prendre du temps, d’autant qu’il est souvent alourdi par des procédures administratives longues et ardues pour débloquer ou faire avancer la situation de ces personnes.

Christine Geron et Dorothée Mardaga, coachs sur les zones de Verviers-Dison et Liège, nous racontent les personnes et les situations rencontrées sur le terrain.

« Les situations sont très diverses et variables, et dépendent aussi du profil de chaque facilitateur.trice. Par exemple, un des facilitateurs de Verviers accompagne beaucoup de personnes de la communauté arabophone car il parle l’arabe. Il fait par ailleurs face à beaucoup de démarches administratives concernant l’aide médicale urgente3, ce qui est moins le cas de deux autres facilitatrices de cette zone, qui assurent une permanence régulière dans les locaux de la Croix-Rouge où elles sont davantage en contact avec des personnes sous influence de substances diverses. Certain.es fonctionnent mieux seul.es, d’autres préfèrent travailler en binôme. Que l’on soit un homme ou une femme amène aussi à rencontrer des personnes aux profils différents. (…) A Liège, par exemple, beaucoup de demandes d’accompagnement concernaient la vaccination au début. La fracture numérique, le labyrinthe administratif, la mobilité sont des freins que l’on rencontre fréquemment. (…).

On se trouve aussi face à la difficulté de travailler sur des besoins urgents, des problèmes qui ne peuvent pas ou plus attendre… Si on ne réagit pas très vite, on risque de perdre le lien avec la personne. (…) Une fois le problème urgent résolu, on peut se retrouver face à une montagne de problèmes sur le dos des personnes. Ce n’est pas forcément toujours vécu partout de la même façon, notamment parce que le projet pilote est délimité dans le temps : certains essayent plutôt de débloquer une situation à un moment X pour que les personnes puissent ensuite avancer d’elles-mêmes. Et parfois on ne saurait faire l’impasse sur un travail de longue haleine et un accompagnement qui prend de l’envergure au fur et à mesure qu’on lève des barrières. Voici une situation rapportée par une facilitatrice : il s’agit d’un couple de personnes d’origine étrangère. La dame est en ordre au niveau de ses papiers et est enceinte actuellement. Le monsieur a introduit une demande de régularisation mais fait face à des soucis de santé. La facilitatrice qui les suit est confrontée à un ensemble de problématiques qui impactent ce couple. (…)

Avec les partenaires

« A Liège, nous raconte Dorothée Mardaga, coach sur cette zone, nous avons établi une belle collaboration avec l’association Smi’le4, qui réalise un travail de santé communautaire auprès des personnes vivant en rue. Au départ, nous leur avions demandé de venir nous former aux maraudes et à l’approche des personnes vivant en rue, parfois sous l’influence de psychotropes. Une collaboration toute naturelle s’est construite par rapport aux personnes que ces infirmières suivaient à partir du moment où celles-ci retrouvent un logement. Les facilitateur.trices reprennent l’accompagnement pour les questions ayant trait à la santé. »

Les inondations

Un évènement a fortement impacté la mission au cours de l’été : les inondations consécutives aux intempéries ont rudement touché certains quartiers dans lesquels opèrent les facilitateur.trices. Du jour au lendemain et pendant plusieurs semaines, leur travail a été centré sur l’aide d’urgence aux personnes les plus démunies et souvent les plus impactées. A Verviers, l’association Psy-Infi-Vesdre les a contacté.es pour établir les besoins psycho-sociaux des personnes sinistrées. Par duo, ils.elles ont fait du porte-à-porte. Preuve s’il en faut que leur expertise, leur connaissance pointue du territoire et leurs contacts sont reconnus sur le terrain. Ils permettent ainsi d’identifier et d’agir plus rapidement envers les personnes qui en ont le plus besoin, qui n’iraient peut-être pas chercher de l’aide ou ne se mettraient pas en démarche dans ce sens.

Si au départ les problématiques avaient trait à la santé mentale, au trauma vécu, etc., des problèmes de santé physique sont aussi arrivés dans les demandes, comme les maladies respiratoires liées aux champignons, à l’humidité et à l’insalubrité. (…)

Christine Geron et Dorothée Mardaga, MC

Evaluation et plaidoyer

« Il est clair pour toutes les parties prenantes du projet CHW que les facilitateur.trices ne vont pas « réparer » en quelques mois des années de non-recours aux droits dans le domaine de la santé. Mais tous perçoivent l’utilité de cette mission. » nous explique d’emblée le coordinateur. Au terme de ces quelques mois sur le terrain, l’évaluation de la mission est confiée à des chercheurs de l’Université d’Anvers. Dans leur travail quotidien, les facilitateur.trices utilisent un outil qui fonctionne comme une street-map, dans laquelle ils notent les situations rencontrées, comme aider une personne à prendre rendez-vous pour la vaccination. Ils participent également à des focus groups avec l’équipe de recherche.

Pour mettre davantage en lumière les signaux d’alerte structurels et la complexité des situations rencontrées, l’équipe de coordination envoie des rapports réguliers sur base des retours directs du terrain. Le RWLP formule aussi régulièrement des recommandations, alimentées par son regard nourri du travail avec les témoins du vécu et les militant.es.

Un projet reconduit !

A l’heure d’écrire cet article, nous apprenons que le projet est reconduit pour l’année 2022, en bénéficiant du même financement.

Tous les éléments plaidaient en effet en faveur d’une prolongation : pour favoriser l’accès aux soins de santé et la santé des personnes les plus précarisées, une approche communautaire, avec l’implication de pair-aidant.es, a tout son sens et est en mesure de produire des résultats positifs pour les personnes auxquelles on s’adresse. Des éléments comme le taux de vaccination au sein de ces populations ou la longueur des démarches administratives à entamer viennent renforcer ces constats.  

Education Santé vous proposera d’en tirer le bilan avec l’équipe dans un an…

Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.chw-intermut.be/index-FR.php

[1] Le non-recours aux droits dans la santé recouvre différents types tels que la non-demande, la non-proposition, la non-connaissance, et le non-accès, comme formulé par le SPP Intégration sociale, Lutte contre la Pauvreté, Economie sociale et Politique des Grandes Villes, et du SPF Sécurité sociale, dans son document « Proposition d’actions transversales pour un plan de lutte contre le non-recours aux droits sociaux »(https://www.mi-is.be/sites/default/files/documents/ntu_proposition_dactions_transversales_pour_un_plan_de_lutte_contre_le_non-recours_aux_droits_sociaux.pdf)

[2] Le Collège Intermutualiste National (CIN) belge est une association de mutualités composée des représentants des 5 Unions Nationales de mutualités (la Mutualité chrétienne, Solidaris, Union nationale des Mutualités Libres, Union nationale des Mutualités Libérales, Union nationale des Mutualités Neutres) ainsi que de la Caisse Auxiliaire d’Assurance Maladie-Invalidité et de la Caisse des Soins de Santé de HR Rail. Ensemble le CIN représente toute la population belge assurée sociale soit plus de 10 millions de personnes. https://fra.mycarenet.be/bienvenue

[3] L’Aide Médicale Urgente (AMU) est une forme d’aide sociale octroyée par les CPAS, qui a pour objectif de garantir l’accès aux soins médicaux aux personnes sans séjour légal.

[4] https://www.smi-le.org/

the female hand presses a button doorbell with camera and intercom

Agents de tracing et promotion de la santé

Le 26 Nov 21

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Benoit Pétré travaille dans le Département des Sciences de la Santé publique de l’Université de Liège

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Retour sur une expérience d’accompagnement des agents de suivi des contacts dans une perspective de promotion de la santé.

Partout dans le monde, la pandémie de coronavirus a mis et continue de mettre au défi l’organisation et l’efficacité de notre système de soins de santé. Les gouvernements du monde entier ont développé des réponses stratégiques afin de minimiser l’impact de la maladie et de sa propagation sur la morbidité et la mortalité de leur population, ainsi que les risques sociaux et économiques associés. L’aspect préventif occupe une place centrale des réponses envisagées permettant d’éviter la propagation du virus et la surcharge des services sanitaires dans l’accueil des patients. Parmi ces mesures préventives, le tryptique « testing, tracing (en français, suivi des contacts) et isolement » constitue un socle fondamental en matière de santé publique pour contrôler l’évolution de la maladie1.

Une littérature spécialisée sur le suivi des contacts commence à se développer. Toutefois les travaux restent assez techniques sur les structures organisationnelles nécessaires à un suivi des contacts structurés2 ou décrivant l’efficacité des dispositifs3. Peu de travaux se sont intéressés jusqu’à présent aux aspects qui facilitent l’engagement de la population dans la stratégie de prévention « suivi des contacts ». Il existe bien quelques repères, notamment dans les travaux du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), ainsi que quelques premiers travaux cherchant à identifier les freins et faiblesses d’engagement des citoyens dans le suivi des contacts.

Le succès du suivi des contacts (comme le testing et l’isolement) repose sur la volonté des citoyens de respecter les mesures proposées. Les mesures de prévention se concentrent en effet sur des stratégies qui appellent la participation active des citoyens. Dans ce contexte, les sciences du comportement devraient être mobilisées pour soutenir les citoyens dans la participation aux mesures préventives5. Particulièrement, plusieurs observateurs plaident pour une approche d’accompagnement des citoyens inscrite dans une perspective de promotion de la santé6. Cet angle d’approche se détache d’une politique paternaliste, d’imposition des mesures préventives pour favoriser au contraire le soutien à l’autonomie, la prise de décision éclairée et la mise en capacité des individus dans des stratégies de prévention en santé (empowerment).

Contexte

En juin 2021, le service de Promotion de la Santé de Solidaris reprend la coordination des agents de suivi de contacts qui se rendent au domicile, principalement, des personnes atteintes du Covid19 et des personnes ayant eu des contacts à haut risque. Composée d’une cinquantaine d’agents intermutuellistes couvrant le territoire de la Région wallonne, ils sont chargés de se rendre à domicile à partir de 48h après un test positif effectué par un citoyen et un contact sans succès effectué par le call center. A l’aide de scripts (document type à utiliser), leur mission est d’apporter soutien et accompagnement à ces personnes vis-à-vis des mesures sanitaires (stratégies d’isolement, démarches vers l’employeur…), d’effectuer le suivi des contacts (faire le relevé confidentiel des personnes ayant été en contact avec le sujet positif pendant la période contagieuse) et d’inviter les personnes à des mesures préventives complémentaires (vaccination et application de suivi des contacts). A ce moment de l’épidémie, un des problèmes constatés était un déclin majeur dans le nombre de contacts rapportés : moins de 1 contact rapporté par personne rencontrée. C’est dans ce contexte que le service a fait appel à l’expertise du Département des Sciences de la Santé publique de l’U-Liège. La demande était de mettre en place un dispositif de soutien aux agents de contact afin d’aborder leurs pratiques selon un angle de promotion de la santé, dans la perspective d’augmenter le nombre de contacts renseignés par les personnes.

Soubassements théoriques, intervention proposée et mise en œuvre de l’accompagnement

Le Département des Sciences de la Santé publique développe depuis plusieurs années un domaine d’expertise autour des questions d’éducation thérapeutique, éducation en santé et plus largement de promotion de la santé à travers de nombreux projets de recherche et de missions assurées pour la communauté. Il s’agissait ainsi de repenser une activité relativement nouvelle sur le territoire wallon à travers des principes généraux bien connus de promotion de la santé.

L’accompagnement proposé a été envisagé davantage selon des échanges d’expériences que comme des exposés magistraux, méthode d’ailleurs favorisée par des travaux internationaux7. Cela était d’autant plus cohérent que certains agents étaient engagés depuis plus d’un an dans le suivi des contacts. La stratégie pédagogique visée cherchait davantage à valider les stratégies développées par les agents de suivi de contacts et les rapprocher des principes s’inscrivant dans une perspective de promotion de la santé.

Plus spécifiquement, l’accompagnement s’est donné les objectifs pédagogiques spécifiques suivants : renforcer le pouvoir d’agir des personnes, amener une réflexion sur ce sur quoi elles ont du contrôle et favoriser le sentiment d’utilité de la mission. Ces 3 objectifs ne sont pas sans rappeler les composantes de motivation dans l’apprentissage du pédagogue Rolland Viau8.

Au niveau des méthodes pédagogiques, nous avons privilégié l’usage de la simulation. Méthode d’apprentissage actif par excellence, la simulation a comme avantage particulier de stimuler le débat et l’échange d’idées autour d’une thématique centrale abordée dans l’exercice, ce qui correspond parfaitement à la recherche de partage d’expériences considérée. Les situations de simulation ont été conçues au plus près du terrain, en s’inspirant de situations rencontrées par les agents et par souci d’authenticité (voir encadré). Le scénario reprenait systématiquement une phase d’engagement dans la conversation avec la personne rencontrée, le suivi des contacts et la vaccination.

Exemple de scénario pour la simulation

Jeremy, 35 ans, travaille en grande surface (remise en rayon). Il a 3 enfants et une épouse qui vivent tous sous le même toit.

Il a fait le test car il souhaitait partir en France 3 jours en weekend prolongé. Le test s’est révélé positif.

Il n’a pas de symptôme. Il ne se sent pas très concerné par ce qui lui arrive. Il a pourtant des cas sévères dans sa famille (maman hospitalisée).

Il peine à comprendre ce qu’est le tracing, sa fonction. Il montre beaucoup d’hésitation dans le dialogue (méfiance envers qui est la personne qu’il rencontre). La méfiance ne diminue que si l’agent tente d’accueillir cette émotion et clarifie son rôle.

Il ne souhaite pas s’arrêter de travailler car il n’aurait pas de rentrée financière. Il a peur de la réaction de la patronne. Il a très peur que cela impacte son boulot car les rentrées financières sont déjà limitées et il vient de perdre sa responsabilité d’un secteur du magasin. Il ne veut pas donner le nom du magasin car il a peur des répercussions pour lui.

Contacts potentiels : il a fait une grosse fête au 15 août mais ne veut pas dénoncer ses copains qui ne peuvent pas se retrouver en quarantaine (la fête était non autorisée). Il n’est pas motivé à donner les noms des amis avec qui il a fait la fête le 15 août (il va jusqu’à revenir sur ce qui a été dit avant en déclarant finalement n’avoir vu qu’1 ou 2 personnes ). Il est réfractaire au vaccin car il veut garder son choix libre sur la vaccination (et il n’en ressent pas le besoin car son sentiment de vulnérabilité est faible). Il montre de l’agressivité quand la question de la vaccination est abordée en indiquant que l’agent n’est pas médecin. Il adhère partiellement aux théories complotistes.

En termes de contenus, il s’agissait d’introduire dans le dispositif et à travers le débriefing, moment d’apprentissage le plus significatif dans la simulation, différentes techniques et méthodes (modèles des croyances relatives à la santé ; modèle dynamique de la motivation, techniques d’écoute active, gestion des émotions, introduction à l’entretien motivationnel) permettant d’approcher les citoyens rencontrés selon une perspective de promotion de la santé (Citoyen acteur et partenaire de santé – Position active du patient – Vision positive de la santé – Soutien à l’autonomie des personnes dans la prise de décision – Approche globale de la personne). Le lien entre les techniques et méthodes et les principes clés de promotion de la santé étaient systématiquement expliqués aux participants.

Différentes ressources ont également été présentées et renseignées aux participants, notamment pour resituer de manière plus globale la question de la gestion de la crise sanitaire sous l’angle de la promotion de la santé9,10.

En fin de formation, les participants se sont vus remettre un document reprenant des expressions types, extraites des épreuves de simulation et de leur débriefing, à utiliser de manière souple lors de leur visite au domicile (voir encadré).

Chaque agent de suivi des contacts s’est vu proposer 2 séances d’accompagnement, soit un total de 8 séances pour l’ensemble de la population considérée : l’une introduisant les méthodes et techniques renseignées ci-dessus et une seconde permettant leur approfondissement, toujours grâce à la mise en pratique par la simulation.

Evaluations et apprentissages

Pour évaluer le dispositif, différentes sources d’information ont été utilisées. D’une part, il s’agit des échanges réalisés pendant les séances d’accompagnement avec les agents, les débriefings entre les équipes de Solidaris et du DSSP. D’autre part, les informations issues de deux outils permettant une collecte des données plus systématiques auprès des participants complètent l’évaluation : une enquête de satisfaction appelant les participants à se positionner sur la plus-value du dispositif, le potentiel de transfert dans leur pratique, les éléments appréciés et ceux à ajuster ; une enquête avant/après formation cherchant à mesurer le sentiment d’efficacité des agents dans l’engagement des citoyens dans le suivi des contacts.

Ne s’agissant pas d’un article de recherche original au sens strict du terme, nous discutons ci-après quelques apprentissages transversaux issus de ce travail et des informations collectées.  

Une réception favorable  et un besoin d’accompagnement

Même si l’arrivée tardive du dispositif a été dénoncée, les participants se sont montrés très enthousiastes et satisfaits de leur participation aux séances d’accompagnement. La Figure 1 reprend quelques données de satisfaction des participants à l’issue du 1er module d’entrainement. Les résultats suggèrent une haute satisfaction des participants. S’ils ont eu du plaisir à participer, ce sont surtout les deux indicateurs de découverte de nouveaux outils et du transfert dans la pratique qui doivent rassurer sur l’intérêt de la formation en réponse à un besoin d’accompagnement des agents.

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Figure 1

Le besoin de se confronter, d’échanger sur leurs pratiques est ressorti comme élément central des enquêtes de satisfaction. La simulation s’est révélée être une stratégie de 1er choix pour soutenir cet échange d’expériences. Deux conditions d’apprentissage centrales véhiculées par la simulation (en particulier lors des débriefings) nous paraissent fondamentales vis-à-vis de la thématique abordée : l’interaction entre pairs comme source d’apprentissage et l’exercice de métacognition (entendue comme l’exercice de jugement, analyse et régulation effectué par un apprenant sur ses propres performances11). Dans ces conditions, l’expert en contenu (ici d’éducation et promotion de la santé) prend un rôle de facilitateur des échanges, en préparant les scénarios de simulation selon des objectifs pédagogiques précis, et en donnant le rythme des échanges avec une distribution de la parole et quelques interventions plus ponctuelles pour consolider les acquis des participants par l’introduction de quelques repères plus théoriques. Ce dernier point permet de valider les stratégies mobilisées par les agents en les inscrivant dans des stratégies éprouvées de promotion de la santé.

Ainsi, la simulation crée un espace sécurisé permettant aux participants d’échanger librement et de manière structurée sur leurs expériences de suivi des contacts. Il s’agit également d’une réponse opérationnelle aux recommandations, notamment du CDC, qui situent les échanges d’expériences au cœur du renforcement de compétences des agents sans véritablement préciser comment les organiser.

Les participants ont également demandé à poursuivre le travail d’échange pour aborder d’autres situations complexes rencontrées sur le terrain, notamment face à des individus agressifs ou pour faire face aux émotions générées par certaines situations.

Travailler l’engagement de la personne avant le suivi des contacts

Les agents de suivi se sont révélés assez rapidement bien préparés pour faciliter l’élicitation des contacts par la population. Les scripts dont ils disposent offrent des méthodes permettant de structurer le rappel des évènements vécus par la personne et des contacts réalisés pendant une période donnée. La plus grosse difficulté identifiée concerne bien la motivation ou les réticences des personnes positives à communiquer leurs contacts. C’est ici qu’intervient toute la subtilité des stratégies de promotion de la santé. Le suivi des contacts peut en effet se réaliser selon plusieurs perspectives : d’une vision très contraignante, persuasive, à une vision respectant davantage l’autonomie de la personne.

Inscrite dans une approche de promotion de la santé, notre vision et proposition d’accompagnement se situe davantage dans la deuxième perspective visant à conférer aux personnes les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur santé individuelle et collective. Les techniques et méthodes présentées aux participants ont été considérées comme très utiles et autant de ressources à mobiliser par les participants. Ces derniers étaient généralement peu familiers avec les théories évoquées. A titre d’exemple, voici quelques éléments qui ont particulièrement émané des discussions du groupe : se présenter de manière professionnelle aux personnes et rappeler le sens de la visite en mots simples et accessibles ; développer un panel de stratégies pour lever les résistances à énumérer ses contacts ; aborder le sujet de la vaccination tout en restant dans son rôle d’agent. Ce dernier point quant à la posture à adopter est un élément qui nous parait fondamental à travailler dans ce type d’accompagnement.

Les participants ont finalement émis le souhait de disposer d’informations actualisées sur les questions de vaccination, du suivi administratif et financier pour les personnes mises en quarantaine et de la manière de gérer les refus de collaboration.

Renforcer les compétences des agents: une approche nécessaire mais non suffisante

Un point saillant qui ressort de nos résultats et réflexions est relatif au positionnement des agents et leur limite d’action dans le cadre du suivi des contacts.

Ces constats questionnent les limites du pouvoir d’agir de la part des agents de suivi. Un point important discuté pendant les séances est celui d’accepter le refus de collaboration ou l’obtention d’une information partielle de la population. Ceci rappelle que les acteurs engagés dans l’éducation en santé n’ont qu’un rôle limité sur les changements de comportements attendus. C’est toute la difficulté de la promotion de la santé qui crée des opportunités sans assurer que cela se traduise en transformations du comportement.

Cela rappelle également la nécessité de travailler sur les environnements dans lesquels évoluent les personnes. D’ailleurs, les recommandations du CDC12 appellent aux campagnes de promotion du suivi des contacts dans la population générale et le plus tôt possible en amont du testing afin de promouvoir une image positive du travail effectué et préparer la population à la visite de ces agents en cas de positivité.

Cet aspect plurifactoriel de compréhension des comportements humains et des interventions destinées à les modifier renvoient également à la complexité d’évaluation des stratégies d’éducation en santé. Si le dispositif exposé dans le cadre de cette étude vise à améliorer l’efficacité du suivi des contacts par l’augmentation du nombre moyen de cas rapportés par les citoyens, tenter d’évaluer notre intervention sur base de cet indicateur nous semble nier  le contexte environnemental peu propice à l’élicitation des contacts. L’OMS parle à juste titre d’une fatigue pandémique13 qui désigne le ras-le-bol général de la population vis-à-vis des mesures sanitaires. Aussi, dans cette étude en particulier, nous avons préféré porter le dispositif d’évaluation sur le sentiment d’efficacité des agents dans les stratégies d’engagement des citoyens utilisées (Figure 2). Nous avons en effet décidé d’orienter l’évaluation sur des aspects pédagogiques plutôt que sur des aspects d’impact, compte tenu des raisons évoquées ci-avant. Le sentiment d’efficacité est par ailleurs reconnu comme un élément déterminant majeur de l’engagement à la tâche. Le suivi du sentiment d’efficacité entre le début et la fin de la formation (évalué à partir de 22 sujets) montre d’ailleurs une évolution sur l’ensemble des indicateurs retenus (les participants devaient situer leur sentiment d’efficacité sur une échelle de 0 à 7 pour chacun des items). Globalement, le sentiment d’efficacité a augmenté de 1,3 points, ce qui est loin d’être négligeable et contribue à appuyer la pertinence de la formation.

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Figure 2

Ces éléments d’évaluation d’efficacité de son action ont été largement discutés dans les groupes permettant aux participants d’échanger sur la posture éducative attendue. L’introduction de balises éthiques dans la discussion a permis de faciliter le débat autour des questions d’autonomie dans la prise de décision et d’absence de jugements de valeur par rapport aux comportements des citoyens. Ceci a permis de clarifier avec les participants que le suivi des contacts n’est pas l’ultime et unique solution, et d’accepter les refus et les informations même partielles provenant des citoyens.

Conclusion

Cette étude propose d’envisager un des piliers des mesures préventives dans la lutte contre le Covid 19 – le suivi des contacts – selon une perspective de promotion de la santé. Nous faisons une proposition et une discussion cohérentes d’un dispositif d’accompagnement des agents de suivi sur les aspects d’objectifs poursuivis, de méthodes utilisées, de contenus abordés et d’évaluation selon une logique de promotion de la santé. Ce document ouvre finalement la voie pour réinterroger une série d’actions brèves menées auprès des citoyens en matière de santé selon cette même logique de promotion.

Références

  1. World Health Organization [WHO]. 2019 Novel Coronavirus (2019 nCoV): Strategic preparedness and response plan. Geneva: WHO,2020. Available from: https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/srp-04022020.pdf. Accessed on September 15, 2021.
  2. J Public Health Manag Pract, 2021;27(1), COVID-19 and Public Health: Looking Back, Moving Forward:S87-S97. doi: 10.1097/PHH.0000000000001290.
  3. Lewis S. Where covid contact-tracing went wrong. Nature,2020,588:384-388.
  4. Megnin-Viggars O, Carter P, Melendez-Torres GJ, Weston D, James Rubin G. Facilitators and barriers to engagement with contact tracing during infectious disease outbreaks : A rapid review of the evidence. Plos One,2020,15(10):e0241473
  5. Michie S, Rubin GJ, Amlot R. Behavioural science must be at the heart of the public health response to Covid-19. 2020. Available at: https://blogs.bmj.com/bmj/2020/02/28/behavioural-science-must-be-at-the-heart-of-the-public-health-response-to-covid-19/ Accessed on August 3, 2020.
  6. Van den Broucke S. Why health promotion matters to the COVID-19 pandemic, and vice versa. Health Promot Int. 2020;35:181-186. doi:10.1093/heapro/daaa042.
  7. Shelby T, Hennein R, Schenck C, Clark K, Meyer AJ, Goodwin J, et al. Implementation of a volunteer contact tracing program for COVID-19 in the United States: A qualitative focus group study. Plos One,2021;16(5):e0251033.
  8. Rolland Viau, La Motivation en contexte scolaire, Éditions De Boeck, Bruxelles, 2009
  9. Petre B, Margat A, Guillaume M et Gagnayre R. Et s’il était temps de croire en la capacité des citoyens à s’investir dans les questions de santé ? Education Santé,2020;368:7-10.
  10. Van den Broucke S. Une perspective de promotion de la santé à la réponse à la COVID-19. Education Santé 2020,368:19-23.
  11. Leclerq D, Poumay M. Une définition opérationnelle de la métacognition et ses mises en œuvre. 21ème congrès de l’Association internationale de pédagogie universitaire. Marrakech 2004.
  12. CDC. COVID-19 Case Investigation and Contact Tracing CDC’s Role and Approach. 2021. https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/downloads/php/contact-tracing-CDC-role-and-approach.pdf?v=1 Accessed on September 15, 2021.
  13. WHO Regional Office for Europe. Pandemic fatigue: reinvigorating the public to prevent COVID-19. Policy framework for supporting pandemic prevention and management. Copenhagen; 2020. Available from: https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/335820/WHO- EURO-2020-1160-40906-55390-eng.pdf. Accessed on December 20, 2020.
a disabled senior man in wheelchair indoors playing with a pet dog at home.

Handicap : un projet d’habitat solidaire et inclusif

Le 21 Oct 21

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Un nouveau projet d’Habitat Solidaire et Inclusif voit le jour à Schaerbeek, Square Riga. Ce projet s’inscrit dans l’esprit et les méthodes de promotion de la santé. Benoît Gérard, directeur de Riga Solidaire et Inclusif asbl, nous dévoile ce projet…

a disabled senior man in wheelchair indoors playing with a pet dog at home.

Le projet en quelques mots

L’Habitat Solidaire et Inclusif RIGA est un projet pilote d’habitat inclusif, c’est-à-dire : « un lieu de vie qui rassemble des personnes handicapées et des personnes valides, dans une optique d’accessibilité, de mixité sociale, de solidarité et de réciprocité » (Décret Inclusion Bruxellois 2014). On parle ici d’un immeuble rénové comprenant 27 logements, qui se situe sur le Square Riga, au cœur du quartier Helmet-Hamoir à Schaerbeek. Dans l’immeuble, 14 logements sont adaptés aux personnes à mobilité réduite. On trouve une salle communautaire au rez de chaussée. Au total, 85 personnes y habiteront, dont 23 personnes vivant différentes situations de handicap. Si les formes de handicap sont diverses, le projet met un accent particulier sur le handicap physique et le handicap de grande dépendance. Les personnes en situation de handicap vivront, comme les autres, dans leur appartement en studio, avec leur famille ou en colocation et auront autour d’elles des voisins solidaires. Toutes ces personnes ont donc choisi de vivre une expérience solidaire tout en habitant dans leur propre logement en relative autonomie. Dans une optique de réciprocité, les échanges et l’entraide entre personnes plus et moins valides seront favorisés, à l’intérieur comme à l’extérieur du bâtiment.

Une équipe travaillera sur place et formera ce qu’on appelle un « Service Logement Inclusif ». Notre travail visera l’épanouissement, l’inclusion et le soutien à l’autonomie des personnes en situation de handicap. Le service assurera des missions d’aide à la vie journalière, d’accompagnement, d’animation de la dynamique collective, de mise en lien avec le quartier et de la sensibilisation à l’inclusion.

Les appartements sont mis en location par une agence sociale immobilière, les habitant.es en situation de handicap bénéficient donc de loyers réduits et, dans la mesure du possible, d’un logement adapté à leurs besoins.

La genèse du projet

Le projet d’Habitat Solidaire et Inclusif RIGA est né d’un heureux concours de circonstances qui a donné lieu à un partenariat public privé. Au départ, la commune de Schaerbeek identifia une opportunité de soutenir la mise en place d’appartements adaptés quand le promoteur immobilier est venu se présenter. Des contacts ont ensuite été pris avec le service Phare (Cocof) qui a marqué son intérêt pour un nouveau projet inclusif en s’alignant ainsi sur le Décret Inclusion et les demandes qui lui parvenaient. Par la suite l’Agence Sociale Immobilière de Schaerbeek a rejoint la collaboration. L’asbl Les Tof Services a finalement été sélectionnée pour porter le projet. Dans notre recherche de fonds, nous avons pu compter sur l’aide de la Fondation Roi Baudouin et de Cap 48. Entre temps, le projet a mûri et une nouvelle asbl a été créée.

Intégrer la promotion de la santé dans le domaine du handicap : comment et pourquoi ?

L’approche de la promotion de la santé étant dans l’ADN de l’équipe des Tof Services qui a lancé le projet, c’est directement apparu comme une évidence ! Le projet vise l’inclusion et l’épanouissement des habitants et habitantes et touche ainsi à plusieurs déterminants de la santé.

En soi, l’inclusion est un déterminant de la santé. Quand on a sa place dans la société et que l’on est reconnu, cela impacte positivement notre épanouissement et notre santé mentale.Les facteurs qui influencent l’inclusion des personnes en situation de handicap sont multiples: le manque de place dans les lieux d’accueil, l’institutionnalisation, le niveau d’accessibilité et d’adaptation de la société, le niveau de connaissance et de sensibilisation, le regard de la communauté, l’implication et le degré de participation de tous, l’organisation des soins, le temps et l’énergie disponibles de la part des aidants proches et professionnel.les de l’accompagnement, la reconnaissance et la valorisation du statut d’aidant proche, l’existence d’aide financière, l’existence de réseau d’aide et de soin, etc.

C’est pourquoi il est indispensable d’aborder la question du handicap dans sa globalité. Le lien social est un enjeu essentiel pour les personnes en situation de handicap, qui sont encore trop souvent isolées socialement. Les dimensions sociales et psychiques sont indissociables du handicap qu’il soit physique ou mental. Il en va de même pour les familles des personnes en situation de handicap qui se retrouvent aussi trop souvent isolées socialement, parfois dans l’incapacité de travailler ou faisant face à la méconnaissance du sujet, à la crainte du handicap voire à de la stigmatisation. Le lien social est ici un élément clé car il permet de déconstruire les préjugés. C’est pourquoi nous voyons notre salle communautaire comme un outil d’inclusion. On peut y inviter le quartier et le quartier peut y organiser des activités.

Et puis nous promouvons une vision positive du handicap. On part du principe que chaque individu a de la valeur et des ressources à partager. Valorisons les capacités, les ressources et les compétences plutôt que regarder les déficiences.

Chaque personne a la même valeur et a des choses à partager avec d’autres : une chanson, une idée de recette, un film qu’il a aimé. On peut par exemple être porteur d’un handicap moteur et coordonner l’organisation d’un évènement ou faire du soutien scolaire, être en situation de grande dépendance physique et apprendre le français à sa voisine. C’est la question de la valorisation qui renvoie à la vision positive de la santé.

Agir sur des déterminants de la santé, concrètement

Prenons un exemple :

Une maman solo a des problèmes de dos car elle doit porter son enfant polyhandicapé de 15 ans sur 3 étages. Il y a de l’humidité dans le logement. Son fils développe des problèmes respiratoires. La maman culpabilise. Les voisins se plaignent du bruit occasionné par les déplacements dans la cage d’escalier et par la place que prend la chaise roulante dans le hall. La relation devient tendue. Elle sort moins car cela l’épuise physiquement. Son logement ne lui convient pas. Elle ne trouve pas de logement adapté malgré ses nombreuses recherches. Elle se décourage. Elle aimerait pouvoir prendre un peu soin d’elle à l’occasion mais avec le temps son réseau social s’est érodé. De plus, elle gagne moins d’argent depuis qu’elle a décidé de diminuer nettement son temps de travail pour s’occuper de son fils pour lequel elle ne trouve pas de solution d’accueil adaptée. Madame se retrouve en situation de grande dépendance.  

Par l’intervention de plusieurs partenaires, ce type de projet peut répondre à plusieurs difficultés que rencontre cette maman.  Le logement est rénové et adapté au handicap de son fils, et elle bénéficie d’aide sur place et d’un loyer réduit. On agit donc sur les conditions de logement. 

La présence d’un service et de voisins solidaires peut aussi fournir une aide précieuse, comme par exemple au moment de la toilette ou pour garder son fils pendant 2 heures. Avec ce soutien, elle se sent moins seule car elle est plus flexible et peut aller boire un café en bas avec des voisins plusieurs fois par semaine.

Pour commencer, le projet vise donc l’accessibilité et  l’adaptation du bâtiment, des appartements et de l’environnement physique du quartier : plaine de jeu, commerces du quartier, largeur et surface des trottoirs suffisantes, longueur de traversées, arrêts de tram… tout doit être accessible à tous et toutes.

Cela nous mène au lien avec l’élaboration de politiques publiques favorables à la santé. En santé, on parle d’intégrer la santé dans toutes les politiques. C’est par exemple le cas pour les domaines tels que la mobilité, la culture, l’activité économique, etc.  Pour nous, le handicap doit faire l’objet de la même attention ! C’est pourquoi nous avons rencontré plusieurs échevins et rejoint la Commission Consultative Communale sur la Personne Handicapée.

Quand on parle d’inclusion sociale, on parle aussi forcément de liens avec le quartier. Un projet inclusif doit dépasser les murs du bâtiment pour prendre en compte la dimension sociétale et communautaire de l’inclusion ! Le Décret Inclusion indique d’ailleurs cette voie. C’est la raison pour laquelle notre projet comprend un axe communautaire assez marqué. L’approche communautaire est intéressante en termes de forces vives, mais elle est aussi porteuse de sensibilisation et d’impact positif sur la santé mentale. Evidemment qui dit communautaire dit aussi réseau.

Nous avons rencontré plusieurs acteurs du quartier et commençons nos premières collaborations. L’échange de savoirs pourrait se faire à plus grande échelle. Tous les acteurs associatifs et citoyens ont à gagner quand un nouvel acteur apparaît dans le paysage. Le développement d’un réseau communautaire bénéficie à toutes et tous. Plus tard, nous espérons que le projet occupera une place complémentaire à ce qui existe déjà.

La place de la participation dans le projet

Le principe de base c’est que chaque habitant et habitante ait une place à prendre dans le projet. Puisque la participation est un vecteur et un moteur d’inclusion et de santé mentale, cela nous parait essentiel.

En général, les projets inclusifs viennent souvent d’initiatives de parents de personnes handicapées. Le projet Riga est quant à lui porté par des professionnels et initié par un pouvoir public. Cela colore sans doute les choses puisque nous restons maîtres à certains niveaux et offrons aussi un cadre. La participation de tous et toutes a immédiatement été présentée comme une composante incontournable au projet (en tenant toutefois compte des limites de chacun), cela était pour nous une condition nécessaire à son fonctionnement. La motivation des habitants à passer du temps ensemble et à développer des relations d’entraide a donc été un point d’attention dès le départ. Un temps minimal par ménage sera consacré à la dynamique solidaire, en ce compris une rencontre mensuelle des habitants. En rentrant dans l’habitat, chaque habitant signera une charte de participation qui vient confirmer des engagements et ancrer des balises participatives annoncées dès le départ.

Le projet s’est construit par des rencontres et échanges avec les habitants et habitantes au travers desquelles leurs besoins et ressources ont été récoltés. Ce travail exploratoire a permis de construire une charte de valeurs communes et de poser quelques balises de la vie en communauté, comme les valeurs de respect, l’altérité. Nous avons donc pu identifier des attentes récurrentes vis-à-vis du collectif ce qui nous permet aujourd’hui de faire correspondre les demandes entendues avec les ressources disponibles, et ainsi de mettre en place les premiers projets collectifs : l’aide solidaire à la cuisine et à l’alimentation, et  le soutien scolaire.

Malgré la difficulté d’organiser des rencontres dans le contexte sanitaire, nous avons pu impliquer chaque adulte et même quelques enfants. Aussi, l’analyse approfondie des demandes individuelles a été essentielle pour nous permettre de construire les missions et horaires de l’équipe du Service Logement Inclusif.

Quelques activités extérieures ont pu être réalisées en petit comité pour permettre aux futurs habitants de se rencontrer et découvrir le quartier, mais la dynamique collective prend réellement forme maintenant que le groupe est stabilisé et que l’emménagement est imminent (fin 2021).

Enfin, nous avons prévus des mécanismes de co-évaluation de notre service et de co-construction des projets d’accompagnements des personnes en situation de handicap. De manière plus structurelle, nous allons soutenir le lancement d’un comité des usagers qui siègera à l’assemblée générale de l’asbl. Sur le plan communautaire, nous souhaitons soutenir la participation de tous et toutes aux activités réalisées dans le quartier et favoriser la participation des personnes en situation de handicap au comité de quartier.  

Aujourd’hui, il reste à donner pleinement vie à la dimension participative de notre projet et à voir jusqu’où elle peut aller. Il ne suffit pas de montrer de l’ouverture, encore faut-il que les personnes se sentent concernées, motivées et mobilisées, qu’elles aient de l’énergie et que les systèmes de communication soient adaptés.

Et si vous deviez expliquer l’inclusion ?

Avec mes mots : L’inclusion est un concept relativement récent qui, contrairement à celui « d’intégration », vise un processus dans lequel on agit sur la société et ses normes pour faire tomber les obstacles qui provoquent les situations de handicap. L’inclusion est atteinte quand les conditions sont prévues dès le départ pour que chaque personne ait sa place dans la société. Inclure c’est faire tomber les obstacles afin que chacun.e puisse participer pleinement comme citoyen.ne, travailleur.euse, consommateur.trice. Autrement dit qu’il ou elle ait la possibilité d’être acteur.trice dans tous les domaines de la vie. L’inclusion est un concept relativement récent qui permet de prendre un peu de hauteur par rapport au concept d’intégration qui ne prenait pas tellement en compte cette question des conditions de base.

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BeOH: le réseau belge One Health

Le 27 Sep 21

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Le concept « One Health » (aussi appelé « One World One Health ») trouve son origine dans les réflexions internationales engendrées à la suite des épidémies du début du 21ème siècle à propos des liens entre santé humaine, santé animale et écosystèmes dans la transmission des maladies parmi les humains, les animaux domestiques et la faune. Il a été approuvé en 2008 par de nombreuses organisations internationales dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le programme des nations unies pour l’environnement (UNEP) et la Banque mondiale.

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Elargi à l’ensemble des politiques de santé, ce concept définit une approche intégrée de la santé, centrée sur les interactions entre les animaux, les végétaux, les humains et leurs environnements. Elle synthétise en quelques mots une notion connue depuis plus d’un siècle : la santé humaine, la santé animale et la santé des plantes sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent. Une politique sanitaire ne peut se résumer à une approche strictement biomédicale mais doit inclure l’ensemble des déterminants de la santé ainsi que les interactions entre ces différents déterminants.

Par exemple, une stratégie de lutte contre les pandémies ne doit pas se focaliser uniquement sur des mesures biomédicales préventives (désinfection) et curatives (vaccin) mais doit aussi s’attaquer aux facteurs menant à la propagation de maladies animales à l’homme et à leurs disséminations, comme :

  • la destruction des habitats naturels, qui augmente les contacts avec la faune sauvage ;
  • les conditions d’élevage intensives ;
  • les échanges internationaux permettant la dissémination des agents infectieux…

Cette approche encourage les collaborations, les synergies et l’enrichissement mutuel de l’ensemble des acteurs dont les activités peuvent avoir un impact sur la santé. Le but est d’atteindre une santé optimale pour les humains, les animaux et l’environnement.

Le concept « One Health » au cœur de la politique du SPF Santé

En Belgique, le concept « One Health » a été adopté par le Service public fédéral (SPF)  Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement.

Depuis 2001, l’administration fédérale de la santé est en charge des « 4 piliers de la santé » : la santé des humains, de l’environnement, des animaux, et des végétaux (y compris la sécurité alimentaire). Le SPF Santé est organisé en directions générales distinctes, mais une équipe « One World One Health » coordonne des projets transversaux. Ceux-ci se caractérisent par une approche multisectorielle de la santé via ses différents piliers et en incluant d’autres enjeux tels que les préoccupations socio-économiques.

Cette approche nécessite de collaborer avec les autres administrations fédérales, les entités fédérées et les organisations internationales (Nations-Unies, Union européenne, OIE, OMS, COP, etc.). Le SPF Santé s’engage également dans une démarche prospective et scientifique afin d’identifier les mégatendances impactant nos projets, les potentiels risques futurs, et d’établir des stratégies basées sur les preuves scientifiques.

3 projets en cours

La lutte contre la résistance antimicrobienne

de nombreux patients, humains et animaux, sont infectés par des microorganismes (principalement des bactéries) résistants aux antimicrobiens (principalement des antibiotiques). En Belgique, cela coûte 24 millions d’euros par an et 76 586 jours d’hospitalisation supplémentaire.  Le SPF Santé coordonne un plan national intersectoriel axé sur la disponibilité et l’utilisation responsable des antimicrobiens, sur l’établissement d’un réseau capable de prévenir et de détecter rapidement les cas de résistances antimicrobiennes et de pouvoir y répondre, ainsi que sur l’utilisation des connaissances scientifiques disponibles. 

Les inégalités en matière de santé 

les inégalités sociales sont multiples et d’origine très différentes : conditions de vie inégales (ex : logement), conditions de travail, d’éducation, style de vie… Ces facteurs ne relèvent pas du secteur de la santé mais impactent notre état de santé et mènent à des écarts de plus de 10 ans d’espérance de vie entre les profils socio-économiques les plus faibles et les plus hauts. Pour réduire ces inégalités, le SPF Santé propose des actions pouvant être menées dans tous les secteurs et filières politiques au niveau fédéral, régional et communautaire. Par exemple, le SPF Santé est en train de construire un réseau de collaborateurs inter-SPFs et un outil d’évaluation de projet qui ont tous deux pour finalité d’amener les fonctionnaires à construire des projets où l’on s’assure que les citoyens les plus précarisés puissent au moins autant bénéficier d’un nouveau droit que les autres, ce qui implique notamment de veiller à ce que l’information leur arrive, qu’elle leur soient compréhensible, que la procédure administrative soit facilitée voire accompagnée, et idéalement que les bénéfices soit proportionnels au niveau de précarité.

Vers un système alimentaire durable

notre société doit changer la façon dont nous produisons et consommons notre alimentation pour répondre aux enjeux environnementaux (réchauffement climatique, perte de biodiversité, durabilité des ressources pour les générations à venir) et de santé. Le SPF Santé a lancé un projet de réflexion sur les chemins de transition qui permettraient d’améliorer la santé humaine, d’assurer la sécurité alimentaire et de réduire les impacts négatifs de nos modes alimentaires sur l’environnement. Ce projet nécessite de mettre autour de la table beaucoup d’acteurs et de secteurs différents afin de développer une approche commune et acceptée par tous.

Le réseau belge “One Health” (Belgian One Health Network)

beoh

Le réseau BeOH a pour objectif de rassembler un ensemble d’expertises belges dans les domaines de la santé humaine et animale, l’environnement/nature/biodiversité, les sciences économiques et sociales, ou encore les sciences humaines comme l’anthropologie. Le concept « One Health » nécessite en effet de rassembler les initiatives et organisations citoyennes, scientifiques, et politiques afin d’opérationnaliser des approches intégrées, efficientes, et durables de la santé humaine, animale, végétale, et environnementale qui prennent en compte d’autres secteurs ainsi que les tendances mondiales. Le réseau BeOH permet de faciliter les collaborations et de soutenir les actions et communications de ses membres.  

Le réseau BeOH a été lancé en 2019. Cette année, le 23 novembre 2021, BeOH organise une conférence afin de travailler au développement d’une perspective « One Health » sur le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal de l’UE). Les discussions porteront sur le soutien que notre pays peut apporter à certains plans d’actions et stratégies du Pacte vert via une approche « One Health ». Quatre thèmes seront particulièrement abordés : l’économie circulaire, la biodiversité, la transition vers un système agro-alimentaire durable et la réponse aux changements climatiques. 

Pour conclure, le concept One Health nait d’un constat que de nombreux problèmes de santé sont ancrés dans des chaines de réactions qui dépassent la capacité de comprendre et de répondre d’une seule profession de santé, d’un seul niveau de pouvoir, et d’un seul secteur. L’enjeu et le défi principal est d’arriver à collaborer (par exemple, entre ministres et entre niveaux de pouvoir), c’est-à-dire vouloir collaborer, savoir avec qui collaborer (y compris les nombreux acteurs du terrain), et être capable de collaborer (en instaurant une gouvernance participative et en allouant du temps de travail pour se rencontrer). C’est ce à quoi travaillent le SPF Santé, le réseau BeOH, et nombreux acteurs locaux et internationaux.

World Global Ecology International Meeting Learning Concept

Le Certificat d’université en santé environnementale – approche écosystémique (ULiège)

Le 30 Sep 21

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C’est au début du siècle que l’initiative One Health a émergé. Cela veut dire une seule santé.

Au cours du temps, l’hyperspécialisation en tout genre, y compris médicale, a généré petit à petit une fragmentation des concepts, une séparation des disciplines de santé que ce soit humaine ou animale. Pourtant plus de la moitié des maladies humaines infectieuses connues ont une origine animale. Les zoonoses se transmettent des animaux à l’homme, et vice versa. Les pathogènes en cause peuvent être des bactéries, des virus ou des parasites. La transmission de ces maladies se fait soit directement, lors d’un contact entre un animal et un être humain, soit indirectement par voie alimentaire ou par l’intermédiaire d’un vecteur, un insecte par exemple. Ce genre de maladie peut être favorisé par des déséquilibres écologiques et/ou climatiques qui vont favoriser la multiplication d’un vecteur ou une résistance accrue du germe dans certaines conditions.

Rien de plus illustratif que la crise du Covid-19 que nous traversons, un virus qui s’est répandu rapidement sur toute la surface du globe et dont on soupçonne l’évolution passée par le règne animal.

De nombreuses études soulignent l’impact majeur de l’environnement sur la santé humaine. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 20% de tous les décès humains seraient attribuables aux facteurs environnementaux. Vu l’extrême complexité et diversité de ces facteurs et de leurs effets, les organisations sanitaires internationales et fédérales insistent sur l’importance de former les professionnels impliqués dans les secteurs de la santé publique, santé animale, santé végétale et de l’environnement. Ces différents secteurs sont en effet intimement liés et restent trop souvent gérés distinctement. L’appel à une intégration des disciplines scientifiques et à une collaboration intersectorielle dans la santé, alors comprise au sens large, constitue le cœur des approches promues sous les concepts One Health et EcoHealth, ou approches écosystémiques de la santé. Selon ces concepts, une aptitude à la pensée systémique doit être acquise par différents professionnels de la santé pour tenir compte des effets de feedbacks : effets de l’homme sur son environnement et effets de cet environnement sur la santé humaine.

L’objectif de cette formation est l’acquisition de compétences permettant d’identifier, évaluer, prévenir et répondre adéquatement aux risques pour la santé d’origine environnementale, reliés à des menaces, des contaminants et des nuisances de nature biologique, chimique ou physique. S’adressant à une diversité de professionnels de la santé, cet objectif s’intègre parfaitement dans l’approche One Health et EcoHealth, actuellement prônée par l’OMS, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), la Convention pour la Diversité Biologique (CBD) et le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE).

Cette approche est soutenue par la co-organisation de cette formation avec la Haute Ecole Robert Schuman de Libramont, la Faculté de Médecine Vétérinaire et la Faculté de Médecine de l’Université de Liège.

A l’issue de ce certificat, l’apprenant doit être capable de mobiliser un corpus de savoirs lui permettant d’identifier les atteintes de santé dues aux expositions environnementales et d’appréhender la santé dans une approche écosystémique, de mettre en œuvre des actions appropriées pour prévenir et/ou résoudre un problème de santé environnementale.

L’apprentissage vise aussi les stratégies de communication pour permettre de sensibiliser efficacement sur les risques lors d’un colloque singulier, dans des relations interpersonnelles, mais aussi lors d’échanges d’informations avec des collègues, d’autres praticiens, décideurs, groupes d’intérêt, publics, etc. notamment par l’intermédiaire des médias (radio, télévision, Internet, presse) et conférences.

Une autre compétence amenée par le certificat est la capacité d’articuler les concepts de base de la santé publique, animale et environnementale afin d’assurer la compréhension de leur valeur et de leur importance lors d’un colloque singulier ou lors d’échange collectif, d’éduquer efficacement l’individu/groupes d’individus sur les questions de santé environnementale et à l’approche écosystémique de la santé. Cela passe aussi par la création de partenariats et d’alliances avec d’autres personnes et organisations afin d’apporter une plus-value en matière de santé environnementale, et donc développer des réseaux interdisciplinaires.

L’approche écosystémique est une méthode de gestion globale du sol, de l’eau et des ressources vivantes qui sont intégrées pour favoriser la conservation et l’utilisation durable et soutenable des ressources naturelles, afin de respecter les interactions dans les écosystèmes dont l’être humain dépend. En résumé, toutes les parties d’un écosystème sont liées, il faut donc tenir compte de chacune d’entre elles. Cela prend en compte l’impact des activités humaines ou des transformations naturelles de l’environnement sur leur écosystème et les répercussions qui s’ensuivent sur leur santé.

C’est justement cette approche globale qui est mise en avant et promue par le certificat en « Santé environnementale – approche écosystémique » organisé par l’Université de Liège. Les professeurs intervenants sont des médecins, des vétérinaires, toxicologues, climatologues et océanologues…
La crise du Covid-19 a forcé l’adaptation de certains enseignements à distance et nous espérons pouvoir conserver l’expérience acquise en distanciel pour une partie des enseignements à dispenser.

Nous clôturons actuellement la troisième édition, le nombre de participants augmente d’année en année. Comme évoqué, la situation sanitaire actuelle ne fait que nous rappeler l’importance à redonner à la protection de l’environnement et à la vision globale.

Plus d’informations sur le certificat proposé par l’ULiège, rendez-vous sur https://www.programmes.uliege.be/cocoon/20212022/formations/bref/MYCUSE90.html

multicultural friends covered by face masks taking a selfie outdoor new normal friendship concept with young people smiling and having fun bright filter

Kot’Vid Friendly

Le 24 Août 21

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On a beaucoup entendu parler « des jeunes » durant la crise sanitaire qui a frappé notre pays. Pendant que d’aucuns les accusaient de négliger les précautions sanitaires et de participer à la propagation du virus, de nombreux professionnels travaillant avec ces publics n’ont pas tardé à pointer le manque de communication adaptée à leur égard et se sont alarmés des conséquences désastreuses de la réduction drastique de leur vie sociale et académique sur leur santé mentale. Marie-Marie van der Rest, chargée de communication chez Univers santé, a accepté de revenir avec nous sur la campagne Kot’Vid Friendly, à destination du public étudiant, née dans cette période si particulière.

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Genèse du projet : se réinventer en temps de Covid

Lorsque le premier confinement a été annoncé au printemps 2020, face à la soudaineté de la situation,  l’association a dans un premier temps relayé les recommandations officielles des autorités. En parallèle, elle a continué à travailler ses thématiques d’actions habituelles, mais sous l’angle de la Covid-19 et du confinement. Par exemple, en abordant des questions telles que « comment maintenir une activité physique», «comment maintenir ses relations malgré la distance » ou encore, en faisant de la prévention en matière d’assuétudes. Si, à la faveur du déconfinement, les étudiant·e·s ont pu se retrouver à la rentrée, le spectre de la seconde vague s’est rapidement fait sentir.

À cette époque, le Service d’aide aux étudiant·e·s de l’UCLouvain recevait de nombreuses interrogations concernant la mise en quarantaine. L’équipe professionnelle constatait que, si beaucoup d’étudiant·e·s cherchaient à se faire tester pour continuer à assister aux cours et maintenir – autant que faire se peut – une vie sociale, de nombreux malentendus subsistaient quant à la quarantaine, d’autant que les règles évoluaient sans cesse en fonction de la situation sanitaire.

En octobre, en collaboration avec l’UCLouvain, Univers santé a donc imaginé un arbre décisionnel. L’objectif était de rassembler les informations et recommandations officielles, dans un même support de communication visuel, accessible et adapté aux jeunes. Edité sous forme de flyer, le verso répondait à des questions fréquemment abordées telles que « qu’est-ce qu’une bonne mise en quarantaine ? » mais également à des situations plus spécifiques telles que « que dois-je faire si mon co-koteur est malade ? », « cela signifie-t-il que je suis ‘cas contact’ ? »… Les retours sur cet arbre décisionnel se sont montrés très positifs et ont appuyé la nécessité de travailler sur une communication adaptée aux étudiant·e·s dans le cadre de la crise sanitaire. Ainsi a émergé l’idée de créer une campagne collaborative spécifique à ce public : la campagne Kot’Vid Friendly1 .

La campagne Kot’Vid Friendly

Les étudiant·e·s, un public spécifique

Du fait de leur mode de vie, entre cocon familial et premières envolées, les étudiant·e·s rencontrent des problématiques qui leur sont propres. Une partie d’entre eux notamment vit dans des logements communautaires ou kots. Or, comme le rappelle Marie-Marie van der Rest : « nous ne nous rendions pas compte qu’être à 6, 7, 8 dans un logement pouvait donner lieu à des perspectives totalement différentes sur la crise sanitaire, le respect des règles… En colocation aussi, pour les jeunes travailleurs, cela pose sans doute problème. C’est d’autant plus prégnant pour les étudiant·e·s car pour certains, c’est la première fois qu’ils n’habitent plus chez leurs parents. Il y a aussi la situation des étudiant.e.s qui rentrent dans leurs familles le week-end et qui sont soumis à leurs règles. Et puis un kot, c’est parfois moins confortable pour le wifi, pour la cuisine… ». Ces aspects spécifiques à la vie étudiante étaient à prendre en compte.

Outre la question des logements, d’autres éléments liés au public des jeunes entre 18 et 25 ans sont aussi à considérer et à aborder avec eux : le besoin de vie sociale, d’émancipation, de créer un réseau, le stress qui peut être lié au déroulement de l’année et des examens, etc.

Des besoins identifiés en amont par les étudiants

Outre le Service d’aide aux étudiant·e·s, en contact permanent avec leur public, Univers santé a donc fait appel aux étudiant·e·s avec lesquels l’association avait l’habitude de travailler ses thématiques. « Ce sont des étudiant·e·s qui généralement sont identifiées comme référent·e·s en santé dans leur comité ou collectif respectif. Par exemple, dans un kot-à-projet, un cercle ou une régionale, ils ont souvent dans leur comité une personne qui a la casquette de « sport-santé » ou de « vie saine » ». Finalement, ce sont 3 étudiant·e·s issus de différentes entités (kot-à-projet, régionale et cercle) qui se sont portés volontaires.

La volonté était de partir des problématiques que rencontraient concrètement les étudiant·e·s et de leur vécu pour rappeler les règles d’or en matière sanitaire en adoptant un ton un peu plus décalé et davantage adapté à ce public. « Par exemple, un des étudiants avec lequel nous avons construit la campagne a porté à notre attention un message que nous n’avions pas identifié de prime abord : l’importance de choisir son mode/lieu de vie (dans le contexte du second confinement, ndlr). Il nous a relayé que cela créait beaucoup de difficultés dans les kots parce que certains faisaient la fête la semaine et rentraient chez leurs parents le weekend, créant des tensions avec les étudiant·e·s qui avaient choisi de rester là tout le temps ». De ce constat est né le premier visuel travaillé dans le cadre de la campagne Kot’Vid Friendly : « Choisis ton camp ».

Une communication adaptée dans une approche de réduction des risques

Pandémie oblige, une grande partie de la communication de la communication été relayée principalement via les réseaux sociaux. La campagne dispose d’ailleurs de pages Facebook et Instagram dédiées.

Retrouvez la campagne sur :

En parallèle des messages de prévention qui y étaient diffusés, il a semblé important, dès le départ, de dépasser les seules recommandations sanitaires pour proposer des idées que l’on pourrait qualifier de « kot’vid friendly ». « Par exemple, nous avons proposé une liste de promenades à Louvain-la-Neuve et à Bruxelles qui changeaient des lieux très fréquentés, avec toujours l’idée de ne jamais encourager à se voir à plus de 4 (selon les règles en vigueur à l’époque – ndlr) mais sans être dans le ton négatif ».

À un discours moralisateur, l’association a préféré adopter une approche de réduction des risques afin d’accompagner et de limiter les dommages sanitaires. « Même quand il y a eu, en mars-avril 2021, de plus gros rassemblements, nous n’étions pas dans la condamnation. En revanche, nous étions présents pour rappeler qu’il y avait une possibilité de se faire tester, qu’il y avait des procédures de mise en quarantaine, qu’il fallait faire attention… mais en essayant de ne pas stigmatiser » ajoute notre interlocutrice. Et de compléter, « l’idée n’est pas de cautionner mais bien d’admettre que c’est une réalité bien présente ».

Une attention particulière a donc été portée au ton des messages adressés aux étudiant·e·s en prenant le parti de ne pas dramatiser, tout en rappelant les règles régulièrement. Ainsi, plutôt que d’intimer « évitez les rassemblements », l’association a préféré le message : « compte (sur) tes potes » pour rappeler le concept de « bulle sociale ». Le groupe de travail a également choisi de s’exprimer à la première personne dans ses supports. « Nous avons créé des visuels mettant en scène une personne qui parle en « je », l’idée était de pouvoir s’identifier au message en se disant « ah bon, je ne suis peut-être pas la seule personne à penser ça… » » précise Marie-Marie van der Rest.

Changer de prisme et renforcer la capacité d’agir des étudiant·e·s

Comme le souligne Marie-Marie van der Rest, « nous souhaitions aussi montrer que les étudiant·e·s prennent leurs responsabilités puisqu’on a travaillé avec eux sur la campagne. Ils remontaient les messages qu’ils souhaitaient voir passer pour montrer que tous les étudiant·e·s ne négligent pas les règles sanitaires, que tous ne se retrouvent pas dans des kots à 45 mais, qu’au contraire, la plupart essaient de sensibiliser leurs pairs à cette problématique ».

Favoriser le dialogue entre les étudiant·e·s, en dédramatisant certains comportements mais en expliquant aussi pourquoi ils sont dangereux est l’un des objectifs de cette campagne. Les compétences des étudiant·e·s et leur capacité d’agir s’en trouvent ainsi renforcées.

Des relais par les pairs…

Cela permet aussi une meilleure adhésion aux messages de la part des étudiant·e·s eux-mêmes, qui à leur tour seront plus prompts à relayer les messages. La plupart des cercles, régionales ou kots-à-projet ayant également un compte Instagram, « nous avons eu beaucoup de relais des étudiant·e·s qui n’hésitaient pas à diffuser auprès de la population étudiante que nous avons parfois plus de mal à toucher, d’autant que nous sommes souvent associés à l’université » rajoute notre interlocutrice.

Et par le réseau..

En outre, Univers santé a mobilisé son réseau institutionnel pour relayer ses messages. L’UCLouvain a ainsi relayé la campagne auprès de ses étudiant·e·s à plusieurs reprises. De même certains acteurs locaux, telle que la zone de police de Louvain-la-Neuve, ont fait montre d’un intérêt pour cette approche adaptée.

Défis & perspectives

Faut-il le rappeler, cette campagne est née dans un contexte très spécifique : la pandémie, son évolution et les diverses mesures sanitaires qui l’ont accompagnée, souvent dans l’urgence, parfois dans une certaine confusion. Par son caractère soudain et le nombre d’inconnues qu’elle a généré, la pandémie a été le théâtre d’une production d’informations frénétique et continue, dont une partie s’est avérée erronée, incomplète, voire orientée. Née dans l’urgence de faire face à cette pandémie, la campagne Kot’Vid Friendly, caractérisée par sa réactivité à l’évolution sanitaire, n’a donc pas vocation à être permanente.

Cependant, force est de constater que la situation reste fragile et traversée de nouveaux enjeux, tels que la couverture vaccinale de la population.

Dans une perspective plus positive, nous pouvons bien sûr espérer que les activités « en présentiel » reprendront bientôt, ce qui donnera aussi une autre possible dimension à la campagne. « S’il y a de nouveau un retour des animations sur les sites, on pourrait aussi mettre en place ce fameux label : l’activité en question est « kot’vid friendly », pour attester qu’elle respecte les règles sanitaires». Tout cela n’est cependant pas encore à l’ordre du jour.

Un autre défi sera aussi de reconstituer une équipe pour continuer le processus de co-construction de la campagne. En effet, chaque année, la composition des comités change. Et par conséquent, les étudiant·e·s avec lesquel·le·s travaille Univers santé. Un défi, car c’est toute une dynamique à (re)construire, mais également une opportunité comme le souligne Marie-Marie van der Rest : « c’est dommage de ne plus travailler avec eux mais on va découvrir de nouvelles personnes qui auront sans doute d’autres manières de travailler ou de nouveaux messages à identifier ». D’autres étudiant·e·s qui à leur tour, représenteront leurs pairs, car ils partagent leur(s) réalité(s) : « (…)peut être vont-ils avoir de nouvelles choses à nous apporter ou, au contraire, nous diront-ils qu’il faut vraiment qu’on parte sur autre chose parce que la lassitude s’installe, ou qu’il faudra changer l’identité visuelle ou autre pour donner un coup de neuf et que le message soit de nouveau lu et vécu ». Car c’est bien dans cette démarche collaborative, en écho avec les besoins de son public, que réside le succès de cette campagne.

Univers santé

Sur les campus de l’Université Catholique de Louvain (UCLouvain), Univers santé développe depuis 2000 des actions de promotion de la santé en milieu jeune et étudiant, et travaille en partenariat direct avec ses publics cibles, des acteurs et des associations de terrains, des enseignants, des professionnels de la santé, etc. L’association aborde tous les sujets qui concernent les publics jeunes et étudiants : alimentation, assuétudes, vie affective et sexuelle, santé mentale, stress, blocus, santé sociale, etc.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur : univers-sante.be

[1] Pensé d’abord comme un label qui attesterait des lieux ou activités qui respectent les recommandations sanitaires, le projet a dû rapidement se ré-orienter en raison du second confinement.

Mesures Essentielles pour la Promotion de la Santé Mentale

Le 24 Août 21

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L’Union internationale de Promotion de la santé et d’Education pour la santé (UIPES) a publié un document de positionnement afin de plaider en faveur d’une approche populationnelle de la santé mentale et de la promotion de la santé mentale.

L’UIPES appelle à l’action et la mise en place de projets, regroupés notamment via 8 domaines prioritaires pour des interventions :

  1. Promouvoir la santé maternelle et infantile
  2. Cultiver la santé mentale et le bien-être des enfants et adolescents
  3. Mettre en place des programmes de renforcement du rôle parental et de la famille
  4. Soutenir des lieux de travail favorables à la santé mentale
  5. Lancer des programmes qui favorisent le pouvoir d’agir des collectivités
  6. Intégrer la promotion de la santé mentale dans les services de santé
  7. Accroître la sensibilisation du public aux moyens de promouvoir une santé mentale positive et de réduire la stigmatisation associée aux troubles mentaux
  8. Adopter une approche axée sur « la santé mentale dans toutes les politiques »

Trois appels à l’action sont jugés prioritaires par l’UIPES :

  1. Tirer parti du contexte de la pandémie pour investir davantage dans une approche globale de la population en matière de santé mentale, en priorisant les stratégies de promotion de la santé mentale les plus efficaces pour protéger et promouvoir la santé mentale et réduire les inégalités croissantes.
  2. Investir dans le renforcement des capacités des ressources humaines et des institutions pour mettre en œuvre la promotion de la santé mentale considérée comme une composante essentielle de l’agenda de la santé mondiale et du développement durable.
  3. Accroître la base des données probantes sur les mesures efficaces à prendre pour promouvoir la santé mentale des personnes, des familles, des collectivités et des populations et les diffuser activement dans divers contextes socioculturels et économiques.

Retrouvez la note de positionnement « Mesures Essentielles pour la Promotion de la Santé Mentale » de l’UIPES (2021) ici